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Décliic | Camille Maldjian

Le déclic de Nicolas Ronget, traileur passionné : entre détermination et résilience

Le déclic de Nicolas Ronget, traileur passionné : entre détermination et résilience

38min |23/01/2025
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Décliic | Camille Maldjian

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Le déclic de Nicolas Ronget, traileur passionné : entre détermination et résilience

38min |23/01/2025
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Description

Êtes-vous prêt à découvrir Nicolas et son parcours de vie ? Avec passion et détermination, ils nous emmènent sur ses sentiers de trail.


Dans cet épisode de Décliic, je reçois Nicolas Ronget, un masseur-kinésithérapeute malvoyant et surtout, fervent amateur de trail. Ensemble, nous plongeons dans le monde inspirant du sport, en mettant en lumière l'importance de l'inclusion pour les personnes en situation de handicap.


Nicolas partage son parcours, de ses débuts en tant que kinésithérapeute à sa découverte du trail après ses études. Son récit est un véritable témoignage de résilience, alors qu'il évoque les défis qu'il a dû rencontrer tant dans ses défis sportifs que sur son handicap. À travers ses expériences, il exprime avec détermination son désir de devenir un athlète de trail accompli, qui relève tous les challenges, prouvant ainsi que tout est possible.


Ce dialogue inspirant met en lumière non seulement les défis rencontrés par les athlètes en situation de handicap, mais aussi leurs succès et leurs contributions au monde du sport. Avec des mots forts et motivants, Nicolas incarne l'esprit de dépassement de soi et de détermination.


Cet épisode est une invitation à réfléchir sur notre perception de l'inclusion, et à envisager un avenir où chacun, peu importe ses capacités, peut s'épanouir dans le sport.


👉 Retrouvez Nicolas Ronget sur Instagram ici et prochainement au Nature Trail Film Festival


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Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans Déclic, le podcast qui donne une voix à l'inclusion. Je suis Camille Malgian, co-fondatrice de deux start-up engagées dans le handicap. Depuis toujours, une chose m'anime profondément, l'envie d'aider, de connecter et de transformer. Déclic est le podcast qui donne la parole à celles et ceux qui incarnent l'inclusion et transforment des idées en action.

  • Speaker #1

    confiance mais qui va des deux sens en fait et c'est là où c'est beau quand je vais parler de Pauline qui est une amie qui m'a demandé de faire 46 km, enfin j'ai fait la course avec elle,

  • Speaker #0

    elle m'a dit ça me rassure de le faire avec toi je l'aurais pas fait toute seule donc même elle ça la rassure ?

  • Speaker #1

    alors qu'en soit totalement incapacité et en plus de ça le ferait beaucoup plus vite sans moi et c'était pour se rassurer avant sa Saint-Élion et donc ça fait toujours plaisir de se dire bon je peux rassurer alors que c'est elle qui m'apporte de l'aide.

  • Speaker #0

    On a couru tous les deux, merci de m'avoir aidé. C'est pas facile quand tu es un studio nomade. On est là en mode... Du coup on est avec CroixRousse et j'ai pu faire un peu de fractionner en côte pour aller chercher un port USB qui nous manquait mais on y arrive, on est là et c'est le principal.

  • Speaker #1

    On y arrive. Le problème a une solution,

  • Speaker #0

    c'est ma devise. Merci beaucoup d'avoir accepté mon invitation. Donc, toi, tu es Nicolas. Et ce que je vais faire, c'est que je vais te laisser te présenter parce que tu te présentes mieux que moi. Plus que moi, je te présente, en tout cas.

  • Speaker #1

    Eh bien, déjà, merci à toi de m'accueillir dans ton podcast. Du coup, moi, c'est Nicolas. J'ai 31 ans. Je suis masseur kinésithérapeute depuis un peu plus de trois ans. Je suis malvoyant de naissance. et je fais du trail.

  • Speaker #0

    Super. Et ça fait bien le lien parce que l'épisode précédent, j'avais Xavier qui était enseignant en kinésithérapie. Et donc, ça fait bien le lien aussi. Justement, pour parler de comment tu es devenu kiné, on en a parlé dans le précédent épisode avec Xavier. Quel a été ton choix, toi ? Est-ce que c'était inné ou comment ça s'est passé ton choix pour devenir kiné ?

  • Speaker #1

    Alors kiné, de base pas le métier de kiné en lui-même, j'ai toujours voulu être soignant, aider les autres, soigner, accompagner. Et au départ je voulais faire infirmier et on m'a dit en fait ça va être compliqué avec ta vue, notamment sur tout ce qui serait plaies, etc. pour bien voir ou bien agir sur les blessures. Donc j'avais une prof qui était renseignée parce qu'elle avait un kiné qui était lui aveugle. pas très loin du lieu d'origine où j'habitais, et elle m'a dit il y a une école à Lyon, tu devrais être enseigné Et ensuite, je me suis enseigné, et je suis venu faire mes études à Lyon pour faire mes études de kiné.

  • Speaker #0

    Super. Et justement, la partie de… Tu as eu ta formation de kiné, toi, en termes d'école, tu as été dans une école spécialisée ou pas forcément ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est une école spécialisée. du coup, ce n'est pas en lien avec l'association Valentin Aïgui, dans laquelle Xavier travaille en tant que formateur. C'est une autre asso qui est là, qui a ouvert une école à Lyon. Et donc, j'ai fait mes six ans d'études, donc deux ans de, entre guillemets, remise à niveau, parce que je n'avais pas fait de bac scientifique. Et ensuite, les quatre ans de kiné spécialisées, donc avec des cours adaptés. donc avec des adaptations en grossissement ou par exemple pour ceux qui avaient besoin de braille avec du braille et puis des profs qui venaient et qui passaient plus de temps avec nous pour nous expliquer pour qu'on puisse voir vraiment où sentir les choses plus facilement.

  • Speaker #0

    Donc il y avait d'autres personnes malvoyantes, d'autres personnes non voyantes ?

  • Speaker #1

    Alors oui il y avait un peu un peu des deux, des non voyants et des malvoyants et on avait aussi des... cours en commun avec les autres étudiants du cursus classique en amphi. Ce n'était pas les cours les plus simples forcément parce qu'il est un peu difficilement accessible mais en tout cas on avait un échange avec les autres étudiants.

  • Speaker #0

    Ok, génial. Et sur cette partie-là, tu parlais aussi que tu fais du sport, que tu fais du trail. Alors qu'est-ce que c'est que le trail ?

  • Speaker #1

    C'est de la course en nature. donc forêt, montagne Donc pas sur bitume, même si bon il y a des trails urbains qui existent. Donc courir en pleine nature quand on est malvoyant, c'est pas le truc qui paraît le plus logique tout de suite quand on voit ça. Mais j'ai découvert le trail en sortant de mes études de kiné, je le connaissais pas avant.

  • Speaker #0

    Et ça a été une vraie passion ?

  • Speaker #1

    Oui, alors déjà en fait la première chose je me suis dit, est-ce que c'est possible quand on voit mal de faire ça ? La première chose que je me suis dit, parce que c'est une patiente qui m'a fait découvrir le trail, c'était, elle me parlait du TMB, je ne sais pas, en août 2021, et du coup je l'ai regardé, je me suis dit, bah tiens, on va essayer, parce que tout ce qui me paraît un peu compliqué des fois j'aime bien, et puis vu que j'aimais courir déjà, je me suis dit, bah on va essayer. Donc j'ai commencé par un trail urbain, donc le Luomban Trail, et puis ensuite je me suis dit, bon bah maintenant on va essayer d'aller en montagne, ou en tout cas au moins en forêt, etc. Et j'ai commencé par un trail dans le Jura. Et là, j'ai vraiment compris ce que c'était le trail et ça a été compliqué.

  • Speaker #0

    Et ton déclic, donc c'est cette patiente finalement qui t'a fait découvrir le trail, mais ton déclic à toi de te lancer dans ce sport, quel a été ton déclic de dire c'est bon, j'y vais ?

  • Speaker #1

    C'est quand j'ai fait le premier, enfin, donc elle m'en a parlé, mais mon vrai premier trail et là où j'ai échoué, je me suis dit, je pense que c'est possible. Et le fait d'avoir cette sensation de liberté en pleine nature dans des lieux qui sont parfois difficilement accessibles, voire peu accessibles, voire pas, quand on est malvoyant ou aveugle, je me suis dit, j'ai envie de faire ça, j'ai envie d'essayer de faire ça, et puis je me suis passionné par ça.

  • Speaker #0

    Et ça t'a permis quoi aujourd'hui, justement, le trail ? Tu me parlais que tu as découvert ça en août 2021, on est en janvier 2025, donc tu as quelques années de pratique quand même. Qu'est-ce que ça a... Qu'est-ce que ça t'a permis de découvrir sur toi ou sur ta façon de vivre ton quotidien ?

  • Speaker #1

    Alors déjà, ça me fait relativiser sur beaucoup de choses, même si de base je relativise beaucoup, mais ce côté se dépasser, faire des choses qui paraissent inaccessibles. Enfin, il y a trois ans, je te dirais, allez, on va faire un Maratrail. Dans ma tête, je me disais, mais...

  • Speaker #0

    Maratrail, 42 kilomètres en trail.

  • Speaker #1

    À peu près 40 kilomètres en trail et je me disais, mais... Enfin, j'ai... Il fallait être cinglé pour faire ça. Et puis maintenant, j'ai envie de faire de l'ultra trail. Et un maratrail, pour moi, maintenant, est déjà quelque chose qui est plus facilement accessible. Puisque là, il y a trois ans, je me disais, mais je n'y arriverai peut-être jamais. Et donc, c'est ce défi de vouloir aller toujours plus loin qui m'anime dans ce sport.

  • Speaker #0

    Et on partage la même passion parce qu'on s'est rencontré en Komsa. Parce que je t'ai suivi sur les réseaux sociaux, notamment sur Instagram. Parce que moi aussi je suis une fan de trail, comme tu le sais. Et puis trail, et puis handicap, déficience visuelle, voilà tout de suite il y a eu des ponts qui se sont faits. Et parlons justement sur ton handicap si tu me le permets. Donc toi tu es malvoyant de naissance. Aujourd'hui tu es arrivée ici pour qu'on tourne le podcast sans canne, sans chien. globalement c'est un handicap invisible.

  • Speaker #1

    C'est ça en fait. On en a déjà parlé en off mais pour beaucoup de gens être malvoyant ou enfin ou aveugle c'est tout de suite une canne. Il n'y a pas de demi-mesure. Même quand parfois des personnes qui me croisent dans la rue et quand je leur demande de l'aide parce que je sais pas j'ai pas trouvé quelque chose je leur dis je suis malvoyant et ils me disent ah bon ? Et oui, forcément, je me déplace sans canne. Après, je connais très bien la ville aussi, mais la canne, ça ne m'est pas forcément nécessaire, en tout cas.

  • Speaker #0

    Par rapport, toi, à ton degré de malveillance que tu as, et c'est quoi les défis que tu rencontres dans ton quotidien, justement, d'un point de vue accessibilité, par rapport à ton handicap ?

  • Speaker #1

    Maintenant, j'en ai... Un peu moins dans le sens où j'ai moins peur de demander si j'ai besoin d'aide, si je ne trouve pas. Il y a quand même pas mal de choses qui permettent de se déplacer. Par exemple, il fait beau, il fait soleil, c'est super cool, mais moi ça m'éblouit. Par exemple, je ne vais pas voir les feux s'ils sont verts ou si ils sont rouges. Si il y a une grande rue à traverser, je ne vais pas forcément le voir.

  • Speaker #0

    Et tu as la télécommande pour les feux ? Je ne l'ai pas. Et tu ne l'as pas ?

  • Speaker #1

    Je ne l'ai pas et c'est vrai que je pourrais, mais...

  • Speaker #0

    Tu as bien fait sans, donc aujourd'hui, tu n'en vois pas facilement.

  • Speaker #1

    Voilà, c'est ça. Et puis, vu que j'emprunte souvent les mêmes routes, quand je sais que les voitures qui viennent de la droite freinent, je sais que ça va passer au vert si je ne le vois pas. Mais typiquement, là, on est en hiver. Moi, j'aime bien l'hiver parce qu'il n'y a pas beaucoup de soleil. Du coup, je vois bien, enfin mieux.

  • Speaker #0

    L'hiver à Lyon.

  • Speaker #1

    L'hiver à Lyon. Parce que toi,

  • Speaker #0

    tu es... Ce n'est pas l'hiver à Marseille. Et notamment, on parlait aussi un peu en off quand on s'est rencontrés, toi tu n'as jamais adhéré à une association, tu n'as jamais forcément eu à avoir besoin d'aide ou un accompagnement spécifique, et donc aujourd'hui il y a aussi de nombreuses personnes, et c'est sur ça aussi que moi j'aimerais échanger et surtout sensibiliser le grand public. Ce n'est pas parce qu'on a un handicap que tout de suite on est dans les associations nationales, au contraire. Il y a plein de personnes qui se débrouillent par elles-mêmes et qui n'ont jamais demandé de l'aide aux associations. Alors les associations, c'est super et heureusement qu'elles sont là pour défendre nos droits, pour nous aider, pour plaidoyer. Mais à côté de ça, il y a plein de personnes qui vivent aussi en dehors des assos. Et toi, si j'ai bien compris, c'est ton cas.

  • Speaker #1

    C'est ça. Alors actuellement, c'est mon cas. Pendant mes études, en fait, enfin quand j'étais plus petit, donc tout ce qui était... primaires, collèges et lycées, il y avait une association avec laquelle j'étais, moi et mes parents, en lien pour avoir des agrandissements, des choses comme ça, à l'école, dans le cursus classique que j'ai effectué, et j'avais aussi une AVS à partir de ma troisième, donc une auxiliaire de vie scolaire, qui m'aidait donc à retranscrire les cours. Mais ça a mis du temps, parce que c'est moi qui ai du mal à accepter mon handicap quand j'étais plus jeune. Je pense que quand j'étais arrivé à l'âge adulte, c'est à ce moment-là que j'ai vraiment accepté mon handicap. Et il y a peut-être aussi pour ça que j'ai pris du temps à avoir une AVS. Mais après, dans la vie actuelle, quotidienne, je n'ai pas de lien avec des associations particulières. Et oui, on peut très bien se débrouiller. Mais il faut savoir que si on a besoin d'aide, il ne faut pas hésiter non plus à le faire. En tout cas, voilà.

  • Speaker #0

    Il y a cette phase effectivement que je rencontre aussi beaucoup avec des personnes avec qui j'ai échangé, l'acceptation du handicap, c'est un grand sujet. Alors toi en plus, tu es malvoyante de naissance, mais il y a eu toute cette phase effectivement, on va dire, de grandir avec ce handicap. Et il y en a d'autres qui sont en situation de handicap visuel du jour au lendemain par un accident de la vie. Et donc là effectivement, il y a toute une phase de réappropriation, d'apprendre aussi un peu tout ce chemin-là pour s'aider dans notre quotidien. Et je trouve ça hyper intéressant parce qu'effectivement il y a cette phase-là et chacun a son propre, on va dire, déroulé de la vie et au bout d'un moment va se sentir pleinement accompli, épanoui.

  • Speaker #1

    C'est ça et puis ça prend pas toujours le même temps pour tout le monde. Alors moi je pense, après c'est pareil, c'est un avis parce que j'ai vécu en l'ayant dès le plus jeune âge, je pense que c'est plus facile, je pense, de... de naître avec son handicap et de grandir avec, que d'avoir un handicap qui vient brutalement, parce que du coup, là, on change tout du jour au lendemain, alors que j'ai dû grandir avec, mais il était déjà là. Donc je m'adaptais déjà à ce que j'avais, et pas à quelque chose de nouveau à chaque fois.

  • Speaker #0

    C'est de l'adaptation constante, et pas du jour au lendemain, à tout réapprendre, ou du moins, t'apprendre des nouveautés qu'on ne pratiquait pas dans le vie d'avant. Et justement, tu parlais de grossissement, de grossissement d'écran. J'imagine, grossissement, tu parlais à l'école que tu avais une aide pour le contenu de tes cours. Toi, aujourd'hui, qu'est-ce que tu utilises dans ton quotidien, notamment sur ton smartphone ? C'est majoritairement grossissement d'écran ?

  • Speaker #1

    Oui, je grandis l'écran. L'écran de mon ordinateur au travail aussi. Même l'écran de... du secrétariat ou je travaille dans un cabinet de kiné et donc du coup j'ai agrandi quelques petites choses en demandant mais sans le demander non plus à mes collègues pour que justement je puisse même avoir accès à l'ordinateur plus simplement et après j'utilise mon téléphone par exemple s'il y a un panneau que je vois pas je vais prendre mon téléphone je vais prendre je vais zoomer je vais chercher sur appareil photo ou sur une application et typiquement et Je fais aussi, peut-être, parfois, si jamais je vois mal quand c'est écrit sur un produit que je cherche, ou même un livre, je vais zoomer avec mon téléphone, parce que les livres, je peux lire de la police classique, on va dire 14, mais je ne vais pas lire très longtemps, parce qu'après je vais très vite être fatigué et avoir potentiellement mal à la tête.

  • Speaker #0

    Il y a des applications aujourd'hui qui existent où tu scans même un panneau, un produit, et ça te vocalise ? c'est des choses aussi que tu utilises en termes d'acclimation ?

  • Speaker #1

    pas forcément mais je pense que c'est quelque chose que je vais peut-être plus utiliser typiquement à Lyon je pense que ça J'en aurais pas forcément besoin, mais quand je suis allé à Paris l'autre jour, il y avait juillet, et je me suis dit, mais wow, là c'est trop compliqué, il y a trop de monde, il y a trop d'informations, c'est beaucoup plus grand, donc les panneaux un peu plus petits, et là je sais que typiquement je pense que ça serait utile tant que je n'ai pas le lieu d'utiliser ce genre d'application.

  • Speaker #0

    Ouais, en fait finalement c'est quand on est dans son train-train quotidien, bon on fait avec ce qu'on a autour de nous, et puis finalement c'est vraiment quand on se... des places et on va dans une autre ville qu'on ne connaît pas et là il y a toute une phase de réadaptation et d'apprentissage et potentiellement là d'utiliser des outils que dans notre quotidien on n'utiliserait pas forcément.

  • Speaker #1

    Voilà c'est ça et puis il y a aussi le côté de ne pas avoir peur de demander aux autres. Quand j'étais plus jeune je ne voulais pas demander aux autres, c'était pas possible, je voulais que je me débrouille tout seul. Maintenant je peux très bien, le jour où je suis un peu fatigué, je n'ai pas envie de chercher, je vais aller voir quelqu'un, je vais dire voilà je ne vois pas bien, est-ce que vous pouvez me dire ? Je vais directement y aller.

  • Speaker #0

    Ça, c'est la partie... Alors moi, j'avais rencontré des personnes, notamment des fiches audiovisuelles, elles appelaient ça le Uber piéton. Elles disaient, mais moi, je n'ai pas besoin de GPS. Je prends un bras après l'autre et je navigue comme ça. Je dirais que c'est une question aussi de personnalité. Au contraire, j'ai rencontré des personnes qui me disent, moi, je pars du principe que si un jour je suis tout seul au milieu de nulle part, il faut que je me débrouille par moi-même. Donc... Donc c'est aussi un trait de personnalité et justement aussi cette notion de faut pas avoir peur de demander de l'aide et moi je suis complètement d'accord avec toi. Et moi je suis la première, je suis pas en situation de handicap mais je suis la première à demander de l'aide de tout le monde. Pour ceux qui me connaissent ils savent que je n'ai jamais de batterie donc je suis là dans le train, chaque fois que je me déplace je me demande de la chargeur. C'est une autre façon de demander de l'aide mais moi ça mène beaucoup. Trêve de plaisanterie. Pour revenir un peu par rapport au sport que tu pratiques et au sport que l'on pratique, parce que je partage cette même passion que toi et ce même sport, je sais que tu as participé à déjà à des courses où on appelle, tu prends un dos phare. De la même façon, moi également, j'ai participé à plusieurs courses. Ce que je me suis aperçu dans les courses, c'est que parfois, alors que ce soit sur sur de la course à pied, donc sur le bitume type Marathon de Paris et autres courses. Et aussi en trail, parfois on a des sas spécifiques pour les personnes en situation de handicap, pour aussi les parents qui sont en poussette et qui font ce type de course. Toi aujourd'hui, dans les courses que tu as faites, est-ce que tu avais toujours... on va dire une réglementation spécifique, un CES spécifique ou pas forcément aujourd'hui c'est aléatoire par rapport au règlement des différentes courses et des organisateurs de courses ?

