- Speaker #0
Au début, ça a été compliqué. Mes parents n'étaient pas trop contents. Ma copine m'a vu partir dans le Jura alors qu'on était à Paris. Mais bon, il faut croire en ses rêves. Il faut croire en soi. Tu mets de côté ton égo. De toute façon, c'est ça l'entrepreneuriat. C'est des gens qui ont beaucoup d'égo, mais qui arrivent à le mettre de côté quand il y en a besoin. On a cette liberté géographique de vraiment s'installer partout. Mais il faut faire attention.
- Speaker #1
Bienvenue sur Désalarier, le podcast qui démystifie l'entrepreneuriat en partant à la rencontre de personnes ordinaires au parcours extraordinaire. Et aujourd'hui, nous partons à la rencontre de Nathan. Bonjour Nathan.
- Speaker #0
Salut.
- Speaker #1
Je te remercie du coup d'avoir accepté de venir sur le podcast. Je vais commencer, comme je fais avec chacun de mes invités en général, avec une petite question pour tester et tenter de les déstresser. Tu ne vas pas l'air hyper stressé, mais bon, je vais le faire quand même. La question que je vais te poser, c'est une question que tu poses toi-même lors de tes ateliers que j'ai trouvés sur Internet. Si tu étais un fromage, lequel serais-tu ?
- Speaker #0
Bien vu comme question. J'aime beaucoup poser cette question pendant mes ateliers parce que ça me permet d'évaluer le niveau des invités et d'adapter mon discours en fonction de leur niveau. Et de mon côté, c'est plutôt le comté. C'est un fromage que j'aime beaucoup, comme la plupart des Français apparemment. De par sa simplicité, il est très bon quand on le mange sans pain, par exemple. Et à lui seul, il représente un peu la complexité aussi du fromage. Il peut être très affiné ou peu affiné. Il a mille saveurs. On a compté 80 arômes différents. dans le comté il y a eu un petit débat scientifique dessus et c'est aussi parce que j'ai appris à faire du fromage en franche comté là où est fabriqué le comté donc voilà il y a tout
- Speaker #1
un imac autour si je te disais moi que je me serais défini avec les mentales ça voudrait dire quoi pour toi ?
- Speaker #0
alors les mentales pour toi ça a un trou ou ça a pas de trou ?
- Speaker #1
Pour moi, c'est un trou. J'ai peur de faire une bêtise, du coup, vu que tu me poses la question comme ça.
- Speaker #0
Alors ouais, le gruyère, ça n'a pas de trou, contrairement à l'aimantale qui a des trous. Donc, je ne sais pas, peut-être des trous de mémoire ou des trucs comme ça.
- Speaker #1
En fait, moi, j'aurais dit l'aimantale de mon côté parce que je trouvais, comme le comté, que c'était accessible. Je le trouve même beaucoup plus accessible que le comté. Et je trouve que c'est un peu neutre et passe-partout, en fait.
- Speaker #0
OK. Je ne sais pas si ça te convient comme définition pour ta caractéristique personnelle, mais pourquoi pas.
- Speaker #1
Ok, alors je vais commencer par te décrire et décrire ton parcours. Donc tu as eu un master en supply chain international que tu as obtenu à Paris Dauphine. Tu es ensuite devenu responsable prévision chez showroomprivé.com et Relais Colis. Et ensuite... Tu as décidé de reprendre tes études en effectuant une licence professionnelle en géographie, terroir et transformation du lait cru en 2021 à l'ENIL Bio. Ça t'a permis de devenir fromager affineur pour un meilleur ouvrier de France. Et plus récemment, tu as fondé les Compagnons du fromage, qui permet de faire vivre les histoires fromagères et des expériences conviviales autour du goût et du terroir français, puisque tu as à cœur la mise en valeur du savoir-faire artisanal français. Les Compagnons du Fromage, c'est un organisateur d'événements fromagés avec des ateliers de dégustation, des balades fromagères et des food tours à destination des particuliers et des entreprises. Et toi, tu crois dans le pouvoir fédérateur du fromage et je ne peux que te rejoindre là-dessus puisque quand moi on me parle par exemple de raclette, c'est un événement qu'on attend chaque année tous et qui est hyper convivial.
- Speaker #0
C'est actuel en plus. Oui,
- Speaker #1
je n'ai pas encore commencé la période, mais bon. Est-ce que tu peux nous parler de ta reconversion ?
