- Speaker #0
Bienvenue dans Déclic, le podcast qui donne une voix à l'inclusion. Je suis Camille Malgian, cofondatrice de deux startups engagées dans le handicap. Depuis toujours, une chose m'anime profondément, l'envie d'aider, de connecter et de transformer. Déclic est le podcast qui donne la parole à celles et ceux qui incarnent l'inclusion et transforment des idées en action.
- Speaker #1
Pour moi, ça rejoint cette idée de justice sociale, d'inclusion dans la société, de personnes qu'on ne connaît pas forcément, mais ce n'est pas parce qu'on ne les connaît pas qu'elles n'ont pas besoin d'être correctement intégrées dans la société. Ça peut être nous deux mains, et tout d'un coup, ça deviendra primordial pour nous de pouvoir être intégrés, mais tant que ça ne nous est pas arrivé, on n'y pense pas. Donc moi, je crois que derrière le terme de tolérance, je mets l'idée de... qu'on se doit de traiter tout le monde.
- Speaker #0
Merci beaucoup Bertrand de venir sur le podcast Déclic. Tu nous viens tout droit de Rennes, c'est ça ? Oui. De la Bretagne.
- Speaker #1
De la Bretagne, oui.
- Speaker #0
Il faisait du soleil à Rennes. Oui,
- Speaker #1
très beau ciel ce matin.
- Speaker #0
Et là à Paris, on a de la chance cette semaine,
- Speaker #1
on a plutôt ensoleillé.
- Speaker #0
Ce que je fais, je vais te laisser te présenter. Sur le podcast Déclic, j'interview plusieurs personnes. Aujourd'hui, je suis vraiment très contente de t'avoir. On a eu beaucoup de personnes en situation de handicap sur les derniers épisodes, mais aussi c'est important pour moi de mettre en avant les entrepreneurs qui travaillent sur le sujet de l'accessibilité et du handicap. Et donc, sans plus attendre, je te laisse te présenter.
- Speaker #1
Eh bien, merci pour ton invitation. J'avais en effet suivi tes podcasts et je me demandais comment je m'inscrivais dans cette série, puisque en effet, je ne suis pas en situation de handicap, mais même si c'est... Si mon activité s'interroge, travaille sur cette question depuis un moment maintenant. Donc oui, ma société qui s'appelle Sumware, elle a 5 ans maintenant, et elle est le résultat de réflexions que j'ai et de travaux que j'ai personnellement depuis une quinzaine d'années sur le sujet de l'accessibilité des villes de manière générale. Et donc mon activité avec Sumware, qui avait commencé déjà avant, c'est une activité un peu de cartographe et d'informaticien, d'apporter des outils qui existent pour plein de domaines, au domaine de l'accessibilité et au domaine plus large même du piéton, de la mobilité piétonne dans les villes. Donc c'est le résultat d'une réflexion que je me suis faite en 2010. On commençait à avoir des smartphones. Moi, je n'en avais pas, mais en tout cas, il y avait beaucoup de gens qui commençaient à avoir des smartphones, qui utilisaient Google Maps pour se guider. Et puis, en tant que piéton, Google exploitait des données de GPS pour les voitures, donc les rues, toutes les données qui sont utiles pour les voitures, et faisait circuler les piétons dans ces rues. en les mettant au centre de la rue, à 4 km heure, en étant capable d'aller dans les deux sens. Et moi je me disais, c'est ça la différence par rapport à ce que Google proposait pour les voitures, et moi je me disais mais en fait c'est dingue, en tant que piéton, c'est rare qu'on marche au centre de la rue. Et pour des personnes pour qui c'est capital de savoir si le trottoir de gauche permet de circuler, alors que le trottoir de droite ne le permet pas, Google ne propose rien. Et en fait, personne ne proposait rien à l'époque. Quinze ans plus tard, il n'y a pas grand monde qui propose ça aujourd'hui non plus. Google ne le propose pas, toujours pas.
- Speaker #0
Sur la partie piéton ou sur la partie accessibilité piéton ?
- Speaker #1
Alors, sur la partie accessibilité, oui. Sur la partie piéton, Google propose des choses dans les capitales européennes, comme à Paris, avec les trottoirs, avec les traversées piétonnes, mais Google ne le propose pas ailleurs. En effet, c'est un progrès. Je ne sais pas à quel point ça fait partie d'une stratégie de la part de Google qui va s'étendre et permettre d'améliorer les choses un peu partout, ou si c'était surtout quelque chose qui s'estimait indispensable dans des territoires extrêmement fréquentés. Mais sur la partie accessibilité, aujourd'hui, une personne en fauteuil, quand elle utilise Google Maps, Google Maps va lui faire éviter les escaliers. C'est tout. Or c'est extrêmement problématique. C'est en déroulant ce fil à partir de 2010, en me demandant comment on pourrait faire pour cartographier l'accessibilité des villes, comment on pourrait faire, une fois qu'on a cartographié cette accessibilité, pour mieux guider les gens, pour leur proposer des itinéraires qui leur font éviter des rues complètement impraticables, et bien voilà, comment est-ce qu'on peut faire ? Et donc 15 ans plus tard, je commence à avoir des réponses, pas mal de réponses, le sujet a quand même pas mal évolué. mais pendant une dizaine d'années, ça a été des prototypes. Des prototypes, donc des choses qui permettaient de faire progresser ces questions.
- Speaker #0
À petite échelle,
- Speaker #1
du coup. À petite échelle, oui. Quand même des choses. Le premier prototype, c'est 2010, à l'occasion d'un concours organisé par Rennes Métropole pour l'ouverture de son portail Open Data. Donc Ren, qui depuis est... une des villes les plus en avant sur la question de l'open data en France, avait ouvert son portail open data à l'été 2010 et avait sorti un concours, Rennes en open data, je ne sais plus comment ça s'appelait, pour encourager à la réutilisation de données. Ce qu'il voulait voir, c'est à quel point les données qu'il avait proposées étaient utilisables, permettaient de développer des services. Et voilà, confronter cette question de... la publication de données à la création de services. Donc moi, avec un copain, on s'est dit, c'est l'occasion peut-être d'essayer quelque chose. C'est là qu'on a créé Andimap, qui est aujourd'hui le nom de notre calculateur d'itinéraire. A l'époque, on ne savait pas très bien ce que ça allait être, Andimap, c'était le nom de notre projet. Et en fait, on l'a créé dans ce cadre-là parce que Rennes a eu la bonne idée de publier des données en open data qui nous permettaient notamment de qualifier les traversées piétonnes bordée de trottoirs surbaissés. On a utilisé cette donnée pour permettre de guider les gens correctement lors des traversées en fauteuil. Ce prototype, c'était exclusivement des itinéraires en fauteuil. Et on a fait un calculateur d'itinéraires sur Rennes, pas Rennes Métropole, mais Rennes, permettant depuis un site web à des gens de planifier leurs itinéraires et de voir quel est le chemin qui va être le plus adapté. pour une personne en fauteuil. Alors il nous manquait beaucoup d'informations. On ne prétendait pas faire un truc parfait, mais c'était les bribes de ce que c'est devenu aujourd'hui. Et donc on a gagné un des prix du concours, et Rennes Métropole d'ailleurs nous a invités à déjeuner, les services en charge de la publication de ces données nous ont invités après, ils nous ont dit « mais si vous saviez, quand on a publié cette donnée sur les trottoirs surbaissés, on... » On ne se doutait pas un instant que quelqu'un l'utiliserait. On s'est dit, allez, on libère des données, on verra bien à quoi ça peut servir. Et jamais on n'avait pensé que ça puisse servir à faire quelque chose comme Handymap. Donc c'est toujours un sujet avec Rennes. Donc nous, on est implanté à Rennes, juste à côté. Cette question de ces données en open data qu'on libère et on ne sait pas toujours à quoi elles vont servir. On est un peu lié à cette histoire-là, nous, on est un peu lié à cette histoire de l'open data, et du coup on milite aussi pour que beaucoup de données se libèrent. C'est pas parce qu'une donnée a l'air inintéressante qu'elle l'est forcément. Et donc les services, notamment SIG des villes, qui ont beaucoup de données cartographiques, ont tout intérêt, de notre point de vue, à libérer beaucoup de choses.
