- Speaker #0
On parle beaucoup de mindset, on y met tout, du dev perso, etc. Revenons juste à une chose. Pour moi, c'est simple. Tu vas te ramasser des patates matin, midi, soir. Il faut qu'on s'y prépare au niveau du projet, mais au niveau de ta personnalité. Tu ne peux pas aller briguer les Jeux Olympiques, faire le million, et aller avec une préparation en charte et en claquette pour les JO. Aujourd'hui, on est sur un entrepreneur de précarité. La majorité des entrepreneurs dans les premières années se rémunèrent moins de 750 euros. On ne peut pas dissocier le business pro et perso. Pourquoi ? Parce qu'on a des obligations. Donc l'équation elle est simple. Tu peux investir du temps, tu peux faire des levées de fonds, tu peux lever de l'argent. Mais au final, l'argent que tu rentres doit être super à l'agent que tu sors. Et le delta doit couvrir ton salaire, ta rémunération et celle de ton étude de production. L'entrepreneuriat, c'est comme une cocotte minute, c'est quand il y a des failles ou des blessures non guéries, va tellement mettre une pression forte que parfois, si tu ne décides pas toi de les affronter, ton corps, lui, il va mettre son disjoncteur.
- Speaker #1
Bienvenue sur Désalarier, le podcast qui démystifie l'entrepreneuriat en partant à la rencontre de personnes ordinaires. au parcours extraordinaire. Et aujourd'hui, nous partons à la rencontre de Mokhtar. Bonjour Mokhtar.
- Speaker #0
Bonjour Raj, comment tu vas ? Bien et toi ? Écoute, merci de m'inviter pour ce podcast. J'ai eu le grand plaisir aujourd'hui d'être avec toi pour partager nos visions sur l'entrepreneurage.
- Speaker #1
Merci à toi d'avoir accepté d'échanger avec moi déjà dans un premier temps, que ce soit en off, mais aussi d'avoir accepté de partager ta vision aux plus de personnes possibles.
- Speaker #0
C'est un véritable plaisir et je suis honoré de faire partie du... 22e, 23e invité de ce podcast.
- Speaker #1
Exactement.
- Speaker #0
J'en suis sûr que c'est un podcast qui est unilatéral, qui, à mon sens, va du naturel démystifier l'entrepreneuriat pour ne pas les revirer. Et je crois qu'aujourd'hui, ça va être un petit peu ça. Comme on dit chez nous, on va parler français.
- Speaker #1
J'espère que tu vas m'aider justement à démystifier l'entrepreneuriat et casser justement un peu avec les fausses croyances qu'on peut avoir et parler en fait un peu de tout. et ce que j'aimerais, si ça te va, c'est de parler justement de ce qu'il faut pour se lancer dans l'entrepreneuriat d'une manière large.
- Speaker #0
Oui, écoute, avec moi, tu vas être servi. Alors, je ne sais pas si tu vas avoir ce qu'il faut. On va plutôt parler aussi parfois de ce qu'il ne faut pas. Je crois que je suis un spécialiste du sujet de l'entrepreneuriat et mon angle de vision, c'est de partager les péripéties, les difficultés, les réalités qu'on dit peu. Dans l'entrepreneuriat, je vais te sortir un petit peu quelques anecdotes qui me sont propres, celles que j'ai eu le plaisir aussi de partager avec des gens de différents horizons, en France, en Afrique, en Asie, en Amérique, et qui me permet aujourd'hui de me dire à chaque fois qu'il m'arrive une galère dans l'entrepreneuriat, il faut que je la partage au plus grand nombre pour éviter en fait que les uns ou les autres tombent dessus.
- Speaker #1
Et je te remercie beaucoup, tu vois, d'aborder ces sujets-là, parce que comme je t'avais dit en off, quand on s'est eu la première fois et qu'on avait échangé par rapport à cet épisode, c'est que quand moi j'ai commencé, je voulais qu'on parle de ça. En fait, je voulais montrer que l'entrepreneuriat, ce n'est pas tout beau, tout rose, tout le temps, mais c'est ce qui fait partie en fait aussi de la quête entrepreneuriale et peut-être aussi, tu me diras, du kiff entrepreneurial. Et j'avais eu en fait quelques entrepreneurs et entrepreneuses au téléphone et finalement, elles s'étaient rétractées parce qu'elles avaient peur. que parler des mauvais côtés de l'entrepreneur, pas forcément mauvais côtés, mais parler de galères qu'ils pouvaient avoir ou autres, que ça pouvait déteindre sur l'image de leur entreprise. Alors que je pense que c'est important d'en parler non seulement pour les personnes qui veulent se lancer, mais aussi pour que certains entrepreneurs, je reviendrai sur ce sujet-là aussi, puissent se sentir moins seuls quelque part.
- Speaker #0
Tu as tout à fait raison. En fait, on est dans une société qui prône le tout réussite. les feeds Instagram bien finalisés, les belles success stories, un storytelling qui donne envie. Malheureusement, la réalité, elle est tout autre. En fait, on a chacun nos réalités, nos galères, vie pro, perso, nos évolutions d'Annecy. Et je pense que c'est une preuve de maturité. Quelque part, de ne pas simplement rentrer dans « là, on voudrait que tu nous racontes une histoire telle qu'elle est » . d'assumer pleinement en fait, c'est haut, c'est bas, sans que ton estime de toi ou l'estime que tu as ou l'image que tu as sur ton entreprise ne soit dégradée. Parce que bien souvent, en fait, c'est l'homme ou la femme qui porte le projet qui est le vecteur de réussite, d'échec ou de vision. Si toi déjà tu te sens bien dans tes bottes, dans tes Stan Smith pour le coup, il y a fort à parier en fait que quelle que soit la réalité que tu vis, t'en fais une force en fait. Et tu sais l'entrepreneur, c'est ni plus ni moins qu'un révélateur de ce que l'on est dans la vie du quotidien. Je crois qu'on va insister là-dessus et pour ma part, tu peux être rassuré, je porte le t-shirt de l'échec mon allié, c'est pas forcément une fierté, mais je l'assume en fait. Je suis entier. Tu prends comme je suis, avec ma réalité, mes galères, ma vision de la vie, je le partage. Tu veux bosser avec moi, tu bosses, tu ne veux pas, ce n'est pas grave. Je dirais, je trouverai d'autres clients qui comprennent une chose, que l'authenticité, dans toute sa dimension, ne réduit en rien le personnage que je suis.
- Speaker #1
On va parler justement de l'échec, mon allié, qui est aussi ton podcast. Est-ce que je peux te demander justement de te présenter dans un instant ?
