- Speaker #0
Et vous rajoutez à ça l'IA qui a pĂ©nĂ©trĂ© toutes nos entreprises, vraiment ça a commencĂ© il y a deux ans oĂč vraiment ça a Ă©tĂ© plutĂŽt assez massif. Ăa fait quand mĂȘme un rythme de changement et de transformation trĂšs Ă©levĂ© Ă encaisser pour les ĂȘtres humains que nous sommes.
- Speaker #1
Bienvenue dans Dino Sapiens, le podcast qui explore la transformation des organisations sans bullshit ni jargon. Chaque Ă©pisode, jetons le micro Ă celles et ceux qui, Ă leur maniĂšre, font Ă©voluer nos façons de travailler, de dĂ©cider, de manager. Parce que transformer, ce n'est pas imposer, c'est comprendre, embarquer, expĂ©rimenter. Parce que, dans un monde qui change vite, c'est notre capacitĂ© Ă rester humain qui fera toute la diffĂ©rence. Alors embarquez avec moi sur Dinosapiens et ensemble, Ă©vitons l'extinction. Bienvenue aujourd'hui sur ce nouvel Ă©pisode de DinoSapiens. Si vous me dĂ©couvrez ou si vous ĂȘtes dĂ©jĂ fidĂšle Ă l'Ă©mission, pensez Ă me soutenir avec une note sur votre plateforme d'Ă©coute prĂ©fĂ©rĂ©e, un commentaire sur Apple Podcasts ou simplement vos abonnants. N'oubliez pas d'activer la cloche pour ne rien rater des sorties. Ăa m'aide vraiment Ă faire connaĂźtre le podcast. J'ai le grand plaisir de recevoir aujourd'hui Virginie Bapt, qui exerce Ă Paris en tant que psychothĂ©rapeute, psychanalyste et coach. Virginie Bapt a dĂ©butĂ© sa carriĂšre dans les mĂ©dias chez TF1, puis chez Mondadori, aprĂšs avoir dĂ©crochĂ© un DESS Ă Dauphine en marketing et communication. Elle a aussi suivi un master de psychologie sociale Ă la London Business School of Economics.
- Speaker #0
DÚs ses études,
- Speaker #1
Virginie marque un intĂ©rĂȘt certain pour les sciences humaines, mais elle n'ose en rĂȘver trop fort Ă ce moment-lĂ . AprĂšs ses deux expĂ©riences chez TF1 et Mondadori, riches de projets et de rencontres, elle rentre Ă la classe. la caisse des dĂ©pĂŽts et consignations, oĂč pendant 10 ans, elle est chargĂ©e de missions numĂ©riques, ce qui lui permet de mettre les mains directement dans la casserole de la tech et de la transformation phĂ©nomĂ©nale qui s'accĂ©lĂšre Ă ce moment-lĂ . Elle dĂ©cide alors d'Ă©couter cette petite voix au fond d'elle, qui ne s'est jamais tue et qui lui souffle d'exercer ses talents pour les disciplines humanistes. Elle se forme alors successivement dans diverses pratiques et devient, entre autres, maĂźtre praticienne en PNL, thĂ©rapeute et coach. Elle suit de nombreuses formations qui lui apportent un regard 360 sur ses disciplines. Elle dĂ©marre son activitĂ© indĂ©pendante en parallĂšle de son emploi salariĂ©. Puis Ă partir de 2015, elle exerce Ă plein temps son nouveau mĂ©tier qui n'est plus si nouveau pour elle. Virginie reçoit dans son cabinet de nombreux salariĂ©s, cadres, dirigeants. Et elle est un tĂ©moin privilĂ©giĂ© de la transformation du monde de l'entreprise. Elle a Ă©crit plusieurs ouvrages dont l'un sur le burn-out. Et c'est Ă ce titre qu'elle a acceptĂ© de rĂ©pondre Ă mes questions. au micro de Dino Sapiens.
- Speaker #0
Bonjour Virginie. Bonjour.
