- Speaker #0
Bienvenue dans Déclic, le podcast qui donne une voix à l'inclusion. Je suis Camille Malgian, cofondatrice de deux startups engagées dans le handicap. Depuis toujours, une chose m'anime profondément, l'envie d'aider, de connecter et de transformer. Déclic est le podcast qui donne la parole à celles et ceux qui incarnent l'inclusion et transforment des idées en action.
- Speaker #1
J'aime beaucoup cette citation de la gloire de mon père, où il rencontre l'ermite des collines, et l'ermite des collines demande à Marcel Pagnol et à son frère, mais qu'est-ce que vous voulez faire ? On voulait aller voir ce qu'il y a derrière la colline. Et l'ermite des collines répond, ça a toujours été l'ambition de l'homme de savoir ce qu'il y a derrière la colline. Et finalement, la science, le progrès, c'est toujours d'aller voir un peu plus loin. Et ce qui est infranchissable aujourd'hui devient le projet de la normalité. enfin ce qui était impossible hier c'est la normalité d'aujourd'hui et puis ce qu'on découvrira demain ce sera la normalité d'après-demain en fait
- Speaker #0
Bonjour Xavier, je suis vraiment très contente de te recevoir aujourd'hui pour le premier épisode du podcast Déclic et sans plus attendre pour ceux qui nous écoutent, je te laisse te présenter
- Speaker #1
Eh bien, enchanté Camille, ravi d'être avec toi et de pouvoir participer à ce premier épisode de podcast. Je m'appelle Xavier Dufour, j'ai un parcours un petit peu atypique. De mon premier métier, je suis kiné-ostéo et dans cette filière-là, j'ai du coup pas mal d'enseignements en formation initiale dans quelques écoles de kiné à Paris, dont l'école de kiné de l'AVH. Association Valentin Huy qui s'occupe de personnes déficients visuelles, les DV comme ils disent. Et puis à côté de ça je fais de la formation continue toujours dans la filière de la kiné. J'ai d'autres filières après, j'ai eu un parcours professionnel un peu original. Je fais de l'ergonomie, donc tout ce qui est études et amélioration des conditions de travail. Et je suis devenu référent d'un diplôme universitaire en ergonomie. qu'on fait à l'université Côte d'Azur à Nice et qu'on déploie aussi à Paris. Et dans cette logique-là, on accompagne aussi des personnes, soit profils QVT, QHSE, mais aussi des personnes qui font de l'accompagnement au handicap, notamment des AGFIP et autres, et pour lesquelles on va réfléchir à comment intégrer les personnes et comment évaluer la pénibilité. un peu particulière de ces personnes en situation de handicap avec tous les handicaps. On évoquera peut-être ensemble tous les handicaps possibles.
- Speaker #0
Super. Effectivement, tu as un profil avec multiples casquettes. Nous, on s'est connus dans un environnement qu'on verra par la suite. Ce que j'ai l'impression, c'est dans ton parcours, il y a un fil rouge qui est là en continu qui va avec prendre soin de l'autre. dans toutes tes activités que tu fais, quel a été le déclic pour toi, justement, de faire ce que tu fais ?
- Speaker #1
Alors, le hasard. Le hasard complet, j'étais en terminale, je rencontre mon directeur de lycée, M. Bronch, s'il nous entend, pour choisir mon école d'ingénieur. Et j'ai été plutôt parti sur l'ESTACA, École supérieure des techniques aéronautiques et construction automobile.
- Speaker #0
Ok.
- Speaker #1
Voilà. Et là, il me dit, je te vois bien kiné. Il aurait dit vétérinaire ou brancardier. C'était un truc avec une blouse blanche. À l'instant, je n'ai pas compris. Il a insisté trois fois. Et la troisième fois, il m'a dit, premièrement, tu es un manuel. Tu aimes utiliser tes mains kinés. Ce serait pas mal. Tu as un côté manuel. Deuxièmement, tu es un bavard. Et donc, un métier de contact et un métier où tu t'occupes de l'autre, ce serait important. Et il m'a dit dernièrement avec ton caractère, si tu étais ton propre patron, ce serait quand même vachement bien.
- Speaker #0
Et tu avais bien cerné.
- Speaker #1
Et du coup, il m'avait vraiment bien cerné. Et du coup, j'ai commencé kiné. J'ai fait mes études de kiné, normalement. Et je me suis vraiment découvert une passion pour ce métier, et pour finalement le soin, le fait d'aider l'autre, ce qui est aussi une manière de cultiver son utilité personnelle, et d'essayer, avec un amour immodéré pour la Longue-Belgie, et la Longue-Belgie un peu sévère, et de prendre des gens en échec pour essayer de les sortir de l'échec. Donc voilà, ça c'est vraiment un point important. Et puis en même temps que kiné, ostéo, j'ai choisi de faire de l'ergonomie en me disant que c'est bien de les soigner, de les soigner court terme, mais peut-être on pourrait prévenir et faire en sorte qu'ils ne se fassent pas mal. D'où l'idée d'aller vers le côté ergonomie et prévention des pathologies en amont par le travail, et pas que par le travail parce que j'ai aussi une activité d'école du dos.
- Speaker #0
prévention cette fois auprès des patients notamment opéré du rachis quand je travaillais à Foch et à l'époque du coup tu passais par médecine parce que moi je me rappelle j'ai fait deux années de PACES avant d'être entrepreneur et il y avait les étudiants qui suivaient le cursus pour être kinés bien
- Speaker #1
avant ça nous c'était ça c'est ce format, ça a été ce format PACES qui a rechangé de nom depuis enfin voilà système dont on a le talent en France Mais à l'époque, c'était concours dit PCB physique, chimie, bio. C'était vraiment un concours de sélection pure et dure, bête et méchant. Et qui ne nous apportait rien sauf une sélection à la fin du concours. Ça, ça a été le cas jusqu'en 2015 à peu près. Et donc moi, comme je suis diplôme, j'ai eu mon bac en 1994. C'est vraiment ancien. Et à l'époque, kinés, c'était 3 ans. Maintenant, c'est passé à 4 ans.
- Speaker #0
Ok. Donc, un bon parcours, finalement, c'est un prof qui t'a donné la voie et puis tu t'es plu dans cette voie-là.
- Speaker #1
Et j'ai fait kiné parce que je ne voulais pas faire médecine, parce que je me suis quand même posé la question. Je n'ai pas voulu faire médecine pour ne pas faire d'études longues, paradoxalement. Et donc, après kiné, j'ai fait six ans d'ostéo. Après ostéo, j'ai fait trois ans d'ergonomie. Après, j'ai fait trois ans de sciences de l'éduc. Après, j'ai fait un peu de filière marketing. pour le reste de ma vie. Et maintenant, je suis plutôt en format finance pour compléter. Voilà, donc je ne voulais pas faire d'études longues, j'ai fait tout le contraire. C'est très bien.