- Speaker #0
Donc, Mokhtar Farhat, je suis entrepreneur engagé. J'ai fondé une association avec un ami, il y a à peu près 18 ans, qui s'appelle My Creo Academy, dont aujourd'hui j'occupe aussi les fonctions de directeur général des opérations. Avec Mohamed Haddou, on a fondé en fait cette initiative pour partager avec le plus grand nombre ce mythe de l'entrepreneur. Moi, je suis né... à Djerba, dans une petite île dans le sud de la Tunisie, où j'ai... en 1978 ! Ça fait belle lurette ! Né, je suis arrivé très tôt à Paris, à l'âge de 4 ans, j'ai grandi dans une famille, en fait, ben... de commerçants, mon papa, en fait, qui est arrivé en France, lui, après quelques petits boulots, a décidé de devenir commerçant. Et donc, depuis... l'âge de 6 ans jusqu'à dernièrement, qui nous a quittés, j'ai baigné dans ce milieu très stimulant, qui était le commerce, l'écoute des clients, les fournisseurs, et ça m'a passionné en fait. Et je baigne dedans, avec ces enseignements, bien sûr j'ai fait une école, mais l'école du Hanout, la hanoutologie, comme on dit dans le jargon arabe chez nous, c'est un sacré vécu et c'est une expérience humaine forte. Parce que tu apprends à une chose, c'est quelles que soient les actions que tu mènes, quelle que soit la confiance en toi, il y a aussi des enjeux que tu ne maîtrises pas. Et accepter cette part de doute, d'incertitude, c'est un gage de réussite dans le business. Pour résumer, entrepreneur à impact, passionné d'entrepreneuriat, engagé dans le soutien des initiatives, notamment dans les quartiers populaires, pour soutenir l'entrepreneuriat. depuis maintenant 18 ans, c'est à peu près 3000 entrepreneurs accompagnés. On le fait aujourd'hui avec des partenaires étatiques tels que BPI France, dans des programmes qui visent à accélérer ces pépites, parce qu'autant à l'époque, entreprendre pour nous, c'était un mystère, autant aujourd'hui, c'est plus à la portée de tous. Le problème, c'est qu'aujourd'hui, on est sur un entrepreneur de précarité. La majorité des entrepreneurs... dans les premières années, seraient munies à moins de 750 euros. Donc on est dans une forme de précarisation d'entrepreneurs, loin des FID, loin de Dubaï, loin des deals à 10K. Non, en fait, on est très très loin de cette réalité-là. On assiste à un déplacement de beaucoup de gens sur un entrepreneur de nécessité qui n'empêche qu'il faut relever le challenge. Donc, Moctar. engagé sur les sujets d'entrepreneur impact, passionné par le partage et avec une volonté de transmettre.
- Speaker #1
Et là où tu as raison, c'est qu'en fait, ce qu'il faut rappeler aussi dans la réalité, dans l'entrepreneuriat, c'est que je n'ai plus le chiffre exact, mais je crois qu'il y a pas mal d'entreprises qui ferment au bout de deux ans d'ouverture. Et en fait, ça, on l'occulte beaucoup. Et je pense que... il y a une part en fait là-dedans qui est liée aussi à la préparation qu'il faut avoir avant de pouvoir se lancer. Je sais que quand tous les deux on avait discuté, t'avais dit qu'il faut être prêt à savoir dans quoi on se lance, et t'avais évoqué une, je sais pas comment on va appeler ça, une théorie des 4D. Est-ce que tu peux en parler ?
- Speaker #0
Ouais, bien sûr. En fait, Dimitri Pivot, second souffle, a... une personne avec qui on a le plaisir de travailler dans le cadre d'un dispositif qui s'appelle Capcrea, qui regroupe les 27 réseaux d'accompagnement à l'entrepreneur en France, qui agissent sur l'ensemble du territoire. Et avec Dimitri, on se voit de manière régulière. Et lors d'un séminaire, en fait, où on est deux jours vraiment avec tous les acteurs, On avait une petite discussion comme ça, et comme il sait que je suis très impliqué sur l'entrepreneur, auprès des jeunes entrepreneurs dans leurs premières années d'activité, il me dit « Mokta, tu sais, tu devrais les sensibiliser » . Je lui dis « Ouais » . Tu sais, second souffle, nous on l'accompagne, des entrepreneurs qui ont subi finalement une liquidation, une fermeture, qui ne s'est pas très bien passée, avec une perte de confiance, d'estime, et finalement on les retrouve amochés un petit peu par des années de difficultés. et parfois c'est très complexe de rebondir. Je dis, c'est vrai qu'on ne parle pas en fait d'une fermeture d'entreprise. Et Dimitri me dit, Mokhtar, tu sais, dorénavant tu devrais sensibiliser en fait nos entrepreneurs aux spirales de l'échec. Je dis, ah ouais, c'est quoi ça ? Il me dit, tu connais les 4D ? Je dis, non, je ne connais pas. Et bien en fait, c'est une spirale dans laquelle parfois des entrepreneurs sans tête... ils foncent la tête dans le guidon sans jamais en fait se poser certaines questions, et on voit se dessiner un schéma d'échec qui est vraiment nocif pour eux, je dis c'est lequel. Les 4D pour dire difficulté, dépôt de bilan, dépression, et enfin divorce. Vraiment une spirale où on sent que l'entrepreneur, homme-femme qui porte ce projet, parfois peut... être conduit dans une dynamique qui l'éprouve, autant sur le plan du projet, parce qu'il l'a pris à cœur, et c'est pour ça qu'on aime à dire, les amis, en fait, c'est un modèle économique, c'est pas ton bébé. On a un lien, parfois, quand tu les entends, voilà, c'est mon bébé, c'est mon projet, j'investis toute mon énergie, tout mon temps, et parfois, en fait, il y a une sorte d'assimilation entre le projet et la personne. Si le projet a foiré, j'ai foiré. Si le projet a échoué, je suis un échec. Et c'est pour ça qu'il faut absolument leur ancrer dès le départ la distinction entre ce qu'on appelle le projet et le véhicule, qui doit amener un point A à un point B, qui ne doit pas être ta façon de vivre, qui ne doit pas être ton gosse, qui ne doit pas être la résultante de toute ta personne, mais qui doit être ce qu'on appelle un véhicule. Un véhicule qui amène... à avoir un modèle économique viable et rentable et qui n'ait rien en lien avec le socle sur lequel repose ce projet qui est à personne. Et c'est pour ça qu'il faut démystifier carrément ce qu'on appelle la vie entrepreneuriale. Elle a un début, elle a une fin, elle a une intensité. Tu peux avoir plusieurs projets sans que cela te remette en cause. Ah, j'ai échoué, j'arrête. Non, mais si au premier projet entrepreneurial, ça ne réussit pas. Ce n'est pas pour autant que tu ne peux pas faire carrière dans l'entrepreneuriat. L'entrepreneuriat est un métier dans lequel on doit travailler un certain nombre de connaissances pour gérer un projet, marketing, commercial, gestion, compta. Et en dessous repose un socle qui est ta personnalité, ta capacité de persévérance, ta capacité de résilience, ton mindset, ton état d'esprit qui va forger ta capacité, parce qu'on le sait dans l'entrepreneuriat. on est exposé au non et au refus et au rejet. Il n'y a qu'à regarder un commercial, un entrepreneur, il se ramasse des râteaux matin, midi, soir. Il offre ses services, les gens ne font que dire non. Si ton estime de toi, en fait, elle est affectée par ces refus, tu vas créer ce qu'on appelle un gilet pare-balles, en fait. Tu vas créer des fissures. Tu vas le prendre pour toi. « Ouais, mais t'as vu, je l'ai relancé cinq fois, il m'a dit non. » Ouais, mais c'est le job, en fait. Ce n'est pas toi, c'est la nécessité de ce métier. C'est ne le prends pas personnellement. Et cette intensité émotionnelle, elle est tellement vécue dans une cocotte minute qu'on crée parfois finalement un lien fort entre toi et le projet. Et je dirais que parfois, ça explose. Le projet capote, difficultés financières, le regard des autres, le banquier. la liquidation, finalement tout un enchaînement qui fait boule de neige sur un regard qui est porté sur toi, sur le loser, celui qui n'a pas réussi. Et ça, c'est dur à porter à partir du moment où tu donnes un avis fort à l'extérieur. Et je crois qu'en cela, l'entrepreneur, avec cette forme de résilience, te confronte à quel est le poids de la vie que tu donnes à l'extérieur. Est-ce qu'il va pouvoir influer ta motivation ? Et