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Devine qui vient doubler ?

Ecrire pour la jeunesse - Devine qui vient doubler ?

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21min |07/01/2021
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Description

« C'est injuste, c'est vraiment trop injuste », « Missile gamma, cornofulgur, fulguropoing », « c'est fini, les amis » ! Toutes ces phrases sentent bon l'heure du goûter ! À leur évocation, on retombe en enfance instantanément. Autant de madeleines de Proust écrites par les dialoguistes jeunesse !

Écrire pour la jeunesse, ce n'est pas facile. Il faut être accessible aux plus jeunes, tout en ménageant différents niveaux de lecture pour intéresser les plus grands, mais aussi les parents. 

Et il faut savoir donner vie à des personnages aussi variés que des héros courageux, des monstres ou des animaux multicolores, des princesses ou des dinosaures. 

Allons, avec Vanessa Bertran, au pays merveilleux des dessins animés, pour découvrir ce fantastique métier !

En savoir plus :

Une exposition en ligne sur le site du Musée de la Sacem va vous faire découvrir l’histoire du doublage ainsi que les dialoguistes emblématiques qui se cachent derrière les films que nous connaissons tous. 

Partez également à la découverte du métier aujourd’hui. 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Alors ça, c'est injuste. C'est vraiment trop injuste. Un pays de tous les temps Qui n'a plus besoin de des abeilles Goldorak La Dupont Ici, le diamant Pégabon Pour l'institut Blas, rachetez-moi ! Nos têtes blondes, nos loupios, nos bambins adorent les dessins animés, les séries jeunesse. Et c'est parfois aussi le cas de leurs parents. Certains films sont clairement faits pour les enfants, mais beaucoup sont à double lecture. Alors écrire des dialogues pour la jeunesse, sans faire du hare-hare, ni utiliser des formules trop compliquées, faire parler des personnages d'enfants... Faire parler des créatures multicolores avec une poignée sur la tête, des animaux ou des objets telles une éponge, comment s'y prend le dialoguiste ? C'est le thème de cet épisode de Devine qui vient doubler. Le musée Sacerbe présente un podcast créé et dialogué par Vanessa Bertrand. Devine qui vient doubler. Écrire pour les enfants, la dialoguiste Laurence Salva en a fait sa spécialité. Sa carrière l'a amenée à tutoyer Bob l'éponge, Son Goku de Dragon Ball, Barbie ou encore Sam le pompier. Laurence n'a pas seulement été bercée comme nous tous par les dessins animés, elle a assisté à la fabrication de leur version française dans son enfance. Car son père, Michel Salva, dirigeait alors une entreprise de doublage, la Sophie.

  • Speaker #1

    Tous les mercredis, quand on n'avait rien à faire, on allait au studio, on allait voir des enregistrements avec ma sœur. On a assisté à beaucoup d'enregistrements, du Muppet Show, des choses comme ça. C'était un vrai spectacle pour nous. On n'avait absolument pas le droit de rire, mais c'était très compliqué de ne pas hurler de rire en les écoutant. Il vient de disparaître et j'ai une petite pensée pour Roger Carel, qui était... Notre star à nous à l'époque, avec d'autres, grâce à sa voix, grâce à sa gouaille et grâce à son humour.

  • Speaker #0

    Laurence a longtemps été calligraphe, à savoir la personne qui recopiait au propre le texte du dialoguiste sur la bande Ritmo avant l'arrivée du numérique qui a supprimé ce métier. Vous pourrez d'ailleurs entendre tout ce que vous vouliez savoir sur la calligraphie. sans jamais avoir osé le demander dans le podcast « Les coulisses d'un studio » . Laurence a donc vu défiler beaucoup de textes avant de devenir auteur et elle a tout de suite été attirée par l'écriture pour la jeunesse. Je me suis lancée et j'ai commencé dès le départ par les dessins animés. J'aimais beaucoup les dessins animés. D'ailleurs, j'ai commencé par un manga. Je pense que j'ai commencé par Dragon Ball, tout à fait au début. Dragon Ball, c'est un manga. La version originale d'un manga est le plus souvent en japonais. Peu de dialoguistes comprennent le japonais. On leur fournit donc une traduction littérale, plus ou moins bien faite, et puis surtout, cette langue a des particularités pas simples à adapter au français.

  • Speaker #1

    Les scripts japonais étaient traduits à Hong Kong en anglais. Et pour vous donner une idée, par exemple, la phrase en japonais pouvait faire, on va dire, 20 mots. Par exemple, les petits oiseaux dans le ciel montent vers le soleil, couchant sur la brume. Un truc très poétique. Et en fait, la traduction à Hong Kong, c'était « Il fait beau » . J'étais obligée, moi, d'être très imaginative pour remplir les blancs. Et surtout à l'époque, Internet n'existait pas, bien sûr. Et le grand souci, notamment pour Dragon Ball, c'était que les traducteurs à Hong Kong n'étaient pas les mêmes. Et donc, d'un épisode sur deux, on n'avait pas les mêmes dates, pas les mêmes. nom de planète, de choses comme ça, c'était très, très compliqué. Internet a révolutionné l'adaptation des dessins animés, et surtout des dessins animés anciens qui reviennent.

  • Speaker #2

    Le moment de vérité est comme ça.

  • Speaker #0

    C'est cesse de sa pas mort,

  • Speaker #2

    prévient.

  • Speaker #0

    Il aura permis à Sangohan de se ressaisir spésieux et bâc. Dans les séries adaptées de livres-mangas, il y a des termes cultes, des expressions. des noms de personnages dont le dialoguiste doit tenir compte. Dans la célèbre version animée du manga One Piece, on ne peut pas parler du fruit du diable alors que les lecteurs s'attendent au fruit du démon. Et l'escargophone ne peut pas être librement adapté par le téléphone escargot. C'est ce que nous confirme aussi Juliette Vigouroux, qui avec son époux Alain Cassar, a adapté la saga des Harry Potter. Mais là, la production ne leur a pas fourni de Bible, puisque c'est comme cela qu'on appelle la liste des termes récurrents. Ils ont dû aller chercher tout le vocabulaire spécifique en se plongeant dans les romans.

  • Speaker #2

    Au départ, les films étaient extrêmement fidèles aux romans. Comme les enfants avaient lu les romans, évidemment, on a réutilisé tout le merveilleux travail du traducteur Jean-François Ménard, qui a fait un travail. « Merveilleux, merveilleux. Tout ce qui est inventé, les noms de sort, les maisons, les objets, les noms de professeurs extraordinaires, tout ça c'est Jean-François Ménard. »

  • Speaker #0

    L'une des difficultés de devoir utiliser des termes qui préexistent au film, c'est qu'il y a une chance infime que ces termes initialement choisis par le traducteur littéraire soient synchrones avec la façon dont le comédien original les prononce en VO. Alors c'est au dialoguiste de Rusée. par exemple en les déplaçant dans la réplique.

  • Speaker #2

    C'est certain, qu'est-ce qu'il y avait comme maison ? Pouf, souffle, moi c'était off, c'était très synchrone, serpentard, sylvanine, il y avait des choses qui n'étaient pas synchrones du tout. Dada, Claude, trois syllabes, le seigneur des ténèbres, si c'est au sein d'une phrase, tu déplaces, tu arrives à le caser et tout. Maintenant, effectivement, Bon, putain ! Un des personnages qui hurle de Dark Lord, il fallait que ça rentre. Donc, comme on peut.

  • Speaker #0

    Je sous-signais Professeur Rogue donne l'autorisation à l'équipe de Serpentard de s'entraîner aujourd'hui pour former son nouvel attrapeur. Son nouvel attrapeur ? Qui ? Malfoy. Eh oui. Et c'est pas la seule nouveauté.

  • Speaker #1

    Ce sont des Nimbus de Milan ?

  • Speaker #0

    Comment vous les avez eus ? C'est un cadeau du père de Drago. Tu vois, Weasley, contrairement à certains, mon père peut acheter ce qu'il y a de mieux. Mais aucun joueur de Gryffondor n'a payé pour être dans l'équipe. On les a choisis pour leur talent. Personne ne t'a demandé ton avis, espèce de sang de gourbe. Tu vas le payer cher,

  • Speaker #1

    Malfoy !

  • Speaker #0

    Crash Limas ! Sur Dragon Ball Z, les termes sont différents de ceux utilisés dans les mangas papier. Laurence Salva tient à souligner que les dialoguistes français ne sont pas à l'origine de cette initiative et que les fans sont priés de ne plus lui envoyer de lettres d'insultes.

  • Speaker #1

    Les fans qui nous reprochent d'avoir transisé des noms de personnages, nous ne sommes pas les fautifs, nous ne sommes pas les coupables, ce sont les clients. Donc si vous devez vous plaindre à quelqu'un, c'est aux chaînes, c'est pas à nous. Nous n'avons pas choisi. Tortue géniale, ce n'est pas à nous.

  • Speaker #0

    Mais il n'y a pas de règle générale. Si pour aucun des deux exemples précédents, les dialoguistes n'ont pu choisir les noms des termes, je citerai un autre exemple, personnel cette fois. Sur la série Supergirl, mes co-auteurs Laurence Fatley, Christophe Sagnès et moi avons dû certes reprendre tout ce qui était présent dans Superman, comme « the fortress of solitude » pour qui nous avons gardé la forteresse de solitude, ou la « heat vision » qui est restée la vision thermique. En revanche, d'autres expressions sont nées sur la série. C'est nous qui avons fait des propositions aux diffuseurs, qui les a validées ou modifiées, et c'est ainsi que « to terraform the earth » est devenu biosphériser la Terre, ou que la « Transmatter Portal Watch » a été baptisée « montre téléportatrice » . Et parfois, on crée des termes qui deviennent cultes. et qui sont repris bien au-delà de la série. C'est le cas d'Alain Cassar et Juliette Vigouroux sur les Simpsons.

  • Speaker #2

    Alors il y a eu une réplique d'Homère qui est très connue. C'est Alain qui l'avait trouvée parce qu'Homère souvent disait « Oh my God, oh my God, oh my God, oh my God » et le fameux « Oh my God » des Américains qui est toujours une véritable calamité. Et donc Alain avait trouvé « Oh punaise, oh punaise, oh punaise » qui était parfaitement synchrone et Philippe. pétieux l'acteur qu'il double a transformé ça en pinèse.

  • Speaker #0

    Le comédien, puisqu'on en parle, a donc mis sa patte pour interpréter ce terme d'une manière qui colle désormais à la peau du personnage d'Homère. Ce qui est formidable sur une série, c'est qu'on peut s'habituer à l'interprétation d'un comédien qui tient un rôle pendant plusieurs années. Et on peut, dès l'écriture, imaginer, presque entendre la façon dont il dira le texte qu'on écrit. Ce qui aide à lui créer des répliques qui sortiront naturellement de sa bouche.

  • Speaker #2

    En particulier pour les deux personnages principaux, Marge et Homer, on a eu très très vite la voix, le rythme de Pétieu dans l'oreille en écrivant, et de Marge, puisqu'elle, Véronique Osereau, trafique complètement sa voix. Et donc, pour écrire, on prenait la voix d'Homer et la voix de Marge.

