- Narratrice
Gardez votre oreille ouverte.
- Narrateur
Bonjour et bienvenue, chères auditrices et chers auditeurs. Vous avez bien choisi d'écouter un balado des Dances Macabres d'Europe.
- Narratrice
Danses Macabres d'Europe, le lieu de rencontre de la mort avec l'art, la littérature et l'histoire.
- Narrateur
Pour ce balado, nous allons à la rencontre de Cécile Chiron. Cécile est une jeune artiste qui a réalisé des calligrammes autour de l'art macabre, à l'occasion du XXe congrès des danses macabres d'Europe, qui s'est tenu à Brest. Bonjour Cécile.
- Cécile Chiron
Bonjour.
- Narrateur
Merci d'avoir bien voulu nous consacrer quelques moments afin de nous présenter ton activité et ta vie d'artiste.
- Cécile Chiron
Merci beaucoup, merci à vous. Je suis Cécile Chiron, je suis une artiste, je vis et je travaille à Paris. J'ai commencé le calligramme en 2020. C'est quelque chose qui est venu après de très nombreuses années à remplir des carnets avec de l'écriture très serrée, de façon un petit peu... il y a une certaine forme de graphomanie. Et en fait, tout à coup, j'ai commencé à travailler le calligrame parce que mon intention, c'était de représenter, en une image, un texte qui me tenait à cœur et que j'aimais. Et à l'époque, j'avais commencé à travailler sur Nietzsche et sur Artaud, beaucoup sur Artaud, sur un autre auteur qui s'appelle Trakl, que j'aime beaucoup, qui est autrichien. Et j'avais déjà une... J'ai toujours eu une grande fascination pour l'art macabre en général. Et j'avais fait à l'époque, en 2020, un calligramme du livre de Chassignet, sur « Le Mépris de la vie et la consolation contre la mort ». Et à l'époque, je l'avais un peu mis de côté. Et ensuite, bien plus tard, j'ai découvert notre association. Et à ce moment-là, j'ai décidé déjà d'en faire partie. Et en plus de proposer toute une série de calligrammes sur la mort, à partir de textes. Il y a Bossuet notamment, il y a un autre poète qui s'appelle Maurice Chappaz, il y a des poèmes de Théophile Gautier aussi, et de travailler sur des gravures, et d'utiliser ces gravures-là pour mettre le texte en avant et en valeur. Donc c'est comme ça que c'est arrivé.
- Narrateur
Cécile, peux-tu continuer ta présentation ? En développant autour de ta méthode de travail, comment tu construis un calligramme ?
- Cécile Chiron
Pour le calligramme, je pars toujours d'un texte. C'est toujours la base de mon travail. Mon intention, c'est d'imaginer quelle serait l'image qui pourrait illustrer ce texte. Ça peut être des formes très abstraites. J'avais beaucoup travaillé sur Nietzsche : il s'agissait de textes très serrés sur de grands espaces blancs où il y avait des espaces qui étaient inoccupés. À un moment, il y avait un bloc de texte qui était très serré. Il y a eu ça. J'ai eu plusieurs autres textes, donc ça peut être soit très abstrait, soit au contraire très concret. Pour d'autres auteurs, c'était de grands aplats avec des motifs un peu répétitifs. Par exemple, pour Trakl, c'était un grand format avec des fleurs qui émergent de terre et qui sont toutes les unes à côté des autres et dont on voit que les pétales et le cœur. J'ai travaillé sur Baudelaire aussi, que j'avais illustré par des plumes de paon. C'est un mélange de choses à la fois très abstraites, avec des formes géométriques, et d'autres très concrètes, plutôt avec des motifs répétitifs, plutôt décoratifs.
- Narrateur
Lorsque tu élabores un calligrame, emploies-tu ton écriture habituelle ? Ou la transformes-tu ? Et puis, quel type de stylo utilises-tu pour réaliser un calligrame ?
- Cécile Chiron
Alors pour l'écriture, c'est mon écriture de tous les jours. J'ai la même écriture dans la vie que dans les calligrames. Et j'utilise – ça a été une longue recherche pour moi, parce que quand j'ai commencé, en fait, je ne connaissais pas du tout : ce n'était pas mon métier, et puis je ne suis pas calligraphe. Mais maintenant, je travaille avec des stylos d'architecte, qui permettent vraiment une grande finesse de trait. Je travaille avec des stylos Rotring notamment. Et quand j'utilise de la couleur – il y a plusieurs calligrammes là en ce moment qui sont exposés au Collège des Bernardins à Paris –, et pour la couleur, c'est de l'encre et de la plume, tout simplement.
- Narrateur
Et pour le papier, tu as recours à un type bien particulier ?