pour terminer là-dessus, sur ces 4D, c'est aussi de relativiser. Tu es le héros de ta série Netflix entrepreneuriale. À toi de dessiner le scénario. On sait que le happy end sera d'autant plus sympa que le héros, au début, il était là et il est tombé. Mais faut-il encore pouvoir se relever, se retrousser les manches, avoir la capacité financière et de confiance en soi ? Ce n'est pas simple, en fait, quand tu as goûté une boîte ou que tu n'as pas réussi. de regagner la confiance des autres. Parfois, dans le regard, tu peux avoir du dédain ou parfois, en fait, une vision. Mais qu'est-ce qu'il me raconte celui-là ? Donc, en fait, à partir de quel moment, en fait, tu te dis, vas-y, OK, j'ai merdé ça, je l'ai checké, donc j'en fais, en fait, quelque chose de positif, je me relance. Un bon nombre d'entre nous, on se dit, vas-y, laisse tomber. Certains, on dit, tu sais quoi, l'autoroute entrepreneuriale, elle est, pour moi, pour les 15 prochaines années. C'est une carrière. Je n'ai pas réussi sur ce projet. Je me garde sur l'ère de repos entrepreneurial. Je me refais, je réfléchis. Je parlais de Mohamed Kamara. C'est un petit peu ce qu'il nous explique. Dans le jargon, on appelle ça un pivot. Je lui dis, t'as mis combien de temps pour te reposer, pour un petit peu réfléchir ? Il me dit, il faut aller au maximum six mois pour relancer dans un projet qui n'a rien à voir. Mais parce qu'il a en fait cette compréhension qu'ont ceux qui sont les winners de demain, c'est de dire en fait... t'as vu quand tu as lancé une boîte forcément t'as gagné des badges, une sorte de gaming du business entrepreneurial t'as vu le gestion, c'est bon, comptage je l'ai eu, commercial je l'ai eu, ah mince il manque celui-là, t'as vu manager des équipes tech, je connais pas ça je connais pas, ça je connais pas et ben dis-toi que dans ta carrière entrepreneuriale à chaque fois que tu avances dans un projet, ben tu es en train de valider des compétences entrepreneuriales et tu en sors plus fort à partir du moment où t'es pas affecté je dirais par l'écosystème qui est autour de toi parce que tu n'entreprends jamais seul tu l'en fais dans un environnement familial parfois dans avec un conjoint, des enfants il y a des réalités qui te rattrapent c'est bien beau d'entreprendre mais il y a le loyer à payer à la fin de l'année, l'école des enfants les vacances, tu vois, tout ça t'oblige à faire des choix, en fait. Et tu comprends qu'entreprendre, à un certain moment, ça devient un luxe. Est-ce que tu peux avoir un projet business qui permet, en fait, de ne pas réduire tes ambitions ? Parce que si c'est pour s'enterrer sur « je suis CEO » de quelque chose, mais que ça ne se matérialise pas... C'est très, très difficile.
- Speaker #1
Ce que tu soulèves, il y a pas mal de questions que ça va me faire soulever, mais il y a un point important que je retiens, c'est celui de l'ego. Tu as cité justement Mohamed. Quand on a discuté avec Mohamed sur les questions du pivot, mais aussi sur la question des États-Unis, pour moi, il y a deux points qu'il aborde. Un, le pivot, ça a été au départ de se dire qu'il savait qu'il devait pivoter avec Tyrion sur l'idée qu'ils avaient principalement, mais... Je pense que c'est un peu par une question d'ego, ils n'ont pas voulu le faire initialement, alors qu'ils savaient qu'ils devaient le faire. Et après, derrière, il y a aussi le fait d'être allé aux États-Unis, où la vision justement de l'échec, elle n'est pas vue comme telle, et qu'on prône justement les entrepreneurs qui ont échoué en leur demandant, pas qu'est-ce que tu as réussi, mais où est-ce que tu as échoué et comment tu as rebondi. C'est quelque chose en fait qui... je pense a dû le débloquer ce mindset un peu américain qu'ils avaient, que nous en France on voit pas comme ça, parce qu'on est trop focalisé sur la perfection et l'excellence en fait.
- Speaker #0
Tu poses deux sujets légaux, il est où le curseur, le bon curseur, entre confiance en soi, persévérance et obstination face à un mur. C'est un vrai sujet, c'est un vrai sujet. Il y a un indicateur fort, en fait, c'est l'argent. À partir du moment où tu mets en péril, où tu menaces ta situation personnelle, tu t'entêtes. Tu t'entêtes, il faut raccrocher. Il faut pivoter, il faut changer de modèle économique. Il y a vraiment un curseur, en fait, c'est que l'on ne peut pas dissocier le business pro et perso. Pourquoi ? Parce qu'on a des obligations. et que faire le sacrifice pour soi, n'ayant pas, je dirais, de charges familiales, d'obligations, c'est plus facile. Mais quand tu es engagé dans une responsabilité... avec une famille, avec des enjeux forts, etc. Tu es aussi obligé de regarder cette partie-là. Donc le modèle économique et sa rentabilité, sa viabilité, sa gestion à partir du moment où tu arrives à faire face à tes obligations financières, personnelles de ton foyer, que tu ne le mets pas en péril, même si tu ne te payes pas des vacances, etc. Là, c'est OK. À partir du moment où tu vas mettre en péril, je dirais, ou menacer ton écosystème familial, il faut que tu penses à changer de modèle économique, et très très rapidement, et faire en sorte de rebondir, quitte à trouver un taf à côté, quitte à te laisser, parce qu'on a le poids de la responsabilité. C'est que l'entrepreneuriat, pour certains d'entre nous, c'est addictif, on en parlait tout à l'heure. C'est un super moyen de stimuler toute notre personne dans ces différentes dimensions et sur lesquelles on aspire. On parlait des neuro-atypiques, TDAH, hyper, HP, autisme, ou tout ce que tu veux, qui sont dépendants d'une dopamine et qu'ils trouvent parfaitement dans cet espace de liberté hors cadre qu'est l'entrepreneur. mais en même temps cet entrepreneur Il ne faut pas l'oublier, il a des réalités économiques. Les chiffres, c'est têtu. Et l'équation de l'entrepreneur, elle est très très simple. En même temps compliquée, mais très très simple. Le business, c'est de faire rentrer plus d'argent dans le mois que d'en sortir. Et l'argent que tu rentres, tu vas pouvoir couvrir ton salaire, l'outil de production, etc. Donc l'équation, elle est simple. Tu peux investir du temps, tu peux faire des levées de fonds, tu peux lever de l'argent. mais au final. L'argent que tu rentres doit être supérieur à l'argent que tu sors. Et le delta doit couvrir ton salaire, ta rémunération et celle de ton étude de production. Quand tu as compris ça, tu te dis, vas-y, peut-être que ce n'était pas le bon projet. Je peux pivoter, je peux chuter, mais en aucun cas, je dois mettre en péril, je dirais, ma vie de famille et donc ma responsabilité. Et j'en rencontre beaucoup qui ont cette... pas tant l'échec du regard, mais cette frustration interne de dire « purée, c'est cette vie que j'ambitionne, je suis obligé de trouver un taf alimentaire » . Bon, et je crois que c'est aussi, beaucoup d'entrepreneurs le vivent, notamment dans le monde de l'écosystème startup, où on est là à être challengé, à pitcher, mais on crame beaucoup de carburant financier, et finalement… tu vois, c'est comme un genre de casino. Il est dégoûté de ne plus pouvoir jouer, quoi. Il est mis de côté, il est ban. Et c'est tellement frustrant, en fait, de ne plus pouvoir entreprendre. Et donc, pour reprendre un peu le sujet, l'entrepreneuriat, en fait, il a cette réalité qui est propre. Et pour revenir à ta question initiale du pivot et savoir quand est-ce que l'ego... on met où le curseur ? Il y a une forme d'ego, mais plutôt qu'on va le traduire sur estime de soi, confiance en soi, persévérance, qui sont des ingrédients fondamentaux pour pouvoir faire face à ce business-là, à cette réalité-là. Le mot ego, quand il s'agit en fait de... dans sa version leadership, c'est OK. Parce que quoi qu'il en soit, si tu n'as pas confiance en toi, tu n'inspires pas confiance en d'autres et tu n'embarques pas, dans sa version « je sais tout, je suis le centre du monde » omnibulé et nombriliste, laisse tomber ça, tu ne vas pas faire