Ronan HirrienLe village de Saint-Servais se trouve près de Landivisiau dans le nord Finistère, dans le Léon. C'est une petite commune de quelques 800 habitants aujourd'hui. Cette commune possède un musée Yan' Dargent, qui a été ouvert en 1991 par un bibliophile, Jean Berthou, qui avait déjà présenté une exposition consacrée aux livres illustrés par Yan' Dargent à la Bibliothèque municipale de Brest en 1976. Puis il avait proposé au maire de Saint-Servais assez rapidement l'idée d'un musée, mais bon, Saint-Servais n'était pas encore prêt. Et puis plus tard, autour de 1988, le maire de Saint-Servais de l'époque et Jean Berthou se sont entendus pour créer un musée à Saint-Servais, donc qui va avoir le jour. En 1991, voilà un musée dont les collections sont essentiellement des collections de livres illustrés par Yan' Dargent. Yan' Dargent a été un grand illustrateur, parce que Jean Berthou est arrivé avec cette collection de livres et cette connaissance. Des beaux livres, des livres rares, sur beau papier, des belles reliures, de cuir, maroquin, chagrin, des percalines et des beaux cartonnages, Yan' Dargent illustre la deuxième moitié du XIXe siècle. Et donc, c'est la grande époque du livre illustré, de la gravure sur bois debout. C'est l'époque de Jules Verne aussi. On illustre des livres et on publie des livres de vulgarisation scientifique, des livres de contes, des livres d'histoire, des livres divers, des revues aussi. Et Yan'Dargent va illustrer tout ça. Et donc, c'est le cœur, la base de nos collections. Et puis ensuite, des collections de peinture. qui montre vraiment toutes les facettes du talent de Yan' Dargent, autant des natures mortes, des portraits, de la Bretagne fantastique aussi, on y reviendra, et puis des paysages aussi, de très beaux paysages. Voilà, et pourquoi un musée Yan' Dargent à Saint-Servais ? Parce que Yan' Dargent, ce peintre, est né à Saint-Servais. Il est né à Saint-Servais le 15 octobre 1824. Il est déclaré au registre d'état civil sous le nom de Jean-Édouard Dargent. Son grand-père Pierre Robée était conseiller municipal de Saint-Servais, il va devenir maire assez rapidement, originaire lui de Plouaret dans les Côtes d'Armor, là où était François-Marie Luzel, collecteur de contes et légendes. Et son père, lui, Claude Dargent, était originaire de Moselle. Dargent, il ne s'agit pas d'un pseudonyme d'artiste, d'un nom d'artiste, il s'agit de son véritable patronyme, un patronyme que l'on trouve encore aujourd'hui du côté de la Moselle. Claude Dargent. travaille le cuir, il est courroyeur, tâche qui intervient après le tannage du cuir donc, et on ne sait pour quelle raison, suite à la défaite de Waterloo, on ne sait pour quelle raison, mais enfin toujours est-il qu'il traversent toute la France, et s'arrête au relais de poste de Ti-Robée, Ti-Robée, la maison de Robée, la maison de Pierre Robée, donc au village de Kérivin, Kérivin, à Saint-Servais, sur la voie entre Morlaix et Brest. Et la fille de l'aubergiste, à l'air lui plaire, et c'est de cette union entre Marie-Périne Clémentine Robée et Claude Dargent que va naître Yan' d'Argent le 15 octobre 1824 à Saint-Servais. Voilà, un Dargent à Saint-Servais. Alors Jean-Edouard, à l'époque, tout le monde parle breton dans la campagne de Basse-Bretagne. Et donc il perd sa mère très tôt, à l'âge de deux ans seulement. Son père Claude va partir fonder un deuxième foyer, donc un nouveau foyer à Landerneau. Et Yan' d'Argent sera élevé par ses grands-parents à Saint-Servais. Et donc il est élevé en breton, il se fait appeler Yan' certainement. Et c'est pour ça qu'il va signer ses tableaux Yan' d'Argent. Yan', avec une apostrophe derrière, enfin Y-A-N apostrophe, sans doute cette apostrophe marque la force d'une voyelle courte, d'ou l'élision, et Dargent en un seul mot. Et donc autour de ses 7 ans, il est confié pour son éducation, sa scolarité, à son oncle Thomas Robée qui est instituteur, l'école n'est pas encore obligatoire, mais il a tout de même des instituteurs, pour certaines familles qui ont plus d'aisance. Et donc Thomas Robée va s'assurer de l'éducation de Yan' d'Argent à Plouaret, et c'est là que Yan' Dargent va faire la connaissance de François-Marie Luzel, le collecteur de contes et légendes des Côtes d'Armor, du