  • Speaker #0

    Et justement, quel est le travail du comédien quand il doit doubler non pas un humain filmé, mais un personnage en images de synthèse ou dessinée, parfois sous les traits d'un animal ou d'un objet ? Dani Taillarda, comédienne qui a participé à de nombreuses séries d'animation ou jeunesse, comme Signé Cat Size, Bioman ou Maya l'Abeille, nous explique en quoi c'est différent d'un doublage classique. Dans le cas du dessin animé, il y a pratiquement une création de la voix. C'est beaucoup plus créatif. Ça demande de la part du comédien, non seulement une attention particulière au dessin, parce que finalement c'est ça qui va déterminer son personnage, c'est la forme du dessin, c'est le style du dessin. Suivant l'apparence du personnage, il va falloir créer des voix en rapport. Ça demande de la part des comédiens des gens qui ont une grande souplesse, qui sont capables de modifier leur voix, de passer des aigus au grave. On va jouer sur l'intensité, parce que le propre du dessin animé, c'est justement que c'est un peu caricatural, entre guillemets, c'est-à-dire c'est un gros trait. Donc il va falloir faire ressortir ça. Il ne s'agit pas de jouer naturel, mais au contraire de donner des caractéristiques fortes au personnage. Il faut que ça soit haut en couleur. Ça demande énormément d'aptitude, de souplesse. Mais c'est très intéressant pour un comédien parce qu'il est beaucoup plus libre finalement. Et dans le jargon du métier, ça s'appelle un comédien qui se déplace. Par exemple, pouvoir faire la petite fourmi attendrissante de Maya, Maya l'abeille, que j'ai interprétée il y a de ça très longtemps, et qui va dire « Oh, mais vous allez trop vite pour moi, je ne peux pas vous suivre, attendez-moi, j'ai mal à mes petites pattes » . Et le lendemain, une méchante sorcière qui ricane. « Si tu croyais t'en tirer à bon compte, sache que n'entre pas qui veut dans cette forêt. Petit effronté, tu devras sûrement des trois épreuves avant d'avoir le droit de poursuivre ta route. » Et voilà. Mais ce comédien, quelqu'un doit lui écrire son texte, trouver des formules propres à... tel ou tel personnage. Ça, c'est la part de créativité du dialoguiste. Philippe Wittcock, à qui un podcast entier de la série est dédié, a adapté beaucoup de dessins animés et films pour la jeunesse. Fan des personnages de Disney depuis l'enfance, il a fait parler Peter Pan, Aladdin, Pocahontas et les mythiques jouets de Toy Story.

  • Speaker #3

    Les adapter comme des petits bonshommes qui ont leur propre logique, qui sont des enfants déguisés aussi, enthousiastes, énergiques, etc. Je félicite les auteurs originaux, parce que tout est dans l'original. On n'a pas de mérite. On a le mérite de restituer ce qu'on peut de ce qu'on nous donne. Ce qu'on nous donne est formidable. Ils ont créé tout un univers avec des acteurs exceptionnels. Il faut s'adapter à ça.

  • Speaker #0

    Et comment on arrive à une formule inoubliable comme... Vers l'infini et au-delà ! La devise de Buzz l'éclair. qui est écrite sur sa boîte d'emballage.

  • Speaker #3

    Alors ça, c'est peut-être un peu aussi mes années de marketing, de publicité, où je cherchais des slogans. J'avais aussi cette casquette-là. Il fallait vendre les produits. C'est pour ça que les films annonces, en général, je n'ai pas trop non plus de difficultés, parce que je sais comment ça marche. Et c'est des jouets, donc ils ne parlent pas comme du marketing. Mais enfin, les formules sont ce qu'on peut voir sur une boîte de jouets, vers l'infini et au-delà.

  • Speaker #0

    Et puis il y a, comme dans tous les métiers, un moment où le client fait sentir qu'il est le roi, qu'il est raison ou pas. Laurence Salva, dialoguiste.

  • Speaker #1

    Les choses se sont bien détériorées dans le sens où, il y a 30 ans, on avait le droit, les clients nous laissaient écrire des dialogues avec des mots compliqués pour les enfants. C'est-à-dire des mots qu'ils ne connaissaient pas forcément. Et je trouvais ça hyper intelligent parce que du coup, ça apprenait aux enfants. des nouveaux termes, des nouveaux mots. Maintenant, c'est totalement le contraire. C'est-à-dire que quelque part, on nous demande de rester très basiques. Et ça, je trouve ça vraiment, vraiment dommage.

  • Speaker #0

    Et si un comédien peut modifier sa voix, quelles sont les limites du dialoguiste pour modifier son écriture ? Pour avoir moi-même écrit pas mal de séries jeunesse, que ce soit les mangas Doraemon ou One Piece, soit des séries adolescentes comme récemment Julie et les fantômes sur Netflix, J'avoue avoir testé certaines répliques sur mes enfants pour m'assurer que telle ou telle expression se disait encore dans les cours d'école. Mais en veillant à ne jamais utiliser de mots trop « mode » qui pourraient vite sembler vieillots. Un langage varié, coloré, sans être daté. Mais pour ceux qui regardent les programmes ados sous-titrés, est-ce qu'on écrit pareil la version française quand elle est doublée sous forme de dialogue très parlé, et la version sous-titrée, donc écrite ? C'est une différence dont nous parle Isabelle Audineau, dialoguiste et sous-titreuse.

  • Speaker #4

    J'avais traduit en sous-titre un film qui s'appelait Projet X, qui est un film extrêmement grossier, en plus d'ados. Je m'étais fait aider par des ados parce que la langue évolue et j'étais un peu perplexe. Et j'avais fait un premier jet où je respectais toutes les grossièretés, j'avais même mis du verlan. Et en fait, je me suis rendue compte que par rapport à une version doublée où j'aurais pu faire tout ça tranquillement, parce que les comédiens seraient venus appuyer ce que j'avais écrit, là, en fait, le verlan, les renois, ça ne marchait absolument pas, parce que ça demande un effort pour le cerveau de se dire, alors, renois, c'est du verlan. Le temps de se dire tout ça, en fait, ça ne coule pas, ce n'est pas fluide du tout. C'était il y a un certain nombre d'années, Projet X. Et aujourd'hui, peut-être que les choses évoluent parce que le sous-titrage, il évolue. On s'habitue à certains mots qui, tout à coup, sont acceptables parce qu'on les a lus plusieurs fois. Il faut les lire plusieurs fois. Finalement, j'avais pris le parti de mettre des petites touches de vulgarité, de grossièreté, mais de faire un truc plus neutre pour que la lecture ne soit pas toujours arrêtée.

  • Speaker #0

    Isabelle Audineau a sous-titré plusieurs dessins animés de longs métrages, dont Troll 2, sorti fin 2020, et dont elle a aussi signé les dialogues. Et le remarquable film « Tous en scène » où elle a sous-titré un koala, une girafe, un gorille, une truie avec la même aisance pour notre plus grand plaisir. Mais quand on écrit des sous-titres pour des œuvres jeunes publics, est-ce qu'on peut mettre autant de mots et ne pas prendre en compte le fait que les enfants lisent moins vite qu'un adulte ?

  • Speaker #4

    Non. Pour moi, il y a une question de rythme. Et donc, tu traduis dans le rythme du film. En plus, moi, je ne suis pas du tout persuadée que les enfants lisent moins vite que les adultes. Je crois que les animations... Elles sont faites pour les enfants, mais elles sont surtout faites pour les parents. Et qu'il y a toujours des doubles sens, il y a toujours plusieurs clés, plusieurs niveaux de lecture. Donc, moi, je crois qu'en fait, les enfants qui vont voir ces films-là vont les voir en VF. Sauf si les parents ont envie qu'ils apprennent un peu l'anglais, je ne sais pas, ou qu'ils apprennent à lire vite. Et c'est un peu compliqué parce que si tu commences à laisser plus de temps ou à mettre moins de mots, déjà, on est quand même très... être contraint, vous trouvez un juste milieu,

  • Speaker #0

    je pense. Souvent, les personnages d'enfants sont tenus par des adultes qui présentent l'intérêt d'être des comédiens formés, très compétents et très agiles. On devine rarement qu'il s'agit d'un comédien adulte alors qu'un enfant, même avec une bonne direction d'acteur, pourrait être assez maladroit. Certains acteurs, c'est surtout le cas pour les actrices, se sont fait une spécialité d'interpréter des rôles de 30 ou 40 ans de moins que leur âge réel. sans qu'on devine la supercherie. Mais un dialoguiste peut-il avoir cette même souplesse et écrire pour le jeune public, à tout âge ? Jean-Jacques Prond, auteur de la quasi-totalité des épisodes de Friends, a été mis en garde dès le début de sa carrière par un patron d'une grande société de doublage. Il m'a dit un jour, méfiez-vous, vous allez finir par écrire comme un vieux. Et il avait raison. Je pense que si j'écrivais Friends maintenant, je ne serais peut-être plus vraiment dans le cours. Ou alors ! Eux, ils ont vieilli, donc ça collerait à peu près. Mais quand je regarde des séries maintenant ou des téléfilms, putain, ce qu'ils sont bons, les jeunes. Alors l'inspiration et l'écriture, c'est comme le corps et la voix, ça s'entretient. Un dialoguiste doit se tenir au courant de l'évolution du vocabulaire parlé, avoir une oreille qui traîne quand il croise des ados, regarder les pubs qui reflètent souvent le langage d'une époque et écouter des radios de jeunes, quels que soient ses goûts musicaux. Et en parlant de musique... nous terminerons par les versions françaises de chansons de dessins animés. Un exercice très particulier qui demande à la fois d'être synchrone, en rythme et de bien respecter le sens de la chanson car ce n'est pas une chanson librement adaptée mais du dialogue chanté. Philippe Wittcock s'est collé avec bonheur à l'exercice de multiples fois et dernièrement pour le retour de Mary Poppins. Ça ne se voit pas dans le podcast mais les chansons sont parfaitement synchrones et sortent de la bouche de l'héroïne. comme par magie.

  • Speaker #3

    En musical, oui, L'étrange Noël de M. Jack et Le retour de Mary Poppins, mais il y en a eu d'autres, des petites chansons à droite à gauche dans plein de films. L'adaptation de chansons, je ne le recommande pas forcément aux débutants, mais je le recommande. C'est quelque chose de formidable à faire, d'extrêmement difficile par moment. Il y a toujours un truc sur lequel on se prend la tête pendant parfois des semaines. Mary Poppins, il y avait 45 minutes, il y avait 9 chansons. J'ai réussi à obtenir une copie très très très très tôt, uniquement avec les chansons. Je n'avais pas du tout le film, je n'avais pas l'image, mais j'avais les séquences chantées. Le film sortait en décembre, j'ai dû avoir ça fin mai, et j'ai eu jusqu'au mois d'août pour les rendre. J'y ai travaillé, pas constamment, mais ça revenait sur le feu pendant deux mois. Ce n'est pas le délai qu'on a pour les dialogues en général, mais il faut ça pour les chansons.

  • Speaker #0

    John, c'est bien, vous n'êtes pas bête au moins. Votre intellect s'envole au loin en tous sens, comme l'a dit Annabelle à Georgie. Méfions-nous des fariboles et du non-sens. Vous savez tant mieux, comme un plus un font deux, que la logique est la pierre angulaire des sciences. Je l'admets et je ne me trompe jamais. Vous êtes bien trop grands pour croire en votre imagination.

  • Speaker #3

    Il y a toujours un plaisir à voir ce qu'on a fait après, mais voir ce qu'on a fait en chanson, c'est... Puissance 10 quand même, effectivement, quand ça tient la route, quand on n'a pas honte de ce qu'on a fait. Il vaut mieux assurer un peu.

  • Speaker #0

    Un adaptateur doit s'adapter, pouvoir écrire les dialogues d'un film policier avec autant de talent qu'un dessin animé pour les tout-petits. Mais écrire pour la jeunesse demande de répondre à certains impératifs, savoir faire ressurgir son âme d'enfant, doser le vocabulaire utilisé, être inventif, avoir le sens du rythme. Mais plus que tout, aimer écrire et aimer ce qu'on adapte, c'est la clé du doublage des films pour la jeunesse.