- Speaker #0
Ouais, comme tu dis, donc avant ma reconversion, j'étais dans les bureaux à Paris en prévision de logistique. Et pourquoi j'ai entamé cette reconversion ? C'est pas parce que j'ai ressenti un mal particulier, il n'y a pas eu de déclic non plus soudain. J'avais juste envie de découvrir autre chose, de me challenger. Et je pensais dans ce cadre-là, entrepreneuriat et fromage. Et j'ai fini par sauter le pas pendant le Covid. Et comme beaucoup d'autres, apparemment, rage.
- Speaker #1
Oui, c'est ça. C'est une période où moi aussi, j'ai eu mon déclic.
- Speaker #0
Et je crois que c'est le cas de plein, plein d'autres personnes. Donc voilà, first step, comme on dit, franche-comté, pour apprendre à fabriquer le fromage pendant un an. Donc c'était une année un peu hors du temps, après le Covid. C'est un dépuisement un peu total. Moi qui ai grandi en région parisienne. dans le tumulte de Paris. Les cours étaient vraiment hyper passionnants. C'était sur le terroir, c'était sur le fromage. Donc, j'avais vraiment aussi les mains dans la pâte, dans le fromage. Mais c'était très compliqué, quoi. Donc, j'ai appris que c'était un métier physique de faire du fromage. Après, surtout après un travail dans les bureaux. Le réveil, c'était plutôt à 2h30, alors qu'à Paris, c'était... plutôt à 9h30, 10h tranquillement. Tous les jours, je devais prendre la voiture sur les routes enneigées. Et les camarades de promo, c'était un peu le retour à l'école. C'était 17, 18 ans, un peu isolé.
- Speaker #1
Ça, c'est hyper dur, justement, comme tu dis, la reprise de l'école, surtout après avoir commencé par une première expérience professionnelle installée où tu touches de l'argent. En fait, en dehors même de te lancer dans une reconversion, le fait de retourner à l'école, je trouve ça hyper dur.
- Speaker #0
Oui, c'est hyper dur, mais ça permet de prendre le temps de mûrir ton projet. Donc moi, c'est vraiment ce qui a été le cas. Pendant un an, j'avais comme idée l'entrepreneuriat et le fromage, mais je ne savais pas exactement où aller. Et du coup, pendant cette année-là, ça m'a permis vraiment de réfléchir vers quoi je voulais aller. Donc, je ne sais pas, j'ai pensé coopérative fromagère en Amérique latine, par exemple. Et in fine, je suis arrivé à la conclusion que je voulais créer des aventures fromagères.
- Speaker #1
OK. Et justement, moi, ce qui m'a beaucoup intrigué et ce qui est un peu ton ADN, c'est que tu disais que le fromage, c'est un synonyme de partage. Est-ce que tu peux nous en dire un peu plus ? Et d'où ça vient justement cette envie d'entreprendre dans ce domaine ?
- Speaker #0
Pour moi, oui, le fromage, c'est une ligne de partage. Et d'ailleurs, c'est ce que je veux transmettre aussi pendant mes ateliers. On se rassemble autour d'un plateau de fromage, autour d'un appareil à raclette, comme tu dis. Et voilà, c'est aussi des souvenirs, le fromage, c'est des souvenirs d'enfance, c'est des souvenirs aussi de repas entre amis. Et voilà, c'est vraiment ce que je voulais transmettre. En plus de ça, je rajoute des jeux, ça permet aux gens, même s'ils ne se connaissent pas, de pouvoir se parler parce qu'il y a de... moins en moins de discussions en réel aussi. Même là, même là, c'est une discussion en réel, mais c'est à travers un écran, par exemple. Et oui, t'as pas parlé du fait que je fasse des cheese dating aussi. Donc c'est carrément des c'est des rencontres célibataires à travers, à travers le fromage. Parce qu'en effet, le fromage, ça ressemble quoi.
- Speaker #1
Et tu fais quoi du coup ? Tu fais un peu... Je vais faire une comparaison avec Fruits. Tu mets les gens en fonction du fromage qu'ils aiment ?
- Speaker #0
Non, en fait, c'est une sorte de speed dating. Tout le monde se rencontre et pendant les jeux, les gens voient les affinités qu'ils ont les uns avec les autres. Et en effet, les gens, quand ils viennent à mes ateliers, ce qu'ils veulent, c'est quoi ? C'est manger, c'est boire, c'est discuter. Et c'est aussi apprendre des choses sur le fromage. Mais apprendre des choses sur le fromage, ça reste un peu mon côté par rapport au contexte.
