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Dans le Pot de Yaourt - Le podcast de celles et ceux qui font vibrer Le Havre

S04E02 : Judith Turpin (Soleidae) : De la santé à la pêche, son parcours inspirant au Havre

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49min |30/11/2025
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S04E02 : Judith Turpin (Soleidae) : De la santé à la pêche, son parcours inspirant au Havre

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49min |30/11/2025
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Description

Et si une pandémie vous poussait à changer de vie ? C'est exactement ce qu'a vécu Judith Turpin, une ancienne infirmière qui s'est reconverti dans le monde de la pêche au Havre. Dans cet épisode captivant de Dans le Pot de Yaourt - Le podcast de celles et ceux qui font vibrer Le Havre, on plonge dans le parcours inspirant de Judith, qui a transformé une période de bouleversements en une opportunité pour réaliser sa passion pour la pêche, avec l'aide de son mari David.


Ne manquez pas cet épisode inspirant de Dans le Pot de Yaourt, où Judith Turpin partage son histoire unique et nous rappelle que la passion peut naître même des moments les plus difficiles. Plongez avec nous dans l'univers fascinant de la pêche artisanale et découvrez comment une femme audacieuse redéfinit son avenir au Havre, tout en célébrant la richesse de la mer.



Écoutez dès maintenant l'épisode et laissez-vous inspirer par le parcours de Judith, une véritable ambassadrice de la pêche artisanale et de la ville du Havre !



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Salut, un petit mot avant de commencer cet épisode, tout simplement pour vous dire merci. Eh bien merci parce que vous êtes toujours plus nombreux à écouter les épisodes dans le pot de yaourt. Alors si vous voulez soutenir le projet, n'hésitez pas à suivre, à commenter le podcast sur les plateformes d'écoute, sur Deezer, sur Spotify, sur Apple Podcasts, et puis n'hésitez pas non plus à suivre la page du compte Instagram dans le pot de yaourt. Sur ce, bonne écoute ! Bienvenue ! Dans le pot de yaourt, le premier podcast qui s'intéresse à toutes celles et ceux qui font le Havre, à toutes celles et ceux qui sont le Havre. Le plus souvent possible, je vais recevoir à ce micro des artistes, des sportifs, des entrepreneurs, des créateurs de contenu, des cuisiniers, des écrivains, bref, tous ceux qui font briller notre chère et tendre ville et qui nous rendent chaque jour un peu plus fiers d'être à vrai. On parlera de leurs histoires et on verra en quoi le Havre a une place centrale. et si particulière dans leur projet.

  • Speaker #1

    Saison 4, épisode 2.

  • Speaker #0

    Allez bonjour à tous et bienvenue dans le pot de yaourt. Je suis très content d'inviter aujourd'hui quelqu'un qui est sur ma liste depuis très très longtemps maintenant avec elle. On va parler d'un sujet qu'on n'a pas encore abordé dans le pot de yaourt, la pêche. Et oui, le havre c'est aussi et surtout l'univers de la mer. Marié à un marin, mon invité parcourt les routes de Normandie et même d'ailleurs pour proposer au restaurant de la pêche hyper fraîche. En gros du circuit ultra court, de la mer à l'assiette en moins de 24 heures. Merci. Vous les avez peut-être déjà vu voguer sur leur bateau, le célèbre Fury 2.0. Ils ont créé ensemble Soleil Day. Je suis heureux aujourd'hui d'accueillir Judith Turpin. Salut Judith !

  • Speaker #1

    Salut Pierre !

  • Speaker #0

    Merci d'être avec moi dans le Podywhort. Je suis très très content de t'avoir, comme je disais. Vraiment, la pêche est un sujet qu'on n'a pas du tout encore abordé dans le Podywhort. Donc je suis sûr plein de choses à découvrir avec toi. Judith, si tu le veux bien, avant de rentrer un petit peu dans le vif du sujet, de parler de de ton univers, je voulais tout simplement qu'on parle un petit peu de toi. Si j'en crois ce que j'ai lu, la pêche, ça n'a pas toujours été ton domaine ?

  • Speaker #1

    Pas du tout. Qu'est-ce que tu faisais avant ? J'étais infirmière. J'étais infirmière de formation et puis j'ai été spécialisée en hospitalisation à domicile et spécialisée plus précisément dans le soin palliatif. Donc voilà, derrière ça, je me suis lancée en libérale pendant trois ans et on a eu le Covid. qui m'a un petit peu, je vais pas dire écœuré, le mot est gros, mais disons que ça a joué dans le tournant de mon choix de carrière. Le Covid a participé à un gros épuisement, je pense, général déjà.

  • Speaker #0

    Et personnel de santé.

  • Speaker #1

    Ouais, on a un petit peu morflé. On était assez seuls, surtout dans le domicile en fait. C'était un peu ce que j'aime appeler de la médecine de guerre, avec peu de moyens. On achetait des combis de peinture pour aller voir des gens très malades sans même savoir ce qu'était le Covid à l'époque. Et qui, je le rappelle, a fait des ravages quand même. Donc ça, disons que ça a pesé un petit peu dans la balance. Ce serait mentir de dire le contraire, même si je reste une grande amoureuse du soin et qui m'arrive de faire des petits extraits de temps en temps si on a besoin de moi, notamment sur le Havre. Je renfile la blouse. Mais ça, c'est un petit kiff perso.

  • Speaker #0

    C'est le petit kiff perso, histoire de garder un petit peu la passion. La passion de l'an.

  • Speaker #1

    C'est ça.

  • Speaker #0

    Et ta passion de maintenant ? Ta passion de maintenant, ça a beaucoup changé. On est passé du coq à l'âne. La mer, la pêche, c'était des sujets que tu connaissais avant ?

  • Speaker #1

    Eh bien, pas du tout. Pas du tout. Moi, j'étais une terrienne 100%. Une citadine, d'ailleurs. Je vivais à Lille à l'époque. Donc voilà, j'étais vraiment à mille lieux du monde de la mer, même si j'ai grandi dans la région du Dunkerque, là-bas, tout là-haut. Donc voilà, j'ai toujours eu un kiff pour la mer, ma foi, pour aller boire un coup, manger une glace. Mais à part ça, c'est tout. Et puis, j'ai rencontré David. Donc là, gros tournant. Lui m'a complètement embarquée, en fait, dans l'amour du métier. Jusqu'à m'embarquer à bord d'un bateau. Et puis là, je me suis rendu compte de ce qui pouvait se passer tous les jours, finalement, au large, de nos côtes. Et qu'on ignore ces gars-là qui vont pêcher tous les jours. Je trouvais ça lunaire, en fait. Puis on n'en parle pas. Grande épicurienne que je suis, pourtant j'aime manger le poisson au resto, etc. Mais aucune idée de où ça vient.

  • Speaker #0

    Et c'est à ce moment-là que tu as le déclic, quand ils t'emmènent en mer. C'est vraiment, tu te dis, waouh, il n'y a rien. Il y a un univers incroyable.

  • Speaker #1

    Carrément, il m'a amené, alors maintenant c'était en 2022, je dirais, faire une petite marée. Petite marée de...

  • Speaker #0

    Qu'est-ce que ça veut dire une petite marée ?

  • Speaker #1

    Alors une petite marée c'est vraiment, bon, tu pars du port, tu vas pêcher, tu rentres avec le poisson. Donc une marée, on va dire, ça peut varier bien sûr, mais entre 10 et 15 heures, on est sur des plages horaires assez importantes. Et donc mon premier baptême ça a été ça, ça a été une première marée au filet en ardormant, parce que t'as plein de techniques de pêche évidemment. Moi c'était vraiment une petite marée comme ça, et j'ai halluciné quoi. C'était fou à voir, c'était incroyable.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qui t'a fait le plus halluciné ?

  • Speaker #1

    Le plus halluciné ? Qu'on ne voit pas la Terre déjà, que tu es en plein milieu de l'eau. Tu ne vois plus la côte ? Non, visuellement, tu ne la vois plus. C'est très impressionnant. Même si on reste en petite pêche, en pêche côtière, mais tu ne vois plus la Terre. Donc déjà, partir de nuit. Ne plus voir la Terre, c'est quelque chose qui m'a vraiment impressionné, parce que je n'avais aucune expérience là-dedans.

  • Speaker #0

    de nuit aussi ce qui est difficile c'est d'avoir un pied marin c'était ma prochaine question toi tu le disais la terrienne effectivement embarquer de nuit donc on voit pas grand chose potentiellement sur une mer au large donc peut-être agité Est-ce qu'on se rend compte tout de suite si on a le pied marin ou pas ?

  • Speaker #1

    Eh bien écoute, oui. Alors ça a été une appréhension de ma part pendant longtemps, parce que tu te doutes bien que depuis cette première marée, j'ai un petit peu navigué auprès de mon mari, alors que ce soit en perso aussi, sur du plaisance.

  • Speaker #0

    Ça va mieux aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Ouais, et j'ai toujours eu l'appréhension d'être malade en mer. Alors c'est assez hilarant parce que, comme mon mari dit à un moment donné, stop, c'est bon, toutes les fois où t'es venu, non, tu n'es pas malade. Si on est malade, on va le savoir très vite, forcément. et donc moi je... Je touche du bois, je ne l'ai jamais été, mais effectivement c'est ton corps qui est en mouvement sans arrêt. Et dans le noir de nuit, quand tu n'as jamais navigué, ce n'est pas évident parce que forcément tu n'as pas un oeil avec un repère qui permet à ton corps tout simplement de tenir en équilibre. Donc je me souviens que ma première marée, je ne tenais pas debout sans me tenir ailleurs. C'était impossible.

  • Speaker #0

    Et il y a le mal de terre aussi quand on revient.

  • Speaker #1

    Oui, quand tu reviens, tu as l'impression que tu tangues encore un peu. Le mal de terre, oui.

  • Speaker #0

    Et ça lui arrive ça à David ou à tous les pêcheurs ? que tu connais, parfois d'être un peu barbouillé.

  • Speaker #1

    Carrément, surtout, on est en Normandie, enfin même ailleurs tu me diras, mais la mer est rarement calme, plate, merduile par chez nous. Surtout, regarde encore cette semaine la météo. Donc, il arrive quand même que par gros temps, que ce soit David ou ses matelots, soient barbouillés ou pas trop dans leur assiette, bien sûr.

  • Speaker #0

    Pas de panique, si vous pensez avoir le mal de mer, sachez qu'il y a des marins, des vrais marins, ... qui peuvent aussi avoir parfois le mal de mer. Carrément. Judith, tu parlais de ce déclic que tu as eu en découvrant cet univers. C'est aussi à ce moment-là que tu décides de te lancer un petit peu dans cette nouvelle aventure ? Comment ça se passe ?

  • Speaker #1

    Ça, c'est un peu après. Je suis de nature très curieuse. Donc, évidemment, je me suis intéressée sur le métier de terrain. Et puis, le temps faisant, j'ai commencé à m'intéresser un petit peu sur le circuit du poisson. D'un premier côté, avec mon mari, le poisson qui pêche, qu'est-ce qu'il devient ? Qu'est-ce qu'il en gagne ? Comment ça se passe ? J'ai eu ce premier truc-là. Et après, j'ai mon autre côté d'épicurène. Je te disais, tu vas au resto, tu payes du poisson, ton plat. Donc, tu vois, j'avais deux visions. Sauf que je me suis rendu compte qu'entre mon pêcheur et mon plat au resto, il y avait zéro lien. Et puis, bien souvent, dans les restos, tu ne vois pas des poissons qu'en fait, tu pêches. Enfin, tu vois, il y avait...

  • Speaker #0

    tu te demandes pas d'où ils viennent ouais

  • Speaker #1

    Et puis, le cabiot, ok, si tu le pêches ici, si tu en trouves, tu me le dis. Ça commence à être compliqué, le cabiot, par chez nous. Et donc, tu vois, il s'est passé. Donc, j'ai commencé à me questionner là-dessus. Aussi, sur la rémunération du pêcheur. En fait, un pêcheur n'a pas son mot à dire sur le prix de son poisson. C'est vendu en crié, point. On t'impose, en fait, un prix.

  • Speaker #0

    Qui impose un prix ?

  • Speaker #1

    Alors, le poisson, il part en crié. Donc, ça, c'est des points de vente que tu vas trouver. où ici c'est Fécamp, la criée de Fécamp, la plus proche. Donc en fait, tous les pêcheurs amènent leurs débarques en criée. Et là, tu vas avoir des enchères.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Chaque matin. C'est des ventes qui se passent très tôt le matin, du lundi au vendredi en général. Et donc, il y aura toujours un prix minimal. Mais tu as les acheteurs qui viennent prendre place chaque matin. Donc les acheteurs, ça peut être...

  • Speaker #0

    Les professionnels le plus souvent ?

  • Speaker #1

    Souvent des grossistes. Oui, c'est du pro. Il n'y a pas de particulier. Donc tu auras des grossistes en majeure partie. Donc des grossistes indépendants. Ensuite, tu as des acheteurs pour les grandes surfaces qui viennent, des poissonneries peut-être un peu moins parce que... Enfin, tu as des poissonniers qui viennent acheter en crié, mais ça, on va dire un petit peu moins parce que le poissonnier ne peut pas venir en crié acheter le poisson, faire son banc derrière. Voilà. Donc souvent, tu as beaucoup de grossistes. Et donc, en fait, là, les enchères se font. Et boum, prix final terminé. Le gars a acheté son poisson et le pêcheur a son prix final. Donc là, il faut prier que les enchères montent bien.

  • Speaker #0

    Et c'est à ce moment-là que tu te dis, bon, il y a effectivement ces prix qui ne sont pas forcément fixés par les pêcheurs. C'est un peu dommage quand même. Tu n'as pas de maîtrise sur ton prix, c'est ça. C'est un peu dommage pour les pêcheurs. Et qu'est-ce que tu imagines faire pour remédier à tout ça ?

  • Speaker #1

    Alors, du coup, c'est là que j'ai eu tout mon cheminement et ma réflexion. Moi, en fait, je rachète le poisson à mon mari aujourd'hui. Moi, je rachète à mon mari. et j'essaye de racheter un petit peu mieux que la clé.

  • Speaker #0

    Tu es la grossiste de ton mari.

  • Speaker #1

    Voilà, c'est un petit peu ça. Grossiste, c'est un gros mot. C'est ça. Du coup, je lui rachète le poisson. Et en fait, mon mari... Donc,

  • Speaker #0

    tu lui rachètes tout ? Pas forcément tout. Non.

  • Speaker #1

    Moi, j'achète ce dont j'ai besoin pour mes clients.

  • Speaker #0

    On te fait une liste ?

  • Speaker #1

    Alors, moi, je liste ce qui est en train d'être pêché. Parce qu'avec mon mari, on est relié chez 2.0. Voilà. Effectivement.

  • Speaker #0

    Il y a des nouvelles technologies.

  • Speaker #1

    Carrément. Et donc, en fait, mon mari me dit en direct ce qui remonte.

  • Speaker #0

    Très bien.

  • Speaker #1

    Plus ou moins, mais j'ai un ordre d'idée. Moi, je mets en place le listing de la pêche du jour, donc il n'est même pas encore fini d'être sorti de l'eau, finalement. Mes clients, je leur donne à dispo cette liste et ils me commandent ce qu'ils veulent. Quand mon mari revient de mer, je chope tout ce dont j'ai besoin pour mes clients. Le reste part en criée. Moi, je prends seulement ce qui est commandé. Je ne stocke rien du tout. Ça, c'est vraiment une volonté de ma part.

  • Speaker #0

    Et après ?

  • Speaker #1

    Et après, je prends les commandes de mes clients. Alors derrière, j'organise un petit peu dans toutes mes petites caisses, etc. Le petit étiquetage, la traçage, etc. Et de nuit, la nuit d'après, en fait, je pars déjà livrer. C'est-à-dire que le poisson qui sort du bateau à 17h lundi, mardi, 4-5h, il est livré.

  • Speaker #0

    Ok, donc ça va très très vite.

  • Speaker #1

    Oui, ça c'est l'objectif de la maison.

  • Speaker #0

    Quand tu te lances dans cette aventure, tu es dans quel état d'esprit ? Est-ce que tu es confiante ? dans ce que tu as pu imaginer ? Est-ce que tu étais hésitante, enthousiaste ? Raconte-nous comment tu te sens à ce moment-là.

  • Speaker #1

    Alors, je me sens enthousiaste, ça c'est clair. Déterminée aussi, parce que j'ai tout de suite pensé qu'il y avait vraiment quelque chose à faire. De mettre en lien ce poisson de cette qualité-là, directement chez les bonnes personnes qui ont envie d'avoir du beau produit. Ce qu'il y a, c'est que ça m'a mis du temps. Moi, je suis partie avec mon camion, j'ai fait du porte-à-porte. J'ai vraiment démarré. On est dans un monde où je t'apprends rien, on peut tout commander tous les jours, tout le temps, partout. Il y a énormément de grossisses, bien sûr, il y a énormément de poissons. Voilà, tu peux en trouver de partout, tous les jours. Tu veux de la sol, j'ai envie de te dire, tu vas en trouver n'importe quand. Voilà, tu tapes sur Internet, tu vas en trouver. Maintenant, reste à savoir de où, etc. Et donc, en fait, enthousiaste. Par contre, sûr de moi, pas du tout. Voilà, t'arrives... Bon, moi, mon objectif, c'était de taper quand même dans les jolies tables. Donc, je suis allée quand même à la rencontre de certains chefs, dont un que j'ai en tête. J'étais tellement impressionnée que je me suis plantée trois fois de prénom. Enfin bref. Donc, au début, je faisais des tournées pour 3 kilos. J'ai démarré pour rien du tout. Et après, j'ai commencé à travailler un petit peu sur mon petit Instagram. Voilà. Aussi humble soit-il. C'est très cool. Et ça, ça a beaucoup aidé. Ça a été un vrai levier. Les réseaux, c'est vachement bien pour ça. Le bouche à oreille, bien sûr. Donc là, on est archi bien connus sur Lille, dans le Nord, où là, les chefs nous connaissent très, très bien.

  • Speaker #0

    Pourquoi vous êtes plus connus à Lille qu'ailleurs ?

  • Speaker #1

    On a démarré à Lille. On a démarré à Lille tout simplement parce que moi, je connaissais très bien la ville de Lille dans laquelle j'ai vécu 10 ans. Et donc, logistiquement, pour faire des tournées de patients, j'ai fait des tournées de poissons. Donc en fait, j'ai démarré vraiment sur un terrain connu. Je connaissais assez bien, donc c'était pour moi le plus logique. Et toi,

  • Speaker #0

    les picuriennes, tu connaissais aussi les restos ?

  • Speaker #1

    C'est ça. C'est comme ça, en fait, j'ai démarré sur un truc un peu connu. Et aussi, nous, on est des adoptifs d'ici. Initialement, on vient de Dunkerque, en fait.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Donc forcément...

  • Speaker #0

    Welcome, bienvenue.

  • Speaker #1

    Merci. On se fait un petit moment maintenant qu'on est là et on adore. Mais voilà, donc c'est pour ça qu'on a commencé comme ça. Et ensuite, on a déménagé et j'ai continué à faire ça ici, bien sûr.

  • Speaker #0

    Donc ta promesse et celle de ton équipe, c'est vraiment d'apporter aux professionnels du poisson ultra frais. Donc de la mer à l'assiette, je disais, en moins de 24 heures, ça devrait être ça. Oui,

  • Speaker #1

    c'est exactement ça.

  • Speaker #0

    Ok. C'est quelque chose qui ne se faisait pas, qui ne se faisait plus ?

  • Speaker #1

    Alors si, je pense qu'il y a encore... Il y a encore des filières qui le font très bien. Mais par contre, ce circuit court, vraiment pêcheur directement, j'en connais pas d'autres. On connaît en fait les ventes des pêches, bien sûr, sur les ports. Je salue d'ailleurs tous les confrères et toutes les consœurs,

  • Speaker #0

    par la même occasion,

  • Speaker #1

    parce qu'on trouve ici, bien sûr, toutes les étales ici au Havre. C'est souvent les épouses des pêcheurs qui vendent directement. Donc en fait, ça existe, mais c'est toi qui dois venir le chercher. Moi j'avais envie d'apporter ce service de livraison. Donc en fait moi je suis le mix femme pêcheur avec le service du grossiste. Je voulais développer un concept qui soit un petit peu différent, avec une image de marque bien sûr. Et puis on est sur la promo du poisson ultra frais bien sûr en direct pêcheur, et aussi sur la pêche durable et responsable. Ça c'est hyper important, c'est sur ça que je martèle énormément.

  • Speaker #0

    Évidemment.

  • Speaker #1

    Par rapport à la technique de pêche que David pratique avec le Furry 2.0 aussi. sacrée perdition. Donc, on y va.

  • Speaker #0

    On va en parler, évidemment, de toute cette intention de forcément essayer de protéger l'environnement, grâce notamment à la technique de pêche, tu le disais, de David. Donc, tu disais, tu livres à Lille aujourd'hui, essentiellement, enfin, voilà, tu es très connu dans le Nord, notamment à Lille, mais tu livres aussi ailleurs. Où est-ce qu'on peut retrouver vos poissons, là, sur tout le territoire ?

  • Speaker #1

    Alors, donc, voilà, t'as vraiment le gros pôle Nord. Ensuite, Alors ici en Normandie, je travaille quand même avec des super partenaires. Je travaille avec plusieurs restaurants ici aussi poissonnerie. Et je développe le circuit Île-de-France depuis novembre dernier. Donc là, c'est pareil, sur l'Île-de-France, on commence à amener pas mal de produits. Donc beaucoup de poissonnerie aussi. Des artisans poissonniers qui cherchent de la belle pièce, du beau poisson normand. Parce que bien sûr, il y a la grosse plateforme Rungis sur l'Île-de-France évidemment. Mais qui peine à mettre en place parfois du poisson d'origine France. On a énormément d'import, ça c'est pas un scoop. Et c'est aussi moins frais,

  • Speaker #0

    forcément.

  • Speaker #1

    Forcément, forcément. C'est du congelé, la Rungis. Pas forcément. Pas toujours ? Non, t'as du frais, t'as beaucoup de frais, bien sûr, tu peux trouver des très très beaux produits. Mais à force des choses, évidemment, si ça vient de Norvège, il y a un petit peu de route, tout simplement. Après, tout dépend aussi des navires d'où ça vient, t'as des navires qui partent à la semaine. Donc le poisson sort une semaine quand il sort du bateau déjà. Donc, il existe vraiment un peu tout ce que tu veux. Pour ce qui est de notre spécialité, la sole, pour nous, il arrive bien des semaines où tu n'as pas une sole française à Rungis. Et ça, c'est malheureux. Donc, on se trouve avec toutes ces personnes-là, donc les poissonniers, les restaurateurs. Et puis, on se fait plaisir, on s'éclate, c'est trop cool. Donc, les trois pôles, c'est vraiment Nord, Normandie, Paris.

  • Speaker #0

    Et ta vocation, j'imagine que ça fait forcément plus de route, mais est-ce que ta vocation à élargir le champ d'action ?

  • Speaker #1

    Oui, justement, ça, c'est un sujet qui est complètement actuel pour moi. J'étais forcément freinée sur la logistique, parce que moi, je livre tout toute seule. Il arrive un moment, je ne pouvais pas me dédoubler. Et puis, j'avais des demandes. Je pense notamment à un poissonnier avec qui je parle très, très bien là-bas sur Nantes. Une poissonnerie qui est plus dans le sud aussi là-bas. Ils me disent, mais punaise, on voudrait tes produits, comment faire ? Et là, j'étais un petit peu freinée parce que j'ai beaucoup de mal avec l'emballage polystyrène. Sauf que c'est bien évidemment les normes sanitaires, ce qu'on comprend très bien, qu'il faille. du polystyrène, avec de la glace, etc. Je le comprends très bien, juste moi, ça me coûte de devoir le faire. Enfin, ça me coûte pas seulement financièrement, ça me coûte au niveau éthique. Je me dis, ah, un problème avec ça. Et donc là, je suis en mise en place avec un partenaire, un transporteur, qui est très connu et qui me permet de charger mon poisson dans les caisses de bord, qui me l'autorise d'être en ce qu'on appelle en marée coulante, quoi. Parce que forcément, les caisses, tu t'imagines, c'est pas ce qu'il y a de plus étanche. Enfin, voilà. Donc là, j'ai la possibilité de le faire. Donc là c'est hyper cool parce que nous on a ce truc où on travaille sans packaging, sans glace comme le poisson est livré dans les 12h24 le glacé j'ai aucun intérêt donc voilà l'idée était de pouvoir trouver un transporteur qui va plus loin que moi mais en ayant le moins d'impact au niveau packaging, glace etc possible.

  • Speaker #0

    Donc là potentiellement prochainement tes produits, vos produits pourront se retrouver au delà de la et La zone géographique que tu m'as donnée, donc sur Nantes, tu parlais de Nantes, peut-être ailleurs ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. En fait, je vais pouvoir faire France.

  • Speaker #0

    France, voilà. Donc, tous ceux qui seront intéressés par les produits peuvent potentiellement te contacter. Tu as commencé tout à l'heure à nous parler de ta journée. Est-ce que tu peux nous décrire une journée type de ton côté de la livraison ? Raconte-nous.

  • Speaker #1

    De la livraison. Alors, comme je dis toujours, je sais quand mon marin part en mer, je ne sais jamais quand il rentre. C'est-à-dire que David peut rentrer de sa marée avec son équipage à midi, à 14h, à 18h. On ne sait pas vraiment parce que tu as toujours des aléas, forcément. Donc, moi, je suis un petit peu en stand-by à attendre le retour. Ça, c'est le point de départ, le retour du bateau. Donc, tu n'es jamais loin du port, quoi. Non, je suis jamais loin du port ni du téléphone Je suis toujours un peu sur le clip Donc en fait en amont forcément je suis en prise de commande Ça souvent les prises de commande, bon j'ai beaucoup de poissonniers Ça je pense à eux mais qui me commandent à 2-3h du mat Ça c'est incroyable parce que je parle aux clients de nuit On est vraiment dans des horaires très décalés Donc il y a une prise de commande Le bateau revient Allez on va dire 15-16h dans le plus général Du temps Je vais au bateau, je cherche tout ce dont j'ai besoin Pour ma tournée du lendemain Je récupère tous les poissons. J'ai mon point de chute chez moi. Moi, je vis vraiment entre les deux ports où mon mari peut s'amarrer. Donc, je rentre chez moi, prépa, commande. Prépa, commande, ça va très, très, très vite parce qu'en fait, moi, l'équipage à bord, on trie déjà. On trie déjà par taille, etc. Moi, je dis à mon mari, j'ai besoin de 20 kilos de ceci, 10 kilos de cela. Je récupère tout. Étiquetage, tac, tic, touc, tout est prêt. On monte la facturation, bien sûr. Souvent, je confirme à mes clients, c'est bon, j'ai ta cam pour demain, la petite photo. Moi, j'aime garder toujours cette proximité hyper importante. On reste dans l'ambiance. J'ai ta bonne cam, je te monte la photo. Je fais les petites photos, c'est trop cool. Je m'efforce à continuer à faire ça au max. On est vraiment dans un lien humain de fou, vraiment l'étale. Mais toujours pareil, on garde cet esprit-là. Et puis, en fait, c'est au froid. Moi, le temps que je monte la paperasse, ceci, cela, je vais dormir. 19, 20 heures, et je me lève à 1h30 du mat. 1h30, boum, partie en tournée. Parce qu'on commence à avoir un petit peu de monde.

  • Speaker #0

    Ça fait des petites nuits ?

  • Speaker #1

    Petites nuits, ouais. Quand on est en période de pêche, que ce soit au Marais ou au Mans, on dort très peu. On a vraiment des rythmes très souples. C'est quoi,

  • Speaker #0

    4-5 heures par nuit ?

  • Speaker #1

    Ouais.

  • Speaker #0

    Max ?

  • Speaker #1

    Ouais, ça va être ça.

  • Speaker #0

    Et ça va ?

  • Speaker #1

    Nickel.

  • Speaker #0

    Ouais ? Oui, c'est vrai que tu n'as pas l'air dans le plus haut bout de ta vie.

  • Speaker #1

    L'anti-cerne,

  • Speaker #0

    quoi. Ah, l'anti-cerne, ça marche bien. Il y a une autre thématique que je voulais aborder avec toi. Être une femme dans un milieu... Alors, moi qui ne connais rien à la pêche, j'imagine que c'est un milieu plutôt masculin.

  • Speaker #1

    Ça l'est, bien sûr. D'accord. Donc,

  • Speaker #0

    être une femme dans un milieu plutôt masculin, est-ce que ça a été facile de faire ta place ? Est-ce que... Voilà, raconte-nous un peu comment... Comment ça a marché tout ça ?

  • Speaker #1

    Alors pas du tout. Moi, je ne trouve pas que c'est quelque chose qui soit facile. Effectivement, c'est un monde très masculin. Même si, pareil, je fais coucou quelques pêcheuses que je connais et qui ont tout mon respect. Mais bien sûr, 95%, ce sont des hommes. Donc, s'immiscer dans ce monde-là en tant que femme, aussi le marin pêcheur, moi je trouve... Comment je peux dire ? C'est des marins ! Donc, ils ont du caractère, quoi. On va pas se mentir. En général, ils ont un bon gros caractère. On est sur des hommes qui ont des énormes journées, etc. Donc, en fait, derrière, il faut être efficace, quoi. La féminité, on la met un petit peu de côté, entre guillemets. Je sais pas si j'emploie les bons mots, mais... Ouais. Enfin, et moi, mon premier rapport, il est avec mon mari. Quand je vais dire à mon mari, oui, chérie, en fait, je vais prendre ton poisson. Tu vas voir, je vais te le racheter, en fait. Je vais le vendre au pro. Il va dire, mais quoi ? Mais pas du tout, quoi. Non.

  • Speaker #0

    On change rien.

  • Speaker #1

    C'est ça. Et on est dans un métier qui existe depuis si longtemps. On est encore dans des... Ouais, on est encore un petit peu à l'ancienne, en fait.

  • Speaker #0

    Tu le ressens sur le terrain, de temps en temps, ouais ?

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Quoi, parce qu'on te fait des petites réflexions ? Parce qu'on te considère pas moins que peut-être un homme ?

  • Speaker #1

    Après, moi, je... Comment je peux dire que ce soit mon mari ou l'équipage, on est comme une famille. Donc en fait, je suis intégrée forcément. Mais tu vois, par exemple, il a fallu que j'aille en mer. Je ne peux pas vendre le poisson sans rien y connaître.

  • Speaker #0

    Évidemment.

  • Speaker #1

    J'ai eu besoin de prouver, que ce soit peut-être à mon mari ou même à moi-même, que le point de départ, il est là. Moi, ce n'est pas... je veux faire des thunes en faisant du poisson. Enfin, on n'est pas là-dedans, tu vois. Donc j'ai voulu prouver aussi ma légitimité. Ça, c'était hyper important pour moi. Mais sinon, oui, oui, c'est un petit peu brutal. C'est un petit peu... Tu vois, j'arrive au bateau, je suis pas là, je vais me casser un ongle. Non, non, je prends les caisses, il y a 20 kilos, il y a 30 kilos, je m'en fous, on y va, on les porte, quoi. Donc j'ai aussi ce truc-là. Enfin, il faut... Je sais pas si tu vois un peu ce que je veux dire. Mais effectivement... Non, ce n'est pas chose simple. ce n'est pas chose simple c'est un métier qui est C'est les bonhommes qui sont là et il faut s'accrocher.