Chapters

  • Introduction au doublage pour la jeunesse

    00:00

  • Parcours de Laurence Salva dans le doublage

    01:24

  • Les défis de l'adaptation des dialogues

    02:45

  • Écrire pour les jeunes : enjeux et stratégies

    04:52

  • Sous-titrage vs Doublage : différences clés

    07:27

  • L'art de l'adaptation des chansons

    10:04

  • Conclusion : La passion de l'écriture pour la jeunesse

    21:37

Description

« C'est injuste, c'est vraiment trop injuste », « Missile gamma, cornofulgur, fulguropoing », « c'est fini, les amis » ! Toutes ces phrases sentent bon l'heure du goûter ! À leur évocation, on retombe en enfance instantanément. Autant de madeleines de Proust écrites par les dialoguistes jeunesse !

Écrire pour la jeunesse, ce n'est pas facile. Il faut être accessible aux plus jeunes, tout en ménageant différents niveaux de lecture pour intéresser les plus grands, mais aussi les parents. 

Et il faut savoir donner vie à des personnages aussi variés que des héros courageux, des monstres ou des animaux multicolores, des princesses ou des dinosaures. 

Allons, avec Vanessa Bertran, au pays merveilleux des dessins animés, pour découvrir ce fantastique métier !

En savoir plus :

Une exposition en ligne sur le site du Musée de la Sacem va vous faire découvrir l’histoire du doublage ainsi que les dialoguistes emblématiques qui se cachent derrière les films que nous connaissons tous. 

Partez également à la découverte du métier aujourd’hui. 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Alors ça, c'est injuste. C'est vraiment trop injuste. Un pays de tous les temps Qui n'a plus besoin de des abeilles Goldorak La Dupont Ici, le diamant Pégabon Pour l'institut Blas, rachetez-moi ! Nos têtes blondes, nos loupios, nos bambins adorent les dessins animés, les séries jeunesse. Et c'est parfois aussi le cas de leurs parents. Certains films sont clairement faits pour les enfants, mais beaucoup sont à double lecture. Alors écrire des dialogues pour la jeunesse, sans faire du hare-hare, ni utiliser des formules trop compliquées, faire parler des personnages d'enfants... Faire parler des créatures multicolores avec une poignée sur la tête, des animaux ou des objets telles une éponge, comment s'y prend le dialoguiste ? C'est le thème de cet épisode de Devine qui vient doubler. Le musée Sacerbe présente un podcast créé et dialogué par Vanessa Bertrand. Devine qui vient doubler. Écrire pour les enfants, la dialoguiste Laurence Salva en a fait sa spécialité. Sa carrière l'a amenée à tutoyer Bob l'éponge, Son Goku de Dragon Ball, Barbie ou encore Sam le pompier. Laurence n'a pas seulement été bercée comme nous tous par les dessins animés, elle a assisté à la fabrication de leur version française dans son enfance. Car son père, Michel Salva, dirigeait alors une entreprise de doublage, la Sophie.

  • Speaker #1

    Tous les mercredis, quand on n'avait rien à faire, on allait au studio, on allait voir des enregistrements avec ma sœur. On a assisté à beaucoup d'enregistrements, du Muppet Show, des choses comme ça. C'était un vrai spectacle pour nous. On n'avait absolument pas le droit de rire, mais c'était très compliqué de ne pas hurler de rire en les écoutant. Il vient de disparaître et j'ai une petite pensée pour Roger Carel, qui était... Notre star à nous à l'époque, avec d'autres, grâce à sa voix, grâce à sa gouaille et grâce à son humour.

  • Speaker #0

    Laurence a longtemps été calligraphe, à savoir la personne qui recopiait au propre le texte du dialoguiste sur la bande Ritmo avant l'arrivée du numérique qui a supprimé ce métier. Vous pourrez d'ailleurs entendre tout ce que vous vouliez savoir sur la calligraphie. sans jamais avoir osé le demander dans le podcast « Les coulisses d'un studio » . Laurence a donc vu défiler beaucoup de textes avant de devenir auteur et elle a tout de suite été attirée par l'écriture pour la jeunesse. Je me suis lancée et j'ai commencé dès le départ par les dessins animés. J'aimais beaucoup les dessins animés. D'ailleurs, j'ai commencé par un manga. Je pense que j'ai commencé par Dragon Ball, tout à fait au début. Dragon Ball, c'est un manga. La version originale d'un manga est le plus souvent en japonais. Peu de dialoguistes comprennent le japonais. On leur fournit donc une traduction littérale, plus ou moins bien faite, et puis surtout, cette langue a des particularités pas simples à adapter au français.

  • Speaker #1

    Les scripts japonais étaient traduits à Hong Kong en anglais. Et pour vous donner une idée, par exemple, la phrase en japonais pouvait faire, on va dire, 20 mots. Par exemple, les petits oiseaux dans le ciel montent vers le soleil, couchant sur la brume. Un truc très poétique. Et en fait, la traduction à Hong Kong, c'était « Il fait beau » . J'étais obligée, moi, d'être très imaginative pour remplir les blancs. Et surtout à l'époque, Internet n'existait pas, bien sûr. Et le grand souci, notamment pour Dragon Ball, c'était que les traducteurs à Hong Kong n'étaient pas les mêmes. Et donc, d'un épisode sur deux, on n'avait pas les mêmes dates, pas les mêmes. nom de planète, de choses comme ça, c'était très, très compliqué. Internet a révolutionné l'adaptation des dessins animés, et surtout des dessins animés anciens qui reviennent.

  • Speaker #2

    Le moment de vérité est comme ça.

  • Speaker #0

    C'est cesse de sa pas mort,

  • Speaker #2

    prévient.

  • Speaker #0

    Il aura permis à Sangohan de se ressaisir spésieux et bâc. Dans les séries adaptées de livres-mangas, il y a des termes cultes, des expressions. des noms de personnages dont le dialoguiste doit tenir compte. Dans la célèbre version animée du manga One Piece, on ne peut pas parler du fruit du diable alors que les lecteurs s'attendent au fruit du démon. Et l'escargophone ne peut pas être librement adapté par le téléphone escargot. C'est ce que nous confirme aussi Juliette Vigouroux, qui avec son époux Alain Cassar, a adapté la saga des Harry Potter. Mais là, la production ne leur a pas fourni de Bible, puisque c'est comme cela qu'on appelle la liste des termes récurrents. Ils ont dû aller chercher tout le vocabulaire spécifique en se plongeant dans les romans.

  • Speaker #2

    Au départ, les films étaient extrêmement fidèles aux romans. Comme les enfants avaient lu les romans, évidemment, on a réutilisé tout le merveilleux travail du traducteur Jean-François Ménard, qui a fait un travail. « Merveilleux, merveilleux. Tout ce qui est inventé, les noms de sort, les maisons, les objets, les noms de professeurs extraordinaires, tout ça c'est Jean-François Ménard. »

  • Speaker #0

    L'une des difficultés de devoir utiliser des termes qui préexistent au film, c'est qu'il y a une chance infime que ces termes initialement choisis par le traducteur littéraire soient synchrones avec la façon dont le comédien original les prononce en VO. Alors c'est au dialoguiste de Rusée. par exemple en les déplaçant dans la réplique.

  • Speaker #2

    C'est certain, qu'est-ce qu'il y avait comme maison ? Pouf, souffle, moi c'était off, c'était très synchrone, serpentard, sylvanine, il y avait des choses qui n'étaient pas synchrones du tout. Dada, Claude, trois syllabes, le seigneur des ténèbres, si c'est au sein d'une phrase, tu déplaces, tu arrives à le caser et tout. Maintenant, effectivement, Bon, putain ! Un des personnages qui hurle de Dark Lord, il fallait que ça rentre. Donc, comme on peut.

  • Speaker #0

    Je sous-signais Professeur Rogue donne l'autorisation à l'équipe de Serpentard de s'entraîner aujourd'hui pour former son nouvel attrapeur. Son nouvel attrapeur ? Qui ? Malfoy. Eh oui. Et c'est pas la seule nouveauté.

  • Speaker #1

    Ce sont des Nimbus de Milan ?

  • Speaker #0

    Comment vous les avez eus ? C'est un cadeau du père de Drago. Tu vois, Weasley, contrairement à certains, mon père peut acheter ce qu'il y a de mieux. Mais aucun joueur de Gryffondor n'a payé pour être dans l'équipe. On les a choisis pour leur talent. Personne ne t'a demandé ton avis, espèce de sang de gourbe. Tu vas le payer cher,

  • Speaker #1

    Malfoy !

  • Speaker #0

    Crash Limas ! Sur Dragon Ball Z, les termes sont différents de ceux utilisés dans les mangas papier. Laurence Salva tient à souligner que les dialoguistes français ne sont pas à l'origine de cette initiative et que les fans sont priés de ne plus lui envoyer de lettres d'insultes.

  • Speaker #1

    Les fans qui nous reprochent d'avoir transisé des noms de personnages, nous ne sommes pas les fautifs, nous ne sommes pas les coupables, ce sont les clients. Donc si vous devez vous plaindre à quelqu'un, c'est aux chaînes, c'est pas à nous. Nous n'avons pas choisi. Tortue géniale, ce n'est pas à nous.

  • Speaker #0

    Mais il n'y a pas de règle générale. Si pour aucun des deux exemples précédents, les dialoguistes n'ont pu choisir les noms des termes, je citerai un autre exemple, personnel cette fois. Sur la série Supergirl, mes co-auteurs Laurence Fatley, Christophe Sagnès et moi avons dû certes reprendre tout ce qui était présent dans Superman, comme « the fortress of solitude » pour qui nous avons gardé la forteresse de solitude, ou la « heat vision » qui est restée la vision thermique. En revanche, d'autres expressions sont nées sur la série. C'est nous qui avons fait des propositions aux diffuseurs, qui les a validées ou modifiées, et c'est ainsi que « to terraform the earth » est devenu biosphériser la Terre, ou que la « Transmatter Portal Watch » a été baptisée « montre téléportatrice » . Et parfois, on crée des termes qui deviennent cultes. et qui sont repris bien au-delà de la série. C'est le cas d'Alain Cassar et Juliette Vigouroux sur les Simpsons.

  • Speaker #2

    Alors il y a eu une réplique d'Homère qui est très connue. C'est Alain qui l'avait trouvée parce qu'Homère souvent disait « Oh my God, oh my God, oh my God, oh my God » et le fameux « Oh my God » des Américains qui est toujours une véritable calamité. Et donc Alain avait trouvé « Oh punaise, oh punaise, oh punaise » qui était parfaitement synchrone et Philippe. pétieux l'acteur qu'il double a transformé ça en pinèse.

  • Speaker #0

    Le comédien, puisqu'on en parle, a donc mis sa patte pour interpréter ce terme d'une manière qui colle désormais à la peau du personnage d'Homère. Ce qui est formidable sur une série, c'est qu'on peut s'habituer à l'interprétation d'un comédien qui tient un rôle pendant plusieurs années. Et on peut, dès l'écriture, imaginer, presque entendre la façon dont il dira le texte qu'on écrit. Ce qui aide à lui créer des répliques qui sortiront naturellement de sa bouche.

  • Speaker #2

    En particulier pour les deux personnages principaux, Marge et Homer, on a eu très très vite la voix, le rythme de Pétieu dans l'oreille en écrivant, et de Marge, puisqu'elle, Véronique Osereau, trafique complètement sa voix. Et donc, pour écrire, on prenait la voix d'Homer et la voix de Marge.