- Speaker #1
Et ton entourage, il a réagi comment sur cette reconversion que tu as entrepris ?
- Speaker #0
Au début, ça a été compliqué. Mes parents n'étaient pas trop contents. Ma copine m'a vu partir d'Andura alors qu'on était à Paris. Mais bon, il faut croire en ses rêves, il faut croire en soi. pourquoi on a son projet et puis là maintenant ça commence à fonctionner donc voilà tout le monde est soulagé Et puis voilà on commence à comprendre mes choix surtout que j'étais pas du tout dans nos familles d'entrepreneurs mes potes sont salariés Donc voilà c'est quelque chose qui au début fait très peur à l'entourage.
- Speaker #1
Et justement, tu as été perméable à leurs avis, leurs critiques, ça t'a fait douter ou pas du tout ?
- Speaker #0
Forcément. Mais bon, c'est toujours une sorte de déconstruction. Il me semble que tu m'en as parlé avant le podcast. C'est essayer de casser des barrières qui t'empêchent d'aller au-delà de ce que... vers quoi tu peux prétendre. Et du coup, c'est vraiment un combat de tous les jours, de se dire, bon, allez, j'arrête de penser ce que les gens pensent de moi, ou je pense croire qu'ils pensent de moi, et puis j'y vais, quoi.
- Speaker #1
La botte actuelle, elle est plutôt au rugby. e-business, tout ce qui est dropshipping, et les gens, en fait, ils commandent des produits à l'autre bout du monde qu'ils n'ont jamais eu entre les mains ou qu'ils ont une fois dans les mains. Et toi, comme tu disais tout à l'heure, tu as fait le choix d'apprendre à fabriquer du fromage pendant un an en Franche-Comté avant de le proposer dans les food tours ou les ateliers de dégustation. À quel point c'était important pour toi de connaître le produit dans ses moindres facettes avant de le proposer à tes clients ?
- Speaker #0
Pour moi, en fait, la question, elle ne se posait pas. Je n'étais pas du tout légitime à parler de fromage ou quoi que ce soit. Donc, en fait, apprendre à fabriquer le fromage, à comprendre quelles sont les étapes nécessaires entre la fourche et l'assiette. C'est un peu ce qu'on dit. La fourche, c'est le producteur de lait. L'assiette, c'est le crémier fromager qui te vend le produit. C'est quoi toutes les étapes qu'il y a entre les deux ? Pour moi, c'est pour pouvoir transmettre mon passion, pour pouvoir transmettre des informations, pour pouvoir compter le fromage. Parce que j'ai un rôle de conteur d'histoire. Pour moi, il n'y avait pas de questions à me poser. Il fallait vraiment que je connaisse. le fromage sur le goût des deux. C'est sûr.
- Speaker #1
Moi, je suis assez d'accord avec toi. Tu vois, j'ai une vision où si tu veux emmener les gens dans une histoire ou dans quelque chose de passionnant, il faut que tu connaisses en fait les choses que tu essayes de leur proposer. Et il faut que tu sois... Après, c'est ma déformation professionnelle aussi. J'ai tendance à vouloir être expert de tout ce que j'entreprends. Mais je pense que c'est une bonne chose. et je pense que connaître au mieux en plus la production d'un fromage, c'est le respecter, mais aussi respecter les personnes qui le font. Et pour moi, c'est aussi comprendre qu'un bon produit, c'est un produit qui ne répond peut-être pas forcément à des impératifs temps et heure, quand on doit l'avoir entre les mains. Et je voulais savoir, toi, comment tu avais fait justement pour rencontrer des producteurs hors dans le comté ? Comment tu les trouves ?
- Speaker #0
Je reviens un peu sur l'histoire de l'expertise. En fait, il ne suffit pas d'être expert dans le domaine parce que j'ai aussi un rôle d'animateur. Donc, je vois beaucoup de crémiers qui connaissent un peu leurs produits, qui savent le vendre, mais ils ne vont pas être forcément à l'aise dans... les ateliers de dégustation. Tu vois, il faut quand même... Tu as un rôle un peu de jongleur, de comédien, et ce n'est pas forcément le cas de tout le monde. Et après, pour revenir sur ta question sur le fait de respecter le produit, forcément, le fait de connaître le produit, ça m'a permis de me sentir légitime auprès de ceux qui le fabriquent. C'est sûr parce que je connais en effet le nombre d'heures passées dans leur ferme à s'occuper des lait, dans l'atelier à fabriquer le fromage, dans leur salle d'affinage à retourner à saler le fromage. Donc oui, ça m'a permis de... de me sentir légitime à aller les voir, de leur parler. Et comment je me suis pris, parce que ta question, elle concerne aussi la recherche de fournisseurs, finalement, en général.
