- Speaker #0
Bienvenue dans Déclic, le podcast qui donne une voix à l'inclusion. Je suis Camille Malgian, cofondatrice de deux startups engagées dans le handicap. Depuis toujours, une chose m'anime profondément, l'envie d'aider, de connecter et de transformer. Déclic est le podcast qui donne la parole à celles et ceux qui incarnent l'inclusion et transforment des idées en action.
- Speaker #1
On reste sur finalement notre mission, donner à chaque individu et chaque organisation les moyens de réaliser ses ambitions, ça c'est notre mojo entre guillemets, sur lequel on reste et donc quand on va parler de chaque individu, de chaque organisation, on se doit d'être inclusif.
- Speaker #0
Bonjour Philippe.
- Speaker #1
Bonjour.
- Speaker #0
Je suis vraiment ravie que tu aies répondu présent à mon appel et à mon invitation pour venir dans Déclic, le podcast que j'ai créé. Et sans plus attendre, on va te présenter. Tu es directeur inclusion et accessibilité numérique au sein de Microsoft.
- Speaker #1
C'est ça, exactement.
- Speaker #0
Mais avant que je te présente moi et que je te présente dans le poste de Microsoft, est-ce que tu peux me dire qui est Philippe Trottin ?
- Speaker #1
Alors Philippe Trottin, c'est quelqu'un qui a à peu près 30 ans de carrière, qui a fait un bac scientifique, un diplôme d'ingénieur, qui voulait travailler dans la tech depuis des années et qui a commencé sa carrière à la bourse. Donc j'ai travaillé au Palais Brognard pendant trois ans avant de rejoindre Microsoft. puisqu'on m'avait demandé d'avoir une première expérience professionnelle avant de rejoindre l'entreprise.
- Speaker #0
C'était à quel âge du coup ?
- Speaker #1
Juste après mon école d'ingé. Il y a un petit moment. Ça fait 27 ans que je suis chez Microsoft. C'était il y a 30 ans.
- Speaker #0
Tu connais parfaitement la société.
- Speaker #1
Oui, on va dire que je suis un des anciens. Je suis un des piliers, on va dire. Il y a eu énormément de changements. C'est une entreprise, moi, quand je suis arrivé, on était un peu en mode start-up. On était aux Ulysses, c'était très détendu comme environnement et on a vraiment shifté sur le monde professionnel, ce qui a vraiment changé pas mal de choses.
- Speaker #0
Et tu as toujours occupé le poste autour du handicap ? Comment ça s'est amené dans ta carrière ? Et ça a été quoi ton premier poste finalement chez Microsoft ?
- Speaker #1
Quand je suis rentré chez Microsoft, j'étais consultant junior, donc un petit consultant de bas niveau on va dire. Ma spécialité, c'était le développement, c'était la base de données, c'était vraiment ces sujets-là. J'ai travaillé dans du conseil pendant un peu plus de dix ans, avec des clients comme L'Oréal, par exemple, où j'étais architecte de leur site web. J'ai travaillé sur les premiers tarificateurs d'assurance d'AXA, AXA Web Auto, AXA Web Santé. Et puis ensuite, j'ai vrillé vers de l'avant-vente. J'ai été manager. Et puis un manager qui à l'époque, on va dire, le métier ne m'a pas plu. C'était trop directif dans une boîte comme Microsoft. C'était un métier sur lequel je n'avais aucune expérience. Donc je suis arrivé dessus simplement parce que j'étais quelqu'un qui était plutôt successful, comme on dit. Et donc l'évolution naturelle souvent, c'est de pousser les gens vers des postes de management. Et puis ça ne m'a pas plu, je suis reparti faire autre chose. de ressources management, je me suis occupé de... Je travaillais beaucoup à la division service. Et puis à un moment donné, je me suis dit, il serait peut-être temps de réfléchir un peu à la suite. Et j'avais déjà fait un peu le deuil de la technique. Et je me suis dit, pourquoi pas le handicap ? Pourquoi pas l'accessibilité numérique ? Et donc j'ai monté un petit business case dans lequel j'ai présenté... Un rendez-vous simplement avec le président de l'entreprise. Je lui ai montré ce que je voulais faire. Et il m'a dit, ben banco. Et depuis, je fais ça depuis 8 ans maintenant.
- Speaker #0
Donc, tu as été à l'initiative de la création que tu occupes, le poste que tu occupes aujourd'hui.
- Speaker #1
Oui, exactement.
- Speaker #0
C'est la partie handicap. Et est-ce qu'il y a eu un déclic ? On est dans le podcast Déclic, comme tu le sais. Est-ce que tu as eu un déclic, justement, de te dire, pourquoi pas le handicap ? Est-ce qu'il y a un écosystème familial ? Généralement, on dit, on n'y est jamais par hasard. Est-ce que toi, il y a eu un déclic spécifique ?
- Speaker #1
Alors oui, il y a plusieurs facteurs en fait. Alors le facteur numéro un, j'ai une maman qui est non-voyante, qui a perdu la vue quand elle m'attendait. D'ailleurs, j'ai failli ne pas naître à cause de son accident. Elle a fait sauter un laboratoire de chimie. Et donc voilà, le handicap visuel, c'est quelque chose que j'ai côtoyé très jeune. Et je suis moi-même dysorthographe. Donc les points en moins sur les copies à l'école, de là à réussir à s'orienter vers une école d'ingénieur. Heureusement que j'avais une maman qui était très, on va dire, virulente, et puis un père qui soutenait aussi pas mal. Et puis, j'ai eu des enfants, j'ai eu trois enfants, et malheureusement, mon épouse est décédée. Donc ma petite dernière avait trois ans à l'époque, et mon grand 12 ans et 8 ans pour mes deux garçons. Et je me suis dit, bon, ok, il va falloir que je gère un peu cette famille. Il va falloir que je fasse autre chose et je voulais quelque chose de beaucoup plus humain. Et donc, ces différents facteurs m'ont incité, on va dire, à travailler sur le sujet. Et par chance, chez Microsoft, c'était le moment où on commençait à se dire, tiens, on travaille le pilier diversité autour de l'égalité homme-femme, mais on n'adresse pas d'autres sujets. Et donc, on avait réuni des gens dans une salle et puis en disant aux gens, qu'est-ce que vous voudriez qu'on fasse dans l'entreprise ? J'avais dit, tiens, le handicap, pourquoi pas ? J'ai un peu d'expérience sur le sujet. Et donc, j'ai commencé comme ça. Et les ressources humaines sont venues me chercher ensuite en disant, on cherche un référent handicap. Est-ce que tu ne voudrais pas déléguer une partie de ton temps pour faire cette activité ? J'ai dit, ben oui, pourquoi pas ? Et c'est suite à ça que j'ai fait ce fameux business case où j'ai présenté le sujet au président de l'entreprise.
- Speaker #0
C'est vrai parce que la partie handicap, généralement, elle est souvent... dans la direction RH, où en tout cas les personnes des ressources humaines traitent le sujet du handicap. Mais toi, du coup, tu es hors la direction ressources humaines. Tu es vraiment la direction Philippe Trottin handicap.
