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L'art pour résoudre un meurtre : l’incroyable affaire du tableau de Rauschenberg cover
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Du Grand Art

L'art pour résoudre un meurtre : l’incroyable affaire du tableau de Rauschenberg

L'art pour résoudre un meurtre : l’incroyable affaire du tableau de Rauschenberg

08min |07/04/2025
Play
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L'art pour résoudre un meurtre : l’incroyable affaire du tableau de Rauschenberg

08min |07/04/2025
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Description

Et si une œuvre d’art pouvait résoudre un crime oublié depuis des décennies ?
Dans cet épisode de Du Grand Art, on vous raconte l’histoire fascinante de “Collection”, une toile signée Robert Rauschenberg, qui s’est retrouvée mêlée à une série de meurtres non élucidés à New York.

Un détail dans le tableau.
Une piste oubliée.


Et soudain, le monde de l’art bascule dans celui de l’enquête criminelle…

Entre art contemporain, enquête policière et rebondissements dignes d’un thriller, découvrez comment un collage abstrait est devenu une preuve capitale dans une affaire classée depuis longtemps.

Alors…
L’art peut-il vraiment aider à résoudre des crimes ?
Spoiler : vous risquez de ne plus jamais regarder un tableau de la même façon.

Un épisode à ne pas manquer si vous aimez :
• Les histoires vraies à la frontière de l’art et du crime
• Les secrets cachés derrière les chefs-d’œuvre
• Les enquêtes aux allures de roman noir


📢Les anecdotes Du Grand Art vous plaisent ?

Voici 3 façons gratuites et hyper rapides pour nous soutenir :

  • Noter le podcast⭐⭐⭐⭐⭐

  • Laisser un commentaire💬

  • Le partager autour de vous 🗣️

  • Nous rejoindre sur Instagram et TikTok : @du_grand_art🤳


Merci pour votre écoute, et à la semaine prochaine pour une nouvelle anecdote croustillante sur l'histoire de l'Art et du design !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue dans ce nouvel épisode du podcast du Grand Art, le podcast qui s'intéresse aux petites histoires qui ont fait la grande. Si vous aimez l'art classique, vous aurez remarqué que le crime est une sacrée muse. Entre meurtres mythologiques et drames politiques, les artistes n'ont jamais manqué d'inspiration. Mais est-ce que l'inverse est vrai ? Est-ce que l'art peut aider à résoudre un crime ? Je veux dire, l'art souvent sublime un moment. Après tout, on s'émeut devant une nature morte ? mais c'est beaucoup plus difficile devant une simple poire chez Lidl. Dans cette idée, peut-être qu'une œuvre d'art peut offrir un regard nouveau sur un crime et ainsi permettre aux enquêteurs de surmonter un blocage pour pouvoir plus facilement résoudre des affaires complexes. Après tout, les artistes collaborent bien avec la police pour réaliser des portraits robots par exemple. On pourrait donc tout à fait imaginer que des œuvres d'art puissent nous révéler quelques indices. Ça vous intrigue ? Ça tombe bien, c'est l'histoire de notre anecdote du jour quand l'art résout les crimes. Nous sommes en 1998, dans la ville de San Francisco, aux Etats-Unis. C'est le printemps et il règne une lumière dorée dans l'atelier dans lequel travaille Jonathan Katz. Cet historien d'art étudie les œuvres de Robert Rauschenberg et Jasper Jones, deux figures majeures de la scène new-yorkaise pendant la guerre froide. Il sait que ces deux-là étaient amants à une époque où être homosexuel aux Etats-Unis était très difficile. Au programme, discrimination, fichage sur les listes noires et rafle de la police.

  • Speaker #1

    Les homosexuels sont en train de passer l'éternité dans la terre. Si ils voulaient changer, ils pourraient être réveillés de leurs façons d'être.

  • Speaker #0

    Convaincus qu'ils ont dû cacher leur amour, Jonathan traque d'éventuels messages secrets qu'ils auraient, selon lui, dissimulés dans leurs œuvres, comme une sorte de correspondance cryptée à travers leur peinture. D'ailleurs, selon lui, c'est toute la communauté LGBT qui aurait usé de ce stratagème. Alors évidemment, quand un certain Andrew Cooper, jeune homme, tout juste arrivé en ville lui propose de l'aider bénévolement dans ses recherches, Jonathan saute sur le calvion pour résoudre plus vite cette affaire. Dès le départ, Andrew voit que son employeur est particulièrement intrigué par une œuvre précise intitulée Rauschenberg's Collection, réalisée en 1954-1955. Je n'ai rien à voir, mais il aime cette peinture,

  • Speaker #2

    j'y peux rien.