- Speaker #1
Vous avez co-Ă©crit un livre qui s'intitule « Ils ont vĂ©cu le burnout » paru aux Ă©ditions Vuibert et aussi participĂ© Ă un ouvrage qui s'intitule « Les managers aussi vivent des injustices » 12 rĂ©cits analysĂ©s par 12 experts. Vous ĂȘtes psy et coach, vous vivez la transformation de l'intĂ©rieur, comment est-ce que vos patients, vos coachĂ©s vous... parle de transformation ?
- Speaker #0
Alors c'est une question qui est assez complexe parce que c'est vrai qu'il m'en parle Ă travers le coaching et c'est tout de mĂȘme un discours trĂšs diffĂ©rent entre ce qu'on entend quand on est au sein de l'entreprise en train d'accompagner des managers et ce qu'on entend dans le secret j'allais dire d'un cabinet de thĂ©rapie. En entreprise on voit que la transformation elle est absolument partout, gĂ©nĂ©ralisĂ©e et qu'il y a beaucoup de chaos j'allais dire en ce moment et que les thĂ©matiques sont aussi assez nouvelles. et que personne n'a l'impression d'avoir les codes de ce qui se passe maintenant. MĂȘme les jeunes, c'est ça qui est drĂŽle, tous les digital natives et autres, ils ne se disent pas « moi j'ai la martingale, j'ai compris comment ça allait se passer et ça va marcher » . Aujourd'hui, le sentiment que j'ai, c'est que tout le monde est quand mĂȘme dans une zone de flou sur cette transformation, Ă l'Ćuvre actuellement, notamment avec tout ce qui est intelligence artificielle, et que personne n'est bien certain d'avoir les codes. Ă juste titre d'ailleurs, je crois. Et dans mon cabinet de thĂ©rapie, ce que les managers ou... les gens qui travaillent me racontent, c'est plus des souffrances, j'allais dire, classiques, qui ne se transforment pas tellement. C'est toujours un peu pareil finalement, parce que l'ĂȘtre humain est fait comme ça, des blessures de confiance en soi, d'avoir Ă©tĂ© mal, pas assez, trop aimĂ©, des thĂ©matiques comme ça qui ne bougeront pas et qui sont assez constantes. Et finalement, on peut dire, pas tellement impactĂ©es par la transformation qu'on voit actuellement. Si, ce que je peux dire aussi, c'est que quand mĂȘme, il y a une grande souffrance des seniors. qui pour le coup se sentent vraiment exclus des transformations Ă l'Ćuvre actuellement et qui se demandent vraiment quelle va ĂȘtre leur place. Et puis c'est de plus en plus tĂŽt. Le sentiment qu'ont les gens, dĂšs qu'il y a une rupture dans leur parcours professionnel aprĂšs 45 ans, c'est tout de suite dramatique. Ils se disent, en fait, la derniĂšre fois, c'Ă©tait peut-ĂȘtre vraiment la derniĂšre fois que j'ai travaillĂ©. Donc ça, c'est quand mĂȘme quelque chose d'assez nouveau. Et puis quand mĂȘme aussi, quand mĂȘme toujours ce sentiment de ne pas avoir nĂ©cessairement tous les codes et de devoir faire semblant, entre guillemets, d'ĂȘtre au goĂ»t du jour. Ce fameux complexe de l'imposteur, on le remarque d'autant plus fort que c'est vrai qu'il y a une accĂ©lĂ©ration. technologiques dans la vie des entreprises.
- Speaker #1
Et alors justement, par rapport au monde de l'entreprise, quelle différence vous faites entre le coaching et la thérapie ?
- Speaker #0
Alors pour moi, il y a une diffĂ©rence fondamentale, c'est que dans le coaching, on a un objectif. Vous savez, on fait une convention tripartite avec l'employeur et on se met d'accord, enfin en tout cas, c'est comme ça que ça marche la plupart du temps, sur des objectifs Ă atteindre. Ce qu'on apprend en coaching, c'est l'objectif, il doit ĂȘtre smart, spĂ©cifique, mesurable, enfin vous connaissez l'histoire par cĆur. Et en thĂ©rapie, c'est un peu l'inverse. C'est-Ă -dire que souvent, si on vient avec une demande, un objectif, eh bien je mets beaucoup de soin Ă ne pas y rĂ©pondre. Lacan a cette phrase nĂ©buleuse mais assez gĂ©niale qui dit « Je te demande de me refuser ce que je t'offre parce que ça n'est pas ça » . Et souvent, la demande en thĂ©rapie est un paravent par rapport Ă la vraie demande de la personne et Ă son vrai dĂ©sir. Et donc tout mon travail, c'est plutĂŽt de le faire accĂ©der Ă la vĂ©ritĂ© de son dĂ©sir qui n'est pas en gĂ©nĂ©ral la premiĂšre chose qu'il dĂ©voile.