- Speaker #0
Et sur cette partie-là, effectivement, ton prof, il te dit, je te vois bien ton propre patron. Parce que finalement, quand on fait le métier de kinésithérapeute, on est son propre patron parce que c'est une activité libérale. Complètement. Donc tu as été vite plongé finalement dans l'entreprenariat. Et qu'est-ce que... Toi, comment tu t'es découvert ? Tu t'es découvert toi-même ?
- Speaker #1
Ça, c'est vraiment venu, c'est en forgeant qu'on devient forgeron. Le fait d'être autonome m'a toujours plu. J'ai travaillé six ans à mi-temps à l'hôpital quand même, alors que je m'étais promis que jamais de ma vie je travaillerais à l'hôpital. Et quand j'ai quitté l'hôpital, mon chef de l'époque, Patrick Prévost, m'a dit écoute... Je suis triste que tu t'en ailles parce qu'on a vraiment bien travaillé ensemble et on avait fait énormément de trucs tous les deux. Il me dit en même temps Je suis tellement content, tu étais devenu ingérable. Et du coup, je me suis rendu compte assez vite qu'effectivement, j'étais fait pour mener des projets. Et donc, au bout de trois ans, j'ai commencé à enseigner. Et puis après, au bout de encore trois ans, j'ai été... pris comme associé dans une première boîte par deux de mes anciens profs donc j'avais 28 ans donc on a monté une première société, on s'est séparés et puis on en a remonté une autre avec l'un des deux et le hasard fait que comme ça finalement je deviens entrepreneur bien malgré moi, en tout cas c'est pas une tradition familiale C'était pas une volonté de... Je me suis pas dit, petit, je voudrais être entrepreneur un jour. Et finalement, j'ai monté une première boîte, puis une deuxième, la boîte d'Ergo, puis une troisième, puis l'année dernière, j'en ai racheté une autre. Parallèlement, j'ai monté une petite holding de finance. Enfin voilà, donc un vrai côté entrepreneur qui nous a amenés jusqu'à notre rencontre, évidemment.
- Speaker #0
C'est ça qui nous a mené jusqu'à cette rencontre, parce que pour ceux qui nous écoutent, moi je suis créatrice également d'une start-up qui s'appelle EZmob. Et lorsqu'on a levé des fonds, on s'est rencontré avec Xavier, et aujourd'hui il est membre et investisseur à nos côtés. Et finalement, ce qu'on disait, c'est qu'on passe de kiné à entrepreneur, entrepreneur à investisseur. Avec ce fil conducteur, je pense que si tu investis chez nous, c'est aussi pour une raison.
- Speaker #1
potentiellement pas par hasard mais on avait un sujet qui nous reliait qui était prendre soin de l'autre complètement et donc Isimob est une solution d'aide à la mobilité pour personnes en situation de handicap et juste sur cette idée là je me suis dit allez au moins on met ça dans un projet où en tout cas j'y trouve du sens plus que d'aller investir dans du nucléaire ou... ou dans un SpaceX, où finalement ça ne colle pas complètement avec mes attentes, et j'ai toujours un peu cette idée en tant qu'investisseur. Alors évidemment, je ne suis pas admis de mes intérêts, si j'investis c'est pour gagner de l'argent malgré tout, sinon je le garderais juste pour moi, et on prend toujours un risque quand même non négligeable quand on investit, mais en même temps c'est de se dire si je peux investir sur un sujet où Il y a une utilité sociale, il y a l'idée de faire du bien, il y a cette logique de bien commun qu'on a probablement un peu perdu ces derniers temps. On ne fera pas de politique, ce n'est pas le lieu et l'endroit, mais cette idée du bien commun qui doit être probablement un peu plus important que son bien individuel. Alors c'est sûrement facile quand on peut le faire aussi, mais c'est une idée qui est forte chez moi, c'est comment on peut aider et améliorer un peu le monde qui nous entoure. Ça, c'est une question en tout cas que je me pose souvent, partant du principe que j'ai eu beaucoup de chance dans ma vie. Même si ma femme dirait qu'il n'y a pas de chance, il n'y a que des gens qui se lèvent tôt et qui travaillent beaucoup. Mais j'ai eu un peu de chance dans ma vie d'avoir une bonne étoile. Et je me dis toujours, aujourd'hui, j'espère pas beaucoup plus que ce que j'ai. Ça me va très, très bien. Et comment je peux essayer d'aider un peu l'autre au sens large, que ce soit mon patient, que ce soit des collaborateurs, en ergonomie ou en tant qu'investisseur, de pouvoir quand même avoir du sens et aider un petit peu par des solutions innovantes et aider finalement notre prochain.
- Speaker #0
Je suis totalement d'accord avec toi. Et effectivement, ça rejoint plusieurs choses. C'est que nous, quand on est entrepreneur, on cherche toujours à innover. On a besoin aussi de sous et de fonds pour pouvoir continuer notre innovation. Et finalement, les sujets à impact. c'est là on se dit quand on est entrepreneur c'est déjà dur d'être entrepreneur on a des hauts, on a des bas, on se prend des choses dans la tête tous les jours et j'étais, nous on a suivi un programme avec le mouvement Impact France avec Impact France et du coup on était dans un programme et j'ai rencontré plusieurs dirigeants de start-up qui innovent que dans l'impact et on se dit alors de 1 être entrepreneur c'est dur, être entrepreneur dans l'impact c'est doublement dur Et effectivement, aujourd'hui, tu parles de financement, d'agir aussi. Tu as ta casquette kiné, ta casquette formateur et là, ta casquette plutôt investisseur. Tu participes aussi finalement à faire changer notre société, à agir davantage pour l'inclusion. Et aujourd'hui, les acteurs financiers ont un rôle à jouer. Et toi, tu en fais partie. Quelle est, selon toi, la philosophie que doivent adopter aujourd'hui les financeurs pour qu'on… qu'on soit sur une société pleinement inclusive.