- Speaker #1
Oui, en fait, on m'a rattaché d'un point de vue hiérarchique, on va dire. On m'a rattaché à une entité qui s'appelle Customer Success, qui accompagne les clients sur leur usage des solutions numériques de façon à ce qu'ils puissent adopter ces solutions. Et une grande partie de mon activité consiste justement à accompagner les grands comptes, à accompagner les PME, à accompagner les associations, les écoles, à mettre en place les solutions numériques adaptées, avec comme ambition de favoriser l'emploi, de favoriser les adaptations de postes qui permettent aussi aux gens de vivre mieux leur handicap. Donc c'est ça qui était important pour moi, c'était pas tellement le fait de dire on a des solutions techniques et on va faire du business, c'était plutôt d'avoir l'approche de se dire Si on réussit à se battre sur l'adoption de ces technologies dans les entreprises, il y a des gens qui vont vraiment vivre mieux avec ces solutions numériques.
- Speaker #0
Et ça va être inné, c'est-à-dire que maintenant, c'est vrai qu'on ne se pose plus la question du sous-titre sur des réunions, etc. Maintenant, ça fait partie de nos habitudes et on ne se pose plus la question si c'est une solution technologique d'accessibilité. Mais tu vas nous en parler justement de tout ça aujourd'hui. Est-ce que tu es tout seul sur cette partie handicap ou il y a d'autres personnes qui t'ont rejoint depuis ?
- Speaker #1
Il y a différentes parties puisque je travaille avec une alternante qui est renouvelée régulièrement pour m'accompagner sur la création de livrables ou sur l'organisation d'événements. Mais à côté de ça, sur la partie diversité et inclusion, on va dire qu'il y a à peu près 70 personnes qui sont dans cette communauté avec un petit noyau dur d'une vingtaine de personnes qui travaillent sur ces sujets. Donc, en fait, même si, entre guillemets, hiérarchiquement parlant, je suis presque tout seul, en définitive, sur différentes thématiques, il y a toujours des gens qui sont volontaires et qui travaillent sur les sujets.
- Speaker #0
Parce que l'accessibilité, comme on le dit souvent, c'est très transverse.
- Speaker #1
Exactement.
- Speaker #0
Ça va dans toutes les directions d'une entreprise, finalement. Ça va de la com, aux techniques, etc. Donc, effectivement, c'est très transverse. Donc, j'imagine qu'en fait, effectivement, ton poste, il est... Aller toquer à telle porte, à telle porte et à telle porte et travailler avec des directions différentes.
- Speaker #1
Oui, les choses qui sont intéressantes, c'est qu'il y a une action à la fois interne, parce que même si on fait des jolis produits, même si on parle d'accessibilité en interne, on a quand même toujours un volant de personnes qui sont recrutées, qui arrivent dans l'entreprise, qui ne connaissent pas les solutions. Donc on a besoin aussi d'informer que ces solutions existent en interne. Et puis en externe... Les choses qui paraissent naturelles aujourd'hui sur le sous-titrage ou ces choses-là n'étaient pas si naturelles que ça il y a encore huit ans, sur lesquelles il fallait vraiment présenter toutes ces solutions et expliquer qu'elles étaient déjà intégrées dans les produits, qu'il suffisait juste de les activer.
- Speaker #0
Pour créer l'adoption des utilisateurs ?
- Speaker #1
Pour tenir compte aussi justement des difficultés d'usage des utilisateurs. Avoir une personne malentendante dans une réunion qui a du mal à suivre, c'est l'exclure. On était sur un hackathon chez Saint-Plon cette semaine. Il y avait une personne dans un des groupes qui avait un trouble du spectre autistique. Si on ne fait pas la démarche d'aller chercher la personne pour qu'elle collabore, qu'elle... qu'elle communique avec les gens qui sont autour d'elle, de façon naturelle, elle ne le fera pas. Elle va s'exclure d'elle-même. Et donc, il faut réussir à trouver des moyens pour pouvoir permettre à tout le monde, justement, de participer.
- Speaker #0
Et justement, sur ces solutions Microsoft, et que quand tu accompagnes les entreprises, les écoles, etc., est-ce que tu as un cas concret, par exemple, d'une solution Microsoft concernant l'accessibilité ? Peut-être les dernières nouveautés ou quelque chose qui t'a vraiment marqué de ton point de vue ?
- Speaker #1
Alors, il y a plusieurs choses. Moi, l'application qui me bluffe toujours, c'est l'application mobile Seeing AI. Seeing AI, c'est une application déjà de base développée par une personne non-voyante au service du handicap visuel. On prend une photo, il y a l'intégration des nouvelles technos d'IA intégrées et ça va décrire de façon extrêmement détaillée l'image. Donc rien que cette application-là, en termes d'usage, elle est fabuleuse. Après, bien entendu, on présente des solutions. Dans la dernière version de Windows, Windows 11, on a par exemple du sous-titrage intégré dans le système d'exploitation ou de la saisie vocale intégrée. Ce sont des choses qui sont très faciles à manipuler et qui aident tout le monde en fait, qui n'aident pas que les gens qui ont des difficultés à utiliser les solutions, mais qui vont aider vraiment tous les utilisateurs.
- Speaker #0
Moi, j'utilise pour mes réunions en anglais. Comme ça, ça me permet de comprendre, de le dire. Des fois, l'accent, etc., ce n'est pas souvent facile. Mais oui, c'est une accessibilité universelle, comme on l'appelle.
- Speaker #1
Exactement. Et puis, il y a des choses qui aussi s'améliorent. Par exemple, pour une personne qui a un appareil auditif, il était difficile de coupler l'appareil auditif avec son ordinateur. Parce que ça avait pour effet de faire perdre toute l'énergie de l'appareil auditif qui n'arrêtait pas de se connecter à l'ordinateur. Et donc, un couplage avec l'ordinateur, en deux heures, on n'avait plus de batterie. Donc, ce n'est pas admissible dans une entreprise de ne plus avoir de batterie pour son appareil auditif en deux heures. Et donc, les nouvelles technologies comme Bluetooth Low Energy qui ont été intégrées permettent justement de réduire cette consommation. Et puis... Franchement, aujourd'hui, ce qui est le plus demandé, c'est d'analyser les cas d'usage avec l'IA générative. L'intelligence artificielle apporte énormément de solutions et on est en train justement de réfléchir à tous les scénarios, tous les cas d'usage qui vont faciliter la vie des utilisateurs. Je vais prendre un exemple. J'ai participé à une réunion sur Teams. Je ne suis pas certain qu'il n'y ait pas des actions. qui m'a été allouée dans la réunion, parce qu'il y a des moments où je n'ai pas tout entendu, mais on se sent compte rendu automatique avec l'IA, je sais si j'ai des actions pour moi ou non. Donc ça va me rassurer. Ou alors, j'ai des difficultés à m'organiser, parce que j'ai un trouble de l'attention. Je vais pouvoir demander à l'IA, est-ce que tu peux, sur la base de ce que j'ai aujourd'hui en termes de documents et sur la base de mon agenda, me planifier une activité qui me permettra de préparer une présentation pour un de mes clients. Et automatiquement, il va prévoir des slots dans l'agenda qui correspondent à l'estimation du temps nécessaire pour faire l'action.