  • Speaker #0

    Et tu parlais des collègues pêcheuses. Est-ce qu'il y en a de plus en plus ? Qu'est-ce que tu vois sur le terrain ?

  • Speaker #1

    J'en connais que deux. Alors ici, je n'en connais pas du tout. En tout cas, j'en connais deux qui sont des copines forcément que je vénère. Le poisson rapproche. Oh ouais, carrément. Et elles travaillent toutes deux avec leur conjoint.

  • Speaker #0

    Ouais.

  • Speaker #1

    Voilà. Donc en couple, ce qui n'est pas chose simple non plus.

  • Speaker #0

    Évidemment, c'est un sujet qu'on va forcément aborder tout à l'heure. Judith, qu'est-ce qui te plaît concrètement dans ton métier ?

  • Speaker #1

    Ce qui me plaît ? Alors déjà, de mettre vraiment ce lien entre la mer et la terre, ça vraiment, c'est mon kiff suprême, parce que c'est archi magique. En fait, la clientèle qu'on a vit au rythme du bateau. Il y a vraiment un truc qui se crée, une relation client qui est dingue parce qu'on a vraiment un côté humain qui est dingue, que je n'aurais même pas, je ne m'en serais même pas vraiment douté finalement, tu vois, je vous vends du poisson. Et en fait, c'est plus que ça, il y a vraiment une histoire. Les clients savent, l'équipage, Dave, machin, tu vois, il y a vraiment tout un lien qui s'est créé. De toute façon,

  • Speaker #0

    toi qui viens du social, tu avais peut-être besoin d'entretenir le lien humain.

  • Speaker #1

    Mon côté infirmier, c'est greffer, tu vois, ça va faire mélange. Et on a vraiment cette humanité qui est dingue. On a des clients qui sont venus nous voir à bord de Paris. Ils sont venus nous voir au bateau. Les gens viennent nous rencontrer. Et ça, je trouve ça incroyable, cette proximité-là qu'on a finalement oubliée parce que le gars commande son poisson. Voilà, c'est un catalogue. Tiens, boum, le livreur vient, ça livre. Il se passe rien. Là, il n'y a pas de chichi. C'est vraiment l'humain, la vraie histoire. Là, mes clients m'écrivent. Jude, tu viens cette semaine ? Non, là, c'est les Grandes Maries. On redémarre samedi. « Ah ok, ça marchait d'ave, ça va ? Et l'équipage, ça va ? Oh punaise, il y a un mauvais temps. Ça va les gars en mer ? » Tu vois, tout ça.

  • Speaker #0

    C'est magique. On se préoccupe de ce que vous faites.

  • Speaker #1

    C'est un truc de fou. Et vice-versa, bien sûr. Parce que quand je vais livrer, il y a toujours la petite tasse de café, on parle toujours deux minutes. « Bon, et toi, ça donne quoi le business cette semaine ? » Enfin, tu vois, il y a un échange de dingue. Et ça, c'est magique.

  • Speaker #0

    Et sans ça, pour toi, ce serait compliqué de faire ce métier ?

  • Speaker #1

    Vendre pour vendre, ça ne m'intéresse pas du tout. Oh non, ça c'est... Alors même si, voilà, je mets Corsé à ma...

  • Speaker #0

    à vouloir vendre ce produit sublime, même si, comme je dis, je le présente et le produit parle de lui-même. Je n'ai jamais dû faire de grand laïus pour convaincre de la fraîcheur de ce qu'on fait. Mais ça, ça m'apporte énormément. Et même David s'y prend au jeu maintenant. Parce que tu as aussi le côté humain. Et les acheteurs savent d'où ça vient, mais nous, on sait ce que ça devient. Et on a aussi les photos des assiettes à la fin, les étals des poissonniers. Ils sont hyper fiers. Le gros panneau Fury 2.0. non non En fait, la boucle est bouclée, les clients qui viennent chez le poissonnier ou chez le restaurateur, c'est les soldes du furie. C'est magique, c'est un truc de fou.

  • Speaker #1

    Et est-ce que tu as eu des retours de particuliers, justement, qui ont vu ce que vous faisiez sur les réseaux, qui ont vu vos pancartes dans les restos, qui ont envie de s'intéresser à ce que vous faites et peut-être s'intéresser à vos produits pour aller directement les chercher ? En sortie de mer.

  • Speaker #0

    On a de plus en plus de demandes des particuliers. Alors moi, je n'ai pas axé la vente sur le particulier, tout simplement parce que j'ai le devoir de genre. Et puis, je ne pouvais pas tout faire. Moi, je n'ai pas de boutique. Donc pour l'instant, sur les pros, on est bien rodé. Et j'ai de plus en plus de demandes de particuliers. Et je cherche forcément une solution pour pouvoir...

  • Speaker #1

    Répondre à la demande.

  • Speaker #0

    Répondre à la demande, tout simplement. Et donc là, pareil, on est en mise en place avec un partenaire. Donc là, je croise les doigts. Un partenaire qui met en lien les producteurs artisans. avec une plateforme de vente sur internet, avec un système de livraison derrière. L'Amazon du poisson ? Ouais, ce serait un peu ça.

  • Speaker #1

    Trop cool !

  • Speaker #0

    Donc en fait, le particulier pourrait aller sur ce site, commander, voir ce qu'il y a, et commander, et puis basta, il reçoit derrière. Ça, j'avais commencé à le faire sur notre site à nous, qui est en maintenance pour l'instant, mais c'est juste que je ne pouvais pas tout faire, je ne voulais pas m'étaler, j'ai dit non, tu fais d'abord tes pros, correctement, On est quand même là-dessus pour l'instant. J'avais peur, en fait, après, de me noyer un peu dans tout ça, parce qu'il y a du taf, quoi. Donc là, voilà, on est sur cette passerelle où on est bien ancré, on commence à maîtriser son sujet, mais pour grandir, grossir, il me faut plus d'outils, forcément, et plus d'aide, quoi. Tu vois, comme là, la plateforme, là, ce serait vraiment idéal pour pouvoir mettre en lien le particulier avec nous. Et en ayant quelqu'un entre deux qui peut gérer s'il y a un colis perdu. Voilà, tu vois.

  • Speaker #1

    En tout cas, c'est des beaux projets.

  • Speaker #0

    Ouais, ouais.

  • Speaker #1

    On parlait des particuliers qui s'intéressent à ce que vous faites. Est-ce qu'il y a des particuliers qui viennent vous rendre visite quand vous êtes au port, quand ça décharge ? Voilà, qui s'intéressent à ce que vous faites, qui vous posent des questions, qui veulent visiter le bateau ?

  • Speaker #0

    Carrément. Sur les débarques de pêche, on a beaucoup, beaucoup de badauds qui s'arrêtent, qui prennent en photo. Ça intéresse énormément, énormément. vraiment. toujours la petite question, la pêche a été bonne souvent des waouh waouh waouh parce que c'est vrai que c'est toujours magnifique même moi je vois des barques tous les jours et tous les jours j'ai les yeux comme une gosse émerveillée je trouve ça magnifique donc on a énormément de gens qui s'arrêtent qui posent des questions, qui nous demandent carrément alors est-ce que ça a toujours été comme ça ?

  • Speaker #1

    peut-être que David on l'embrasse pourrait répondre plutôt à cette question le timide je démords pas je l'aurai un jour David je t'aurai Est-ce que c'est un intérêt qui est récent ou alors il a toujours lui senti ça, vraiment une fascination de tout le monde à peu près pour ce métier ?

  • Speaker #0

    Je pense qu'il y a toujours eu cette curiosité en retour au port, je pense. Est-ce qu'il y a une période, on est dans une époque peut-être, où on avait fort déconnecté avec tout ça peut-être aussi ? C'était le sens de la question. Oui.

  • Speaker #1

    On est peut-être plus vers un retour de la fascination des artisans.

  • Speaker #0

    Carrément, dans le retour au vrai. Je suis d'accord avec toi là-dessus.

  • Speaker #1

    J'ai l'impression qu'on a plus de fascination aujourd'hui pour les boulangers, pour les poissonniers, pour tous ces gens qui...

  • Speaker #0

    On ne voyait plus ces métiers-là, parce qu'on est dans une société quand même où on est les métiers manuels, etc. Bon, c'est pas très à la mode. Soyons clairs, comme tu dis, l'artisan boulanger, l'artisan boucher, le poissonnier, aujourd'hui tu cliques sur le drive, tu te fais livrer tes courses.

  • Speaker #1

    Et puis comme toi, comme David, il y a aussi plein d'artisans qui mettent hyper hyper bien leur travail en valeur, grâce notamment aux réseaux sociaux. C'est peut-être ça aussi qui explique un retour de l'intérêt général. Vers ces métiers.

  • Speaker #0

    Là, c'est justement ce que tu viens de dire. Ça, c'était aussi un de mes grands combats. C'est d'utiliser ce qui est à la mode, ce qui est cool aujourd'hui. Donc, les réseaux. Et de rendre ce vieux métier... Peu sexy, justement. Je dis toujours, je veux rendre sexy le poisson. Je dis tout le temps ça. Mais parce que je veux vraiment le mettre en avant. Parce que c'est si beau, mais on ne le voit pas. On voit les pêcheurs, pourquoi ? Aux infos, parce qu'ils font grève. Parce que c'est toujours pour des mauvaises raisons. Je trouve que ce n'est pas du tout mis en valeur. Jamais. Du coup, ça, c'était à mon humble niveau. Mais de faire un Instagram un peu stylé, avec les matelots qui sont là, qui dansent, qui sourient. avec une musique tendance. C'est ça le but, d'essayer de connecter ces deux mondes-là.

  • Speaker #1

    Tu te fais très bien, encore une fois. Parce que ton Insta est vraiment stylé. Et c'est moi comme ça que je t'ai découvert. On a commencé à se parler via Insta. Vraiment très cool de suivre vos aventures. On parle de David depuis tout à l'heure. On n'est pas rentré non plus dans le vif du sujet. Mais qui c'est David ? Tu nous as dit ton mari. Est-ce que tu peux nous le présenter un petit peu ?

  • Speaker #0

    Alors David, fils de marin-pêcheur, très important. Donc son papa était un grand pêcheur dans le Dunkerquois, du coup à l'époque, il y a 20 ans maintenant. Donc David est baigné là-dedans depuis son plus jeune âge. C'est un amoureux de la mer, ça c'est clair et net. Il a fait son lycée maritime à Boulogne, sur mer, le Portel. Et il est devenu le plus jeune armateur de France. A 18 ans, il avait son premier navire.

  • Speaker #1

    Ok.

  • Speaker #0

    Voilà, donc David a toujours été déterminé à être patron pêcheur, chose qu'il a fait très jeune, 18 ans, avec son premier navire, l'Augré, qui malheureusement a fait naufrage en 2018. Donc David a connu un premier naufrage avec son premier bateau.

  • Speaker #1

    Comment ça se concrétise, ça se matérialise, un naufrage ?

  • Speaker #0

    Eh bien, en pleine nuit, il est avec son équipage en train de pêcher, et puis il y a une voie d'eau, sauf que la voie d'eau... Donc l'alarme se met en route, les pompes se mettent en route, sauf qu'en fait, il se rend très vite compte que...

  • Speaker #1

    Ça ne va pas le faire.

  • Speaker #0

    Ça ne va pas le faire du tout. Et du coup, canot de survie, etc. Et il finit par se faire évitroyer. Carrément, on vient le chercher en hélicoptère par nos amis belges. C'est les belges qui sont venus, ce qui faisait mauvais temps ce jour-là. C'était un 1er avril.

  • Speaker #1

    Ok, bonne blague.

  • Speaker #0

    On n'a vu que jamais le 1er avril pour nous. Du coup, c'est depuis ça. Alors, je connaissais David, oui, mais nous n'étions pas encore tous les deux. mais j'avais forcément entendu parler de cette histoire déjà à l'époque forcément Et donc, suite à ça, il faut se relancer. Il faut retrouver une banque qui te suit à vouloir financer un bateau de pêche. Ce n'est pas une mince affaire aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Ça coûte combien, un bateau de pêche ?

  • Speaker #0

    Tu as tous les prix. Tu peux avoir un bateau. Ça dépend de la taille de ton bateau. Ça dépend... Tu as tous les prix.

  • Speaker #1

    J'imagine que c'est une question un peu compliquée.

  • Speaker #0

    Tu as tous les prix pour un bateau de pêche. Là, nous, pour se relancer, le premier Fury, du coup, qui voulait...

  • Speaker #1

    Fury 1.0 ?

  • Speaker #0

    C'était Fury tout court. Fury tout court. Fury tout court, il fallait 80 000 euros pour acheter cette barque-là.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Voilà. Il fallait 80 000 euros, qu'on n'a jamais eus par les établissements financiers, parce que la pêche, ce n'est pas quelque chose qui se porte très très bien aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Et donc, vous avez fait comment ?

  • Speaker #0

    C'est les parents de David qui nous ont prêté.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Ouais. Ils nous ont prêté et voilà. Et donc, il s'est relancé après tout ça. Fury, c'est 2020, du coup. 2020. Donc, Fury était dans un piteux état quand David l'a eu. Donc, on l'a mis à poil, le bateau. On a tout refait. Tout, tout, tout. Gros chantier. Il a navigué avec Fury jusqu'en 2024. Et entre deux, on a eu l'occasion de faire acheter Fury 2.0. Et pareil, c'est un bateau qui a une valeur marchande importante. Mais on a eu... Alors, je n'aime pas dire la chance, parce que c'est le malheur des uns, le bonheur des autres. Enfin, je n'aime pas trop, mais c'est un bateau qui est en liquidation, en fait. On a fait une enchère dessus et on a pu l'avoir. Mais sur une petite enchère, si tu veux. On a vraiment eu de la chance. Et du coup, Fury 2.0...

  • Speaker #1

    Tu peux le dire, malgré ça, c'est une chance.

  • Speaker #0

    Voilà, oui. Ce que j'aime moins, parce que forcément, c'est une autre famille de pêcheurs qui était en liquidation. Tu vois, donc c'est pour ça que ça m'embête. Mais oui, en gros, nous, on a eu la chance de pouvoir l'avoir à un prix indécent comparé à sa valeur réelle. Vraiment, c'est un coup de bol. On a mis une enchère. Bon écoute, vas-y. Et puis bingo, on l'a eu. Donc ce qui a permis du coup de Fury, Fury 2.0. Voilà, donc Fury 2.0 navigue depuis un an maintenant.

  • Speaker #1

    Tu parlais des mésaventures, d'une des mésaventures de David. On le sait tous, marin-pêcheur c'est un métier dangereux. Ça peut être dangereux. Comment tu vis ça, toi ?

  • Speaker #0

    Des fois très mal. Des fois très mal. Alors, il y a des nuits où je suis angoissée comme pas possible. Surtout que je suis avec un marin qui est plutôt mordu. C'est-à-dire qu'il y a 2-3 mètres de creux. Ils s'en foutent ? Ils y vont. Toujours dans la mesure du danger, évidemment. J'ai une grande confiance en David qui est un très bon navigateur. Qui a une grande connaissance quand même de ce qu'il fait. Donc j'ai toute confiance en lui. Maintenant, un accident, ça peut arriver. Tout le temps, on en connaît beaucoup, et tous les ans on voit des naufrages et tout, donc ça fait flipper. Disons que je suis un peu plus rassurée depuis que c'est Fury 2.0, qui est un bateau un peu plus costaud. Et qui est, tu vois, c'est un bateau qui fait 15 mètres, il y a deux moteurs, il y a des chevaux. C'est un bateau qui tient le pavé, comme dit David. Que Fury, c'était plus la petite barquette de 12 mètres, tu vois, j'étais moins sereine quand il était avec celui-là. Tu vois, il y a aussi quand même, qu'on se le dise, le navire qui joue aussi, qui a plus ou moins de force. Et quand il faisait le dingue avec Fury, j'étais un petit peu moins... Je dors peu, quoi. J'ai de l'angoisse, ouais.

  • Speaker #1

    Est-ce que t'as eu besoin... Tu nous parlais, t'es déjà montée avec David pour des pêches. Est-ce que, justement, t'as eu besoin de ça pour te rendre compte de son quotidien et peut-être, justement, un peu moins appréhender ses journées, ses nuits, aussi ?

  • Speaker #0

    Ouais, carrément. Carrément, carrément, le fait de monter avec lui, c'est aussi se voir en réel. Non mais voilà, tu vas pas couler, quoi. Voilà.

  • Speaker #1

    C'est de passer du fantasme à la réalité Si t'es au fond de ton lit T'es là,

  • Speaker #0

    t'entends le vent T'es en stress, tu te fais un film Et puis c'est bien connu que la nuit Tout est toujours pire Tu vas te monter en prison Alors qu'en fait, calme-toi, il se passe rien du tout Une angoisse constante bien sûr

  • Speaker #1

    Tu travailles avec David Forcément, ton mari Tu nous parlais tout à l'heure Des autres pêcheurs et pêcheuses Qui travaillaient aussi en couple ... Travailler en couple, ça va ? Ça marche bien ?

  • Speaker #0

    Ça dépend. Ça peut autant te rapprocher que t'éloigner, en fait. Bien sûr, on se prend la tête. Il me faut 10 kilos de sol une. J'en ai neuf. Et puis, tu sais, je n'ai pas repesé, je n'ai pas revérifié. Je vais mettre un câble. la chiante, tu m'as mis 9 kilos je t'avais dit 10, oui ben la prochaine fois t'iras les chercher tes 10 kilos tu vois un petit peu forcément, après on a nos rythmes très soutenus, parfois avec la fatigue où on est là, ça chamaille lâche, ah ouais, ça oui mais on trouve quand même un équilibre et il y a quand même beaucoup de points positifs parce que quand il bosse, je bosse, il bosse pas je bosse pas, donc ça c'est hyper confort, ça franchement c'est cool et puis que... Il m'a tellement transmis sa passion que... Alors ouais, nos discussions tournent beaucoup autour de ça, mais t'as même pas l'impression de bosser. Donc en fait, tu vois, il y a autant... On peut voir ça comme des inconvénients, comme c'est un avantage finalement quand t'as les mêmes centres d'intérêt et tout. C'est canon, c'est trop bien. Bon, des fois, après on se bagarre aussi un petit peu sur le prix. C'est des fois... Je suis là... Tu vas un petit peu loin sur ton kilo de sol, tu peux pas me faire un petit truc ?

  • Speaker #1

    Ah oui, d'accord ! On essaie ! La négociation, ça marche pas. Ça marche pas, non.

  • Speaker #0

    Non, mais forcément, lui, il a sa boîte, j'ai la mienne, tu sais. Donc des fois, tu es là, tu m'as fait le virement de la marchandise, tu vois. Bah attends, parce que moi, j'ai mon ursaf qui vient d'être prélevé, tu vois. Oui, ça ne s'arrête jamais. Donc, tu vois, il faut se faire confiance. Moi c'est pareil, derrière tout ce que je lui prends en poisson, tout est tracé. J'ai un logiciel, tu me demandes ce que j'ai vendu il y a 10 jours, à 200 grammes près je te le sors, on a une trace. Je ne suis pas là à prendre 2 kilos sur le dos de mon mari. On est dans des trucs hyper... Lui il est très très sérieux à la mer.

  • Speaker #1

    Et pour quoi faire ? Pour les manger toutes seules ?

  • Speaker #0

    Non mais voilà,

  • Speaker #1

    tu vois. À part si tu as très faim.

  • Speaker #0

    Non mais voilà, là c'est une réalité dont je parle avec toi. Que les gens peuvent s'imaginer. La maison de son mari, elle ne le paye pas. Non, non, c'est pas comme ça que ça marche du tout. Et du coup, on a chacun notre entité. Ça, ça nous sauve aussi, tu vois. Je ne suis pas salariée pour mon mari en tant que vendeuse. J'ai ma propre boîte, il a la sienne. Et du coup, voilà. Mais de temps en temps, on se prend le chou. C'est certain.

  • Speaker #1

    Évidemment.

  • Speaker #0

    Bien sûr.

  • Speaker #1

    Des fois, ça t'arrive de te demander dans quoi je me suis embarqué.

  • Speaker #0

    Carrément. Mais carrément. mais carrément carrément je suis sur ma route à 3h du match je suis là mais qu'est-ce que je fous mais pourquoi je fais ça ça ou j'arrive sur le quai David me dit ouais j'arrive à 17h je sais pas j'arrive et puis bon il débarque pas il y a un problème sur le pont il y a un truc je suis là j'attends une heure mais pourquoi je fais ça ou sous la flotte en train de débarquer mais pourquoi je fais ça ça et puis on a aussi un aspect financier aujourd'hui je commence à me rémunérer qu'un peu au bout de 3 ans quasiment forcément, j'ai monté une entité, j'ai un prêt financier pour mon matériel. En fait, voilà, en tant qu'infirmière, je travaillais beaucoup.

  • Speaker #1

    Deux ans et demi, c'est long.

  • Speaker #0

    Bien sûr, carrément. Et ça aussi, ça nous crée des...

  • Speaker #1

    Des tensions.

  • Speaker #0

    Bien sûr, t'es là, mais putain, tu vois. Oui, mais moi, l'objectif, c'est d'abord de payer le bateau, les gars. Ça, c'est l'objectif. Moi, derrière, si je marche à deux balles, c'est mon problème, ça. Du coup, il faut un peu de quantité quand tu fais très peu de marche. mais il est là l'objectif. Moi, le but, c'est de mettre du poisson au prix juste. C'est pas je leur achète 20 balles, je leur vends à 45, non. Le but c'est ça aussi, c'est de faire les vrais cours. Si mon mari il pêche 50 kilos, c'est pas la même que s'il pêche 500 kilos. On est sur des cours réels, on est vraiment sur l'authentique du truc. mais quand tu triches pas, c'est long Tu vois, on n'est qu'un bateau, donc avec les marges que moi je fais, je peux faire de la quantité pour commencer à me dégager un salaire, bien sûr. Et puis bon, là en France, on connaît très bien le pot de nos charges, c'est comme ça. Donc, voilà. Donc, je me demande des fois qu'est-ce que je fous.

  • Speaker #1

    Pour parler concrètement de poisson, tout simplement, Judith, qu'est-ce qu'on pêche au large du Havre de Fécamp, d'Etreta ?

  • Speaker #0

    Alors, je vais parler de ce que je sais moins, bien sûr. On pêche plein de choses, bien évidemment. On est dans le pays de la coquille Saint-Jacques. On est en plein dedans. C'est quoi,

  • Speaker #1

    c'est la saison, là ?

  • Speaker #0

    Là, c'est pleine saison de la coquille. Bien sûr, ça a ouvert il y a peu. Donc ça, c'est ce qu'on trouve, bien sûr. Ça, c'est l'emblème de la Normandie, la coquille Saint-Jacques. Chose que nous, nous ne faisons pas du tout, du coup. Nous, on est spécialisés sur la cueillette de la sole. Ça, c'est vraiment notre produit phare. Donc nous, on est ciblés là-dessus. chaque bateau a toujours une cible de pêche évidemment donc nous la seule, mais t'as aussi la pêche accessoire, c'est pas parce que nos filets sont conçus plus ou moins pour ce poisson là que tu pêches rien d'autre, donc ici tu vas retrouver énormément de roussettes, des misols, tu vas retrouver de la rébouclée, tu vas retrouver du taco du rouger grondin, quelques petits barbés, rouger barbé, tu vas trouver du macro bien sûr, tu vas trouver qu'est-ce qu'on a encore par chez nous, du bar bien évidemment, on peut avoir quelques romards qui se coincent dans nos filets aussi, après c'est de la pêche au casier quand tu la cibles mais Des homards l'été, on en a souvent qui se coincent dedans. De la sèche, tu peux avoir. Voilà, pour faire un petit pellemelle, c'est un petit peu ça.

  • Speaker #1

    Est-ce que c'est une région connue pour ses poissons, pour ses bons poissons ?

  • Speaker #0

    Oui, la Normandie, oui, quand même. Même si la Saint-Jacques reste la grande star. Bien sûr, mais si, en Normandie, on a quand même de très beaux arrivages en poissons, bien sûr.

  • Speaker #1

    Tu nous parlais de la coquille Saint-Jacques, mais on est en ce moment octobre, bientôt novembre. Qu'est-ce qu'on pourra pêcher à ce moment-là de l'année ? Qu'est-ce qu'on pourra avoir dans nos assiettes de particuliers pour cette saison ?

  • Speaker #0

    Mise à part la Saint-Jacques ? Ouais. La sole, bien évidemment. La sole, oui.

  • Speaker #1

    C'est ta spécialité, non, en plus ? Tout à fait.

  • Speaker #0

    La sole, là, on va arriver dans une saison qui est quand même sympa pour la sole. On va arriver... Après, tout ce que je t'ai cité aussi avant, tout ce qui est tacos, les ailes de raie, tu vas pouvoir avoir. Après, on travaille là, en ce moment, on a un petit peu de barbu, parce qu'en fait, c'est pareil, on a des calendriers de saison de poisson. Mais tu as les calendriers, alors qu'ils sont très, très bien faits, et puis tu as aussi le terrain. tu vois, je sais pas ce que je peux dire, par exemple on va dire là on est sans savoir plein de sèche, si on relève 10 kilos de sèche c'est super tu vois donc en fait t'as les calendriers et t'as aussi ce que Mère Nature nous offre comme je dis toujours c'est Mère Nature qui décide tu vois c'est le côté un peu magique aussi de la pêche finalement on part pour un objectif mais on a aussi des petites surprises des belles surprises bien sûr, quand tu mets tes filets donc voilà tu l'as compris c'est la seule mais tu relèves ton filet si t'as un turbo de 10 kilos ... c'est trop cool, c'est magnifique, il y a des belles prises c'est pas tous les jours comme ça ou t'es tombé sur un banc de macros bah super, tu peux relever comme ça pouf, plein de macros alors que t'en as pas eu un la veille le mulet c'est pareil on a fait des beaux mulets des mulets blancs pleins de mer magnifiques tu peux tomber sur du bar, enfin oui bien sûr t'as des belles surprises bien sûr

  • Speaker #1

    Judith aujourd'hui au Havre où est-ce qu'on peut retrouver vos poissons ?

  • Speaker #0

    Nous, on ne les trouve pas en point de vente parce que nous-mêmes, mais tu vas les retrouver dans certains restos. Tu vas les retrouver à la Bise.

  • Speaker #1

    Chez ma copine Lucie.

  • Speaker #0

    Je les adore, c'est nos copains. À la Bise, tu retrouveras nos poissons. Tu peux en retrouver au Grand Large, donc là pareil sur la descente de Sainte-Adresse, juste dans le même coin, dans le secteur. Tu peux en retrouver au Margote.

  • Speaker #1

    Chez Gauthier et Marguerite.

  • Speaker #0

    Tout à fait.

  • Speaker #1

    C'est que des gens qui sont passés avant toi à ce point. Voilà, tu vois. Que des gens cools, finalement.

  • Speaker #0

    Et après, en poissonnerie, tu peux retrouver à la poissonnerie Croissant. Ça, c'est Charles et sa petite famille qui sont sur les marchés, en fait, sur le Havre. Donc là, tu retrouves nos produits là. Là, en ce moment, parce que finalement, nous, nos clients prennent, ne prennent pas. Là, je te parle à l'instant T, c'est là où tu peux en trouver. Et puis, ça tombe dans un mois, ce sera chez d'autres personnes aussi.

  • Speaker #1

    Judith, on arrive à la fin de cet épisode. J'avais deux, trois petites dernières questions pour toi. Tu nous expliquais que tu étais en reconversion, enfin que tu étais déjà bien reconverti aujourd'hui. Est-ce que tu es heureuse, tout simplement ?

  • Speaker #0

    Carrément.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Bien sûr.

  • Speaker #1

    Tu ne regrettes pas ?

  • Speaker #0

    Pas du tout. Pas du tout, pas du tout.

  • Speaker #1

    Même si des fois, tu te demandes ce que tu fous là ?

  • Speaker #0

    Bien sûr, parce que ça, c'est l'aventure de l'entrepreneuriat en général, de toute façon. Et puis voilà, il y a des jours avec et des jours sans, évidemment. Mais le jeu en vaut la chandelle. Et puis, tu vois, encore un moment comme aujourd'hui, c'est trop cool. Ça me permet d'avoir des rencontres incroyables. Et puis de raconter cette histoire-là, ça me plaît, je ne m'en lasserai jamais.

  • Speaker #1

    Le métier de pêcheur, on l'a dit, est difficile, mais c'est aussi un beau métier. on sent que voilà il y a Il y a une reconnaissance un peu plus importante ces derniers temps, grâce notamment à ce que vous faites sur les réseaux. Qu'est-ce que tu conseillerais à des jeunes qui veulent se lancer dans cet univers-là ? Est-ce que tu les accueilles à bras ouverts ? Est-ce que tu leur dis attention, c'est compliqué ? Qu'est-ce que tu pourrais leur dire ?

  • Speaker #0

    Je les accueille à bras ouverts pour continuer justement cette démarche-là, de revenir à l'essentiel. Ça me fait penser, d'ailleurs, j'ai croisé il y a très peu de temps... temps des très très jeunes marins pêcheurs première saison qui font 17 ans et ils sont là mais je suis là martelé avec mon instinct en disant mais vas-y avec ton TikTok, filme quoi vas-y filme dès que tu le peux communiquons autour de ce métier incroyable qui est en perdition quand même la pêche artisanale française c'est hyper dur donc let's go allez-y, toutes les bonnes initiatives sont à prendre carrément

  • Speaker #1

    Judith on arrive donc à la fin de cet épisode, j'ai une dernière question pour toi je finis toujours comme ça avec mes invités avec cette question tu me disais que tu n'étais pas du coin alors ma question, ma dernière question je lui ai dit pour toi le Havre ça représente quoi ?

  • Speaker #0

    ça représente quoi ? le Havre ça représente, je vais en revenir mais une des valeurs qui est la plus importante pour moi l'humain, parce que je suis arrivée ici sans connaître personne Et en fait, j'ai réussi à rencontrer des gens qu'on vient de citer ensemble, dans mon milieu professionnel, mais qui sont devenus plus, parce qu'on se voit hors travail.

  • Speaker #1

    Des amis.

  • Speaker #0

    Des amis. Et en fait, pour moi, le Havre, c'est ça. Je rencontre des gens incroyables. Et en fait, même si on arrivait seul avec mon mari, on ne l'est plus du tout. Donc l'humain, l'humain à fond, à fond. La convivialité, l'accueil.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup pour cette discussion honnête et franche avec toi, Judith. Merci à toi. Merci d'être venue derrière ce micro. On embrasse évidemment David.

  • Speaker #0

    Carrément.

  • Speaker #1

    Il est sur l'eau. Il est sur le bateau,

  • Speaker #0

    en train de monter un nouveau frigo.

  • Speaker #1

    Très bien, on l'embrasse. Bon courage pour monter le nouveau frigo. Et puis, comme tu l'as dit il y a quelques instants, on peut soit vous retrouver dans les restos du coin, et puis si on vous voit sur un port, On peut venir vous faire un petit coucou ?

  • Speaker #0

    Il faut venir nous faire un petit coucou, carrément !

  • Speaker #1

    N'hésitez pas à aller rencontrer Judith, David et toute leur équipe qui vous expliqueront ce qu'est le métier de pêcheur avec grande passion. Encore une fois, merci beaucoup Judith ! Et puis nous on se retrouve très bientôt dans un nouvel épisode dans le pot de yaourt ! Ciao !