- Speaker #1
Donc une approche totalement différente.
- Speaker #0
Totalement diffĂ©rente, et mettre des objectifs viendrait complĂštement contrarier cette ouverture nĂ©cessaire qui fait qu'on va aller quelque part dans un endroit qu'on ne connaĂźt pas. Parce que c'est lĂ qu'est la puissance de transformation, justement, pour la personne, c'est de la faire accĂ©der Ă quelque part qu'elle ne connaĂźt pas. Avoir un objectif, c'est dĂ©jĂ dĂ©terminer la ville dans laquelle on doit atterrir. Et lĂ , justement, on veut aller dans un endroit qui n'existe pas encore. Donc on ne peut pas avoir d'objectif. Et ça ne veut pas dire qu'il va nous falloir dix ans. Parce que moi, je travaille aussi avec tous les outils de la thĂ©rapie. Bref, mĂȘme si je suis psychanalyste, c'est des thĂ©rapies qui, en gĂ©nĂ©ral, durent six mois. Mais ne pas avoir d'objectif, ce n'est pas forcĂ©ment une façon de se perdre et de ne pas avancer.
- Speaker #1
Dans les personnes qui viennent consulter, que ce soit en coaching ou en thérapie, est-ce qu'il y a des conséquences aux transformations qui s'accélÚrent dans les entreprises ? Est-ce que vous voyez plus de gens ? Est-ce qu'il y a plus de personnes qui vous font part de souffrances au travail ? Est-ce que ces choses-là ont bougé pour vous ?
- Speaker #0
Ce qui est sĂ»r, c'est qu'il y a un avant et aprĂšs Covid. Le Covid a isolĂ© les gens et créé beaucoup de souffrance, ça c'est certain, mais a complĂštement rebattu l'Ă©cart en un temps trĂšs trĂšs limitĂ© de la vie en entreprise. Et dans la vie en entreprise, il y a le tĂ©lĂ©travail, mais ça, ça bouleverse complĂštement tous les rapports sociaux en entreprise et tous les liens. Donc ça, c'est sĂ»r que ça a demandĂ© quand mĂȘme une capacitĂ© d'adaptation ultra forte aux gens qui ont dĂ» 1. s'adapter Ă l'isolement du confinement et 2. s'habituer au fait que toutes les rĂšgles en suite de travail Ă©taient transformĂ©es avec une gĂ©nĂ©ralisation accrue. d'un temps partiel en tĂ©lĂ©travail dans la plupart des entreprises. Donc oui, ça, ça a demandĂ© des capacitĂ©s d'adaptation Ă©normes, et vous rajoutez à ça l'IA qui a pĂ©nĂ©trĂ© toutes nos entreprises, vraiment, ça a commencĂ© quoi, il y a deux ans, oĂč vraiment ça a Ă©tĂ© plutĂŽt assez massif, ça fait quand mĂȘme un rythme de changement et de transformation trĂšs Ă©levĂ© Ă encaisser pour les ĂȘtres humains que nous sommes.
- Speaker #1
En quoi la transformation dans l'entreprise peut ĂȘtre source de souffrance au travail ?