  • Speaker #1

    Alors c'est plutôt assez spécifique, ce que je qualifie d'handitrail ça n'existe pas trop, enfin très peu et c'est en train de se débloquer avec l'UTMB, avec ce que font l'UTMB et l'ouverture d'esprit des organisateurs de courses qui nous répondent quand on leur envoie des messages. J'ai eu des adaptations en fonction de parfois des demandes que j'ai pu faire ou simplement ne pas avoir de... Typiquement, je n'aime pas partir trop derrière, mais je suis tout le temps en retard, donc tout le temps je pars derrière. Mais typiquement, quand il y a beaucoup de monde ou un départ, c'est compliqué. Quand j'avais fait la Saint-Élion en 2023, je leur avais demandé si je pouvais partir dans le SAS 1, donc avec les élites. Je suis parti tout derrière des élites. Et ça m'a permis, je pense, de ne pas mettre en danger moi ou mettre en danger les autres. Parce que quand on part à plus de 1000 d'un coup comme ça et qu'il fait nuit, directement, personne ne fait attention à personne, c'est un peu compliqué. Même si, bon, c'est gérable, mais si on peut gagner de l'énergie à ne pas stresser pour ça, c'est quand même mieux. Après, pour le moment, c'est encore pas trop, trop développé.

  • Speaker #0

    Il y a des choses qui se mettent en place. Hier, tu as partagé une story notamment d'un mouvement qui est en train de se mettre en place, européen même ou international.

  • Speaker #1

    Surtout aux États-Unis et en Amérique, qui n'est pas encore en train de se développer autant en Europe. En Europe, on va dire que je ne connais pas tout le monde, mais en tout cas, connaissant une personne qui s'appelle Boris Girardi, qui est du pied de robot sur les réseaux sociaux. Donc, lui, c'est un... une personne qui a eu un accident de moto, donc qui est amputée tibiale, et qui a ouvert sa start-up qui s'appelle Level Up, et qui aide les personnes avec des prothèses ou qui ont été amputées. pour les appareiller pour refaire du sport. Et il a lancé avec l'UTMB la team adaptive l'année dernière, dans laquelle j'ai fait partie, pour que les personnes en situation de handicap ou porteuses de pathologie puissent avoir un accès privilégié au trail avec des accompagnants ou guides, si nécessaire, pour pouvoir participer à ces courses de façon sécuritaire et avec la même chance que les autres.

  • Speaker #0

    Et tu parles de guides, justement ?

  • Speaker #1

    Oui. Toi, tu as toujours couru avec un guide ? Non, non, non, j'ai pas. Jusqu'à ma première Saint-Élion, j'ai couru sans guide. Donc j'ai fait deux Maratrail sans guide. Alors, indirectement, les gens ne savaient pas, mais ils étaient indirectement mes guides. C'est-à-dire que je suivais les gens. Alors, c'est compliqué à faire parce que soit on explose parce qu'on suit quelqu'un qui va trop vite, mais vu qu'on est tout seul avec cette personne, on essaie de la suivre. Ou on ne va pas à son rythme et du coup, on... On est en sous régime et ça peut aussi être un peu compliqué. Mais la Saint-Élion, ça me paraissait nécessaire parce que c'était ma première course de nuit. Et là, je me suis dit, c'est ton premier 80 km, c'est de nuit, les conditions sont un petit peu tantesques en général. Je me suis dit, peut-être pas chercher trop les ennuis, on va essayer de se sécuriser. Et maintenant que je cours avec des guides, j'ai du mal à recourir seul en course.

  • Speaker #0

    C'est une habitude qu'on prend et c'est comme le lave-vaisselle. Quand on est habitué à faire la vaisselle à la main, après on ne peut pas... Enfin, quand on est habitué au lave-vaisselle, on ne peut pas refaire la vaisselle.

  • Speaker #1

    Sans doute. Mais c'est vrai que ça me fait gagner tellement d'énergie, de concentration, que pour la même course, je ne sais pas, je vais dire sur un maratrail, pour le même maratrail, si j'ai un guide ou si je n'ai pas un guide, admettons, si c'est un truc pas trop technique que je peux faire tout seul, je vais gagner deux heures au moins je pense facilement donc c'est un confort c'est un confort et puis vu que j'ai un petit côté compétiteur plus avec moi même qu'avec les autres mais j'aime bien faire toujours mieux quoi donc quand j'ai un guide je sais que je ferai mieux que si j'en ai pas donc forcément je prends un guide donc

  • Speaker #0

    maintenant c'est tous les dossards que tu vas prendre notamment sur l'année 2025 Ouais et sur le trail pour les personnes qui nous écoutent Les guides, ce sont des personnes qui ne sont pas en situation de handicap et qui permettent de guider des personnes déficientes visuelles dans les courses, que ce soit course à pied et trail. Sur la course à pied, on a ce qu'on appelle un lien, qu'on prenne généralement, il me semble, sur l'index. C'est ce qu'on a pu voir avec les Jeux paralympiques, où notamment les sprinters du 100 mètres, 400 mètres, ils courent avec un lien. Et sur le trail, est-ce que... Parce que les distances, les chemins parfois sont tellement petits, on appelle ça des singles, c'est-à-dire qu'on n'a pas le choix que d'être tout seul sur le chemin puisqu'il n'y a pas la place pour être deux. Comment ça se passe en trail ? Est-ce qu'il y a aussi ce système-là ?

  • Speaker #1

    Alors déjà en trail, ça existe très peu. Maintenant, j'ai rencontré d'autres personnes qui courent et qui ont des guides, entre guillemets. En fait, on appelle ça des guides parce que c'est des personnes qui nous accompagnent. mais il n'y a pas ce référentiel là dans le trail. Et alors, si on suit les règles de l'UTMB, pour ça, théoriquement, devrait la nuit avoir un lien avec un guide. Personnellement, je ne le ferai pas. Je ne l'ai jamais fait, je ne le ferai jamais. Me concernant, est-ce que je trouve ça dangereux en trail ? Parce que si je tombe, le guide tombe. Si le guide tombe, je tombe. A la rigueur, avoir un contact, ça m'est déjà arrivé sur une course où je ne voyais même pas mes pieds, d'avoir ma main sur l'épaule de mon guide pour sentir à quelle hauteur il levait le pied. Quand il disait lève la jambe droite, lève la jambe gauche, ça monte, ça monte je mettais ma main pour sentir à peu près à quelle hauteur il montait son pied. Mais le lien, je trouve que c'est dangereux entre elles.

  • Speaker #0

    Et sur les guides aussi, si je fais le parallèle toujours avec la course à pied, Alors c'est sur notamment les élites, ils ont plusieurs guides parfois, aussi selon la dispo des guides et selon les courses. Toi aussi tu cours avec plusieurs guides ?

  • Speaker #1

    Alors oui, j'ai plusieurs personnes qui m'ont déjà guidé et comme tu dis, en fonction de la dispo, en fonction de leur calendrier de course à eux aussi, c'est assez nécessaire d'avoir plusieurs personnes. peuvent potentiellement nous guider et ce que j'adore avec ça c'est qu'on peut avoir 10 personnes différentes qui nous guident et la course, on pourrait faire 10 fois la même course ça ne sera jamais pareil parce que les personnes sont uniques et même si elles ont le même objectif c'est de m'aider à aller jusqu'au bout ça ne sera pas fait de la même façon Et ça j'adore.

  • Speaker #0

    Et aussi une sensibilité particulière, il doit se passer quelque chose entre vous aussi parce que c'est être guide, quand on est en duo il faut avoir confiance en l'autre. Surtout sur des courses comme le trail.

  • Speaker #1

    Là si t'as pas confiance c'est compliqué. Moi je pense que ça paraît nécessaire. Moi je fais facilement confiance mais... C'est vrai que quand t'arrives dans un pierrier qui fait 2 mètres de large, à droite, c'est la chute mortelle si jamais. Là, si t'as pas confiance, c'est compliqué. Mais ça crée des liens vraiment incroyables. Après, c'est un peu guide, ça devient des amis, clairement. C'est une confiance qui va des deux sens. Et c'est là où c'est beau quand je vais parler de Pauline, qui est une amie. qui m'a demandé de faire 46 km, j'ai fait la course avec elle, elle m'a dit ça me rassure de la faire avec toi, je ne l'aurais pas fait toute seule.

  • Speaker #0

    Donc même elle, ça la rassure.

  • Speaker #1

    Alors qu'en soi, elle a totalement les capacités, et en plus de ça, le ferait beaucoup plus vite sans moi, et c'était pour se rassurer avant sa Saint-Élion, et donc ça fait toujours plaisir de se dire, bon, je peux rassurer alors que c'est elle qui m'apporte de l'aide, finalement. C'est ça qui est beau. Clairement.

  • Speaker #0

    Génial ! Et sur le trail, aujourd'hui, tu parlais justement que tu avais rejoint la team Adaptive. J'ai toujours dit Adaptative, non c'est Adaptive ! Donc c'est quelque chose qui a été mis en place par l'UTMB, tu dis ? Oui. Donc l'UTMB, pour ceux qui ne connaissent pas forcément l'écosystème de la course à pied et du trail, c'est l'Ultra Trail du Mont Blanc. qui est devenue maintenant une marque un peu de fabrique de partout dans le monde pour les courses parfois les plus compliquées en trail. Et c'est du Made in France, parce que ça vient de Chamonix. Ça a été créé à Chamonix. Est-ce que tu vois un changement des mentalités dans le sport et notamment dans le trail par rapport au handicap ?

  • Speaker #1

    Alors, je ne sais pas. Enfin, en tout cas... Je ne connaissais pas trop le trail avant, enfin je ne le connaissais pas avant. Moi, à chaque fois que j'ai parlé de mon handicap pendant les courses, ça m'arrivait de dire aux personnes je vous colle, je suis désolé, c'est parce que je suis malvoyant, je me sers de vos pas, etc. J'ai toujours eu des personnes bienveillantes, ouvertes, qui se posaient des questions, qui me posaient des questions par rapport à ça. Mais je pense que ça va faire encore plus avancer les choses, dans le sens où ça va sans doute permettre... et aider des gens qui se disaient je pourrais jamais faire ça ou j'aurais jamais la chance d'essayer de faire ça se dire en fait pourquoi pas pourquoi pas et je pense que ça c'est super bien mais les gens sont super bienveillants et ça je trouve

  • Speaker #0

    que c'est la mentalité trail de toute façon c'est pour ça que je fais aussi ce sport c'est vrai que c'est très bienveillant je le vois même sur les courses attention Racine tu l'as aidé c'est lui qui est merci qui est derrière toi en lui annonçant les dangers. Je trouve que c'est vraiment un esprit bienveillant et on est tous ensemble dans la même galère. Le but c'est de définir. En fait, c'est tellement dur. On apprend tellement aussi sur nous-mêmes pendant ce sport qu'il se passe quelque chose en nous. Quand on dépasse la ligne finisher, là il se passe quelque chose en nous, généralement quand on est sur des grandes distances et qu'on est allé chercher au fond de nous-mêmes.

  • Speaker #1

    C'est sûr, et puis même que ce soit des grandes ou même des petites distances, quand tu fais ton premier trail et que trois semaines avant, tu disais mais je ne vais jamais réussir à faire ces 15 kilomètres et tu l'es fini et tu te dis bon, en fait, la prochaine fois, ce sera 25

  • Speaker #0

    Toujours plus haut. Merci en tout cas pour ta vision des choses sur le sport, sur le trail. Maintenant, j'aimerais te mettre au petit défi de la boule de cristal. C'est quelque chose que je fais à tous mes invités. L'avenir aujourd'hui de l'inclusion, donc on est dans 10 ans, 2035, quel est pour toi l'avenir de l'inclusion et notamment dans le sport ?

  • Speaker #1

    Je pense que l'inclusion va prendre une part encore plus importante.

  • Speaker #0

    Cette réussite de cette année, d'avoir des JO paralympiques qui sont très médiatisés, le fait que ça évolue un petit peu dans tous les domaines, moi je pense que dans des ans, l'inclusion aura beaucoup avancé, même s'il y aura encore du travail, il y aura toujours du travail je pense, mais je pense que ça va être des choses qui vont être beaucoup plus suivies, où il y aura beaucoup plus de budget aussi je pense, parce que pour le moment je pense qu'il y a du budget, il y aura, je pense, beaucoup plus d'athlètes en e-sport qui seront professionnels et qui annonceront leur métier comme des athlètes, on va dire, classiques, je pense. J'espère.

  • Speaker #1

    On espère tous ça. Oui. Nous les premiers, je crois. Mais oui, est-ce que le trail, alors ça c'était un grand sujet dans le milieu du trail, est-ce que le trail serait un jour au Jeu Para ou au JO déjà, dans un premier temps, et demain peut-être au Jeu Para ? C'est un grand sujet, mais je crois que ça ne fait pas trop partie de la mentalité de ceux qui pratiquent le trail.

  • Speaker #0

    Oui, ça ne fait pas trop partie de la mentalité. Après, si ça évolue, si le côté handisport évolue plus dans le trail en lui-même, comme il s'est en train d'essayer de faire, je pense que ce n'est pas forcément nécessaire. Mais je pense que le trail ne sera jamais au JO. En tout cas, ce ne sera pas les athlètes qu'on connaît qui gagnent des courses actuellement qui iront faire les JO. Comme le football. Comme le football, oui.

  • Speaker #1

    Merci, merci beaucoup. Moi, j'ai un petit jeu à te faire faire. J'ai un petit verre avec plusieurs mots à l'intérieur et je vais te laisser en piocher un et pour le lire, si tu veux, je peux m'en occuper.

  • Speaker #0

    Braille.

  • Speaker #1

    Ouah ! Alors, qu'est-ce que tu en penses du braille ? Ou qu'est-ce que t'en penses ? Déjà, est-ce que tu as utilisé le braille à un moment donné ?

  • Speaker #0

    Je n'ai jamais utilisé le braille, je ne sais pas lire le braille. Quand j'avais mes camarades de classe qui étaient avec du coup leur feuille ou leur appareil pour retranscrire en braille, j'ai essayé et je me sentais mais vraiment à côté de la plaque. Parce que même si je suis malvoyant, vu que j'ai un reste visuel... assez, on va dire, important entre guillemets, mais je me sers beaucoup de mes yeux, j'ai jamais, déjà parce que j'en ai pas forcément besoin non plus, mais développer ça, et c'est vrai que c'est impressionnant la vitesse à laquelle ils arrivent à lire ou à retranscrire là où c'est très très difficile de lire.

  • Speaker #1

    Et c'est vrai que c'est quelque chose qui est dommage parce que ça se perd de plus en plus dans les chiffres et dans la data. Alors j'ai plus les chiffres en tête et je veux pas dire de bêtises. Mais je crois qu'on a moins de 20% des personnes qui sont déficientes visuelles aujourd'hui qui lisent le braille. Et c'est que plus on avance, et je pense que c'est aussi avec la poussée des nouvelles technologies, des smartphones, aujourd'hui l'outil du smartphone a permis vraiment d'augmenter ou d'améliorer nettement l'autonomie des personnes en situation de handicap, et même sur l'écriture, sur la vocalisation, sur… Donc finalement il y a eu un peu, voilà, cette… Cette diminution des personnes qui apprennent le braille, il n'y a pas très longtemps, c'était la journée. On a dit braille, c'était là, il n'y a pas très longtemps, au mois de janvier. Mais je pense que c'est toujours quelque chose qu'il faut persister parce que c'était une belle révolution pour les personnes en situation de handicap visuel, à l'époque, quand il n'y avait pas tout ce qu'on a aujourd'hui. Mais effectivement, et je partage, toi tu es malvoyant, c'est vrai que le braille va peut-être plus être poussé pour les non-voyants, en tout cas, je ne sais pas. ou pour un degré de malvoyant qui va avoir des spécificités et avoir besoin du braille à ce moment-là. Oui,

  • Speaker #0

    et puis tu vois, ce que tu dis, et tu en as parlé avec Xavier dans le dernier épisode, c'est avec les IA, les nouvelles technologies, typiquement, j'avais un camarade qui utilisait beaucoup le braille, qui faisait ses contrôles avec du braille, et en fait, plus les études avançaient, plus il fallait retranscrire de choses rapidement, et plus il le faisait avec son ordinateur, parce qu'il gagnait du temps dans ses évaluations, sur la lecture, la relecture aussi, parce qu'il mettait ses écouteurs, et faisait lire son ordinateur en x10, et relisait très vite ce qu'il pouvait faire, il écrivait plus vite aussi, donc je pense que c'est ce côté aussi, l'optimisation de l'outil, qui fait que quelque part c'est moins utilisé aussi.

  • Speaker #1

    Et j'aime bien la lecture x10. Ça c'est quelque chose qui m'a marquée, surtout avec les personnes aveugles. quand on... parce que sur les smartphones, elles utilisent ce qu'on appelle les vocalisateurs d'écran, alors c'est VoiceOver sur iOS, TalkBack sur Android et donc en fait ce qui fait que tout ce qui est à l'écran est vocalisé et on peut régler la vitesse de ces vocalisateurs là je crois que c'est même... c'est une tortue non le logo, on n'est plus en tête de ce que c'est mais qui permet d'accélérer la vitesse mais alors ils le lisent à une vitesse, même moi je ne comprends pas quoi Eux, ils sont... Enfin, les personnes aveugles et même malvoyantes qui utilisent les vocalisateurs, parce qu'il y a beaucoup de personnes aussi malvoyantes qui utilisent les vocalisateurs, c'est impressionnant à la vitesse que ça va.

  • Speaker #0

    Ah ben, moi, j'ai des potes qui s'en servent. Ah ben, ils peuvent mettre leur téléphone, personne ne comprendra. Même si on est en train de dire des méchancetés sur toutes les gens qui sont autour, il n'y a personne qui va comprendre. C'est une vitesse impressionnante. On se demande comment ils peuvent capter ça.

  • Speaker #1

    C'est dingue. Merci beaucoup Nicolas pour avoir partagé cette vie, ton quotidien, ton sport, d'avoir partagé tous ces éléments-là, ta vision des choses aussi sur le handicap, sur l'avenir de l'inclusion, sur le sport. Qu'est-ce qu'on te souhaite pour 2025 ?

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qui va arriver pour toi ? Déjà des courses, des courses encore. En tout cas au niveau... perso il y aura pas mal de courses donc essayer de consolider autour de 50-80 km m'améliorer sur le côté technique pour pouvoir aller faire des courses de plus en plus grandes, de plus en plus difficiles parce qu'à long terme l'idée ce serait de faire une déconne elle défaut en 2025 il va y avoir un film qui va sortir on a fait un projet l'année dernière avec Boris qui m'a aidé, donc on a fait la maxi race d'Annecy... On a fait le tour du lac par les montagnes, 4 malvoyants avec 4 guides. Le film va sortir dans le Nature Trial Film Festival cette année, en mars-avril. Il y a 83 dettes en France et dans d'autres pays. Il est à découvrir. L'idée serait de sensibiliser, de montrer que tout est possible. Et puis, à terme, j'ai un petit... rêve de devenir un peu un athlète, pas à part entière parce que j'aime mon travail de kiné, mais de devenir un coureur de trail malvoyant accompagné par des marques pour pouvoir encore plus progresser et montrer qu'on peut faire de grandes choses malgré un handicap.

  • Speaker #1

    Génial. Moi j'avais, parce que j'ai fait de la gym aussi pendant de nombreuses années, j'avais une phrase qui était ne jamais rien abandonner

  • Speaker #2

    et voir toujours plus haut et toujours plus loin et c'est ce que je te souhaite en tout cas merci beaucoup Nicolas et à très bientôt merci d'avoir écouté Déclic le podcast qui donne une voix à l'inclusion si cet épisode vous a plu partagez-le autour de vous et laissez une note ou un commentaire sur votre plateforme d'écoute préférée vous pouvez me rejoindre sur Instagram et Youtube le nom c'est déclicavecdehi.podcast pour découvrir les prochains invités et suivre la sortie des prochains épisodes. Je vous donne rendez-vous toutes les deux semaines, le jeudi, pour un nouveau déclic. A bientôt !