- Speaker #1
C'est ça.
- Speaker #0
Ouais. Donc, ouais, la première étape, c'est de les trouver. C'est Google, c'est comme trouver n'importe quel fournisseur, c'est trouver sur Google, sans faire de... de pub pour eux. Après, la deuxième étape, c'est de les appeler, c'est de prendre le courage. Déjà, c'est un premier courage d'être en contact direct avec des gens avec qui tu... Tu ne te sens pas forcément légitime. Donc, de les appeler, de leur parler de ton projet et de te faire écouter. Et après, la troisième étape, c'est qu'ils acceptent de travailler pour toi, qu'ils commencent à bosser. Ils te voient un peu comme un petit jeune qui ne sait pas trop ce qu'il veut faire. Ça, c'est légitime de leur part.
- Speaker #1
Et puis, on a un gros défaut tous les deux en commun, c'est qu'ils doivent se dire que c'est les titis parisiens qui arrivent pour faire je ne sais pas quoi avec le fromage.
- Speaker #0
Il y a ça aussi. Mais du coup, le vernis, comme je l'appelle, d'avoir passé un an dans la bouse de vache, c'est ça. ça permet quand même de parler de ce que tu connais. Voilà. Et bon, après, ça ne suffit pas. Les gars, ils n'ont pas forcément le temps de te consacrer. Mais bon, après, tu mets de côté ton égo. De toute façon, c'est ça l'entrepreneuriat. C'est des gens qui ont beaucoup d'égo, mais qui arrivent à le mettre de côté quand il y en a besoin.
- Speaker #1
Et avec toi, j'ai appris un nouveau mot. J'ai appris que la dégustation de fromage, ça portait un nom spécifique. Je crois que c'est la caséologie. Est-ce que tu peux en parler un peu ?
- Speaker #0
Donc la caséologie, ouais, en fait, ça vient de caséine. La caséine, c'est la protéine de lait. Et la caséologie, c'est la science de dégustation de fromage. Donc à travers les ateliers, j'enseigne comment déguster le fromage. Et déguster un fromage, en fait, tu le dégustes avec vraiment tes cinq sens. Donc, vraiment les cinq sens, c'est vraiment l'ouïe. Ça, c'est assez étonnant, mais c'est un truc que j'enseigne pendant mes ateliers. C'est aussi les textures au doigt, à la bouche, les goûts, les odeurs. J'ai des jeux sur les odeurs. J'ai des blind tests qui permettent de faire abstraction de tout le côté visuel. qui est très important dans le fromage, mais le fait de se focaliser sur un fromage, ses sensations sur les doigts, l'odeur qu'on sent, ça permet d'autant plus apprécier le travail de la matière. Parce que c'est vraiment des œuvres d'art, tous ces fromages-là.
- Speaker #1
J'ai vu en plus que tu cassais un peu les codes parce que toi, tu as aussi le fromage avec le vin blanc. Ce serait quoi ton meilleur conseil si je devais impressionner des amis à moi au prochain repas ?
- Speaker #0
Le conseil ? Je retourne au comté. Et en fait, ce que j'adore faire et ce qui marche le mieux, c'est des accords de terroir. Je ne sais pas si tu as entendu parler de ça.
- Speaker #1
Du tout.
- Speaker #0
Des accords de terroir, c'est associer deux produits. qui semblent assez loin l'un de l'autre, mais qui viennent du même terroir. Le terroir, c'est une histoire, c'est la géologie, c'est l'hydrométrie, c'est tout un panel de différentes choses qui font que sur un territoire, on a depuis... quelques années, depuis des centaines d'années, 200, 1000 ans, on fabrique quelque chose. Et donc là, c'est le cas, par exemple, dans le Jura, on fabrique du comté, on fabrique aussi du vin jaune. Le vin jaune du Jura, je ne sais pas si tu as un nom en tête. Et en fait, les deux se marient super bien. On a ce côté noisette, noisette raffinée. Et voilà, c'est pareil. Par exemple... camembert de Normandie qui va avec le cidre de Normandie. Voilà, il y a tout un panel d'exemples comme ça qui font que les accords de terroir, c'est vraiment le summum des accords.