- Speaker #0
Parce qu'en fait, Quand on parle de souffrance au travail, c'est vrai que moi je travaille beaucoup sur le burn-out, donc n'ayons pas peur du mot. Le burn-out, c'est diffĂ©rent de la souffrance au travail, parce qu'il y a plein de formes de souffrance au travail, mais si vous me permettez de dire un mot sur le burn-out, le burn-out c'est vraiment quand notre corps s'exprime Ă la place de notre mental, c'est-Ă -dire que le conscient va dire, moi ça va, j'arrive trĂšs bien Ă gĂ©rer ma charge de travail, les transformations en cours, en plus ça m'intĂ©resse, je suis un peu fatiguĂ©e mais j'ai bientĂŽt des vacances, donc en gros le conscient ça va, mais l'inconscient il dit, si tu continues comme ça, tu vas clamser. Et donc, il trouve un moyen d'empĂȘcher la personne. Alors, par plein de mĂ©canismes. Le premier, le mĂ©canisme prĂ©fĂ©rĂ© de l'inconscient pour empĂȘcher la personne, c'est de lui couper le sommeil. Il pense qu'en nous rĂ©veillant Ă 4h du matin, ça va accĂ©lĂ©rer le fait qu'on va prendre conscience qu'on ne peut pas durer comme ça trĂšs longtemps. Et donc, que la personne, Ă un moment, explose de fatigue et soit obligĂ©e de revoir quelque chose. Le burn-out, finalement, c'est un peu notre inconscient qui nous veut du bien et qui dit, lĂ , il va me falloir une grosse transformation. Pas un changement de type 1. On change quelque chose, mais on garde le systĂšme, un changement vraiment de type 2, oĂč on revoit entiĂšrement tout le systĂšme pour quelque chose de plus Ă©cologique et durable. Donc, ce mĂ©canisme-lĂ du burn-out, on voit bien qu'il y a plein de facteurs en jeu, qui fait qu'Ă un moment, notre conscient tient, mais que l'inconscient souffre trop. Et alors, souvent, c'est une conjoncture de facteurs qui fait qu'Ă un moment, il y a trop de travail, on est dĂ©jĂ Ă plus de 100% de notre bande passante, et on rajoute quelque chose, il y a un grain de sable qui vient se mettre en plus. Ce grain de sable, ça peut ĂȘtre... On a fait une erreur au travail, on a un manager mĂ©content de quelque chose qu'on a fait, on a un collĂšgue toxique, enfin, il y a quelque chose qui vient, qui vient changer dĂ©jĂ un systĂšme qui est saturĂ©, et lĂ , c'est l'explosion.
- Speaker #1
Est-ce que le mot suradaptation a quelque chose Ă faire avec le burn-out ?
- Speaker #0
Oui, en ce sens que le burn-out, c'est une usure liĂ©e Ă un stress qui s'est crudicisĂ©. Donc finalement, du stress chronique, c'est quelque part, il faut tout le temps s'adapter Ă ce qui vient et adapter nos capacitĂ©s aux contraintes dans l'environnement. Et bien, il y a un moment oĂč ça ne marche plus, ou en tout cas, on a le sentiment que ça ne marche plus. Donc notre mĂ©canisme d'adaptation devient en effet de la suradaptation sans qu'on ait les ressources pour pouvoir le faire. Donc oui, on peut dire qu'en ce sens, il y a un lien.
- Speaker #1
Est-ce que pour vous, il y aurait un risque Ă cumuler trop de transformations pour une personne qui l'emmĂšne directement sur la voie du burn-out ?
- Speaker #0
La rĂ©ponse de chacun est trĂšs singuliĂšre. On ne peut pas faire de gĂ©nĂ©ralitĂ© lĂ -dessus. Il y en a qui vont trĂšs bien encaisser, d'autres qui vont trĂšs mal encaisser. Ce qu'on peut dire, c'est que le collectif est un amortisseur vraiment nĂ©cessaire. Beaucoup de transformations, mais vous ĂȘtes seul chez vous. Ă les encaisser, vous vous dites toujours, dites donc, je ne suis plus trĂšs rĂ©actif, c'est moi qui ne fais pas ce qu'il faut, je ne suis pas assez rapide, je n'ai pas compris, ce qui met en souffrance. Alors dĂšs que vous avez un collectif oĂč on peut partager, oĂč on peut comparer, oĂč on peut dire, toi aussi tu n'as rien compris, ça change tout. C'est pour ça que je pense que le vrai dĂ©fi des organisations aujourd'hui, ça va pouvoir ĂȘtre de rĂ©inventer des collectifs, puisqu'on voit bien qu'ils sont Ă renaĂźtre, malheureusement ils s'orientent beaucoup vers, j'allais dire, de la dĂ©matĂ©rialisation au collectif. On se parle avec des messageries internes ou en visio, mais il n'y a plus de chair, il n'y a plus de sang. Et je pense qu'il va nous falloir des collectifs amortisseurs, mais physiques. Et en effet, retrouver des moments de partage, de rĂ©flexion, de vie, mais vraiment vĂ©cu pour qu'on ne soit pas totalement tout le temps dans quelque chose de dĂ©matĂ©rialisĂ©, parce que l'ĂȘtre humain n'est pas fait pour ça. Il faut revenir aux basiques de comment l'ĂȘtre humain fonctionne. Et il a besoin de chair et de sang. Parce qu'il en est fait.