Trégor, et ils resteront amis toute leur vie d'ailleurs, puisqu'on trouve un portrait de François-Marie Luzel peint par Yan' Dargent au musée des Jacobins de Morlaix. François-Marie Luzel a aussi pris en photo Yan' Dargent dans le bois de Brézal à côté de Saint-Servais, une très belle photo dans les vieux jours de Yan' Dargent. Donc ils ont été amis vraiment toute leur vie et ont eu cet intérêt pour les légendes de Bretagne. Et ensuite, comment Yan' Dargent, né à Saint-Servais, orphelin de mère, élevé par ses grands-parents, devient artiste ? Sa scolarité, il ira au collège du Kreisker à Saint-Pol-de-Léon. Ses bulletins scolaires ne sont pas brillants. Il doit sans doute déjà avoir une aptitude au dessin. Ensuite, il fait une année à Landerneau, où se trouve son père. Et puis, il est recruté par l'entreprise de travaux publics Déniel, de Brest, probablement pour faire des relevés de terrain. Déjà intéressé par le dessin, ensuite il va travailler pour la compagnie des chemins de fer de l'Ouest. Le chemin de fer se déploie un peu partout. Il arrive à Troyes autour de 1844. Et là, il rencontre un professeur de dessin, un directeur de l'Académie royale des beaux-arts de Troyes, Jules-Noël Shitz. Ils ont plaisir à dessiner ensemble, à peindre ensemble. Et c'est là véritablement que naît la vocation. Il avait la vocation artistique mais que naît un véritable désir, de Yan' Dargent de vivre de son art plutôt que de rester dans les chemins de fer alors qu'on lui proposait de continuer dans les chemins de fer en Espagne. Il décide d'aller à Paris. Il présente ses premières expositions autour de 1849, s'installe à Paris, ou fait des allers-retours probablement entre Troyes et Paris autour de 1849-1850, et va présenter à partir de ces années-là, chaque année,des toiles, plusieurs toiles au Salon. Le Salon était un événement de la peinture au XIXe siècle, avec une hiérarchie aussi dans les toiles présentées. On présentait les toiles d'histoire, des sujets historiques sur des plus grands formats, les paysages de plus petits formats, les natures mortes avaient moins d'intérêt, et puis c'était les toiles permises aussi aux femmes, parce qu'on ne trouvait pas beaucoup d'artistes femmes encore à l'époque. Enfin voilà, Yan' Dargent va présenter des œuvres au salon, mais il va surtout vivre de l'illustration. On compte quelques 200 livres illustrés par Yan' Dargent en totalité ou partiellement, puisque parfois des illustrateurs peuvent unir leurs talents pour illustrer un livre. C'est ainsi qu'on trouve par exemple un livre, une robinsonade, une histoire de Robinson, illustré par Doré Dargent, un livre Doré Dargent illustré conjointement par Gustave Doré et Yan' Dargent. Voilà, et il illustre des revues aussi, énormément de livres. Parmi ses illustrations les plus remarquables, c'est véritablement "La Divine Comédie" de Dante. Il y a une véritable passion au XIXe siècle pour la "Divine Comédie". Énormément de traductions paraissent. Il y a trois traductions en français qui sont faites par des Bretons notamment. Auguste Brizeux a traduit "La Divine Comédie", Lamennais, Masseron, enfin voilà. Et alors que... Gustave Doré, par "La Divine Comédie", a inventé une nouvelle façon de vendre ses livres, puisqu'il a présenté une exposition de dessin et un exemplaire tout de suite qui est paru peu après cette exposition, qui était destinée à donner envie, donc un exemplaire uniquement de "l'Enfer" de Dante en in-folio tout de suite, donc un très grand format et qui marque tout de suite les esprits. Je ne me souviens plus la date exacte, ça doit être autour de 1861-1863 peut-être. Et alors il va tarder quelques sept ans peut-être, Gustave Doré, pour illustrer "Le Purgatoire", qui l'ennuyait sans doute un peu plus, et il va tarder encore plus pour illustrer "Le Paradis". Mais après l'illustration de Gustave Doré qui avait marqué son temps, son époque, qui lui semblait difficile... audacieux d'illustrer à nouveau "La Divine Comédie" de Dante. Yan' Dargent va le faire. Une édition éditée par les Frères Garnier de Paris, qui éditaient à la fois en français et en espagnol. Et les Frères Garnier, on ne sait pas si c'est Yan' Dargent qui allait les voir, ou si c'est les Frères Garnier qui ont commandé cette édition à Yan' Dargent. L'illustration