Chapters

  • Introduction et remerciements

    00:00

  • Présentation de Judith Turpin et son parcours

    00:29

  • La transition vers la pêche et ses défis

    01:39

  • La découverte de l'univers de la mer

    02:34

  • Les défis de la pêche et le circuit court

    03:38

  • La passion pour le poisson et la traçabilité

    07:49

  • Judith et David : Travailler en couple

    11:49

  • La place des femmes dans la pêche

    21:31

  • Le Havre : une ville d'accueil et de rencontres

    29:47

Description

Et si une pandémie vous poussait à changer de vie ? C'est exactement ce qu'a vécu Judith Turpin, une ancienne infirmière qui s'est reconverti dans le monde de la pêche au Havre. Dans cet épisode captivant de Dans le Pot de Yaourt - Le podcast de celles et ceux qui font vibrer Le Havre, on plonge dans le parcours inspirant de Judith, qui a transformé une période de bouleversements en une opportunité pour réaliser sa passion pour la pêche, avec l'aide de son mari David.


Ne manquez pas cet épisode inspirant de Dans le Pot de Yaourt, où Judith Turpin partage son histoire unique et nous rappelle que la passion peut naître même des moments les plus difficiles. Plongez avec nous dans l'univers fascinant de la pêche artisanale et découvrez comment une femme audacieuse redéfinit son avenir au Havre, tout en célébrant la richesse de la mer.



Écoutez dès maintenant l'épisode et laissez-vous inspirer par le parcours de Judith, une véritable ambassadrice de la pêche artisanale et de la ville du Havre !



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Salut, un petit mot avant de commencer cet épisode, tout simplement pour vous dire merci. Eh bien merci parce que vous êtes toujours plus nombreux à écouter les épisodes dans le pot de yaourt. Alors si vous voulez soutenir le projet, n'hésitez pas à suivre, à commenter le podcast sur les plateformes d'écoute, sur Deezer, sur Spotify, sur Apple Podcasts, et puis n'hésitez pas non plus à suivre la page du compte Instagram dans le pot de yaourt. Sur ce, bonne écoute ! Bienvenue ! Dans le pot de yaourt, le premier podcast qui s'intéresse à toutes celles et ceux qui font le Havre, à toutes celles et ceux qui sont le Havre. Le plus souvent possible, je vais recevoir à ce micro des artistes, des sportifs, des entrepreneurs, des créateurs de contenu, des cuisiniers, des écrivains, bref, tous ceux qui font briller notre chère et tendre ville et qui nous rendent chaque jour un peu plus fiers d'être à vrai. On parlera de leurs histoires et on verra en quoi le Havre a une place centrale. et si particulière dans leur projet.

  • Speaker #1

    Saison 4, épisode 2.

  • Speaker #0

    Allez bonjour à tous et bienvenue dans le pot de yaourt. Je suis très content d'inviter aujourd'hui quelqu'un qui est sur ma liste depuis très très longtemps maintenant avec elle. On va parler d'un sujet qu'on n'a pas encore abordé dans le pot de yaourt, la pêche. Et oui, le havre c'est aussi et surtout l'univers de la mer. Marié à un marin, mon invité parcourt les routes de Normandie et même d'ailleurs pour proposer au restaurant de la pêche hyper fraîche. En gros du circuit ultra court, de la mer à l'assiette en moins de 24 heures. Merci. Vous les avez peut-être déjà vu voguer sur leur bateau, le célèbre Fury 2.0. Ils ont créé ensemble Soleil Day. Je suis heureux aujourd'hui d'accueillir Judith Turpin. Salut Judith !

  • Speaker #1

    Salut Pierre !

  • Speaker #0

    Merci d'être avec moi dans le Podywhort. Je suis très très content de t'avoir, comme je disais. Vraiment, la pêche est un sujet qu'on n'a pas du tout encore abordé dans le Podywhort. Donc je suis sûr plein de choses à découvrir avec toi. Judith, si tu le veux bien, avant de rentrer un petit peu dans le vif du sujet, de parler de de ton univers, je voulais tout simplement qu'on parle un petit peu de toi. Si j'en crois ce que j'ai lu, la pêche, ça n'a pas toujours été ton domaine ?

  • Speaker #1

    Pas du tout. Qu'est-ce que tu faisais avant ? J'étais infirmière. J'étais infirmière de formation et puis j'ai été spécialisée en hospitalisation à domicile et spécialisée plus précisément dans le soin palliatif. Donc voilà, derrière ça, je me suis lancée en libérale pendant trois ans et on a eu le Covid. qui m'a un petit peu, je vais pas dire écœuré, le mot est gros, mais disons que ça a joué dans le tournant de mon choix de carrière. Le Covid a participé à un gros épuisement, je pense, général déjà.

  • Speaker #0

    Et personnel de santé.

  • Speaker #1

    Ouais, on a un petit peu morflé. On était assez seuls, surtout dans le domicile en fait. C'était un peu ce que j'aime appeler de la médecine de guerre, avec peu de moyens. On achetait des combis de peinture pour aller voir des gens très malades sans même savoir ce qu'était le Covid à l'époque. Et qui, je le rappelle, a fait des ravages quand même. Donc ça, disons que ça a pesé un petit peu dans la balance. Ce serait mentir de dire le contraire, même si je reste une grande amoureuse du soin et qui m'arrive de faire des petits extraits de temps en temps si on a besoin de moi, notamment sur le Havre. Je renfile la blouse. Mais ça, c'est un petit kiff perso.

  • Speaker #0

    C'est le petit kiff perso, histoire de garder un petit peu la passion. La passion de l'an.

  • Speaker #1

    C'est ça.

  • Speaker #0

    Et ta passion de maintenant ? Ta passion de maintenant, ça a beaucoup changé. On est passé du coq à l'âne. La mer, la pêche, c'était des sujets que tu connaissais avant ?

  • Speaker #1

    Eh bien, pas du tout. Pas du tout. Moi, j'étais une terrienne 100%. Une citadine, d'ailleurs. Je vivais à Lille à l'époque. Donc voilà, j'étais vraiment à mille lieux du monde de la mer, même si j'ai grandi dans la région du Dunkerque, là-bas, tout là-haut. Donc voilà, j'ai toujours eu un kiff pour la mer, ma foi, pour aller boire un coup, manger une glace. Mais à part ça, c'est tout. Et puis, j'ai rencontré David. Donc là, gros tournant. Lui m'a complètement embarquée, en fait, dans l'amour du métier. Jusqu'à m'embarquer à bord d'un bateau. Et puis là, je me suis rendu compte de ce qui pouvait se passer tous les jours, finalement, au large, de nos côtes. Et qu'on ignore ces gars-là qui vont pêcher tous les jours. Je trouvais ça lunaire, en fait. Puis on n'en parle pas. Grande épicurienne que je suis, pourtant j'aime manger le poisson au resto, etc. Mais aucune idée de où ça vient.

  • Speaker #0

    Et c'est à ce moment-là que tu as le déclic, quand ils t'emmènent en mer. C'est vraiment, tu te dis, waouh, il n'y a rien. Il y a un univers incroyable.

  • Speaker #1

    Carrément, il m'a amené, alors maintenant c'était en 2022, je dirais, faire une petite marée. Petite marée de...

  • Speaker #0

    Qu'est-ce que ça veut dire une petite marée ?

  • Speaker #1

    Alors une petite marée c'est vraiment, bon, tu pars du port, tu vas pêcher, tu rentres avec le poisson. Donc une marée, on va dire, ça peut varier bien sûr, mais entre 10 et 15 heures, on est sur des plages horaires assez importantes. Et donc mon premier baptême ça a été ça, ça a été une première marée au filet en ardormant, parce que t'as plein de techniques de pêche évidemment. Moi c'était vraiment une petite marée comme ça, et j'ai halluciné quoi. C'était fou à voir, c'était incroyable.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qui t'a fait le plus halluciné ?

  • Speaker #1

    Le plus halluciné ? Qu'on ne voit pas la Terre déjà, que tu es en plein milieu de l'eau. Tu ne vois plus la côte ? Non, visuellement, tu ne la vois plus. C'est très impressionnant. Même si on reste en petite pêche, en pêche côtière, mais tu ne vois plus la Terre. Donc déjà, partir de nuit. Ne plus voir la Terre, c'est quelque chose qui m'a vraiment impressionné, parce que je n'avais aucune expérience là-dedans.

  • Speaker #0

    de nuit aussi ce qui est difficile c'est d'avoir un pied marin c'était ma prochaine question toi tu le disais la terrienne effectivement embarquer de nuit donc on voit pas grand chose potentiellement sur une mer au large donc peut-être agité Est-ce qu'on se rend compte tout de suite si on a le pied marin ou pas ?

  • Speaker #1

    Eh bien écoute, oui. Alors ça a été une appréhension de ma part pendant longtemps, parce que tu te doutes bien que depuis cette première marée, j'ai un petit peu navigué auprès de mon mari, alors que ce soit en perso aussi, sur du plaisance.

  • Speaker #0

    Ça va mieux aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Ouais, et j'ai toujours eu l'appréhension d'être malade en mer. Alors c'est assez hilarant parce que, comme mon mari dit à un moment donné, stop, c'est bon, toutes les fois où t'es venu, non, tu n'es pas malade. Si on est malade, on va le savoir très vite, forcément. et donc moi je... Je touche du bois, je ne l'ai jamais été, mais effectivement c'est ton corps qui est en mouvement sans arrêt. Et dans le noir de nuit, quand tu n'as jamais navigué, ce n'est pas évident parce que forcément tu n'as pas un oeil avec un repère qui permet à ton corps tout simplement de tenir en équilibre. Donc je me souviens que ma première marée, je ne tenais pas debout sans me tenir ailleurs. C'était impossible.

  • Speaker #0

    Et il y a le mal de terre aussi quand on revient.

  • Speaker #1

    Oui, quand tu reviens, tu as l'impression que tu tangues encore un peu. Le mal de terre, oui.

  • Speaker #0

    Et ça lui arrive ça à David ou à tous les pêcheurs ? que tu connais, parfois d'être un peu barbouillé.

  • Speaker #1

    Carrément, surtout, on est en Normandie, enfin même ailleurs tu me diras, mais la mer est rarement calme, plate, merduile par chez nous. Surtout, regarde encore cette semaine la météo. Donc, il arrive quand même que par gros temps, que ce soit David ou ses matelots, soient barbouillés ou pas trop dans leur assiette, bien sûr.

  • Speaker #0

    Pas de panique, si vous pensez avoir le mal de mer, sachez qu'il y a des marins, des vrais marins, ... qui peuvent aussi avoir parfois le mal de mer. Carrément. Judith, tu parlais de ce déclic que tu as eu en découvrant cet univers. C'est aussi à ce moment-là que tu décides de te lancer un petit peu dans cette nouvelle aventure ? Comment ça se passe ?

  • Speaker #1

    Ça, c'est un peu après. Je suis de nature très curieuse. Donc, évidemment, je me suis intéressée sur le métier de terrain. Et puis, le temps faisant, j'ai commencé à m'intéresser un petit peu sur le circuit du poisson. D'un premier côté, avec mon mari, le poisson qui pêche, qu'est-ce qu'il devient ? Qu'est-ce qu'il en gagne ? Comment ça se passe ? J'ai eu ce premier truc-là. Et après, j'ai mon autre côté d'épicurène. Je te disais, tu vas au resto, tu payes du poisson, ton plat. Donc, tu vois, j'avais deux visions. Sauf que je me suis rendu compte qu'entre mon pêcheur et mon plat au resto, il y avait zéro lien. Et puis, bien souvent, dans les restos, tu ne vois pas des poissons qu'en fait, tu pêches. Enfin, tu vois, il y avait...

  • Speaker #0

    tu te demandes pas d'où ils viennent ouais

  • Speaker #1

    Et puis, le cabiot, ok, si tu le pêches ici, si tu en trouves, tu me le dis. Ça commence à être compliqué, le cabiot, par chez nous. Et donc, tu vois, il s'est passé. Donc, j'ai commencé à me questionner là-dessus. Aussi, sur la rémunération du pêcheur. En fait, un pêcheur n'a pas son mot à dire sur le prix de son poisson. C'est vendu en crié, point. On t'impose, en fait, un prix.

  • Speaker #0

    Qui impose un prix ?

  • Speaker #1

    Alors, le poisson, il part en crié. Donc, ça, c'est des points de vente que tu vas trouver. où ici c'est Fécamp, la criée de Fécamp, la plus proche. Donc en fait, tous les pêcheurs amènent leurs débarques en criée. Et là, tu vas avoir des enchères.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Chaque matin. C'est des ventes qui se passent très tôt le matin, du lundi au vendredi en général. Et donc, il y aura toujours un prix minimal. Mais tu as les acheteurs qui viennent prendre place chaque matin. Donc les acheteurs, ça peut être...

  • Speaker #0

    Les professionnels le plus souvent ?

  • Speaker #1

    Souvent des grossistes. Oui, c'est du pro. Il n'y a pas de particulier. Donc tu auras des grossistes en majeure partie. Donc des grossistes indépendants. Ensuite, tu as des acheteurs pour les grandes surfaces qui viennent, des poissonneries peut-être un peu moins parce que... Enfin, tu as des poissonniers qui viennent acheter en crié, mais ça, on va dire un petit peu moins parce que le poissonnier ne peut pas venir en crié acheter le poisson, faire son banc derrière. Voilà. Donc souvent, tu as beaucoup de grossistes. Et donc, en fait, là, les enchères se font. Et boum, prix final terminé. Le gars a acheté son poisson et le pêcheur a son prix final. Donc là, il faut prier que les enchères montent bien.

  • Speaker #0

    Et c'est à ce moment-là que tu te dis, bon, il y a effectivement ces prix qui ne sont pas forcément fixés par les pêcheurs. C'est un peu dommage quand même. Tu n'as pas de maîtrise sur ton prix, c'est ça. C'est un peu dommage pour les pêcheurs. Et qu'est-ce que tu imagines faire pour remédier à tout ça ?

  • Speaker #1

    Alors, du coup, c'est là que j'ai eu tout mon cheminement et ma réflexion. Moi, en fait, je rachète le poisson à mon mari aujourd'hui. Moi, je rachète à mon mari. et j'essaye de racheter un petit peu mieux que la clé.

  • Speaker #0

    Tu es la grossiste de ton mari.

  • Speaker #1

    Voilà, c'est un petit peu ça. Grossiste, c'est un gros mot. C'est ça. Du coup, je lui rachète le poisson. Et en fait, mon mari... Donc,

  • Speaker #0

    tu lui rachètes tout ? Pas forcément tout. Non.

  • Speaker #1

    Moi, j'achète ce dont j'ai besoin pour mes clients.

  • Speaker #0

    On te fait une liste ?

  • Speaker #1

    Alors, moi, je liste ce qui est en train d'être pêché. Parce qu'avec mon mari, on est relié chez 2.0. Voilà. Effectivement.

  • Speaker #0

    Il y a des nouvelles technologies.

  • Speaker #1

    Carrément. Et donc, en fait, mon mari me dit en direct ce qui remonte.

  • Speaker #0

    Très bien.

  • Speaker #1

    Plus ou moins, mais j'ai un ordre d'idée. Moi, je mets en place le listing de la pêche du jour, donc il n'est même pas encore fini d'être sorti de l'eau, finalement. Mes clients, je leur donne à dispo cette liste et ils me commandent ce qu'ils veulent. Quand mon mari revient de mer, je chope tout ce dont j'ai besoin pour mes clients. Le reste part en criée. Moi, je prends seulement ce qui est commandé. Je ne stocke rien du tout. Ça, c'est vraiment une volonté de ma part.

  • Speaker #0

    Et après ?

  • Speaker #1

    Et après, je prends les commandes de mes clients. Alors derrière, j'organise un petit peu dans toutes mes petites caisses, etc. Le petit étiquetage, la traçage, etc. Et de nuit, la nuit d'après, en fait, je pars déjà livrer. C'est-à-dire que le poisson qui sort du bateau à 17h lundi, mardi, 4-5h, il est livré.

  • Speaker #0

    Ok, donc ça va très très vite.

  • Speaker #1

    Oui, ça c'est l'objectif de la maison.

  • Speaker #0

    Quand tu te lances dans cette aventure, tu es dans quel état d'esprit ? Est-ce que tu es confiante ? dans ce que tu as pu imaginer ? Est-ce que tu étais hésitante, enthousiaste ? Raconte-nous comment tu te sens à ce moment-là.

  • Speaker #1

    Alors, je me sens enthousiaste, ça c'est clair. Déterminée aussi, parce que j'ai tout de suite pensé qu'il y avait vraiment quelque chose à faire. De mettre en lien ce poisson de cette qualité-là, directement chez les bonnes personnes qui ont envie d'avoir du beau produit. Ce qu'il y a, c'est que ça m'a mis du temps. Moi, je suis partie avec mon camion, j'ai fait du porte-à-porte. J'ai vraiment démarré. On est dans un monde où je t'apprends rien, on peut tout commander tous les jours, tout le temps, partout. Il y a énormément de grossisses, bien sûr, il y a énormément de poissons. Voilà, tu peux en trouver de partout, tous les jours. Tu veux de la sol, j'ai envie de te dire, tu vas en trouver n'importe quand. Voilà, tu tapes sur Internet, tu vas en trouver. Maintenant, reste à savoir de où, etc. Et donc, en fait, enthousiaste. Par contre, sûr de moi, pas du tout. Voilà, t'arrives... Bon, moi, mon objectif, c'était de taper quand même dans les jolies tables. Donc, je suis allée quand même à la rencontre de certains chefs, dont un que j'ai en tête. J'étais tellement impressionnée que je me suis plantée trois fois de prénom. Enfin bref. Donc, au début, je faisais des tournées pour 3 kilos. J'ai démarré pour rien du tout. Et après, j'ai commencé à travailler un petit peu sur mon petit Instagram. Voilà. Aussi humble soit-il. C'est très cool. Et ça, ça a beaucoup aidé. Ça a été un vrai levier. Les réseaux, c'est vachement bien pour ça. Le bouche à oreille, bien sûr. Donc là, on est archi bien connus sur Lille, dans le Nord, où là, les chefs nous connaissent très, très bien.

  • Speaker #0

    Pourquoi vous êtes plus connus à Lille qu'ailleurs ?

  • Speaker #1

    On a démarré à Lille. On a démarré à Lille tout simplement parce que moi, je connaissais très bien la ville de Lille dans laquelle j'ai vécu 10 ans. Et donc, logistiquement, pour faire des tournées de patients, j'ai fait des tournées de poissons. Donc en fait, j'ai démarré vraiment sur un terrain connu. Je connaissais assez bien, donc c'était pour moi le plus logique. Et toi,

  • Speaker #0

    les picuriennes, tu connaissais aussi les restos ?

  • Speaker #1

    C'est ça. C'est comme ça, en fait, j'ai démarré sur un truc un peu connu. Et aussi, nous, on est des adoptifs d'ici. Initialement, on vient de Dunkerque, en fait.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Donc forcément...

  • Speaker #0

    Welcome, bienvenue.

  • Speaker #1

    Merci. On se fait un petit moment maintenant qu'on est là et on adore. Mais voilà, donc c'est pour ça qu'on a commencé comme ça. Et ensuite, on a déménagé et j'ai continué à faire ça ici, bien sûr.

  • Speaker #0

    Donc ta promesse et celle de ton équipe, c'est vraiment d'apporter aux professionnels du poisson ultra frais. Donc de la mer à l'assiette, je disais, en moins de 24 heures, ça devrait être ça. Oui,

  • Speaker #1

    c'est exactement ça.

  • Speaker #0

    Ok. C'est quelque chose qui ne se faisait pas, qui ne se faisait plus ?

  • Speaker #1

    Alors si, je pense qu'il y a encore... Il y a encore des filières qui le font très bien. Mais par contre, ce circuit court, vraiment pêcheur directement, j'en connais pas d'autres. On connaît en fait les ventes des pêches, bien sûr, sur les ports. Je salue d'ailleurs tous les confrères et toutes les consœurs,

  • Speaker #0

    par la même occasion,

  • Speaker #1

    parce qu'on trouve ici, bien sûr, toutes les étales ici au Havre. C'est souvent les épouses des pêcheurs qui vendent directement. Donc en fait, ça existe, mais c'est toi qui dois venir le chercher. Moi j'avais envie d'apporter ce service de livraison. Donc en fait moi je suis le mix femme pêcheur avec le service du grossiste. Je voulais développer un concept qui soit un petit peu différent, avec une image de marque bien sûr. Et puis on est sur la promo du poisson ultra frais bien sûr en direct pêcheur, et aussi sur la pêche durable et responsable. Ça c'est hyper important, c'est sur ça que je martèle énormément.

  • Speaker #0

    Évidemment.

  • Speaker #1

    Par rapport à la technique de pêche que David pratique avec le Furry 2.0 aussi. sacrée perdition. Donc, on y va.

  • Speaker #0

    On va en parler, évidemment, de toute cette intention de forcément essayer de protéger l'environnement, grâce notamment à la technique de pêche, tu le disais, de David. Donc, tu disais, tu livres à Lille aujourd'hui, essentiellement, enfin, voilà, tu es très connu dans le Nord, notamment à Lille, mais tu livres aussi ailleurs. Où est-ce qu'on peut retrouver vos poissons, là, sur tout le territoire ?

  • Speaker #1

    Alors, donc, voilà, t'as vraiment le gros pôle Nord. Ensuite, Alors ici en Normandie, je travaille quand même avec des super partenaires. Je travaille avec plusieurs restaurants ici aussi poissonnerie. Et je développe le circuit Île-de-France depuis novembre dernier. Donc là, c'est pareil, sur l'Île-de-France, on commence à amener pas mal de produits. Donc beaucoup de poissonnerie aussi. Des artisans poissonniers qui cherchent de la belle pièce, du beau poisson normand. Parce que bien sûr, il y a la grosse plateforme Rungis sur l'Île-de-France évidemment. Mais qui peine à mettre en place parfois du poisson d'origine France. On a énormément d'import, ça c'est pas un scoop. Et c'est aussi moins frais,

  • Speaker #0

    forcément.

  • Speaker #1

    Forcément, forcément. C'est du congelé, la Rungis. Pas forcément. Pas toujours ? Non, t'as du frais, t'as beaucoup de frais, bien sûr, tu peux trouver des très très beaux produits. Mais à force des choses, évidemment, si ça vient de Norvège, il y a un petit peu de route, tout simplement. Après, tout dépend aussi des navires d'où ça vient, t'as des navires qui partent à la semaine. Donc le poisson sort une semaine quand il sort du bateau déjà. Donc, il existe vraiment un peu tout ce que tu veux. Pour ce qui est de notre spécialité, la sole, pour nous, il arrive bien des semaines où tu n'as pas une sole française à Rungis. Et ça, c'est malheureux. Donc, on se trouve avec toutes ces personnes-là, donc les poissonniers, les restaurateurs. Et puis, on se fait plaisir, on s'éclate, c'est trop cool. Donc, les trois pôles, c'est vraiment Nord, Normandie, Paris.

  • Speaker #0

    Et ta vocation, j'imagine que ça fait forcément plus de route, mais est-ce que ta vocation à élargir le champ d'action ?

  • Speaker #1

    Oui, justement, ça, c'est un sujet qui est complètement actuel pour moi. J'étais forcément freinée sur la logistique, parce que moi, je livre tout toute seule. Il arrive un moment, je ne pouvais pas me dédoubler. Et puis, j'avais des demandes. Je pense notamment à un poissonnier avec qui je parle très, très bien là-bas sur Nantes. Une poissonnerie qui est plus dans le sud aussi là-bas. Ils me disent, mais punaise, on voudrait tes produits, comment faire ? Et là, j'étais un petit peu freinée parce que j'ai beaucoup de mal avec l'emballage polystyrène. Sauf que c'est bien évidemment les normes sanitaires, ce qu'on comprend très bien, qu'il faille. du polystyrène, avec de la glace, etc. Je le comprends très bien, juste moi, ça me coûte de devoir le faire. Enfin, ça me coûte pas seulement financièrement, ça me coûte au niveau éthique. Je me dis, ah, un problème avec ça. Et donc là, je suis en mise en place avec un partenaire, un transporteur, qui est très connu et qui me permet de charger mon poisson dans les caisses de bord, qui me l'autorise d'être en ce qu'on appelle en marée coulante, quoi. Parce que forcément, les caisses, tu t'imagines, c'est pas ce qu'il y a de plus étanche. Enfin, voilà. Donc là, j'ai la possibilité de le faire. Donc là c'est hyper cool parce que nous on a ce truc où on travaille sans packaging, sans glace comme le poisson est livré dans les 12h24 le glacé j'ai aucun intérêt donc voilà l'idée était de pouvoir trouver un transporteur qui va plus loin que moi mais en ayant le moins d'impact au niveau packaging, glace etc possible.

  • Speaker #0

    Donc là potentiellement prochainement tes produits, vos produits pourront se retrouver au delà de la et La zone géographique que tu m'as donnée, donc sur Nantes, tu parlais de Nantes, peut-être ailleurs ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. En fait, je vais pouvoir faire France.

  • Speaker #0

    France, voilà. Donc, tous ceux qui seront intéressés par les produits peuvent potentiellement te contacter. Tu as commencé tout à l'heure à nous parler de ta journée. Est-ce que tu peux nous décrire une journée type de ton côté de la livraison ? Raconte-nous.

  • Speaker #1

    De la livraison. Alors, comme je dis toujours, je sais quand mon marin part en mer, je ne sais jamais quand il rentre. C'est-à-dire que David peut rentrer de sa marée avec son équipage à midi, à 14h, à 18h. On ne sait pas vraiment parce que tu as toujours des aléas, forcément. Donc, moi, je suis un petit peu en stand-by à attendre le retour. Ça, c'est le point de départ, le retour du bateau. Donc, tu n'es jamais loin du port, quoi. Non, je suis jamais loin du port ni du téléphone Je suis toujours un peu sur le clip Donc en fait en amont forcément je suis en prise de commande Ça souvent les prises de commande, bon j'ai beaucoup de poissonniers Ça je pense à eux mais qui me commandent à 2-3h du mat Ça c'est incroyable parce que je parle aux clients de nuit On est vraiment dans des horaires très décalés Donc il y a une prise de commande Le bateau revient Allez on va dire 15-16h dans le plus général Du temps Je vais au bateau, je cherche tout ce dont j'ai besoin Pour ma tournée du lendemain Je récupère tous les poissons. J'ai mon point de chute chez moi. Moi, je vis vraiment entre les deux ports où mon mari peut s'amarrer. Donc, je rentre chez moi, prépa, commande. Prépa, commande, ça va très, très, très vite parce qu'en fait, moi, l'équipage à bord, on trie déjà. On trie déjà par taille, etc. Moi, je dis à mon mari, j'ai besoin de 20 kilos de ceci, 10 kilos de cela. Je récupère tout. Étiquetage, tac, tic, touc, tout est prêt. On monte la facturation, bien sûr. Souvent, je confirme à mes clients, c'est bon, j'ai ta cam pour demain, la petite photo. Moi, j'aime garder toujours cette proximité hyper importante. On reste dans l'ambiance. J'ai ta bonne cam, je te monte la photo. Je fais les petites photos, c'est trop cool. Je m'efforce à continuer à faire ça au max. On est vraiment dans un lien humain de fou, vraiment l'étale. Mais toujours pareil, on garde cet esprit-là. Et puis, en fait, c'est au froid. Moi, le temps que je monte la paperasse, ceci, cela, je vais dormir. 19, 20 heures, et je me lève à 1h30 du mat. 1h30, boum, partie en tournée. Parce qu'on commence à avoir un petit peu de monde.

  • Speaker #0

    Ça fait des petites nuits ?

  • Speaker #1

    Petites nuits, ouais. Quand on est en période de pêche, que ce soit au Marais ou au Mans, on dort très peu. On a vraiment des rythmes très souples. C'est quoi,

  • Speaker #0

    4-5 heures par nuit ?

  • Speaker #1

    Ouais.

  • Speaker #0

    Max ?

  • Speaker #1

    Ouais, ça va être ça.

  • Speaker #0

    Et ça va ?

  • Speaker #1

    Nickel.

  • Speaker #0

    Ouais ? Oui, c'est vrai que tu n'as pas l'air dans le plus haut bout de ta vie.

  • Speaker #1

    L'anti-cerne,

  • Speaker #0

    quoi. Ah, l'anti-cerne, ça marche bien. Il y a une autre thématique que je voulais aborder avec toi. Être une femme dans un milieu... Alors, moi qui ne connais rien à la pêche, j'imagine que c'est un milieu plutôt masculin.

  • Speaker #1

    Ça l'est, bien sûr. D'accord. Donc,

  • Speaker #0

    être une femme dans un milieu plutôt masculin, est-ce que ça a été facile de faire ta place ? Est-ce que... Voilà, raconte-nous un peu comment... Comment ça a marché tout ça ?

  • Speaker #1

    Alors pas du tout. Moi, je ne trouve pas que c'est quelque chose qui soit facile. Effectivement, c'est un monde très masculin. Même si, pareil, je fais coucou quelques pêcheuses que je connais et qui ont tout mon respect. Mais bien sûr, 95%, ce sont des hommes. Donc, s'immiscer dans ce monde-là en tant que femme, aussi le marin pêcheur, moi je trouve... Comment je peux dire ? C'est des marins ! Donc, ils ont du caractère, quoi. On va pas se mentir. En général, ils ont un bon gros caractère. On est sur des hommes qui ont des énormes journées, etc. Donc, en fait, derrière, il faut être efficace, quoi. La féminité, on la met un petit peu de côté, entre guillemets. Je sais pas si j'emploie les bons mots, mais... Ouais. Enfin, et moi, mon premier rapport, il est avec mon mari. Quand je vais dire à mon mari, oui, chérie, en fait, je vais prendre ton poisson. Tu vas voir, je vais te le racheter, en fait. Je vais le vendre au pro. Il va dire, mais quoi ? Mais pas du tout, quoi. Non.

  • Speaker #0

    On change rien.

  • Speaker #1

    C'est ça. Et on est dans un métier qui existe depuis si longtemps. On est encore dans des... Ouais, on est encore un petit peu à l'ancienne, en fait.

  • Speaker #0

    Tu le ressens sur le terrain, de temps en temps, ouais ?

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Quoi, parce qu'on te fait des petites réflexions ? Parce qu'on te considère pas moins que peut-être un homme ?

  • Speaker #1

    Après, moi, je... Comment je peux dire que ce soit mon mari ou l'équipage, on est comme une famille. Donc en fait, je suis intégrée forcément. Mais tu vois, par exemple, il a fallu que j'aille en mer. Je ne peux pas vendre le poisson sans rien y connaître.

  • Speaker #0

    Évidemment.

  • Speaker #1

    J'ai eu besoin de prouver, que ce soit peut-être à mon mari ou même à moi-même, que le point de départ, il est là. Moi, ce n'est pas... je veux faire des thunes en faisant du poisson. Enfin, on n'est pas là-dedans, tu vois. Donc j'ai voulu prouver aussi ma légitimité. Ça, c'était hyper important pour moi. Mais sinon, oui, oui, c'est un petit peu brutal. C'est un petit peu... Tu vois, j'arrive au bateau, je suis pas là, je vais me casser un ongle. Non, non, je prends les caisses, il y a 20 kilos, il y a 30 kilos, je m'en fous, on y va, on les porte, quoi. Donc j'ai aussi ce truc-là. Enfin, il faut... Je sais pas si tu vois un peu ce que je veux dire. Mais effectivement... Non, ce n'est pas chose simple. ce n'est pas chose simple c'est un métier qui est C'est les bonhommes qui sont là et il faut s'accrocher.

  • Speaker #0

    Et tu parlais des collègues pêcheuses. Est-ce qu'il y en a de plus en plus ? Qu'est-ce que tu vois sur le terrain ?