- Speaker #0
Et justement, est-ce que dans le paramétrage de ces IA-là, est-ce qu'on apprend justement qu'est-ce qu'une personne avec des troubles de l'attention, qu'est-ce qu'une personne avec un trouble autistique ? Parce que j'imagine qu'on connaît un fonctionnement un peu de l'IA générative, mais est-ce que vous, vous allez plus loin justement sur ce que tu disais, ces cas d'usage spécifique au handicap ?
- Speaker #1
C'est le point majeur quand on va commencer à utiliser de l'IA, c'est de pouvoir définir les personas qui correspondent. En fait, ce n'est pas le handicap qui est important, c'est la difficulté d'usage. On cherche à répondre à une difficulté d'usage. Et d'ailleurs, la plupart des gens peuvent avoir des degrés divers dans le handicap dont ils sont touchés. Et on va aussi avoir des situations où les gens peuvent être plurihandicapés. Et donc, en fait, on va cumuler des difficultés d'usage qu'il va falloir solutionner. Chacun est différent. On est dans des sujets de diversité et d'inclusion. Typiquement, le point, c'est de faire un travail très personnalisé pour la personne concernée. Je donnais un cours à des élèves internationaux sur des sujets RSE ce matin.
- Speaker #0
Oui, parce que Philippe Trottin, il n'est pas que directeur d'accessibilité et d'inclusion chez l'Ecosoft. Il fait aussi d'autres choses. On va en parler par la suite.
- Speaker #1
Non, mais je regardais une vidéo qui avait été faite par une chercheuse en Angleterre qui avait travaillé sur des gens qui avaient été atteints de maladies de Parkinson et qui avait, par exemple, inventé un bracelet pour compenser un mouvement erratique lié au Parkinson avec une personne qui s'appelle Emma, qui a pu bénéficier de ce type de dispositif. C'est du sur-mesure de chez sur-mesure. Donc, ce n'est pas un produit qui est vendu, c'est vraiment comment répondre au mieux. à un besoin en relation avec une personne touchée par handicap.
- Speaker #0
Oui, complètement. Et tu parlais tout à l'heure de SingEye, effectivement, qui est une application pour les personnes déficientes visuelles aujourd'hui qui nous écoutent et qui utilisent cette application. Comment ça se passe, justement, le développement ? Alors, vous n'avez pas fait que SingEye, il y a eu Soundscape aussi. Oui,
- Speaker #1
il y a eu Soundscape aussi.
- Speaker #0
Comment ça se passe, justement ? Est-ce que ça a été des initiatives internes de développeurs au sein de Microsoft ? Parce que finalement, c'est une... C'est une application proposée en B2C. Quelle a été la démarche de Microsoft de faire ces applications-là ?
- Speaker #1
La démarche est la suivante. Tous les ans, il y a un hackathon au niveau mondial qui est organisé dans l'entreprise, sur lequel je pense qu'il y a probablement 30-40% du personnel qui participe. C'est une semaine complète de hackathon. Et sur lequel les porteurs de projets peuvent présenter des idées à un groupe qui se constitue avec des gens qui viennent de l'international. Et donc, Signe.ai, au début, a commencé comme ça. Donc, Sakeeb a eu cette idée, a fait venir un certain nombre de monde autour de cette solution, et puis a gagné le hackathon. Et donc, en résultat, il a été financé pour pouvoir développer de façon un peu plus industrielle sa solution. Mais ce n'est pas un produit qui est développé justement par un groupe produit, c'est vraiment quelque chose qui est issu d'un monde, entre guillemets, startup, et sur lequel, aujourd'hui, dans la mesure où l'application est très connue et a été beaucoup déployée, il a un peu les mains libres pour faire évoluer cette application et faire que cette solution bénéficie des nouveautés, notamment via Générative ou autre solution. Soundscape, c'est un petit peu la même idée. Avec un modèle dans lequel l'application Soundscape, c'est une application qui permet de se déplacer et d'avoir des informations sonores sur l'environnement dans lequel on évolue, avec éventuellement, si on a le matériel nécessaire, une information droite-gauche. qui permet de savoir où se trouve le lieu, etc. De même simuler un déplacement dans une ville qu'on ne connaît pas. Et puis à un moment donné, comme d'habitude, il fallait des financements pour poursuivre l'évolution de la solution. Et là, ce qui a été décidé, c'est plutôt de faire bénéficier aux structures qui travaillaient déjà dans les sujets de mobilité de ce qui avait été développé. Donc d'essayer de mettre en open source la solution pour permettre déjà à la communauté des utilisateurs de continuer à utiliser la solution. mais aussi garantir son évolution.
- Speaker #0
C'est ça, c'est sa maintenance. Et après, comment se passe justement le sujet de la maintenance et de le maintien ? Il y a une équipe spécifique à Microsoft qui s'occupe des solutions qui ont été développées justement dans le cas de CACATON ?
- Speaker #1
Alors, justement, pas nécessairement. C'est-à-dire, Sinaï a bénéficié effectivement et bénéficie encore d'une équipe. Soundscape en a bénéficié pendant un certain temps, mais avec les restructurations, les changements d'équipe. Ce n'est pas une équipe qui était hébergée dans les équipes produits, puisqu'on ne vend pas ces solutions, ce sont des solutions gratuites. Et donc dans ces conditions, effectivement, il faut payer le salaire des personnes qui travaillent sur la solution. Et sur Soundscape, il a été préféré, entre guillemets, d'arrêter entre guillemets et de le mettre en open source. En disant, voilà, on a une solution qui n'évolue plus, plus beaucoup en tout cas en interne. Donc tant qu'à faire, autant la laisser au marché. pour la faire évoluer, l'intégrer si besoin dans d'autres applications. Mais en tout cas, ça aurait été dommage du jour au lendemain de dire on arrête l'application en coopto. C'est plus sympathique de pouvoir la laisser à disposition et puis de la transmettre à des structures qui ont envie de s'investir dedans.
- Speaker #0
Oui, tout à fait. Je trouvais intéressant de parler justement de... ces applications-là, parce que vu qu'il y a beaucoup de personnes déficientes visuelles qui écoutent le podcast, qui utilisent SingEye, hier, j'étais sur notre groupe WhatsApp qu'on a avec des utilisateurs, et on parlait justement de Soundscape, qui s'appelle VoiceVista. Oui, oui. C'est important, je pense, pour eux aussi, de comprendre dans quel environnement ça se fait.
- Speaker #1
Oui, c'est clair. Au départ, ça part souvent de volontaires internes qui ont envie de développer une solution.
- Speaker #0
Oui, souvent, sur les formats d'Hackathon, comme tu dis.
- Speaker #1
Là, le hackathon mondial, il était la semaine dernière. Donc, on va voir un peu quels sont les projets qui ont été retenus. Je n'ai pas eu encore d'informations.
- Speaker #0
Bon, vous deviez, j'imagine.
- Speaker #1
Probablement.
- Speaker #0
Super. Merci en tout cas pour toutes ces explications, parce que je pense que pour les personnes qui nous écoutent et qui sont utilisateurs de ces solutions, ça fait écho.