- Speaker #1
Tu vois, pour le coup, moi, je connaissais le camembert de Normandie. Je crois qu'il est un peu pané avec du calva aussi.
- Speaker #0
Avec du calva, ouais, pourquoi pas.
- Speaker #1
Ok, bon, écoute, je vais tester des combinaisons et puis je te dirai si ça marche.
- Speaker #0
C'est exactement ça. Il faut tester et voir ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas.
- Speaker #1
Je suis d'accord. Et j'avais une autre question, c'est que, comme tu disais, tu étais un Parisien et en plus, tu es parti, toi, pour lancer ton activité. à Toulouse, dans le vrai sud, comme nous diront certaines personnes et amis toulousains.
- Speaker #0
C'est pas le vrai sud. Je casse les cotes là-dessus. Là, il pleut, il fait froid, c'est pas le soleil.
- Speaker #1
Je sens que tu vas pas t'attirer que des amis. Non,
- Speaker #0
mais bon, il faut dire la vérité.
- Speaker #1
Souvent, on a tendance à penser, justement, en tant que salarié, que c'est plus facile de trouver des opportunités en région parisienne et qu'elles sont plus nombreuses. C'est un peu ce que j'ai fait moi aussi, parce que j'ai terminé mes études à Nîmes et je suis remonté, malheureusement ou heureusement, en région parisienne. Et depuis, je ne suis pas redescendu, parce qu'il n'y a pas tant d'occasion que ça. Est-ce que quand on entreprend, tu dirais que c'est la même chose ?
- Speaker #0
Alors, ouais, en effet. Dans mon activité de salarié, trouver un taf à Paris, ça n'aurait pas été un souci. Je pense que c'est un peu plus compliqué, à part en me tournant vers Arabus et encore. Et en tant qu'entrepreneur, ce qui est quand même assez glorieux, c'est qu'on a cette liberté géographique. On peut vraiment s'installer partout, mais il faut faire attention. Il faut trouver... Un coin où il y a quand même assez de personnes qui pourraient acheter ton produit ou ton service. Et il faut être bien dans l'endroit où tu es. Donc, j'ai choisi Toulouse car c'est une ville dynamique. Donc ça, ça bouge. Je crois que c'est la troisième ou quatrième ville de France en termes de nombre d'habitants. Et il y a les montagnes à proximité. Et dans ces montagnes... plein de produits locaux. Donc, moi, je fais déguster que des produits locaux, que ce soit le vin ou le fromage. Et c'était vraiment très important pour moi d'utiliser des produits locaux. Et à Toulouse, voilà, on a plein de produits du sud-ouest qui arrivent comme ça. Mais d'un autre côté, c'était quand même compliqué de se créer un réseau à partir de rien du tout. J'avais choisi Toulouse parce que... Il y avait des produits, j'aimais bien l'atmosphère de la ville. Mais voilà, n'avoir aucun point d'entrée, par exemple, le business B2B, il faut partir de zéro, on rencontre. À un moment, le réseau se crée et puis développe son activité. Donc Paris ou... ou province, entre guillemets, pour moi, il n'y a pas trop de soucis pour un entrepreneur.
- Speaker #1
Ok, merci. Et je vais passer du coup sur la deuxième phase du podcast où je vais poser des questions sur ton aventure entrepreneuriale. Pour toi, ça serait quoi ta plus grosse fierté en tant qu'entrepreneur aujourd'hui ?
- Speaker #0
Tu vois, c'est un peu bateau, mais c'est oser se lancer. Tout le monde l'a parlé tout à l'heure. Mais c'est oser se lancer sans que tout soit à 100% parfait au début. Parce qu'en fait, tu attends, tu attends et au final, tu fais rien. Donc voilà, oser se lancer, c'est quoi ? C'est démarcher les entreprises sans que ton offre soit parfaite. Mais bon, ça permet de créer tes premières références. Donc en fait, ça te permet de parler. de tes premières entreprises aux prochaines entreprises et te sentir légitime à proposer aux autres entreprises. Et voilà, tu construis tout dans une nouvelle ville. Tu construis une nouvelle vie aussi. C'est important. Moi, j'adore la nature. J'adore partir en randonnée. Donc voilà, faire du van, de la rando. Voilà, osez se lancer.