  • Speaker #1

    J'en connais que deux. Alors ici, je n'en connais pas du tout. En tout cas, j'en connais deux qui sont des copines forcément que je vénère. Le poisson rapproche. Oh ouais, carrément. Et elles travaillent toutes deux avec leur conjoint.

  • Speaker #0

    Ouais.

  • Speaker #1

    Voilà. Donc en couple, ce qui n'est pas chose simple non plus.

  • Speaker #0

    Évidemment, c'est un sujet qu'on va forcément aborder tout à l'heure. Judith, qu'est-ce qui te plaît concrètement dans ton métier ?

  • Speaker #1

    Ce qui me plaît ? Alors déjà, de mettre vraiment ce lien entre la mer et la terre, ça vraiment, c'est mon kiff suprême, parce que c'est archi magique. En fait, la clientèle qu'on a vit au rythme du bateau. Il y a vraiment un truc qui se crée, une relation client qui est dingue parce qu'on a vraiment un côté humain qui est dingue, que je n'aurais même pas, je ne m'en serais même pas vraiment douté finalement, tu vois, je vous vends du poisson. Et en fait, c'est plus que ça, il y a vraiment une histoire. Les clients savent, l'équipage, Dave, machin, tu vois, il y a vraiment tout un lien qui s'est créé. De toute façon,

  • Speaker #0

    toi qui viens du social, tu avais peut-être besoin d'entretenir le lien humain.

  • Speaker #1

    Mon côté infirmier, c'est greffer, tu vois, ça va faire mélange. Et on a vraiment cette humanité qui est dingue. On a des clients qui sont venus nous voir à bord de Paris. Ils sont venus nous voir au bateau. Les gens viennent nous rencontrer. Et ça, je trouve ça incroyable, cette proximité-là qu'on a finalement oubliée parce que le gars commande son poisson. Voilà, c'est un catalogue. Tiens, boum, le livreur vient, ça livre. Il se passe rien. Là, il n'y a pas de chichi. C'est vraiment l'humain, la vraie histoire. Là, mes clients m'écrivent. Jude, tu viens cette semaine ? Non, là, c'est les Grandes Maries. On redémarre samedi. « Ah ok, ça marchait d'ave, ça va ? Et l'équipage, ça va ? Oh punaise, il y a un mauvais temps. Ça va les gars en mer ? » Tu vois, tout ça.

  • Speaker #0

    C'est magique. On se préoccupe de ce que vous faites.

  • Speaker #1

    C'est un truc de fou. Et vice-versa, bien sûr. Parce que quand je vais livrer, il y a toujours la petite tasse de café, on parle toujours deux minutes. « Bon, et toi, ça donne quoi le business cette semaine ? » Enfin, tu vois, il y a un échange de dingue. Et ça, c'est magique.

  • Speaker #0

    Et sans ça, pour toi, ce serait compliqué de faire ce métier ?

  • Speaker #1

    Vendre pour vendre, ça ne m'intéresse pas du tout. Oh non, ça c'est... Alors même si, voilà, je mets Corsé à ma...

  • Speaker #0

    à vouloir vendre ce produit sublime, même si, comme je dis, je le présente et le produit parle de lui-même. Je n'ai jamais dû faire de grand laïus pour convaincre de la fraîcheur de ce qu'on fait. Mais ça, ça m'apporte énormément. Et même David s'y prend au jeu maintenant. Parce que tu as aussi le côté humain. Et les acheteurs savent d'où ça vient, mais nous, on sait ce que ça devient. Et on a aussi les photos des assiettes à la fin, les étals des poissonniers. Ils sont hyper fiers. Le gros panneau Fury 2.0. non non En fait, la boucle est bouclée, les clients qui viennent chez le poissonnier ou chez le restaurateur, c'est les soldes du furie. C'est magique, c'est un truc de fou.

  • Speaker #1

    Et est-ce que tu as eu des retours de particuliers, justement, qui ont vu ce que vous faisiez sur les réseaux, qui ont vu vos pancartes dans les restos, qui ont envie de s'intéresser à ce que vous faites et peut-être s'intéresser à vos produits pour aller directement les chercher ? En sortie de mer.

  • Speaker #0

    On a de plus en plus de demandes des particuliers. Alors moi, je n'ai pas axé la vente sur le particulier, tout simplement parce que j'ai le devoir de genre. Et puis, je ne pouvais pas tout faire. Moi, je n'ai pas de boutique. Donc pour l'instant, sur les pros, on est bien rodé. Et j'ai de plus en plus de demandes de particuliers. Et je cherche forcément une solution pour pouvoir...

  • Speaker #1

    Répondre à la demande.

  • Speaker #0

    Répondre à la demande, tout simplement. Et donc là, pareil, on est en mise en place avec un partenaire. Donc là, je croise les doigts. Un partenaire qui met en lien les producteurs artisans. avec une plateforme de vente sur internet, avec un système de livraison derrière. L'Amazon du poisson ? Ouais, ce serait un peu ça.

  • Speaker #1

    Trop cool !

  • Speaker #0

    Donc en fait, le particulier pourrait aller sur ce site, commander, voir ce qu'il y a, et commander, et puis basta, il reçoit derrière. Ça, j'avais commencé à le faire sur notre site à nous, qui est en maintenance pour l'instant, mais c'est juste que je ne pouvais pas tout faire, je ne voulais pas m'étaler, j'ai dit non, tu fais d'abord tes pros, correctement, On est quand même là-dessus pour l'instant. J'avais peur, en fait, après, de me noyer un peu dans tout ça, parce qu'il y a du taf, quoi. Donc là, voilà, on est sur cette passerelle où on est bien ancré, on commence à maîtriser son sujet, mais pour grandir, grossir, il me faut plus d'outils, forcément, et plus d'aide, quoi. Tu vois, comme là, la plateforme, là, ce serait vraiment idéal pour pouvoir mettre en lien le particulier avec nous. Et en ayant quelqu'un entre deux qui peut gérer s'il y a un colis perdu. Voilà, tu vois.

  • Speaker #1

    En tout cas, c'est des beaux projets.

  • Speaker #0

    Ouais, ouais.

  • Speaker #1

    On parlait des particuliers qui s'intéressent à ce que vous faites. Est-ce qu'il y a des particuliers qui viennent vous rendre visite quand vous êtes au port, quand ça décharge ? Voilà, qui s'intéressent à ce que vous faites, qui vous posent des questions, qui veulent visiter le bateau ?

  • Speaker #0

    Carrément. Sur les débarques de pêche, on a beaucoup, beaucoup de badauds qui s'arrêtent, qui prennent en photo. Ça intéresse énormément, énormément. vraiment. toujours la petite question, la pêche a été bonne souvent des waouh waouh waouh parce que c'est vrai que c'est toujours magnifique même moi je vois des barques tous les jours et tous les jours j'ai les yeux comme une gosse émerveillée je trouve ça magnifique donc on a énormément de gens qui s'arrêtent qui posent des questions, qui nous demandent carrément alors est-ce que ça a toujours été comme ça ?

  • Speaker #1

    peut-être que David on l'embrasse pourrait répondre plutôt à cette question le timide je démords pas je l'aurai un jour David je t'aurai Est-ce que c'est un intérêt qui est récent ou alors il a toujours lui senti ça, vraiment une fascination de tout le monde à peu près pour ce métier ?

  • Speaker #0

    Je pense qu'il y a toujours eu cette curiosité en retour au port, je pense. Est-ce qu'il y a une période, on est dans une époque peut-être, où on avait fort déconnecté avec tout ça peut-être aussi ? C'était le sens de la question. Oui.

  • Speaker #1

    On est peut-être plus vers un retour de la fascination des artisans.

  • Speaker #0

    Carrément, dans le retour au vrai. Je suis d'accord avec toi là-dessus.

  • Speaker #1

    J'ai l'impression qu'on a plus de fascination aujourd'hui pour les boulangers, pour les poissonniers, pour tous ces gens qui...

  • Speaker #0

    On ne voyait plus ces métiers-là, parce qu'on est dans une société quand même où on est les métiers manuels, etc. Bon, c'est pas très à la mode. Soyons clairs, comme tu dis, l'artisan boulanger, l'artisan boucher, le poissonnier, aujourd'hui tu cliques sur le drive, tu te fais livrer tes courses.

  • Speaker #1

    Et puis comme toi, comme David, il y a aussi plein d'artisans qui mettent hyper hyper bien leur travail en valeur, grâce notamment aux réseaux sociaux. C'est peut-être ça aussi qui explique un retour de l'intérêt général. Vers ces métiers.

  • Speaker #0

    Là, c'est justement ce que tu viens de dire. Ça, c'était aussi un de mes grands combats. C'est d'utiliser ce qui est à la mode, ce qui est cool aujourd'hui. Donc, les réseaux. Et de rendre ce vieux métier... Peu sexy, justement. Je dis toujours, je veux rendre sexy le poisson. Je dis tout le temps ça. Mais parce que je veux vraiment le mettre en avant. Parce que c'est si beau, mais on ne le voit pas. On voit les pêcheurs, pourquoi ? Aux infos, parce qu'ils font grève. Parce que c'est toujours pour des mauvaises raisons. Je trouve que ce n'est pas du tout mis en valeur. Jamais. Du coup, ça, c'était à mon humble niveau. Mais de faire un Instagram un peu stylé, avec les matelots qui sont là, qui dansent, qui sourient. avec une musique tendance. C'est ça le but, d'essayer de connecter ces deux mondes-là.

  • Speaker #1

    Tu te fais très bien, encore une fois. Parce que ton Insta est vraiment stylé. Et c'est moi comme ça que je t'ai découvert. On a commencé à se parler via Insta. Vraiment très cool de suivre vos aventures. On parle de David depuis tout à l'heure. On n'est pas rentré non plus dans le vif du sujet. Mais qui c'est David ? Tu nous as dit ton mari. Est-ce que tu peux nous le présenter un petit peu ?

  • Speaker #0

    Alors David, fils de marin-pêcheur, très important. Donc son papa était un grand pêcheur dans le Dunkerquois, du coup à l'époque, il y a 20 ans maintenant. Donc David est baigné là-dedans depuis son plus jeune âge. C'est un amoureux de la mer, ça c'est clair et net. Il a fait son lycée maritime à Boulogne, sur mer, le Portel. Et il est devenu le plus jeune armateur de France. A 18 ans, il avait son premier navire.

  • Speaker #1

    Ok.

  • Speaker #0

    Voilà, donc David a toujours été déterminé à être patron pêcheur, chose qu'il a fait très jeune, 18 ans, avec son premier navire, l'Augré, qui malheureusement a fait naufrage en 2018. Donc David a connu un premier naufrage avec son premier bateau.

  • Speaker #1

    Comment ça se concrétise, ça se matérialise, un naufrage ?

  • Speaker #0

    Eh bien, en pleine nuit, il est avec son équipage en train de pêcher, et puis il y a une voie d'eau, sauf que la voie d'eau... Donc l'alarme se met en route, les pompes se mettent en route, sauf qu'en fait, il se rend très vite compte que...

  • Speaker #1

    Ça ne va pas le faire.

  • Speaker #0

    Ça ne va pas le faire du tout. Et du coup, canot de survie, etc. Et il finit par se faire évitroyer. Carrément, on vient le chercher en hélicoptère par nos amis belges. C'est les belges qui sont venus, ce qui faisait mauvais temps ce jour-là. C'était un 1er avril.

  • Speaker #1

    Ok, bonne blague.

  • Speaker #0

    On n'a vu que jamais le 1er avril pour nous. Du coup, c'est depuis ça. Alors, je connaissais David, oui, mais nous n'étions pas encore tous les deux. mais j'avais forcément entendu parler de cette histoire déjà à l'époque forcément Et donc, suite à ça, il faut se relancer. Il faut retrouver une banque qui te suit à vouloir financer un bateau de pêche. Ce n'est pas une mince affaire aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Ça coûte combien, un bateau de pêche ?

  • Speaker #0

    Tu as tous les prix. Tu peux avoir un bateau. Ça dépend de la taille de ton bateau. Ça dépend... Tu as tous les prix.

  • Speaker #1

    J'imagine que c'est une question un peu compliquée.

  • Speaker #0

    Tu as tous les prix pour un bateau de pêche. Là, nous, pour se relancer, le premier Fury, du coup, qui voulait...

  • Speaker #1

    Fury 1.0 ?

  • Speaker #0

    C'était Fury tout court. Fury tout court. Fury tout court, il fallait 80 000 euros pour acheter cette barque-là.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Voilà. Il fallait 80 000 euros, qu'on n'a jamais eus par les établissements financiers, parce que la pêche, ce n'est pas quelque chose qui se porte très très bien aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Et donc, vous avez fait comment ?

  • Speaker #0

    C'est les parents de David qui nous ont prêté.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Ouais. Ils nous ont prêté et voilà. Et donc, il s'est relancé après tout ça. Fury, c'est 2020, du coup. 2020. Donc, Fury était dans un piteux état quand David l'a eu. Donc, on l'a mis à poil, le bateau. On a tout refait. Tout, tout, tout. Gros chantier. Il a navigué avec Fury jusqu'en 2024. Et entre deux, on a eu l'occasion de faire acheter Fury 2.0. Et pareil, c'est un bateau qui a une valeur marchande importante. Mais on a eu... Alors, je n'aime pas dire la chance, parce que c'est le malheur des uns, le bonheur des autres. Enfin, je n'aime pas trop, mais c'est un bateau qui est en liquidation, en fait. On a fait une enchère dessus et on a pu l'avoir. Mais sur une petite enchère, si tu veux. On a vraiment eu de la chance. Et du coup, Fury 2.0...

  • Speaker #1

    Tu peux le dire, malgré ça, c'est une chance.

  • Speaker #0

    Voilà, oui. Ce que j'aime moins, parce que forcément, c'est une autre famille de pêcheurs qui était en liquidation. Tu vois, donc c'est pour ça que ça m'embête. Mais oui, en gros, nous, on a eu la chance de pouvoir l'avoir à un prix indécent comparé à sa valeur réelle. Vraiment, c'est un coup de bol. On a mis une enchère. Bon écoute, vas-y. Et puis bingo, on l'a eu. Donc ce qui a permis du coup de Fury, Fury 2.0. Voilà, donc Fury 2.0 navigue depuis un an maintenant.

  • Speaker #1

    Tu parlais des mésaventures, d'une des mésaventures de David. On le sait tous, marin-pêcheur c'est un métier dangereux. Ça peut être dangereux. Comment tu vis ça, toi ?

  • Speaker #0

    Des fois très mal. Des fois très mal. Alors, il y a des nuits où je suis angoissée comme pas possible. Surtout que je suis avec un marin qui est plutôt mordu. C'est-à-dire qu'il y a 2-3 mètres de creux. Ils s'en foutent ? Ils y vont. Toujours dans la mesure du danger, évidemment. J'ai une grande confiance en David qui est un très bon navigateur. Qui a une grande connaissance quand même de ce qu'il fait. Donc j'ai toute confiance en lui. Maintenant, un accident, ça peut arriver. Tout le temps, on en connaît beaucoup, et tous les ans on voit des naufrages et tout, donc ça fait flipper. Disons que je suis un peu plus rassurée depuis que c'est Fury 2.0, qui est un bateau un peu plus costaud. Et qui est, tu vois, c'est un bateau qui fait 15 mètres, il y a deux moteurs, il y a des chevaux. C'est un bateau qui tient le pavé, comme dit David. Que Fury, c'était plus la petite barquette de 12 mètres, tu vois, j'étais moins sereine quand il était avec celui-là. Tu vois, il y a aussi quand même, qu'on se le dise, le navire qui joue aussi, qui a plus ou moins de force. Et quand il faisait le dingue avec Fury, j'étais un petit peu moins... Je dors peu, quoi. J'ai de l'angoisse, ouais.

  • Speaker #1

    Est-ce que t'as eu besoin... Tu nous parlais, t'es déjà montée avec David pour des pêches. Est-ce que, justement, t'as eu besoin de ça pour te rendre compte de son quotidien et peut-être, justement, un peu moins appréhender ses journées, ses nuits, aussi ?

  • Speaker #0

    Ouais, carrément. Carrément, carrément, le fait de monter avec lui, c'est aussi se voir en réel. Non mais voilà, tu vas pas couler, quoi. Voilà.

  • Speaker #1

    C'est de passer du fantasme à la réalité Si t'es au fond de ton lit T'es là,

  • Speaker #0

    t'entends le vent T'es en stress, tu te fais un film Et puis c'est bien connu que la nuit Tout est toujours pire Tu vas te monter en prison Alors qu'en fait, calme-toi, il se passe rien du tout Une angoisse constante bien sûr

  • Speaker #1

    Tu travailles avec David Forcément, ton mari Tu nous parlais tout à l'heure Des autres pêcheurs et pêcheuses Qui travaillaient aussi en couple ... Travailler en couple, ça va ? Ça marche bien ?

  • Speaker #0

    Ça dépend. Ça peut autant te rapprocher que t'éloigner, en fait. Bien sûr, on se prend la tête. Il me faut 10 kilos de sol une. J'en ai neuf. Et puis, tu sais, je n'ai pas repesé, je n'ai pas revérifié. Je vais mettre un câble. la chiante, tu m'as mis 9 kilos je t'avais dit 10, oui ben la prochaine fois t'iras les chercher tes 10 kilos tu vois un petit peu forcément, après on a nos rythmes très soutenus, parfois avec la fatigue où on est là, ça chamaille lâche, ah ouais, ça oui mais on trouve quand même un équilibre et il y a quand même beaucoup de points positifs parce que quand il bosse, je bosse, il bosse pas je bosse pas, donc ça c'est hyper confort, ça franchement c'est cool et puis que... Il m'a tellement transmis sa passion que... Alors ouais, nos discussions tournent beaucoup autour de ça, mais t'as même pas l'impression de bosser. Donc en fait, tu vois, il y a autant... On peut voir ça comme des inconvénients, comme c'est un avantage finalement quand t'as les mêmes centres d'intérêt et tout. C'est canon, c'est trop bien. Bon, des fois, après on se bagarre aussi un petit peu sur le prix. C'est des fois... Je suis là... Tu vas un petit peu loin sur ton kilo de sol, tu peux pas me faire un petit truc ?

  • Speaker #1

    Ah oui, d'accord ! On essaie ! La négociation, ça marche pas. Ça marche pas, non.

  • Speaker #0

    Non, mais forcément, lui, il a sa boîte, j'ai la mienne, tu sais. Donc des fois, tu es là, tu m'as fait le virement de la marchandise, tu vois. Bah attends, parce que moi, j'ai mon ursaf qui vient d'être prélevé, tu vois. Oui, ça ne s'arrête jamais. Donc, tu vois, il faut se faire confiance. Moi c'est pareil, derrière tout ce que je lui prends en poisson, tout est tracé. J'ai un logiciel, tu me demandes ce que j'ai vendu il y a 10 jours, à 200 grammes près je te le sors, on a une trace. Je ne suis pas là à prendre 2 kilos sur le dos de mon mari. On est dans des trucs hyper... Lui il est très très sérieux à la mer.

  • Speaker #1

    Et pour quoi faire ? Pour les manger toutes seules ?

  • Speaker #0

    Non mais voilà,

  • Speaker #1

    tu vois. À part si tu as très faim.

  • Speaker #0

    Non mais voilà, là c'est une réalité dont je parle avec toi. Que les gens peuvent s'imaginer. La maison de son mari, elle ne le paye pas. Non, non, c'est pas comme ça que ça marche du tout. Et du coup, on a chacun notre entité. Ça, ça nous sauve aussi, tu vois. Je ne suis pas salariée pour mon mari en tant que vendeuse. J'ai ma propre boîte, il a la sienne. Et du coup, voilà. Mais de temps en temps, on se prend le chou. C'est certain.

  • Speaker #1

    Évidemment.

  • Speaker #0

    Bien sûr.

  • Speaker #1

    Des fois, ça t'arrive de te demander dans quoi je me suis embarqué.

  • Speaker #0

    Carrément. Mais carrément. mais carrément carrément je suis sur ma route à 3h du match je suis là mais qu'est-ce que je fous mais pourquoi je fais ça ça ou j'arrive sur le quai David me dit ouais j'arrive à 17h je sais pas j'arrive et puis bon il débarque pas il y a un problème sur le pont il y a un truc je suis là j'attends une heure mais pourquoi je fais ça ou sous la flotte en train de débarquer mais pourquoi je fais ça ça et puis on a aussi un aspect financier aujourd'hui je commence à me rémunérer qu'un peu au bout de 3 ans quasiment forcément, j'ai monté une entité, j'ai un prêt financier pour mon matériel. En fait, voilà, en tant qu'infirmière, je travaillais beaucoup.

  • Speaker #1

    Deux ans et demi, c'est long.

  • Speaker #0

    Bien sûr, carrément. Et ça aussi, ça nous crée des...

  • Speaker #1

    Des tensions.

  • Speaker #0

    Bien sûr, t'es là, mais putain, tu vois. Oui, mais moi, l'objectif, c'est d'abord de payer le bateau, les gars. Ça, c'est l'objectif. Moi, derrière, si je marche à deux balles, c'est mon problème, ça. Du coup, il faut un peu de quantité quand tu fais très peu de marche. mais il est là l'objectif. Moi, le but, c'est de mettre du poisson au prix juste. C'est pas je leur achète 20 balles, je leur vends à 45, non. Le but c'est ça aussi, c'est de faire les vrais cours. Si mon mari il pêche 50 kilos, c'est pas la même que s'il pêche 500 kilos. On est sur des cours réels, on est vraiment sur l'authentique du truc. mais quand tu triches pas, c'est long Tu vois, on n'est qu'un bateau, donc avec les marges que moi je fais, je peux faire de la quantité pour commencer à me dégager un salaire, bien sûr. Et puis bon, là en France, on connaît très bien le pot de nos charges, c'est comme ça. Donc, voilà. Donc, je me demande des fois qu'est-ce que je fous.

  • Speaker #1

    Pour parler concrètement de poisson, tout simplement, Judith, qu'est-ce qu'on pêche au large du Havre de Fécamp, d'Etreta ?

  • Speaker #0

    Alors, je vais parler de ce que je sais moins, bien sûr. On pêche plein de choses, bien évidemment. On est dans le pays de la coquille Saint-Jacques. On est en plein dedans. C'est quoi,

  • Speaker #1

    c'est la saison, là ?

  • Speaker #0

    Là, c'est pleine saison de la coquille. Bien sûr, ça a ouvert il y a peu. Donc ça, c'est ce qu'on trouve, bien sûr. Ça, c'est l'emblème de la Normandie, la coquille Saint-Jacques. Chose que nous, nous ne faisons pas du tout, du coup. Nous, on est spécialisés sur la cueillette de la sole. Ça, c'est vraiment notre produit phare. Donc nous, on est ciblés là-dessus. chaque bateau a toujours une cible de pêche évidemment donc nous la seule, mais t'as aussi la pêche accessoire, c'est pas parce que nos filets sont conçus plus ou moins pour ce poisson là que tu pêches rien d'autre, donc ici tu vas retrouver énormément de roussettes, des misols, tu vas retrouver de la rébouclée, tu vas retrouver du taco du rouger grondin, quelques petits barbés, rouger barbé, tu vas trouver du macro bien sûr, tu vas trouver qu'est-ce qu'on a encore par chez nous, du bar bien évidemment, on peut avoir quelques romards qui se coincent dans nos filets aussi, après c'est de la pêche au casier quand tu la cibles mais Des homards l'été, on en a souvent qui se coincent dedans. De la sèche, tu peux avoir. Voilà, pour faire un petit pellemelle, c'est un petit peu ça.

  • Speaker #1

    Est-ce que c'est une région connue pour ses poissons, pour ses bons poissons ?

  • Speaker #0

    Oui, la Normandie, oui, quand même. Même si la Saint-Jacques reste la grande star. Bien sûr, mais si, en Normandie, on a quand même de très beaux arrivages en poissons, bien sûr.

  • Speaker #1

    Tu nous parlais de la coquille Saint-Jacques, mais on est en ce moment octobre, bientôt novembre. Qu'est-ce qu'on pourra pêcher à ce moment-là de l'année ? Qu'est-ce qu'on pourra avoir dans nos assiettes de particuliers pour cette saison ?

  • Speaker #0

    Mise à part la Saint-Jacques ? Ouais. La sole, bien évidemment. La sole, oui.

  • Speaker #1

    C'est ta spécialité, non, en plus ? Tout à fait.

  • Speaker #0

    La sole, là, on va arriver dans une saison qui est quand même sympa pour la sole. On va arriver... Après, tout ce que je t'ai cité aussi avant, tout ce qui est tacos, les ailes de raie, tu vas pouvoir avoir. Après, on travaille là, en ce moment, on a un petit peu de barbu, parce qu'en fait, c'est pareil, on a des calendriers de saison de poisson. Mais tu as les calendriers, alors qu'ils sont très, très bien faits, et puis tu as aussi le terrain. tu vois, je sais pas ce que je peux dire, par exemple on va dire là on est sans savoir plein de sèche, si on relève 10 kilos de sèche c'est super tu vois donc en fait t'as les calendriers et t'as aussi ce que Mère Nature nous offre comme je dis toujours c'est Mère Nature qui décide tu vois c'est le côté un peu magique aussi de la pêche finalement on part pour un objectif mais on a aussi des petites surprises des belles surprises bien sûr, quand tu mets tes filets donc voilà tu l'as compris c'est la seule mais tu relèves ton filet si t'as un turbo de 10 kilos ... c'est trop cool, c'est magnifique, il y a des belles prises c'est pas tous les jours comme ça ou t'es tombé sur un banc de macros bah super, tu peux relever comme ça pouf, plein de macros alors que t'en as pas eu un la veille le mulet c'est pareil on a fait des beaux mulets des mulets blancs pleins de mer magnifiques tu peux tomber sur du bar, enfin oui bien sûr t'as des belles surprises bien sûr

  • Speaker #1

    Judith aujourd'hui au Havre où est-ce qu'on peut retrouver vos poissons ?

  • Speaker #0

    Nous, on ne les trouve pas en point de vente parce que nous-mêmes, mais tu vas les retrouver dans certains restos. Tu vas les retrouver à la Bise.

  • Speaker #1

    Chez ma copine Lucie.

  • Speaker #0

    Je les adore, c'est nos copains. À la Bise, tu retrouveras nos poissons. Tu peux en retrouver au Grand Large, donc là pareil sur la descente de Sainte-Adresse, juste dans le même coin, dans le secteur. Tu peux en retrouver au Margote.

  • Speaker #1

    Chez Gauthier et Marguerite.

  • Speaker #0

    Tout à fait.

  • Speaker #1

    C'est que des gens qui sont passés avant toi à ce point. Voilà, tu vois. Que des gens cools, finalement.

  • Speaker #0

    Et après, en poissonnerie, tu peux retrouver à la poissonnerie Croissant. Ça, c'est Charles et sa petite famille qui sont sur les marchés, en fait, sur le Havre. Donc là, tu retrouves nos produits là. Là, en ce moment, parce que finalement, nous, nos clients prennent, ne prennent pas. Là, je te parle à l'instant T, c'est là où tu peux en trouver. Et puis, ça tombe dans un mois, ce sera chez d'autres personnes aussi.

  • Speaker #1

    Judith, on arrive à la fin de cet épisode. J'avais deux, trois petites dernières questions pour toi. Tu nous expliquais que tu étais en reconversion, enfin que tu étais déjà bien reconverti aujourd'hui. Est-ce que tu es heureuse, tout simplement ?

  • Speaker #0

    Carrément.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Bien sûr.

  • Speaker #1

    Tu ne regrettes pas ?

  • Speaker #0

    Pas du tout. Pas du tout, pas du tout.

  • Speaker #1

    Même si des fois, tu te demandes ce que tu fous là ?

  • Speaker #0

    Bien sûr, parce que ça, c'est l'aventure de l'entrepreneuriat en général, de toute façon. Et puis voilà, il y a des jours avec et des jours sans, évidemment. Mais le jeu en vaut la chandelle. Et puis, tu vois, encore un moment comme aujourd'hui, c'est trop cool. Ça me permet d'avoir des rencontres incroyables. Et puis de raconter cette histoire-là, ça me plaît, je ne m'en lasserai jamais.

  • Speaker #1

    Le métier de pêcheur, on l'a dit, est difficile, mais c'est aussi un beau métier. on sent que voilà il y a Il y a une reconnaissance un peu plus importante ces derniers temps, grâce notamment à ce que vous faites sur les réseaux. Qu'est-ce que tu conseillerais à des jeunes qui veulent se lancer dans cet univers-là ? Est-ce que tu les accueilles à bras ouverts ? Est-ce que tu leur dis attention, c'est compliqué ? Qu'est-ce que tu pourrais leur dire ?

  • Speaker #0

    Je les accueille à bras ouverts pour continuer justement cette démarche-là, de revenir à l'essentiel. Ça me fait penser, d'ailleurs, j'ai croisé il y a très peu de temps... temps des très très jeunes marins pêcheurs première saison qui font 17 ans et ils sont là mais je suis là martelé avec mon instinct en disant mais vas-y avec ton TikTok, filme quoi vas-y filme dès que tu le peux communiquons autour de ce métier incroyable qui est en perdition quand même la pêche artisanale française c'est hyper dur donc let's go allez-y, toutes les bonnes initiatives sont à prendre carrément

  • Speaker #1

    Judith on arrive donc à la fin de cet épisode, j'ai une dernière question pour toi je finis toujours comme ça avec mes invités avec cette question tu me disais que tu n'étais pas du coin alors ma question, ma dernière question je lui ai dit pour toi le Havre ça représente quoi ?

  • Speaker #0

    ça représente quoi ? le Havre ça représente, je vais en revenir mais une des valeurs qui est la plus importante pour moi l'humain, parce que je suis arrivée ici sans connaître personne Et en fait, j'ai réussi à rencontrer des gens qu'on vient de citer ensemble, dans mon milieu professionnel, mais qui sont devenus plus, parce qu'on se voit hors travail.

  • Speaker #1

    Des amis.

  • Speaker #0

    Des amis. Et en fait, pour moi, le Havre, c'est ça. Je rencontre des gens incroyables. Et en fait, même si on arrivait seul avec mon mari, on ne l'est plus du tout. Donc l'humain, l'humain à fond, à fond. La convivialité, l'accueil.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup pour cette discussion honnête et franche avec toi, Judith. Merci à toi. Merci d'être venue derrière ce micro. On embrasse évidemment David.

  • Speaker #0

    Carrément.

  • Speaker #1

    Il est sur l'eau. Il est sur le bateau,

  • Speaker #0

    en train de monter un nouveau frigo.

  • Speaker #1

    Très bien, on l'embrasse. Bon courage pour monter le nouveau frigo. Et puis, comme tu l'as dit il y a quelques instants, on peut soit vous retrouver dans les restos du coin, et puis si on vous voit sur un port, On peut venir vous faire un petit coucou ?

  • Speaker #0

    Il faut venir nous faire un petit coucou, carrément !

  • Speaker #1

    N'hésitez pas à aller rencontrer Judith, David et toute leur équipe qui vous expliqueront ce qu'est le métier de pêcheur avec grande passion. Encore une fois, merci beaucoup Judith ! Et puis nous on se retrouve très bientôt dans un nouvel épisode dans le pot de yaourt ! Ciao !