- Speaker #0
Et effectivement, tu parlais du coup de Rennes-Métropole. Aujourd'hui, dans une métropole, on sait qu'il y a différents services, différentes directions qui travaillent sur toute la politique d'une métropole. Aujourd'hui, c'est quels services qui traitent ce sujet ?
- Speaker #1
Ah, Rennes, alors vraiment, ça va dépendre des territoires, la question de l'accessibilité. Alors, quand on parle de cartographie de l'accessibilité, il y a toujours les directions SIG qui sont partie prenante des projets. SIG, Système d'information géographique. Ce sont les directions en charge de toutes les données qui permettent de cartographier le territoire, ses routes, ses aménagements cyclables, toutes les informations sur les bâtiments, les réseaux enterrés, etc. Toutes ces données qui permettent d'aménager, d'entretenir la ville. Ces directions-là sont toujours partie prenante des projets, et généralement, c'est aussi le cas des directions de la voirie, qui elles sont vraiment aussi des directions qui utilisent beaucoup de données, qui sont plutôt dans l'opérationnel de la réfection de la voirie et son aménagement. Et puis les directions de la mobilité, bien sûr, qui elles sont encore plus partie prenante dès qu'il est question de mieux guider les usagers, mieux comprendre la ville pour les usagers.
- Speaker #0
Ok. Et tu parlais du coup que Somware, aujourd'hui, ça fait maintenant plus d'un an que vous avez créé cette société-là avec tes associés, mais ça fait 15 ans que tu es en réflexion sur ces sujets.
- Speaker #1
Oui. Alors, c'était une auto-entreprise au départ. J'ai créé une auto-entreprise en 2010 en me disant, on verra. J'avais l'accord de mon patron à l'époque, donc c'était quelque chose que je faisais à côté de mon job pendant 9 ans. Et j'avais un accord de mes deux patrons successifs pour avoir cette activité à côté de mon job. Et donc voilà, en D-Maps, ça a été une activité qui a très rapidement trouvé des projets, des missions pour des villes, des villes qui avaient envie de faire progresser ce sujet. avec des prototypes, avec des idées, notamment Rennes, mais aussi Lorient.
- Speaker #0
Ok. Et quel a été ton déclic ? Tu sais, on est dans le podcast Déclic, donc je demande le déclic à chacun, parce que je crois que le handicap, on n'y est pas par hasard, ou soit on est touché directement, indirectement, on a fait une rencontre au cours de notre vie qui a changé un peu pourquoi on travaille sur l'accessibilité, ou parce qu'en fait, on est des grands passionnés de data, d'accessibilité. Toi, quel a été ton déclic ?
- Speaker #1
C'est dur à dire, parce qu'on me pose souvent la question, et beaucoup de gens qui travaillent dans le domaine ont dans leur entourage quelqu'un qui est en situation de handicap, et ça a été un déclencheur pour eux. Moi, je n'ai pas de personnes en situation de handicap autour de moi quotidiennement. C'est dur à dire. Moi, je crois qu'il y a à la fois ce que j'ai dit tout à l'heure, c'est-à-dire cette espèce d'injustice que j'ai trouvée à ce que les personnes en situation de handicap soient si maltraitées. dans les applications qui permettent de guider les piétons. Et en fait, c'est ça, moi, je crois, c'est cette prise de conscience qu'il y a une vraie injustice à considérer une partie de la population comme étant un peu secondaire en termes d'information, alors que ça peut nous concerner demain tous, alors que ça nous concernera sans doute tous en vieillissant. Voilà, c'est ça, en fait. Je me suis dit qu'il y a un truc qui est vraiment mal fait, qui est toujours en faveur de... des mobilités les plus rapides, ces mobilités qui coûtent cher, il y a beaucoup de gens qui ont de l'argent à gagner sur ces mobilités, alors que quand on s'intéresse aux mobilités les plus faibles, celles qui ne coûtent pas cher, comme la marche à pied, là tout d'un coup il n'y a plus grand monde à s'y intéresser, alors que la marche, on appelle ça le ciment de la ville en termes de mobilité, elle permet de rejoindre tous les autres modes de transport. Alors certes, On ne va pas traverser, on ne va pas faire une heure de marche matin, une heure le soir, en tout cas pour la plupart d'entre nous. Puis beaucoup, 70% de Français travaillent à plus de 5 km de chez eux, ce ne sont pas des distances raisonnables en tant que piétons. Néanmoins, la marche permet d'atteindre les transports en commun, elle permet de faire ses courses autour de chez soi, elle permet en particulier le week-end quand on a un peu plus de temps de faire pas mal de choses. Donc c'est vraiment cette injustice, on regarde une mobilité qui ne coûte pas cher, qui est décarbonée, et et puis pour laquelle il y a des enjeux d'accessibilité extrêmement forts, qui m'ont donné envie de faire des choses, en fait. Je me suis dit, il y a un sujet qui doit être traité, que personne ne traite. J'ai envie de le faire.
- Speaker #0
C'est cette opportunité ou cette réflexion autour de... Il y a un trou dans la raquette, et comment je peux venir combler ce trou avec mon expertise et mon expérience.
- Speaker #1
Avec cette question des données, parce que c'est une question de l'information en fait. Les données, c'est de l'information. L'information qui peut aider les villes à mieux comprendre les enjeux d'accessibilité de leur territoire. Et puis de l'information pour les usagers au quotidien. Donc c'est vraiment me dire, voilà, il y a une information qui n'existe pas, qu'il faut savoir produire et qu'il faut savoir exploiter. J'ai envie de faire ça.
