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Le déclic de Cécyle Jung : écrivaine et activiste engagée politiquement pour l'accessibilité et la lutte contre les discriminations cover
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Décliic | Camille Maldjian

Le déclic de Cécyle Jung : écrivaine et activiste engagée politiquement pour l'accessibilité et la lutte contre les discriminations

Le déclic de Cécyle Jung : écrivaine et activiste engagée politiquement pour l'accessibilité et la lutte contre les discriminations

1h21 |02/10/2025
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Décliic | Camille Maldjian

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1h21 |02/10/2025
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Description

Comment peut-on transformer les défis du quotidien en opportunités d'inclusion et d'accessibilité ?


Dans cet épisode de Décliic | Camille Maldjian, je suis ravie d'accueillir Cécyle Jung, écrivaine et activiste passionnée par les questions de handicap et d'inclusion. Cécyle, qui vit avec une déficience visuelle, partage avec nous son parcours inspirant et ses expériences personnelles qui mettent en lumière les obstacles rencontrés par les personnes en situation de handicap.


Au fil de cette conversation enrichissante, Cécile nous plonge dans son quotidien, évoquant les défis quotidiens liés à ses déplacements et à l'accès à l'information. Son témoignage est un puissant rappel de l'importance de rendre le monde qui nous entoure accessible à tous, sans exception. Elle souligne également son engagement en tant que représentante du médiateur de la ville de Paris, où elle œuvre pour des améliorations concrètes dans l'accessibilité des services publics. Cécle ne se contente pas de décrire les inégalités ; elle se bat pour un changement systémique qui vise à abolir les discriminations et à promouvoir une société plus inclusive.


Lors de cet échange, nous discutons des inégalités persistantes qui touchent les personnes handicapées et de la nécessité d'un changement radical dans notre approche collective. Cécyle partage des anecdotes poignantes qui illustrent combien le soutien mutuel est essentiel pour avancer dans la lutte pour l'inclusion.


Ensemble, ouvrons la voie vers un avenir plus inclusif et accessible pour tous !



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Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans Déclic, le podcast qui donne une voix à l'inclusion. Je suis Camille Malgian, co-fondatrice de deux startups engagées dans le handicap. Depuis toujours, une chose m'anime profondément, l'envie d'aider, de connecter et de transformer. Déclic est le podcast qui donne la parole à celles et ceux qui incarnent l'inclusion et qui transforment des idées en actions.

  • Speaker #1

    Pour moi l'accomplissement ce serait arrivé quelque part et qu'il n'y ait plus rien à faire quoi. Que ce soit cette espèce de truc là, on y arrive et pof ça s'arrête. Et moi, je n'ai pas envie que ça s'arrête. C'est-à-dire que je dis des choses aujourd'hui qui valent pour ce que je dis aujourd'hui. Moi, j'ai d'autres... Je tiens un blog, par exemple, depuis 15 ans. Je suis en train de me contredire par rapport à il y a 15 ans sur un certain nombre de sujets. Parce que je grandis, parce que je vois d'autres choses, parce que je rencontre d'autres gens.

  • Speaker #0

    Cécile, je te remercie d'avoir accepté l'invitation. Donc, j'ai eu connaissance, effectivement, de ce qu'on disait juste avant. J'ai eu connaissance de toi et de tout ce que tu fais par un commentaire sur LinkedIn quand j'ai décidé de lancer ce podcast-là et j'ai trouvé hyper intéressant. Je me suis un peu renseignée pour savoir tout ce que tu faisais. Je suis allée voir, tu consultais ton profil. Tu es écrivaine, si je ne me trompe pas, de profession ?

  • Speaker #1

    À peu près, oui, c'est ça.

  • Speaker #0

    Tu es militante ? Activiste ?

  • Speaker #1

    Activiste plutôt, il y a 20 ans j'aurais dit militante, mais aujourd'hui c'est plus activiste.

  • Speaker #0

    Plutôt activiste ? Ouais. Sur les questions de tout ce qui... alors il y a handicap, accessibilité, mais ce que j'ai compris c'est toutes les formes de discrimination.

  • Speaker #1

    Oui, c'est-à-dire qu'il y a 20 ans j'étais militante au sens de... j'agissais au sein d'organisations politiques, associatives, syndicales. J'ai beaucoup milité pour les droits LGBT à une époque où ça se justifiait, plus qu'aujourd'hui, même si on ne peut pas dire que l'homophobie est vraiment reculée, et sur les questions féministes, les questions de genre et toutes ces choses-là. Et depuis 4-5 ans, je suis plus présente sur les questions handicap-accessibilité, en sachant que... que mon engagement premier est politique. Je suis membre, j'ai été membre d'un certain nombre d'organisations politiques au cours de ma vie. Et ça remonte à... Je ne suis pas toute jeune. Et donc, quand j'avais 7 ans, je voulais être président de la République. Ça s'est un peu raté, mais ce n'est pas forcément le bon poste. Mais voilà, c'est un peu... Mon engagement est avant tout politique. Mon engagement pour l'accessibilité aujourd'hui, ou pour les droits des LGBT, ou d'ailleurs plus pour les droits lesbiens que LGBT, parce que je suis plus féministe, donc je vais être sous cet angle-là, c'est vraiment sous l'angle politique. Je ne pense pas, au fond, qu'il soit possible de régler ces questions-là de discrimination, simplement en changeant le regard sûr. Je pense que ce sont des questions qui posent la société dans ce qu'elle est organisée. Je crois que le validisme, le sexisme, l'homophobie, le racisme, l'antisémitisme, la xénophobie sont des systèmes d'oppression qui permettent à la société de s'organiser pour le plus possible. profitent d'un certain nombre de classes dirigeantes. Je pense essentiellement économique. Je pense plus à Elon Musk qu'à Trump. Si Trump en tant qu'homme d'affaires, pas en tant que président américain, mais plus en tant qu'homme d'affaires. Aujourd'hui, les inégalités se creusent en même temps que les discriminations prospèrent. Je pense qu'il y a un lien de cause à effet. Donc ça, c'est mon point de vue politique. Et puis concrètement, on m'envoie un PDF et je n'arrive pas à le lire. Donc il y a un monde entre les deux. C'est-à-dire qu'il y a la possibilité, à mon avis, d'agir sur les deux faux en même temps. C'est-à-dire qu'il y a un principe de réalité. Si je veux faire court, je dirais qu'on peut faire la révolution prolétarienne et tout sera réglé. Mais en attendant, il y a quelques petites urgences et peut-être quelques petites choses à faire qui seraient pas mal.

  • Speaker #0

    Effectivement, tu disais, on t'envoie un PDF, tu n'arrives pas à lire. parce que tu es concernée aussi par le handicap ?

  • Speaker #1

    Oui, un peu. Un peu. Alors, je me présente peut-être. Bien sûr. Alors, Cécile Young. Mon nom d'auteur, Cécile Young, c'est Y. Donc, mon prénom est Young. Et donc, je n'ai pas 62 ans, mais pas loin. Je suis écrivaine. J'ai publié une quinzaine d'ouvrages. après autant de nouvelles et autres textes. Je suis déficiente visuelle en basse vision, parce que je suis albinos, parce que les albinos ne sont pas que des êtres diaphanes merveilleux, ce sont aussi des déficients visuels, et surtout, l'image qu'on a des albinos, ils sont tous blancs comme moi, c'est aussi une... petite part des albinos. Aujourd'hui, on sait que la grosse part des albinos ne sont pas des albinos oculocutanés à hausser. On est la partie visible de l'iceberg de l'albinisme. La déficience visuelle d'un albino est liée au fait que, je fais court, le défaut de pigmentation de l'albinisme est à peu près... s'applique également à l'œil. Et donc, tout ce qui permet à l'image de se former correctement dans l'œil ne se forme pas. Donc, on a ce qu'on appelle un nystagmus. Comme il y a la télé, vous allez peut-être voir mes yeux qui bougent dans tous les sens. Je ne fais pas exprès et moi, je n'en ai pas conscience. On a le nerf optique qui est monté à l'envers. On n'en a pas confiance non plus. Par contre, là, on a dû modifier l'éclairage parce qu'il y a énormément de photophobie puisque je n'ai plus de protection contre la lumière. Alors, ceci étant, on n'a pas de champ visuel non plus. Donc, on n'a pas de relief. Donc, on n'évalue pas les distances. Et ça, c'est le tableau à peu près général. Et donc, une acuité visuelle faible. Alors, l'acuité visuelle se définit... comme le plus petit détail que l'œil perçoit. C'est un peu comme la résolution d'un écran. C'est-à-dire que c'est un nombre de pixels disponible sur une certaine surface. Et le nystagmus fait qu'on a une image sur deux. Puisque quand mes yeux sont d'un côté, j'ai une image, quand ils sont de l'autre côté, j'ai une autre image. Bon, alors j'ai un cerveau qui fait tout le travail, mais je n'ai pas une image qui saute en permanence comme les vieux films des années 30. Une espèce de film de blablabla, c'est pas ça. Mais grosso modo, je n'ai qu'une image sur deux. Donc forcément, la qualité de l'image finale est moins importante. Et à ces troubles visuels, on ajoute l'hypermétropie, la myopie, tout ce qui peut exister comme trouble visuel chez les autres. Le strabisme, je suis vieille, donc je suis... Comment ça s'appelle ?

  • Speaker #0

    Déméla ?

  • Speaker #1

    Non, la déméla, ça en échappe. Parce qu'on a déjà l'amaculade, quelqu'un qui a la déméla. Donc ça, c'est pas possible. Ah, ça c'est un truc ? Ça c'est le glaucome, on peut, mais la déméla, le déméla c'est à peu près le seul truc auquel on échappe. Mais en fait, toutes les maladies connues de l'œil, qui sont corrigées tous les jours, la presbytie, voilà le mot qui... Parce que je connais la mauvaise blague un peu vulgaire sur la presbytie, mais... J'oublie toujours le vrai mot. C'est pour ça que je ne pouvais pas, comme on est à la télé, je ne vais pas dire des cochonneries. Donc, on a à peu près tous les troubles visuels. Alors, on ne les a pas tous en même temps. Moi, je ne suis pas myope, par exemple.

  • Speaker #0

    Ok.

  • Speaker #1

    Mais je pense qu'il permet trop. Donc, j'ai de la presbytie. Et en plus, les vers progressifs ne fonctionnent pas. Il paraît que si, mais moi, je ne suis jamais arrivée. parce que faire une mise au point dans ces conditions-là me paraît difficile. Alors, l'acuité visuelle dépend aussi des personnes. C'est-à-dire que l'acuité visuelle d'un albino, ça peut être une très basse vision comme la mienne, c'est-à-dire en dessous d'un vingtième, un vingtième, un cinquantième. Ça peut monter allègrement jusqu'à deux ou trois dixièmes. Ce qui est extraordinaire, on ne se rend pas compte. Ce qui permet quand même de faire beaucoup de choses.

  • Speaker #0

    Et aujourd'hui, on s'est donné rendez-vous à Porte de Versailles, puisque c'est là où on tourne aujourd'hui cet épisode. Tu es venue sans canne, aujourd'hui tu te déplaces sans moyen de locomotion, sans chien, sans canne, parce que justement tu as un reste visuel qui te permet de te déplacer ?

  • Speaker #1

    Je dirais que moi j'ai une canne de signalement. C'est-à-dire que si à un moment ou à un autre, je me dis « oulala » , je sors ma canne. Mais pas pour voir, mais pour être vue en fait. Traverser, parce que j'arrive dans un endroit où il faut appuyer sur un bouton pour avoir un ticket d'appel et machin, toutes ces situations-là.

  • Speaker #0

    Pour rendre le handicap visible.

  • Speaker #1

    Voilà, c'est pour rendre le handicap visible. Après, moi, je me déplace. Mais, comment dire, c'est sur des parcours que je connais. La Porte de Versailles ne m'est pas inconnue. Et le trajet pour aller sur la Porte de Versailles ne m'est pas inconnu. Là, j'ai quand même sorti de la canne plusieurs fois pour traverser le tram un peu plus haut, parce que j'avais une pisciclame qui dit « Ouh là là ! » Parce que sur un passage piéton, j'ai bien vu que j'allais me faire emboutir par les voitures qui... qui avait un petit peu oublié qu'il y avait une priorité piéton. Donc, ce n'est pas parce que j'ai l'air à l'aise que je le suis. Et moi, je marche à 3-4 mètres devant moi. C'est un peu casse-gueule quand même. La rue est un endroit où je suis en danger.

  • Speaker #0

    Et comment ça se passe du coup pour des nouveaux déplacements ? Des déplacements que tu ne connais pas ?

  • Speaker #1

    Alors je les prépare, je fais comme tous les déficients visuels, je les prépare sur plan. Sur un plan ? Oui, mais sur plan au sens de, ça ne s'appelait pas plan quand j'étais petite. Moi j'ai encore des plans papiers en gros caractère à la maison, j'ai encore ça. Donc je vais privilégier les transports, même si ceux-là ne sont pas forcément d'une accessibilité à toute épreuve. Je prends un peu plus le bus. qu'il y a quelques années parce qu'ils parlent un peu plus. Ça devient plus facile de prendre le but. Le problème du but, c'est de trouver les arrêts. Je peux tourner longtemps pour trouver les arrêts. Et puis, en fait, je m'aide beaucoup de mon prochain. C'est-à-dire que si j'ai quelqu'un devant moi sur un trottoir, je le suis. Je me mets 3-4 mètres derrière et je le suis. Et j'espère qu'il va au même endroit que moi. Parce que du coup, ces réactions, je vais avoir les mêmes.

  • Speaker #0

    J'avais fait un épisode précédent avec Nicolas, qui est malvoyant également. Et alors lui, il fait du trail, c'est de la course à pied en montagne. Il aime un peu les défis et les challenges. Et il disait la même chose. Alors avant, il n'avait pas de guide sur ses courses. Maintenant, il en prend un systématiquement. Il en prend un ou une, puisque je suis bientôt une compte aussi avec lui. Et il disait justement, avant son guide, il suivait la personne de devant, il regardait les pieds de la personne de devant et c'est comme ça qu'il se guidait. Donc ça n'a plus les mêmes principes.

  • Speaker #1

    Moi, mon problème à Paris, sur les trottoirs, c'est tout ce qui... Je n'ai pas de relief. Donc je manque de shooter très régulièrement, en fait. Les bosses, les creux, un caillou... Voilà, c'est... C'est autant d'obstacles qui sont compliqués.

  • Speaker #0

    Et ça, avec la canne, ça permet quand même de...

  • Speaker #1

    Oui, je pourrais avoir une canne de locomotion. Ce ne serait pas un luxe. Juste à prendre une main, quoi. J'aime bien avoir mes mains dans les poches. T'as raison,

  • Speaker #0

    t'as les deux mains dans les poches.

  • Speaker #1

    Oui, mais c'est hyper contraignant. J'avais fait un stage de réadaptation visuelle où on m'a proposé une canne. Je sais que ça existe et je sais que j'y viendrai. De toute façon, j'ai 62 ans, en plus j'ai une maladie hématologique, donc je vieillis un peu plus vite que ce que je devrais. Donc je sens bien que mon autonomie n'est pas en régression, mais elle est fragile. Donc j'y viendrai à la canne. Moi, je préférerais prendre un chien plutôt qu'une canne, j'avoue. Ça parle, on peut discuter.

  • Speaker #0

    Ça va être juste.

  • Speaker #1

    Voilà. Après, moi, j'espère dans la technologie, qui m'a beaucoup déçue, mais je peux t'expliquer pourquoi, parce que ça va... Quand... Moi, j'ai utilisé mon premier ordinateur en 1980, 5-6. J'ai appris à écrire avec une plume sergent-major. Je ne sais pas si tu vois ce que c'est qu'une plume sergent-major. Plume sergent-major, c'est un truc que tu te rends dans un encrier.

  • Speaker #0

    Ah si, oui, oui, je connais. Oui, bien sûr.

  • Speaker #1

    Une plume... Tu ne connaissais pas le nom ? Ça s'appelle une plume sergent-major. Donc, t'en fous partout, quand t'es bigleux, tu rates l'encrier, tu plies ta plume. C'est un peu compliqué. Et j'ai commencé à utiliser un ordinateur. Donc, les premiers PC. J'avais un Amstrad PC 15-12 pour les aficionados, avec des grosses disquettes flexibles. Et c'était les écrans verts où c'est écrit en jaune dessus. et avec les premiers traitements de texte, ce qui chargeait en disquette, il n'y a pas de disque dur. Et pour la première fois de ma vie, donc j'avais pas 22, 23 ans, je faisais mes études, j'ai pu lire et écrire en même temps. Puisque quand j'écris, je ne peux pas me rapprocher suffisamment de ma feuille pour lire ce que j'écris. Donc là, en fait, j'ai pu lire ce que j'écrivais. Et dans ma vie, ça a été une révolution. C'est-à-dire, c'était un truc extraordinaire. Et après, j'ai mis la première carte disque dur dedans, dans la hamstrat PC 15. Ça a été un peu compliqué, ça ne marchait pas bien. C'est-à-dire, toute ma vie, on avait tout installé avec un copain, puis on reboot, et error loading operating system. Quand tu dis, merde, je recommence. Donc, on y a passé des heures, machin. Comme aujourd'hui, quand on change de téléphone, ça prend un quart d'heure. Mais alors, allez. Et très rapidement, j'ai eu les premiers Mac. Les premiers petits Mac. Parce que c'était les seuls à proposer des solutions d'accessibilité. Et j'ai très rapidement eu des téléphones. Il y avait une époque, il y avait une espèce de petite messagerie qu'on portait à la ceinture qui permettait de se donner des rendez-vous, tout ça. Et tous ces trucs-là étaient très accessibles. Parce que, justement, en termes de résolution, ils étaient en basse résolution. Et le grand public valide est arrivé en disant « Ah, on veut la même chose » . Donc, les premiers Nokia, les premiers petits téléphones Nokia, moi, j'avais aucun problème dessus. Puisqu'il y avait petite, grande et très grande police et on disait très bien dessus. Et en fait, pour satisfaire le public valide qui aime que ça clignote, que ce soit joli, qu'il y ait des couleurs, qu'il y ait machin, ils ont mis des couleurs, ils ont... augmenté la résolution. Et en augmentant la résolution de tous ces appareils, que ce soit les ordinateurs, les téléphones et ainsi de suite, ils ont oublié en route d'augmenter les polices, les tailles de polices et les interlignages de polices. Donc, c'est devenu un peu comme si c'était que des myopes qui programmaient. C'est-à-dire que c'est devenu écrit de plus en plus petit. Et pendant une dizaine d'années, j'ai eu beaucoup de mal à me trouver des téléphones. Parce qu'en fait, c'était plus possible de paramétrer. Même les très grandes polices étaient toutes petites parce que la résolution avait augmenté sans que derrière, le code ait donné de la taille aux polices. Donc, j'ai fini par... Comment dire ? En ordi, tout ça, sur Apple, il n'y avait pas de problème de mise en accessibilité. Donc, j'ai fini par succomber à l'iPhone, mais j'ai beaucoup mal. à utiliser le clavier de mon iPhone. Je dicte énormément. Le clavier est compliqué parce que c'est petit et parce que, en fait, contrairement à d'autres marques que je n'ai pas envie de citer parce que je ne les aime pas, il n'y a plus de pavé alphanumérique qui permet de saisir comme on saisissait autrefois. Donc, c'est, comment dire, du coup, je... J'utilise mon téléphone dans la rue, mais en dictant énormément. Après, il est configuré, gros caractère, tout ça. Il y a des applis que je ne peux pas utiliser parce que les développeurs n'ont pas pris en compte les choses, ou mal, c'est compliqué les applis. Mais sinon, je suis chez moi, j'ai une tablette, j'ai un ordi. Donc là, il n'y a plus de problème d'accessibilité si on est gentil avec moi. Plus ça va, plus moi je suis méchante avec les autres. C'est-à-dire que j'ai atteint un âge, je ne pensais jamais que je dirais des trucs pareils moi, j'ai atteint un âge où si j'ai des difficultés, Si ce n'est pas spontanément que je peux lire, si ça me prend du temps pour adapter, je considère que ce n'est pas accessible. Si on m'envoie un PDF qui est accessible au sens où va l'entendre l'Association des aveugles, la Fédération des aveugles de France, par exemple. C'est-à-dire que le PDF a été fabriqué à partir d'un document texte avec des règles de... formatage, feuilles de style et ainsi de suite, et exporter dans de bonnes conditions. Donc si j'ai un lecteur d'écran, ce que je n'ai pas, mon lecteur d'écran va pouvoir me permettre de naviguer dans le document et de le lire. Ce n'est pas un PDF image, c'est un PDF accessible. Ce PDF, je peux très bien, avec ma petite appli calibre gratuite, l'ouvrir et extraire le texte. Mais je considère que ça me prend beaucoup trop de temps. C'est-à-dire que... Une personne valide, elle ouvre le document et elle peut le lire.

  • Speaker #0

    Il y a toute une adaptation.

  • Speaker #1

    Et moi, je ne sais pas, je reçois énormément de mails, énormément de documents. Et je ne vois pas pourquoi, moi, il faudrait que je passe 10 minutes à rendre ce document accessible. Donc maintenant, là, je suis membre d'une, j'ai été nommée au conseil d'administration d'une association que j'aime beaucoup, que je vais peut-être quitter. très rapidement parce que de temps en temps, ils pensent à m'envoyer après le document Word, mais je leur dis que c'est stigmatisant. Pourquoi les autres, ils ont le document ? Moi, deux jours après, j'ai un Word qui est plus ou moins bien fricu. La dernière fois que j'ai décidé de le rendre accessible, je l'avais fait avec un chrono. Il m'a fallu 17 minutes pour que le texte soit débarrassé des couleurs, des... Des formatages qui ne fonctionnaient pas. Ils ne savent pas faire des feuilles de style. Donc, j'ai mis 17 minutes pour tout dépouiller. Donc, si en plus, moi, j'avais dû réintroduire mes propres feuilles de style dedans, ça m'aurait pris 5 minutes de plus. Donc, pourquoi je mettrais ces 22 minutes ? Et on parle pour un document. Donc, aujourd'hui, soit on m'envoie quelque chose. qui est directement lisible, et je le lis. Soit on m'envoie un truc qui n'est pas lisible, ou je dois... J'ai un abruti, excusez-moi, l'abruti, ce n'est pas un gros mot, c'est juste un homme blanc de plus de 50 ans. Il est une modèle, un homme blanc de plus de 50 ans, qui me dit, ah oui, l'intelligence artificielle peut le lire pour toi. Ben oui, mais ça prend un certain temps. Et ça demande un niveau de compétence... que j'ai, mais que tout le monde n'aura pas, en fait.

  • Speaker #0

    C'est un nouvel apprentissage sur un nouveau système aussi. Et ce que tu dis, c'est 22 minutes pour un document PDF, mais avec Mélissa, où tu reçois, on va dire, 30 mails par jour avec 15 documents.

  • Speaker #1

    Et qu'après,

  • Speaker #0

    il faut le lire. Il faut l'analyser, etc. Et donc là, tu nous parles concrètement des notions d'accessibilité numérique sur lesquelles je crois que tu es... Tu es fortement engagée ?

  • Speaker #1

    Je suis engagée en tant que personne en basse vision.

  • Speaker #0

    C'est ça.

  • Speaker #1

    Je suis copine, par exemple, avec quelqu'un que j'aime beaucoup qui s'appelle Sylvie Duchateau, qui est experte. Sylvie Duchateau, je conseille. Sylvie Duchateau, je conseille, qui fait de l'accessibilité numérique et qui me donne régulièrement des conseils et des mots. C'est très amusant. C'est une amie, Sylvie. On mange ensemble, on va balader son chien. De temps en temps, je lui dis « que tu penses de ça ? » et elle me répond « que tu penses de ça ? » Et on se rend compte qu'elle qui est aveugle et moi qui ne le suis pas, on n'a absolument pas les mêmes besoins. Et ça va de l'accessibilité numérique à prendre un train. On a pris un train une fois pour participer à un train de banlieue, donc c'est horrible. Ce n'est pas le fait que je joue à un train de banlieue, c'est que ça fait partie des choses les moins accessibles, qu'ils soient RERC. Moi, je suis incapable de prendre le RERC. À la limite, Sylvie est plus capable de prendre le RCR que moi, puisqu'elle a des outils que je n'ai pas, en tant que personne aveugle. Et du coup, on n'a pas du tout les mêmes besoins. Et c'était marrant parce qu'on flippait pas sur les mêmes choses. On avait toutes les deux notre zone de flip, mais pas du tout la même chose.

  • Speaker #0

    Et c'est ça, c'est ce qu'on constate aussi. Alors moi, j'ai créé une société qui s'appelle EZMOM. Et effectivement, on a beaucoup travaillé en co-construction avec des personnes défisantes visuelles. Et en fait, au tout début, on faisait des choix, c'est-à-dire par rapport à toute l'expertise et l'expérience que nous donnaient les personnes. Il y avait ça, ça, ça. Et en fait, il y a maintenant trois ans et demi, on a complètement changé. Et en fait, on a fait de la personnalisation parce qu'en fait, chaque personne... a son autonomie avec sa déficience visuelle, qui peut être complètement à l'inverse d'une autre personne qui a une déficience visuelle et qui n'a pas besoin des mêmes choses. Et donc du coup, effectivement, je te rejoins sur la déficience visuelle, il y a une énorme personnalisation, que ce soit au moyen des co-options, que ce soit par rapport aussi à la basse vision, à la personne aveugle, à la personne de malvoyance, mais pas en basse vision, c'est-à-dire d'autres malvoyances. Et donc, du coup, en fait, on a un enjeu de personnalisation qui est aussi important. Et ça rejoint du coup ce que tu disais, c'est que, en fait, toutes les deux, vous êtes déficient d'usine. Vous faites un même trajet, mais vous n'allez pas du tout avoir les mêmes appréhensions et les mêmes besoins.

  • Speaker #1

    Oui, c'est pour ça qu'il faut qu'en fait, le système s'adapte à tous, au sens où tous peuvent le programmer à ce qu'il est.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Moi, je suis assez fascinée parce que j'ai quelques amis valides. J'en ai beaucoup moins d'hétérosexuels, mais des valides, j'en ai quelques-uns. Alors, les valides hétérosexuels, là, ça se cherche. Mais c'est l'incapacité des gens à configurer leur téléphone, à ce qu'ils sont. Même pas à ce qu'ils voient, mais à ce qu'ils sont. C'est-à-dire qu'ils héritent d'une interface de téléphone, d'un système de téléphone. Et en fait, l'appli, elle est là, donc elle reste là. Parce que, ah bon, on peut bouger les applis ? Ah bon, on peut grossir les trucs ? Moi, le premier truc, quand je suis chez quelqu'un et que j'utilise son ordinateur, je commence par lui grossir son curseur et sa flèche de machin. C'est extraordinaire, on ne cherche plus. Et ça, ça vaut pour à peu près tout le monde. J'ai encore personne qui m'a dit, non, non, remets-moi le petit. Parce que, alors, je ne le mets pas gros comme pour moi, mais juste légèrement... Et c'est quelque chose que j'ai toujours apprécié sur les interfaces Apple, c'est qu'on peut programmer énormément de choses. Alors aujourd'hui, on est un peu plus contraint qu'on ne l'était il y a 20 ou 30 ans. Il y a 20 ou 30 ans, on faisait vraiment ce qu'on voulait, parce qu'en plus, on pouvait aller dans le dur de l'interface. Maintenant, ce n'est plus possible. Mais ça reste quand même un système qui s'adapte énormément. Et il y a des tas de choses où moi je demande simplement qu'on m'envoie quelque chose que je puisse adapter facilement.

  • Speaker #0

    Et qui s'adapte à toi ?

  • Speaker #1

    Qui s'adapte à moi, oui, de plus en plus. Mais comme je suis née dans les années 60 et que j'ai acquis mon autonomie, j'en ai écrit deux livres qui pourront m'intéresser. Mais j'ai acquis mon autonomie à la dure.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ta force et ton mental.

  • Speaker #1

    À 11 ans, ma mère m'a dit, tu vas aller en Angleterre. On habitait au sud de la France, entre Nîmes et Montpellier. Donc, il y avait eu que je prenne un train. Et puis, il y avait mon train de nuit. La gare, elle était juste à côté. On aurait pu prendre la voiture pour aller au train de nuit. Non, non, non, non, ça c'est trop facile. Donc, on prend le train, une petite navette, machin, changement de train à Paris. À 11 ans. C'était une autre époque, c'est une époque où on laissait un peu les enfants, on avait moins peur qu'aujourd'hui. Et j'ai passé une nuit seule à Paris et j'ai retrouvé le lendemain matin, moi j'arrivais sur la gare de Sterlitz, c'était une époque où le TGV n'existait pas, et le lendemain matin j'ai, après une nuit d'hôtel, où la dame elle m'a dit vous avez mangé, je dis pas non, c'est ça, ça les avait appelé l'organisation de me donner à manger. Maman elle avait tout prévu sauf que je mange. Et donc j'ai retrouvé mon groupe Gare du Nord et j'ai passé 15 jours en Angleterre avec un groupe. Je ne le referai pas aujourd'hui. Aujourd'hui, je prends accès plus parce que...

  • Speaker #0

    Assiste en gare maintenant.

  • Speaker #1

    Pardon, on peut parler de la façon dont ça fonctionne, mais au moins c'est là. Et aujourd'hui, je ne le ferais plus seul. J'ai beaucoup plus de difficultés à voyager seul aujourd'hui que je ne le faisais quand j'avais 11 ans. Mais à 11 ans, c'était ma mère qui décidait, donc je n'avais pas tellement de choix. Mais c'est vrai que moi, j'ai été élevée à la dure. Donc j'ai été élevée avec l'idée que c'était à moi de m'adapter. Et le fait qu'aujourd'hui... je dis aux autres, ah non, non, là, c'est fini, ça. C'est à vous. C'est l'âge, c'est ma condition, ma condition sociale n'a pas beaucoup augmenté, puisque j'ai jamais, j'ai jamais eu de, comment dire, de grande respectabilité professionnelle. C'est juste que maintenant, bon, sans doute que ma maladie fait que je me dis, bon, maintenant... Euh... FB.

  • Speaker #0

    je passe un jour par semaine à l'hôpital, je me dis, bon, les six jours qui restent, je n'ai pas envie de m'emmerder avec des choses comme ça. C'est vrai qu'il y a des choses où je n'ai plus envie de m'embêter avec un certain nombre de choses.

  • Speaker #1

    Oui, puis il y a aussi peut-être le recul, de se dire, en fait, le monde de l'accessibilité et du handicap, tu l'as vu aussi évoluer, je ne sais pas si c'était le mot, mais en tout cas, tu l'as vu depuis que tu l'utilisais, depuis que tu étais 11 ans. Et maintenant, au début, on se bat. Et après, est-ce qu'il n'y a pas aussi une forme d'épuisement par rapport à se battre sur l'accessibilité ?

  • Speaker #0

    Non, pour moi, ce n'est pas une histoire d'épuisement. Le problème, c'est que d'abord, on nous a fait croire que les choses avaient évolué. Ce n'est pas vrai. J'étais volontaire aux Jeux paralympiques. On peut faire une émission spéciale paralympique, si tu veux. Il n'y avait pas d'accessibilité là où j'étais.

  • Speaker #1

    Tu étais sur quel site ?

  • Speaker #0

    J'étais au Champ de Mars.

  • Speaker #1

    Ok, donc où il y avait le C6 foot.

  • Speaker #0

    Où il y avait le C6 foot, mais moi j'étais sur l'autre, là où il y avait le judo.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Il y avait des trucs géniaux, c'est une grosse tablette qui pesait entre 3 et 4 kilos pour suivre le ballon sur les matchs de rugby fauteuil. Le problème c'est qu'il n'y avait pas d'audio description, donc on pouvait suivre le ballon mais... Si on était tout seul, c'était compliqué. Et il y avait 6 tablettes pour 15 000 spectateurs. Donc, qu'on ne me parle pas d'accessibilité, parce que les ruptures de stock de tablettes, on les a vues. Les places fauteuils, il y en avait, je ne sais pas, 50, 100. Et un soir, il y a un groupe d'Américains qui sont arrivés tous en fauteuil, ils ont été refoulés, il n'y avait pas de place fauteuil. C'est une vitrine, mais elle vaut rien cette vitrine. Moi, en tant que volontaire des Jeux et des Paralympiques, je n'ai jamais eu une mission adaptée à mon handicap visuel. On m'a collée au point d'accès handicap, en disant que les handicapés se veulent bien. J'ai fait de la formation de volontaire, en fait. Mais parce que j'ai décidé de le faire. Sur les Jeux, j'étais à Bercy. Sur les paralympiques, j'étais au champ de masse, il y avait une équipe qui était beaucoup plus encadrante et qui a cherché des solutions et qui a réussi à me donner des missions valorisantes. Mais quand je suis arrivée, il a fallu le construire, ce n'était pas acquis. Donc on a eu des groupes de volontaires déficients mentaux. Donc, il y a 15 personnes qui arrivent accompagnées, qui sortaient sans doute d'un ESAT ou d'un IME accompagnées. Et puis, qui c'est qui veut prendre son handicapé mental pour l'accompagner toute la journée ?

  • Speaker #1

    C'est l'assistance, l'assistance.

  • Speaker #0

    C'est pire que ça. On n'a pas pensé à ce qu'on pouvait en amont, en fait. Pourquoi ? On dit à une personne qu'ils étaient tout contents d'être là. Mais moi j'ai vu à Bercy, des personnes handicapées mentales, passer la journée, le cul sur une chaise, à ne pas bouger. C'est pas ça être volontaire. Donc soit on est capable de leur donner une mission, c'est pas à eux de dire... Le principe des jeux, c'était de dire, dites-nous quelles sont vos aptitudes. Moi je sais tout faire. Moi, je sais tout faire. Si j'ai un support adapté, le problème, ce n'est pas moi, c'est le support. Donc, si on me dit, par exemple, on m'a dit, tu vas guider les spectateurs dans les tribunes. Ah, très bien. Donc, comme on est filmé, je vais vous la faire. Donc, les gens arrivent avec leur téléphone. Là, moi, j'ai une notification du Parisien. Bon, ils arrivent avec leur téléphone et ils vous disent, ah, c'est où ? Moi, je prends leur téléphone et puis même, je ne vois rien. Donc, on m'a dit, ah non, non, mais ça, ce n'est pas un problème, tu seras en binôme. Ce qu'il donne, quelqu'un arrive, il me dit, où est ma place ? Donc, il allume son téléphone. Mon binôme prend le téléphone et me dit, ah, c'est la place temps. Donc, je récupère le téléphone, je le rends à son propriétaire et je lui dis, c'est la place temps. Mais il a entendu puisque l'autre, il ne me l'a pas dit dans l'oreille. Donc, à quoi je sers, moi ?

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Donc, je ne considère pas qu'il s'agit d'une mission adaptée.

  • Speaker #1

    Oui, en fait, il y a des postes, enfin, c'est plutôt des missions, parce qu'on ne parle pas de postes, mais c'est des missions qui n'ont pas été adaptées au handicap.

  • Speaker #0

    C'est des missions qui n'ont pas été pensées. C'est-à-dire qu'on a recruté des personnes handicapées de tous types de handicaps. Il y en a qui ont fait des super trucs. Des gens qui ont été chauffeurs avec des voitures électriques, machin, ils se sont régalés. Il y a des gens où ils ont fait des super trucs. Moi, chauffeur, ils n'ont pas voulu. Je ne sais pas pourquoi. Mais quand j'arrivais sur mon poste, moi j'étais sur l'accueil des spectateurs, on m'a dit que ce que tu peux faire, moi je peux tout faire. Soit tout ça, soit rien en fait. Tout dépend des moyens qu'on me donne pour le faire. Et quand on dit à une personne, les personnes qui étaient donc déficientes mentales qui étaient là, moi au poste où j'étais, parce que j'ai été élevée, mes parents étaient éducateurs, ils étaient enseignants pour des enfants handicapés mentaux, il y a des lustres, donc c'est... C'est des personnes avec qui j'ai l'habitude d'être. Je lui dis, est-ce que tu peux noter quand il y a quelqu'un qui nous emprunte un fauteuil ? Oui, il peut le faire. Je lui propose quelque chose, je ne vais pas lui dire ce que tu peux faire. Ça n'a pas de sens. Si je te mets à l'entrée d'un truc et je te dis ce que tu peux faire, même toi, tu n'en sais rien, ce que tu peux faire, puisque tu ne sais pas ce qu'il faut faire. Donc, c'est... on a embauché des handicapés, on les a recrutés, et il n'y avait pas de mission adaptée. Sauf, bon, un certain nombre, mais que moi, je n'ai pas eu l'occasion de fréquenter. Par exemple, au Champ de Mars, sur la fin de ma mission, il y a une chef, j'ai appris à avoir des chefs, moi je n'ai pas l'habitude, qui vient me voir et qui me dit... Il dit, je t'ai trouvé un téléphone pour les athlètes, c'est audio décrit, va voir le combat de judo. Mais c'est parce qu'individuellement, elle a cherché un truc, parce que plusieurs fois, ils m'ont dit, va voir les combats de judo, ils savent que je suis judoka, et en fait, ils sont me donnés de solutions. Moi, un combat de judo, déjà quand je suis dedans, je ne vois pas grand-chose, mais alors sur le côté, je vois encore moins, je ne suis pas capable de... Ça va vite, c'est loin, je ne sais pas. Et donc là, ils m'ont dit une fois, et la fois d'après, elle m'a proposé avec un outil qui me permettait de suivre le combat de judo. Je n'ai pas mieux vu, mais j'étais dans l'ambiance, j'avais le son, j'avais l'audiodescription, en me disant que la brutique faisait l'audiodescription, ils ne savaient même pas ce que c'était que le judo, mais ce n'est pas grave ça. Et c'est ça la question. Et la question, elle va bien au-delà du handicap. Elle est, quels moyens on donne aux personnes pour qu'elles puissent faire quelque chose ? On se plaint beaucoup que les gens, ils ne font pas ci, ils ne font pas ça, ils ne sont pas engagés, ils sont pas... Qu'est-ce qu'on leur donne pour ça ?

  • Speaker #1

    Il y a un sujet, et ça rejoint aussi d'autres épisodes que j'ai faits, c'est la méconnaissance des acteurs potentiellement qui mettent en place des sujets sur le handicap, sur le besoin des personnes en situation de handicap et les solutions concrètes. qu'on peut apporter. Et est-ce que tu rejoins, justement, là, c'était le cas, finalement, avec l'audio description,

  • Speaker #0

    t'as pu mieux suivre le...

  • Speaker #1

    C'est un match, non ?

  • Speaker #0

    Un combat. On se bat, on se bagarre.

  • Speaker #1

    Justement, tu me parlais beaucoup de judo. Ça me permet de faire une petite passerelle. J'ai cru comprendre que c'était un sport que tu pratiques. Que tu pratiquais ?

  • Speaker #0

    Alors, je suis judoka, je suis ceinture noire, premier dan. Faut pas t'embêter. Si, si, on peut, parce qu'en fait, bon, j'ai commencé le judo, j'avais 46 ans.

  • Speaker #1

    Ok.

  • Speaker #0

    Et j'ai progressé normalement pour avoir mon premier dan et pour passer une certification pour pouvoir assister un prof.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Et puis, il y a eu le Covid. qui nous a un peu... Après, je me suis cassé la cheville. Ça a été... Et maintenant, j'ai une maladie hématologique où on m'a enlevé une vertèbre. Le judo, ce n'est pas le sport qui convient.

  • Speaker #1

    Mais c'est une passion.