  • Speaker #0

    Je vous invite à regarder l'œuvre sur Google. De prime abord, il s'agit d'une imposante peinture à l'huile sur bois rouge jaune et bleu de 2 mètres par 2,40 mètres. Mais à y regarder de très près, on peut y remarquer de nombreux collages en papier, en bois, des miroirs, des photos ou encore du tissu, et regorgeant de plein de petits détails comme des coupures presse par exemple. Mais il faut vraiment s'en approcher pour remarquer tous ces éléments. De quoi motiver Jonathan bien comme il faut dans ses recherches.

  • Speaker #3

    Après la couleur, on s'en fout un peu. Ou plutôt, c'est plutôt le dessin dont on se... Vous voyez, plus rien ne compte trop. C'est assez géométrique, on pourrait dire.

  • Speaker #0

    Après tout, pourquoi insérer des détails d'apparence aléatoires si petits, si ce n'est pas pour dissimuler quelque chose ? Je pose la question, on ne peut pas poser la question. Andrew l'a bien compris, ce tableau obsède Jonathan. Alors, direction le musée d'art moderne de San Francisco pour récupérer une reproduction au format poster. De retour à l'atelier, loupe en main, il scrute chaque détail, note, griffonne, il seut jusqu'à la nuit tombée. Le lendemain, rebelote. Puis le surlendemain. Et ainsi de suite, pendant six mois. Parfois, Andrew croit tenir un indice. D'autres jours, il s'arrache les cheveux en découvrant un vieux ticket de bus collé sur la toile. Il faut dire que Rauschenberg avait l'habitude de mettre un petit peu n'importe quoi sur ses toiles, comme par exemple des détritus qui trouvaient dans la rue. Un beau matin, Andrew repère un minuscule bout de journal collé sur la toile. À peine lisible, une date. Le 22 août 1954. Rien d'autre. Pourquoi coller cet article ? Est-ce que l'artiste essaye de nous dire quelque chose d'important ?

  • Speaker #2

    Pourquoi vous me posez cette question ? De quel droit ? Depuis le droit. Parce que si vous m'accusez, est-ce que vous m'accusez ? Pas du tout. Alors taisez-vous, ça suffit. Ça suffit maintenant.

  • Speaker #0

    Andrew vérifie. À cette date-là, le New York Times titre son journal « Teenage Killers Identify Body » . Les tueurs d'adolescents identifient le corps. Ah, ça c'est une piste. Andrew se renseigne sur l'affaire, qui s'avère scandaleuse et très glauque. Selon le journal, la ville de New York a vécu l'enfer durant l'été 1954. Une bande d'adolescents sème la panique, commettant des vols, en agressant les femmes dans les parcs et même en commettant des meurtres. Leur portrait est, disons, pour le moins étonnant. Il s'agirait d'un groupe d'adolescents masculins, homosexuels, juifs et néo-nazis qui commettent ces crimes par pur sadisme. Je n'ai pas fait l'école de la police, mais à mon humble avis, ça ressemble tout de même rudement à une affaire bouclée à la va-vite, ça, non ? Malheureusement, la mission de Andrew prend fin. Ce n'est que deux ans plus tard, alors qu'il décide de s'orienter vers une carrière d'historien, qu'Andrew décide de reprendre ses recherches. Il souhaite enquêter plus sérieusement sur cette histoire surnommée le « Gang for Thrials » qui lui paraît suspicieuse. Je vais appeler Internet et leur demander de me faxer les numéros de téléphone de tous. Un beau matin, Ellie Borachow, porte-parole du bureau du médecin légiste en chef de la ville de New York, l'appelle. Elle lui annonce une bonne et une mauvaise nouvelle. La bonne, elle a retrouvé les documents d'autopsie des deux victimes. La mauvaise, les rapports du médecin légiste ne correspondent pas du tout aux rapports officiels. En fait, aucune victime de meurtre n'a été assassinée. Pire encore, il semblerait que quelqu'un ait falsifié le certificat d'une des victimes. Petit à petit, Andrew consolide ces précieux éléments en un dossier légal béton. Il rend visite à Mittman, l'un des condamnés qui vit désormais en Floride et qui lui raconte sa version des faits. Durant l'été 1954, ses amis élus, influencés par le climat macartiste, harcelaient des sans-abri sur les quais. Un soir, une bagarre éclate, un homme chute, se cueille la tête et meurt. Les quatre adolescents se font arrêter. Et la suite est un véritable cliché de la bavure judiciaire. Pendant 40 heures, les accusés sont placés dans des salles d'interrogatoire séparées, sans eau ni nourriture, menacés, et sont poussés aux aveux de façon plutôt musclée. On leur met sur le dos tout un tas de crimes qu'ils n'ont jamais connus, allant du vol à la sauvette jusqu'au viol d'un enfant sur une voie ferrée. Les faits que Mittman rapporte à Andrew viennent compléter le tableau. De retour à New York, il se pose une dernière fois devant son poster du tableau de Rauschenberg. Il découvre un dernier détail qui lui avait échappé toutes ces années. Le mot « plot » était inscrit en dessous du titre d'un journal déchiré.