- Speaker #1
Donc pour vous, la création du lien, la création du collectif, ça passe par des moments physiquement ensemble ?
- Speaker #0
Il peut y avoir des moments qui sont diffĂ©rents et qui sont sous d'autres formats. Mais en tout cas, il va falloir qu'il y ait une vraie rĂ©flexion sociĂ©tale, Ă mon avis, sur comment est-ce qu'on a envie de vivre ensemble au travail et qu'est-ce qui fait que ça satisfait notre santĂ©, j'allais dire. Et notre santĂ©, c'est Ă la fois physique et mentale. Et ça, aujourd'hui, on n'a pas les codes de ça parce qu'on ne mesure pas encore complĂštement les dommages que ça fait. Toutes ces transformations et cette numĂ©risation des rapports au travail. Et on le voit aussi chez les jeunes. Aujourd'hui, le fait que les jeunes se voient moins, se parlent essentiellement par les rĂ©seaux, et qu'avoir un groupe d'amis, c'est avoir un groupe WhatsApp, on voit bien qu'il n'y a jamais eu autant de dĂ©tresse et d'anxiĂ©tĂ© chez les jeunes. Mais on va juste commencer Ă mesurer maintenant les dommages que ça fait un peu Ă long terme sur les jeunes adultes et les adultes qui vont devenir. Ou alors, je me trompe complĂštement, et simplement, tout ce monde-lĂ va ĂȘtre complĂštement rĂ©inventĂ©. Et c'est simplement parce que c'est des codes que nous, on n'a pas encore aujourd'hui et que le monde de demain va ressembler Ă quelque chose qu'on ne peut pas encore imaginer aujourd'hui. C'est une autre hypothĂšse de la transfo.
- Speaker #1
Pour moi, par rapport Ă mon entourage, il y a quand mĂȘme beaucoup de souffrance autour de moi dans les jeunes adolescents.
- Speaker #0
Oui, j'ai l'impression qu'aujourd'hui, on en est lĂ .
- Speaker #1
Justement, quels sont vos conseils pour les plus jeunes pour se préparer au monde du travail et aux transformations qui les attendent ?
- Speaker #0
Je pense... que l'intelligence va ĂȘtre externalisĂ©e de plus en plus. C'est-Ă -dire qu'il me semble que la rĂ©volution qu'on vit avec l'intelligence artificielle, elle va faire en sorte que ce qui va faire qualitĂ© aujourd'hui, ce n'est pas tant l'intelligence, le savoir, que d'avoir un cerveau bien construit et opĂ©rationnel. Vous me direz, c'est une forme d'intelligence, mais il y en a mille. Mais en tout cas, l'accent va ĂȘtre mis lĂ -dessus, sur le fait d'avoir un cerveau rĂ©silient, qui sait encaisser beaucoup d'informations, du stress. tout en se protĂ©geant. Donc vraiment un cerveau Ă©quilibrĂ© qui ne se laisse pas prendre par trop de travail, trop d'infos, trop de stress. Donc tout ce qu'on appelle un peu soft skills aussi, mais aussi appliquer Ă soi comment je sais prendre soin de moi sur du long terme, comment je sais prendre soin des autres, crĂ©er du collectif, crĂ©er des interactions fertiles et efficaces pour tirer parti de tous les outils qu'on va avoir, de toutes les transformations qui vont venir. En gros, ça va ĂȘtre vraiment d'avoir un... cĆur, un corps et un cerveau adaptĂ©s, sains et qui s'ancrent dans une nĂ©cessitĂ© de dĂ©veloppement durable. Il ne faut pas que l'accĂ©lĂ©ration qui est toujours inhĂ©rente au changement vienne griller nos capacitĂ©s. VoilĂ , pour le dire peut-ĂȘtre un peu simplement.