  • Speaker #0

    Par contre, je suis dans un club dans le 19e arrondissement où je continue à enseigner. J'ai la chance que mon prof me fasse confiance. et me permettent d'être là pendant ces cours. voire parfois démarrer un cours sans lui. J'ai passé les certifications qui me permettent de prendre en charge un groupe d'enfants. Ça se passe très bien. C'est marrant d'ailleurs, parce que mon problème, c'est qu'ils sont tous habillés pareil. Pour les reconnaître, ils ont tous la même taille, ils sont tous habillés pareil. Donc je ne connais pas leur prénom, mais ça se passe super bien. Il n'y a pas de... On parle judo. Et donc, j'ai eu le plaisir de faire ça. Et j'ai un ami qui s'appelle Johnny de Dieu de l'Or, qui est champion de France FSGT dans diverses catégories. Et avec lui, on a créé un club de judo aussi suite au Covid. Là, on n'est pas affilié à la FFJDA, mais à la FSGT, qui est la Fédération Sportive Gymnique du Travail, qui est une fédération un peu plus de gauche, on va dire, que les gens ont moins de gros ventres. qu'à la FFJDA. Et donc, on a créé un club tous les deux sur la rive gauche, en fait, en se disant, bon, le Covid, là, on était tous les deux dans ce club dans le 19e. On est tous les deux sur le sud de Paris en se disant, bon, avec le Covid, il y a eu les confinements, donc nous, on s'est retrouvés dans un square pour faire du judo comme on peut. Moi j'ai fait des uchikomi, les uchikomi c'est ce qu'on fait, c'est les prises en répétition d'entraînement. Je les ai fait dans mon salon en mettant un élastique sur le garde-corps de ma fenêtre. Donc là il y a mon gardien qui m'a dit non, non, ne faites pas ça, je vais vous mettre un anneau dans le mur, ce sera plus prudent. Parce que maintenant il est volé fermé, c'est un coup à passer par la fenêtre. Mais donc on a créé un club de judo pour que lui puisse s'épanouir en tant que compétiteur, donner des cours aussi. Et avoir une structure sur la rive gauche qui nous permette de faire des choses en cas de pandémie, de crues. Maintenant, on est rodés à toutes ces choses un peu bizarres qui nous arrivent. De guerre, on n'avait pas encore prévu. On va être en système de défense. Voilà.

  • Speaker #1

    Si vous avez tout senti en noir, c'est bon, système de défense.

  • Speaker #0

    Voilà.

  • Speaker #1

    Et justement, sur ce club, j'avais une question. Est-ce que tu as des élèves, justement les groupes sur lesquels tu enseignes le judo, en situation de handicap visuel ? Est-ce que c'est un club qui est, on va dire, alors je n'aime pas le terme marketé, mais qui communique, qui est accessible et inclusif pour des personnes qui ont des fiertés visuelles et qui souhaitent accéder à ce club-là ? Comment on sait que ce club, si je suis une personne de forme visuelle et je souhaite faire du judo, comment on sait que ce club...

  • Speaker #0

    Alors déjà, le judo est par principe un sport adapté. C'est un sport de contact. Les règles existent. C'est-à-dire que la seule différence entre un combat de judo valide et un combat de judo déficient visuel ou auditif, c'est qu'on démarre garde-prise. C'est-à-dire que... Quand on regarde Teddy Riner, il n'arrête pas de se battre des mains comme ça pour essayer que l'autre n'attrape pas le kimono. Puisqu'on ne peut pas commencer une projection judo si on n'a pas attrapé le kimono d'une certaine façon. Donc la différence, c'est un défi en visuel, on va lui poser les mains sur le kimono de l'autre. Parce que sinon, ça pourrait être drôle.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ce qu'on a vu pendant les Jeux Paras, effectivement.

  • Speaker #0

    On leur pose les mains. Moi, mon club, dans le 19e... En fait, il y avait une animation judo dans mon arrondissement. J'habite le 14e, un jour, il y a longtemps. J'y suis allée et puis je voulais y aller. Puis j'ai toqué, je suis tombée sur un petit gars qui m'a dit, je voudrais faire du judo. Il m'a regardée, il me dit, oui, mais là, l'animation judo de l'été, c'est un peu compliqué. J'ai un club. Je lui ai dit, oui, mais moi, je suis déficiente visuelle. Il me dit, oui, j'avais bien remarqué. Justement, moi, j'ai des certifications. Il y a des certifications. Je vous attends, prenez un jogging, machin. Et moi, je suis dans un club, donc dans le 19e arrondissement, place des Fêtes, où les profs, en fait, font en capacité d'accueillir des enfants, des adultes. Alors, déficients visuels, déficients auditifs ou déficients mentaux. OK. Il y a deux profs principaux, et ces deux profs principaux disposent de toute la panoplie possible et inimaginable. En gros... La différence, c'est que si je dis au soto-gari, si je dis vous prenez comme ça, tac, tac, tac, là vous mettez les mains là, puis là, puis là, bon, moi je ne sais pas ce qui se passe. Si on me dit tu attrapes le revers, tu attrapes la manche, tu poses le pied en avant au niveau du pied de l'autre, tu rentres ton épaule dans son épaule et tu balayes sa jambe, c'est très clair.

  • Speaker #1

    C'est la représentation mentale ?

  • Speaker #0

    C'est l'audiodescription. Pour le club qu'on a créé avec Johnny, on a une expérience assez intéressante. Dans le cadre des Jeux Olympiques, il y a une opération qui s'appelle Club Inclusif, qui était un partenariat entre certaines collectivités territoriales, le CIO Jeux Olympiques, la Fédération Handisport et la Fédération de Sports Adaptés. L'handisport, c'est plutôt le handicap physique et sensoriel. Sport adapté, c'est la déficience mentale. Et aujourd'hui, il y a de plus en plus de disciplines sportives qui sortent de ces circuits-là au nom de l'inclusion. Par exemple, le judo est géré, le para-judo est géré par la Fédération Française de Judo, et non pas par la Fédération Handisport. Et donc, on a fait cette formation, et fait exceptionnel. Dans la journée de formation avec la Fédération de sport adapté, on nous a diffusé un film sur lequel j'ai fait des commentaires qui ne sont pas passés et donc j'ai été virée de la formation. J'étais la seule personne handicapée à suivre cette formation pour devenir club inclusif et j'ai été virée de la formation.

  • Speaker #1

    On trouve productif.

  • Speaker #0

    Ce que je trouve assez exceptionnel. Là je fais court mais c'est un grand moment de ma vie ça, c'est vraiment... quelqu'un qui me dit « Madame, vous n'avez pas votre place dans ma formation. » Alors que je suis avec un formateur de la Fédération du sport adapté. Parce que j'ai dit que le sport adapté, je vais redire ce que j'ai dit, parce qu'on en est à la télé, il faut que je sois honnête, j'ai dit que ces associations et cette fédération sont complices de l'incarcération des personnes handicapées dans les instituts médicaux éducatifs. Je suis une partisane de la désinstitutionnalisation et de la libération des handicapés. L'exemple que j'ai donné, c'est le matin, ils sont contents, ils se lèvent, ils font tous pipi à la même heure, ils prennent leur petit déjeuner ensemble, ils montent dans le même bus, ils vont faire leur sport ensemble, ils reviennent à la même heure, ils vont manger, ils font la sieste, ils touchent ensemble, mais ils ne voient jamais une personne validée. Et justement, dans nos clubs, on fait ce qu'on appelle la pratique partagée. qui est la grande cause de la FSGT dont j'ai parlé tout à l'heure, qui est de dire que handicapé et valide, on fait ensemble. Et moi, dans mon club de judo, dans le 19e, il y a un gars qui n'a pas de doigt. Le temps que j'ai mis pour m'en rendre compte, parce que quand il vous prend le kumikata, qu'il n'ait pas de doigt, ça ne se sent pas. Et donc, dans le 19e, il y a un gars qui est trisomique, qui est ceinture noire. On est plusieurs déficients visuels. Je peux outer Sylvie Bouchateau qui a fait deux ans de judo avec moi. Elle a arrêté, c'est le mal au dos. C'est comme ça que j'ai rencontré Sylvie, dans un club de judo. Sultatami. Sultatami. Et donc, en fait, dans nos clubs, la question du handicap ne se pose pas. On ne peut pas faire de judo si on n'est pas complètement debout quand même. Dire quelqu'un qui va être paraplégique va avoir du mal à faire du judo. Par contre, il peut y avoir une certaine forme de judo, plutôt sur du mode jujitsu brésilien, ce qui se passe au sol, qui peut permettre de faire des choses. Mais moi, je me souviendrai toujours, et j'en avais écrit une nouvelle, c'était au début de mes années judo, on me dit, viens, il y a un grand raout judo adapté. opté, para, machin. On m'emmène en banlieue dans une voiture, chose que je n'aime pas. Et puis, il y a mon prof qui me dit, tu vas te mettre avec la petite fille qui est là-bas, ça va être parfait. Moi, j'étais encore, je ne sais plus, je devais être en orange ou en vert. Mais bon, la petite fille, elle n'avait jamais fait de Judo. Puis, je regarde ce gamin, elle était mignonne comme tout. Je me dis, il y a un problème. Je commence à lui attraper le kimono. Je me dis, putain de merde. problème, je ne trouvais pas. En fait, elle n'avait pas de bras.

  • Speaker #1

    C'était ça le problème.

  • Speaker #0

    Le problème, c'est qu'elle n'avait pas de bras. Moi, je ne l'ai pas vue tout de suite. C'est vrai que mon premier contact avec elle, c'était sympa, puisque moi, je n'ai pas vu qu'elle n'avait pas de bras. Et donc, quand j'ai pris conscience qu'elle n'avait pas de bras, je n'avais pas longtemps, parce qu'ils ont travaillé le fameux Sotougari, et de me dire, comment je lui explique Koso Tungari parce que les brins, ça permet une partie du déséquilibre. Puisque une prise de judo, c'est un déplacement, un déséquilibre et une action qui fait tomber. Donc, le fait de ne pas avoir de brin prive la prise de judo d'un peu de son âme. Mais je me suis dit, elle doit pouvoir quand même faire ça. Et donc, comme j'étais sur une logique de... Ah, mais je n'ai pas vu qu'elle n'avait pas de bras, mais là, il faut qu'elle fasse au soto-gari, il n'y a pas de choix. Je lui ai fait faire un au soto-gari sans bras. Moi, je tenais son kimono, parce que moi, si je ne tiens pas le kimono des autres, je me casse la gueule. C'est un de mes problèmes au judo, c'est que j'ai des problèmes d'équilibre. Et donc, en fait, je lui ai expliqué qu'il fallait me transpercer l'épaule, me faucher la jambe en expliquant le déplacement tout ça et le mal alors le seul truc qui était entre guillemets dangereux, c'est qu'une des règles au judo, c'est qu'on tient la manche de l'adversaire pour lui éviter de se faire mal quand il chute. Donc si elle me faisait chuter, il fallait que je fasse attention. Première fois qu'elle me fait chuter, c'était tranquille, c'était bon. Deuxième coup, j'ai eu peur. C'est-à-dire qu'une fois qu'elle a eu compris ce qu'il fallait faire, elle l'a fait très bien et elle m'a fait shooter sans que je... Comment dire ? Un peu par surprise, mais...

  • Speaker #1

    Mais elle t'avait fait chuter.

  • Speaker #0

    Elle m'avait fait chuter, et c'était une vraie chute. Après, on a déjeuné ensemble, c'était rigolo, parce que, moi je dis c'est rigolo, ma façon d'être, mais... Elle mangeait donc en face de nous, pas de bras. Et sa mère sort un paquet de chips, elle étale les chips sur un, et puis là, il y a le pied de la gosse qui sort au-dessus de la table, et qui bouffe ses chips tranquille. Pénard.

  • Speaker #1

    Adaptation, vous m'en parlez Adaptation,

  • Speaker #0

    elle avait un verre avec une paille Et du coup, moi j'ai discuté avec elle J'ai dit tu veux faire du judo ? Elle m'a dit non parce que bon je me rends bien compte Elle avait quoi ? Une dizaine d'années ? Dix-douze ans ? Elle m'a dit je me rends bien compte qu'il me manque un peu un truc Pour le judo J'ai dit t'as pensé au karaté ? Elle m'a dit oui je pense qu'à ça Et Je veux dire Je ne conseille à personne d'être en face de cette gosse qui a décidé de se défendre avec ses jambes.

  • Speaker #1

    Tu vois, j'ai une petite question à poser dans les épisodes du podcast Déclic, c'était l'anecdote. Est-ce que celle-ci, ça fait partie d'une de tes anecdotes ?

  • Speaker #0

    Ah ouais, moi, ça a été... Moi, ce qui me plaît dans cette histoire, c'est que j'ai pas vu qu'elle avait pas de bras. Et c'est ça qui fait toute la différence. C'est que, toi, si t'es une gosse qui arrive vers toi. et qui n'a pas de bras, tu vas le voir tout de suite et tu vas le voir de loin.

  • Speaker #1

    Il va avoir une stratégie.

  • Speaker #0

    Le temps qu'elle arrive, tu vas avoir une stratégie qui va te... Moi, je me retrouve face à quelqu'un, je me dis tiens, il y a un truc bizarre. Juste, il y a un truc bizarre.

  • Speaker #1

    Je ne sais pas quoi. Je ne sais pas quoi.

  • Speaker #0

    Et donc, moi, je n'ai pas le temps d'anticiper une stratégie ou de me donner une contenance. Puis je lui dis, excusez-moi, je me suis excusée, je dis excuse-moi, j'ai pas fait gaffe. Et elle me dit, elle me dit, ah non, non, mais c'est pas grave. Et parce que le j'ai pas fait gaffe était sincère. C'est-à-dire qu'elle, elle a vu que j'ai pas vu, en fait. Que c'est pas que j'ai pas fait attention, que c'est pas... Et j'ai souvent ça, je suis représentante bénévole du médiateur de la ville de Paris. C'est-à-dire que le médiateur de la ville de Paris s'occupe des relations. entre les parisiens et l'administration parisienne. Et il y a souvent des personnes handicapées. Et moi, je ne me présente pas comme étant handicapée. Mais quand j'ai quelqu'un qui est handicapé, il y a un truc, quoi. Il le sent. Et souvent, au bout d'un moment, si leur problème est lié au handicap, je dis, vous savez, je suis déficiante visuelle. Et souvent, on me dit oui. C'est-à-dire que... Il y a une espèce de communion, un truc, c'est des complices de la discrimination, on est victime de la même chose, et du coup ça vaut aussi vis-à-vis de toutes les populations qui sont opprimées d'une façon ou d'une autre. C'est vrai que l'homme blanc de 50 ans ne fait pas partie des gens avec qui j'ai des bonnes connexions. quand ils viennent pour des problèmes de stationnement avec le résuvé, c'est vrai que la connexion passe mal.

  • Speaker #1

    Et justement, tu parlais que tu es bénévole dans la médiation pour la ville de Paris. J'ai cru lire ou comprendre que tu avais aussi une médaille de bronze de reconnaissance par rapport à ce que tu fais auprès de la ville de Paris qui a été dessinée par Anne Hidalgo, si je ne me trompe pas.

  • Speaker #0

    C'est vrai, j'ai la médaille de bronze de la ville de Paris. qui m'a été accordée par Anne Hidalgo à la demande d'Olivia Polsky, qui à l'époque était en charge des commerces à la ville de Paris. Aujourd'hui, elle s'occupe, elle est maire adjointe à la maire de Paris. C'est une élue de mon arrondissement. Et en fait, je suis la première assesseur Basse Vision. de l'histoire de France, si on ne s'est pas trompé. Sous réserve, qu'il y ait quelqu'un qui me dise « Non, non, je l'ai été avant toi » . C'est-à-dire que depuis la création du programme de volontaires de Paris par la secrétaire générale adjointe qui maintenant est partie, qui s'appelle Laurent Girard, qui est quelqu'un qui a beaucoup fait pour la ville de Paris. Il y a la maire avec les élus et puis il y a le secrétariat général. Ce n'est plus le... les chefs d'administration de la ville. Et les gens qui font beaucoup avancer les choses, c'est plus les agents de la ville et le secrétariat général que les élus. C'est-à-dire que les élus, ils ont des idées, des trucs, des machins, des malins, mais il y a beaucoup de choses qui existent parce qu'il y a des agents qui les mettent en œuvre et qui les imaginent. Par exemple, Laurent Girard a imaginé le programme des volontaires de Paris en disant que Paris, ses 2 millions d'habitants... comment on fait pour que les habitants se sentent investis dans le quotidien de la ville. Et donc, les volontaires de Paris, ça a été beaucoup développé au moment du Covid, justement. On a eu énormément de formations sur les crues, sur le PSC1 et tout ça, l'assistance aux personnes, sur recenser des trucs, sur faire des choses en tant que citoyen. Et dans ce cadre-là, la ville recrute à chaque élection des assesseurs et des présidents pour les bureaux de vote. Autrefois, c'était les partis politiques qui fournissaient les assesseurs et les présidents. Maintenant, ça n'existe plus. Les partis ne font plus le boulot, donc la ville fait des assesseurs citoyens. Et moi, je me suis dit, moi, je voudrais être assesseur. Le problème, si tu as déjà voté, ce que j'espère, tu as vu la taille d'écriture d'un cahier d'émargement. Mais dans le code électoral, il est indiqué que pour être assesseur, il faut savoir lire et écrire. Je sais lire et écrire. Donc, le problème, ce n'est pas moi, c'est le support. Et donc, j'ai une amie qui est agente de la ville de Paris, qui cadre la ville de Paris, qui a commencé à contacter le 19e, puisqu'elle habitait en 19e. en disant que j'ai une amie qui est déficiante visuelle qui voudrait un cahier d'émargement gros caractère. Le directeur général du service du visuel, elle m'a dit, oui, c'est une bonne idée, mais là, c'est un peu court. On voit ça pour la prochaine fois. Et puis, après, les échanges, il était sincère, mais on ne savait pas comment débloquer le truc parce qu'il y a un service qui s'appelle le BORP, le Bureau des élections et du recensement. qui s'occupent de ça, donc entre un arrondissement, faire bouger le burp, tout ça, bon, c'est compliqué. Et il y a eu une grande réunion à l'hôtel de ville, dans les beaux salons de l'hôtel de ville, sur recruter des assesseurs. Donc, j'y suis allée avec cet amour, et puis, blablabli, blablabla, blablabli, on fait des assesseurs, tout ça, j'étais là, je boubiais un peu, puis elle me dit, mais non, mais non, mais attends, attends, et ça, non, mais il commence à m'agacer, et donc, du coup, à un moment, vous avez des questions, je me suis levée j'ai parcouru toute la distance entre moi et la scène j'ai chopé le micro et j'ai dit, moi je voudrais être assesseur mais je suis déficiente visuelle donc il va falloir m'adapter le cahier donc il y avait 300-400 personnes dans la salle moi j'ai pas peur, je les vois pas c'est pas un avantage ça en fait ah c'est un avantage mais ça a été un avantage dans beaucoup d'épisodes de ma vie ne pas voir mon assistance. La copine, elle était planquée. Qu'est-ce qu'elle va me faire ? Et puis là, il dit, ah ouais, c'est une bonne idée. Il y avait le directeur adjoint à l'époque de la DTCT, qui était François Tchéquémian, qui dit, bah ouais, c'est une bonne idée tout ça. Bon, très bien, les gens applaudissent. Parce que quand il y a un bigle qui dit, ah moi je veux faire un truc, les gens applaudissent forcément. Et donc après, il y avait tout un bureau qui était installé sur les strates. pour montrer aux gens comment se déroulait une élection. Ah oui, alors qu'est-ce qu'il y a des volontaires pour tester ? Ah bon, j'y retourne. Donc je passe devant tout le monde, parce qu'il y a des gens qui s'étaient proposés avant moi, mais ça ne m'a pas gênée. Je monte sur la tribune et je leur démontre que leur bureau de vote est superbe, mais il n'est pas accessible. Et comment faire ? Et François de Chequemion m'a dit, rendez-vous dans mon bureau, on va réfléchir à cette question-là. Et il s'avère qu'au beurre, l'agent qui s'occupe de tout ça, il a adoré l'idée. Donc il s'est investi. Tout ça, c'est vraiment des personnes qui s'investissent.

  • Speaker #1

    À chaque fois, c'est ça,

  • Speaker #0

    c'est les personnes qui font bouger l'institution. Et là, on a fait bouger l'institution. Et donc, il y avait François Tchéquémian, Laurent Girard, le BIRP, cet ami agent de la ville qui m'a dit on va faire bouger les choses. Et au final, une élue du 19e, Cécile Bossavie, qui s'occupe des personnes handicapées dans le 19e et qui est d'ailleurs une ancienne collègue de la personne qui avait mis le commentaire sur LinkedIn. Et Cécile Bossavie qui dit moi, je la veux dans mon bureau de vote. Alors, il y a eu des trucs, des gens qui ont dit « Ah ouais, mais il va y avoir des queues, ça va être terrible. » Bon, très bien, ça va être terrible, mais j'ai un gros avantage par rapport à beaucoup de valides, c'est que je connais l'alphabet. Et je ne suis pas obligée de me le réciter pour savoir quelle lettre est avant une autre. Parce que c'est le problème dans les bureaux de vote, souvent, quand les gens cherchent. Alors, j'ai eu un cahier d'émargement. Il y avait, au lieu d'avoir 25 lignes par page, il n'y en avait que 10. C'était du 24 ou du 26, je ne sais plus, la police que j'avais choisie, tout ça. Et en fait, tout le monde a adoré. C'est-à-dire que la présidente qui est debout, elle arrivait à lire. Les lecteurs qui étaient en face, ils voyaient son nom. Il avait de la place pour signer, contrairement à l'espèce de zibouboui qu'on n'arrive pas à signer. Et en fait, d'un truc où moi j'ai dit, je veux y aller, ça a fait ça. Et comme ça s'est fait dans le 19e, puisque Cécile Bossavie est élue du 19e et tient un bureau de vote dans le 19e, tout ça, ça s'est fait parce qu'il y a des agents publics. J'y tiens beaucoup, en fait, à dire ça. C'est vraiment des agents publics. C'est vraiment un service public. C'est, en fait, tous ces gens-là, je n'arrête pas de les embêter. J'avoue, ils m'adorent tous, mais je n'arrête pas de leur écrire. Mais gentiment, j'essaie toujours de proposer une solution en même temps que je pose une question.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ce que j'allais dire.

  • Speaker #0

    Je ne fais jamais du... Je ne râle pas.

  • Speaker #1

    Voilà, c'est ça.

  • Speaker #0

    Il faut râler,

  • Speaker #1

    mais avec des solutions concrètes.

  • Speaker #0

    Et puis râler soit sur du symbolique, soit sur des choses importantes.

  • Speaker #1

    Bien sûr.

  • Speaker #0

    Donc je suis en relation et moi je suis très attachée à ma ville, je suis très attachée à Paris. Je suis aussi très attachée à sa majorité municipale, même si j'ai beaucoup de choses à lui reprocher. Aux politiques, parce qu'il y a un discours qui commence à manquer de substance. Mais en fait toutes ces choses-là, elles fonctionnent quand il y a de l'engagement du service public. Et c'est aussi pour ça que je suis représentante du médiateur. C'est que le médiateur, c'est une autorité administrative indépendante. Les gens viennent nous voir parce qu'ils n'ont pas réussi à joindre un problème de...

  • Speaker #1

    C'est vraiment de la médiation...

  • Speaker #0

    C'est administratif, ce n'est pas de la médiation, ce n'est pas un conciliateur de justice. C'est vraiment, j'ai un problème avec une administration qui ne me répond pas ou qui me donne une réponse qui n'est pas satisfaisante. Et j'essaye d'avoir une solution, c'est vraiment ça. C'est beaucoup les bailleurs sociaux sur des fuites d'eau. Je suis une spécialité de la fuite d'eau, ou des souris.

  • Speaker #1

    Vous l'avez compris, ceux qui nous entendent, c'est la spécialiste de la fuite d'eau. Voilà,

  • Speaker #0

    je suis une grande adepte de la fuite d'eau. Et je suis là parce que c'est du service public. Moi, mes parents, c'était des enseignants, c'était la laïque, c'était l'école publique. Si je n'avais pas été déclarée inapte à 20 ans, j'aurais été fonctionnaire. Donc vraiment, mon engagement premier, il est là. Et je le fais parce que c'est des personnes dont je suis sûre qu'ils peuvent avancer dans leurs réflexions.

  • Speaker #1

    Oui, qu'ils peuvent faire avancer les choses et changer la donne pour les publics.

  • Speaker #0

    Et des agents qui sont prêts à bouger, il faut défendre le service public. Je le dis, je n'ai rien contre les start-up. C'est ordinaire, mais... Les start-up extraordinaires sans le service public.

  • Speaker #1

    De toute façon, on travaille maintenant avec tous les acteurs. On travaille que ce soit avec les associations et les usagers en situation d'handicap et les citoyens. Et les acteurs publics vont mettre en place des solutions. Tout est lié.

  • Speaker #0

    Et pour moi, l'expression de la citoyenneté pour les personnes handicapées, c'est aussi être assesseur dans un bureau de vote. Et c'est aussi participer à une campagne électorale et ainsi de suite. Moi, j'ai dirigé quelques campagnes électorales dans ma vie. Là, j'ai décidé qu'aux prochaines élections, je ne voterai pas pour les listes dont les supports ne seront pas accessibles.

  • Speaker #1

    Et je vois qu'ils ont fait un travail aussi sur le fait, le facile à lire et à comprendre pour les personnes en situation... Oui, mais ils ne savent pas faire.

  • Speaker #0

    Ils croient que... Je pense que le personnel politique ne sait pas ce que c'est que le FALC.

  • Speaker #1

    Ça a été instauré par le gouvernement, en plus, le FALC, le nom de base ?

  • Speaker #0

    C'est l'UNAPI qui a créé le FALC. Et aujourd'hui, ce n'est pas simple, le FALC. Donc, il y a un langage intermédiaire dont je n'ai pas le nom exact, qui est facile à comprendre. Il y a un truc intermédiaire. Parce que le FALC, en tant que tel, il faut que des personnes... à qui c'est destiné, le valide. C'est ça qui est compliqué dans le sac. Mais on peut au moins faire des supports, des vidéos audio décrites. On peut faire des choses. Il y a plein de choses à faire pour rendre sa communication accessible. Des podcasts ? Des podcasts, par exemple. Rendre tout en audio.

  • Speaker #1

    Alors nous, on fait les deux sur des clés qu'on fait en audio, justement, pour que ce soit accessible pour la plus grande majorité. Et on fait aussi, on a sur YouTube, en live, avec toute l'audio description pour que des personnes sourdes et malentendantes puissent aussi accéder au contenu du podcast. Donc, quand on le veut,

  • Speaker #0

    on peut.

  • Speaker #1

    Oui,

  • Speaker #0

    et puis c'est pas, comment dire, pour moi, c'est vraiment une question de rapport à l'autre. C'est-à-dire que quand on envoie quelque chose à quelqu'un, est-ce qu'on se demande ? s'il va être en mesure de le recevoir. Quand on a un vieux, on se dit « Papy, avec son téléphone d'euro, il ne va pas y arriver. » Ça dépend. Mais c'est vrai qu'on a une tendance à ne pas adapter. Non pas pour adapter, mais en se posant la question de quel est son interlocuteur. Moi qui suis sur LinkedIn, sur un pro... sur un sujet un peu plus vaste, le nombre de gens qui m'écrivent en me disant « Votre entreprise... » Bon, ils n'ont pas lu.

  • Speaker #1

    Ils n'ont pas lu ton profil.

  • Speaker #0

    Ils n'ont pas lu mon profil. C'est-à-dire, ce n'est pas possible de fonctionner comme ça. Et je crois que la question de l'adaptation, c'est aussi de regarder l'autre, d'aller vers l'autre, de se demander qui il est et en quoi est-ce que je vais lui proposer l'intérêt, c'est déjà. Comment je fais pour être sûre ?

  • Speaker #1

    Qu'ils reçoivent l'information.

  • Speaker #0

    Qu'ils reçoivent l'information.

  • Speaker #1

    D'ailleurs, j'ai une petite chose à te faire tester. Oui. Et on va voir si je me suis bien adaptée ou en tout cas si des outils permettent de l'adapter. À chaque épisode, je fais un petit jeu. À la fin de l'épisode, justement, pour faire tuer au chien un mot et que tu me dises qu'est-ce que tu évoques ce mot-là. Donc, c'est des mots qui sont écrits sur un papier. Ah bon ? Normalement le contraste est haut parce que c'est du noir sur du blanc. Mais j'ai déjà fait avec des personnes complètement aveugles et qui ont utilisé la caméra de leur smartphone pour...

  • Speaker #0

    Il y a une fonction loupe sur mon téléphone.

  • Speaker #1

    Je vais te laisser, il y a un petit verre devant toi, te laisser piocher.

  • Speaker #0

    Vu la taille du papier, je pense que la taille des caractères, on ne va pas le faire. Voilà. On va essayer la loupe ? On va essayer la...

  • Speaker #1

    J'aurais dû... Je crois que j'ai écrit en caractère majuscule.

  • Speaker #0

    Oui, mais justement, il ne faut pas. Il ne faut pas. Parce qu'en fait, un mot écrit tout en majuscule, ça devient un parallélipipède rectangle. Et donc, le fait que le mot ait une géographie, un dessin, soit un dessin, aide beaucoup à sa lecture. En fait, c'est le principe de la lecture rapide. C'est-à-dire qu'on lit le début du mot, là j'essaie de le mettre à plat à peu près, on lit le début du mot et puis après... Non,

  • Speaker #1

    je n'ai pas écrit en majuscule.

  • Speaker #0

    C'est bien, par contre ça a l'air d'être du bleu, non ? Pour moi c'est du bleu. C'est du bleu ? Oui,

  • Speaker #1

    effectivement, c'est du bleu.

  • Speaker #0

    Alors, je lis accomplissement.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Je le lis petit à petit. Accomplissement, je ne sais pas. Accomplissement. Euh... Accomplissement.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as...

  • Speaker #0

    Bon,

  • Speaker #1

    bah alors. J'ai pas envie de dire ademais parce que c'est pas le but. Mais tu as accompli pas mal de choses dans ta vie. Tu as écrit beaucoup de romans, de livres. Est-ce que ça peut être une forme d'accomplissement ?

  • Speaker #0

    Non.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu te sens accompli à ce jour ? Non. Qu'est-ce qui te manque pour être complètement accompli ?

  • Speaker #0

    Je ne sais pas. C'est dur. Ah ça, j'avoue, je ne sais pas du tout.

  • Speaker #1

    Ce n'est pas...

  • Speaker #0

    Ça ne fait pas partie de mes... Ce n'est pas un mot à moi, s'accomplir. S'accomplir. Ce n'est pas... Je ne sais pas.

  • Speaker #1

    Je te pose une colle.

  • Speaker #0

    Oui, c'est... Pour moi, l'accomplissement, ce sera arrivé quelque part et qu'il n'y ait plus rien à faire. Que ce soit fick. L'espèce de truc, là, on y arrive et pof, ça s'arrête. Et moi, je n'ai pas envie que ça s'arrête. C'est-à-dire que je dis des choses aujourd'hui qui valent pour ce que je dis aujourd'hui. Moi, j'ai d'autres... Je tiens un blog, par exemple, depuis 15 ans. Je suis en train de me contredire par rapport à il y a 15 ans sur un certain nombre de sujets. Parce que je grandis, parce que je vois d'autres choses, parce que je rencontre d'autres gens. Donc, l'accomplissement, pour moi, ce serait... Le seul truc qui me vient, ce serait dans la fraction de seconde avant de mourir, je te répondrai, mais pas avant. Et puis comme je n'ai pas l'intention de mourir avant au moins 20-25 ans, ce n'est pas...

  • Speaker #1

    Ce n'est pas quelque chose qui est dans ton vocabulaire ou dans ta façon.

  • Speaker #0

    Non, parce que pour moi, l'accomplissement, c'est vraiment une fin. Ça correspond à quelque chose qui serait fini.

  • Speaker #1

    Et est-ce qu'il peut avoir un semi-accomplissement par rapport à ce que, justement, le fait que tu t'es élevé, que t'es allé devant les personnes, devant 300 personnes, c'est-à-dire qu'il faut, moi je veux bien être assesseur parce que je sais lire, je sais écrire, mais par contre il faut que les supports soient accessibles et à ma portée. Est-ce que c'est pas une forme d'un mini-accomplissement ? Parce qu'après, il est fait au niveau du bureau de vote du 19e, donc il n'est pas accompli 100% parce qu'il faut le faire.

  • Speaker #0

    Aujourd'hui, l'objectif sur ça, c'est que moi, la prochaine fois, je ne serai pas assez sordide. C'est très fatigant, en fait. Il faut y être à 7h du mat. Ça finit, suivant le nombre de listes de dépluments, entre minuit et 2h du matin. C'est fatigant. Donc, je pense que la prochaine fois, je ne remplirai pas. Moi, c'est juste... Dans ma vie, c'est juste une étape.

  • Speaker #1

    Mais tu as fait bouger les lignes à ta manière.

  • Speaker #0

    Oui, là-dessus, sur d'autres choses. Sur Yannashipa arrivé. le jour où le seul accomplissement que je pourrais avoir c'est la révolution prolétarienne mais ça va falloir plusieurs vies c'est pas non accomplissement pour moi ce serait presque une défaite de dire que j'ai accompli quelque chose parce qu'il y a tant à faire après il faut que je me lève le matin et oui Voilà, donc là, juridiquement, je prends ma retraite au 1er juin. Donc, je n'ai pas de trimestre, mais ce n'est pas grave. Donc, on pourrait dire que ça a conclu, mais non.

  • Speaker #1

    Non, parce que tu ne t'arrêtes pas.

  • Speaker #0

    Je ne m'arrête pas. Et puis, une fois que, même au niveau d'un livre, une fois qu'on a fini le livre... il n'est pas fini puisqu'il y a quelqu'un qui va le lire et la personne qui va le lire va en faire quelque chose c'est pas un objet fini c'est pas un objet fini pour moi il n'y a rien de fini en fait et le but c'est toujours d'avoir quelque chose en vue je veux dire là on a Dimanche, on a une votation citoyenne où il faut massivement aller voter pour les rues. Je pense que ça apparaîtra après. Je dois faire un retour au bureau des élections pour savoir s'il y avait des problèmes d'accessibilité dans mon bureau dans le 14e. Je vais lui dire à mon interlocuteur que je ne serai pas assesseur la prochaine fois, mais qu'il faut absolument développer le procédé. pour que... Parce que... Quand on est déficient visuel, on n'ose pas demander.

  • Speaker #1

    Tout dépend des caractères. Oui,

  • Speaker #0

    se dire, attends, je vais être assesseur, il faut être un peu barré quand même. C'est pas un acte quotidien. Donc moi, je vais avoir des marottes comme ça. En ce moment, je suis en train de... Puis des fois, c'est pas... Je tiens une de mes permanences à la maison de la justice et du droit du 15e. Et ils sont en train de rendre le lieu accessible. Sauf qu'ils ont fait des toilettes accessibles qui, à mon avis, ne le sont pas. Donc je suis en train d'échanger des photos avec...

  • Speaker #1

    Désir d'accomplir.

  • Speaker #0

    En me disant, mais là, c'est compliqué. Peut-être que j'arriverais à faire que ces toilettes soient réellement accessibles. Peut-être que je n'y arriverais pas, parce qu'il y a des contraintes bâtimentaires, parce que les gens qui font ça vont finir par dire que tu nous emmerdes, parce qu'on a fait ce qu'on a pu. On a mis un ascenseur, tout va bien. Donc, c'est aussi... Ce n'est pas forcément des grandes choses. Je ne sais pas à quel âge tu as, mais... À peu près à la trentaine. À la trentaine, je pensais qu'effectivement, on avait des grandes choses à accomplir.

  • Speaker #1

    On veut changer le monde.

  • Speaker #0

    Moi, je veux changer le monde, mais c'est un objectif, c'est un rêve. C'est ce qui me motive et c'est ma ligne politique. ça passe aussi par l'accessibilité des toilettes de la maison de la justice des droits du 15e. C'est-à-dire que cet objectif-là, moi je voulais faire un truc, mais c'est très heureux. Maintenant, je me lève le matin, je suis contente, j'ai passé ma journée, j'ai rencontré des personnes, j'ai dit des choses, j'ai essayé de faire avancer. Peut-être des gens qui vont écouter ce podcast, qui vont avoir un déclic, ou qui vont se dire que les handicapés nous emmerdent.

  • Speaker #1

    C'est bien, c'est le nom du podcast. Voilà.

  • Speaker #0

    Donc, je ne sais pas. Je ne sais pas... Comment dire ? Il faut toujours avancer et vraiment s'attacher à des petites choses.

  • Speaker #1

    Oui, chaque étape est importante à... À savourer. et chaque accomplissement de sa manière c'est pas mon vocabulaire c'est trop bien parce qu'on a pu avoir sa perception des choses et c'est hyper intéressant et je pense qu'il y a plein de choses encore à découvrir sur toi on est maintenant sur la fin de l'épisode on a parlé de beaucoup beaucoup de choses c'est hyper intéressant, merci encore mille fois Cécile pour d'être venue sur le podcast Et je crois qu'on a encore plein de choses à se dire. Donc, merci d'avoir partagé tout ça, d'avoir partagé avec ceux qui nous écoutent. On va pouvoir mettre aussi un peu tous tes ouvrages que tu as pu réaliser.

  • Speaker #0

    J'ai un site Internet qu'on va pouvoir mettre.

  • Speaker #1

    Voilà,

  • Speaker #0

    que je code moi-même.

  • Speaker #1

    Incroyable.

  • Speaker #0

    Incroyable. En spip, alors pour les aficionados, c'est sans images. J'ai abandonné les images que ce soit sur mon site. J'ai un blog aussi, qui s'appelle La vie en hétéronomie, qui s'appelle maintenant Ma nouvelle vie en hétéronomie. Parce qu'avant, on était deux, après on était trois. Maintenant, je suis toute seule sur le blog, mais c'est un blog qui tient la route. Donc, c'est assez facile de me trouver sur les réseaux. Et tu as une page Wikipédia ? J'ai une page Wikipédia que je n'ai pas créée. Par contre, je la mets à jour quand je fais quelque chose. C'est moi qui la mets à jour. Mais ce n'est pas moi qui l'ai créée. Je ne sais pas qui a créé cette page Wikipédia.

  • Speaker #1

    En préparant le podcast, je me suis aidée de cette page Wikipédia. Et en fait, j'ai tapé ton nom et ton prénom. J'étais incroyable. Ceci, elle a une page Wikipédia. Ça m'aide vraiment.

  • Speaker #0

    Et quand même, il y a mon CV sur LinkedIn, bien sûr, mais qui est un peu compliqué. Les cases LinkedIn, c'est assez compliqué à suivre. Mais sur mon site. qui ne comporte que 4 pages maintenant. À une époque, j'avais un site avec 2-3 000 articles dessus. Et puis, c'était beaucoup de travail pour finalement pas grand-chose au sens de ce que ça m'épanouissait ou ça m'apportait. À une époque, ça m'a beaucoup... Moi, je suis sur le net depuis la fin des années 90. J'ai commencé sur le Minitel.

  • Speaker #1

    Quand on est écrivaine, j'imagine qu'il fallait tapoter quelque part.

  • Speaker #0

    Les lettres d'infos, les listes de discussion, les forums, les trucs comme ça. Donc, j'essaie de m'adapter un peu. Je suis un peu geek quand même.

  • Speaker #1

    Oui, j'ai vu ça. Un peu geek, sportive, activiste. Vraiment, je pense qu'on a abordé beaucoup de choses et qu'on connaît maintenant le personnage de Cécile.

  • Speaker #0

    Je ne sais pas, c'est peut-être un peu présent que tu...

  • Speaker #1

    Non, mais en tout cas, merci beaucoup pour tous ces partages.

  • Speaker #0

    Merci de cette invitation.

  • Speaker #1

    On pourrait encore parler des heures et des heures de tout ça, mais...

  • Speaker #0

    Après, on va les ennuyer.

  • Speaker #1

    Voilà. Donc, merci à toi d'avoir répondu présent. Et à bientôt.

  • Speaker #0

    Voilà, et puis merci aussi à toi. de l'investissement. Je suis toujours très soutenante de toutes mes consoeurs, de mes sœurs, si je veux utiliser un vocabulaire. Voilà, c'est vrai que je suis toujours très sensible à l'engagement des femmes et des jeunes femmes dans le monde, parce que je sais que c'est difficile.

  • Speaker #1

    Merci. Merci à toi. Merci beaucoup. Et puis, à très vite,

  • Speaker #0

    Cécile. Bonne soirée, journée, je ne sais pas.

  • Speaker #1

    On peut dire tout ce que l'on veut.

  • Speaker #0

    À bientôt. À bientôt.

  • Speaker #1

    Merci d'avoir écouté Déclic, le podcast qui donne une voix à l'inclusion. Si cet épisode vous a plu, partagez-le autour de vous et laissez une note ou un commentaire sur votre plateforme d'écoute préférée. Vous pouvez me rejoindre sur Instagram et YouTube. Le nom, c'est déclicavecdehi.podcast. pour découvrir les prochains invités et suivre la sortie des prochains épisodes. Je vous donne rendez-vous toutes les deux semaines, le jeudi, pour un nouveau déclic. A bientôt !

