Speaker #0Bonjour, je suis Maître Avi Bitton, je suis avocat au barreau de Paris et depuis 20 ans, je conseille les cadres dans leur négociation de départ. Dans ce podcast, je vais vous donner des conseils pour négocier votre départ rapidement, dans les meilleures conditions et sans aller au contentieux. Je vais vous partager mes 20 ans d'expérience, mais si vous êtes cadre et que vous avez besoin de conseils plus personnalisés, vous pouvez contacter le cabinet d'avocat Avi Bitton. les bases de la négociation. On va imaginer deux personnes dans une pièce qui doivent négocier un accord. Et on va imaginer différents scénarios. D'abord, lorsque ces deux personnes rentrent dans cette pièce, on leur dit voilà, il y a 100 000 euros que vous devez vous partager. La seule condition pour que ces 100 000 euros vous reviennent, c'est qu'en ressortant de la pièce, vous ayez trouvé un accord sur le partage de ces 100 000 euros. Et ce qui va se passer ? C'est qu'une fois dans la pièce, il y a le premier qui va dire à l'autre « bon ben c'est simple, on fait 50-50 et puis comme ça on a un accord, c'est juste, c'est équitable, chacun repart avec 50 000 euros » . Et l'autre va être plus vicieux, plus agressif, va bluffer et va dire « non, c'est 90-10, je prends 90 000 et je te laisse 10 000. Sinon, on n'a pas d'accord, tu n'as même pas 10 000 » . Dans ce genre de scénario, Ce qu'il risque de se passer, c'est que ce négociateur audacieux, assez agressif, va gagner la négociation. Il va ressortir avec les 90 000, il va être un petit peu tête brûlée, il va être un petit peu imprévisible. Ça va déstabiliser l'autre partie à la négociation et ça va l'amener à accepter un accord que normalement elle n'aurait jamais accepté. En fait, psychologiquement, ce qui va se passer dans ce scénario, c'est que le négociateur qui paraît... sage, raisonnable, eh bien, il est prévisible. L'autre parti à la négociation va savoir que c'est un bon père de famille et qu'il finira par accepter les 10 000 euros et par s'en contenter. Au contraire, l'autre négociateur, lui, est imprévisible, il paraît fou, il paraît dangereux, et on se dit que si on ne lui laisse pas les 90 000 euros, il est capable de ressortir de la pièce avec aucun accord, quitte à tout perdre. Moi, je l'ai vu dans beaucoup de négociations. Le cadre qui est un bon élève, qui est fidèle, qui est loyal, qui est raisonnable, averse au conflit, qui ne prend pas de risques, eh bien, il est prévisible pour les RH, pour la direction. Et on sait que comme il est raisonnable, qu'il est sage, il finira par accepter une offre basse pour son départ négocié. Alors qu'au contraire, j'ai vu des salariés complètement imprévisible, agressif, qui donnait une image dangereuse à la société, à la direction, qui du coup en avait peur, qui se disait, si on ne lui verse pas les indemnités très élevées qu'il demande, il ne partira pas de la société et on ne sait pas ce qui peut se passer avec lui. Concrètement, dans une négociation, il ne faut pas dire ou laisser penser à l'entreprise que vous n'irez jamais au procès. que vous ne médiatiserez jamais votre affaire, que vous ne saisirez jamais l'inspection du travail, si une entreprise pense que de toute façon, il n'y a pas de risque réel, vous ne ferez pas valoir vos droits, vous ne vous défendrez pas, eh bien à ce moment-là, l'entreprise ne se sent pas en risque, elle ne se sent pas en danger et elle ne verse pas d'indemnités, elle ne négocie pas. Ce qui amène l'entreprise à la négociation, c'est le rapport de force, c'est le fait que l'entreprise se sent en risque. que l'entreprise ait peur de ce qu'elle pourrait perdre, de ce que ça pourrait lui coûter en termes de procès, en termes de médiatisation, c'est ce qui amène l'entreprise à négocier à l'amiable. Imaginons maintenant que les deux personnes qui sont dans la pièce qui doivent trouver un accord n'ont pas les mêmes contraintes de temps. Il y en a une qui doit quitter la pièce rapidement et l'autre qui, au contraire, a tout son temps. Devinez ! Qui va gagner la négociation ? Devinez qui va obtenir le meilleur accord ? C'est évidemment la personne qui a tout son temps. Elle n'est pas pressée, elle a le temps de discuter, de faire valoir ses arguments, tandis que l'autre est pressée, elle doit sortir le plus vite possible et pour ça, elle va finir par accepter une offre basse. C'est exactement ce qui se passe dans une négociation de départ. Le cadre qui a trouvé un emploi ailleurs, qui a un projet d'entreprise, bref... Le cadre qui doit quitter rapidement la société, peut-être parce qu'il est en souffrance, qu'il n'en peut plus, qu'il est harcelé, s'il montre à la direction qu'il est pressé, qu'il doit partir rapidement, à ce moment-là, la direction ralentira dans les négociations, elle prendra tout son temps, elle attendra que le fruit soit mûr et qu'il tombe de l'arbre, elle attendra que le salarié craque et accepte une offre basse. Donc, en réalité, si on veut gagner une négociation de départ, Il ne faut pas dire ou laisser penser à l'entreprise qu'on est pressé de partir. Au contraire, il faut laisser penser qu'on a tout notre temps