  • Speaker #0

    Et justement, quel est le travail du comédien quand il doit doubler non pas un humain filmé, mais un personnage en images de synthèse ou dessinée, parfois sous les traits d'un animal ou d'un objet ? Dani Taillarda, comédienne qui a participé à de nombreuses séries d'animation ou jeunesse, comme Signé Cat Size, Bioman ou Maya l'Abeille, nous explique en quoi c'est différent d'un doublage classique. Dans le cas du dessin animé, il y a pratiquement une création de la voix. C'est beaucoup plus créatif. Ça demande de la part du comédien, non seulement une attention particulière au dessin, parce que finalement c'est ça qui va déterminer son personnage, c'est la forme du dessin, c'est le style du dessin. Suivant l'apparence du personnage, il va falloir créer des voix en rapport. Ça demande de la part des comédiens des gens qui ont une grande souplesse, qui sont capables de modifier leur voix, de passer des aigus au grave. On va jouer sur l'intensité, parce que le propre du dessin animé, c'est justement que c'est un peu caricatural, entre guillemets, c'est-à-dire c'est un gros trait. Donc il va falloir faire ressortir ça. Il ne s'agit pas de jouer naturel, mais au contraire de donner des caractéristiques fortes au personnage. Il faut que ça soit haut en couleur. Ça demande énormément d'aptitude, de souplesse. Mais c'est très intéressant pour un comédien parce qu'il est beaucoup plus libre finalement. Et dans le jargon du métier, ça s'appelle un comédien qui se déplace. Par exemple, pouvoir faire la petite fourmi attendrissante de Maya, Maya l'abeille, que j'ai interprétée il y a de ça très longtemps, et qui va dire « Oh, mais vous allez trop vite pour moi, je ne peux pas vous suivre, attendez-moi, j'ai mal à mes petites pattes » . Et le lendemain, une méchante sorcière qui ricane. « Si tu croyais t'en tirer à bon compte, sache que n'entre pas qui veut dans cette forêt. Petit effronté, tu devras sûrement des trois épreuves avant d'avoir le droit de poursuivre ta route. » Et voilà. Mais ce comédien, quelqu'un doit lui écrire son texte, trouver des formules propres à... tel ou tel personnage. Ça, c'est la part de créativité du dialoguiste. Philippe Wittcock, à qui un podcast entier de la série est dédié, a adapté beaucoup de dessins animés et films pour la jeunesse. Fan des personnages de Disney depuis l'enfance, il a fait parler Peter Pan, Aladdin, Pocahontas et les mythiques jouets de Toy Story.

  • Speaker #3

    Les adapter comme des petits bonshommes qui ont leur propre logique, qui sont des enfants déguisés aussi, enthousiastes, énergiques, etc. Je félicite les auteurs originaux, parce que tout est dans l'original. On n'a pas de mérite. On a le mérite de restituer ce qu'on peut de ce qu'on nous donne. Ce qu'on nous donne est formidable. Ils ont créé tout un univers avec des acteurs exceptionnels. Il faut s'adapter à ça.

  • Speaker #0

    Et comment on arrive à une formule inoubliable comme... Vers l'infini et au-delà ! La devise de Buzz l'éclair. qui est écrite sur sa boîte d'emballage.

  • Speaker #3

    Alors ça, c'est peut-être un peu aussi mes années de marketing, de publicité, où je cherchais des slogans. J'avais aussi cette casquette-là. Il fallait vendre les produits. C'est pour ça que les films annonces, en général, je n'ai pas trop non plus de difficultés, parce que je sais comment ça marche. Et c'est des jouets, donc ils ne parlent pas comme du marketing. Mais enfin, les formules sont ce qu'on peut voir sur une boîte de jouets, vers l'infini et au-delà.

  • Speaker #0

    Et puis il y a, comme dans tous les métiers, un moment où le client fait sentir qu'il est le roi, qu'il est raison ou pas. Laurence Salva, dialoguiste.

  • Speaker #1

    Les choses se sont bien détériorées dans le sens où, il y a 30 ans, on avait le droit, les clients nous laissaient écrire des dialogues avec des mots compliqués pour les enfants. C'est-à-dire des mots qu'ils ne connaissaient pas forcément. Et je trouvais ça hyper intelligent parce que du coup, ça apprenait aux enfants. des nouveaux termes, des nouveaux mots. Maintenant, c'est totalement le contraire. C'est-à-dire que quelque part, on nous demande de rester très basiques. Et ça, je trouve ça vraiment, vraiment dommage.

  • Speaker #0

    Et si un comédien peut modifier sa voix, quelles sont les limites du dialoguiste pour modifier son écriture ? Pour avoir moi-même écrit pas mal de séries jeunesse, que ce soit les mangas Doraemon ou One Piece, soit des séries adolescentes comme récemment Julie et les fantômes sur Netflix, J'avoue avoir testé certaines répliques sur mes enfants pour m'assurer que telle ou telle expression se disait encore dans les cours d'école. Mais en veillant à ne jamais utiliser de mots trop « mode » qui pourraient vite sembler vieillots. Un langage varié, coloré, sans être daté. Mais pour ceux qui regardent les programmes ados sous-titrés, est-ce qu'on écrit pareil la version française quand elle est doublée sous forme de dialogue très parlé, et la version sous-titrée, donc écrite ? C'est une différence dont nous parle Isabelle Audineau, dialoguiste et sous-titreuse.

  • Speaker #4

    J'avais traduit en sous-titre un film qui s'appelait Projet X, qui est un film extrêmement grossier, en plus d'ados. Je m'étais fait aider par des ados parce que la langue évolue et j'étais un peu perplexe. Et j'avais fait un premier jet où je respectais toutes les grossièretés, j'avais même mis du verlan. Et en fait, je me suis rendue compte que par rapport à une version doublée où j'aurais pu faire tout ça tranquillement, parce que les comédiens seraient venus appuyer ce que j'avais écrit, là, en fait, le verlan, les renois, ça ne marchait absolument pas, parce que ça demande un effort pour le cerveau de se dire, alors, renois, c'est du verlan. Le temps de se dire tout ça, en fait, ça ne coule pas, ce n'est pas fluide du tout. C'était il y a un certain nombre d'années, Projet X. Et aujourd'hui, peut-être que les choses évoluent parce que le sous-titrage, il évolue. On s'habitue à certains mots qui, tout à coup, sont acceptables parce qu'on les a lus plusieurs fois. Il faut les lire plusieurs fois. Finalement, j'avais pris le parti de mettre des petites touches de vulgarité, de grossièreté, mais de faire un truc plus neutre pour que la lecture ne soit pas toujours arrêtée.

  • Speaker #0

    Isabelle Audineau a sous-titré plusieurs dessins animés de longs métrages, dont Troll 2, sorti fin 2020, et dont elle a aussi signé les dialogues. Et le remarquable film « Tous en scène » où elle a sous-titré un koala, une girafe, un gorille, une truie avec la même aisance pour notre plus grand plaisir. Mais quand on écrit des sous-titres pour des œuvres jeunes publics, est-ce qu'on peut mettre autant de mots et ne pas prendre en compte le fait que les enfants lisent moins vite qu'un adulte ?

  • Speaker #4

    Non. Pour moi, il y a une question de rythme. Et donc, tu traduis dans le rythme du film. En plus, moi, je ne suis pas du tout persuadée que les enfants lisent moins vite que les adultes. Je crois que les animations... Elles sont faites pour les enfants, mais elles sont surtout faites pour les parents. Et qu'il y a toujours des doubles sens, il y a toujours plusieurs clés, plusieurs niveaux de lecture. Donc, moi, je crois qu'en fait, les enfants qui vont voir ces films-là vont les voir en VF. Sauf si les parents ont envie qu'ils apprennent un peu l'anglais, je ne sais pas, ou qu'ils apprennent à lire vite. Et c'est un peu compliqué parce que si tu commences à laisser plus de temps ou à mettre moins de mots, déjà, on est quand même très... être contraint, vous trouvez un juste milieu,

  • Speaker #0

    je pense. Souvent, les personnages d'enfants sont tenus par des adultes qui présentent l'intérêt d'être des comédiens formés, très compétents et très agiles. On devine rarement qu'il s'agit d'un comédien adulte alors qu'un enfant, même avec une bonne direction d'acteur, pourrait être assez maladroit. Certains acteurs, c'est surtout le cas pour les actrices, se sont fait une spécialité d'interpréter des rôles de 30 ou 40 ans de moins que leur âge réel. sans qu'on devine la supercherie. Mais un dialoguiste peut-il avoir cette même souplesse et écrire pour le jeune public, à tout âge ? Jean-Jacques Prond, auteur de la quasi-totalité des épisodes de Friends, a été mis en garde dès le début de sa carrière par un patron d'une grande société de doublage. Il m'a dit un jour, méfiez-vous, vous allez finir par écrire comme un vieux. Et il avait raison. Je pense que si j'écrivais Friends maintenant, je ne serais peut-être plus vraiment dans le cours. Ou alors ! Eux, ils ont vieilli, donc ça collerait à peu près. Mais quand je regarde des séries maintenant ou des téléfilms, putain, ce qu'ils sont bons, les jeunes. Alors l'inspiration et l'écriture, c'est comme le corps et la voix, ça s'entretient. Un dialoguiste doit se tenir au courant de l'évolution du vocabulaire parlé, avoir une oreille qui traîne quand il croise des ados, regarder les pubs qui reflètent souvent le langage d'une époque et écouter des radios de jeunes, quels que soient ses goûts musicaux. Et en parlant de musique... nous terminerons par les versions françaises de chansons de dessins animés. Un exercice très particulier qui demande à la fois d'être synchrone, en rythme et de bien respecter le sens de la chanson car ce n'est pas une chanson librement adaptée mais du dialogue chanté. Philippe Wittcock s'est collé avec bonheur à l'exercice de multiples fois et dernièrement pour le retour de Mary Poppins. Ça ne se voit pas dans le podcast mais les chansons sont parfaitement synchrones et sortent de la bouche de l'héroïne. comme par magie.

  • Speaker #3

    En musical, oui, L'étrange Noël de M. Jack et Le retour de Mary Poppins, mais il y en a eu d'autres, des petites chansons à droite à gauche dans plein de films. L'adaptation de chansons, je ne le recommande pas forcément aux débutants, mais je le recommande. C'est quelque chose de formidable à faire, d'extrêmement difficile par moment. Il y a toujours un truc sur lequel on se prend la tête pendant parfois des semaines. Mary Poppins, il y avait 45 minutes, il y avait 9 chansons. J'ai réussi à obtenir une copie très très très très tôt, uniquement avec les chansons. Je n'avais pas du tout le film, je n'avais pas l'image, mais j'avais les séquences chantées. Le film sortait en décembre, j'ai dû avoir ça fin mai, et j'ai eu jusqu'au mois d'août pour les rendre. J'y ai travaillé, pas constamment, mais ça revenait sur le feu pendant deux mois. Ce n'est pas le délai qu'on a pour les dialogues en général, mais il faut ça pour les chansons.

  • Speaker #0

    John, c'est bien, vous n'êtes pas bête au moins. Votre intellect s'envole au loin en tous sens, comme l'a dit Annabelle à Georgie. Méfions-nous des fariboles et du non-sens. Vous savez tant mieux, comme un plus un font deux, que la logique est la pierre angulaire des sciences. Je l'admets et je ne me trompe jamais. Vous êtes bien trop grands pour croire en votre imagination.

  • Speaker #3

    Il y a toujours un plaisir à voir ce qu'on a fait après, mais voir ce qu'on a fait en chanson, c'est... Puissance 10 quand même, effectivement, quand ça tient la route, quand on n'a pas honte de ce qu'on a fait. Il vaut mieux assurer un peu.

  • Speaker #0

    Un adaptateur doit s'adapter, pouvoir écrire les dialogues d'un film policier avec autant de talent qu'un dessin animé pour les tout-petits. Mais écrire pour la jeunesse demande de répondre à certains impératifs, savoir faire ressurgir son âme d'enfant, doser le vocabulaire utilisé, être inventif, avoir le sens du rythme. Mais plus que tout, aimer écrire et aimer ce qu'on adapte, c'est la clé du doublage des films pour la jeunesse.