long feu. Pourquoi en fait ? Parce que dans le business, tu ne te fais jamais seul. Déjà en fait, on tue entreprend seul, mais si tu ne trouves pas un clan, Tu parles de Mocta, un clan. Ouais, une meute entrepreneuriale. On est des loups solitaires, mais dans une meute. Pourquoi ? Parce qu'on est obligés de partager nos problématiques, notre état émotionnel, t'as des problématiques d'associés, de collaborateurs, de finances, etc. Et quand on parle juste avec un café, avec un pote qui est dans le même monde que toi, avec la même vibration que toi, tu relativises en fait. Petit team des frères, c'est rien, tout le monde passe par là, et ça fait partie de la réalité du game. Donc tu ne prends pas pour toi. Et parfois, quand tu exposes un problème à quelqu'un, quand tu baisses la charge émotionnelle, il y a une lucidité. Donc nous, on le met en place avec des binômes ou des codev. Moi, j'ai un pote, entrepreneur, qui me challenge et qui me permet d'avancer. Et nos discussions ne ressemblent à rien. C'est un psy multiplié par un coach, avec un mentor divisé par, finalement, un poteau. Mais c'est un petit peu l'état d'esprit que tu dois conserver. Parce que tu fais face en fait à beaucoup, beaucoup, beaucoup. Moi, dans mes différentes activités, je ne te l'ai peut-être pas dit, je suis entrepreneur aussi. Je fais du conseil en développement, d'organisation. Je vois en fait, je passe des fois des journées avec des entrepreneurs qui font entre, je ne sais pas, entre 2 et 10 millions d'euros. Mais ça matinée, ça l'après-midi, c'est gérer des problèmes. C'est gérer des problèmes, gérer des problèmes, quel qu'il soit le problème, financier, RH, organisationnel, administratif, etc. Et en fait, sa journée, c'est ça. C'est quelqu'un qui doit apporter des solutions à une organisation. Et effectivement, ça tombe de l'énergie. Et le travail, c'est, est-ce que ça vaut vraiment le coup ? Et on en parlera tout à l'heure, tu payes un lourd tribut. Tu payes un lourd tribut. Et ce qu'on disait en aparté, c'est que... Tu as vu, on peut être préparé avec tout l'écosystème pour un business plan, une renta, une équation de profit, un modèle économique, un seuil de rentabilité, un nombre de ventes. C'est magnifique, ça. Et c'est ce qu'il faut faire. Il ne faut pas lâcher. Simplement, mon gars, tu vas aller dans l'autoroute de l'entrepreneur, comme on le disait, mais ton permis, ce n'est pas uniquement le véhicule. C'est la personne qui le conduit, ta posture. ta capacité d'être ton premier VRP, embarquer dans un pitch les gens. Les gens, tu vas leur demander de pitcher, la majorité, j'ai une boule à vendre, je ne peux pas, etc. Mais qui va parler à ta place ? Ouais, mais tu as vu, les gens, ils vont ricaner sur moi, etc. Ok, network, conférence, 70 personnes, tu veux alpaguer le mec qui veut faire la barre, qu'est-ce que tu fais ? Tu vas prendre, tu le vends, tu vas dire bonjour, merci pour votre intervention, j'ai une question. On s'en fout de la question ! Mais ils vont te remarquer. Tu as créé du lien. Ah non, mais attends, qu'est-ce qu'ils vont dire de moi, les gens ? Et donc, on n'est pas assez préparé sur cette partie-là, cette composante. Et ce qu'on disait ensemble, on parle beaucoup de mindset, on y met tout, du def perso, etc. Revenons juste à une chose. Pour moi, c'est simple. Tu vas te ramasser des patates matin, midi, soir. Tu vas faire en sorte de passer d'un gars qui est... dans un A380 à l'arrière, en train d'attendre qu'on te serve sur ce volet Mirate, à celui qui conduit. Tous les boutons là. Capacité à gérer l'échec. Capacité d'absorber les non et les refus. Rendez-vous de 9h commercial, le client dit « Ah, je ne suis pas intéressé » . Rendez-vous de 11h, tu pitches 1h30, « Je ne suis pas intéressé » . Rendez-vous de 16h, tout, tu vas trouver l'énergie pour avoir la même niaque pour convaincre. En fait, il faut faire en sorte de pouvoir avoir cette mentalité, cette mentalité d'accepter le refus, d'être résilient, persévérant. Mais moi, je n'ai pas appris ça, moi. Moi, on m'a appris à faire du taf en mode bourrin. Mais moi, aujourd'hui, je vais te le dire, il y a un équilibre, un équilibre au niveau de ta santé, au niveau de ton alimentation, au niveau sportif, où il faut évacuer toute cette charge émotionnelle. ben, tu te prends des coups, des refus, c'est un ascenseur émotionnel. Un jour, tu crois que tu vas être millionnaire, le lendemain, en fait, t'as plus de 50 euros sur le compte. C'est quoi cette vie ? Donc, il faut aussi ne pas se laisser aller à l'émotion, ne pas réagir. Mais quand tu es tellement, en fait, stimulé, mis en situation de difficulté, que, ben, à un moment ou à un autre, en fait, et je l'ai vécu... Le corps, en fait, il s'exprime pour toi. Ce qui ne s'exprime pas, s'imprime. Tu as des fois, et on le verra, ton corps, il dit, frère, disjoncteur, c'est bon. Moi, je ne peux pas, c'est trop, c'est trop. Tu nous obliges à faire ça, ça, ça, ça, ça, disjoncteur. Et là, tu te ramasses, en fait, tes alités, tu te dis, wesh, même pas 40 ans, je suis en salle d'opération. L'anesthésiste, il dit, monsieur, vous faites quoi dans la vie ? Tu as tellement de taf dans ta tête, tu as un projet, tu as créé cette boîte, tu ne sais même pas ce que toi-même tu fais. Tu es là, tu le regardes, tu fais directeur. Tu ne sais même pas c'est quoi directeur. Tu dis, ma vie, elle est trop longue à t'expliquer, dis directeur. Et donc, ceci pour dire que la vie entrepreneuriale, il faut qu'on s'y prépare au niveau du projet, mais au niveau de ta personnalité. Tu ne peux pas aller briguer. les Jeux Olympiques, faire le million et aller avec une préparation en charte et en claquette pour les JO. Tu as forcément des entraînements réguliers qui vont te mettre dans une dynamique. Ces entraînements réguliers, c'est quoi ? C'est la persévérance. C'est ta capacité. Moi, tu as vu, en fait, on m'a diagnostiqué un TDAH. Tu as vu la procrastination ? La capacité de rien faire pour des sujets qui ne te motivent pas, où il n'y a pas de dopamine, c'est-à-dire la compta, je pourrais planter 20 boîtes. Est-ce que j'ai la flemme de faire ça ? Et on dit, ouais, mais Mokhtar, t'es juste fainéant. Non, c'est parce que je ne me connaissais pas. T'as vu, frère, le diagnostic, ça, si je l'avais eu il y a 15 piges en arrière, Dieu merci, Dieu m'a donné une belle vie. Mais il y a plein de tracas que j'aurais gérés autrement. Je ne comprenais pas pourquoi je suis tellement stimulé par le lancement de projet, par la création. Les gens, ils ont une feuille blanche, ils paniquent. Moi, la feuille blanche, elle m'excite de fou. On va pouvoir... construire et embarquer des gens. En fait, les gens, ils ne voient rien, mais toi, tu vois la vision. OK, on a levé les fronts, on a lancé le projet, là, il y a des équipes. Vous savez, je m'ennuie, les gars. Comment ça, tu t'ennuies ? Non, mais flemme. Flemme, rendez-vous, KPI, budget, flemme, vraiment flemme, flemme, flemme, administrative, flemme, commercial, ouais, ouais, cool, cool. Recouvrement, flemme. Relancer, prendre la tête aux gens, etc. Tu comprends en fait, c'est-à-dire qu'on est avec certaines aptitudes au niveau du socle entrepreneurial, et on a certaines zones qui ne font pas partie de notre personnalité, sur lesquelles le métier d'entrepreneur nous oblige à aller travailler sur ces sujets-là. Et ça, si tu ne le comprends pas, tu répètes des schémas de merde en fait. Et je crois que là, pour nous, si on veut partager avec le plus grand nombre, c'est de dire... investi beaucoup de temps à challenger ton modèle économique, ton business plan, ton équation de profit, rends-la réaliste, mais travaille sur toi. Sur toi, sur ta personne, sur ta manière de gérer le stress, sur ta manière de mieux comprendre, sur ta communication, sur ta persévérance, sur ton équilibre de vie. Et mon gars, une chose, t'as vu quand tu te lances un projet entrepris, t'embarques ta femme, tes enfants. un foyer, une famille, préviens-les, préviens-les. Je rappelle que le dernier D, c'est divorce, parce qu'ils vont dire, mais moi, je n'ai pas signé pour une vie comme ça. Je n'ai pas... Les gens, peut-être qu'ils voulaient se marier avec un mec qui travaille nid-disse. 