- Speaker #1
désolé non mais t'as raison de toute façon tu vois même si je dis que il n'y a pas une définition de l'entrepreneuriat dans le podcast mais autant qu'il y a d'entrepreneurs il y a un point qui se recoupe là des différents épisodes que j'ai enregistrés c'est ça c'est déjà la première étape en fait c'est d'oser se lancer et comme tu me disais tout à l'heure Ne serait-ce qu'oser se lancer, il y en a beaucoup qui ne le font pas, en fait. C'est déjà ce qui différencie pas mal de personnes qui se reconvertissent et d'autres qui ne le font pas et qui osent le faire.
- Speaker #0
Ça écrève, c'est sûr.
- Speaker #1
Et ça serait quoi pour toi l'apprentissage le plus important que tu as gagné ?
- Speaker #0
Le fait, pour moi, de toucher à tout. Tu es obligé d'apprendre, de te renseigner. à propos de ton expertise, le fromage, mais de te renseigner à propos de tout, en fait. Comment manager, de comment créer une offre, de faire un business model, un business plan, un site internet, d'être community manager, d'écrire des articles, de tourner des vidéos. Je ne tournais jamais de vidéos jusqu'à présent, dans ma vie de tous les jours. En fait, ça t'apprend à faire des tonnes de choses en très peu de temps. Donc ça, c'est énorme.
- Speaker #1
Les vidéos, moi, j'ai appris aussi à filmer et à parler devant une, voire plusieurs caméras et un micro. Et en fait, on ne se rend pas compte tant qu'on ne le fait pas, mais c'est hyper impressionnant d'avoir ces appareils qui te fixent directement et d'essayer d'être à l'aise avec...... Un enregistrement, c'est hyper dur comme exercice.
- Speaker #0
Oui, ça c'est sûr. En fait, il faut bien t'entourer, il faut que les gars te boostent. Sinon, tu es devant ta caméra, tu bafouilles. Mes premières vidéos, c'était ça. C'était pas très glorieux.
- Speaker #1
je pense qu'on est tous passé par là moi aussi mes premières vidéos c'était pas top d'ailleurs elles ont jamais été publiées mais j'étais tout seul j'arrêtais pas de buguer à chaque phrase j'arrivais pas à regarder tout droit devant moi j'avais toujours le regard fuyant et en plus quand tu publies tes premières vidéos t'as un stress aussi qui arrive de dire mais qu'est-ce que on se met quand même on met notre personne en avant aussi et toi d'autant plus, ton entreprise c'est aussi toi en même temps de se dire qu'est-ce que les gens vont penser quand ils vont voir la vidéo comment ça va être reçu par les gens il faut que tu fasses attention aussi à tout ce que tu dis même quand tu fais attention il y a toujours quelqu'un qui trouve une manière d'interpréter ce que tu dis c'est
- Speaker #0
un exercice hyper difficile d'être sur internet ouais mais ça ce que je te dis c'est que Ton égo, il doit passer au-dessus de ça, parce que sinon, tu ne fais rien. Tu ne fais rien, tu écoutes les critiques, mais les critiques ne sont pas forcément constructives. Après, il faut les écouter, les critiques, mais il faut les écouter. Par exemple, moi, je fais beaucoup... Je demande à chaque fin de mes ateliers quels sont vos retours sur l'expérience. reçu et ça me permet d'améliorer mon offre par exemple mais bon les critiques pour les critiques c'est pas forcément ce qu'on veut entendre en tant que entrepreneur qui débute je suis d'accord,
- Speaker #1
c'est ça comme tu dis aussi, moi je trouve qu'il y a une part de force mentale qui est hyper importante à avoir parce que quand tu te manges ta première critique Ça fait mal. La première, elle fait hyper mal. Tu la prends directement à cœur. Et après, c'est comme tu disais, savoir faire le tri aussi entre les critiques gratuites, parce qu'Internet, c'est ça aussi. C'est recevoir des choses qui sont complètement gratuites et parfois pas du tout en rapport avec ce que tu fais. Et des critiques, en fait, qui sont constructives et qui peuvent t'aider, toi, à t'améliorer derrière, en fait.
- Speaker #0
Carrément. Il faut être toujours à l'écoute. Après, tu... tu en fais quelque chose ou pas, mais dans tous les cas, il faut être à l'écoute et trier le mauvais grain. Je suis d'accord.