Chapters

  • Introduction au doublage pour la jeunesse

    00:00

  • Parcours de Laurence Salva dans le doublage

    01:24

  • Les défis de l'adaptation des dialogues

    02:45

  • Écrire pour les jeunes : enjeux et stratégies

    04:52

  • Sous-titrage vs Doublage : différences clés

    07:27

  • L'art de l'adaptation des chansons

    10:04

  • Conclusion : La passion de l'écriture pour la jeunesse

    21:37

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Description

« C'est injuste, c'est vraiment trop injuste », « Missile gamma, cornofulgur, fulguropoing », « c'est fini, les amis » ! Toutes ces phrases sentent bon l'heure du goûter ! À leur évocation, on retombe en enfance instantanément. Autant de madeleines de Proust écrites par les dialoguistes jeunesse !

Écrire pour la jeunesse, ce n'est pas facile. Il faut être accessible aux plus jeunes, tout en ménageant différents niveaux de lecture pour intéresser les plus grands, mais aussi les parents. 

Et il faut savoir donner vie à des personnages aussi variés que des héros courageux, des monstres ou des animaux multicolores, des princesses ou des dinosaures. 

Allons, avec Vanessa Bertran, au pays merveilleux des dessins animés, pour découvrir ce fantastique métier !

En savoir plus :

Une exposition en ligne sur le site du Musée de la Sacem va vous faire découvrir l’histoire du doublage ainsi que les dialoguistes emblématiques qui se cachent derrière les films que nous connaissons tous. 

Partez également à la découverte du métier aujourd’hui. 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Alors ça, c'est injuste. C'est vraiment trop injuste. Un pays de tous les temps Qui n'a plus besoin de des abeilles Goldorak La Dupont Ici, le diamant Pégabon Pour l'institut Blas, rachetez-moi ! Nos têtes blondes, nos loupios, nos bambins adorent les dessins animés, les séries jeunesse. Et c'est parfois aussi le cas de leurs parents. Certains films sont clairement faits pour les enfants, mais beaucoup sont à double lecture. Alors écrire des dialogues pour la jeunesse, sans faire du hare-hare, ni utiliser des formules trop compliquées, faire parler des personnages d'enfants... Faire parler des créatures multicolores avec une poignée sur la tête, des animaux ou des objets telles une éponge, comment s'y prend le dialoguiste ? C'est le thème de cet épisode de Devine qui vient doubler. Le musée Sacerbe présente un podcast créé et dialogué par Vanessa Bertrand. Devine qui vient doubler. Écrire pour les enfants, la dialoguiste Laurence Salva en a fait sa spécialité. Sa carrière l'a amenée à tutoyer Bob l'éponge, Son Goku de Dragon Ball, Barbie ou encore Sam le pompier. Laurence n'a pas seulement été bercée comme nous tous par les dessins animés, elle a assisté à la fabrication de leur version française dans son enfance. Car son père, Michel Salva, dirigeait alors une entreprise de doublage, la Sophie.

  • Speaker #1

    Tous les mercredis, quand on n'avait rien à faire, on allait au studio, on allait voir des enregistrements avec ma sœur. On a assisté à beaucoup d'enregistrements, du Muppet Show, des choses comme ça. C'était un vrai spectacle pour nous. On n'avait absolument pas le droit de rire, mais c'était très compliqué de ne pas hurler de rire en les écoutant. Il vient de disparaître et j'ai une petite pensée pour Roger Carel, qui était... Notre star à nous à l'époque, avec d'autres, grâce à sa voix, grâce à sa gouaille et grâce à son humour.

  • Speaker #0

    Laurence a longtemps été calligraphe, à savoir la personne qui recopiait au propre le texte du dialoguiste sur la bande Ritmo avant l'arrivée du numérique qui a supprimé ce métier. Vous pourrez d'ailleurs entendre tout ce que vous vouliez savoir sur la calligraphie. sans jamais avoir osé le demander dans le podcast « Les coulisses d'un studio » . Laurence a donc vu défiler beaucoup de textes avant de devenir auteur et elle a tout de suite été attirée par l'écriture pour la jeunesse. Je me suis lancée et j'ai commencé dès le départ par les dessins animés. J'aimais beaucoup les dessins animés. D'ailleurs, j'ai commencé par un manga. Je pense que j'ai commencé par Dragon Ball, tout à fait au début. Dragon Ball, c'est un manga. La version originale d'un manga est le plus souvent en japonais. Peu de dialoguistes comprennent le japonais. On leur fournit donc une traduction littérale, plus ou moins bien faite, et puis surtout, cette langue a des particularités pas simples à adapter au français.

  • Speaker #1

    Les scripts japonais étaient traduits à Hong Kong en anglais. Et pour vous donner une idée, par exemple, la phrase en japonais pouvait faire, on va dire, 20 mots. Par exemple, les petits oiseaux dans le ciel montent vers le soleil, couchant sur la brume. Un truc très poétique. Et en fait, la traduction à Hong Kong, c'était « Il fait beau » . J'étais obligée, moi, d'être très imaginative pour remplir les blancs. Et surtout à l'époque, Internet n'existait pas, bien sûr. Et le grand souci, notamment pour Dragon Ball, c'était que les traducteurs à Hong Kong n'étaient pas les mêmes. Et donc, d'un épisode sur deux, on n'avait pas les mêmes dates, pas les mêmes. nom de planète, de choses comme ça, c'était très, très compliqué. Internet a révolutionné l'adaptation des dessins animés, et surtout des dessins animés anciens qui reviennent.

  • Speaker #2

    Le moment de vérité est comme ça.

  • Speaker #0

    C'est cesse de sa pas mort,

  • Speaker #2

    prévient.

  • Speaker #0

    Il aura permis à Sangohan de se ressaisir spésieux et bâc. Dans les séries adaptées de livres-mangas, il y a des termes cultes, des expressions. des noms de personnages dont le dialoguiste doit tenir compte. Dans la célèbre version animée du manga One Piece, on ne peut pas parler du fruit du diable alors que les lecteurs s'attendent au fruit du démon. Et l'escargophone ne peut pas être librement adapté par le téléphone escargot. C'est ce que nous confirme aussi Juliette Vigouroux, qui avec son époux Alain Cassar, a adapté la saga des Harry Potter. Mais là, la production ne leur a pas fourni de Bible, puisque c'est comme cela qu'on appelle la liste des termes récurrents. Ils ont dû aller chercher tout le vocabulaire spécifique en se plongeant dans les romans.

  • Speaker #2

    Au départ, les films étaient extrêmement fidèles aux romans. Comme les enfants avaient lu les romans, évidemment, on a réutilisé tout le merveilleux travail du traducteur Jean-François Ménard, qui a fait un travail. « Merveilleux, merveilleux. Tout ce qui est inventé, les noms de sort, les maisons, les objets, les noms de professeurs extraordinaires, tout ça c'est Jean-François Ménard. »

  • Speaker #0

    L'une des difficultés de devoir utiliser des termes qui préexistent au film, c'est qu'il y a une chance infime que ces termes initialement choisis par le traducteur littéraire soient synchrones avec la façon dont le comédien original les prononce en VO. Alors c'est au dialoguiste de Rusée. par exemple en les déplaçant dans la réplique.

  • Speaker #2

    C'est certain, qu'est-ce qu'il y avait comme maison ? Pouf, souffle, moi c'était off, c'était très synchrone, serpentard, sylvanine, il y avait des choses qui n'étaient pas synchrones du tout. Dada, Claude, trois syllabes, le seigneur des ténèbres, si c'est au sein d'une phrase, tu déplaces, tu arrives à le caser et tout. Maintenant, effectivement, Bon, putain ! Un des personnages qui hurle de Dark Lord, il fallait que ça rentre. Donc, comme on peut.

  • Speaker #0

    Je sous-signais Professeur Rogue donne l'autorisation à l'équipe de Serpentard de s'entraîner aujourd'hui pour former son nouvel attrapeur. Son nouvel attrapeur ? Qui ? Malfoy. Eh oui. Et c'est pas la seule nouveauté.

  • Speaker #1

    Ce sont des Nimbus de Milan ?

  • Speaker #0

    Comment vous les avez eus ? C'est un cadeau du père de Drago. Tu vois, Weasley, contrairement à certains, mon père peut acheter ce qu'il y a de mieux. Mais aucun joueur de Gryffondor n'a payé pour être dans l'équipe. On les a choisis pour leur talent. Personne ne t'a demandé ton avis, espèce de sang de gourbe. Tu vas le payer cher,

  • Speaker #1

    Malfoy !

  • Speaker #0

    Crash Limas ! Sur Dragon Ball Z, les termes sont différents de ceux utilisés dans les mangas papier. Laurence Salva tient à souligner que les dialoguistes français ne sont pas à l'origine de cette initiative et que les fans sont priés de ne plus lui envoyer de lettres d'insultes.

  • Speaker #1

    Les fans qui nous reprochent d'avoir transisé des noms de personnages, nous ne sommes pas les fautifs, nous ne sommes pas les coupables, ce sont les clients. Donc si vous devez vous plaindre à quelqu'un, c'est aux chaînes, c'est pas à nous. Nous n'avons pas choisi. Tortue géniale, ce n'est pas à nous.

  • Speaker #0

    Mais il n'y a pas de règle générale. Si pour aucun des deux exemples précédents, les dialoguistes n'ont pu choisir les noms des termes, je citerai un autre exemple, personnel cette fois. Sur la série Supergirl, mes co-auteurs Laurence Fatley, Christophe Sagnès et moi avons dû certes reprendre tout ce qui était présent dans Superman, comme « the fortress of solitude » pour qui nous avons gardé la forteresse de solitude, ou la « heat vision » qui est restée la vision thermique. En revanche, d'autres expressions sont nées sur la série. C'est nous qui avons fait des propositions aux diffuseurs, qui les a validées ou modifiées, et c'est ainsi que « to terraform the earth » est devenu biosphériser la Terre, ou que la « Transmatter Portal Watch » a été baptisée « montre téléportatrice » . Et parfois, on crée des termes qui deviennent cultes. et qui sont repris bien au-delà de la série. C'est le cas d'Alain Cassar et Juliette Vigouroux sur les Simpsons.

  • Speaker #2

    Alors il y a eu une réplique d'Homère qui est très connue. C'est Alain qui l'avait trouvée parce qu'Homère souvent disait « Oh my God, oh my God, oh my God, oh my God » et le fameux « Oh my God » des Américains qui est toujours une véritable calamité. Et donc Alain avait trouvé « Oh punaise, oh punaise, oh punaise » qui était parfaitement synchrone et Philippe. pétieux l'acteur qu'il double a transformé ça en pinèse.

  • Speaker #0

    Le comédien, puisqu'on en parle, a donc mis sa patte pour interpréter ce terme d'une manière qui colle désormais à la peau du personnage d'Homère. Ce qui est formidable sur une série, c'est qu'on peut s'habituer à l'interprétation d'un comédien qui tient un rôle pendant plusieurs années. Et on peut, dès l'écriture, imaginer, presque entendre la façon dont il dira le texte qu'on écrit. Ce qui aide à lui créer des répliques qui sortiront naturellement de sa bouche.

  • Speaker #2

    En particulier pour les deux personnages principaux, Marge et Homer, on a eu très très vite la voix, le rythme de Pétieu dans l'oreille en écrivant, et de Marge, puisqu'elle, Véronique Osereau, trafique complètement sa voix. Et donc, pour écrire, on prenait la voix d'Homer et la voix de Marge.

