undefined cover
undefined cover
Emeline Delsaut - Studio End cover
Emeline Delsaut - Studio End cover
De photographe à photographe - Podcasts Jingoo

Emeline Delsaut - Studio End

Emeline Delsaut - Studio End

40min |10/09/2024
Play
undefined cover
undefined cover
Emeline Delsaut - Studio End cover
Emeline Delsaut - Studio End cover
De photographe à photographe - Podcasts Jingoo

Emeline Delsaut - Studio End

Emeline Delsaut - Studio End

40min |10/09/2024
Play

Description

Meilleur ouvrier de France 2023, elle nous raconte sa passion, son métier, son quotidien, comment elle est devenue MOF, ce que cela lui apporte, ce que cela lui rapporte, comment elle perçoit la plate-forme Jingoo, comment elle s’en sert, comment elle en tire parti en harmonie avec sa vision de haute qualité de travail.


Le monde d’Émeline est à découvrir au travers de ce podcast, de ses photos, ça vaut le coup d’œil.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Jingoo

    Bonjour à tous, bienvenue sur les podcasts Jingoo. Notre volonté, donner la parole aux photographes de métier qui ont réussi à bien en vivre. Que l'on soit un photographe chevronné ou arrivant dans la profession, même si vous en savez déjà beaucoup, cela peut vous inspirer. Photographe, c'est un métier. Ils vont vous dire comment ils l'appréhendent, les clés de leur réussite. Bonne écoute et à bientôt sur Jingoo. Bonjour, je suis Gilles Vautier, photographe. Aujourd'hui, je suis allé à la rencontre d'Emeline Delsaut, meilleure ouvrier de France 2023, installée à Rodez. Elle et moi, on va parler de photographie, mais aussi de renaissance, d'art, d'Afrique, de création, de miracle et bien sûr, de Jingoo. Alors, bienvenue dans le monde d'Emeline. Emeline Delsaut est une photographe accomplie spécialisée dans les séances familiales, les portraits de futures mamans et les photos de mamans avec leur bébé. Sa sensibilité artistique et son œil affûté lui permettent de capturer des moments intimes et précieux, transformant chaque cliché en un souvenir intemporel. En 2023, Emeline a été honorée du titre de meilleure ouvrière de France. Pardon, je sais qu'elle n'aime pas ça. En 2023, Emeline a été honorée du titre de meilleur ouvrier de France dans la catégorie photographie d'art. Cette distinction prestigieuse est une reconnaissance de son talent exceptionnel et de son dévouement à son art. Cette réussite est d'autant plus significative et importante qu'elle suit les traces de son papa, lui-même meilleur ouvrier de France en taille de pierre, 26 ans auparavant. La carrière d'Emeline est marquée par une passion profonde pour la capture de l'essence humaine et des émotions authentiques faisant d'elle une photographe très appréciée et respectée dans son domaine. Bonjour Emeline, que penses-tu de cette présentation ? Parce qu'elle n'est pas de moi mais de l'intelligence artificielle et c'est ce qu'elle me pond quand je lui demande de me parler de toi.

  • Emeline

    Bonjour Gilles, écoute, merci, très belle intro, oui oui, effectivement, je pense qu'elle est allée voir sur mon site internet et qu'elle s'est nourrie, et voilà, et on y va tous, de toute façon sur l'intelligence artificielle, il faudra effectivement prendre le pas, mais en attendant, moi j'aime bien parler de l'intelligence de l'IH, tu vois, l'intelligence humaine.

  • Jingoo

    Et toi, ça serait quoi tes influences artistiques alors ?

  • Emeline

    Alors moi je suis une passionnée d'histoire de l'art, c'est vraiment, c'est ce que j'ai étudié quand j'étais à l'université. Donc j'ai commencé juste avant la Renaissance à peu près, jusqu'à nos jours, sur tous les continents. Après, dans mes préférés, préférés, dans mes chouchous, moi j'aime bien la Renaissance, de toute façon ça a toujours été. J'aime bien ce côté classique des Grecs, des Hellénistes. Après, j'aime aussi la folie des plasticiens, Bacon, tu vois, j'aime aussi David Hockney non pas en tant que peintre mais en tant que photographe. Et en termes, un autre aussi, c'est Sebastiao Salgado, qui a été une vraie révélation. Il a une magie inégalée.

  • Jingoo

    Il a une manière de montrer les choses qui est unique, oui, ça c'est clair.

  • Emeline

    Et c'est quelque chose de très beau. J'ai aussi un des derniers que j'adore, c'est Jimmy Nelson aussi, si je me trompe pas.

  • Jingoo

    Et c'est qui celui-là, alors ce brave-là ?

  • Emeline

    Celui-là, écoute j'ai tous ses bouquins. Jimmy Nelson, c'est un passionné. Il va rencontrer les peuples autochtones qui sont en perdition. Mais tu vois, là, c'est des peintres. Enfin, c'est des peintres. Ouais, c'est pas faux comme lapsus. Mais c'est des photographes qui racontent le monde. Voilà, chose que je ne fais pas du tout. Moi, je suis très très ancrée dans ma localité. Mais ça me fait rêver, quoi. C'est vraiment des photographes, des peintres de lumière, quoi. Il n'y a pas de doute.

  • Jingoo

    Meilleur ouvrier de France en 2023, je crois que pour toi, c'était important. Parle-en, qu'est-ce que c'est pour toi ? Comment c'est arrivé ? Comment ça s'est passé ? Vas-y, raconte.

  • Emeline

    Alors, disons que le meilleur ouvrier de France, c'est un rêve de petite fille. Parce qu'en fait, moi je connais le MOF. J'avais 10-12 ans quand mon père a passé son premier concours. Il est tailleur de pierre. Et donc, si tu veux, j'ai toujours eu des MOF pas loin ou un travail exceptionnel à aller voir dans un atelier, chez un maroquinier. Voilà. Je sais que c'est des gens qui adorent le détail, qui sont vraiment dans la recherche de leur métier au plus haut niveau. Et du coup, ça m'a toujours intéressée et passionnée. Et je me souviens d'une expo universelle que j'avais faite, où on est allé voir des tas d'autres meilleurs ouvriers de France dans plus de 280 métiers. J'avais été ébahie par ça, parce que c'est juste incroyable, en fait. C'est un savoir-faire incroyable, les charpentiers, les body painting, et je me souviens être restée très longtemps à contempler une pomme en photographie. Je ne sais pas qui l'a faite, parce que j'étais jeune, mais je me souviens encore de cette photo, j'étais chez une photographe et je vois cette... Et je suis restée longtemps à la regarder, parce que la lumière était particulière, parce que... Je ne sais pas, et il y a... C'est... C'est magnétique un peu, il y a un truc magnétique. J'aime contempler, c'est la contemplation silencieuse, mais c'est quelque chose de magnifique. Et donc oui, passer le MOF, c'était inatteignable. D'autant que moi, je ne viens pas d'une école de photo, je suis une autodidacte. J'ai étudié à l'université et j'ai fait mon œil plastiquement, artistiquement. Mes mains, c'est moi qui les ai travaillées finalement dans mon métier tous les jours. Et donc... Avoir le MOF, c'est quand même quelque chose. Donc je l'ai passé et ça s'est très bien passé.

  • Jingoo

    Raconte-moi un petit peu, c'est pas si évident que ça le cheminement du MOF quand on veut le gagner. Vas-y, raconte-nous un peu, que les photographes se disent que c'est quand même un sacré graal à décrocher.

  • Emeline

    Oui, c'est un graal parce qu'en fait, il faut accepter tellement et repousser ses limites en permanence. C'est un parcours du combatant, c'est vraiment ça. Moi, je l'ai passé une première fois et en fait, j'ai eu 16 de moyenne, donc je n'étais pas loin, mais ce n'était pas parfait. Et donc, quatre ans après, puisque c'est une session tous les quatre ans, quatre ans après, j'y suis retournée avec le couteau entre les dents. C'est-à-dire que là, je me suis dit, je vais donner vraiment... J'étais prête à perdre aussi. On ne fait pas le deuxième comme on fait le premier. Le premier, on a vraiment espoir de prouver qu'on est capable de. Et puis peut-être qu'en perdant, finalement, on a cette humilité qui va faire que quand le deuxième, on y retourne, on y va d'une autre façon, on appréhende les choses d'une autre façon. Et cette fois-là, c'était un rendez-vous avec moi-même, ce n'était pas avec les autres. Techniquement, vous savez qu'il n'y avait aucune place à... aucune erreur possible. Donc techniquement, ça devait être béton. Et artistiquement, je voulais surtout qu'il y ait ma signature. Je voulais qu'il y ait une densité visuelle qui soit la mienne. Peut-être que sur le premier, je n'ai pas osé ça, ou un petit peu, ou de façon légère, ou de façon maladroite. Sur le deuxième, par contre, il n'y avait pas d'ombre au tableau. C'était dans le mille tout de suite. J'étais prête à perdre, par contre. Je savais que d'y aller, c'était un temps énorme. C'est-à-dire qu'on met vraiment sa vie entre parenthèses. On vit, on respire, on dort, Meilleur Ouvrier de France, pendant des mois. Et une fois que... Voilà, donc je savais que je ne pouvais pas le faire une autre fois. Je n'aurais pas ce luxe-là de mettre ma clientèle, entre parenthèses, mes enfants, entre parenthèses, ma vie, entre parenthèses, à ce point-là, je ne pouvais pas. Donc, j'y suis allée comme un saut dans le vide, en fait. Et en même temps, ça a été super chouette. Je retiens aussi surtout les rencontres, les gens qui ont gravité, qui m'ont aidée aussi à participer. En tant que modèle, en tant que je te prête un accessoire, vas-y, tu vas y arriver, on croit en toi. Il y avait vraiment énormément de signes tout autour de moi qui m'ont aidé, qui m'ont porté, qui m'ont aidé à le faire agréablement.

  • Jingoo

    Et justement, quand tu parles que tu as mis ta vie entre parenthèses, c'est combien de temps entre parenthèses ?

  • Emeline

    Moi, je suis un peu spéciale. Normalement, on met un an pour faire le concours. Et moi, il y a eu un petit soucis de report de note. Bref, on a d'abord annoncé que ce n'était pas bon. Et quand j'ai demandé mes notes, ils se sont rendus compte, mais cinq ou six mois après. Donc moi, je suis la seule candidate à être rentrée dans le concours après les autres. Et donc moi, je l'ai fait en trois mois. C'était dur au stop, donc là, je mettais le réveil. Tu vois, on dormait, je dormais quelques heures, je mettais le réveil et je repartais. Quand je dis vraiment, je me suis... en dehors de toute limite. Et en même temps, je construisais mon studio. C'est-à-dire qu'en même temps, je construisais 400 m² ici, à Rodez. Et donc, en fait, avec une galerie d'art, avec tout ça, l'année 2023, c'était une année super héros quoi.

  • Jingoo

    J'ai vu que tu avais exposé à Miami aussi.

  • Emeline

    Oui, mais j'expose toujours, en fait. J'ai des œuvres là-bas. Donc ça, c'est la partie... où j'ose enfin me libérer un petit peu de l'artisanat et être juste artiste. C'est un cheminement également. Et donc, il y a un producteur aux Etats-Unis qui m'a appelée justement suite au premier concours que j'avais fait puisque c'était un portrait ethnique. Et donc, on ne sait jamais où nos œuvres partent. Elles ont été vues aux Etats-Unis. Cette personne m'appelle et me demande si je veux travailler sur l'histoire des Noirs aux Etats-Unis. Qui n'est pas un petit sujet, quoi. Pas un petit sujet, franchement. Et donc, j'ai fait une première oeuvre. J'ai été inspirée et j'ai envoyé une oeuvre d'un mètre par un mètre où je reprends les codes de Picasso, Les Demoiselles d'Avignon. Sauf que je le fais avec cinq muses noires et que je peins sur leur corps à la façon Picasso et que je leur rends hommage finalement. Je travaille autour de ça et quand il voit cette oeuvre arriver, il me dit Il m'en faut, c'est un travail colossal. Et donc, il a fallu, là encore, repousser les limites, travailler en dehors de tout cadre. Et j'ai exposé, j'ai envoyé une vingtaine d'œuvres qui sont toujours à Miami et j'expose pendant Art Basel, qui est énorme. C'est une des cinq foires qui comptent le plus dans le monde.

  • Jingoo

    Oui, c'est génial. Et c'est justement, alors là, tu fais, merci pour cette transition que tu m'offres, parce que je sais, tu m'as dit tout à l'heure que tu avais fait des études d'histoire de l'art pas de cours de photographie. Mais justement, ce qui m'intéresse beaucoup, c'est qu'il y a cette histoire, cette influence de l'art qui arrive, qui transgresse, qui découle très logiquement sur tes photos, ce que tu viens de raconter sur les Demoiselles de Picasso, sur tes 5 Princesses africaines, qui sont toujours exposées. Est-ce que ton travail, donc j'en arrive à la question, en fait, je ne respecte pas du tout mon questionnaire, mais est-ce que ton travail est très influencé, que ce soit avec ta clientèle, on va dire conventionnelle, corporate, familiale, etc. Euh... ou dans tes créations artistiques ? Est-ce que cette influence artistique de tes études, de ton savoir et de ta culture intervient ?

  • Emeline

    Alors, ça intervient, mais à différents niveaux. Quand on est artisan, finalement, on choisit que 50% de la photo, puisque nos modèles, c'est une surprise quand ils franchissent la porte. Donc, bien sûr qu'on va proposer un style, mais tu ne vas pas, ils ont une attente, les clients, ils ont besoin de montrer un sentiment dans leur famille. Donc, je travaille un style, un éclairage, une lumière, une colorimétrie, une composition. Je les mets à l'aise, bien sûr. Mais je n'envahis pas ma personne pro dans la photo, je laisse eux vivre leur moment et clairement je me mets à leur disposition et je photographie leur bonheur à eux. Et je trouve que c'est déjà une chance extraordinaire, c'est un métier extraordinaire, je partage leur joie. Dans les métiers qui s'offrent à nous aujourd'hui, le métier de photographe d'ailleurs c'est pas pour rien qu'il est choisi énormément, c'est parce que tout le monde en rêve, c'est ce côté paillette où on a l'impression que ce n'est pas un travail hors s'en est un. Parce que le faire tous les jours avec une régularité, avec un workflow, c'est-à-dire sortir une production, être dans les clous au niveau du marché, au niveau du prix, et toujours donner pour son client, sans qu'il le ressente, c'est un métier, et ce n'est pas qu'un petit métier d'ailleurs. Et après la partie artistique, là c'est complètement autre chose. Et j'ai mis du temps à oser, c'est quatre lettres, oser. C'est quatre lettres très importantes chez moi, parce que j'ai mis du temps à sortir de ma coquille et à me dire que j'avais le droit d'être. Parce que quand tu étudies l'art pendant autant d'années, quand tu l'adores comme moi, dire être artiste, c'est un grand pas. C'est quelque chose où on n'a pas l'impression de l'être. Une partie de nous du commun des mortels, les artistes, c'est autre chose. Donc, oser aller vers cette démarche-là, ça a été un vrai cheminement. Et maintenant, ça y est, j'ose un peu plus. Et surtout pour me faire plaisir et pour avoir le luxe de décider de bout en bout, de A à Z. Ma lumière, mes modèles, ce que j'ai envie de dire. Voilà, ça, maintenant, ça y est, c'est peut-être que le meilleur ouvrier de France aussi m'a aidé à passer ce cap.

  • Jingoo

    Tu as donc un compagnon qui est Nicolas, qui est ton associé, qui est ton acolyte photographique, qui est ton fantômas, on peut dire, en quelque sorte. Vous êtes photographe tous les deux. Alors, j'ai envie de savoir, parce que je suis un type très indiscret, comment vous vous êtes rencontrés ? Et puis, la deuxième question. Quelle est votre chanson ? Parce que quand on danse la première fois ensemble, il y a peut-être une chanson qui traîne, j'aimerais savoir ça.

  • Emeline

    Effectivement, tu as mis le doigt sur quelque chose, puisque Nico c'est mon pilier, c'est ce qui me permet, heureusement qu'il est là, il gère énormément de choses ici au studio. Il est plus dans l'ombre, mais il intervient énormément et il me permet d'être et de faire, ce qui est assez énorme. Donc on s'est rencontrés, voilà, Rue des Anges, ça s'invente pas.

  • Jingoo

    Oui, c'est joli. Et alors, est-ce qu'il y a une chanson là-dedans ?

  • Emeline

    Pink Floyd, Division Bell.

  • Jingoo

    Eh bien voilà. Alors, toujours dans les questions qui sont complètement idiotes et que j'ai envie de te poser, quel est ton plat préféré ? Parce que moi, je suis très penne a la chorizo et je sais très bien les faire. Quel est ton plat à toi ?

  • Emeline

    Moi, j'aime bien les lasagne. Je suis très cuisine italienne, alors voilà.

  • Jingoo

    Est-ce que tu es allée en Italie ?

  • Emeline

    Oui, à Florence. Voilà, avec mon père qui taillait la pierre dans les jardins du Palais Corsini et j'ai fait Florence à vélo avec mon frère. Un voyage fondateur aussi. C'était merveilleux.

  • Jingoo

    Ah, t'as fait de quoi ? Rodez de Florence en vélo ?

  • Emeline

    Non, non, non. J'ai été à Florence en vélo. Mais sur place. On a fait toute la ville comme ça et on se promenait à la lumière du soir. C'était juste extraordinaire. Entre les santa croce et compagnie, qui étaient tout autour de nous, enfin là pour quelqu'un qui aime la renaissance, c'était là qu'il fallait être.

  • Jingoo

    Alors, j'ai passé un moment sur ton site. Tu présentes beaucoup de domaines, du mariage au culinaire, en passant par le packshot, les reportages. Je n'oublie pas tes sublimes portraits de grossesse. Je suis très fan de ce que tu as fait et de tes nouveaux-nés aussi. Les portraits de boudoirs, les mariages en studio et puis la photo scolaire, évidemment. Alors, comment tu arrives à conjuguer autant de sujets en si peu de temps ?

  • Emeline

    C'est énormément de travail. Alors après, la donnée, c'est qu'en fait, j'ai commencé en zone très très rurale. Tu sais, je vis en Aveyron, dans une région où je n'étais pas du tout en ville, mais dans un tout petit village. Et quand j'ai commencé, eh bien, on avait pas le luxe de dire non à un travail et donc, photographie, comme beaucoup de photographes le savent, c'est écriture de la lumière. Donc, il n'y avait pas un sujet plus qu'un autre. J'ai accepté de travailler sur la famille, sur les nouveaux-nés et je me suis formée et j'ai appris. Et donc, j'ai cherché à gagner en compétences à chaque fois et à proposer quelque chose d'intéressant pour les clients. Donc, je suis capable de faire autant les savoir-faire que les savoir-être. Rien ne... J'aime tout en fait. C'est très difficile de choisir. J'aime tout. Bon, là, il est vrai que plus les années passent, plus ça devient compliqué de faire ce grand écart. Mais si tu veux, quand un client rentre chez moi, que ce soit pour une photo d'identité, que ce soit pour un mariage ou pour un très gros contrat, ils ont toujours le même soin et la même attention. Je me mets à leur service. Donc voilà, j'aime tout et je ne m'ennuie jamais. Du coup, tu vois, c'est quelque chose d'assez sympa.

  • Jingoo

    Le fait que tu sois à Rodez dans l'Aveyron, alors je vois à peu près où c'est géographiquement, parce que je suis très nul en géo. Est-ce que ça n'aide pas justement à partir du moment, alors je ne parle même pas du titre de meilleur ouvrier de France, mais d'avoir toute cette compétence technique, ce bagage, ces clients, est-ce que ça n'aide pas finalement à transformer cet essai en pari réussi et à en vivre surtout ? Parce que le métier de photographe, on en reparlera, mais le métier de photographe est très dangereusement compromis pour en vivre.

  • Emeline

    Oui, alors c'est sûr que pour en vivre, il faut travailler en fait, il faut travailler beaucoup. C'est vraiment la donnée. Et après, le fait d'être en zone rurale, peut-être que ça m'a un petit peu aidée au départ. Mais tu sais, en réfléchissant, j'ai commencé en étant complètement extérieure aux Aveyronais. C'est-à-dire que j'ai démarré à la page blanche. J'étais dans un petit 20 mètres carré coincé entre le canapé et la télé. Et c'était surtout la persévérance et la pugnacité qui a fait là où j'en suis aujourd'hui. J'ai encore rencontré mes premiers clients qui me revoient et qu'on a plaisir à revoir, parce que c'est devenu des amis maintenant, qui se souviennent très bien de mes débuts. Je n'ai été aidée par personne, je n'avais aucun réseau et ça a été juste à la force du poignet. Donc oui, je suis comme ça et aujourd'hui les clients ont une vraie reconnaissance de mon travail. C'est super. Et à en vivre, j'ai commencé petit et puis petit à petit tu te rends compte que quand tu comptes tes heures, parce qu'en fait, chef d'entreprise, c'est aussi, c'est une casquette importante. Photographe, c'est, oui, c'est formidable, c'est passionnant, c'est tout ce qu'on veut. Mais si tu veux durer dans le métier, t'as intérêt à compter quand même. Et en tout cas, à savoir ce que c'est qu'une heure de travail chargée, ouvrée, où tu payes tes taxes en France et compagnie. Donc tout ça fait partie de ton apprentissage et te permet de durer dans la longévité.

  • Jingoo

    On va revenir là-dessus, mais j'ai oublié de te poser une question fondamentale pour moi. Est-ce que tu te souviens du déclic ? Tu as peut-être 12 ans, tu en as peut-être 25, je ne sais pas, du déclic où tu te dis je vais faire de la photo

  • Emeline

    L'université, je pense que quand j'ai pris... Moi, je savais que c'était les arts, si tu veux. Ma vie, je savais que c'était ça, ça a toujours été, je suis musicienne. Enfin, peu importe, tu me mets un pot de peinture, je suis heureuse, si tu veux. Et à un moment donné, à l'université, j'ai pris l'option photographie et là, ça a été la révélation, vraiment. À tel point que j'ai une petite anecdote, si tu veux bien. En fait, j'étais tellement en labo et en lumière rouge, en lumière inactinique, tu sais. Mon directeur d'université m'a proposé de devenir carrément prof de photo, alors que j'étais moi-même en études, mais j'étais en licence, je crois. Et donc, il m'a dit, si tu veux, vu le travail que tu fais, je peux te proposer d'enseigner aux premières années. Et donc, j'ai repris le labo en Argentique et j'avais équipé le labo et j'étais tout le temps en labo. Je faisais toujours mes projets en photo, en photo, en photo, en photo. J'étais tellement en lumière rouge que quand je sortais, je voyais vert. Je voyais la complémentaire. Et au début, je ne comprenais pas ce qui se passait. Je ne savais pas ce qu'il se passait. J'allais voir l'ophtalmo et il m'a dit bah non madame, il faut arrêter de... faut juste prendre le soleil un petit peu, arrêter d'être en labo. Mais en fait, voilà, c'était vraiment, ça a été là le moment fondateur, je pense.