- Speaker #0
Évidemment, on parle un peu avec des termes très techniques. Sébastien peut vous montrer tout ce qui se cache derrière l'accessibilité parce que souvent on a le reflet de « Oh mais c'est pas accessible ! » mais il n'y a jamais trop les solutions qui sont dites derrière de « Ok mais quelles solutions concrètes on met en place pour faire qu'un déplacement, un cheminement soit accessible ? » Vous chez Somewhere, ce que j'ai pu comprendre c'est que vous abordez différents handicaps dans les calculs d'itinéraire. Donc, le calculateur d'itinéraire, pour vulgariser, c'est je pars d'un point A, je vais à un point B, et j'ai cette information qui m'est donnée de quel parcours je vais emprunter pour ce déplacement-là.
- Speaker #1
Là où un calculateur d'itinéraire classique essaie de trouver le parcours le plus court en termes de temps, on peut avoir quelques options, mais c'est quand même très orienté sur le temps le plus court. Nous, on va chercher le meilleur compromis entre l'accessibilité et le temps de parcours. privilégiant autant que possible l'accessibilité. On s'intéresse, en effet, enfin on s'intéresse, on essaie de proposer des informations pour tous les handicaps à vrai dire, mais il y a deux familles sur lesquelles on travaille le plus, ce sont les handicaps moteurs, donc les personnes en fauteuil, que ce soit électrique ou manuel, les personnes qui ont des difficultés de marche, qui sont très nombreux, ça c'est pour les handicaps moteurs, et puis pour les handicaps visuels, les non-voyants et les malvoyants. Donc ça c'est vraiment les deux, les deux familles avec différents profils de déplacement sur lesquels on travaille le plus, et on va s'apprêter à travailler prochainement, dans le cadre d'un projet qu'on a gagné, sur les handicaps invisibles, et notamment ce qu'on appelle le confort sensoriel, qui est la difficulté que rencontrent notamment les autistes lors de leurs déplacements. C'est montrer qu'une personne sur quatre, en vérité, est concernée par ces troubles de confort sensoriel lors des déplacements. Qu'est-ce qu'on met derrière ce terme ? Les notions de bruit, de foule, de promiscuité sur des trottoirs, qui font que certaines personnes choisissent de ne pas sortir de chez elles plutôt que d'avoir à affronter ça. De la même manière qu'on le fait pour les handicaps moteurs et les handicaps visuels, on va s'intéresser à ce que c'est une vie au regard du confort sensoriel, sous la forme de cartographies, de diagnostics. Et comment est-ce qu'on peut ensuite exploiter ce type d'information pour mieux guider les gens ? Le handicap que je n'ai pas abordé, c'est la famille de handicap auditif, pour laquelle aujourd'hui, il y a moins de difficultés dans le cas des déplacements dans la rue. Donc aujourd'hui, on est capable de proposer des itinéraires piétons pour ces usagers. Il ne faut pas oublier que quand on est capable de faire des itinéraires accessibles, on est capable de faire des itinéraires qui vont aussi être mieux pour tous les piétons. Donc c'est plutôt ces types d'itinéraires qui ressemblent un peu à ce que fait Google Maps à Paris, c'est-à-dire qu'empruntent les trottoirs et les traversées piétonnes, que ce type d'usagers a intérêt à utiliser. Nous ce qu'on constate, c'est que c'est proposé... Une fois qu'on a fait un diagnostic de l'accessibilité d'un territoire, ça bénéficie vraiment à tout le monde, et donc à tous les piétons, à qui on va pouvoir proposer des itinéraires plus justes, parce qu'ils empruntent les traversées piétonnes là où il y en a, Aïe. On n'est pas au centre de la rue, comme sur Google Maps, parce que les temps de parcours qu'on va calculer sont plus justes aussi. On va pouvoir estimer les temps de traversée de rue, et notamment les temps d'attente avant de traverser la rue. Donc on est capable de donner une information plus juste pour tous les piétons, et aussi de tenir compte du fait qu'un trottoir trop étroit, ce n'est pas qu'une gêne pour les personnes en fauteuil, c'est une gêne pour tout le monde en fait.
- Speaker #0
Oui, c'est ce qu'on appelle dans le jargon de l'accessibilité, l'accessibilité universelle, c'est travailler de base pour un public spécifique, mais qui sont profitables pour tous. Donc ouais, effectivement, moi je te rejoins à 100% parce que tu sais avec Ismode déjà tout ce que l'on fait et comment effectivement on peut interroger aussi ces calculateurs d'itinéraire pour donner la meilleure information à l'usager. sur notamment cette partie-là de calculateur d'itinéraire qui est un terme... Je ne sais pas si on peut mettre ça de technique, mais on peut. Un peu,
- Speaker #1
oui.
- Speaker #0
Finalement, où est-ce qu'on retrouve le calculateur d'itinéraire Handimap ? Alors,
- Speaker #1
au tout départ, il y a 15 ans, c'était un site web. Un site web, alors les usagers, les personnes en situation de handicap, pour beaucoup... ont besoin de préparer leur itinéraire avant de sortir dans la rue. Les sites web restent plus appropriés que les applications mobiles pour préparer l'itinéraire. On est sur un écran plus grand, il y a des mécanismes d'accessibilité web qui facilitent la consultation. Les sites web sont indispensables. On essaie autant que possible que nos itinéraires soient disponibles sur des sites web, puis sur des applications mobiles. il faut savoir aussi que pour des usagers qui vont être des touristes, qui vont être de passage que ponctuellement sur un territoire, le site web est indispensable aussi parce que les personnes vont pas avoir forcément envie d'installer une application. On essaie d'être au maximum sur des sites web. Pour que ces sites web soient connus, il faut que le territoire évidemment... Ce sont des sites web qu'on fait pour chaque territoire. Ce ne sont pas des sites web « somewhere » ou « handimap » , ce sont des sites web pour chaque territoire comme on en a un pour l'Orient. comme on en a un pour le département de l'Hérault, sur le tourisme accessible. Donc c'est de la communication qui doit être assurée pour que les gens en entendent parler, sachent que ça existe. Mais c'est aussi les applications mobiles, parce que c'est ce qui est le plus utilisé, une fois qu'on est dans la rue. Notre but... De manière générale, c'est que notre calculateur en DMAP soit intégré dans des sites et des applications qui existent déjà, pour lesquels il y a déjà une grosse base d'utilisateurs, en particulier les applications des réseaux de transport, dans chaque agglomération ou métropole, il y a une application. Notre but, c'est d'être intégré dans ces solutions pour que les usagers, un jour, ils mettent à jour leur application. et voilà, tout d'un coup c'est... ils bénéficient de toutes ces nouvelles fonctionnalités de recherche d'itinéraire, tenant compte de leurs besoins.
