- Speaker #0
Obéissance, pauvreté, chasteté. Ce sont les trois vœux que prononcent les religieux et les religieuses quand ils s'engagent dans la vie monastique. Pour comprendre la signification de ces vœux, je me suis rendu chez les Clarisses à Nantes, où j'ai rencontré Sœur Aimée du Christ Jésus, qui est entrée au monastère en 2008 et s'est engagée définitivement en 2017. Je suis Gilles Donada, journaliste à La Croix. Dans ce podcast, nous poussons la porte d'un monastère à la rencontre d'un moine ou d'une moniale qui témoigne de son aventure spirituelle. Vous écoutez la deuxième saison de Croire, vie de moine.
- Speaker #1
Moi, sœur aimée du Christ Jésus, par la grâce que le Seigneur m'a donnée, pour la louange de Dieu, fermement décidée à vivre pleinement l'Évangile, devant les sœurs qui m'entourent, entre tes mains, sœur Marie-Hélène André, je renouvelle mes voeux de vivre en obéissance, sans rien en propre et en chasteté, selon la forme de vie des sœurs pauvres de Sainte-Claire.
- Speaker #2
Et moi, par la mission qui m'est confiée au nom de Jésus, je me réveille. Au nom de l'Église, je reçois ces voeux que tu viens de renouveler dans l'ordre des Sœurs pauvres de Sainte-Claire. Que Dieu unisse ton offrande au sacrifice du Christ et te rende capable de la vivre en plénitude.
- Speaker #1
Nous, les Clarisses, on fait trois voeux. Alors quand on fait profession, c'est-à-dire trois ans après l'entrée, on s'engage à vivre dans l'obéissance sans rien en propre et en chasteté. En fait, c'est les trois vœux classiques, obéissance, pauvreté et chasteté. Mais nous, on dit sans rien en propre. L'obéissance, c'est une relation juste avec l'autorité, avec ses propres convictions. C'est-à-dire qu'il y a à la fois l'obéissance à la baisse, qui est la responsable de la communauté, Dans le dialogue, toujours dans le dialogue, c'est pas une obéissance, soumission, rien, pas du tout. Elle a une vue d'ensemble, et donc elle voit s'il serait mieux. On exprime notre avis. Et après, l'Abbès et le Conseil en tiennent ou pas compte. La communauté de Clarisse est vraiment une communauté très fraternelle, vraiment avec plein d'interactions, et du coup c'est vraiment le bien commun qu'ils priment, le bien de la communauté. Ce n'est pas ce que je vais choisir moi personnellement. Saint-François et Saint-Clair disent bien qu'il faut obéir à l'Abbès ou au supérieur, sauf si c'est contre notre conscience et contre notre forme de vie. Si l'Abbès m'interdit d'écrire à l'évêque, Par exemple, elle n'a pas le droit. Et ça, on le sait. Ce n'est pas dans la forme de vie, ce n'est pas dans notre règle, mais c'est dans les constitutions générales de notre ordre. Il faut qu'on puisse éventuellement pouvoir être en communication avec l'assistant fédéral, la présidente fédérale ou l'évêque sans que la baisse mette son veto.
- Speaker #0
Comment est-ce que vous envisagez l'obéissance ? Puisque c'est à vous, le temps de votre mandat, qu'on doit obéir. Qu'est-ce que ça veut dire pour vous ce mot-là, obéissance ? Comment vous l'entendez ?
- Speaker #2
Ah, ça c'est une bonne colle !
- Speaker #0
C'est ça,
- Speaker #1
on va pouvoir réagir.
- Speaker #2
L'entend, mais en temps de co-responsabilité plutôt. C'est plus un service d'unité, je pense. Et chacune, faisant obéissance à la baisse, ça fait après une communion. Moi, je suis la première à obéir à la forme de vie de Sainte-Thèrme. Et mon rôle, c'est d'aider les sœurs à vivre la forme de vie. de vie de Claire. C'est comme ça que je le perçois.
- Speaker #1
Entrez.
- Speaker #2
Qu'est-ce qui t'amène ?
- Speaker #1
Une grave question.