devant nous et qu'on est prêt à rester encore dix ans dans l'entreprise s'il le faut. Troisième scénario, dans cette pièce où il y a deux personnes qui négocient, il y en a une qui est affaiblie, qui est dans un état mental dégradé et l'autre qui au contraire est agressive, est forte et en pleine forme. Là encore, devinez qui va gagner la négociation. La personne qui est en forme, qui a un mental fort, va comprendre rapidement que l'autre personne qui est en état de faiblesse va rapidement craquer et va accepter. une offre basse. C'est exactement ce qui se passe dans les négociations d'entreprise. Si le cadre dit ou montre des signes de faiblesse, d'épuisement, s'il laisse penser au RH qu'il n'en peut plus, qu'il va craquer, qu'il va finir par démissionner ou par chercher ailleurs, à ce moment-là, les RH ne négocieront pas le départ ou ne feront que des propositions basses parce qu'ils sauront que rapidement le cadre finira par craquer et par partir de lui-même à moindre coût. Donc, dans une négociation, il ne faut pas montrer de signes de faiblesse. Il ne faut pas dire qu'on est pressé de partir, qu'on est épuisé, qu'on n'en peut plus. Ça ne sert pas la négociation. En fait, je vais vous décrire le scénario idéal pour un cadre qui veut négocier son départ. C'est le cadre qui, avant que la situation se dégrade trop, avant qu'il reçoive, par exemple... une convocation à un entretien préalable de licenciement, ce cadre va aller consulter un avocat. Ça va lui permettre de commencer à constituer son dossier, à collecter des preuves et à mettre en place une stratégie. Ensuite, ce cadre, sur les conseils de son avocat, va déclencher la négociation en faisant valoir ses droits. C'est-à-dire que ce cadre va commencer, avec l'aide de son avocat, par faire une réclamation à son entreprise. s'il est harcelé. Il va faire une dénonciation de harcèlement. S'il a des horaires de travail excessifs, il va contester son forfait jour et réclamer ses heures supplémentaires. S'il a été témoin ou a été mêlé à des fraudes, à des malversations de l'entreprise, une entente anticoncurrentielle, la violation de règles d'hygiène, de sécurité, eh bien il va lancer l'alerte auprès de l'entreprise et demander une enquête. Il va faire respecter ses droits, respecter le code du travail. Et ça, une entreprise ne le supporte pas. Oui, une entreprise ne supporte pas un salarié qui demande le respect de ses droits et de la loi. Et donc, à ce moment-là, l'entreprise va se sentir en risque, parce qu'elle sait qu'elle est potentiellement en tort, elle va se sentir en danger. Le salarié va montrer à l'entreprise qu'il n'a pas peur de faire respecter ses droits, qu'il est prêt à saisir l'inspection du travail, qu'il est prêt à aller au prud'homme, qu'il est prêt à saisir les autorités compétentes. Et à ce moment-là, l'avocat va adresser... une lettre officielle à l'entreprise pour le mettre en contact avec l'avocat de l'entreprise. Et c'est là que des négociations confidentielles vont pouvoir s'engager. Parce qu'attention, si le cadre parle directement à l'entreprise, ça n'est pas confidentiel. Ça peut se retourner contre lui. Il peut y avoir des attestations et maintenant même des enregistrements. C'est devenu recevable en justice. Tandis que les discussions qui vont se faire entre avocats sont couvertes par le secret professionnel. Et donc, ça permet plus de liberté, ça permet d'entrer en paix. pour parler, de parvenir à un accord, tout ça en toute confidentialité. Mais les erreurs que ne va pas commettre ce cadre, c'est de dire à la société, au RH, qu'il est épuisé, qu'il va bientôt partir, qu'il est prêt à démissionner, ou alors qu'il a trouvé ailleurs et qu'on l'attend dans un nouveau poste, donc qu'il est pris par le temps et qu'il doit vite signer une rupture conventionnelle. Si le cadre donne ce type d'informations au RH, les RH vont se dépêcher de ralentir, les RH ne vont surtout pas lui faire d'offres, surtout rien signer parce que les RH savent qu'il va finir par partir très rapidement. Donc en résumé, si vous voulez négocier votre départ, ne soyez pas trop bavard, ne parlez pas trop aux RH ou à vos collègues, parce que les informations peuvent remonter. Consultez tôt, par anticipation, un avocat pour mettre en place une stratégie et surtout ne vous mettez pas dans une situation où vous allez être pris par le temps. Ne commencez pas à chercher un emploi ailleurs parce que si vous avez une offre, ça va vous obliger à démissionner rapidement de votre entreprise pour rejoindre le nouveau poste. Si vous avez écouté cet épisode jusqu'à la fin, c'est que ça vous a plu. Alors, ne le gardez pas pour vous, partagez-le, diffusez-le auprès de vos collègues, de vos amis, de votre famille qui pourraient avoir besoin de ces conseils. Et si vous êtes cadre et que vous avez besoin de conseils personnalisés, c'est possible. vous pouvez contacter le cabinet. AvisBiton. Le meilleur moyen de nous toucher, c'est de remplir le formulaire de contact qui est sur notre site internet www.avibiton.com Biton avec deux T. Merci pour votre écoute et à bientôt pour un nouvel épisode de Droit des cadres.