  • Jingoo

    Alors, j'ai une autre question à te poser parce que tu fais énormément de portraits intimistes. Et alors, dans le cadre des portraits intimistes que tu produis, que ce soit les bébés, les mamans, quelle est ton astuce, ton truc pour que ton sujet se sente bien ? Est-ce que c'est toujours la même chose ? Pour établir cette connexion, est-ce qu'il y a un scénario précis ? Par exemple, moi, j'aime bien leur faire boire un petit café et qu'ils se fassent maquiller. Comme ça, ils me racontent leur vie pendant ce temps-là. Tu vois ? J'aime bien... J'aime bien les projeter dans le souvenir pour qu'ils oublient l'appareil photo. Et j'ai vu dans ton travail que c'est tout le temps ça. Je vois cette femme enceinte, merveilleuse de beauté. Elle sourit naturelle avec ce grand truc qui part. Je pense qu'il y avait un bon ventilateur dans le studio. Mais elle a un très joli sourire. On voit qu'elle n'a pas l'habitude d'un shooting photo. Et en même temps, on sent qu'elle est heureuse d'être là. Alors, tu vois, quel est ton... petit truc à toi, Emeline, pour que tes sujets se sentent bien.

  • Emeline

    Alors, tu as raison, il faut bien sûr bien les accueillir, ça commence par là, et puis leur dire qu'on va être, qu'on est là pour faire de très belles images d'eux, et qu'ils peuvent poser les choses. On sait qu'ils n'ont pas l'habitude d'être photographiés, mais ça ne fera pas un souci ici, puisqu'on va tout mettre en place pour créer des conditions idéales. Donc évidemment, ils sont reçus avec un petit café, on discute, on prend le temps de. Je ne suis pas à la montre et je m'occupe d'eux. Et si je vois que quelqu'un a besoin de plus de temps, eh bien, je vais prendre davantage de temps, on va discuter un petit peu, parler d'autres choses. S'ils ont besoin de voir une de mes images, j'ai aucun problème à montrer le dos de mon boîtier. Les photos sont déjà très jolies ainsi. Et donc, il n'y a pas de souci. Et oui, tout va bien. Ah oui, elle est déjà là. Ah oui, quand même.

  • Jingoo

    Oui, ça. Oui, oui, oui. Oui, oui.

  • Emeline

    Allez et puis tout va bien et ensuite effectivement d'autres choses, à tel point que moi j'ai l'effet inverse si tu veux, ils sont tellement en décontraction que parfois je suis obligée de recadrer et de dire, hé, s'il vous plaît pensez à ce qui est en train de se passer pensez simplement à ce qui est en train de se passer, là je suis en train de vous mettre en lumière vous attendez un bébé il est en train de grandir à l'intérieur de vous et voilà, restez en conscience de ce moment là et tu vois, ça des fois, je vais le chercher parce que... Parce qu'on rigole, en fait. Nous, ils ne se font pas photographier. Ils viennent se marrer, en vérité. C'est ni plus ni moins que ça. Et ils aiment, souvent, c'est ce que me disent les clients. Ils sont contents parce que je les mets à l'aise. Et je pense que c'est une force ça.

  • Jingoo

    J'ai souvent fait des portraits de PDG. Ils n'ont que 10 minutes à consacrer. Ils arrivent déjà avec trois quarts d'heure de retard. Et je sais que tous les PDG ou directeurs financiers, peu importe, que j'ai photographiés, je leur demandais de penser à un souvenir d'enfance et d'y penser très, très fort pour avoir un regard bienveillant.

  • Emeline

    J'ai pas une astuce forcément. J'ai pas une clé.

  • Jingoo

    Ok. Oui, toi tu bases tout, enfin on fait tout ça, sur la connexion et le bien-être et la bienveillance que vous allez échanger entre vous. C'est ça, hein ?

  • Emeline

    C'est ça, mais je vais garder ton astuce, hein.

  • Jingoo

    Mais, alors attends. Si je peux dire, hé, la meilleure ouvrier de France 2023 m'a piqué une astuce, mais alors là...

  • Emeline

    Mais c'est la madeleine de Proust, et c'est le sens propre du souvenir, en fait. Là, tu vas chercher une corde qui est magnifique.

  • Jingoo

    Alors là, quand je vais dire ça à ma femme... Oui, c'est gentil, merci, Emeline. Quand je vais dire ça à ma femme, elle va jamais me croire. Donc, voilà. Et puis, alors, il y a un truc. Alors ça, c'est une question que j'avais très, très envie de te poser. Aujourd'hui, tu seras d'accord pour dire qu'on est envahi par l'image, à tel point que les gens, comme certaines entreprises, imaginent que les photographes sont gratuits ou doivent l'être. Alors, comment expliquer à ses clients la valeur de son travail ? Parce que certes, et ça je reprends ta phrase que tu m'avais dit il y a quelques jours, si la photo est tout d'abord une passion dévorante, elle est aussi et surtout un métier. Et là j'en reviens justement, et ça va lier aussi un peu à une autre question que je vais te poser. Comment alors, il y a cette première partie, tu vois t'as un peu de taf là, et la deuxième partie c'est, comment peut-on allier cette passion de l'image qui t'a bouffé les yeux à tel point que tu voyais tout en vert, à chef d'entreprise où on doit faire de la publicité, de la comptabilité, payer ses charges, comment on arrive à conjuguer tout ça ? Là, je t'ai laissé carte blanche.

  • Emeline

    Oui, alors c'est une vraie question. Commencer son métier, on n'envisage pas, pour n'importe quel autre métier, on n'envisagerait pas de le faire juste par passion ou sans se rémunérer. Ça ne marche pas en fait, sinon en plus de ça, non seulement on rêvait d'un métier, mais au final vous ne l'atteindrez jamais. Il faut se former, il faut apprendre toutes les casquettes qu'on n'a pas. Si c'est dans la photographie, on apprend à photographier. Et bien sûr que la passion, c'est génial de faire le métier qu'on aime, mais en aucun cas, ça doit être gratuit. C'est là où on se trompe, c'est là où vous brisez même votre propre marché en vérité. Puisqu'il y a un turnover qui est formidable, alors ça c'est vrai qu'on voit ça débouler. Voilà, des tas de gens qui voient que le côté paillettes, qui se lancent dans l'aventure et à la limite pourquoi pas, il y a de l'élan, allez, c'est bien, on y va. Mais quand tu vois que ça arrive en brisant les prix du marché parce qu'ils ne sont pas encore au niveau, donc ok. Sauf que le jour où ils seront au niveau, il y a un problème quand tu as d'autres qui arrivent et qui sont à nouveau sur des prix qui ne correspondent à rien, qui sont des prix du marché vietnamien. Ça, ça ne peut pas tenir dans le temps. Et encore moins, c'est ce qui fait qu'il y a beaucoup de turnover. Aujourd'hui, un photographe, quand il se lance, il dure moins d'un an, un an et demi. Il faut bien réfléchir et il faut surtout faire les choses de façon professionnelle. Sinon, ça s'appelle un hobby.

  • Jingoo

    Et sur l'histoire, je suis absolument d'accord avec toi. Sur l'histoire de la culture de l'image gratuite, comment tu fais pour expliquer à tes clients que, je prends le mariage, parce que c'est le sujet bateau qui vient. On appelle beaucoup les photographes professionnels, et je sais que tu en fais. Comment tu expliques qu'un budget de mariage, ce n'est pas 400 euros ?

  • Emeline

    Quand tu vas amener ta voiture chez le garagiste, il sort la clé, il regarde en dessous de la voiture, il a passé une heure, il te facture 75. Bon ben voilà, donc du coup, un mariage entre le jour J de prestation et le temps de post-prod qu'il y a derrière, évidemment que ça a de la valeur, sinon ils prennent n'importe qui et ils prennent tonton, point. mais tu leur expliques tout ça ? oh bah oui et en même temps tu sais j'explique tout ça mais tu sais on a la clientèle aussi qu'on veut bien se trouver c'est à dire que quand ils viennent me voir ils savent pourquoi ils viennent me voir et quand ils rentrent au studio tu sais les choses sont dites il suffit de regarder et de te rendre compte, voilà, tu passes le regard à droite, le regard à gauche, tu regardes tout droit, tu te dis, ouais, ok, d'accord, bon. Et ils ne me prennent pas parce que, par rapport à un prix, ils me prennent pour mon travail, pour ce que je vais faire pour eux, point. Et ça ne se discute pas, un mariage à 400 euros, mais enfin, on vit en France, quoi.

  • Jingoo

    En fait, ils arrivent dans ton studio, ils savent déjà qu'ils ont le budget, ils savent très bien que tu ne vas pas être à 400 euros. Et donc, ils viennent vers toi avec la démarche de... Rendez-nous beaux, rendez ce mariage extraordinaire parce qu'on a confiance en vous. Et on est prêts à mettre les moyens.

  • Emeline

    Exactement et encore, je suis tout à fait raisonnable. Je n'ai pas des prix vraiment très hauts. Je n'ai pas des prix de meilleure ouvrier de France. Je suis restée très accessible parce que pour l'instant, ce n'est pas l'ordre du jour. J'aime faire plaisir aux gens et j'ai des clients que je suis depuis des années. Donc, quand ils veulent se marier, évidemment qu'ils viennent me chercher.

  • Jingoo

    On va parler un petit peu de Jingoo. Ouh ouh !

  • Emeline

    Ouh ouh !

  • Jingoo

    Donc tu es inscrite chez nous depuis 2010, c'est-à-dire pratiquement 14 ans. Merci pour ta fidélité. Alors ma première question tout de suite, elle est très simple. Pourquoi Jingoo ?

  • Emeline

    C'est l'évidence. Pourquoi Jingoo ? Parce qu'ils étaient là effectivement il y a 14 ans en arrière. Je cherchais un laboratoire, un laboratoire qui a un certain nombre d'exigences. Tu imagines bien que la colorimétrie, c'est quelque chose que j'ai dans l'œil depuis longtemps. La qualité, évidemment, ça fait partie de mon mindset, de ma façon de voir les choses et de travailler depuis toujours. Donc, il me fallait un labo, voilà, digne de ce nom. Et en fait, Jingoo, j'ai fait une première commande. Et en fait, c'est le travail qui parle pour eux. C'est-à-dire que ce que j'ai reçu, c'était impeccable. Et tiens-toi bien, en 14 ans, je n'ai pas un seul SAV. Je réfléchissais à ça un peu. Je me disais, mais attends, quand est-ce qu'on va envoyer une commande Jingoo ? Jamais. Jamais. Et pour info, avant, j'avais un laboratoire aussi de quartier, des gens que j'aimais beaucoup et qui faisaient du mieux, qui faisaient du très bon travail aussi. Mais j'avais toujours, je vais chercher des couleurs un peu particulières, notamment sur les nouveaux-nés, sur les bébés. Je vais chercher des couleurs qui sont un peu difficiles à sortir quand même. Et avec eux, je n'ai jamais de soucis, de rien du tout. Donc en fait, rapidité d'exécution, papier épais, colorimétrie impeccable, ils remplissent 100% de la mire. Je n'ai pas de soucis, ça me fait gagner du temps. Donc en fait, la question, ce serait plutôt pourquoi pas Jingoo ?

  • Jingoo

    Et alors justement, comment tu utilises les galeries Jingoo ? Si tu les utilises, pourquoi ?

  • Emeline

    La même chose, c'est-à-dire que c'est extrêmement facile d'utilisation, que le client, je peux lui proposer, donc je le reçois d'abord en rendez-vous, je travaille avec lui, je lui projette les images dans mon salon sur un écran géant. Et ensuite, quand il repart, je lui propose, voilà, en attendant de recevoir sa commande, que je fasse les dernières petites retouches, que tout soit parfait, je lui propose la galerie. On peut la partager à ses amis, ainsi de suite. C'est pratique. Que tu veuilles la méthode 1 ou la méthode 2, qui est en libre téléchargement et il y a un petit service de labo à prix support. Enfin, l'un comme l'autre, je trouve que c'est très pratique d'utilisation.

  • Jingoo

    Pourquoi as-tu choisi le système en ligne maclasse.photo ?

  • Emeline

    Alors, maclasse.photo me permet de gagner du temps. C'est-à-dire que moi, c'est vraiment la question aujourd'hui qui est très présente dans ma vie, c'est de trouver du temps dans mon agenda. Et donc, j'ai une organisation où je sélectionne vraiment les portraits qui ont besoin, je les inclus vraiment à l'intérieur de maclasse.photo, et ensuite, tout se gère, tout se fait. J'ai une lecture du tableau de bord, la qualité est impeccable. Quand je contrôle, je pointe. Il ne manque jamais une pochette, tout est nickel, le travail est bon.

  • Jingoo

    Quand on avait parlé de Jingoo, tu m'avais dit une très jolie phrase, "c'est une main tendue vers".

  • Emeline

    Mais en plus, ils ont une dimension qui est intéressante. Moi, il font sourire, tu sais, des fois, on est dans la réalité de notre travail et donc il faut envoyer. On est en post-prod, il y a des jours, voilà, comme partout. Et puis d'un coup, tu reçois un petit message, alors Bertrand, Nicolas, que sais-je, toute l'équipe. Et ils t'ont trouvé le partenaire sympa pour se former, le partenaire pour s'assurer. Enfin, voilà. C'est vraiment une main tendue vers. Et j'aime ce côté Made in France aussi. Il y a un côté cocorico qui me plaît bien. Il faut faire travailler un maximum les gens comme ça, qui ont cette intelligence de s'ouvrir à. Il y a un côté un peu communautaire. Je trouve ça très bien. Le travail est bon et l'attitude est bonne. C'est vraiment top. Et je ne dis pas ça parce que... C'est vraiment parce que je le pense.

  • Jingoo

    Le système de vente en ligne Jingoo maclasse.photo, est-ce que c'est parce que c'est français, parce qu'ils sont là depuis longtemps, que c'est la première plateforme bas-carbone, le côté mutualiste, la proximité avec le service client, le professionnalisme ?

  • Emeline

    Alors oui, le professionnalisme, la possibilité d'appeler Jingoo et tu as toujours une réponse. Marie te répond avec le sourire et te conseille. La fois dernière, petit exemple, on a fait un regard rapide sur nos paniers. On s'est rendu compte que là, on pouvait améliorer, nous donner un conseil. J'appelais pour toute autre chose et ils n'ont pas loupé l'occasion de me proposer un conseil de plus commercialement. C'est comme ça que j'envisage les choses à chaque fois, essayer de donner toujours un petit peu plus. Ils sont vraiment dans cette démarche-là.

  • Jingoo

    Alors maintenant, je voudrais qu'on parle d'une tendance que j'ai vu apparaître dans la photographie de mariage ou autre. C'est-à-dire qu'en ce moment, tu as des photographes qui publient pour leurs clients dans des galeries Jingoo des photographies qui ne sont pas vendables encore dans l'état. C'est-à-dire qu'ils viennent voir des photos, tu vois ce que je veux dire, qui ne sont pas retravaillées. Et donc, les clients sélectionnent la demande... Attends, attends, je te sens bien arriver là. Mais le client, donc le photographe, demande au client de sélectionner des photos qui ne sont pas prêtes pour s'épargner du temps. Moi, je trouve cette démarche très, très bizarre parce que, d'abord, il y a un aller-retour du client vers la photo. C'est-à-dire que je choisis une fois et je reviens une deuxième fois, déjà. Alors le client, il a peut-être d'autres choses à faire. Et surtout, je trouve qu'on enlève la magie de notre métier en faisant ça. C'est vrai qu'on a des photos qui ne sont pas toujours réussies, mais grâce aux outils qu'on maîtrise plutôt bien aujourd'hui, je pense qu'on arrive à corriger nos erreurs. C'est vrai qu'on peut avoir un coup de flash, bon, cramé, c'est raté, mais tu vois ce que je veux dire, on peut avoir un peu de sous-ex, de sur-ex, on peut arriver à la rattraper. Que penses-tu de cette démarche qui arrive ? Je ne te mens pas, ça arrive.

  • Emeline

    Oui, après, il faut de tout pour faire un monde. Et puis, chacun voit midi à sa porte. Mais encore une fois, je pense que là, tu es vraiment dans une démarche de je veux travailler moins. C'est vrai que c'est la donnée en ce moment, travailler moins ok. Mais du coup, tu es loin, loin, loin d'arriver en proposant un tarif qui correspond à ton savoir-faire, puisque finalement, tu le brades. Et puis tu sais, ça aussi, c'est une façon de faire. C'est un tue-l'amour, c'est comme la télé dans la chambre. Il y a un moment donné, je ne sais pas quoi dire. L'important, c'est de voir ce qui est invisible pour les autres. Donc évidemment qu'il faut travailler sa post-prod et proposer un service fini. Je ne sais pas, ne sois pas à ce moment-là. À ce moment-là, tu es à quel prix quand tu fais ça ? Je ne sais pas, il faudrait voir le... prix en relation, si t'es à 400 balles, bon bah oui, alors soit à 400 balles et fait comme ça, mais moi je préfère être un peu plus haut et faire un travail complètement de A à Z. Quand je partage la galerie, c'est prêt à partager à tous les autres, tu vois, je fais attention à envoyer les cartes de remerciements en même temps et on fait un strike du tonnerre quoi, enfin voilà. Donc il y a toujours plein de façons de faire, chacun doit trouver la sienne, mais si on est dans une optique de qualité, ben voilà, ça sera pas forcément la mienne.

  • Jingoo

    Alors, Pourquoi commandes-tu les tirages au laboratoire Jingoo ? Et quel type de tirage commandes-tu ? Puisque je crois savoir, d'après mon petit doigt, tu as quand même des équipements pour réaliser tes propres tirages.

  • Emeline

    Oui, ça me permet, quand il y a des urgences, je peux faire un peu comme ça. Mais sinon, c'est encore une fois pour gagner du temps. Pendant un moment, j'avais essayé de garder ma prod, mais ça impliquait un emploi ici en plus et un emploi, pas n'importe lequel, avec vraiment un oeil du tonnerre. Au final, on ne s'est pas dirigé là-dessus. Si chacun faisait son métier, c'est pas mal aussi. Ils sont bons, on les prend. Les prix sont raisonnables. Là, vraiment, la question, c'est pourquoi s'en passer ? Dans mon cas.

  • Jingoo

    Moi, j'ai très envie de te poser une question. Est-ce que tu as en tête une belle anecdote de photos, une photo que tu vas prendre avec un beau souvenir, ou il y a une photo, elle te rappelle un souvenir tendre ou dur, j'aimerais bien que tu partages ça avec nous.

  • Emeline

    C'est peut-être la photo, une des photos du meilleur ouvrier de France qui a une histoire particulière. Donc en fait, j'avais comme sujet la photographie d'un sportif en situation de handicap. Et à une semaine, dix jours du concours, de la date butoir, on envoie une bouteille à la mer, on envoie un message à Nathan, qui est passé à l'émission La France a un incroyable talent. Et donc il nous répond, deux jours après il nous répond, et puis on fonce à Montpellier, on y va, par contre on est exténués, on doit se relayer sur la route pour arriver là-bas, on arrive là-bas. J'avais prévu un éclairage de jour, j'avais imaginé toute une scène. Je dessine et je projette mes photos avant. Et donc, j'avais quelque chose de très, très précis dans la tête. Et on galère dans Montpellier, on n'arrive pas à se garer, on n'arrive pas à descendre au quai, j'arrive pas à... Il n'y a rien qui va ce jour-là, tu vois. Les journées où... Et puis bon, je fais des choses, ok. Et à l'intérieur de moi, tu sais, je sens que... Ça va pas. Je sens que ça va pas. Je sens que ça va pas, je commence à me décomposer, on va manger, puis la séance est finie. Puis on va manger, on est sur la place de la comédie. Oh là là là là, et moi je me déconfie et je pars de table et je m'en vais finalement dans la ville de Montpellier et je vois une grille qui est rétro-éclairée. Je me dis, mais purée, je suis montée super fin, quoi. J'ai une lampe et un réflecteur. Qu'est-ce que tu fais avec une lampe et un réflecteur ? Ok, donc je vais voir Nathan et je lui demande s'il te plaît tu aurais encore 5 minutes à m'accorder. Il me dit oui, parce que lui c'est fatigant tu sais d'être sur les bras, si tu vois cette photo, il s'élève du fauteuil, il se grandit, il forme un V avec son corps comme le V de la victoire, parce que lui il a une histoire tellement incroyable, et donc au bout d'un moment les poignets sont très fatigués quoi. Et donc il m'accorde quand même 5 minutes, et on fait cette photo. Et tu vois... il y a une petite dose de magie qui s'est invitée ce jour-là, c'est-à-dire que dans le réflecteur, Nico le tient, et donc on fait un rétro-éclairage, je mets la lampe à l'arrière de mon modèle, Nathan s'élève du fauteuil, et la lumière rebondit sur le réflecteur pour en rediffuser légèrement sur mon sujet. Et quand il prend le réflecteur, on est un peu à l'arrache, et il y a de la poussière qui tombe, et du coup ça vient faire la paillette qui descend. et qui se prend dans la lumière. Donc, ça, c'est une très belle anecdote parce qu'elle correspond à beaucoup de... Enfin, entre parenthèses, quoi. Pour moi comme pour lui.

  • Jingoo

    Merci d'avoir passé. Alors, Jingoo et moi, on te remercie vraiment pour ce moment incroyable qu'on a passé ensemble, pour toutes tes réponses, avec ce petit accent d'Aveyron parce que je les ai noté : rose, heureuse, et je me trompe.

  • Emeline

    Merci à toi en tout cas d'avoir posé ces questions, de passer ce moment. C'était super chouette. Et continuez encore l'équipe Jingoo. Bravo. On est heureux d'être avec vous.

  • Jingoo

    Je pense qu'on va continuer comme ça ensemble longtemps, Jingoo et toi. Merci beaucoup, Emeline.