Chapters

  • Introduction du podcast

    00:11

  • Présentation de Nicolas, kinésithérapeute malvoyant

    02:05

  • Choix de carrière et parcours éducatif de Nicolas

    02:42

  • Découverte du trail et défis rencontrés

    04:47

  • Impact du trail sur la vie de Nicolas

    06:39

  • Discussion sur le handicap invisible et accessibilité

    08:05

  • Acceptation du handicap et parcours personnel

    08:54

  • Utilisation des technologies et outils d'aide

    13:38

  • Expérience de Nicolas avec les courses et les guides

    17:03

  • Perspectives d'avenir pour l'inclusion dans le sport

    29:21

Description

Êtes-vous prêt à découvrir Nicolas et son parcours de vie ? Avec passion et détermination, ils nous emmènent sur ses sentiers de trail.


Dans cet épisode de Décliic, je reçois Nicolas Ronget, un masseur-kinésithérapeute malvoyant et surtout, fervent amateur de trail. Ensemble, nous plongeons dans le monde inspirant du sport, en mettant en lumière l'importance de l'inclusion pour les personnes en situation de handicap.


Nicolas partage son parcours, de ses débuts en tant que kinésithérapeute à sa découverte du trail après ses études. Son récit est un véritable témoignage de résilience, alors qu'il évoque les défis qu'il a dû rencontrer tant dans ses défis sportifs que sur son handicap. À travers ses expériences, il exprime avec détermination son désir de devenir un athlète de trail accompli, qui relève tous les challenges, prouvant ainsi que tout est possible.


Ce dialogue inspirant met en lumière non seulement les défis rencontrés par les athlètes en situation de handicap, mais aussi leurs succès et leurs contributions au monde du sport. Avec des mots forts et motivants, Nicolas incarne l'esprit de dépassement de soi et de détermination.


Cet épisode est une invitation à réfléchir sur notre perception de l'inclusion, et à envisager un avenir où chacun, peu importe ses capacités, peut s'épanouir dans le sport.


👉 Retrouvez Nicolas Ronget sur Instagram ici et prochainement au Nature Trail Film Festival


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Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans Déclic, le podcast qui donne une voix à l'inclusion. Je suis Camille Malgian, co-fondatrice de deux start-up engagées dans le handicap. Depuis toujours, une chose m'anime profondément, l'envie d'aider, de connecter et de transformer. Déclic est le podcast qui donne la parole à celles et ceux qui incarnent l'inclusion et transforment des idées en action.

  • Speaker #1

    confiance mais qui va des deux sens en fait et c'est là où c'est beau quand je vais parler de Pauline qui est une amie qui m'a demandé de faire 46 km, enfin j'ai fait la course avec elle,

  • Speaker #0

    elle m'a dit ça me rassure de le faire avec toi je l'aurais pas fait toute seule donc même elle ça la rassure ?

  • Speaker #1

    alors qu'en soit totalement incapacité et en plus de ça le ferait beaucoup plus vite sans moi et c'était pour se rassurer avant sa Saint-Élion et donc ça fait toujours plaisir de se dire bon je peux rassurer alors que c'est elle qui m'apporte de l'aide.

  • Speaker #0

    On a couru tous les deux, merci de m'avoir aidé. C'est pas facile quand tu es un studio nomade. On est là en mode... Du coup on est avec CroixRousse et j'ai pu faire un peu de fractionner en côte pour aller chercher un port USB qui nous manquait mais on y arrive, on est là et c'est le principal.

  • Speaker #1

    On y arrive. Le problème a une solution,

  • Speaker #0

    c'est ma devise. Merci beaucoup d'avoir accepté mon invitation. Donc, toi, tu es Nicolas. Et ce que je vais faire, c'est que je vais te laisser te présenter parce que tu te présentes mieux que moi. Plus que moi, je te présente, en tout cas.

  • Speaker #1

    Eh bien, déjà, merci à toi de m'accueillir dans ton podcast. Du coup, moi, c'est Nicolas. J'ai 31 ans. Je suis masseur kinésithérapeute depuis un peu plus de trois ans. Je suis malvoyant de naissance. et je fais du trail.

  • Speaker #0

    Super. Et ça fait bien le lien parce que l'épisode précédent, j'avais Xavier qui était enseignant en kinésithérapie. Et donc, ça fait bien le lien aussi. Justement, pour parler de comment tu es devenu kiné, on en a parlé dans le précédent épisode avec Xavier. Quel a été ton choix, toi ? Est-ce que c'était inné ou comment ça s'est passé ton choix pour devenir kiné ?

  • Speaker #1

    Alors kiné, de base pas le métier de kiné en lui-même, j'ai toujours voulu être soignant, aider les autres, soigner, accompagner. Et au départ je voulais faire infirmier et on m'a dit en fait ça va être compliqué avec ta vue, notamment sur tout ce qui serait plaies, etc. pour bien voir ou bien agir sur les blessures. Donc j'avais une prof qui était renseignée parce qu'elle avait un kiné qui était lui aveugle. pas très loin du lieu d'origine où j'habitais, et elle m'a dit il y a une école à Lyon, tu devrais être enseigné Et ensuite, je me suis enseigné, et je suis venu faire mes études à Lyon pour faire mes études de kiné.

  • Speaker #0

    Super. Et justement, la partie de… Tu as eu ta formation de kiné, toi, en termes d'école, tu as été dans une école spécialisée ou pas forcément ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est une école spécialisée. du coup, ce n'est pas en lien avec l'association Valentin Aïgui, dans laquelle Xavier travaille en tant que formateur. C'est une autre asso qui est là, qui a ouvert une école à Lyon. Et donc, j'ai fait mes six ans d'études, donc deux ans de, entre guillemets, remise à niveau, parce que je n'avais pas fait de bac scientifique. Et ensuite, les quatre ans de kiné spécialisées, donc avec des cours adaptés. donc avec des adaptations en grossissement ou par exemple pour ceux qui avaient besoin de braille avec du braille et puis des profs qui venaient et qui passaient plus de temps avec nous pour nous expliquer pour qu'on puisse voir vraiment où sentir les choses plus facilement.

  • Speaker #0

    Donc il y avait d'autres personnes malvoyantes, d'autres personnes non voyantes ?

  • Speaker #1

    Alors oui il y avait un peu un peu des deux, des non voyants et des malvoyants et on avait aussi des... cours en commun avec les autres étudiants du cursus classique en amphi. Ce n'était pas les cours les plus simples forcément parce qu'il est un peu difficilement accessible mais en tout cas on avait un échange avec les autres étudiants.

  • Speaker #0

    Ok, génial. Et sur cette partie-là, tu parlais aussi que tu fais du sport, que tu fais du trail. Alors qu'est-ce que c'est que le trail ?

  • Speaker #1

    C'est de la course en nature. donc forêt, montagne Donc pas sur bitume, même si bon il y a des trails urbains qui existent. Donc courir en pleine nature quand on est malvoyant, c'est pas le truc qui paraît le plus logique tout de suite quand on voit ça. Mais j'ai découvert le trail en sortant de mes études de kiné, je le connaissais pas avant.

  • Speaker #0

    Et ça a été une vraie passion ?

  • Speaker #1

    Oui, alors déjà en fait la première chose je me suis dit, est-ce que c'est possible quand on voit mal de faire ça ? La première chose que je me suis dit, parce que c'est une patiente qui m'a fait découvrir le trail, c'était, elle me parlait du TMB, je ne sais pas, en août 2021, et du coup je l'ai regardé, je me suis dit, bah tiens, on va essayer, parce que tout ce qui me paraît un peu compliqué des fois j'aime bien, et puis vu que j'aimais courir déjà, je me suis dit, bah on va essayer. Donc j'ai commencé par un trail urbain, donc le Luomban Trail, et puis ensuite je me suis dit, bon bah maintenant on va essayer d'aller en montagne, ou en tout cas au moins en forêt, etc. Et j'ai commencé par un trail dans le Jura. Et là, j'ai vraiment compris ce que c'était le trail et ça a été compliqué.

  • Speaker #0

    Et ton déclic, donc c'est cette patiente finalement qui t'a fait découvrir le trail, mais ton déclic à toi de te lancer dans ce sport, quel a été ton déclic de dire c'est bon, j'y vais ?

  • Speaker #1

    C'est quand j'ai fait le premier, enfin, donc elle m'en a parlé, mais mon vrai premier trail et là où j'ai échoué, je me suis dit, je pense que c'est possible. Et le fait d'avoir cette sensation de liberté en pleine nature dans des lieux qui sont parfois difficilement accessibles, voire peu accessibles, voire pas, quand on est malvoyant ou aveugle, je me suis dit, j'ai envie de faire ça, j'ai envie d'essayer de faire ça, et puis je me suis passionné par ça.

  • Speaker #0

    Et ça t'a permis quoi aujourd'hui, justement, le trail ? Tu me parlais que tu as découvert ça en août 2021, on est en janvier 2025, donc tu as quelques années de pratique quand même. Qu'est-ce que ça a... Qu'est-ce que ça t'a permis de découvrir sur toi ou sur ta façon de vivre ton quotidien ?

  • Speaker #1

    Alors déjà, ça me fait relativiser sur beaucoup de choses, même si de base je relativise beaucoup, mais ce côté se dépasser, faire des choses qui paraissent inaccessibles. Enfin, il y a trois ans, je te dirais, allez, on va faire un Maratrail. Dans ma tête, je me disais, mais...

  • Speaker #0

    Maratrail, 42 kilomètres en trail.

  • Speaker #1

    À peu près 40 kilomètres en trail et je me disais, mais... Enfin, j'ai... Il fallait être cinglé pour faire ça. Et puis maintenant, j'ai envie de faire de l'ultra trail. Et un maratrail, pour moi, maintenant, est déjà quelque chose qui est plus facilement accessible. Puisque là, il y a trois ans, je me disais, mais je n'y arriverai peut-être jamais. Et donc, c'est ce défi de vouloir aller toujours plus loin qui m'anime dans ce sport.

  • Speaker #0

    Et on partage la même passion parce qu'on s'est rencontré en Komsa. Parce que je t'ai suivi sur les réseaux sociaux, notamment sur Instagram. Parce que moi aussi je suis une fan de trail, comme tu le sais. Et puis trail, et puis handicap, déficience visuelle, voilà tout de suite il y a eu des ponts qui se sont faits. Et parlons justement sur ton handicap si tu me le permets. Donc toi tu es malvoyant de naissance. Aujourd'hui tu es arrivée ici pour qu'on tourne le podcast sans canne, sans chien. globalement c'est un handicap invisible.

  • Speaker #1

    C'est ça en fait. On en a déjà parlé en off mais pour beaucoup de gens être malvoyant ou enfin ou aveugle c'est tout de suite une canne. Il n'y a pas de demi-mesure. Même quand parfois des personnes qui me croisent dans la rue et quand je leur demande de l'aide parce que je sais pas j'ai pas trouvé quelque chose je leur dis je suis malvoyant et ils me disent ah bon ? Et oui, forcément, je me déplace sans canne. Après, je connais très bien la ville aussi, mais la canne, ça ne m'est pas forcément nécessaire, en tout cas.

  • Speaker #0

    Par rapport, toi, à ton degré de malveillance que tu as, et c'est quoi les défis que tu rencontres dans ton quotidien, justement, d'un point de vue accessibilité, par rapport à ton handicap ?

  • Speaker #1

    Maintenant, j'en ai... Un peu moins dans le sens où j'ai moins peur de demander si j'ai besoin d'aide, si je ne trouve pas. Il y a quand même pas mal de choses qui permettent de se déplacer. Par exemple, il fait beau, il fait soleil, c'est super cool, mais moi ça m'éblouit. Par exemple, je ne vais pas voir les feux s'ils sont verts ou si ils sont rouges. Si il y a une grande rue à traverser, je ne vais pas forcément le voir.

  • Speaker #0

    Et tu as la télécommande pour les feux ? Je ne l'ai pas. Et tu ne l'as pas ?

  • Speaker #1

    Je ne l'ai pas et c'est vrai que je pourrais, mais...

  • Speaker #0

    Tu as bien fait sans, donc aujourd'hui, tu n'en vois pas facilement.

  • Speaker #1

    Voilà, c'est ça. Et puis, vu que j'emprunte souvent les mêmes routes, quand je sais que les voitures qui viennent de la droite freinent, je sais que ça va passer au vert si je ne le vois pas. Mais typiquement, là, on est en hiver. Moi, j'aime bien l'hiver parce qu'il n'y a pas beaucoup de soleil. Du coup, je vois bien, enfin mieux.

  • Speaker #0

    L'hiver à Lyon.

  • Speaker #1

    L'hiver à Lyon. Parce que toi,

  • Speaker #0

    tu es... Ce n'est pas l'hiver à Marseille. Et notamment, on parlait aussi un peu en off quand on s'est rencontrés, toi tu n'as jamais adhéré à une association, tu n'as jamais forcément eu à avoir besoin d'aide ou un accompagnement spécifique, et donc aujourd'hui il y a aussi de nombreuses personnes, et c'est sur ça aussi que moi j'aimerais échanger et surtout sensibiliser le grand public. Ce n'est pas parce qu'on a un handicap que tout de suite on est dans les associations nationales, au contraire. Il y a plein de personnes qui se débrouillent par elles-mêmes et qui n'ont jamais demandé de l'aide aux associations. Alors les associations, c'est super et heureusement qu'elles sont là pour défendre nos droits, pour nous aider, pour plaidoyer. Mais à côté de ça, il y a plein de personnes qui vivent aussi en dehors des assos. Et toi, si j'ai bien compris, c'est ton cas.

  • Speaker #1

    C'est ça. Alors actuellement, c'est mon cas. Pendant mes études, en fait, enfin quand j'étais plus petit, donc tout ce qui était... primaires, collèges et lycées, il y avait une association avec laquelle j'étais, moi et mes parents, en lien pour avoir des agrandissements, des choses comme ça, à l'école, dans le cursus classique que j'ai effectué, et j'avais aussi une AVS à partir de ma troisième, donc une auxiliaire de vie scolaire, qui m'aidait donc à retranscrire les cours. Mais ça a mis du temps, parce que c'est moi qui ai du mal à accepter mon handicap quand j'étais plus jeune. Je pense que quand j'étais arrivé à l'âge adulte, c'est à ce moment-là que j'ai vraiment accepté mon handicap. Et il y a peut-être aussi pour ça que j'ai pris du temps à avoir une AVS. Mais après, dans la vie actuelle, quotidienne, je n'ai pas de lien avec des associations particulières. Et oui, on peut très bien se débrouiller. Mais il faut savoir que si on a besoin d'aide, il ne faut pas hésiter non plus à le faire. En tout cas, voilà.

  • Speaker #0

    Il y a cette phase effectivement que je rencontre aussi beaucoup avec des personnes avec qui j'ai échangé, l'acceptation du handicap, c'est un grand sujet. Alors toi en plus, tu es malvoyante de naissance, mais il y a eu toute cette phase effectivement, on va dire, de grandir avec ce handicap. Et il y en a d'autres qui sont en situation de handicap visuel du jour au lendemain par un accident de la vie. Et donc là effectivement, il y a toute une phase de réappropriation, d'apprendre aussi un peu tout ce chemin-là pour s'aider dans notre quotidien. Et je trouve ça hyper intéressant parce qu'effectivement il y a cette phase-là et chacun a son propre, on va dire, déroulé de la vie et au bout d'un moment va se sentir pleinement accompli, épanoui.

  • Speaker #1

    C'est ça et puis ça prend pas toujours le même temps pour tout le monde. Alors moi je pense, après c'est pareil, c'est un avis parce que j'ai vécu en l'ayant dès le plus jeune âge, je pense que c'est plus facile, je pense, de... de naître avec son handicap et de grandir avec, que d'avoir un handicap qui vient brutalement, parce que du coup, là, on change tout du jour au lendemain, alors que j'ai dû grandir avec, mais il était déjà là. Donc je m'adaptais déjà à ce que j'avais, et pas à quelque chose de nouveau à chaque fois.

  • Speaker #0

    C'est de l'adaptation constante, et pas du jour au lendemain, à tout réapprendre, ou du moins, t'apprendre des nouveautés qu'on ne pratiquait pas dans le vie d'avant. Et justement, tu parlais de grossissement, de grossissement d'écran. J'imagine, grossissement, tu parlais à l'école que tu avais une aide pour le contenu de tes cours. Toi, aujourd'hui, qu'est-ce que tu utilises dans ton quotidien, notamment sur ton smartphone ? C'est majoritairement grossissement d'écran ?

  • Speaker #1

    Oui, je grandis l'écran. L'écran de mon ordinateur au travail aussi. Même l'écran de... du secrétariat ou je travaille dans un cabinet de kiné et donc du coup j'ai agrandi quelques petites choses en demandant mais sans le demander non plus à mes collègues pour que justement je puisse même avoir accès à l'ordinateur plus simplement et après j'utilise mon téléphone par exemple s'il y a un panneau que je vois pas je vais prendre mon téléphone je vais prendre je vais zoomer je vais chercher sur appareil photo ou sur une application et typiquement et Je fais aussi, peut-être, parfois, si jamais je vois mal quand c'est écrit sur un produit que je cherche, ou même un livre, je vais zoomer avec mon téléphone, parce que les livres, je peux lire de la police classique, on va dire 14, mais je ne vais pas lire très longtemps, parce qu'après je vais très vite être fatigué et avoir potentiellement mal à la tête.

  • Speaker #0

    Il y a des applications aujourd'hui qui existent où tu scans même un panneau, un produit, et ça te vocalise ? c'est des choses aussi que tu utilises en termes d'acclimation ?

  • Speaker #1

    pas forcément mais je pense que c'est quelque chose que je vais peut-être plus utiliser typiquement à Lyon je pense que ça J'en aurais pas forcément besoin, mais quand je suis allé à Paris l'autre jour, il y avait juillet, et je me suis dit, mais wow, là c'est trop compliqué, il y a trop de monde, il y a trop d'informations, c'est beaucoup plus grand, donc les panneaux un peu plus petits, et là je sais que typiquement je pense que ça serait utile tant que je n'ai pas le lieu d'utiliser ce genre d'application.

  • Speaker #0

    Ouais, en fait finalement c'est quand on est dans son train-train quotidien, bon on fait avec ce qu'on a autour de nous, et puis finalement c'est vraiment quand on se... des places et on va dans une autre ville qu'on ne connaît pas et là il y a toute une phase de réadaptation et d'apprentissage et potentiellement là d'utiliser des outils que dans notre quotidien on n'utiliserait pas forcément.

  • Speaker #1

    Voilà c'est ça et puis il y a aussi le côté de ne pas avoir peur de demander aux autres. Quand j'étais plus jeune je ne voulais pas demander aux autres, c'était pas possible, je voulais que je me débrouille tout seul. Maintenant je peux très bien, le jour où je suis un peu fatigué, je n'ai pas envie de chercher, je vais aller voir quelqu'un, je vais dire voilà je ne vois pas bien, est-ce que vous pouvez me dire ? Je vais directement y aller.

  • Speaker #0

    Ça, c'est la partie... Alors moi, j'avais rencontré des personnes, notamment des fiches audiovisuelles, elles appelaient ça le Uber piéton. Elles disaient, mais moi, je n'ai pas besoin de GPS. Je prends un bras après l'autre et je navigue comme ça. Je dirais que c'est une question aussi de personnalité. Au contraire, j'ai rencontré des personnes qui me disent, moi, je pars du principe que si un jour je suis tout seul au milieu de nulle part, il faut que je me débrouille par moi-même. Donc... Donc c'est aussi un trait de personnalité et justement aussi cette notion de faut pas avoir peur de demander de l'aide et moi je suis complètement d'accord avec toi. Et moi je suis la première, je suis pas en situation de handicap mais je suis la première à demander de l'aide de tout le monde. Pour ceux qui me connaissent ils savent que je n'ai jamais de batterie donc je suis là dans le train, chaque fois que je me déplace je me demande de la chargeur. C'est une autre façon de demander de l'aide mais moi ça mène beaucoup. Trêve de plaisanterie. Pour revenir un peu par rapport au sport que tu pratiques et au sport que l'on pratique, parce que je partage cette même passion que toi et ce même sport, je sais que tu as participé à déjà à des courses où on appelle, tu prends un dos phare. De la même façon, moi également, j'ai participé à plusieurs courses. Ce que je me suis aperçu dans les courses, c'est que parfois, alors que ce soit sur sur de la course à pied, donc sur le bitume type Marathon de Paris et autres courses. Et aussi en trail, parfois on a des sas spécifiques pour les personnes en situation de handicap, pour aussi les parents qui sont en poussette et qui font ce type de course. Toi aujourd'hui, dans les courses que tu as faites, est-ce que tu avais toujours... on va dire une réglementation spécifique, un CES spécifique ou pas forcément aujourd'hui c'est aléatoire par rapport au règlement des différentes courses et des organisateurs de courses ?