Chapters

  • Introduction au podcast et présentation de Cécile Young

    00:11

  • Les défis du handicap et l'engagement de Cécile

    00:46

  • L'importance de l'accessibilité et des droits des personnes handicapées

    02:15

  • Engagement politique et luttes sociales

    03:21

  • L'accessibilité numérique et les défis quotidiens

    04:19

  • L'accomplissement personnel et les luttes

    05:19

  • Conclusion et réflexions finales

    06:11

Description

Comment peut-on transformer les défis du quotidien en opportunités d'inclusion et d'accessibilité ?


Dans cet épisode de Décliic | Camille Maldjian, je suis ravie d'accueillir Cécyle Jung, écrivaine et activiste passionnée par les questions de handicap et d'inclusion. Cécyle, qui vit avec une déficience visuelle, partage avec nous son parcours inspirant et ses expériences personnelles qui mettent en lumière les obstacles rencontrés par les personnes en situation de handicap.


Au fil de cette conversation enrichissante, Cécile nous plonge dans son quotidien, évoquant les défis quotidiens liés à ses déplacements et à l'accès à l'information. Son témoignage est un puissant rappel de l'importance de rendre le monde qui nous entoure accessible à tous, sans exception. Elle souligne également son engagement en tant que représentante du médiateur de la ville de Paris, où elle œuvre pour des améliorations concrètes dans l'accessibilité des services publics. Cécle ne se contente pas de décrire les inégalités ; elle se bat pour un changement systémique qui vise à abolir les discriminations et à promouvoir une société plus inclusive.


Lors de cet échange, nous discutons des inégalités persistantes qui touchent les personnes handicapées et de la nécessité d'un changement radical dans notre approche collective. Cécyle partage des anecdotes poignantes qui illustrent combien le soutien mutuel est essentiel pour avancer dans la lutte pour l'inclusion.


Ensemble, ouvrons la voie vers un avenir plus inclusif et accessible pour tous !



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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans Déclic, le podcast qui donne une voix à l'inclusion. Je suis Camille Malgian, co-fondatrice de deux startups engagées dans le handicap. Depuis toujours, une chose m'anime profondément, l'envie d'aider, de connecter et de transformer. Déclic est le podcast qui donne la parole à celles et ceux qui incarnent l'inclusion et qui transforment des idées en actions.

  • Speaker #1

    Pour moi l'accomplissement ce serait arrivé quelque part et qu'il n'y ait plus rien à faire quoi. Que ce soit cette espèce de truc là, on y arrive et pof ça s'arrête. Et moi, je n'ai pas envie que ça s'arrête. C'est-à-dire que je dis des choses aujourd'hui qui valent pour ce que je dis aujourd'hui. Moi, j'ai d'autres... Je tiens un blog, par exemple, depuis 15 ans. Je suis en train de me contredire par rapport à il y a 15 ans sur un certain nombre de sujets. Parce que je grandis, parce que je vois d'autres choses, parce que je rencontre d'autres gens.

  • Speaker #0

    Cécile, je te remercie d'avoir accepté l'invitation. Donc, j'ai eu connaissance, effectivement, de ce qu'on disait juste avant. J'ai eu connaissance de toi et de tout ce que tu fais par un commentaire sur LinkedIn quand j'ai décidé de lancer ce podcast-là et j'ai trouvé hyper intéressant. Je me suis un peu renseignée pour savoir tout ce que tu faisais. Je suis allée voir, tu consultais ton profil. Tu es écrivaine, si je ne me trompe pas, de profession ?

  • Speaker #1

    À peu près, oui, c'est ça.

  • Speaker #0

    Tu es militante ? Activiste ?

  • Speaker #1

    Activiste plutôt, il y a 20 ans j'aurais dit militante, mais aujourd'hui c'est plus activiste.

  • Speaker #0

    Plutôt activiste ? Ouais. Sur les questions de tout ce qui... alors il y a handicap, accessibilité, mais ce que j'ai compris c'est toutes les formes de discrimination.

  • Speaker #1

    Oui, c'est-à-dire qu'il y a 20 ans j'étais militante au sens de... j'agissais au sein d'organisations politiques, associatives, syndicales. J'ai beaucoup milité pour les droits LGBT à une époque où ça se justifiait, plus qu'aujourd'hui, même si on ne peut pas dire que l'homophobie est vraiment reculée, et sur les questions féministes, les questions de genre et toutes ces choses-là. Et depuis 4-5 ans, je suis plus présente sur les questions handicap-accessibilité, en sachant que... que mon engagement premier est politique. Je suis membre, j'ai été membre d'un certain nombre d'organisations politiques au cours de ma vie. Et ça remonte à... Je ne suis pas toute jeune. Et donc, quand j'avais 7 ans, je voulais être président de la République. Ça s'est un peu raté, mais ce n'est pas forcément le bon poste. Mais voilà, c'est un peu... Mon engagement est avant tout politique. Mon engagement pour l'accessibilité aujourd'hui, ou pour les droits des LGBT, ou d'ailleurs plus pour les droits lesbiens que LGBT, parce que je suis plus féministe, donc je vais être sous cet angle-là, c'est vraiment sous l'angle politique. Je ne pense pas, au fond, qu'il soit possible de régler ces questions-là de discrimination, simplement en changeant le regard sûr. Je pense que ce sont des questions qui posent la société dans ce qu'elle est organisée. Je crois que le validisme, le sexisme, l'homophobie, le racisme, l'antisémitisme, la xénophobie sont des systèmes d'oppression qui permettent à la société de s'organiser pour le plus possible. profitent d'un certain nombre de classes dirigeantes. Je pense essentiellement économique. Je pense plus à Elon Musk qu'à Trump. Si Trump en tant qu'homme d'affaires, pas en tant que président américain, mais plus en tant qu'homme d'affaires. Aujourd'hui, les inégalités se creusent en même temps que les discriminations prospèrent. Je pense qu'il y a un lien de cause à effet. Donc ça, c'est mon point de vue politique. Et puis concrètement, on m'envoie un PDF et je n'arrive pas à le lire. Donc il y a un monde entre les deux. C'est-à-dire qu'il y a la possibilité, à mon avis, d'agir sur les deux faux en même temps. C'est-à-dire qu'il y a un principe de réalité. Si je veux faire court, je dirais qu'on peut faire la révolution prolétarienne et tout sera réglé. Mais en attendant, il y a quelques petites urgences et peut-être quelques petites choses à faire qui seraient pas mal.

  • Speaker #0

    Effectivement, tu disais, on t'envoie un PDF, tu n'arrives pas à lire. parce que tu es concernée aussi par le handicap ?

  • Speaker #1

    Oui, un peu. Un peu. Alors, je me présente peut-être. Bien sûr. Alors, Cécile Young. Mon nom d'auteur, Cécile Young, c'est Y. Donc, mon prénom est Young. Et donc, je n'ai pas 62 ans, mais pas loin. Je suis écrivaine. J'ai publié une quinzaine d'ouvrages. après autant de nouvelles et autres textes. Je suis déficiente visuelle en basse vision, parce que je suis albinos, parce que les albinos ne sont pas que des êtres diaphanes merveilleux, ce sont aussi des déficients visuels, et surtout, l'image qu'on a des albinos, ils sont tous blancs comme moi, c'est aussi une... petite part des albinos. Aujourd'hui, on sait que la grosse part des albinos ne sont pas des albinos oculocutanés à hausser. On est la partie visible de l'iceberg de l'albinisme. La déficience visuelle d'un albino est liée au fait que, je fais court, le défaut de pigmentation de l'albinisme est à peu près... s'applique également à l'œil. Et donc, tout ce qui permet à l'image de se former correctement dans l'œil ne se forme pas. Donc, on a ce qu'on appelle un nystagmus. Comme il y a la télé, vous allez peut-être voir mes yeux qui bougent dans tous les sens. Je ne fais pas exprès et moi, je n'en ai pas conscience. On a le nerf optique qui est monté à l'envers. On n'en a pas confiance non plus. Par contre, là, on a dû modifier l'éclairage parce qu'il y a énormément de photophobie puisque je n'ai plus de protection contre la lumière. Alors, ceci étant, on n'a pas de champ visuel non plus. Donc, on n'a pas de relief. Donc, on n'évalue pas les distances. Et ça, c'est le tableau à peu près général. Et donc, une acuité visuelle faible. Alors, l'acuité visuelle se définit... comme le plus petit détail que l'œil perçoit. C'est un peu comme la résolution d'un écran. C'est-à-dire que c'est un nombre de pixels disponible sur une certaine surface. Et le nystagmus fait qu'on a une image sur deux. Puisque quand mes yeux sont d'un côté, j'ai une image, quand ils sont de l'autre côté, j'ai une autre image. Bon, alors j'ai un cerveau qui fait tout le travail, mais je n'ai pas une image qui saute en permanence comme les vieux films des années 30. Une espèce de film de blablabla, c'est pas ça. Mais grosso modo, je n'ai qu'une image sur deux. Donc forcément, la qualité de l'image finale est moins importante. Et à ces troubles visuels, on ajoute l'hypermétropie, la myopie, tout ce qui peut exister comme trouble visuel chez les autres. Le strabisme, je suis vieille, donc je suis... Comment ça s'appelle ?

  • Speaker #0

    Déméla ?

  • Speaker #1

    Non, la déméla, ça en échappe. Parce qu'on a déjà l'amaculade, quelqu'un qui a la déméla. Donc ça, c'est pas possible. Ah, ça c'est un truc ? Ça c'est le glaucome, on peut, mais la déméla, le déméla c'est à peu près le seul truc auquel on échappe. Mais en fait, toutes les maladies connues de l'œil, qui sont corrigées tous les jours, la presbytie, voilà le mot qui... Parce que je connais la mauvaise blague un peu vulgaire sur la presbytie, mais... J'oublie toujours le vrai mot. C'est pour ça que je ne pouvais pas, comme on est à la télé, je ne vais pas dire des cochonneries. Donc, on a à peu près tous les troubles visuels. Alors, on ne les a pas tous en même temps. Moi, je ne suis pas myope, par exemple.

  • Speaker #0

    Ok.

  • Speaker #1

    Mais je pense qu'il permet trop. Donc, j'ai de la presbytie. Et en plus, les vers progressifs ne fonctionnent pas. Il paraît que si, mais moi, je ne suis jamais arrivée. parce que faire une mise au point dans ces conditions-là me paraît difficile. Alors, l'acuité visuelle dépend aussi des personnes. C'est-à-dire que l'acuité visuelle d'un albino, ça peut être une très basse vision comme la mienne, c'est-à-dire en dessous d'un vingtième, un vingtième, un cinquantième. Ça peut monter allègrement jusqu'à deux ou trois dixièmes. Ce qui est extraordinaire, on ne se rend pas compte. Ce qui permet quand même de faire beaucoup de choses.

  • Speaker #0

    Et aujourd'hui, on s'est donné rendez-vous à Porte de Versailles, puisque c'est là où on tourne aujourd'hui cet épisode. Tu es venue sans canne, aujourd'hui tu te déplaces sans moyen de locomotion, sans chien, sans canne, parce que justement tu as un reste visuel qui te permet de te déplacer ?

  • Speaker #1

    Je dirais que moi j'ai une canne de signalement. C'est-à-dire que si à un moment ou à un autre, je me dis « oulala » , je sors ma canne. Mais pas pour voir, mais pour être vue en fait. Traverser, parce que j'arrive dans un endroit où il faut appuyer sur un bouton pour avoir un ticket d'appel et machin, toutes ces situations-là.

  • Speaker #0

    Pour rendre le handicap visible.

  • Speaker #1

    Voilà, c'est pour rendre le handicap visible. Après, moi, je me déplace. Mais, comment dire, c'est sur des parcours que je connais. La Porte de Versailles ne m'est pas inconnue. Et le trajet pour aller sur la Porte de Versailles ne m'est pas inconnu. Là, j'ai quand même sorti de la canne plusieurs fois pour traverser le tram un peu plus haut, parce que j'avais une pisciclame qui dit « Ouh là là ! » Parce que sur un passage piéton, j'ai bien vu que j'allais me faire emboutir par les voitures qui... qui avait un petit peu oublié qu'il y avait une priorité piéton. Donc, ce n'est pas parce que j'ai l'air à l'aise que je le suis. Et moi, je marche à 3-4 mètres devant moi. C'est un peu casse-gueule quand même. La rue est un endroit où je suis en danger.

  • Speaker #0

    Et comment ça se passe du coup pour des nouveaux déplacements ? Des déplacements que tu ne connais pas ?

  • Speaker #1

    Alors je les prépare, je fais comme tous les déficients visuels, je les prépare sur plan. Sur un plan ? Oui, mais sur plan au sens de, ça ne s'appelait pas plan quand j'étais petite. Moi j'ai encore des plans papiers en gros caractère à la maison, j'ai encore ça. Donc je vais privilégier les transports, même si ceux-là ne sont pas forcément d'une accessibilité à toute épreuve. Je prends un peu plus le bus. qu'il y a quelques années parce qu'ils parlent un peu plus. Ça devient plus facile de prendre le but. Le problème du but, c'est de trouver les arrêts. Je peux tourner longtemps pour trouver les arrêts. Et puis, en fait, je m'aide beaucoup de mon prochain. C'est-à-dire que si j'ai quelqu'un devant moi sur un trottoir, je le suis. Je me mets 3-4 mètres derrière et je le suis. Et j'espère qu'il va au même endroit que moi. Parce que du coup, ces réactions, je vais avoir les mêmes.

  • Speaker #0

    J'avais fait un épisode précédent avec Nicolas, qui est malvoyant également. Et alors lui, il fait du trail, c'est de la course à pied en montagne. Il aime un peu les défis et les challenges. Et il disait la même chose. Alors avant, il n'avait pas de guide sur ses courses. Maintenant, il en prend un systématiquement. Il en prend un ou une, puisque je suis bientôt une compte aussi avec lui. Et il disait justement, avant son guide, il suivait la personne de devant, il regardait les pieds de la personne de devant et c'est comme ça qu'il se guidait. Donc ça n'a plus les mêmes principes.

  • Speaker #1

    Moi, mon problème à Paris, sur les trottoirs, c'est tout ce qui... Je n'ai pas de relief. Donc je manque de shooter très régulièrement, en fait. Les bosses, les creux, un caillou... Voilà, c'est... C'est autant d'obstacles qui sont compliqués.

  • Speaker #0

    Et ça, avec la canne, ça permet quand même de...

  • Speaker #1

    Oui, je pourrais avoir une canne de locomotion. Ce ne serait pas un luxe. Juste à prendre une main, quoi. J'aime bien avoir mes mains dans les poches. T'as raison,

  • Speaker #0

    t'as les deux mains dans les poches.

  • Speaker #1

    Oui, mais c'est hyper contraignant. J'avais fait un stage de réadaptation visuelle où on m'a proposé une canne. Je sais que ça existe et je sais que j'y viendrai. De toute façon, j'ai 62 ans, en plus j'ai une maladie hématologique, donc je vieillis un peu plus vite que ce que je devrais. Donc je sens bien que mon autonomie n'est pas en régression, mais elle est fragile. Donc j'y viendrai à la canne. Moi, je préférerais prendre un chien plutôt qu'une canne, j'avoue. Ça parle, on peut discuter.

  • Speaker #0

    Ça va être juste.

  • Speaker #1

    Voilà. Après, moi, j'espère dans la technologie, qui m'a beaucoup déçue, mais je peux t'expliquer pourquoi, parce que ça va... Quand... Moi, j'ai utilisé mon premier ordinateur en 1980, 5-6. J'ai appris à écrire avec une plume sergent-major. Je ne sais pas si tu vois ce que c'est qu'une plume sergent-major. Plume sergent-major, c'est un truc que tu te rends dans un encrier.

  • Speaker #0

    Ah si, oui, oui, je connais. Oui, bien sûr.

  • Speaker #1

    Une plume... Tu ne connaissais pas le nom ? Ça s'appelle une plume sergent-major. Donc, t'en fous partout, quand t'es bigleux, tu rates l'encrier, tu plies ta plume. C'est un peu compliqué. Et j'ai commencé à utiliser un ordinateur. Donc, les premiers PC. J'avais un Amstrad PC 15-12 pour les aficionados, avec des grosses disquettes flexibles. Et c'était les écrans verts où c'est écrit en jaune dessus. et avec les premiers traitements de texte, ce qui chargeait en disquette, il n'y a pas de disque dur. Et pour la première fois de ma vie, donc j'avais pas 22, 23 ans, je faisais mes études, j'ai pu lire et écrire en même temps. Puisque quand j'écris, je ne peux pas me rapprocher suffisamment de ma feuille pour lire ce que j'écris. Donc là, en fait, j'ai pu lire ce que j'écrivais. Et dans ma vie, ça a été une révolution. C'est-à-dire, c'était un truc extraordinaire. Et après, j'ai mis la première carte disque dur dedans, dans la hamstrat PC 15. Ça a été un peu compliqué, ça ne marchait pas bien. C'est-à-dire, toute ma vie, on avait tout installé avec un copain, puis on reboot, et error loading operating system. Quand tu dis, merde, je recommence. Donc, on y a passé des heures, machin. Comme aujourd'hui, quand on change de téléphone, ça prend un quart d'heure. Mais alors, allez. Et très rapidement, j'ai eu les premiers Mac. Les premiers petits Mac. Parce que c'était les seuls à proposer des solutions d'accessibilité. Et j'ai très rapidement eu des téléphones. Il y avait une époque, il y avait une espèce de petite messagerie qu'on portait à la ceinture qui permettait de se donner des rendez-vous, tout ça. Et tous ces trucs-là étaient très accessibles. Parce que, justement, en termes de résolution, ils étaient en basse résolution. Et le grand public valide est arrivé en disant « Ah, on veut la même chose » . Donc, les premiers Nokia, les premiers petits téléphones Nokia, moi, j'avais aucun problème dessus. Puisqu'il y avait petite, grande et très grande police et on disait très bien dessus. Et en fait, pour satisfaire le public valide qui aime que ça clignote, que ce soit joli, qu'il y ait des couleurs, qu'il y ait machin, ils ont mis des couleurs, ils ont... augmenté la résolution. Et en augmentant la résolution de tous ces appareils, que ce soit les ordinateurs, les téléphones et ainsi de suite, ils ont oublié en route d'augmenter les polices, les tailles de polices et les interlignages de polices. Donc, c'est devenu un peu comme si c'était que des myopes qui programmaient. C'est-à-dire que c'est devenu écrit de plus en plus petit. Et pendant une dizaine d'années, j'ai eu beaucoup de mal à me trouver des téléphones. Parce qu'en fait, c'était plus possible de paramétrer. Même les très grandes polices étaient toutes petites parce que la résolution avait augmenté sans que derrière, le code ait donné de la taille aux polices. Donc, j'ai fini par... Comment dire ? En ordi, tout ça, sur Apple, il n'y avait pas de problème de mise en accessibilité. Donc, j'ai fini par succomber à l'iPhone, mais j'ai beaucoup mal. à utiliser le clavier de mon iPhone. Je dicte énormément. Le clavier est compliqué parce que c'est petit et parce que, en fait, contrairement à d'autres marques que je n'ai pas envie de citer parce que je ne les aime pas, il n'y a plus de pavé alphanumérique qui permet de saisir comme on saisissait autrefois. Donc, c'est, comment dire, du coup, je... J'utilise mon téléphone dans la rue, mais en dictant énormément. Après, il est configuré, gros caractère, tout ça. Il y a des applis que je ne peux pas utiliser parce que les développeurs n'ont pas pris en compte les choses, ou mal, c'est compliqué les applis. Mais sinon, je suis chez moi, j'ai une tablette, j'ai un ordi. Donc là, il n'y a plus de problème d'accessibilité si on est gentil avec moi. Plus ça va, plus moi je suis méchante avec les autres. C'est-à-dire que j'ai atteint un âge, je ne pensais jamais que je dirais des trucs pareils moi, j'ai atteint un âge où si j'ai des difficultés, Si ce n'est pas spontanément que je peux lire, si ça me prend du temps pour adapter, je considère que ce n'est pas accessible. Si on m'envoie un PDF qui est accessible au sens où va l'entendre l'Association des aveugles, la Fédération des aveugles de France, par exemple. C'est-à-dire que le PDF a été fabriqué à partir d'un document texte avec des règles de... formatage, feuilles de style et ainsi de suite, et exporter dans de bonnes conditions. Donc si j'ai un lecteur d'écran, ce que je n'ai pas, mon lecteur d'écran va pouvoir me permettre de naviguer dans le document et de le lire. Ce n'est pas un PDF image, c'est un PDF accessible. Ce PDF, je peux très bien, avec ma petite appli calibre gratuite, l'ouvrir et extraire le texte. Mais je considère que ça me prend beaucoup trop de temps. C'est-à-dire que... Une personne valide, elle ouvre le document et elle peut le lire.

  • Speaker #0

    Il y a toute une adaptation.

  • Speaker #1

    Et moi, je ne sais pas, je reçois énormément de mails, énormément de documents. Et je ne vois pas pourquoi, moi, il faudrait que je passe 10 minutes à rendre ce document accessible. Donc maintenant, là, je suis membre d'une, j'ai été nommée au conseil d'administration d'une association que j'aime beaucoup, que je vais peut-être quitter. très rapidement parce que de temps en temps, ils pensent à m'envoyer après le document Word, mais je leur dis que c'est stigmatisant. Pourquoi les autres, ils ont le document ? Moi, deux jours après, j'ai un Word qui est plus ou moins bien fricu. La dernière fois que j'ai décidé de le rendre accessible, je l'avais fait avec un chrono. Il m'a fallu 17 minutes pour que le texte soit débarrassé des couleurs, des... Des formatages qui ne fonctionnaient pas. Ils ne savent pas faire des feuilles de style. Donc, j'ai mis 17 minutes pour tout dépouiller. Donc, si en plus, moi, j'avais dû réintroduire mes propres feuilles de style dedans, ça m'aurait pris 5 minutes de plus. Donc, pourquoi je mettrais ces 22 minutes ? Et on parle pour un document. Donc, aujourd'hui, soit on m'envoie quelque chose. qui est directement lisible, et je le lis. Soit on m'envoie un truc qui n'est pas lisible, ou je dois... J'ai un abruti, excusez-moi, l'abruti, ce n'est pas un gros mot, c'est juste un homme blanc de plus de 50 ans. Il est une modèle, un homme blanc de plus de 50 ans, qui me dit, ah oui, l'intelligence artificielle peut le lire pour toi. Ben oui, mais ça prend un certain temps. Et ça demande un niveau de compétence... que j'ai, mais que tout le monde n'aura pas, en fait.

  • Speaker #0

    C'est un nouvel apprentissage sur un nouveau système aussi. Et ce que tu dis, c'est 22 minutes pour un document PDF, mais avec Mélissa, où tu reçois, on va dire, 30 mails par jour avec 15 documents.

  • Speaker #1

    Et qu'après,

  • Speaker #0

    il faut le lire. Il faut l'analyser, etc. Et donc là, tu nous parles concrètement des notions d'accessibilité numérique sur lesquelles je crois que tu es... Tu es fortement engagée ?

  • Speaker #1

    Je suis engagée en tant que personne en basse vision.

  • Speaker #0

    C'est ça.

  • Speaker #1

    Je suis copine, par exemple, avec quelqu'un que j'aime beaucoup qui s'appelle Sylvie Duchateau, qui est experte. Sylvie Duchateau, je conseille. Sylvie Duchateau, je conseille, qui fait de l'accessibilité numérique et qui me donne régulièrement des conseils et des mots. C'est très amusant. C'est une amie, Sylvie. On mange ensemble, on va balader son chien. De temps en temps, je lui dis « que tu penses de ça ? » et elle me répond « que tu penses de ça ? » Et on se rend compte qu'elle qui est aveugle et moi qui ne le suis pas, on n'a absolument pas les mêmes besoins. Et ça va de l'accessibilité numérique à prendre un train. On a pris un train une fois pour participer à un train de banlieue, donc c'est horrible. Ce n'est pas le fait que je joue à un train de banlieue, c'est que ça fait partie des choses les moins accessibles, qu'ils soient RERC. Moi, je suis incapable de prendre le RERC. À la limite, Sylvie est plus capable de prendre le RCR que moi, puisqu'elle a des outils que je n'ai pas, en tant que personne aveugle. Et du coup, on n'a pas du tout les mêmes besoins. Et c'était marrant parce qu'on flippait pas sur les mêmes choses. On avait toutes les deux notre zone de flip, mais pas du tout la même chose.

  • Speaker #0

    Et c'est ça, c'est ce qu'on constate aussi. Alors moi, j'ai créé une société qui s'appelle EZMOM. Et effectivement, on a beaucoup travaillé en co-construction avec des personnes défisantes visuelles. Et en fait, au tout début, on faisait des choix, c'est-à-dire par rapport à toute l'expertise et l'expérience que nous donnaient les personnes. Il y avait ça, ça, ça. Et en fait, il y a maintenant trois ans et demi, on a complètement changé. Et en fait, on a fait de la personnalisation parce qu'en fait, chaque personne... a son autonomie avec sa déficience visuelle, qui peut être complètement à l'inverse d'une autre personne qui a une déficience visuelle et qui n'a pas besoin des mêmes choses. Et donc du coup, effectivement, je te rejoins sur la déficience visuelle, il y a une énorme personnalisation, que ce soit au moyen des co-options, que ce soit par rapport aussi à la basse vision, à la personne aveugle, à la personne de malvoyance, mais pas en basse vision, c'est-à-dire d'autres malvoyances. Et donc, du coup, en fait, on a un enjeu de personnalisation qui est aussi important. Et ça rejoint du coup ce que tu disais, c'est que, en fait, toutes les deux, vous êtes déficient d'usine. Vous faites un même trajet, mais vous n'allez pas du tout avoir les mêmes appréhensions et les mêmes besoins.

  • Speaker #1

    Oui, c'est pour ça qu'il faut qu'en fait, le système s'adapte à tous, au sens où tous peuvent le programmer à ce qu'il est.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Moi, je suis assez fascinée parce que j'ai quelques amis valides. J'en ai beaucoup moins d'hétérosexuels, mais des valides, j'en ai quelques-uns. Alors, les valides hétérosexuels, là, ça se cherche. Mais c'est l'incapacité des gens à configurer leur téléphone, à ce qu'ils sont. Même pas à ce qu'ils voient, mais à ce qu'ils sont. C'est-à-dire qu'ils héritent d'une interface de téléphone, d'un système de téléphone. Et en fait, l'appli, elle est là, donc elle reste là. Parce que, ah bon, on peut bouger les applis ? Ah bon, on peut grossir les trucs ? Moi, le premier truc, quand je suis chez quelqu'un et que j'utilise son ordinateur, je commence par lui grossir son curseur et sa flèche de machin. C'est extraordinaire, on ne cherche plus. Et ça, ça vaut pour à peu près tout le monde. J'ai encore personne qui m'a dit, non, non, remets-moi le petit. Parce que, alors, je ne le mets pas gros comme pour moi, mais juste légèrement... Et c'est quelque chose que j'ai toujours apprécié sur les interfaces Apple, c'est qu'on peut programmer énormément de choses. Alors aujourd'hui, on est un peu plus contraint qu'on ne l'était il y a 20 ou 30 ans. Il y a 20 ou 30 ans, on faisait vraiment ce qu'on voulait, parce qu'en plus, on pouvait aller dans le dur de l'interface. Maintenant, ce n'est plus possible. Mais ça reste quand même un système qui s'adapte énormément. Et il y a des tas de choses où moi je demande simplement qu'on m'envoie quelque chose que je puisse adapter facilement.

  • Speaker #0

    Et qui s'adapte à toi ?

  • Speaker #1

    Qui s'adapte à moi, oui, de plus en plus. Mais comme je suis née dans les années 60 et que j'ai acquis mon autonomie, j'en ai écrit deux livres qui pourront m'intéresser. Mais j'ai acquis mon autonomie à la dure.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ta force et ton mental.

  • Speaker #1

    À 11 ans, ma mère m'a dit, tu vas aller en Angleterre. On habitait au sud de la France, entre Nîmes et Montpellier. Donc, il y avait eu que je prenne un train. Et puis, il y avait mon train de nuit. La gare, elle était juste à côté. On aurait pu prendre la voiture pour aller au train de nuit. Non, non, non, non, ça c'est trop facile. Donc, on prend le train, une petite navette, machin, changement de train à Paris. À 11 ans. C'était une autre époque, c'est une époque où on laissait un peu les enfants, on avait moins peur qu'aujourd'hui. Et j'ai passé une nuit seule à Paris et j'ai retrouvé le lendemain matin, moi j'arrivais sur la gare de Sterlitz, c'était une époque où le TGV n'existait pas, et le lendemain matin j'ai, après une nuit d'hôtel, où la dame elle m'a dit vous avez mangé, je dis pas non, c'est ça, ça les avait appelé l'organisation de me donner à manger. Maman elle avait tout prévu sauf que je mange. Et donc j'ai retrouvé mon groupe Gare du Nord et j'ai passé 15 jours en Angleterre avec un groupe. Je ne le referai pas aujourd'hui. Aujourd'hui, je prends accès plus parce que...

  • Speaker #0

    Assiste en gare maintenant.

  • Speaker #1

    Pardon, on peut parler de la façon dont ça fonctionne, mais au moins c'est là. Et aujourd'hui, je ne le ferais plus seul. J'ai beaucoup plus de difficultés à voyager seul aujourd'hui que je ne le faisais quand j'avais 11 ans. Mais à 11 ans, c'était ma mère qui décidait, donc je n'avais pas tellement de choix. Mais c'est vrai que moi, j'ai été élevée à la dure. Donc j'ai été élevée avec l'idée que c'était à moi de m'adapter. Et le fait qu'aujourd'hui... je dis aux autres, ah non, non, là, c'est fini, ça. C'est à vous. C'est l'âge, c'est ma condition, ma condition sociale n'a pas beaucoup augmenté, puisque j'ai jamais, j'ai jamais eu de, comment dire, de grande respectabilité professionnelle. C'est juste que maintenant, bon, sans doute que ma maladie fait que je me dis, bon, maintenant... Euh... FB.

  • Speaker #0

    je passe un jour par semaine à l'hôpital, je me dis, bon, les six jours qui restent, je n'ai pas envie de m'emmerder avec des choses comme ça. C'est vrai qu'il y a des choses où je n'ai plus envie de m'embêter avec un certain nombre de choses.

  • Speaker #1

    Oui, puis il y a aussi peut-être le recul, de se dire, en fait, le monde de l'accessibilité et du handicap, tu l'as vu aussi évoluer, je ne sais pas si c'était le mot, mais en tout cas, tu l'as vu depuis que tu l'utilisais, depuis que tu étais 11 ans. Et maintenant, au début, on se bat. Et après, est-ce qu'il n'y a pas aussi une forme d'épuisement par rapport à se battre sur l'accessibilité ?

  • Speaker #0

    Non, pour moi, ce n'est pas une histoire d'épuisement. Le problème, c'est que d'abord, on nous a fait croire que les choses avaient évolué. Ce n'est pas vrai. J'étais volontaire aux Jeux paralympiques. On peut faire une émission spéciale paralympique, si tu veux. Il n'y avait pas d'accessibilité là où j'étais.

  • Speaker #1

    Tu étais sur quel site ?

  • Speaker #0

    J'étais au Champ de Mars.

  • Speaker #1

    Ok, donc où il y avait le C6 foot.

  • Speaker #0

    Où il y avait le C6 foot, mais moi j'étais sur l'autre, là où il y avait le judo.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Il y avait des trucs géniaux, c'est une grosse tablette qui pesait entre 3 et 4 kilos pour suivre le ballon sur les matchs de rugby fauteuil. Le problème c'est qu'il n'y avait pas d'audio description, donc on pouvait suivre le ballon mais... Si on était tout seul, c'était compliqué. Et il y avait 6 tablettes pour 15 000 spectateurs. Donc, qu'on ne me parle pas d'accessibilité, parce que les ruptures de stock de tablettes, on les a vues. Les places fauteuils, il y en avait, je ne sais pas, 50, 100. Et un soir, il y a un groupe d'Américains qui sont arrivés tous en fauteuil, ils ont été refoulés, il n'y avait pas de place fauteuil. C'est une vitrine, mais elle vaut rien cette vitrine. Moi, en tant que volontaire des Jeux et des Paralympiques, je n'ai jamais eu une mission adaptée à mon handicap visuel. On m'a collée au point d'accès handicap, en disant que les handicapés se veulent bien. J'ai fait de la formation de volontaire, en fait. Mais parce que j'ai décidé de le faire. Sur les Jeux, j'étais à Bercy. Sur les paralympiques, j'étais au champ de masse, il y avait une équipe qui était beaucoup plus encadrante et qui a cherché des solutions et qui a réussi à me donner des missions valorisantes. Mais quand je suis arrivée, il a fallu le construire, ce n'était pas acquis. Donc on a eu des groupes de volontaires déficients mentaux. Donc, il y a 15 personnes qui arrivent accompagnées, qui sortaient sans doute d'un ESAT ou d'un IME accompagnées. Et puis, qui c'est qui veut prendre son handicapé mental pour l'accompagner toute la journée ?

  • Speaker #1

    C'est l'assistance, l'assistance.

  • Speaker #0

    C'est pire que ça. On n'a pas pensé à ce qu'on pouvait en amont, en fait. Pourquoi ? On dit à une personne qu'ils étaient tout contents d'être là. Mais moi j'ai vu à Bercy, des personnes handicapées mentales, passer la journée, le cul sur une chaise, à ne pas bouger. C'est pas ça être volontaire. Donc soit on est capable de leur donner une mission, c'est pas à eux de dire... Le principe des jeux, c'était de dire, dites-nous quelles sont vos aptitudes. Moi je sais tout faire. Moi, je sais tout faire. Si j'ai un support adapté, le problème, ce n'est pas moi, c'est le support. Donc, si on me dit, par exemple, on m'a dit, tu vas guider les spectateurs dans les tribunes. Ah, très bien. Donc, comme on est filmé, je vais vous la faire. Donc, les gens arrivent avec leur téléphone. Là, moi, j'ai une notification du Parisien. Bon, ils arrivent avec leur téléphone et ils vous disent, ah, c'est où ? Moi, je prends leur téléphone et puis même, je ne vois rien. Donc, on m'a dit, ah non, non, mais ça, ce n'est pas un problème, tu seras en binôme. Ce qu'il donne, quelqu'un arrive, il me dit, où est ma place ? Donc, il allume son téléphone. Mon binôme prend le téléphone et me dit, ah, c'est la place temps. Donc, je récupère le téléphone, je le rends à son propriétaire et je lui dis, c'est la place temps. Mais il a entendu puisque l'autre, il ne me l'a pas dit dans l'oreille. Donc, à quoi je sers, moi ?

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Donc, je ne considère pas qu'il s'agit d'une mission adaptée.

  • Speaker #1

    Oui, en fait, il y a des postes, enfin, c'est plutôt des missions, parce qu'on ne parle pas de postes, mais c'est des missions qui n'ont pas été adaptées au handicap.

  • Speaker #0

    C'est des missions qui n'ont pas été pensées. C'est-à-dire qu'on a recruté des personnes handicapées de tous types de handicaps. Il y en a qui ont fait des super trucs. Des gens qui ont été chauffeurs avec des voitures électriques, machin, ils se sont régalés. Il y a des gens où ils ont fait des super trucs. Moi, chauffeur, ils n'ont pas voulu. Je ne sais pas pourquoi. Mais quand j'arrivais sur mon poste, moi j'étais sur l'accueil des spectateurs, on m'a dit que ce que tu peux faire, moi je peux tout faire. Soit tout ça, soit rien en fait. Tout dépend des moyens qu'on me donne pour le faire. Et quand on dit à une personne, les personnes qui étaient donc déficientes mentales qui étaient là, moi au poste où j'étais, parce que j'ai été élevée, mes parents étaient éducateurs, ils étaient enseignants pour des enfants handicapés mentaux, il y a des lustres, donc c'est... C'est des personnes avec qui j'ai l'habitude d'être. Je lui dis, est-ce que tu peux noter quand il y a quelqu'un qui nous emprunte un fauteuil ? Oui, il peut le faire. Je lui propose quelque chose, je ne vais pas lui dire ce que tu peux faire. Ça n'a pas de sens. Si je te mets à l'entrée d'un truc et je te dis ce que tu peux faire, même toi, tu n'en sais rien, ce que tu peux faire, puisque tu ne sais pas ce qu'il faut faire. Donc, c'est... on a embauché des handicapés, on les a recrutés, et il n'y avait pas de mission adaptée. Sauf, bon, un certain nombre, mais que moi, je n'ai pas eu l'occasion de fréquenter. Par exemple, au Champ de Mars, sur la fin de ma mission, il y a une chef, j'ai appris à avoir des chefs, moi je n'ai pas l'habitude, qui vient me voir et qui me dit... Il dit, je t'ai trouvé un téléphone pour les athlètes, c'est audio décrit, va voir le combat de judo. Mais c'est parce qu'individuellement, elle a cherché un truc, parce que plusieurs fois, ils m'ont dit, va voir les combats de judo, ils savent que je suis judoka, et en fait, ils sont me donnés de solutions. Moi, un combat de judo, déjà quand je suis dedans, je ne vois pas grand-chose, mais alors sur le côté, je vois encore moins, je ne suis pas capable de... Ça va vite, c'est loin, je ne sais pas. Et donc là, ils m'ont dit une fois, et la fois d'après, elle m'a proposé avec un outil qui me permettait de suivre le combat de judo. Je n'ai pas mieux vu, mais j'étais dans l'ambiance, j'avais le son, j'avais l'audiodescription, en me disant que la brutique faisait l'audiodescription, ils ne savaient même pas ce que c'était que le judo, mais ce n'est pas grave ça. Et c'est ça la question. Et la question, elle va bien au-delà du handicap. Elle est, quels moyens on donne aux personnes pour qu'elles puissent faire quelque chose ? On se plaint beaucoup que les gens, ils ne font pas ci, ils ne font pas ça, ils ne sont pas engagés, ils sont pas... Qu'est-ce qu'on leur donne pour ça ?

  • Speaker #1

    Il y a un sujet, et ça rejoint aussi d'autres épisodes que j'ai faits, c'est la méconnaissance des acteurs potentiellement qui mettent en place des sujets sur le handicap, sur le besoin des personnes en situation de handicap et les solutions concrètes. qu'on peut apporter. Et est-ce que tu rejoins, justement, là, c'était le cas, finalement, avec l'audio description,

  • Speaker #0

    t'as pu mieux suivre le...

  • Speaker #1

    C'est un match, non ?

  • Speaker #0

    Un combat. On se bat, on se bagarre.

  • Speaker #1

    Justement, tu me parlais beaucoup de judo. Ça me permet de faire une petite passerelle. J'ai cru comprendre que c'était un sport que tu pratiques. Que tu pratiquais ?

  • Speaker #0

    Alors, je suis judoka, je suis ceinture noire, premier dan. Faut pas t'embêter. Si, si, on peut, parce qu'en fait, bon, j'ai commencé le judo, j'avais 46 ans.

  • Speaker #1

    Ok.

  • Speaker #0

    Et j'ai progressé normalement pour avoir mon premier dan et pour passer une certification pour pouvoir assister un prof.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Et puis, il y a eu le Covid. qui nous a un peu... Après, je me suis cassé la cheville. Ça a été... Et maintenant, j'ai une maladie hématologique où on m'a enlevé une vertèbre. Le judo, ce n'est pas le sport qui convient.

  • Speaker #1

    Mais c'est une passion.