- Speaker #1
Peut-être un petit point à rajouter sur ces sujets-là. Par exemple, l'application Signéag, quand elle a été développée, moi, je me suis rapprochée de l'association Valentin Huy. pour la tester, confirmer les mots utilisés, le vocabulaire utilisé, parce que de temps en temps, les traductions ne sont pas forcément suffisantes. Et c'est important aussi d'embarquer les gens en situation de handicap avec l'évolution de ces applications, parce qu'elles donnent un feedback qui est forcément pertinent. Avec du co-design. Exactement, c'est vraiment du co-design.
- Speaker #0
Avec le certam, j'imagine, potentiellement. Oui,
- Speaker #1
avec le certam, tout à fait.
- Speaker #0
C'est une belle manière de co-construire avec les personnes en situation de handicap.
- Speaker #1
Avec le fameux Manuel Pereira.
- Speaker #0
Ça me donne une idée. Manuel, si tu nous écoutes, tu seras bientôt dans Véclic si tu l'acceptes. Mais oui, ce sera intéressant aussi d'avoir son retour. Monsieur, aussi, accessibilité numérique pour la défiance visuelle, il a fait beaucoup avancer ce sujet. Tu parlais justement de cette casquette que tu as au sein de Microsoft, mais je crois que des casquettes, tu en as d'autres.
- Speaker #1
Oui, tout à fait.
- Speaker #0
Est-ce que tu peux nous en parler ? Parce que tu me disais qu'on a préparé un peu le format aujourd'hui de l'épisode. Tu me disais que 70% de ton temps, il est effectivement au sein de Microsoft et puis tu alloues 30% de ton temps pour faire de la formation. C'est auprès des associations, tu vas me dire ? Tu vas nous en parler.
- Speaker #1
Alors oui, il y a quelques années, en fait, on m'a sollicité pour donner des cours, en fait, dans une business school. Quand on a un petit peu de bouteille, c'est vrai qu'on a envie de transmettre. Moi, j'ai toujours rêvé, en fait, de faire de l'enseignement. Et en fait, j'ai du coup eu l'opportunité d'organiser des formations à l'ESCE, donc c'est une business school, sur un premier sujet qui était le sujet RSE. Donc l'idée, c'était d'expliquer, en fait, à des jeunes... Donc c'est des internationaux, c'est des étudiants étrangers, c'est des formations en anglais, un peu ces sujets-là. Et puis on a complété l'année dernière ces formations par une formation sur le prompt engineering. Donc du coup, je forme aussi des master 2.
- Speaker #0
Qu'est-ce que le prompt engineering ?
- Speaker #1
C'est savoir interroger une IA correctement, parce qu'en fait, il y a énormément de méthodes pour faire que le moteur d'intelligence artificielle réponde correctement à la demande de l'utilisateur.
- Speaker #0
Par exemple, quand on demande quelque chose à ChatGPT, il y a une façon de demander à ChatGPT pour qu'il nous réponde. On dit « Non mais il nous a répondu n'importe quoi » . C'est la façon dont on interroge l'outil d'intelligence artificielle, l'IA générative, qu'on a une réponse adaptée.
- Speaker #1
Oui, je peux donner un exemple. Si on demande même un calcul basique à l'IA générative, on a des grandes chances que l'IA générative se trompe. A contrario, si on dit à l'IA générative… Est-ce que tu peux m'expliquer la démarche de résolution de cette équation et ensuite me donner la réponse ? On aura à 99% la bonne réponse. Simplement parce qu'on force le moteur à utiliser le raisonnement. Alors que si on lui demande juste la réponse, il est possible qu'il ait une hallucination et qu'il fournisse une réponse complètement erronée.
- Speaker #0
Donc tu es sur ces formations de prontingérine avec ces étudiants ? Oui,
- Speaker #1
avec ces étudiants. Et puis j'ai eu l'occasion d'intervenir à l'EFRE l'année dernière. sur du design, de l'ergonomie autour de l'accessibilité numérique, pour expliquer à la fois l'aspect légal, mais aussi comment on conçoit, comment on développe, comment on s'assure aussi de l'accessibilité des documents que l'on crée. Donc ça, c'est des sujets aussi importants. Et puis, j'interviens auprès des référents handicap à l'Université de Paris-Créteil, sur lequel on essaye de former les référents aux thématiques d'accessibilité, aux thématiques numériques. Les adaptations pour le handicap, il y a l'adaptation des locaux, il y a l'adaptation liée à l'environnement physique, mais il y a aussi toute l'adaptation numérique.
- Speaker #0
Et sur cette partie-là, justement, quand tu donnes des formations, alors les étudiants, tu disais que c'est des masters RSE ?
- Speaker #1
Master 1, master 2, donc là c'est des masters commerce, donc c'est des futurs commerciaux. Mais c'est intéressant parce que déjà ça me fait pratiquer l'anglais. Le côté intéressant, c'est qu'on a quand même probablement autour de 60% d'étudiants vraiment étrangers avec des cultures très différentes. Des gens qui viennent d'Inde, des gens qui viennent d'Europe, des gens qui viennent d'Asie. Donc c'est intéressant parce que déjà sur les sujets RSE, ça permet aussi de mixer les cultures, de mieux comprendre leur fonctionnement. Parce qu'évidemment, d'un pays à l'autre, les sujets de diversité sont très variés.
- Speaker #0
Et d'ailleurs, ce sujet-là, parce qu'on en parle aussi beaucoup dans les lieux de l'accessibilité et du handicap, c'est la formation de nos jeunes et des étudiants au handicap. C'est vrai que moi, j'ai fait un cursus du plus classique avec une école d'ingé. Alors, on a eu des formations BSR, etc., les sensibilisations sur le vélo, sur les sujets. Mais en fait, le handicap, pour moi, c'est un sujet comme un autre. Et aujourd'hui, ce n'est pas intégré. dans les programmes, alors ça l'est de plus en plus. Ils ont mis en place l'école inclusive, si je ne me trompe pas. Oui,
- Speaker #1
un petit peu plus d'obligations sur les établissements, au moins à sensibiliser, si ce n'est former. Mais oui, c'est effectivement un sujet comme un autre. Et la vraie difficulté, c'est que certes, c'est un sujet comme un autre, mais ça touche quand même 16% de la population active.
- Speaker #0
Mais c'est ça.
- Speaker #1
12 millions de personnes en France, 80% de handicap invisible. C'est affolant qu'on considère ça encore comme, entre guillemets, un sujet minoritaire ou marginal.
- Speaker #0
Et de le mettre vraiment, en fait, dans la sensibilisation des jeunes sur ces sujets-là. Parce que c'est vrai qu'après, en fait, les étudiants deviennent des jeunes actifs et deviennent des actifs en entreprise. Ils sont sur des directions commerciales, des directions marketing, des directions communication, dans le développement. Et en fait, on crée des produits, on crée des services. Et puis après, on se dit l'accessibilité. À mince. Oui, parce qu'en plus, l'accessibilité, ça se développe en amont. On y réfléchit au début, au démarrage. Et c'est plus contraignant de venir adapter un produit qui a déjà 5 ans, 10 ans, sur des questions d'accessibilité numérique. de le démarrer, dès les premiers steps de développement, de se dire, j'ai en tête les questions d'accessibilité. C'est vrai que ce sujet-là, d'un point de vue enseignement, toi, comment tu le fais et comment tu le vois aujourd'hui par rapport aux jeunes que tu enseignes ?