- Speaker #2
Oh, alors il faut s'asseoir.
- Speaker #1
Est-ce que je suis obligée d'aller à Toulouse la semaine prochaine pour la formation sur la liturgie chez nos soeurs de Clarisse ? Vu la situation communautaire, vu les soeurs HS, vu les remplacements, et en plus, si je ne suis pas la femme à remplacer en plus.
- Speaker #2
La question ne se pose pas pour moi, pour l'instant.
- Speaker #1
Tu m'as parlé de fatigue hier. Oui, je suis un peu fatiguée.
- Speaker #2
Donc, je pense qu'il y a des fois de faire une petite coupure avec la communauté pour une chose utile. Je pense que ça peut être intéressant. En plus, nous sommes jumelés avec nos sœurs de Toulouse. Donc, c'est une occasion de faire connaissance avec une autre communauté, de voir comment elle fonctionne en fragilité, elle aussi.
- Speaker #1
Mais ça n'empêche pas qu'ici, ça va être chaud.
- Speaker #2
Ce sera chaud. On assumera.
- Speaker #1
Saint-François et Saint-Claire n'utilisent rien d'en propre. C'est la sobriété. On n'a pas ça, on en voudrait, on en aurait besoin. Est-ce que c'est vraiment nécessaire, utile et indispensable ? Ou est-ce qu'on ne peut pas faire sans ? Ou est-ce qu'on ne peut pas réparer la chose ? La pauvreté, rien d'en propre, permet justement aussi ce discernement. C'est au niveau des réparations et tout ça, c'est qu'est-ce que je fais ? Est-ce que j'essaie de prendre du temps à le réparer ? Ou est-ce que je demande à un ami de faire ? Est-ce que je préfère en acheter un autre ? Ou est-ce que c'est nécessaire d'en acheter un autre ? Voilà. C'est un aspirateur à roues, c'est pas un aspirateur plat, c'est plutôt un... je sais pas comment dire ça... Il ressemble à un R2D2, en 3 fois plus petit, R2D2. C'est tout à fait ça au niveau du format, au niveau de la forme. Et le tuyau, alors lui il a 1, 2, 3, 4, 5 réparations de scotch anti-fuite.
- Speaker #0
Pourquoi réparer autant de choses ?
- Speaker #1
Parce qu'on va pas acheter un truc qui nous concerne encore. Sobriété, fauvreté, tant que ça fonctionne, tant qu'on peut faire en sorte que ça fonctionne, on ne va pas en acheter un autre, autant réparer, surtout si on a des choses sur la main. Les Clarisses sont réputées pour avoir des sœurs quêteuses, des sœurs externes, qui vivaient un tout petit peu à toute la communauté, qui sont faisant partie de la communauté, et qui, elles, leur travail était d'aller quêter aussi aux quatre coins du département, par période, deux par deux, et les paroisses donnaient, et invitaient leurs paroissiens à donner aux Clarisses. Maintenant qu'il n'y a plus de ça, c'est rester dans les mentalités, et on a des enfants de ces personnes-là, où mes parents donnaient tous les ans, ou à chaque fois que je les surpassais, ils donnaient... Ça, maintenant que je ne passe plus, on vous apporte ça. Ou bien on ne peut plus vous apporter de dons en nature, donc on vous fait des dons en argent. Et du coup, on a une partie des revenus qui est du travail, imprimerie, reliure, et dons en argent et dons en nature. Et c'est vraiment spécifique, Clarisse. Enfin, par rapport à... Et en partageant un peu sur le thème des médicains ou des carmélites, c'est complètement différent au niveau de la perception. Ça va des légumes au chocolat en ce moment. Pas plus. Au linge de maison, drap, serviette, après qu'on redonne, parce qu'on n'en a pas usage, donc on redonne à des associations ou à des recycleries. Mais ce qui est super drôle, c'est que, enfin, c'est vraiment la providence, on y voit vraiment le signe de la providence, c'est que quand on a besoin de quelque chose, des fois, ça vient tout seul. Ou quand l'abbé a un gros chèque à faire, pour une raison ou une autre, et bien régulièrement, il reçoit un don du même montant. Alors, Après coup, après avoir fâché.