  • Emeline

    Merci. Merci à toi, Gilles. À très bientôt. Au plaisir. Tu viens au studio quand tu veux.

  • Jingoo

    Vous pouvez retrouver tout le travail d'Emeline sur son site studio-end.com. Et en attendant notre prochaine rencontre, faites de belles photos. Et à bientôt.

Chapters

  • Tempo: 110.0

    00:00

Description

Meilleur ouvrier de France 2023, elle nous raconte sa passion, son métier, son quotidien, comment elle est devenue MOF, ce que cela lui apporte, ce que cela lui rapporte, comment elle perçoit la plate-forme Jingoo, comment elle s’en sert, comment elle en tire parti en harmonie avec sa vision de haute qualité de travail.


Le monde d’Émeline est à découvrir au travers de ce podcast, de ses photos, ça vaut le coup d’œil.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Jingoo

    Bonjour à tous, bienvenue sur les podcasts Jingoo. Notre volonté, donner la parole aux photographes de métier qui ont réussi à bien en vivre. Que l'on soit un photographe chevronné ou arrivant dans la profession, même si vous en savez déjà beaucoup, cela peut vous inspirer. Photographe, c'est un métier. Ils vont vous dire comment ils l'appréhendent, les clés de leur réussite. Bonne écoute et à bientôt sur Jingoo. Bonjour, je suis Gilles Vautier, photographe. Aujourd'hui, je suis allé à la rencontre d'Emeline Delsaut, meilleure ouvrier de France 2023, installée à Rodez. Elle et moi, on va parler de photographie, mais aussi de renaissance, d'art, d'Afrique, de création, de miracle et bien sûr, de Jingoo. Alors, bienvenue dans le monde d'Emeline. Emeline Delsaut est une photographe accomplie spécialisée dans les séances familiales, les portraits de futures mamans et les photos de mamans avec leur bébé. Sa sensibilité artistique et son œil affûté lui permettent de capturer des moments intimes et précieux, transformant chaque cliché en un souvenir intemporel. En 2023, Emeline a été honorée du titre de meilleure ouvrière de France. Pardon, je sais qu'elle n'aime pas ça. En 2023, Emeline a été honorée du titre de meilleur ouvrier de France dans la catégorie photographie d'art. Cette distinction prestigieuse est une reconnaissance de son talent exceptionnel et de son dévouement à son art. Cette réussite est d'autant plus significative et importante qu'elle suit les traces de son papa, lui-même meilleur ouvrier de France en taille de pierre, 26 ans auparavant. La carrière d'Emeline est marquée par une passion profonde pour la capture de l'essence humaine et des émotions authentiques faisant d'elle une photographe très appréciée et respectée dans son domaine. Bonjour Emeline, que penses-tu de cette présentation ? Parce qu'elle n'est pas de moi mais de l'intelligence artificielle et c'est ce qu'elle me pond quand je lui demande de me parler de toi.

  • Emeline

    Bonjour Gilles, écoute, merci, très belle intro, oui oui, effectivement, je pense qu'elle est allée voir sur mon site internet et qu'elle s'est nourrie, et voilà, et on y va tous, de toute façon sur l'intelligence artificielle, il faudra effectivement prendre le pas, mais en attendant, moi j'aime bien parler de l'intelligence de l'IH, tu vois, l'intelligence humaine.

  • Jingoo

    Et toi, ça serait quoi tes influences artistiques alors ?

  • Emeline

    Alors moi je suis une passionnée d'histoire de l'art, c'est vraiment, c'est ce que j'ai étudié quand j'étais à l'université. Donc j'ai commencé juste avant la Renaissance à peu près, jusqu'à nos jours, sur tous les continents. Après, dans mes préférés, préférés, dans mes chouchous, moi j'aime bien la Renaissance, de toute façon ça a toujours été. J'aime bien ce côté classique des Grecs, des Hellénistes. Après, j'aime aussi la folie des plasticiens, Bacon, tu vois, j'aime aussi David Hockney non pas en tant que peintre mais en tant que photographe. Et en termes, un autre aussi, c'est Sebastiao Salgado, qui a été une vraie révélation. Il a une magie inégalée.

  • Jingoo

    Il a une manière de montrer les choses qui est unique, oui, ça c'est clair.

  • Emeline

    Et c'est quelque chose de très beau. J'ai aussi un des derniers que j'adore, c'est Jimmy Nelson aussi, si je me trompe pas.

  • Jingoo

    Et c'est qui celui-là, alors ce brave-là ?

  • Emeline

    Celui-là, écoute j'ai tous ses bouquins. Jimmy Nelson, c'est un passionné. Il va rencontrer les peuples autochtones qui sont en perdition. Mais tu vois, là, c'est des peintres. Enfin, c'est des peintres. Ouais, c'est pas faux comme lapsus. Mais c'est des photographes qui racontent le monde. Voilà, chose que je ne fais pas du tout. Moi, je suis très très ancrée dans ma localité. Mais ça me fait rêver, quoi. C'est vraiment des photographes, des peintres de lumière, quoi. Il n'y a pas de doute.

  • Jingoo

    Meilleur ouvrier de France en 2023, je crois que pour toi, c'était important. Parle-en, qu'est-ce que c'est pour toi ? Comment c'est arrivé ? Comment ça s'est passé ? Vas-y, raconte.

  • Emeline

    Alors, disons que le meilleur ouvrier de France, c'est un rêve de petite fille. Parce qu'en fait, moi je connais le MOF. J'avais 10-12 ans quand mon père a passé son premier concours. Il est tailleur de pierre. Et donc, si tu veux, j'ai toujours eu des MOF pas loin ou un travail exceptionnel à aller voir dans un atelier, chez un maroquinier. Voilà. Je sais que c'est des gens qui adorent le détail, qui sont vraiment dans la recherche de leur métier au plus haut niveau. Et du coup, ça m'a toujours intéressée et passionnée. Et je me souviens d'une expo universelle que j'avais faite, où on est allé voir des tas d'autres meilleurs ouvriers de France dans plus de 280 métiers. J'avais été ébahie par ça, parce que c'est juste incroyable, en fait. C'est un savoir-faire incroyable, les charpentiers, les body painting, et je me souviens être restée très longtemps à contempler une pomme en photographie. Je ne sais pas qui l'a faite, parce que j'étais jeune, mais je me souviens encore de cette photo, j'étais chez une photographe et je vois cette... Et je suis restée longtemps à la regarder, parce que la lumière était particulière, parce que... Je ne sais pas, et il y a... C'est... C'est magnétique un peu, il y a un truc magnétique. J'aime contempler, c'est la contemplation silencieuse, mais c'est quelque chose de magnifique. Et donc oui, passer le MOF, c'était inatteignable. D'autant que moi, je ne viens pas d'une école de photo, je suis une autodidacte. J'ai étudié à l'université et j'ai fait mon œil plastiquement, artistiquement. Mes mains, c'est moi qui les ai travaillées finalement dans mon métier tous les jours. Et donc... Avoir le MOF, c'est quand même quelque chose. Donc je l'ai passé et ça s'est très bien passé.

  • Jingoo

    Raconte-moi un petit peu, c'est pas si évident que ça le cheminement du MOF quand on veut le gagner. Vas-y, raconte-nous un peu, que les photographes se disent que c'est quand même un sacré graal à décrocher.

  • Emeline

    Oui, c'est un graal parce qu'en fait, il faut accepter tellement et repousser ses limites en permanence. C'est un parcours du combatant, c'est vraiment ça. Moi, je l'ai passé une première fois et en fait, j'ai eu 16 de moyenne, donc je n'étais pas loin, mais ce n'était pas parfait. Et donc, quatre ans après, puisque c'est une session tous les quatre ans, quatre ans après, j'y suis retournée avec le couteau entre les dents. C'est-à-dire que là, je me suis dit, je vais donner vraiment... J'étais prête à perdre aussi. On ne fait pas le deuxième comme on fait le premier. Le premier, on a vraiment espoir de prouver qu'on est capable de. Et puis peut-être qu'en perdant, finalement, on a cette humilité qui va faire que quand le deuxième, on y retourne, on y va d'une autre façon, on appréhende les choses d'une autre façon. Et cette fois-là, c'était un rendez-vous avec moi-même, ce n'était pas avec les autres. Techniquement, vous savez qu'il n'y avait aucune place à... aucune erreur possible. Donc techniquement, ça devait être béton. Et artistiquement, je voulais surtout qu'il y ait ma signature. Je voulais qu'il y ait une densité visuelle qui soit la mienne. Peut-être que sur le premier, je n'ai pas osé ça, ou un petit peu, ou de façon légère, ou de façon maladroite. Sur le deuxième, par contre, il n'y avait pas d'ombre au tableau. C'était dans le mille tout de suite. J'étais prête à perdre, par contre. Je savais que d'y aller, c'était un temps énorme. C'est-à-dire qu'on met vraiment sa vie entre parenthèses. On vit, on respire, on dort, Meilleur Ouvrier de France, pendant des mois. Et une fois que... Voilà, donc je savais que je ne pouvais pas le faire une autre fois. Je n'aurais pas ce luxe-là de mettre ma clientèle, entre parenthèses, mes enfants, entre parenthèses, ma vie, entre parenthèses, à ce point-là, je ne pouvais pas. Donc, j'y suis allée comme un saut dans le vide, en fait. Et en même temps, ça a été super chouette. Je retiens aussi surtout les rencontres, les gens qui ont gravité, qui m'ont aidée aussi à participer. En tant que modèle, en tant que je te prête un accessoire, vas-y, tu vas y arriver, on croit en toi. Il y avait vraiment énormément de signes tout autour de moi qui m'ont aidé, qui m'ont porté, qui m'ont aidé à le faire agréablement.

  • Jingoo

    Et justement, quand tu parles que tu as mis ta vie entre parenthèses, c'est combien de temps entre parenthèses ?

  • Emeline

    Moi, je suis un peu spéciale. Normalement, on met un an pour faire le concours. Et moi, il y a eu un petit soucis de report de note. Bref, on a d'abord annoncé que ce n'était pas bon. Et quand j'ai demandé mes notes, ils se sont rendus compte, mais cinq ou six mois après. Donc moi, je suis la seule candidate à être rentrée dans le concours après les autres. Et donc moi, je l'ai fait en trois mois. C'était dur au stop, donc là, je mettais le réveil. Tu vois, on dormait, je dormais quelques heures, je mettais le réveil et je repartais. Quand je dis vraiment, je me suis... en dehors de toute limite. Et en même temps, je construisais mon studio. C'est-à-dire qu'en même temps, je construisais 400 m² ici, à Rodez. Et donc, en fait, avec une galerie d'art, avec tout ça, l'année 2023, c'était une année super héros quoi.

  • Jingoo

    J'ai vu que tu avais exposé à Miami aussi.

  • Emeline

    Oui, mais j'expose toujours, en fait. J'ai des œuvres là-bas. Donc ça, c'est la partie... où j'ose enfin me libérer un petit peu de l'artisanat et être juste artiste. C'est un cheminement également. Et donc, il y a un producteur aux Etats-Unis qui m'a appelée justement suite au premier concours que j'avais fait puisque c'était un portrait ethnique. Et donc, on ne sait jamais où nos œuvres partent. Elles ont été vues aux Etats-Unis. Cette personne m'appelle et me demande si je veux travailler sur l'histoire des Noirs aux Etats-Unis. Qui n'est pas un petit sujet, quoi. Pas un petit sujet, franchement. Et donc, j'ai fait une première oeuvre. J'ai été inspirée et j'ai envoyé une oeuvre d'un mètre par un mètre où je reprends les codes de Picasso, Les Demoiselles d'Avignon. Sauf que je le fais avec cinq muses noires et que je peins sur leur corps à la façon Picasso et que je leur rends hommage finalement. Je travaille autour de ça et quand il voit cette oeuvre arriver, il me dit Il m'en faut, c'est un travail colossal. Et donc, il a fallu, là encore, repousser les limites, travailler en dehors de tout cadre. Et j'ai exposé, j'ai envoyé une vingtaine d'œuvres qui sont toujours à Miami et j'expose pendant Art Basel, qui est énorme. C'est une des cinq foires qui comptent le plus dans le monde.

  • Jingoo

    Oui, c'est génial. Et c'est justement, alors là, tu fais, merci pour cette transition que tu m'offres, parce que je sais, tu m'as dit tout à l'heure que tu avais fait des études d'histoire de l'art pas de cours de photographie. Mais justement, ce qui m'intéresse beaucoup, c'est qu'il y a cette histoire, cette influence de l'art qui arrive, qui transgresse, qui découle très logiquement sur tes photos, ce que tu viens de raconter sur les Demoiselles de Picasso, sur tes 5 Princesses africaines, qui sont toujours exposées. Est-ce que ton travail, donc j'en arrive à la question, en fait, je ne respecte pas du tout mon questionnaire, mais est-ce que ton travail est très influencé, que ce soit avec ta clientèle, on va dire conventionnelle, corporate, familiale, etc. Euh... ou dans tes créations artistiques ? Est-ce que cette influence artistique de tes études, de ton savoir et de ta culture intervient ?

  • Emeline

    Alors, ça intervient, mais à différents niveaux. Quand on est artisan, finalement, on choisit que 50% de la photo, puisque nos modèles, c'est une surprise quand ils franchissent la porte. Donc, bien sûr qu'on va proposer un style, mais tu ne vas pas, ils ont une attente, les clients, ils ont besoin de montrer un sentiment dans leur famille. Donc, je travaille un style, un éclairage, une lumière, une colorimétrie, une composition. Je les mets à l'aise, bien sûr. Mais je n'envahis pas ma personne pro dans la photo, je laisse eux vivre leur moment et clairement je me mets à leur disposition et je photographie leur bonheur à eux. Et je trouve que c'est déjà une chance extraordinaire, c'est un métier extraordinaire, je partage leur joie. Dans les métiers qui s'offrent à nous aujourd'hui, le métier de photographe d'ailleurs c'est pas pour rien qu'il est choisi énormément, c'est parce que tout le monde en rêve, c'est ce côté paillette où on a l'impression que ce n'est pas un travail hors s'en est un. Parce que le faire tous les jours avec une régularité, avec un workflow, c'est-à-dire sortir une production, être dans les clous au niveau du marché, au niveau du prix, et toujours donner pour son client, sans qu'il le ressente, c'est un métier, et ce n'est pas qu'un petit métier d'ailleurs. Et après la partie artistique, là c'est complètement autre chose. Et j'ai mis du temps à oser, c'est quatre lettres, oser. C'est quatre lettres très importantes chez moi, parce que j'ai mis du temps à sortir de ma coquille et à me dire que j'avais le droit d'être. Parce que quand tu étudies l'art pendant autant d'années, quand tu l'adores comme moi, dire être artiste, c'est un grand pas. C'est quelque chose où on n'a pas l'impression de l'être. Une partie de nous du commun des mortels, les artistes, c'est autre chose. Donc, oser aller vers cette démarche-là, ça a été un vrai cheminement. Et maintenant, ça y est, j'ose un peu plus. Et surtout pour me faire plaisir et pour avoir le luxe de décider de bout en bout, de A à Z. Ma lumière, mes modèles, ce que j'ai envie de dire. Voilà, ça, maintenant, ça y est, c'est peut-être que le meilleur ouvrier de France aussi m'a aidé à passer ce cap.

  • Jingoo

    Tu as donc un compagnon qui est Nicolas, qui est ton associé, qui est ton acolyte photographique, qui est ton fantômas, on peut dire, en quelque sorte. Vous êtes photographe tous les deux. Alors, j'ai envie de savoir, parce que je suis un type très indiscret, comment vous vous êtes rencontrés ? Et puis, la deuxième question. Quelle est votre chanson ? Parce que quand on danse la première fois ensemble, il y a peut-être une chanson qui traîne, j'aimerais savoir ça.

  • Emeline

    Effectivement, tu as mis le doigt sur quelque chose, puisque Nico c'est mon pilier, c'est ce qui me permet, heureusement qu'il est là, il gère énormément de choses ici au studio. Il est plus dans l'ombre, mais il intervient énormément et il me permet d'être et de faire, ce qui est assez énorme. Donc on s'est rencontrés, voilà, Rue des Anges, ça s'invente pas.

  • Jingoo

    Oui, c'est joli. Et alors, est-ce qu'il y a une chanson là-dedans ?

  • Emeline

    Pink Floyd, Division Bell.

  • Jingoo

    Eh bien voilà. Alors, toujours dans les questions qui sont complètement idiotes et que j'ai envie de te poser, quel est ton plat préféré ? Parce que moi, je suis très penne a la chorizo et je sais très bien les faire. Quel est ton plat à toi ?

  • Emeline

    Moi, j'aime bien les lasagne. Je suis très cuisine italienne, alors voilà.

  • Jingoo

    Est-ce que tu es allée en Italie ?

  • Emeline

    Oui, à Florence. Voilà, avec mon père qui taillait la pierre dans les jardins du Palais Corsini et j'ai fait Florence à vélo avec mon frère. Un voyage fondateur aussi. C'était merveilleux.

  • Jingoo

    Ah, t'as fait de quoi ? Rodez de Florence en vélo ?

  • Emeline

    Non, non, non. J'ai été à Florence en vélo. Mais sur place. On a fait toute la ville comme ça et on se promenait à la lumière du soir. C'était juste extraordinaire. Entre les santa croce et compagnie, qui étaient tout autour de nous, enfin là pour quelqu'un qui aime la renaissance, c'était là qu'il fallait être.

  • Jingoo

    Alors, j'ai passé un moment sur ton site. Tu présentes beaucoup de domaines, du mariage au culinaire, en passant par le packshot, les reportages. Je n'oublie pas tes sublimes portraits de grossesse. Je suis très fan de ce que tu as fait et de tes nouveaux-nés aussi. Les portraits de boudoirs, les mariages en studio et puis la photo scolaire, évidemment. Alors, comment tu arrives à conjuguer autant de sujets en si peu de temps ?

  • Emeline

    C'est énormément de travail. Alors après, la donnée, c'est qu'en fait, j'ai commencé en zone très très rurale. Tu sais, je vis en Aveyron, dans une région où je n'étais pas du tout en ville, mais dans un tout petit village. Et quand j'ai commencé, eh bien, on avait pas le luxe de dire non à un travail et donc, photographie, comme beaucoup de photographes le savent, c'est écriture de la lumière. Donc, il n'y avait pas un sujet plus qu'un autre. J'ai accepté de travailler sur la famille, sur les nouveaux-nés et je me suis formée et j'ai appris. Et donc, j'ai cherché à gagner en compétences à chaque fois et à proposer quelque chose d'intéressant pour les clients. Donc, je suis capable de faire autant les savoir-faire que les savoir-être. Rien ne... J'aime tout en fait. C'est très difficile de choisir. J'aime tout. Bon, là, il est vrai que plus les années passent, plus ça devient compliqué de faire ce grand écart. Mais si tu veux, quand un client rentre chez moi, que ce soit pour une photo d'identité, que ce soit pour un mariage ou pour un très gros contrat, ils ont toujours le même soin et la même attention. Je me mets à leur service. Donc voilà, j'aime tout et je ne m'ennuie jamais. Du coup, tu vois, c'est quelque chose d'assez sympa.

  • Jingoo

    Le fait que tu sois à Rodez dans l'Aveyron, alors je vois à peu près où c'est géographiquement, parce que je suis très nul en géo. Est-ce que ça n'aide pas justement à partir du moment, alors je ne parle même pas du titre de meilleur ouvrier de France, mais d'avoir toute cette compétence technique, ce bagage, ces clients, est-ce que ça n'aide pas finalement à transformer cet essai en pari réussi et à en vivre surtout ? Parce que le métier de photographe, on en reparlera, mais le métier de photographe est très dangereusement compromis pour en vivre.

  • Emeline

    Oui, alors c'est sûr que pour en vivre, il faut travailler en fait, il faut travailler beaucoup. C'est vraiment la donnée. Et après, le fait d'être en zone rurale, peut-être que ça m'a un petit peu aidée au départ. Mais tu sais, en réfléchissant, j'ai commencé en étant complètement extérieure aux Aveyronais. C'est-à-dire que j'ai démarré à la page blanche. J'étais dans un petit 20 mètres carré coincé entre le canapé et la télé. Et c'était surtout la persévérance et la pugnacité qui a fait là où j'en suis aujourd'hui. J'ai encore rencontré mes premiers clients qui me revoient et qu'on a plaisir à revoir, parce que c'est devenu des amis maintenant, qui se souviennent très bien de mes débuts. Je n'ai été aidée par personne, je n'avais aucun réseau et ça a été juste à la force du poignet. Donc oui, je suis comme ça et aujourd'hui les clients ont une vraie reconnaissance de mon travail. C'est super. Et à en vivre, j'ai commencé petit et puis petit à petit tu te rends compte que quand tu comptes tes heures, parce qu'en fait, chef d'entreprise, c'est aussi, c'est une casquette importante. Photographe, c'est, oui, c'est formidable, c'est passionnant, c'est tout ce qu'on veut. Mais si tu veux durer dans le métier, t'as intérêt à compter quand même. Et en tout cas, à savoir ce que c'est qu'une heure de travail chargée, ouvrée, où tu payes tes taxes en France et compagnie. Donc tout ça fait partie de ton apprentissage et te permet de durer dans la longévité.

  • Jingoo

    On va revenir là-dessus, mais j'ai oublié de te poser une question fondamentale pour moi. Est-ce que tu te souviens du déclic ? Tu as peut-être 12 ans, tu en as peut-être 25, je ne sais pas, du déclic où tu te dis je vais faire de la photo

  • Emeline

    L'université, je pense que quand j'ai pris... Moi, je savais que c'était les arts, si tu veux. Ma vie, je savais que c'était ça, ça a toujours été, je suis musicienne. Enfin, peu importe, tu me mets un pot de peinture, je suis heureuse, si tu veux. Et à un moment donné, à l'université, j'ai pris l'option photographie et là, ça a été la révélation, vraiment. À tel point que j'ai une petite anecdote, si tu veux bien. En fait, j'étais tellement en labo et en lumière rouge, en lumière inactinique, tu sais. Mon directeur d'université m'a proposé de devenir carrément prof de photo, alors que j'étais moi-même en études, mais j'étais en licence, je crois. Et donc, il m'a dit, si tu veux, vu le travail que tu fais, je peux te proposer d'enseigner aux premières années. Et donc, j'ai repris le labo en Argentique et j'avais équipé le labo et j'étais tout le temps en labo. Je faisais toujours mes projets en photo, en photo, en photo, en photo. J'étais tellement en lumière rouge que quand je sortais, je voyais vert. Je voyais la complémentaire. Et au début, je ne comprenais pas ce qui se passait. Je ne savais pas ce qu'il se passait. J'allais voir l'ophtalmo et il m'a dit bah non madame, il faut arrêter de... faut juste prendre le soleil un petit peu, arrêter d'être en labo. Mais en fait, voilà, c'était vraiment, ça a été là le moment fondateur, je pense.