  • Speaker #2

    « Vu le nettoyant lunettes numéro 1. Testé, il respecte tous les types de verres. » « Oh ! Vu ! Je ne l'avais pas vu ! Et je n'avais pas vu le vaporisateur pour tous les écrans ! » « Qui a vu, verra. Vu ? »

  • Speaker #0

    Il retrouve la une de ce fameux journal pour lire la phrase en entier. « Extortion, plot, nib. » En français, complot d'extortion étouffée. L'artiste avait vu juste. Les adolescents n'avaient tué personne, il s'agissait d'un complot. Alors, est-ce que selon vous, Rauschenberg avait résolu l'enquête mais n'osait pas prendre la parole autrement qu'à travers cette toile ? Ou bien est-ce qu'il s'agit d'une simple coïncidence ? Est-ce que les œuvres d'art peuvent servir de réceptacle à des messages secrets ? En tout cas, depuis des siècles, les artistes usent de symboles dans leurs œuvres pour représenter des idées, des opinions, voire carrément avouer des secrets. Certains historiens se spécialisent d'ailleurs dans l'interprétation et la classification de symboles. Par exemple, un papillon représenterait une âme torturée, tandis qu'une noix représenterait les liens du mariage. Mais bon, ça fera l'objet d'un futur épisode. Si celui-ci vous a plu, n'hésitez pas à nous laisser un avis ou encore mieux un petit commentaire et à vous abonner pour ne manquer aucun des prochains épisodes. J'en profite pour vous partager une grande nouvelle, nous sommes désormais sur Instagram et TikTok pour vous partager des compléments d'anecdotes au quotidien. On s'y retrouve pour discuter. Merci pour votre écoute et à la semaine prochaine pour de nouvelles anecdotes croustillantes sur l'histoire de l'art et du design.

Description

Et si une œuvre d’art pouvait résoudre un crime oublié depuis des décennies ?
Dans cet épisode de Du Grand Art, on vous raconte l’histoire fascinante de “Collection”, une toile signée Robert Rauschenberg, qui s’est retrouvée mêlée à une série de meurtres non élucidés à New York.

Un détail dans le tableau.
Une piste oubliée.


Et soudain, le monde de l’art bascule dans celui de l’enquête criminelle…

Entre art contemporain, enquête policière et rebondissements dignes d’un thriller, découvrez comment un collage abstrait est devenu une preuve capitale dans une affaire classée depuis longtemps.

Alors…
L’art peut-il vraiment aider à résoudre des crimes ?
Spoiler : vous risquez de ne plus jamais regarder un tableau de la même façon.

Un épisode à ne pas manquer si vous aimez :
• Les histoires vraies à la frontière de l’art et du crime
• Les secrets cachés derrière les chefs-d’œuvre
• Les enquêtes aux allures de roman noir


📢Les anecdotes Du Grand Art vous plaisent ?