- Speaker #1
J'adore cette image de Pierre Rabhi et du colibri qui essaie d'éteindre le feu dans la forêt amazonienne et tout le monde lui dit mais ça sert à rien le colibri, tu vois bien, il sait pas, avec ton petit bec, tu vas pas réussir à l'éteindre et le colibri répond oui, mais au moins je prends ma part Et dans cette logique-là, avec mes petits moyens, parce que je suis pas un grand financier, hein, avec mes petits moyens, je peux contribuer à quelque chose qui sert à quelque chose. Et donc, quand je peux le faire, je suis ravi de pouvoir le faire. Je suis ravi aussi de pouvoir vous accompagner dans le comité stratégique d'EasyMob, et pas sur un aspect comité de surveillance ou machin, mais de réfléchir avec vous à comment on peut évidemment développer l'entreprise, parce que si on ne la développe pas et que le produit meurt, de toute manière, tout ce qu'on aura fait, ce n'est pour rien. Donc évidemment, on vient... dans un but de valoriser, de développer et de faire grandir, mais on peut le faire de manière louable, de manière honnête, de manière loyale, et en se disant qu'on aidera plus de gens. Alors plus de gens, si je rentre dans le détail d'Isimop, je ne sais pas si c'est le moment, mais dans les transports évidemment, mais aussi dans les ERP au sens très large.
- Speaker #0
ERP pour ceux qui nous écoutent, établissement recevant du public, lieu qui reçoit du public.
- Speaker #1
Donc on peut parler d'un centre commercial, on peut parler du Stade de France, on peut parler d'un musée. Tous ces lieux finalement sont des lieux qui reçoivent du public et d'aider les personnes à mieux se déplacer dans ces lieux, c'est un vrai sujet pour les déficients visuels. entre autres, parce que, évidemment, ce ne sont pas les seuls, et c'est là où, aujourd'hui, la techno, l'innovation et la techno, ça a du sens. Alors, je vais dire ça, allez, tant pis, je vais titiller un peu, mais en même temps, on est là pour ça. Moi, je commence à être vieux, j'ai 48 ans, en tout cas plus vieux que mes enfants, qui en ont 22, 25, et un peu moins pour les petits derniers. Ils sont... 24 sets sur leur téléphone et en même temps ils sont 24 sets pour les trucs qui servent à rien là avec EasyMob notamment on se propose oui d'avoir un téléphone, d'avoir de la techno dans les mains mais pas pour que ça serve à rien justement pour que ça soit utile pour que ça serve à quelque chose, pour aider des gens à mieux se guider, à pouvoir trouver leur place dans le train demain pour pouvoir mieux circuler dans le monde l'agglomération et tout, enfin on est dans une techno utile, voilà. Et c'est un vrai enjeu de pouvoir mettre cette techno utile, alors évidemment c'est la rencontre de vos profils aussi, de savoir ce qu'est une brique SDK qu'on va venir mettre au truc et tout, j'ai toujours pas bien compris, mais en même temps ça tombe bien.
- Speaker #0
Et là je crois qu'on va perdre tout le monde.
- Speaker #1
Mais en même temps c'est comment j'aide les gens, voilà. Et puis derrière, comme on a rien sans rien, on peut aussi se dire... Demain, une structure comme Vie Paris, où nos différents réalisateurs de salons et compagnie peuvent trouver du sens à orienter les gens, et pas uniquement des fichiers en visuel ou machin, mais vers des centres d'intérêt. Et là, on voit tous, finalement, quand on arrive sur un salon, parfois on pourrait se dire, tiens, moi je suis intéressé pour aller voir Renaud, Dacia et Citroën sur le... au salon de l'auto et si je peux préparer ma visite en amont. Et donc, on voit là des solutions qui vont aller plus loin. Mais les deux ne sont pas du tout antinomiques. Et la même techno peut permettre de faire les choses. Et là, on y voit de l'intérêt complètement.
- Speaker #0
Et pour tout le monde, ce que tu disais, c'est ce qu'on appelle nous, avec notre jargon, c'est l'accessibilité universelle. Aujourd'hui, il y a plein d'outils qu'on utilise tous dans nos téléphones, dans notre maison. Je prends l'exemple de la télécommande, ça a été inventé parce que c'était des personnes qui étaient paralysées et qui devaient trouver un système pour pouvoir allumer leur télévision et qui n'avaient pas la capacité de se mouvoir jusqu'à la télévision. La télécommande a été inventée sur le principe justement du handicap et puis après tout ce qu'on retrouve dans nos téléphones, tout ce qui est fonction de messages en audio etc. c'est tous des dispositifs qui ont été de base pensés pour l'accessibilité pour le handicap et qui sont finalement profitables pour tous. Et c'est une question que je voulais te poser effectivement, c'est penses-tu que la technologie peut transformer la manière dont on soigne et dont on accompagne les personnes en situation de handicap ? Aujourd'hui, on est en train de tourner ce podcast en 2024. On voit depuis des mois OpenAI, ChatGPT qui, de jour en jour, de semaine en semaine, qui innovent et qui mettent en place plein de nouveaux dispositifs. Quelle sera la technologie demain et comment ça va changer aussi le quotidien des personnes en situation de handicap et aussi des professionnels comme toi qui soignent et qui accompagnent ?