  • Jingoo

    Alors, j'ai une autre question à te poser parce que tu fais énormément de portraits intimistes. Et alors, dans le cadre des portraits intimistes que tu produis, que ce soit les bébés, les mamans, quelle est ton astuce, ton truc pour que ton sujet se sente bien ? Est-ce que c'est toujours la même chose ? Pour établir cette connexion, est-ce qu'il y a un scénario précis ? Par exemple, moi, j'aime bien leur faire boire un petit café et qu'ils se fassent maquiller. Comme ça, ils me racontent leur vie pendant ce temps-là. Tu vois ? J'aime bien... J'aime bien les projeter dans le souvenir pour qu'ils oublient l'appareil photo. Et j'ai vu dans ton travail que c'est tout le temps ça. Je vois cette femme enceinte, merveilleuse de beauté. Elle sourit naturelle avec ce grand truc qui part. Je pense qu'il y avait un bon ventilateur dans le studio. Mais elle a un très joli sourire. On voit qu'elle n'a pas l'habitude d'un shooting photo. Et en même temps, on sent qu'elle est heureuse d'être là. Alors, tu vois, quel est ton... petit truc à toi, Emeline, pour que tes sujets se sentent bien.

  • Emeline

    Alors, tu as raison, il faut bien sûr bien les accueillir, ça commence par là, et puis leur dire qu'on va être, qu'on est là pour faire de très belles images d'eux, et qu'ils peuvent poser les choses. On sait qu'ils n'ont pas l'habitude d'être photographiés, mais ça ne fera pas un souci ici, puisqu'on va tout mettre en place pour créer des conditions idéales. Donc évidemment, ils sont reçus avec un petit café, on discute, on prend le temps de. Je ne suis pas à la montre et je m'occupe d'eux. Et si je vois que quelqu'un a besoin de plus de temps, eh bien, je vais prendre davantage de temps, on va discuter un petit peu, parler d'autres choses. S'ils ont besoin de voir une de mes images, j'ai aucun problème à montrer le dos de mon boîtier. Les photos sont déjà très jolies ainsi. Et donc, il n'y a pas de souci. Et oui, tout va bien. Ah oui, elle est déjà là. Ah oui, quand même.

  • Jingoo

    Oui, ça. Oui, oui, oui. Oui, oui.

  • Emeline

    Allez et puis tout va bien et ensuite effectivement d'autres choses, à tel point que moi j'ai l'effet inverse si tu veux, ils sont tellement en décontraction que parfois je suis obligée de recadrer et de dire, hé, s'il vous plaît pensez à ce qui est en train de se passer pensez simplement à ce qui est en train de se passer, là je suis en train de vous mettre en lumière vous attendez un bébé il est en train de grandir à l'intérieur de vous et voilà, restez en conscience de ce moment là et tu vois, ça des fois, je vais le chercher parce que... Parce qu'on rigole, en fait. Nous, ils ne se font pas photographier. Ils viennent se marrer, en vérité. C'est ni plus ni moins que ça. Et ils aiment, souvent, c'est ce que me disent les clients. Ils sont contents parce que je les mets à l'aise. Et je pense que c'est une force ça.

  • Jingoo

    J'ai souvent fait des portraits de PDG. Ils n'ont que 10 minutes à consacrer. Ils arrivent déjà avec trois quarts d'heure de retard. Et je sais que tous les PDG ou directeurs financiers, peu importe, que j'ai photographiés, je leur demandais de penser à un souvenir d'enfance et d'y penser très, très fort pour avoir un regard bienveillant.

  • Emeline

    J'ai pas une astuce forcément. J'ai pas une clé.

  • Jingoo

    Ok. Oui, toi tu bases tout, enfin on fait tout ça, sur la connexion et le bien-être et la bienveillance que vous allez échanger entre vous. C'est ça, hein ?

  • Emeline

    C'est ça, mais je vais garder ton astuce, hein.

  • Jingoo

    Mais, alors attends. Si je peux dire, hé, la meilleure ouvrier de France 2023 m'a piqué une astuce, mais alors là...

  • Emeline

    Mais c'est la madeleine de Proust, et c'est le sens propre du souvenir, en fait. Là, tu vas chercher une corde qui est magnifique.

  • Jingoo

    Alors là, quand je vais dire ça à ma femme... Oui, c'est gentil, merci, Emeline. Quand je vais dire ça à ma femme, elle va jamais me croire. Donc, voilà. Et puis, alors, il y a un truc. Alors ça, c'est une question que j'avais très, très envie de te poser. Aujourd'hui, tu seras d'accord pour dire qu'on est envahi par l'image, à tel point que les gens, comme certaines entreprises, imaginent que les photographes sont gratuits ou doivent l'être. Alors, comment expliquer à ses clients la valeur de son travail ? Parce que certes, et ça je reprends ta phrase que tu m'avais dit il y a quelques jours, si la photo est tout d'abord une passion dévorante, elle est aussi et surtout un métier. Et là j'en reviens justement, et ça va lier aussi un peu à une autre question que je vais te poser. Comment alors, il y a cette première partie, tu vois t'as un peu de taf là, et la deuxième partie c'est, comment peut-on allier cette passion de l'image qui t'a bouffé les yeux à tel point que tu voyais tout en vert, à chef d'entreprise où on doit faire de la publicité, de la comptabilité, payer ses charges, comment on arrive à conjuguer tout ça ? Là, je t'ai laissé carte blanche.

  • Emeline

    Oui, alors c'est une vraie question. Commencer son métier, on n'envisage pas, pour n'importe quel autre métier, on n'envisagerait pas de le faire juste par passion ou sans se rémunérer. Ça ne marche pas en fait, sinon en plus de ça, non seulement on rêvait d'un métier, mais au final vous ne l'atteindrez jamais. Il faut se former, il faut apprendre toutes les casquettes qu'on n'a pas. Si c'est dans la photographie, on apprend à photographier. Et bien sûr que la passion, c'est génial de faire le métier qu'on aime, mais en aucun cas, ça doit être gratuit. C'est là où on se trompe, c'est là où vous brisez même votre propre marché en vérité. Puisqu'il y a un turnover qui est formidable, alors ça c'est vrai qu'on voit ça débouler. Voilà, des tas de gens qui voient que le côté paillettes, qui se lancent dans l'aventure et à la limite pourquoi pas, il y a de l'élan, allez, c'est bien, on y va. Mais quand tu vois que ça arrive en brisant les prix du marché parce qu'ils ne sont pas encore au niveau, donc ok. Sauf que le jour où ils seront au niveau, il y a un problème quand tu as d'autres qui arrivent et qui sont à nouveau sur des prix qui ne correspondent à rien, qui sont des prix du marché vietnamien. Ça, ça ne peut pas tenir dans le temps. Et encore moins, c'est ce qui fait qu'il y a beaucoup de turnover. Aujourd'hui, un photographe, quand il se lance, il dure moins d'un an, un an et demi. Il faut bien réfléchir et il faut surtout faire les choses de façon professionnelle. Sinon, ça s'appelle un hobby.

  • Jingoo

    Et sur l'histoire, je suis absolument d'accord avec toi. Sur l'histoire de la culture de l'image gratuite, comment tu fais pour expliquer à tes clients que, je prends le mariage, parce que c'est le sujet bateau qui vient. On appelle beaucoup les photographes professionnels, et je sais que tu en fais. Comment tu expliques qu'un budget de mariage, ce n'est pas 400 euros ?

  • Emeline

    Quand tu vas amener ta voiture chez le garagiste, il sort la clé, il regarde en dessous de la voiture, il a passé une heure, il te facture 75. Bon ben voilà, donc du coup, un mariage entre le jour J de prestation et le temps de post-prod qu'il y a derrière, évidemment que ça a de la valeur, sinon ils prennent n'importe qui et ils prennent tonton, point. mais tu leur expliques tout ça ? oh bah oui et en même temps tu sais j'explique tout ça mais tu sais on a la clientèle aussi qu'on veut bien se trouver c'est à dire que quand ils viennent me voir ils savent pourquoi ils viennent me voir et quand ils rentrent au studio tu sais les choses sont dites il suffit de regarder et de te rendre compte, voilà, tu passes le regard à droite, le regard à gauche, tu regardes tout droit, tu te dis, ouais, ok, d'accord, bon. Et ils ne me prennent pas parce que, par rapport à un prix, ils me prennent pour mon travail, pour ce que je vais faire pour eux, point. Et ça ne se discute pas, un mariage à 400 euros, mais enfin, on vit en France, quoi.

  • Jingoo

    En fait, ils arrivent dans ton studio, ils savent déjà qu'ils ont le budget, ils savent très bien que tu ne vas pas être à 400 euros. Et donc, ils viennent vers toi avec la démarche de... Rendez-nous beaux, rendez ce mariage extraordinaire parce qu'on a confiance en vous. Et on est prêts à mettre les moyens.

  • Emeline

    Exactement et encore, je suis tout à fait raisonnable. Je n'ai pas des prix vraiment très hauts. Je n'ai pas des prix de meilleure ouvrier de France. Je suis restée très accessible parce que pour l'instant, ce n'est pas l'ordre du jour. J'aime faire plaisir aux gens et j'ai des clients que je suis depuis des années. Donc, quand ils veulent se marier, évidemment qu'ils viennent me chercher.

  • Jingoo

    On va parler un petit peu de Jingoo. Ouh ouh !

  • Emeline

    Ouh ouh !

  • Jingoo

    Donc tu es inscrite chez nous depuis 2010, c'est-à-dire pratiquement 14 ans. Merci pour ta fidélité. Alors ma première question tout de suite, elle est très simple. Pourquoi Jingoo ?

  • Emeline

    C'est l'évidence. Pourquoi Jingoo ? Parce qu'ils étaient là effectivement il y a 14 ans en arrière. Je cherchais un laboratoire, un laboratoire qui a un certain nombre d'exigences. Tu imagines bien que la colorimétrie, c'est quelque chose que j'ai dans l'œil depuis longtemps. La qualité, évidemment, ça fait partie de mon mindset, de ma façon de voir les choses et de travailler depuis toujours. Donc, il me fallait un labo, voilà, digne de ce nom. Et en fait, Jingoo, j'ai fait une première commande. Et en fait, c'est le travail qui parle pour eux. C'est-à-dire que ce que j'ai reçu, c'était impeccable. Et tiens-toi bien, en 14 ans, je n'ai pas un seul SAV. Je réfléchissais à ça un peu. Je me disais, mais attends, quand est-ce qu'on va envoyer une commande Jingoo ? Jamais. Jamais. Et pour info, avant, j'avais un laboratoire aussi de quartier, des gens que j'aimais beaucoup et qui faisaient du mieux, qui faisaient du très bon travail aussi. Mais j'avais toujours, je vais chercher des couleurs un peu particulières, notamment sur les nouveaux-nés, sur les bébés. Je vais chercher des couleurs qui sont un peu difficiles à sortir quand même. Et avec eux, je n'ai jamais de soucis, de rien du tout. Donc en fait, rapidité d'exécution, papier épais, colorimétrie impeccable, ils remplissent 100% de la mire. Je n'ai pas de soucis, ça me fait gagner du temps. Donc en fait, la question, ce serait plutôt pourquoi pas Jingoo ?

  • Jingoo

    Et alors justement, comment tu utilises les galeries Jingoo ? Si tu les utilises, pourquoi ?

  • Emeline

    La même chose, c'est-à-dire que c'est extrêmement facile d'utilisation, que le client, je peux lui proposer, donc je le reçois d'abord en rendez-vous, je travaille avec lui, je lui projette les images dans mon salon sur un écran géant. Et ensuite, quand il repart, je lui propose, voilà, en attendant de recevoir sa commande, que je fasse les dernières petites retouches, que tout soit parfait, je lui propose la galerie. On peut la partager à ses amis, ainsi de suite. C'est pratique. Que tu veuilles la méthode 1 ou la méthode 2, qui est en libre téléchargement et il y a un petit service de labo à prix support. Enfin, l'un comme l'autre, je trouve que c'est très pratique d'utilisation.

  • Jingoo

    Pourquoi as-tu choisi le système en ligne maclasse.photo ?

  • Emeline

    Alors, maclasse.photo me permet de gagner du temps. C'est-à-dire que moi, c'est vraiment la question aujourd'hui qui est très présente dans ma vie, c'est de trouver du temps dans mon agenda. Et donc, j'ai une organisation où je sélectionne vraiment les portraits qui ont besoin, je les inclus vraiment à l'intérieur de maclasse.photo, et ensuite, tout se gère, tout se fait. J'ai une lecture du tableau de bord, la qualité est impeccable. Quand je contrôle, je pointe. Il ne manque jamais une pochette, tout est nickel, le travail est bon.

  • Jingoo

    Quand on avait parlé de Jingoo, tu m'avais dit une très jolie phrase, "c'est une main tendue vers".

  • Emeline

    Mais en plus, ils ont une dimension qui est intéressante. Moi, il font sourire, tu sais, des fois, on est dans la réalité de notre travail et donc il faut envoyer. On est en post-prod, il y a des jours, voilà, comme partout. Et puis d'un coup, tu reçois un petit message, alors Bertrand, Nicolas, que sais-je, toute l'équipe. Et ils t'ont trouvé le partenaire sympa pour se former, le partenaire pour s'assurer. Enfin, voilà. C'est vraiment une main tendue vers. Et j'aime ce côté Made in France aussi. Il y a un côté cocorico qui me plaît bien. Il faut faire travailler un maximum les gens comme ça, qui ont cette intelligence de s'ouvrir à. Il y a un côté un peu communautaire. Je trouve ça très bien. Le travail est bon et l'attitude est bonne. C'est vraiment top. Et je ne dis pas ça parce que... C'est vraiment parce que je le pense.

  • Jingoo

    Le système de vente en ligne Jingoo maclasse.photo, est-ce que c'est parce que c'est français, parce qu'ils sont là depuis longtemps, que c'est la première plateforme bas-carbone, le côté mutualiste, la proximité avec le service client, le professionnalisme ?

  • Emeline

    Alors oui, le professionnalisme, la possibilité d'appeler Jingoo et tu as toujours une réponse. Marie te répond avec le sourire et te conseille. La fois dernière, petit exemple, on a fait un regard rapide sur nos paniers. On s'est rendu compte que là, on pouvait améliorer, nous donner un conseil. J'appelais pour toute autre chose et ils n'ont pas loupé l'occasion de me proposer un conseil de plus commercialement. C'est comme ça que j'envisage les choses à chaque fois, essayer de donner toujours un petit peu plus. Ils sont vraiment dans cette démarche-là.

  • Jingoo

    Alors maintenant, je voudrais qu'on parle d'une tendance que j'ai vu apparaître dans la photographie de mariage ou autre. C'est-à-dire qu'en ce moment, tu as des photographes qui publient pour leurs clients dans des galeries Jingoo des photographies qui ne sont pas vendables encore dans l'état. C'est-à-dire qu'ils viennent voir des photos, tu vois ce que je veux dire, qui ne sont pas retravaillées. Et donc, les clients sélectionnent la demande... Attends, attends, je te sens bien arriver là. Mais le client, donc le photographe, demande au client de sélectionner des photos qui ne sont pas prêtes pour s'épargner du temps. Moi, je trouve cette démarche très, très bizarre parce que, d'abord, il y a un aller-retour du client vers la photo. C'est-à-dire que je choisis une fois et je reviens une deuxième fois, déjà. Alors le client, il a peut-être d'autres choses à faire. Et surtout, je trouve qu'on enlève la magie de notre métier en faisant ça. C'est vrai qu'on a des photos qui ne sont pas toujours réussies, mais grâce aux outils qu'on maîtrise plutôt bien aujourd'hui, je pense qu'on arrive à corriger nos erreurs. C'est vrai qu'on peut avoir un coup de flash, bon, cramé, c'est raté, mais tu vois ce que je veux dire, on peut avoir un peu de sous-ex, de sur-ex, on peut arriver à la rattraper. Que penses-tu de cette démarche qui arrive ? Je ne te mens pas, ça arrive.

  • Emeline

    Oui, après, il faut de tout pour faire un monde. Et puis, chacun voit midi à sa porte. Mais encore une fois, je pense que là, tu es vraiment dans une démarche de je veux travailler moins. C'est vrai que c'est la donnée en ce moment, travailler moins ok. Mais du coup, tu es loin, loin, loin d'arriver en proposant un tarif qui correspond à ton savoir-faire, puisque finalement, tu le brades. Et puis tu sais, ça aussi, c'est une façon de faire. C'est un tue-l'amour, c'est comme la télé dans la chambre. Il y a un moment donné, je ne sais pas quoi dire. L'important, c'est de voir ce qui est invisible pour les autres. Donc évidemment qu'il faut travailler sa post-prod et proposer un service fini. Je ne sais pas, ne sois pas à ce moment-là. À ce moment-là, tu es à quel prix quand tu fais ça ? Je ne sais pas, il faudrait voir le... prix en relation, si t'es à 400 balles, bon bah oui, alors soit à 400 balles et fait comme ça, mais moi je préfère être un peu plus haut et faire un travail complètement de A à Z. Quand je partage la galerie, c'est prêt à partager à tous les autres, tu vois, je fais attention à envoyer les cartes de remerciements en même temps et on fait un strike du tonnerre quoi, enfin voilà. Donc il y a toujours plein de façons de faire, chacun doit trouver la sienne, mais si on est dans une optique de qualité, ben voilà, ça sera pas forcément la mienne.

  • Jingoo

    Alors, Pourquoi commandes-tu les tirages au laboratoire Jingoo ? Et quel type de tirage commandes-tu ? Puisque je crois savoir, d'après mon petit doigt, tu as quand même des équipements pour réaliser tes propres tirages.

  • Emeline

    Oui, ça me permet, quand il y a des urgences, je peux faire un peu comme ça. Mais sinon, c'est encore une fois pour gagner du temps. Pendant un moment, j'avais essayé de garder ma prod, mais ça impliquait un emploi ici en plus et un emploi, pas n'importe lequel, avec vraiment un oeil du tonnerre. Au final, on ne s'est pas dirigé là-dessus. Si chacun faisait son métier, c'est pas mal aussi. Ils sont bons, on les prend. Les prix sont raisonnables. Là, vraiment, la question, c'est pourquoi s'en passer ? Dans mon cas.

  • Jingoo

    Moi, j'ai très envie de te poser une question. Est-ce que tu as en tête une belle anecdote de photos, une photo que tu vas prendre avec un beau souvenir, ou il y a une photo, elle te rappelle un souvenir tendre ou dur, j'aimerais bien que tu partages ça avec nous.

  • Emeline

    C'est peut-être la photo, une des photos du meilleur ouvrier de France qui a une histoire particulière. Donc en fait, j'avais comme sujet la photographie d'un sportif en situation de handicap. Et à une semaine, dix jours du concours, de la date butoir, on envoie une bouteille à la mer, on envoie un message à Nathan, qui est passé à l'émission La France a un incroyable talent. Et donc il nous répond, deux jours après il nous répond, et puis on fonce à Montpellier, on y va, par contre on est exténués, on doit se relayer sur la route pour arriver là-bas, on arrive là-bas. J'avais prévu un éclairage de jour, j'avais imaginé toute une scène. Je dessine et je projette mes photos avant. Et donc, j'avais quelque chose de très, très précis dans la tête. Et on galère dans Montpellier, on n'arrive pas à se garer, on n'arrive pas à descendre au quai, j'arrive pas à... Il n'y a rien qui va ce jour-là, tu vois. Les journées où... Et puis bon, je fais des choses, ok. Et à l'intérieur de moi, tu sais, je sens que... Ça va pas. Je sens que ça va pas. Je sens que ça va pas, je commence à me décomposer, on va manger, puis la séance est finie. Puis on va manger, on est sur la place de la comédie. Oh là là là là, et moi je me déconfie et je pars de table et je m'en vais finalement dans la ville de Montpellier et je vois une grille qui est rétro-éclairée. Je me dis, mais purée, je suis montée super fin, quoi. J'ai une lampe et un réflecteur. Qu'est-ce que tu fais avec une lampe et un réflecteur ? Ok, donc je vais voir Nathan et je lui demande s'il te plaît tu aurais encore 5 minutes à m'accorder. Il me dit oui, parce que lui c'est fatigant tu sais d'être sur les bras, si tu vois cette photo, il s'élève du fauteuil, il se grandit, il forme un V avec son corps comme le V de la victoire, parce que lui il a une histoire tellement incroyable, et donc au bout d'un moment les poignets sont très fatigués quoi. Et donc il m'accorde quand même 5 minutes, et on fait cette photo. Et tu vois... il y a une petite dose de magie qui s'est invitée ce jour-là, c'est-à-dire que dans le réflecteur, Nico le tient, et donc on fait un rétro-éclairage, je mets la lampe à l'arrière de mon modèle, Nathan s'élève du fauteuil, et la lumière rebondit sur le réflecteur pour en rediffuser légèrement sur mon sujet. Et quand il prend le réflecteur, on est un peu à l'arrache, et il y a de la poussière qui tombe, et du coup ça vient faire la paillette qui descend. et qui se prend dans la lumière. Donc, ça, c'est une très belle anecdote parce qu'elle correspond à beaucoup de... Enfin, entre parenthèses, quoi. Pour moi comme pour lui.

  • Jingoo

    Merci d'avoir passé. Alors, Jingoo et moi, on te remercie vraiment pour ce moment incroyable qu'on a passé ensemble, pour toutes tes réponses, avec ce petit accent d'Aveyron parce que je les ai noté : rose, heureuse, et je me trompe.

  • Emeline

    Merci à toi en tout cas d'avoir posé ces questions, de passer ce moment. C'était super chouette. Et continuez encore l'équipe Jingoo. Bravo. On est heureux d'être avec vous.

  • Jingoo

    Je pense qu'on va continuer comme ça ensemble longtemps, Jingoo et toi. Merci beaucoup, Emeline.

  • Emeline

    Merci. Merci à toi, Gilles. À très bientôt. Au plaisir. Tu viens au studio quand tu veux.