9h, 17h, je rentre, jardin, etc. C'est quoi cette vie ? Là, là, là, là, là, là, instabilité. Tu as vu, en fait, c'est-à-dire que... Tu crées de l'anxiété dans ton entourage parce qu'en fait, on ne sait pas ce que tu fais. C'est tellement déstabilisant pour les gens qui ne sont pas prêts. Donc, les amis, ceux qui sont en couple, vous voulez que ça dure ? Ayez une pédagogie pour embarquer et prévenir. Prévenir, prévenir, prévenir, parce que vous allez les ramener dans un nouveau monde. Tu as vu Matrix, les pilules bleues et la pilule rouge ? Les gens ne savent pas les conséquences de la pilule rouge. Cette pilule rouge, c'est la matrice. Tu vois les choses différemment. C'est-à-dire qu'elle est basée sur de l'incertitude. Tu es obligé d'avancer chaque jour avec du flou, un brouillard épais. Et dans ça, tu dois pouvoir construire un foyer, construire une maison, aller en vacances, te projeter, investir. Quand ça se passe bien pour quelques-uns, ou que c'est tellement linéaire, bravo, et c'est la Suisse, la historie, tant mieux pour eux. Mais la grande majorité des gens, c'est pas ça l'entrepreneur. C'est des hauts, c'est des bas, c'est de l'incertitude, c'est du pivot, c'est on arrête. Mais t'as arrêté trop tôt. Et on discutait avec Mohamed, parfois, je lui dis, mais qu'est-ce qui te faisait tenir ? Il me dit, t'as vu le schéma qu'on voit sur Insta, sur LinkedIn, le gars avec la pioche qui renonce pas, mais il lui restait juste ça pour trouver l'émeraude. En fait, il me dit à chaque fois, vas-y frère, continue, perce, Donc en ça, l'entrepreneur va interroger ta capacité à persévérer quand tout te dit lâche l'affaire. Lâche l'affaire. Moi, je suis dans le monde « lâche l'affaire, là » . Je reviens de certains échecs entrepreneuriaux, j'ai gagné de l'argent, j'en ai perdu beaucoup, j'en ai regagné. « Lâche l'affaire, va te trouver un taf, va dormir tranquille. Pourquoi tu tentes ? » Parce qu'en fait, non. J'ai tellement capitalisé de connaissances sur le business que je sens qu'il y a quelque chose à faire. On est tous dans l'idéalisation du gros coup, tu vois. Et je crois que c'est un petit peu une mentale. qu'il faut vraiment, dès le début, travailler cette partie-là, parce qu'elle va te permettre d'être en mode discipline. Et l'image que je vais te donner, une anecdote, c'est les petits bonhommes dans nos têtes d'entrepreneurs. Je ne sais pas si tu as déjà ça, ce qu'on appelle le dialogue interne. Quand tu te fais des films sur l'entrepreneuriat, tu vis finalement de l'intérieur. avec plein d'émotions qui cohabitent dans ta tête. Je te prends une image. T'as vu, le dimanche soir, t'es là, t'es posé au calme, sur ton petit téléphone, et te vient une petite idée. Une petite idée de business. Tu te dis, wow, ah ouais, si j'achète ça à ce prix-là, je le vends à ce prix. Le petit bonhomme, là, dans la tête, il s'appelle Monsieur Motivation. Celui-là, là, il est incroyable. En moins de deux heures, M. Motivation, il dirait, attends, on va l'acheter en Chine, on va le floquer avec une marque. Eh, regarde la marque. Vas-y, demande à ChatGPT qu'elle te fait les images visuelles. On va pouvoir le vendre à temps par mois, temps à l'année. Finalement, on se fait une marge de temps. Eh, à 23h30, tu es déjà millionnaire. À minuit, tu es déjà dans ton yacht à Dubaï en train de siroter, etc. Si je vais faire quoi de ce genre ? Je vais acheter un pav à madarone. Ensuite, après, on va aller faire un tour du monde. Eh, tu dors avec, franchement, tu vois, une énergie, une vibe grâce à Monsieur Motivation. Tu te dis, vas-y, demain matin, j'attaque. Demain matin, lundi matin, à 9h, il n'y a personne, frère. Il est où, Monsieur Motivation ? Tu l'attends, viens pas. Prêt en temps, tu ouvres. Monsieur Discipline. Oh là là, laisse tomber, mec. grave pas sexy, relou de service. Vas-y, OK, vas-y, rentre, on va bosser le projet, on va l'écrire. Le lendemain, mardi, M. Discipline, 9h. Mercredi, 9h. Jeudi, 9h. Premier mois. Deuxième mois. Finalement, avec M. Discipline, le projet, en fait, il commence à se construire. Il commence, en fait, à prendre au corps. Il a, en fait, une ossature. Et tu sens te rendre compte, M. Discipline a construit les bases d'une régularité qui crée ce projet. Tandis que M. Motivation, lui, on ne le voit plus. Mais c'est dans les premières années d'activité, après un an, deux ans de résultats, grâce à M. Discipline, qu'il est là, il arrive, il faut... T'as vu, c'est grâce à moi, t'as vu, c'est moi qui t'ai donné l'idée. Mais frère, t'étais où quand il fallait bosser ? T'étais où quand il fallait, en fait, sous l'appui ? Ne pas renoncer, continuer. T'étais pas là, toi. Parce que M. Discipline, en fait, il a un allié fort, c'est la persévérance. C'est M. Persévérance. C'est lui qui fait en sorte que ce projet puisse être régulier. Il y a aussi une nana sympa, mais il faut savoir lui parler. C'est Mme Lachance. Celle-là, tu la rencontres une fois dans ta vie. Une femme incroyable. T'as tout intérêt, en fait, à savoir lui parler et surtout à saisir l'opportunité. Te laisse pas un petit peu intimidée. Non, mais qu'est-ce que je vais lui dire, etc. Madame la chance, elle passe une fois dans la vie. Il faut saisir ses opportunités. Il faut oser sortir de ta zone de confort. C'est un petit peu les combos aujourd'hui sur lesquels on voit beaucoup se basent uniquement sur Madame la chance ou sur Monsieur Motivation. Et ils ne créent jamais de projet en fait solide. Si tu bases ton projet sur Monsieur Discipline, Monsieur Persévérance, il y a fort à parier que quoi qu'il en soit, ton projet prendra en fait forme et il permettra en fait... d'atteindre tes objectifs. Voilà un peu ce que l'on vit aujourd'hui dans notre monde entrepreneurial. C'est que beaucoup sont sur une motivation, une émotion actuelle, mais aux premières difficultés, aux premières réalités, aux premières contrariétés, on ne tient pas. C'est comme la salle de sport, où finalement, tu es motivé de guetain, 31-12, résolution de fou. Mais au final, très peu d'entre nous ont cette assiduité. L'entrepreneuriat, c'est pareil. Tu veux te préparer ? Pendant que tu ne payes pas de facture, que tu n'as pas de charge, mets-toi en fait cette discipline en mode focus, en mode warrior. Et quand tu prends un projet, c'est cette partie-là. C'est ton temps, ton organisation doit être millimétrée. Tu dois le maîtriser. Et je crois que plus tôt tu apprends cette rigueur, plus tôt tu apprends à ne pas te faire embarquer dans des soirées, dans des événements, dans de l'amusement. Il en faut, hein. Mais quand il y a un horaire pour bosser, ben, il faut y aller. Pourquoi ? Parce que quand t'es entrepreneur, tu sais ce qu'il y a ? Il n'y a personne au-dessus de toi. C'est un truc de ouf. Il n'y a pas de manager. Il n'y a pas de directeur. C'est la peur du vide. eh d'ailleurs lundi si tu n'as pas cette auto-rigueur de te conditionner pour respecter ton planning, il n'y a personne qui va nous le reprocher. C'est comme quand tu révisais les examens. Nous, tu as vu, frère, c'était le dernier jour à la dernière minute. Mais en entrepreneur, ça ne paye pas. C'est cette régularité, cette assiduité qu'il faut absolument motiver, faire en sorte que tu puisses avoir ces caractéristiques. Donc, un conseil pour celles et ceux qui sont aujourd'hui salariés, qui parfois ambitionnent, prenez ce temps-là. pour formater votre cerveau et vos habitudes. C'est tes habitudes qui vont te donner en fait cette réussite. Le reste, la technique, tu l'apprends, etc. Mais le socle entrepreneur, ce mindset-là, franchement, tu peux très bien le travailler avant même de devenir entrepreneur. Je te conseille vraiment de se fortifier cette partie-là. Et ça, ça va être les ingrédients du succès.