  • Speaker #0

    Et justement, quel est le travail du comédien quand il doit doubler non pas un humain filmé, mais un personnage en images de synthèse ou dessinée, parfois sous les traits d'un animal ou d'un objet ? Dani Taillarda, comédienne qui a participé à de nombreuses séries d'animation ou jeunesse, comme Signé Cat Size, Bioman ou Maya l'Abeille, nous explique en quoi c'est différent d'un doublage classique. Dans le cas du dessin animé, il y a pratiquement une création de la voix. C'est beaucoup plus créatif. Ça demande de la part du comédien, non seulement une attention particulière au dessin, parce que finalement c'est ça qui va déterminer son personnage, c'est la forme du dessin, c'est le style du dessin. Suivant l'apparence du personnage, il va falloir créer des voix en rapport. Ça demande de la part des comédiens des gens qui ont une grande souplesse, qui sont capables de modifier leur voix, de passer des aigus au grave. On va jouer sur l'intensité, parce que le propre du dessin animé, c'est justement que c'est un peu caricatural, entre guillemets, c'est-à-dire c'est un gros trait. Donc il va falloir faire ressortir ça. Il ne s'agit pas de jouer naturel, mais au contraire de donner des caractéristiques fortes au personnage. Il faut que ça soit haut en couleur. Ça demande énormément d'aptitude, de souplesse. Mais c'est très intéressant pour un comédien parce qu'il est beaucoup plus libre finalement. Et dans le jargon du métier, ça s'appelle un comédien qui se déplace. Par exemple, pouvoir faire la petite fourmi attendrissante de Maya, Maya l'abeille, que j'ai interprétée il y a de ça très longtemps, et qui va dire « Oh, mais vous allez trop vite pour moi, je ne peux pas vous suivre, attendez-moi, j'ai mal à mes petites pattes » . Et le lendemain, une méchante sorcière qui ricane. « Si tu croyais t'en tirer à bon compte, sache que n'entre pas qui veut dans cette forêt. Petit effronté, tu devras sûrement des trois épreuves avant d'avoir le droit de poursuivre ta route. » Et voilà. Mais ce comédien, quelqu'un doit lui écrire son texte, trouver des formules propres à... tel ou tel personnage. Ça, c'est la part de créativité du dialoguiste. Philippe Wittcock, à qui un podcast entier de la série est dédié, a adapté beaucoup de dessins animés et films pour la jeunesse. Fan des personnages de Disney depuis l'enfance, il a fait parler Peter Pan, Aladdin, Pocahontas et les mythiques jouets de Toy Story.

  • Speaker #3

    Les adapter comme des petits bonshommes qui ont leur propre logique, qui sont des enfants déguisés aussi, enthousiastes, énergiques, etc. Je félicite les auteurs originaux, parce que tout est dans l'original. On n'a pas de mérite. On a le mérite de restituer ce qu'on peut de ce qu'on nous donne. Ce qu'on nous donne est formidable. Ils ont créé tout un univers avec des acteurs exceptionnels. Il faut s'adapter à ça.

  • Speaker #0

    Et comment on arrive à une formule inoubliable comme... Vers l'infini et au-delà ! La devise de Buzz l'éclair. qui est écrite sur sa boîte d'emballage.

  • Speaker #3

    Alors ça, c'est peut-être un peu aussi mes années de marketing, de publicité, où je cherchais des slogans. J'avais aussi cette casquette-là. Il fallait vendre les produits. C'est pour ça que les films annonces, en général, je n'ai pas trop non plus de difficultés, parce que je sais comment ça marche. Et c'est des jouets, donc ils ne parlent pas comme du marketing. Mais enfin, les formules sont ce qu'on peut voir sur une boîte de jouets, vers l'infini et au-delà.

  • Speaker #0

    Et puis il y a, comme dans tous les métiers, un moment où le client fait sentir qu'il est le roi, qu'il est raison ou pas. Laurence Salva, dialoguiste.

  • Speaker #1

    Les choses se sont bien détériorées dans le sens où, il y a 30 ans, on avait le droit, les clients nous laissaient écrire des dialogues avec des mots compliqués pour les enfants. C'est-à-dire des mots qu'ils ne connaissaient pas forcément. Et je trouvais ça hyper intelligent parce que du coup, ça apprenait aux enfants. des nouveaux termes, des nouveaux mots. Maintenant, c'est totalement le contraire. C'est-à-dire que quelque part, on nous demande de rester très basiques. Et ça, je trouve ça vraiment, vraiment dommage.

  • Speaker #0

    Et si un comédien peut modifier sa voix, quelles sont les limites du dialoguiste pour modifier son écriture ? Pour avoir moi-même écrit pas mal de séries jeunesse, que ce soit les mangas Doraemon ou One Piece, soit des séries adolescentes comme récemment Julie et les fantômes sur Netflix, J'avoue avoir testé certaines répliques sur mes enfants pour m'assurer que telle ou telle expression se disait encore dans les cours d'école. Mais en veillant à ne jamais utiliser de mots trop « mode » qui pourraient vite sembler vieillots. Un langage varié, coloré, sans être daté. Mais pour ceux qui regardent les programmes ados sous-titrés, est-ce qu'on écrit pareil la version française quand elle est doublée sous forme de dialogue très parlé, et la version sous-titrée, donc écrite ? C'est une différence dont nous parle Isabelle Audineau, dialoguiste et sous-titreuse.

  • Speaker #4

    J'avais traduit en sous-titre un film qui s'appelait Projet X, qui est un film extrêmement grossier, en plus d'ados. Je m'étais fait aider par des ados parce que la langue évolue et j'étais un peu perplexe. Et j'avais fait un premier jet où je respectais toutes les grossièretés, j'avais même mis du verlan. Et en fait, je me suis rendue compte que par rapport à une version doublée où j'aurais pu faire tout ça tranquillement, parce que les comédiens seraient venus appuyer ce que j'avais écrit, là, en fait, le verlan, les renois, ça ne marchait absolument pas, parce que ça demande un effort pour le cerveau de se dire, alors, renois, c'est du verlan. Le temps de se dire tout ça, en fait, ça ne coule pas, ce n'est pas fluide du tout. C'était il y a un certain nombre d'années, Projet X. Et aujourd'hui, peut-être que les choses évoluent parce que le sous-titrage, il évolue. On s'habitue à certains mots qui, tout à coup, sont acceptables parce qu'on les a lus plusieurs fois. Il faut les lire plusieurs fois. Finalement, j'avais pris le parti de mettre des petites touches de vulgarité, de grossièreté, mais de faire un truc plus neutre pour que la lecture ne soit pas toujours arrêtée.

  • Speaker #0

    Isabelle Audineau a sous-titré plusieurs dessins animés de longs métrages, dont Troll 2, sorti fin 2020, et dont elle a aussi signé les dialogues. Et le remarquable film « Tous en scène » où elle a sous-titré un koala, une girafe, un gorille, une truie avec la même aisance pour notre plus grand plaisir. Mais quand on écrit des sous-titres pour des œuvres jeunes publics, est-ce qu'on peut mettre autant de mots et ne pas prendre en compte le fait que les enfants lisent moins vite qu'un adulte ?

  • Speaker #4

    Non. Pour moi, il y a une question de rythme. Et donc, tu traduis dans le rythme du film. En plus, moi, je ne suis pas du tout persuadée que les enfants lisent moins vite que les adultes. Je crois que les animations... Elles sont faites pour les enfants, mais elles sont surtout faites pour les parents. Et qu'il y a toujours des doubles sens, il y a toujours plusieurs clés, plusieurs niveaux de lecture. Donc, moi, je crois qu'en fait, les enfants qui vont voir ces films-là vont les voir en VF. Sauf si les parents ont envie qu'ils apprennent un peu l'anglais, je ne sais pas, ou qu'ils apprennent à lire vite. Et c'est un peu compliqué parce que si tu commences à laisser plus de temps ou à mettre moins de mots, déjà, on est quand même très... être contraint, vous trouvez un juste milieu,

  • Speaker #0

    je pense. Souvent, les personnages d'enfants sont tenus par des adultes qui présentent l'intérêt d'être des comédiens formés, très compétents et très agiles. On devine rarement qu'il s'agit d'un comédien adulte alors qu'un enfant, même avec une bonne direction d'acteur, pourrait être assez maladroit. Certains acteurs, c'est surtout le cas pour les actrices, se sont fait une spécialité d'interpréter des rôles de 30 ou 40 ans de moins que leur âge réel. sans qu'on devine la supercherie. Mais un dialoguiste peut-il avoir cette même souplesse et écrire pour le jeune public, à tout âge ? Jean-Jacques Prond, auteur de la quasi-totalité des épisodes de Friends, a été mis en garde dès le début de sa carrière par un patron d'une grande société de doublage. Il m'a dit un jour, méfiez-vous, vous allez finir par écrire comme un vieux. Et il avait raison. Je pense que si j'écrivais Friends maintenant, je ne serais peut-être plus vraiment dans le cours. Ou alors ! Eux, ils ont vieilli, donc ça collerait à peu près. Mais quand je regarde des séries maintenant ou des téléfilms, putain, ce qu'ils sont bons, les jeunes. Alors l'inspiration et l'écriture, c'est comme le corps et la voix, ça s'entretient. Un dialoguiste doit se tenir au courant de l'évolution du vocabulaire parlé, avoir une oreille qui traîne quand il croise des ados, regarder les pubs qui reflètent souvent le langage d'une époque et écouter des radios de jeunes, quels que soient ses goûts musicaux. Et en parlant de musique... nous terminerons par les versions françaises de chansons de dessins animés. Un exercice très particulier qui demande à la fois d'être synchrone, en rythme et de bien respecter le sens de la chanson car ce n'est pas une chanson librement adaptée mais du dialogue chanté. Philippe Wittcock s'est collé avec bonheur à l'exercice de multiples fois et dernièrement pour le retour de Mary Poppins. Ça ne se voit pas dans le podcast mais les chansons sont parfaitement synchrones et sortent de la bouche de l'héroïne. comme par magie.

  • Speaker #3

    En musical, oui, L'étrange Noël de M. Jack et Le retour de Mary Poppins, mais il y en a eu d'autres, des petites chansons à droite à gauche dans plein de films. L'adaptation de chansons, je ne le recommande pas forcément aux débutants, mais je le recommande. C'est quelque chose de formidable à faire, d'extrêmement difficile par moment. Il y a toujours un truc sur lequel on se prend la tête pendant parfois des semaines. Mary Poppins, il y avait 45 minutes, il y avait 9 chansons. J'ai réussi à obtenir une copie très très très très tôt, uniquement avec les chansons. Je n'avais pas du tout le film, je n'avais pas l'image, mais j'avais les séquences chantées. Le film sortait en décembre, j'ai dû avoir ça fin mai, et j'ai eu jusqu'au mois d'août pour les rendre. J'y ai travaillé, pas constamment, mais ça revenait sur le feu pendant deux mois. Ce n'est pas le délai qu'on a pour les dialogues en général, mais il faut ça pour les chansons.

  • Speaker #0

    John, c'est bien, vous n'êtes pas bête au moins. Votre intellect s'envole au loin en tous sens, comme l'a dit Annabelle à Georgie. Méfions-nous des fariboles et du non-sens. Vous savez tant mieux, comme un plus un font deux, que la logique est la pierre angulaire des sciences. Je l'admets et je ne me trompe jamais. Vous êtes bien trop grands pour croire en votre imagination.

  • Speaker #3

    Il y a toujours un plaisir à voir ce qu'on a fait après, mais voir ce qu'on a fait en chanson, c'est... Puissance 10 quand même, effectivement, quand ça tient la route, quand on n'a pas honte de ce qu'on a fait. Il vaut mieux assurer un peu.

  • Speaker #0

    Un adaptateur doit s'adapter, pouvoir écrire les dialogues d'un film policier avec autant de talent qu'un dessin animé pour les tout-petits. Mais écrire pour la jeunesse demande de répondre à certains impératifs, savoir faire ressurgir son âme d'enfant, doser le vocabulaire utilisé, être inventif, avoir le sens du rythme. Mais plus que tout, aimer écrire et aimer ce qu'on adapte, c'est la clé du doublage des films pour la jeunesse.