  • Speaker #0

    Par contre, je suis dans un club dans le 19e arrondissement où je continue à enseigner. J'ai la chance que mon prof me fasse confiance. et me permettent d'être là pendant ces cours. voire parfois démarrer un cours sans lui. J'ai passé les certifications qui me permettent de prendre en charge un groupe d'enfants. Ça se passe très bien. C'est marrant d'ailleurs, parce que mon problème, c'est qu'ils sont tous habillés pareil. Pour les reconnaître, ils ont tous la même taille, ils sont tous habillés pareil. Donc je ne connais pas leur prénom, mais ça se passe super bien. Il n'y a pas de... On parle judo. Et donc, j'ai eu le plaisir de faire ça. Et j'ai un ami qui s'appelle Johnny de Dieu de l'Or, qui est champion de France FSGT dans diverses catégories. Et avec lui, on a créé un club de judo aussi suite au Covid. Là, on n'est pas affilié à la FFJDA, mais à la FSGT, qui est la Fédération Sportive Gymnique du Travail, qui est une fédération un peu plus de gauche, on va dire, que les gens ont moins de gros ventres. qu'à la FFJDA. Et donc, on a créé un club tous les deux sur la rive gauche, en fait, en se disant, bon, le Covid, là, on était tous les deux dans ce club dans le 19e. On est tous les deux sur le sud de Paris en se disant, bon, avec le Covid, il y a eu les confinements, donc nous, on s'est retrouvés dans un square pour faire du judo comme on peut. Moi j'ai fait des uchikomi, les uchikomi c'est ce qu'on fait, c'est les prises en répétition d'entraînement. Je les ai fait dans mon salon en mettant un élastique sur le garde-corps de ma fenêtre. Donc là il y a mon gardien qui m'a dit non, non, ne faites pas ça, je vais vous mettre un anneau dans le mur, ce sera plus prudent. Parce que maintenant il est volé fermé, c'est un coup à passer par la fenêtre. Mais donc on a créé un club de judo pour que lui puisse s'épanouir en tant que compétiteur, donner des cours aussi. Et avoir une structure sur la rive gauche qui nous permette de faire des choses en cas de pandémie, de crues. Maintenant, on est rodés à toutes ces choses un peu bizarres qui nous arrivent. De guerre, on n'avait pas encore prévu. On va être en système de défense. Voilà.

  • Speaker #1

    Si vous avez tout senti en noir, c'est bon, système de défense.

  • Speaker #0

    Voilà.

  • Speaker #1

    Et justement, sur ce club, j'avais une question. Est-ce que tu as des élèves, justement les groupes sur lesquels tu enseignes le judo, en situation de handicap visuel ? Est-ce que c'est un club qui est, on va dire, alors je n'aime pas le terme marketé, mais qui communique, qui est accessible et inclusif pour des personnes qui ont des fiertés visuelles et qui souhaitent accéder à ce club-là ? Comment on sait que ce club, si je suis une personne de forme visuelle et je souhaite faire du judo, comment on sait que ce club...

  • Speaker #0

    Alors déjà, le judo est par principe un sport adapté. C'est un sport de contact. Les règles existent. C'est-à-dire que la seule différence entre un combat de judo valide et un combat de judo déficient visuel ou auditif, c'est qu'on démarre garde-prise. C'est-à-dire que... Quand on regarde Teddy Riner, il n'arrête pas de se battre des mains comme ça pour essayer que l'autre n'attrape pas le kimono. Puisqu'on ne peut pas commencer une projection judo si on n'a pas attrapé le kimono d'une certaine façon. Donc la différence, c'est un défi en visuel, on va lui poser les mains sur le kimono de l'autre. Parce que sinon, ça pourrait être drôle.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ce qu'on a vu pendant les Jeux Paras, effectivement.

  • Speaker #0

    On leur pose les mains. Moi, mon club, dans le 19e... En fait, il y avait une animation judo dans mon arrondissement. J'habite le 14e, un jour, il y a longtemps. J'y suis allée et puis je voulais y aller. Puis j'ai toqué, je suis tombée sur un petit gars qui m'a dit, je voudrais faire du judo. Il m'a regardée, il me dit, oui, mais là, l'animation judo de l'été, c'est un peu compliqué. J'ai un club. Je lui ai dit, oui, mais moi, je suis déficiente visuelle. Il me dit, oui, j'avais bien remarqué. Justement, moi, j'ai des certifications. Il y a des certifications. Je vous attends, prenez un jogging, machin. Et moi, je suis dans un club, donc dans le 19e arrondissement, place des Fêtes, où les profs, en fait, font en capacité d'accueillir des enfants, des adultes. Alors, déficients visuels, déficients auditifs ou déficients mentaux. OK. Il y a deux profs principaux, et ces deux profs principaux disposent de toute la panoplie possible et inimaginable. En gros... La différence, c'est que si je dis au soto-gari, si je dis vous prenez comme ça, tac, tac, tac, là vous mettez les mains là, puis là, puis là, bon, moi je ne sais pas ce qui se passe. Si on me dit tu attrapes le revers, tu attrapes la manche, tu poses le pied en avant au niveau du pied de l'autre, tu rentres ton épaule dans son épaule et tu balayes sa jambe, c'est très clair.

  • Speaker #1

    C'est la représentation mentale ?

  • Speaker #0

    C'est l'audiodescription. Pour le club qu'on a créé avec Johnny, on a une expérience assez intéressante. Dans le cadre des Jeux Olympiques, il y a une opération qui s'appelle Club Inclusif, qui était un partenariat entre certaines collectivités territoriales, le CIO Jeux Olympiques, la Fédération Handisport et la Fédération de Sports Adaptés. L'handisport, c'est plutôt le handicap physique et sensoriel. Sport adapté, c'est la déficience mentale. Et aujourd'hui, il y a de plus en plus de disciplines sportives qui sortent de ces circuits-là au nom de l'inclusion. Par exemple, le judo est géré, le para-judo est géré par la Fédération Française de Judo, et non pas par la Fédération Handisport. Et donc, on a fait cette formation, et fait exceptionnel. Dans la journée de formation avec la Fédération de sport adapté, on nous a diffusé un film sur lequel j'ai fait des commentaires qui ne sont pas passés et donc j'ai été virée de la formation. J'étais la seule personne handicapée à suivre cette formation pour devenir club inclusif et j'ai été virée de la formation.

  • Speaker #1

    On trouve productif.

  • Speaker #0

    Ce que je trouve assez exceptionnel. Là je fais court mais c'est un grand moment de ma vie ça, c'est vraiment... quelqu'un qui me dit « Madame, vous n'avez pas votre place dans ma formation. » Alors que je suis avec un formateur de la Fédération du sport adapté. Parce que j'ai dit que le sport adapté, je vais redire ce que j'ai dit, parce qu'on en est à la télé, il faut que je sois honnête, j'ai dit que ces associations et cette fédération sont complices de l'incarcération des personnes handicapées dans les instituts médicaux éducatifs. Je suis une partisane de la désinstitutionnalisation et de la libération des handicapés. L'exemple que j'ai donné, c'est le matin, ils sont contents, ils se lèvent, ils font tous pipi à la même heure, ils prennent leur petit déjeuner ensemble, ils montent dans le même bus, ils vont faire leur sport ensemble, ils reviennent à la même heure, ils vont manger, ils font la sieste, ils touchent ensemble, mais ils ne voient jamais une personne validée. Et justement, dans nos clubs, on fait ce qu'on appelle la pratique partagée. qui est la grande cause de la FSGT dont j'ai parlé tout à l'heure, qui est de dire que handicapé et valide, on fait ensemble. Et moi, dans mon club de judo, dans le 19e, il y a un gars qui n'a pas de doigt. Le temps que j'ai mis pour m'en rendre compte, parce que quand il vous prend le kumikata, qu'il n'ait pas de doigt, ça ne se sent pas. Et donc, dans le 19e, il y a un gars qui est trisomique, qui est ceinture noire. On est plusieurs déficients visuels. Je peux outer Sylvie Bouchateau qui a fait deux ans de judo avec moi. Elle a arrêté, c'est le mal au dos. C'est comme ça que j'ai rencontré Sylvie, dans un club de judo. Sultatami. Sultatami. Et donc, en fait, dans nos clubs, la question du handicap ne se pose pas. On ne peut pas faire de judo si on n'est pas complètement debout quand même. Dire quelqu'un qui va être paraplégique va avoir du mal à faire du judo. Par contre, il peut y avoir une certaine forme de judo, plutôt sur du mode jujitsu brésilien, ce qui se passe au sol, qui peut permettre de faire des choses. Mais moi, je me souviendrai toujours, et j'en avais écrit une nouvelle, c'était au début de mes années judo, on me dit, viens, il y a un grand raout judo adapté. opté, para, machin. On m'emmène en banlieue dans une voiture, chose que je n'aime pas. Et puis, il y a mon prof qui me dit, tu vas te mettre avec la petite fille qui est là-bas, ça va être parfait. Moi, j'étais encore, je ne sais plus, je devais être en orange ou en vert. Mais bon, la petite fille, elle n'avait jamais fait de Judo. Puis, je regarde ce gamin, elle était mignonne comme tout. Je me dis, il y a un problème. Je commence à lui attraper le kimono. Je me dis, putain de merde. problème, je ne trouvais pas. En fait, elle n'avait pas de bras.

  • Speaker #1

    C'était ça le problème.

  • Speaker #0

    Le problème, c'est qu'elle n'avait pas de bras. Moi, je ne l'ai pas vue tout de suite. C'est vrai que mon premier contact avec elle, c'était sympa, puisque moi, je n'ai pas vu qu'elle n'avait pas de bras. Et donc, quand j'ai pris conscience qu'elle n'avait pas de bras, je n'avais pas longtemps, parce qu'ils ont travaillé le fameux Sotougari, et de me dire, comment je lui explique Koso Tungari parce que les brins, ça permet une partie du déséquilibre. Puisque une prise de judo, c'est un déplacement, un déséquilibre et une action qui fait tomber. Donc, le fait de ne pas avoir de brin prive la prise de judo d'un peu de son âme. Mais je me suis dit, elle doit pouvoir quand même faire ça. Et donc, comme j'étais sur une logique de... Ah, mais je n'ai pas vu qu'elle n'avait pas de bras, mais là, il faut qu'elle fasse au soto-gari, il n'y a pas de choix. Je lui ai fait faire un au soto-gari sans bras. Moi, je tenais son kimono, parce que moi, si je ne tiens pas le kimono des autres, je me casse la gueule. C'est un de mes problèmes au judo, c'est que j'ai des problèmes d'équilibre. Et donc, en fait, je lui ai expliqué qu'il fallait me transpercer l'épaule, me faucher la jambe en expliquant le déplacement tout ça et le mal alors le seul truc qui était entre guillemets dangereux, c'est qu'une des règles au judo, c'est qu'on tient la manche de l'adversaire pour lui éviter de se faire mal quand il chute. Donc si elle me faisait chuter, il fallait que je fasse attention. Première fois qu'elle me fait chuter, c'était tranquille, c'était bon. Deuxième coup, j'ai eu peur. C'est-à-dire qu'une fois qu'elle a eu compris ce qu'il fallait faire, elle l'a fait très bien et elle m'a fait shooter sans que je... Comment dire ? Un peu par surprise, mais...

  • Speaker #1

    Mais elle t'avait fait chuter.

  • Speaker #0

    Elle m'avait fait chuter, et c'était une vraie chute. Après, on a déjeuné ensemble, c'était rigolo, parce que, moi je dis c'est rigolo, ma façon d'être, mais... Elle mangeait donc en face de nous, pas de bras. Et sa mère sort un paquet de chips, elle étale les chips sur un, et puis là, il y a le pied de la gosse qui sort au-dessus de la table, et qui bouffe ses chips tranquille. Pénard.

  • Speaker #1

    Adaptation, vous m'en parlez Adaptation,

  • Speaker #0

    elle avait un verre avec une paille Et du coup, moi j'ai discuté avec elle J'ai dit tu veux faire du judo ? Elle m'a dit non parce que bon je me rends bien compte Elle avait quoi ? Une dizaine d'années ? Dix-douze ans ? Elle m'a dit je me rends bien compte qu'il me manque un peu un truc Pour le judo J'ai dit t'as pensé au karaté ? Elle m'a dit oui je pense qu'à ça Et Je veux dire Je ne conseille à personne d'être en face de cette gosse qui a décidé de se défendre avec ses jambes.

  • Speaker #1

    Tu vois, j'ai une petite question à poser dans les épisodes du podcast Déclic, c'était l'anecdote. Est-ce que celle-ci, ça fait partie d'une de tes anecdotes ?

  • Speaker #0

    Ah ouais, moi, ça a été... Moi, ce qui me plaît dans cette histoire, c'est que j'ai pas vu qu'elle avait pas de bras. Et c'est ça qui fait toute la différence. C'est que, toi, si t'es une gosse qui arrive vers toi. et qui n'a pas de bras, tu vas le voir tout de suite et tu vas le voir de loin.

  • Speaker #1

    Il va avoir une stratégie.

  • Speaker #0

    Le temps qu'elle arrive, tu vas avoir une stratégie qui va te... Moi, je me retrouve face à quelqu'un, je me dis tiens, il y a un truc bizarre. Juste, il y a un truc bizarre.

  • Speaker #1

    Je ne sais pas quoi. Je ne sais pas quoi.

  • Speaker #0

    Et donc, moi, je n'ai pas le temps d'anticiper une stratégie ou de me donner une contenance. Puis je lui dis, excusez-moi, je me suis excusée, je dis excuse-moi, j'ai pas fait gaffe. Et elle me dit, elle me dit, ah non, non, mais c'est pas grave. Et parce que le j'ai pas fait gaffe était sincère. C'est-à-dire qu'elle, elle a vu que j'ai pas vu, en fait. Que c'est pas que j'ai pas fait attention, que c'est pas... Et j'ai souvent ça, je suis représentante bénévole du médiateur de la ville de Paris. C'est-à-dire que le médiateur de la ville de Paris s'occupe des relations. entre les parisiens et l'administration parisienne. Et il y a souvent des personnes handicapées. Et moi, je ne me présente pas comme étant handicapée. Mais quand j'ai quelqu'un qui est handicapé, il y a un truc, quoi. Il le sent. Et souvent, au bout d'un moment, si leur problème est lié au handicap, je dis, vous savez, je suis déficiante visuelle. Et souvent, on me dit oui. C'est-à-dire que... Il y a une espèce de communion, un truc, c'est des complices de la discrimination, on est victime de la même chose, et du coup ça vaut aussi vis-à-vis de toutes les populations qui sont opprimées d'une façon ou d'une autre. C'est vrai que l'homme blanc de 50 ans ne fait pas partie des gens avec qui j'ai des bonnes connexions. quand ils viennent pour des problèmes de stationnement avec le résuvé, c'est vrai que la connexion passe mal.

  • Speaker #1

    Et justement, tu parlais que tu es bénévole dans la médiation pour la ville de Paris. J'ai cru lire ou comprendre que tu avais aussi une médaille de bronze de reconnaissance par rapport à ce que tu fais auprès de la ville de Paris qui a été dessinée par Anne Hidalgo, si je ne me trompe pas.

  • Speaker #0

    C'est vrai, j'ai la médaille de bronze de la ville de Paris. qui m'a été accordée par Anne Hidalgo à la demande d'Olivia Polsky, qui à l'époque était en charge des commerces à la ville de Paris. Aujourd'hui, elle s'occupe, elle est maire adjointe à la maire de Paris. C'est une élue de mon arrondissement. Et en fait, je suis la première assesseur Basse Vision. de l'histoire de France, si on ne s'est pas trompé. Sous réserve, qu'il y ait quelqu'un qui me dise « Non, non, je l'ai été avant toi » . C'est-à-dire que depuis la création du programme de volontaires de Paris par la secrétaire générale adjointe qui maintenant est partie, qui s'appelle Laurent Girard, qui est quelqu'un qui a beaucoup fait pour la ville de Paris. Il y a la maire avec les élus et puis il y a le secrétariat général. Ce n'est plus le... les chefs d'administration de la ville. Et les gens qui font beaucoup avancer les choses, c'est plus les agents de la ville et le secrétariat général que les élus. C'est-à-dire que les élus, ils ont des idées, des trucs, des machins, des malins, mais il y a beaucoup de choses qui existent parce qu'il y a des agents qui les mettent en œuvre et qui les imaginent. Par exemple, Laurent Girard a imaginé le programme des volontaires de Paris en disant que Paris, ses 2 millions d'habitants... comment on fait pour que les habitants se sentent investis dans le quotidien de la ville. Et donc, les volontaires de Paris, ça a été beaucoup développé au moment du Covid, justement. On a eu énormément de formations sur les crues, sur le PSC1 et tout ça, l'assistance aux personnes, sur recenser des trucs, sur faire des choses en tant que citoyen. Et dans ce cadre-là, la ville recrute à chaque élection des assesseurs et des présidents pour les bureaux de vote. Autrefois, c'était les partis politiques qui fournissaient les assesseurs et les présidents. Maintenant, ça n'existe plus. Les partis ne font plus le boulot, donc la ville fait des assesseurs citoyens. Et moi, je me suis dit, moi, je voudrais être assesseur. Le problème, si tu as déjà voté, ce que j'espère, tu as vu la taille d'écriture d'un cahier d'émargement. Mais dans le code électoral, il est indiqué que pour être assesseur, il faut savoir lire et écrire. Je sais lire et écrire. Donc, le problème, ce n'est pas moi, c'est le support. Et donc, j'ai une amie qui est agente de la ville de Paris, qui cadre la ville de Paris, qui a commencé à contacter le 19e, puisqu'elle habitait en 19e. en disant que j'ai une amie qui est déficiante visuelle qui voudrait un cahier d'émargement gros caractère. Le directeur général du service du visuel, elle m'a dit, oui, c'est une bonne idée, mais là, c'est un peu court. On voit ça pour la prochaine fois. Et puis, après, les échanges, il était sincère, mais on ne savait pas comment débloquer le truc parce qu'il y a un service qui s'appelle le BORP, le Bureau des élections et du recensement. qui s'occupent de ça, donc entre un arrondissement, faire bouger le burp, tout ça, bon, c'est compliqué. Et il y a eu une grande réunion à l'hôtel de ville, dans les beaux salons de l'hôtel de ville, sur recruter des assesseurs. Donc, j'y suis allée avec cet amour, et puis, blablabli, blablabla, blablabli, on fait des assesseurs, tout ça, j'étais là, je boubiais un peu, puis elle me dit, mais non, mais non, mais attends, attends, et ça, non, mais il commence à m'agacer, et donc, du coup, à un moment, vous avez des questions, je me suis levée j'ai parcouru toute la distance entre moi et la scène j'ai chopé le micro et j'ai dit, moi je voudrais être assesseur mais je suis déficiente visuelle donc il va falloir m'adapter le cahier donc il y avait 300-400 personnes dans la salle moi j'ai pas peur, je les vois pas c'est pas un avantage ça en fait ah c'est un avantage mais ça a été un avantage dans beaucoup d'épisodes de ma vie ne pas voir mon assistance. La copine, elle était planquée. Qu'est-ce qu'elle va me faire ? Et puis là, il dit, ah ouais, c'est une bonne idée. Il y avait le directeur adjoint à l'époque de la DTCT, qui était François Tchéquémian, qui dit, bah ouais, c'est une bonne idée tout ça. Bon, très bien, les gens applaudissent. Parce que quand il y a un bigle qui dit, ah moi je veux faire un truc, les gens applaudissent forcément. Et donc après, il y avait tout un bureau qui était installé sur les strates. pour montrer aux gens comment se déroulait une élection. Ah oui, alors qu'est-ce qu'il y a des volontaires pour tester ? Ah bon, j'y retourne. Donc je passe devant tout le monde, parce qu'il y a des gens qui s'étaient proposés avant moi, mais ça ne m'a pas gênée. Je monte sur la tribune et je leur démontre que leur bureau de vote est superbe, mais il n'est pas accessible. Et comment faire ? Et François de Chequemion m'a dit, rendez-vous dans mon bureau, on va réfléchir à cette question-là. Et il s'avère qu'au beurre, l'agent qui s'occupe de tout ça, il a adoré l'idée. Donc il s'est investi. Tout ça, c'est vraiment des personnes qui s'investissent.

  • Speaker #1

    À chaque fois, c'est ça,

  • Speaker #0

    c'est les personnes qui font bouger l'institution. Et là, on a fait bouger l'institution. Et donc, il y avait François Tchéquémian, Laurent Girard, le BIRP, cet ami agent de la ville qui m'a dit on va faire bouger les choses. Et au final, une élue du 19e, Cécile Bossavie, qui s'occupe des personnes handicapées dans le 19e et qui est d'ailleurs une ancienne collègue de la personne qui avait mis le commentaire sur LinkedIn. Et Cécile Bossavie qui dit moi, je la veux dans mon bureau de vote. Alors, il y a eu des trucs, des gens qui ont dit « Ah ouais, mais il va y avoir des queues, ça va être terrible. » Bon, très bien, ça va être terrible, mais j'ai un gros avantage par rapport à beaucoup de valides, c'est que je connais l'alphabet. Et je ne suis pas obligée de me le réciter pour savoir quelle lettre est avant une autre. Parce que c'est le problème dans les bureaux de vote, souvent, quand les gens cherchent. Alors, j'ai eu un cahier d'émargement. Il y avait, au lieu d'avoir 25 lignes par page, il n'y en avait que 10. C'était du 24 ou du 26, je ne sais plus, la police que j'avais choisie, tout ça. Et en fait, tout le monde a adoré. C'est-à-dire que la présidente qui est debout, elle arrivait à lire. Les lecteurs qui étaient en face, ils voyaient son nom. Il avait de la place pour signer, contrairement à l'espèce de zibouboui qu'on n'arrive pas à signer. Et en fait, d'un truc où moi j'ai dit, je veux y aller, ça a fait ça. Et comme ça s'est fait dans le 19e, puisque Cécile Bossavie est élue du 19e et tient un bureau de vote dans le 19e, tout ça, ça s'est fait parce qu'il y a des agents publics. J'y tiens beaucoup, en fait, à dire ça. C'est vraiment des agents publics. C'est vraiment un service public. C'est, en fait, tous ces gens-là, je n'arrête pas de les embêter. J'avoue, ils m'adorent tous, mais je n'arrête pas de leur écrire. Mais gentiment, j'essaie toujours de proposer une solution en même temps que je pose une question.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ce que j'allais dire.

  • Speaker #0

    Je ne fais jamais du... Je ne râle pas.

  • Speaker #1

    Voilà, c'est ça.

  • Speaker #0

    Il faut râler,

  • Speaker #1

    mais avec des solutions concrètes.

  • Speaker #0

    Et puis râler soit sur du symbolique, soit sur des choses importantes.

  • Speaker #1

    Bien sûr.

  • Speaker #0

    Donc je suis en relation et moi je suis très attachée à ma ville, je suis très attachée à Paris. Je suis aussi très attachée à sa majorité municipale, même si j'ai beaucoup de choses à lui reprocher. Aux politiques, parce qu'il y a un discours qui commence à manquer de substance. Mais en fait toutes ces choses-là, elles fonctionnent quand il y a de l'engagement du service public. Et c'est aussi pour ça que je suis représentante du médiateur. C'est que le médiateur, c'est une autorité administrative indépendante. Les gens viennent nous voir parce qu'ils n'ont pas réussi à joindre un problème de...

  • Speaker #1

    C'est vraiment de la médiation...

  • Speaker #0

    C'est administratif, ce n'est pas de la médiation, ce n'est pas un conciliateur de justice. C'est vraiment, j'ai un problème avec une administration qui ne me répond pas ou qui me donne une réponse qui n'est pas satisfaisante. Et j'essaye d'avoir une solution, c'est vraiment ça. C'est beaucoup les bailleurs sociaux sur des fuites d'eau. Je suis une spécialité de la fuite d'eau, ou des souris.

  • Speaker #1

    Vous l'avez compris, ceux qui nous entendent, c'est la spécialiste de la fuite d'eau. Voilà,

  • Speaker #0

    je suis une grande adepte de la fuite d'eau. Et je suis là parce que c'est du service public. Moi, mes parents, c'était des enseignants, c'était la laïque, c'était l'école publique. Si je n'avais pas été déclarée inapte à 20 ans, j'aurais été fonctionnaire. Donc vraiment, mon engagement premier, il est là. Et je le fais parce que c'est des personnes dont je suis sûre qu'ils peuvent avancer dans leurs réflexions.

  • Speaker #1

    Oui, qu'ils peuvent faire avancer les choses et changer la donne pour les publics.

  • Speaker #0

    Et des agents qui sont prêts à bouger, il faut défendre le service public. Je le dis, je n'ai rien contre les start-up. C'est ordinaire, mais... Les start-up extraordinaires sans le service public.

  • Speaker #1

    De toute façon, on travaille maintenant avec tous les acteurs. On travaille que ce soit avec les associations et les usagers en situation d'handicap et les citoyens. Et les acteurs publics vont mettre en place des solutions. Tout est lié.

  • Speaker #0

    Et pour moi, l'expression de la citoyenneté pour les personnes handicapées, c'est aussi être assesseur dans un bureau de vote. Et c'est aussi participer à une campagne électorale et ainsi de suite. Moi, j'ai dirigé quelques campagnes électorales dans ma vie. Là, j'ai décidé qu'aux prochaines élections, je ne voterai pas pour les listes dont les supports ne seront pas accessibles.

  • Speaker #1

    Et je vois qu'ils ont fait un travail aussi sur le fait, le facile à lire et à comprendre pour les personnes en situation... Oui, mais ils ne savent pas faire.

  • Speaker #0

    Ils croient que... Je pense que le personnel politique ne sait pas ce que c'est que le FALC.

  • Speaker #1

    Ça a été instauré par le gouvernement, en plus, le FALC, le nom de base ?

  • Speaker #0

    C'est l'UNAPI qui a créé le FALC. Et aujourd'hui, ce n'est pas simple, le FALC. Donc, il y a un langage intermédiaire dont je n'ai pas le nom exact, qui est facile à comprendre. Il y a un truc intermédiaire. Parce que le FALC, en tant que tel, il faut que des personnes... à qui c'est destiné, le valide. C'est ça qui est compliqué dans le sac. Mais on peut au moins faire des supports, des vidéos audio décrites. On peut faire des choses. Il y a plein de choses à faire pour rendre sa communication accessible. Des podcasts ? Des podcasts, par exemple. Rendre tout en audio.

  • Speaker #1

    Alors nous, on fait les deux sur des clés qu'on fait en audio, justement, pour que ce soit accessible pour la plus grande majorité. Et on fait aussi, on a sur YouTube, en live, avec toute l'audio description pour que des personnes sourdes et malentendantes puissent aussi accéder au contenu du podcast. Donc, quand on le veut,

  • Speaker #0

    on peut.

  • Speaker #1

    Oui,

  • Speaker #0

    et puis c'est pas, comment dire, pour moi, c'est vraiment une question de rapport à l'autre. C'est-à-dire que quand on envoie quelque chose à quelqu'un, est-ce qu'on se demande ? s'il va être en mesure de le recevoir. Quand on a un vieux, on se dit « Papy, avec son téléphone d'euro, il ne va pas y arriver. » Ça dépend. Mais c'est vrai qu'on a une tendance à ne pas adapter. Non pas pour adapter, mais en se posant la question de quel est son interlocuteur. Moi qui suis sur LinkedIn, sur un pro... sur un sujet un peu plus vaste, le nombre de gens qui m'écrivent en me disant « Votre entreprise... » Bon, ils n'ont pas lu.

  • Speaker #1

    Ils n'ont pas lu ton profil.

  • Speaker #0

    Ils n'ont pas lu mon profil. C'est-à-dire, ce n'est pas possible de fonctionner comme ça. Et je crois que la question de l'adaptation, c'est aussi de regarder l'autre, d'aller vers l'autre, de se demander qui il est et en quoi est-ce que je vais lui proposer l'intérêt, c'est déjà. Comment je fais pour être sûre ?

  • Speaker #1

    Qu'ils reçoivent l'information.

  • Speaker #0

    Qu'ils reçoivent l'information.

  • Speaker #1

    D'ailleurs, j'ai une petite chose à te faire tester. Oui. Et on va voir si je me suis bien adaptée ou en tout cas si des outils permettent de l'adapter. À chaque épisode, je fais un petit jeu. À la fin de l'épisode, justement, pour faire tuer au chien un mot et que tu me dises qu'est-ce que tu évoques ce mot-là. Donc, c'est des mots qui sont écrits sur un papier. Ah bon ? Normalement le contraste est haut parce que c'est du noir sur du blanc. Mais j'ai déjà fait avec des personnes complètement aveugles et qui ont utilisé la caméra de leur smartphone pour...

  • Speaker #0

    Il y a une fonction loupe sur mon téléphone.

  • Speaker #1

    Je vais te laisser, il y a un petit verre devant toi, te laisser piocher.

  • Speaker #0

    Vu la taille du papier, je pense que la taille des caractères, on ne va pas le faire. Voilà. On va essayer la loupe ? On va essayer la...

  • Speaker #1

    J'aurais dû... Je crois que j'ai écrit en caractère majuscule.

  • Speaker #0

    Oui, mais justement, il ne faut pas. Il ne faut pas. Parce qu'en fait, un mot écrit tout en majuscule, ça devient un parallélipipède rectangle. Et donc, le fait que le mot ait une géographie, un dessin, soit un dessin, aide beaucoup à sa lecture. En fait, c'est le principe de la lecture rapide. C'est-à-dire qu'on lit le début du mot, là j'essaie de le mettre à plat à peu près, on lit le début du mot et puis après... Non,

  • Speaker #1

    je n'ai pas écrit en majuscule.

  • Speaker #0

    C'est bien, par contre ça a l'air d'être du bleu, non ? Pour moi c'est du bleu. C'est du bleu ? Oui,

  • Speaker #1

    effectivement, c'est du bleu.

  • Speaker #0

    Alors, je lis accomplissement.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Je le lis petit à petit. Accomplissement, je ne sais pas. Accomplissement. Euh... Accomplissement.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as...

  • Speaker #0

    Bon,

  • Speaker #1

    bah alors. J'ai pas envie de dire ademais parce que c'est pas le but. Mais tu as accompli pas mal de choses dans ta vie. Tu as écrit beaucoup de romans, de livres. Est-ce que ça peut être une forme d'accomplissement ?

  • Speaker #0

    Non.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu te sens accompli à ce jour ? Non. Qu'est-ce qui te manque pour être complètement accompli ?

  • Speaker #0

    Je ne sais pas. C'est dur. Ah ça, j'avoue, je ne sais pas du tout.

  • Speaker #1

    Ce n'est pas...

  • Speaker #0

    Ça ne fait pas partie de mes... Ce n'est pas un mot à moi, s'accomplir. S'accomplir. Ce n'est pas... Je ne sais pas.

  • Speaker #1

    Je te pose une colle.

  • Speaker #0

    Oui, c'est... Pour moi, l'accomplissement, ce sera arrivé quelque part et qu'il n'y ait plus rien à faire. Que ce soit fick. L'espèce de truc, là, on y arrive et pof, ça s'arrête. Et moi, je n'ai pas envie que ça s'arrête. C'est-à-dire que je dis des choses aujourd'hui qui valent pour ce que je dis aujourd'hui. Moi, j'ai d'autres... Je tiens un blog, par exemple, depuis 15 ans. Je suis en train de me contredire par rapport à il y a 15 ans sur un certain nombre de sujets. Parce que je grandis, parce que je vois d'autres choses, parce que je rencontre d'autres gens. Donc, l'accomplissement, pour moi, ce serait... Le seul truc qui me vient, ce serait dans la fraction de seconde avant de mourir, je te répondrai, mais pas avant. Et puis comme je n'ai pas l'intention de mourir avant au moins 20-25 ans, ce n'est pas...

  • Speaker #1

    Ce n'est pas quelque chose qui est dans ton vocabulaire ou dans ta façon.

  • Speaker #0

    Non, parce que pour moi, l'accomplissement, c'est vraiment une fin. Ça correspond à quelque chose qui serait fini.

  • Speaker #1

    Et est-ce qu'il peut avoir un semi-accomplissement par rapport à ce que, justement, le fait que tu t'es élevé, que t'es allé devant les personnes, devant 300 personnes, c'est-à-dire qu'il faut, moi je veux bien être assesseur parce que je sais lire, je sais écrire, mais par contre il faut que les supports soient accessibles et à ma portée. Est-ce que c'est pas une forme d'un mini-accomplissement ? Parce qu'après, il est fait au niveau du bureau de vote du 19e, donc il n'est pas accompli 100% parce qu'il faut le faire.

  • Speaker #0

    Aujourd'hui, l'objectif sur ça, c'est que moi, la prochaine fois, je ne serai pas assez sordide. C'est très fatigant, en fait. Il faut y être à 7h du mat. Ça finit, suivant le nombre de listes de dépluments, entre minuit et 2h du matin. C'est fatigant. Donc, je pense que la prochaine fois, je ne remplirai pas. Moi, c'est juste... Dans ma vie, c'est juste une étape.

  • Speaker #1

    Mais tu as fait bouger les lignes à ta manière.

  • Speaker #0

    Oui, là-dessus, sur d'autres choses. Sur Yannashipa arrivé. le jour où le seul accomplissement que je pourrais avoir c'est la révolution prolétarienne mais ça va falloir plusieurs vies c'est pas non accomplissement pour moi ce serait presque une défaite de dire que j'ai accompli quelque chose parce qu'il y a tant à faire après il faut que je me lève le matin et oui Voilà, donc là, juridiquement, je prends ma retraite au 1er juin. Donc, je n'ai pas de trimestre, mais ce n'est pas grave. Donc, on pourrait dire que ça a conclu, mais non.

  • Speaker #1

    Non, parce que tu ne t'arrêtes pas.

  • Speaker #0

    Je ne m'arrête pas. Et puis, une fois que, même au niveau d'un livre, une fois qu'on a fini le livre... il n'est pas fini puisqu'il y a quelqu'un qui va le lire et la personne qui va le lire va en faire quelque chose c'est pas un objet fini c'est pas un objet fini pour moi il n'y a rien de fini en fait et le but c'est toujours d'avoir quelque chose en vue je veux dire là on a Dimanche, on a une votation citoyenne où il faut massivement aller voter pour les rues. Je pense que ça apparaîtra après. Je dois faire un retour au bureau des élections pour savoir s'il y avait des problèmes d'accessibilité dans mon bureau dans le 14e. Je vais lui dire à mon interlocuteur que je ne serai pas assesseur la prochaine fois, mais qu'il faut absolument développer le procédé. pour que... Parce que... Quand on est déficient visuel, on n'ose pas demander.

  • Speaker #1

    Tout dépend des caractères. Oui,

  • Speaker #0

    se dire, attends, je vais être assesseur, il faut être un peu barré quand même. C'est pas un acte quotidien. Donc moi, je vais avoir des marottes comme ça. En ce moment, je suis en train de... Puis des fois, c'est pas... Je tiens une de mes permanences à la maison de la justice et du droit du 15e. Et ils sont en train de rendre le lieu accessible. Sauf qu'ils ont fait des toilettes accessibles qui, à mon avis, ne le sont pas. Donc je suis en train d'échanger des photos avec...

  • Speaker #1

    Désir d'accomplir.

  • Speaker #0

    En me disant, mais là, c'est compliqué. Peut-être que j'arriverais à faire que ces toilettes soient réellement accessibles. Peut-être que je n'y arriverais pas, parce qu'il y a des contraintes bâtimentaires, parce que les gens qui font ça vont finir par dire que tu nous emmerdes, parce qu'on a fait ce qu'on a pu. On a mis un ascenseur, tout va bien. Donc, c'est aussi... Ce n'est pas forcément des grandes choses. Je ne sais pas à quel âge tu as, mais... À peu près à la trentaine. À la trentaine, je pensais qu'effectivement, on avait des grandes choses à accomplir.

  • Speaker #1

    On veut changer le monde.

  • Speaker #0

    Moi, je veux changer le monde, mais c'est un objectif, c'est un rêve. C'est ce qui me motive et c'est ma ligne politique. ça passe aussi par l'accessibilité des toilettes de la maison de la justice des droits du 15e. C'est-à-dire que cet objectif-là, moi je voulais faire un truc, mais c'est très heureux. Maintenant, je me lève le matin, je suis contente, j'ai passé ma journée, j'ai rencontré des personnes, j'ai dit des choses, j'ai essayé de faire avancer. Peut-être des gens qui vont écouter ce podcast, qui vont avoir un déclic, ou qui vont se dire que les handicapés nous emmerdent.

  • Speaker #1

    C'est bien, c'est le nom du podcast. Voilà.

  • Speaker #0

    Donc, je ne sais pas. Je ne sais pas... Comment dire ? Il faut toujours avancer et vraiment s'attacher à des petites choses.

  • Speaker #1

    Oui, chaque étape est importante à... À savourer. et chaque accomplissement de sa manière c'est pas mon vocabulaire c'est trop bien parce qu'on a pu avoir sa perception des choses et c'est hyper intéressant et je pense qu'il y a plein de choses encore à découvrir sur toi on est maintenant sur la fin de l'épisode on a parlé de beaucoup beaucoup de choses c'est hyper intéressant, merci encore mille fois Cécile pour d'être venue sur le podcast Et je crois qu'on a encore plein de choses à se dire. Donc, merci d'avoir partagé tout ça, d'avoir partagé avec ceux qui nous écoutent. On va pouvoir mettre aussi un peu tous tes ouvrages que tu as pu réaliser.

  • Speaker #0

    J'ai un site Internet qu'on va pouvoir mettre.

  • Speaker #1

    Voilà,

  • Speaker #0

    que je code moi-même.

  • Speaker #1

    Incroyable.

  • Speaker #0

    Incroyable. En spip, alors pour les aficionados, c'est sans images. J'ai abandonné les images que ce soit sur mon site. J'ai un blog aussi, qui s'appelle La vie en hétéronomie, qui s'appelle maintenant Ma nouvelle vie en hétéronomie. Parce qu'avant, on était deux, après on était trois. Maintenant, je suis toute seule sur le blog, mais c'est un blog qui tient la route. Donc, c'est assez facile de me trouver sur les réseaux. Et tu as une page Wikipédia ? J'ai une page Wikipédia que je n'ai pas créée. Par contre, je la mets à jour quand je fais quelque chose. C'est moi qui la mets à jour. Mais ce n'est pas moi qui l'ai créée. Je ne sais pas qui a créé cette page Wikipédia.

  • Speaker #1

    En préparant le podcast, je me suis aidée de cette page Wikipédia. Et en fait, j'ai tapé ton nom et ton prénom. J'étais incroyable. Ceci, elle a une page Wikipédia. Ça m'aide vraiment.

  • Speaker #0

    Et quand même, il y a mon CV sur LinkedIn, bien sûr, mais qui est un peu compliqué. Les cases LinkedIn, c'est assez compliqué à suivre. Mais sur mon site. qui ne comporte que 4 pages maintenant. À une époque, j'avais un site avec 2-3 000 articles dessus. Et puis, c'était beaucoup de travail pour finalement pas grand-chose au sens de ce que ça m'épanouissait ou ça m'apportait. À une époque, ça m'a beaucoup... Moi, je suis sur le net depuis la fin des années 90. J'ai commencé sur le Minitel.

  • Speaker #1

    Quand on est écrivaine, j'imagine qu'il fallait tapoter quelque part.

  • Speaker #0

    Les lettres d'infos, les listes de discussion, les forums, les trucs comme ça. Donc, j'essaie de m'adapter un peu. Je suis un peu geek quand même.

  • Speaker #1

    Oui, j'ai vu ça. Un peu geek, sportive, activiste. Vraiment, je pense qu'on a abordé beaucoup de choses et qu'on connaît maintenant le personnage de Cécile.

  • Speaker #0

    Je ne sais pas, c'est peut-être un peu présent que tu...

  • Speaker #1

    Non, mais en tout cas, merci beaucoup pour tous ces partages.

  • Speaker #0

    Merci de cette invitation.

  • Speaker #1

    On pourrait encore parler des heures et des heures de tout ça, mais...

  • Speaker #0

    Après, on va les ennuyer.

  • Speaker #1

    Voilà. Donc, merci à toi d'avoir répondu présent. Et à bientôt.

  • Speaker #0

    Voilà, et puis merci aussi à toi. de l'investissement. Je suis toujours très soutenante de toutes mes consoeurs, de mes sœurs, si je veux utiliser un vocabulaire. Voilà, c'est vrai que je suis toujours très sensible à l'engagement des femmes et des jeunes femmes dans le monde, parce que je sais que c'est difficile.

  • Speaker #1

    Merci. Merci à toi. Merci beaucoup. Et puis, à très vite,

  • Speaker #0

    Cécile. Bonne soirée, journée, je ne sais pas.

  • Speaker #1

    On peut dire tout ce que l'on veut.

  • Speaker #0

    À bientôt. À bientôt.

  • Speaker #1

    Merci d'avoir écouté Déclic, le podcast qui donne une voix à l'inclusion. Si cet épisode vous a plu, partagez-le autour de vous et laissez une note ou un commentaire sur votre plateforme d'écoute préférée. Vous pouvez me rejoindre sur Instagram et YouTube. Le nom, c'est déclicavecdehi.podcast. pour découvrir les prochains invités et suivre la sortie des prochains épisodes. Je vous donne rendez-vous toutes les deux semaines, le jeudi, pour un nouveau déclic. A bientôt !