  • Speaker #1

    Alors c'est plutôt assez spécifique, ce que je qualifie d'handitrail ça n'existe pas trop, enfin très peu et c'est en train de se débloquer avec l'UTMB, avec ce que font l'UTMB et l'ouverture d'esprit des organisateurs de courses qui nous répondent quand on leur envoie des messages. J'ai eu des adaptations en fonction de parfois des demandes que j'ai pu faire ou simplement ne pas avoir de... Typiquement, je n'aime pas partir trop derrière, mais je suis tout le temps en retard, donc tout le temps je pars derrière. Mais typiquement, quand il y a beaucoup de monde ou un départ, c'est compliqué. Quand j'avais fait la Saint-Élion en 2023, je leur avais demandé si je pouvais partir dans le SAS 1, donc avec les élites. Je suis parti tout derrière des élites. Et ça m'a permis, je pense, de ne pas mettre en danger moi ou mettre en danger les autres. Parce que quand on part à plus de 1000 d'un coup comme ça et qu'il fait nuit, directement, personne ne fait attention à personne, c'est un peu compliqué. Même si, bon, c'est gérable, mais si on peut gagner de l'énergie à ne pas stresser pour ça, c'est quand même mieux. Après, pour le moment, c'est encore pas trop, trop développé.

  • Speaker #0

    Il y a des choses qui se mettent en place. Hier, tu as partagé une story notamment d'un mouvement qui est en train de se mettre en place, européen même ou international.

  • Speaker #1

    Surtout aux États-Unis et en Amérique, qui n'est pas encore en train de se développer autant en Europe. En Europe, on va dire que je ne connais pas tout le monde, mais en tout cas, connaissant une personne qui s'appelle Boris Girardi, qui est du pied de robot sur les réseaux sociaux. Donc, lui, c'est un... une personne qui a eu un accident de moto, donc qui est amputée tibiale, et qui a ouvert sa start-up qui s'appelle Level Up, et qui aide les personnes avec des prothèses ou qui ont été amputées. pour les appareiller pour refaire du sport. Et il a lancé avec l'UTMB la team adaptive l'année dernière, dans laquelle j'ai fait partie, pour que les personnes en situation de handicap ou porteuses de pathologie puissent avoir un accès privilégié au trail avec des accompagnants ou guides, si nécessaire, pour pouvoir participer à ces courses de façon sécuritaire et avec la même chance que les autres.

  • Speaker #0

    Et tu parles de guides, justement ?

  • Speaker #1

    Oui. Toi, tu as toujours couru avec un guide ? Non, non, non, j'ai pas. Jusqu'à ma première Saint-Élion, j'ai couru sans guide. Donc j'ai fait deux Maratrail sans guide. Alors, indirectement, les gens ne savaient pas, mais ils étaient indirectement mes guides. C'est-à-dire que je suivais les gens. Alors, c'est compliqué à faire parce que soit on explose parce qu'on suit quelqu'un qui va trop vite, mais vu qu'on est tout seul avec cette personne, on essaie de la suivre. Ou on ne va pas à son rythme et du coup, on... On est en sous régime et ça peut aussi être un peu compliqué. Mais la Saint-Élion, ça me paraissait nécessaire parce que c'était ma première course de nuit. Et là, je me suis dit, c'est ton premier 80 km, c'est de nuit, les conditions sont un petit peu tantesques en général. Je me suis dit, peut-être pas chercher trop les ennuis, on va essayer de se sécuriser. Et maintenant que je cours avec des guides, j'ai du mal à recourir seul en course.

  • Speaker #0

    C'est une habitude qu'on prend et c'est comme le lave-vaisselle. Quand on est habitué à faire la vaisselle à la main, après on ne peut pas... Enfin, quand on est habitué au lave-vaisselle, on ne peut pas refaire la vaisselle.

  • Speaker #1

    Sans doute. Mais c'est vrai que ça me fait gagner tellement d'énergie, de concentration, que pour la même course, je ne sais pas, je vais dire sur un maratrail, pour le même maratrail, si j'ai un guide ou si je n'ai pas un guide, admettons, si c'est un truc pas trop technique que je peux faire tout seul, je vais gagner deux heures au moins je pense facilement donc c'est un confort c'est un confort et puis vu que j'ai un petit côté compétiteur plus avec moi même qu'avec les autres mais j'aime bien faire toujours mieux quoi donc quand j'ai un guide je sais que je ferai mieux que si j'en ai pas donc forcément je prends un guide donc

  • Speaker #0

    maintenant c'est tous les dossards que tu vas prendre notamment sur l'année 2025 Ouais et sur le trail pour les personnes qui nous écoutent Les guides, ce sont des personnes qui ne sont pas en situation de handicap et qui permettent de guider des personnes déficientes visuelles dans les courses, que ce soit course à pied et trail. Sur la course à pied, on a ce qu'on appelle un lien, qu'on prenne généralement, il me semble, sur l'index. C'est ce qu'on a pu voir avec les Jeux paralympiques, où notamment les sprinters du 100 mètres, 400 mètres, ils courent avec un lien. Et sur le trail, est-ce que... Parce que les distances, les chemins parfois sont tellement petits, on appelle ça des singles, c'est-à-dire qu'on n'a pas le choix que d'être tout seul sur le chemin puisqu'il n'y a pas la place pour être deux. Comment ça se passe en trail ? Est-ce qu'il y a aussi ce système-là ?

  • Speaker #1

    Alors déjà en trail, ça existe très peu. Maintenant, j'ai rencontré d'autres personnes qui courent et qui ont des guides, entre guillemets. En fait, on appelle ça des guides parce que c'est des personnes qui nous accompagnent. mais il n'y a pas ce référentiel là dans le trail. Et alors, si on suit les règles de l'UTMB, pour ça, théoriquement, devrait la nuit avoir un lien avec un guide. Personnellement, je ne le ferai pas. Je ne l'ai jamais fait, je ne le ferai jamais. Me concernant, est-ce que je trouve ça dangereux en trail ? Parce que si je tombe, le guide tombe. Si le guide tombe, je tombe. A la rigueur, avoir un contact, ça m'est déjà arrivé sur une course où je ne voyais même pas mes pieds, d'avoir ma main sur l'épaule de mon guide pour sentir à quelle hauteur il levait le pied. Quand il disait lève la jambe droite, lève la jambe gauche, ça monte, ça monte je mettais ma main pour sentir à peu près à quelle hauteur il montait son pied. Mais le lien, je trouve que c'est dangereux entre elles.

  • Speaker #0

    Et sur les guides aussi, si je fais le parallèle toujours avec la course à pied, Alors c'est sur notamment les élites, ils ont plusieurs guides parfois, aussi selon la dispo des guides et selon les courses. Toi aussi tu cours avec plusieurs guides ?

  • Speaker #1

    Alors oui, j'ai plusieurs personnes qui m'ont déjà guidé et comme tu dis, en fonction de la dispo, en fonction de leur calendrier de course à eux aussi, c'est assez nécessaire d'avoir plusieurs personnes. peuvent potentiellement nous guider et ce que j'adore avec ça c'est qu'on peut avoir 10 personnes différentes qui nous guident et la course, on pourrait faire 10 fois la même course ça ne sera jamais pareil parce que les personnes sont uniques et même si elles ont le même objectif c'est de m'aider à aller jusqu'au bout ça ne sera pas fait de la même façon Et ça j'adore.

  • Speaker #0

    Et aussi une sensibilité particulière, il doit se passer quelque chose entre vous aussi parce que c'est être guide, quand on est en duo il faut avoir confiance en l'autre. Surtout sur des courses comme le trail.

  • Speaker #1

    Là si t'as pas confiance c'est compliqué. Moi je pense que ça paraît nécessaire. Moi je fais facilement confiance mais... C'est vrai que quand t'arrives dans un pierrier qui fait 2 mètres de large, à droite, c'est la chute mortelle si jamais. Là, si t'as pas confiance, c'est compliqué. Mais ça crée des liens vraiment incroyables. Après, c'est un peu guide, ça devient des amis, clairement. C'est une confiance qui va des deux sens. Et c'est là où c'est beau quand je vais parler de Pauline, qui est une amie. qui m'a demandé de faire 46 km, j'ai fait la course avec elle, elle m'a dit ça me rassure de la faire avec toi, je ne l'aurais pas fait toute seule.

  • Speaker #0

    Donc même elle, ça la rassure.

  • Speaker #1

    Alors qu'en soi, elle a totalement les capacités, et en plus de ça, le ferait beaucoup plus vite sans moi, et c'était pour se rassurer avant sa Saint-Élion, et donc ça fait toujours plaisir de se dire, bon, je peux rassurer alors que c'est elle qui m'apporte de l'aide, finalement. C'est ça qui est beau. Clairement.

  • Speaker #0

    Génial ! Et sur le trail, aujourd'hui, tu parlais justement que tu avais rejoint la team Adaptive. J'ai toujours dit Adaptative, non c'est Adaptive ! Donc c'est quelque chose qui a été mis en place par l'UTMB, tu dis ? Oui. Donc l'UTMB, pour ceux qui ne connaissent pas forcément l'écosystème de la course à pied et du trail, c'est l'Ultra Trail du Mont Blanc. qui est devenue maintenant une marque un peu de fabrique de partout dans le monde pour les courses parfois les plus compliquées en trail. Et c'est du Made in France, parce que ça vient de Chamonix. Ça a été créé à Chamonix. Est-ce que tu vois un changement des mentalités dans le sport et notamment dans le trail par rapport au handicap ?

  • Speaker #1

    Alors, je ne sais pas. Enfin, en tout cas... Je ne connaissais pas trop le trail avant, enfin je ne le connaissais pas avant. Moi, à chaque fois que j'ai parlé de mon handicap pendant les courses, ça m'arrivait de dire aux personnes je vous colle, je suis désolé, c'est parce que je suis malvoyant, je me sers de vos pas, etc. J'ai toujours eu des personnes bienveillantes, ouvertes, qui se posaient des questions, qui me posaient des questions par rapport à ça. Mais je pense que ça va faire encore plus avancer les choses, dans le sens où ça va sans doute permettre... et aider des gens qui se disaient je pourrais jamais faire ça ou j'aurais jamais la chance d'essayer de faire ça se dire en fait pourquoi pas pourquoi pas et je pense que ça c'est super bien mais les gens sont super bienveillants et ça je trouve

  • Speaker #0

    que c'est la mentalité trail de toute façon c'est pour ça que je fais aussi ce sport c'est vrai que c'est très bienveillant je le vois même sur les courses attention Racine tu l'as aidé c'est lui qui est merci qui est derrière toi en lui annonçant les dangers. Je trouve que c'est vraiment un esprit bienveillant et on est tous ensemble dans la même galère. Le but c'est de définir. En fait, c'est tellement dur. On apprend tellement aussi sur nous-mêmes pendant ce sport qu'il se passe quelque chose en nous. Quand on dépasse la ligne finisher, là il se passe quelque chose en nous, généralement quand on est sur des grandes distances et qu'on est allé chercher au fond de nous-mêmes.

  • Speaker #1

    C'est sûr, et puis même que ce soit des grandes ou même des petites distances, quand tu fais ton premier trail et que trois semaines avant, tu disais mais je ne vais jamais réussir à faire ces 15 kilomètres et tu l'es fini et tu te dis bon, en fait, la prochaine fois, ce sera 25

  • Speaker #0

    Toujours plus haut. Merci en tout cas pour ta vision des choses sur le sport, sur le trail. Maintenant, j'aimerais te mettre au petit défi de la boule de cristal. C'est quelque chose que je fais à tous mes invités. L'avenir aujourd'hui de l'inclusion, donc on est dans 10 ans, 2035, quel est pour toi l'avenir de l'inclusion et notamment dans le sport ?

  • Speaker #1

    Je pense que l'inclusion va prendre une part encore plus importante.

  • Speaker #0

    Cette réussite de cette année, d'avoir des JO paralympiques qui sont très médiatisés, le fait que ça évolue un petit peu dans tous les domaines, moi je pense que dans des ans, l'inclusion aura beaucoup avancé, même s'il y aura encore du travail, il y aura toujours du travail je pense, mais je pense que ça va être des choses qui vont être beaucoup plus suivies, où il y aura beaucoup plus de budget aussi je pense, parce que pour le moment je pense qu'il y a du budget, il y aura, je pense, beaucoup plus d'athlètes en e-sport qui seront professionnels et qui annonceront leur métier comme des athlètes, on va dire, classiques, je pense. J'espère.

  • Speaker #1

    On espère tous ça. Oui. Nous les premiers, je crois. Mais oui, est-ce que le trail, alors ça c'était un grand sujet dans le milieu du trail, est-ce que le trail serait un jour au Jeu Para ou au JO déjà, dans un premier temps, et demain peut-être au Jeu Para ? C'est un grand sujet, mais je crois que ça ne fait pas trop partie de la mentalité de ceux qui pratiquent le trail.

  • Speaker #0

    Oui, ça ne fait pas trop partie de la mentalité. Après, si ça évolue, si le côté handisport évolue plus dans le trail en lui-même, comme il s'est en train d'essayer de faire, je pense que ce n'est pas forcément nécessaire. Mais je pense que le trail ne sera jamais au JO. En tout cas, ce ne sera pas les athlètes qu'on connaît qui gagnent des courses actuellement qui iront faire les JO. Comme le football. Comme le football, oui.

  • Speaker #1

    Merci, merci beaucoup. Moi, j'ai un petit jeu à te faire faire. J'ai un petit verre avec plusieurs mots à l'intérieur et je vais te laisser en piocher un et pour le lire, si tu veux, je peux m'en occuper.

  • Speaker #0

    Braille.

  • Speaker #1

    Ouah ! Alors, qu'est-ce que tu en penses du braille ? Ou qu'est-ce que t'en penses ? Déjà, est-ce que tu as utilisé le braille à un moment donné ?

  • Speaker #0

    Je n'ai jamais utilisé le braille, je ne sais pas lire le braille. Quand j'avais mes camarades de classe qui étaient avec du coup leur feuille ou leur appareil pour retranscrire en braille, j'ai essayé et je me sentais mais vraiment à côté de la plaque. Parce que même si je suis malvoyant, vu que j'ai un reste visuel... assez, on va dire, important entre guillemets, mais je me sers beaucoup de mes yeux, j'ai jamais, déjà parce que j'en ai pas forcément besoin non plus, mais développer ça, et c'est vrai que c'est impressionnant la vitesse à laquelle ils arrivent à lire ou à retranscrire là où c'est très très difficile de lire.

  • Speaker #1

    Et c'est vrai que c'est quelque chose qui est dommage parce que ça se perd de plus en plus dans les chiffres et dans la data. Alors j'ai plus les chiffres en tête et je veux pas dire de bêtises. Mais je crois qu'on a moins de 20% des personnes qui sont déficientes visuelles aujourd'hui qui lisent le braille. Et c'est que plus on avance, et je pense que c'est aussi avec la poussée des nouvelles technologies, des smartphones, aujourd'hui l'outil du smartphone a permis vraiment d'augmenter ou d'améliorer nettement l'autonomie des personnes en situation de handicap, et même sur l'écriture, sur la vocalisation, sur… Donc finalement il y a eu un peu, voilà, cette… Cette diminution des personnes qui apprennent le braille, il n'y a pas très longtemps, c'était la journée. On a dit braille, c'était là, il n'y a pas très longtemps, au mois de janvier. Mais je pense que c'est toujours quelque chose qu'il faut persister parce que c'était une belle révolution pour les personnes en situation de handicap visuel, à l'époque, quand il n'y avait pas tout ce qu'on a aujourd'hui. Mais effectivement, et je partage, toi tu es malvoyant, c'est vrai que le braille va peut-être plus être poussé pour les non-voyants, en tout cas, je ne sais pas. ou pour un degré de malvoyant qui va avoir des spécificités et avoir besoin du braille à ce moment-là. Oui,

  • Speaker #0

    et puis tu vois, ce que tu dis, et tu en as parlé avec Xavier dans le dernier épisode, c'est avec les IA, les nouvelles technologies, typiquement, j'avais un camarade qui utilisait beaucoup le braille, qui faisait ses contrôles avec du braille, et en fait, plus les études avançaient, plus il fallait retranscrire de choses rapidement, et plus il le faisait avec son ordinateur, parce qu'il gagnait du temps dans ses évaluations, sur la lecture, la relecture aussi, parce qu'il mettait ses écouteurs, et faisait lire son ordinateur en x10, et relisait très vite ce qu'il pouvait faire, il écrivait plus vite aussi, donc je pense que c'est ce côté aussi, l'optimisation de l'outil, qui fait que quelque part c'est moins utilisé aussi.

  • Speaker #1

    Et j'aime bien la lecture x10. Ça c'est quelque chose qui m'a marquée, surtout avec les personnes aveugles. quand on... parce que sur les smartphones, elles utilisent ce qu'on appelle les vocalisateurs d'écran, alors c'est VoiceOver sur iOS, TalkBack sur Android et donc en fait ce qui fait que tout ce qui est à l'écran est vocalisé et on peut régler la vitesse de ces vocalisateurs là je crois que c'est même... c'est une tortue non le logo, on n'est plus en tête de ce que c'est mais qui permet d'accélérer la vitesse mais alors ils le lisent à une vitesse, même moi je ne comprends pas quoi Eux, ils sont... Enfin, les personnes aveugles et même malvoyantes qui utilisent les vocalisateurs, parce qu'il y a beaucoup de personnes aussi malvoyantes qui utilisent les vocalisateurs, c'est impressionnant à la vitesse que ça va.

  • Speaker #0

    Ah ben, moi, j'ai des potes qui s'en servent. Ah ben, ils peuvent mettre leur téléphone, personne ne comprendra. Même si on est en train de dire des méchancetés sur toutes les gens qui sont autour, il n'y a personne qui va comprendre. C'est une vitesse impressionnante. On se demande comment ils peuvent capter ça.

  • Speaker #1

    C'est dingue. Merci beaucoup Nicolas pour avoir partagé cette vie, ton quotidien, ton sport, d'avoir partagé tous ces éléments-là, ta vision des choses aussi sur le handicap, sur l'avenir de l'inclusion, sur le sport. Qu'est-ce qu'on te souhaite pour 2025 ?

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qui va arriver pour toi ? Déjà des courses, des courses encore. En tout cas au niveau... perso il y aura pas mal de courses donc essayer de consolider autour de 50-80 km m'améliorer sur le côté technique pour pouvoir aller faire des courses de plus en plus grandes, de plus en plus difficiles parce qu'à long terme l'idée ce serait de faire une déconne elle défaut en 2025 il va y avoir un film qui va sortir on a fait un projet l'année dernière avec Boris qui m'a aidé, donc on a fait la maxi race d'Annecy... On a fait le tour du lac par les montagnes, 4 malvoyants avec 4 guides. Le film va sortir dans le Nature Trial Film Festival cette année, en mars-avril. Il y a 83 dettes en France et dans d'autres pays. Il est à découvrir. L'idée serait de sensibiliser, de montrer que tout est possible. Et puis, à terme, j'ai un petit... rêve de devenir un peu un athlète, pas à part entière parce que j'aime mon travail de kiné, mais de devenir un coureur de trail malvoyant accompagné par des marques pour pouvoir encore plus progresser et montrer qu'on peut faire de grandes choses malgré un handicap.

  • Speaker #1

    Génial. Moi j'avais, parce que j'ai fait de la gym aussi pendant de nombreuses années, j'avais une phrase qui était ne jamais rien abandonner

  • Speaker #2

    et voir toujours plus haut et toujours plus loin et c'est ce que je te souhaite en tout cas merci beaucoup Nicolas et à très bientôt merci d'avoir écouté Déclic le podcast qui donne une voix à l'inclusion si cet épisode vous a plu partagez-le autour de vous et laissez une note ou un commentaire sur votre plateforme d'écoute préférée vous pouvez me rejoindre sur Instagram et Youtube le nom c'est déclicavecdehi.podcast pour découvrir les prochains invités et suivre la sortie des prochains épisodes. Je vous donne rendez-vous toutes les deux semaines, le jeudi, pour un nouveau déclic. A bientôt !

Chapters

  • Introduction du podcast

    00:11

  • Présentation de Nicolas, kinésithérapeute malvoyant

    02:05

  • Choix de carrière et parcours éducatif de Nicolas

    02:42

  • Découverte du trail et défis rencontrés

    04:47

  • Impact du trail sur la vie de Nicolas

    06:39

  • Discussion sur le handicap invisible et accessibilité

    08:05

  • Acceptation du handicap et parcours personnel

    08:54

  • Utilisation des technologies et outils d'aide

    13:38

  • Expérience de Nicolas avec les courses et les guides

    17:03

  • Perspectives d'avenir pour l'inclusion dans le sport

    29:21

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Description

Êtes-vous prêt à découvrir Nicolas et son parcours de vie ? Avec passion et détermination, ils nous emmènent sur ses sentiers de trail.