Chapters

  • Introduction au doublage pour la jeunesse

    00:00

  • Parcours de Laurence Salva dans le doublage

    01:24

  • Les défis de l'adaptation des dialogues

    02:45

  • Écrire pour les jeunes : enjeux et stratégies

    04:52

  • Sous-titrage vs Doublage : différences clés

    07:27

  • L'art de l'adaptation des chansons

    10:04

  • Conclusion : La passion de l'écriture pour la jeunesse

    21:37

Description

« C'est injuste, c'est vraiment trop injuste », « Missile gamma, cornofulgur, fulguropoing », « c'est fini, les amis » ! Toutes ces phrases sentent bon l'heure du goûter ! À leur évocation, on retombe en enfance instantanément. Autant de madeleines de Proust écrites par les dialoguistes jeunesse !

Écrire pour la jeunesse, ce n'est pas facile. Il faut être accessible aux plus jeunes, tout en ménageant différents niveaux de lecture pour intéresser les plus grands, mais aussi les parents. 

Et il faut savoir donner vie à des personnages aussi variés que des héros courageux, des monstres ou des animaux multicolores, des princesses ou des dinosaures. 

Allons, avec Vanessa Bertran, au pays merveilleux des dessins animés, pour découvrir ce fantastique métier !

En savoir plus :

Une exposition en ligne sur le site du Musée de la Sacem va vous faire découvrir l’histoire du doublage ainsi que les dialoguistes emblématiques qui se cachent derrière les films que nous connaissons tous. 

Partez également à la découverte du métier aujourd’hui. 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Alors ça, c'est injuste. C'est vraiment trop injuste. Un pays de tous les temps Qui n'a plus besoin de des abeilles Goldorak La Dupont Ici, le diamant Pégabon Pour l'institut Blas, rachetez-moi ! Nos têtes blondes, nos loupios, nos bambins adorent les dessins animés, les séries jeunesse. Et c'est parfois aussi le cas de leurs parents. Certains films sont clairement faits pour les enfants, mais beaucoup sont à double lecture. Alors écrire des dialogues pour la jeunesse, sans faire du hare-hare, ni utiliser des formules trop compliquées, faire parler des personnages d'enfants... Faire parler des créatures multicolores avec une poignée sur la tête, des animaux ou des objets telles une éponge, comment s'y prend le dialoguiste ? C'est le thème de cet épisode de Devine qui vient doubler. Le musée Sacerbe présente un podcast créé et dialogué par Vanessa Bertrand. Devine qui vient doubler. Écrire pour les enfants, la dialoguiste Laurence Salva en a fait sa spécialité. Sa carrière l'a amenée à tutoyer Bob l'éponge, Son Goku de Dragon Ball, Barbie ou encore Sam le pompier. Laurence n'a pas seulement été bercée comme nous tous par les dessins animés, elle a assisté à la fabrication de leur version française dans son enfance. Car son père, Michel Salva, dirigeait alors une entreprise de doublage, la Sophie.

  • Speaker #1

    Tous les mercredis, quand on n'avait rien à faire, on allait au studio, on allait voir des enregistrements avec ma sœur. On a assisté à beaucoup d'enregistrements, du Muppet Show, des choses comme ça. C'était un vrai spectacle pour nous. On n'avait absolument pas le droit de rire, mais c'était très compliqué de ne pas hurler de rire en les écoutant. Il vient de disparaître et j'ai une petite pensée pour Roger Carel, qui était... Notre star à nous à l'époque, avec d'autres, grâce à sa voix, grâce à sa gouaille et grâce à son humour.

  • Speaker #0

    Laurence a longtemps été calligraphe, à savoir la personne qui recopiait au propre le texte du dialoguiste sur la bande Ritmo avant l'arrivée du numérique qui a supprimé ce métier. Vous pourrez d'ailleurs entendre tout ce que vous vouliez savoir sur la calligraphie. sans jamais avoir osé le demander dans le podcast « Les coulisses d'un studio » . Laurence a donc vu défiler beaucoup de textes avant de devenir auteur et elle a tout de suite été attirée par l'écriture pour la jeunesse. Je me suis lancée et j'ai commencé dès le départ par les dessins animés. J'aimais beaucoup les dessins animés. D'ailleurs, j'ai commencé par un manga. Je pense que j'ai commencé par Dragon Ball, tout à fait au début. Dragon Ball, c'est un manga. La version originale d'un manga est le plus souvent en japonais. Peu de dialoguistes comprennent le japonais. On leur fournit donc une traduction littérale, plus ou moins bien faite, et puis surtout, cette langue a des particularités pas simples à adapter au français.

  • Speaker #1

    Les scripts japonais étaient traduits à Hong Kong en anglais. Et pour vous donner une idée, par exemple, la phrase en japonais pouvait faire, on va dire, 20 mots. Par exemple, les petits oiseaux dans le ciel montent vers le soleil, couchant sur la brume. Un truc très poétique. Et en fait, la traduction à Hong Kong, c'était « Il fait beau » . J'étais obligée, moi, d'être très imaginative pour remplir les blancs. Et surtout à l'époque, Internet n'existait pas, bien sûr. Et le grand souci, notamment pour Dragon Ball, c'était que les traducteurs à Hong Kong n'étaient pas les mêmes. Et donc, d'un épisode sur deux, on n'avait pas les mêmes dates, pas les mêmes. nom de planète, de choses comme ça, c'était très, très compliqué. Internet a révolutionné l'adaptation des dessins animés, et surtout des dessins animés anciens qui reviennent.

  • Speaker #2

    Le moment de vérité est comme ça.

  • Speaker #0

    C'est cesse de sa pas mort,

  • Speaker #2

    prévient.

  • Speaker #0

    Il aura permis à Sangohan de se ressaisir spésieux et bâc. Dans les séries adaptées de livres-mangas, il y a des termes cultes, des expressions. des noms de personnages dont le dialoguiste doit tenir compte. Dans la célèbre version animée du manga One Piece, on ne peut pas parler du fruit du diable alors que les lecteurs s'attendent au fruit du démon. Et l'escargophone ne peut pas être librement adapté par le téléphone escargot. C'est ce que nous confirme aussi Juliette Vigouroux, qui avec son époux Alain Cassar, a adapté la saga des Harry Potter. Mais là, la production ne leur a pas fourni de Bible, puisque c'est comme cela qu'on appelle la liste des termes récurrents. Ils ont dû aller chercher tout le vocabulaire spécifique en se plongeant dans les romans.

  • Speaker #2

    Au départ, les films étaient extrêmement fidèles aux romans. Comme les enfants avaient lu les romans, évidemment, on a réutilisé tout le merveilleux travail du traducteur Jean-François Ménard, qui a fait un travail. « Merveilleux, merveilleux. Tout ce qui est inventé, les noms de sort, les maisons, les objets, les noms de professeurs extraordinaires, tout ça c'est Jean-François Ménard. »

  • Speaker #0

    L'une des difficultés de devoir utiliser des termes qui préexistent au film, c'est qu'il y a une chance infime que ces termes initialement choisis par le traducteur littéraire soient synchrones avec la façon dont le comédien original les prononce en VO. Alors c'est au dialoguiste de Rusée. par exemple en les déplaçant dans la réplique.

  • Speaker #2

    C'est certain, qu'est-ce qu'il y avait comme maison ? Pouf, souffle, moi c'était off, c'était très synchrone, serpentard, sylvanine, il y avait des choses qui n'étaient pas synchrones du tout. Dada, Claude, trois syllabes, le seigneur des ténèbres, si c'est au sein d'une phrase, tu déplaces, tu arrives à le caser et tout. Maintenant, effectivement, Bon, putain ! Un des personnages qui hurle de Dark Lord, il fallait que ça rentre. Donc, comme on peut.

  • Speaker #0

    Je sous-signais Professeur Rogue donne l'autorisation à l'équipe de Serpentard de s'entraîner aujourd'hui pour former son nouvel attrapeur. Son nouvel attrapeur ? Qui ? Malfoy. Eh oui. Et c'est pas la seule nouveauté.

  • Speaker #1

    Ce sont des Nimbus de Milan ?

  • Speaker #0

    Comment vous les avez eus ? C'est un cadeau du père de Drago. Tu vois, Weasley, contrairement à certains, mon père peut acheter ce qu'il y a de mieux. Mais aucun joueur de Gryffondor n'a payé pour être dans l'équipe. On les a choisis pour leur talent. Personne ne t'a demandé ton avis, espèce de sang de gourbe. Tu vas le payer cher,

  • Speaker #1

    Malfoy !

  • Speaker #0

    Crash Limas ! Sur Dragon Ball Z, les termes sont différents de ceux utilisés dans les mangas papier. Laurence Salva tient à souligner que les dialoguistes français ne sont pas à l'origine de cette initiative et que les fans sont priés de ne plus lui envoyer de lettres d'insultes.

  • Speaker #1

    Les fans qui nous reprochent d'avoir transisé des noms de personnages, nous ne sommes pas les fautifs, nous ne sommes pas les coupables, ce sont les clients. Donc si vous devez vous plaindre à quelqu'un, c'est aux chaînes, c'est pas à nous. Nous n'avons pas choisi. Tortue géniale, ce n'est pas à nous.

  • Speaker #0

    Mais il n'y a pas de règle générale. Si pour aucun des deux exemples précédents, les dialoguistes n'ont pu choisir les noms des termes, je citerai un autre exemple, personnel cette fois. Sur la série Supergirl, mes co-auteurs Laurence Fatley, Christophe Sagnès et moi avons dû certes reprendre tout ce qui était présent dans Superman, comme « the fortress of solitude » pour qui nous avons gardé la forteresse de solitude, ou la « heat vision » qui est restée la vision thermique. En revanche, d'autres expressions sont nées sur la série. C'est nous qui avons fait des propositions aux diffuseurs, qui les a validées ou modifiées, et c'est ainsi que « to terraform the earth » est devenu biosphériser la Terre, ou que la « Transmatter Portal Watch » a été baptisée « montre téléportatrice » . Et parfois, on crée des termes qui deviennent cultes. et qui sont repris bien au-delà de la série. C'est le cas d'Alain Cassar et Juliette Vigouroux sur les Simpsons.

  • Speaker #2

    Alors il y a eu une réplique d'Homère qui est très connue. C'est Alain qui l'avait trouvée parce qu'Homère souvent disait « Oh my God, oh my God, oh my God, oh my God » et le fameux « Oh my God » des Américains qui est toujours une véritable calamité. Et donc Alain avait trouvé « Oh punaise, oh punaise, oh punaise » qui était parfaitement synchrone et Philippe. pétieux l'acteur qu'il double a transformé ça en pinèse.

  • Speaker #0

    Le comédien, puisqu'on en parle, a donc mis sa patte pour interpréter ce terme d'une manière qui colle désormais à la peau du personnage d'Homère. Ce qui est formidable sur une série, c'est qu'on peut s'habituer à l'interprétation d'un comédien qui tient un rôle pendant plusieurs années. Et on peut, dès l'écriture, imaginer, presque entendre la façon dont il dira le texte qu'on écrit. Ce qui aide à lui créer des répliques qui sortiront naturellement de sa bouche.

  • Speaker #2

    En particulier pour les deux personnages principaux, Marge et Homer, on a eu très très vite la voix, le rythme de Pétieu dans l'oreille en écrivant, et de Marge, puisqu'elle, Véronique Osereau, trafique complètement sa voix. Et donc, pour écrire, on prenait la voix d'Homer et la voix de Marge.