- Speaker #1
Oui, et puis sur la conception, on parle aussi beaucoup d'éco-conception, on parle de... Ce ne sont pas des frameworks qui viennent en opposition, ce sont des choses qui se complètent pour créer quelque chose qui soit plus efficace, qui soit au bénéfice de tous. Donc en fait, on essaye effectivement de faire passer ces sensibilisations en disant aux jeunes que tous ces éléments-là, déjà, c'est des choses sur lesquelles eux vont être confrontés dans leur vie professionnelle. Ils vont probablement être confrontés à des gens concernés. Ils peuvent eux-mêmes être concernés. La plupart des handicaps, c'est de l'acquis, ce n'est pas de l'inné. Et en définitive, plus on vieillit. Moi, quand je suis arrivé chez Microsoft, ces belles lunettes, je ne les avais pas. Malheureusement, aujourd'hui, il faut les porter. Donc on a effectivement, avec la vieillesse, une perte de ses sens, on peut avoir des maladies, etc. Donc il faut réussir à tenir compte de ça.
- Speaker #0
Et donc ça, c'est la partie enseignement, formation, mais je crois que tu as d'autres casquettes également.
- Speaker #1
Oui, alors je suis aussi trésorier de l'association Arpège. Donc ça, je me suis engagé auprès d'Arpège il y a 3-4 ans, 4 ans je crois, à la demande d'Arpège d'ailleurs, qui est venu me chercher en disant... Au niveau du conseil d'administration, on a à la fois des gens d'entreprise qui sont là depuis assez longtemps, mais on voit bien pointer le sujet du numérique et ce serait bien qu'on ait aussi de nouvelles personnes qui arrivent. Donc j'ai commencé à rentrer au bureau et puis là, maintenant, je suis trésorier.
- Speaker #0
Et qu'est-ce qu'elle fait l'association Arpège ? Tu peux nous en parler ?
- Speaker #1
Oui, alors le rôle de l'association, c'est vraiment d'accompagner des jeunes en situation de handicap entre 15 et 30 ans. pour trouver leur voie scolaire dans un premier temps, puis professionnelle. Ça peut être de les accompagner sur la création de CV, sur la préparation d'entretien. Ça peut être du coaching, ça peut être la découverte des métiers, des visites d'entreprise. Donc il y a énormément de...
- Speaker #0
L'orientation des personnes en situation médicale.
- Speaker #1
Et ce qui est important aussi, c'est que c'est avant tout une association d'entreprise. C'est les entreprises qui ont décidé de créer cette association pour venir en aide à ces jeunes et potentiellement aussi recruter ces jeunes qui sont en demande. Et donc c'est un moyen aussi de faire le lien entre les adhérents de l'association et puis les jeunes qui sont en demande de pouvoir rentrer dans ces entreprises. Donc il y a aussi 18 salariés aujourd'hui dans l'association, donc c'est quand même une association qui commence à avoir de l'importance. Et on le fait systématiquement en relation aussi avec l'Académie, enfin avec l'éducation nationale de façon générale, pour faire un croisement entre le côté éducation, le côté entreprise, et là où ils sont aujourd'hui.
- Speaker #0
Et vous avez aidé combien de jeunes en situation de handicap avec Artej ?
- Speaker #1
Alors, Jérémy en a parlé cette semaine, mais je vais dire une bêtise, je crois que c'était 6000 jeunes par an, ou quelque chose comme ça. On est présent sur cinq régions.
- Speaker #0
Donc oui, ça aide beaucoup de monde. L'équipe est très active en fait. On ne veut pas pour l'instant se déployer sur toute la France. On essaye de gérer aussi les endroits où on sent qu'il y a une vraie envie des pouvoirs publics, des entreprises en termes de localisation aussi, parce qu'il va falloir proposer des solutions à ces jeunes. Donc s'il n'y a pas d'entreprise pour pouvoir les recevoir, ce n'est pas forcément utile d'être présent dans ces régions-là. Donc, on va gérer notre croissance correctement par rapport à ça.
- Speaker #1
Et je rebondis parce que tu parlais de quelque chose, effectivement, de vous déployer dans des villes là où les pouvoirs publics ont potentiellement une sensibilité ou une envie d'agir sur cet enjeu-là. Justement, aujourd'hui, j'ai tourné un podcast avec une personne amputée. Et à la fin du podcast, on parlait justement de la colère aujourd'hui. des personnes en situation de handicap, que ça n'avance pas assez vite et qu'on ait besoin encore de faire tout ça pour montrer qu'est-ce que le handicap, pour sensibiliser les publics à qu'est-ce que le handicap. Aujourd'hui, on est sur un sujet, effectivement, donc il y a des pouvoirs publics, en tout cas, il y a des personnes qui agissent et qui veulent faire avancer les choses. Toi, tu es dans le secteur privé au sein de Microsoft. Est-ce que le secteur privé... Est-ce que les entrepreneurs, est-ce que les entreprises telles que Microsoft peuvent plus changer les choses et mettre beaucoup plus de puissance sur le changement de notre société, sur le volet du handicap, que si on attend que ça arrive dans notre gouvernement ?
- Speaker #0
Oui, il y a plusieurs éléments de réponse par rapport à ça. Je pense que déjà... Rien que la terminologie handicap, d'un point de vue société, on a évolué. Quand on parlait handicap, même regardant à la télé des personnes en situation de handicap invitées sur les plateaux ou journalistes, il y en avait très rarement. Ou alors ce n'est pas ce qu'on voulait montrer, entre guillemets, le handicap. Ce n'était pas quelque chose finalement de récurrent, de régulier. Donc il y a eu déjà ce changement de la société qui est plus ouverte par rapport à certaines formes de handicap. Les entreprises s'investissent et la loi de 2005 en France... force indirectement les grandes entreprises en tout cas à être plus acteurs dans ce domaine et mes collègues référents handicap essayent de déployer l'énergie nécessaire pour recruter davantage, pour atteindre les fameux 6% qui sont l'obligation. Mais en l'occurrence, c'est plus ou moins simple parce qu'on a besoin de faire comprendre aux décideurs, aux ressources humaines, à tous les gens qui vont vraiment recruter. que finalement c'est une opportunité pour eux et pas une contrainte. Et ça c'est compliqué parce qu'en définitive, on voit beaucoup le handicap comme étant, on l'associe beaucoup à de la sous-performance, on l'associe à des difficultés, aux contraintes, aux difficultés d'usage. On parle beaucoup de choses qui sont très négatives et quand on est recruteur et qu'on voit un candidat, on veut positiver, on veut quelqu'un qui va apporter de la valeur, qui va apporter ses compétences. Et en fait, on a tendance à ne pas considérer les compétences complémentaires qui sont développées par ces personnes en situation de handicap. Moi, je vais donner un exemple. J'ai des difficultés à écrire parce que ma dysorthographie fait que si j'écris sur un papier, je vais avoir une faute tous les deux mots. Donc, je vais éviter. Je vais plutôt passer sur le numérique. Mais en l'occurrence, j'ai développé, à contrario, l'oral. Et donc, je suis très à l'aise à l'oral. Moi, ça ne me dérange pas d'être dans une salle avec 500 personnes en face pour parler. parce que j'ai pris le contre-coup de mon handicap. Si je prends la situation de ma mère, qui est non-voyante, typiquement, elle a une mémoire énorme. Rien que la capacité à lire du braille, le toucher a été énormément développé. Du coup, dans la mesure où elle mémorise énormément d'informations, dans une entreprise, ça peut être un atout d'avoir quelqu'un qui reconnaît les situations.