Dans cet épisode de Décliic, je reçois Nicolas Ronget, un masseur-kinésithérapeute malvoyant et surtout, fervent amateur de trail. Ensemble, nous plongeons dans le monde inspirant du sport, en mettant en lumière l'importance de l'inclusion pour les personnes en situation de handicap.


Nicolas partage son parcours, de ses débuts en tant que kinésithérapeute à sa découverte du trail après ses études. Son récit est un véritable témoignage de résilience, alors qu'il évoque les défis qu'il a dû rencontrer tant dans ses défis sportifs que sur son handicap. À travers ses expériences, il exprime avec détermination son désir de devenir un athlète de trail accompli, qui relève tous les challenges, prouvant ainsi que tout est possible.


Ce dialogue inspirant met en lumière non seulement les défis rencontrés par les athlètes en situation de handicap, mais aussi leurs succès et leurs contributions au monde du sport. Avec des mots forts et motivants, Nicolas incarne l'esprit de dépassement de soi et de détermination.


Cet épisode est une invitation à réfléchir sur notre perception de l'inclusion, et à envisager un avenir où chacun, peu importe ses capacités, peut s'épanouir dans le sport.


👉 Retrouvez Nicolas Ronget sur Instagram ici et prochainement au Nature Trail Film Festival


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Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans Déclic, le podcast qui donne une voix à l'inclusion. Je suis Camille Malgian, co-fondatrice de deux start-up engagées dans le handicap. Depuis toujours, une chose m'anime profondément, l'envie d'aider, de connecter et de transformer. Déclic est le podcast qui donne la parole à celles et ceux qui incarnent l'inclusion et transforment des idées en action.

  • Speaker #1

    confiance mais qui va des deux sens en fait et c'est là où c'est beau quand je vais parler de Pauline qui est une amie qui m'a demandé de faire 46 km, enfin j'ai fait la course avec elle,

  • Speaker #0

    elle m'a dit ça me rassure de le faire avec toi je l'aurais pas fait toute seule donc même elle ça la rassure ?

  • Speaker #1

    alors qu'en soit totalement incapacité et en plus de ça le ferait beaucoup plus vite sans moi et c'était pour se rassurer avant sa Saint-Élion et donc ça fait toujours plaisir de se dire bon je peux rassurer alors que c'est elle qui m'apporte de l'aide.

  • Speaker #0

    On a couru tous les deux, merci de m'avoir aidé. C'est pas facile quand tu es un studio nomade. On est là en mode... Du coup on est avec CroixRousse et j'ai pu faire un peu de fractionner en côte pour aller chercher un port USB qui nous manquait mais on y arrive, on est là et c'est le principal.

  • Speaker #1

    On y arrive. Le problème a une solution,

  • Speaker #0

    c'est ma devise. Merci beaucoup d'avoir accepté mon invitation. Donc, toi, tu es Nicolas. Et ce que je vais faire, c'est que je vais te laisser te présenter parce que tu te présentes mieux que moi. Plus que moi, je te présente, en tout cas.

  • Speaker #1

    Eh bien, déjà, merci à toi de m'accueillir dans ton podcast. Du coup, moi, c'est Nicolas. J'ai 31 ans. Je suis masseur kinésithérapeute depuis un peu plus de trois ans. Je suis malvoyant de naissance. et je fais du trail.

  • Speaker #0

    Super. Et ça fait bien le lien parce que l'épisode précédent, j'avais Xavier qui était enseignant en kinésithérapie. Et donc, ça fait bien le lien aussi. Justement, pour parler de comment tu es devenu kiné, on en a parlé dans le précédent épisode avec Xavier. Quel a été ton choix, toi ? Est-ce que c'était inné ou comment ça s'est passé ton choix pour devenir kiné ?

  • Speaker #1

    Alors kiné, de base pas le métier de kiné en lui-même, j'ai toujours voulu être soignant, aider les autres, soigner, accompagner. Et au départ je voulais faire infirmier et on m'a dit en fait ça va être compliqué avec ta vue, notamment sur tout ce qui serait plaies, etc. pour bien voir ou bien agir sur les blessures. Donc j'avais une prof qui était renseignée parce qu'elle avait un kiné qui était lui aveugle. pas très loin du lieu d'origine où j'habitais, et elle m'a dit il y a une école à Lyon, tu devrais être enseigné Et ensuite, je me suis enseigné, et je suis venu faire mes études à Lyon pour faire mes études de kiné.

  • Speaker #0

    Super. Et justement, la partie de… Tu as eu ta formation de kiné, toi, en termes d'école, tu as été dans une école spécialisée ou pas forcément ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est une école spécialisée. du coup, ce n'est pas en lien avec l'association Valentin Aïgui, dans laquelle Xavier travaille en tant que formateur. C'est une autre asso qui est là, qui a ouvert une école à Lyon. Et donc, j'ai fait mes six ans d'études, donc deux ans de, entre guillemets, remise à niveau, parce que je n'avais pas fait de bac scientifique. Et ensuite, les quatre ans de kiné spécialisées, donc avec des cours adaptés. donc avec des adaptations en grossissement ou par exemple pour ceux qui avaient besoin de braille avec du braille et puis des profs qui venaient et qui passaient plus de temps avec nous pour nous expliquer pour qu'on puisse voir vraiment où sentir les choses plus facilement.

  • Speaker #0

    Donc il y avait d'autres personnes malvoyantes, d'autres personnes non voyantes ?

  • Speaker #1

    Alors oui il y avait un peu un peu des deux, des non voyants et des malvoyants et on avait aussi des... cours en commun avec les autres étudiants du cursus classique en amphi. Ce n'était pas les cours les plus simples forcément parce qu'il est un peu difficilement accessible mais en tout cas on avait un échange avec les autres étudiants.

  • Speaker #0

    Ok, génial. Et sur cette partie-là, tu parlais aussi que tu fais du sport, que tu fais du trail. Alors qu'est-ce que c'est que le trail ?

  • Speaker #1

    C'est de la course en nature. donc forêt, montagne Donc pas sur bitume, même si bon il y a des trails urbains qui existent. Donc courir en pleine nature quand on est malvoyant, c'est pas le truc qui paraît le plus logique tout de suite quand on voit ça. Mais j'ai découvert le trail en sortant de mes études de kiné, je le connaissais pas avant.

  • Speaker #0

    Et ça a été une vraie passion ?

  • Speaker #1

    Oui, alors déjà en fait la première chose je me suis dit, est-ce que c'est possible quand on voit mal de faire ça ? La première chose que je me suis dit, parce que c'est une patiente qui m'a fait découvrir le trail, c'était, elle me parlait du TMB, je ne sais pas, en août 2021, et du coup je l'ai regardé, je me suis dit, bah tiens, on va essayer, parce que tout ce qui me paraît un peu compliqué des fois j'aime bien, et puis vu que j'aimais courir déjà, je me suis dit, bah on va essayer. Donc j'ai commencé par un trail urbain, donc le Luomban Trail, et puis ensuite je me suis dit, bon bah maintenant on va essayer d'aller en montagne, ou en tout cas au moins en forêt, etc. Et j'ai commencé par un trail dans le Jura. Et là, j'ai vraiment compris ce que c'était le trail et ça a été compliqué.

  • Speaker #0

    Et ton déclic, donc c'est cette patiente finalement qui t'a fait découvrir le trail, mais ton déclic à toi de te lancer dans ce sport, quel a été ton déclic de dire c'est bon, j'y vais ?

  • Speaker #1

    C'est quand j'ai fait le premier, enfin, donc elle m'en a parlé, mais mon vrai premier trail et là où j'ai échoué, je me suis dit, je pense que c'est possible. Et le fait d'avoir cette sensation de liberté en pleine nature dans des lieux qui sont parfois difficilement accessibles, voire peu accessibles, voire pas, quand on est malvoyant ou aveugle, je me suis dit, j'ai envie de faire ça, j'ai envie d'essayer de faire ça, et puis je me suis passionné par ça.

  • Speaker #0

    Et ça t'a permis quoi aujourd'hui, justement, le trail ? Tu me parlais que tu as découvert ça en août 2021, on est en janvier 2025, donc tu as quelques années de pratique quand même. Qu'est-ce que ça a... Qu'est-ce que ça t'a permis de découvrir sur toi ou sur ta façon de vivre ton quotidien ?

  • Speaker #1

    Alors déjà, ça me fait relativiser sur beaucoup de choses, même si de base je relativise beaucoup, mais ce côté se dépasser, faire des choses qui paraissent inaccessibles. Enfin, il y a trois ans, je te dirais, allez, on va faire un Maratrail. Dans ma tête, je me disais, mais...

  • Speaker #0

    Maratrail, 42 kilomètres en trail.

  • Speaker #1

    À peu près 40 kilomètres en trail et je me disais, mais... Enfin, j'ai... Il fallait être cinglé pour faire ça. Et puis maintenant, j'ai envie de faire de l'ultra trail. Et un maratrail, pour moi, maintenant, est déjà quelque chose qui est plus facilement accessible. Puisque là, il y a trois ans, je me disais, mais je n'y arriverai peut-être jamais. Et donc, c'est ce défi de vouloir aller toujours plus loin qui m'anime dans ce sport.

  • Speaker #0

    Et on partage la même passion parce qu'on s'est rencontré en Komsa. Parce que je t'ai suivi sur les réseaux sociaux, notamment sur Instagram. Parce que moi aussi je suis une fan de trail, comme tu le sais. Et puis trail, et puis handicap, déficience visuelle, voilà tout de suite il y a eu des ponts qui se sont faits. Et parlons justement sur ton handicap si tu me le permets. Donc toi tu es malvoyant de naissance. Aujourd'hui tu es arrivée ici pour qu'on tourne le podcast sans canne, sans chien. globalement c'est un handicap invisible.

  • Speaker #1

    C'est ça en fait. On en a déjà parlé en off mais pour beaucoup de gens être malvoyant ou enfin ou aveugle c'est tout de suite une canne. Il n'y a pas de demi-mesure. Même quand parfois des personnes qui me croisent dans la rue et quand je leur demande de l'aide parce que je sais pas j'ai pas trouvé quelque chose je leur dis je suis malvoyant et ils me disent ah bon ? Et oui, forcément, je me déplace sans canne. Après, je connais très bien la ville aussi, mais la canne, ça ne m'est pas forcément nécessaire, en tout cas.

  • Speaker #0

    Par rapport, toi, à ton degré de malveillance que tu as, et c'est quoi les défis que tu rencontres dans ton quotidien, justement, d'un point de vue accessibilité, par rapport à ton handicap ?

  • Speaker #1

    Maintenant, j'en ai... Un peu moins dans le sens où j'ai moins peur de demander si j'ai besoin d'aide, si je ne trouve pas. Il y a quand même pas mal de choses qui permettent de se déplacer. Par exemple, il fait beau, il fait soleil, c'est super cool, mais moi ça m'éblouit. Par exemple, je ne vais pas voir les feux s'ils sont verts ou si ils sont rouges. Si il y a une grande rue à traverser, je ne vais pas forcément le voir.

  • Speaker #0

    Et tu as la télécommande pour les feux ? Je ne l'ai pas. Et tu ne l'as pas ?

  • Speaker #1

    Je ne l'ai pas et c'est vrai que je pourrais, mais...

  • Speaker #0

    Tu as bien fait sans, donc aujourd'hui, tu n'en vois pas facilement.

  • Speaker #1

    Voilà, c'est ça. Et puis, vu que j'emprunte souvent les mêmes routes, quand je sais que les voitures qui viennent de la droite freinent, je sais que ça va passer au vert si je ne le vois pas. Mais typiquement, là, on est en hiver. Moi, j'aime bien l'hiver parce qu'il n'y a pas beaucoup de soleil. Du coup, je vois bien, enfin mieux.

  • Speaker #0

    L'hiver à Lyon.

  • Speaker #1

    L'hiver à Lyon. Parce que toi,

  • Speaker #0

    tu es... Ce n'est pas l'hiver à Marseille. Et notamment, on parlait aussi un peu en off quand on s'est rencontrés, toi tu n'as jamais adhéré à une association, tu n'as jamais forcément eu à avoir besoin d'aide ou un accompagnement spécifique, et donc aujourd'hui il y a aussi de nombreuses personnes, et c'est sur ça aussi que moi j'aimerais échanger et surtout sensibiliser le grand public. Ce n'est pas parce qu'on a un handicap que tout de suite on est dans les associations nationales, au contraire. Il y a plein de personnes qui se débrouillent par elles-mêmes et qui n'ont jamais demandé de l'aide aux associations. Alors les associations, c'est super et heureusement qu'elles sont là pour défendre nos droits, pour nous aider, pour plaidoyer. Mais à côté de ça, il y a plein de personnes qui vivent aussi en dehors des assos. Et toi, si j'ai bien compris, c'est ton cas.

  • Speaker #1

    C'est ça. Alors actuellement, c'est mon cas. Pendant mes études, en fait, enfin quand j'étais plus petit, donc tout ce qui était... primaires, collèges et lycées, il y avait une association avec laquelle j'étais, moi et mes parents, en lien pour avoir des agrandissements, des choses comme ça, à l'école, dans le cursus classique que j'ai effectué, et j'avais aussi une AVS à partir de ma troisième, donc une auxiliaire de vie scolaire, qui m'aidait donc à retranscrire les cours. Mais ça a mis du temps, parce que c'est moi qui ai du mal à accepter mon handicap quand j'étais plus jeune. Je pense que quand j'étais arrivé à l'âge adulte, c'est à ce moment-là que j'ai vraiment accepté mon handicap. Et il y a peut-être aussi pour ça que j'ai pris du temps à avoir une AVS. Mais après, dans la vie actuelle, quotidienne, je n'ai pas de lien avec des associations particulières. Et oui, on peut très bien se débrouiller. Mais il faut savoir que si on a besoin d'aide, il ne faut pas hésiter non plus à le faire. En tout cas, voilà.

  • Speaker #0

    Il y a cette phase effectivement que je rencontre aussi beaucoup avec des personnes avec qui j'ai échangé, l'acceptation du handicap, c'est un grand sujet. Alors toi en plus, tu es malvoyante de naissance, mais il y a eu toute cette phase effectivement, on va dire, de grandir avec ce handicap. Et il y en a d'autres qui sont en situation de handicap visuel du jour au lendemain par un accident de la vie. Et donc là effectivement, il y a toute une phase de réappropriation, d'apprendre aussi un peu tout ce chemin-là pour s'aider dans notre quotidien. Et je trouve ça hyper intéressant parce qu'effectivement il y a cette phase-là et chacun a son propre, on va dire, déroulé de la vie et au bout d'un moment va se sentir pleinement accompli, épanoui.

  • Speaker #1

    C'est ça et puis ça prend pas toujours le même temps pour tout le monde. Alors moi je pense, après c'est pareil, c'est un avis parce que j'ai vécu en l'ayant dès le plus jeune âge, je pense que c'est plus facile, je pense, de... de naître avec son handicap et de grandir avec, que d'avoir un handicap qui vient brutalement, parce que du coup, là, on change tout du jour au lendemain, alors que j'ai dû grandir avec, mais il était déjà là. Donc je m'adaptais déjà à ce que j'avais, et pas à quelque chose de nouveau à chaque fois.

  • Speaker #0

    C'est de l'adaptation constante, et pas du jour au lendemain, à tout réapprendre, ou du moins, t'apprendre des nouveautés qu'on ne pratiquait pas dans le vie d'avant. Et justement, tu parlais de grossissement, de grossissement d'écran. J'imagine, grossissement, tu parlais à l'école que tu avais une aide pour le contenu de tes cours. Toi, aujourd'hui, qu'est-ce que tu utilises dans ton quotidien, notamment sur ton smartphone ? C'est majoritairement grossissement d'écran ?

  • Speaker #1

    Oui, je grandis l'écran. L'écran de mon ordinateur au travail aussi. Même l'écran de... du secrétariat ou je travaille dans un cabinet de kiné et donc du coup j'ai agrandi quelques petites choses en demandant mais sans le demander non plus à mes collègues pour que justement je puisse même avoir accès à l'ordinateur plus simplement et après j'utilise mon téléphone par exemple s'il y a un panneau que je vois pas je vais prendre mon téléphone je vais prendre je vais zoomer je vais chercher sur appareil photo ou sur une application et typiquement et Je fais aussi, peut-être, parfois, si jamais je vois mal quand c'est écrit sur un produit que je cherche, ou même un livre, je vais zoomer avec mon téléphone, parce que les livres, je peux lire de la police classique, on va dire 14, mais je ne vais pas lire très longtemps, parce qu'après je vais très vite être fatigué et avoir potentiellement mal à la tête.

  • Speaker #0

    Il y a des applications aujourd'hui qui existent où tu scans même un panneau, un produit, et ça te vocalise ? c'est des choses aussi que tu utilises en termes d'acclimation ?

  • Speaker #1

    pas forcément mais je pense que c'est quelque chose que je vais peut-être plus utiliser typiquement à Lyon je pense que ça J'en aurais pas forcément besoin, mais quand je suis allé à Paris l'autre jour, il y avait juillet, et je me suis dit, mais wow, là c'est trop compliqué, il y a trop de monde, il y a trop d'informations, c'est beaucoup plus grand, donc les panneaux un peu plus petits, et là je sais que typiquement je pense que ça serait utile tant que je n'ai pas le lieu d'utiliser ce genre d'application.

  • Speaker #0

    Ouais, en fait finalement c'est quand on est dans son train-train quotidien, bon on fait avec ce qu'on a autour de nous, et puis finalement c'est vraiment quand on se... des places et on va dans une autre ville qu'on ne connaît pas et là il y a toute une phase de réadaptation et d'apprentissage et potentiellement là d'utiliser des outils que dans notre quotidien on n'utiliserait pas forcément.

  • Speaker #1

    Voilà c'est ça et puis il y a aussi le côté de ne pas avoir peur de demander aux autres. Quand j'étais plus jeune je ne voulais pas demander aux autres, c'était pas possible, je voulais que je me débrouille tout seul. Maintenant je peux très bien, le jour où je suis un peu fatigué, je n'ai pas envie de chercher, je vais aller voir quelqu'un, je vais dire voilà je ne vois pas bien, est-ce que vous pouvez me dire ? Je vais directement y aller.

  • Speaker #0

    Ça, c'est la partie... Alors moi, j'avais rencontré des personnes, notamment des fiches audiovisuelles, elles appelaient ça le Uber piéton. Elles disaient, mais moi, je n'ai pas besoin de GPS. Je prends un bras après l'autre et je navigue comme ça. Je dirais que c'est une question aussi de personnalité. Au contraire, j'ai rencontré des personnes qui me disent, moi, je pars du principe que si un jour je suis tout seul au milieu de nulle part, il faut que je me débrouille par moi-même. Donc... Donc c'est aussi un trait de personnalité et justement aussi cette notion de faut pas avoir peur de demander de l'aide et moi je suis complètement d'accord avec toi. Et moi je suis la première, je suis pas en situation de handicap mais je suis la première à demander de l'aide de tout le monde. Pour ceux qui me connaissent ils savent que je n'ai jamais de batterie donc je suis là dans le train, chaque fois que je me déplace je me demande de la chargeur. C'est une autre façon de demander de l'aide mais moi ça mène beaucoup. Trêve de plaisanterie. Pour revenir un peu par rapport au sport que tu pratiques et au sport que l'on pratique, parce que je partage cette même passion que toi et ce même sport, je sais que tu as participé à déjà à des courses où on appelle, tu prends un dos phare. De la même façon, moi également, j'ai participé à plusieurs courses. Ce que je me suis aperçu dans les courses, c'est que parfois, alors que ce soit sur sur de la course à pied, donc sur le bitume type Marathon de Paris et autres courses. Et aussi en trail, parfois on a des sas spécifiques pour les personnes en situation de handicap, pour aussi les parents qui sont en poussette et qui font ce type de course. Toi aujourd'hui, dans les courses que tu as faites, est-ce que tu avais toujours... on va dire une réglementation spécifique, un CES spécifique ou pas forcément aujourd'hui c'est aléatoire par rapport au règlement des différentes courses et des organisateurs de courses ?