Voici 3 façons gratuites et hyper rapides pour nous soutenir :

  • Noter le podcast⭐⭐⭐⭐⭐

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Merci pour votre écoute, et à la semaine prochaine pour une nouvelle anecdote croustillante sur l'histoire de l'Art et du design !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue dans ce nouvel épisode du podcast du Grand Art, le podcast qui s'intéresse aux petites histoires qui ont fait la grande. Si vous aimez l'art classique, vous aurez remarqué que le crime est une sacrée muse. Entre meurtres mythologiques et drames politiques, les artistes n'ont jamais manqué d'inspiration. Mais est-ce que l'inverse est vrai ? Est-ce que l'art peut aider à résoudre un crime ? Je veux dire, l'art souvent sublime un moment. Après tout, on s'émeut devant une nature morte ? mais c'est beaucoup plus difficile devant une simple poire chez Lidl. Dans cette idée, peut-être qu'une œuvre d'art peut offrir un regard nouveau sur un crime et ainsi permettre aux enquêteurs de surmonter un blocage pour pouvoir plus facilement résoudre des affaires complexes. Après tout, les artistes collaborent bien avec la police pour réaliser des portraits robots par exemple. On pourrait donc tout à fait imaginer que des œuvres d'art puissent nous révéler quelques indices. Ça vous intrigue ? Ça tombe bien, c'est l'histoire de notre anecdote du jour quand l'art résout les crimes. Nous sommes en 1998, dans la ville de San Francisco, aux Etats-Unis. C'est le printemps et il règne une lumière dorée dans l'atelier dans lequel travaille Jonathan Katz. Cet historien d'art étudie les œuvres de Robert Rauschenberg et Jasper Jones, deux figures majeures de la scène new-yorkaise pendant la guerre froide. Il sait que ces deux-là étaient amants à une époque où être homosexuel aux Etats-Unis était très difficile. Au programme, discrimination, fichage sur les listes noires et rafle de la police.

  • Speaker #1

    Les homosexuels sont en train de passer l'éternité dans la terre. Si ils voulaient changer, ils pourraient être réveillés de leurs façons d'être.

  • Speaker #0

    Convaincus qu'ils ont dû cacher leur amour, Jonathan traque d'éventuels messages secrets qu'ils auraient, selon lui, dissimulés dans leurs œuvres, comme une sorte de correspondance cryptée à travers leur peinture. D'ailleurs, selon lui, c'est toute la communauté LGBT qui aurait usé de ce stratagème. Alors évidemment, quand un certain Andrew Cooper, jeune homme, tout juste arrivé en ville lui propose de l'aider bénévolement dans ses recherches, Jonathan saute sur le calvion pour résoudre plus vite cette affaire. Dès le départ, Andrew voit que son employeur est particulièrement intrigué par une œuvre précise intitulée Rauschenberg's Collection, réalisée en 1954-1955. Je n'ai rien à voir, mais il aime cette peinture,

  • Speaker #2

    j'y peux rien.

  • Speaker #0

    Je vous invite à regarder l'œuvre sur Google. De prime abord, il s'agit d'une imposante peinture à l'huile sur bois rouge jaune et bleu de 2 mètres par 2,40 mètres. Mais à y regarder de très près, on peut y remarquer de nombreux collages en papier, en bois, des miroirs, des photos ou encore du tissu, et regorgeant de plein de petits détails comme des coupures presse par exemple. Mais il faut vraiment s'en approcher pour remarquer tous ces éléments. De quoi motiver Jonathan bien comme il faut dans ses recherches.

  • Speaker #3

    Après la couleur, on s'en fout un peu. Ou plutôt, c'est plutôt le dessin dont on se... Vous voyez, plus rien ne compte trop. C'est assez géométrique, on pourrait dire.

  • Speaker #0

    Après tout, pourquoi insérer des détails d'apparence aléatoires si petits, si ce n'est pas pour dissimuler quelque chose ? Je pose la question, on ne peut pas poser la question. Andrew l'a bien compris, ce tableau obsède Jonathan. Alors, direction le musée d'art moderne de San Francisco pour récupérer une reproduction au format poster. De retour à l'atelier, loupe en main, il scrute chaque détail, note, griffonne, il seut jusqu'à la nuit tombée. Le lendemain, rebelote. Puis le surlendemain. Et ainsi de suite, pendant six mois. Parfois, Andrew croit tenir un indice. D'autres jours, il s'arrache les cheveux en découvrant un vieux ticket de bus collé sur la toile. Il faut dire que Rauschenberg avait l'habitude de mettre un petit peu n'importe quoi sur ses toiles, comme par exemple des détritus qui trouvaient dans la rue. Un beau matin, Andrew repère un minuscule bout de journal collé sur la toile. À peine lisible, une date. Le 22 août 1954. Rien d'autre. Pourquoi coller cet article ? Est-ce que l'artiste essaye de nous dire quelque chose d'important ?