  • Jingoo

    Vous pouvez retrouver tout le travail d'Emeline sur son site studio-end.com. Et en attendant notre prochaine rencontre, faites de belles photos. Et à bientôt.

Chapters

  • Tempo: 110.0

    00:00

Share

Embed

You may also like

Description

Meilleur ouvrier de France 2023, elle nous raconte sa passion, son métier, son quotidien, comment elle est devenue MOF, ce que cela lui apporte, ce que cela lui rapporte, comment elle perçoit la plate-forme Jingoo, comment elle s’en sert, comment elle en tire parti en harmonie avec sa vision de haute qualité de travail.


Le monde d’Émeline est à découvrir au travers de ce podcast, de ses photos, ça vaut le coup d’œil.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Jingoo

    Bonjour à tous, bienvenue sur les podcasts Jingoo. Notre volonté, donner la parole aux photographes de métier qui ont réussi à bien en vivre. Que l'on soit un photographe chevronné ou arrivant dans la profession, même si vous en savez déjà beaucoup, cela peut vous inspirer. Photographe, c'est un métier. Ils vont vous dire comment ils l'appréhendent, les clés de leur réussite. Bonne écoute et à bientôt sur Jingoo. Bonjour, je suis Gilles Vautier, photographe. Aujourd'hui, je suis allé à la rencontre d'Emeline Delsaut, meilleure ouvrier de France 2023, installée à Rodez. Elle et moi, on va parler de photographie, mais aussi de renaissance, d'art, d'Afrique, de création, de miracle et bien sûr, de Jingoo. Alors, bienvenue dans le monde d'Emeline. Emeline Delsaut est une photographe accomplie spécialisée dans les séances familiales, les portraits de futures mamans et les photos de mamans avec leur bébé. Sa sensibilité artistique et son œil affûté lui permettent de capturer des moments intimes et précieux, transformant chaque cliché en un souvenir intemporel. En 2023, Emeline a été honorée du titre de meilleure ouvrière de France. Pardon, je sais qu'elle n'aime pas ça. En 2023, Emeline a été honorée du titre de meilleur ouvrier de France dans la catégorie photographie d'art. Cette distinction prestigieuse est une reconnaissance de son talent exceptionnel et de son dévouement à son art. Cette réussite est d'autant plus significative et importante qu'elle suit les traces de son papa, lui-même meilleur ouvrier de France en taille de pierre, 26 ans auparavant. La carrière d'Emeline est marquée par une passion profonde pour la capture de l'essence humaine et des émotions authentiques faisant d'elle une photographe très appréciée et respectée dans son domaine. Bonjour Emeline, que penses-tu de cette présentation ? Parce qu'elle n'est pas de moi mais de l'intelligence artificielle et c'est ce qu'elle me pond quand je lui demande de me parler de toi.

  • Emeline

    Bonjour Gilles, écoute, merci, très belle intro, oui oui, effectivement, je pense qu'elle est allée voir sur mon site internet et qu'elle s'est nourrie, et voilà, et on y va tous, de toute façon sur l'intelligence artificielle, il faudra effectivement prendre le pas, mais en attendant, moi j'aime bien parler de l'intelligence de l'IH, tu vois, l'intelligence humaine.

  • Jingoo

    Et toi, ça serait quoi tes influences artistiques alors ?

  • Emeline

    Alors moi je suis une passionnée d'histoire de l'art, c'est vraiment, c'est ce que j'ai étudié quand j'étais à l'université. Donc j'ai commencé juste avant la Renaissance à peu près, jusqu'à nos jours, sur tous les continents. Après, dans mes préférés, préférés, dans mes chouchous, moi j'aime bien la Renaissance, de toute façon ça a toujours été. J'aime bien ce côté classique des Grecs, des Hellénistes. Après, j'aime aussi la folie des plasticiens, Bacon, tu vois, j'aime aussi David Hockney non pas en tant que peintre mais en tant que photographe. Et en termes, un autre aussi, c'est Sebastiao Salgado, qui a été une vraie révélation. Il a une magie inégalée.

  • Jingoo

    Il a une manière de montrer les choses qui est unique, oui, ça c'est clair.

  • Emeline

    Et c'est quelque chose de très beau. J'ai aussi un des derniers que j'adore, c'est Jimmy Nelson aussi, si je me trompe pas.

  • Jingoo

    Et c'est qui celui-là, alors ce brave-là ?

  • Emeline

    Celui-là, écoute j'ai tous ses bouquins. Jimmy Nelson, c'est un passionné. Il va rencontrer les peuples autochtones qui sont en perdition. Mais tu vois, là, c'est des peintres. Enfin, c'est des peintres. Ouais, c'est pas faux comme lapsus. Mais c'est des photographes qui racontent le monde. Voilà, chose que je ne fais pas du tout. Moi, je suis très très ancrée dans ma localité. Mais ça me fait rêver, quoi. C'est vraiment des photographes, des peintres de lumière, quoi. Il n'y a pas de doute.

  • Jingoo

    Meilleur ouvrier de France en 2023, je crois que pour toi, c'était important. Parle-en, qu'est-ce que c'est pour toi ? Comment c'est arrivé ? Comment ça s'est passé ? Vas-y, raconte.

  • Emeline

    Alors, disons que le meilleur ouvrier de France, c'est un rêve de petite fille. Parce qu'en fait, moi je connais le MOF. J'avais 10-12 ans quand mon père a passé son premier concours. Il est tailleur de pierre. Et donc, si tu veux, j'ai toujours eu des MOF pas loin ou un travail exceptionnel à aller voir dans un atelier, chez un maroquinier. Voilà. Je sais que c'est des gens qui adorent le détail, qui sont vraiment dans la recherche de leur métier au plus haut niveau. Et du coup, ça m'a toujours intéressée et passionnée. Et je me souviens d'une expo universelle que j'avais faite, où on est allé voir des tas d'autres meilleurs ouvriers de France dans plus de 280 métiers. J'avais été ébahie par ça, parce que c'est juste incroyable, en fait. C'est un savoir-faire incroyable, les charpentiers, les body painting, et je me souviens être restée très longtemps à contempler une pomme en photographie. Je ne sais pas qui l'a faite, parce que j'étais jeune, mais je me souviens encore de cette photo, j'étais chez une photographe et je vois cette... Et je suis restée longtemps à la regarder, parce que la lumière était particulière, parce que... Je ne sais pas, et il y a... C'est... C'est magnétique un peu, il y a un truc magnétique. J'aime contempler, c'est la contemplation silencieuse, mais c'est quelque chose de magnifique. Et donc oui, passer le MOF, c'était inatteignable. D'autant que moi, je ne viens pas d'une école de photo, je suis une autodidacte. J'ai étudié à l'université et j'ai fait mon œil plastiquement, artistiquement. Mes mains, c'est moi qui les ai travaillées finalement dans mon métier tous les jours. Et donc... Avoir le MOF, c'est quand même quelque chose. Donc je l'ai passé et ça s'est très bien passé.

  • Jingoo

    Raconte-moi un petit peu, c'est pas si évident que ça le cheminement du MOF quand on veut le gagner. Vas-y, raconte-nous un peu, que les photographes se disent que c'est quand même un sacré graal à décrocher.

  • Emeline

    Oui, c'est un graal parce qu'en fait, il faut accepter tellement et repousser ses limites en permanence. C'est un parcours du combatant, c'est vraiment ça. Moi, je l'ai passé une première fois et en fait, j'ai eu 16 de moyenne, donc je n'étais pas loin, mais ce n'était pas parfait. Et donc, quatre ans après, puisque c'est une session tous les quatre ans, quatre ans après, j'y suis retournée avec le couteau entre les dents. C'est-à-dire que là, je me suis dit, je vais donner vraiment... J'étais prête à perdre aussi. On ne fait pas le deuxième comme on fait le premier. Le premier, on a vraiment espoir de prouver qu'on est capable de. Et puis peut-être qu'en perdant, finalement, on a cette humilité qui va faire que quand le deuxième, on y retourne, on y va d'une autre façon, on appréhende les choses d'une autre façon. Et cette fois-là, c'était un rendez-vous avec moi-même, ce n'était pas avec les autres. Techniquement, vous savez qu'il n'y avait aucune place à... aucune erreur possible. Donc techniquement, ça devait être béton. Et artistiquement, je voulais surtout qu'il y ait ma signature. Je voulais qu'il y ait une densité visuelle qui soit la mienne. Peut-être que sur le premier, je n'ai pas osé ça, ou un petit peu, ou de façon légère, ou de façon maladroite. Sur le deuxième, par contre, il n'y avait pas d'ombre au tableau. C'était dans le mille tout de suite. J'étais prête à perdre, par contre. Je savais que d'y aller, c'était un temps énorme. C'est-à-dire qu'on met vraiment sa vie entre parenthèses. On vit, on respire, on dort, Meilleur Ouvrier de France, pendant des mois. Et une fois que... Voilà, donc je savais que je ne pouvais pas le faire une autre fois. Je n'aurais pas ce luxe-là de mettre ma clientèle, entre parenthèses, mes enfants, entre parenthèses, ma vie, entre parenthèses, à ce point-là, je ne pouvais pas. Donc, j'y suis allée comme un saut dans le vide, en fait. Et en même temps, ça a été super chouette. Je retiens aussi surtout les rencontres, les gens qui ont gravité, qui m'ont aidée aussi à participer. En tant que modèle, en tant que je te prête un accessoire, vas-y, tu vas y arriver, on croit en toi. Il y avait vraiment énormément de signes tout autour de moi qui m'ont aidé, qui m'ont porté, qui m'ont aidé à le faire agréablement.

  • Jingoo

    Et justement, quand tu parles que tu as mis ta vie entre parenthèses, c'est combien de temps entre parenthèses ?

  • Emeline

    Moi, je suis un peu spéciale. Normalement, on met un an pour faire le concours. Et moi, il y a eu un petit soucis de report de note. Bref, on a d'abord annoncé que ce n'était pas bon. Et quand j'ai demandé mes notes, ils se sont rendus compte, mais cinq ou six mois après. Donc moi, je suis la seule candidate à être rentrée dans le concours après les autres. Et donc moi, je l'ai fait en trois mois. C'était dur au stop, donc là, je mettais le réveil. Tu vois, on dormait, je dormais quelques heures, je mettais le réveil et je repartais. Quand je dis vraiment, je me suis... en dehors de toute limite. Et en même temps, je construisais mon studio. C'est-à-dire qu'en même temps, je construisais 400 m² ici, à Rodez. Et donc, en fait, avec une galerie d'art, avec tout ça, l'année 2023, c'était une année super héros quoi.

  • Jingoo

    J'ai vu que tu avais exposé à Miami aussi.

  • Emeline

    Oui, mais j'expose toujours, en fait. J'ai des œuvres là-bas. Donc ça, c'est la partie... où j'ose enfin me libérer un petit peu de l'artisanat et être juste artiste. C'est un cheminement également. Et donc, il y a un producteur aux Etats-Unis qui m'a appelée justement suite au premier concours que j'avais fait puisque c'était un portrait ethnique. Et donc, on ne sait jamais où nos œuvres partent. Elles ont été vues aux Etats-Unis. Cette personne m'appelle et me demande si je veux travailler sur l'histoire des Noirs aux Etats-Unis. Qui n'est pas un petit sujet, quoi. Pas un petit sujet, franchement. Et donc, j'ai fait une première oeuvre. J'ai été inspirée et j'ai envoyé une oeuvre d'un mètre par un mètre où je reprends les codes de Picasso, Les Demoiselles d'Avignon. Sauf que je le fais avec cinq muses noires et que je peins sur leur corps à la façon Picasso et que je leur rends hommage finalement. Je travaille autour de ça et quand il voit cette oeuvre arriver, il me dit Il m'en faut, c'est un travail colossal. Et donc, il a fallu, là encore, repousser les limites, travailler en dehors de tout cadre. Et j'ai exposé, j'ai envoyé une vingtaine d'œuvres qui sont toujours à Miami et j'expose pendant Art Basel, qui est énorme. C'est une des cinq foires qui comptent le plus dans le monde.

  • Jingoo

    Oui, c'est génial. Et c'est justement, alors là, tu fais, merci pour cette transition que tu m'offres, parce que je sais, tu m'as dit tout à l'heure que tu avais fait des études d'histoire de l'art pas de cours de photographie. Mais justement, ce qui m'intéresse beaucoup, c'est qu'il y a cette histoire, cette influence de l'art qui arrive, qui transgresse, qui découle très logiquement sur tes photos, ce que tu viens de raconter sur les Demoiselles de Picasso, sur tes 5 Princesses africaines, qui sont toujours exposées. Est-ce que ton travail, donc j'en arrive à la question, en fait, je ne respecte pas du tout mon questionnaire, mais est-ce que ton travail est très influencé, que ce soit avec ta clientèle, on va dire conventionnelle, corporate, familiale, etc. Euh... ou dans tes créations artistiques ? Est-ce que cette influence artistique de tes études, de ton savoir et de ta culture intervient ?

  • Emeline

    Alors, ça intervient, mais à différents niveaux. Quand on est artisan, finalement, on choisit que 50% de la photo, puisque nos modèles, c'est une surprise quand ils franchissent la porte. Donc, bien sûr qu'on va proposer un style, mais tu ne vas pas, ils ont une attente, les clients, ils ont besoin de montrer un sentiment dans leur famille. Donc, je travaille un style, un éclairage, une lumière, une colorimétrie, une composition. Je les mets à l'aise, bien sûr. Mais je n'envahis pas ma personne pro dans la photo, je laisse eux vivre leur moment et clairement je me mets à leur disposition et je photographie leur bonheur à eux. Et je trouve que c'est déjà une chance extraordinaire, c'est un métier extraordinaire, je partage leur joie. Dans les métiers qui s'offrent à nous aujourd'hui, le métier de photographe d'ailleurs c'est pas pour rien qu'il est choisi énormément, c'est parce que tout le monde en rêve, c'est ce côté paillette où on a l'impression que ce n'est pas un travail hors s'en est un. Parce que le faire tous les jours avec une régularité, avec un workflow, c'est-à-dire sortir une production, être dans les clous au niveau du marché, au niveau du prix, et toujours donner pour son client, sans qu'il le ressente, c'est un métier, et ce n'est pas qu'un petit métier d'ailleurs. Et après la partie artistique, là c'est complètement autre chose. Et j'ai mis du temps à oser, c'est quatre lettres, oser. C'est quatre lettres très importantes chez moi, parce que j'ai mis du temps à sortir de ma coquille et à me dire que j'avais le droit d'être. Parce que quand tu étudies l'art pendant autant d'années, quand tu l'adores comme moi, dire être artiste, c'est un grand pas. C'est quelque chose où on n'a pas l'impression de l'être. Une partie de nous du commun des mortels, les artistes, c'est autre chose. Donc, oser aller vers cette démarche-là, ça a été un vrai cheminement. Et maintenant, ça y est, j'ose un peu plus. Et surtout pour me faire plaisir et pour avoir le luxe de décider de bout en bout, de A à Z. Ma lumière, mes modèles, ce que j'ai envie de dire. Voilà, ça, maintenant, ça y est, c'est peut-être que le meilleur ouvrier de France aussi m'a aidé à passer ce cap.

  • Jingoo

    Tu as donc un compagnon qui est Nicolas, qui est ton associé, qui est ton acolyte photographique, qui est ton fantômas, on peut dire, en quelque sorte. Vous êtes photographe tous les deux. Alors, j'ai envie de savoir, parce que je suis un type très indiscret, comment vous vous êtes rencontrés ? Et puis, la deuxième question. Quelle est votre chanson ? Parce que quand on danse la première fois ensemble, il y a peut-être une chanson qui traîne, j'aimerais savoir ça.

  • Emeline

    Effectivement, tu as mis le doigt sur quelque chose, puisque Nico c'est mon pilier, c'est ce qui me permet, heureusement qu'il est là, il gère énormément de choses ici au studio. Il est plus dans l'ombre, mais il intervient énormément et il me permet d'être et de faire, ce qui est assez énorme. Donc on s'est rencontrés, voilà, Rue des Anges, ça s'invente pas.

  • Jingoo

    Oui, c'est joli. Et alors, est-ce qu'il y a une chanson là-dedans ?

  • Emeline

    Pink Floyd, Division Bell.

  • Jingoo

    Eh bien voilà. Alors, toujours dans les questions qui sont complètement idiotes et que j'ai envie de te poser, quel est ton plat préféré ? Parce que moi, je suis très penne a la chorizo et je sais très bien les faire. Quel est ton plat à toi ?

  • Emeline

    Moi, j'aime bien les lasagne. Je suis très cuisine italienne, alors voilà.

  • Jingoo

    Est-ce que tu es allée en Italie ?

  • Emeline

    Oui, à Florence. Voilà, avec mon père qui taillait la pierre dans les jardins du Palais Corsini et j'ai fait Florence à vélo avec mon frère. Un voyage fondateur aussi. C'était merveilleux.

  • Jingoo

    Ah, t'as fait de quoi ? Rodez de Florence en vélo ?

  • Emeline

    Non, non, non. J'ai été à Florence en vélo. Mais sur place. On a fait toute la ville comme ça et on se promenait à la lumière du soir. C'était juste extraordinaire. Entre les santa croce et compagnie, qui étaient tout autour de nous, enfin là pour quelqu'un qui aime la renaissance, c'était là qu'il fallait être.

  • Jingoo

    Alors, j'ai passé un moment sur ton site. Tu présentes beaucoup de domaines, du mariage au culinaire, en passant par le packshot, les reportages. Je n'oublie pas tes sublimes portraits de grossesse. Je suis très fan de ce que tu as fait et de tes nouveaux-nés aussi. Les portraits de boudoirs, les mariages en studio et puis la photo scolaire, évidemment. Alors, comment tu arrives à conjuguer autant de sujets en si peu de temps ?

  • Emeline

    C'est énormément de travail. Alors après, la donnée, c'est qu'en fait, j'ai commencé en zone très très rurale. Tu sais, je vis en Aveyron, dans une région où je n'étais pas du tout en ville, mais dans un tout petit village. Et quand j'ai commencé, eh bien, on avait pas le luxe de dire non à un travail et donc, photographie, comme beaucoup de photographes le savent, c'est écriture de la lumière. Donc, il n'y avait pas un sujet plus qu'un autre. J'ai accepté de travailler sur la famille, sur les nouveaux-nés et je me suis formée et j'ai appris. Et donc, j'ai cherché à gagner en compétences à chaque fois et à proposer quelque chose d'intéressant pour les clients. Donc, je suis capable de faire autant les savoir-faire que les savoir-être. Rien ne... J'aime tout en fait. C'est très difficile de choisir. J'aime tout. Bon, là, il est vrai que plus les années passent, plus ça devient compliqué de faire ce grand écart. Mais si tu veux, quand un client rentre chez moi, que ce soit pour une photo d'identité, que ce soit pour un mariage ou pour un très gros contrat, ils ont toujours le même soin et la même attention. Je me mets à leur service. Donc voilà, j'aime tout et je ne m'ennuie jamais. Du coup, tu vois, c'est quelque chose d'assez sympa.

  • Jingoo

    Le fait que tu sois à Rodez dans l'Aveyron, alors je vois à peu près où c'est géographiquement, parce que je suis très nul en géo. Est-ce que ça n'aide pas justement à partir du moment, alors je ne parle même pas du titre de meilleur ouvrier de France, mais d'avoir toute cette compétence technique, ce bagage, ces clients, est-ce que ça n'aide pas finalement à transformer cet essai en pari réussi et à en vivre surtout ? Parce que le métier de photographe, on en reparlera, mais le métier de photographe est très dangereusement compromis pour en vivre.

  • Emeline

    Oui, alors c'est sûr que pour en vivre, il faut travailler en fait, il faut travailler beaucoup. C'est vraiment la donnée. Et après, le fait d'être en zone rurale, peut-être que ça m'a un petit peu aidée au départ. Mais tu sais, en réfléchissant, j'ai commencé en étant complètement extérieure aux Aveyronais. C'est-à-dire que j'ai démarré à la page blanche. J'étais dans un petit 20 mètres carré coincé entre le canapé et la télé. Et c'était surtout la persévérance et la pugnacité qui a fait là où j'en suis aujourd'hui. J'ai encore rencontré mes premiers clients qui me revoient et qu'on a plaisir à revoir, parce que c'est devenu des amis maintenant, qui se souviennent très bien de mes débuts. Je n'ai été aidée par personne, je n'avais aucun réseau et ça a été juste à la force du poignet. Donc oui, je suis comme ça et aujourd'hui les clients ont une vraie reconnaissance de mon travail. C'est super. Et à en vivre, j'ai commencé petit et puis petit à petit tu te rends compte que quand tu comptes tes heures, parce qu'en fait, chef d'entreprise, c'est aussi, c'est une casquette importante. Photographe, c'est, oui, c'est formidable, c'est passionnant, c'est tout ce qu'on veut. Mais si tu veux durer dans le métier, t'as intérêt à compter quand même. Et en tout cas, à savoir ce que c'est qu'une heure de travail chargée, ouvrée, où tu payes tes taxes en France et compagnie. Donc tout ça fait partie de ton apprentissage et te permet de durer dans la longévité.

  • Jingoo

    On va revenir là-dessus, mais j'ai oublié de te poser une question fondamentale pour moi. Est-ce que tu te souviens du déclic ? Tu as peut-être 12 ans, tu en as peut-être 25, je ne sais pas, du déclic où tu te dis je vais faire de la photo

  • Emeline

    L'université, je pense que quand j'ai pris... Moi, je savais que c'était les arts, si tu veux. Ma vie, je savais que c'était ça, ça a toujours été, je suis musicienne. Enfin, peu importe, tu me mets un pot de peinture, je suis heureuse, si tu veux. Et à un moment donné, à l'université, j'ai pris l'option photographie et là, ça a été la révélation, vraiment. À tel point que j'ai une petite anecdote, si tu veux bien. En fait, j'étais tellement en labo et en lumière rouge, en lumière inactinique, tu sais. Mon directeur d'université m'a proposé de devenir carrément prof de photo, alors que j'étais moi-même en études, mais j'étais en licence, je crois. Et donc, il m'a dit, si tu veux, vu le travail que tu fais, je peux te proposer d'enseigner aux premières années. Et donc, j'ai repris le labo en Argentique et j'avais équipé le labo et j'étais tout le temps en labo. Je faisais toujours mes projets en photo, en photo, en photo, en photo. J'étais tellement en lumière rouge que quand je sortais, je voyais vert. Je voyais la complémentaire. Et au début, je ne comprenais pas ce qui se passait. Je ne savais pas ce qu'il se passait. J'allais voir l'ophtalmo et il m'a dit bah non madame, il faut arrêter de... faut juste prendre le soleil un petit peu, arrêter d'être en labo. Mais en fait, voilà, c'était vraiment, ça a été là le moment fondateur, je pense.