- Speaker #0
Oui, parce que ça, c'est effectivement... Parfois, c'est vraiment en travaillant... Le secteur de la mobilité est extrêmement complexe, avec plein d'acteurs différents. Et on ne se rend pas compte que derrière une application qu'on peut avoir sur nos portables... Je ne vais pas en citer une pour ne pas faire de préférences, mais quand on a sur... une application pour calculer son itinéraire, que ce soit notamment sur du transport, l'application d'un territoire, en fait, on ne se rend pas compte qu'il y a 15 prestataires d'AR, il y a ceux qui éditent l'application. L'intérieur, comme tu disais, sur la création d'itinéraire, on peut vous retrouver, vous qui faites la partie calculateur d'itinéraire accessible. On a ceux qui intègrent les parties d'itinéraire vélo. Je connais aussi l'entreprise Géo Vélo qui propose effectivement ces itinéraires-là pour les cyclistes. On a ceux qui vont faire la partie billetterie. Et en fait, il faut s'imaginer que derrière ça, c'est des sociétés différentes qui traitent le sujet différemment, mais qui viennent s'intégrer dans une interface unique. Et donc, il y a un gros sujet aussi des acteurs, des éditeurs d'applications, qu'on appelle aussi parfois les intégrateurs, de venir vraiment agréger. tous ces services pour pouvoir proposer à l'usager le service qui va être le plus efficace possible pour lui.
- Speaker #1
Voilà, ouais. Donc c'est tout un écosystème d'entreprises qui doivent apprendre à travailler ensemble pour à la fin proposer une application qui ne va pas être une usine à gaz, qui va être quelque chose de fluide pour l'usager, qui n'a pas besoin de savoir que les portions, les itinéraires accessibles sont calculés par Someware. Ce n'est pas ça qui est important, c'est que la personne puisse être guidée. Voilà, de manière fluide, en ayant accès aux horaires de transport, à la biéthique, tu le disais, des fonds de plan qui permettent aussi de bien comprendre là où on va. En effet, il y a sans doute une quinzaine d'acteurs, voire peut-être plus parfois, autour d'une seule application.
- Speaker #0
Qu'est-ce que tu en penses, toi, justement, du MAS ? Alors, pour ceux qui nous écoutent, le MAS, on l'appelle, c'est « Mobility as a Service » en anglais. En fait, c'est toutes les applications de mobilité qu'on retrouve sur nos téléphones. On va pouvoir acheter un ticket, valider son titre de transport, rechercher un itinéraire, commander un taxi sur une et une seule application. C'est vraiment la réunification de tout plein de services au sein d'une même app. Qu'est-ce que tu en penses, toi, au niveau de l'accessibilité ? Est-ce que tu es plutôt sur le pan de... Il faut que les données d'accessibilité soient intégrées dans toutes ces applications masse ? Au contraire, tu es plutôt sûr, c'est quand même mieux d'avoir une application un peu plus spécifique pour des personnes qui ont besoin d'une solution un peu plus spécifique.
- Speaker #1
Oui, je crois que l'idée derrière le masque, elle est quand même plutôt bien. Je pense qu'on en a marre en tant qu'usagers, pour la plupart d'entre nous, d'avoir quantité d'applications, de jongler entre les applications quand on se déplace. Néanmoins, s'il y a bien un sujet pour lequel, à mon avis, une application généraliste... peut difficilement être aussi bonne qu'une application spécifique, c'est le guidage des personnes non-voyantes. Ces applications généralistes, avec une quinzaine d'acteurs autour, elles font plein de choses, mais ce qu'elles ne font pas toujours très bien, c'est la partie guidage, et en particulier le guidage pour des personnes non-voyantes qui nécessitent d'avoir recours à des... enfin pas à des interfaces, mais à des manières de restituer l'information très spécifiques. Pour moi, le masque, c'est bien, mais avoir une deuxième application pour des personnes qui sont non-voyantes, ça ne me semble pas un problème particulier. Il faut que les deux applications puissent se parler, sans doute. Mais voilà, c'est bien de vouloir centraliser les choses, mais jusqu'à un certain point. Au bout d'un moment, si ça devient quelque chose de beaucoup trop lourd, beaucoup trop complexe d'intégrer tous les acteurs, tous les besoins dans une seule et même application, ce n'est pas grave, faisons autre chose. et donc je dirais que le masque c'est donc cette idée de tout mettre en dans une seule appli c'est bien mais Mais aujourd'hui, je ne vois pas d'applications masse qui répondent à tous ces besoins de réservation de taxi, toutes ces choses dont on parle. En fait, je crois qu'il y a quand même quelques périmètres qui sont en train de se... Au gré du travail sur cette idée de masse, on voit qu'il y a des besoins qui nécessitent des applications spécifiques. Et donc, c'est sans doute vers ça que tend ce travail. Nous, on est là pour apporter l'information à la fois dans l'application généraliste que tout le monde a, parce que, comme je disais tout à l'heure, ça bénéficie à tous, les itinéraires, mais aussi, évidemment, dans des applications de guidage, où là, on sait très bien qu'il y a besoin de systèmes de positionnement GPS hyper précis, de manière de restituer l'information de manière audio très spécifique, et là, je crois que ça n'a pas vraiment sa place. Dans l'application généraliste, peut-être que ça arrivera parfois, mais ça a aussi tout à fait sa place dans une application spécialisée en termes de guidage.
- Speaker #0
Je trouve que c'est un sujet effectivement très délicat. C'est pour ça que je me suis permis de te le poser, parce que nous on a des groupes d'usagers avec la société que j'ai créée, donc EasyMob, on a des groupes d'usagers qu'on réunit tous les trimestres. Et sur le dernier groupe, j'avais fait une table ronde avec des personnes justement déficientes de visuel, et je leur avais posé cette question-là. Et même en fait dans les acteurs de la déficience visuelle, c'est très mitigé. Et nous ce qu'on fait, parce qu'on crée des apps effectivement pour les territoires, et en fait c'est qu'on pose la question aux usagers du territoire de qu'est-ce qu'ils souhaitent. Est-ce qu'ils souhaitent que ça soit plutôt intégré dans l'application du territoire qu'ils ont potentiellement l'habitude d'utiliser ou pas, ou est-ce qu'ils préfèrent que ce soit une application spécifique ? Et ça je dirais que ça dépend de différentes choses. Parce qu'il suffit que l'application masse du territoire ne soit pas accessible numériquement, on va tout de suite oublier cette idée-là. Et on va vouloir mettre en place une application très spécifique qui est vraiment dédiée, qui est ultra accessible. Donc je dirais que ça dépend aussi des acteurs du territoire, des acteurs qui développent les logiciels. Et plus tard, je ne vais pas citer le territoire, mais je me suis déplacée sur un territoire il n'y a pas très longtemps. J'ai téléchargé leur application pour pouvoir calculer mon itinéraire et payer mon titre de transport. Et par curiosité, parce que je travaillais dans l'accessibilité, je suis allée voir combien ils avaient le score d'accessibilité numérique qu'ils avaient publié. Et on était à moins de 20%. Et du coup, je me dis, en plus, c'était une nouvelle application qui venait tout juste de sortir sur le territoire. Je me dis, en fait, même en... Alors à l'époque, c'était 2024, là on est en 2025. Mais en 2024, on continue à développer des apps qui ne sont pas accessibles numériquement. Et du coup, je pense qu'effectivement, ce n'est pas binaire. Ce n'est pas oui ou non. Et je pense que c'est aussi à travailler avec les acteurs du territoire et de leur poser la question. Eux, dans leur habitude, qu'est-ce qu'ils utilisent ? Est-ce que ça les satisfait ? Oui, non, et pourquoi ça ne les satisfait pas ? Et comment on pourrait, si ça ne les satisfait pas, est-ce qu'il y a vraiment un sujet très spécifique à développer ? Donc ouais, je suis assez d'accord avec toi, parce que c'est bien de mettre tout en un. Mais après, pour des publics un peu plus spécifiques qui ont besoin que ça soit accessible numériquement, même s'il y a un gros travail d'accessibilité numérique en ce moment, pour que tout service, c'est que personne ne déroge à la règle finalement, et tout le monde s'y plie. Mais on voit que ça avance, mais petit pas par petit pas.