  • Speaker #2

    Pourquoi vous me posez cette question ? De quel droit ? Depuis le droit. Parce que si vous m'accusez, est-ce que vous m'accusez ? Pas du tout. Alors taisez-vous, ça suffit. Ça suffit maintenant.

  • Speaker #0

    Andrew vérifie. À cette date-là, le New York Times titre son journal « Teenage Killers Identify Body » . Les tueurs d'adolescents identifient le corps. Ah, ça c'est une piste. Andrew se renseigne sur l'affaire, qui s'avère scandaleuse et très glauque. Selon le journal, la ville de New York a vécu l'enfer durant l'été 1954. Une bande d'adolescents sème la panique, commettant des vols, en agressant les femmes dans les parcs et même en commettant des meurtres. Leur portrait est, disons, pour le moins étonnant. Il s'agirait d'un groupe d'adolescents masculins, homosexuels, juifs et néo-nazis qui commettent ces crimes par pur sadisme. Je n'ai pas fait l'école de la police, mais à mon humble avis, ça ressemble tout de même rudement à une affaire bouclée à la va-vite, ça, non ? Malheureusement, la mission de Andrew prend fin. Ce n'est que deux ans plus tard, alors qu'il décide de s'orienter vers une carrière d'historien, qu'Andrew décide de reprendre ses recherches. Il souhaite enquêter plus sérieusement sur cette histoire surnommée le « Gang for Thrials » qui lui paraît suspicieuse. Je vais appeler Internet et leur demander de me faxer les numéros de téléphone de tous. Un beau matin, Ellie Borachow, porte-parole du bureau du médecin légiste en chef de la ville de New York, l'appelle. Elle lui annonce une bonne et une mauvaise nouvelle. La bonne, elle a retrouvé les documents d'autopsie des deux victimes. La mauvaise, les rapports du médecin légiste ne correspondent pas du tout aux rapports officiels. En fait, aucune victime de meurtre n'a été assassinée. Pire encore, il semblerait que quelqu'un ait falsifié le certificat d'une des victimes. Petit à petit, Andrew consolide ces précieux éléments en un dossier légal béton. Il rend visite à Mittman, l'un des condamnés qui vit désormais en Floride et qui lui raconte sa version des faits. Durant l'été 1954, ses amis élus, influencés par le climat macartiste, harcelaient des sans-abri sur les quais. Un soir, une bagarre éclate, un homme chute, se cueille la tête et meurt. Les quatre adolescents se font arrêter. Et la suite est un véritable cliché de la bavure judiciaire. Pendant 40 heures, les accusés sont placés dans des salles d'interrogatoire séparées, sans eau ni nourriture, menacés, et sont poussés aux aveux de façon plutôt musclée. On leur met sur le dos tout un tas de crimes qu'ils n'ont jamais connus, allant du vol à la sauvette jusqu'au viol d'un enfant sur une voie ferrée. Les faits que Mittman rapporte à Andrew viennent compléter le tableau. De retour à New York, il se pose une dernière fois devant son poster du tableau de Rauschenberg. Il découvre un dernier détail qui lui avait échappé toutes ces années. Le mot « plot » était inscrit en dessous du titre d'un journal déchiré.

  • Speaker #2

    « Vu le nettoyant lunettes numéro 1. Testé, il respecte tous les types de verres. » « Oh ! Vu ! Je ne l'avais pas vu ! Et je n'avais pas vu le vaporisateur pour tous les écrans ! » « Qui a vu, verra. Vu ? »