- Speaker #1
Et mon autre question un peu piège que je pose à tous les entrepreneurs que je reçois, c'est comment tu gères ton équilibre vie pro-vie perso ?
- Speaker #0
En fait, au début, tu ne gères pas. Tu ne gères pas. En fait, tu mets tout ton temps dans... On dit beaucoup que... l'entreprise c'est ton bébé et en fait tu es vraiment tout le temps en train de faire un... Un parallèle avec le bébé, tu t'en occupes tout le temps, tu y penses tout le temps, tu te demandes de quoi le bébé a besoin. Donc, l'équilibre perso-pro n'est pas très bien géré, il doit être amélioré. Mais j'essaye. On m'a dit, même si tu es au début, que tu dois chercher à développer à tout prix, chercher à développer ton offre, chercher à développer tes clients. il faut quand même prendre du temps pour toi. J'essaie de faire un jour et demi par semaine off. C'est toujours un peu compliqué, mais ça se fait.
- Speaker #1
C'est du off présentiel. J'imagine que ce n'est pas un off mental.
- Speaker #0
J'essaie de faire du off mental. Ce n'est pas tout le temps évident, mais il faut se forcer.
- Speaker #1
Je pense que c'est hyper important. Pour l'équilibre de chacun et même pour l'entreprise en elle-même, de pouvoir réussir à couper des fois pour aussi avoir du recul sur des choses. Parce que quand tu fonces tête baissée sur certains trucs, tant que tu es dedans, tu ne te rends pas compte peut-être que des fois tu prends des orientations qui ne sont peut-être pas les bonnes.
- Speaker #0
Oui, mais surtout que tu ne vois pas tes priorités urgentes ou tu n'arrives pas à distinguer des priorités non urgentes, etc. Tu connais ça. Le schéma urgent, important, urgent non important, important non urgent, ça le parle.
- Speaker #1
Moi, je l'ai surtout appris, ce truc-là, dans le GTD. C'est une méthode d'organisation.
- Speaker #0
Oui, c'est la même chose dans l'entreprenariat. Si tu vois que tu as plein de trucs, mais que tu as plus...
- Speaker #1
si tu vois que tu as de l'argent important c'est là où il faut aller j'ai retrouvé le nom complet c'est Getting Things Done c'est ça et c'est un livre aussi qui avait été écrit et qui parlait justement de ces méthodes organisationnelles avec l'urgent le vraiment urgent et ce qui est dans ta tête et qui sera creusé plus tard mais pas maintenant et il y a pas mal d'astuces sur Comment réussir à organiser ses idées ? Aussi, c'est pour essayer de fermer les boucles que tu as dans ton cerveau. Parce que la personne explique que quand tu as quelque chose qui te préoccupe l'esprit, tant que tu ne t'en occupes pas, elle ne sort pas de ta tête. Et du coup, ça prend un espace qui va finir par bouffer à un moment ou à un autre.
- Speaker #0
Oui, c'est sûr. Il faut faire vachement attention à l'espace mental. C'est... À l'espace mental, c'est... En fait, tu ne peux pas... Tu es humain, donc tu ne peux pas tout faire. En tout cas, pas d'un coup. Donc, en fait, il faut sélectionner. Alors, il faut mettre sur... Enfin, moi, ce que j'aime bien, c'est mettre sur papier toutes les tout-doux à faire et de se dire, OK, c'est à quel moment il faut que je le fasse, à quel point c'est vraiment urgent ou pas. Et à partir de là, tu fais tes choix et tu sors de ta tête tout ce que tu as écrit sur... C'est un Excel, tout ce que tu as mis sur Excel, tu sors, au moins c'est écrit quelque part, et tu n'auras plus qu'à y revenir une fois que tu auras fait toutes tes tâches.
- Speaker #1
Si jamais un jour tu as le temps de pouvoir lire, je t'invite justement à lire ce livre, Getting Things Done, parce que ça rejoint un peu ce que tu fais. mais dans une manière scientifique et un peu plus poussée avec soit des notions ou des classeurs, des pochettes, des trucs comme ça.
- Speaker #0
Ah ouais, mais ça, en fait, au début, tu te dis Ah ouais, je vais utiliser tous les outils à ma dispo, c'est génial et tout. Et en fait, tu n'as juste pas le temps de bien… Enfin, tu ne prends pas le temps, c'est ça, tu ne prends pas le temps de bien faire les choses. En vrai… Pour moi, tu prends un Excel, tu as tout dans un fichier et tu récupères tes infos quand tu veux. Sauf que tout soit dispatché partout.