- Speaker #1
Tu crois ou pas en l'intuition ou l'instinct ?
- Speaker #0
Écoute... Très bonne question. J'échange beaucoup avec certaines personnes sur ces deux sujets. De ce sixième sens entrepreneurial, de cette capacité à lire. Je dirais que je vais te donner une réponse qui résume bien, en fait, maintenant, ce que les uns et les autres, ce que je pose beaucoup, cette question sur « j'ai déniché un local de fou » . je sais pas, je le sentais, je me suis mis là-dedans, et bim, ça a réussi, je l'ai pris un loyer de fou, de misère, et finalement, d'ailleurs, ça a été une success story. Je l'entends beaucoup, en fait, et je me dis, mais est-ce que finalement, l'instinct suffit dans le business, cette intuition, ce sixième sens, cette acuité, en fait, à aller sentir les choses ? Je pense qu'il y a une dimension qui est fondamentale là-dessus. Et c'est ce qui nous anime. Mais en même temps, elle doit passer de plus en plus sur les lunettes et le prisme des chiffres. C'est-à-dire que le combo des deux, une bonne intuition, un instinct, tu sens les choses, mais tu le passes à la moulinette des chiffres, renta, risque, viabilité, c'est magnifique. Il y en a, ils sont trop risques, ils passent à côté de super opportunités. Il y en a, ils sont trop intuition. et ce gamelle de fous malades. Donc le combo des deux, il est fondamental dans le business. C'est-à-dire ne pas, dès le début, être fermé à ces sujets-là, mais passer par une moulinette et comme on le dit, il vaut mieux passer à côté d'une bonne opportunité que d'en faire une mauvaise. Ça vaut pour les investissements, mais en fait, c'est ces deux pieds qui sont les deux pieds qui te permettent de marcher dans l'entrepreneur. aiguiser ton intuition, être à l'écoute, faire confiance de plus en plus à ton instinct et passer à la moulinette, en fait. Parce que parfois, l'instinct, moi je le vois, il t'envoie des alertes, mais en fait, l'émotion, les gens, maintenant, etc., ils vont les éteindre, en fait. Ensuite, après, l'instinct, il est conditionné beaucoup par ton subconscient et ton vécu. Si tu t'es gamélé, où tu as vu des échecs, où tu as été structuré par certains traumas de vie, tu tentes ton cerveau, en fait, il y a ce qu'on appelle des schémas neuronaux qui sont intuitifs, ce qu'on appelle les biais. Donc en gros, inconsciemment, tu te dis, c'est une arnaque. Parce que tu as eu une histoire de ce type-là qui a été formatée. Donc quand ça a ses caractéristiques, c'est toujours une arnaque. Donc ce qu'on appelle les biais, bon, des fois, ils sont... Ils sont là pour nous protéger. Le cerveau, il a horreur, en fait, des choses qu'il ne maîtrise pas. Donc, finalement, lui, il va essayer de les rendre intelligibles. Et donc, il va les faire rentrer dans un modèle. Si, malheureusement, ton modèle, c'est que foirer, foirer, foirer, forcément, tu vas avoir... Pour éviter de rentrer, soit dans des biais où tu t'écartes de certaines opportunités, ou alors, de l'autre côté, certains biais du joueur de casino qui sent que ça va le Je pense qu'il faut les deux pieds, un le premier, suivre son intuition, la formater, la travailler et passer à la moulinette des chiffres, de la renta. des estimatifs de l'étude. Ça nous permet de donner, en fait, deux sons de cloche qui peuvent permettre de te donner un avis à viser sur le sujet.