Chapters

  • Introduction et remerciements

    00:00

  • Présentation de Judith Turpin et son parcours

    00:29

  • La transition vers la pêche et ses défis

    01:39

  • La découverte de l'univers de la mer

    02:34

  • Les défis de la pêche et le circuit court

    03:38

  • La passion pour le poisson et la traçabilité

    07:49

  • Judith et David : Travailler en couple

    11:49

  • La place des femmes dans la pêche

    21:31

  • Le Havre : une ville d'accueil et de rencontres

    29:47

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Description

Et si une pandémie vous poussait à changer de vie ? C'est exactement ce qu'a vécu Judith Turpin, une ancienne infirmière qui s'est reconverti dans le monde de la pêche au Havre. Dans cet épisode captivant de Dans le Pot de Yaourt - Le podcast de celles et ceux qui font vibrer Le Havre, on plonge dans le parcours inspirant de Judith, qui a transformé une période de bouleversements en une opportunité pour réaliser sa passion pour la pêche, avec l'aide de son mari David.


Ne manquez pas cet épisode inspirant de Dans le Pot de Yaourt, où Judith Turpin partage son histoire unique et nous rappelle que la passion peut naître même des moments les plus difficiles. Plongez avec nous dans l'univers fascinant de la pêche artisanale et découvrez comment une femme audacieuse redéfinit son avenir au Havre, tout en célébrant la richesse de la mer.



Écoutez dès maintenant l'épisode et laissez-vous inspirer par le parcours de Judith, une véritable ambassadrice de la pêche artisanale et de la ville du Havre !



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Salut, un petit mot avant de commencer cet épisode, tout simplement pour vous dire merci. Eh bien merci parce que vous êtes toujours plus nombreux à écouter les épisodes dans le pot de yaourt. Alors si vous voulez soutenir le projet, n'hésitez pas à suivre, à commenter le podcast sur les plateformes d'écoute, sur Deezer, sur Spotify, sur Apple Podcasts, et puis n'hésitez pas non plus à suivre la page du compte Instagram dans le pot de yaourt. Sur ce, bonne écoute ! Bienvenue ! Dans le pot de yaourt, le premier podcast qui s'intéresse à toutes celles et ceux qui font le Havre, à toutes celles et ceux qui sont le Havre. Le plus souvent possible, je vais recevoir à ce micro des artistes, des sportifs, des entrepreneurs, des créateurs de contenu, des cuisiniers, des écrivains, bref, tous ceux qui font briller notre chère et tendre ville et qui nous rendent chaque jour un peu plus fiers d'être à vrai. On parlera de leurs histoires et on verra en quoi le Havre a une place centrale. et si particulière dans leur projet.

  • Speaker #1

    Saison 4, épisode 2.

  • Speaker #0

    Allez bonjour à tous et bienvenue dans le pot de yaourt. Je suis très content d'inviter aujourd'hui quelqu'un qui est sur ma liste depuis très très longtemps maintenant avec elle. On va parler d'un sujet qu'on n'a pas encore abordé dans le pot de yaourt, la pêche. Et oui, le havre c'est aussi et surtout l'univers de la mer. Marié à un marin, mon invité parcourt les routes de Normandie et même d'ailleurs pour proposer au restaurant de la pêche hyper fraîche. En gros du circuit ultra court, de la mer à l'assiette en moins de 24 heures. Merci. Vous les avez peut-être déjà vu voguer sur leur bateau, le célèbre Fury 2.0. Ils ont créé ensemble Soleil Day. Je suis heureux aujourd'hui d'accueillir Judith Turpin. Salut Judith !

  • Speaker #1

    Salut Pierre !

  • Speaker #0

    Merci d'être avec moi dans le Podywhort. Je suis très très content de t'avoir, comme je disais. Vraiment, la pêche est un sujet qu'on n'a pas du tout encore abordé dans le Podywhort. Donc je suis sûr plein de choses à découvrir avec toi. Judith, si tu le veux bien, avant de rentrer un petit peu dans le vif du sujet, de parler de de ton univers, je voulais tout simplement qu'on parle un petit peu de toi. Si j'en crois ce que j'ai lu, la pêche, ça n'a pas toujours été ton domaine ?

  • Speaker #1

    Pas du tout. Qu'est-ce que tu faisais avant ? J'étais infirmière. J'étais infirmière de formation et puis j'ai été spécialisée en hospitalisation à domicile et spécialisée plus précisément dans le soin palliatif. Donc voilà, derrière ça, je me suis lancée en libérale pendant trois ans et on a eu le Covid. qui m'a un petit peu, je vais pas dire écœuré, le mot est gros, mais disons que ça a joué dans le tournant de mon choix de carrière. Le Covid a participé à un gros épuisement, je pense, général déjà.

  • Speaker #0

    Et personnel de santé.

  • Speaker #1

    Ouais, on a un petit peu morflé. On était assez seuls, surtout dans le domicile en fait. C'était un peu ce que j'aime appeler de la médecine de guerre, avec peu de moyens. On achetait des combis de peinture pour aller voir des gens très malades sans même savoir ce qu'était le Covid à l'époque. Et qui, je le rappelle, a fait des ravages quand même. Donc ça, disons que ça a pesé un petit peu dans la balance. Ce serait mentir de dire le contraire, même si je reste une grande amoureuse du soin et qui m'arrive de faire des petits extraits de temps en temps si on a besoin de moi, notamment sur le Havre. Je renfile la blouse. Mais ça, c'est un petit kiff perso.

  • Speaker #0

    C'est le petit kiff perso, histoire de garder un petit peu la passion. La passion de l'an.

  • Speaker #1

    C'est ça.

  • Speaker #0

    Et ta passion de maintenant ? Ta passion de maintenant, ça a beaucoup changé. On est passé du coq à l'âne. La mer, la pêche, c'était des sujets que tu connaissais avant ?

  • Speaker #1

    Eh bien, pas du tout. Pas du tout. Moi, j'étais une terrienne 100%. Une citadine, d'ailleurs. Je vivais à Lille à l'époque. Donc voilà, j'étais vraiment à mille lieux du monde de la mer, même si j'ai grandi dans la région du Dunkerque, là-bas, tout là-haut. Donc voilà, j'ai toujours eu un kiff pour la mer, ma foi, pour aller boire un coup, manger une glace. Mais à part ça, c'est tout. Et puis, j'ai rencontré David. Donc là, gros tournant. Lui m'a complètement embarquée, en fait, dans l'amour du métier. Jusqu'à m'embarquer à bord d'un bateau. Et puis là, je me suis rendu compte de ce qui pouvait se passer tous les jours, finalement, au large, de nos côtes. Et qu'on ignore ces gars-là qui vont pêcher tous les jours. Je trouvais ça lunaire, en fait. Puis on n'en parle pas. Grande épicurienne que je suis, pourtant j'aime manger le poisson au resto, etc. Mais aucune idée de où ça vient.

  • Speaker #0

    Et c'est à ce moment-là que tu as le déclic, quand ils t'emmènent en mer. C'est vraiment, tu te dis, waouh, il n'y a rien. Il y a un univers incroyable.

  • Speaker #1

    Carrément, il m'a amené, alors maintenant c'était en 2022, je dirais, faire une petite marée. Petite marée de...

  • Speaker #0

    Qu'est-ce que ça veut dire une petite marée ?

  • Speaker #1

    Alors une petite marée c'est vraiment, bon, tu pars du port, tu vas pêcher, tu rentres avec le poisson. Donc une marée, on va dire, ça peut varier bien sûr, mais entre 10 et 15 heures, on est sur des plages horaires assez importantes. Et donc mon premier baptême ça a été ça, ça a été une première marée au filet en ardormant, parce que t'as plein de techniques de pêche évidemment. Moi c'était vraiment une petite marée comme ça, et j'ai halluciné quoi. C'était fou à voir, c'était incroyable.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qui t'a fait le plus halluciné ?

  • Speaker #1

    Le plus halluciné ? Qu'on ne voit pas la Terre déjà, que tu es en plein milieu de l'eau. Tu ne vois plus la côte ? Non, visuellement, tu ne la vois plus. C'est très impressionnant. Même si on reste en petite pêche, en pêche côtière, mais tu ne vois plus la Terre. Donc déjà, partir de nuit. Ne plus voir la Terre, c'est quelque chose qui m'a vraiment impressionné, parce que je n'avais aucune expérience là-dedans.

  • Speaker #0

    de nuit aussi ce qui est difficile c'est d'avoir un pied marin c'était ma prochaine question toi tu le disais la terrienne effectivement embarquer de nuit donc on voit pas grand chose potentiellement sur une mer au large donc peut-être agité Est-ce qu'on se rend compte tout de suite si on a le pied marin ou pas ?

  • Speaker #1

    Eh bien écoute, oui. Alors ça a été une appréhension de ma part pendant longtemps, parce que tu te doutes bien que depuis cette première marée, j'ai un petit peu navigué auprès de mon mari, alors que ce soit en perso aussi, sur du plaisance.

  • Speaker #0

    Ça va mieux aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Ouais, et j'ai toujours eu l'appréhension d'être malade en mer. Alors c'est assez hilarant parce que, comme mon mari dit à un moment donné, stop, c'est bon, toutes les fois où t'es venu, non, tu n'es pas malade. Si on est malade, on va le savoir très vite, forcément. et donc moi je... Je touche du bois, je ne l'ai jamais été, mais effectivement c'est ton corps qui est en mouvement sans arrêt. Et dans le noir de nuit, quand tu n'as jamais navigué, ce n'est pas évident parce que forcément tu n'as pas un oeil avec un repère qui permet à ton corps tout simplement de tenir en équilibre. Donc je me souviens que ma première marée, je ne tenais pas debout sans me tenir ailleurs. C'était impossible.

  • Speaker #0

    Et il y a le mal de terre aussi quand on revient.

  • Speaker #1

    Oui, quand tu reviens, tu as l'impression que tu tangues encore un peu. Le mal de terre, oui.

  • Speaker #0

    Et ça lui arrive ça à David ou à tous les pêcheurs ? que tu connais, parfois d'être un peu barbouillé.

  • Speaker #1

    Carrément, surtout, on est en Normandie, enfin même ailleurs tu me diras, mais la mer est rarement calme, plate, merduile par chez nous. Surtout, regarde encore cette semaine la météo. Donc, il arrive quand même que par gros temps, que ce soit David ou ses matelots, soient barbouillés ou pas trop dans leur assiette, bien sûr.

  • Speaker #0

    Pas de panique, si vous pensez avoir le mal de mer, sachez qu'il y a des marins, des vrais marins, ... qui peuvent aussi avoir parfois le mal de mer. Carrément. Judith, tu parlais de ce déclic que tu as eu en découvrant cet univers. C'est aussi à ce moment-là que tu décides de te lancer un petit peu dans cette nouvelle aventure ? Comment ça se passe ?

  • Speaker #1

    Ça, c'est un peu après. Je suis de nature très curieuse. Donc, évidemment, je me suis intéressée sur le métier de terrain. Et puis, le temps faisant, j'ai commencé à m'intéresser un petit peu sur le circuit du poisson. D'un premier côté, avec mon mari, le poisson qui pêche, qu'est-ce qu'il devient ? Qu'est-ce qu'il en gagne ? Comment ça se passe ? J'ai eu ce premier truc-là. Et après, j'ai mon autre côté d'épicurène. Je te disais, tu vas au resto, tu payes du poisson, ton plat. Donc, tu vois, j'avais deux visions. Sauf que je me suis rendu compte qu'entre mon pêcheur et mon plat au resto, il y avait zéro lien. Et puis, bien souvent, dans les restos, tu ne vois pas des poissons qu'en fait, tu pêches. Enfin, tu vois, il y avait...

  • Speaker #0

    tu te demandes pas d'où ils viennent ouais

  • Speaker #1

    Et puis, le cabiot, ok, si tu le pêches ici, si tu en trouves, tu me le dis. Ça commence à être compliqué, le cabiot, par chez nous. Et donc, tu vois, il s'est passé. Donc, j'ai commencé à me questionner là-dessus. Aussi, sur la rémunération du pêcheur. En fait, un pêcheur n'a pas son mot à dire sur le prix de son poisson. C'est vendu en crié, point. On t'impose, en fait, un prix.

  • Speaker #0

    Qui impose un prix ?

  • Speaker #1

    Alors, le poisson, il part en crié. Donc, ça, c'est des points de vente que tu vas trouver. où ici c'est Fécamp, la criée de Fécamp, la plus proche. Donc en fait, tous les pêcheurs amènent leurs débarques en criée. Et là, tu vas avoir des enchères.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Chaque matin. C'est des ventes qui se passent très tôt le matin, du lundi au vendredi en général. Et donc, il y aura toujours un prix minimal. Mais tu as les acheteurs qui viennent prendre place chaque matin. Donc les acheteurs, ça peut être...

  • Speaker #0

    Les professionnels le plus souvent ?

  • Speaker #1

    Souvent des grossistes. Oui, c'est du pro. Il n'y a pas de particulier. Donc tu auras des grossistes en majeure partie. Donc des grossistes indépendants. Ensuite, tu as des acheteurs pour les grandes surfaces qui viennent, des poissonneries peut-être un peu moins parce que... Enfin, tu as des poissonniers qui viennent acheter en crié, mais ça, on va dire un petit peu moins parce que le poissonnier ne peut pas venir en crié acheter le poisson, faire son banc derrière. Voilà. Donc souvent, tu as beaucoup de grossistes. Et donc, en fait, là, les enchères se font. Et boum, prix final terminé. Le gars a acheté son poisson et le pêcheur a son prix final. Donc là, il faut prier que les enchères montent bien.

  • Speaker #0

    Et c'est à ce moment-là que tu te dis, bon, il y a effectivement ces prix qui ne sont pas forcément fixés par les pêcheurs. C'est un peu dommage quand même. Tu n'as pas de maîtrise sur ton prix, c'est ça. C'est un peu dommage pour les pêcheurs. Et qu'est-ce que tu imagines faire pour remédier à tout ça ?

  • Speaker #1

    Alors, du coup, c'est là que j'ai eu tout mon cheminement et ma réflexion. Moi, en fait, je rachète le poisson à mon mari aujourd'hui. Moi, je rachète à mon mari. et j'essaye de racheter un petit peu mieux que la clé.

  • Speaker #0

    Tu es la grossiste de ton mari.

  • Speaker #1

    Voilà, c'est un petit peu ça. Grossiste, c'est un gros mot. C'est ça. Du coup, je lui rachète le poisson. Et en fait, mon mari... Donc,

  • Speaker #0

    tu lui rachètes tout ? Pas forcément tout. Non.

  • Speaker #1

    Moi, j'achète ce dont j'ai besoin pour mes clients.

  • Speaker #0

    On te fait une liste ?

  • Speaker #1

    Alors, moi, je liste ce qui est en train d'être pêché. Parce qu'avec mon mari, on est relié chez 2.0. Voilà. Effectivement.

  • Speaker #0

    Il y a des nouvelles technologies.

  • Speaker #1

    Carrément. Et donc, en fait, mon mari me dit en direct ce qui remonte.

  • Speaker #0

    Très bien.

  • Speaker #1

    Plus ou moins, mais j'ai un ordre d'idée. Moi, je mets en place le listing de la pêche du jour, donc il n'est même pas encore fini d'être sorti de l'eau, finalement. Mes clients, je leur donne à dispo cette liste et ils me commandent ce qu'ils veulent. Quand mon mari revient de mer, je chope tout ce dont j'ai besoin pour mes clients. Le reste part en criée. Moi, je prends seulement ce qui est commandé. Je ne stocke rien du tout. Ça, c'est vraiment une volonté de ma part.

  • Speaker #0

    Et après ?

  • Speaker #1

    Et après, je prends les commandes de mes clients. Alors derrière, j'organise un petit peu dans toutes mes petites caisses, etc. Le petit étiquetage, la traçage, etc. Et de nuit, la nuit d'après, en fait, je pars déjà livrer. C'est-à-dire que le poisson qui sort du bateau à 17h lundi, mardi, 4-5h, il est livré.

  • Speaker #0

    Ok, donc ça va très très vite.

  • Speaker #1

    Oui, ça c'est l'objectif de la maison.

  • Speaker #0

    Quand tu te lances dans cette aventure, tu es dans quel état d'esprit ? Est-ce que tu es confiante ? dans ce que tu as pu imaginer ? Est-ce que tu étais hésitante, enthousiaste ? Raconte-nous comment tu te sens à ce moment-là.

  • Speaker #1

    Alors, je me sens enthousiaste, ça c'est clair. Déterminée aussi, parce que j'ai tout de suite pensé qu'il y avait vraiment quelque chose à faire. De mettre en lien ce poisson de cette qualité-là, directement chez les bonnes personnes qui ont envie d'avoir du beau produit. Ce qu'il y a, c'est que ça m'a mis du temps. Moi, je suis partie avec mon camion, j'ai fait du porte-à-porte. J'ai vraiment démarré. On est dans un monde où je t'apprends rien, on peut tout commander tous les jours, tout le temps, partout. Il y a énormément de grossisses, bien sûr, il y a énormément de poissons. Voilà, tu peux en trouver de partout, tous les jours. Tu veux de la sol, j'ai envie de te dire, tu vas en trouver n'importe quand. Voilà, tu tapes sur Internet, tu vas en trouver. Maintenant, reste à savoir de où, etc. Et donc, en fait, enthousiaste. Par contre, sûr de moi, pas du tout. Voilà, t'arrives... Bon, moi, mon objectif, c'était de taper quand même dans les jolies tables. Donc, je suis allée quand même à la rencontre de certains chefs, dont un que j'ai en tête. J'étais tellement impressionnée que je me suis plantée trois fois de prénom. Enfin bref. Donc, au début, je faisais des tournées pour 3 kilos. J'ai démarré pour rien du tout. Et après, j'ai commencé à travailler un petit peu sur mon petit Instagram. Voilà. Aussi humble soit-il. C'est très cool. Et ça, ça a beaucoup aidé. Ça a été un vrai levier. Les réseaux, c'est vachement bien pour ça. Le bouche à oreille, bien sûr. Donc là, on est archi bien connus sur Lille, dans le Nord, où là, les chefs nous connaissent très, très bien.

  • Speaker #0

    Pourquoi vous êtes plus connus à Lille qu'ailleurs ?

  • Speaker #1

    On a démarré à Lille. On a démarré à Lille tout simplement parce que moi, je connaissais très bien la ville de Lille dans laquelle j'ai vécu 10 ans. Et donc, logistiquement, pour faire des tournées de patients, j'ai fait des tournées de poissons. Donc en fait, j'ai démarré vraiment sur un terrain connu. Je connaissais assez bien, donc c'était pour moi le plus logique. Et toi,

  • Speaker #0

    les picuriennes, tu connaissais aussi les restos ?

  • Speaker #1

    C'est ça. C'est comme ça, en fait, j'ai démarré sur un truc un peu connu. Et aussi, nous, on est des adoptifs d'ici. Initialement, on vient de Dunkerque, en fait.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Donc forcément...

  • Speaker #0

    Welcome, bienvenue.

  • Speaker #1

    Merci. On se fait un petit moment maintenant qu'on est là et on adore. Mais voilà, donc c'est pour ça qu'on a commencé comme ça. Et ensuite, on a déménagé et j'ai continué à faire ça ici, bien sûr.

  • Speaker #0

    Donc ta promesse et celle de ton équipe, c'est vraiment d'apporter aux professionnels du poisson ultra frais. Donc de la mer à l'assiette, je disais, en moins de 24 heures, ça devrait être ça. Oui,

  • Speaker #1

    c'est exactement ça.

  • Speaker #0

    Ok. C'est quelque chose qui ne se faisait pas, qui ne se faisait plus ?

  • Speaker #1

    Alors si, je pense qu'il y a encore... Il y a encore des filières qui le font très bien. Mais par contre, ce circuit court, vraiment pêcheur directement, j'en connais pas d'autres. On connaît en fait les ventes des pêches, bien sûr, sur les ports. Je salue d'ailleurs tous les confrères et toutes les consœurs,

  • Speaker #0

    par la même occasion,

  • Speaker #1

    parce qu'on trouve ici, bien sûr, toutes les étales ici au Havre. C'est souvent les épouses des pêcheurs qui vendent directement. Donc en fait, ça existe, mais c'est toi qui dois venir le chercher. Moi j'avais envie d'apporter ce service de livraison. Donc en fait moi je suis le mix femme pêcheur avec le service du grossiste. Je voulais développer un concept qui soit un petit peu différent, avec une image de marque bien sûr. Et puis on est sur la promo du poisson ultra frais bien sûr en direct pêcheur, et aussi sur la pêche durable et responsable. Ça c'est hyper important, c'est sur ça que je martèle énormément.

  • Speaker #0

    Évidemment.

  • Speaker #1

    Par rapport à la technique de pêche que David pratique avec le Furry 2.0 aussi. sacrée perdition. Donc, on y va.

  • Speaker #0

    On va en parler, évidemment, de toute cette intention de forcément essayer de protéger l'environnement, grâce notamment à la technique de pêche, tu le disais, de David. Donc, tu disais, tu livres à Lille aujourd'hui, essentiellement, enfin, voilà, tu es très connu dans le Nord, notamment à Lille, mais tu livres aussi ailleurs. Où est-ce qu'on peut retrouver vos poissons, là, sur tout le territoire ?

  • Speaker #1

    Alors, donc, voilà, t'as vraiment le gros pôle Nord. Ensuite, Alors ici en Normandie, je travaille quand même avec des super partenaires. Je travaille avec plusieurs restaurants ici aussi poissonnerie. Et je développe le circuit Île-de-France depuis novembre dernier. Donc là, c'est pareil, sur l'Île-de-France, on commence à amener pas mal de produits. Donc beaucoup de poissonnerie aussi. Des artisans poissonniers qui cherchent de la belle pièce, du beau poisson normand. Parce que bien sûr, il y a la grosse plateforme Rungis sur l'Île-de-France évidemment. Mais qui peine à mettre en place parfois du poisson d'origine France. On a énormément d'import, ça c'est pas un scoop. Et c'est aussi moins frais,

  • Speaker #0

    forcément.

  • Speaker #1

    Forcément, forcément. C'est du congelé, la Rungis. Pas forcément. Pas toujours ? Non, t'as du frais, t'as beaucoup de frais, bien sûr, tu peux trouver des très très beaux produits. Mais à force des choses, évidemment, si ça vient de Norvège, il y a un petit peu de route, tout simplement. Après, tout dépend aussi des navires d'où ça vient, t'as des navires qui partent à la semaine. Donc le poisson sort une semaine quand il sort du bateau déjà. Donc, il existe vraiment un peu tout ce que tu veux. Pour ce qui est de notre spécialité, la sole, pour nous, il arrive bien des semaines où tu n'as pas une sole française à Rungis. Et ça, c'est malheureux. Donc, on se trouve avec toutes ces personnes-là, donc les poissonniers, les restaurateurs. Et puis, on se fait plaisir, on s'éclate, c'est trop cool. Donc, les trois pôles, c'est vraiment Nord, Normandie, Paris.

  • Speaker #0

    Et ta vocation, j'imagine que ça fait forcément plus de route, mais est-ce que ta vocation à élargir le champ d'action ?

  • Speaker #1

    Oui, justement, ça, c'est un sujet qui est complètement actuel pour moi. J'étais forcément freinée sur la logistique, parce que moi, je livre tout toute seule. Il arrive un moment, je ne pouvais pas me dédoubler. Et puis, j'avais des demandes. Je pense notamment à un poissonnier avec qui je parle très, très bien là-bas sur Nantes. Une poissonnerie qui est plus dans le sud aussi là-bas. Ils me disent, mais punaise, on voudrait tes produits, comment faire ? Et là, j'étais un petit peu freinée parce que j'ai beaucoup de mal avec l'emballage polystyrène. Sauf que c'est bien évidemment les normes sanitaires, ce qu'on comprend très bien, qu'il faille. du polystyrène, avec de la glace, etc. Je le comprends très bien, juste moi, ça me coûte de devoir le faire. Enfin, ça me coûte pas seulement financièrement, ça me coûte au niveau éthique. Je me dis, ah, un problème avec ça. Et donc là, je suis en mise en place avec un partenaire, un transporteur, qui est très connu et qui me permet de charger mon poisson dans les caisses de bord, qui me l'autorise d'être en ce qu'on appelle en marée coulante, quoi. Parce que forcément, les caisses, tu t'imagines, c'est pas ce qu'il y a de plus étanche. Enfin, voilà. Donc là, j'ai la possibilité de le faire. Donc là c'est hyper cool parce que nous on a ce truc où on travaille sans packaging, sans glace comme le poisson est livré dans les 12h24 le glacé j'ai aucun intérêt donc voilà l'idée était de pouvoir trouver un transporteur qui va plus loin que moi mais en ayant le moins d'impact au niveau packaging, glace etc possible.

  • Speaker #0

    Donc là potentiellement prochainement tes produits, vos produits pourront se retrouver au delà de la et La zone géographique que tu m'as donnée, donc sur Nantes, tu parlais de Nantes, peut-être ailleurs ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. En fait, je vais pouvoir faire France.

  • Speaker #0

    France, voilà. Donc, tous ceux qui seront intéressés par les produits peuvent potentiellement te contacter. Tu as commencé tout à l'heure à nous parler de ta journée. Est-ce que tu peux nous décrire une journée type de ton côté de la livraison ? Raconte-nous.

  • Speaker #1

    De la livraison. Alors, comme je dis toujours, je sais quand mon marin part en mer, je ne sais jamais quand il rentre. C'est-à-dire que David peut rentrer de sa marée avec son équipage à midi, à 14h, à 18h. On ne sait pas vraiment parce que tu as toujours des aléas, forcément. Donc, moi, je suis un petit peu en stand-by à attendre le retour. Ça, c'est le point de départ, le retour du bateau. Donc, tu n'es jamais loin du port, quoi. Non, je suis jamais loin du port ni du téléphone Je suis toujours un peu sur le clip Donc en fait en amont forcément je suis en prise de commande Ça souvent les prises de commande, bon j'ai beaucoup de poissonniers Ça je pense à eux mais qui me commandent à 2-3h du mat Ça c'est incroyable parce que je parle aux clients de nuit On est vraiment dans des horaires très décalés Donc il y a une prise de commande Le bateau revient Allez on va dire 15-16h dans le plus général Du temps Je vais au bateau, je cherche tout ce dont j'ai besoin Pour ma tournée du lendemain Je récupère tous les poissons. J'ai mon point de chute chez moi. Moi, je vis vraiment entre les deux ports où mon mari peut s'amarrer. Donc, je rentre chez moi, prépa, commande. Prépa, commande, ça va très, très, très vite parce qu'en fait, moi, l'équipage à bord, on trie déjà. On trie déjà par taille, etc. Moi, je dis à mon mari, j'ai besoin de 20 kilos de ceci, 10 kilos de cela. Je récupère tout. Étiquetage, tac, tic, touc, tout est prêt. On monte la facturation, bien sûr. Souvent, je confirme à mes clients, c'est bon, j'ai ta cam pour demain, la petite photo. Moi, j'aime garder toujours cette proximité hyper importante. On reste dans l'ambiance. J'ai ta bonne cam, je te monte la photo. Je fais les petites photos, c'est trop cool. Je m'efforce à continuer à faire ça au max. On est vraiment dans un lien humain de fou, vraiment l'étale. Mais toujours pareil, on garde cet esprit-là. Et puis, en fait, c'est au froid. Moi, le temps que je monte la paperasse, ceci, cela, je vais dormir. 19, 20 heures, et je me lève à 1h30 du mat. 1h30, boum, partie en tournée. Parce qu'on commence à avoir un petit peu de monde.

  • Speaker #0

    Ça fait des petites nuits ?

  • Speaker #1

    Petites nuits, ouais. Quand on est en période de pêche, que ce soit au Marais ou au Mans, on dort très peu. On a vraiment des rythmes très souples. C'est quoi,

  • Speaker #0

    4-5 heures par nuit ?

  • Speaker #1

    Ouais.

  • Speaker #0

    Max ?

  • Speaker #1

    Ouais, ça va être ça.

  • Speaker #0

    Et ça va ?

  • Speaker #1

    Nickel.

  • Speaker #0

    Ouais ? Oui, c'est vrai que tu n'as pas l'air dans le plus haut bout de ta vie.

  • Speaker #1

    L'anti-cerne,

  • Speaker #0

    quoi. Ah, l'anti-cerne, ça marche bien. Il y a une autre thématique que je voulais aborder avec toi. Être une femme dans un milieu... Alors, moi qui ne connais rien à la pêche, j'imagine que c'est un milieu plutôt masculin.

  • Speaker #1

    Ça l'est, bien sûr. D'accord. Donc,

  • Speaker #0

    être une femme dans un milieu plutôt masculin, est-ce que ça a été facile de faire ta place ? Est-ce que... Voilà, raconte-nous un peu comment... Comment ça a marché tout ça ?

  • Speaker #1

    Alors pas du tout. Moi, je ne trouve pas que c'est quelque chose qui soit facile. Effectivement, c'est un monde très masculin. Même si, pareil, je fais coucou quelques pêcheuses que je connais et qui ont tout mon respect. Mais bien sûr, 95%, ce sont des hommes. Donc, s'immiscer dans ce monde-là en tant que femme, aussi le marin pêcheur, moi je trouve... Comment je peux dire ? C'est des marins ! Donc, ils ont du caractère, quoi. On va pas se mentir. En général, ils ont un bon gros caractère. On est sur des hommes qui ont des énormes journées, etc. Donc, en fait, derrière, il faut être efficace, quoi. La féminité, on la met un petit peu de côté, entre guillemets. Je sais pas si j'emploie les bons mots, mais... Ouais. Enfin, et moi, mon premier rapport, il est avec mon mari. Quand je vais dire à mon mari, oui, chérie, en fait, je vais prendre ton poisson. Tu vas voir, je vais te le racheter, en fait. Je vais le vendre au pro. Il va dire, mais quoi ? Mais pas du tout, quoi. Non.

  • Speaker #0

    On change rien.

  • Speaker #1

    C'est ça. Et on est dans un métier qui existe depuis si longtemps. On est encore dans des... Ouais, on est encore un petit peu à l'ancienne, en fait.

  • Speaker #0

    Tu le ressens sur le terrain, de temps en temps, ouais ?

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Quoi, parce qu'on te fait des petites réflexions ? Parce qu'on te considère pas moins que peut-être un homme ?

  • Speaker #1

    Après, moi, je... Comment je peux dire que ce soit mon mari ou l'équipage, on est comme une famille. Donc en fait, je suis intégrée forcément. Mais tu vois, par exemple, il a fallu que j'aille en mer. Je ne peux pas vendre le poisson sans rien y connaître.

  • Speaker #0

    Évidemment.

  • Speaker #1

    J'ai eu besoin de prouver, que ce soit peut-être à mon mari ou même à moi-même, que le point de départ, il est là. Moi, ce n'est pas... je veux faire des thunes en faisant du poisson. Enfin, on n'est pas là-dedans, tu vois. Donc j'ai voulu prouver aussi ma légitimité. Ça, c'était hyper important pour moi. Mais sinon, oui, oui, c'est un petit peu brutal. C'est un petit peu... Tu vois, j'arrive au bateau, je suis pas là, je vais me casser un ongle. Non, non, je prends les caisses, il y a 20 kilos, il y a 30 kilos, je m'en fous, on y va, on les porte, quoi. Donc j'ai aussi ce truc-là. Enfin, il faut... Je sais pas si tu vois un peu ce que je veux dire. Mais effectivement... Non, ce n'est pas chose simple. ce n'est pas chose simple c'est un métier qui est C'est les bonhommes qui sont là et il faut s'accrocher.

  • Speaker #0

    Et tu parlais des collègues pêcheuses. Est-ce qu'il y en a de plus en plus ? Qu'est-ce que tu vois sur le terrain ?