- Speaker #1
Oui, c'est ça. En 15 ans, c'est en tout cas mon constat, les choses avancent petit pas par petit pas. Et avec quelques soubresauts de temps en temps.
- Speaker #0
Donc toi, c'est ton constat, effectivement. Donc tu as fait 15 ans que tu travailles sur les sujets de l'accessibilité. Est-ce que ces dernières années ont été fantastiques avec la période des jeux ? Ou est-ce que ça a permis d'accélérer des choses ? Ou au contraire, tu te dis... Ça suit son cours. Quel est, toi, ton constat depuis 15 ans sur l'élimination de l'accessibilité ?
- Speaker #1
Les neuf premières années en auto-entreprise, faire ça à côté de mon job, je me suis posé plein de fois la question, est-ce que je peux en faire mon métier à temps plein ? Je ne l'ai pas fait pendant neuf ans parce que ça ne me semblait pas possible. Il y avait des territoires qui menaient des expérimentations, des territoires qui ont fait des choses même très poussées déjà à l'époque, comme l'Orient Agglomération. Rennes, on a fait des choses chouettes aussi, on avait intégré le calculateur Handimap dans l'application du réseau de transport pendant 4 ans. Il y a eu des choses à Montpellier qui n'ont pas été trop suivies, il y a eu des choses dans le département de l'Hérault pour qui on travaille depuis 11 ans maintenant. Mais à part ça, à part des expérimentations, des réflexions, il n'y avait pas grand chose. Un avènement des portails Open Data avec des territoires qui nous disaient « ça y est, on a sorti notre portail Open Data, quand est-ce que vous sortez en D-MAP ? » On leur disait « écoutez, vous n'avez publié aucune donnée qui permet de créer un calculateur d'itinéraire accessible parce que vous avez publié les données de votre réseau de transport que tout le monde va pouvoir réutiliser mais une fois que la personne descend à l'arrêt, on n'a aucune information pour la guider correctement dans la rue. » Les gens disent « Ah bon, je vais me renseigner » . Et puis en général, il n'y avait rien comme données. Donc ça, c'était quand même quelque chose qui a été extrêmement récurrent pendant 9 ans. Mais en parallèle, il y a eu des choses qui ont progressé. La loi LOM, c'est le gros progrès en fait. La loi d'orientation des mobilités, qui a institué un certain nombre de règles nouvelles pour mieux traiter l'accessibilité dans les applications de calcul d'itinéraire. pour demander aux villes d'avoir des diagnostics de leur accessibilité, fait de manière plus professionnelle qu'avant, plus standardisée, pour que cette manière de faire soit réexploitable dans des calculateurs d'itinéraire. C'est ça qui a été le gros progrès. La loi a été votée en 2019, la loi LOM, et les décrets d'application pour ce volet de la loi, je crois que le dernier a été publié en mai 2024. Donc ça a mis 5 ans, alors ça a été retardé par le Covid, pour une bonne part. Et je crois que c'est ça en fait qui a fait que 2024 a été de notre point de vue l'année où les choses ont vraiment bougé, avec beaucoup beaucoup de territoires qui ont lancé des projets de diagnostic de leur accessibilité. Et donc 2024, une année assez incroyable pour nous. Et 2025, on voit déjà que les coups de frein... budgétaires vont compliquer les choses. Quand les collectivités n'ont plus autant d'argent, les nouvelles lois, les nouvelles... les nouveaux sujets à investir passent en seconde. Donc il y a des choses qui bougent quand même cette année, mais on voit que c'est quand même moins vif que 2024. Et je pense que les élections municipales l'an prochain vont faire aussi qu'il va y avoir un petit temps mort dès l'été prochain, avant les élections, puis après, le temps que les nouvelles équipes se mettent en place. Donc deux années, 2025-2026, je ne pourrais pas dire avec certitude qu'elles vont être compliquées, mais en tout cas... elle semble d'ores et déjà plus compliquée que 2024, où on voyait vraiment un... Et je pense que ça n'avait rien à voir avec les JO, je pense que ça avait un vrai rapport avec la loi LOM. On voyait vraiment une prise de conscience beaucoup plus massive du sujet, qui, cette année, va être un peu plus calme.
- Speaker #0
Effectivement, tu parles justement de ces temps. On est déjà... Alors là, on tourne le podcast en mars 2025, et on se procède déjà sur 2026, sur les... et on se dit que 2026 va être un temps mort, notamment parce qu'il y a ces élections. En fait, on entend beaucoup les personnes, notamment porteurs de handicap, et qui est totalement légitime de dire qu'on en a marre, l'accessibilité n'avance pas. Mais est-ce qu'aujourd'hui l'accessibilité n'avance pas parce qu'en fait on est contraint par le timing, parce que l'accessibilité est quand même très politique, très normée par les lois, par... par tous les décrets qu'ils peuvent avoir. Aujourd'hui, ce qu'on a pu voir, tu me disais un peu en off tout à l'heure, c'est sans loi, finalement.
- Speaker #1
Les choses progressent peu.
- Speaker #0
Les choses progressent peu. Donc en fait, c'est un peu la législation qui fait avancer les sujets. Et on se dit, on a encore un retard énorme en France sur les questions d'accessibilité et de handicap. Pourquoi on n'arrive pas à avancer et aller plus vite ? Est-ce que pour toi, c'est parce que... C'est le timing des acteurs ? public qui nous contraint de...
- Speaker #1
Les priorités, moi je pense que c'est plus les priorités que le timing. Je pense que dans la tête de nos élus, l'accessibilité est vue comme un sujet qui concerne peu d'habitants globalement. En tout cas, je ne dis pas que c'est ce que je pense, c'est comme ça que c'est perçu, à mon avis, par beaucoup d'élus. Et au regard des budgets que ça peut représenter, se lancer sur cette thématique de pouvoir réaménager sa ville pour ces personnes, et donc conduire des diagnostics auparavant pour voir ce qu'on doit faire, ça c'est quand même quelque chose qui a été institué par la loi 2005, la réalisation d'épaves, c'est-à-dire un état des lieux, de l'accessibilité du territoire. et ensuite un plan d'action sur 5-10 ans pour améliorer l'accessibilité. Ça fait 20 ans, donc on vient de fêter les 20 ans de la loi, les choses n'ont pas tant que ça bougé, et beaucoup de villes ne l'ont jamais fait leur PAV. Parce que ne pas faire son PAV, aujourd'hui, il n'y a pas de... La collectivité qui ne fait pas son PAV ne va pas être réprimandée si elle ne le fait pas.