  • Speaker #1

    Alors c'est plutôt assez spécifique, ce que je qualifie d'handitrail ça n'existe pas trop, enfin très peu et c'est en train de se débloquer avec l'UTMB, avec ce que font l'UTMB et l'ouverture d'esprit des organisateurs de courses qui nous répondent quand on leur envoie des messages. J'ai eu des adaptations en fonction de parfois des demandes que j'ai pu faire ou simplement ne pas avoir de... Typiquement, je n'aime pas partir trop derrière, mais je suis tout le temps en retard, donc tout le temps je pars derrière. Mais typiquement, quand il y a beaucoup de monde ou un départ, c'est compliqué. Quand j'avais fait la Saint-Élion en 2023, je leur avais demandé si je pouvais partir dans le SAS 1, donc avec les élites. Je suis parti tout derrière des élites. Et ça m'a permis, je pense, de ne pas mettre en danger moi ou mettre en danger les autres. Parce que quand on part à plus de 1000 d'un coup comme ça et qu'il fait nuit, directement, personne ne fait attention à personne, c'est un peu compliqué. Même si, bon, c'est gérable, mais si on peut gagner de l'énergie à ne pas stresser pour ça, c'est quand même mieux. Après, pour le moment, c'est encore pas trop, trop développé.

  • Speaker #0

    Il y a des choses qui se mettent en place. Hier, tu as partagé une story notamment d'un mouvement qui est en train de se mettre en place, européen même ou international.

  • Speaker #1

    Surtout aux États-Unis et en Amérique, qui n'est pas encore en train de se développer autant en Europe. En Europe, on va dire que je ne connais pas tout le monde, mais en tout cas, connaissant une personne qui s'appelle Boris Girardi, qui est du pied de robot sur les réseaux sociaux. Donc, lui, c'est un... une personne qui a eu un accident de moto, donc qui est amputée tibiale, et qui a ouvert sa start-up qui s'appelle Level Up, et qui aide les personnes avec des prothèses ou qui ont été amputées. pour les appareiller pour refaire du sport. Et il a lancé avec l'UTMB la team adaptive l'année dernière, dans laquelle j'ai fait partie, pour que les personnes en situation de handicap ou porteuses de pathologie puissent avoir un accès privilégié au trail avec des accompagnants ou guides, si nécessaire, pour pouvoir participer à ces courses de façon sécuritaire et avec la même chance que les autres.

  • Speaker #0

    Et tu parles de guides, justement ?

  • Speaker #1

    Oui. Toi, tu as toujours couru avec un guide ? Non, non, non, j'ai pas. Jusqu'à ma première Saint-Élion, j'ai couru sans guide. Donc j'ai fait deux Maratrail sans guide. Alors, indirectement, les gens ne savaient pas, mais ils étaient indirectement mes guides. C'est-à-dire que je suivais les gens. Alors, c'est compliqué à faire parce que soit on explose parce qu'on suit quelqu'un qui va trop vite, mais vu qu'on est tout seul avec cette personne, on essaie de la suivre. Ou on ne va pas à son rythme et du coup, on... On est en sous régime et ça peut aussi être un peu compliqué. Mais la Saint-Élion, ça me paraissait nécessaire parce que c'était ma première course de nuit. Et là, je me suis dit, c'est ton premier 80 km, c'est de nuit, les conditions sont un petit peu tantesques en général. Je me suis dit, peut-être pas chercher trop les ennuis, on va essayer de se sécuriser. Et maintenant que je cours avec des guides, j'ai du mal à recourir seul en course.

  • Speaker #0

    C'est une habitude qu'on prend et c'est comme le lave-vaisselle. Quand on est habitué à faire la vaisselle à la main, après on ne peut pas... Enfin, quand on est habitué au lave-vaisselle, on ne peut pas refaire la vaisselle.

  • Speaker #1

    Sans doute. Mais c'est vrai que ça me fait gagner tellement d'énergie, de concentration, que pour la même course, je ne sais pas, je vais dire sur un maratrail, pour le même maratrail, si j'ai un guide ou si je n'ai pas un guide, admettons, si c'est un truc pas trop technique que je peux faire tout seul, je vais gagner deux heures au moins je pense facilement donc c'est un confort c'est un confort et puis vu que j'ai un petit côté compétiteur plus avec moi même qu'avec les autres mais j'aime bien faire toujours mieux quoi donc quand j'ai un guide je sais que je ferai mieux que si j'en ai pas donc forcément je prends un guide donc

  • Speaker #0

    maintenant c'est tous les dossards que tu vas prendre notamment sur l'année 2025 Ouais et sur le trail pour les personnes qui nous écoutent Les guides, ce sont des personnes qui ne sont pas en situation de handicap et qui permettent de guider des personnes déficientes visuelles dans les courses, que ce soit course à pied et trail. Sur la course à pied, on a ce qu'on appelle un lien, qu'on prenne généralement, il me semble, sur l'index. C'est ce qu'on a pu voir avec les Jeux paralympiques, où notamment les sprinters du 100 mètres, 400 mètres, ils courent avec un lien. Et sur le trail, est-ce que... Parce que les distances, les chemins parfois sont tellement petits, on appelle ça des singles, c'est-à-dire qu'on n'a pas le choix que d'être tout seul sur le chemin puisqu'il n'y a pas la place pour être deux. Comment ça se passe en trail ? Est-ce qu'il y a aussi ce système-là ?

  • Speaker #1

    Alors déjà en trail, ça existe très peu. Maintenant, j'ai rencontré d'autres personnes qui courent et qui ont des guides, entre guillemets. En fait, on appelle ça des guides parce que c'est des personnes qui nous accompagnent. mais il n'y a pas ce référentiel là dans le trail. Et alors, si on suit les règles de l'UTMB, pour ça, théoriquement, devrait la nuit avoir un lien avec un guide. Personnellement, je ne le ferai pas. Je ne l'ai jamais fait, je ne le ferai jamais. Me concernant, est-ce que je trouve ça dangereux en trail ? Parce que si je tombe, le guide tombe. Si le guide tombe, je tombe. A la rigueur, avoir un contact, ça m'est déjà arrivé sur une course où je ne voyais même pas mes pieds, d'avoir ma main sur l'épaule de mon guide pour sentir à quelle hauteur il levait le pied. Quand il disait lève la jambe droite, lève la jambe gauche, ça monte, ça monte je mettais ma main pour sentir à peu près à quelle hauteur il montait son pied. Mais le lien, je trouve que c'est dangereux entre elles.

  • Speaker #0

    Et sur les guides aussi, si je fais le parallèle toujours avec la course à pied, Alors c'est sur notamment les élites, ils ont plusieurs guides parfois, aussi selon la dispo des guides et selon les courses. Toi aussi tu cours avec plusieurs guides ?

  • Speaker #1

    Alors oui, j'ai plusieurs personnes qui m'ont déjà guidé et comme tu dis, en fonction de la dispo, en fonction de leur calendrier de course à eux aussi, c'est assez nécessaire d'avoir plusieurs personnes. peuvent potentiellement nous guider et ce que j'adore avec ça c'est qu'on peut avoir 10 personnes différentes qui nous guident et la course, on pourrait faire 10 fois la même course ça ne sera jamais pareil parce que les personnes sont uniques et même si elles ont le même objectif c'est de m'aider à aller jusqu'au bout ça ne sera pas fait de la même façon Et ça j'adore.

  • Speaker #0

    Et aussi une sensibilité particulière, il doit se passer quelque chose entre vous aussi parce que c'est être guide, quand on est en duo il faut avoir confiance en l'autre. Surtout sur des courses comme le trail.

  • Speaker #1

    Là si t'as pas confiance c'est compliqué. Moi je pense que ça paraît nécessaire. Moi je fais facilement confiance mais... C'est vrai que quand t'arrives dans un pierrier qui fait 2 mètres de large, à droite, c'est la chute mortelle si jamais. Là, si t'as pas confiance, c'est compliqué. Mais ça crée des liens vraiment incroyables. Après, c'est un peu guide, ça devient des amis, clairement. C'est une confiance qui va des deux sens. Et c'est là où c'est beau quand je vais parler de Pauline, qui est une amie. qui m'a demandé de faire 46 km, j'ai fait la course avec elle, elle m'a dit ça me rassure de la faire avec toi, je ne l'aurais pas fait toute seule.

  • Speaker #0

    Donc même elle, ça la rassure.

  • Speaker #1

    Alors qu'en soi, elle a totalement les capacités, et en plus de ça, le ferait beaucoup plus vite sans moi, et c'était pour se rassurer avant sa Saint-Élion, et donc ça fait toujours plaisir de se dire, bon, je peux rassurer alors que c'est elle qui m'apporte de l'aide, finalement. C'est ça qui est beau. Clairement.

  • Speaker #0

    Génial ! Et sur le trail, aujourd'hui, tu parlais justement que tu avais rejoint la team Adaptive. J'ai toujours dit Adaptative, non c'est Adaptive ! Donc c'est quelque chose qui a été mis en place par l'UTMB, tu dis ? Oui. Donc l'UTMB, pour ceux qui ne connaissent pas forcément l'écosystème de la course à pied et du trail, c'est l'Ultra Trail du Mont Blanc. qui est devenue maintenant une marque un peu de fabrique de partout dans le monde pour les courses parfois les plus compliquées en trail. Et c'est du Made in France, parce que ça vient de Chamonix. Ça a été créé à Chamonix. Est-ce que tu vois un changement des mentalités dans le sport et notamment dans le trail par rapport au handicap ?

  • Speaker #1

    Alors, je ne sais pas. Enfin, en tout cas... Je ne connaissais pas trop le trail avant, enfin je ne le connaissais pas avant. Moi, à chaque fois que j'ai parlé de mon handicap pendant les courses, ça m'arrivait de dire aux personnes je vous colle, je suis désolé, c'est parce que je suis malvoyant, je me sers de vos pas, etc. J'ai toujours eu des personnes bienveillantes, ouvertes, qui se posaient des questions, qui me posaient des questions par rapport à ça. Mais je pense que ça va faire encore plus avancer les choses, dans le sens où ça va sans doute permettre... et aider des gens qui se disaient je pourrais jamais faire ça ou j'aurais jamais la chance d'essayer de faire ça se dire en fait pourquoi pas pourquoi pas et je pense que ça c'est super bien mais les gens sont super bienveillants et ça je trouve

  • Speaker #0

    que c'est la mentalité trail de toute façon c'est pour ça que je fais aussi ce sport c'est vrai que c'est très bienveillant je le vois même sur les courses attention Racine tu l'as aidé c'est lui qui est merci qui est derrière toi en lui annonçant les dangers. Je trouve que c'est vraiment un esprit bienveillant et on est tous ensemble dans la même galère. Le but c'est de définir. En fait, c'est tellement dur. On apprend tellement aussi sur nous-mêmes pendant ce sport qu'il se passe quelque chose en nous. Quand on dépasse la ligne finisher, là il se passe quelque chose en nous, généralement quand on est sur des grandes distances et qu'on est allé chercher au fond de nous-mêmes.

  • Speaker #1

    C'est sûr, et puis même que ce soit des grandes ou même des petites distances, quand tu fais ton premier trail et que trois semaines avant, tu disais mais je ne vais jamais réussir à faire ces 15 kilomètres et tu l'es fini et tu te dis bon, en fait, la prochaine fois, ce sera 25

  • Speaker #0

    Toujours plus haut. Merci en tout cas pour ta vision des choses sur le sport, sur le trail. Maintenant, j'aimerais te mettre au petit défi de la boule de cristal. C'est quelque chose que je fais à tous mes invités. L'avenir aujourd'hui de l'inclusion, donc on est dans 10 ans, 2035, quel est pour toi l'avenir de l'inclusion et notamment dans le sport ?

  • Speaker #1

    Je pense que l'inclusion va prendre une part encore plus importante.

  • Speaker #0

    Cette réussite de cette année, d'avoir des JO paralympiques qui sont très médiatisés, le fait que ça évolue un petit peu dans tous les domaines, moi je pense que dans des ans, l'inclusion aura beaucoup avancé, même s'il y aura encore du travail, il y aura toujours du travail je pense, mais je pense que ça va être des choses qui vont être beaucoup plus suivies, où il y aura beaucoup plus de budget aussi je pense, parce que pour le moment je pense qu'il y a du budget, il y aura, je pense, beaucoup plus d'athlètes en e-sport qui seront professionnels et qui annonceront leur métier comme des athlètes, on va dire, classiques, je pense. J'espère.

  • Speaker #1

    On espère tous ça. Oui. Nous les premiers, je crois. Mais oui, est-ce que le trail, alors ça c'était un grand sujet dans le milieu du trail, est-ce que le trail serait un jour au Jeu Para ou au JO déjà, dans un premier temps, et demain peut-être au Jeu Para ? C'est un grand sujet, mais je crois que ça ne fait pas trop partie de la mentalité de ceux qui pratiquent le trail.

  • Speaker #0

    Oui, ça ne fait pas trop partie de la mentalité. Après, si ça évolue, si le côté handisport évolue plus dans le trail en lui-même, comme il s'est en train d'essayer de faire, je pense que ce n'est pas forcément nécessaire. Mais je pense que le trail ne sera jamais au JO. En tout cas, ce ne sera pas les athlètes qu'on connaît qui gagnent des courses actuellement qui iront faire les JO. Comme le football. Comme le football, oui.

  • Speaker #1

    Merci, merci beaucoup. Moi, j'ai un petit jeu à te faire faire. J'ai un petit verre avec plusieurs mots à l'intérieur et je vais te laisser en piocher un et pour le lire, si tu veux, je peux m'en occuper.

  • Speaker #0

    Braille.

  • Speaker #1

    Ouah ! Alors, qu'est-ce que tu en penses du braille ? Ou qu'est-ce que t'en penses ? Déjà, est-ce que tu as utilisé le braille à un moment donné ?

  • Speaker #0

    Je n'ai jamais utilisé le braille, je ne sais pas lire le braille. Quand j'avais mes camarades de classe qui étaient avec du coup leur feuille ou leur appareil pour retranscrire en braille, j'ai essayé et je me sentais mais vraiment à côté de la plaque. Parce que même si je suis malvoyant, vu que j'ai un reste visuel... assez, on va dire, important entre guillemets, mais je me sers beaucoup de mes yeux, j'ai jamais, déjà parce que j'en ai pas forcément besoin non plus, mais développer ça, et c'est vrai que c'est impressionnant la vitesse à laquelle ils arrivent à lire ou à retranscrire là où c'est très très difficile de lire.

  • Speaker #1

    Et c'est vrai que c'est quelque chose qui est dommage parce que ça se perd de plus en plus dans les chiffres et dans la data. Alors j'ai plus les chiffres en tête et je veux pas dire de bêtises. Mais je crois qu'on a moins de 20% des personnes qui sont déficientes visuelles aujourd'hui qui lisent le braille. Et c'est que plus on avance, et je pense que c'est aussi avec la poussée des nouvelles technologies, des smartphones, aujourd'hui l'outil du smartphone a permis vraiment d'augmenter ou d'améliorer nettement l'autonomie des personnes en situation de handicap, et même sur l'écriture, sur la vocalisation, sur… Donc finalement il y a eu un peu, voilà, cette… Cette diminution des personnes qui apprennent le braille, il n'y a pas très longtemps, c'était la journée. On a dit braille, c'était là, il n'y a pas très longtemps, au mois de janvier. Mais je pense que c'est toujours quelque chose qu'il faut persister parce que c'était une belle révolution pour les personnes en situation de handicap visuel, à l'époque, quand il n'y avait pas tout ce qu'on a aujourd'hui. Mais effectivement, et je partage, toi tu es malvoyant, c'est vrai que le braille va peut-être plus être poussé pour les non-voyants, en tout cas, je ne sais pas. ou pour un degré de malvoyant qui va avoir des spécificités et avoir besoin du braille à ce moment-là. Oui,

  • Speaker #0

    et puis tu vois, ce que tu dis, et tu en as parlé avec Xavier dans le dernier épisode, c'est avec les IA, les nouvelles technologies, typiquement, j'avais un camarade qui utilisait beaucoup le braille, qui faisait ses contrôles avec du braille, et en fait, plus les études avançaient, plus il fallait retranscrire de choses rapidement, et plus il le faisait avec son ordinateur, parce qu'il gagnait du temps dans ses évaluations, sur la lecture, la relecture aussi, parce qu'il mettait ses écouteurs, et faisait lire son ordinateur en x10, et relisait très vite ce qu'il pouvait faire, il écrivait plus vite aussi, donc je pense que c'est ce côté aussi, l'optimisation de l'outil, qui fait que quelque part c'est moins utilisé aussi.

  • Speaker #1

    Et j'aime bien la lecture x10. Ça c'est quelque chose qui m'a marquée, surtout avec les personnes aveugles. quand on... parce que sur les smartphones, elles utilisent ce qu'on appelle les vocalisateurs d'écran, alors c'est VoiceOver sur iOS, TalkBack sur Android et donc en fait ce qui fait que tout ce qui est à l'écran est vocalisé et on peut régler la vitesse de ces vocalisateurs là je crois que c'est même... c'est une tortue non le logo, on n'est plus en tête de ce que c'est mais qui permet d'accélérer la vitesse mais alors ils le lisent à une vitesse, même moi je ne comprends pas quoi Eux, ils sont... Enfin, les personnes aveugles et même malvoyantes qui utilisent les vocalisateurs, parce qu'il y a beaucoup de personnes aussi malvoyantes qui utilisent les vocalisateurs, c'est impressionnant à la vitesse que ça va.

  • Speaker #0

    Ah ben, moi, j'ai des potes qui s'en servent. Ah ben, ils peuvent mettre leur téléphone, personne ne comprendra. Même si on est en train de dire des méchancetés sur toutes les gens qui sont autour, il n'y a personne qui va comprendre. C'est une vitesse impressionnante. On se demande comment ils peuvent capter ça.

  • Speaker #1

    C'est dingue. Merci beaucoup Nicolas pour avoir partagé cette vie, ton quotidien, ton sport, d'avoir partagé tous ces éléments-là, ta vision des choses aussi sur le handicap, sur l'avenir de l'inclusion, sur le sport. Qu'est-ce qu'on te souhaite pour 2025 ?

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qui va arriver pour toi ? Déjà des courses, des courses encore. En tout cas au niveau... perso il y aura pas mal de courses donc essayer de consolider autour de 50-80 km m'améliorer sur le côté technique pour pouvoir aller faire des courses de plus en plus grandes, de plus en plus difficiles parce qu'à long terme l'idée ce serait de faire une déconne elle défaut en 2025 il va y avoir un film qui va sortir on a fait un projet l'année dernière avec Boris qui m'a aidé, donc on a fait la maxi race d'Annecy... On a fait le tour du lac par les montagnes, 4 malvoyants avec 4 guides. Le film va sortir dans le Nature Trial Film Festival cette année, en mars-avril. Il y a 83 dettes en France et dans d'autres pays. Il est à découvrir. L'idée serait de sensibiliser, de montrer que tout est possible. Et puis, à terme, j'ai un petit... rêve de devenir un peu un athlète, pas à part entière parce que j'aime mon travail de kiné, mais de devenir un coureur de trail malvoyant accompagné par des marques pour pouvoir encore plus progresser et montrer qu'on peut faire de grandes choses malgré un handicap.

  • Speaker #1

    Génial. Moi j'avais, parce que j'ai fait de la gym aussi pendant de nombreuses années, j'avais une phrase qui était ne jamais rien abandonner

  • Speaker #2

    et voir toujours plus haut et toujours plus loin et c'est ce que je te souhaite en tout cas merci beaucoup Nicolas et à très bientôt merci d'avoir écouté Déclic le podcast qui donne une voix à l'inclusion si cet épisode vous a plu partagez-le autour de vous et laissez une note ou un commentaire sur votre plateforme d'écoute préférée vous pouvez me rejoindre sur Instagram et Youtube le nom c'est déclicavecdehi.podcast pour découvrir les prochains invités et suivre la sortie des prochains épisodes. Je vous donne rendez-vous toutes les deux semaines, le jeudi, pour un nouveau déclic. A bientôt !

Chapters

  • Introduction du podcast

    00:11

  • Présentation de Nicolas, kinésithérapeute malvoyant

    02:05

  • Choix de carrière et parcours éducatif de Nicolas

    02:42

  • Découverte du trail et défis rencontrés

    04:47

  • Impact du trail sur la vie de Nicolas

    06:39

  • Discussion sur le handicap invisible et accessibilité

    08:05

  • Acceptation du handicap et parcours personnel

    08:54

  • Utilisation des technologies et outils d'aide

    13:38

  • Expérience de Nicolas avec les courses et les guides

    17:03

  • Perspectives d'avenir pour l'inclusion dans le sport

    29:21

Description

Êtes-vous prêt à découvrir Nicolas et son parcours de vie ? Avec passion et détermination, ils nous emmènent sur ses sentiers de trail.