- Speaker #1
Tu vois, moi, ce qui ressort beaucoup, tant quand t'as parlé du postulat de base avec le commerce ou même aujourd'hui sur l'entrepreneuriat, pour moi, il y a un aspect qui est quand même profondément humain, en fait, in fine. Et ce qui est dur, tu vois, c'est que tu disais il y a quand même un socle. qui est lié du coup à ta personnalité. Et quand on a discuté pour la première fois, tu me disais aussi que l'entrepreneuriat, c'est quelque chose en fait qui accentue toutes les parts de ta personnalité quelque part. Et ce que je pense qui est difficile, c'est que non seulement du coup, tu as ces parts de personnalité qui sont accentuées, et quelque part, tu as ton socle de personnalité, ton entreprise, la rationalité, quand ça s'accentue, en fait, à un moment, ça vient un peu se mélanger, etc. Et... Et c'est ça qui doit être dur, en fait, de prendre le recul aussi et la rationalité de te dire, si je veux faire le bon choix, des fois, il faut que je reste rationnel et que ce point accentué que j'ai, ou même parfois l'intuition que je peux avoir, si au niveau chiffre, ça ne passe pas, il faut que je fasse attention. Ça doit être un gros warning. Oui,
- Speaker #0
on ne le fait pas souvent. Moi non plus, je ne le fais pas. C'est pour ça que parfois, je me gamelle. C'est-à-dire que... mon intuition va me dire quelque chose, l'environnement dans lequel je suis embarqué émotionnellement me dit autre chose, et les données en ma possession ne me permettent pas de prendre un avis. Et le problème, c'est que dans le business, en fait, tu prends des décisions matin, midi, soir, des petites comme des très grandes. Mais tu restes dans un élément fondamental, c'est la confiance. La confiance dans l'information qui t'est donnée, la confiance dans les tiers avec qui tu bosses, partenaires, associés, clients. Et là, je l'ai appris avec du recul, des fois, en fait, entre ce que les gens te disent et la réalité, il y a un écart. Toi, tu fondes ton opinion en partant du principe que tout le monde dit la vérité. Les gens, c'est des gros menteurs. fini de fou malade. Ah ouais ? Mais M.Bokhtar, c'est quoi cette perception-là ? Non, en fait, c'est que, c'est malheureux à dire, mais c'est que ça reste des flux financiers. C'est pas la maternelle, les potes, les amis, ça reste de l'argent. Le monde économique, il est, parfois il fait ressortir les plus gros travers des gens. Tu vois la véritable nature humaine pour de l'argent, à mentir, à falsifier les choses, à arnaquer. Donc, tu vois, c'est pour ça que l'entrepreneur, c'est une quête de sens. Parce que tu vois tout, tout, en fait, et l'un des enjeux, on le sait, qui attire le plus les gens, c'est le pouvoir, c'est l'argent, et l'argent, dans le business, c'est un révélateur. Tu prends... En gros, toi, tu vas gérer ta boîte. Tu fais du conseil. Vas-y, OK. Tu fais de la prestat. Tu tenais un contrat. Et en gros, tu vas gérer ton tableau de trésor. Tu fais tes recouvrements. Tu as tes salariés à payer. Tu te bases, en fait, sur un système de confiance. Mais quand le mec, il te dit j'ai fait le vire et qu'il n'a pas fait le vire et qu'il te sort des histoires farfelues, etc. Toi, tu le crois, en fait. et tu dis, c'est bon, il a dit qu'il a fait le vire. Donc c'est bon, j'ai eu mon tableau de trésor. Mais les gens, ils mentent. mais toi tu te retrouves en difficulté financière, à assumer en fait des responsabilités parce que le cycle financier n'a pas été honoré par le gars, et tu te rentres dans une situation financière critique, tu as tes collaborateurs qui te mettent la pression, tu te dis, mais en fait, pourquoi il m'a mythonné lui en fait ? Tu vois, en fait, donc en réalité, tu as vu, il faut se préparer à cette partie-là. Le côté très crédule. T'es très... Eh, faut enlever cette partie-là. Et le plus compliqué, c'est de t'enlever de ta dimension du socle, ton empathie. Oh purée ! Ça là, ça a été l'un des facteurs les plus dommageables dont le business, c'est moi en réalité. Ouais, t'as vu, mesquine. Mais toi, t'es pas mesquine, toi ! T'as essayé de lui refaire... Ouais, mais t'as vu, moi je peux me refermer lui, mais arrête lui aussi ! Donc, il y a vraiment, en fait, il faut... C'est très compliqué. D'avoir ta propre personnalité avec, je dirais, ta manière d'interagir avec un côté très humain, très valeur, etc. Et un monde du business où c'est numérique, financier, pur et dur. Moi, j'ai eu beaucoup de mal à switcher dans ce monde-là. Je transposais beaucoup ma réalité, etc. Et parce que je crée du lien, en fait. Je crée du lien, j'aime bien, je suis embarqué dans les dynamiques. Et à peu d'une fois, en fait, ça m'a été dommageable et reproché. Dommageable, pourquoi ? Parce que je l'ai vécu. Reproché parce que je ne comprends pas, etc. Lui, il n'a pas payé, et nous, etc. Parce qu'en fait, tu es dans une aventure, toi, entrepreneur, qui te stimule, pas que financièrement. Alors que pour les autres, mon gars, en fait, c'est du business. Ils sont là pour l'argent. Et l'appétence à l'argent, elle les... pas... On n'a pas tous la même relation, tu vois. L'autre, il peut mentir, voler, tronder, mentir, tout. Fais-moi juste le dire. Et toi, en fait, t'es là, tu dis on joue pas avec les mêmes règles. Et en fait, c'est un environnement qui est très, très, très complexe au niveau personnel. Donc, il faut avoir cette capacité à prendre de la distance. Moi, frère, j'ai créé une boîte mail, Corinne Delaconta, frère. Elle envoie les recouvrements. « Hé, Mokhtar, j'ai reçu un mail, etc. T'as vu, si tu fais pas le vire, elle va déclencher l'IC, j'y peux rien. » Alors qu'il n'y avait personne. Boîte mail, arrobas, Corinne, compta, de la boîte que je dirigeais. Parce qu'ils m'ont rendu fou !
- Speaker #1
Pour avoir le détachement,
- Speaker #0
en fait. Ouais, pour avoir le détachement, sans casser la relation commerciale, avec le côté corporette, comptable, tu payes pas, on te coupe les trucs. Je m'en suis pas appris ça, moi ! Tu vois, en fait, tu amènes toute ta personne là-dedans et il faut préserver cette partie-là. Après, tu gravites matin, midi, soir dans un écosystème d'entrepreneurs. Donc forcément, tu traînes avec eux, tu vas te lier d'amitié avec eux, tu vas peut-être partir en vacances avec eux, ce qui fait que ton cercle d'amis, il évolue. Il évolue. Moi, en 15-20 ans dans ce milieu-là, j'en garde peut-être... un ami qui ne soit pas dans cet écosystème. Ça ne veut pas dire qu'il n'y a pas de trahison. C'est Dallas et en même temps Santa Barbara, ces histoires-là. C'est passionnant, c'est une vie particulière, mais il faut être vraiment averti de ce qui va arriver.
- Speaker #1
Ce que j'aime beaucoup avec la vision que tu as, c'est un retour à soi. Et je vais passer du coup sur la dernière partie qui est très introspective, beaucoup plus que ce que tu fais déjà. Et si tu le veux bien, j'aimerais bien revenir sur un événement que tu as eu et dont on a parlé déjà un peu tout à l'heure, sur la capacité, je vais dire, à tanker et aussi le corps, tout simplement. Parce qu'il t'est arrivé un événement important le 31 décembre 2022. quand on t'a parlé tout à l'heure. Je vais le citer rapidement si tu le fermais. Tu disais, à l'intérieur, c'est le chaos. Des explosions d'émotions, des peurs, des doutes, des crampes au ventre. J'ai cru pendant des années que je gérais. En réalité, j'avais juste appris à tout contenir. Le 31 décembre 2022, pendant que tout le monde faisait la fête pour le nouvel an, moi, j'étais à l'hôpital pour une opération, une urgence. Je restais alité pendant deux mois après ça. Pourquoi ? Parce que mettre sous le tapis les émotions, ne jamais s'arrêter. Croire qu'on n'a pas le temps, c'est le meilleur moyen pour que le corps parle à ta place. Et crois-moi, quand le corps parle, c'est rarement en douceur.