- Speaker #1
On peut lutter contre, mais c'est Don Quichotte contre les moulins à vent, c'est perdu d'avance. Donc il ne faut pas lutter contre, il faut faire avec et il faut prendre ce qu'il y a de bon dedans. Je suis un éternel optimiste, alors je vais voir ça de manière positive. On peut se dire que le nucléaire, d'un côté on a fait Hiroshima, d'un autre côté aujourd'hui on s'alimente, d'autres pourraient avoir une vision plus négative sur les déchets. Le nucléaire malgré tout, à l'échelle du XXe siècle, des 80 ans qui viennent de se passer, c'est plutôt positif quand même. Il y a eu un truc très négatif au départ, mais finalement on en fait du positif. Dans l'IA, dans la techno, en santé, on a des choses très positives et on peut le voir vraiment comme une aide en tant que professionnel. En tant que formateur aujourd'hui, je peux créer des parties de contenu, de formation plus rapidement grâce à l'IA. Après, évidemment, il faut que j'ai mon regard d'expert, de professionnel pour... enlever ce qui ne va pas, pour ajuster là où l'IA est encore un petit peu perfectible. Et quand on voit les progrès sur les trois dernières années, alors il y a une partie qui fait un peu peur, et en même temps j'ai l'intime conviction en tant que kiné qu'on ne remplacera pas mes mains. Et donc, je pense que mon avenir en tant que kiné, et que l'avenir de la kinésithérapie notamment, se joue beaucoup plus dans notre capacité à réaliser du diagnostic et à réaliser du traitement manuel qu'à filer des programmes d'exercice aux gens. Ça, demain, un fitness plus d'Apple ou Nike ou machin nous remplacera sans aucune difficulté. Est-ce qu'au final, j'ai une très forte valeur ajoutée à donner des programmes qu'on peut trouver aujourd'hui déjà en vidéo ? J'ai mis un doute relatif. Par contre, se servir de l'IA et se servir des bases de données que l'IA peut consulter en flux continu est bien plus rapide que ce que nous, nous pouvons faire. Le seul point, c'est d'avoir derrière des faits vérifiés. C'est les différences. Alors là, on va rentrer dans du technique. Est-ce qu'on est sur de l'IA ouverte ou de l'IA fermée avec des bases, machin ? Ou est-ce qu'on laisse ChatGPT, par exemple, nous inventer des trucs ? J'ai vu ce matin une image de quelqu'un qui, sur ChatGPT, a dit Dessine-moi une colonne vertébrale avec un disque douloureux. Et on est venu inventer un disque qui est venu se mettre complètement sur la colonne qui n'avait rien à voir avec le reste. Mais par rapport à ce que... L'IA pouvait en comprendre, elle a inventé quelque chose en fait. Donc attention à la capacité d'innovation de l'IA. Pareil, quand on lui demande de faire une bibliographie, de citer une bibliographie, il faut se méfier, ils peuvent inventer complètement la bibliographie. Il faut lui dire une bibliographie qui est vraie. Donc il y a des dangers. Le plus gros danger, je pense, dans l'IA, c'est de perdre notre capacité d'analyse et de libre arbitre en fait. de pouvoir juger l'esprit critique, de pouvoir juger ce qui est vrai de ce qui est faux et on en entend parler déjà aujourd'hui en deux deux on est capable de faire une vidéo avec la tête de n'importe qui on peut faire parler Macron et lui faire dire des bêtises je sais pas s'il y a besoin d'IA pour ça ou n'importe quel autre c'est pas plus politisé que ça mais donc on peut inventer ça comment on va garder notre libre arbitre... On ne peut même plus être Saint Thomas. Saint Thomas a croyé que ce qu'il voyait, nous finalement, ce qu'on voit, on peut même plus s'y fier complètement, en tout cas à partir du moment où c'est sur des réseaux ou de la vidéo. Et là-dessus, on devra faire évidemment gaffe. Mais encore une fois, gardons le côté positif, et dans ce côté positif, on est capable d'y mettre une intention positive et d'avoir du résultat sur l'accompagnement des personnes. et de pouvoir dupliquer. Alors j'ai un projet, ce sera peut-être le prochain. J'ai fait de l'école du dos pendant longtemps, où je prenais des gens en petits groupes et tout, pour soigner les longs belges chroniques. J'ai ce projet de le faire demain, en digital en fait, qui permettrait évidemment d'accroître de manière exponentielle le sujet. Voilà, il me manque juste un petit peu de temps pour le faire, mais dans un peu. Ça va. J'ai ce projet. Et justement, on va utiliser la techno pour apporter un peu...
- Speaker #0
Pour accélérer et pour te libérer du temps. Complètement. Une tâche qui pourrait faire trois heures pourrait être faite en une demi-heure avec...
- Speaker #1
Ça, ou au lieu de se dire, il me faut trois heures pour dix personnes aujourd'hui, peut-être que demain, en trois heures, je serai capable d'en faire cinquante. Et finalement, je rendrai ce service à plus de gens qu'aujourd'hui.
- Speaker #0
OK, super. Je voulais vraiment avoir ton retour sur la techno, effectivement, puisque... C'est des choses qui sont importantes et à la vitesse dont ça avance aujourd'hui, il faut en prendre compte, il ne faut pas fermer les yeux et se dire non, non, je continue bêtement et je continue d'inévoler dans mon coin, mais il faut plutôt utiliser tout ce qui est en train de sortir pour capitaliser dessus.
- Speaker #1
On peut opposer humain et IA. Celui qui dépassera l'humain, c'est l'humain qui utilise l'IA en fait.
- Speaker #0
Je suis complètement d'accord.
- Speaker #1
Une fois qu'on a ça, moi j'ai monté mon premier site internet en 1999, donc d'une époque où on était encore en modem 56K, vous savez le truc qui faisait ding ding ding ding au début là, avec des bruits tout à fait bizarres. Et donc j'ai monté mon premier site internet à l'époque, mais justement déjà pour aller dans le sens d'informer le grand public en fait, et d'essayer de toucher plus de monde. Et là, il y a une puissance absolument folle. Et on se dit que demain, si on voulait évangéliser toutes les personnes, on va garder le déficit visuel. Déficit visuel, il faudrait aller en voir tellement, et ainsi de suite. Aujourd'hui, avec la techno, on peut les toucher quand même beaucoup plus rapidement.
- Speaker #0
Et je rebondis parce que c'est hyper pertinent ce que tu dis, tu parles de sites internet, que demain utiliser notamment un outil d'IA, notamment ChatGPT pour venir en fait capitaliser sur des informations qui sont sur des sites. Aujourd'hui on voit, il y a l'accessibilité, ce qu'on appelle numérique, pour que les sites soient pleinement accessibles, notamment pour les vocalisateurs d'écran, des personnes qui vont être aveugles et malvoyantes qui utilisent ces systèmes là. Et aujourd'hui on voit que... Il y a, je crois, je n'ai plus le chiffre en traite, il me semble 3% des sites Internet qui sont accessibles et qui respectent les normes d'accessibilité numérique. L'État, au 1er janvier 2024, a mis maintenant un amendement pour tout ce qui va être site de service public qui n'est pas accessible. Mais en fait, est-ce que l'idée, demain, avec ChatGPT, ce n'est pas contourner finalement la réglementation, mais c'est faciliter cet aspect-là pour avoir une facilité d'accès à l'information pour une personne qui va être aveugle ? plutôt que d'aller sur un site internet, d'avoir une barrière parce qu'elle ne peut pas rentrer à l'intérieur, elle va plutôt utiliser un module de chat GPT en lui posant une question et elle va avoir directement la réponse derrière. Donc c'est là aussi où la nouvelle technologie permet finalement d'aider tout le temps en ayant effectivement cet esprit critique parce qu'on ne va pas forcément... Il va falloir vérifier l'exactitude des informations qui sont délivrées.
- Speaker #1
J'ai ce problème chez moi, dans ma société de formation. où on a une plateforme e-learning digitale, mais qui n'est pas complètement accessible en fait. Et du coup, alors c'est un peu compliqué parce que la plateforme, ce n'est pas la mienne, je la prends, enfin je la loue.
- Speaker #0
Un prestataire.