- Speaker #0
Le troisième vœu, c'est...
- Speaker #1
La chasteté. La chasteté dans l'esprit des gens communs, c'est pas de relation sexuelle, pas de mariage, pas d'enfant. Moi personnellement, mais je pense que c'est le cas pour mes sœurs, le pas de relation sexuelle et puis la différence entre femmes et hommes, pas de relation sexuelle, ça à la limite, je trouve pas ça trop compliqué contrairement aux hommes. Ne pas être mère et épouse, ça c'est parfois plus compliqué, mais c'est pas période. Par rapport aussi aux frères. un conjoint qui se marie, qui ont des enfants, ça peut aussi jouer. À mon avis, ce n'est pas le point le plus saillant. C'est plutôt la chasteté, c'est la relation juste, ajustée, avec les personnes, avec tout ce qui est vivant, même avec la création à la limite. La relation juste, ce n'est pas la transparence, ce n'est pas le je m'en fiche Et du coup, pour moi, la chasteté, l'enjeu, c'est vraiment la relation avec les sœurs. avec mes sœurs. Accepter l'autre telle qu'elle est, avec ses différences, avec ses défauts, qui sont très visibles quand on vit 24h sur 24, et ses qualités qui devraient être aussi visibles quand on vit 24h sur 24.
- Speaker #0
Alors là on est dans le... C'est ça, c'est votre salle de récréation comme on dit en Syrie ? Salle de communauté, ah ouais. Non, c'est le temps de la récréation dans la salle de communauté. Oui, c'est Je commence à apprendre le vocabulaire.
- Speaker #1
C'est une façon ou pas ?
- Speaker #0
Non, parce que je vais bouger en fait, en fonction de... C'est Avec qui pas ?
- Speaker #1
On est un vrai corps communautaire. Pour que la communauté aille bien, il faut que chacune des sœurs aille bien. Donc, il faut que chacune des sœurs, physiquement, aille bien aussi. Donc, on fait en sorte d'aller bien physiquement. On est invité à bouger, à marcher dans le jardin. à prendre soin de son corps. Mais après, on ne va pas aller utiliser tous les produits, les cosmétiques, les machins, les trucs. On prend soin de notre corps, mais on ne va pas l'idolâtrer. Et on l'utilise aussi parfois pour des gestuels, pour les temps de prière, des petites danses ou des gestuels. Surtout avec nos sorts malgaches, quand ils sont par là. Les messes, les offices et tout ça, ça danse beaucoup. Le corps, Dieu nous l'a donné. Il nous a fait avec un corps. Donc il a ses raisons et il est important. Là, il faut en prendre soin. Sœur aimé du Christ Jésus, c'est un nom que j'ai reçu dans la prière. Je ne me suis pas dit, oh ben je m'appellerais bien Sœur aimé du Christ Jésus. Quand on arrive au monastère, on fait le postulat et à la fin du postulat, avant d'entrer au noviciaire, on reçoit un nom. Après on peut garder notre nom de baptême sans problème. Juste il y a 50 ans, c'était la baisse qu'ils donnaient. Les sœurs ne choisissaient pas. Et depuis les sœurs choisissent. Puis j'ai été saisie par l'amour du Christ. En fait c'est l'amour du Christ qui m'a saisi, qui m'a fait venir ici. Ce serait trop long de rajouter, je pourrais passer des heures. C'est vraiment l'amour de Dieu, c'est vraiment à la fois me rappeler à moi-même que je suis aimée, ce qui n'est pas forcément évident tous les jours, de se sentir aimée, et en même temps de rappeler aux autres qu'ils sont aimés. Il n'y a pas que moi qui suis aimée, je suis Jésus. Je m'appelle comme ça, mais tout le monde est aimé. Jésus.
- Speaker #0
Nous voici arrivés au terme du huitième épisode de Vie de Moine. S'il vous a intéressé, s'il vous a touché, n'hésitez pas à le partager, à vous abonner et à laisser une étoile, un avis ou un cœur. Croire est à retrouver sur toutes les plateformes et sur le site et l'appli La Croix.