- Speaker #0
Oui, je pense que tu as mis le doigt là-dessus. Tu vois, mon cheminement ces dernières années, il est parti du haut. J'étais quelqu'un qui était très focus projet, chiffre, business plan. Ça a beaucoup me concentré maintenant sur le côté immatériel et personnel et émotionnel. Cette introspection, en fait, l'entrepreneur, elle t'y oblige parce qu'en fait, elle m'a obligé à me comprendre, à trouver des réponses. Et pendant beaucoup de temps, j'ai géré les émotions en les bloquant. Tu as vu, c'est un truc de nana, ça. C'est sympa. Nous, en homme, ça ne pleure pas, ça fait face aux problèmes. on doit... Les gens te font confiance, tu dois montrer que malgré toutes les tempêtes, tu fais face. Donc c'est des biais, hein, c'est un enseignement... Et il m'est arrivé deux épisodes marquants qui m'ont vraiment affecté de l'intérieur, mais dans l'extérieur, en fait, ça ne traduisait pas. Pas au niveau simplement business, mais au niveau personnel. J'ai perdu mon papa en septembre 2019. Et c'est là où je veux dire que la gestion des émotions... chacun de nous, en fait, il la gère. Moi, quand j'apprends la nouvelle, il était revenu l'été, et, chose rarissime, il monte sur Paris, alors qu'on était en plein mois d'août, normalement, on se rejoint tous en Tunisie, et on me dit, ah non, il faut que je dise, je passe des messages à des amis, il faut que je leur dise au revoir, je comprends pas, tu vois, tant qu'il monte à Paris, on passe un petit peu... quelques semaines ensemble, un match de foot avec toute la famille. Et à ce moment-là, il m'a dit « Mokhtar, tu veux bien venir avec moi à Djerba ? J'aimerais faire le voyage avec toi à retour, tu vois. » « T'as vu, frère, t'es engagé dans trois, quatre projets, ton timing, il est... » Mais il y a des phrases et des moments où tu dis « Oh là là, faut pas que je le loupe. » Je dis « Ouais, ouais, pas de souci, je vais tout annuler, tous les rendez-vous, je vais prendre le temps. » Je suis avec lui, et on passe trois jours à Djerba. Il me fait le tour des oliviers, voilà tes oliviers, voilà le terrain, tu feras attention à tes frères. Je dis, papa, tu me fais quoi, là ? C'est comme si, en fait, des consignes d'après moi. Je dis, mais les oliviers, on va les gérer ensemble, on va faire la cueillette. Et entre guillemets, il a 74 ans, encore jeune, tu vois. Et donc, je rentre à Paris, les embrassades, etc. Et j'arrive. Le vendredi, je m'en souviens, un ami, j'apprends que c'est la prière mortuaire de son papa, je viens, je suis au cimetière, et je vois un petit peu toute cette situation-là, en fait, tu vois, et je me dis, mais imagine, c'est toi demain, ton papa, etc. et le lendemain 20 heures samedi je suis chez moi on ferait m'appelle me dit en fait Je file à l'hôpital, papa vient de faire une crise cardiaque et il ne réagit plus. Bon, moi, ni une ni deux, je prends mon billet pour la première heure. Ma femme m'avertit qu'elle a reçu un coup de fil me disant qu'il était mort. Et donc, tout le monde rentre, je fais le deuil. Mais c'est là où je veux dire, c'est que tu as vu l'émotion. J'étais en mode robot. Tu ne te connais pas que quand tu es face aux épreuves. Et pas une larme. Pas une larme. C'est-à-dire, en fait, t'as vu, c'est faire face, mode automate. En fait, j'avais géré le business toute ma vie comme ça. C'est-à-dire, je sais pas, j'aurais aimé frère, mon fils, ma femme, tout le monde en larmes. Y'a pas une goutte à voulait sortir, en mode, je t'en rappelais, je dois organiser, on doit faire le deuil, la sépulture, et là, le lavage mortuaire, etc. Je reviens, pareil. Tu sais, comme mon cerveau, en fait, quoi, c'est comme si... il a fait un déni, en mode, etc. Et effectivement, il m'est arrivé quelques péripéties au niveau business, mais la période 2019-2022, elle a été gérée différemment. Elle a été gérée différemment, c'est comme si j'avais une armure qui avait une vulnérabilité. Et à force de mettre tes émotions en dessous d'un tapis, en dessous d'un tapis, en dessous d'un tapis, de ne pas les accepter, d'en faire une faiblesse, de te dire que ça va me nuire, que, eh bien, en fait, ton corps, il emmagasine, il enregistre. Et je me rappelle, parce que je le mets en tension au niveau business, j'étais avec MyCrewAcademy où Mohamed me demandait de revenir avec un temps plein, j'étais associé à un cabinet d'expertise comptable, j'avais une boîte de conseils. J'étais engagé sur une quatrième boîte. Il fallait que je choisisse. J'étais incapable de choisir. Et la date d'échéance, c'était le 31-12. Ça a avancé, ça a avancé, ça a avancé. Et moi, ça me stressait. Et cette accumulation d'émotions, de mettre sous le tapis, d'enjeux, de peur, d'incertitude, de frustration, de « t'as pas fait le deuil » , de tout ça, le corps frère, en fait, il a explosé en vol. Covid, infection, colon, truc, opération, urgence, bloc opératoire, comme si le corps te disait frère. Prends le temps ! Prends le temps. Prends le temps, en fait, d'accepter ces émotions-là. Prends le temps, en fait, de dire que tu n'es pas invincible. Prends le temps de comprendre que pleurer, ça ne fait pas de toi un homme moins fort. Prends le temps, en fait, de pouvoir te ressourcer pour affronter cette réalité-là. Et je crois que l'entrepreneuriat, c'est comme une cocotte minute, c'est quand il y a des failles ou des blessures non guéries, bah, va le... tellement mettre une pression forte que parfois, si tu ne décides pas toi de les affronter, ton corps, lui, il va mettre son disjoncteur. C'est des cancers, c'est parfois des maladies que tu vas somatiser parce que finalement, en fait, tellement embarqué dans une frénésie de l'action pour éviter de réfléchir, de te mettre face à tes peurs, face à tes émotions. et que tu vas faire une surstimulation de l'action comme quelqu'un qui va être camé à l'adrénaline pour effacer la douleur qui sous-tend cette réalité-là. Et l'épisode qui est après, c'est que pendant deux ans et demi, j'ai fait un gros travail de compréhension de moi, en fait, de pourquoi t'es arrivé là, de cette frénésie de l'action comme pour doper, pour ne pas se mettre face à ces peurs, face à cette réalité. d'avoir fait le deuil, de cet être cher qui est parti, parce que finalement, il y avait une symbolique forte, cette volonté d'entreprendre. En fait, tu le faisais pour toi, mais tu le faisais aussi pour son regard qui n'est plus là aujourd'hui. C'est un sentiment inachevé de ne pas avoir pu finalement d'être sur le finish avec lui. Et tous ces sentiments-là, quand ils se mélangent, quand tu n'y prends pas le temps, finalement, en fait, tu fais ce qu'on appelle en PNL une stratégie de fuite en avant et une stratégie d'évitement. Et cette stratégie d'évitement, pour moi, c'était une suractivité pour effacer, en fait, une douleur qui était là. Et je crois qu'on en est beaucoup dans le monde entrepreneurial, à une frénésie de l'action pour ne pas se poser face à nos émotions. Aujourd'hui, c'est différent. j'ai entrepris une quête depuis deux ans sur mieux me comprendre, mieux m'asseoir avec mes peurs, essayer de les nommer, qu'ils ne me bloquent pas, accepter que parfois tu es humain, ça n'enlève en rien ta virilité, ou je dirais ton côté homme, et ça fait partie de ma personnalité, c'est pour ça qu'aujourd'hui j'en parle beaucoup plus librement, autant même sur l'échec. que ça soit sur les déceptions, que ça soit en fait sur les difficultés, sur ces craintes, parce que parler d'émotions dans le business, c'est un truc de nana frérot, vas-y viens on fait de l'argent. Non, pour faire de l'argent, comme tu le dis, il y a une nécessité de mieux se comprendre. Parce qu'à terme, c'est dans quel état tu seras avec cet argent. Je pense que c'est là un peu le sujet.
- Speaker #1
Je te remercie en tout cas d'avoir accepté de partager cette tranche de ta vie. et puis aussi tout ce que tu m'as apporté et tu vas apporter, je suis sûr, aux personnes. Pour tous ceux qui ont apprécié notre échange, elles peuvent te retrouver où ?
- Speaker #0
Écoute, je poste régulièrement sur LinkedIn, sur mon profil de manière régulière, Mboktar Farhat. Et comme toi, j'ai le plaisir de recevoir aussi beaucoup de personnalités sur le podcast L'échec, mon allié, qu'ils peuvent retrouver sur Spotify ou sur YouTube. En tout cas, moi, j'ai un vrai plaisir d'avoir eu cet échange-là avec cette volonté de comprendre. et pas simplement de valoriser les succès historiques qu'on pourrait avoir, mais plutôt d'aller voir des gens, comme tu dis, ordinaires, qui peuvent avoir un destin pour eux qui est extraordinaire aussi. Et je crois que c'est cette humilité qui te caractérise et j'aurai grand plaisir de suivre tes prochains épisodes qui, je l'espère, seront nombreux. Merci beaucoup, Moctar. Merci, Raj.