- Speaker #1
Je rebondis parce que... Ça me fait écho effectivement avec des discussions que j'ai eues avec des personnes en situation de handicap et en fait, juste, elles ne développent pas des super pourvoirs. C'est juste que le corps s'adapte et on a une adaptabilité et donc une personne en situation de handicap qui perd un sens ou qui perd un toucher ou quelque chose, en fait, elle va s'adapter et le corps s'adapte. Et en fait, c'est cette adaptabilité aussi qui est pour moi une compétence quand on est dans une entreprise, s'adapter à ce qui peut arriver parce qu'en fait... Ce n'est pas un long fleuve tranquille et qu'il se passe toujours plein de choses quand on est en poste. Et donc du coup, le sujet de l'adaptabilité est considéré comme soft skills. Et ça, les personnes en situation de handicap, finalement, elles l'ont.
- Speaker #0
Oui, puis le côté résilience, quelqu'un qui toute sa vie a été obligé de se battre pour se déplacer, pour pouvoir s'assurer qu'il aura bien toutes les aides au bon endroit par rapport à son déplacement, typiquement, il est habitué à combattre, à obtenir des choses, etc. C'est quelqu'un qui va être très combatif en entreprise. Il apporte cette énergie aussi. Souvent, il a aussi tendance, quelque part, à essayer de surcompenser les potentielles difficultés. Ça me fait penser à un collègue, Mathieu, qui de naissance a une atrophie à une main. Il me dit, moi je suis consultant, quand j'arrive en clientèle, c'est un nouveau client, très vite j'ouvre mon PC et je montre que je vais taper beaucoup plus vite avec une seule main que lui avec ses deux, parce que ça le rassure, sans ça il a l'impression, c'est ses mots, de voir un demi-consultant. Ce qui est un peu, voilà, il a tout son cerveau, il a tout ce qui va bien fonctionne, il a juste une main qu'il ne pourra pas utiliser pour taper sur son clavier. Mais ce n'est pas un frein. Il a énormément de compétences. C'est quelqu'un qui est reconnu et qui est très bon dans son domaine. Mais c'est malheureux d'être obligé de surcompenser pour montrer ton handicapacité.
- Speaker #1
Merci en tout cas pour ce partage sur cette expérience et sur cette belle association qu'est l'Arpège. Est-ce que tu as une autre casquette qu'on ne saurait pas ? Non, effectivement,
- Speaker #0
je fais beaucoup de présentations. Dans mon activité, je fais beaucoup de présentations dans tous les domaines. En complément de ce que je fais d'un point de vue présentation de solutions techniques ou d'un point de vue mission handicap en interne, on coanime avec mon collègue Christophe Desproges une partie diversité-inclusion dans laquelle on aide à la fois les gens en interne mais on va aussi s'investir sur des actions externes. Par exemple, on a un partenariat avec le CEREN, c'est une école avec des élèves neurodivergents. pour les aider à découvrir les métiers de la tech et leur donner envie peut-être de venir sur ces métiers ou des actions avec objectifs emploi à la ville de surène sur lequel on essaye d'aider de coacher aussi des jeunes qui sont rattachés en fait à cette ville qui ont besoin d'un accompagnement professionnel donc il ya pas mal de petites actions comme ça qui sont déclenchés à la semaine dernière on a fait une une sensibilisation à la langue des signes en interne on a demandé aux gens en interne qui venaient à la cafétéria de signer leur plat pour les demander. Donc on leur faisait une petite formation en amont et lorsqu'ils commandaient leur plat, il fallait qu'ils signent pour obtenir le plat qu'ils voulaient. Donc c'est assez marrant d'avoir ce type d'initiative de sensibilisation.
- Speaker #1
Est-ce que d'ailleurs tu aurais une petite anecdote à nous partager, quelque chose qui t'a marqué dans ton parcours, justement d'un jeune ou lorsque tu as fait une formation, quelque chose qui vraiment, tu t'en rappelles encore quoi ?
- Speaker #0
Alors moi ce qui me vient tout de suite en tête, On ne mesure pas l'impact qu'individuellement on peut avoir. Je me souviens d'une jeune, il n'y a pas longtemps, elle avait participé à un pitch, c'était des écoles de commerce qui pitchaient sur scène, et elle était en situation de handicap, pitchait des solutions pour faire de la sensibilisation au handicap. Et en fait, ça s'est bien passé, elle a reçu un prix, et puis ça s'est arrêté là. Puis l'année suivante, je suis arrivé... pour voir le même événement. Et puis en off, à la fin, je vois une personne qui vient me voir, c'était cette jeune fille, elle me dit, mais en fait, merci. Comment merci ? J'ai rien fait. Eh bien si, vous avez rendu visible en fait l'application, le développement que j'avais fait de cette sensibilisation et ça m'a donné l'opportunité, parce que j'ai été visible sur les réseaux, ça m'a donné l'opportunité d'être recruté et en fait, le poste que j'ai aujourd'hui, je vous le dois. Et en fait, on ne se rend pas compte et de façon indirecte, C'est pareil quand on aide des gens en situation de handicap et que derrière, même si rien ne se passe, on sait que potentiellement, ça leur a changé la vie, ça leur a permis d'être plus efficace, de vivre mieux leur handicap. Et quand on apprend ça et qu'on a ses retours, on est heureux. On se dit « waouh, j'ai fait quelque chose » .
- Speaker #1
C'est l'impact que tu peux avoir chez une personne sans même que... Parce que toi, tu en es... Je crois que l'année dernière, tu avais passé 170...
- Speaker #0
Oui, 172, exactement. 172 formations. Non, mais du coup, oui, ça représente à peu près 22, 23 000 personnes. Donc, ça commence à te faire du monde. Non, mais même, je pense que tous individuellement et tous les gens qui écoutent le podcast, si vous avez une action positive à un moment donné à faire pour aider quelqu'un, pour transmettre, pour donner un petit coup de pouce, si ça permet de changer la vie de la personne, il faut y aller. Il ne faut pas hésiter.
- Speaker #1
Vous avez bien entendu. Merci beaucoup pour nous avoir parlé de tout ce que tu fais, de ce que tu fais. trop épuisé à la fin de la journée.
- Speaker #0
C'est ça qui motive, c'est le fait de faire beaucoup de choses. On s'ennuie.
- Speaker #1
On s'ennuie jamais parce que tu passes d'un sujet à un autre et puis tu rencontres du monde aussi.