- Speaker #1
C'est un prestat, et donc le prestat a arrêté de développer cette partie-là. Ce n'est pas très bien, il faudrait que je change de prestat, mais en même temps, tous les autres... oublie une partie de ce que j'ai par ailleurs, ça voudrait dire qu'il faut que je garde deux technos, enfin voilà, c'est vraiment compliqué, et clairement, demain, des outils comme ChatGPT et tout, vont nous permettre de capitaliser, d'être beaucoup plus faciles et beaucoup plus rapides, alors après, ça posera la question de... de la propriété intellectuelle et tout quand même, parce que ça veut dire que demain, si ChatGPT peut enregistrer ou traduire, il pourra peut-être le faire à des fins louables, qui est celle qu'on espère évidemment, mais aussi à des fins moins louables, bon, mais après, là, c'est un vaste débat sur la propriété intellectuelle, mais là, moi, je suis intimement convaincu que la techno est un moyen clairement d'accélérer, mais... On pourrait le dire, je pense qu'en 1890, on se posait la même question sur la voiture, et en fait sur la mobilité au sens large, et où on a vu la voiture arriver, certains ont trouvé ça génial, d'autres ont trouvé ça débile, il faut quand même savoir qu'à l'époque, on disait que la planète allait partir en vrille à cause du crotin de cheval qui servait à la mobilité, enfin vous voyez, chaque époque a ses problèmes finalement, là on le voit. Est-ce qu'il n'y a que du positif ? Non, sûrement que certains y verront du négatif. Maintenant, je pense qu'effectivement, pour les déficients visuels ou certains troubles cognitifs, une solution comme EasyMob leur change la vie. J'ai eu dans mon parcours étudiant trois maîtres de stage, soit déficients visuels, je pense à Guillaume et Alain, soit... totalement aveugle. Laurent fait le meilleur stage de ma vie en tant que kiné. Mais parce que ce monsieur, du coup, ne voyait rien, comme le nom aveugle l'indique, mais du coup travaillait complètement autrement, avait une mémoire, avait appréhendé l'espace et les patients complètement autrement, et j'ai trouvé ça merveilleux. de changer mon mindset en fait avec lui et de me dire comment on peut, comment on peut, enfin comment lui fait et finalement
- Speaker #0
Ce qui est important pour nous, les normaux visuels, comment lui fait, parce qu'en fait, la manière dont lui procède m'impose de réfléchir un peu autrement. Et en fait, c'est de ne pas donner à la différence le statut de l'erreur et de se dire, lui, il fait autrement. C'est peut-être vachement intéressant, c'est peut-être lui qui a raison. Et les déficients visuels, en général, ont une mémoire de folie parce qu'ils n'ont pas le choix. Et ça nous invite aussi à, aujourd'hui, quand je vois nos jeunes, Ah, ben, étapes de multiplication, je ne les connais pas, je ne m'en souviens pas, machin, truc, en fait. Ils n'ont plus le goût de l'effort, ni physique, ni intellectuel. Et par contre, c'est...
- Speaker #1
Super. Et bien, effectivement, tu parlais... Tu parlais... Alors, comment il s'appelle ? Nicolas, c'est ça ? La personne qui t'a marqué, qui est non-voyant ? Ah, Laurent. Laurent, pardon. Tu parlais de Laurent qui a été un fait marquant pour toi. Si on reprend ta casquette de formateur, tu me disais, on s'est vu la semaine dernière, puis tu me disais que tu accompagnais justement, tu formais des personnes en situation de handicap visuel. C'est vrai que moi, dans mon entourage et par la force des choses, notamment avec EasyMob, j'ai rencontré beaucoup de personnes aveugles et malvoyantes. Et il y a beaucoup de personnes qui sont masseurs, kinésithérapeutes, parce que je pense que c'est le sens du toucher, et c'est des choses sur lesquelles ils ont une facilité finalement d'apprentissage.
- Speaker #0
Je vais faire un mauvais jeu de mots, mais globalement, quand tu es déficient visuel, tu as le choix, c'est kiné ou accordeur de piano. C'est horrible, mais c'est l'image. Et en même temps, comme ils n'utilisent finalement la décence, on en a cinq et on les utilise on met quatre-vingt pour cent sur la vue et vingt pour cent sur les quatre autres péniblement eux n'utilisant pas leur vue à quatre-vingt pour cent ils utilisent toute une partie sur le reste et sur le toucher de manière incroyable avec laurent j'avais appris à lire le braille mais comme un exercice déjà pour essayer de comprendre ce que lui vivait et en même temps en me disant c'est un vrai exercice pour moi de de toucher, de développement de mon toucher en tant que kiné pour savoir vraiment ce que j'ai sous le doigt et si je suis capable de lire le braille comme lui finalement je saurai alors évidemment j'étais beaucoup moins rapide et tout mais j'étais capable de lire des mots à l'époque et ça veut dire que ça,
- Speaker #1
ça peut se travailler en fait c'est un sens qu'on travaille finalement complètement et c'est vrai parce que moi des fois j'essaye de toucher alors puisque je suis curieuse et parce que des fois dans les ascenseurs j'essaye de voir en fait quelle est la perception
- Speaker #0
mais c'est super difficile en fait quand on ne travaille pas ce sens là je trouve que c'est super difficile comme ça d'en toucher de se dire ça veut dire ça j'ai un souvenir comme ça d'un de mes associés dont je parlais tout à l'heure que j'ai eu comme prof quand j'étais en première année de kiné et il y a un moment il nous dit il nous fait palper un ligament au niveau du genou et il nous dit c'est le plus facile à palper du corps humain et du coup il nous demande si on l'avait senti alors on lui a dit oui pour pas lui faire de peine mais on n'avait rien senti globalement À l'époque, on se débrouillait, mais c'était encore très, très abstrait. Aujourd'hui, je suis capable de le sentir à travers une combinaison de skis. Mais oui, c'est un sens qui se travaille. Et finalement, nous sommes capables de développer toute une partie de nos sens. On peut avoir des prédispositions un peu naturelles, mais comme tout, finalement, il y a une part de travail. En fait, c'est de créer des connexions neuronales pour que les choses fonctionnent. Il n'y a pas pire élève en maths que celui qui a décidé qu'il serait nul en maths toute sa vie. Et finalement, quand on se donne la peine quand même, je fais partie de cette génération où le goût de l'effort a encore un petit peu de sens chez moi.
- Speaker #1
Le travail, le travail et le travail, toujours. Moi, j'ai eu cette... C'est mon grand-père qui m'a donné ce goût du travail et de se dire, sans travail, on n'a rien. Et puis mon père l'a eu, et du coup, moi, je l'ai eu. Et c'est vrai, je ne suis pas la même génération que toi, mais je pense qu'il y a une génération qui l'a toujours.