Dans cet épisode de Décliic, je reçois Nicolas Ronget, un masseur-kinésithérapeute malvoyant et surtout, fervent amateur de trail. Ensemble, nous plongeons dans le monde inspirant du sport, en mettant en lumière l'importance de l'inclusion pour les personnes en situation de handicap.


Nicolas partage son parcours, de ses débuts en tant que kinésithérapeute à sa découverte du trail après ses études. Son récit est un véritable témoignage de résilience, alors qu'il évoque les défis qu'il a dû rencontrer tant dans ses défis sportifs que sur son handicap. À travers ses expériences, il exprime avec détermination son désir de devenir un athlète de trail accompli, qui relève tous les challenges, prouvant ainsi que tout est possible.


Ce dialogue inspirant met en lumière non seulement les défis rencontrés par les athlètes en situation de handicap, mais aussi leurs succès et leurs contributions au monde du sport. Avec des mots forts et motivants, Nicolas incarne l'esprit de dépassement de soi et de détermination.


Cet épisode est une invitation à réfléchir sur notre perception de l'inclusion, et à envisager un avenir où chacun, peu importe ses capacités, peut s'épanouir dans le sport.


👉 Retrouvez Nicolas Ronget sur Instagram ici et prochainement au Nature Trail Film Festival


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Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans Déclic, le podcast qui donne une voix à l'inclusion. Je suis Camille Malgian, co-fondatrice de deux start-up engagées dans le handicap. Depuis toujours, une chose m'anime profondément, l'envie d'aider, de connecter et de transformer. Déclic est le podcast qui donne la parole à celles et ceux qui incarnent l'inclusion et transforment des idées en action.

  • Speaker #1

    confiance mais qui va des deux sens en fait et c'est là où c'est beau quand je vais parler de Pauline qui est une amie qui m'a demandé de faire 46 km, enfin j'ai fait la course avec elle,

  • Speaker #0

    elle m'a dit ça me rassure de le faire avec toi je l'aurais pas fait toute seule donc même elle ça la rassure ?

  • Speaker #1

    alors qu'en soit totalement incapacité et en plus de ça le ferait beaucoup plus vite sans moi et c'était pour se rassurer avant sa Saint-Élion et donc ça fait toujours plaisir de se dire bon je peux rassurer alors que c'est elle qui m'apporte de l'aide.

  • Speaker #0

    On a couru tous les deux, merci de m'avoir aidé. C'est pas facile quand tu es un studio nomade. On est là en mode... Du coup on est avec CroixRousse et j'ai pu faire un peu de fractionner en côte pour aller chercher un port USB qui nous manquait mais on y arrive, on est là et c'est le principal.

  • Speaker #1

    On y arrive. Le problème a une solution,

  • Speaker #0

    c'est ma devise. Merci beaucoup d'avoir accepté mon invitation. Donc, toi, tu es Nicolas. Et ce que je vais faire, c'est que je vais te laisser te présenter parce que tu te présentes mieux que moi. Plus que moi, je te présente, en tout cas.

  • Speaker #1

    Eh bien, déjà, merci à toi de m'accueillir dans ton podcast. Du coup, moi, c'est Nicolas. J'ai 31 ans. Je suis masseur kinésithérapeute depuis un peu plus de trois ans. Je suis malvoyant de naissance. et je fais du trail.

  • Speaker #0

    Super. Et ça fait bien le lien parce que l'épisode précédent, j'avais Xavier qui était enseignant en kinésithérapie. Et donc, ça fait bien le lien aussi. Justement, pour parler de comment tu es devenu kiné, on en a parlé dans le précédent épisode avec Xavier. Quel a été ton choix, toi ? Est-ce que c'était inné ou comment ça s'est passé ton choix pour devenir kiné ?

  • Speaker #1

    Alors kiné, de base pas le métier de kiné en lui-même, j'ai toujours voulu être soignant, aider les autres, soigner, accompagner. Et au départ je voulais faire infirmier et on m'a dit en fait ça va être compliqué avec ta vue, notamment sur tout ce qui serait plaies, etc. pour bien voir ou bien agir sur les blessures. Donc j'avais une prof qui était renseignée parce qu'elle avait un kiné qui était lui aveugle. pas très loin du lieu d'origine où j'habitais, et elle m'a dit il y a une école à Lyon, tu devrais être enseigné Et ensuite, je me suis enseigné, et je suis venu faire mes études à Lyon pour faire mes études de kiné.

  • Speaker #0

    Super. Et justement, la partie de… Tu as eu ta formation de kiné, toi, en termes d'école, tu as été dans une école spécialisée ou pas forcément ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est une école spécialisée. du coup, ce n'est pas en lien avec l'association Valentin Aïgui, dans laquelle Xavier travaille en tant que formateur. C'est une autre asso qui est là, qui a ouvert une école à Lyon. Et donc, j'ai fait mes six ans d'études, donc deux ans de, entre guillemets, remise à niveau, parce que je n'avais pas fait de bac scientifique. Et ensuite, les quatre ans de kiné spécialisées, donc avec des cours adaptés. donc avec des adaptations en grossissement ou par exemple pour ceux qui avaient besoin de braille avec du braille et puis des profs qui venaient et qui passaient plus de temps avec nous pour nous expliquer pour qu'on puisse voir vraiment où sentir les choses plus facilement.

  • Speaker #0

    Donc il y avait d'autres personnes malvoyantes, d'autres personnes non voyantes ?

  • Speaker #1

    Alors oui il y avait un peu un peu des deux, des non voyants et des malvoyants et on avait aussi des... cours en commun avec les autres étudiants du cursus classique en amphi. Ce n'était pas les cours les plus simples forcément parce qu'il est un peu difficilement accessible mais en tout cas on avait un échange avec les autres étudiants.

  • Speaker #0

    Ok, génial. Et sur cette partie-là, tu parlais aussi que tu fais du sport, que tu fais du trail. Alors qu'est-ce que c'est que le trail ?

  • Speaker #1

    C'est de la course en nature. donc forêt, montagne Donc pas sur bitume, même si bon il y a des trails urbains qui existent. Donc courir en pleine nature quand on est malvoyant, c'est pas le truc qui paraît le plus logique tout de suite quand on voit ça. Mais j'ai découvert le trail en sortant de mes études de kiné, je le connaissais pas avant.

  • Speaker #0

    Et ça a été une vraie passion ?

  • Speaker #1

    Oui, alors déjà en fait la première chose je me suis dit, est-ce que c'est possible quand on voit mal de faire ça ? La première chose que je me suis dit, parce que c'est une patiente qui m'a fait découvrir le trail, c'était, elle me parlait du TMB, je ne sais pas, en août 2021, et du coup je l'ai regardé, je me suis dit, bah tiens, on va essayer, parce que tout ce qui me paraît un peu compliqué des fois j'aime bien, et puis vu que j'aimais courir déjà, je me suis dit, bah on va essayer. Donc j'ai commencé par un trail urbain, donc le Luomban Trail, et puis ensuite je me suis dit, bon bah maintenant on va essayer d'aller en montagne, ou en tout cas au moins en forêt, etc. Et j'ai commencé par un trail dans le Jura. Et là, j'ai vraiment compris ce que c'était le trail et ça a été compliqué.

  • Speaker #0

    Et ton déclic, donc c'est cette patiente finalement qui t'a fait découvrir le trail, mais ton déclic à toi de te lancer dans ce sport, quel a été ton déclic de dire c'est bon, j'y vais ?

  • Speaker #1

    C'est quand j'ai fait le premier, enfin, donc elle m'en a parlé, mais mon vrai premier trail et là où j'ai échoué, je me suis dit, je pense que c'est possible. Et le fait d'avoir cette sensation de liberté en pleine nature dans des lieux qui sont parfois difficilement accessibles, voire peu accessibles, voire pas, quand on est malvoyant ou aveugle, je me suis dit, j'ai envie de faire ça, j'ai envie d'essayer de faire ça, et puis je me suis passionné par ça.

  • Speaker #0

    Et ça t'a permis quoi aujourd'hui, justement, le trail ? Tu me parlais que tu as découvert ça en août 2021, on est en janvier 2025, donc tu as quelques années de pratique quand même. Qu'est-ce que ça a... Qu'est-ce que ça t'a permis de découvrir sur toi ou sur ta façon de vivre ton quotidien ?

  • Speaker #1

    Alors déjà, ça me fait relativiser sur beaucoup de choses, même si de base je relativise beaucoup, mais ce côté se dépasser, faire des choses qui paraissent inaccessibles. Enfin, il y a trois ans, je te dirais, allez, on va faire un Maratrail. Dans ma tête, je me disais, mais...

  • Speaker #0

    Maratrail, 42 kilomètres en trail.

  • Speaker #1

    À peu près 40 kilomètres en trail et je me disais, mais... Enfin, j'ai... Il fallait être cinglé pour faire ça. Et puis maintenant, j'ai envie de faire de l'ultra trail. Et un maratrail, pour moi, maintenant, est déjà quelque chose qui est plus facilement accessible. Puisque là, il y a trois ans, je me disais, mais je n'y arriverai peut-être jamais. Et donc, c'est ce défi de vouloir aller toujours plus loin qui m'anime dans ce sport.

  • Speaker #0

    Et on partage la même passion parce qu'on s'est rencontré en Komsa. Parce que je t'ai suivi sur les réseaux sociaux, notamment sur Instagram. Parce que moi aussi je suis une fan de trail, comme tu le sais. Et puis trail, et puis handicap, déficience visuelle, voilà tout de suite il y a eu des ponts qui se sont faits. Et parlons justement sur ton handicap si tu me le permets. Donc toi tu es malvoyant de naissance. Aujourd'hui tu es arrivée ici pour qu'on tourne le podcast sans canne, sans chien. globalement c'est un handicap invisible.

  • Speaker #1

    C'est ça en fait. On en a déjà parlé en off mais pour beaucoup de gens être malvoyant ou enfin ou aveugle c'est tout de suite une canne. Il n'y a pas de demi-mesure. Même quand parfois des personnes qui me croisent dans la rue et quand je leur demande de l'aide parce que je sais pas j'ai pas trouvé quelque chose je leur dis je suis malvoyant et ils me disent ah bon ? Et oui, forcément, je me déplace sans canne. Après, je connais très bien la ville aussi, mais la canne, ça ne m'est pas forcément nécessaire, en tout cas.

  • Speaker #0

    Par rapport, toi, à ton degré de malveillance que tu as, et c'est quoi les défis que tu rencontres dans ton quotidien, justement, d'un point de vue accessibilité, par rapport à ton handicap ?

  • Speaker #1

    Maintenant, j'en ai... Un peu moins dans le sens où j'ai moins peur de demander si j'ai besoin d'aide, si je ne trouve pas. Il y a quand même pas mal de choses qui permettent de se déplacer. Par exemple, il fait beau, il fait soleil, c'est super cool, mais moi ça m'éblouit. Par exemple, je ne vais pas voir les feux s'ils sont verts ou si ils sont rouges. Si il y a une grande rue à traverser, je ne vais pas forcément le voir.

  • Speaker #0

    Et tu as la télécommande pour les feux ? Je ne l'ai pas. Et tu ne l'as pas ?

  • Speaker #1

    Je ne l'ai pas et c'est vrai que je pourrais, mais...

  • Speaker #0

    Tu as bien fait sans, donc aujourd'hui, tu n'en vois pas facilement.

  • Speaker #1

    Voilà, c'est ça. Et puis, vu que j'emprunte souvent les mêmes routes, quand je sais que les voitures qui viennent de la droite freinent, je sais que ça va passer au vert si je ne le vois pas. Mais typiquement, là, on est en hiver. Moi, j'aime bien l'hiver parce qu'il n'y a pas beaucoup de soleil. Du coup, je vois bien, enfin mieux.

  • Speaker #0

    L'hiver à Lyon.

  • Speaker #1

    L'hiver à Lyon. Parce que toi,

  • Speaker #0

    tu es... Ce n'est pas l'hiver à Marseille. Et notamment, on parlait aussi un peu en off quand on s'est rencontrés, toi tu n'as jamais adhéré à une association, tu n'as jamais forcément eu à avoir besoin d'aide ou un accompagnement spécifique, et donc aujourd'hui il y a aussi de nombreuses personnes, et c'est sur ça aussi que moi j'aimerais échanger et surtout sensibiliser le grand public. Ce n'est pas parce qu'on a un handicap que tout de suite on est dans les associations nationales, au contraire. Il y a plein de personnes qui se débrouillent par elles-mêmes et qui n'ont jamais demandé de l'aide aux associations. Alors les associations, c'est super et heureusement qu'elles sont là pour défendre nos droits, pour nous aider, pour plaidoyer. Mais à côté de ça, il y a plein de personnes qui vivent aussi en dehors des assos. Et toi, si j'ai bien compris, c'est ton cas.

  • Speaker #1

    C'est ça. Alors actuellement, c'est mon cas. Pendant mes études, en fait, enfin quand j'étais plus petit, donc tout ce qui était... primaires, collèges et lycées, il y avait une association avec laquelle j'étais, moi et mes parents, en lien pour avoir des agrandissements, des choses comme ça, à l'école, dans le cursus classique que j'ai effectué, et j'avais aussi une AVS à partir de ma troisième, donc une auxiliaire de vie scolaire, qui m'aidait donc à retranscrire les cours. Mais ça a mis du temps, parce que c'est moi qui ai du mal à accepter mon handicap quand j'étais plus jeune. Je pense que quand j'étais arrivé à l'âge adulte, c'est à ce moment-là que j'ai vraiment accepté mon handicap. Et il y a peut-être aussi pour ça que j'ai pris du temps à avoir une AVS. Mais après, dans la vie actuelle, quotidienne, je n'ai pas de lien avec des associations particulières. Et oui, on peut très bien se débrouiller. Mais il faut savoir que si on a besoin d'aide, il ne faut pas hésiter non plus à le faire. En tout cas, voilà.

  • Speaker #0

    Il y a cette phase effectivement que je rencontre aussi beaucoup avec des personnes avec qui j'ai échangé, l'acceptation du handicap, c'est un grand sujet. Alors toi en plus, tu es malvoyante de naissance, mais il y a eu toute cette phase effectivement, on va dire, de grandir avec ce handicap. Et il y en a d'autres qui sont en situation de handicap visuel du jour au lendemain par un accident de la vie. Et donc là effectivement, il y a toute une phase de réappropriation, d'apprendre aussi un peu tout ce chemin-là pour s'aider dans notre quotidien. Et je trouve ça hyper intéressant parce qu'effectivement il y a cette phase-là et chacun a son propre, on va dire, déroulé de la vie et au bout d'un moment va se sentir pleinement accompli, épanoui.

  • Speaker #1

    C'est ça et puis ça prend pas toujours le même temps pour tout le monde. Alors moi je pense, après c'est pareil, c'est un avis parce que j'ai vécu en l'ayant dès le plus jeune âge, je pense que c'est plus facile, je pense, de... de naître avec son handicap et de grandir avec, que d'avoir un handicap qui vient brutalement, parce que du coup, là, on change tout du jour au lendemain, alors que j'ai dû grandir avec, mais il était déjà là. Donc je m'adaptais déjà à ce que j'avais, et pas à quelque chose de nouveau à chaque fois.

  • Speaker #0

    C'est de l'adaptation constante, et pas du jour au lendemain, à tout réapprendre, ou du moins, t'apprendre des nouveautés qu'on ne pratiquait pas dans le vie d'avant. Et justement, tu parlais de grossissement, de grossissement d'écran. J'imagine, grossissement, tu parlais à l'école que tu avais une aide pour le contenu de tes cours. Toi, aujourd'hui, qu'est-ce que tu utilises dans ton quotidien, notamment sur ton smartphone ? C'est majoritairement grossissement d'écran ?

  • Speaker #1

    Oui, je grandis l'écran. L'écran de mon ordinateur au travail aussi. Même l'écran de... du secrétariat ou je travaille dans un cabinet de kiné et donc du coup j'ai agrandi quelques petites choses en demandant mais sans le demander non plus à mes collègues pour que justement je puisse même avoir accès à l'ordinateur plus simplement et après j'utilise mon téléphone par exemple s'il y a un panneau que je vois pas je vais prendre mon téléphone je vais prendre je vais zoomer je vais chercher sur appareil photo ou sur une application et typiquement et Je fais aussi, peut-être, parfois, si jamais je vois mal quand c'est écrit sur un produit que je cherche, ou même un livre, je vais zoomer avec mon téléphone, parce que les livres, je peux lire de la police classique, on va dire 14, mais je ne vais pas lire très longtemps, parce qu'après je vais très vite être fatigué et avoir potentiellement mal à la tête.

  • Speaker #0

    Il y a des applications aujourd'hui qui existent où tu scans même un panneau, un produit, et ça te vocalise ? c'est des choses aussi que tu utilises en termes d'acclimation ?

  • Speaker #1

    pas forcément mais je pense que c'est quelque chose que je vais peut-être plus utiliser typiquement à Lyon je pense que ça J'en aurais pas forcément besoin, mais quand je suis allé à Paris l'autre jour, il y avait juillet, et je me suis dit, mais wow, là c'est trop compliqué, il y a trop de monde, il y a trop d'informations, c'est beaucoup plus grand, donc les panneaux un peu plus petits, et là je sais que typiquement je pense que ça serait utile tant que je n'ai pas le lieu d'utiliser ce genre d'application.

  • Speaker #0

    Ouais, en fait finalement c'est quand on est dans son train-train quotidien, bon on fait avec ce qu'on a autour de nous, et puis finalement c'est vraiment quand on se... des places et on va dans une autre ville qu'on ne connaît pas et là il y a toute une phase de réadaptation et d'apprentissage et potentiellement là d'utiliser des outils que dans notre quotidien on n'utiliserait pas forcément.

  • Speaker #1

    Voilà c'est ça et puis il y a aussi le côté de ne pas avoir peur de demander aux autres. Quand j'étais plus jeune je ne voulais pas demander aux autres, c'était pas possible, je voulais que je me débrouille tout seul. Maintenant je peux très bien, le jour où je suis un peu fatigué, je n'ai pas envie de chercher, je vais aller voir quelqu'un, je vais dire voilà je ne vois pas bien, est-ce que vous pouvez me dire ? Je vais directement y aller.

  • Speaker #0

    Ça, c'est la partie... Alors moi, j'avais rencontré des personnes, notamment des fiches audiovisuelles, elles appelaient ça le Uber piéton. Elles disaient, mais moi, je n'ai pas besoin de GPS. Je prends un bras après l'autre et je navigue comme ça. Je dirais que c'est une question aussi de personnalité. Au contraire, j'ai rencontré des personnes qui me disent, moi, je pars du principe que si un jour je suis tout seul au milieu de nulle part, il faut que je me débrouille par moi-même. Donc... Donc c'est aussi un trait de personnalité et justement aussi cette notion de faut pas avoir peur de demander de l'aide et moi je suis complètement d'accord avec toi. Et moi je suis la première, je suis pas en situation de handicap mais je suis la première à demander de l'aide de tout le monde. Pour ceux qui me connaissent ils savent que je n'ai jamais de batterie donc je suis là dans le train, chaque fois que je me déplace je me demande de la chargeur. C'est une autre façon de demander de l'aide mais moi ça mène beaucoup. Trêve de plaisanterie. Pour revenir un peu par rapport au sport que tu pratiques et au sport que l'on pratique, parce que je partage cette même passion que toi et ce même sport, je sais que tu as participé à déjà à des courses où on appelle, tu prends un dos phare. De la même façon, moi également, j'ai participé à plusieurs courses. Ce que je me suis aperçu dans les courses, c'est que parfois, alors que ce soit sur sur de la course à pied, donc sur le bitume type Marathon de Paris et autres courses. Et aussi en trail, parfois on a des sas spécifiques pour les personnes en situation de handicap, pour aussi les parents qui sont en poussette et qui font ce type de course. Toi aujourd'hui, dans les courses que tu as faites, est-ce que tu avais toujours... on va dire une réglementation spécifique, un CES spécifique ou pas forcément aujourd'hui c'est aléatoire par rapport au règlement des différentes courses et des organisateurs de courses ?