Chapters

  • Introduction au podcast et présentation de Cécile Young

    00:11

  • Les défis du handicap et l'engagement de Cécile

    00:46

  • L'importance de l'accessibilité et des droits des personnes handicapées

    02:15

  • Engagement politique et luttes sociales

    03:21

  • L'accessibilité numérique et les défis quotidiens

    04:19

  • L'accomplissement personnel et les luttes

    05:19

  • Conclusion et réflexions finales

    06:11

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Description

Comment peut-on transformer les défis du quotidien en opportunités d'inclusion et d'accessibilité ?


Dans cet épisode de Décliic | Camille Maldjian, je suis ravie d'accueillir Cécyle Jung, écrivaine et activiste passionnée par les questions de handicap et d'inclusion. Cécyle, qui vit avec une déficience visuelle, partage avec nous son parcours inspirant et ses expériences personnelles qui mettent en lumière les obstacles rencontrés par les personnes en situation de handicap.


Au fil de cette conversation enrichissante, Cécile nous plonge dans son quotidien, évoquant les défis quotidiens liés à ses déplacements et à l'accès à l'information. Son témoignage est un puissant rappel de l'importance de rendre le monde qui nous entoure accessible à tous, sans exception. Elle souligne également son engagement en tant que représentante du médiateur de la ville de Paris, où elle œuvre pour des améliorations concrètes dans l'accessibilité des services publics. Cécle ne se contente pas de décrire les inégalités ; elle se bat pour un changement systémique qui vise à abolir les discriminations et à promouvoir une société plus inclusive.


Lors de cet échange, nous discutons des inégalités persistantes qui touchent les personnes handicapées et de la nécessité d'un changement radical dans notre approche collective. Cécyle partage des anecdotes poignantes qui illustrent combien le soutien mutuel est essentiel pour avancer dans la lutte pour l'inclusion.


Ensemble, ouvrons la voie vers un avenir plus inclusif et accessible pour tous !



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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans Déclic, le podcast qui donne une voix à l'inclusion. Je suis Camille Malgian, co-fondatrice de deux startups engagées dans le handicap. Depuis toujours, une chose m'anime profondément, l'envie d'aider, de connecter et de transformer. Déclic est le podcast qui donne la parole à celles et ceux qui incarnent l'inclusion et qui transforment des idées en actions.

  • Speaker #1

    Pour moi l'accomplissement ce serait arrivé quelque part et qu'il n'y ait plus rien à faire quoi. Que ce soit cette espèce de truc là, on y arrive et pof ça s'arrête. Et moi, je n'ai pas envie que ça s'arrête. C'est-à-dire que je dis des choses aujourd'hui qui valent pour ce que je dis aujourd'hui. Moi, j'ai d'autres... Je tiens un blog, par exemple, depuis 15 ans. Je suis en train de me contredire par rapport à il y a 15 ans sur un certain nombre de sujets. Parce que je grandis, parce que je vois d'autres choses, parce que je rencontre d'autres gens.

  • Speaker #0

    Cécile, je te remercie d'avoir accepté l'invitation. Donc, j'ai eu connaissance, effectivement, de ce qu'on disait juste avant. J'ai eu connaissance de toi et de tout ce que tu fais par un commentaire sur LinkedIn quand j'ai décidé de lancer ce podcast-là et j'ai trouvé hyper intéressant. Je me suis un peu renseignée pour savoir tout ce que tu faisais. Je suis allée voir, tu consultais ton profil. Tu es écrivaine, si je ne me trompe pas, de profession ?

  • Speaker #1

    À peu près, oui, c'est ça.

  • Speaker #0

    Tu es militante ? Activiste ?

  • Speaker #1

    Activiste plutôt, il y a 20 ans j'aurais dit militante, mais aujourd'hui c'est plus activiste.

  • Speaker #0

    Plutôt activiste ? Ouais. Sur les questions de tout ce qui... alors il y a handicap, accessibilité, mais ce que j'ai compris c'est toutes les formes de discrimination.

  • Speaker #1

    Oui, c'est-à-dire qu'il y a 20 ans j'étais militante au sens de... j'agissais au sein d'organisations politiques, associatives, syndicales. J'ai beaucoup milité pour les droits LGBT à une époque où ça se justifiait, plus qu'aujourd'hui, même si on ne peut pas dire que l'homophobie est vraiment reculée, et sur les questions féministes, les questions de genre et toutes ces choses-là. Et depuis 4-5 ans, je suis plus présente sur les questions handicap-accessibilité, en sachant que... que mon engagement premier est politique. Je suis membre, j'ai été membre d'un certain nombre d'organisations politiques au cours de ma vie. Et ça remonte à... Je ne suis pas toute jeune. Et donc, quand j'avais 7 ans, je voulais être président de la République. Ça s'est un peu raté, mais ce n'est pas forcément le bon poste. Mais voilà, c'est un peu... Mon engagement est avant tout politique. Mon engagement pour l'accessibilité aujourd'hui, ou pour les droits des LGBT, ou d'ailleurs plus pour les droits lesbiens que LGBT, parce que je suis plus féministe, donc je vais être sous cet angle-là, c'est vraiment sous l'angle politique. Je ne pense pas, au fond, qu'il soit possible de régler ces questions-là de discrimination, simplement en changeant le regard sûr. Je pense que ce sont des questions qui posent la société dans ce qu'elle est organisée. Je crois que le validisme, le sexisme, l'homophobie, le racisme, l'antisémitisme, la xénophobie sont des systèmes d'oppression qui permettent à la société de s'organiser pour le plus possible. profitent d'un certain nombre de classes dirigeantes. Je pense essentiellement économique. Je pense plus à Elon Musk qu'à Trump. Si Trump en tant qu'homme d'affaires, pas en tant que président américain, mais plus en tant qu'homme d'affaires. Aujourd'hui, les inégalités se creusent en même temps que les discriminations prospèrent. Je pense qu'il y a un lien de cause à effet. Donc ça, c'est mon point de vue politique. Et puis concrètement, on m'envoie un PDF et je n'arrive pas à le lire. Donc il y a un monde entre les deux. C'est-à-dire qu'il y a la possibilité, à mon avis, d'agir sur les deux faux en même temps. C'est-à-dire qu'il y a un principe de réalité. Si je veux faire court, je dirais qu'on peut faire la révolution prolétarienne et tout sera réglé. Mais en attendant, il y a quelques petites urgences et peut-être quelques petites choses à faire qui seraient pas mal.

  • Speaker #0

    Effectivement, tu disais, on t'envoie un PDF, tu n'arrives pas à lire. parce que tu es concernée aussi par le handicap ?

  • Speaker #1

    Oui, un peu. Un peu. Alors, je me présente peut-être. Bien sûr. Alors, Cécile Young. Mon nom d'auteur, Cécile Young, c'est Y. Donc, mon prénom est Young. Et donc, je n'ai pas 62 ans, mais pas loin. Je suis écrivaine. J'ai publié une quinzaine d'ouvrages. après autant de nouvelles et autres textes. Je suis déficiente visuelle en basse vision, parce que je suis albinos, parce que les albinos ne sont pas que des êtres diaphanes merveilleux, ce sont aussi des déficients visuels, et surtout, l'image qu'on a des albinos, ils sont tous blancs comme moi, c'est aussi une... petite part des albinos. Aujourd'hui, on sait que la grosse part des albinos ne sont pas des albinos oculocutanés à hausser. On est la partie visible de l'iceberg de l'albinisme. La déficience visuelle d'un albino est liée au fait que, je fais court, le défaut de pigmentation de l'albinisme est à peu près... s'applique également à l'œil. Et donc, tout ce qui permet à l'image de se former correctement dans l'œil ne se forme pas. Donc, on a ce qu'on appelle un nystagmus. Comme il y a la télé, vous allez peut-être voir mes yeux qui bougent dans tous les sens. Je ne fais pas exprès et moi, je n'en ai pas conscience. On a le nerf optique qui est monté à l'envers. On n'en a pas confiance non plus. Par contre, là, on a dû modifier l'éclairage parce qu'il y a énormément de photophobie puisque je n'ai plus de protection contre la lumière. Alors, ceci étant, on n'a pas de champ visuel non plus. Donc, on n'a pas de relief. Donc, on n'évalue pas les distances. Et ça, c'est le tableau à peu près général. Et donc, une acuité visuelle faible. Alors, l'acuité visuelle se définit... comme le plus petit détail que l'œil perçoit. C'est un peu comme la résolution d'un écran. C'est-à-dire que c'est un nombre de pixels disponible sur une certaine surface. Et le nystagmus fait qu'on a une image sur deux. Puisque quand mes yeux sont d'un côté, j'ai une image, quand ils sont de l'autre côté, j'ai une autre image. Bon, alors j'ai un cerveau qui fait tout le travail, mais je n'ai pas une image qui saute en permanence comme les vieux films des années 30. Une espèce de film de blablabla, c'est pas ça. Mais grosso modo, je n'ai qu'une image sur deux. Donc forcément, la qualité de l'image finale est moins importante. Et à ces troubles visuels, on ajoute l'hypermétropie, la myopie, tout ce qui peut exister comme trouble visuel chez les autres. Le strabisme, je suis vieille, donc je suis... Comment ça s'appelle ?

  • Speaker #0

    Déméla ?

  • Speaker #1

    Non, la déméla, ça en échappe. Parce qu'on a déjà l'amaculade, quelqu'un qui a la déméla. Donc ça, c'est pas possible. Ah, ça c'est un truc ? Ça c'est le glaucome, on peut, mais la déméla, le déméla c'est à peu près le seul truc auquel on échappe. Mais en fait, toutes les maladies connues de l'œil, qui sont corrigées tous les jours, la presbytie, voilà le mot qui... Parce que je connais la mauvaise blague un peu vulgaire sur la presbytie, mais... J'oublie toujours le vrai mot. C'est pour ça que je ne pouvais pas, comme on est à la télé, je ne vais pas dire des cochonneries. Donc, on a à peu près tous les troubles visuels. Alors, on ne les a pas tous en même temps. Moi, je ne suis pas myope, par exemple.

  • Speaker #0

    Ok.

  • Speaker #1

    Mais je pense qu'il permet trop. Donc, j'ai de la presbytie. Et en plus, les vers progressifs ne fonctionnent pas. Il paraît que si, mais moi, je ne suis jamais arrivée. parce que faire une mise au point dans ces conditions-là me paraît difficile. Alors, l'acuité visuelle dépend aussi des personnes. C'est-à-dire que l'acuité visuelle d'un albino, ça peut être une très basse vision comme la mienne, c'est-à-dire en dessous d'un vingtième, un vingtième, un cinquantième. Ça peut monter allègrement jusqu'à deux ou trois dixièmes. Ce qui est extraordinaire, on ne se rend pas compte. Ce qui permet quand même de faire beaucoup de choses.

  • Speaker #0

    Et aujourd'hui, on s'est donné rendez-vous à Porte de Versailles, puisque c'est là où on tourne aujourd'hui cet épisode. Tu es venue sans canne, aujourd'hui tu te déplaces sans moyen de locomotion, sans chien, sans canne, parce que justement tu as un reste visuel qui te permet de te déplacer ?

  • Speaker #1

    Je dirais que moi j'ai une canne de signalement. C'est-à-dire que si à un moment ou à un autre, je me dis « oulala » , je sors ma canne. Mais pas pour voir, mais pour être vue en fait. Traverser, parce que j'arrive dans un endroit où il faut appuyer sur un bouton pour avoir un ticket d'appel et machin, toutes ces situations-là.

  • Speaker #0

    Pour rendre le handicap visible.

  • Speaker #1

    Voilà, c'est pour rendre le handicap visible. Après, moi, je me déplace. Mais, comment dire, c'est sur des parcours que je connais. La Porte de Versailles ne m'est pas inconnue. Et le trajet pour aller sur la Porte de Versailles ne m'est pas inconnu. Là, j'ai quand même sorti de la canne plusieurs fois pour traverser le tram un peu plus haut, parce que j'avais une pisciclame qui dit « Ouh là là ! » Parce que sur un passage piéton, j'ai bien vu que j'allais me faire emboutir par les voitures qui... qui avait un petit peu oublié qu'il y avait une priorité piéton. Donc, ce n'est pas parce que j'ai l'air à l'aise que je le suis. Et moi, je marche à 3-4 mètres devant moi. C'est un peu casse-gueule quand même. La rue est un endroit où je suis en danger.

  • Speaker #0

    Et comment ça se passe du coup pour des nouveaux déplacements ? Des déplacements que tu ne connais pas ?

  • Speaker #1

    Alors je les prépare, je fais comme tous les déficients visuels, je les prépare sur plan. Sur un plan ? Oui, mais sur plan au sens de, ça ne s'appelait pas plan quand j'étais petite. Moi j'ai encore des plans papiers en gros caractère à la maison, j'ai encore ça. Donc je vais privilégier les transports, même si ceux-là ne sont pas forcément d'une accessibilité à toute épreuve. Je prends un peu plus le bus. qu'il y a quelques années parce qu'ils parlent un peu plus. Ça devient plus facile de prendre le but. Le problème du but, c'est de trouver les arrêts. Je peux tourner longtemps pour trouver les arrêts. Et puis, en fait, je m'aide beaucoup de mon prochain. C'est-à-dire que si j'ai quelqu'un devant moi sur un trottoir, je le suis. Je me mets 3-4 mètres derrière et je le suis. Et j'espère qu'il va au même endroit que moi. Parce que du coup, ces réactions, je vais avoir les mêmes.

  • Speaker #0

    J'avais fait un épisode précédent avec Nicolas, qui est malvoyant également. Et alors lui, il fait du trail, c'est de la course à pied en montagne. Il aime un peu les défis et les challenges. Et il disait la même chose. Alors avant, il n'avait pas de guide sur ses courses. Maintenant, il en prend un systématiquement. Il en prend un ou une, puisque je suis bientôt une compte aussi avec lui. Et il disait justement, avant son guide, il suivait la personne de devant, il regardait les pieds de la personne de devant et c'est comme ça qu'il se guidait. Donc ça n'a plus les mêmes principes.

  • Speaker #1

    Moi, mon problème à Paris, sur les trottoirs, c'est tout ce qui... Je n'ai pas de relief. Donc je manque de shooter très régulièrement, en fait. Les bosses, les creux, un caillou... Voilà, c'est... C'est autant d'obstacles qui sont compliqués.

  • Speaker #0

    Et ça, avec la canne, ça permet quand même de...

  • Speaker #1

    Oui, je pourrais avoir une canne de locomotion. Ce ne serait pas un luxe. Juste à prendre une main, quoi. J'aime bien avoir mes mains dans les poches. T'as raison,

  • Speaker #0

    t'as les deux mains dans les poches.

  • Speaker #1

    Oui, mais c'est hyper contraignant. J'avais fait un stage de réadaptation visuelle où on m'a proposé une canne. Je sais que ça existe et je sais que j'y viendrai. De toute façon, j'ai 62 ans, en plus j'ai une maladie hématologique, donc je vieillis un peu plus vite que ce que je devrais. Donc je sens bien que mon autonomie n'est pas en régression, mais elle est fragile. Donc j'y viendrai à la canne. Moi, je préférerais prendre un chien plutôt qu'une canne, j'avoue. Ça parle, on peut discuter.

  • Speaker #0

    Ça va être juste.

  • Speaker #1

    Voilà. Après, moi, j'espère dans la technologie, qui m'a beaucoup déçue, mais je peux t'expliquer pourquoi, parce que ça va... Quand... Moi, j'ai utilisé mon premier ordinateur en 1980, 5-6. J'ai appris à écrire avec une plume sergent-major. Je ne sais pas si tu vois ce que c'est qu'une plume sergent-major. Plume sergent-major, c'est un truc que tu te rends dans un encrier.

  • Speaker #0

    Ah si, oui, oui, je connais. Oui, bien sûr.

  • Speaker #1

    Une plume... Tu ne connaissais pas le nom ? Ça s'appelle une plume sergent-major. Donc, t'en fous partout, quand t'es bigleux, tu rates l'encrier, tu plies ta plume. C'est un peu compliqué. Et j'ai commencé à utiliser un ordinateur. Donc, les premiers PC. J'avais un Amstrad PC 15-12 pour les aficionados, avec des grosses disquettes flexibles. Et c'était les écrans verts où c'est écrit en jaune dessus. et avec les premiers traitements de texte, ce qui chargeait en disquette, il n'y a pas de disque dur. Et pour la première fois de ma vie, donc j'avais pas 22, 23 ans, je faisais mes études, j'ai pu lire et écrire en même temps. Puisque quand j'écris, je ne peux pas me rapprocher suffisamment de ma feuille pour lire ce que j'écris. Donc là, en fait, j'ai pu lire ce que j'écrivais. Et dans ma vie, ça a été une révolution. C'est-à-dire, c'était un truc extraordinaire. Et après, j'ai mis la première carte disque dur dedans, dans la hamstrat PC 15. Ça a été un peu compliqué, ça ne marchait pas bien. C'est-à-dire, toute ma vie, on avait tout installé avec un copain, puis on reboot, et error loading operating system. Quand tu dis, merde, je recommence. Donc, on y a passé des heures, machin. Comme aujourd'hui, quand on change de téléphone, ça prend un quart d'heure. Mais alors, allez. Et très rapidement, j'ai eu les premiers Mac. Les premiers petits Mac. Parce que c'était les seuls à proposer des solutions d'accessibilité. Et j'ai très rapidement eu des téléphones. Il y avait une époque, il y avait une espèce de petite messagerie qu'on portait à la ceinture qui permettait de se donner des rendez-vous, tout ça. Et tous ces trucs-là étaient très accessibles. Parce que, justement, en termes de résolution, ils étaient en basse résolution. Et le grand public valide est arrivé en disant « Ah, on veut la même chose » . Donc, les premiers Nokia, les premiers petits téléphones Nokia, moi, j'avais aucun problème dessus. Puisqu'il y avait petite, grande et très grande police et on disait très bien dessus. Et en fait, pour satisfaire le public valide qui aime que ça clignote, que ce soit joli, qu'il y ait des couleurs, qu'il y ait machin, ils ont mis des couleurs, ils ont... augmenté la résolution. Et en augmentant la résolution de tous ces appareils, que ce soit les ordinateurs, les téléphones et ainsi de suite, ils ont oublié en route d'augmenter les polices, les tailles de polices et les interlignages de polices. Donc, c'est devenu un peu comme si c'était que des myopes qui programmaient. C'est-à-dire que c'est devenu écrit de plus en plus petit. Et pendant une dizaine d'années, j'ai eu beaucoup de mal à me trouver des téléphones. Parce qu'en fait, c'était plus possible de paramétrer. Même les très grandes polices étaient toutes petites parce que la résolution avait augmenté sans que derrière, le code ait donné de la taille aux polices. Donc, j'ai fini par... Comment dire ? En ordi, tout ça, sur Apple, il n'y avait pas de problème de mise en accessibilité. Donc, j'ai fini par succomber à l'iPhone, mais j'ai beaucoup mal. à utiliser le clavier de mon iPhone. Je dicte énormément. Le clavier est compliqué parce que c'est petit et parce que, en fait, contrairement à d'autres marques que je n'ai pas envie de citer parce que je ne les aime pas, il n'y a plus de pavé alphanumérique qui permet de saisir comme on saisissait autrefois. Donc, c'est, comment dire, du coup, je... J'utilise mon téléphone dans la rue, mais en dictant énormément. Après, il est configuré, gros caractère, tout ça. Il y a des applis que je ne peux pas utiliser parce que les développeurs n'ont pas pris en compte les choses, ou mal, c'est compliqué les applis. Mais sinon, je suis chez moi, j'ai une tablette, j'ai un ordi. Donc là, il n'y a plus de problème d'accessibilité si on est gentil avec moi. Plus ça va, plus moi je suis méchante avec les autres. C'est-à-dire que j'ai atteint un âge, je ne pensais jamais que je dirais des trucs pareils moi, j'ai atteint un âge où si j'ai des difficultés, Si ce n'est pas spontanément que je peux lire, si ça me prend du temps pour adapter, je considère que ce n'est pas accessible. Si on m'envoie un PDF qui est accessible au sens où va l'entendre l'Association des aveugles, la Fédération des aveugles de France, par exemple. C'est-à-dire que le PDF a été fabriqué à partir d'un document texte avec des règles de... formatage, feuilles de style et ainsi de suite, et exporter dans de bonnes conditions. Donc si j'ai un lecteur d'écran, ce que je n'ai pas, mon lecteur d'écran va pouvoir me permettre de naviguer dans le document et de le lire. Ce n'est pas un PDF image, c'est un PDF accessible. Ce PDF, je peux très bien, avec ma petite appli calibre gratuite, l'ouvrir et extraire le texte. Mais je considère que ça me prend beaucoup trop de temps. C'est-à-dire que... Une personne valide, elle ouvre le document et elle peut le lire.

  • Speaker #0

    Il y a toute une adaptation.

  • Speaker #1

    Et moi, je ne sais pas, je reçois énormément de mails, énormément de documents. Et je ne vois pas pourquoi, moi, il faudrait que je passe 10 minutes à rendre ce document accessible. Donc maintenant, là, je suis membre d'une, j'ai été nommée au conseil d'administration d'une association que j'aime beaucoup, que je vais peut-être quitter. très rapidement parce que de temps en temps, ils pensent à m'envoyer après le document Word, mais je leur dis que c'est stigmatisant. Pourquoi les autres, ils ont le document ? Moi, deux jours après, j'ai un Word qui est plus ou moins bien fricu. La dernière fois que j'ai décidé de le rendre accessible, je l'avais fait avec un chrono. Il m'a fallu 17 minutes pour que le texte soit débarrassé des couleurs, des... Des formatages qui ne fonctionnaient pas. Ils ne savent pas faire des feuilles de style. Donc, j'ai mis 17 minutes pour tout dépouiller. Donc, si en plus, moi, j'avais dû réintroduire mes propres feuilles de style dedans, ça m'aurait pris 5 minutes de plus. Donc, pourquoi je mettrais ces 22 minutes ? Et on parle pour un document. Donc, aujourd'hui, soit on m'envoie quelque chose. qui est directement lisible, et je le lis. Soit on m'envoie un truc qui n'est pas lisible, ou je dois... J'ai un abruti, excusez-moi, l'abruti, ce n'est pas un gros mot, c'est juste un homme blanc de plus de 50 ans. Il est une modèle, un homme blanc de plus de 50 ans, qui me dit, ah oui, l'intelligence artificielle peut le lire pour toi. Ben oui, mais ça prend un certain temps. Et ça demande un niveau de compétence... que j'ai, mais que tout le monde n'aura pas, en fait.

  • Speaker #0

    C'est un nouvel apprentissage sur un nouveau système aussi. Et ce que tu dis, c'est 22 minutes pour un document PDF, mais avec Mélissa, où tu reçois, on va dire, 30 mails par jour avec 15 documents.

  • Speaker #1

    Et qu'après,

  • Speaker #0

    il faut le lire. Il faut l'analyser, etc. Et donc là, tu nous parles concrètement des notions d'accessibilité numérique sur lesquelles je crois que tu es... Tu es fortement engagée ?

  • Speaker #1

    Je suis engagée en tant que personne en basse vision.

  • Speaker #0

    C'est ça.

  • Speaker #1

    Je suis copine, par exemple, avec quelqu'un que j'aime beaucoup qui s'appelle Sylvie Duchateau, qui est experte. Sylvie Duchateau, je conseille. Sylvie Duchateau, je conseille, qui fait de l'accessibilité numérique et qui me donne régulièrement des conseils et des mots. C'est très amusant. C'est une amie, Sylvie. On mange ensemble, on va balader son chien. De temps en temps, je lui dis « que tu penses de ça ? » et elle me répond « que tu penses de ça ? » Et on se rend compte qu'elle qui est aveugle et moi qui ne le suis pas, on n'a absolument pas les mêmes besoins. Et ça va de l'accessibilité numérique à prendre un train. On a pris un train une fois pour participer à un train de banlieue, donc c'est horrible. Ce n'est pas le fait que je joue à un train de banlieue, c'est que ça fait partie des choses les moins accessibles, qu'ils soient RERC. Moi, je suis incapable de prendre le RERC. À la limite, Sylvie est plus capable de prendre le RCR que moi, puisqu'elle a des outils que je n'ai pas, en tant que personne aveugle. Et du coup, on n'a pas du tout les mêmes besoins. Et c'était marrant parce qu'on flippait pas sur les mêmes choses. On avait toutes les deux notre zone de flip, mais pas du tout la même chose.

  • Speaker #0

    Et c'est ça, c'est ce qu'on constate aussi. Alors moi, j'ai créé une société qui s'appelle EZMOM. Et effectivement, on a beaucoup travaillé en co-construction avec des personnes défisantes visuelles. Et en fait, au tout début, on faisait des choix, c'est-à-dire par rapport à toute l'expertise et l'expérience que nous donnaient les personnes. Il y avait ça, ça, ça. Et en fait, il y a maintenant trois ans et demi, on a complètement changé. Et en fait, on a fait de la personnalisation parce qu'en fait, chaque personne... a son autonomie avec sa déficience visuelle, qui peut être complètement à l'inverse d'une autre personne qui a une déficience visuelle et qui n'a pas besoin des mêmes choses. Et donc du coup, effectivement, je te rejoins sur la déficience visuelle, il y a une énorme personnalisation, que ce soit au moyen des co-options, que ce soit par rapport aussi à la basse vision, à la personne aveugle, à la personne de malvoyance, mais pas en basse vision, c'est-à-dire d'autres malvoyances. Et donc, du coup, en fait, on a un enjeu de personnalisation qui est aussi important. Et ça rejoint du coup ce que tu disais, c'est que, en fait, toutes les deux, vous êtes déficient d'usine. Vous faites un même trajet, mais vous n'allez pas du tout avoir les mêmes appréhensions et les mêmes besoins.

  • Speaker #1

    Oui, c'est pour ça qu'il faut qu'en fait, le système s'adapte à tous, au sens où tous peuvent le programmer à ce qu'il est.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Moi, je suis assez fascinée parce que j'ai quelques amis valides. J'en ai beaucoup moins d'hétérosexuels, mais des valides, j'en ai quelques-uns. Alors, les valides hétérosexuels, là, ça se cherche. Mais c'est l'incapacité des gens à configurer leur téléphone, à ce qu'ils sont. Même pas à ce qu'ils voient, mais à ce qu'ils sont. C'est-à-dire qu'ils héritent d'une interface de téléphone, d'un système de téléphone. Et en fait, l'appli, elle est là, donc elle reste là. Parce que, ah bon, on peut bouger les applis ? Ah bon, on peut grossir les trucs ? Moi, le premier truc, quand je suis chez quelqu'un et que j'utilise son ordinateur, je commence par lui grossir son curseur et sa flèche de machin. C'est extraordinaire, on ne cherche plus. Et ça, ça vaut pour à peu près tout le monde. J'ai encore personne qui m'a dit, non, non, remets-moi le petit. Parce que, alors, je ne le mets pas gros comme pour moi, mais juste légèrement... Et c'est quelque chose que j'ai toujours apprécié sur les interfaces Apple, c'est qu'on peut programmer énormément de choses. Alors aujourd'hui, on est un peu plus contraint qu'on ne l'était il y a 20 ou 30 ans. Il y a 20 ou 30 ans, on faisait vraiment ce qu'on voulait, parce qu'en plus, on pouvait aller dans le dur de l'interface. Maintenant, ce n'est plus possible. Mais ça reste quand même un système qui s'adapte énormément. Et il y a des tas de choses où moi je demande simplement qu'on m'envoie quelque chose que je puisse adapter facilement.

  • Speaker #0

    Et qui s'adapte à toi ?

  • Speaker #1

    Qui s'adapte à moi, oui, de plus en plus. Mais comme je suis née dans les années 60 et que j'ai acquis mon autonomie, j'en ai écrit deux livres qui pourront m'intéresser. Mais j'ai acquis mon autonomie à la dure.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ta force et ton mental.

  • Speaker #1

    À 11 ans, ma mère m'a dit, tu vas aller en Angleterre. On habitait au sud de la France, entre Nîmes et Montpellier. Donc, il y avait eu que je prenne un train. Et puis, il y avait mon train de nuit. La gare, elle était juste à côté. On aurait pu prendre la voiture pour aller au train de nuit. Non, non, non, non, ça c'est trop facile. Donc, on prend le train, une petite navette, machin, changement de train à Paris. À 11 ans. C'était une autre époque, c'est une époque où on laissait un peu les enfants, on avait moins peur qu'aujourd'hui. Et j'ai passé une nuit seule à Paris et j'ai retrouvé le lendemain matin, moi j'arrivais sur la gare de Sterlitz, c'était une époque où le TGV n'existait pas, et le lendemain matin j'ai, après une nuit d'hôtel, où la dame elle m'a dit vous avez mangé, je dis pas non, c'est ça, ça les avait appelé l'organisation de me donner à manger. Maman elle avait tout prévu sauf que je mange. Et donc j'ai retrouvé mon groupe Gare du Nord et j'ai passé 15 jours en Angleterre avec un groupe. Je ne le referai pas aujourd'hui. Aujourd'hui, je prends accès plus parce que...

  • Speaker #0

    Assiste en gare maintenant.

  • Speaker #1

    Pardon, on peut parler de la façon dont ça fonctionne, mais au moins c'est là. Et aujourd'hui, je ne le ferais plus seul. J'ai beaucoup plus de difficultés à voyager seul aujourd'hui que je ne le faisais quand j'avais 11 ans. Mais à 11 ans, c'était ma mère qui décidait, donc je n'avais pas tellement de choix. Mais c'est vrai que moi, j'ai été élevée à la dure. Donc j'ai été élevée avec l'idée que c'était à moi de m'adapter. Et le fait qu'aujourd'hui... je dis aux autres, ah non, non, là, c'est fini, ça. C'est à vous. C'est l'âge, c'est ma condition, ma condition sociale n'a pas beaucoup augmenté, puisque j'ai jamais, j'ai jamais eu de, comment dire, de grande respectabilité professionnelle. C'est juste que maintenant, bon, sans doute que ma maladie fait que je me dis, bon, maintenant... Euh... FB.

  • Speaker #0

    je passe un jour par semaine à l'hôpital, je me dis, bon, les six jours qui restent, je n'ai pas envie de m'emmerder avec des choses comme ça. C'est vrai qu'il y a des choses où je n'ai plus envie de m'embêter avec un certain nombre de choses.

  • Speaker #1

    Oui, puis il y a aussi peut-être le recul, de se dire, en fait, le monde de l'accessibilité et du handicap, tu l'as vu aussi évoluer, je ne sais pas si c'était le mot, mais en tout cas, tu l'as vu depuis que tu l'utilisais, depuis que tu étais 11 ans. Et maintenant, au début, on se bat. Et après, est-ce qu'il n'y a pas aussi une forme d'épuisement par rapport à se battre sur l'accessibilité ?

  • Speaker #0

    Non, pour moi, ce n'est pas une histoire d'épuisement. Le problème, c'est que d'abord, on nous a fait croire que les choses avaient évolué. Ce n'est pas vrai. J'étais volontaire aux Jeux paralympiques. On peut faire une émission spéciale paralympique, si tu veux. Il n'y avait pas d'accessibilité là où j'étais.

  • Speaker #1

    Tu étais sur quel site ?

  • Speaker #0

    J'étais au Champ de Mars.

  • Speaker #1

    Ok, donc où il y avait le C6 foot.

  • Speaker #0

    Où il y avait le C6 foot, mais moi j'étais sur l'autre, là où il y avait le judo.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Il y avait des trucs géniaux, c'est une grosse tablette qui pesait entre 3 et 4 kilos pour suivre le ballon sur les matchs de rugby fauteuil. Le problème c'est qu'il n'y avait pas d'audio description, donc on pouvait suivre le ballon mais... Si on était tout seul, c'était compliqué. Et il y avait 6 tablettes pour 15 000 spectateurs. Donc, qu'on ne me parle pas d'accessibilité, parce que les ruptures de stock de tablettes, on les a vues. Les places fauteuils, il y en avait, je ne sais pas, 50, 100. Et un soir, il y a un groupe d'Américains qui sont arrivés tous en fauteuil, ils ont été refoulés, il n'y avait pas de place fauteuil. C'est une vitrine, mais elle vaut rien cette vitrine. Moi, en tant que volontaire des Jeux et des Paralympiques, je n'ai jamais eu une mission adaptée à mon handicap visuel. On m'a collée au point d'accès handicap, en disant que les handicapés se veulent bien. J'ai fait de la formation de volontaire, en fait. Mais parce que j'ai décidé de le faire. Sur les Jeux, j'étais à Bercy. Sur les paralympiques, j'étais au champ de masse, il y avait une équipe qui était beaucoup plus encadrante et qui a cherché des solutions et qui a réussi à me donner des missions valorisantes. Mais quand je suis arrivée, il a fallu le construire, ce n'était pas acquis. Donc on a eu des groupes de volontaires déficients mentaux. Donc, il y a 15 personnes qui arrivent accompagnées, qui sortaient sans doute d'un ESAT ou d'un IME accompagnées. Et puis, qui c'est qui veut prendre son handicapé mental pour l'accompagner toute la journée ?

  • Speaker #1

    C'est l'assistance, l'assistance.

  • Speaker #0

    C'est pire que ça. On n'a pas pensé à ce qu'on pouvait en amont, en fait. Pourquoi ? On dit à une personne qu'ils étaient tout contents d'être là. Mais moi j'ai vu à Bercy, des personnes handicapées mentales, passer la journée, le cul sur une chaise, à ne pas bouger. C'est pas ça être volontaire. Donc soit on est capable de leur donner une mission, c'est pas à eux de dire... Le principe des jeux, c'était de dire, dites-nous quelles sont vos aptitudes. Moi je sais tout faire. Moi, je sais tout faire. Si j'ai un support adapté, le problème, ce n'est pas moi, c'est le support. Donc, si on me dit, par exemple, on m'a dit, tu vas guider les spectateurs dans les tribunes. Ah, très bien. Donc, comme on est filmé, je vais vous la faire. Donc, les gens arrivent avec leur téléphone. Là, moi, j'ai une notification du Parisien. Bon, ils arrivent avec leur téléphone et ils vous disent, ah, c'est où ? Moi, je prends leur téléphone et puis même, je ne vois rien. Donc, on m'a dit, ah non, non, mais ça, ce n'est pas un problème, tu seras en binôme. Ce qu'il donne, quelqu'un arrive, il me dit, où est ma place ? Donc, il allume son téléphone. Mon binôme prend le téléphone et me dit, ah, c'est la place temps. Donc, je récupère le téléphone, je le rends à son propriétaire et je lui dis, c'est la place temps. Mais il a entendu puisque l'autre, il ne me l'a pas dit dans l'oreille. Donc, à quoi je sers, moi ?

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Donc, je ne considère pas qu'il s'agit d'une mission adaptée.

  • Speaker #1

    Oui, en fait, il y a des postes, enfin, c'est plutôt des missions, parce qu'on ne parle pas de postes, mais c'est des missions qui n'ont pas été adaptées au handicap.

  • Speaker #0

    C'est des missions qui n'ont pas été pensées. C'est-à-dire qu'on a recruté des personnes handicapées de tous types de handicaps. Il y en a qui ont fait des super trucs. Des gens qui ont été chauffeurs avec des voitures électriques, machin, ils se sont régalés. Il y a des gens où ils ont fait des super trucs. Moi, chauffeur, ils n'ont pas voulu. Je ne sais pas pourquoi. Mais quand j'arrivais sur mon poste, moi j'étais sur l'accueil des spectateurs, on m'a dit que ce que tu peux faire, moi je peux tout faire. Soit tout ça, soit rien en fait. Tout dépend des moyens qu'on me donne pour le faire. Et quand on dit à une personne, les personnes qui étaient donc déficientes mentales qui étaient là, moi au poste où j'étais, parce que j'ai été élevée, mes parents étaient éducateurs, ils étaient enseignants pour des enfants handicapés mentaux, il y a des lustres, donc c'est... C'est des personnes avec qui j'ai l'habitude d'être. Je lui dis, est-ce que tu peux noter quand il y a quelqu'un qui nous emprunte un fauteuil ? Oui, il peut le faire. Je lui propose quelque chose, je ne vais pas lui dire ce que tu peux faire. Ça n'a pas de sens. Si je te mets à l'entrée d'un truc et je te dis ce que tu peux faire, même toi, tu n'en sais rien, ce que tu peux faire, puisque tu ne sais pas ce qu'il faut faire. Donc, c'est... on a embauché des handicapés, on les a recrutés, et il n'y avait pas de mission adaptée. Sauf, bon, un certain nombre, mais que moi, je n'ai pas eu l'occasion de fréquenter. Par exemple, au Champ de Mars, sur la fin de ma mission, il y a une chef, j'ai appris à avoir des chefs, moi je n'ai pas l'habitude, qui vient me voir et qui me dit... Il dit, je t'ai trouvé un téléphone pour les athlètes, c'est audio décrit, va voir le combat de judo. Mais c'est parce qu'individuellement, elle a cherché un truc, parce que plusieurs fois, ils m'ont dit, va voir les combats de judo, ils savent que je suis judoka, et en fait, ils sont me donnés de solutions. Moi, un combat de judo, déjà quand je suis dedans, je ne vois pas grand-chose, mais alors sur le côté, je vois encore moins, je ne suis pas capable de... Ça va vite, c'est loin, je ne sais pas. Et donc là, ils m'ont dit une fois, et la fois d'après, elle m'a proposé avec un outil qui me permettait de suivre le combat de judo. Je n'ai pas mieux vu, mais j'étais dans l'ambiance, j'avais le son, j'avais l'audiodescription, en me disant que la brutique faisait l'audiodescription, ils ne savaient même pas ce que c'était que le judo, mais ce n'est pas grave ça. Et c'est ça la question. Et la question, elle va bien au-delà du handicap. Elle est, quels moyens on donne aux personnes pour qu'elles puissent faire quelque chose ? On se plaint beaucoup que les gens, ils ne font pas ci, ils ne font pas ça, ils ne sont pas engagés, ils sont pas... Qu'est-ce qu'on leur donne pour ça ?

  • Speaker #1

    Il y a un sujet, et ça rejoint aussi d'autres épisodes que j'ai faits, c'est la méconnaissance des acteurs potentiellement qui mettent en place des sujets sur le handicap, sur le besoin des personnes en situation de handicap et les solutions concrètes. qu'on peut apporter. Et est-ce que tu rejoins, justement, là, c'était le cas, finalement, avec l'audio description,

  • Speaker #0

    t'as pu mieux suivre le...

  • Speaker #1

    C'est un match, non ?

  • Speaker #0

    Un combat. On se bat, on se bagarre.

  • Speaker #1

    Justement, tu me parlais beaucoup de judo. Ça me permet de faire une petite passerelle. J'ai cru comprendre que c'était un sport que tu pratiques. Que tu pratiquais ?

  • Speaker #0

    Alors, je suis judoka, je suis ceinture noire, premier dan. Faut pas t'embêter. Si, si, on peut, parce qu'en fait, bon, j'ai commencé le judo, j'avais 46 ans.

  • Speaker #1

    Ok.

  • Speaker #0

    Et j'ai progressé normalement pour avoir mon premier dan et pour passer une certification pour pouvoir assister un prof.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Et puis, il y a eu le Covid. qui nous a un peu... Après, je me suis cassé la cheville. Ça a été... Et maintenant, j'ai une maladie hématologique où on m'a enlevé une vertèbre. Le judo, ce n'est pas le sport qui convient.

  • Speaker #1

    Mais c'est une passion.

  • Speaker #0

    Par contre, je suis dans un club dans le 19e arrondissement où je continue à enseigner. J'ai la chance que mon prof me fasse confiance. et me permettent d'être là pendant ces cours. voire parfois démarrer un cours sans lui. J'ai passé les certifications qui me permettent de prendre en charge un groupe d'enfants. Ça se passe très bien. C'est marrant d'ailleurs, parce que mon problème, c'est qu'ils sont tous habillés pareil. Pour les reconnaître, ils ont tous la même taille, ils sont tous habillés pareil. Donc je ne connais pas leur prénom, mais ça se passe super bien. Il n'y a pas de... On parle judo. Et donc, j'ai eu le plaisir de faire ça. Et j'ai un ami qui s'appelle Johnny de Dieu de l'Or, qui est champion de France FSGT dans diverses catégories. Et avec lui, on a créé un club de judo aussi suite au Covid. Là, on n'est pas affilié à la FFJDA, mais à la FSGT, qui est la Fédération Sportive Gymnique du Travail, qui est une fédération un peu plus de gauche, on va dire, que les gens ont moins de gros ventres. qu'à la FFJDA. Et donc, on a créé un club tous les deux sur la rive gauche, en fait, en se disant, bon, le Covid, là, on était tous les deux dans ce club dans le 19e. On est tous les deux sur le sud de Paris en se disant, bon, avec le Covid, il y a eu les confinements, donc nous, on s'est retrouvés dans un square pour faire du judo comme on peut. Moi j'ai fait des uchikomi, les uchikomi c'est ce qu'on fait, c'est les prises en répétition d'entraînement. Je les ai fait dans mon salon en mettant un élastique sur le garde-corps de ma fenêtre. Donc là il y a mon gardien qui m'a dit non, non, ne faites pas ça, je vais vous mettre un anneau dans le mur, ce sera plus prudent. Parce que maintenant il est volé fermé, c'est un coup à passer par la fenêtre. Mais donc on a créé un club de judo pour que lui puisse s'épanouir en tant que compétiteur, donner des cours aussi. Et avoir une structure sur la rive gauche qui nous permette de faire des choses en cas de pandémie, de crues. Maintenant, on est rodés à toutes ces choses un peu bizarres qui nous arrivent. De guerre, on n'avait pas encore prévu. On va être en système de défense. Voilà.