  • Speaker #1

    J'en connais que deux. Alors ici, je n'en connais pas du tout. En tout cas, j'en connais deux qui sont des copines forcément que je vénère. Le poisson rapproche. Oh ouais, carrément. Et elles travaillent toutes deux avec leur conjoint.

  • Speaker #0

    Ouais.

  • Speaker #1

    Voilà. Donc en couple, ce qui n'est pas chose simple non plus.

  • Speaker #0

    Évidemment, c'est un sujet qu'on va forcément aborder tout à l'heure. Judith, qu'est-ce qui te plaît concrètement dans ton métier ?

  • Speaker #1

    Ce qui me plaît ? Alors déjà, de mettre vraiment ce lien entre la mer et la terre, ça vraiment, c'est mon kiff suprême, parce que c'est archi magique. En fait, la clientèle qu'on a vit au rythme du bateau. Il y a vraiment un truc qui se crée, une relation client qui est dingue parce qu'on a vraiment un côté humain qui est dingue, que je n'aurais même pas, je ne m'en serais même pas vraiment douté finalement, tu vois, je vous vends du poisson. Et en fait, c'est plus que ça, il y a vraiment une histoire. Les clients savent, l'équipage, Dave, machin, tu vois, il y a vraiment tout un lien qui s'est créé. De toute façon,

  • Speaker #0

    toi qui viens du social, tu avais peut-être besoin d'entretenir le lien humain.

  • Speaker #1

    Mon côté infirmier, c'est greffer, tu vois, ça va faire mélange. Et on a vraiment cette humanité qui est dingue. On a des clients qui sont venus nous voir à bord de Paris. Ils sont venus nous voir au bateau. Les gens viennent nous rencontrer. Et ça, je trouve ça incroyable, cette proximité-là qu'on a finalement oubliée parce que le gars commande son poisson. Voilà, c'est un catalogue. Tiens, boum, le livreur vient, ça livre. Il se passe rien. Là, il n'y a pas de chichi. C'est vraiment l'humain, la vraie histoire. Là, mes clients m'écrivent. Jude, tu viens cette semaine ? Non, là, c'est les Grandes Maries. On redémarre samedi. « Ah ok, ça marchait d'ave, ça va ? Et l'équipage, ça va ? Oh punaise, il y a un mauvais temps. Ça va les gars en mer ? » Tu vois, tout ça.

  • Speaker #0

    C'est magique. On se préoccupe de ce que vous faites.

  • Speaker #1

    C'est un truc de fou. Et vice-versa, bien sûr. Parce que quand je vais livrer, il y a toujours la petite tasse de café, on parle toujours deux minutes. « Bon, et toi, ça donne quoi le business cette semaine ? » Enfin, tu vois, il y a un échange de dingue. Et ça, c'est magique.

  • Speaker #0

    Et sans ça, pour toi, ce serait compliqué de faire ce métier ?

  • Speaker #1

    Vendre pour vendre, ça ne m'intéresse pas du tout. Oh non, ça c'est... Alors même si, voilà, je mets Corsé à ma...

  • Speaker #0

    à vouloir vendre ce produit sublime, même si, comme je dis, je le présente et le produit parle de lui-même. Je n'ai jamais dû faire de grand laïus pour convaincre de la fraîcheur de ce qu'on fait. Mais ça, ça m'apporte énormément. Et même David s'y prend au jeu maintenant. Parce que tu as aussi le côté humain. Et les acheteurs savent d'où ça vient, mais nous, on sait ce que ça devient. Et on a aussi les photos des assiettes à la fin, les étals des poissonniers. Ils sont hyper fiers. Le gros panneau Fury 2.0. non non En fait, la boucle est bouclée, les clients qui viennent chez le poissonnier ou chez le restaurateur, c'est les soldes du furie. C'est magique, c'est un truc de fou.

  • Speaker #1

    Et est-ce que tu as eu des retours de particuliers, justement, qui ont vu ce que vous faisiez sur les réseaux, qui ont vu vos pancartes dans les restos, qui ont envie de s'intéresser à ce que vous faites et peut-être s'intéresser à vos produits pour aller directement les chercher ? En sortie de mer.

  • Speaker #0

    On a de plus en plus de demandes des particuliers. Alors moi, je n'ai pas axé la vente sur le particulier, tout simplement parce que j'ai le devoir de genre. Et puis, je ne pouvais pas tout faire. Moi, je n'ai pas de boutique. Donc pour l'instant, sur les pros, on est bien rodé. Et j'ai de plus en plus de demandes de particuliers. Et je cherche forcément une solution pour pouvoir...

  • Speaker #1

    Répondre à la demande.

  • Speaker #0

    Répondre à la demande, tout simplement. Et donc là, pareil, on est en mise en place avec un partenaire. Donc là, je croise les doigts. Un partenaire qui met en lien les producteurs artisans. avec une plateforme de vente sur internet, avec un système de livraison derrière. L'Amazon du poisson ? Ouais, ce serait un peu ça.

  • Speaker #1

    Trop cool !

  • Speaker #0

    Donc en fait, le particulier pourrait aller sur ce site, commander, voir ce qu'il y a, et commander, et puis basta, il reçoit derrière. Ça, j'avais commencé à le faire sur notre site à nous, qui est en maintenance pour l'instant, mais c'est juste que je ne pouvais pas tout faire, je ne voulais pas m'étaler, j'ai dit non, tu fais d'abord tes pros, correctement, On est quand même là-dessus pour l'instant. J'avais peur, en fait, après, de me noyer un peu dans tout ça, parce qu'il y a du taf, quoi. Donc là, voilà, on est sur cette passerelle où on est bien ancré, on commence à maîtriser son sujet, mais pour grandir, grossir, il me faut plus d'outils, forcément, et plus d'aide, quoi. Tu vois, comme là, la plateforme, là, ce serait vraiment idéal pour pouvoir mettre en lien le particulier avec nous. Et en ayant quelqu'un entre deux qui peut gérer s'il y a un colis perdu. Voilà, tu vois.

  • Speaker #1

    En tout cas, c'est des beaux projets.

  • Speaker #0

    Ouais, ouais.

  • Speaker #1

    On parlait des particuliers qui s'intéressent à ce que vous faites. Est-ce qu'il y a des particuliers qui viennent vous rendre visite quand vous êtes au port, quand ça décharge ? Voilà, qui s'intéressent à ce que vous faites, qui vous posent des questions, qui veulent visiter le bateau ?

  • Speaker #0

    Carrément. Sur les débarques de pêche, on a beaucoup, beaucoup de badauds qui s'arrêtent, qui prennent en photo. Ça intéresse énormément, énormément. vraiment. toujours la petite question, la pêche a été bonne souvent des waouh waouh waouh parce que c'est vrai que c'est toujours magnifique même moi je vois des barques tous les jours et tous les jours j'ai les yeux comme une gosse émerveillée je trouve ça magnifique donc on a énormément de gens qui s'arrêtent qui posent des questions, qui nous demandent carrément alors est-ce que ça a toujours été comme ça ?

  • Speaker #1

    peut-être que David on l'embrasse pourrait répondre plutôt à cette question le timide je démords pas je l'aurai un jour David je t'aurai Est-ce que c'est un intérêt qui est récent ou alors il a toujours lui senti ça, vraiment une fascination de tout le monde à peu près pour ce métier ?

  • Speaker #0

    Je pense qu'il y a toujours eu cette curiosité en retour au port, je pense. Est-ce qu'il y a une période, on est dans une époque peut-être, où on avait fort déconnecté avec tout ça peut-être aussi ? C'était le sens de la question. Oui.

  • Speaker #1

    On est peut-être plus vers un retour de la fascination des artisans.

  • Speaker #0

    Carrément, dans le retour au vrai. Je suis d'accord avec toi là-dessus.

  • Speaker #1

    J'ai l'impression qu'on a plus de fascination aujourd'hui pour les boulangers, pour les poissonniers, pour tous ces gens qui...

  • Speaker #0

    On ne voyait plus ces métiers-là, parce qu'on est dans une société quand même où on est les métiers manuels, etc. Bon, c'est pas très à la mode. Soyons clairs, comme tu dis, l'artisan boulanger, l'artisan boucher, le poissonnier, aujourd'hui tu cliques sur le drive, tu te fais livrer tes courses.

  • Speaker #1

    Et puis comme toi, comme David, il y a aussi plein d'artisans qui mettent hyper hyper bien leur travail en valeur, grâce notamment aux réseaux sociaux. C'est peut-être ça aussi qui explique un retour de l'intérêt général. Vers ces métiers.

  • Speaker #0

    Là, c'est justement ce que tu viens de dire. Ça, c'était aussi un de mes grands combats. C'est d'utiliser ce qui est à la mode, ce qui est cool aujourd'hui. Donc, les réseaux. Et de rendre ce vieux métier... Peu sexy, justement. Je dis toujours, je veux rendre sexy le poisson. Je dis tout le temps ça. Mais parce que je veux vraiment le mettre en avant. Parce que c'est si beau, mais on ne le voit pas. On voit les pêcheurs, pourquoi ? Aux infos, parce qu'ils font grève. Parce que c'est toujours pour des mauvaises raisons. Je trouve que ce n'est pas du tout mis en valeur. Jamais. Du coup, ça, c'était à mon humble niveau. Mais de faire un Instagram un peu stylé, avec les matelots qui sont là, qui dansent, qui sourient. avec une musique tendance. C'est ça le but, d'essayer de connecter ces deux mondes-là.

  • Speaker #1

    Tu te fais très bien, encore une fois. Parce que ton Insta est vraiment stylé. Et c'est moi comme ça que je t'ai découvert. On a commencé à se parler via Insta. Vraiment très cool de suivre vos aventures. On parle de David depuis tout à l'heure. On n'est pas rentré non plus dans le vif du sujet. Mais qui c'est David ? Tu nous as dit ton mari. Est-ce que tu peux nous le présenter un petit peu ?

  • Speaker #0

    Alors David, fils de marin-pêcheur, très important. Donc son papa était un grand pêcheur dans le Dunkerquois, du coup à l'époque, il y a 20 ans maintenant. Donc David est baigné là-dedans depuis son plus jeune âge. C'est un amoureux de la mer, ça c'est clair et net. Il a fait son lycée maritime à Boulogne, sur mer, le Portel. Et il est devenu le plus jeune armateur de France. A 18 ans, il avait son premier navire.

  • Speaker #1

    Ok.

  • Speaker #0

    Voilà, donc David a toujours été déterminé à être patron pêcheur, chose qu'il a fait très jeune, 18 ans, avec son premier navire, l'Augré, qui malheureusement a fait naufrage en 2018. Donc David a connu un premier naufrage avec son premier bateau.

  • Speaker #1

    Comment ça se concrétise, ça se matérialise, un naufrage ?

  • Speaker #0

    Eh bien, en pleine nuit, il est avec son équipage en train de pêcher, et puis il y a une voie d'eau, sauf que la voie d'eau... Donc l'alarme se met en route, les pompes se mettent en route, sauf qu'en fait, il se rend très vite compte que...

  • Speaker #1

    Ça ne va pas le faire.

  • Speaker #0

    Ça ne va pas le faire du tout. Et du coup, canot de survie, etc. Et il finit par se faire évitroyer. Carrément, on vient le chercher en hélicoptère par nos amis belges. C'est les belges qui sont venus, ce qui faisait mauvais temps ce jour-là. C'était un 1er avril.

  • Speaker #1

    Ok, bonne blague.

  • Speaker #0

    On n'a vu que jamais le 1er avril pour nous. Du coup, c'est depuis ça. Alors, je connaissais David, oui, mais nous n'étions pas encore tous les deux. mais j'avais forcément entendu parler de cette histoire déjà à l'époque forcément Et donc, suite à ça, il faut se relancer. Il faut retrouver une banque qui te suit à vouloir financer un bateau de pêche. Ce n'est pas une mince affaire aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Ça coûte combien, un bateau de pêche ?

  • Speaker #0

    Tu as tous les prix. Tu peux avoir un bateau. Ça dépend de la taille de ton bateau. Ça dépend... Tu as tous les prix.

  • Speaker #1

    J'imagine que c'est une question un peu compliquée.

  • Speaker #0

    Tu as tous les prix pour un bateau de pêche. Là, nous, pour se relancer, le premier Fury, du coup, qui voulait...

  • Speaker #1

    Fury 1.0 ?

  • Speaker #0

    C'était Fury tout court. Fury tout court. Fury tout court, il fallait 80 000 euros pour acheter cette barque-là.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Voilà. Il fallait 80 000 euros, qu'on n'a jamais eus par les établissements financiers, parce que la pêche, ce n'est pas quelque chose qui se porte très très bien aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Et donc, vous avez fait comment ?

  • Speaker #0

    C'est les parents de David qui nous ont prêté.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Ouais. Ils nous ont prêté et voilà. Et donc, il s'est relancé après tout ça. Fury, c'est 2020, du coup. 2020. Donc, Fury était dans un piteux état quand David l'a eu. Donc, on l'a mis à poil, le bateau. On a tout refait. Tout, tout, tout. Gros chantier. Il a navigué avec Fury jusqu'en 2024. Et entre deux, on a eu l'occasion de faire acheter Fury 2.0. Et pareil, c'est un bateau qui a une valeur marchande importante. Mais on a eu... Alors, je n'aime pas dire la chance, parce que c'est le malheur des uns, le bonheur des autres. Enfin, je n'aime pas trop, mais c'est un bateau qui est en liquidation, en fait. On a fait une enchère dessus et on a pu l'avoir. Mais sur une petite enchère, si tu veux. On a vraiment eu de la chance. Et du coup, Fury 2.0...

  • Speaker #1

    Tu peux le dire, malgré ça, c'est une chance.

  • Speaker #0

    Voilà, oui. Ce que j'aime moins, parce que forcément, c'est une autre famille de pêcheurs qui était en liquidation. Tu vois, donc c'est pour ça que ça m'embête. Mais oui, en gros, nous, on a eu la chance de pouvoir l'avoir à un prix indécent comparé à sa valeur réelle. Vraiment, c'est un coup de bol. On a mis une enchère. Bon écoute, vas-y. Et puis bingo, on l'a eu. Donc ce qui a permis du coup de Fury, Fury 2.0. Voilà, donc Fury 2.0 navigue depuis un an maintenant.

  • Speaker #1

    Tu parlais des mésaventures, d'une des mésaventures de David. On le sait tous, marin-pêcheur c'est un métier dangereux. Ça peut être dangereux. Comment tu vis ça, toi ?

  • Speaker #0

    Des fois très mal. Des fois très mal. Alors, il y a des nuits où je suis angoissée comme pas possible. Surtout que je suis avec un marin qui est plutôt mordu. C'est-à-dire qu'il y a 2-3 mètres de creux. Ils s'en foutent ? Ils y vont. Toujours dans la mesure du danger, évidemment. J'ai une grande confiance en David qui est un très bon navigateur. Qui a une grande connaissance quand même de ce qu'il fait. Donc j'ai toute confiance en lui. Maintenant, un accident, ça peut arriver. Tout le temps, on en connaît beaucoup, et tous les ans on voit des naufrages et tout, donc ça fait flipper. Disons que je suis un peu plus rassurée depuis que c'est Fury 2.0, qui est un bateau un peu plus costaud. Et qui est, tu vois, c'est un bateau qui fait 15 mètres, il y a deux moteurs, il y a des chevaux. C'est un bateau qui tient le pavé, comme dit David. Que Fury, c'était plus la petite barquette de 12 mètres, tu vois, j'étais moins sereine quand il était avec celui-là. Tu vois, il y a aussi quand même, qu'on se le dise, le navire qui joue aussi, qui a plus ou moins de force. Et quand il faisait le dingue avec Fury, j'étais un petit peu moins... Je dors peu, quoi. J'ai de l'angoisse, ouais.

  • Speaker #1

    Est-ce que t'as eu besoin... Tu nous parlais, t'es déjà montée avec David pour des pêches. Est-ce que, justement, t'as eu besoin de ça pour te rendre compte de son quotidien et peut-être, justement, un peu moins appréhender ses journées, ses nuits, aussi ?

  • Speaker #0

    Ouais, carrément. Carrément, carrément, le fait de monter avec lui, c'est aussi se voir en réel. Non mais voilà, tu vas pas couler, quoi. Voilà.

  • Speaker #1

    C'est de passer du fantasme à la réalité Si t'es au fond de ton lit T'es là,

  • Speaker #0

    t'entends le vent T'es en stress, tu te fais un film Et puis c'est bien connu que la nuit Tout est toujours pire Tu vas te monter en prison Alors qu'en fait, calme-toi, il se passe rien du tout Une angoisse constante bien sûr

  • Speaker #1

    Tu travailles avec David Forcément, ton mari Tu nous parlais tout à l'heure Des autres pêcheurs et pêcheuses Qui travaillaient aussi en couple ... Travailler en couple, ça va ? Ça marche bien ?

  • Speaker #0

    Ça dépend. Ça peut autant te rapprocher que t'éloigner, en fait. Bien sûr, on se prend la tête. Il me faut 10 kilos de sol une. J'en ai neuf. Et puis, tu sais, je n'ai pas repesé, je n'ai pas revérifié. Je vais mettre un câble. la chiante, tu m'as mis 9 kilos je t'avais dit 10, oui ben la prochaine fois t'iras les chercher tes 10 kilos tu vois un petit peu forcément, après on a nos rythmes très soutenus, parfois avec la fatigue où on est là, ça chamaille lâche, ah ouais, ça oui mais on trouve quand même un équilibre et il y a quand même beaucoup de points positifs parce que quand il bosse, je bosse, il bosse pas je bosse pas, donc ça c'est hyper confort, ça franchement c'est cool et puis que... Il m'a tellement transmis sa passion que... Alors ouais, nos discussions tournent beaucoup autour de ça, mais t'as même pas l'impression de bosser. Donc en fait, tu vois, il y a autant... On peut voir ça comme des inconvénients, comme c'est un avantage finalement quand t'as les mêmes centres d'intérêt et tout. C'est canon, c'est trop bien. Bon, des fois, après on se bagarre aussi un petit peu sur le prix. C'est des fois... Je suis là... Tu vas un petit peu loin sur ton kilo de sol, tu peux pas me faire un petit truc ?

  • Speaker #1

    Ah oui, d'accord ! On essaie ! La négociation, ça marche pas. Ça marche pas, non.

  • Speaker #0

    Non, mais forcément, lui, il a sa boîte, j'ai la mienne, tu sais. Donc des fois, tu es là, tu m'as fait le virement de la marchandise, tu vois. Bah attends, parce que moi, j'ai mon ursaf qui vient d'être prélevé, tu vois. Oui, ça ne s'arrête jamais. Donc, tu vois, il faut se faire confiance. Moi c'est pareil, derrière tout ce que je lui prends en poisson, tout est tracé. J'ai un logiciel, tu me demandes ce que j'ai vendu il y a 10 jours, à 200 grammes près je te le sors, on a une trace. Je ne suis pas là à prendre 2 kilos sur le dos de mon mari. On est dans des trucs hyper... Lui il est très très sérieux à la mer.

  • Speaker #1

    Et pour quoi faire ? Pour les manger toutes seules ?

  • Speaker #0

    Non mais voilà,

  • Speaker #1

    tu vois. À part si tu as très faim.

  • Speaker #0

    Non mais voilà, là c'est une réalité dont je parle avec toi. Que les gens peuvent s'imaginer. La maison de son mari, elle ne le paye pas. Non, non, c'est pas comme ça que ça marche du tout. Et du coup, on a chacun notre entité. Ça, ça nous sauve aussi, tu vois. Je ne suis pas salariée pour mon mari en tant que vendeuse. J'ai ma propre boîte, il a la sienne. Et du coup, voilà. Mais de temps en temps, on se prend le chou. C'est certain.

  • Speaker #1

    Évidemment.

  • Speaker #0

    Bien sûr.

  • Speaker #1

    Des fois, ça t'arrive de te demander dans quoi je me suis embarqué.

  • Speaker #0

    Carrément. Mais carrément. mais carrément carrément je suis sur ma route à 3h du match je suis là mais qu'est-ce que je fous mais pourquoi je fais ça ça ou j'arrive sur le quai David me dit ouais j'arrive à 17h je sais pas j'arrive et puis bon il débarque pas il y a un problème sur le pont il y a un truc je suis là j'attends une heure mais pourquoi je fais ça ou sous la flotte en train de débarquer mais pourquoi je fais ça ça et puis on a aussi un aspect financier aujourd'hui je commence à me rémunérer qu'un peu au bout de 3 ans quasiment forcément, j'ai monté une entité, j'ai un prêt financier pour mon matériel. En fait, voilà, en tant qu'infirmière, je travaillais beaucoup.

  • Speaker #1

    Deux ans et demi, c'est long.

  • Speaker #0

    Bien sûr, carrément. Et ça aussi, ça nous crée des...

  • Speaker #1

    Des tensions.

  • Speaker #0

    Bien sûr, t'es là, mais putain, tu vois. Oui, mais moi, l'objectif, c'est d'abord de payer le bateau, les gars. Ça, c'est l'objectif. Moi, derrière, si je marche à deux balles, c'est mon problème, ça. Du coup, il faut un peu de quantité quand tu fais très peu de marche. mais il est là l'objectif. Moi, le but, c'est de mettre du poisson au prix juste. C'est pas je leur achète 20 balles, je leur vends à 45, non. Le but c'est ça aussi, c'est de faire les vrais cours. Si mon mari il pêche 50 kilos, c'est pas la même que s'il pêche 500 kilos. On est sur des cours réels, on est vraiment sur l'authentique du truc. mais quand tu triches pas, c'est long Tu vois, on n'est qu'un bateau, donc avec les marges que moi je fais, je peux faire de la quantité pour commencer à me dégager un salaire, bien sûr. Et puis bon, là en France, on connaît très bien le pot de nos charges, c'est comme ça. Donc, voilà. Donc, je me demande des fois qu'est-ce que je fous.

  • Speaker #1

    Pour parler concrètement de poisson, tout simplement, Judith, qu'est-ce qu'on pêche au large du Havre de Fécamp, d'Etreta ?

  • Speaker #0

    Alors, je vais parler de ce que je sais moins, bien sûr. On pêche plein de choses, bien évidemment. On est dans le pays de la coquille Saint-Jacques. On est en plein dedans. C'est quoi,

  • Speaker #1

    c'est la saison, là ?

  • Speaker #0

    Là, c'est pleine saison de la coquille. Bien sûr, ça a ouvert il y a peu. Donc ça, c'est ce qu'on trouve, bien sûr. Ça, c'est l'emblème de la Normandie, la coquille Saint-Jacques. Chose que nous, nous ne faisons pas du tout, du coup. Nous, on est spécialisés sur la cueillette de la sole. Ça, c'est vraiment notre produit phare. Donc nous, on est ciblés là-dessus. chaque bateau a toujours une cible de pêche évidemment donc nous la seule, mais t'as aussi la pêche accessoire, c'est pas parce que nos filets sont conçus plus ou moins pour ce poisson là que tu pêches rien d'autre, donc ici tu vas retrouver énormément de roussettes, des misols, tu vas retrouver de la rébouclée, tu vas retrouver du taco du rouger grondin, quelques petits barbés, rouger barbé, tu vas trouver du macro bien sûr, tu vas trouver qu'est-ce qu'on a encore par chez nous, du bar bien évidemment, on peut avoir quelques romards qui se coincent dans nos filets aussi, après c'est de la pêche au casier quand tu la cibles mais Des homards l'été, on en a souvent qui se coincent dedans. De la sèche, tu peux avoir. Voilà, pour faire un petit pellemelle, c'est un petit peu ça.

  • Speaker #1

    Est-ce que c'est une région connue pour ses poissons, pour ses bons poissons ?

  • Speaker #0

    Oui, la Normandie, oui, quand même. Même si la Saint-Jacques reste la grande star. Bien sûr, mais si, en Normandie, on a quand même de très beaux arrivages en poissons, bien sûr.

  • Speaker #1

    Tu nous parlais de la coquille Saint-Jacques, mais on est en ce moment octobre, bientôt novembre. Qu'est-ce qu'on pourra pêcher à ce moment-là de l'année ? Qu'est-ce qu'on pourra avoir dans nos assiettes de particuliers pour cette saison ?

  • Speaker #0

    Mise à part la Saint-Jacques ? Ouais. La sole, bien évidemment. La sole, oui.

  • Speaker #1

    C'est ta spécialité, non, en plus ? Tout à fait.

  • Speaker #0

    La sole, là, on va arriver dans une saison qui est quand même sympa pour la sole. On va arriver... Après, tout ce que je t'ai cité aussi avant, tout ce qui est tacos, les ailes de raie, tu vas pouvoir avoir. Après, on travaille là, en ce moment, on a un petit peu de barbu, parce qu'en fait, c'est pareil, on a des calendriers de saison de poisson. Mais tu as les calendriers, alors qu'ils sont très, très bien faits, et puis tu as aussi le terrain. tu vois, je sais pas ce que je peux dire, par exemple on va dire là on est sans savoir plein de sèche, si on relève 10 kilos de sèche c'est super tu vois donc en fait t'as les calendriers et t'as aussi ce que Mère Nature nous offre comme je dis toujours c'est Mère Nature qui décide tu vois c'est le côté un peu magique aussi de la pêche finalement on part pour un objectif mais on a aussi des petites surprises des belles surprises bien sûr, quand tu mets tes filets donc voilà tu l'as compris c'est la seule mais tu relèves ton filet si t'as un turbo de 10 kilos ... c'est trop cool, c'est magnifique, il y a des belles prises c'est pas tous les jours comme ça ou t'es tombé sur un banc de macros bah super, tu peux relever comme ça pouf, plein de macros alors que t'en as pas eu un la veille le mulet c'est pareil on a fait des beaux mulets des mulets blancs pleins de mer magnifiques tu peux tomber sur du bar, enfin oui bien sûr t'as des belles surprises bien sûr

  • Speaker #1

    Judith aujourd'hui au Havre où est-ce qu'on peut retrouver vos poissons ?

  • Speaker #0

    Nous, on ne les trouve pas en point de vente parce que nous-mêmes, mais tu vas les retrouver dans certains restos. Tu vas les retrouver à la Bise.

  • Speaker #1

    Chez ma copine Lucie.

  • Speaker #0

    Je les adore, c'est nos copains. À la Bise, tu retrouveras nos poissons. Tu peux en retrouver au Grand Large, donc là pareil sur la descente de Sainte-Adresse, juste dans le même coin, dans le secteur. Tu peux en retrouver au Margote.

  • Speaker #1

    Chez Gauthier et Marguerite.

  • Speaker #0

    Tout à fait.

  • Speaker #1

    C'est que des gens qui sont passés avant toi à ce point. Voilà, tu vois. Que des gens cools, finalement.

  • Speaker #0

    Et après, en poissonnerie, tu peux retrouver à la poissonnerie Croissant. Ça, c'est Charles et sa petite famille qui sont sur les marchés, en fait, sur le Havre. Donc là, tu retrouves nos produits là. Là, en ce moment, parce que finalement, nous, nos clients prennent, ne prennent pas. Là, je te parle à l'instant T, c'est là où tu peux en trouver. Et puis, ça tombe dans un mois, ce sera chez d'autres personnes aussi.

  • Speaker #1

    Judith, on arrive à la fin de cet épisode. J'avais deux, trois petites dernières questions pour toi. Tu nous expliquais que tu étais en reconversion, enfin que tu étais déjà bien reconverti aujourd'hui. Est-ce que tu es heureuse, tout simplement ?

  • Speaker #0

    Carrément.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Bien sûr.

  • Speaker #1

    Tu ne regrettes pas ?

  • Speaker #0

    Pas du tout. Pas du tout, pas du tout.

  • Speaker #1

    Même si des fois, tu te demandes ce que tu fous là ?

  • Speaker #0

    Bien sûr, parce que ça, c'est l'aventure de l'entrepreneuriat en général, de toute façon. Et puis voilà, il y a des jours avec et des jours sans, évidemment. Mais le jeu en vaut la chandelle. Et puis, tu vois, encore un moment comme aujourd'hui, c'est trop cool. Ça me permet d'avoir des rencontres incroyables. Et puis de raconter cette histoire-là, ça me plaît, je ne m'en lasserai jamais.

  • Speaker #1

    Le métier de pêcheur, on l'a dit, est difficile, mais c'est aussi un beau métier. on sent que voilà il y a Il y a une reconnaissance un peu plus importante ces derniers temps, grâce notamment à ce que vous faites sur les réseaux. Qu'est-ce que tu conseillerais à des jeunes qui veulent se lancer dans cet univers-là ? Est-ce que tu les accueilles à bras ouverts ? Est-ce que tu leur dis attention, c'est compliqué ? Qu'est-ce que tu pourrais leur dire ?

  • Speaker #0

    Je les accueille à bras ouverts pour continuer justement cette démarche-là, de revenir à l'essentiel. Ça me fait penser, d'ailleurs, j'ai croisé il y a très peu de temps... temps des très très jeunes marins pêcheurs première saison qui font 17 ans et ils sont là mais je suis là martelé avec mon instinct en disant mais vas-y avec ton TikTok, filme quoi vas-y filme dès que tu le peux communiquons autour de ce métier incroyable qui est en perdition quand même la pêche artisanale française c'est hyper dur donc let's go allez-y, toutes les bonnes initiatives sont à prendre carrément

  • Speaker #1

    Judith on arrive donc à la fin de cet épisode, j'ai une dernière question pour toi je finis toujours comme ça avec mes invités avec cette question tu me disais que tu n'étais pas du coin alors ma question, ma dernière question je lui ai dit pour toi le Havre ça représente quoi ?

  • Speaker #0

    ça représente quoi ? le Havre ça représente, je vais en revenir mais une des valeurs qui est la plus importante pour moi l'humain, parce que je suis arrivée ici sans connaître personne Et en fait, j'ai réussi à rencontrer des gens qu'on vient de citer ensemble, dans mon milieu professionnel, mais qui sont devenus plus, parce qu'on se voit hors travail.

  • Speaker #1

    Des amis.

  • Speaker #0

    Des amis. Et en fait, pour moi, le Havre, c'est ça. Je rencontre des gens incroyables. Et en fait, même si on arrivait seul avec mon mari, on ne l'est plus du tout. Donc l'humain, l'humain à fond, à fond. La convivialité, l'accueil.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup pour cette discussion honnête et franche avec toi, Judith. Merci à toi. Merci d'être venue derrière ce micro. On embrasse évidemment David.

  • Speaker #0

    Carrément.

  • Speaker #1

    Il est sur l'eau. Il est sur le bateau,

  • Speaker #0

    en train de monter un nouveau frigo.

  • Speaker #1

    Très bien, on l'embrasse. Bon courage pour monter le nouveau frigo. Et puis, comme tu l'as dit il y a quelques instants, on peut soit vous retrouver dans les restos du coin, et puis si on vous voit sur un port, On peut venir vous faire un petit coucou ?

  • Speaker #0

    Il faut venir nous faire un petit coucou, carrément !

  • Speaker #1

    N'hésitez pas à aller rencontrer Judith, David et toute leur équipe qui vous expliqueront ce qu'est le métier de pêcheur avec grande passion. Encore une fois, merci beaucoup Judith ! Et puis nous on se retrouve très bientôt dans un nouvel épisode dans le pot de yaourt ! Ciao !