- Speaker #0
Donc le PAV, c'est le plan d'action sur...
- Speaker #1
L'accessibilité de la voie réelle de l'espace public, oui. C'est un document, on pourrait appeler ça un schéma directeur d'accessibilité, comme il existe des schémas directeurs piétons ou schémas directeurs vélos. Ça fait 20 ans que ça existe, il y a quand même beaucoup de villes qui l'ont fait, mais qui ne l'ont pas mis à jour forcément. Mais aussi beaucoup qui ne l'ont pas fait. Et pour moi c'est un peu ça le souci, c'est que dans la tête des élus c'est d'autant moins une priorité que ce n'est pas si obligatoire. Un territoire qui ne le fait pas ne va pas avoir de pénalité. C'est un peu au bon vouloir des élus et des services que de réaliser ces choses. Et il y a des collectivités qui ont plus à cœur de le faire que d'autres. Moi, je crois que c'est d'abord les élus qui doivent changer d'état d'esprit par rapport à ça, qui doivent comprendre que travailler sur l'accessibilité, c'est travailler sur le redéveloppement de la mobilité piétonne dans sa ville, notamment. le le développement des mobilités actives pour tous, et que ça, c'est indispensable, en fait, si demain, on doit un peu décarboner la mobilité. Donc, c'est de ce constat qu'on a pu faire en 2020 ou 2021. Dans le cadre d'un projet, on a mené des interviews avec les 40 plus grandes villes françaises, des directions de la mobilité, des directions SIG, parfois des élus, enfin, beaucoup de gens. Et... Et on est sorti de ces 40 entretiens en disant ce que je viens de te dire, c'est-à-dire que l'accessibilité n'est pas une priorité parce qu'en termes de bénéfices, d'évaluation du coût versus le nombre de personnes que ça concerne, beaucoup d'élus considèrent encore aujourd'hui qu'il y a peut-être d'autres choses à faire, d'autres choses plus prioritaires.
- Speaker #0
Parce que c'est un investissement qui n'est pas mesurable en fait, c'est un investissement pour une qualité de service, et l'investissement pour une qualité de service des fois c'est pas tant mesurable que ça.
- Speaker #1
Et puis voilà, dans leur tête ça concerne pas tous les habitants. Et justement ce qu'on s'est dit c'est qu'il est hyper important pour que cette priorisation là, qui est toujours en défaveur de l'accessibilité, change, que les élus comprennent que ça concerne tout le monde. On est dans une situation d'un pays avec une population vieillissante qui va être de plus en plus concernée par des enjeux d'accessibilité, de mobilité difficile, de perte d'autonomie. Et en fait, travailler là-dessus, c'est travailler pour beaucoup, beaucoup de gens.
- Speaker #0
Donc c'est de la sensibilisation et de l'évangélisation constante, en fait.
- Speaker #1
Auprès des élus, auprès des services, les personnes qui vont vraiment prendre des décisions.
- Speaker #0
C'est un peu aussi l'enjeu du podcast Déclic, c'est de se dire que parfois, en fait, les personnes ne font pas, même les élus ou des entreprises ne font pas par méconnaissance du sujet, de se dire qu'en fait, il y a des personnes qui sont présentes, il y a des sociétés qui sont présentes, qui travaillent depuis de longues années ces sujets d'accessibilité. Il n'y a plus qu'à activer. Mais souvent, ce n'est pas activer, soit effectivement, puisque c'est un enjeu de priorité de leur côté, parce qu'à l'échelle d'une ville, d'une métropole, il y a... quand même beaucoup de choses à prendre en compte. Et après, il y a la notion aussi de sensibilisation, parce qu'un élu, je pense, qui n'est pas sensibilisé, qui n'a pas la notion de handicap, ou en tout cas de qu'est-ce que ça représente, pourquoi le faire, c'est un élu qui va peut-être moins agir et qui va agir sur des choses qu'il maîtrise plus. Et donc, c'est un peu comme nous, dans un métier, je prends l'occurrence moi, tu vas me dire si c'est la même chose, mais... Un truc que je ne maîtrise pas et que je dois faire, ça me demande de l'effort. Et donc du coup, cet effort-là, soit il me l'est donné par un tiers, soit il est délégué à une personne qui a plus de la compétence que moi. Mais du coup, il y a la notion aussi de méconnaissance et l'expertise du handicap. Le handicap, ça reste quand même un petit milieu. On se connaît tous maintenant, je pense. Mais du coup, il y a potentiellement une événementisation. encore et encore des acteurs ?
- Speaker #1
Bien sûr, énormément. Un élu, il faut vraiment qu'il prenne conscience que quand il travaille sur l'accessibilité de la voirie, je parle toujours, quand je parle d'accessibilité, je parle souvent d'accessibilité de la voirie, qui est quand même le cœur de notre métier. En fait, il travaille pour la mobilité piétonne sur son territoire. Il va falloir un peu évangéliser, avoir aussi des chiffres à présenter aux élus pour qu'ils comprennent aussi à quel point les leviers qu'ils actionnent aujourd'hui ne sont pas toujours les bons. Je donne un exemple, ça a été montré que dans des villes qui sont très accessibles et très marchables, très très favorables aux piétons, les piétons sont prêts à marcher beaucoup plus pour rejoindre les réseaux de transport. Aujourd'hui, beaucoup de villes ont tendance à essayer de mailler leur territoire par un réseau de transport assez dense, parce qu'on rapproche le bus des gens, parce que c'est comme ça qu'on s'est dit que c'était la bonne manière de faire. Or, ça coûte cher un réseau de transport, et on pourrait très bien réduire la taille du réseau de transport, et plus travailler sur la marche, sur la qualité de... des déplacements dans la rue, ce qui permettrait d'avoir quelque chose qui ne sert pas qu'à rejoindre le réseau de transport, mais qui sert aussi pour aller faire des courses, pour se balader. Plutôt que de mettre beaucoup d'argent sur les réseaux de transport, ce que je veux dire, c'est qu'on pourrait en mettre un peu plus, peut-être, sur la qualité des déplacements dans la rue, et on ferait de sérieuses économies. Ça, ce n'est pas moi qui le dis, c'est l'union des... de tous les réseaux de transport européens qui a sorti un papier là-dessus. Donc ils disent quand même quelque chose qui est plutôt, pas en défaveur, mais en tout cas qui est une information qui pourrait faire que certains réseaux de transport deviennent... se réduisent et donc tous ces réseaux de transports n'ont pas tant que ça intérêt à publier ce genre d'infos. Et c'est un travail qu'ils ont mené avec l'association anglaise Walk21, qui travaille sur la marchabilité, on appelle ça. C'est un document qui est sorti il y a un an et qui est hyper intéressant sur pourquoi il faut travailler les transports en commun et la marche, notamment l'accessibilité, ensemble.