  • Speaker #1

    Si vous avez tout senti en noir, c'est bon, système de défense.

  • Speaker #0

    Voilà.

  • Speaker #1

    Et justement, sur ce club, j'avais une question. Est-ce que tu as des élèves, justement les groupes sur lesquels tu enseignes le judo, en situation de handicap visuel ? Est-ce que c'est un club qui est, on va dire, alors je n'aime pas le terme marketé, mais qui communique, qui est accessible et inclusif pour des personnes qui ont des fiertés visuelles et qui souhaitent accéder à ce club-là ? Comment on sait que ce club, si je suis une personne de forme visuelle et je souhaite faire du judo, comment on sait que ce club...

  • Speaker #0

    Alors déjà, le judo est par principe un sport adapté. C'est un sport de contact. Les règles existent. C'est-à-dire que la seule différence entre un combat de judo valide et un combat de judo déficient visuel ou auditif, c'est qu'on démarre garde-prise. C'est-à-dire que... Quand on regarde Teddy Riner, il n'arrête pas de se battre des mains comme ça pour essayer que l'autre n'attrape pas le kimono. Puisqu'on ne peut pas commencer une projection judo si on n'a pas attrapé le kimono d'une certaine façon. Donc la différence, c'est un défi en visuel, on va lui poser les mains sur le kimono de l'autre. Parce que sinon, ça pourrait être drôle.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ce qu'on a vu pendant les Jeux Paras, effectivement.

  • Speaker #0

    On leur pose les mains. Moi, mon club, dans le 19e... En fait, il y avait une animation judo dans mon arrondissement. J'habite le 14e, un jour, il y a longtemps. J'y suis allée et puis je voulais y aller. Puis j'ai toqué, je suis tombée sur un petit gars qui m'a dit, je voudrais faire du judo. Il m'a regardée, il me dit, oui, mais là, l'animation judo de l'été, c'est un peu compliqué. J'ai un club. Je lui ai dit, oui, mais moi, je suis déficiente visuelle. Il me dit, oui, j'avais bien remarqué. Justement, moi, j'ai des certifications. Il y a des certifications. Je vous attends, prenez un jogging, machin. Et moi, je suis dans un club, donc dans le 19e arrondissement, place des Fêtes, où les profs, en fait, font en capacité d'accueillir des enfants, des adultes. Alors, déficients visuels, déficients auditifs ou déficients mentaux. OK. Il y a deux profs principaux, et ces deux profs principaux disposent de toute la panoplie possible et inimaginable. En gros... La différence, c'est que si je dis au soto-gari, si je dis vous prenez comme ça, tac, tac, tac, là vous mettez les mains là, puis là, puis là, bon, moi je ne sais pas ce qui se passe. Si on me dit tu attrapes le revers, tu attrapes la manche, tu poses le pied en avant au niveau du pied de l'autre, tu rentres ton épaule dans son épaule et tu balayes sa jambe, c'est très clair.

  • Speaker #1

    C'est la représentation mentale ?

  • Speaker #0

    C'est l'audiodescription. Pour le club qu'on a créé avec Johnny, on a une expérience assez intéressante. Dans le cadre des Jeux Olympiques, il y a une opération qui s'appelle Club Inclusif, qui était un partenariat entre certaines collectivités territoriales, le CIO Jeux Olympiques, la Fédération Handisport et la Fédération de Sports Adaptés. L'handisport, c'est plutôt le handicap physique et sensoriel. Sport adapté, c'est la déficience mentale. Et aujourd'hui, il y a de plus en plus de disciplines sportives qui sortent de ces circuits-là au nom de l'inclusion. Par exemple, le judo est géré, le para-judo est géré par la Fédération Française de Judo, et non pas par la Fédération Handisport. Et donc, on a fait cette formation, et fait exceptionnel. Dans la journée de formation avec la Fédération de sport adapté, on nous a diffusé un film sur lequel j'ai fait des commentaires qui ne sont pas passés et donc j'ai été virée de la formation. J'étais la seule personne handicapée à suivre cette formation pour devenir club inclusif et j'ai été virée de la formation.

  • Speaker #1

    On trouve productif.

  • Speaker #0

    Ce que je trouve assez exceptionnel. Là je fais court mais c'est un grand moment de ma vie ça, c'est vraiment... quelqu'un qui me dit « Madame, vous n'avez pas votre place dans ma formation. » Alors que je suis avec un formateur de la Fédération du sport adapté. Parce que j'ai dit que le sport adapté, je vais redire ce que j'ai dit, parce qu'on en est à la télé, il faut que je sois honnête, j'ai dit que ces associations et cette fédération sont complices de l'incarcération des personnes handicapées dans les instituts médicaux éducatifs. Je suis une partisane de la désinstitutionnalisation et de la libération des handicapés. L'exemple que j'ai donné, c'est le matin, ils sont contents, ils se lèvent, ils font tous pipi à la même heure, ils prennent leur petit déjeuner ensemble, ils montent dans le même bus, ils vont faire leur sport ensemble, ils reviennent à la même heure, ils vont manger, ils font la sieste, ils touchent ensemble, mais ils ne voient jamais une personne validée. Et justement, dans nos clubs, on fait ce qu'on appelle la pratique partagée. qui est la grande cause de la FSGT dont j'ai parlé tout à l'heure, qui est de dire que handicapé et valide, on fait ensemble. Et moi, dans mon club de judo, dans le 19e, il y a un gars qui n'a pas de doigt. Le temps que j'ai mis pour m'en rendre compte, parce que quand il vous prend le kumikata, qu'il n'ait pas de doigt, ça ne se sent pas. Et donc, dans le 19e, il y a un gars qui est trisomique, qui est ceinture noire. On est plusieurs déficients visuels. Je peux outer Sylvie Bouchateau qui a fait deux ans de judo avec moi. Elle a arrêté, c'est le mal au dos. C'est comme ça que j'ai rencontré Sylvie, dans un club de judo. Sultatami. Sultatami. Et donc, en fait, dans nos clubs, la question du handicap ne se pose pas. On ne peut pas faire de judo si on n'est pas complètement debout quand même. Dire quelqu'un qui va être paraplégique va avoir du mal à faire du judo. Par contre, il peut y avoir une certaine forme de judo, plutôt sur du mode jujitsu brésilien, ce qui se passe au sol, qui peut permettre de faire des choses. Mais moi, je me souviendrai toujours, et j'en avais écrit une nouvelle, c'était au début de mes années judo, on me dit, viens, il y a un grand raout judo adapté. opté, para, machin. On m'emmène en banlieue dans une voiture, chose que je n'aime pas. Et puis, il y a mon prof qui me dit, tu vas te mettre avec la petite fille qui est là-bas, ça va être parfait. Moi, j'étais encore, je ne sais plus, je devais être en orange ou en vert. Mais bon, la petite fille, elle n'avait jamais fait de Judo. Puis, je regarde ce gamin, elle était mignonne comme tout. Je me dis, il y a un problème. Je commence à lui attraper le kimono. Je me dis, putain de merde. problème, je ne trouvais pas. En fait, elle n'avait pas de bras.

  • Speaker #1

    C'était ça le problème.

  • Speaker #0

    Le problème, c'est qu'elle n'avait pas de bras. Moi, je ne l'ai pas vue tout de suite. C'est vrai que mon premier contact avec elle, c'était sympa, puisque moi, je n'ai pas vu qu'elle n'avait pas de bras. Et donc, quand j'ai pris conscience qu'elle n'avait pas de bras, je n'avais pas longtemps, parce qu'ils ont travaillé le fameux Sotougari, et de me dire, comment je lui explique Koso Tungari parce que les brins, ça permet une partie du déséquilibre. Puisque une prise de judo, c'est un déplacement, un déséquilibre et une action qui fait tomber. Donc, le fait de ne pas avoir de brin prive la prise de judo d'un peu de son âme. Mais je me suis dit, elle doit pouvoir quand même faire ça. Et donc, comme j'étais sur une logique de... Ah, mais je n'ai pas vu qu'elle n'avait pas de bras, mais là, il faut qu'elle fasse au soto-gari, il n'y a pas de choix. Je lui ai fait faire un au soto-gari sans bras. Moi, je tenais son kimono, parce que moi, si je ne tiens pas le kimono des autres, je me casse la gueule. C'est un de mes problèmes au judo, c'est que j'ai des problèmes d'équilibre. Et donc, en fait, je lui ai expliqué qu'il fallait me transpercer l'épaule, me faucher la jambe en expliquant le déplacement tout ça et le mal alors le seul truc qui était entre guillemets dangereux, c'est qu'une des règles au judo, c'est qu'on tient la manche de l'adversaire pour lui éviter de se faire mal quand il chute. Donc si elle me faisait chuter, il fallait que je fasse attention. Première fois qu'elle me fait chuter, c'était tranquille, c'était bon. Deuxième coup, j'ai eu peur. C'est-à-dire qu'une fois qu'elle a eu compris ce qu'il fallait faire, elle l'a fait très bien et elle m'a fait shooter sans que je... Comment dire ? Un peu par surprise, mais...

  • Speaker #1

    Mais elle t'avait fait chuter.

  • Speaker #0

    Elle m'avait fait chuter, et c'était une vraie chute. Après, on a déjeuné ensemble, c'était rigolo, parce que, moi je dis c'est rigolo, ma façon d'être, mais... Elle mangeait donc en face de nous, pas de bras. Et sa mère sort un paquet de chips, elle étale les chips sur un, et puis là, il y a le pied de la gosse qui sort au-dessus de la table, et qui bouffe ses chips tranquille. Pénard.

  • Speaker #1

    Adaptation, vous m'en parlez Adaptation,

  • Speaker #0

    elle avait un verre avec une paille Et du coup, moi j'ai discuté avec elle J'ai dit tu veux faire du judo ? Elle m'a dit non parce que bon je me rends bien compte Elle avait quoi ? Une dizaine d'années ? Dix-douze ans ? Elle m'a dit je me rends bien compte qu'il me manque un peu un truc Pour le judo J'ai dit t'as pensé au karaté ? Elle m'a dit oui je pense qu'à ça Et Je veux dire Je ne conseille à personne d'être en face de cette gosse qui a décidé de se défendre avec ses jambes.

  • Speaker #1

    Tu vois, j'ai une petite question à poser dans les épisodes du podcast Déclic, c'était l'anecdote. Est-ce que celle-ci, ça fait partie d'une de tes anecdotes ?

  • Speaker #0

    Ah ouais, moi, ça a été... Moi, ce qui me plaît dans cette histoire, c'est que j'ai pas vu qu'elle avait pas de bras. Et c'est ça qui fait toute la différence. C'est que, toi, si t'es une gosse qui arrive vers toi. et qui n'a pas de bras, tu vas le voir tout de suite et tu vas le voir de loin.

  • Speaker #1

    Il va avoir une stratégie.

  • Speaker #0

    Le temps qu'elle arrive, tu vas avoir une stratégie qui va te... Moi, je me retrouve face à quelqu'un, je me dis tiens, il y a un truc bizarre. Juste, il y a un truc bizarre.

  • Speaker #1

    Je ne sais pas quoi. Je ne sais pas quoi.

  • Speaker #0

    Et donc, moi, je n'ai pas le temps d'anticiper une stratégie ou de me donner une contenance. Puis je lui dis, excusez-moi, je me suis excusée, je dis excuse-moi, j'ai pas fait gaffe. Et elle me dit, elle me dit, ah non, non, mais c'est pas grave. Et parce que le j'ai pas fait gaffe était sincère. C'est-à-dire qu'elle, elle a vu que j'ai pas vu, en fait. Que c'est pas que j'ai pas fait attention, que c'est pas... Et j'ai souvent ça, je suis représentante bénévole du médiateur de la ville de Paris. C'est-à-dire que le médiateur de la ville de Paris s'occupe des relations. entre les parisiens et l'administration parisienne. Et il y a souvent des personnes handicapées. Et moi, je ne me présente pas comme étant handicapée. Mais quand j'ai quelqu'un qui est handicapé, il y a un truc, quoi. Il le sent. Et souvent, au bout d'un moment, si leur problème est lié au handicap, je dis, vous savez, je suis déficiante visuelle. Et souvent, on me dit oui. C'est-à-dire que... Il y a une espèce de communion, un truc, c'est des complices de la discrimination, on est victime de la même chose, et du coup ça vaut aussi vis-à-vis de toutes les populations qui sont opprimées d'une façon ou d'une autre. C'est vrai que l'homme blanc de 50 ans ne fait pas partie des gens avec qui j'ai des bonnes connexions. quand ils viennent pour des problèmes de stationnement avec le résuvé, c'est vrai que la connexion passe mal.

  • Speaker #1

    Et justement, tu parlais que tu es bénévole dans la médiation pour la ville de Paris. J'ai cru lire ou comprendre que tu avais aussi une médaille de bronze de reconnaissance par rapport à ce que tu fais auprès de la ville de Paris qui a été dessinée par Anne Hidalgo, si je ne me trompe pas.

  • Speaker #0

    C'est vrai, j'ai la médaille de bronze de la ville de Paris. qui m'a été accordée par Anne Hidalgo à la demande d'Olivia Polsky, qui à l'époque était en charge des commerces à la ville de Paris. Aujourd'hui, elle s'occupe, elle est maire adjointe à la maire de Paris. C'est une élue de mon arrondissement. Et en fait, je suis la première assesseur Basse Vision. de l'histoire de France, si on ne s'est pas trompé. Sous réserve, qu'il y ait quelqu'un qui me dise « Non, non, je l'ai été avant toi » . C'est-à-dire que depuis la création du programme de volontaires de Paris par la secrétaire générale adjointe qui maintenant est partie, qui s'appelle Laurent Girard, qui est quelqu'un qui a beaucoup fait pour la ville de Paris. Il y a la maire avec les élus et puis il y a le secrétariat général. Ce n'est plus le... les chefs d'administration de la ville. Et les gens qui font beaucoup avancer les choses, c'est plus les agents de la ville et le secrétariat général que les élus. C'est-à-dire que les élus, ils ont des idées, des trucs, des machins, des malins, mais il y a beaucoup de choses qui existent parce qu'il y a des agents qui les mettent en œuvre et qui les imaginent. Par exemple, Laurent Girard a imaginé le programme des volontaires de Paris en disant que Paris, ses 2 millions d'habitants... comment on fait pour que les habitants se sentent investis dans le quotidien de la ville. Et donc, les volontaires de Paris, ça a été beaucoup développé au moment du Covid, justement. On a eu énormément de formations sur les crues, sur le PSC1 et tout ça, l'assistance aux personnes, sur recenser des trucs, sur faire des choses en tant que citoyen. Et dans ce cadre-là, la ville recrute à chaque élection des assesseurs et des présidents pour les bureaux de vote. Autrefois, c'était les partis politiques qui fournissaient les assesseurs et les présidents. Maintenant, ça n'existe plus. Les partis ne font plus le boulot, donc la ville fait des assesseurs citoyens. Et moi, je me suis dit, moi, je voudrais être assesseur. Le problème, si tu as déjà voté, ce que j'espère, tu as vu la taille d'écriture d'un cahier d'émargement. Mais dans le code électoral, il est indiqué que pour être assesseur, il faut savoir lire et écrire. Je sais lire et écrire. Donc, le problème, ce n'est pas moi, c'est le support. Et donc, j'ai une amie qui est agente de la ville de Paris, qui cadre la ville de Paris, qui a commencé à contacter le 19e, puisqu'elle habitait en 19e. en disant que j'ai une amie qui est déficiante visuelle qui voudrait un cahier d'émargement gros caractère. Le directeur général du service du visuel, elle m'a dit, oui, c'est une bonne idée, mais là, c'est un peu court. On voit ça pour la prochaine fois. Et puis, après, les échanges, il était sincère, mais on ne savait pas comment débloquer le truc parce qu'il y a un service qui s'appelle le BORP, le Bureau des élections et du recensement. qui s'occupent de ça, donc entre un arrondissement, faire bouger le burp, tout ça, bon, c'est compliqué. Et il y a eu une grande réunion à l'hôtel de ville, dans les beaux salons de l'hôtel de ville, sur recruter des assesseurs. Donc, j'y suis allée avec cet amour, et puis, blablabli, blablabla, blablabli, on fait des assesseurs, tout ça, j'étais là, je boubiais un peu, puis elle me dit, mais non, mais non, mais attends, attends, et ça, non, mais il commence à m'agacer, et donc, du coup, à un moment, vous avez des questions, je me suis levée j'ai parcouru toute la distance entre moi et la scène j'ai chopé le micro et j'ai dit, moi je voudrais être assesseur mais je suis déficiente visuelle donc il va falloir m'adapter le cahier donc il y avait 300-400 personnes dans la salle moi j'ai pas peur, je les vois pas c'est pas un avantage ça en fait ah c'est un avantage mais ça a été un avantage dans beaucoup d'épisodes de ma vie ne pas voir mon assistance. La copine, elle était planquée. Qu'est-ce qu'elle va me faire ? Et puis là, il dit, ah ouais, c'est une bonne idée. Il y avait le directeur adjoint à l'époque de la DTCT, qui était François Tchéquémian, qui dit, bah ouais, c'est une bonne idée tout ça. Bon, très bien, les gens applaudissent. Parce que quand il y a un bigle qui dit, ah moi je veux faire un truc, les gens applaudissent forcément. Et donc après, il y avait tout un bureau qui était installé sur les strates. pour montrer aux gens comment se déroulait une élection. Ah oui, alors qu'est-ce qu'il y a des volontaires pour tester ? Ah bon, j'y retourne. Donc je passe devant tout le monde, parce qu'il y a des gens qui s'étaient proposés avant moi, mais ça ne m'a pas gênée. Je monte sur la tribune et je leur démontre que leur bureau de vote est superbe, mais il n'est pas accessible. Et comment faire ? Et François de Chequemion m'a dit, rendez-vous dans mon bureau, on va réfléchir à cette question-là. Et il s'avère qu'au beurre, l'agent qui s'occupe de tout ça, il a adoré l'idée. Donc il s'est investi. Tout ça, c'est vraiment des personnes qui s'investissent.

  • Speaker #1

    À chaque fois, c'est ça,

  • Speaker #0

    c'est les personnes qui font bouger l'institution. Et là, on a fait bouger l'institution. Et donc, il y avait François Tchéquémian, Laurent Girard, le BIRP, cet ami agent de la ville qui m'a dit on va faire bouger les choses. Et au final, une élue du 19e, Cécile Bossavie, qui s'occupe des personnes handicapées dans le 19e et qui est d'ailleurs une ancienne collègue de la personne qui avait mis le commentaire sur LinkedIn. Et Cécile Bossavie qui dit moi, je la veux dans mon bureau de vote. Alors, il y a eu des trucs, des gens qui ont dit « Ah ouais, mais il va y avoir des queues, ça va être terrible. » Bon, très bien, ça va être terrible, mais j'ai un gros avantage par rapport à beaucoup de valides, c'est que je connais l'alphabet. Et je ne suis pas obligée de me le réciter pour savoir quelle lettre est avant une autre. Parce que c'est le problème dans les bureaux de vote, souvent, quand les gens cherchent. Alors, j'ai eu un cahier d'émargement. Il y avait, au lieu d'avoir 25 lignes par page, il n'y en avait que 10. C'était du 24 ou du 26, je ne sais plus, la police que j'avais choisie, tout ça. Et en fait, tout le monde a adoré. C'est-à-dire que la présidente qui est debout, elle arrivait à lire. Les lecteurs qui étaient en face, ils voyaient son nom. Il avait de la place pour signer, contrairement à l'espèce de zibouboui qu'on n'arrive pas à signer. Et en fait, d'un truc où moi j'ai dit, je veux y aller, ça a fait ça. Et comme ça s'est fait dans le 19e, puisque Cécile Bossavie est élue du 19e et tient un bureau de vote dans le 19e, tout ça, ça s'est fait parce qu'il y a des agents publics. J'y tiens beaucoup, en fait, à dire ça. C'est vraiment des agents publics. C'est vraiment un service public. C'est, en fait, tous ces gens-là, je n'arrête pas de les embêter. J'avoue, ils m'adorent tous, mais je n'arrête pas de leur écrire. Mais gentiment, j'essaie toujours de proposer une solution en même temps que je pose une question.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ce que j'allais dire.

  • Speaker #0

    Je ne fais jamais du... Je ne râle pas.

  • Speaker #1

    Voilà, c'est ça.

  • Speaker #0

    Il faut râler,

  • Speaker #1

    mais avec des solutions concrètes.

  • Speaker #0

    Et puis râler soit sur du symbolique, soit sur des choses importantes.

  • Speaker #1

    Bien sûr.

  • Speaker #0

    Donc je suis en relation et moi je suis très attachée à ma ville, je suis très attachée à Paris. Je suis aussi très attachée à sa majorité municipale, même si j'ai beaucoup de choses à lui reprocher. Aux politiques, parce qu'il y a un discours qui commence à manquer de substance. Mais en fait toutes ces choses-là, elles fonctionnent quand il y a de l'engagement du service public. Et c'est aussi pour ça que je suis représentante du médiateur. C'est que le médiateur, c'est une autorité administrative indépendante. Les gens viennent nous voir parce qu'ils n'ont pas réussi à joindre un problème de...

  • Speaker #1

    C'est vraiment de la médiation...

  • Speaker #0

    C'est administratif, ce n'est pas de la médiation, ce n'est pas un conciliateur de justice. C'est vraiment, j'ai un problème avec une administration qui ne me répond pas ou qui me donne une réponse qui n'est pas satisfaisante. Et j'essaye d'avoir une solution, c'est vraiment ça. C'est beaucoup les bailleurs sociaux sur des fuites d'eau. Je suis une spécialité de la fuite d'eau, ou des souris.

  • Speaker #1

    Vous l'avez compris, ceux qui nous entendent, c'est la spécialiste de la fuite d'eau. Voilà,

  • Speaker #0

    je suis une grande adepte de la fuite d'eau. Et je suis là parce que c'est du service public. Moi, mes parents, c'était des enseignants, c'était la laïque, c'était l'école publique. Si je n'avais pas été déclarée inapte à 20 ans, j'aurais été fonctionnaire. Donc vraiment, mon engagement premier, il est là. Et je le fais parce que c'est des personnes dont je suis sûre qu'ils peuvent avancer dans leurs réflexions.

  • Speaker #1

    Oui, qu'ils peuvent faire avancer les choses et changer la donne pour les publics.

  • Speaker #0

    Et des agents qui sont prêts à bouger, il faut défendre le service public. Je le dis, je n'ai rien contre les start-up. C'est ordinaire, mais... Les start-up extraordinaires sans le service public.

  • Speaker #1

    De toute façon, on travaille maintenant avec tous les acteurs. On travaille que ce soit avec les associations et les usagers en situation d'handicap et les citoyens. Et les acteurs publics vont mettre en place des solutions. Tout est lié.

  • Speaker #0

    Et pour moi, l'expression de la citoyenneté pour les personnes handicapées, c'est aussi être assesseur dans un bureau de vote. Et c'est aussi participer à une campagne électorale et ainsi de suite. Moi, j'ai dirigé quelques campagnes électorales dans ma vie. Là, j'ai décidé qu'aux prochaines élections, je ne voterai pas pour les listes dont les supports ne seront pas accessibles.

  • Speaker #1

    Et je vois qu'ils ont fait un travail aussi sur le fait, le facile à lire et à comprendre pour les personnes en situation... Oui, mais ils ne savent pas faire.

  • Speaker #0

    Ils croient que... Je pense que le personnel politique ne sait pas ce que c'est que le FALC.

  • Speaker #1

    Ça a été instauré par le gouvernement, en plus, le FALC, le nom de base ?

  • Speaker #0

    C'est l'UNAPI qui a créé le FALC. Et aujourd'hui, ce n'est pas simple, le FALC. Donc, il y a un langage intermédiaire dont je n'ai pas le nom exact, qui est facile à comprendre. Il y a un truc intermédiaire. Parce que le FALC, en tant que tel, il faut que des personnes... à qui c'est destiné, le valide. C'est ça qui est compliqué dans le sac. Mais on peut au moins faire des supports, des vidéos audio décrites. On peut faire des choses. Il y a plein de choses à faire pour rendre sa communication accessible. Des podcasts ? Des podcasts, par exemple. Rendre tout en audio.

  • Speaker #1

    Alors nous, on fait les deux sur des clés qu'on fait en audio, justement, pour que ce soit accessible pour la plus grande majorité. Et on fait aussi, on a sur YouTube, en live, avec toute l'audio description pour que des personnes sourdes et malentendantes puissent aussi accéder au contenu du podcast. Donc, quand on le veut,

  • Speaker #0

    on peut.

  • Speaker #1

    Oui,

  • Speaker #0

    et puis c'est pas, comment dire, pour moi, c'est vraiment une question de rapport à l'autre. C'est-à-dire que quand on envoie quelque chose à quelqu'un, est-ce qu'on se demande ? s'il va être en mesure de le recevoir. Quand on a un vieux, on se dit « Papy, avec son téléphone d'euro, il ne va pas y arriver. » Ça dépend. Mais c'est vrai qu'on a une tendance à ne pas adapter. Non pas pour adapter, mais en se posant la question de quel est son interlocuteur. Moi qui suis sur LinkedIn, sur un pro... sur un sujet un peu plus vaste, le nombre de gens qui m'écrivent en me disant « Votre entreprise... » Bon, ils n'ont pas lu.

  • Speaker #1

    Ils n'ont pas lu ton profil.

  • Speaker #0

    Ils n'ont pas lu mon profil. C'est-à-dire, ce n'est pas possible de fonctionner comme ça. Et je crois que la question de l'adaptation, c'est aussi de regarder l'autre, d'aller vers l'autre, de se demander qui il est et en quoi est-ce que je vais lui proposer l'intérêt, c'est déjà. Comment je fais pour être sûre ?

  • Speaker #1

    Qu'ils reçoivent l'information.

  • Speaker #0

    Qu'ils reçoivent l'information.

  • Speaker #1

    D'ailleurs, j'ai une petite chose à te faire tester. Oui. Et on va voir si je me suis bien adaptée ou en tout cas si des outils permettent de l'adapter. À chaque épisode, je fais un petit jeu. À la fin de l'épisode, justement, pour faire tuer au chien un mot et que tu me dises qu'est-ce que tu évoques ce mot-là. Donc, c'est des mots qui sont écrits sur un papier. Ah bon ? Normalement le contraste est haut parce que c'est du noir sur du blanc. Mais j'ai déjà fait avec des personnes complètement aveugles et qui ont utilisé la caméra de leur smartphone pour...

  • Speaker #0

    Il y a une fonction loupe sur mon téléphone.

  • Speaker #1

    Je vais te laisser, il y a un petit verre devant toi, te laisser piocher.

  • Speaker #0

    Vu la taille du papier, je pense que la taille des caractères, on ne va pas le faire. Voilà. On va essayer la loupe ? On va essayer la...

  • Speaker #1

    J'aurais dû... Je crois que j'ai écrit en caractère majuscule.

  • Speaker #0

    Oui, mais justement, il ne faut pas. Il ne faut pas. Parce qu'en fait, un mot écrit tout en majuscule, ça devient un parallélipipède rectangle. Et donc, le fait que le mot ait une géographie, un dessin, soit un dessin, aide beaucoup à sa lecture. En fait, c'est le principe de la lecture rapide. C'est-à-dire qu'on lit le début du mot, là j'essaie de le mettre à plat à peu près, on lit le début du mot et puis après... Non,

  • Speaker #1

    je n'ai pas écrit en majuscule.

  • Speaker #0

    C'est bien, par contre ça a l'air d'être du bleu, non ? Pour moi c'est du bleu. C'est du bleu ? Oui,

  • Speaker #1

    effectivement, c'est du bleu.

  • Speaker #0

    Alors, je lis accomplissement.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Je le lis petit à petit. Accomplissement, je ne sais pas. Accomplissement. Euh... Accomplissement.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as...

  • Speaker #0

    Bon,

  • Speaker #1

    bah alors. J'ai pas envie de dire ademais parce que c'est pas le but. Mais tu as accompli pas mal de choses dans ta vie. Tu as écrit beaucoup de romans, de livres. Est-ce que ça peut être une forme d'accomplissement ?

  • Speaker #0

    Non.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu te sens accompli à ce jour ? Non. Qu'est-ce qui te manque pour être complètement accompli ?

  • Speaker #0

    Je ne sais pas. C'est dur. Ah ça, j'avoue, je ne sais pas du tout.

  • Speaker #1

    Ce n'est pas...

  • Speaker #0

    Ça ne fait pas partie de mes... Ce n'est pas un mot à moi, s'accomplir. S'accomplir. Ce n'est pas... Je ne sais pas.

  • Speaker #1

    Je te pose une colle.

  • Speaker #0

    Oui, c'est... Pour moi, l'accomplissement, ce sera arrivé quelque part et qu'il n'y ait plus rien à faire. Que ce soit fick. L'espèce de truc, là, on y arrive et pof, ça s'arrête. Et moi, je n'ai pas envie que ça s'arrête. C'est-à-dire que je dis des choses aujourd'hui qui valent pour ce que je dis aujourd'hui. Moi, j'ai d'autres... Je tiens un blog, par exemple, depuis 15 ans. Je suis en train de me contredire par rapport à il y a 15 ans sur un certain nombre de sujets. Parce que je grandis, parce que je vois d'autres choses, parce que je rencontre d'autres gens. Donc, l'accomplissement, pour moi, ce serait... Le seul truc qui me vient, ce serait dans la fraction de seconde avant de mourir, je te répondrai, mais pas avant. Et puis comme je n'ai pas l'intention de mourir avant au moins 20-25 ans, ce n'est pas...

  • Speaker #1

    Ce n'est pas quelque chose qui est dans ton vocabulaire ou dans ta façon.

  • Speaker #0

    Non, parce que pour moi, l'accomplissement, c'est vraiment une fin. Ça correspond à quelque chose qui serait fini.

  • Speaker #1

    Et est-ce qu'il peut avoir un semi-accomplissement par rapport à ce que, justement, le fait que tu t'es élevé, que t'es allé devant les personnes, devant 300 personnes, c'est-à-dire qu'il faut, moi je veux bien être assesseur parce que je sais lire, je sais écrire, mais par contre il faut que les supports soient accessibles et à ma portée. Est-ce que c'est pas une forme d'un mini-accomplissement ? Parce qu'après, il est fait au niveau du bureau de vote du 19e, donc il n'est pas accompli 100% parce qu'il faut le faire.

  • Speaker #0

    Aujourd'hui, l'objectif sur ça, c'est que moi, la prochaine fois, je ne serai pas assez sordide. C'est très fatigant, en fait. Il faut y être à 7h du mat. Ça finit, suivant le nombre de listes de dépluments, entre minuit et 2h du matin. C'est fatigant. Donc, je pense que la prochaine fois, je ne remplirai pas. Moi, c'est juste... Dans ma vie, c'est juste une étape.

  • Speaker #1

    Mais tu as fait bouger les lignes à ta manière.

  • Speaker #0

    Oui, là-dessus, sur d'autres choses. Sur Yannashipa arrivé. le jour où le seul accomplissement que je pourrais avoir c'est la révolution prolétarienne mais ça va falloir plusieurs vies c'est pas non accomplissement pour moi ce serait presque une défaite de dire que j'ai accompli quelque chose parce qu'il y a tant à faire après il faut que je me lève le matin et oui Voilà, donc là, juridiquement, je prends ma retraite au 1er juin. Donc, je n'ai pas de trimestre, mais ce n'est pas grave. Donc, on pourrait dire que ça a conclu, mais non.

  • Speaker #1

    Non, parce que tu ne t'arrêtes pas.

  • Speaker #0

    Je ne m'arrête pas. Et puis, une fois que, même au niveau d'un livre, une fois qu'on a fini le livre... il n'est pas fini puisqu'il y a quelqu'un qui va le lire et la personne qui va le lire va en faire quelque chose c'est pas un objet fini c'est pas un objet fini pour moi il n'y a rien de fini en fait et le but c'est toujours d'avoir quelque chose en vue je veux dire là on a Dimanche, on a une votation citoyenne où il faut massivement aller voter pour les rues. Je pense que ça apparaîtra après. Je dois faire un retour au bureau des élections pour savoir s'il y avait des problèmes d'accessibilité dans mon bureau dans le 14e. Je vais lui dire à mon interlocuteur que je ne serai pas assesseur la prochaine fois, mais qu'il faut absolument développer le procédé. pour que... Parce que... Quand on est déficient visuel, on n'ose pas demander.

  • Speaker #1

    Tout dépend des caractères. Oui,

  • Speaker #0

    se dire, attends, je vais être assesseur, il faut être un peu barré quand même. C'est pas un acte quotidien. Donc moi, je vais avoir des marottes comme ça. En ce moment, je suis en train de... Puis des fois, c'est pas... Je tiens une de mes permanences à la maison de la justice et du droit du 15e. Et ils sont en train de rendre le lieu accessible. Sauf qu'ils ont fait des toilettes accessibles qui, à mon avis, ne le sont pas. Donc je suis en train d'échanger des photos avec...

  • Speaker #1

    Désir d'accomplir.

  • Speaker #0

    En me disant, mais là, c'est compliqué. Peut-être que j'arriverais à faire que ces toilettes soient réellement accessibles. Peut-être que je n'y arriverais pas, parce qu'il y a des contraintes bâtimentaires, parce que les gens qui font ça vont finir par dire que tu nous emmerdes, parce qu'on a fait ce qu'on a pu. On a mis un ascenseur, tout va bien. Donc, c'est aussi... Ce n'est pas forcément des grandes choses. Je ne sais pas à quel âge tu as, mais... À peu près à la trentaine. À la trentaine, je pensais qu'effectivement, on avait des grandes choses à accomplir.

  • Speaker #1

    On veut changer le monde.

  • Speaker #0

    Moi, je veux changer le monde, mais c'est un objectif, c'est un rêve. C'est ce qui me motive et c'est ma ligne politique. ça passe aussi par l'accessibilité des toilettes de la maison de la justice des droits du 15e. C'est-à-dire que cet objectif-là, moi je voulais faire un truc, mais c'est très heureux. Maintenant, je me lève le matin, je suis contente, j'ai passé ma journée, j'ai rencontré des personnes, j'ai dit des choses, j'ai essayé de faire avancer. Peut-être des gens qui vont écouter ce podcast, qui vont avoir un déclic, ou qui vont se dire que les handicapés nous emmerdent.

  • Speaker #1

    C'est bien, c'est le nom du podcast. Voilà.

  • Speaker #0

    Donc, je ne sais pas. Je ne sais pas... Comment dire ? Il faut toujours avancer et vraiment s'attacher à des petites choses.

  • Speaker #1

    Oui, chaque étape est importante à... À savourer. et chaque accomplissement de sa manière c'est pas mon vocabulaire c'est trop bien parce qu'on a pu avoir sa perception des choses et c'est hyper intéressant et je pense qu'il y a plein de choses encore à découvrir sur toi on est maintenant sur la fin de l'épisode on a parlé de beaucoup beaucoup de choses c'est hyper intéressant, merci encore mille fois Cécile pour d'être venue sur le podcast Et je crois qu'on a encore plein de choses à se dire. Donc, merci d'avoir partagé tout ça, d'avoir partagé avec ceux qui nous écoutent. On va pouvoir mettre aussi un peu tous tes ouvrages que tu as pu réaliser.

  • Speaker #0

    J'ai un site Internet qu'on va pouvoir mettre.

  • Speaker #1

    Voilà,

  • Speaker #0

    que je code moi-même.

  • Speaker #1

    Incroyable.

  • Speaker #0

    Incroyable. En spip, alors pour les aficionados, c'est sans images. J'ai abandonné les images que ce soit sur mon site. J'ai un blog aussi, qui s'appelle La vie en hétéronomie, qui s'appelle maintenant Ma nouvelle vie en hétéronomie. Parce qu'avant, on était deux, après on était trois. Maintenant, je suis toute seule sur le blog, mais c'est un blog qui tient la route. Donc, c'est assez facile de me trouver sur les réseaux. Et tu as une page Wikipédia ? J'ai une page Wikipédia que je n'ai pas créée. Par contre, je la mets à jour quand je fais quelque chose. C'est moi qui la mets à jour. Mais ce n'est pas moi qui l'ai créée. Je ne sais pas qui a créé cette page Wikipédia.

  • Speaker #1

    En préparant le podcast, je me suis aidée de cette page Wikipédia. Et en fait, j'ai tapé ton nom et ton prénom. J'étais incroyable. Ceci, elle a une page Wikipédia. Ça m'aide vraiment.

  • Speaker #0

    Et quand même, il y a mon CV sur LinkedIn, bien sûr, mais qui est un peu compliqué. Les cases LinkedIn, c'est assez compliqué à suivre. Mais sur mon site. qui ne comporte que 4 pages maintenant. À une époque, j'avais un site avec 2-3 000 articles dessus. Et puis, c'était beaucoup de travail pour finalement pas grand-chose au sens de ce que ça m'épanouissait ou ça m'apportait. À une époque, ça m'a beaucoup... Moi, je suis sur le net depuis la fin des années 90. J'ai commencé sur le Minitel.

  • Speaker #1

    Quand on est écrivaine, j'imagine qu'il fallait tapoter quelque part.

  • Speaker #0

    Les lettres d'infos, les listes de discussion, les forums, les trucs comme ça. Donc, j'essaie de m'adapter un peu. Je suis un peu geek quand même.

  • Speaker #1

    Oui, j'ai vu ça. Un peu geek, sportive, activiste. Vraiment, je pense qu'on a abordé beaucoup de choses et qu'on connaît maintenant le personnage de Cécile.

  • Speaker #0

    Je ne sais pas, c'est peut-être un peu présent que tu...

  • Speaker #1

    Non, mais en tout cas, merci beaucoup pour tous ces partages.

  • Speaker #0

    Merci de cette invitation.

  • Speaker #1

    On pourrait encore parler des heures et des heures de tout ça, mais...

  • Speaker #0

    Après, on va les ennuyer.

  • Speaker #1

    Voilà. Donc, merci à toi d'avoir répondu présent. Et à bientôt.

  • Speaker #0

    Voilà, et puis merci aussi à toi. de l'investissement. Je suis toujours très soutenante de toutes mes consoeurs, de mes sœurs, si je veux utiliser un vocabulaire. Voilà, c'est vrai que je suis toujours très sensible à l'engagement des femmes et des jeunes femmes dans le monde, parce que je sais que c'est difficile.

  • Speaker #1

    Merci. Merci à toi. Merci beaucoup. Et puis, à très vite,

  • Speaker #0

    Cécile. Bonne soirée, journée, je ne sais pas.

  • Speaker #1

    On peut dire tout ce que l'on veut.

  • Speaker #0

    À bientôt. À bientôt.

  • Speaker #1

    Merci d'avoir écouté Déclic, le podcast qui donne une voix à l'inclusion. Si cet épisode vous a plu, partagez-le autour de vous et laissez une note ou un commentaire sur votre plateforme d'écoute préférée. Vous pouvez me rejoindre sur Instagram et YouTube. Le nom, c'est déclicavecdehi.podcast. pour découvrir les prochains invités et suivre la sortie des prochains épisodes. Je vous donne rendez-vous toutes les deux semaines, le jeudi, pour un nouveau déclic. A bientôt !

Chapters

  • Introduction au podcast et présentation de Cécile Young

    00:11

  • Les défis du handicap et l'engagement de Cécile

    00:46

  • L'importance de l'accessibilité et des droits des personnes handicapées

    02:15

  • Engagement politique et luttes sociales

    03:21

  • L'accessibilité numérique et les défis quotidiens

    04:19

  • L'accomplissement personnel et les luttes

    05:19

  • Conclusion et réflexions finales

    06:11

Description

Comment peut-on transformer les défis du quotidien en opportunités d'inclusion et d'accessibilité ?