- Speaker #1
De toute façon, comme on disait tout au début, avant le podcast, il n'y a pas une solution qui s'applique à tout le monde et qui fonctionne. Tant que nous, on a celle qui fonctionne pour nous, c'est le plus important.
- Speaker #0
Ah oui, sur ta question vie perso, vie pro... Un peu plus tard. C'est le sport. Le sport, c'est aussi vachement important pour l'équilibre.
- Speaker #1
Moi, je suis carrément d'accord avec toi. Je trouve que c'est un sas de décompression et c'est aussi quelque chose qui permet de créer, mine de rien, des routines, des habitudes, une rigueur que tu acquiers à travers le sport. J'ai mis du temps à m'en rendre compte, parce qu'avant, mes parents me forçaient à faire des activités sportives. Ça me semblait plus que chose. Je changeais de sport tous les ans parce que ça me gavait et que j'avais besoin de voir des choses différentes. Et puis, ça va faire trois ans que je fais du sport à fond. Et en fait, c'est un peu devenu un élément central dans ma vie dont j'ai besoin aussi pour organiser au mieux les choses qui vont... Enfin, ma vie derrière.
- Speaker #0
Moi, je suis assez persuadé là-dessus. Par exemple, je vais en salle de sport, ça ne prend pas beaucoup de temps. Et ça te fait sortir de... Parce que quand tu es entrepreneur, tu es tout seul aussi. dans beaucoup de cas, surtout au début. Et du coup, tu as besoin de voir du monde. Oui, tu peux aller dans des bars, tu peux aller en discothèque, tu peux aller au cinéma, tu peux aller dans la rue et tout, mais c'est vrai qu'en salle de sport, tu parles à des gens, il y a aussi un rôle un peu social en salle de sport. Donc voilà, tu as peut-être moins de moison.
- Speaker #1
Et puis contrairement aux apparences homo, si je vais à la salle de sport, en salle de musculation, les gens ne sont pas égocentriques à cause de tous les miroirs qu'il y a, etc. Ils sont plutôt bienveillants, les gens que tu rencontres.
- Speaker #0
Après, ça dépend de ta salle de sport et ça dépend des gens aussi. Oui, c'est sûr. Oui,
- Speaker #1
comme partout.
- Speaker #0
Comme partout.
- Speaker #1
Oui, c'est ça. Je vais passer du coup à la dernière phase du podcast, une partie un peu plus introspective. Pour toi, c'est quoi être heureux ?
- Speaker #0
je pense c'est de ne pas avoir de regrets toi tu tu me parlais oui on a beaucoup parlé avant le podcast mais tu me parlais du Covid et du fait que tu étais très pessimiste sur le futur et tu te posais la question si je vais mourir demain qu'est-ce que j'aurais fait bah Pour moi, c'est ça. C'est tous les jours, essayer d'oser quelque chose de nouveau et aller vers tes aspirations. C'est plutôt ça. C'est oser pour ne pas avoir de regrets.
- Speaker #1
Et si les gens qui écoutent ce podcast voudraient te retrouver quelque part, où est-ce que je les envoie ?
- Speaker #0
peut les envoyer à mes ateliers de dégustation. Ce sera cool. Mais sinon, plus facilement, j'ai un compte Instagram qui s'appelle Les Compagnons du Fromage Toulouse. Il y a des vidéos, il y a 3-4 vidéos par semaine. Donc on y parle dégustation, on y parle jeux, on y parle souvenirs autour du fromage, tendances de consommation. Il y a tout un panel de... de différentes choses sur mon Insta qui sont assez marrantes. Après, il y a de mes codines aussi. Il y a un article presque tous les jours sur l'entrepreneuriat, sur l'actualité du secteur. Il y a tout un panel.
- Speaker #1
Je te remercie du coup d'avoir accepté de venir sur ce podcast. Et je remercie également toutes les personnes qui auront écouté ce dernier jusqu'au bout. Et je vous invite à laisser un commentaire, à partager la vidéo. le podcast et laisser un 5 étoiles sur les différentes plateformes, c'est ce qui m'aidera le plus à faire découvrir mon projet et à le soutenir. Merci encore Nathan.
- Speaker #0
Merci Raj.