- Speaker #1
Et pour ça, pour les jeunes, qu'est-ce que ça veut dire ? Quels sont vos conseils par rapport à l'utilisation du digital ? Vous avez prononcé tout à l'heure le mot de digital native. Est-ce qu'il y a des barriÚres à se mettre ? Est-ce qu'il faut mettre un... un nombre d'heures par jour ou consulter des livres ?
- Speaker #0
Oui, sĂ»rement il y a un rĂŽle trĂšs fort de l'Ă©ducation pour encadrer les jeunes. Pour moi, en termes d'Ă©ducation, il y a les jeunes qui sont abandonnĂ©s Ă leurs Ă©crans et les jeunes qui sont en guerre avec leurs parents, qui surveillent leur temps d'Ă©cran, font attention Ă ce qu'ils ne fassent pas trop de tablettes, prennent du temps pour essayer de discuter avec eux et d'Ă©lever le dĂ©bat. Ăa, ça va faire vraiment des gaps, Ă mon avis, d'Ă©ducation qui sont trĂšs forts. Accompagner les jeunes pour qu'ils gardent des sources de curiositĂ©. Parce que tout le problĂšme des Ă©crans, c'est que c'est des sources de dopamine rapides. On trouve tout de suite ce qu'on veut et qui nous plaĂźt. Et donc, on perd ce goĂ»t de l'effort qu'on trouve par exemple dans des plaisirs plus longs comme celui de la lecture, qui est une diffusion lente de dopamine par rapport Ă l'usage des Ă©crans, qui fait de la dopamine rapide et c'est pour ça qu'il y a des risques d'addiction qui sont trĂšs forts. mais d'ailleurs Sans parler des jeunes, on est toujours jeunes, n'est-ce pas BĂ©rangĂšre ? Bien sĂ»r. Et nous aussi, on connaĂźt trĂšs bien cette addiction qui fait qu'on pensait passer un quart d'heure sur les rĂ©seaux et qu'on y a passĂ© deux heures. Donc, sans doute, les accompagner lĂ -dessus, ce sera trĂšs important. Et puis, les accompagner dans la curiositĂ© qu'ils ont du lien avec eux-mĂȘmes. Pour moi, c'est une des plus grandes ressources dans la vie, c'est mon mĂ©tier en tant que coach et thĂ©rapeute, d'accompagner les gens dans l'Ă©merveillement qu'on peut avoir de la rencontre avec soi. et plus cet Ă©merveillement on l'initie tĂŽt, plus on est curieux tĂŽt de sa façon de fonctionner, d'aimer, de rĂ©agir, de souffrir. Plus on est en lien avec soi-mĂȘme tĂŽt, plus on peut construire sur des bases solides et ĂȘtre un roseau qui plie et pas un bĂąton qui rompt en fonction des Ă©preuves de la vie qui font partie du tragique existentiel.
- Speaker #1
Un grand merci Virginie d'ĂȘtre venue sur Dino Sapiens nous parler de votre mĂ©tier, de vos rencontres et de la transformation Ă travers ce regard de la souffrance au travail mais aussi de l'attention qu'on porte Ă soi.
- Speaker #0
Merci BérangÚre, c'était un plaisir.
- Speaker #1
Si vous ĂȘtes arrivĂ© jusque-lĂ et que ce contenu vous a plu, petit rappel de mon intro pour donner de la visibilitĂ© Ă Dinosapiens. Mettez un commentaire sur Apple Podcast, une note sur Spotify, abonnez-vous ou tout simplement parlez-en autour de vous pour mieux faire connaĂźtre le podcast. En tout cas, je vous mets comme d'habitude dans les notes du podcast la bibliographie de Virginie Bapt. Ă trĂšs bientĂŽt pour un nouvel Ă©pisode. J'en ai dĂ©jĂ enregistrĂ© quelques-uns dont je vous rĂ©serve la surprise. Et d'ici lĂ , Ă©vitons l'extinction !