de Yan' Dargent... va être remarqué aussi, puisque c'est un livre qui sera édité sur beau papier. On le trouve par exemple en dix exemplaires sur papier rare, un papier de chine, demi-maroquin. Et ceux sont, les Amis du Musée Yan' Dargent, qui possèdent donc la quasi-totalité des collections du Musée Yan'Dargent à Saint-Servais, possèdent l'exemplaire numéro 7 de cette édition-là. Et puis l'édition commune est elle aussi présentée avec un très beau cartonnage ,la tranche dorée, et c'est une édition qui est tout de suite présentée en français et en espagnol. Et moi, c'est lors d'un voyage en Amérique latine, une belle rencontre que j'ai faite à Buenos Aires, que j'ai trouvé l'édition en espagnol de "La Divine Comédie"de Dante, alors que je ne savais pas qu'elle avait été éditée en espagnol. "La Divine Comédie" de Dante, illustrée par Yan'Dargent, évidemment. Voilà, et puis ensuite,les Frères Garnier, le plus jeune des Frères Garnier, éditeur donc, va s'installer comme éditeur à Rio Janeiro à la fin du 19e siècle. Et en 1908, il va éditer aussi "La Divine Comédie" de Dante, illustrée par Yan' Dargent en portugais cette fois-ci. Une édition revue puisque les illustrations sont toutes en pleine page, il n'y a pas de notes, la mise en page est différente pour cette édition en portugais. Mais ce qui nous montre l'importance de cette édition de Yan' Dargent, auquel elle a véritablement marqué son temps. Et puis sinon, parmi ses autres illustrations, on peut citer aussi "La Vie des Saints" de Monseigneur Guérin, où l'on trouve des représentations des saints, des lithographies en couleurs,et chaque page est aussi encadrée de gravures sur bois dessinées par Yan' Dargent, chaque page. Donc on imagine le travail colossal que ça a été d'illustrer cette "Vie des Saints" de Monseigneur Guérin. Et on voit des faciès très proches entre cette "Vie des Saints" de Monseigneur Guérin illustrée par Yan' Dargent et la procession des saints à l'église Saint-Houardon. Ce sont 13 grandes toiles dans toute la nef et le cœur de l'église Saint-Houardon à Landerneau, donc une procession des saints qui rappelle aussi ce qu'avait fait Hippolyte Flandrin dans une église parisienne. La représentation n'est pas tout à fait la même, et puis on trouve des dessins locaux aussi chez Yan' Dargent. Voilà, et donc, Yan' Dargent à Saint-Servais, c'est le livre illustré, ce sont des dessins originaux. Cet été, on va présenter justement un éclairage sur "La Divine Comédie", illustrée par Yan' Dargent. On présentera évidemment "L'Enfer" de Dante, illustré par Gustave Doré aussi, pour mettre en regard l'illustration de Doré et Dargent. On présentera des dessins originaux préparatoires à cette édition de Yan' Dargent. Et d'autres éléments autour de "La Divine Comédie". Et dans le musée, sinon, on présente... Un peu toutes les facettes de la peinture de Yan' Dargent, de magnifiques paysages, "La Queue de l'Etang de Brézal", c'est le premier tableau acquis par l'Association des Amis du musée Yan' Dargent en 1991. Et l'étang de Brézal, il se trouve à Plouneventer. Aujourd'hui, quand j'étais enfant, j'allais, moi je suis de Saint-Servais aussi, puis quand j'étais enfant, avec les instituteurs, on allait à travers bois jusqu'à l'étang, on ramassait des champignons, ensuite dans les ruisseaux, on ramassait des têtards, etc. Mais aujourd'hui, on ne peut plus faire le tour de l'étang, malheureusement. Ce sont des paysages que l'étang de Brézal, Yan' Dargent l'a peint énormément. Et on trouve ces paysages autour de l'étang de Brézal, au musée des Beaux-Arts de Rennes, au musée de Morlaix, au musée de Saint-Servais. C'est un paysage où Yan' Dargent s'est fait photographier aussi et où Yan' Dargent a inspiré énormément Yan' Dargent; Et donc on présente des paysages aussi qu'il a peint dans ces 20 dernières années avec des ciels magnifiques, souvent bâtis autour d'un chemin en oblique. L'homme est un peu isolé dans le paysage, et le paysage très bien construit avec un ciel déchiré de couleurs roses, des arbres de couleurs argentées, dorées, des effets de lumière. Et donc on présente de tels paysages au musée Yan' Dargent à Saint-Servais, et puis des aspects moins connus de la peinture de Yan' Dargent. des portraits, des portraits d'une