- Cécile Chiron
Et pour le papier, ça a été une longue recherche, le papier. Parce que pareil, de la même façon, quand j'ai commencé, je ne connaissais pas du tout les différents papiers. Donc j'avais commencé à travailler sur du bristol, qui est un papier… qui est ce qu'il est, mais qui n'est pas de très grande qualité. Et je me suis vite rendu compte que le bristol ne supporterait pas très longtemps le calligrame. Et du coup, il a fallu chercher. Et maintenant, je travaille avec une société italienne qui s'appelle Fedrigoni et qui me fournit un papier qui s'appelle Pergaminate et qui a été une découverte vraiment incroyable pour moi parce que c'est un papier qui a à la fois la double qualité d'être très dense, mais aussi très transparent, donc il permet de... il a une grande épaisseur et ça c'est assez agréable à travailler et puis il est très lisse et en même temps il laisse vraiment passer la lumière et ça a été un gros coup de coeur quand j'ai découvert ce papier-là et maintenant je travaille en général plus que sur ce papier-là. Et là, pour la collection des Danses macabres, il s'agissait d'une ramette de papier que j'ai trouvée il y a quelques années, complètement par hasard, et dont il ne restait que 15 feuilles. Et qui a la particularité d'avoir un filigrane qui apparaît en bas, sur lequel est écrit « Le zèle de votre maison me dévore ». Et en fait, c'est un filigrane dont on voit la lumière seulement. C'est un papier Lana, et donc j'avais récupéré ces 15 feuilles-là il y a très longtemps. Et... J'ai mis très longtemps avant de me décider à les utiliser parce que vraiment c'est un papier qui est rare et qui n'existe plus et que je ne retrouverai pas. Et du coup, quand on m'a proposé de faire cette exposition à Brest pour les Danses macabres – en fait, j'avais déjà fait une première danse macabre en 2020 sur ce papier-là, et en fait je me suis dit que c'était l'occasion ou jamais de le mettre à profit et de l'utiliser. Et du coup j'ai fait toute une série sur ce papier-là. Et aujourd'hui, il n'y en a pas du coup, ou il n'y en a plus du tout. C'est terminé.
- Narrateur
Y a-t-il un moment privilégié dans la journée où tu consacres ton temps à la réalisation d'un calligrame ?
- Cécile Chiron
Alors, en fait, ça a été un petit peu compliqué, parce que quand j'ai commencé les calligrammes, je travaillais encore. Après, c'est un emploi dans lequel j'étais responsable d'une librairie, donc j'avais pas mal de responsabilités. Et ça a été compliqué parce que j'avais un atelier à Paris, donc j'allais travailler avant d'aller travailler. Il m'arrivait de retourner travailler après être allée travailler, c'était un petit peu sans fin. Et en fait, à un moment, il a fallu faire un choix et le choix s'est fait assez naturellement. Du coup, l'organisation de mes journées a drastiquement changé, puisque tout à coup, je me suis retrouvée à avoir vraiment tout le temps que je voulais et que je pouvais consacrer aux calligrammes. Donc, ça a été un moment où je passais toutes mes journées à faire des caligrammes. Et maintenant, c'est un petit peu différent parce que c'est une activité qui me... Il y a beaucoup plus de parties administratives, donc en général, tout ce qui est administratif, je le fais le matin parce que j'ai plus d'énergie et la tête plus présente à ça. Et le calligramme, je le fais plutôt l'après-midi. Donc il y a cinq ou six heures par jour de travail en général sur le calligramme.
- Narrateur
Un calligramme, combien de temps consacres-tu à sa réalisation ?
- Cécile Chiron
C'est très variable parce qu'il y a beaucoup de lignes droites, notamment pour les œuvres qui sont très géométriques. Ça va plutôt vite, même si en général elles sont plus grandes, donc c'est plus impressionnant, mais ce ne sont pas les plus longues. Mais par contre, celles qui me prennent vraiment du temps, c'est celles où il y a de la superposition, parce qu'il faut repasser sur les traits tout le temps pour créer une ombre, et ça c'est très long. Il y a aussi des œuvres qui sont très décoratives, mais qui du coup impliquent qu'on tourne tout le temps autour du calligramme pour les faire, et ça, ça prend très longtemps. En général, pour répondre plus exactement à votre question, je dirais de 15 à 50 heures. Une fourchette un petit peu large entre 15 et 50 heures. Merci beaucoup pour votre temps et merci pour tout, pour cette invitation. Merci à vous. Bonne journée.
- Narrateur
Merci Cécile d'être venue jusqu'à Brest pour exposer et présenter tes calligrammes. Merci aussi pour cet échange et belle poursuite et plein de succès dans l'organisation de calligrammes. Si vous souhaitez retrouver Cécile et en connaître plus sur ses activités, nous vous proposons de visiter son site www.chironcentaure.com, sur Instagram @chiron.centaure. À très bientôt pour un nouveau balado des Danses Macabres d'Europe. Chères auditrices et auditeurs, merci pour votre écoute et à bientôt pour un prochain épisode. Danses Macabres d'Europe est une association loi 1901. Et si vous êtes intéressé par notre activité, une adhésion, nos publications, nous vous invitons à nous retrouver sur notre site web www.danses-macabres-europe.org.
- Narratrice
Danses Macabres d'Europe est également présente sur Facebook, Twitter, Instagram et LinkedIn.