  • Speaker #1

    Alors c'est plutôt assez spécifique, ce que je qualifie d'handitrail ça n'existe pas trop, enfin très peu et c'est en train de se débloquer avec l'UTMB, avec ce que font l'UTMB et l'ouverture d'esprit des organisateurs de courses qui nous répondent quand on leur envoie des messages. J'ai eu des adaptations en fonction de parfois des demandes que j'ai pu faire ou simplement ne pas avoir de... Typiquement, je n'aime pas partir trop derrière, mais je suis tout le temps en retard, donc tout le temps je pars derrière. Mais typiquement, quand il y a beaucoup de monde ou un départ, c'est compliqué. Quand j'avais fait la Saint-Élion en 2023, je leur avais demandé si je pouvais partir dans le SAS 1, donc avec les élites. Je suis parti tout derrière des élites. Et ça m'a permis, je pense, de ne pas mettre en danger moi ou mettre en danger les autres. Parce que quand on part à plus de 1000 d'un coup comme ça et qu'il fait nuit, directement, personne ne fait attention à personne, c'est un peu compliqué. Même si, bon, c'est gérable, mais si on peut gagner de l'énergie à ne pas stresser pour ça, c'est quand même mieux. Après, pour le moment, c'est encore pas trop, trop développé.

  • Speaker #0

    Il y a des choses qui se mettent en place. Hier, tu as partagé une story notamment d'un mouvement qui est en train de se mettre en place, européen même ou international.

  • Speaker #1

    Surtout aux États-Unis et en Amérique, qui n'est pas encore en train de se développer autant en Europe. En Europe, on va dire que je ne connais pas tout le monde, mais en tout cas, connaissant une personne qui s'appelle Boris Girardi, qui est du pied de robot sur les réseaux sociaux. Donc, lui, c'est un... une personne qui a eu un accident de moto, donc qui est amputée tibiale, et qui a ouvert sa start-up qui s'appelle Level Up, et qui aide les personnes avec des prothèses ou qui ont été amputées. pour les appareiller pour refaire du sport. Et il a lancé avec l'UTMB la team adaptive l'année dernière, dans laquelle j'ai fait partie, pour que les personnes en situation de handicap ou porteuses de pathologie puissent avoir un accès privilégié au trail avec des accompagnants ou guides, si nécessaire, pour pouvoir participer à ces courses de façon sécuritaire et avec la même chance que les autres.

  • Speaker #0

    Et tu parles de guides, justement ?

  • Speaker #1

    Oui. Toi, tu as toujours couru avec un guide ? Non, non, non, j'ai pas. Jusqu'à ma première Saint-Élion, j'ai couru sans guide. Donc j'ai fait deux Maratrail sans guide. Alors, indirectement, les gens ne savaient pas, mais ils étaient indirectement mes guides. C'est-à-dire que je suivais les gens. Alors, c'est compliqué à faire parce que soit on explose parce qu'on suit quelqu'un qui va trop vite, mais vu qu'on est tout seul avec cette personne, on essaie de la suivre. Ou on ne va pas à son rythme et du coup, on... On est en sous régime et ça peut aussi être un peu compliqué. Mais la Saint-Élion, ça me paraissait nécessaire parce que c'était ma première course de nuit. Et là, je me suis dit, c'est ton premier 80 km, c'est de nuit, les conditions sont un petit peu tantesques en général. Je me suis dit, peut-être pas chercher trop les ennuis, on va essayer de se sécuriser. Et maintenant que je cours avec des guides, j'ai du mal à recourir seul en course.

  • Speaker #0

    C'est une habitude qu'on prend et c'est comme le lave-vaisselle. Quand on est habitué à faire la vaisselle à la main, après on ne peut pas... Enfin, quand on est habitué au lave-vaisselle, on ne peut pas refaire la vaisselle.

  • Speaker #1

    Sans doute. Mais c'est vrai que ça me fait gagner tellement d'énergie, de concentration, que pour la même course, je ne sais pas, je vais dire sur un maratrail, pour le même maratrail, si j'ai un guide ou si je n'ai pas un guide, admettons, si c'est un truc pas trop technique que je peux faire tout seul, je vais gagner deux heures au moins je pense facilement donc c'est un confort c'est un confort et puis vu que j'ai un petit côté compétiteur plus avec moi même qu'avec les autres mais j'aime bien faire toujours mieux quoi donc quand j'ai un guide je sais que je ferai mieux que si j'en ai pas donc forcément je prends un guide donc

  • Speaker #0

    maintenant c'est tous les dossards que tu vas prendre notamment sur l'année 2025 Ouais et sur le trail pour les personnes qui nous écoutent Les guides, ce sont des personnes qui ne sont pas en situation de handicap et qui permettent de guider des personnes déficientes visuelles dans les courses, que ce soit course à pied et trail. Sur la course à pied, on a ce qu'on appelle un lien, qu'on prenne généralement, il me semble, sur l'index. C'est ce qu'on a pu voir avec les Jeux paralympiques, où notamment les sprinters du 100 mètres, 400 mètres, ils courent avec un lien. Et sur le trail, est-ce que... Parce que les distances, les chemins parfois sont tellement petits, on appelle ça des singles, c'est-à-dire qu'on n'a pas le choix que d'être tout seul sur le chemin puisqu'il n'y a pas la place pour être deux. Comment ça se passe en trail ? Est-ce qu'il y a aussi ce système-là ?

  • Speaker #1

    Alors déjà en trail, ça existe très peu. Maintenant, j'ai rencontré d'autres personnes qui courent et qui ont des guides, entre guillemets. En fait, on appelle ça des guides parce que c'est des personnes qui nous accompagnent. mais il n'y a pas ce référentiel là dans le trail. Et alors, si on suit les règles de l'UTMB, pour ça, théoriquement, devrait la nuit avoir un lien avec un guide. Personnellement, je ne le ferai pas. Je ne l'ai jamais fait, je ne le ferai jamais. Me concernant, est-ce que je trouve ça dangereux en trail ? Parce que si je tombe, le guide tombe. Si le guide tombe, je tombe. A la rigueur, avoir un contact, ça m'est déjà arrivé sur une course où je ne voyais même pas mes pieds, d'avoir ma main sur l'épaule de mon guide pour sentir à quelle hauteur il levait le pied. Quand il disait lève la jambe droite, lève la jambe gauche, ça monte, ça monte je mettais ma main pour sentir à peu près à quelle hauteur il montait son pied. Mais le lien, je trouve que c'est dangereux entre elles.

  • Speaker #0

    Et sur les guides aussi, si je fais le parallèle toujours avec la course à pied, Alors c'est sur notamment les élites, ils ont plusieurs guides parfois, aussi selon la dispo des guides et selon les courses. Toi aussi tu cours avec plusieurs guides ?

  • Speaker #1

    Alors oui, j'ai plusieurs personnes qui m'ont déjà guidé et comme tu dis, en fonction de la dispo, en fonction de leur calendrier de course à eux aussi, c'est assez nécessaire d'avoir plusieurs personnes. peuvent potentiellement nous guider et ce que j'adore avec ça c'est qu'on peut avoir 10 personnes différentes qui nous guident et la course, on pourrait faire 10 fois la même course ça ne sera jamais pareil parce que les personnes sont uniques et même si elles ont le même objectif c'est de m'aider à aller jusqu'au bout ça ne sera pas fait de la même façon Et ça j'adore.

  • Speaker #0

    Et aussi une sensibilité particulière, il doit se passer quelque chose entre vous aussi parce que c'est être guide, quand on est en duo il faut avoir confiance en l'autre. Surtout sur des courses comme le trail.

  • Speaker #1

    Là si t'as pas confiance c'est compliqué. Moi je pense que ça paraît nécessaire. Moi je fais facilement confiance mais... C'est vrai que quand t'arrives dans un pierrier qui fait 2 mètres de large, à droite, c'est la chute mortelle si jamais. Là, si t'as pas confiance, c'est compliqué. Mais ça crée des liens vraiment incroyables. Après, c'est un peu guide, ça devient des amis, clairement. C'est une confiance qui va des deux sens. Et c'est là où c'est beau quand je vais parler de Pauline, qui est une amie. qui m'a demandé de faire 46 km, j'ai fait la course avec elle, elle m'a dit ça me rassure de la faire avec toi, je ne l'aurais pas fait toute seule.

  • Speaker #0

    Donc même elle, ça la rassure.

  • Speaker #1

    Alors qu'en soi, elle a totalement les capacités, et en plus de ça, le ferait beaucoup plus vite sans moi, et c'était pour se rassurer avant sa Saint-Élion, et donc ça fait toujours plaisir de se dire, bon, je peux rassurer alors que c'est elle qui m'apporte de l'aide, finalement. C'est ça qui est beau. Clairement.

  • Speaker #0

    Génial ! Et sur le trail, aujourd'hui, tu parlais justement que tu avais rejoint la team Adaptive. J'ai toujours dit Adaptative, non c'est Adaptive ! Donc c'est quelque chose qui a été mis en place par l'UTMB, tu dis ? Oui. Donc l'UTMB, pour ceux qui ne connaissent pas forcément l'écosystème de la course à pied et du trail, c'est l'Ultra Trail du Mont Blanc. qui est devenue maintenant une marque un peu de fabrique de partout dans le monde pour les courses parfois les plus compliquées en trail. Et c'est du Made in France, parce que ça vient de Chamonix. Ça a été créé à Chamonix. Est-ce que tu vois un changement des mentalités dans le sport et notamment dans le trail par rapport au handicap ?

  • Speaker #1

    Alors, je ne sais pas. Enfin, en tout cas... Je ne connaissais pas trop le trail avant, enfin je ne le connaissais pas avant. Moi, à chaque fois que j'ai parlé de mon handicap pendant les courses, ça m'arrivait de dire aux personnes je vous colle, je suis désolé, c'est parce que je suis malvoyant, je me sers de vos pas, etc. J'ai toujours eu des personnes bienveillantes, ouvertes, qui se posaient des questions, qui me posaient des questions par rapport à ça. Mais je pense que ça va faire encore plus avancer les choses, dans le sens où ça va sans doute permettre... et aider des gens qui se disaient je pourrais jamais faire ça ou j'aurais jamais la chance d'essayer de faire ça se dire en fait pourquoi pas pourquoi pas et je pense que ça c'est super bien mais les gens sont super bienveillants et ça je trouve

  • Speaker #0

    que c'est la mentalité trail de toute façon c'est pour ça que je fais aussi ce sport c'est vrai que c'est très bienveillant je le vois même sur les courses attention Racine tu l'as aidé c'est lui qui est merci qui est derrière toi en lui annonçant les dangers. Je trouve que c'est vraiment un esprit bienveillant et on est tous ensemble dans la même galère. Le but c'est de définir. En fait, c'est tellement dur. On apprend tellement aussi sur nous-mêmes pendant ce sport qu'il se passe quelque chose en nous. Quand on dépasse la ligne finisher, là il se passe quelque chose en nous, généralement quand on est sur des grandes distances et qu'on est allé chercher au fond de nous-mêmes.

  • Speaker #1

    C'est sûr, et puis même que ce soit des grandes ou même des petites distances, quand tu fais ton premier trail et que trois semaines avant, tu disais mais je ne vais jamais réussir à faire ces 15 kilomètres et tu l'es fini et tu te dis bon, en fait, la prochaine fois, ce sera 25

  • Speaker #0

    Toujours plus haut. Merci en tout cas pour ta vision des choses sur le sport, sur le trail. Maintenant, j'aimerais te mettre au petit défi de la boule de cristal. C'est quelque chose que je fais à tous mes invités. L'avenir aujourd'hui de l'inclusion, donc on est dans 10 ans, 2035, quel est pour toi l'avenir de l'inclusion et notamment dans le sport ?

  • Speaker #1

    Je pense que l'inclusion va prendre une part encore plus importante.

  • Speaker #0

    Cette réussite de cette année, d'avoir des JO paralympiques qui sont très médiatisés, le fait que ça évolue un petit peu dans tous les domaines, moi je pense que dans des ans, l'inclusion aura beaucoup avancé, même s'il y aura encore du travail, il y aura toujours du travail je pense, mais je pense que ça va être des choses qui vont être beaucoup plus suivies, où il y aura beaucoup plus de budget aussi je pense, parce que pour le moment je pense qu'il y a du budget, il y aura, je pense, beaucoup plus d'athlètes en e-sport qui seront professionnels et qui annonceront leur métier comme des athlètes, on va dire, classiques, je pense. J'espère.

  • Speaker #1

    On espère tous ça. Oui. Nous les premiers, je crois. Mais oui, est-ce que le trail, alors ça c'était un grand sujet dans le milieu du trail, est-ce que le trail serait un jour au Jeu Para ou au JO déjà, dans un premier temps, et demain peut-être au Jeu Para ? C'est un grand sujet, mais je crois que ça ne fait pas trop partie de la mentalité de ceux qui pratiquent le trail.

  • Speaker #0

    Oui, ça ne fait pas trop partie de la mentalité. Après, si ça évolue, si le côté handisport évolue plus dans le trail en lui-même, comme il s'est en train d'essayer de faire, je pense que ce n'est pas forcément nécessaire. Mais je pense que le trail ne sera jamais au JO. En tout cas, ce ne sera pas les athlètes qu'on connaît qui gagnent des courses actuellement qui iront faire les JO. Comme le football. Comme le football, oui.

  • Speaker #1

    Merci, merci beaucoup. Moi, j'ai un petit jeu à te faire faire. J'ai un petit verre avec plusieurs mots à l'intérieur et je vais te laisser en piocher un et pour le lire, si tu veux, je peux m'en occuper.

  • Speaker #0

    Braille.

  • Speaker #1

    Ouah ! Alors, qu'est-ce que tu en penses du braille ? Ou qu'est-ce que t'en penses ? Déjà, est-ce que tu as utilisé le braille à un moment donné ?

  • Speaker #0

    Je n'ai jamais utilisé le braille, je ne sais pas lire le braille. Quand j'avais mes camarades de classe qui étaient avec du coup leur feuille ou leur appareil pour retranscrire en braille, j'ai essayé et je me sentais mais vraiment à côté de la plaque. Parce que même si je suis malvoyant, vu que j'ai un reste visuel... assez, on va dire, important entre guillemets, mais je me sers beaucoup de mes yeux, j'ai jamais, déjà parce que j'en ai pas forcément besoin non plus, mais développer ça, et c'est vrai que c'est impressionnant la vitesse à laquelle ils arrivent à lire ou à retranscrire là où c'est très très difficile de lire.

  • Speaker #1

    Et c'est vrai que c'est quelque chose qui est dommage parce que ça se perd de plus en plus dans les chiffres et dans la data. Alors j'ai plus les chiffres en tête et je veux pas dire de bêtises. Mais je crois qu'on a moins de 20% des personnes qui sont déficientes visuelles aujourd'hui qui lisent le braille. Et c'est que plus on avance, et je pense que c'est aussi avec la poussée des nouvelles technologies, des smartphones, aujourd'hui l'outil du smartphone a permis vraiment d'augmenter ou d'améliorer nettement l'autonomie des personnes en situation de handicap, et même sur l'écriture, sur la vocalisation, sur… Donc finalement il y a eu un peu, voilà, cette… Cette diminution des personnes qui apprennent le braille, il n'y a pas très longtemps, c'était la journée. On a dit braille, c'était là, il n'y a pas très longtemps, au mois de janvier. Mais je pense que c'est toujours quelque chose qu'il faut persister parce que c'était une belle révolution pour les personnes en situation de handicap visuel, à l'époque, quand il n'y avait pas tout ce qu'on a aujourd'hui. Mais effectivement, et je partage, toi tu es malvoyant, c'est vrai que le braille va peut-être plus être poussé pour les non-voyants, en tout cas, je ne sais pas. ou pour un degré de malvoyant qui va avoir des spécificités et avoir besoin du braille à ce moment-là. Oui,

  • Speaker #0

    et puis tu vois, ce que tu dis, et tu en as parlé avec Xavier dans le dernier épisode, c'est avec les IA, les nouvelles technologies, typiquement, j'avais un camarade qui utilisait beaucoup le braille, qui faisait ses contrôles avec du braille, et en fait, plus les études avançaient, plus il fallait retranscrire de choses rapidement, et plus il le faisait avec son ordinateur, parce qu'il gagnait du temps dans ses évaluations, sur la lecture, la relecture aussi, parce qu'il mettait ses écouteurs, et faisait lire son ordinateur en x10, et relisait très vite ce qu'il pouvait faire, il écrivait plus vite aussi, donc je pense que c'est ce côté aussi, l'optimisation de l'outil, qui fait que quelque part c'est moins utilisé aussi.

  • Speaker #1

    Et j'aime bien la lecture x10. Ça c'est quelque chose qui m'a marquée, surtout avec les personnes aveugles. quand on... parce que sur les smartphones, elles utilisent ce qu'on appelle les vocalisateurs d'écran, alors c'est VoiceOver sur iOS, TalkBack sur Android et donc en fait ce qui fait que tout ce qui est à l'écran est vocalisé et on peut régler la vitesse de ces vocalisateurs là je crois que c'est même... c'est une tortue non le logo, on n'est plus en tête de ce que c'est mais qui permet d'accélérer la vitesse mais alors ils le lisent à une vitesse, même moi je ne comprends pas quoi Eux, ils sont... Enfin, les personnes aveugles et même malvoyantes qui utilisent les vocalisateurs, parce qu'il y a beaucoup de personnes aussi malvoyantes qui utilisent les vocalisateurs, c'est impressionnant à la vitesse que ça va.

  • Speaker #0

    Ah ben, moi, j'ai des potes qui s'en servent. Ah ben, ils peuvent mettre leur téléphone, personne ne comprendra. Même si on est en train de dire des méchancetés sur toutes les gens qui sont autour, il n'y a personne qui va comprendre. C'est une vitesse impressionnante. On se demande comment ils peuvent capter ça.

  • Speaker #1

    C'est dingue. Merci beaucoup Nicolas pour avoir partagé cette vie, ton quotidien, ton sport, d'avoir partagé tous ces éléments-là, ta vision des choses aussi sur le handicap, sur l'avenir de l'inclusion, sur le sport. Qu'est-ce qu'on te souhaite pour 2025 ?

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qui va arriver pour toi ? Déjà des courses, des courses encore. En tout cas au niveau... perso il y aura pas mal de courses donc essayer de consolider autour de 50-80 km m'améliorer sur le côté technique pour pouvoir aller faire des courses de plus en plus grandes, de plus en plus difficiles parce qu'à long terme l'idée ce serait de faire une déconne elle défaut en 2025 il va y avoir un film qui va sortir on a fait un projet l'année dernière avec Boris qui m'a aidé, donc on a fait la maxi race d'Annecy... On a fait le tour du lac par les montagnes, 4 malvoyants avec 4 guides. Le film va sortir dans le Nature Trial Film Festival cette année, en mars-avril. Il y a 83 dettes en France et dans d'autres pays. Il est à découvrir. L'idée serait de sensibiliser, de montrer que tout est possible. Et puis, à terme, j'ai un petit... rêve de devenir un peu un athlète, pas à part entière parce que j'aime mon travail de kiné, mais de devenir un coureur de trail malvoyant accompagné par des marques pour pouvoir encore plus progresser et montrer qu'on peut faire de grandes choses malgré un handicap.

  • Speaker #1

    Génial. Moi j'avais, parce que j'ai fait de la gym aussi pendant de nombreuses années, j'avais une phrase qui était ne jamais rien abandonner

  • Speaker #2

    et voir toujours plus haut et toujours plus loin et c'est ce que je te souhaite en tout cas merci beaucoup Nicolas et à très bientôt merci d'avoir écouté Déclic le podcast qui donne une voix à l'inclusion si cet épisode vous a plu partagez-le autour de vous et laissez une note ou un commentaire sur votre plateforme d'écoute préférée vous pouvez me rejoindre sur Instagram et Youtube le nom c'est déclicavecdehi.podcast pour découvrir les prochains invités et suivre la sortie des prochains épisodes. Je vous donne rendez-vous toutes les deux semaines, le jeudi, pour un nouveau déclic. A bientôt !

Chapters

  • Introduction du podcast

    00:11

  • Présentation de Nicolas, kinésithérapeute malvoyant

    02:05

  • Choix de carrière et parcours éducatif de Nicolas

    02:42

  • Découverte du trail et défis rencontrés

    04:47

  • Impact du trail sur la vie de Nicolas

    06:39

  • Discussion sur le handicap invisible et accessibilité

    08:05

  • Acceptation du handicap et parcours personnel

    08:54

  • Utilisation des technologies et outils d'aide

    13:38

  • Expérience de Nicolas avec les courses et les guides

    17:03

  • Perspectives d'avenir pour l'inclusion dans le sport

    29:21

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