bourgeoise, d'une noble, du secteur qui se faisait peindre le portrait. La photographie n'en était encore qu'à ses débuts. Et puis, pour ce qui est de la peinture fantastique, c'est pour une peinture fantastique surtout qu'est connue Yan' Dargent, "Les Lavandières de la Nuit". Le tableau, présenté en 1861 au Salon, est conservé au Musée des Beaux-Arts de Quimper. Alors ce tableau," Les Lavandières de la Nuit", a donné un grand succès aussi à Yan' Dargent. En tout cas, cette toile a eu un grand succès lorsqu'elle est présentée au Salon, puisque quatre critiques la remarquent. Parmi ces critiques, Théophile Gauthier. Sans doute le motif de son ballet "Gisèle" permettait d'être davantage inspiré par ces "Lavandières de la Nuit". Yan' Dargent a été inspiré par la version des "Lavandières de la Nuit", recueilli par Émile Souvestre dans son livre "Le Foyer Breton" qui paraît en 1844. Émile Souvestre de Morlaix. Et dans ce "Foyer Breton", donc dans le Foyer du Léon, on trouve, puisque le Foyer breton se compose de quatre foyers, le Léon, le Trégor, la Cornouaille et le Vanneté, les quatre anciens évêchés de Basse-Bretagne. Et dans le Foyer du Léon, on trouve cette légende des "Lavandières de la Nuit" que nous raconte Émile Souvestre. Alors certains s'intéressent davantage. Et qui sont ces "Lavandières de Nuit" ? C'est le cas de François Cadic, qui a collecté dans le coin de Pontivy, mais sa version des "Lavandières de la Nuit", François Cadic l'a collectée à Brénilis, je crois, dans les Monts d'Arrée. C'est le cas de Sand aussi, dans le Berry, qui a collecté la légende aussi, et l'a faite illustrer par son fils, Maurice. Sa version s'intéresse aussi à ces Lavandières, qui elles étaient. Et Yan' Dargent, lui, s'intéresse davantage à leur victime, à la victime des "Lavandières de la Nuit", Donc, Guillaume Postik. Ce Guillaume Postik, le jour des morts de novembre, plutôt que d'aller prier pour ses défunts, il passe la journée à s'enivrer. Et le soir venu, il choisit la voie la plus courte, la plus dangereuse pour rentrer chez lui. Et il est averti par une chouette. Il poursuit son chemin, malgré tous les signes qui devraient l'avertir du danger. Il aperçoit ces "Lavandières de Nuit", et goguenard il se moque un peu d'elles et accepte leur invitation à essorer leur linge. Ces "Lavandières de Nuit", François Cadic nous dit par exemple que ce sont des femmes qui ont commis des péchés de leur vivant et qui sont condamnées ainsi à être au purgatoire, à laver éternellement un linge quel ne pourront pas laver parce que dans telle ou telle version ce sont des femmes infanticides, des mères infanticides, qui donc sont condamnés à rendre un linge blanc qui restera par contre toujours rouge. Dans la version de Souvestre, Postick s'approche de ces lavandières, il rigole, il accepte de tordre le drap qu'on lui tend, parce qu'il se dit mais je sais dans quel sens, je sais qu'il faut le tordre dans le même sens qu'elle, car si je l'essore véritablement, et donc si je tords en sens inverse, comme on fait pour essorer, je me retrouverai aussitôt les bras cassés et je mourrai étouffé. Il est en train de tordre le linge lorsque, soudain, il aperçoit parmi ces femmes, son épouse, sa sœur, sa mère. Et il entend sa mère lui dire "mil mallozh, mil mallozh d'an hini na bed ket evit e Anaon" "milles malheurs à celui qui ne prie pas pour les âmes de ses défunts. Il a passé la journée à s'enivrer, donc il a oublié les âmes de ses défunts, celles de sa mère, celles de son épouse, celles de sa sœur, et il oublie dans l'instant, il oublie dans quel sens il tord le linge et déjà il se voit sur le tableau de Yan'Dargent gisant au bord du chemin tel qu'il sera retrouvé le lendemain. On allume des cierges autour de son corps qui s'éteignent aussitôt, preuve que son âme était condamnée à l'enfer. Voilà la version qui inspire Yan' Dargent, qui est présentée sur ce tableau, qui connaît un grand succès en 1861, qui est exposée dès l'année suivante, je crois, à une exposition universelle à Londres, ou une exposition internationale en tous les cas à ,Londres,qui aurait été vendue alors à un lord écossais. Et c'est là qu'on a des doutes. Est-ce que le tableau qui se trouve au Musée des Beaux-Arts de Quimper est véritablement le tableau que