Dans cet épisode de Décliic | Camille Maldjian, je suis ravie d'accueillir Cécyle Jung, écrivaine et activiste passionnée par les questions de handicap et d'inclusion. Cécyle, qui vit avec une déficience visuelle, partage avec nous son parcours inspirant et ses expériences personnelles qui mettent en lumière les obstacles rencontrés par les personnes en situation de handicap.


Au fil de cette conversation enrichissante, Cécile nous plonge dans son quotidien, évoquant les défis quotidiens liés à ses déplacements et à l'accès à l'information. Son témoignage est un puissant rappel de l'importance de rendre le monde qui nous entoure accessible à tous, sans exception. Elle souligne également son engagement en tant que représentante du médiateur de la ville de Paris, où elle œuvre pour des améliorations concrètes dans l'accessibilité des services publics. Cécle ne se contente pas de décrire les inégalités ; elle se bat pour un changement systémique qui vise à abolir les discriminations et à promouvoir une société plus inclusive.


Lors de cet échange, nous discutons des inégalités persistantes qui touchent les personnes handicapées et de la nécessité d'un changement radical dans notre approche collective. Cécyle partage des anecdotes poignantes qui illustrent combien le soutien mutuel est essentiel pour avancer dans la lutte pour l'inclusion.


Ensemble, ouvrons la voie vers un avenir plus inclusif et accessible pour tous !



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Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans Déclic, le podcast qui donne une voix à l'inclusion. Je suis Camille Malgian, co-fondatrice de deux startups engagées dans le handicap. Depuis toujours, une chose m'anime profondément, l'envie d'aider, de connecter et de transformer. Déclic est le podcast qui donne la parole à celles et ceux qui incarnent l'inclusion et qui transforment des idées en actions.

  • Speaker #1

    Pour moi l'accomplissement ce serait arrivé quelque part et qu'il n'y ait plus rien à faire quoi. Que ce soit cette espèce de truc là, on y arrive et pof ça s'arrête. Et moi, je n'ai pas envie que ça s'arrête. C'est-à-dire que je dis des choses aujourd'hui qui valent pour ce que je dis aujourd'hui. Moi, j'ai d'autres... Je tiens un blog, par exemple, depuis 15 ans. Je suis en train de me contredire par rapport à il y a 15 ans sur un certain nombre de sujets. Parce que je grandis, parce que je vois d'autres choses, parce que je rencontre d'autres gens.

  • Speaker #0

    Cécile, je te remercie d'avoir accepté l'invitation. Donc, j'ai eu connaissance, effectivement, de ce qu'on disait juste avant. J'ai eu connaissance de toi et de tout ce que tu fais par un commentaire sur LinkedIn quand j'ai décidé de lancer ce podcast-là et j'ai trouvé hyper intéressant. Je me suis un peu renseignée pour savoir tout ce que tu faisais. Je suis allée voir, tu consultais ton profil. Tu es écrivaine, si je ne me trompe pas, de profession ?

  • Speaker #1

    À peu près, oui, c'est ça.

  • Speaker #0

    Tu es militante ? Activiste ?

  • Speaker #1

    Activiste plutôt, il y a 20 ans j'aurais dit militante, mais aujourd'hui c'est plus activiste.

  • Speaker #0

    Plutôt activiste ? Ouais. Sur les questions de tout ce qui... alors il y a handicap, accessibilité, mais ce que j'ai compris c'est toutes les formes de discrimination.

  • Speaker #1

    Oui, c'est-à-dire qu'il y a 20 ans j'étais militante au sens de... j'agissais au sein d'organisations politiques, associatives, syndicales. J'ai beaucoup milité pour les droits LGBT à une époque où ça se justifiait, plus qu'aujourd'hui, même si on ne peut pas dire que l'homophobie est vraiment reculée, et sur les questions féministes, les questions de genre et toutes ces choses-là. Et depuis 4-5 ans, je suis plus présente sur les questions handicap-accessibilité, en sachant que... que mon engagement premier est politique. Je suis membre, j'ai été membre d'un certain nombre d'organisations politiques au cours de ma vie. Et ça remonte à... Je ne suis pas toute jeune. Et donc, quand j'avais 7 ans, je voulais être président de la République. Ça s'est un peu raté, mais ce n'est pas forcément le bon poste. Mais voilà, c'est un peu... Mon engagement est avant tout politique. Mon engagement pour l'accessibilité aujourd'hui, ou pour les droits des LGBT, ou d'ailleurs plus pour les droits lesbiens que LGBT, parce que je suis plus féministe, donc je vais être sous cet angle-là, c'est vraiment sous l'angle politique. Je ne pense pas, au fond, qu'il soit possible de régler ces questions-là de discrimination, simplement en changeant le regard sûr. Je pense que ce sont des questions qui posent la société dans ce qu'elle est organisée. Je crois que le validisme, le sexisme, l'homophobie, le racisme, l'antisémitisme, la xénophobie sont des systèmes d'oppression qui permettent à la société de s'organiser pour le plus possible. profitent d'un certain nombre de classes dirigeantes. Je pense essentiellement économique. Je pense plus à Elon Musk qu'à Trump. Si Trump en tant qu'homme d'affaires, pas en tant que président américain, mais plus en tant qu'homme d'affaires. Aujourd'hui, les inégalités se creusent en même temps que les discriminations prospèrent. Je pense qu'il y a un lien de cause à effet. Donc ça, c'est mon point de vue politique. Et puis concrètement, on m'envoie un PDF et je n'arrive pas à le lire. Donc il y a un monde entre les deux. C'est-à-dire qu'il y a la possibilité, à mon avis, d'agir sur les deux faux en même temps. C'est-à-dire qu'il y a un principe de réalité. Si je veux faire court, je dirais qu'on peut faire la révolution prolétarienne et tout sera réglé. Mais en attendant, il y a quelques petites urgences et peut-être quelques petites choses à faire qui seraient pas mal.

  • Speaker #0

    Effectivement, tu disais, on t'envoie un PDF, tu n'arrives pas à lire. parce que tu es concernée aussi par le handicap ?

  • Speaker #1

    Oui, un peu. Un peu. Alors, je me présente peut-être. Bien sûr. Alors, Cécile Young. Mon nom d'auteur, Cécile Young, c'est Y. Donc, mon prénom est Young. Et donc, je n'ai pas 62 ans, mais pas loin. Je suis écrivaine. J'ai publié une quinzaine d'ouvrages. après autant de nouvelles et autres textes. Je suis déficiente visuelle en basse vision, parce que je suis albinos, parce que les albinos ne sont pas que des êtres diaphanes merveilleux, ce sont aussi des déficients visuels, et surtout, l'image qu'on a des albinos, ils sont tous blancs comme moi, c'est aussi une... petite part des albinos. Aujourd'hui, on sait que la grosse part des albinos ne sont pas des albinos oculocutanés à hausser. On est la partie visible de l'iceberg de l'albinisme. La déficience visuelle d'un albino est liée au fait que, je fais court, le défaut de pigmentation de l'albinisme est à peu près... s'applique également à l'œil. Et donc, tout ce qui permet à l'image de se former correctement dans l'œil ne se forme pas. Donc, on a ce qu'on appelle un nystagmus. Comme il y a la télé, vous allez peut-être voir mes yeux qui bougent dans tous les sens. Je ne fais pas exprès et moi, je n'en ai pas conscience. On a le nerf optique qui est monté à l'envers. On n'en a pas confiance non plus. Par contre, là, on a dû modifier l'éclairage parce qu'il y a énormément de photophobie puisque je n'ai plus de protection contre la lumière. Alors, ceci étant, on n'a pas de champ visuel non plus. Donc, on n'a pas de relief. Donc, on n'évalue pas les distances. Et ça, c'est le tableau à peu près général. Et donc, une acuité visuelle faible. Alors, l'acuité visuelle se définit... comme le plus petit détail que l'œil perçoit. C'est un peu comme la résolution d'un écran. C'est-à-dire que c'est un nombre de pixels disponible sur une certaine surface. Et le nystagmus fait qu'on a une image sur deux. Puisque quand mes yeux sont d'un côté, j'ai une image, quand ils sont de l'autre côté, j'ai une autre image. Bon, alors j'ai un cerveau qui fait tout le travail, mais je n'ai pas une image qui saute en permanence comme les vieux films des années 30. Une espèce de film de blablabla, c'est pas ça. Mais grosso modo, je n'ai qu'une image sur deux. Donc forcément, la qualité de l'image finale est moins importante. Et à ces troubles visuels, on ajoute l'hypermétropie, la myopie, tout ce qui peut exister comme trouble visuel chez les autres. Le strabisme, je suis vieille, donc je suis... Comment ça s'appelle ?

  • Speaker #0

    Déméla ?

  • Speaker #1

    Non, la déméla, ça en échappe. Parce qu'on a déjà l'amaculade, quelqu'un qui a la déméla. Donc ça, c'est pas possible. Ah, ça c'est un truc ? Ça c'est le glaucome, on peut, mais la déméla, le déméla c'est à peu près le seul truc auquel on échappe. Mais en fait, toutes les maladies connues de l'œil, qui sont corrigées tous les jours, la presbytie, voilà le mot qui... Parce que je connais la mauvaise blague un peu vulgaire sur la presbytie, mais... J'oublie toujours le vrai mot. C'est pour ça que je ne pouvais pas, comme on est à la télé, je ne vais pas dire des cochonneries. Donc, on a à peu près tous les troubles visuels. Alors, on ne les a pas tous en même temps. Moi, je ne suis pas myope, par exemple.

  • Speaker #0

    Ok.

  • Speaker #1

    Mais je pense qu'il permet trop. Donc, j'ai de la presbytie. Et en plus, les vers progressifs ne fonctionnent pas. Il paraît que si, mais moi, je ne suis jamais arrivée. parce que faire une mise au point dans ces conditions-là me paraît difficile. Alors, l'acuité visuelle dépend aussi des personnes. C'est-à-dire que l'acuité visuelle d'un albino, ça peut être une très basse vision comme la mienne, c'est-à-dire en dessous d'un vingtième, un vingtième, un cinquantième. Ça peut monter allègrement jusqu'à deux ou trois dixièmes. Ce qui est extraordinaire, on ne se rend pas compte. Ce qui permet quand même de faire beaucoup de choses.

  • Speaker #0

    Et aujourd'hui, on s'est donné rendez-vous à Porte de Versailles, puisque c'est là où on tourne aujourd'hui cet épisode. Tu es venue sans canne, aujourd'hui tu te déplaces sans moyen de locomotion, sans chien, sans canne, parce que justement tu as un reste visuel qui te permet de te déplacer ?

  • Speaker #1

    Je dirais que moi j'ai une canne de signalement. C'est-à-dire que si à un moment ou à un autre, je me dis « oulala » , je sors ma canne. Mais pas pour voir, mais pour être vue en fait. Traverser, parce que j'arrive dans un endroit où il faut appuyer sur un bouton pour avoir un ticket d'appel et machin, toutes ces situations-là.

  • Speaker #0

    Pour rendre le handicap visible.

  • Speaker #1

    Voilà, c'est pour rendre le handicap visible. Après, moi, je me déplace. Mais, comment dire, c'est sur des parcours que je connais. La Porte de Versailles ne m'est pas inconnue. Et le trajet pour aller sur la Porte de Versailles ne m'est pas inconnu. Là, j'ai quand même sorti de la canne plusieurs fois pour traverser le tram un peu plus haut, parce que j'avais une pisciclame qui dit « Ouh là là ! » Parce que sur un passage piéton, j'ai bien vu que j'allais me faire emboutir par les voitures qui... qui avait un petit peu oublié qu'il y avait une priorité piéton. Donc, ce n'est pas parce que j'ai l'air à l'aise que je le suis. Et moi, je marche à 3-4 mètres devant moi. C'est un peu casse-gueule quand même. La rue est un endroit où je suis en danger.

  • Speaker #0

    Et comment ça se passe du coup pour des nouveaux déplacements ? Des déplacements que tu ne connais pas ?

  • Speaker #1

    Alors je les prépare, je fais comme tous les déficients visuels, je les prépare sur plan. Sur un plan ? Oui, mais sur plan au sens de, ça ne s'appelait pas plan quand j'étais petite. Moi j'ai encore des plans papiers en gros caractère à la maison, j'ai encore ça. Donc je vais privilégier les transports, même si ceux-là ne sont pas forcément d'une accessibilité à toute épreuve. Je prends un peu plus le bus. qu'il y a quelques années parce qu'ils parlent un peu plus. Ça devient plus facile de prendre le but. Le problème du but, c'est de trouver les arrêts. Je peux tourner longtemps pour trouver les arrêts. Et puis, en fait, je m'aide beaucoup de mon prochain. C'est-à-dire que si j'ai quelqu'un devant moi sur un trottoir, je le suis. Je me mets 3-4 mètres derrière et je le suis. Et j'espère qu'il va au même endroit que moi. Parce que du coup, ces réactions, je vais avoir les mêmes.

  • Speaker #0

    J'avais fait un épisode précédent avec Nicolas, qui est malvoyant également. Et alors lui, il fait du trail, c'est de la course à pied en montagne. Il aime un peu les défis et les challenges. Et il disait la même chose. Alors avant, il n'avait pas de guide sur ses courses. Maintenant, il en prend un systématiquement. Il en prend un ou une, puisque je suis bientôt une compte aussi avec lui. Et il disait justement, avant son guide, il suivait la personne de devant, il regardait les pieds de la personne de devant et c'est comme ça qu'il se guidait. Donc ça n'a plus les mêmes principes.

  • Speaker #1

    Moi, mon problème à Paris, sur les trottoirs, c'est tout ce qui... Je n'ai pas de relief. Donc je manque de shooter très régulièrement, en fait. Les bosses, les creux, un caillou... Voilà, c'est... C'est autant d'obstacles qui sont compliqués.

  • Speaker #0

    Et ça, avec la canne, ça permet quand même de...

  • Speaker #1

    Oui, je pourrais avoir une canne de locomotion. Ce ne serait pas un luxe. Juste à prendre une main, quoi. J'aime bien avoir mes mains dans les poches. T'as raison,

  • Speaker #0

    t'as les deux mains dans les poches.

  • Speaker #1

    Oui, mais c'est hyper contraignant. J'avais fait un stage de réadaptation visuelle où on m'a proposé une canne. Je sais que ça existe et je sais que j'y viendrai. De toute façon, j'ai 62 ans, en plus j'ai une maladie hématologique, donc je vieillis un peu plus vite que ce que je devrais. Donc je sens bien que mon autonomie n'est pas en régression, mais elle est fragile. Donc j'y viendrai à la canne. Moi, je préférerais prendre un chien plutôt qu'une canne, j'avoue. Ça parle, on peut discuter.

  • Speaker #0

    Ça va être juste.

  • Speaker #1

    Voilà. Après, moi, j'espère dans la technologie, qui m'a beaucoup déçue, mais je peux t'expliquer pourquoi, parce que ça va... Quand... Moi, j'ai utilisé mon premier ordinateur en 1980, 5-6. J'ai appris à écrire avec une plume sergent-major. Je ne sais pas si tu vois ce que c'est qu'une plume sergent-major. Plume sergent-major, c'est un truc que tu te rends dans un encrier.

  • Speaker #0

    Ah si, oui, oui, je connais. Oui, bien sûr.

  • Speaker #1

    Une plume... Tu ne connaissais pas le nom ? Ça s'appelle une plume sergent-major. Donc, t'en fous partout, quand t'es bigleux, tu rates l'encrier, tu plies ta plume. C'est un peu compliqué. Et j'ai commencé à utiliser un ordinateur. Donc, les premiers PC. J'avais un Amstrad PC 15-12 pour les aficionados, avec des grosses disquettes flexibles. Et c'était les écrans verts où c'est écrit en jaune dessus. et avec les premiers traitements de texte, ce qui chargeait en disquette, il n'y a pas de disque dur. Et pour la première fois de ma vie, donc j'avais pas 22, 23 ans, je faisais mes études, j'ai pu lire et écrire en même temps. Puisque quand j'écris, je ne peux pas me rapprocher suffisamment de ma feuille pour lire ce que j'écris. Donc là, en fait, j'ai pu lire ce que j'écrivais. Et dans ma vie, ça a été une révolution. C'est-à-dire, c'était un truc extraordinaire. Et après, j'ai mis la première carte disque dur dedans, dans la hamstrat PC 15. Ça a été un peu compliqué, ça ne marchait pas bien. C'est-à-dire, toute ma vie, on avait tout installé avec un copain, puis on reboot, et error loading operating system. Quand tu dis, merde, je recommence. Donc, on y a passé des heures, machin. Comme aujourd'hui, quand on change de téléphone, ça prend un quart d'heure. Mais alors, allez. Et très rapidement, j'ai eu les premiers Mac. Les premiers petits Mac. Parce que c'était les seuls à proposer des solutions d'accessibilité. Et j'ai très rapidement eu des téléphones. Il y avait une époque, il y avait une espèce de petite messagerie qu'on portait à la ceinture qui permettait de se donner des rendez-vous, tout ça. Et tous ces trucs-là étaient très accessibles. Parce que, justement, en termes de résolution, ils étaient en basse résolution. Et le grand public valide est arrivé en disant « Ah, on veut la même chose » . Donc, les premiers Nokia, les premiers petits téléphones Nokia, moi, j'avais aucun problème dessus. Puisqu'il y avait petite, grande et très grande police et on disait très bien dessus. Et en fait, pour satisfaire le public valide qui aime que ça clignote, que ce soit joli, qu'il y ait des couleurs, qu'il y ait machin, ils ont mis des couleurs, ils ont... augmenté la résolution. Et en augmentant la résolution de tous ces appareils, que ce soit les ordinateurs, les téléphones et ainsi de suite, ils ont oublié en route d'augmenter les polices, les tailles de polices et les interlignages de polices. Donc, c'est devenu un peu comme si c'était que des myopes qui programmaient. C'est-à-dire que c'est devenu écrit de plus en plus petit. Et pendant une dizaine d'années, j'ai eu beaucoup de mal à me trouver des téléphones. Parce qu'en fait, c'était plus possible de paramétrer. Même les très grandes polices étaient toutes petites parce que la résolution avait augmenté sans que derrière, le code ait donné de la taille aux polices. Donc, j'ai fini par... Comment dire ? En ordi, tout ça, sur Apple, il n'y avait pas de problème de mise en accessibilité. Donc, j'ai fini par succomber à l'iPhone, mais j'ai beaucoup mal. à utiliser le clavier de mon iPhone. Je dicte énormément. Le clavier est compliqué parce que c'est petit et parce que, en fait, contrairement à d'autres marques que je n'ai pas envie de citer parce que je ne les aime pas, il n'y a plus de pavé alphanumérique qui permet de saisir comme on saisissait autrefois. Donc, c'est, comment dire, du coup, je... J'utilise mon téléphone dans la rue, mais en dictant énormément. Après, il est configuré, gros caractère, tout ça. Il y a des applis que je ne peux pas utiliser parce que les développeurs n'ont pas pris en compte les choses, ou mal, c'est compliqué les applis. Mais sinon, je suis chez moi, j'ai une tablette, j'ai un ordi. Donc là, il n'y a plus de problème d'accessibilité si on est gentil avec moi. Plus ça va, plus moi je suis méchante avec les autres. C'est-à-dire que j'ai atteint un âge, je ne pensais jamais que je dirais des trucs pareils moi, j'ai atteint un âge où si j'ai des difficultés, Si ce n'est pas spontanément que je peux lire, si ça me prend du temps pour adapter, je considère que ce n'est pas accessible. Si on m'envoie un PDF qui est accessible au sens où va l'entendre l'Association des aveugles, la Fédération des aveugles de France, par exemple. C'est-à-dire que le PDF a été fabriqué à partir d'un document texte avec des règles de... formatage, feuilles de style et ainsi de suite, et exporter dans de bonnes conditions. Donc si j'ai un lecteur d'écran, ce que je n'ai pas, mon lecteur d'écran va pouvoir me permettre de naviguer dans le document et de le lire. Ce n'est pas un PDF image, c'est un PDF accessible. Ce PDF, je peux très bien, avec ma petite appli calibre gratuite, l'ouvrir et extraire le texte. Mais je considère que ça me prend beaucoup trop de temps. C'est-à-dire que... Une personne valide, elle ouvre le document et elle peut le lire.

  • Speaker #0

    Il y a toute une adaptation.

  • Speaker #1

    Et moi, je ne sais pas, je reçois énormément de mails, énormément de documents. Et je ne vois pas pourquoi, moi, il faudrait que je passe 10 minutes à rendre ce document accessible. Donc maintenant, là, je suis membre d'une, j'ai été nommée au conseil d'administration d'une association que j'aime beaucoup, que je vais peut-être quitter. très rapidement parce que de temps en temps, ils pensent à m'envoyer après le document Word, mais je leur dis que c'est stigmatisant. Pourquoi les autres, ils ont le document ? Moi, deux jours après, j'ai un Word qui est plus ou moins bien fricu. La dernière fois que j'ai décidé de le rendre accessible, je l'avais fait avec un chrono. Il m'a fallu 17 minutes pour que le texte soit débarrassé des couleurs, des... Des formatages qui ne fonctionnaient pas. Ils ne savent pas faire des feuilles de style. Donc, j'ai mis 17 minutes pour tout dépouiller. Donc, si en plus, moi, j'avais dû réintroduire mes propres feuilles de style dedans, ça m'aurait pris 5 minutes de plus. Donc, pourquoi je mettrais ces 22 minutes ? Et on parle pour un document. Donc, aujourd'hui, soit on m'envoie quelque chose. qui est directement lisible, et je le lis. Soit on m'envoie un truc qui n'est pas lisible, ou je dois... J'ai un abruti, excusez-moi, l'abruti, ce n'est pas un gros mot, c'est juste un homme blanc de plus de 50 ans. Il est une modèle, un homme blanc de plus de 50 ans, qui me dit, ah oui, l'intelligence artificielle peut le lire pour toi. Ben oui, mais ça prend un certain temps. Et ça demande un niveau de compétence... que j'ai, mais que tout le monde n'aura pas, en fait.

  • Speaker #0

    C'est un nouvel apprentissage sur un nouveau système aussi. Et ce que tu dis, c'est 22 minutes pour un document PDF, mais avec Mélissa, où tu reçois, on va dire, 30 mails par jour avec 15 documents.

  • Speaker #1

    Et qu'après,

  • Speaker #0

    il faut le lire. Il faut l'analyser, etc. Et donc là, tu nous parles concrètement des notions d'accessibilité numérique sur lesquelles je crois que tu es... Tu es fortement engagée ?

  • Speaker #1

    Je suis engagée en tant que personne en basse vision.

  • Speaker #0

    C'est ça.

  • Speaker #1

    Je suis copine, par exemple, avec quelqu'un que j'aime beaucoup qui s'appelle Sylvie Duchateau, qui est experte. Sylvie Duchateau, je conseille. Sylvie Duchateau, je conseille, qui fait de l'accessibilité numérique et qui me donne régulièrement des conseils et des mots. C'est très amusant. C'est une amie, Sylvie. On mange ensemble, on va balader son chien. De temps en temps, je lui dis « que tu penses de ça ? » et elle me répond « que tu penses de ça ? » Et on se rend compte qu'elle qui est aveugle et moi qui ne le suis pas, on n'a absolument pas les mêmes besoins. Et ça va de l'accessibilité numérique à prendre un train. On a pris un train une fois pour participer à un train de banlieue, donc c'est horrible. Ce n'est pas le fait que je joue à un train de banlieue, c'est que ça fait partie des choses les moins accessibles, qu'ils soient RERC. Moi, je suis incapable de prendre le RERC. À la limite, Sylvie est plus capable de prendre le RCR que moi, puisqu'elle a des outils que je n'ai pas, en tant que personne aveugle. Et du coup, on n'a pas du tout les mêmes besoins. Et c'était marrant parce qu'on flippait pas sur les mêmes choses. On avait toutes les deux notre zone de flip, mais pas du tout la même chose.

  • Speaker #0

    Et c'est ça, c'est ce qu'on constate aussi. Alors moi, j'ai créé une société qui s'appelle EZMOM. Et effectivement, on a beaucoup travaillé en co-construction avec des personnes défisantes visuelles. Et en fait, au tout début, on faisait des choix, c'est-à-dire par rapport à toute l'expertise et l'expérience que nous donnaient les personnes. Il y avait ça, ça, ça. Et en fait, il y a maintenant trois ans et demi, on a complètement changé. Et en fait, on a fait de la personnalisation parce qu'en fait, chaque personne... a son autonomie avec sa déficience visuelle, qui peut être complètement à l'inverse d'une autre personne qui a une déficience visuelle et qui n'a pas besoin des mêmes choses. Et donc du coup, effectivement, je te rejoins sur la déficience visuelle, il y a une énorme personnalisation, que ce soit au moyen des co-options, que ce soit par rapport aussi à la basse vision, à la personne aveugle, à la personne de malvoyance, mais pas en basse vision, c'est-à-dire d'autres malvoyances. Et donc, du coup, en fait, on a un enjeu de personnalisation qui est aussi important. Et ça rejoint du coup ce que tu disais, c'est que, en fait, toutes les deux, vous êtes déficient d'usine. Vous faites un même trajet, mais vous n'allez pas du tout avoir les mêmes appréhensions et les mêmes besoins.

  • Speaker #1

    Oui, c'est pour ça qu'il faut qu'en fait, le système s'adapte à tous, au sens où tous peuvent le programmer à ce qu'il est.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Moi, je suis assez fascinée parce que j'ai quelques amis valides. J'en ai beaucoup moins d'hétérosexuels, mais des valides, j'en ai quelques-uns. Alors, les valides hétérosexuels, là, ça se cherche. Mais c'est l'incapacité des gens à configurer leur téléphone, à ce qu'ils sont. Même pas à ce qu'ils voient, mais à ce qu'ils sont. C'est-à-dire qu'ils héritent d'une interface de téléphone, d'un système de téléphone. Et en fait, l'appli, elle est là, donc elle reste là. Parce que, ah bon, on peut bouger les applis ? Ah bon, on peut grossir les trucs ? Moi, le premier truc, quand je suis chez quelqu'un et que j'utilise son ordinateur, je commence par lui grossir son curseur et sa flèche de machin. C'est extraordinaire, on ne cherche plus. Et ça, ça vaut pour à peu près tout le monde. J'ai encore personne qui m'a dit, non, non, remets-moi le petit. Parce que, alors, je ne le mets pas gros comme pour moi, mais juste légèrement... Et c'est quelque chose que j'ai toujours apprécié sur les interfaces Apple, c'est qu'on peut programmer énormément de choses. Alors aujourd'hui, on est un peu plus contraint qu'on ne l'était il y a 20 ou 30 ans. Il y a 20 ou 30 ans, on faisait vraiment ce qu'on voulait, parce qu'en plus, on pouvait aller dans le dur de l'interface. Maintenant, ce n'est plus possible. Mais ça reste quand même un système qui s'adapte énormément. Et il y a des tas de choses où moi je demande simplement qu'on m'envoie quelque chose que je puisse adapter facilement.

  • Speaker #0

    Et qui s'adapte à toi ?

  • Speaker #1

    Qui s'adapte à moi, oui, de plus en plus. Mais comme je suis née dans les années 60 et que j'ai acquis mon autonomie, j'en ai écrit deux livres qui pourront m'intéresser. Mais j'ai acquis mon autonomie à la dure.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ta force et ton mental.

  • Speaker #1

    À 11 ans, ma mère m'a dit, tu vas aller en Angleterre. On habitait au sud de la France, entre Nîmes et Montpellier. Donc, il y avait eu que je prenne un train. Et puis, il y avait mon train de nuit. La gare, elle était juste à côté. On aurait pu prendre la voiture pour aller au train de nuit. Non, non, non, non, ça c'est trop facile. Donc, on prend le train, une petite navette, machin, changement de train à Paris. À 11 ans. C'était une autre époque, c'est une époque où on laissait un peu les enfants, on avait moins peur qu'aujourd'hui. Et j'ai passé une nuit seule à Paris et j'ai retrouvé le lendemain matin, moi j'arrivais sur la gare de Sterlitz, c'était une époque où le TGV n'existait pas, et le lendemain matin j'ai, après une nuit d'hôtel, où la dame elle m'a dit vous avez mangé, je dis pas non, c'est ça, ça les avait appelé l'organisation de me donner à manger. Maman elle avait tout prévu sauf que je mange. Et donc j'ai retrouvé mon groupe Gare du Nord et j'ai passé 15 jours en Angleterre avec un groupe. Je ne le referai pas aujourd'hui. Aujourd'hui, je prends accès plus parce que...

  • Speaker #0

    Assiste en gare maintenant.

  • Speaker #1

    Pardon, on peut parler de la façon dont ça fonctionne, mais au moins c'est là. Et aujourd'hui, je ne le ferais plus seul. J'ai beaucoup plus de difficultés à voyager seul aujourd'hui que je ne le faisais quand j'avais 11 ans. Mais à 11 ans, c'était ma mère qui décidait, donc je n'avais pas tellement de choix. Mais c'est vrai que moi, j'ai été élevée à la dure. Donc j'ai été élevée avec l'idée que c'était à moi de m'adapter. Et le fait qu'aujourd'hui... je dis aux autres, ah non, non, là, c'est fini, ça. C'est à vous. C'est l'âge, c'est ma condition, ma condition sociale n'a pas beaucoup augmenté, puisque j'ai jamais, j'ai jamais eu de, comment dire, de grande respectabilité professionnelle. C'est juste que maintenant, bon, sans doute que ma maladie fait que je me dis, bon, maintenant... Euh... FB.

  • Speaker #0

    je passe un jour par semaine à l'hôpital, je me dis, bon, les six jours qui restent, je n'ai pas envie de m'emmerder avec des choses comme ça. C'est vrai qu'il y a des choses où je n'ai plus envie de m'embêter avec un certain nombre de choses.

  • Speaker #1

    Oui, puis il y a aussi peut-être le recul, de se dire, en fait, le monde de l'accessibilité et du handicap, tu l'as vu aussi évoluer, je ne sais pas si c'était le mot, mais en tout cas, tu l'as vu depuis que tu l'utilisais, depuis que tu étais 11 ans. Et maintenant, au début, on se bat. Et après, est-ce qu'il n'y a pas aussi une forme d'épuisement par rapport à se battre sur l'accessibilité ?

  • Speaker #0

    Non, pour moi, ce n'est pas une histoire d'épuisement. Le problème, c'est que d'abord, on nous a fait croire que les choses avaient évolué. Ce n'est pas vrai. J'étais volontaire aux Jeux paralympiques. On peut faire une émission spéciale paralympique, si tu veux. Il n'y avait pas d'accessibilité là où j'étais.

  • Speaker #1

    Tu étais sur quel site ?

  • Speaker #0

    J'étais au Champ de Mars.

  • Speaker #1

    Ok, donc où il y avait le C6 foot.

  • Speaker #0

    Où il y avait le C6 foot, mais moi j'étais sur l'autre, là où il y avait le judo.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Il y avait des trucs géniaux, c'est une grosse tablette qui pesait entre 3 et 4 kilos pour suivre le ballon sur les matchs de rugby fauteuil. Le problème c'est qu'il n'y avait pas d'audio description, donc on pouvait suivre le ballon mais... Si on était tout seul, c'était compliqué. Et il y avait 6 tablettes pour 15 000 spectateurs. Donc, qu'on ne me parle pas d'accessibilité, parce que les ruptures de stock de tablettes, on les a vues. Les places fauteuils, il y en avait, je ne sais pas, 50, 100. Et un soir, il y a un groupe d'Américains qui sont arrivés tous en fauteuil, ils ont été refoulés, il n'y avait pas de place fauteuil. C'est une vitrine, mais elle vaut rien cette vitrine. Moi, en tant que volontaire des Jeux et des Paralympiques, je n'ai jamais eu une mission adaptée à mon handicap visuel. On m'a collée au point d'accès handicap, en disant que les handicapés se veulent bien. J'ai fait de la formation de volontaire, en fait. Mais parce que j'ai décidé de le faire. Sur les Jeux, j'étais à Bercy. Sur les paralympiques, j'étais au champ de masse, il y avait une équipe qui était beaucoup plus encadrante et qui a cherché des solutions et qui a réussi à me donner des missions valorisantes. Mais quand je suis arrivée, il a fallu le construire, ce n'était pas acquis. Donc on a eu des groupes de volontaires déficients mentaux. Donc, il y a 15 personnes qui arrivent accompagnées, qui sortaient sans doute d'un ESAT ou d'un IME accompagnées. Et puis, qui c'est qui veut prendre son handicapé mental pour l'accompagner toute la journée ?

  • Speaker #1

    C'est l'assistance, l'assistance.

  • Speaker #0

    C'est pire que ça. On n'a pas pensé à ce qu'on pouvait en amont, en fait. Pourquoi ? On dit à une personne qu'ils étaient tout contents d'être là. Mais moi j'ai vu à Bercy, des personnes handicapées mentales, passer la journée, le cul sur une chaise, à ne pas bouger. C'est pas ça être volontaire. Donc soit on est capable de leur donner une mission, c'est pas à eux de dire... Le principe des jeux, c'était de dire, dites-nous quelles sont vos aptitudes. Moi je sais tout faire. Moi, je sais tout faire. Si j'ai un support adapté, le problème, ce n'est pas moi, c'est le support. Donc, si on me dit, par exemple, on m'a dit, tu vas guider les spectateurs dans les tribunes. Ah, très bien. Donc, comme on est filmé, je vais vous la faire. Donc, les gens arrivent avec leur téléphone. Là, moi, j'ai une notification du Parisien. Bon, ils arrivent avec leur téléphone et ils vous disent, ah, c'est où ? Moi, je prends leur téléphone et puis même, je ne vois rien. Donc, on m'a dit, ah non, non, mais ça, ce n'est pas un problème, tu seras en binôme. Ce qu'il donne, quelqu'un arrive, il me dit, où est ma place ? Donc, il allume son téléphone. Mon binôme prend le téléphone et me dit, ah, c'est la place temps. Donc, je récupère le téléphone, je le rends à son propriétaire et je lui dis, c'est la place temps. Mais il a entendu puisque l'autre, il ne me l'a pas dit dans l'oreille. Donc, à quoi je sers, moi ?

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Donc, je ne considère pas qu'il s'agit d'une mission adaptée.

  • Speaker #1

    Oui, en fait, il y a des postes, enfin, c'est plutôt des missions, parce qu'on ne parle pas de postes, mais c'est des missions qui n'ont pas été adaptées au handicap.

  • Speaker #0

    C'est des missions qui n'ont pas été pensées. C'est-à-dire qu'on a recruté des personnes handicapées de tous types de handicaps. Il y en a qui ont fait des super trucs. Des gens qui ont été chauffeurs avec des voitures électriques, machin, ils se sont régalés. Il y a des gens où ils ont fait des super trucs. Moi, chauffeur, ils n'ont pas voulu. Je ne sais pas pourquoi. Mais quand j'arrivais sur mon poste, moi j'étais sur l'accueil des spectateurs, on m'a dit que ce que tu peux faire, moi je peux tout faire. Soit tout ça, soit rien en fait. Tout dépend des moyens qu'on me donne pour le faire. Et quand on dit à une personne, les personnes qui étaient donc déficientes mentales qui étaient là, moi au poste où j'étais, parce que j'ai été élevée, mes parents étaient éducateurs, ils étaient enseignants pour des enfants handicapés mentaux, il y a des lustres, donc c'est... C'est des personnes avec qui j'ai l'habitude d'être. Je lui dis, est-ce que tu peux noter quand il y a quelqu'un qui nous emprunte un fauteuil ? Oui, il peut le faire. Je lui propose quelque chose, je ne vais pas lui dire ce que tu peux faire. Ça n'a pas de sens. Si je te mets à l'entrée d'un truc et je te dis ce que tu peux faire, même toi, tu n'en sais rien, ce que tu peux faire, puisque tu ne sais pas ce qu'il faut faire. Donc, c'est... on a embauché des handicapés, on les a recrutés, et il n'y avait pas de mission adaptée. Sauf, bon, un certain nombre, mais que moi, je n'ai pas eu l'occasion de fréquenter. Par exemple, au Champ de Mars, sur la fin de ma mission, il y a une chef, j'ai appris à avoir des chefs, moi je n'ai pas l'habitude, qui vient me voir et qui me dit... Il dit, je t'ai trouvé un téléphone pour les athlètes, c'est audio décrit, va voir le combat de judo. Mais c'est parce qu'individuellement, elle a cherché un truc, parce que plusieurs fois, ils m'ont dit, va voir les combats de judo, ils savent que je suis judoka, et en fait, ils sont me donnés de solutions. Moi, un combat de judo, déjà quand je suis dedans, je ne vois pas grand-chose, mais alors sur le côté, je vois encore moins, je ne suis pas capable de... Ça va vite, c'est loin, je ne sais pas. Et donc là, ils m'ont dit une fois, et la fois d'après, elle m'a proposé avec un outil qui me permettait de suivre le combat de judo. Je n'ai pas mieux vu, mais j'étais dans l'ambiance, j'avais le son, j'avais l'audiodescription, en me disant que la brutique faisait l'audiodescription, ils ne savaient même pas ce que c'était que le judo, mais ce n'est pas grave ça. Et c'est ça la question. Et la question, elle va bien au-delà du handicap. Elle est, quels moyens on donne aux personnes pour qu'elles puissent faire quelque chose ? On se plaint beaucoup que les gens, ils ne font pas ci, ils ne font pas ça, ils ne sont pas engagés, ils sont pas... Qu'est-ce qu'on leur donne pour ça ?

  • Speaker #1

    Il y a un sujet, et ça rejoint aussi d'autres épisodes que j'ai faits, c'est la méconnaissance des acteurs potentiellement qui mettent en place des sujets sur le handicap, sur le besoin des personnes en situation de handicap et les solutions concrètes. qu'on peut apporter. Et est-ce que tu rejoins, justement, là, c'était le cas, finalement, avec l'audio description,

  • Speaker #0

    t'as pu mieux suivre le...

  • Speaker #1

    C'est un match, non ?

  • Speaker #0

    Un combat. On se bat, on se bagarre.

  • Speaker #1

    Justement, tu me parlais beaucoup de judo. Ça me permet de faire une petite passerelle. J'ai cru comprendre que c'était un sport que tu pratiques. Que tu pratiquais ?

  • Speaker #0

    Alors, je suis judoka, je suis ceinture noire, premier dan. Faut pas t'embêter. Si, si, on peut, parce qu'en fait, bon, j'ai commencé le judo, j'avais 46 ans.

  • Speaker #1

    Ok.

  • Speaker #0

    Et j'ai progressé normalement pour avoir mon premier dan et pour passer une certification pour pouvoir assister un prof.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Et puis, il y a eu le Covid. qui nous a un peu... Après, je me suis cassé la cheville. Ça a été... Et maintenant, j'ai une maladie hématologique où on m'a enlevé une vertèbre. Le judo, ce n'est pas le sport qui convient.

  • Speaker #1

    Mais c'est une passion.

  • Speaker #0

    Par contre, je suis dans un club dans le 19e arrondissement où je continue à enseigner. J'ai la chance que mon prof me fasse confiance. et me permettent d'être là pendant ces cours. voire parfois démarrer un cours sans lui. J'ai passé les certifications qui me permettent de prendre en charge un groupe d'enfants. Ça se passe très bien. C'est marrant d'ailleurs, parce que mon problème, c'est qu'ils sont tous habillés pareil. Pour les reconnaître, ils ont tous la même taille, ils sont tous habillés pareil. Donc je ne connais pas leur prénom, mais ça se passe super bien. Il n'y a pas de... On parle judo. Et donc, j'ai eu le plaisir de faire ça. Et j'ai un ami qui s'appelle Johnny de Dieu de l'Or, qui est champion de France FSGT dans diverses catégories. Et avec lui, on a créé un club de judo aussi suite au Covid. Là, on n'est pas affilié à la FFJDA, mais à la FSGT, qui est la Fédération Sportive Gymnique du Travail, qui est une fédération un peu plus de gauche, on va dire, que les gens ont moins de gros ventres. qu'à la FFJDA. Et donc, on a créé un club tous les deux sur la rive gauche, en fait, en se disant, bon, le Covid, là, on était tous les deux dans ce club dans le 19e. On est tous les deux sur le sud de Paris en se disant, bon, avec le Covid, il y a eu les confinements, donc nous, on s'est retrouvés dans un square pour faire du judo comme on peut. Moi j'ai fait des uchikomi, les uchikomi c'est ce qu'on fait, c'est les prises en répétition d'entraînement. Je les ai fait dans mon salon en mettant un élastique sur le garde-corps de ma fenêtre. Donc là il y a mon gardien qui m'a dit non, non, ne faites pas ça, je vais vous mettre un anneau dans le mur, ce sera plus prudent. Parce que maintenant il est volé fermé, c'est un coup à passer par la fenêtre. Mais donc on a créé un club de judo pour que lui puisse s'épanouir en tant que compétiteur, donner des cours aussi. Et avoir une structure sur la rive gauche qui nous permette de faire des choses en cas de pandémie, de crues. Maintenant, on est rodés à toutes ces choses un peu bizarres qui nous arrivent. De guerre, on n'avait pas encore prévu. On va être en système de défense. Voilà.