  • Jingoo

    Alors, j'ai une autre question à te poser parce que tu fais énormément de portraits intimistes. Et alors, dans le cadre des portraits intimistes que tu produis, que ce soit les bébés, les mamans, quelle est ton astuce, ton truc pour que ton sujet se sente bien ? Est-ce que c'est toujours la même chose ? Pour établir cette connexion, est-ce qu'il y a un scénario précis ? Par exemple, moi, j'aime bien leur faire boire un petit café et qu'ils se fassent maquiller. Comme ça, ils me racontent leur vie pendant ce temps-là. Tu vois ? J'aime bien... J'aime bien les projeter dans le souvenir pour qu'ils oublient l'appareil photo. Et j'ai vu dans ton travail que c'est tout le temps ça. Je vois cette femme enceinte, merveilleuse de beauté. Elle sourit naturelle avec ce grand truc qui part. Je pense qu'il y avait un bon ventilateur dans le studio. Mais elle a un très joli sourire. On voit qu'elle n'a pas l'habitude d'un shooting photo. Et en même temps, on sent qu'elle est heureuse d'être là. Alors, tu vois, quel est ton... petit truc à toi, Emeline, pour que tes sujets se sentent bien.

  • Emeline

    Alors, tu as raison, il faut bien sûr bien les accueillir, ça commence par là, et puis leur dire qu'on va être, qu'on est là pour faire de très belles images d'eux, et qu'ils peuvent poser les choses. On sait qu'ils n'ont pas l'habitude d'être photographiés, mais ça ne fera pas un souci ici, puisqu'on va tout mettre en place pour créer des conditions idéales. Donc évidemment, ils sont reçus avec un petit café, on discute, on prend le temps de. Je ne suis pas à la montre et je m'occupe d'eux. Et si je vois que quelqu'un a besoin de plus de temps, eh bien, je vais prendre davantage de temps, on va discuter un petit peu, parler d'autres choses. S'ils ont besoin de voir une de mes images, j'ai aucun problème à montrer le dos de mon boîtier. Les photos sont déjà très jolies ainsi. Et donc, il n'y a pas de souci. Et oui, tout va bien. Ah oui, elle est déjà là. Ah oui, quand même.

  • Jingoo

    Oui, ça. Oui, oui, oui. Oui, oui.

  • Emeline

    Allez et puis tout va bien et ensuite effectivement d'autres choses, à tel point que moi j'ai l'effet inverse si tu veux, ils sont tellement en décontraction que parfois je suis obligée de recadrer et de dire, hé, s'il vous plaît pensez à ce qui est en train de se passer pensez simplement à ce qui est en train de se passer, là je suis en train de vous mettre en lumière vous attendez un bébé il est en train de grandir à l'intérieur de vous et voilà, restez en conscience de ce moment là et tu vois, ça des fois, je vais le chercher parce que... Parce qu'on rigole, en fait. Nous, ils ne se font pas photographier. Ils viennent se marrer, en vérité. C'est ni plus ni moins que ça. Et ils aiment, souvent, c'est ce que me disent les clients. Ils sont contents parce que je les mets à l'aise. Et je pense que c'est une force ça.

  • Jingoo

    J'ai souvent fait des portraits de PDG. Ils n'ont que 10 minutes à consacrer. Ils arrivent déjà avec trois quarts d'heure de retard. Et je sais que tous les PDG ou directeurs financiers, peu importe, que j'ai photographiés, je leur demandais de penser à un souvenir d'enfance et d'y penser très, très fort pour avoir un regard bienveillant.

  • Emeline

    J'ai pas une astuce forcément. J'ai pas une clé.

  • Jingoo

    Ok. Oui, toi tu bases tout, enfin on fait tout ça, sur la connexion et le bien-être et la bienveillance que vous allez échanger entre vous. C'est ça, hein ?

  • Emeline

    C'est ça, mais je vais garder ton astuce, hein.

  • Jingoo

    Mais, alors attends. Si je peux dire, hé, la meilleure ouvrier de France 2023 m'a piqué une astuce, mais alors là...

  • Emeline

    Mais c'est la madeleine de Proust, et c'est le sens propre du souvenir, en fait. Là, tu vas chercher une corde qui est magnifique.

  • Jingoo

    Alors là, quand je vais dire ça à ma femme... Oui, c'est gentil, merci, Emeline. Quand je vais dire ça à ma femme, elle va jamais me croire. Donc, voilà. Et puis, alors, il y a un truc. Alors ça, c'est une question que j'avais très, très envie de te poser. Aujourd'hui, tu seras d'accord pour dire qu'on est envahi par l'image, à tel point que les gens, comme certaines entreprises, imaginent que les photographes sont gratuits ou doivent l'être. Alors, comment expliquer à ses clients la valeur de son travail ? Parce que certes, et ça je reprends ta phrase que tu m'avais dit il y a quelques jours, si la photo est tout d'abord une passion dévorante, elle est aussi et surtout un métier. Et là j'en reviens justement, et ça va lier aussi un peu à une autre question que je vais te poser. Comment alors, il y a cette première partie, tu vois t'as un peu de taf là, et la deuxième partie c'est, comment peut-on allier cette passion de l'image qui t'a bouffé les yeux à tel point que tu voyais tout en vert, à chef d'entreprise où on doit faire de la publicité, de la comptabilité, payer ses charges, comment on arrive à conjuguer tout ça ? Là, je t'ai laissé carte blanche.

  • Emeline

    Oui, alors c'est une vraie question. Commencer son métier, on n'envisage pas, pour n'importe quel autre métier, on n'envisagerait pas de le faire juste par passion ou sans se rémunérer. Ça ne marche pas en fait, sinon en plus de ça, non seulement on rêvait d'un métier, mais au final vous ne l'atteindrez jamais. Il faut se former, il faut apprendre toutes les casquettes qu'on n'a pas. Si c'est dans la photographie, on apprend à photographier. Et bien sûr que la passion, c'est génial de faire le métier qu'on aime, mais en aucun cas, ça doit être gratuit. C'est là où on se trompe, c'est là où vous brisez même votre propre marché en vérité. Puisqu'il y a un turnover qui est formidable, alors ça c'est vrai qu'on voit ça débouler. Voilà, des tas de gens qui voient que le côté paillettes, qui se lancent dans l'aventure et à la limite pourquoi pas, il y a de l'élan, allez, c'est bien, on y va. Mais quand tu vois que ça arrive en brisant les prix du marché parce qu'ils ne sont pas encore au niveau, donc ok. Sauf que le jour où ils seront au niveau, il y a un problème quand tu as d'autres qui arrivent et qui sont à nouveau sur des prix qui ne correspondent à rien, qui sont des prix du marché vietnamien. Ça, ça ne peut pas tenir dans le temps. Et encore moins, c'est ce qui fait qu'il y a beaucoup de turnover. Aujourd'hui, un photographe, quand il se lance, il dure moins d'un an, un an et demi. Il faut bien réfléchir et il faut surtout faire les choses de façon professionnelle. Sinon, ça s'appelle un hobby.

  • Jingoo

    Et sur l'histoire, je suis absolument d'accord avec toi. Sur l'histoire de la culture de l'image gratuite, comment tu fais pour expliquer à tes clients que, je prends le mariage, parce que c'est le sujet bateau qui vient. On appelle beaucoup les photographes professionnels, et je sais que tu en fais. Comment tu expliques qu'un budget de mariage, ce n'est pas 400 euros ?

  • Emeline

    Quand tu vas amener ta voiture chez le garagiste, il sort la clé, il regarde en dessous de la voiture, il a passé une heure, il te facture 75. Bon ben voilà, donc du coup, un mariage entre le jour J de prestation et le temps de post-prod qu'il y a derrière, évidemment que ça a de la valeur, sinon ils prennent n'importe qui et ils prennent tonton, point. mais tu leur expliques tout ça ? oh bah oui et en même temps tu sais j'explique tout ça mais tu sais on a la clientèle aussi qu'on veut bien se trouver c'est à dire que quand ils viennent me voir ils savent pourquoi ils viennent me voir et quand ils rentrent au studio tu sais les choses sont dites il suffit de regarder et de te rendre compte, voilà, tu passes le regard à droite, le regard à gauche, tu regardes tout droit, tu te dis, ouais, ok, d'accord, bon. Et ils ne me prennent pas parce que, par rapport à un prix, ils me prennent pour mon travail, pour ce que je vais faire pour eux, point. Et ça ne se discute pas, un mariage à 400 euros, mais enfin, on vit en France, quoi.

  • Jingoo

    En fait, ils arrivent dans ton studio, ils savent déjà qu'ils ont le budget, ils savent très bien que tu ne vas pas être à 400 euros. Et donc, ils viennent vers toi avec la démarche de... Rendez-nous beaux, rendez ce mariage extraordinaire parce qu'on a confiance en vous. Et on est prêts à mettre les moyens.

  • Emeline

    Exactement et encore, je suis tout à fait raisonnable. Je n'ai pas des prix vraiment très hauts. Je n'ai pas des prix de meilleure ouvrier de France. Je suis restée très accessible parce que pour l'instant, ce n'est pas l'ordre du jour. J'aime faire plaisir aux gens et j'ai des clients que je suis depuis des années. Donc, quand ils veulent se marier, évidemment qu'ils viennent me chercher.

  • Jingoo

    On va parler un petit peu de Jingoo. Ouh ouh !

  • Emeline

    Ouh ouh !

  • Jingoo

    Donc tu es inscrite chez nous depuis 2010, c'est-à-dire pratiquement 14 ans. Merci pour ta fidélité. Alors ma première question tout de suite, elle est très simple. Pourquoi Jingoo ?

  • Emeline

    C'est l'évidence. Pourquoi Jingoo ? Parce qu'ils étaient là effectivement il y a 14 ans en arrière. Je cherchais un laboratoire, un laboratoire qui a un certain nombre d'exigences. Tu imagines bien que la colorimétrie, c'est quelque chose que j'ai dans l'œil depuis longtemps. La qualité, évidemment, ça fait partie de mon mindset, de ma façon de voir les choses et de travailler depuis toujours. Donc, il me fallait un labo, voilà, digne de ce nom. Et en fait, Jingoo, j'ai fait une première commande. Et en fait, c'est le travail qui parle pour eux. C'est-à-dire que ce que j'ai reçu, c'était impeccable. Et tiens-toi bien, en 14 ans, je n'ai pas un seul SAV. Je réfléchissais à ça un peu. Je me disais, mais attends, quand est-ce qu'on va envoyer une commande Jingoo ? Jamais. Jamais. Et pour info, avant, j'avais un laboratoire aussi de quartier, des gens que j'aimais beaucoup et qui faisaient du mieux, qui faisaient du très bon travail aussi. Mais j'avais toujours, je vais chercher des couleurs un peu particulières, notamment sur les nouveaux-nés, sur les bébés. Je vais chercher des couleurs qui sont un peu difficiles à sortir quand même. Et avec eux, je n'ai jamais de soucis, de rien du tout. Donc en fait, rapidité d'exécution, papier épais, colorimétrie impeccable, ils remplissent 100% de la mire. Je n'ai pas de soucis, ça me fait gagner du temps. Donc en fait, la question, ce serait plutôt pourquoi pas Jingoo ?

  • Jingoo

    Et alors justement, comment tu utilises les galeries Jingoo ? Si tu les utilises, pourquoi ?

  • Emeline

    La même chose, c'est-à-dire que c'est extrêmement facile d'utilisation, que le client, je peux lui proposer, donc je le reçois d'abord en rendez-vous, je travaille avec lui, je lui projette les images dans mon salon sur un écran géant. Et ensuite, quand il repart, je lui propose, voilà, en attendant de recevoir sa commande, que je fasse les dernières petites retouches, que tout soit parfait, je lui propose la galerie. On peut la partager à ses amis, ainsi de suite. C'est pratique. Que tu veuilles la méthode 1 ou la méthode 2, qui est en libre téléchargement et il y a un petit service de labo à prix support. Enfin, l'un comme l'autre, je trouve que c'est très pratique d'utilisation.

  • Jingoo

    Pourquoi as-tu choisi le système en ligne maclasse.photo ?

  • Emeline

    Alors, maclasse.photo me permet de gagner du temps. C'est-à-dire que moi, c'est vraiment la question aujourd'hui qui est très présente dans ma vie, c'est de trouver du temps dans mon agenda. Et donc, j'ai une organisation où je sélectionne vraiment les portraits qui ont besoin, je les inclus vraiment à l'intérieur de maclasse.photo, et ensuite, tout se gère, tout se fait. J'ai une lecture du tableau de bord, la qualité est impeccable. Quand je contrôle, je pointe. Il ne manque jamais une pochette, tout est nickel, le travail est bon.

  • Jingoo

    Quand on avait parlé de Jingoo, tu m'avais dit une très jolie phrase, "c'est une main tendue vers".

  • Emeline

    Mais en plus, ils ont une dimension qui est intéressante. Moi, il font sourire, tu sais, des fois, on est dans la réalité de notre travail et donc il faut envoyer. On est en post-prod, il y a des jours, voilà, comme partout. Et puis d'un coup, tu reçois un petit message, alors Bertrand, Nicolas, que sais-je, toute l'équipe. Et ils t'ont trouvé le partenaire sympa pour se former, le partenaire pour s'assurer. Enfin, voilà. C'est vraiment une main tendue vers. Et j'aime ce côté Made in France aussi. Il y a un côté cocorico qui me plaît bien. Il faut faire travailler un maximum les gens comme ça, qui ont cette intelligence de s'ouvrir à. Il y a un côté un peu communautaire. Je trouve ça très bien. Le travail est bon et l'attitude est bonne. C'est vraiment top. Et je ne dis pas ça parce que... C'est vraiment parce que je le pense.

  • Jingoo

    Le système de vente en ligne Jingoo maclasse.photo, est-ce que c'est parce que c'est français, parce qu'ils sont là depuis longtemps, que c'est la première plateforme bas-carbone, le côté mutualiste, la proximité avec le service client, le professionnalisme ?

  • Emeline

    Alors oui, le professionnalisme, la possibilité d'appeler Jingoo et tu as toujours une réponse. Marie te répond avec le sourire et te conseille. La fois dernière, petit exemple, on a fait un regard rapide sur nos paniers. On s'est rendu compte que là, on pouvait améliorer, nous donner un conseil. J'appelais pour toute autre chose et ils n'ont pas loupé l'occasion de me proposer un conseil de plus commercialement. C'est comme ça que j'envisage les choses à chaque fois, essayer de donner toujours un petit peu plus. Ils sont vraiment dans cette démarche-là.

  • Jingoo

    Alors maintenant, je voudrais qu'on parle d'une tendance que j'ai vu apparaître dans la photographie de mariage ou autre. C'est-à-dire qu'en ce moment, tu as des photographes qui publient pour leurs clients dans des galeries Jingoo des photographies qui ne sont pas vendables encore dans l'état. C'est-à-dire qu'ils viennent voir des photos, tu vois ce que je veux dire, qui ne sont pas retravaillées. Et donc, les clients sélectionnent la demande... Attends, attends, je te sens bien arriver là. Mais le client, donc le photographe, demande au client de sélectionner des photos qui ne sont pas prêtes pour s'épargner du temps. Moi, je trouve cette démarche très, très bizarre parce que, d'abord, il y a un aller-retour du client vers la photo. C'est-à-dire que je choisis une fois et je reviens une deuxième fois, déjà. Alors le client, il a peut-être d'autres choses à faire. Et surtout, je trouve qu'on enlève la magie de notre métier en faisant ça. C'est vrai qu'on a des photos qui ne sont pas toujours réussies, mais grâce aux outils qu'on maîtrise plutôt bien aujourd'hui, je pense qu'on arrive à corriger nos erreurs. C'est vrai qu'on peut avoir un coup de flash, bon, cramé, c'est raté, mais tu vois ce que je veux dire, on peut avoir un peu de sous-ex, de sur-ex, on peut arriver à la rattraper. Que penses-tu de cette démarche qui arrive ? Je ne te mens pas, ça arrive.

  • Emeline

    Oui, après, il faut de tout pour faire un monde. Et puis, chacun voit midi à sa porte. Mais encore une fois, je pense que là, tu es vraiment dans une démarche de je veux travailler moins. C'est vrai que c'est la donnée en ce moment, travailler moins ok. Mais du coup, tu es loin, loin, loin d'arriver en proposant un tarif qui correspond à ton savoir-faire, puisque finalement, tu le brades. Et puis tu sais, ça aussi, c'est une façon de faire. C'est un tue-l'amour, c'est comme la télé dans la chambre. Il y a un moment donné, je ne sais pas quoi dire. L'important, c'est de voir ce qui est invisible pour les autres. Donc évidemment qu'il faut travailler sa post-prod et proposer un service fini. Je ne sais pas, ne sois pas à ce moment-là. À ce moment-là, tu es à quel prix quand tu fais ça ? Je ne sais pas, il faudrait voir le... prix en relation, si t'es à 400 balles, bon bah oui, alors soit à 400 balles et fait comme ça, mais moi je préfère être un peu plus haut et faire un travail complètement de A à Z. Quand je partage la galerie, c'est prêt à partager à tous les autres, tu vois, je fais attention à envoyer les cartes de remerciements en même temps et on fait un strike du tonnerre quoi, enfin voilà. Donc il y a toujours plein de façons de faire, chacun doit trouver la sienne, mais si on est dans une optique de qualité, ben voilà, ça sera pas forcément la mienne.

  • Jingoo

    Alors, Pourquoi commandes-tu les tirages au laboratoire Jingoo ? Et quel type de tirage commandes-tu ? Puisque je crois savoir, d'après mon petit doigt, tu as quand même des équipements pour réaliser tes propres tirages.

  • Emeline

    Oui, ça me permet, quand il y a des urgences, je peux faire un peu comme ça. Mais sinon, c'est encore une fois pour gagner du temps. Pendant un moment, j'avais essayé de garder ma prod, mais ça impliquait un emploi ici en plus et un emploi, pas n'importe lequel, avec vraiment un oeil du tonnerre. Au final, on ne s'est pas dirigé là-dessus. Si chacun faisait son métier, c'est pas mal aussi. Ils sont bons, on les prend. Les prix sont raisonnables. Là, vraiment, la question, c'est pourquoi s'en passer ? Dans mon cas.

  • Jingoo

    Moi, j'ai très envie de te poser une question. Est-ce que tu as en tête une belle anecdote de photos, une photo que tu vas prendre avec un beau souvenir, ou il y a une photo, elle te rappelle un souvenir tendre ou dur, j'aimerais bien que tu partages ça avec nous.

  • Emeline

    C'est peut-être la photo, une des photos du meilleur ouvrier de France qui a une histoire particulière. Donc en fait, j'avais comme sujet la photographie d'un sportif en situation de handicap. Et à une semaine, dix jours du concours, de la date butoir, on envoie une bouteille à la mer, on envoie un message à Nathan, qui est passé à l'émission La France a un incroyable talent. Et donc il nous répond, deux jours après il nous répond, et puis on fonce à Montpellier, on y va, par contre on est exténués, on doit se relayer sur la route pour arriver là-bas, on arrive là-bas. J'avais prévu un éclairage de jour, j'avais imaginé toute une scène. Je dessine et je projette mes photos avant. Et donc, j'avais quelque chose de très, très précis dans la tête. Et on galère dans Montpellier, on n'arrive pas à se garer, on n'arrive pas à descendre au quai, j'arrive pas à... Il n'y a rien qui va ce jour-là, tu vois. Les journées où... Et puis bon, je fais des choses, ok. Et à l'intérieur de moi, tu sais, je sens que... Ça va pas. Je sens que ça va pas. Je sens que ça va pas, je commence à me décomposer, on va manger, puis la séance est finie. Puis on va manger, on est sur la place de la comédie. Oh là là là là, et moi je me déconfie et je pars de table et je m'en vais finalement dans la ville de Montpellier et je vois une grille qui est rétro-éclairée. Je me dis, mais purée, je suis montée super fin, quoi. J'ai une lampe et un réflecteur. Qu'est-ce que tu fais avec une lampe et un réflecteur ? Ok, donc je vais voir Nathan et je lui demande s'il te plaît tu aurais encore 5 minutes à m'accorder. Il me dit oui, parce que lui c'est fatigant tu sais d'être sur les bras, si tu vois cette photo, il s'élève du fauteuil, il se grandit, il forme un V avec son corps comme le V de la victoire, parce que lui il a une histoire tellement incroyable, et donc au bout d'un moment les poignets sont très fatigués quoi. Et donc il m'accorde quand même 5 minutes, et on fait cette photo. Et tu vois... il y a une petite dose de magie qui s'est invitée ce jour-là, c'est-à-dire que dans le réflecteur, Nico le tient, et donc on fait un rétro-éclairage, je mets la lampe à l'arrière de mon modèle, Nathan s'élève du fauteuil, et la lumière rebondit sur le réflecteur pour en rediffuser légèrement sur mon sujet. Et quand il prend le réflecteur, on est un peu à l'arrache, et il y a de la poussière qui tombe, et du coup ça vient faire la paillette qui descend. et qui se prend dans la lumière. Donc, ça, c'est une très belle anecdote parce qu'elle correspond à beaucoup de... Enfin, entre parenthèses, quoi. Pour moi comme pour lui.

  • Jingoo

    Merci d'avoir passé. Alors, Jingoo et moi, on te remercie vraiment pour ce moment incroyable qu'on a passé ensemble, pour toutes tes réponses, avec ce petit accent d'Aveyron parce que je les ai noté : rose, heureuse, et je me trompe.

  • Emeline

    Merci à toi en tout cas d'avoir posé ces questions, de passer ce moment. C'était super chouette. Et continuez encore l'équipe Jingoo. Bravo. On est heureux d'être avec vous.

  • Jingoo

    Je pense qu'on va continuer comme ça ensemble longtemps, Jingoo et toi. Merci beaucoup, Emeline.

  • Emeline

    Merci. Merci à toi, Gilles. À très bientôt. Au plaisir. Tu viens au studio quand tu veux.

  • Jingoo

    Vous pouvez retrouver tout le travail d'Emeline sur son site studio-end.com. Et en attendant notre prochaine rencontre, faites de belles photos. Et à bientôt.