Chapters

  • Introduction et remerciements

    00:00

  • Présentation de Judith Turpin et son parcours

    00:29

  • La transition vers la pêche et ses défis

    01:39

  • La découverte de l'univers de la mer

    02:34

  • Les défis de la pêche et le circuit court

    03:38

  • La passion pour le poisson et la traçabilité

    07:49

  • Judith et David : Travailler en couple

    11:49

  • La place des femmes dans la pêche

    21:31

  • Le Havre : une ville d'accueil et de rencontres

    29:47

Description

Et si une pandémie vous poussait à changer de vie ? C'est exactement ce qu'a vécu Judith Turpin, une ancienne infirmière qui s'est reconverti dans le monde de la pêche au Havre. Dans cet épisode captivant de Dans le Pot de Yaourt - Le podcast de celles et ceux qui font vibrer Le Havre, on plonge dans le parcours inspirant de Judith, qui a transformé une période de bouleversements en une opportunité pour réaliser sa passion pour la pêche, avec l'aide de son mari David.


Ne manquez pas cet épisode inspirant de Dans le Pot de Yaourt, où Judith Turpin partage son histoire unique et nous rappelle que la passion peut naître même des moments les plus difficiles. Plongez avec nous dans l'univers fascinant de la pêche artisanale et découvrez comment une femme audacieuse redéfinit son avenir au Havre, tout en célébrant la richesse de la mer.



Écoutez dès maintenant l'épisode et laissez-vous inspirer par le parcours de Judith, une véritable ambassadrice de la pêche artisanale et de la ville du Havre !



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Salut, un petit mot avant de commencer cet épisode, tout simplement pour vous dire merci. Eh bien merci parce que vous êtes toujours plus nombreux à écouter les épisodes dans le pot de yaourt. Alors si vous voulez soutenir le projet, n'hésitez pas à suivre, à commenter le podcast sur les plateformes d'écoute, sur Deezer, sur Spotify, sur Apple Podcasts, et puis n'hésitez pas non plus à suivre la page du compte Instagram dans le pot de yaourt. Sur ce, bonne écoute ! Bienvenue ! Dans le pot de yaourt, le premier podcast qui s'intéresse à toutes celles et ceux qui font le Havre, à toutes celles et ceux qui sont le Havre. Le plus souvent possible, je vais recevoir à ce micro des artistes, des sportifs, des entrepreneurs, des créateurs de contenu, des cuisiniers, des écrivains, bref, tous ceux qui font briller notre chère et tendre ville et qui nous rendent chaque jour un peu plus fiers d'être à vrai. On parlera de leurs histoires et on verra en quoi le Havre a une place centrale. et si particulière dans leur projet.

  • Speaker #1

    Saison 4, épisode 2.

  • Speaker #0

    Allez bonjour à tous et bienvenue dans le pot de yaourt. Je suis très content d'inviter aujourd'hui quelqu'un qui est sur ma liste depuis très très longtemps maintenant avec elle. On va parler d'un sujet qu'on n'a pas encore abordé dans le pot de yaourt, la pêche. Et oui, le havre c'est aussi et surtout l'univers de la mer. Marié à un marin, mon invité parcourt les routes de Normandie et même d'ailleurs pour proposer au restaurant de la pêche hyper fraîche. En gros du circuit ultra court, de la mer à l'assiette en moins de 24 heures. Merci. Vous les avez peut-être déjà vu voguer sur leur bateau, le célèbre Fury 2.0. Ils ont créé ensemble Soleil Day. Je suis heureux aujourd'hui d'accueillir Judith Turpin. Salut Judith !

  • Speaker #1

    Salut Pierre !

  • Speaker #0

    Merci d'être avec moi dans le Podywhort. Je suis très très content de t'avoir, comme je disais. Vraiment, la pêche est un sujet qu'on n'a pas du tout encore abordé dans le Podywhort. Donc je suis sûr plein de choses à découvrir avec toi. Judith, si tu le veux bien, avant de rentrer un petit peu dans le vif du sujet, de parler de de ton univers, je voulais tout simplement qu'on parle un petit peu de toi. Si j'en crois ce que j'ai lu, la pêche, ça n'a pas toujours été ton domaine ?

  • Speaker #1

    Pas du tout. Qu'est-ce que tu faisais avant ? J'étais infirmière. J'étais infirmière de formation et puis j'ai été spécialisée en hospitalisation à domicile et spécialisée plus précisément dans le soin palliatif. Donc voilà, derrière ça, je me suis lancée en libérale pendant trois ans et on a eu le Covid. qui m'a un petit peu, je vais pas dire écœuré, le mot est gros, mais disons que ça a joué dans le tournant de mon choix de carrière. Le Covid a participé à un gros épuisement, je pense, général déjà.

  • Speaker #0

    Et personnel de santé.

  • Speaker #1

    Ouais, on a un petit peu morflé. On était assez seuls, surtout dans le domicile en fait. C'était un peu ce que j'aime appeler de la médecine de guerre, avec peu de moyens. On achetait des combis de peinture pour aller voir des gens très malades sans même savoir ce qu'était le Covid à l'époque. Et qui, je le rappelle, a fait des ravages quand même. Donc ça, disons que ça a pesé un petit peu dans la balance. Ce serait mentir de dire le contraire, même si je reste une grande amoureuse du soin et qui m'arrive de faire des petits extraits de temps en temps si on a besoin de moi, notamment sur le Havre. Je renfile la blouse. Mais ça, c'est un petit kiff perso.

  • Speaker #0

    C'est le petit kiff perso, histoire de garder un petit peu la passion. La passion de l'an.

  • Speaker #1

    C'est ça.

  • Speaker #0

    Et ta passion de maintenant ? Ta passion de maintenant, ça a beaucoup changé. On est passé du coq à l'âne. La mer, la pêche, c'était des sujets que tu connaissais avant ?

  • Speaker #1

    Eh bien, pas du tout. Pas du tout. Moi, j'étais une terrienne 100%. Une citadine, d'ailleurs. Je vivais à Lille à l'époque. Donc voilà, j'étais vraiment à mille lieux du monde de la mer, même si j'ai grandi dans la région du Dunkerque, là-bas, tout là-haut. Donc voilà, j'ai toujours eu un kiff pour la mer, ma foi, pour aller boire un coup, manger une glace. Mais à part ça, c'est tout. Et puis, j'ai rencontré David. Donc là, gros tournant. Lui m'a complètement embarquée, en fait, dans l'amour du métier. Jusqu'à m'embarquer à bord d'un bateau. Et puis là, je me suis rendu compte de ce qui pouvait se passer tous les jours, finalement, au large, de nos côtes. Et qu'on ignore ces gars-là qui vont pêcher tous les jours. Je trouvais ça lunaire, en fait. Puis on n'en parle pas. Grande épicurienne que je suis, pourtant j'aime manger le poisson au resto, etc. Mais aucune idée de où ça vient.

  • Speaker #0

    Et c'est à ce moment-là que tu as le déclic, quand ils t'emmènent en mer. C'est vraiment, tu te dis, waouh, il n'y a rien. Il y a un univers incroyable.

  • Speaker #1

    Carrément, il m'a amené, alors maintenant c'était en 2022, je dirais, faire une petite marée. Petite marée de...

  • Speaker #0

    Qu'est-ce que ça veut dire une petite marée ?

  • Speaker #1

    Alors une petite marée c'est vraiment, bon, tu pars du port, tu vas pêcher, tu rentres avec le poisson. Donc une marée, on va dire, ça peut varier bien sûr, mais entre 10 et 15 heures, on est sur des plages horaires assez importantes. Et donc mon premier baptême ça a été ça, ça a été une première marée au filet en ardormant, parce que t'as plein de techniques de pêche évidemment. Moi c'était vraiment une petite marée comme ça, et j'ai halluciné quoi. C'était fou à voir, c'était incroyable.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qui t'a fait le plus halluciné ?

  • Speaker #1

    Le plus halluciné ? Qu'on ne voit pas la Terre déjà, que tu es en plein milieu de l'eau. Tu ne vois plus la côte ? Non, visuellement, tu ne la vois plus. C'est très impressionnant. Même si on reste en petite pêche, en pêche côtière, mais tu ne vois plus la Terre. Donc déjà, partir de nuit. Ne plus voir la Terre, c'est quelque chose qui m'a vraiment impressionné, parce que je n'avais aucune expérience là-dedans.

  • Speaker #0

    de nuit aussi ce qui est difficile c'est d'avoir un pied marin c'était ma prochaine question toi tu le disais la terrienne effectivement embarquer de nuit donc on voit pas grand chose potentiellement sur une mer au large donc peut-être agité Est-ce qu'on se rend compte tout de suite si on a le pied marin ou pas ?

  • Speaker #1

    Eh bien écoute, oui. Alors ça a été une appréhension de ma part pendant longtemps, parce que tu te doutes bien que depuis cette première marée, j'ai un petit peu navigué auprès de mon mari, alors que ce soit en perso aussi, sur du plaisance.

  • Speaker #0

    Ça va mieux aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Ouais, et j'ai toujours eu l'appréhension d'être malade en mer. Alors c'est assez hilarant parce que, comme mon mari dit à un moment donné, stop, c'est bon, toutes les fois où t'es venu, non, tu n'es pas malade. Si on est malade, on va le savoir très vite, forcément. et donc moi je... Je touche du bois, je ne l'ai jamais été, mais effectivement c'est ton corps qui est en mouvement sans arrêt. Et dans le noir de nuit, quand tu n'as jamais navigué, ce n'est pas évident parce que forcément tu n'as pas un oeil avec un repère qui permet à ton corps tout simplement de tenir en équilibre. Donc je me souviens que ma première marée, je ne tenais pas debout sans me tenir ailleurs. C'était impossible.

  • Speaker #0

    Et il y a le mal de terre aussi quand on revient.

  • Speaker #1

    Oui, quand tu reviens, tu as l'impression que tu tangues encore un peu. Le mal de terre, oui.

  • Speaker #0

    Et ça lui arrive ça à David ou à tous les pêcheurs ? que tu connais, parfois d'être un peu barbouillé.

  • Speaker #1

    Carrément, surtout, on est en Normandie, enfin même ailleurs tu me diras, mais la mer est rarement calme, plate, merduile par chez nous. Surtout, regarde encore cette semaine la météo. Donc, il arrive quand même que par gros temps, que ce soit David ou ses matelots, soient barbouillés ou pas trop dans leur assiette, bien sûr.

  • Speaker #0

    Pas de panique, si vous pensez avoir le mal de mer, sachez qu'il y a des marins, des vrais marins, ... qui peuvent aussi avoir parfois le mal de mer. Carrément. Judith, tu parlais de ce déclic que tu as eu en découvrant cet univers. C'est aussi à ce moment-là que tu décides de te lancer un petit peu dans cette nouvelle aventure ? Comment ça se passe ?

  • Speaker #1

    Ça, c'est un peu après. Je suis de nature très curieuse. Donc, évidemment, je me suis intéressée sur le métier de terrain. Et puis, le temps faisant, j'ai commencé à m'intéresser un petit peu sur le circuit du poisson. D'un premier côté, avec mon mari, le poisson qui pêche, qu'est-ce qu'il devient ? Qu'est-ce qu'il en gagne ? Comment ça se passe ? J'ai eu ce premier truc-là. Et après, j'ai mon autre côté d'épicurène. Je te disais, tu vas au resto, tu payes du poisson, ton plat. Donc, tu vois, j'avais deux visions. Sauf que je me suis rendu compte qu'entre mon pêcheur et mon plat au resto, il y avait zéro lien. Et puis, bien souvent, dans les restos, tu ne vois pas des poissons qu'en fait, tu pêches. Enfin, tu vois, il y avait...

  • Speaker #0

    tu te demandes pas d'où ils viennent ouais

  • Speaker #1

    Et puis, le cabiot, ok, si tu le pêches ici, si tu en trouves, tu me le dis. Ça commence à être compliqué, le cabiot, par chez nous. Et donc, tu vois, il s'est passé. Donc, j'ai commencé à me questionner là-dessus. Aussi, sur la rémunération du pêcheur. En fait, un pêcheur n'a pas son mot à dire sur le prix de son poisson. C'est vendu en crié, point. On t'impose, en fait, un prix.

  • Speaker #0

    Qui impose un prix ?

  • Speaker #1

    Alors, le poisson, il part en crié. Donc, ça, c'est des points de vente que tu vas trouver. où ici c'est Fécamp, la criée de Fécamp, la plus proche. Donc en fait, tous les pêcheurs amènent leurs débarques en criée. Et là, tu vas avoir des enchères.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Chaque matin. C'est des ventes qui se passent très tôt le matin, du lundi au vendredi en général. Et donc, il y aura toujours un prix minimal. Mais tu as les acheteurs qui viennent prendre place chaque matin. Donc les acheteurs, ça peut être...

  • Speaker #0

    Les professionnels le plus souvent ?

  • Speaker #1

    Souvent des grossistes. Oui, c'est du pro. Il n'y a pas de particulier. Donc tu auras des grossistes en majeure partie. Donc des grossistes indépendants. Ensuite, tu as des acheteurs pour les grandes surfaces qui viennent, des poissonneries peut-être un peu moins parce que... Enfin, tu as des poissonniers qui viennent acheter en crié, mais ça, on va dire un petit peu moins parce que le poissonnier ne peut pas venir en crié acheter le poisson, faire son banc derrière. Voilà. Donc souvent, tu as beaucoup de grossistes. Et donc, en fait, là, les enchères se font. Et boum, prix final terminé. Le gars a acheté son poisson et le pêcheur a son prix final. Donc là, il faut prier que les enchères montent bien.

  • Speaker #0

    Et c'est à ce moment-là que tu te dis, bon, il y a effectivement ces prix qui ne sont pas forcément fixés par les pêcheurs. C'est un peu dommage quand même. Tu n'as pas de maîtrise sur ton prix, c'est ça. C'est un peu dommage pour les pêcheurs. Et qu'est-ce que tu imagines faire pour remédier à tout ça ?

  • Speaker #1

    Alors, du coup, c'est là que j'ai eu tout mon cheminement et ma réflexion. Moi, en fait, je rachète le poisson à mon mari aujourd'hui. Moi, je rachète à mon mari. et j'essaye de racheter un petit peu mieux que la clé.

  • Speaker #0

    Tu es la grossiste de ton mari.

  • Speaker #1

    Voilà, c'est un petit peu ça. Grossiste, c'est un gros mot. C'est ça. Du coup, je lui rachète le poisson. Et en fait, mon mari... Donc,

  • Speaker #0

    tu lui rachètes tout ? Pas forcément tout. Non.

  • Speaker #1

    Moi, j'achète ce dont j'ai besoin pour mes clients.

  • Speaker #0

    On te fait une liste ?

  • Speaker #1

    Alors, moi, je liste ce qui est en train d'être pêché. Parce qu'avec mon mari, on est relié chez 2.0. Voilà. Effectivement.

  • Speaker #0

    Il y a des nouvelles technologies.

  • Speaker #1

    Carrément. Et donc, en fait, mon mari me dit en direct ce qui remonte.

  • Speaker #0

    Très bien.

  • Speaker #1

    Plus ou moins, mais j'ai un ordre d'idée. Moi, je mets en place le listing de la pêche du jour, donc il n'est même pas encore fini d'être sorti de l'eau, finalement. Mes clients, je leur donne à dispo cette liste et ils me commandent ce qu'ils veulent. Quand mon mari revient de mer, je chope tout ce dont j'ai besoin pour mes clients. Le reste part en criée. Moi, je prends seulement ce qui est commandé. Je ne stocke rien du tout. Ça, c'est vraiment une volonté de ma part.

  • Speaker #0

    Et après ?

  • Speaker #1

    Et après, je prends les commandes de mes clients. Alors derrière, j'organise un petit peu dans toutes mes petites caisses, etc. Le petit étiquetage, la traçage, etc. Et de nuit, la nuit d'après, en fait, je pars déjà livrer. C'est-à-dire que le poisson qui sort du bateau à 17h lundi, mardi, 4-5h, il est livré.

  • Speaker #0

    Ok, donc ça va très très vite.

  • Speaker #1

    Oui, ça c'est l'objectif de la maison.

  • Speaker #0

    Quand tu te lances dans cette aventure, tu es dans quel état d'esprit ? Est-ce que tu es confiante ? dans ce que tu as pu imaginer ? Est-ce que tu étais hésitante, enthousiaste ? Raconte-nous comment tu te sens à ce moment-là.

  • Speaker #1

    Alors, je me sens enthousiaste, ça c'est clair. Déterminée aussi, parce que j'ai tout de suite pensé qu'il y avait vraiment quelque chose à faire. De mettre en lien ce poisson de cette qualité-là, directement chez les bonnes personnes qui ont envie d'avoir du beau produit. Ce qu'il y a, c'est que ça m'a mis du temps. Moi, je suis partie avec mon camion, j'ai fait du porte-à-porte. J'ai vraiment démarré. On est dans un monde où je t'apprends rien, on peut tout commander tous les jours, tout le temps, partout. Il y a énormément de grossisses, bien sûr, il y a énormément de poissons. Voilà, tu peux en trouver de partout, tous les jours. Tu veux de la sol, j'ai envie de te dire, tu vas en trouver n'importe quand. Voilà, tu tapes sur Internet, tu vas en trouver. Maintenant, reste à savoir de où, etc. Et donc, en fait, enthousiaste. Par contre, sûr de moi, pas du tout. Voilà, t'arrives... Bon, moi, mon objectif, c'était de taper quand même dans les jolies tables. Donc, je suis allée quand même à la rencontre de certains chefs, dont un que j'ai en tête. J'étais tellement impressionnée que je me suis plantée trois fois de prénom. Enfin bref. Donc, au début, je faisais des tournées pour 3 kilos. J'ai démarré pour rien du tout. Et après, j'ai commencé à travailler un petit peu sur mon petit Instagram. Voilà. Aussi humble soit-il. C'est très cool. Et ça, ça a beaucoup aidé. Ça a été un vrai levier. Les réseaux, c'est vachement bien pour ça. Le bouche à oreille, bien sûr. Donc là, on est archi bien connus sur Lille, dans le Nord, où là, les chefs nous connaissent très, très bien.

  • Speaker #0

    Pourquoi vous êtes plus connus à Lille qu'ailleurs ?

  • Speaker #1

    On a démarré à Lille. On a démarré à Lille tout simplement parce que moi, je connaissais très bien la ville de Lille dans laquelle j'ai vécu 10 ans. Et donc, logistiquement, pour faire des tournées de patients, j'ai fait des tournées de poissons. Donc en fait, j'ai démarré vraiment sur un terrain connu. Je connaissais assez bien, donc c'était pour moi le plus logique. Et toi,

  • Speaker #0

    les picuriennes, tu connaissais aussi les restos ?

  • Speaker #1

    C'est ça. C'est comme ça, en fait, j'ai démarré sur un truc un peu connu. Et aussi, nous, on est des adoptifs d'ici. Initialement, on vient de Dunkerque, en fait.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Donc forcément...

  • Speaker #0

    Welcome, bienvenue.

  • Speaker #1

    Merci. On se fait un petit moment maintenant qu'on est là et on adore. Mais voilà, donc c'est pour ça qu'on a commencé comme ça. Et ensuite, on a déménagé et j'ai continué à faire ça ici, bien sûr.

  • Speaker #0

    Donc ta promesse et celle de ton équipe, c'est vraiment d'apporter aux professionnels du poisson ultra frais. Donc de la mer à l'assiette, je disais, en moins de 24 heures, ça devrait être ça. Oui,

  • Speaker #1

    c'est exactement ça.

  • Speaker #0

    Ok. C'est quelque chose qui ne se faisait pas, qui ne se faisait plus ?

  • Speaker #1

    Alors si, je pense qu'il y a encore... Il y a encore des filières qui le font très bien. Mais par contre, ce circuit court, vraiment pêcheur directement, j'en connais pas d'autres. On connaît en fait les ventes des pêches, bien sûr, sur les ports. Je salue d'ailleurs tous les confrères et toutes les consœurs,

  • Speaker #0

    par la même occasion,

  • Speaker #1

    parce qu'on trouve ici, bien sûr, toutes les étales ici au Havre. C'est souvent les épouses des pêcheurs qui vendent directement. Donc en fait, ça existe, mais c'est toi qui dois venir le chercher. Moi j'avais envie d'apporter ce service de livraison. Donc en fait moi je suis le mix femme pêcheur avec le service du grossiste. Je voulais développer un concept qui soit un petit peu différent, avec une image de marque bien sûr. Et puis on est sur la promo du poisson ultra frais bien sûr en direct pêcheur, et aussi sur la pêche durable et responsable. Ça c'est hyper important, c'est sur ça que je martèle énormément.

  • Speaker #0

    Évidemment.

  • Speaker #1

    Par rapport à la technique de pêche que David pratique avec le Furry 2.0 aussi. sacrée perdition. Donc, on y va.

  • Speaker #0

    On va en parler, évidemment, de toute cette intention de forcément essayer de protéger l'environnement, grâce notamment à la technique de pêche, tu le disais, de David. Donc, tu disais, tu livres à Lille aujourd'hui, essentiellement, enfin, voilà, tu es très connu dans le Nord, notamment à Lille, mais tu livres aussi ailleurs. Où est-ce qu'on peut retrouver vos poissons, là, sur tout le territoire ?

  • Speaker #1

    Alors, donc, voilà, t'as vraiment le gros pôle Nord. Ensuite, Alors ici en Normandie, je travaille quand même avec des super partenaires. Je travaille avec plusieurs restaurants ici aussi poissonnerie. Et je développe le circuit Île-de-France depuis novembre dernier. Donc là, c'est pareil, sur l'Île-de-France, on commence à amener pas mal de produits. Donc beaucoup de poissonnerie aussi. Des artisans poissonniers qui cherchent de la belle pièce, du beau poisson normand. Parce que bien sûr, il y a la grosse plateforme Rungis sur l'Île-de-France évidemment. Mais qui peine à mettre en place parfois du poisson d'origine France. On a énormément d'import, ça c'est pas un scoop. Et c'est aussi moins frais,

  • Speaker #0

    forcément.

  • Speaker #1

    Forcément, forcément. C'est du congelé, la Rungis. Pas forcément. Pas toujours ? Non, t'as du frais, t'as beaucoup de frais, bien sûr, tu peux trouver des très très beaux produits. Mais à force des choses, évidemment, si ça vient de Norvège, il y a un petit peu de route, tout simplement. Après, tout dépend aussi des navires d'où ça vient, t'as des navires qui partent à la semaine. Donc le poisson sort une semaine quand il sort du bateau déjà. Donc, il existe vraiment un peu tout ce que tu veux. Pour ce qui est de notre spécialité, la sole, pour nous, il arrive bien des semaines où tu n'as pas une sole française à Rungis. Et ça, c'est malheureux. Donc, on se trouve avec toutes ces personnes-là, donc les poissonniers, les restaurateurs. Et puis, on se fait plaisir, on s'éclate, c'est trop cool. Donc, les trois pôles, c'est vraiment Nord, Normandie, Paris.

  • Speaker #0

    Et ta vocation, j'imagine que ça fait forcément plus de route, mais est-ce que ta vocation à élargir le champ d'action ?

  • Speaker #1

    Oui, justement, ça, c'est un sujet qui est complètement actuel pour moi. J'étais forcément freinée sur la logistique, parce que moi, je livre tout toute seule. Il arrive un moment, je ne pouvais pas me dédoubler. Et puis, j'avais des demandes. Je pense notamment à un poissonnier avec qui je parle très, très bien là-bas sur Nantes. Une poissonnerie qui est plus dans le sud aussi là-bas. Ils me disent, mais punaise, on voudrait tes produits, comment faire ? Et là, j'étais un petit peu freinée parce que j'ai beaucoup de mal avec l'emballage polystyrène. Sauf que c'est bien évidemment les normes sanitaires, ce qu'on comprend très bien, qu'il faille. du polystyrène, avec de la glace, etc. Je le comprends très bien, juste moi, ça me coûte de devoir le faire. Enfin, ça me coûte pas seulement financièrement, ça me coûte au niveau éthique. Je me dis, ah, un problème avec ça. Et donc là, je suis en mise en place avec un partenaire, un transporteur, qui est très connu et qui me permet de charger mon poisson dans les caisses de bord, qui me l'autorise d'être en ce qu'on appelle en marée coulante, quoi. Parce que forcément, les caisses, tu t'imagines, c'est pas ce qu'il y a de plus étanche. Enfin, voilà. Donc là, j'ai la possibilité de le faire. Donc là c'est hyper cool parce que nous on a ce truc où on travaille sans packaging, sans glace comme le poisson est livré dans les 12h24 le glacé j'ai aucun intérêt donc voilà l'idée était de pouvoir trouver un transporteur qui va plus loin que moi mais en ayant le moins d'impact au niveau packaging, glace etc possible.

  • Speaker #0

    Donc là potentiellement prochainement tes produits, vos produits pourront se retrouver au delà de la et La zone géographique que tu m'as donnée, donc sur Nantes, tu parlais de Nantes, peut-être ailleurs ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. En fait, je vais pouvoir faire France.

  • Speaker #0

    France, voilà. Donc, tous ceux qui seront intéressés par les produits peuvent potentiellement te contacter. Tu as commencé tout à l'heure à nous parler de ta journée. Est-ce que tu peux nous décrire une journée type de ton côté de la livraison ? Raconte-nous.

  • Speaker #1

    De la livraison. Alors, comme je dis toujours, je sais quand mon marin part en mer, je ne sais jamais quand il rentre. C'est-à-dire que David peut rentrer de sa marée avec son équipage à midi, à 14h, à 18h. On ne sait pas vraiment parce que tu as toujours des aléas, forcément. Donc, moi, je suis un petit peu en stand-by à attendre le retour. Ça, c'est le point de départ, le retour du bateau. Donc, tu n'es jamais loin du port, quoi. Non, je suis jamais loin du port ni du téléphone Je suis toujours un peu sur le clip Donc en fait en amont forcément je suis en prise de commande Ça souvent les prises de commande, bon j'ai beaucoup de poissonniers Ça je pense à eux mais qui me commandent à 2-3h du mat Ça c'est incroyable parce que je parle aux clients de nuit On est vraiment dans des horaires très décalés Donc il y a une prise de commande Le bateau revient Allez on va dire 15-16h dans le plus général Du temps Je vais au bateau, je cherche tout ce dont j'ai besoin Pour ma tournée du lendemain Je récupère tous les poissons. J'ai mon point de chute chez moi. Moi, je vis vraiment entre les deux ports où mon mari peut s'amarrer. Donc, je rentre chez moi, prépa, commande. Prépa, commande, ça va très, très, très vite parce qu'en fait, moi, l'équipage à bord, on trie déjà. On trie déjà par taille, etc. Moi, je dis à mon mari, j'ai besoin de 20 kilos de ceci, 10 kilos de cela. Je récupère tout. Étiquetage, tac, tic, touc, tout est prêt. On monte la facturation, bien sûr. Souvent, je confirme à mes clients, c'est bon, j'ai ta cam pour demain, la petite photo. Moi, j'aime garder toujours cette proximité hyper importante. On reste dans l'ambiance. J'ai ta bonne cam, je te monte la photo. Je fais les petites photos, c'est trop cool. Je m'efforce à continuer à faire ça au max. On est vraiment dans un lien humain de fou, vraiment l'étale. Mais toujours pareil, on garde cet esprit-là. Et puis, en fait, c'est au froid. Moi, le temps que je monte la paperasse, ceci, cela, je vais dormir. 19, 20 heures, et je me lève à 1h30 du mat. 1h30, boum, partie en tournée. Parce qu'on commence à avoir un petit peu de monde.

  • Speaker #0

    Ça fait des petites nuits ?

  • Speaker #1

    Petites nuits, ouais. Quand on est en période de pêche, que ce soit au Marais ou au Mans, on dort très peu. On a vraiment des rythmes très souples. C'est quoi,

  • Speaker #0

    4-5 heures par nuit ?

  • Speaker #1

    Ouais.

  • Speaker #0

    Max ?

  • Speaker #1

    Ouais, ça va être ça.

  • Speaker #0

    Et ça va ?

  • Speaker #1

    Nickel.

  • Speaker #0

    Ouais ? Oui, c'est vrai que tu n'as pas l'air dans le plus haut bout de ta vie.

  • Speaker #1

    L'anti-cerne,

  • Speaker #0

    quoi. Ah, l'anti-cerne, ça marche bien. Il y a une autre thématique que je voulais aborder avec toi. Être une femme dans un milieu... Alors, moi qui ne connais rien à la pêche, j'imagine que c'est un milieu plutôt masculin.

  • Speaker #1

    Ça l'est, bien sûr. D'accord. Donc,

  • Speaker #0

    être une femme dans un milieu plutôt masculin, est-ce que ça a été facile de faire ta place ? Est-ce que... Voilà, raconte-nous un peu comment... Comment ça a marché tout ça ?

  • Speaker #1

    Alors pas du tout. Moi, je ne trouve pas que c'est quelque chose qui soit facile. Effectivement, c'est un monde très masculin. Même si, pareil, je fais coucou quelques pêcheuses que je connais et qui ont tout mon respect. Mais bien sûr, 95%, ce sont des hommes. Donc, s'immiscer dans ce monde-là en tant que femme, aussi le marin pêcheur, moi je trouve... Comment je peux dire ? C'est des marins ! Donc, ils ont du caractère, quoi. On va pas se mentir. En général, ils ont un bon gros caractère. On est sur des hommes qui ont des énormes journées, etc. Donc, en fait, derrière, il faut être efficace, quoi. La féminité, on la met un petit peu de côté, entre guillemets. Je sais pas si j'emploie les bons mots, mais... Ouais. Enfin, et moi, mon premier rapport, il est avec mon mari. Quand je vais dire à mon mari, oui, chérie, en fait, je vais prendre ton poisson. Tu vas voir, je vais te le racheter, en fait. Je vais le vendre au pro. Il va dire, mais quoi ? Mais pas du tout, quoi. Non.

  • Speaker #0

    On change rien.

  • Speaker #1

    C'est ça. Et on est dans un métier qui existe depuis si longtemps. On est encore dans des... Ouais, on est encore un petit peu à l'ancienne, en fait.

  • Speaker #0

    Tu le ressens sur le terrain, de temps en temps, ouais ?

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Quoi, parce qu'on te fait des petites réflexions ? Parce qu'on te considère pas moins que peut-être un homme ?

  • Speaker #1

    Après, moi, je... Comment je peux dire que ce soit mon mari ou l'équipage, on est comme une famille. Donc en fait, je suis intégrée forcément. Mais tu vois, par exemple, il a fallu que j'aille en mer. Je ne peux pas vendre le poisson sans rien y connaître.

  • Speaker #0

    Évidemment.

  • Speaker #1

    J'ai eu besoin de prouver, que ce soit peut-être à mon mari ou même à moi-même, que le point de départ, il est là. Moi, ce n'est pas... je veux faire des thunes en faisant du poisson. Enfin, on n'est pas là-dedans, tu vois. Donc j'ai voulu prouver aussi ma légitimité. Ça, c'était hyper important pour moi. Mais sinon, oui, oui, c'est un petit peu brutal. C'est un petit peu... Tu vois, j'arrive au bateau, je suis pas là, je vais me casser un ongle. Non, non, je prends les caisses, il y a 20 kilos, il y a 30 kilos, je m'en fous, on y va, on les porte, quoi. Donc j'ai aussi ce truc-là. Enfin, il faut... Je sais pas si tu vois un peu ce que je veux dire. Mais effectivement... Non, ce n'est pas chose simple. ce n'est pas chose simple c'est un métier qui est C'est les bonhommes qui sont là et il faut s'accrocher.

  • Speaker #0

    Et tu parlais des collègues pêcheuses. Est-ce qu'il y en a de plus en plus ? Qu'est-ce que tu vois sur le terrain ?

  • Speaker #1

    J'en connais que deux. Alors ici, je n'en connais pas du tout. En tout cas, j'en connais deux qui sont des copines forcément que je vénère. Le poisson rapproche. Oh ouais, carrément. Et elles travaillent toutes deux avec leur conjoint.