Yan' Dargent avait présenté en 1861, puisque un critique lui reproche un format trop grand pour ce thème-là ? et un paysage qui prend trop de place par rapport à l'action au personnage. Or, ce n'est pas le tableau qu'on connaît aujourd'hui, qui est vraiment centré sur les personnages. Et donc, on a retrouvé une gravure parue dans l'illustration qui nous montre... Une autre version de ces "Lavandières de la Nuit" de Yan' Dargent, et on pense que c'est là une gravure représentant le tableau initialement présenté en 1861 au Salon, et qui a été vendu suite à une exposition internationale à Londres, est parti en Écosse et n'a jamais été retrouvé, un tableau d'un format bien plus grand que celui que l'on trouve à Quimper aujourd'hui, peut-être un format de... je ne saurais pas dire, mais vraiment bien plus grand, peut-être 4 mètres par 9 mètres, je ne sais pas, vraiment un très très grand format. Et ensuite, Yan' Dargent sans doute a écouté cette critique et a refait une nouvelle version des "Lavandières de la Nuit", qui va connaître un certain succès aussi puisqu'elle sera présentée à une exposition de peinture aussi à Chicago, aux États-Unis. Elle va se déplacer à Chicago et c'est donc cette toile qui a été léguée par Ernest Dargent, ou Yan' Dargent lui-même s'en était peut-être préoccupé, mais toujours est-il, parce que c'est Ernest Dargent qui organise ce legs en 1901 au Musée des Beaux-Arts de Quimper. Et depuis, elle est conservée au Musée des Beaux-Arts de Quimper. Et c'est une toile qui a été un peu... oublié peut-être au XXe siècle. Et avec la redécouverte de Yan' Dargent, la redécouverte de Yan' Dargent, ça commence peut-être déjà par l'intérêt de Denise Delouche, la thèse de Denise Delouche sur les peintres de la Bretagne. Autour de 1977, la thèse de Delouche redécouvre des artistes bretons comme Yan' Dargent et la peinture en Bretagne. Et ensuite, une exposition importante consacrée à Yan' Dargent en 1989 à Landerneau, et puis le musée de Saint-Servais. Et puis peut-être aussi la mode de l'heroic fantasy. Toujours est-il que la toile de Yan' Dargent des "Lavandières de la Nuit", elle va connaître un certain succès à partir des années 1990. Et on la verra exposer, par exemple, à une exposition intitulée "Il était une fois Walt Disney" au Galerie du Grand Palais à Paris, sur les sources artistiques européennes de Walt Disney. Parce que c'est une toile qui présente des arbres anthropomorphes qui vont presque dévorer, qui sont menaçants, qui vont presque dévorer zoomorphes et anthropomorphes, qui vont presque dévorer Postik dans le tableau de Yan' Dargent. Et on se rappelle du dessin animé de "Blanche-Neige et les Sept Nains", où Blanche-Neige, fuyant le chasseur, se trouve aussi menacée par des arbres qui prennent des formes humaines. Voilà, donc cette exposition aux Galeries du Grand Palais, où le Musée des Beaux-Arts de Quimper a présenté le tableau de Yan' Dargent. Une autre exposition sur "L'Arbre Magique" à Lille, où le tableau de Yan' Dargent est aussi présenté. Et l'été dernier, et cet hiver encore, l'exposition sur John Howe et Tolkien expose aussi ce tableau de Yan' Dargent. Alors c'est un tableau qui apparemment ne supporterait plus très bien maintenant les déplacements et qui devrait donc rester davantage à Quimper. C'est le tableau qui a fait connaître Yan' Darjean. Dans la veine fantastique, Yan' Dargent a réalisé quelques autres tableaux. "La Mort du Dernier Barde" qui lui avait été inspiré par une élégie écrite par François-Marie Luzel à l'occasion de la mort d'Auguste Brizeux. Ce tableau, malheureusement, un fusain en est conservé, un fusain original de Yan' Dargent en est conservé au musée des Beaux-Arts de Quimper. Mais l'huile sur toile a péri dans le bombardement de Brest lors de la dernière guerre mondiale. Parmi les autres tableaux fantastiques aussi, "Vapeur de la Nuit", on connaît deux versions de ce tableau. Une version qui est arrivée en 1906 par Ernest Dargent au Musée des Beaux-Arts de Lyon. Et puis une autre version acquise récemment autour de 2004 par le Musée des Beaux-Arts de Quimper, "Vapeur de la Nuit". Ce sont les toiles principales de la veine fantastique que l'on connaît de Yan' Dargent. Mais ce sont les plus célèbres, surtout "Les Lavandières de la Nuit".