Chapters

  • Tempo: 110.0

    00:00

Description

Meilleur ouvrier de France 2023, elle nous raconte sa passion, son métier, son quotidien, comment elle est devenue MOF, ce que cela lui apporte, ce que cela lui rapporte, comment elle perçoit la plate-forme Jingoo, comment elle s’en sert, comment elle en tire parti en harmonie avec sa vision de haute qualité de travail.


Le monde d’Émeline est à découvrir au travers de ce podcast, de ses photos, ça vaut le coup d’œil.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Jingoo

    Bonjour à tous, bienvenue sur les podcasts Jingoo. Notre volonté, donner la parole aux photographes de métier qui ont réussi à bien en vivre. Que l'on soit un photographe chevronné ou arrivant dans la profession, même si vous en savez déjà beaucoup, cela peut vous inspirer. Photographe, c'est un métier. Ils vont vous dire comment ils l'appréhendent, les clés de leur réussite. Bonne écoute et à bientôt sur Jingoo. Bonjour, je suis Gilles Vautier, photographe. Aujourd'hui, je suis allé à la rencontre d'Emeline Delsaut, meilleure ouvrier de France 2023, installée à Rodez. Elle et moi, on va parler de photographie, mais aussi de renaissance, d'art, d'Afrique, de création, de miracle et bien sûr, de Jingoo. Alors, bienvenue dans le monde d'Emeline. Emeline Delsaut est une photographe accomplie spécialisée dans les séances familiales, les portraits de futures mamans et les photos de mamans avec leur bébé. Sa sensibilité artistique et son œil affûté lui permettent de capturer des moments intimes et précieux, transformant chaque cliché en un souvenir intemporel. En 2023, Emeline a été honorée du titre de meilleure ouvrière de France. Pardon, je sais qu'elle n'aime pas ça. En 2023, Emeline a été honorée du titre de meilleur ouvrier de France dans la catégorie photographie d'art. Cette distinction prestigieuse est une reconnaissance de son talent exceptionnel et de son dévouement à son art. Cette réussite est d'autant plus significative et importante qu'elle suit les traces de son papa, lui-même meilleur ouvrier de France en taille de pierre, 26 ans auparavant. La carrière d'Emeline est marquée par une passion profonde pour la capture de l'essence humaine et des émotions authentiques faisant d'elle une photographe très appréciée et respectée dans son domaine. Bonjour Emeline, que penses-tu de cette présentation ? Parce qu'elle n'est pas de moi mais de l'intelligence artificielle et c'est ce qu'elle me pond quand je lui demande de me parler de toi.

  • Emeline

    Bonjour Gilles, écoute, merci, très belle intro, oui oui, effectivement, je pense qu'elle est allée voir sur mon site internet et qu'elle s'est nourrie, et voilà, et on y va tous, de toute façon sur l'intelligence artificielle, il faudra effectivement prendre le pas, mais en attendant, moi j'aime bien parler de l'intelligence de l'IH, tu vois, l'intelligence humaine.

  • Jingoo

    Et toi, ça serait quoi tes influences artistiques alors ?

  • Emeline

    Alors moi je suis une passionnée d'histoire de l'art, c'est vraiment, c'est ce que j'ai étudié quand j'étais à l'université. Donc j'ai commencé juste avant la Renaissance à peu près, jusqu'à nos jours, sur tous les continents. Après, dans mes préférés, préférés, dans mes chouchous, moi j'aime bien la Renaissance, de toute façon ça a toujours été. J'aime bien ce côté classique des Grecs, des Hellénistes. Après, j'aime aussi la folie des plasticiens, Bacon, tu vois, j'aime aussi David Hockney non pas en tant que peintre mais en tant que photographe. Et en termes, un autre aussi, c'est Sebastiao Salgado, qui a été une vraie révélation. Il a une magie inégalée.

  • Jingoo

    Il a une manière de montrer les choses qui est unique, oui, ça c'est clair.

  • Emeline

    Et c'est quelque chose de très beau. J'ai aussi un des derniers que j'adore, c'est Jimmy Nelson aussi, si je me trompe pas.

  • Jingoo

    Et c'est qui celui-là, alors ce brave-là ?

  • Emeline

    Celui-là, écoute j'ai tous ses bouquins. Jimmy Nelson, c'est un passionné. Il va rencontrer les peuples autochtones qui sont en perdition. Mais tu vois, là, c'est des peintres. Enfin, c'est des peintres. Ouais, c'est pas faux comme lapsus. Mais c'est des photographes qui racontent le monde. Voilà, chose que je ne fais pas du tout. Moi, je suis très très ancrée dans ma localité. Mais ça me fait rêver, quoi. C'est vraiment des photographes, des peintres de lumière, quoi. Il n'y a pas de doute.

  • Jingoo

    Meilleur ouvrier de France en 2023, je crois que pour toi, c'était important. Parle-en, qu'est-ce que c'est pour toi ? Comment c'est arrivé ? Comment ça s'est passé ? Vas-y, raconte.

  • Emeline

    Alors, disons que le meilleur ouvrier de France, c'est un rêve de petite fille. Parce qu'en fait, moi je connais le MOF. J'avais 10-12 ans quand mon père a passé son premier concours. Il est tailleur de pierre. Et donc, si tu veux, j'ai toujours eu des MOF pas loin ou un travail exceptionnel à aller voir dans un atelier, chez un maroquinier. Voilà. Je sais que c'est des gens qui adorent le détail, qui sont vraiment dans la recherche de leur métier au plus haut niveau. Et du coup, ça m'a toujours intéressée et passionnée. Et je me souviens d'une expo universelle que j'avais faite, où on est allé voir des tas d'autres meilleurs ouvriers de France dans plus de 280 métiers. J'avais été ébahie par ça, parce que c'est juste incroyable, en fait. C'est un savoir-faire incroyable, les charpentiers, les body painting, et je me souviens être restée très longtemps à contempler une pomme en photographie. Je ne sais pas qui l'a faite, parce que j'étais jeune, mais je me souviens encore de cette photo, j'étais chez une photographe et je vois cette... Et je suis restée longtemps à la regarder, parce que la lumière était particulière, parce que... Je ne sais pas, et il y a... C'est... C'est magnétique un peu, il y a un truc magnétique. J'aime contempler, c'est la contemplation silencieuse, mais c'est quelque chose de magnifique. Et donc oui, passer le MOF, c'était inatteignable. D'autant que moi, je ne viens pas d'une école de photo, je suis une autodidacte. J'ai étudié à l'université et j'ai fait mon œil plastiquement, artistiquement. Mes mains, c'est moi qui les ai travaillées finalement dans mon métier tous les jours. Et donc... Avoir le MOF, c'est quand même quelque chose. Donc je l'ai passé et ça s'est très bien passé.

  • Jingoo

    Raconte-moi un petit peu, c'est pas si évident que ça le cheminement du MOF quand on veut le gagner. Vas-y, raconte-nous un peu, que les photographes se disent que c'est quand même un sacré graal à décrocher.

  • Emeline

    Oui, c'est un graal parce qu'en fait, il faut accepter tellement et repousser ses limites en permanence. C'est un parcours du combatant, c'est vraiment ça. Moi, je l'ai passé une première fois et en fait, j'ai eu 16 de moyenne, donc je n'étais pas loin, mais ce n'était pas parfait. Et donc, quatre ans après, puisque c'est une session tous les quatre ans, quatre ans après, j'y suis retournée avec le couteau entre les dents. C'est-à-dire que là, je me suis dit, je vais donner vraiment... J'étais prête à perdre aussi. On ne fait pas le deuxième comme on fait le premier. Le premier, on a vraiment espoir de prouver qu'on est capable de. Et puis peut-être qu'en perdant, finalement, on a cette humilité qui va faire que quand le deuxième, on y retourne, on y va d'une autre façon, on appréhende les choses d'une autre façon. Et cette fois-là, c'était un rendez-vous avec moi-même, ce n'était pas avec les autres. Techniquement, vous savez qu'il n'y avait aucune place à... aucune erreur possible. Donc techniquement, ça devait être béton. Et artistiquement, je voulais surtout qu'il y ait ma signature. Je voulais qu'il y ait une densité visuelle qui soit la mienne. Peut-être que sur le premier, je n'ai pas osé ça, ou un petit peu, ou de façon légère, ou de façon maladroite. Sur le deuxième, par contre, il n'y avait pas d'ombre au tableau. C'était dans le mille tout de suite. J'étais prête à perdre, par contre. Je savais que d'y aller, c'était un temps énorme. C'est-à-dire qu'on met vraiment sa vie entre parenthèses. On vit, on respire, on dort, Meilleur Ouvrier de France, pendant des mois. Et une fois que... Voilà, donc je savais que je ne pouvais pas le faire une autre fois. Je n'aurais pas ce luxe-là de mettre ma clientèle, entre parenthèses, mes enfants, entre parenthèses, ma vie, entre parenthèses, à ce point-là, je ne pouvais pas. Donc, j'y suis allée comme un saut dans le vide, en fait. Et en même temps, ça a été super chouette. Je retiens aussi surtout les rencontres, les gens qui ont gravité, qui m'ont aidée aussi à participer. En tant que modèle, en tant que je te prête un accessoire, vas-y, tu vas y arriver, on croit en toi. Il y avait vraiment énormément de signes tout autour de moi qui m'ont aidé, qui m'ont porté, qui m'ont aidé à le faire agréablement.

  • Jingoo

    Et justement, quand tu parles que tu as mis ta vie entre parenthèses, c'est combien de temps entre parenthèses ?

  • Emeline

    Moi, je suis un peu spéciale. Normalement, on met un an pour faire le concours. Et moi, il y a eu un petit soucis de report de note. Bref, on a d'abord annoncé que ce n'était pas bon. Et quand j'ai demandé mes notes, ils se sont rendus compte, mais cinq ou six mois après. Donc moi, je suis la seule candidate à être rentrée dans le concours après les autres. Et donc moi, je l'ai fait en trois mois. C'était dur au stop, donc là, je mettais le réveil. Tu vois, on dormait, je dormais quelques heures, je mettais le réveil et je repartais. Quand je dis vraiment, je me suis... en dehors de toute limite. Et en même temps, je construisais mon studio. C'est-à-dire qu'en même temps, je construisais 400 m² ici, à Rodez. Et donc, en fait, avec une galerie d'art, avec tout ça, l'année 2023, c'était une année super héros quoi.

  • Jingoo

    J'ai vu que tu avais exposé à Miami aussi.

  • Emeline

    Oui, mais j'expose toujours, en fait. J'ai des œuvres là-bas. Donc ça, c'est la partie... où j'ose enfin me libérer un petit peu de l'artisanat et être juste artiste. C'est un cheminement également. Et donc, il y a un producteur aux Etats-Unis qui m'a appelée justement suite au premier concours que j'avais fait puisque c'était un portrait ethnique. Et donc, on ne sait jamais où nos œuvres partent. Elles ont été vues aux Etats-Unis. Cette personne m'appelle et me demande si je veux travailler sur l'histoire des Noirs aux Etats-Unis. Qui n'est pas un petit sujet, quoi. Pas un petit sujet, franchement. Et donc, j'ai fait une première oeuvre. J'ai été inspirée et j'ai envoyé une oeuvre d'un mètre par un mètre où je reprends les codes de Picasso, Les Demoiselles d'Avignon. Sauf que je le fais avec cinq muses noires et que je peins sur leur corps à la façon Picasso et que je leur rends hommage finalement. Je travaille autour de ça et quand il voit cette oeuvre arriver, il me dit Il m'en faut, c'est un travail colossal. Et donc, il a fallu, là encore, repousser les limites, travailler en dehors de tout cadre. Et j'ai exposé, j'ai envoyé une vingtaine d'œuvres qui sont toujours à Miami et j'expose pendant Art Basel, qui est énorme. C'est une des cinq foires qui comptent le plus dans le monde.

  • Jingoo

    Oui, c'est génial. Et c'est justement, alors là, tu fais, merci pour cette transition que tu m'offres, parce que je sais, tu m'as dit tout à l'heure que tu avais fait des études d'histoire de l'art pas de cours de photographie. Mais justement, ce qui m'intéresse beaucoup, c'est qu'il y a cette histoire, cette influence de l'art qui arrive, qui transgresse, qui découle très logiquement sur tes photos, ce que tu viens de raconter sur les Demoiselles de Picasso, sur tes 5 Princesses africaines, qui sont toujours exposées. Est-ce que ton travail, donc j'en arrive à la question, en fait, je ne respecte pas du tout mon questionnaire, mais est-ce que ton travail est très influencé, que ce soit avec ta clientèle, on va dire conventionnelle, corporate, familiale, etc. Euh... ou dans tes créations artistiques ? Est-ce que cette influence artistique de tes études, de ton savoir et de ta culture intervient ?

  • Emeline

    Alors, ça intervient, mais à différents niveaux. Quand on est artisan, finalement, on choisit que 50% de la photo, puisque nos modèles, c'est une surprise quand ils franchissent la porte. Donc, bien sûr qu'on va proposer un style, mais tu ne vas pas, ils ont une attente, les clients, ils ont besoin de montrer un sentiment dans leur famille. Donc, je travaille un style, un éclairage, une lumière, une colorimétrie, une composition. Je les mets à l'aise, bien sûr. Mais je n'envahis pas ma personne pro dans la photo, je laisse eux vivre leur moment et clairement je me mets à leur disposition et je photographie leur bonheur à eux. Et je trouve que c'est déjà une chance extraordinaire, c'est un métier extraordinaire, je partage leur joie. Dans les métiers qui s'offrent à nous aujourd'hui, le métier de photographe d'ailleurs c'est pas pour rien qu'il est choisi énormément, c'est parce que tout le monde en rêve, c'est ce côté paillette où on a l'impression que ce n'est pas un travail hors s'en est un. Parce que le faire tous les jours avec une régularité, avec un workflow, c'est-à-dire sortir une production, être dans les clous au niveau du marché, au niveau du prix, et toujours donner pour son client, sans qu'il le ressente, c'est un métier, et ce n'est pas qu'un petit métier d'ailleurs. Et après la partie artistique, là c'est complètement autre chose. Et j'ai mis du temps à oser, c'est quatre lettres, oser. C'est quatre lettres très importantes chez moi, parce que j'ai mis du temps à sortir de ma coquille et à me dire que j'avais le droit d'être. Parce que quand tu étudies l'art pendant autant d'années, quand tu l'adores comme moi, dire être artiste, c'est un grand pas. C'est quelque chose où on n'a pas l'impression de l'être. Une partie de nous du commun des mortels, les artistes, c'est autre chose. Donc, oser aller vers cette démarche-là, ça a été un vrai cheminement. Et maintenant, ça y est, j'ose un peu plus. Et surtout pour me faire plaisir et pour avoir le luxe de décider de bout en bout, de A à Z. Ma lumière, mes modèles, ce que j'ai envie de dire. Voilà, ça, maintenant, ça y est, c'est peut-être que le meilleur ouvrier de France aussi m'a aidé à passer ce cap.

  • Jingoo

    Tu as donc un compagnon qui est Nicolas, qui est ton associé, qui est ton acolyte photographique, qui est ton fantômas, on peut dire, en quelque sorte. Vous êtes photographe tous les deux. Alors, j'ai envie de savoir, parce que je suis un type très indiscret, comment vous vous êtes rencontrés ? Et puis, la deuxième question. Quelle est votre chanson ? Parce que quand on danse la première fois ensemble, il y a peut-être une chanson qui traîne, j'aimerais savoir ça.

  • Emeline

    Effectivement, tu as mis le doigt sur quelque chose, puisque Nico c'est mon pilier, c'est ce qui me permet, heureusement qu'il est là, il gère énormément de choses ici au studio. Il est plus dans l'ombre, mais il intervient énormément et il me permet d'être et de faire, ce qui est assez énorme. Donc on s'est rencontrés, voilà, Rue des Anges, ça s'invente pas.

  • Jingoo

    Oui, c'est joli. Et alors, est-ce qu'il y a une chanson là-dedans ?

  • Emeline

    Pink Floyd, Division Bell.

  • Jingoo

    Eh bien voilà. Alors, toujours dans les questions qui sont complètement idiotes et que j'ai envie de te poser, quel est ton plat préféré ? Parce que moi, je suis très penne a la chorizo et je sais très bien les faire. Quel est ton plat à toi ?

  • Emeline

    Moi, j'aime bien les lasagne. Je suis très cuisine italienne, alors voilà.

  • Jingoo

    Est-ce que tu es allée en Italie ?

  • Emeline

    Oui, à Florence. Voilà, avec mon père qui taillait la pierre dans les jardins du Palais Corsini et j'ai fait Florence à vélo avec mon frère. Un voyage fondateur aussi. C'était merveilleux.

  • Jingoo

    Ah, t'as fait de quoi ? Rodez de Florence en vélo ?

  • Emeline

    Non, non, non. J'ai été à Florence en vélo. Mais sur place. On a fait toute la ville comme ça et on se promenait à la lumière du soir. C'était juste extraordinaire. Entre les santa croce et compagnie, qui étaient tout autour de nous, enfin là pour quelqu'un qui aime la renaissance, c'était là qu'il fallait être.

  • Jingoo

    Alors, j'ai passé un moment sur ton site. Tu présentes beaucoup de domaines, du mariage au culinaire, en passant par le packshot, les reportages. Je n'oublie pas tes sublimes portraits de grossesse. Je suis très fan de ce que tu as fait et de tes nouveaux-nés aussi. Les portraits de boudoirs, les mariages en studio et puis la photo scolaire, évidemment. Alors, comment tu arrives à conjuguer autant de sujets en si peu de temps ?

  • Emeline

    C'est énormément de travail. Alors après, la donnée, c'est qu'en fait, j'ai commencé en zone très très rurale. Tu sais, je vis en Aveyron, dans une région où je n'étais pas du tout en ville, mais dans un tout petit village. Et quand j'ai commencé, eh bien, on avait pas le luxe de dire non à un travail et donc, photographie, comme beaucoup de photographes le savent, c'est écriture de la lumière. Donc, il n'y avait pas un sujet plus qu'un autre. J'ai accepté de travailler sur la famille, sur les nouveaux-nés et je me suis formée et j'ai appris. Et donc, j'ai cherché à gagner en compétences à chaque fois et à proposer quelque chose d'intéressant pour les clients. Donc, je suis capable de faire autant les savoir-faire que les savoir-être. Rien ne... J'aime tout en fait. C'est très difficile de choisir. J'aime tout. Bon, là, il est vrai que plus les années passent, plus ça devient compliqué de faire ce grand écart. Mais si tu veux, quand un client rentre chez moi, que ce soit pour une photo d'identité, que ce soit pour un mariage ou pour un très gros contrat, ils ont toujours le même soin et la même attention. Je me mets à leur service. Donc voilà, j'aime tout et je ne m'ennuie jamais. Du coup, tu vois, c'est quelque chose d'assez sympa.

  • Jingoo

    Le fait que tu sois à Rodez dans l'Aveyron, alors je vois à peu près où c'est géographiquement, parce que je suis très nul en géo. Est-ce que ça n'aide pas justement à partir du moment, alors je ne parle même pas du titre de meilleur ouvrier de France, mais d'avoir toute cette compétence technique, ce bagage, ces clients, est-ce que ça n'aide pas finalement à transformer cet essai en pari réussi et à en vivre surtout ? Parce que le métier de photographe, on en reparlera, mais le métier de photographe est très dangereusement compromis pour en vivre.

  • Emeline

    Oui, alors c'est sûr que pour en vivre, il faut travailler en fait, il faut travailler beaucoup. C'est vraiment la donnée. Et après, le fait d'être en zone rurale, peut-être que ça m'a un petit peu aidée au départ. Mais tu sais, en réfléchissant, j'ai commencé en étant complètement extérieure aux Aveyronais. C'est-à-dire que j'ai démarré à la page blanche. J'étais dans un petit 20 mètres carré coincé entre le canapé et la télé. Et c'était surtout la persévérance et la pugnacité qui a fait là où j'en suis aujourd'hui. J'ai encore rencontré mes premiers clients qui me revoient et qu'on a plaisir à revoir, parce que c'est devenu des amis maintenant, qui se souviennent très bien de mes débuts. Je n'ai été aidée par personne, je n'avais aucun réseau et ça a été juste à la force du poignet. Donc oui, je suis comme ça et aujourd'hui les clients ont une vraie reconnaissance de mon travail. C'est super. Et à en vivre, j'ai commencé petit et puis petit à petit tu te rends compte que quand tu comptes tes heures, parce qu'en fait, chef d'entreprise, c'est aussi, c'est une casquette importante. Photographe, c'est, oui, c'est formidable, c'est passionnant, c'est tout ce qu'on veut. Mais si tu veux durer dans le métier, t'as intérêt à compter quand même. Et en tout cas, à savoir ce que c'est qu'une heure de travail chargée, ouvrée, où tu payes tes taxes en France et compagnie. Donc tout ça fait partie de ton apprentissage et te permet de durer dans la longévité.

  • Jingoo

    On va revenir là-dessus, mais j'ai oublié de te poser une question fondamentale pour moi. Est-ce que tu te souviens du déclic ? Tu as peut-être 12 ans, tu en as peut-être 25, je ne sais pas, du déclic où tu te dis je vais faire de la photo

  • Emeline

    L'université, je pense que quand j'ai pris... Moi, je savais que c'était les arts, si tu veux. Ma vie, je savais que c'était ça, ça a toujours été, je suis musicienne. Enfin, peu importe, tu me mets un pot de peinture, je suis heureuse, si tu veux. Et à un moment donné, à l'université, j'ai pris l'option photographie et là, ça a été la révélation, vraiment. À tel point que j'ai une petite anecdote, si tu veux bien. En fait, j'étais tellement en labo et en lumière rouge, en lumière inactinique, tu sais. Mon directeur d'université m'a proposé de devenir carrément prof de photo, alors que j'étais moi-même en études, mais j'étais en licence, je crois. Et donc, il m'a dit, si tu veux, vu le travail que tu fais, je peux te proposer d'enseigner aux premières années. Et donc, j'ai repris le labo en Argentique et j'avais équipé le labo et j'étais tout le temps en labo. Je faisais toujours mes projets en photo, en photo, en photo, en photo. J'étais tellement en lumière rouge que quand je sortais, je voyais vert. Je voyais la complémentaire. Et au début, je ne comprenais pas ce qui se passait. Je ne savais pas ce qu'il se passait. J'allais voir l'ophtalmo et il m'a dit bah non madame, il faut arrêter de... faut juste prendre le soleil un petit peu, arrêter d'être en labo. Mais en fait, voilà, c'était vraiment, ça a été là le moment fondateur, je pense.