  • Speaker #0

    Et justement, quel est le travail du comédien quand il doit doubler non pas un humain filmé, mais un personnage en images de synthèse ou dessinée, parfois sous les traits d'un animal ou d'un objet ? Dani Taillarda, comédienne qui a participé à de nombreuses séries d'animation ou jeunesse, comme Signé Cat Size, Bioman ou Maya l'Abeille, nous explique en quoi c'est différent d'un doublage classique. Dans le cas du dessin animé, il y a pratiquement une création de la voix. C'est beaucoup plus créatif. Ça demande de la part du comédien, non seulement une attention particulière au dessin, parce que finalement c'est ça qui va déterminer son personnage, c'est la forme du dessin, c'est le style du dessin. Suivant l'apparence du personnage, il va falloir créer des voix en rapport. Ça demande de la part des comédiens des gens qui ont une grande souplesse, qui sont capables de modifier leur voix, de passer des aigus au grave. On va jouer sur l'intensité, parce que le propre du dessin animé, c'est justement que c'est un peu caricatural, entre guillemets, c'est-à-dire c'est un gros trait. Donc il va falloir faire ressortir ça. Il ne s'agit pas de jouer naturel, mais au contraire de donner des caractéristiques fortes au personnage. Il faut que ça soit haut en couleur. Ça demande énormément d'aptitude, de souplesse. Mais c'est très intéressant pour un comédien parce qu'il est beaucoup plus libre finalement. Et dans le jargon du métier, ça s'appelle un comédien qui se déplace. Par exemple, pouvoir faire la petite fourmi attendrissante de Maya, Maya l'abeille, que j'ai interprétée il y a de ça très longtemps, et qui va dire « Oh, mais vous allez trop vite pour moi, je ne peux pas vous suivre, attendez-moi, j'ai mal à mes petites pattes » . Et le lendemain, une méchante sorcière qui ricane. « Si tu croyais t'en tirer à bon compte, sache que n'entre pas qui veut dans cette forêt. Petit effronté, tu devras sûrement des trois épreuves avant d'avoir le droit de poursuivre ta route. » Et voilà. Mais ce comédien, quelqu'un doit lui écrire son texte, trouver des formules propres à... tel ou tel personnage. Ça, c'est la part de créativité du dialoguiste. Philippe Wittcock, à qui un podcast entier de la série est dédié, a adapté beaucoup de dessins animés et films pour la jeunesse. Fan des personnages de Disney depuis l'enfance, il a fait parler Peter Pan, Aladdin, Pocahontas et les mythiques jouets de Toy Story.

  • Speaker #3

    Les adapter comme des petits bonshommes qui ont leur propre logique, qui sont des enfants déguisés aussi, enthousiastes, énergiques, etc. Je félicite les auteurs originaux, parce que tout est dans l'original. On n'a pas de mérite. On a le mérite de restituer ce qu'on peut de ce qu'on nous donne. Ce qu'on nous donne est formidable. Ils ont créé tout un univers avec des acteurs exceptionnels. Il faut s'adapter à ça.

  • Speaker #0

    Et comment on arrive à une formule inoubliable comme... Vers l'infini et au-delà ! La devise de Buzz l'éclair. qui est écrite sur sa boîte d'emballage.

  • Speaker #3

    Alors ça, c'est peut-être un peu aussi mes années de marketing, de publicité, où je cherchais des slogans. J'avais aussi cette casquette-là. Il fallait vendre les produits. C'est pour ça que les films annonces, en général, je n'ai pas trop non plus de difficultés, parce que je sais comment ça marche. Et c'est des jouets, donc ils ne parlent pas comme du marketing. Mais enfin, les formules sont ce qu'on peut voir sur une boîte de jouets, vers l'infini et au-delà.

  • Speaker #0

    Et puis il y a, comme dans tous les métiers, un moment où le client fait sentir qu'il est le roi, qu'il est raison ou pas. Laurence Salva, dialoguiste.

  • Speaker #1

    Les choses se sont bien détériorées dans le sens où, il y a 30 ans, on avait le droit, les clients nous laissaient écrire des dialogues avec des mots compliqués pour les enfants. C'est-à-dire des mots qu'ils ne connaissaient pas forcément. Et je trouvais ça hyper intelligent parce que du coup, ça apprenait aux enfants. des nouveaux termes, des nouveaux mots. Maintenant, c'est totalement le contraire. C'est-à-dire que quelque part, on nous demande de rester très basiques. Et ça, je trouve ça vraiment, vraiment dommage.

  • Speaker #0

    Et si un comédien peut modifier sa voix, quelles sont les limites du dialoguiste pour modifier son écriture ? Pour avoir moi-même écrit pas mal de séries jeunesse, que ce soit les mangas Doraemon ou One Piece, soit des séries adolescentes comme récemment Julie et les fantômes sur Netflix, J'avoue avoir testé certaines répliques sur mes enfants pour m'assurer que telle ou telle expression se disait encore dans les cours d'école. Mais en veillant à ne jamais utiliser de mots trop « mode » qui pourraient vite sembler vieillots. Un langage varié, coloré, sans être daté. Mais pour ceux qui regardent les programmes ados sous-titrés, est-ce qu'on écrit pareil la version française quand elle est doublée sous forme de dialogue très parlé, et la version sous-titrée, donc écrite ? C'est une différence dont nous parle Isabelle Audineau, dialoguiste et sous-titreuse.

  • Speaker #4

    J'avais traduit en sous-titre un film qui s'appelait Projet X, qui est un film extrêmement grossier, en plus d'ados. Je m'étais fait aider par des ados parce que la langue évolue et j'étais un peu perplexe. Et j'avais fait un premier jet où je respectais toutes les grossièretés, j'avais même mis du verlan. Et en fait, je me suis rendue compte que par rapport à une version doublée où j'aurais pu faire tout ça tranquillement, parce que les comédiens seraient venus appuyer ce que j'avais écrit, là, en fait, le verlan, les renois, ça ne marchait absolument pas, parce que ça demande un effort pour le cerveau de se dire, alors, renois, c'est du verlan. Le temps de se dire tout ça, en fait, ça ne coule pas, ce n'est pas fluide du tout. C'était il y a un certain nombre d'années, Projet X. Et aujourd'hui, peut-être que les choses évoluent parce que le sous-titrage, il évolue. On s'habitue à certains mots qui, tout à coup, sont acceptables parce qu'on les a lus plusieurs fois. Il faut les lire plusieurs fois. Finalement, j'avais pris le parti de mettre des petites touches de vulgarité, de grossièreté, mais de faire un truc plus neutre pour que la lecture ne soit pas toujours arrêtée.

  • Speaker #0

    Isabelle Audineau a sous-titré plusieurs dessins animés de longs métrages, dont Troll 2, sorti fin 2020, et dont elle a aussi signé les dialogues. Et le remarquable film « Tous en scène » où elle a sous-titré un koala, une girafe, un gorille, une truie avec la même aisance pour notre plus grand plaisir. Mais quand on écrit des sous-titres pour des œuvres jeunes publics, est-ce qu'on peut mettre autant de mots et ne pas prendre en compte le fait que les enfants lisent moins vite qu'un adulte ?

  • Speaker #4

    Non. Pour moi, il y a une question de rythme. Et donc, tu traduis dans le rythme du film. En plus, moi, je ne suis pas du tout persuadée que les enfants lisent moins vite que les adultes. Je crois que les animations... Elles sont faites pour les enfants, mais elles sont surtout faites pour les parents. Et qu'il y a toujours des doubles sens, il y a toujours plusieurs clés, plusieurs niveaux de lecture. Donc, moi, je crois qu'en fait, les enfants qui vont voir ces films-là vont les voir en VF. Sauf si les parents ont envie qu'ils apprennent un peu l'anglais, je ne sais pas, ou qu'ils apprennent à lire vite. Et c'est un peu compliqué parce que si tu commences à laisser plus de temps ou à mettre moins de mots, déjà, on est quand même très... être contraint, vous trouvez un juste milieu,

  • Speaker #0

    je pense. Souvent, les personnages d'enfants sont tenus par des adultes qui présentent l'intérêt d'être des comédiens formés, très compétents et très agiles. On devine rarement qu'il s'agit d'un comédien adulte alors qu'un enfant, même avec une bonne direction d'acteur, pourrait être assez maladroit. Certains acteurs, c'est surtout le cas pour les actrices, se sont fait une spécialité d'interpréter des rôles de 30 ou 40 ans de moins que leur âge réel. sans qu'on devine la supercherie. Mais un dialoguiste peut-il avoir cette même souplesse et écrire pour le jeune public, à tout âge ? Jean-Jacques Prond, auteur de la quasi-totalité des épisodes de Friends, a été mis en garde dès le début de sa carrière par un patron d'une grande société de doublage. Il m'a dit un jour, méfiez-vous, vous allez finir par écrire comme un vieux. Et il avait raison. Je pense que si j'écrivais Friends maintenant, je ne serais peut-être plus vraiment dans le cours. Ou alors ! Eux, ils ont vieilli, donc ça collerait à peu près. Mais quand je regarde des séries maintenant ou des téléfilms, putain, ce qu'ils sont bons, les jeunes. Alors l'inspiration et l'écriture, c'est comme le corps et la voix, ça s'entretient. Un dialoguiste doit se tenir au courant de l'évolution du vocabulaire parlé, avoir une oreille qui traîne quand il croise des ados, regarder les pubs qui reflètent souvent le langage d'une époque et écouter des radios de jeunes, quels que soient ses goûts musicaux. Et en parlant de musique... nous terminerons par les versions françaises de chansons de dessins animés. Un exercice très particulier qui demande à la fois d'être synchrone, en rythme et de bien respecter le sens de la chanson car ce n'est pas une chanson librement adaptée mais du dialogue chanté. Philippe Wittcock s'est collé avec bonheur à l'exercice de multiples fois et dernièrement pour le retour de Mary Poppins. Ça ne se voit pas dans le podcast mais les chansons sont parfaitement synchrones et sortent de la bouche de l'héroïne. comme par magie.

  • Speaker #3

    En musical, oui, L'étrange Noël de M. Jack et Le retour de Mary Poppins, mais il y en a eu d'autres, des petites chansons à droite à gauche dans plein de films. L'adaptation de chansons, je ne le recommande pas forcément aux débutants, mais je le recommande. C'est quelque chose de formidable à faire, d'extrêmement difficile par moment. Il y a toujours un truc sur lequel on se prend la tête pendant parfois des semaines. Mary Poppins, il y avait 45 minutes, il y avait 9 chansons. J'ai réussi à obtenir une copie très très très très tôt, uniquement avec les chansons. Je n'avais pas du tout le film, je n'avais pas l'image, mais j'avais les séquences chantées. Le film sortait en décembre, j'ai dû avoir ça fin mai, et j'ai eu jusqu'au mois d'août pour les rendre. J'y ai travaillé, pas constamment, mais ça revenait sur le feu pendant deux mois. Ce n'est pas le délai qu'on a pour les dialogues en général, mais il faut ça pour les chansons.

  • Speaker #0

    John, c'est bien, vous n'êtes pas bête au moins. Votre intellect s'envole au loin en tous sens, comme l'a dit Annabelle à Georgie. Méfions-nous des fariboles et du non-sens. Vous savez tant mieux, comme un plus un font deux, que la logique est la pierre angulaire des sciences. Je l'admets et je ne me trompe jamais. Vous êtes bien trop grands pour croire en votre imagination.

  • Speaker #3

    Il y a toujours un plaisir à voir ce qu'on a fait après, mais voir ce qu'on a fait en chanson, c'est... Puissance 10 quand même, effectivement, quand ça tient la route, quand on n'a pas honte de ce qu'on a fait. Il vaut mieux assurer un peu.

  • Speaker #0

    Un adaptateur doit s'adapter, pouvoir écrire les dialogues d'un film policier avec autant de talent qu'un dessin animé pour les tout-petits. Mais écrire pour la jeunesse demande de répondre à certains impératifs, savoir faire ressurgir son âme d'enfant, doser le vocabulaire utilisé, être inventif, avoir le sens du rythme. Mais plus que tout, aimer écrire et aimer ce qu'on adapte, c'est la clé du doublage des films pour la jeunesse.

Chapters

  • Introduction au doublage pour la jeunesse

    00:00

  • Parcours de Laurence Salva dans le doublage

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