- Speaker #0
Il ne faut pas perdre espoir. Alors là, encore une fois, je ne vais pas rentrer dans la politique, mais on est dans une génération où le travail, c'est sale, et il faut en faire le moins possible. Or, toute une partie de l'épanouissement que l'on a dans la pyramide de Maslow, le fait de les niveaux 4 et 5, qui sont l'estime de souhait et l'accomplissement, c'est notamment parce qu'on arrive à faire quelque chose qui n'est pas aussi simple que ça, en fait. Parce que si c'est juste simple, c'est le swipe up, en fait, on est content à chaque fois qu'on fait un petit truc, mais voilà, on a notre petite récompense instantanée, mais rien de vraiment jouissif, en fait. Quand on arrive à faire quelque chose où on s'est dépassé, où on a pas... produit quelque chose de beau, de fort, de machin, là je pense qu'on a le plaisir. Et aujourd'hui, le travail n'est plus une valeur que l'on défend, alors qu'au final, je ne sais pas, soit on est né riche et avec une cuillère en argent dans la bouche, soit pour s'en sortir, je ne connais rien d'autre que le travail finalement. Moi, j'ai commencé dans la vie, je n'avais rien, à part des parents qui m'avaient bien éduqué. qui m'avait donné une bonne étoile, qui m'avait sûrement donné deux, trois capacités intellectuelles pas trop ratées. Et derrière, il faut bosser. Et puis, du coup, la chance des rencontres et des belles rencontres. Mais d'un autre côté, combien de fois j'ai donné de mon temps pour ces rencontres, gratuitement, sans rien d'autre que d'espérer en créer quelque chose, en tirer quelque chose de manière positive. Et voilà, j'en ai plein comme ça. J'ai parlé de quelques personnes déjà. Patrick Prévost de Foch, Olivier Troisier, Alain Ausha, Gilles Barrette, même si on est fâchés maintenant. Robert Nico, mon premier associé, qui a 84 ans et qui vient de prendre sa retraite. Mais qui a travaillé chez nous jusqu'au mois de septembre, à 84 ans.
- Speaker #1
84, c'est dingue.
- Speaker #0
Et des personnes incroyables. Mais des rencontres avec des gens et en même temps, globalement, que des gens qui n'ont pas compté leur travail et qui ont réussi à faire quelque chose parce qu'ils ont œuvré.
- Speaker #1
Génial.
- Speaker #0
Et du coup, l'AVH.
- Speaker #1
Et l'AVH, alors, pour ceux qui nous écoutent, l'AVH, Association Valentin A.U. C'est un acronyme, l'AVH, c'est une association. Alors, quand j'ai préparé ce podcast, je trouvais ça assez dingue. Acteur historique de l'aide aux personnes déficientes visuelles, association créée en 1889, plus de 135 ans d'existence. Aujourd'hui, c'est une association qui œuvre et qui accompagne des personnes en situation de handicap visuel. Ils ont un grand nombre d'actions, ils défendent bien entendu les droits des personnes déficientes visuelles. Ils assurent des formations et l'accès à l'emploi et c'est là où toi tu agis, notamment auprès de l'ASSO. Ils restaurent et développent leur autonomie, l'autonomie des personnes en situation de handicap visuel. Alors nous, on a aussi contribué à ce niveau-là parce qu'on travaille avec des personnes justement de l'association pour créer des dispositifs qui favorisent l'autonomie des personnes. Promouvoir l'accès à l'écrit, on a parlé du braille tout à l'heure, et propose aussi des activités culturelles et sportives. Et donc toi, tu agis, je dirais, principalement sur la partie formation et accès à l'emploi en accompagnant... des personnes déficientes des yeux qui souhaitent être kinés, ma sœur est kinésithérapeute. Est-ce que tu aurais une petite anecdote aujourd'hui ? Tu fais tes formations. Est-ce que tu as une petite anecdote à nous partager sur une de tes formations ? Parle-nous aussi de comment tu fais ces formations-là.
- Speaker #0
C'est un hasard, mais c'est une autre personne. On a eu une belle rencontre aussi dans le monde de la kiné, Thierry, qui enseigne dans une école où on est ensemble. et qui enseigne aussi à l'AVH et qui m'a dit, on n'a personne sur l'ergonomie, est-ce que tu veux bien venir à l'AVH ? Alors, je lui ai dit, bah oui, je veux bien, j'ai pas beaucoup de temps, mais ça me fera plaisir. Et puis, encore une fois, je cultive mon utilité sociale en le faisant. Et alors, c'est un public un peu différent quand même. du public école de kiné classique. Déjà, il y a beaucoup qui ne sont pas jeunes, parce qu'il faut imaginer qu'il y a aussi des gens qui deviennent déficients visuels, qui ont vu et qui finissent par ne plus voir, ou en tout cas, voir beaucoup moins bien. Et à ce moment-là, on a des âges très différents. Donc ça, déjà, ça donne un contexte un peu particulier. Et puis, dans... Ces cours-là, eh bien, on a différents profils, parce que déficient visuel, il y a mille manières.
- Speaker #1
Malvoyants, non-voyants.
- Speaker #0
Et des gens qui ont, qui voient le champ qui se réduit. Et on a les photophobes, c'est-à-dire ceux qui ne supportent pas la lumière. Donc de faire des cours pratiquement presque dans le noir en fait, ou en tout cas dans la pénombre. Et donc là, évidemment, bêtement, quand on explique un cours, on leur explique Vous voyez le muscle, vous voyez le bras, vous voyez le dos et tout, vous voyez. Ah ben non, en fait, non, vous ne voyez pas. Et donc ça, c'est le...
- Speaker #1
Après, c'est une expression que tout le monde utilise et c'est vrai que... En fait... Pour moi, l'inclusion, c'est finalement utiliser des mots qu'on utilise tout le temps et ne pas se restreindre devant la personne. Et ça, ils le comprennent.
- Speaker #0
Ils en rigolent, en fait. Mais du coup, je ne peux pas leur faire de schéma au tableau. Donc, ça implique d'avoir une manière différente d'échanger et de communiquer. Et ça, finalement, pour moi, c'est riche. Ça change un petit peu du quotidien. et puis alors une anecdote comme ça l'année dernière avec eux je leur fais des techniques de mobilisation et tout et il y en ont des labrador souvent alors labrador pas que parce que dans les dans les guides chiens guides d'aveugles il n'y a pas que des labrador mais là il y avait deux deux magnifiques labrador et il ya un moment je je m'allonge sur la table de et ayant et il ya je suis pas prêt je fais pas attention et là il ya le labrador qui arrive et qui me saute dessus Avec ses 35 kilos, je pense que c'est la seule fois où ça m'est arrivé en formation de kiné.