  • Jingoo

    Alors, j'ai une autre question à te poser parce que tu fais énormément de portraits intimistes. Et alors, dans le cadre des portraits intimistes que tu produis, que ce soit les bébés, les mamans, quelle est ton astuce, ton truc pour que ton sujet se sente bien ? Est-ce que c'est toujours la même chose ? Pour établir cette connexion, est-ce qu'il y a un scénario précis ? Par exemple, moi, j'aime bien leur faire boire un petit café et qu'ils se fassent maquiller. Comme ça, ils me racontent leur vie pendant ce temps-là. Tu vois ? J'aime bien... J'aime bien les projeter dans le souvenir pour qu'ils oublient l'appareil photo. Et j'ai vu dans ton travail que c'est tout le temps ça. Je vois cette femme enceinte, merveilleuse de beauté. Elle sourit naturelle avec ce grand truc qui part. Je pense qu'il y avait un bon ventilateur dans le studio. Mais elle a un très joli sourire. On voit qu'elle n'a pas l'habitude d'un shooting photo. Et en même temps, on sent qu'elle est heureuse d'être là. Alors, tu vois, quel est ton... petit truc à toi, Emeline, pour que tes sujets se sentent bien.

  • Emeline

    Alors, tu as raison, il faut bien sûr bien les accueillir, ça commence par là, et puis leur dire qu'on va être, qu'on est là pour faire de très belles images d'eux, et qu'ils peuvent poser les choses. On sait qu'ils n'ont pas l'habitude d'être photographiés, mais ça ne fera pas un souci ici, puisqu'on va tout mettre en place pour créer des conditions idéales. Donc évidemment, ils sont reçus avec un petit café, on discute, on prend le temps de. Je ne suis pas à la montre et je m'occupe d'eux. Et si je vois que quelqu'un a besoin de plus de temps, eh bien, je vais prendre davantage de temps, on va discuter un petit peu, parler d'autres choses. S'ils ont besoin de voir une de mes images, j'ai aucun problème à montrer le dos de mon boîtier. Les photos sont déjà très jolies ainsi. Et donc, il n'y a pas de souci. Et oui, tout va bien. Ah oui, elle est déjà là. Ah oui, quand même.

  • Jingoo

    Oui, ça. Oui, oui, oui. Oui, oui.

  • Emeline

    Allez et puis tout va bien et ensuite effectivement d'autres choses, à tel point que moi j'ai l'effet inverse si tu veux, ils sont tellement en décontraction que parfois je suis obligée de recadrer et de dire, hé, s'il vous plaît pensez à ce qui est en train de se passer pensez simplement à ce qui est en train de se passer, là je suis en train de vous mettre en lumière vous attendez un bébé il est en train de grandir à l'intérieur de vous et voilà, restez en conscience de ce moment là et tu vois, ça des fois, je vais le chercher parce que... Parce qu'on rigole, en fait. Nous, ils ne se font pas photographier. Ils viennent se marrer, en vérité. C'est ni plus ni moins que ça. Et ils aiment, souvent, c'est ce que me disent les clients. Ils sont contents parce que je les mets à l'aise. Et je pense que c'est une force ça.

  • Jingoo

    J'ai souvent fait des portraits de PDG. Ils n'ont que 10 minutes à consacrer. Ils arrivent déjà avec trois quarts d'heure de retard. Et je sais que tous les PDG ou directeurs financiers, peu importe, que j'ai photographiés, je leur demandais de penser à un souvenir d'enfance et d'y penser très, très fort pour avoir un regard bienveillant.

  • Emeline

    J'ai pas une astuce forcément. J'ai pas une clé.

  • Jingoo

    Ok. Oui, toi tu bases tout, enfin on fait tout ça, sur la connexion et le bien-être et la bienveillance que vous allez échanger entre vous. C'est ça, hein ?

  • Emeline

    C'est ça, mais je vais garder ton astuce, hein.

  • Jingoo

    Mais, alors attends. Si je peux dire, hé, la meilleure ouvrier de France 2023 m'a piqué une astuce, mais alors là...

  • Emeline

    Mais c'est la madeleine de Proust, et c'est le sens propre du souvenir, en fait. Là, tu vas chercher une corde qui est magnifique.

  • Jingoo

    Alors là, quand je vais dire ça à ma femme... Oui, c'est gentil, merci, Emeline. Quand je vais dire ça à ma femme, elle va jamais me croire. Donc, voilà. Et puis, alors, il y a un truc. Alors ça, c'est une question que j'avais très, très envie de te poser. Aujourd'hui, tu seras d'accord pour dire qu'on est envahi par l'image, à tel point que les gens, comme certaines entreprises, imaginent que les photographes sont gratuits ou doivent l'être. Alors, comment expliquer à ses clients la valeur de son travail ? Parce que certes, et ça je reprends ta phrase que tu m'avais dit il y a quelques jours, si la photo est tout d'abord une passion dévorante, elle est aussi et surtout un métier. Et là j'en reviens justement, et ça va lier aussi un peu à une autre question que je vais te poser. Comment alors, il y a cette première partie, tu vois t'as un peu de taf là, et la deuxième partie c'est, comment peut-on allier cette passion de l'image qui t'a bouffé les yeux à tel point que tu voyais tout en vert, à chef d'entreprise où on doit faire de la publicité, de la comptabilité, payer ses charges, comment on arrive à conjuguer tout ça ? Là, je t'ai laissé carte blanche.

  • Emeline

    Oui, alors c'est une vraie question. Commencer son métier, on n'envisage pas, pour n'importe quel autre métier, on n'envisagerait pas de le faire juste par passion ou sans se rémunérer. Ça ne marche pas en fait, sinon en plus de ça, non seulement on rêvait d'un métier, mais au final vous ne l'atteindrez jamais. Il faut se former, il faut apprendre toutes les casquettes qu'on n'a pas. Si c'est dans la photographie, on apprend à photographier. Et bien sûr que la passion, c'est génial de faire le métier qu'on aime, mais en aucun cas, ça doit être gratuit. C'est là où on se trompe, c'est là où vous brisez même votre propre marché en vérité. Puisqu'il y a un turnover qui est formidable, alors ça c'est vrai qu'on voit ça débouler. Voilà, des tas de gens qui voient que le côté paillettes, qui se lancent dans l'aventure et à la limite pourquoi pas, il y a de l'élan, allez, c'est bien, on y va. Mais quand tu vois que ça arrive en brisant les prix du marché parce qu'ils ne sont pas encore au niveau, donc ok. Sauf que le jour où ils seront au niveau, il y a un problème quand tu as d'autres qui arrivent et qui sont à nouveau sur des prix qui ne correspondent à rien, qui sont des prix du marché vietnamien. Ça, ça ne peut pas tenir dans le temps. Et encore moins, c'est ce qui fait qu'il y a beaucoup de turnover. Aujourd'hui, un photographe, quand il se lance, il dure moins d'un an, un an et demi. Il faut bien réfléchir et il faut surtout faire les choses de façon professionnelle. Sinon, ça s'appelle un hobby.

  • Jingoo

    Et sur l'histoire, je suis absolument d'accord avec toi. Sur l'histoire de la culture de l'image gratuite, comment tu fais pour expliquer à tes clients que, je prends le mariage, parce que c'est le sujet bateau qui vient. On appelle beaucoup les photographes professionnels, et je sais que tu en fais. Comment tu expliques qu'un budget de mariage, ce n'est pas 400 euros ?

  • Emeline

    Quand tu vas amener ta voiture chez le garagiste, il sort la clé, il regarde en dessous de la voiture, il a passé une heure, il te facture 75. Bon ben voilà, donc du coup, un mariage entre le jour J de prestation et le temps de post-prod qu'il y a derrière, évidemment que ça a de la valeur, sinon ils prennent n'importe qui et ils prennent tonton, point. mais tu leur expliques tout ça ? oh bah oui et en même temps tu sais j'explique tout ça mais tu sais on a la clientèle aussi qu'on veut bien se trouver c'est à dire que quand ils viennent me voir ils savent pourquoi ils viennent me voir et quand ils rentrent au studio tu sais les choses sont dites il suffit de regarder et de te rendre compte, voilà, tu passes le regard à droite, le regard à gauche, tu regardes tout droit, tu te dis, ouais, ok, d'accord, bon. Et ils ne me prennent pas parce que, par rapport à un prix, ils me prennent pour mon travail, pour ce que je vais faire pour eux, point. Et ça ne se discute pas, un mariage à 400 euros, mais enfin, on vit en France, quoi.

  • Jingoo

    En fait, ils arrivent dans ton studio, ils savent déjà qu'ils ont le budget, ils savent très bien que tu ne vas pas être à 400 euros. Et donc, ils viennent vers toi avec la démarche de... Rendez-nous beaux, rendez ce mariage extraordinaire parce qu'on a confiance en vous. Et on est prêts à mettre les moyens.

  • Emeline

    Exactement et encore, je suis tout à fait raisonnable. Je n'ai pas des prix vraiment très hauts. Je n'ai pas des prix de meilleure ouvrier de France. Je suis restée très accessible parce que pour l'instant, ce n'est pas l'ordre du jour. J'aime faire plaisir aux gens et j'ai des clients que je suis depuis des années. Donc, quand ils veulent se marier, évidemment qu'ils viennent me chercher.

  • Jingoo

    On va parler un petit peu de Jingoo. Ouh ouh !

  • Emeline

    Ouh ouh !

  • Jingoo

    Donc tu es inscrite chez nous depuis 2010, c'est-à-dire pratiquement 14 ans. Merci pour ta fidélité. Alors ma première question tout de suite, elle est très simple. Pourquoi Jingoo ?

  • Emeline

    C'est l'évidence. Pourquoi Jingoo ? Parce qu'ils étaient là effectivement il y a 14 ans en arrière. Je cherchais un laboratoire, un laboratoire qui a un certain nombre d'exigences. Tu imagines bien que la colorimétrie, c'est quelque chose que j'ai dans l'œil depuis longtemps. La qualité, évidemment, ça fait partie de mon mindset, de ma façon de voir les choses et de travailler depuis toujours. Donc, il me fallait un labo, voilà, digne de ce nom. Et en fait, Jingoo, j'ai fait une première commande. Et en fait, c'est le travail qui parle pour eux. C'est-à-dire que ce que j'ai reçu, c'était impeccable. Et tiens-toi bien, en 14 ans, je n'ai pas un seul SAV. Je réfléchissais à ça un peu. Je me disais, mais attends, quand est-ce qu'on va envoyer une commande Jingoo ? Jamais. Jamais. Et pour info, avant, j'avais un laboratoire aussi de quartier, des gens que j'aimais beaucoup et qui faisaient du mieux, qui faisaient du très bon travail aussi. Mais j'avais toujours, je vais chercher des couleurs un peu particulières, notamment sur les nouveaux-nés, sur les bébés. Je vais chercher des couleurs qui sont un peu difficiles à sortir quand même. Et avec eux, je n'ai jamais de soucis, de rien du tout. Donc en fait, rapidité d'exécution, papier épais, colorimétrie impeccable, ils remplissent 100% de la mire. Je n'ai pas de soucis, ça me fait gagner du temps. Donc en fait, la question, ce serait plutôt pourquoi pas Jingoo ?

  • Jingoo

    Et alors justement, comment tu utilises les galeries Jingoo ? Si tu les utilises, pourquoi ?

  • Emeline

    La même chose, c'est-à-dire que c'est extrêmement facile d'utilisation, que le client, je peux lui proposer, donc je le reçois d'abord en rendez-vous, je travaille avec lui, je lui projette les images dans mon salon sur un écran géant. Et ensuite, quand il repart, je lui propose, voilà, en attendant de recevoir sa commande, que je fasse les dernières petites retouches, que tout soit parfait, je lui propose la galerie. On peut la partager à ses amis, ainsi de suite. C'est pratique. Que tu veuilles la méthode 1 ou la méthode 2, qui est en libre téléchargement et il y a un petit service de labo à prix support. Enfin, l'un comme l'autre, je trouve que c'est très pratique d'utilisation.

  • Jingoo

    Pourquoi as-tu choisi le système en ligne maclasse.photo ?

  • Emeline

    Alors, maclasse.photo me permet de gagner du temps. C'est-à-dire que moi, c'est vraiment la question aujourd'hui qui est très présente dans ma vie, c'est de trouver du temps dans mon agenda. Et donc, j'ai une organisation où je sélectionne vraiment les portraits qui ont besoin, je les inclus vraiment à l'intérieur de maclasse.photo, et ensuite, tout se gère, tout se fait. J'ai une lecture du tableau de bord, la qualité est impeccable. Quand je contrôle, je pointe. Il ne manque jamais une pochette, tout est nickel, le travail est bon.

  • Jingoo

    Quand on avait parlé de Jingoo, tu m'avais dit une très jolie phrase, "c'est une main tendue vers".

  • Emeline

    Mais en plus, ils ont une dimension qui est intéressante. Moi, il font sourire, tu sais, des fois, on est dans la réalité de notre travail et donc il faut envoyer. On est en post-prod, il y a des jours, voilà, comme partout. Et puis d'un coup, tu reçois un petit message, alors Bertrand, Nicolas, que sais-je, toute l'équipe. Et ils t'ont trouvé le partenaire sympa pour se former, le partenaire pour s'assurer. Enfin, voilà. C'est vraiment une main tendue vers. Et j'aime ce côté Made in France aussi. Il y a un côté cocorico qui me plaît bien. Il faut faire travailler un maximum les gens comme ça, qui ont cette intelligence de s'ouvrir à. Il y a un côté un peu communautaire. Je trouve ça très bien. Le travail est bon et l'attitude est bonne. C'est vraiment top. Et je ne dis pas ça parce que... C'est vraiment parce que je le pense.

  • Jingoo

    Le système de vente en ligne Jingoo maclasse.photo, est-ce que c'est parce que c'est français, parce qu'ils sont là depuis longtemps, que c'est la première plateforme bas-carbone, le côté mutualiste, la proximité avec le service client, le professionnalisme ?

  • Emeline

    Alors oui, le professionnalisme, la possibilité d'appeler Jingoo et tu as toujours une réponse. Marie te répond avec le sourire et te conseille. La fois dernière, petit exemple, on a fait un regard rapide sur nos paniers. On s'est rendu compte que là, on pouvait améliorer, nous donner un conseil. J'appelais pour toute autre chose et ils n'ont pas loupé l'occasion de me proposer un conseil de plus commercialement. C'est comme ça que j'envisage les choses à chaque fois, essayer de donner toujours un petit peu plus. Ils sont vraiment dans cette démarche-là.

  • Jingoo

    Alors maintenant, je voudrais qu'on parle d'une tendance que j'ai vu apparaître dans la photographie de mariage ou autre. C'est-à-dire qu'en ce moment, tu as des photographes qui publient pour leurs clients dans des galeries Jingoo des photographies qui ne sont pas vendables encore dans l'état. C'est-à-dire qu'ils viennent voir des photos, tu vois ce que je veux dire, qui ne sont pas retravaillées. Et donc, les clients sélectionnent la demande... Attends, attends, je te sens bien arriver là. Mais le client, donc le photographe, demande au client de sélectionner des photos qui ne sont pas prêtes pour s'épargner du temps. Moi, je trouve cette démarche très, très bizarre parce que, d'abord, il y a un aller-retour du client vers la photo. C'est-à-dire que je choisis une fois et je reviens une deuxième fois, déjà. Alors le client, il a peut-être d'autres choses à faire. Et surtout, je trouve qu'on enlève la magie de notre métier en faisant ça. C'est vrai qu'on a des photos qui ne sont pas toujours réussies, mais grâce aux outils qu'on maîtrise plutôt bien aujourd'hui, je pense qu'on arrive à corriger nos erreurs. C'est vrai qu'on peut avoir un coup de flash, bon, cramé, c'est raté, mais tu vois ce que je veux dire, on peut avoir un peu de sous-ex, de sur-ex, on peut arriver à la rattraper. Que penses-tu de cette démarche qui arrive ? Je ne te mens pas, ça arrive.

  • Emeline

    Oui, après, il faut de tout pour faire un monde. Et puis, chacun voit midi à sa porte. Mais encore une fois, je pense que là, tu es vraiment dans une démarche de je veux travailler moins. C'est vrai que c'est la donnée en ce moment, travailler moins ok. Mais du coup, tu es loin, loin, loin d'arriver en proposant un tarif qui correspond à ton savoir-faire, puisque finalement, tu le brades. Et puis tu sais, ça aussi, c'est une façon de faire. C'est un tue-l'amour, c'est comme la télé dans la chambre. Il y a un moment donné, je ne sais pas quoi dire. L'important, c'est de voir ce qui est invisible pour les autres. Donc évidemment qu'il faut travailler sa post-prod et proposer un service fini. Je ne sais pas, ne sois pas à ce moment-là. À ce moment-là, tu es à quel prix quand tu fais ça ? Je ne sais pas, il faudrait voir le... prix en relation, si t'es à 400 balles, bon bah oui, alors soit à 400 balles et fait comme ça, mais moi je préfère être un peu plus haut et faire un travail complètement de A à Z. Quand je partage la galerie, c'est prêt à partager à tous les autres, tu vois, je fais attention à envoyer les cartes de remerciements en même temps et on fait un strike du tonnerre quoi, enfin voilà. Donc il y a toujours plein de façons de faire, chacun doit trouver la sienne, mais si on est dans une optique de qualité, ben voilà, ça sera pas forcément la mienne.

  • Jingoo

    Alors, Pourquoi commandes-tu les tirages au laboratoire Jingoo ? Et quel type de tirage commandes-tu ? Puisque je crois savoir, d'après mon petit doigt, tu as quand même des équipements pour réaliser tes propres tirages.

  • Emeline

    Oui, ça me permet, quand il y a des urgences, je peux faire un peu comme ça. Mais sinon, c'est encore une fois pour gagner du temps. Pendant un moment, j'avais essayé de garder ma prod, mais ça impliquait un emploi ici en plus et un emploi, pas n'importe lequel, avec vraiment un oeil du tonnerre. Au final, on ne s'est pas dirigé là-dessus. Si chacun faisait son métier, c'est pas mal aussi. Ils sont bons, on les prend. Les prix sont raisonnables. Là, vraiment, la question, c'est pourquoi s'en passer ? Dans mon cas.

  • Jingoo

    Moi, j'ai très envie de te poser une question. Est-ce que tu as en tête une belle anecdote de photos, une photo que tu vas prendre avec un beau souvenir, ou il y a une photo, elle te rappelle un souvenir tendre ou dur, j'aimerais bien que tu partages ça avec nous.

  • Emeline

    C'est peut-être la photo, une des photos du meilleur ouvrier de France qui a une histoire particulière. Donc en fait, j'avais comme sujet la photographie d'un sportif en situation de handicap. Et à une semaine, dix jours du concours, de la date butoir, on envoie une bouteille à la mer, on envoie un message à Nathan, qui est passé à l'émission La France a un incroyable talent. Et donc il nous répond, deux jours après il nous répond, et puis on fonce à Montpellier, on y va, par contre on est exténués, on doit se relayer sur la route pour arriver là-bas, on arrive là-bas. J'avais prévu un éclairage de jour, j'avais imaginé toute une scène. Je dessine et je projette mes photos avant. Et donc, j'avais quelque chose de très, très précis dans la tête. Et on galère dans Montpellier, on n'arrive pas à se garer, on n'arrive pas à descendre au quai, j'arrive pas à... Il n'y a rien qui va ce jour-là, tu vois. Les journées où... Et puis bon, je fais des choses, ok. Et à l'intérieur de moi, tu sais, je sens que... Ça va pas. Je sens que ça va pas. Je sens que ça va pas, je commence à me décomposer, on va manger, puis la séance est finie. Puis on va manger, on est sur la place de la comédie. Oh là là là là, et moi je me déconfie et je pars de table et je m'en vais finalement dans la ville de Montpellier et je vois une grille qui est rétro-éclairée. Je me dis, mais purée, je suis montée super fin, quoi. J'ai une lampe et un réflecteur. Qu'est-ce que tu fais avec une lampe et un réflecteur ? Ok, donc je vais voir Nathan et je lui demande s'il te plaît tu aurais encore 5 minutes à m'accorder. Il me dit oui, parce que lui c'est fatigant tu sais d'être sur les bras, si tu vois cette photo, il s'élève du fauteuil, il se grandit, il forme un V avec son corps comme le V de la victoire, parce que lui il a une histoire tellement incroyable, et donc au bout d'un moment les poignets sont très fatigués quoi. Et donc il m'accorde quand même 5 minutes, et on fait cette photo. Et tu vois... il y a une petite dose de magie qui s'est invitée ce jour-là, c'est-à-dire que dans le réflecteur, Nico le tient, et donc on fait un rétro-éclairage, je mets la lampe à l'arrière de mon modèle, Nathan s'élève du fauteuil, et la lumière rebondit sur le réflecteur pour en rediffuser légèrement sur mon sujet. Et quand il prend le réflecteur, on est un peu à l'arrache, et il y a de la poussière qui tombe, et du coup ça vient faire la paillette qui descend. et qui se prend dans la lumière. Donc, ça, c'est une très belle anecdote parce qu'elle correspond à beaucoup de... Enfin, entre parenthèses, quoi. Pour moi comme pour lui.

  • Jingoo

    Merci d'avoir passé. Alors, Jingoo et moi, on te remercie vraiment pour ce moment incroyable qu'on a passé ensemble, pour toutes tes réponses, avec ce petit accent d'Aveyron parce que je les ai noté : rose, heureuse, et je me trompe.

  • Emeline

    Merci à toi en tout cas d'avoir posé ces questions, de passer ce moment. C'était super chouette. Et continuez encore l'équipe Jingoo. Bravo. On est heureux d'être avec vous.

  • Jingoo

    Je pense qu'on va continuer comme ça ensemble longtemps, Jingoo et toi. Merci beaucoup, Emeline.

  • Emeline

    Merci. Merci à toi, Gilles. À très bientôt. Au plaisir. Tu viens au studio quand tu veux.

  • Jingoo

    Vous pouvez retrouver tout le travail d'Emeline sur son site studio-end.com. Et en attendant notre prochaine rencontre, faites de belles photos. Et à bientôt.

Chapters

  • Tempo: 110.0

    00:00

Share

Embed

You may also like