- Speaker #0
Et je réagis par rapport à ce que tu viens de dire parce que... Tu viens de finir ta phrase avec trois mots. Voirie, mobilité, accessibilité. Voirie, transport, accessibilité. C'est trois directions différentes.
- Speaker #1
Eh bien, bien sûr, bien sûr.
- Speaker #0
Et du coup, c'est hyper complexe. Pour ceux qui nous écoutent, travailler déjà avec une entité au sein d'une métropole, c'est douze mois. Quand on doit travailler... L'accessibilité est assez transverse. Généralement, il n'y a pas de direction où ça va être plutôt côté handicap, CCRS. Mais du coup, quand on doit rejoindre... Parce que la voirie n'est pas souvent intégrée dans la direction mobilité. Ou en tout cas, c'est vraiment deux plans différents. C'est deux volets différents. Et du coup, déjà, quand c'est deux élus qui doivent travailler ensemble, avec deux services qui doivent travailler ensemble, on se rend compte déjà de la complexité du sujet. Et après, il y a du coup l'accessibilité qui arrive en transverse, de se dire, il faut qu'on ait des acteurs qui soient sensibilisés au sujet et qui puissent lui en parler sur les deux directions. Donc du coup, je mettais un petit point là-dessus parce que...
- Speaker #1
En effet, c'est vrai que je parle des élus, mais côté service, en effet, c'est la principale difficulté. C'est qu'on est sur un sujet très transversal, avec des directions qui travaillent... pas toujours très bien ensemble et qui ne sont pas forcément alignés sur les priorités. Donc c'est une vraie difficulté. Je crois que ça passera sans doute par la mise en place de commissions spécifiques sur le sujet, dans les collectivités, comme ça peut se faire sur le vélo, pour obliger tout le monde à se mettre autour de la table et à travailler dans une même direction. C'est d'ailleurs ce pourquoi plaident certaines associations de piétons. En tout cas, vaste sujet. Et quand on compare les villes, les directions ne sont pas toujours structurées pareil. Ceux qui ont le plus de pouvoir pour agir dans une ville ne sont pas forcément ceux qui ont le plus de pouvoir dans la ville d'à côté. Tout ça dépend vraiment des orientations politiques et de l'historique du territoire. Donc voilà, c'est dans cet écosystème, dans cet existant qu'on doit s'inscrire pour essayer de faire progresser les choses. Donc ce n'est pas ça.
- Speaker #0
Mais rien n'est simple, sinon ça serait trop facile. Merci beaucoup en tout cas pour ta vision et pour ton partage d'expérience et d'expertise sur ces sujets-là, parce que tu travailles sur ces sujets maintenant depuis plus de 15 ans, maintenant plus de 5 ans avec la société à temps plein, avec Somewhere. Quelle est, toi, ta vision ? Si je dois te dire, on est en 2035, quel sera le paysage de l'accessibilité dans 10 ans, selon toi et ta vision ?
- Speaker #1
C'est dur à dire, parce que je crois que ce qui a été amorcé avec la loi LOM va se poursuivre. On va avoir un temps mort peut-être en 2025, 2026, et puis les choses vont repartir en 2027. C'est horrible, deux ans de temps mort, mais en 15 ans, j'en ai vu beaucoup, beaucoup des temps morts. Je crois qu'il y aura beaucoup plus d'informations disponibles en 2035 qu'aujourd'hui, en France et en Europe, ainsi que d'autres pays, pour les déplacements des personnes en situation de handicap, sur l'accessibilité des établissements, sur l'accessibilité de la rue. Il y aura eu beaucoup de choses repensées en termes d'aménagement, parce qu'on va se retrouver dans une situation de population qui continue de vieillir, De plus en plus de personnes en situation de handicap, de plus en plus de... personnes ont des difficultés de pour rester vivre à domicile point qui voilà sortir dans la rue va devenir une difficulté rencontrée par beaucoup plus de personnes donc je crois que les choses vont progresser comme ça il y aura des à-coups pareil et j'aimerais qu'en 2035 on est la plupart des territoires urbanisés qui qui informent mieux leurs usagers sur les déplacements au quotidien mais aussi que cette information-là existe dans le domaine du tourisme, parce que se déplacer est un enjeu aussi parti en vagues. Je pense que ces domaines vont progresser. Je pense qu'ils vont... Une partie de ce qui va impulser les choses, c'est aussi la décarbonation des mobilités. On va devoir un peu moins penser la mobilité sous l'angle de la voiture, un peu plus sous l'angle des mobilités actives. Et donc il va y avoir des élans par impulsion pour changer les choses. Est-ce qu'on aura beaucoup progressé en 2035 ? Je ne saurais pas le dire. Ça va dépendre de tellement de facteurs. politiques diverses et variées que hélas hélas on n'est pas à l'abri que des d'autres priorités mais mais en tout cas je pensais la direction qu'on suit est-ce qu'on l'atteindra en 2035 je ne sais pas mais ça
- Speaker #0
me semble assez inexorable en fait génial merci beaucoup pour ta vision des choses il y a un petit jeu que je fais à chaque fin d'épisode il y a un petit petit verre un petit voilà Je te laisse tirer un mot, sans tricher.
- Speaker #1
Tolérance.
- Speaker #0
Ok. Qu'est-ce qui t'évoque ces mots-là ?
- Speaker #1
Pour moi, ça rejoint cette idée de justice sociale, d'inclusion dans la société, de personnes. qu'on connaît pas forcément, mais c'est pas parce qu'on les connaît pas qu'elles n'ont pas besoin d'être correctement intégrées dans la société, ça peut être nous deux mains, et tout d'un coup ça deviendra primordial pour nous de pouvoir être intégrés, mais tant que ça nous est pas arrivé, on n'y pense pas, donc moi je crois que, derrière le terme de tolérance, je mets l'idée de, voilà, qu'on se doit de traiter tout le monde, et en particulier les plus faibles, correctement, et qu'une société qui... ne traitent pas correctement les plus faibles, qui a tendance à prioriser les plus forts, se trompent de combat en fait. Donc moi de mon point de vue, la mobilité en particulier, mais la société de façon plus générale, doit être beaucoup plus pensée en partant des plus faibles.
- Speaker #0
Ok super, merci pour ton point de vue sur ce mot-là, sur la tolérance. Est-ce que tu as des petites actus à nous partager pour les prochains mois qui vont arriver ?
- Speaker #1
Il y a toujours des actualités. Un projet autour du confort sensoriel, j'en ai parlé tout à l'heure, on vient de démarrer, qui va prendre deux ans, à l'Orient, agglomération, à l'Orient, territoire, qui fait beaucoup évoluer les sujets autour de l'accessibilité. L'idée, c'est de pouvoir vraiment s'intéresser à... à cette notion de confort sensoriel qui est un des principaux problèmes de mobilité qu'on rencontre dans le cadre des handicaps invisibles. On a tendance à les oublier, c'est pour ça qu'on parle de handicap invisible. Aujourd'hui, dans la mobilité, les handicaps invisibles sont pratiquement totalement oubliés.