  • Speaker #1

    Si vous avez tout senti en noir, c'est bon, système de défense.

  • Speaker #0

    Voilà.

  • Speaker #1

    Et justement, sur ce club, j'avais une question. Est-ce que tu as des élèves, justement les groupes sur lesquels tu enseignes le judo, en situation de handicap visuel ? Est-ce que c'est un club qui est, on va dire, alors je n'aime pas le terme marketé, mais qui communique, qui est accessible et inclusif pour des personnes qui ont des fiertés visuelles et qui souhaitent accéder à ce club-là ? Comment on sait que ce club, si je suis une personne de forme visuelle et je souhaite faire du judo, comment on sait que ce club...

  • Speaker #0

    Alors déjà, le judo est par principe un sport adapté. C'est un sport de contact. Les règles existent. C'est-à-dire que la seule différence entre un combat de judo valide et un combat de judo déficient visuel ou auditif, c'est qu'on démarre garde-prise. C'est-à-dire que... Quand on regarde Teddy Riner, il n'arrête pas de se battre des mains comme ça pour essayer que l'autre n'attrape pas le kimono. Puisqu'on ne peut pas commencer une projection judo si on n'a pas attrapé le kimono d'une certaine façon. Donc la différence, c'est un défi en visuel, on va lui poser les mains sur le kimono de l'autre. Parce que sinon, ça pourrait être drôle.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ce qu'on a vu pendant les Jeux Paras, effectivement.

  • Speaker #0

    On leur pose les mains. Moi, mon club, dans le 19e... En fait, il y avait une animation judo dans mon arrondissement. J'habite le 14e, un jour, il y a longtemps. J'y suis allée et puis je voulais y aller. Puis j'ai toqué, je suis tombée sur un petit gars qui m'a dit, je voudrais faire du judo. Il m'a regardée, il me dit, oui, mais là, l'animation judo de l'été, c'est un peu compliqué. J'ai un club. Je lui ai dit, oui, mais moi, je suis déficiente visuelle. Il me dit, oui, j'avais bien remarqué. Justement, moi, j'ai des certifications. Il y a des certifications. Je vous attends, prenez un jogging, machin. Et moi, je suis dans un club, donc dans le 19e arrondissement, place des Fêtes, où les profs, en fait, font en capacité d'accueillir des enfants, des adultes. Alors, déficients visuels, déficients auditifs ou déficients mentaux. OK. Il y a deux profs principaux, et ces deux profs principaux disposent de toute la panoplie possible et inimaginable. En gros... La différence, c'est que si je dis au soto-gari, si je dis vous prenez comme ça, tac, tac, tac, là vous mettez les mains là, puis là, puis là, bon, moi je ne sais pas ce qui se passe. Si on me dit tu attrapes le revers, tu attrapes la manche, tu poses le pied en avant au niveau du pied de l'autre, tu rentres ton épaule dans son épaule et tu balayes sa jambe, c'est très clair.

  • Speaker #1

    C'est la représentation mentale ?

  • Speaker #0

    C'est l'audiodescription. Pour le club qu'on a créé avec Johnny, on a une expérience assez intéressante. Dans le cadre des Jeux Olympiques, il y a une opération qui s'appelle Club Inclusif, qui était un partenariat entre certaines collectivités territoriales, le CIO Jeux Olympiques, la Fédération Handisport et la Fédération de Sports Adaptés. L'handisport, c'est plutôt le handicap physique et sensoriel. Sport adapté, c'est la déficience mentale. Et aujourd'hui, il y a de plus en plus de disciplines sportives qui sortent de ces circuits-là au nom de l'inclusion. Par exemple, le judo est géré, le para-judo est géré par la Fédération Française de Judo, et non pas par la Fédération Handisport. Et donc, on a fait cette formation, et fait exceptionnel. Dans la journée de formation avec la Fédération de sport adapté, on nous a diffusé un film sur lequel j'ai fait des commentaires qui ne sont pas passés et donc j'ai été virée de la formation. J'étais la seule personne handicapée à suivre cette formation pour devenir club inclusif et j'ai été virée de la formation.

  • Speaker #1

    On trouve productif.

  • Speaker #0

    Ce que je trouve assez exceptionnel. Là je fais court mais c'est un grand moment de ma vie ça, c'est vraiment... quelqu'un qui me dit « Madame, vous n'avez pas votre place dans ma formation. » Alors que je suis avec un formateur de la Fédération du sport adapté. Parce que j'ai dit que le sport adapté, je vais redire ce que j'ai dit, parce qu'on en est à la télé, il faut que je sois honnête, j'ai dit que ces associations et cette fédération sont complices de l'incarcération des personnes handicapées dans les instituts médicaux éducatifs. Je suis une partisane de la désinstitutionnalisation et de la libération des handicapés. L'exemple que j'ai donné, c'est le matin, ils sont contents, ils se lèvent, ils font tous pipi à la même heure, ils prennent leur petit déjeuner ensemble, ils montent dans le même bus, ils vont faire leur sport ensemble, ils reviennent à la même heure, ils vont manger, ils font la sieste, ils touchent ensemble, mais ils ne voient jamais une personne validée. Et justement, dans nos clubs, on fait ce qu'on appelle la pratique partagée. qui est la grande cause de la FSGT dont j'ai parlé tout à l'heure, qui est de dire que handicapé et valide, on fait ensemble. Et moi, dans mon club de judo, dans le 19e, il y a un gars qui n'a pas de doigt. Le temps que j'ai mis pour m'en rendre compte, parce que quand il vous prend le kumikata, qu'il n'ait pas de doigt, ça ne se sent pas. Et donc, dans le 19e, il y a un gars qui est trisomique, qui est ceinture noire. On est plusieurs déficients visuels. Je peux outer Sylvie Bouchateau qui a fait deux ans de judo avec moi. Elle a arrêté, c'est le mal au dos. C'est comme ça que j'ai rencontré Sylvie, dans un club de judo. Sultatami. Sultatami. Et donc, en fait, dans nos clubs, la question du handicap ne se pose pas. On ne peut pas faire de judo si on n'est pas complètement debout quand même. Dire quelqu'un qui va être paraplégique va avoir du mal à faire du judo. Par contre, il peut y avoir une certaine forme de judo, plutôt sur du mode jujitsu brésilien, ce qui se passe au sol, qui peut permettre de faire des choses. Mais moi, je me souviendrai toujours, et j'en avais écrit une nouvelle, c'était au début de mes années judo, on me dit, viens, il y a un grand raout judo adapté. opté, para, machin. On m'emmène en banlieue dans une voiture, chose que je n'aime pas. Et puis, il y a mon prof qui me dit, tu vas te mettre avec la petite fille qui est là-bas, ça va être parfait. Moi, j'étais encore, je ne sais plus, je devais être en orange ou en vert. Mais bon, la petite fille, elle n'avait jamais fait de Judo. Puis, je regarde ce gamin, elle était mignonne comme tout. Je me dis, il y a un problème. Je commence à lui attraper le kimono. Je me dis, putain de merde. problème, je ne trouvais pas. En fait, elle n'avait pas de bras.

  • Speaker #1

    C'était ça le problème.

  • Speaker #0

    Le problème, c'est qu'elle n'avait pas de bras. Moi, je ne l'ai pas vue tout de suite. C'est vrai que mon premier contact avec elle, c'était sympa, puisque moi, je n'ai pas vu qu'elle n'avait pas de bras. Et donc, quand j'ai pris conscience qu'elle n'avait pas de bras, je n'avais pas longtemps, parce qu'ils ont travaillé le fameux Sotougari, et de me dire, comment je lui explique Koso Tungari parce que les brins, ça permet une partie du déséquilibre. Puisque une prise de judo, c'est un déplacement, un déséquilibre et une action qui fait tomber. Donc, le fait de ne pas avoir de brin prive la prise de judo d'un peu de son âme. Mais je me suis dit, elle doit pouvoir quand même faire ça. Et donc, comme j'étais sur une logique de... Ah, mais je n'ai pas vu qu'elle n'avait pas de bras, mais là, il faut qu'elle fasse au soto-gari, il n'y a pas de choix. Je lui ai fait faire un au soto-gari sans bras. Moi, je tenais son kimono, parce que moi, si je ne tiens pas le kimono des autres, je me casse la gueule. C'est un de mes problèmes au judo, c'est que j'ai des problèmes d'équilibre. Et donc, en fait, je lui ai expliqué qu'il fallait me transpercer l'épaule, me faucher la jambe en expliquant le déplacement tout ça et le mal alors le seul truc qui était entre guillemets dangereux, c'est qu'une des règles au judo, c'est qu'on tient la manche de l'adversaire pour lui éviter de se faire mal quand il chute. Donc si elle me faisait chuter, il fallait que je fasse attention. Première fois qu'elle me fait chuter, c'était tranquille, c'était bon. Deuxième coup, j'ai eu peur. C'est-à-dire qu'une fois qu'elle a eu compris ce qu'il fallait faire, elle l'a fait très bien et elle m'a fait shooter sans que je... Comment dire ? Un peu par surprise, mais...

  • Speaker #1

    Mais elle t'avait fait chuter.

  • Speaker #0

    Elle m'avait fait chuter, et c'était une vraie chute. Après, on a déjeuné ensemble, c'était rigolo, parce que, moi je dis c'est rigolo, ma façon d'être, mais... Elle mangeait donc en face de nous, pas de bras. Et sa mère sort un paquet de chips, elle étale les chips sur un, et puis là, il y a le pied de la gosse qui sort au-dessus de la table, et qui bouffe ses chips tranquille. Pénard.

  • Speaker #1

    Adaptation, vous m'en parlez Adaptation,

  • Speaker #0

    elle avait un verre avec une paille Et du coup, moi j'ai discuté avec elle J'ai dit tu veux faire du judo ? Elle m'a dit non parce que bon je me rends bien compte Elle avait quoi ? Une dizaine d'années ? Dix-douze ans ? Elle m'a dit je me rends bien compte qu'il me manque un peu un truc Pour le judo J'ai dit t'as pensé au karaté ? Elle m'a dit oui je pense qu'à ça Et Je veux dire Je ne conseille à personne d'être en face de cette gosse qui a décidé de se défendre avec ses jambes.

  • Speaker #1

    Tu vois, j'ai une petite question à poser dans les épisodes du podcast Déclic, c'était l'anecdote. Est-ce que celle-ci, ça fait partie d'une de tes anecdotes ?

  • Speaker #0

    Ah ouais, moi, ça a été... Moi, ce qui me plaît dans cette histoire, c'est que j'ai pas vu qu'elle avait pas de bras. Et c'est ça qui fait toute la différence. C'est que, toi, si t'es une gosse qui arrive vers toi. et qui n'a pas de bras, tu vas le voir tout de suite et tu vas le voir de loin.

  • Speaker #1

    Il va avoir une stratégie.

  • Speaker #0

    Le temps qu'elle arrive, tu vas avoir une stratégie qui va te... Moi, je me retrouve face à quelqu'un, je me dis tiens, il y a un truc bizarre. Juste, il y a un truc bizarre.

  • Speaker #1

    Je ne sais pas quoi. Je ne sais pas quoi.

  • Speaker #0

    Et donc, moi, je n'ai pas le temps d'anticiper une stratégie ou de me donner une contenance. Puis je lui dis, excusez-moi, je me suis excusée, je dis excuse-moi, j'ai pas fait gaffe. Et elle me dit, elle me dit, ah non, non, mais c'est pas grave. Et parce que le j'ai pas fait gaffe était sincère. C'est-à-dire qu'elle, elle a vu que j'ai pas vu, en fait. Que c'est pas que j'ai pas fait attention, que c'est pas... Et j'ai souvent ça, je suis représentante bénévole du médiateur de la ville de Paris. C'est-à-dire que le médiateur de la ville de Paris s'occupe des relations. entre les parisiens et l'administration parisienne. Et il y a souvent des personnes handicapées. Et moi, je ne me présente pas comme étant handicapée. Mais quand j'ai quelqu'un qui est handicapé, il y a un truc, quoi. Il le sent. Et souvent, au bout d'un moment, si leur problème est lié au handicap, je dis, vous savez, je suis déficiante visuelle. Et souvent, on me dit oui. C'est-à-dire que... Il y a une espèce de communion, un truc, c'est des complices de la discrimination, on est victime de la même chose, et du coup ça vaut aussi vis-à-vis de toutes les populations qui sont opprimées d'une façon ou d'une autre. C'est vrai que l'homme blanc de 50 ans ne fait pas partie des gens avec qui j'ai des bonnes connexions. quand ils viennent pour des problèmes de stationnement avec le résuvé, c'est vrai que la connexion passe mal.

  • Speaker #1

    Et justement, tu parlais que tu es bénévole dans la médiation pour la ville de Paris. J'ai cru lire ou comprendre que tu avais aussi une médaille de bronze de reconnaissance par rapport à ce que tu fais auprès de la ville de Paris qui a été dessinée par Anne Hidalgo, si je ne me trompe pas.

  • Speaker #0

    C'est vrai, j'ai la médaille de bronze de la ville de Paris. qui m'a été accordée par Anne Hidalgo à la demande d'Olivia Polsky, qui à l'époque était en charge des commerces à la ville de Paris. Aujourd'hui, elle s'occupe, elle est maire adjointe à la maire de Paris. C'est une élue de mon arrondissement. Et en fait, je suis la première assesseur Basse Vision. de l'histoire de France, si on ne s'est pas trompé. Sous réserve, qu'il y ait quelqu'un qui me dise « Non, non, je l'ai été avant toi » . C'est-à-dire que depuis la création du programme de volontaires de Paris par la secrétaire générale adjointe qui maintenant est partie, qui s'appelle Laurent Girard, qui est quelqu'un qui a beaucoup fait pour la ville de Paris. Il y a la maire avec les élus et puis il y a le secrétariat général. Ce n'est plus le... les chefs d'administration de la ville. Et les gens qui font beaucoup avancer les choses, c'est plus les agents de la ville et le secrétariat général que les élus. C'est-à-dire que les élus, ils ont des idées, des trucs, des machins, des malins, mais il y a beaucoup de choses qui existent parce qu'il y a des agents qui les mettent en œuvre et qui les imaginent. Par exemple, Laurent Girard a imaginé le programme des volontaires de Paris en disant que Paris, ses 2 millions d'habitants... comment on fait pour que les habitants se sentent investis dans le quotidien de la ville. Et donc, les volontaires de Paris, ça a été beaucoup développé au moment du Covid, justement. On a eu énormément de formations sur les crues, sur le PSC1 et tout ça, l'assistance aux personnes, sur recenser des trucs, sur faire des choses en tant que citoyen. Et dans ce cadre-là, la ville recrute à chaque élection des assesseurs et des présidents pour les bureaux de vote. Autrefois, c'était les partis politiques qui fournissaient les assesseurs et les présidents. Maintenant, ça n'existe plus. Les partis ne font plus le boulot, donc la ville fait des assesseurs citoyens. Et moi, je me suis dit, moi, je voudrais être assesseur. Le problème, si tu as déjà voté, ce que j'espère, tu as vu la taille d'écriture d'un cahier d'émargement. Mais dans le code électoral, il est indiqué que pour être assesseur, il faut savoir lire et écrire. Je sais lire et écrire. Donc, le problème, ce n'est pas moi, c'est le support. Et donc, j'ai une amie qui est agente de la ville de Paris, qui cadre la ville de Paris, qui a commencé à contacter le 19e, puisqu'elle habitait en 19e. en disant que j'ai une amie qui est déficiante visuelle qui voudrait un cahier d'émargement gros caractère. Le directeur général du service du visuel, elle m'a dit, oui, c'est une bonne idée, mais là, c'est un peu court. On voit ça pour la prochaine fois. Et puis, après, les échanges, il était sincère, mais on ne savait pas comment débloquer le truc parce qu'il y a un service qui s'appelle le BORP, le Bureau des élections et du recensement. qui s'occupent de ça, donc entre un arrondissement, faire bouger le burp, tout ça, bon, c'est compliqué. Et il y a eu une grande réunion à l'hôtel de ville, dans les beaux salons de l'hôtel de ville, sur recruter des assesseurs. Donc, j'y suis allée avec cet amour, et puis, blablabli, blablabla, blablabli, on fait des assesseurs, tout ça, j'étais là, je boubiais un peu, puis elle me dit, mais non, mais non, mais attends, attends, et ça, non, mais il commence à m'agacer, et donc, du coup, à un moment, vous avez des questions, je me suis levée j'ai parcouru toute la distance entre moi et la scène j'ai chopé le micro et j'ai dit, moi je voudrais être assesseur mais je suis déficiente visuelle donc il va falloir m'adapter le cahier donc il y avait 300-400 personnes dans la salle moi j'ai pas peur, je les vois pas c'est pas un avantage ça en fait ah c'est un avantage mais ça a été un avantage dans beaucoup d'épisodes de ma vie ne pas voir mon assistance. La copine, elle était planquée. Qu'est-ce qu'elle va me faire ? Et puis là, il dit, ah ouais, c'est une bonne idée. Il y avait le directeur adjoint à l'époque de la DTCT, qui était François Tchéquémian, qui dit, bah ouais, c'est une bonne idée tout ça. Bon, très bien, les gens applaudissent. Parce que quand il y a un bigle qui dit, ah moi je veux faire un truc, les gens applaudissent forcément. Et donc après, il y avait tout un bureau qui était installé sur les strates. pour montrer aux gens comment se déroulait une élection. Ah oui, alors qu'est-ce qu'il y a des volontaires pour tester ? Ah bon, j'y retourne. Donc je passe devant tout le monde, parce qu'il y a des gens qui s'étaient proposés avant moi, mais ça ne m'a pas gênée. Je monte sur la tribune et je leur démontre que leur bureau de vote est superbe, mais il n'est pas accessible. Et comment faire ? Et François de Chequemion m'a dit, rendez-vous dans mon bureau, on va réfléchir à cette question-là. Et il s'avère qu'au beurre, l'agent qui s'occupe de tout ça, il a adoré l'idée. Donc il s'est investi. Tout ça, c'est vraiment des personnes qui s'investissent.

  • Speaker #1

    À chaque fois, c'est ça,

  • Speaker #0

    c'est les personnes qui font bouger l'institution. Et là, on a fait bouger l'institution. Et donc, il y avait François Tchéquémian, Laurent Girard, le BIRP, cet ami agent de la ville qui m'a dit on va faire bouger les choses. Et au final, une élue du 19e, Cécile Bossavie, qui s'occupe des personnes handicapées dans le 19e et qui est d'ailleurs une ancienne collègue de la personne qui avait mis le commentaire sur LinkedIn. Et Cécile Bossavie qui dit moi, je la veux dans mon bureau de vote. Alors, il y a eu des trucs, des gens qui ont dit « Ah ouais, mais il va y avoir des queues, ça va être terrible. » Bon, très bien, ça va être terrible, mais j'ai un gros avantage par rapport à beaucoup de valides, c'est que je connais l'alphabet. Et je ne suis pas obligée de me le réciter pour savoir quelle lettre est avant une autre. Parce que c'est le problème dans les bureaux de vote, souvent, quand les gens cherchent. Alors, j'ai eu un cahier d'émargement. Il y avait, au lieu d'avoir 25 lignes par page, il n'y en avait que 10. C'était du 24 ou du 26, je ne sais plus, la police que j'avais choisie, tout ça. Et en fait, tout le monde a adoré. C'est-à-dire que la présidente qui est debout, elle arrivait à lire. Les lecteurs qui étaient en face, ils voyaient son nom. Il avait de la place pour signer, contrairement à l'espèce de zibouboui qu'on n'arrive pas à signer. Et en fait, d'un truc où moi j'ai dit, je veux y aller, ça a fait ça. Et comme ça s'est fait dans le 19e, puisque Cécile Bossavie est élue du 19e et tient un bureau de vote dans le 19e, tout ça, ça s'est fait parce qu'il y a des agents publics. J'y tiens beaucoup, en fait, à dire ça. C'est vraiment des agents publics. C'est vraiment un service public. C'est, en fait, tous ces gens-là, je n'arrête pas de les embêter. J'avoue, ils m'adorent tous, mais je n'arrête pas de leur écrire. Mais gentiment, j'essaie toujours de proposer une solution en même temps que je pose une question.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ce que j'allais dire.

  • Speaker #0

    Je ne fais jamais du... Je ne râle pas.

  • Speaker #1

    Voilà, c'est ça.

  • Speaker #0

    Il faut râler,

  • Speaker #1

    mais avec des solutions concrètes.

  • Speaker #0

    Et puis râler soit sur du symbolique, soit sur des choses importantes.

  • Speaker #1

    Bien sûr.

  • Speaker #0

    Donc je suis en relation et moi je suis très attachée à ma ville, je suis très attachée à Paris. Je suis aussi très attachée à sa majorité municipale, même si j'ai beaucoup de choses à lui reprocher. Aux politiques, parce qu'il y a un discours qui commence à manquer de substance. Mais en fait toutes ces choses-là, elles fonctionnent quand il y a de l'engagement du service public. Et c'est aussi pour ça que je suis représentante du médiateur. C'est que le médiateur, c'est une autorité administrative indépendante. Les gens viennent nous voir parce qu'ils n'ont pas réussi à joindre un problème de...

  • Speaker #1

    C'est vraiment de la médiation...

  • Speaker #0

    C'est administratif, ce n'est pas de la médiation, ce n'est pas un conciliateur de justice. C'est vraiment, j'ai un problème avec une administration qui ne me répond pas ou qui me donne une réponse qui n'est pas satisfaisante. Et j'essaye d'avoir une solution, c'est vraiment ça. C'est beaucoup les bailleurs sociaux sur des fuites d'eau. Je suis une spécialité de la fuite d'eau, ou des souris.

  • Speaker #1

    Vous l'avez compris, ceux qui nous entendent, c'est la spécialiste de la fuite d'eau. Voilà,

  • Speaker #0

    je suis une grande adepte de la fuite d'eau. Et je suis là parce que c'est du service public. Moi, mes parents, c'était des enseignants, c'était la laïque, c'était l'école publique. Si je n'avais pas été déclarée inapte à 20 ans, j'aurais été fonctionnaire. Donc vraiment, mon engagement premier, il est là. Et je le fais parce que c'est des personnes dont je suis sûre qu'ils peuvent avancer dans leurs réflexions.

  • Speaker #1

    Oui, qu'ils peuvent faire avancer les choses et changer la donne pour les publics.

  • Speaker #0

    Et des agents qui sont prêts à bouger, il faut défendre le service public. Je le dis, je n'ai rien contre les start-up. C'est ordinaire, mais... Les start-up extraordinaires sans le service public.

  • Speaker #1

    De toute façon, on travaille maintenant avec tous les acteurs. On travaille que ce soit avec les associations et les usagers en situation d'handicap et les citoyens. Et les acteurs publics vont mettre en place des solutions. Tout est lié.

  • Speaker #0

    Et pour moi, l'expression de la citoyenneté pour les personnes handicapées, c'est aussi être assesseur dans un bureau de vote. Et c'est aussi participer à une campagne électorale et ainsi de suite. Moi, j'ai dirigé quelques campagnes électorales dans ma vie. Là, j'ai décidé qu'aux prochaines élections, je ne voterai pas pour les listes dont les supports ne seront pas accessibles.

  • Speaker #1

    Et je vois qu'ils ont fait un travail aussi sur le fait, le facile à lire et à comprendre pour les personnes en situation... Oui, mais ils ne savent pas faire.

  • Speaker #0

    Ils croient que... Je pense que le personnel politique ne sait pas ce que c'est que le FALC.

  • Speaker #1

    Ça a été instauré par le gouvernement, en plus, le FALC, le nom de base ?

  • Speaker #0

    C'est l'UNAPI qui a créé le FALC. Et aujourd'hui, ce n'est pas simple, le FALC. Donc, il y a un langage intermédiaire dont je n'ai pas le nom exact, qui est facile à comprendre. Il y a un truc intermédiaire. Parce que le FALC, en tant que tel, il faut que des personnes... à qui c'est destiné, le valide. C'est ça qui est compliqué dans le sac. Mais on peut au moins faire des supports, des vidéos audio décrites. On peut faire des choses. Il y a plein de choses à faire pour rendre sa communication accessible. Des podcasts ? Des podcasts, par exemple. Rendre tout en audio.

  • Speaker #1

    Alors nous, on fait les deux sur des clés qu'on fait en audio, justement, pour que ce soit accessible pour la plus grande majorité. Et on fait aussi, on a sur YouTube, en live, avec toute l'audio description pour que des personnes sourdes et malentendantes puissent aussi accéder au contenu du podcast. Donc, quand on le veut,

  • Speaker #0

    on peut.

  • Speaker #1

    Oui,

  • Speaker #0

    et puis c'est pas, comment dire, pour moi, c'est vraiment une question de rapport à l'autre. C'est-à-dire que quand on envoie quelque chose à quelqu'un, est-ce qu'on se demande ? s'il va être en mesure de le recevoir. Quand on a un vieux, on se dit « Papy, avec son téléphone d'euro, il ne va pas y arriver. » Ça dépend. Mais c'est vrai qu'on a une tendance à ne pas adapter. Non pas pour adapter, mais en se posant la question de quel est son interlocuteur. Moi qui suis sur LinkedIn, sur un pro... sur un sujet un peu plus vaste, le nombre de gens qui m'écrivent en me disant « Votre entreprise... » Bon, ils n'ont pas lu.

  • Speaker #1

    Ils n'ont pas lu ton profil.

  • Speaker #0

    Ils n'ont pas lu mon profil. C'est-à-dire, ce n'est pas possible de fonctionner comme ça. Et je crois que la question de l'adaptation, c'est aussi de regarder l'autre, d'aller vers l'autre, de se demander qui il est et en quoi est-ce que je vais lui proposer l'intérêt, c'est déjà. Comment je fais pour être sûre ?

  • Speaker #1

    Qu'ils reçoivent l'information.

  • Speaker #0

    Qu'ils reçoivent l'information.

  • Speaker #1

    D'ailleurs, j'ai une petite chose à te faire tester. Oui. Et on va voir si je me suis bien adaptée ou en tout cas si des outils permettent de l'adapter. À chaque épisode, je fais un petit jeu. À la fin de l'épisode, justement, pour faire tuer au chien un mot et que tu me dises qu'est-ce que tu évoques ce mot-là. Donc, c'est des mots qui sont écrits sur un papier. Ah bon ? Normalement le contraste est haut parce que c'est du noir sur du blanc. Mais j'ai déjà fait avec des personnes complètement aveugles et qui ont utilisé la caméra de leur smartphone pour...

  • Speaker #0

    Il y a une fonction loupe sur mon téléphone.

  • Speaker #1

    Je vais te laisser, il y a un petit verre devant toi, te laisser piocher.

  • Speaker #0

    Vu la taille du papier, je pense que la taille des caractères, on ne va pas le faire. Voilà. On va essayer la loupe ? On va essayer la...

  • Speaker #1

    J'aurais dû... Je crois que j'ai écrit en caractère majuscule.

  • Speaker #0

    Oui, mais justement, il ne faut pas. Il ne faut pas. Parce qu'en fait, un mot écrit tout en majuscule, ça devient un parallélipipède rectangle. Et donc, le fait que le mot ait une géographie, un dessin, soit un dessin, aide beaucoup à sa lecture. En fait, c'est le principe de la lecture rapide. C'est-à-dire qu'on lit le début du mot, là j'essaie de le mettre à plat à peu près, on lit le début du mot et puis après... Non,

  • Speaker #1

    je n'ai pas écrit en majuscule.

  • Speaker #0

    C'est bien, par contre ça a l'air d'être du bleu, non ? Pour moi c'est du bleu. C'est du bleu ? Oui,

  • Speaker #1

    effectivement, c'est du bleu.

  • Speaker #0

    Alors, je lis accomplissement.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Je le lis petit à petit. Accomplissement, je ne sais pas. Accomplissement. Euh... Accomplissement.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as...

  • Speaker #0

    Bon,

  • Speaker #1

    bah alors. J'ai pas envie de dire ademais parce que c'est pas le but. Mais tu as accompli pas mal de choses dans ta vie. Tu as écrit beaucoup de romans, de livres. Est-ce que ça peut être une forme d'accomplissement ?

  • Speaker #0

    Non.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu te sens accompli à ce jour ? Non. Qu'est-ce qui te manque pour être complètement accompli ?

  • Speaker #0

    Je ne sais pas. C'est dur. Ah ça, j'avoue, je ne sais pas du tout.

  • Speaker #1

    Ce n'est pas...

  • Speaker #0

    Ça ne fait pas partie de mes... Ce n'est pas un mot à moi, s'accomplir. S'accomplir. Ce n'est pas... Je ne sais pas.

  • Speaker #1

    Je te pose une colle.

  • Speaker #0

    Oui, c'est... Pour moi, l'accomplissement, ce sera arrivé quelque part et qu'il n'y ait plus rien à faire. Que ce soit fick. L'espèce de truc, là, on y arrive et pof, ça s'arrête. Et moi, je n'ai pas envie que ça s'arrête. C'est-à-dire que je dis des choses aujourd'hui qui valent pour ce que je dis aujourd'hui. Moi, j'ai d'autres... Je tiens un blog, par exemple, depuis 15 ans. Je suis en train de me contredire par rapport à il y a 15 ans sur un certain nombre de sujets. Parce que je grandis, parce que je vois d'autres choses, parce que je rencontre d'autres gens. Donc, l'accomplissement, pour moi, ce serait... Le seul truc qui me vient, ce serait dans la fraction de seconde avant de mourir, je te répondrai, mais pas avant. Et puis comme je n'ai pas l'intention de mourir avant au moins 20-25 ans, ce n'est pas...

  • Speaker #1

    Ce n'est pas quelque chose qui est dans ton vocabulaire ou dans ta façon.

  • Speaker #0

    Non, parce que pour moi, l'accomplissement, c'est vraiment une fin. Ça correspond à quelque chose qui serait fini.

  • Speaker #1

    Et est-ce qu'il peut avoir un semi-accomplissement par rapport à ce que, justement, le fait que tu t'es élevé, que t'es allé devant les personnes, devant 300 personnes, c'est-à-dire qu'il faut, moi je veux bien être assesseur parce que je sais lire, je sais écrire, mais par contre il faut que les supports soient accessibles et à ma portée. Est-ce que c'est pas une forme d'un mini-accomplissement ? Parce qu'après, il est fait au niveau du bureau de vote du 19e, donc il n'est pas accompli 100% parce qu'il faut le faire.

  • Speaker #0

    Aujourd'hui, l'objectif sur ça, c'est que moi, la prochaine fois, je ne serai pas assez sordide. C'est très fatigant, en fait. Il faut y être à 7h du mat. Ça finit, suivant le nombre de listes de dépluments, entre minuit et 2h du matin. C'est fatigant. Donc, je pense que la prochaine fois, je ne remplirai pas. Moi, c'est juste... Dans ma vie, c'est juste une étape.

  • Speaker #1

    Mais tu as fait bouger les lignes à ta manière.

  • Speaker #0

    Oui, là-dessus, sur d'autres choses. Sur Yannashipa arrivé. le jour où le seul accomplissement que je pourrais avoir c'est la révolution prolétarienne mais ça va falloir plusieurs vies c'est pas non accomplissement pour moi ce serait presque une défaite de dire que j'ai accompli quelque chose parce qu'il y a tant à faire après il faut que je me lève le matin et oui Voilà, donc là, juridiquement, je prends ma retraite au 1er juin. Donc, je n'ai pas de trimestre, mais ce n'est pas grave. Donc, on pourrait dire que ça a conclu, mais non.

  • Speaker #1

    Non, parce que tu ne t'arrêtes pas.

  • Speaker #0

    Je ne m'arrête pas. Et puis, une fois que, même au niveau d'un livre, une fois qu'on a fini le livre... il n'est pas fini puisqu'il y a quelqu'un qui va le lire et la personne qui va le lire va en faire quelque chose c'est pas un objet fini c'est pas un objet fini pour moi il n'y a rien de fini en fait et le but c'est toujours d'avoir quelque chose en vue je veux dire là on a Dimanche, on a une votation citoyenne où il faut massivement aller voter pour les rues. Je pense que ça apparaîtra après. Je dois faire un retour au bureau des élections pour savoir s'il y avait des problèmes d'accessibilité dans mon bureau dans le 14e. Je vais lui dire à mon interlocuteur que je ne serai pas assesseur la prochaine fois, mais qu'il faut absolument développer le procédé. pour que... Parce que... Quand on est déficient visuel, on n'ose pas demander.

  • Speaker #1

    Tout dépend des caractères. Oui,

  • Speaker #0

    se dire, attends, je vais être assesseur, il faut être un peu barré quand même. C'est pas un acte quotidien. Donc moi, je vais avoir des marottes comme ça. En ce moment, je suis en train de... Puis des fois, c'est pas... Je tiens une de mes permanences à la maison de la justice et du droit du 15e. Et ils sont en train de rendre le lieu accessible. Sauf qu'ils ont fait des toilettes accessibles qui, à mon avis, ne le sont pas. Donc je suis en train d'échanger des photos avec...

  • Speaker #1

    Désir d'accomplir.

  • Speaker #0

    En me disant, mais là, c'est compliqué. Peut-être que j'arriverais à faire que ces toilettes soient réellement accessibles. Peut-être que je n'y arriverais pas, parce qu'il y a des contraintes bâtimentaires, parce que les gens qui font ça vont finir par dire que tu nous emmerdes, parce qu'on a fait ce qu'on a pu. On a mis un ascenseur, tout va bien. Donc, c'est aussi... Ce n'est pas forcément des grandes choses. Je ne sais pas à quel âge tu as, mais... À peu près à la trentaine. À la trentaine, je pensais qu'effectivement, on avait des grandes choses à accomplir.

  • Speaker #1

    On veut changer le monde.

  • Speaker #0

    Moi, je veux changer le monde, mais c'est un objectif, c'est un rêve. C'est ce qui me motive et c'est ma ligne politique. ça passe aussi par l'accessibilité des toilettes de la maison de la justice des droits du 15e. C'est-à-dire que cet objectif-là, moi je voulais faire un truc, mais c'est très heureux. Maintenant, je me lève le matin, je suis contente, j'ai passé ma journée, j'ai rencontré des personnes, j'ai dit des choses, j'ai essayé de faire avancer. Peut-être des gens qui vont écouter ce podcast, qui vont avoir un déclic, ou qui vont se dire que les handicapés nous emmerdent.

  • Speaker #1

    C'est bien, c'est le nom du podcast. Voilà.

  • Speaker #0

    Donc, je ne sais pas. Je ne sais pas... Comment dire ? Il faut toujours avancer et vraiment s'attacher à des petites choses.

  • Speaker #1

    Oui, chaque étape est importante à... À savourer. et chaque accomplissement de sa manière c'est pas mon vocabulaire c'est trop bien parce qu'on a pu avoir sa perception des choses et c'est hyper intéressant et je pense qu'il y a plein de choses encore à découvrir sur toi on est maintenant sur la fin de l'épisode on a parlé de beaucoup beaucoup de choses c'est hyper intéressant, merci encore mille fois Cécile pour d'être venue sur le podcast Et je crois qu'on a encore plein de choses à se dire. Donc, merci d'avoir partagé tout ça, d'avoir partagé avec ceux qui nous écoutent. On va pouvoir mettre aussi un peu tous tes ouvrages que tu as pu réaliser.

  • Speaker #0

    J'ai un site Internet qu'on va pouvoir mettre.

  • Speaker #1

    Voilà,

  • Speaker #0

    que je code moi-même.

  • Speaker #1

    Incroyable.

  • Speaker #0

    Incroyable. En spip, alors pour les aficionados, c'est sans images. J'ai abandonné les images que ce soit sur mon site. J'ai un blog aussi, qui s'appelle La vie en hétéronomie, qui s'appelle maintenant Ma nouvelle vie en hétéronomie. Parce qu'avant, on était deux, après on était trois. Maintenant, je suis toute seule sur le blog, mais c'est un blog qui tient la route. Donc, c'est assez facile de me trouver sur les réseaux. Et tu as une page Wikipédia ? J'ai une page Wikipédia que je n'ai pas créée. Par contre, je la mets à jour quand je fais quelque chose. C'est moi qui la mets à jour. Mais ce n'est pas moi qui l'ai créée. Je ne sais pas qui a créé cette page Wikipédia.

  • Speaker #1

    En préparant le podcast, je me suis aidée de cette page Wikipédia. Et en fait, j'ai tapé ton nom et ton prénom. J'étais incroyable. Ceci, elle a une page Wikipédia. Ça m'aide vraiment.

  • Speaker #0

    Et quand même, il y a mon CV sur LinkedIn, bien sûr, mais qui est un peu compliqué. Les cases LinkedIn, c'est assez compliqué à suivre. Mais sur mon site. qui ne comporte que 4 pages maintenant. À une époque, j'avais un site avec 2-3 000 articles dessus. Et puis, c'était beaucoup de travail pour finalement pas grand-chose au sens de ce que ça m'épanouissait ou ça m'apportait. À une époque, ça m'a beaucoup... Moi, je suis sur le net depuis la fin des années 90. J'ai commencé sur le Minitel.

  • Speaker #1

    Quand on est écrivaine, j'imagine qu'il fallait tapoter quelque part.

  • Speaker #0

    Les lettres d'infos, les listes de discussion, les forums, les trucs comme ça. Donc, j'essaie de m'adapter un peu. Je suis un peu geek quand même.

  • Speaker #1

    Oui, j'ai vu ça. Un peu geek, sportive, activiste. Vraiment, je pense qu'on a abordé beaucoup de choses et qu'on connaît maintenant le personnage de Cécile.

  • Speaker #0

    Je ne sais pas, c'est peut-être un peu présent que tu...

  • Speaker #1

    Non, mais en tout cas, merci beaucoup pour tous ces partages.

  • Speaker #0

    Merci de cette invitation.

  • Speaker #1

    On pourrait encore parler des heures et des heures de tout ça, mais...

  • Speaker #0

    Après, on va les ennuyer.

  • Speaker #1

    Voilà. Donc, merci à toi d'avoir répondu présent. Et à bientôt.

  • Speaker #0

    Voilà, et puis merci aussi à toi. de l'investissement. Je suis toujours très soutenante de toutes mes consoeurs, de mes sœurs, si je veux utiliser un vocabulaire. Voilà, c'est vrai que je suis toujours très sensible à l'engagement des femmes et des jeunes femmes dans le monde, parce que je sais que c'est difficile.

  • Speaker #1

    Merci. Merci à toi. Merci beaucoup. Et puis, à très vite,

  • Speaker #0

    Cécile. Bonne soirée, journée, je ne sais pas.

  • Speaker #1

    On peut dire tout ce que l'on veut.

  • Speaker #0

    À bientôt. À bientôt.

  • Speaker #1

    Merci d'avoir écouté Déclic, le podcast qui donne une voix à l'inclusion. Si cet épisode vous a plu, partagez-le autour de vous et laissez une note ou un commentaire sur votre plateforme d'écoute préférée. Vous pouvez me rejoindre sur Instagram et YouTube. Le nom, c'est déclicavecdehi.podcast. pour découvrir les prochains invités et suivre la sortie des prochains épisodes. Je vous donne rendez-vous toutes les deux semaines, le jeudi, pour un nouveau déclic. A bientôt !

Chapters

  • Introduction au podcast et présentation de Cécile Young

    00:11

  • Les défis du handicap et l'engagement de Cécile

    00:46

  • L'importance de l'accessibilité et des droits des personnes handicapées

    02:15

  • Engagement politique et luttes sociales

    03:21

  • L'accessibilité numérique et les défis quotidiens

    04:19

  • L'accomplissement personnel et les luttes

    05:19

  • Conclusion et réflexions finales

    06:11

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