  • Speaker #0

    Ouais.

  • Speaker #1

    Voilà. Donc en couple, ce qui n'est pas chose simple non plus.

  • Speaker #0

    Évidemment, c'est un sujet qu'on va forcément aborder tout à l'heure. Judith, qu'est-ce qui te plaît concrètement dans ton métier ?

  • Speaker #1

    Ce qui me plaît ? Alors déjà, de mettre vraiment ce lien entre la mer et la terre, ça vraiment, c'est mon kiff suprême, parce que c'est archi magique. En fait, la clientèle qu'on a vit au rythme du bateau. Il y a vraiment un truc qui se crée, une relation client qui est dingue parce qu'on a vraiment un côté humain qui est dingue, que je n'aurais même pas, je ne m'en serais même pas vraiment douté finalement, tu vois, je vous vends du poisson. Et en fait, c'est plus que ça, il y a vraiment une histoire. Les clients savent, l'équipage, Dave, machin, tu vois, il y a vraiment tout un lien qui s'est créé. De toute façon,

  • Speaker #0

    toi qui viens du social, tu avais peut-être besoin d'entretenir le lien humain.

  • Speaker #1

    Mon côté infirmier, c'est greffer, tu vois, ça va faire mélange. Et on a vraiment cette humanité qui est dingue. On a des clients qui sont venus nous voir à bord de Paris. Ils sont venus nous voir au bateau. Les gens viennent nous rencontrer. Et ça, je trouve ça incroyable, cette proximité-là qu'on a finalement oubliée parce que le gars commande son poisson. Voilà, c'est un catalogue. Tiens, boum, le livreur vient, ça livre. Il se passe rien. Là, il n'y a pas de chichi. C'est vraiment l'humain, la vraie histoire. Là, mes clients m'écrivent. Jude, tu viens cette semaine ? Non, là, c'est les Grandes Maries. On redémarre samedi. « Ah ok, ça marchait d'ave, ça va ? Et l'équipage, ça va ? Oh punaise, il y a un mauvais temps. Ça va les gars en mer ? » Tu vois, tout ça.

  • Speaker #0

    C'est magique. On se préoccupe de ce que vous faites.

  • Speaker #1

    C'est un truc de fou. Et vice-versa, bien sûr. Parce que quand je vais livrer, il y a toujours la petite tasse de café, on parle toujours deux minutes. « Bon, et toi, ça donne quoi le business cette semaine ? » Enfin, tu vois, il y a un échange de dingue. Et ça, c'est magique.

  • Speaker #0

    Et sans ça, pour toi, ce serait compliqué de faire ce métier ?

  • Speaker #1

    Vendre pour vendre, ça ne m'intéresse pas du tout. Oh non, ça c'est... Alors même si, voilà, je mets Corsé à ma...

  • Speaker #0

    à vouloir vendre ce produit sublime, même si, comme je dis, je le présente et le produit parle de lui-même. Je n'ai jamais dû faire de grand laïus pour convaincre de la fraîcheur de ce qu'on fait. Mais ça, ça m'apporte énormément. Et même David s'y prend au jeu maintenant. Parce que tu as aussi le côté humain. Et les acheteurs savent d'où ça vient, mais nous, on sait ce que ça devient. Et on a aussi les photos des assiettes à la fin, les étals des poissonniers. Ils sont hyper fiers. Le gros panneau Fury 2.0. non non En fait, la boucle est bouclée, les clients qui viennent chez le poissonnier ou chez le restaurateur, c'est les soldes du furie. C'est magique, c'est un truc de fou.

  • Speaker #1

    Et est-ce que tu as eu des retours de particuliers, justement, qui ont vu ce que vous faisiez sur les réseaux, qui ont vu vos pancartes dans les restos, qui ont envie de s'intéresser à ce que vous faites et peut-être s'intéresser à vos produits pour aller directement les chercher ? En sortie de mer.

  • Speaker #0

    On a de plus en plus de demandes des particuliers. Alors moi, je n'ai pas axé la vente sur le particulier, tout simplement parce que j'ai le devoir de genre. Et puis, je ne pouvais pas tout faire. Moi, je n'ai pas de boutique. Donc pour l'instant, sur les pros, on est bien rodé. Et j'ai de plus en plus de demandes de particuliers. Et je cherche forcément une solution pour pouvoir...

  • Speaker #1

    Répondre à la demande.

  • Speaker #0

    Répondre à la demande, tout simplement. Et donc là, pareil, on est en mise en place avec un partenaire. Donc là, je croise les doigts. Un partenaire qui met en lien les producteurs artisans. avec une plateforme de vente sur internet, avec un système de livraison derrière. L'Amazon du poisson ? Ouais, ce serait un peu ça.

  • Speaker #1

    Trop cool !

  • Speaker #0

    Donc en fait, le particulier pourrait aller sur ce site, commander, voir ce qu'il y a, et commander, et puis basta, il reçoit derrière. Ça, j'avais commencé à le faire sur notre site à nous, qui est en maintenance pour l'instant, mais c'est juste que je ne pouvais pas tout faire, je ne voulais pas m'étaler, j'ai dit non, tu fais d'abord tes pros, correctement, On est quand même là-dessus pour l'instant. J'avais peur, en fait, après, de me noyer un peu dans tout ça, parce qu'il y a du taf, quoi. Donc là, voilà, on est sur cette passerelle où on est bien ancré, on commence à maîtriser son sujet, mais pour grandir, grossir, il me faut plus d'outils, forcément, et plus d'aide, quoi. Tu vois, comme là, la plateforme, là, ce serait vraiment idéal pour pouvoir mettre en lien le particulier avec nous. Et en ayant quelqu'un entre deux qui peut gérer s'il y a un colis perdu. Voilà, tu vois.

  • Speaker #1

    En tout cas, c'est des beaux projets.

  • Speaker #0

    Ouais, ouais.

  • Speaker #1

    On parlait des particuliers qui s'intéressent à ce que vous faites. Est-ce qu'il y a des particuliers qui viennent vous rendre visite quand vous êtes au port, quand ça décharge ? Voilà, qui s'intéressent à ce que vous faites, qui vous posent des questions, qui veulent visiter le bateau ?

  • Speaker #0

    Carrément. Sur les débarques de pêche, on a beaucoup, beaucoup de badauds qui s'arrêtent, qui prennent en photo. Ça intéresse énormément, énormément. vraiment. toujours la petite question, la pêche a été bonne souvent des waouh waouh waouh parce que c'est vrai que c'est toujours magnifique même moi je vois des barques tous les jours et tous les jours j'ai les yeux comme une gosse émerveillée je trouve ça magnifique donc on a énormément de gens qui s'arrêtent qui posent des questions, qui nous demandent carrément alors est-ce que ça a toujours été comme ça ?

  • Speaker #1

    peut-être que David on l'embrasse pourrait répondre plutôt à cette question le timide je démords pas je l'aurai un jour David je t'aurai Est-ce que c'est un intérêt qui est récent ou alors il a toujours lui senti ça, vraiment une fascination de tout le monde à peu près pour ce métier ?

  • Speaker #0

    Je pense qu'il y a toujours eu cette curiosité en retour au port, je pense. Est-ce qu'il y a une période, on est dans une époque peut-être, où on avait fort déconnecté avec tout ça peut-être aussi ? C'était le sens de la question. Oui.

  • Speaker #1

    On est peut-être plus vers un retour de la fascination des artisans.

  • Speaker #0

    Carrément, dans le retour au vrai. Je suis d'accord avec toi là-dessus.

  • Speaker #1

    J'ai l'impression qu'on a plus de fascination aujourd'hui pour les boulangers, pour les poissonniers, pour tous ces gens qui...

  • Speaker #0

    On ne voyait plus ces métiers-là, parce qu'on est dans une société quand même où on est les métiers manuels, etc. Bon, c'est pas très à la mode. Soyons clairs, comme tu dis, l'artisan boulanger, l'artisan boucher, le poissonnier, aujourd'hui tu cliques sur le drive, tu te fais livrer tes courses.

  • Speaker #1

    Et puis comme toi, comme David, il y a aussi plein d'artisans qui mettent hyper hyper bien leur travail en valeur, grâce notamment aux réseaux sociaux. C'est peut-être ça aussi qui explique un retour de l'intérêt général. Vers ces métiers.

  • Speaker #0

    Là, c'est justement ce que tu viens de dire. Ça, c'était aussi un de mes grands combats. C'est d'utiliser ce qui est à la mode, ce qui est cool aujourd'hui. Donc, les réseaux. Et de rendre ce vieux métier... Peu sexy, justement. Je dis toujours, je veux rendre sexy le poisson. Je dis tout le temps ça. Mais parce que je veux vraiment le mettre en avant. Parce que c'est si beau, mais on ne le voit pas. On voit les pêcheurs, pourquoi ? Aux infos, parce qu'ils font grève. Parce que c'est toujours pour des mauvaises raisons. Je trouve que ce n'est pas du tout mis en valeur. Jamais. Du coup, ça, c'était à mon humble niveau. Mais de faire un Instagram un peu stylé, avec les matelots qui sont là, qui dansent, qui sourient. avec une musique tendance. C'est ça le but, d'essayer de connecter ces deux mondes-là.

  • Speaker #1

    Tu te fais très bien, encore une fois. Parce que ton Insta est vraiment stylé. Et c'est moi comme ça que je t'ai découvert. On a commencé à se parler via Insta. Vraiment très cool de suivre vos aventures. On parle de David depuis tout à l'heure. On n'est pas rentré non plus dans le vif du sujet. Mais qui c'est David ? Tu nous as dit ton mari. Est-ce que tu peux nous le présenter un petit peu ?

  • Speaker #0

    Alors David, fils de marin-pêcheur, très important. Donc son papa était un grand pêcheur dans le Dunkerquois, du coup à l'époque, il y a 20 ans maintenant. Donc David est baigné là-dedans depuis son plus jeune âge. C'est un amoureux de la mer, ça c'est clair et net. Il a fait son lycée maritime à Boulogne, sur mer, le Portel. Et il est devenu le plus jeune armateur de France. A 18 ans, il avait son premier navire.

  • Speaker #1

    Ok.

  • Speaker #0

    Voilà, donc David a toujours été déterminé à être patron pêcheur, chose qu'il a fait très jeune, 18 ans, avec son premier navire, l'Augré, qui malheureusement a fait naufrage en 2018. Donc David a connu un premier naufrage avec son premier bateau.

  • Speaker #1

    Comment ça se concrétise, ça se matérialise, un naufrage ?

  • Speaker #0

    Eh bien, en pleine nuit, il est avec son équipage en train de pêcher, et puis il y a une voie d'eau, sauf que la voie d'eau... Donc l'alarme se met en route, les pompes se mettent en route, sauf qu'en fait, il se rend très vite compte que...

  • Speaker #1

    Ça ne va pas le faire.

  • Speaker #0

    Ça ne va pas le faire du tout. Et du coup, canot de survie, etc. Et il finit par se faire évitroyer. Carrément, on vient le chercher en hélicoptère par nos amis belges. C'est les belges qui sont venus, ce qui faisait mauvais temps ce jour-là. C'était un 1er avril.

  • Speaker #1

    Ok, bonne blague.

  • Speaker #0

    On n'a vu que jamais le 1er avril pour nous. Du coup, c'est depuis ça. Alors, je connaissais David, oui, mais nous n'étions pas encore tous les deux. mais j'avais forcément entendu parler de cette histoire déjà à l'époque forcément Et donc, suite à ça, il faut se relancer. Il faut retrouver une banque qui te suit à vouloir financer un bateau de pêche. Ce n'est pas une mince affaire aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Ça coûte combien, un bateau de pêche ?

  • Speaker #0

    Tu as tous les prix. Tu peux avoir un bateau. Ça dépend de la taille de ton bateau. Ça dépend... Tu as tous les prix.

  • Speaker #1

    J'imagine que c'est une question un peu compliquée.

  • Speaker #0

    Tu as tous les prix pour un bateau de pêche. Là, nous, pour se relancer, le premier Fury, du coup, qui voulait...

  • Speaker #1

    Fury 1.0 ?

  • Speaker #0

    C'était Fury tout court. Fury tout court. Fury tout court, il fallait 80 000 euros pour acheter cette barque-là.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Voilà. Il fallait 80 000 euros, qu'on n'a jamais eus par les établissements financiers, parce que la pêche, ce n'est pas quelque chose qui se porte très très bien aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Et donc, vous avez fait comment ?

  • Speaker #0

    C'est les parents de David qui nous ont prêté.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Ouais. Ils nous ont prêté et voilà. Et donc, il s'est relancé après tout ça. Fury, c'est 2020, du coup. 2020. Donc, Fury était dans un piteux état quand David l'a eu. Donc, on l'a mis à poil, le bateau. On a tout refait. Tout, tout, tout. Gros chantier. Il a navigué avec Fury jusqu'en 2024. Et entre deux, on a eu l'occasion de faire acheter Fury 2.0. Et pareil, c'est un bateau qui a une valeur marchande importante. Mais on a eu... Alors, je n'aime pas dire la chance, parce que c'est le malheur des uns, le bonheur des autres. Enfin, je n'aime pas trop, mais c'est un bateau qui est en liquidation, en fait. On a fait une enchère dessus et on a pu l'avoir. Mais sur une petite enchère, si tu veux. On a vraiment eu de la chance. Et du coup, Fury 2.0...

  • Speaker #1

    Tu peux le dire, malgré ça, c'est une chance.

  • Speaker #0

    Voilà, oui. Ce que j'aime moins, parce que forcément, c'est une autre famille de pêcheurs qui était en liquidation. Tu vois, donc c'est pour ça que ça m'embête. Mais oui, en gros, nous, on a eu la chance de pouvoir l'avoir à un prix indécent comparé à sa valeur réelle. Vraiment, c'est un coup de bol. On a mis une enchère. Bon écoute, vas-y. Et puis bingo, on l'a eu. Donc ce qui a permis du coup de Fury, Fury 2.0. Voilà, donc Fury 2.0 navigue depuis un an maintenant.

  • Speaker #1

    Tu parlais des mésaventures, d'une des mésaventures de David. On le sait tous, marin-pêcheur c'est un métier dangereux. Ça peut être dangereux. Comment tu vis ça, toi ?

  • Speaker #0

    Des fois très mal. Des fois très mal. Alors, il y a des nuits où je suis angoissée comme pas possible. Surtout que je suis avec un marin qui est plutôt mordu. C'est-à-dire qu'il y a 2-3 mètres de creux. Ils s'en foutent ? Ils y vont. Toujours dans la mesure du danger, évidemment. J'ai une grande confiance en David qui est un très bon navigateur. Qui a une grande connaissance quand même de ce qu'il fait. Donc j'ai toute confiance en lui. Maintenant, un accident, ça peut arriver. Tout le temps, on en connaît beaucoup, et tous les ans on voit des naufrages et tout, donc ça fait flipper. Disons que je suis un peu plus rassurée depuis que c'est Fury 2.0, qui est un bateau un peu plus costaud. Et qui est, tu vois, c'est un bateau qui fait 15 mètres, il y a deux moteurs, il y a des chevaux. C'est un bateau qui tient le pavé, comme dit David. Que Fury, c'était plus la petite barquette de 12 mètres, tu vois, j'étais moins sereine quand il était avec celui-là. Tu vois, il y a aussi quand même, qu'on se le dise, le navire qui joue aussi, qui a plus ou moins de force. Et quand il faisait le dingue avec Fury, j'étais un petit peu moins... Je dors peu, quoi. J'ai de l'angoisse, ouais.

  • Speaker #1

    Est-ce que t'as eu besoin... Tu nous parlais, t'es déjà montée avec David pour des pêches. Est-ce que, justement, t'as eu besoin de ça pour te rendre compte de son quotidien et peut-être, justement, un peu moins appréhender ses journées, ses nuits, aussi ?

  • Speaker #0

    Ouais, carrément. Carrément, carrément, le fait de monter avec lui, c'est aussi se voir en réel. Non mais voilà, tu vas pas couler, quoi. Voilà.

  • Speaker #1

    C'est de passer du fantasme à la réalité Si t'es au fond de ton lit T'es là,

  • Speaker #0

    t'entends le vent T'es en stress, tu te fais un film Et puis c'est bien connu que la nuit Tout est toujours pire Tu vas te monter en prison Alors qu'en fait, calme-toi, il se passe rien du tout Une angoisse constante bien sûr

  • Speaker #1

    Tu travailles avec David Forcément, ton mari Tu nous parlais tout à l'heure Des autres pêcheurs et pêcheuses Qui travaillaient aussi en couple ... Travailler en couple, ça va ? Ça marche bien ?

  • Speaker #0

    Ça dépend. Ça peut autant te rapprocher que t'éloigner, en fait. Bien sûr, on se prend la tête. Il me faut 10 kilos de sol une. J'en ai neuf. Et puis, tu sais, je n'ai pas repesé, je n'ai pas revérifié. Je vais mettre un câble. la chiante, tu m'as mis 9 kilos je t'avais dit 10, oui ben la prochaine fois t'iras les chercher tes 10 kilos tu vois un petit peu forcément, après on a nos rythmes très soutenus, parfois avec la fatigue où on est là, ça chamaille lâche, ah ouais, ça oui mais on trouve quand même un équilibre et il y a quand même beaucoup de points positifs parce que quand il bosse, je bosse, il bosse pas je bosse pas, donc ça c'est hyper confort, ça franchement c'est cool et puis que... Il m'a tellement transmis sa passion que... Alors ouais, nos discussions tournent beaucoup autour de ça, mais t'as même pas l'impression de bosser. Donc en fait, tu vois, il y a autant... On peut voir ça comme des inconvénients, comme c'est un avantage finalement quand t'as les mêmes centres d'intérêt et tout. C'est canon, c'est trop bien. Bon, des fois, après on se bagarre aussi un petit peu sur le prix. C'est des fois... Je suis là... Tu vas un petit peu loin sur ton kilo de sol, tu peux pas me faire un petit truc ?

  • Speaker #1

    Ah oui, d'accord ! On essaie ! La négociation, ça marche pas. Ça marche pas, non.

  • Speaker #0

    Non, mais forcément, lui, il a sa boîte, j'ai la mienne, tu sais. Donc des fois, tu es là, tu m'as fait le virement de la marchandise, tu vois. Bah attends, parce que moi, j'ai mon ursaf qui vient d'être prélevé, tu vois. Oui, ça ne s'arrête jamais. Donc, tu vois, il faut se faire confiance. Moi c'est pareil, derrière tout ce que je lui prends en poisson, tout est tracé. J'ai un logiciel, tu me demandes ce que j'ai vendu il y a 10 jours, à 200 grammes près je te le sors, on a une trace. Je ne suis pas là à prendre 2 kilos sur le dos de mon mari. On est dans des trucs hyper... Lui il est très très sérieux à la mer.

  • Speaker #1

    Et pour quoi faire ? Pour les manger toutes seules ?

  • Speaker #0

    Non mais voilà,

  • Speaker #1

    tu vois. À part si tu as très faim.

  • Speaker #0

    Non mais voilà, là c'est une réalité dont je parle avec toi. Que les gens peuvent s'imaginer. La maison de son mari, elle ne le paye pas. Non, non, c'est pas comme ça que ça marche du tout. Et du coup, on a chacun notre entité. Ça, ça nous sauve aussi, tu vois. Je ne suis pas salariée pour mon mari en tant que vendeuse. J'ai ma propre boîte, il a la sienne. Et du coup, voilà. Mais de temps en temps, on se prend le chou. C'est certain.

  • Speaker #1

    Évidemment.

  • Speaker #0

    Bien sûr.

  • Speaker #1

    Des fois, ça t'arrive de te demander dans quoi je me suis embarqué.

  • Speaker #0

    Carrément. Mais carrément. mais carrément carrément je suis sur ma route à 3h du match je suis là mais qu'est-ce que je fous mais pourquoi je fais ça ça ou j'arrive sur le quai David me dit ouais j'arrive à 17h je sais pas j'arrive et puis bon il débarque pas il y a un problème sur le pont il y a un truc je suis là j'attends une heure mais pourquoi je fais ça ou sous la flotte en train de débarquer mais pourquoi je fais ça ça et puis on a aussi un aspect financier aujourd'hui je commence à me rémunérer qu'un peu au bout de 3 ans quasiment forcément, j'ai monté une entité, j'ai un prêt financier pour mon matériel. En fait, voilà, en tant qu'infirmière, je travaillais beaucoup.

  • Speaker #1

    Deux ans et demi, c'est long.

  • Speaker #0

    Bien sûr, carrément. Et ça aussi, ça nous crée des...

  • Speaker #1

    Des tensions.

  • Speaker #0

    Bien sûr, t'es là, mais putain, tu vois. Oui, mais moi, l'objectif, c'est d'abord de payer le bateau, les gars. Ça, c'est l'objectif. Moi, derrière, si je marche à deux balles, c'est mon problème, ça. Du coup, il faut un peu de quantité quand tu fais très peu de marche. mais il est là l'objectif. Moi, le but, c'est de mettre du poisson au prix juste. C'est pas je leur achète 20 balles, je leur vends à 45, non. Le but c'est ça aussi, c'est de faire les vrais cours. Si mon mari il pêche 50 kilos, c'est pas la même que s'il pêche 500 kilos. On est sur des cours réels, on est vraiment sur l'authentique du truc. mais quand tu triches pas, c'est long Tu vois, on n'est qu'un bateau, donc avec les marges que moi je fais, je peux faire de la quantité pour commencer à me dégager un salaire, bien sûr. Et puis bon, là en France, on connaît très bien le pot de nos charges, c'est comme ça. Donc, voilà. Donc, je me demande des fois qu'est-ce que je fous.

  • Speaker #1

    Pour parler concrètement de poisson, tout simplement, Judith, qu'est-ce qu'on pêche au large du Havre de Fécamp, d'Etreta ?

  • Speaker #0

    Alors, je vais parler de ce que je sais moins, bien sûr. On pêche plein de choses, bien évidemment. On est dans le pays de la coquille Saint-Jacques. On est en plein dedans. C'est quoi,

  • Speaker #1

    c'est la saison, là ?

  • Speaker #0

    Là, c'est pleine saison de la coquille. Bien sûr, ça a ouvert il y a peu. Donc ça, c'est ce qu'on trouve, bien sûr. Ça, c'est l'emblème de la Normandie, la coquille Saint-Jacques. Chose que nous, nous ne faisons pas du tout, du coup. Nous, on est spécialisés sur la cueillette de la sole. Ça, c'est vraiment notre produit phare. Donc nous, on est ciblés là-dessus. chaque bateau a toujours une cible de pêche évidemment donc nous la seule, mais t'as aussi la pêche accessoire, c'est pas parce que nos filets sont conçus plus ou moins pour ce poisson là que tu pêches rien d'autre, donc ici tu vas retrouver énormément de roussettes, des misols, tu vas retrouver de la rébouclée, tu vas retrouver du taco du rouger grondin, quelques petits barbés, rouger barbé, tu vas trouver du macro bien sûr, tu vas trouver qu'est-ce qu'on a encore par chez nous, du bar bien évidemment, on peut avoir quelques romards qui se coincent dans nos filets aussi, après c'est de la pêche au casier quand tu la cibles mais Des homards l'été, on en a souvent qui se coincent dedans. De la sèche, tu peux avoir. Voilà, pour faire un petit pellemelle, c'est un petit peu ça.

  • Speaker #1

    Est-ce que c'est une région connue pour ses poissons, pour ses bons poissons ?

  • Speaker #0

    Oui, la Normandie, oui, quand même. Même si la Saint-Jacques reste la grande star. Bien sûr, mais si, en Normandie, on a quand même de très beaux arrivages en poissons, bien sûr.

  • Speaker #1

    Tu nous parlais de la coquille Saint-Jacques, mais on est en ce moment octobre, bientôt novembre. Qu'est-ce qu'on pourra pêcher à ce moment-là de l'année ? Qu'est-ce qu'on pourra avoir dans nos assiettes de particuliers pour cette saison ?

  • Speaker #0

    Mise à part la Saint-Jacques ? Ouais. La sole, bien évidemment. La sole, oui.

  • Speaker #1

    C'est ta spécialité, non, en plus ? Tout à fait.

  • Speaker #0

    La sole, là, on va arriver dans une saison qui est quand même sympa pour la sole. On va arriver... Après, tout ce que je t'ai cité aussi avant, tout ce qui est tacos, les ailes de raie, tu vas pouvoir avoir. Après, on travaille là, en ce moment, on a un petit peu de barbu, parce qu'en fait, c'est pareil, on a des calendriers de saison de poisson. Mais tu as les calendriers, alors qu'ils sont très, très bien faits, et puis tu as aussi le terrain. tu vois, je sais pas ce que je peux dire, par exemple on va dire là on est sans savoir plein de sèche, si on relève 10 kilos de sèche c'est super tu vois donc en fait t'as les calendriers et t'as aussi ce que Mère Nature nous offre comme je dis toujours c'est Mère Nature qui décide tu vois c'est le côté un peu magique aussi de la pêche finalement on part pour un objectif mais on a aussi des petites surprises des belles surprises bien sûr, quand tu mets tes filets donc voilà tu l'as compris c'est la seule mais tu relèves ton filet si t'as un turbo de 10 kilos ... c'est trop cool, c'est magnifique, il y a des belles prises c'est pas tous les jours comme ça ou t'es tombé sur un banc de macros bah super, tu peux relever comme ça pouf, plein de macros alors que t'en as pas eu un la veille le mulet c'est pareil on a fait des beaux mulets des mulets blancs pleins de mer magnifiques tu peux tomber sur du bar, enfin oui bien sûr t'as des belles surprises bien sûr

  • Speaker #1

    Judith aujourd'hui au Havre où est-ce qu'on peut retrouver vos poissons ?

  • Speaker #0

    Nous, on ne les trouve pas en point de vente parce que nous-mêmes, mais tu vas les retrouver dans certains restos. Tu vas les retrouver à la Bise.

  • Speaker #1

    Chez ma copine Lucie.

  • Speaker #0

    Je les adore, c'est nos copains. À la Bise, tu retrouveras nos poissons. Tu peux en retrouver au Grand Large, donc là pareil sur la descente de Sainte-Adresse, juste dans le même coin, dans le secteur. Tu peux en retrouver au Margote.

  • Speaker #1

    Chez Gauthier et Marguerite.

  • Speaker #0

    Tout à fait.

  • Speaker #1

    C'est que des gens qui sont passés avant toi à ce point. Voilà, tu vois. Que des gens cools, finalement.

  • Speaker #0

    Et après, en poissonnerie, tu peux retrouver à la poissonnerie Croissant. Ça, c'est Charles et sa petite famille qui sont sur les marchés, en fait, sur le Havre. Donc là, tu retrouves nos produits là. Là, en ce moment, parce que finalement, nous, nos clients prennent, ne prennent pas. Là, je te parle à l'instant T, c'est là où tu peux en trouver. Et puis, ça tombe dans un mois, ce sera chez d'autres personnes aussi.

  • Speaker #1

    Judith, on arrive à la fin de cet épisode. J'avais deux, trois petites dernières questions pour toi. Tu nous expliquais que tu étais en reconversion, enfin que tu étais déjà bien reconverti aujourd'hui. Est-ce que tu es heureuse, tout simplement ?

  • Speaker #0

    Carrément.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Bien sûr.

  • Speaker #1

    Tu ne regrettes pas ?

  • Speaker #0

    Pas du tout. Pas du tout, pas du tout.

  • Speaker #1

    Même si des fois, tu te demandes ce que tu fous là ?

  • Speaker #0

    Bien sûr, parce que ça, c'est l'aventure de l'entrepreneuriat en général, de toute façon. Et puis voilà, il y a des jours avec et des jours sans, évidemment. Mais le jeu en vaut la chandelle. Et puis, tu vois, encore un moment comme aujourd'hui, c'est trop cool. Ça me permet d'avoir des rencontres incroyables. Et puis de raconter cette histoire-là, ça me plaît, je ne m'en lasserai jamais.

  • Speaker #1

    Le métier de pêcheur, on l'a dit, est difficile, mais c'est aussi un beau métier. on sent que voilà il y a Il y a une reconnaissance un peu plus importante ces derniers temps, grâce notamment à ce que vous faites sur les réseaux. Qu'est-ce que tu conseillerais à des jeunes qui veulent se lancer dans cet univers-là ? Est-ce que tu les accueilles à bras ouverts ? Est-ce que tu leur dis attention, c'est compliqué ? Qu'est-ce que tu pourrais leur dire ?

  • Speaker #0

    Je les accueille à bras ouverts pour continuer justement cette démarche-là, de revenir à l'essentiel. Ça me fait penser, d'ailleurs, j'ai croisé il y a très peu de temps... temps des très très jeunes marins pêcheurs première saison qui font 17 ans et ils sont là mais je suis là martelé avec mon instinct en disant mais vas-y avec ton TikTok, filme quoi vas-y filme dès que tu le peux communiquons autour de ce métier incroyable qui est en perdition quand même la pêche artisanale française c'est hyper dur donc let's go allez-y, toutes les bonnes initiatives sont à prendre carrément

  • Speaker #1

    Judith on arrive donc à la fin de cet épisode, j'ai une dernière question pour toi je finis toujours comme ça avec mes invités avec cette question tu me disais que tu n'étais pas du coin alors ma question, ma dernière question je lui ai dit pour toi le Havre ça représente quoi ?

  • Speaker #0

    ça représente quoi ? le Havre ça représente, je vais en revenir mais une des valeurs qui est la plus importante pour moi l'humain, parce que je suis arrivée ici sans connaître personne Et en fait, j'ai réussi à rencontrer des gens qu'on vient de citer ensemble, dans mon milieu professionnel, mais qui sont devenus plus, parce qu'on se voit hors travail.

  • Speaker #1

    Des amis.

  • Speaker #0

    Des amis. Et en fait, pour moi, le Havre, c'est ça. Je rencontre des gens incroyables. Et en fait, même si on arrivait seul avec mon mari, on ne l'est plus du tout. Donc l'humain, l'humain à fond, à fond. La convivialité, l'accueil.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup pour cette discussion honnête et franche avec toi, Judith. Merci à toi. Merci d'être venue derrière ce micro. On embrasse évidemment David.

  • Speaker #0

    Carrément.

  • Speaker #1

    Il est sur l'eau. Il est sur le bateau,

  • Speaker #0

    en train de monter un nouveau frigo.

  • Speaker #1

    Très bien, on l'embrasse. Bon courage pour monter le nouveau frigo. Et puis, comme tu l'as dit il y a quelques instants, on peut soit vous retrouver dans les restos du coin, et puis si on vous voit sur un port, On peut venir vous faire un petit coucou ?

  • Speaker #0

    Il faut venir nous faire un petit coucou, carrément !

  • Speaker #1

    N'hésitez pas à aller rencontrer Judith, David et toute leur équipe qui vous expliqueront ce qu'est le métier de pêcheur avec grande passion. Encore une fois, merci beaucoup Judith ! Et puis nous on se retrouve très bientôt dans un nouvel épisode dans le pot de yaourt ! Ciao !

Chapters

  • Introduction et remerciements

    00:00

  • Présentation de Judith Turpin et son parcours

    00:29

  • La transition vers la pêche et ses défis

    01:39

  • La découverte de l'univers de la mer

    02:34

  • Les défis de la pêche et le circuit court

    03:38

  • La passion pour le poisson et la traçabilité

    07:49

  • Judith et David : Travailler en couple

    11:49

  • La place des femmes dans la pêche

    21:31

  • Le Havre : une ville d'accueil et de rencontres

    29:47

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