- Speaker #0
C'est 80% des handicaps.
- Speaker #1
Oui, voilà. Donc, pour nous, c'est hyper important de pouvoir faire un état des lieux d'une ville au regard de... de ces difficultés liées au confort sensoriel. Ça, c'est pour que les villes apprennent à adapter un certain nombre de choses pour la mobilité des personnes. Une personne sur quatre qui souffre de ces troubles. Deuxième année, on fabriquera un calculateur d'itinéraire. En fait, on va améliorer notre calculateur d'itinéraire pour intégrer ces informations, pour permettre à des gens de trouver des itinéraires qui vont leur faire éviter... autant que possible tous les lieux particulièrement source d'inconfort sensoriel. On va s'intéresser notamment à la notion d'espace calme dans la ville, des espaces où on peut un peu se ressourcer, sans personne derrière à circuler, vraiment pour régulièrement, dans le cadre d'un déplacement comme on fait tous, avoir des moments où on peut se recentrer un peu, se récupérer. Donc ça c'est un projet très chouette. On cherche à monter depuis deux ans bientôt et on a réussi à le monter avec Lorient. On travaille sur un sujet qui s'appelle les parcours fraîcheurs, la mobilité en période de canicule. Dans notre calculateur d'itinéraire, on vient de sortir un prototype la semaine prochaine, on va être capable de proposer des itinéraires les plus frais possibles. Et ça pour tous, c'est-à-dire qu'une personne pourra... pourra indiquer par exemple qu'elle souhaite un itinéraire en fauteuil roulant et un itinéraire au frais. Parce que ça va devenir un enjeu majeur de mobilité l'été dans toutes nos villes. Et donc on a monté un partenariat avec une société pour travailler là-dessus, pour une société qui travaille sur ces diagnostics de confort thermique, on appelle ça. Et nous on travaille sur la partie calcul d'itinéraire en fonction des diagnostics. Donc ça on croit que c'est hyper important, de pouvoir aussi conseiller les villes sur ce qu'est-ce que c'est que la mobilité en période de canicule. la mobilité active, dans la rue, dans les transports en commun, et puis mieux guider les usagers. Donc ça, c'est un deuxième sujet. Et est-ce qu'on a d'autres sujets importants ? Les deux sujets importants, c'est proposer des itinéraires accessibles dans les applications que les personnes ont déjà, qui est vraiment notre objectif. Donc à Lorient, avec qui on travaille depuis longtemps, on ne le faisait pas jusqu'à présent, d'intégrer... en DMAP dans l'application du réseau de transport, ça va être le cas cette année, et ensuite on le fera avec Caen. Voilà, donc ce sera notre troisième territoire, on propose en DMAP dans le calculateur d'itinéraire, enfin dans l'application du réseau de transport, et on espère poursuivre avec pas mal de choses à compter de 2026. Alors les cycles de renouvellement d'opérateurs de transport ne sont pas toujours calés sur les élections, donc il y a peut-être des choses qui bougeront. sans attendre que les nouvelles équipes municipales soient en place. Mais voilà, c'est quelques belles actualités autour de l'accessibilité. Puis on en a d'autres autour de la marchabilité, puisque c'est aussi un sujet qui nous permet de parler aux villes d'accessibilité. Donc on fait des diagnostics de marchabilité pour les villes, et on va en faire un notamment pour une ville près de Montpellier, qui s'appelle Castelnau-le-Lez. On travaille aussi beaucoup pour, quand même 27 000 habitants, on travaille aussi beaucoup pour Évreux, Évreux qui essaye d'être plutôt en pointe sur ces sujets. Donc voilà, ça aussi c'est des choses qui sont très chouettes et qui permettent notamment d'étudier la mobilité, évidemment des personnes en situation de handicap, mais aussi les difficultés en termes de mobilité selon le genre, notamment, voilà, les... les difficultés que rencontrent les femmes et que ne rencontrent moins les hommes, notamment liées au sentiment de sécurité, à la mobilité la nuit. Donc c'est des choses qu'on est capable de mesurer maintenant et qui permettent de faire un panorama assez large de la mobilité sur un territoire, selon le genre, selon l'âge et puis selon l'éventuel handicap qu'on peut avoir.
- Speaker #0
Tu vois, c'est la dernière chose que tu viens de dire, j'aurais peut-être pu en avoir besoin avant-hier. Je suis allée courir, je me suis fait avoir par le coucher du soleil qui était un peu tardif, parce que je cours beaucoup. Et du coup j'ai été quête saine, pas très éclairée, voire pas du tout. J'avais ma frontale donc ça m'a quand même sauvée. Mais je n'étais pas à l'aise et en sécurité. On sait que quand on est une femme et qu'on court tout seul et qu'il fait nuit, dans des sentiers où il ne s'est pas très éclairé...
- Speaker #1
C'est pas très rassurant. Voilà, donc végétaliser les villes, qui est un objectif majeur aujourd'hui, c'est à la fois très agréable en journée, mais le soir, la végétation crée des ombres, peut créer un sentiment d'insécurité, qui va plus toucher les femmes que les hommes. La végétation, ça crée aussi des racines qui peuvent faire chuter les gens, les seniors, qui peuvent être une gêne pour des fauteuils. tous ces sujets, on essaie de les rejoindre parce que On ne peut pas travailler l'un sans travailler l'autre. Et donc voilà, je n'ai pas forcément toutes les réponses, c'est des sujets complexes. On a envie de végétaliser et on a aussi envie de pouvoir circuler en se sentant en sécurité la nuit. Mais si on les regarde séparément, on ne risque pas d'y arriver. Donc on les intègre, l'accessibilité avec ces questions de végétalisation, de sentiments de sécurité, de confort piéton au sens large, pour... pour faire progresser les aménagements, tout ce que mène une ville, pour se rendre plus confortable, pour tous.
- Speaker #0
Super, merci beaucoup Bertrand pour nous avoir partagé toutes ces choses, toute cette vision aussi que tu as sur l'accessibilité depuis maintenant 15 ans. Je te dis à très vite, parce que de toute façon nous on va... On va travailler ensemble prochainement. Donc, je te dis à très vite. Et puis, merci encore d'avoir accepté mon invitation. Puis, à bientôt.
- Speaker #1
Merci à tous de nous avoir écoutés.
- Speaker #0
Merci. À bientôt.
- Speaker #1
À bientôt.
- Speaker #0
Merci d'avoir écouté Déclic, le podcast qui donne une voix à l'inclusion. Si cet épisode vous a plu, partagez-le autour de vous et laissez une note ou un commentaire sur votre plateforme d'écoute préférée. Vous pouvez me rejoindre sur Instagram et Youtube, le nom c'est déclicavecdehi.podcast, pour découvrir les prochains invités et suivre la sortie des prochains épisodes. Je vous donne rendez-vous toutes les deux semaines, le jeudi, pour un nouveau Déclic. A bientôt !