- Speaker #1
Il était trop content de te voir.
- Speaker #0
Oui, et puis à coups de grande, les chouilles, il était adorable, un peu jeune, un peu foufou. Donc ça, c'était sûrement une anecdote rigolote de l'enseignement à la VH.
- Speaker #1
C'est ça, il faut être prêt à être avec plein de chiens à côté. Ce matin, j'étais à l'association Happy TV. parce qu'on pitchait pour le campus Louis Braille, un campus qui vient d'être inauguré. Et pareil, du coup, je marche dans le couloir et puis là, il y a deux chiennes de Labrador qui s'amusent entre elles et qui font un bruit d'enfer. Donc, c'est classique.
- Speaker #0
Pour eux, c'est normal. Et en même temps, et là, c'était rigolo, il y en a un, je lui dis, tu n'as pas ton chien aujourd'hui ? Il me dit, tu sais, il commence à être vieux. Alors, en ce moment... Euh... faudrait qu'il soit à la retraite mais on n'arrive pas à se séparer alors avant que j'en ai un nouveau je le garde encore parce qu'à la fin je veux pas le rendre et je veux le garder quand il sera à la retraite et du coup là en ce moment pour venir à l'école comme j'en ai pas hyper besoin je le laisse se reposer et donc c'était c'était touchant en fait cette relation évidemment qui la dépasse déjà pour ceux qui aiment les chiens on sait quelle relation on peut avoir avec eux Mais là, il y a une relation très, très forte. Et voilà, c'était assez touchant.
- Speaker #1
Génial. Alors, maintenant, je vais te mettre devant une boule de cristal.
- Speaker #0
Oui !
- Speaker #1
Une boule de cristal. Et si je te dis, on se projette dans 10 ans. Donc, ça veut dire, bon, on est fin 2024. Disons qu'on est début 2025. Donc, on est en 2035. Comment tu vois l'avenir ? des personnes en situation de handicap, notamment visuelle, l'avenir de l'inclusion ? C'est pas facile, hein ?
- Speaker #0
Non, c'est pas facile. Alors, malgré tout, je vais répondre mieux. Voilà. On peut déjà, si je fais l'inverse, il y a 15 ans… on avait beaucoup moins de solutions techniques, mais simples, enfin les trottoirs, l'infrastructure en fait étaient quand même beaucoup moins adaptées aux handicaps, au pluriel en général. On a quand même fait des progrès, les lieux publics sont quand même prévus aujourd'hui beaucoup plus pour le handicap physique. au moins le handicap visuel en partie. Et on l'a vu avec les JO et les paralympiques, je sais qu'en plus c'est un sujet qui te tient particulièrement à cœur, on a vu ces JO paralympiques, c'était fou de les voir mis à l'honneur. Alors c'était sûrement le cas déjà, alors pas il y a 4 ans, parce qu'en plus au Japon c'était Covid et tout. probablement il y a huit ans, mais là on a vu à Paris finalement, c'était chez nous, c'était dans notre ville, il faut préciser pour le podcast, on est parisiens tous les deux, et du coup, voilà, c'était dans notre univers en fait. Et donc, on avait vraiment cette image de l'inclusion, c'était à l'intérieur. et puis de voir ces paralympiques nous donner une leçon pour nombre d'entre eux je vous invite à aller courir le 100 mètres à côté vous allez avoir l'air ridicule quoi nager ou peu importe le truc peu importe la discipline pardon donc je pense qu'on pendant longtemps on a nié le handicap Aujourd'hui, on reconnaît le handicap. Donc j'espère vraiment qu'on va continuer à reconnaître le handicap. On a tous eu un regard narquois, au moins une fois dans notre vie, envers une personne différente en fait. Et on a entre guillemets jugé cette différence, je pense que petit à petit, et je pense que les jeunes générations pour le coup, je pense à mes enfants, mon petit dernier qui a 12 ans, qui justement ne juge beaucoup moins la différence que j'ai pu le faire quand j'avais son âge, probablement. Et donc, une vision positive, en tout cas je pense que ça va quand même dans le bon sens. Après, évidemment, le progrès technologique, je pense, va les accompagner, va nous accompagner beaucoup. Le premier smartphone... Vrai smartphone Apple, il a quoi ? 13 ans, 14 ans, comme ça ?
- Speaker #1
C'est pas si vieux que ça.
- Speaker #0
C'est pas si vieux que ça. Moi, je dis toujours à mes étudiants en ergonomie, où on doit faire des photos, des analyses de photos et tout, je dis, aujourd'hui, vous avez tous un téléphone qui fait photo-caméra, quoi. Moi, j'ai commencé à faire de l'ergonomie, l'appareil numérique n'existait pas. Là, ça fait vieux con, ils me demandent comment on faisait. Et du coup... Oui, la techno et l'outil smartphone est d'une puissance telle que demain on va avoir des choses. Aujourd'hui, on arrive même à reconstruire petit à petit, chez des déficients visuels au stade complètement expérimental, mais des images et des visions. Et peut-être un jour on sera capable d'inventer un œil artificiel ou quelque chose qui permettra de gérer en 3D. Voilà, ça c'est probablement un des points de demain, comme aujourd'hui on est capable de faire remarcher des paraplégiques, alors avec des solutions qui ne sont pas du tout fonctionnelles, quotidiennes, comme aujourd'hui. Mais deux choses, moi j'ai connu quand j'ai fait mes études de kiné, j'ai commencé il y a 30 ans, de voir des gens avec qui on mettait des attelles, avec un... Un système mais pas du tout mécanisé qui faisait semblant de les faire avancer et tout. Alors ça marchait que pour des fusillés comme Andomarin qui avaient des bras comme mes cuisses et qui étaient des Golgothes en fait. Aujourd'hui on est capable de faire remarcher avec des systèmes technologiques, de créer des exosquelettes de marche qui rendent une marche quasi fonctionnelle, en tout cas qui permet de mettre des gens debout. et je contribue avec la PHP à l'élaboration d'un projet là-dessus. Donc oui, la technologie va évidemment prendre de la place, on va avoir un aspect positif sur ces choses-là, c'est une certitude.