- Speaker #0
Toujours beaucoup d'opportunités, beaucoup de rencontres et c'est ça qui est intéressant, c'est que de par la position que je peux avoir, le fait de rencontrer des gens qui ont plein de responsabilités différentes, ça peut être des responsables de ressources humaines dans des grands groupes, des responsables com, des responsables diversité-inclusion. responsables handicap, chacun à leur manière essaye de faire au mieux, entre guillemets, par rapport à leur mission. Et dans ce côté handicap, ce qui est bien, c'est qu'on est sur l'humain. On est vraiment sur... Alors là, je donne un sérieux merci à tous les référents dans les entreprises et dans toute organisation d'ailleurs, parce que de temps en temps, on a une éponge, on absorbe la vie des gens. On se retrouve dans des situations... La semaine dernière, je reçois un coup de téléphone d'une collègue qui a en l'occurrence un enfant qui a un trouble du spectre autistique et qui me dit « je suis à l'hôpital » . Je lui dis « ah bon, t'es à l'hôpital ? Ah oui, on m'a découvert une leucémie » . On absorbe en fait et on essaye de faire au mieux, de l'aider, de voir comment on peut la dépanner dans la situation où elle est, avec son mari du coup qui devient aidant et qui a vraiment besoin potentiellement d'un accompagnement. Et en fait, tous les référents handicap, c'est des choses qu'ils vivent. Ils absorbent beaucoup de... de malheurs, entre guillemets, de gens qui rencontrent des difficultés, qui ont des accidents, qui ont des maladies. Et il faut pouvoir gérer ces situations et apporter le maximum d'aide. Je pense que c'est ça qui est important.
- Speaker #1
Clairement. Et un peu comme des psychologues, finalement.
- Speaker #0
Indirectement.
- Speaker #1
Indirectement. Les situations... J'ai déjà échangé avec une personne qui allait faire un handicap. Elle me dit qu'on passe d'une réunion à une autre, une situation, une vie familiale. qui t'impactent. Il y a ce filtre qu'il faut que tu mettes entre la personne et toi, mais toujours en étant à l'écoute. Et c'est vrai que merci à eux parce qu'ils font un travail énorme. Et souvent, au milieu de l'entreprise, ce n'est pas évident de parler de son handicap, libérer la parole quand on est du jour au lendemain aussi en situation qu'on n'en a jamais parlé dans le milieu de l'entreprise, parce que souvent on a cette image que si j'en parle, alors on va me... prendre pour quelqu'un qui est comme ça. Mais non, en fait, ces personnes, ces référents handicapés sont là pour les aider et c'est important de libérer la parole et de venir parler à ces...
- Speaker #0
Oui, puis on garde des bonnes expériences. J'ai eu l'occasion pas mal de collaborer avec l'hôpital de Garches, où je me souviens qu'il y avait un jeune homme qui avait une quinzaine d'années. Il était tétraplégique. Son rêve, c'était de jouer à un jeu vidéo. Et en fait, on a travaillé avec Cap Game, avec Jérôme Dupuyré, que je salue au passage. Avec Jérôme, on a réussi à lui faire passer une matinée où il a pu jouer à Forza, à Fifa. On a trouvé des moyens de faire avec sa tétraplégie qu'il puisse quand même jouer avec sa bouche, avec des petits dispositifs qu'on a mis en place. Et on ressort de cette matinée, on est énergisé. À une autre occasion, on a aussi une vision qui peut être altérée du handicap. Je me souviens d'avoir rencontré une petite fille qui devait avoir 7-8 ans, qui était en fauteuil avec ses parents. mais la petite fille était une boule d'énergie. Sauf que nous, on voit surtout le côté difficulté qu'elle va vivre dans son évolution de femme et puis dans son évolution professionnelle potentiellement derrière. Mais en fait, il faut créer un monde qui soit plus accessible pour elle. Et c'est à notre responsabilité aujourd'hui de le faire. Ce n'est pas de dire c'est la faute des autres ou c'est aux autres de faire ou c'est au gouvernement de faire. Non, c'est chacun.
- Speaker #1
Chacun est acteur pour faire progresser ce sujet-là.
- Speaker #0
Et on est... On est en force. Il y a beaucoup, beaucoup de gens qui ont envie de faire changer le monde. Et donc, plus il y a de gens, je pense à Anthony Babkin, je pense à des gens comme ça, qui vraiment avancent sur ces thématiques-là. Ça permet de contribuer, entre guillemets, à faire que les gens vivent mieux leur handicap.
- Speaker #1
C'est l'objectif aussi de ce podcast-là, c'est de faire parler des sujets d'inclusion, d'accessibilité, montrer aussi les spectres, que l'on soit entrepreneur, qu'on soit en situation de handicap. qu'on soit directeur inclusion avec cette vision numérique au sein de Microsoft, de comment on fait changer le monde à notre échelle. Ou en tout cas, comment on essaye de le faire changer, ou de le faire évoluer, surtout. Le mot changer n'est pas le bon, mais je trouve que c'est évoluer.
- Speaker #0
Et puis, à chaque époque, il y a eu forcément des visions différentes. Je pense que la diversité-inclusion, même il y a 30 ans, moi je sais que, par exemple, ma dysorthographie à l'école, on ne parlait quasiment pas de neurodiversité. Aujourd'hui, je vois des entreprises engagées qui veulent se réunir pour essayer de comprendre comment se former, comment recruter ces personnes qui malheureusement sont trop souvent au chômage. ça permet aussi de repousser les barrières et les limites. Et souvent, l'effort est minime. C'est juste que les gens ont peur, les gens se disent « Ah, ça va être trop compliqué. » « Oui, mais tu sais, on a des objectifs business, on ne peut pas. » Si, on peut. C'est juste qu'il faut prendre le temps et il faut accepter au début de se confronter à la différence et accepter des limitations pour comprendre comment la personne fonctionne et la personne, elle peut être excellente. J'ai vu hier une personne qui était sourde, qui était appareillée, mais qui vraiment avait des grosses difficultés de compréhension et même un peu d'élocution. Et en l'occurrence, c'est quelqu'un d'extrêmement bon en intelligence artificielle. C'est une pépite. Il faut le recruter.
- Speaker #1
On donnera son CV. Moi, j'aimerais parler d'un sujet, parce que justement, on parle de politique diversité et inclusion. On sait que Microsoft, c'est une entreprise internationale basée notamment aux États-Unis. Il y a eu récemment, avec la politique de Trump, le sujet sur un nouveau décret qui enlevait certains mots, dont l'inclusion de tout ce dont on parle. Toi, ce que tu me disais, c'est qu'au sein de Microsoft, tu es basé à Microsoft France. sur le ciel de Paris, mais tu travailles finalement avec également l'international.
- Speaker #0
Exactement.
- Speaker #1
Qu'est-ce que ça a impacté justement la politique de Trump et ce nouveau décret ? Qu'est-ce que ça a impacté au sein de Microsoft et aujourd'hui, comment vous agissez ?