- Speaker #1
Parfait, on se retrouve en 2035,
- Speaker #0
on voit si tu as... Eh bien allez, nous n'aurons plus de voiture thermique, mais nous aurons, je l'espère, du... une amélioration. Il restera toujours des chantiers parce que quand on enlève les trois plus gros problèmes, il reste toujours le quatrième qui est toujours présent. Donc c'est un peu quelque chose sans fin. Et puis quand il n'y aura plus ça, on trouvera autre chose. C'est le propre de l'homme. J'aime beaucoup cette citation de la gloire de mon père où il rencontre l'ermite des collines. et l'Hermite des collines demande à Marcel Pagnol et à son frère Mais qu'est-ce que vous voulez faire ? On voulait aller voir ce qu'il y a derrière la colline. Et l'Hermite des collines répond Ça a toujours été l'ambition de l'homme de savoir ce qu'il y a derrière la colline. Et finalement, la science, le progrès, c'est toujours d'aller voir un peu plus loin et ce qui était infranchissable aujourd'hui devient le projet de la normalité. Enfin, ce qui était impossible hier, c'est la normalité d'aujourd'hui. Et puis ce qu'on découvrira demain sera la normalité d'après-demain en fait.
- Speaker #1
Génial. Merci pour ta vision des choses. Merci. J'ai juste un dernier petit jeu à te faire avant qu'on se quitte. Alors il y a un bol avec des petits mots, je vais te laisser piocher. Un seul.
- Speaker #0
C'est celui-là que je voulais.
- Speaker #1
Allez, parfait. Et je te laisse en deux phrases me dire qu'est-ce qui évoque ce mot-là. Est-ce que tu peux nous le dire ?
- Speaker #0
J'ai le droit, je dois dire le mot ? Ouais. Ou je dois le faire deviner, non ?
- Speaker #1
Non, tu peux le dire.
- Speaker #0
Le mot c'est adaptation. Alors… Alors, c'est quoi ? C'est typiquement ce que doit faire un entrepreneur au quotidien. C'est de s'adapter au contexte qui est le sien, donc il y a un effet contextuel. Il y a un effet de ressources, ce que doit faire un manager, c'est gérer une situation, un projet, avec les ressources qu'il a à dispo. C'est se poser la question de quel objectif je veux pour demain et comment je vais m'adapter à ça. Quand on gère ça en tant qu'entrepreneur, en tant que chef d'entreprise, en tant que financier, c'est j'ai besoin d'argent pour machin. Et puis en tant que soignant, cette fois, c'est de m'adapter à la personne que j'ai en face de moi. Il n'y a pas deux patients identiques qui peuvent avoir la même douleur, le même truc. J'en ai un qui a une représentation de la vie et l'autre une autre. Et donc, je dois m'adapter. Et éventuellement, si je parle du handicap, je vais devoir adapter le cadre de vie de la personne à ce qu'elle peut faire. Et donc évaluer ce qu'elle peut faire et ce qu'elle ne peut pas faire. Et trouver à gérer son lien de dépendance, en fait. Et en éducation thérapeutique, c'est ce qu'on cherche à faire. C'est-à-dire... Avoir des gens qui, potentiellement, ont une pathologie qu'on ne guérira pas forcément, mais de leur permettre de vivre correctement avec cette pathologie, se fixer un objectif atteignable. Et donc, c'est vraiment une adéquation du contexte, des moyens, des ressources que l'on a, et de l'objectif que l'on se fixe, en fait.
- Speaker #1
Et avec la personnalité de la personne. Voilà,
- Speaker #0
et tout ça de manière concertée, et d'avoir une situation qui reste, à la fin, acceptable pour tout le monde. Voilà. J'ai rencontré comme ça Philippe Croison.
- Speaker #1
Ce verrier important de parking.
- Speaker #0
Voilà. Et qui, typiquement, a adapté sa vie. Voilà. Mais il explique aussi qu'il est passé par très bas pour pouvoir y arriver.
- Speaker #1
Alors, pour ceux qui ne connaissent pas Philippe Croison, est-ce que tu peux le qualifier en une phrase ?
- Speaker #0
C'est ce monsieur qui est tombé de son toit, qui, du coup, a été amputé des deux bras, des deux jambes. ce qui n'est pas très pratique quand même et qui depuis a traversé la Manche à la nage qui a fait du saut en parachute qui a fait le Paris-Dakar avec un poste de conduite adapté et on a eu la chance et le bonheur de l'accompagner en tant que kiné via un de nos collaborateurs sur le Paris-Dakar à l'époque pour pouvoir s'occuper de lui et qui aujourd'hui a écrit à Elon Musk en disant je veux être le le premier handicapé dans l'espace. Et Elon Musk lui a répondu en lui disant écoutez, on garde notre candidature pour être le premier.
- Speaker #1
C'était dingue. Et j'aimerais ajouter, avec un mec qui est tout le temps souriant, c'est l'optimiste, je ne l'ai jamais vu sans son sourire aux lèvres.
- Speaker #0
Et moi, il m'a fait pleurer. Je l'ai fait venir en conférence, on a organisé une conférence pour... notre boîte de formation, Philippe est venu et il y a le moment où, donc avec ses prothèses et tout de jambes, il se met debout et il remercie tout le monde. Et là, il y avait un truc tellement touchant que t'avais l'air mauvais yeux, quoi. Il est incroyable. C'est un vrai bonhomme.
- Speaker #1
Ben, on va essayer de l'inviter alors sur des...
- Speaker #0
Il faut l'inviter. Son agent n'est pas très facile, mais lui... On va essayer si tu nous entends,
- Speaker #1
Philippe.
- Speaker #0
Voilà, Philippe. Le rendez-vous est pris.
- Speaker #1
Merci beaucoup, Xavier. Est-ce que tu as des petites actus ou des petites choses à nous partager ?
- Speaker #0
Déjà, ça va être Noël, donc on va en profiter. Ça, c'est l'actu sympa. Et puis l'actu de la rentrée, nous, là, sur le premier trimestre, on a notre DU d'ergonomie qui va repartir à Nice et à Paris. Donc ça, c'est notre actu formation un peu de l'instant. Et puis derrière... Notre actus, c'est de continuer à aider EasyMob dans son développement et dans son déploiement pour pouvoir aider un maximum de personnes.
- Speaker #1
Génial. Merci beaucoup. Je suis vraiment ravie d'avoir enregistré ce podcast avec toi. Et puis, à très vite.
- Speaker #0
À très vite. Merci beaucoup, Camille.
- Speaker #1
Merci d'avoir écouté Déclic, le podcast qui donne une voix à l'inclusion. Si cet épisode vous a plu, partagez-le autour de vous et laissez une note ou un commentaire sur votre plateforme d'écoute préférée. Vous pouvez me rejoindre sur Instagram et YouTube, le nom c'est déclicavecdehi.podcast pour découvrir les prochains invités et suivre la sortie des prochains épisodes. Je vous donne rendez-vous toutes les deux semaines, le jeudi, pour un nouveau Déclic. À bientôt !