- Speaker #0
Alors, au niveau de l'entreprise, côté Microsoft, on n'a rien changé. Donc, c'est déjà quelque chose d'important. C'est qu'à notre niveau, en tout cas aujourd'hui, On n'a eu aucune évolution, c'est-à-dire même à titre individuel, tous les employés de l'entreprise ont un objectif individuel sur les sujets de diversité et inclusion. Donc moi, quand je vais rencontrer ma manager tous les ans, enfin plusieurs fois par an, je dois lui expliquer en quoi je contribue au sujet de diversité et inclusion de l'entreprise, comme le ferait un commercial, comme le ferait la présidente de l'entreprise avec son responsable en Europe. Donc ça, c'est intéressant parce que ça force finalement l'organisation à... toujours parler du sujet. On a eu une chance et on n'a pas été trop « embêtés » par l'administration Trump, parce que je pense qu'ils utilisent globalement beaucoup nos produits, nos technologies. Donc voilà, on est sur un système dans lequel on n'est pas venu nous embêter sur le sujet, on n'est pas non plus allé faire une surcommunication en disant qu'on n'était pas d'accord avec la politique de Donald Trump. Donc voilà, on va dire que c'est un statu quo. A contrario, je vois, j'ai une personne avec qui je collabore, je travaille aussi au sein du Manifeste Inclusion, sur un groupe de travail d'entreprise sur l'accessibilité, et on a une personne de chez Engie qui est partie au Canada, et qui nous racontait qu'au Canada, l'impact a été beaucoup plus négatif, et que même certains étudiants ne pouvaient pas obtenir de bourse quand dans leur thématique, il y avait un sujet de diversité et inclusion. Donc ça va quand même assez loin. Et que dans certaines entreprises, je ne vais pas les nommer, mais dans certaines entreprises, ils ont simplement changé le wording, ils ont changé les mots, mais le contenu reste le même. C'est juste que l'affichage est un peu moins diversité-inclusion. Après, ces politiques, on doit faire avec. De temps en temps, il faut se conformer à des sujets juridiques, en fonction des pays. Aujourd'hui, en tout cas, nous, on continue notre direction. on reste sur, finalement, notre mission, donner à chaque individu et chaque organisation les moyens de réaliser ses ambitions. C'est notre mojo, entre guillemets, sur lequel on reste. Et donc, quand on va parler de chaque individu, de chaque organisation, on se doit d'être inclusif.
- Speaker #1
C'était important, je pense aussi, pour les personnes qui nous écoutent, parce que ça a donné plein de confusion. Nous, en France, on regardait ça, on se disait, quel est l'impact ?
- Speaker #0
Il y a des structures à mon avis sur lesquelles la difficulté derrière, c'est que si par exemple on doit recruter dans ce type d'équipe, ou de temps en temps c'est une thématique qui est rattachée au RH, de temps en temps c'est rattaché à la politique RSE, donc en fonction évidemment des endroits dans lesquels on est, oui ça peut éventuellement avoir un impact sur le recrutement des équipes. Chez nous on n'est pas embêté, mais je pense qu'un certain nombre de personnes dans certaines organisations peuvent au contraire vivre... de façon un peu plus négative, le sujet.
- Speaker #1
Tout à fait. Merci beaucoup, en tout cas, pour cette réponse. Et sur tes clics, on a un dernier petit jeu. Et donc, j'ai un petit jeu à te faire faire. Il y a des petits mots qui sont devant toi. Le biais, c'est que tu tires un des mots. et que tu nous dises qu'est-ce qu'il signifie pour toi. Alors, quand tu prends le papier et tu l'ouvres, est-ce que tu peux le lire pour les personnes qui sont...
- Speaker #0
Bien entendu. Formation. Alors, formation, c'est facile.
- Speaker #1
Là, c'est facile.
- Speaker #0
Non, mais derrière formation, il y a la notion de transmission. Et je pense que c'est extrêmement important parce que toute notre vie, on apprend. Je vais même rajouter le sujet d'intelligence artificielle parce qu'on apprend aussi aux IA à fonctionner. Non, mais toute notre vie, on apprend et je pense qu'il est important de fournir aux générations futures notre acquis, notre expérience. Alors, on sait que l'expérience, on peut difficilement la communiquer. On peut principalement communiquer ses connaissances. L'expérience, il faut la vivre, entre guillemets. Mais en l'occurrence, on peut quand même accompagner au mieux les gens. Et c'est un peu l'ambition que j'avais quand j'ai voulu être un peu enseignant, c'est transmettre. La formation, c'est aussi s'assurer que les formations dans les entreprises sont bien inclusives et accessibles. Et donc, quand on va parler de communication, de créer des vidéos sous-titrées, des podcasts avec une transcription, de fournir tout un tas d'éléments permettant aux gens de pouvoir consommer ce podcast notamment, et puis toutes les formations, il y a cet axe aussi qui est important.
- Speaker #1
Dans toute forme de communication, la rendre la plus simple possible.
- Speaker #0
Je raconterai une anecdote. J'ai été chez Avas, où j'ai été formé leur équipe communication. Et j'ai eu un petit culot. Je suis arrivé dans la salle. L'équipe était là. Je leur ai dit, vous ne savez pas communiquer. Et là, j'ai eu un blanc. Ils ont dû se dire, mais c'est qui ? On est des spécialistes de la communication. C'est notre métier de communiquer. Et c'est quelqu'un qui vient d'une entreprise externe qui vient nous dire ça. Et en fait, en leur expliquant. qu'il y avait un certain nombre de bonnes pratiques dans la création de documents, de commenter des images, d'utiliser des polices de caractère correct, les textes alternatifs, toute cette partie-là, permettait justement d'adresser une population qu'a priori ils n'adressaient pas. Et en fait, grâce à ça, à la fin de la session, ils m'ont dit qu'effectivement, il y avait un certain nombre de sujets qui fait qu'on n'était pas assez inclusifs dans notre façon de communiquer. Et donc, ils ont changé leur pratique. pour intégrer ces éléments-là dans la production de leur contenu.
- Speaker #1
Super. Merci beaucoup, en tout cas, pour ce partage. Et je pense que tu es tombée sur le bon mot. À chaque fois, je dis, je ne sais pas, alors, il y avait plusieurs mots, mais tu es tombée sur autre. Mais du coup, à chaque fois que je fais ce jeu-là, ça tombe pile poil sur le sujet de l'invité. Bon, on est fort.
- Speaker #0
En tout cas, un grand merci pour cette invitation. C'était très sympathique. Et puis, si ça peut permettre de changer un peu la vision des choses. Ce sera parfait.
- Speaker #1
Merci à toi pour ton temps et pour être venu sur Déclic. Et au plaisir de se revoir bientôt.
- Speaker #0
Et bien, longue vie à Déclic.
- Speaker #1
Merci beaucoup.
- Speaker #0
Au revoir.
- Speaker #1
Au revoir. Merci d'avoir écouté Déclic, le podcast qui donne une voix à l'inclusion. Si cet épisode vous a plu, partagez-le autour de vous et laissez une note ou un commentaire sur votre plateforme d'écoute préférée. Vous pouvez me rejoindre sur Instagram et YouTube. Le nom, c'est Déclic avec deux i. .podcast pour découvrir les prochains invités et suivre la sortie des prochains épisodes. Je vous donne rendez-vous toutes les deux semaines, le jeudi pour un nouveau déclic. A bientôt !