  • Speaker #0

    Il retrouve la une de ce fameux journal pour lire la phrase en entier. « Extortion, plot, nib. » En français, complot d'extortion étouffée. L'artiste avait vu juste. Les adolescents n'avaient tué personne, il s'agissait d'un complot. Alors, est-ce que selon vous, Rauschenberg avait résolu l'enquête mais n'osait pas prendre la parole autrement qu'à travers cette toile ? Ou bien est-ce qu'il s'agit d'une simple coïncidence ? Est-ce que les œuvres d'art peuvent servir de réceptacle à des messages secrets ? En tout cas, depuis des siècles, les artistes usent de symboles dans leurs œuvres pour représenter des idées, des opinions, voire carrément avouer des secrets. Certains historiens se spécialisent d'ailleurs dans l'interprétation et la classification de symboles. Par exemple, un papillon représenterait une âme torturée, tandis qu'une noix représenterait les liens du mariage. Mais bon, ça fera l'objet d'un futur épisode. Si celui-ci vous a plu, n'hésitez pas à nous laisser un avis ou encore mieux un petit commentaire et à vous abonner pour ne manquer aucun des prochains épisodes. J'en profite pour vous partager une grande nouvelle, nous sommes désormais sur Instagram et TikTok pour vous partager des compléments d'anecdotes au quotidien. On s'y retrouve pour discuter. Merci pour votre écoute et à la semaine prochaine pour de nouvelles anecdotes croustillantes sur l'histoire de l'art et du design.

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Et si une œuvre d’art pouvait résoudre un crime oublié depuis des décennies ?
Dans cet épisode de Du Grand Art, on vous raconte l’histoire fascinante de “Collection”, une toile signée Robert Rauschenberg, qui s’est retrouvée mêlée à une série de meurtres non élucidés à New York.

Un détail dans le tableau.
Une piste oubliée.


Et soudain, le monde de l’art bascule dans celui de l’enquête criminelle…

Entre art contemporain, enquête policière et rebondissements dignes d’un thriller, découvrez comment un collage abstrait est devenu une preuve capitale dans une affaire classée depuis longtemps.

Alors…
L’art peut-il vraiment aider à résoudre des crimes ?
Spoiler : vous risquez de ne plus jamais regarder un tableau de la même façon.

Un épisode à ne pas manquer si vous aimez :
• Les histoires vraies à la frontière de l’art et du crime
• Les secrets cachés derrière les chefs-d’œuvre
• Les enquêtes aux allures de roman noir


📢Les anecdotes Du Grand Art vous plaisent ?

Voici 3 façons gratuites et hyper rapides pour nous soutenir :

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Merci pour votre écoute, et à la semaine prochaine pour une nouvelle anecdote croustillante sur l'histoire de l'Art et du design !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue dans ce nouvel épisode du podcast du Grand Art, le podcast qui s'intéresse aux petites histoires qui ont fait la grande. Si vous aimez l'art classique, vous aurez remarqué que le crime est une sacrée muse. Entre meurtres mythologiques et drames politiques, les artistes n'ont jamais manqué d'inspiration. Mais est-ce que l'inverse est vrai ? Est-ce que l'art peut aider à résoudre un crime ? Je veux dire, l'art souvent sublime un moment. Après tout, on s'émeut devant une nature morte ? mais c'est beaucoup plus difficile devant une simple poire chez Lidl. Dans cette idée, peut-être qu'une œuvre d'art peut offrir un regard nouveau sur un crime et ainsi permettre aux enquêteurs de surmonter un blocage pour pouvoir plus facilement résoudre des affaires complexes. Après tout, les artistes collaborent bien avec la police pour réaliser des portraits robots par exemple. On pourrait donc tout à fait imaginer que des œuvres d'art puissent nous révéler quelques indices. Ça vous intrigue ? Ça tombe bien, c'est l'histoire de notre anecdote du jour quand l'art résout les crimes. Nous sommes en 1998, dans la ville de San Francisco, aux Etats-Unis. C'est le printemps et il règne une lumière dorée dans l'atelier dans lequel travaille Jonathan Katz. Cet historien d'art étudie les œuvres de Robert Rauschenberg et Jasper Jones, deux figures majeures de la scène new-yorkaise pendant la guerre froide. Il sait que ces deux-là étaient amants à une époque où être homosexuel aux Etats-Unis était très difficile. Au programme, discrimination, fichage sur les listes noires et rafle de la police.

  • Speaker #1

    Les homosexuels sont en train de passer l'éternité dans la terre. Si ils voulaient changer, ils pourraient être réveillés de leurs façons d'être.

  • Speaker #0

    Convaincus qu'ils ont dû cacher leur amour, Jonathan traque d'éventuels messages secrets qu'ils auraient, selon lui, dissimulés dans leurs œuvres, comme une sorte de correspondance cryptée à travers leur peinture. D'ailleurs, selon lui, c'est toute la communauté LGBT qui aurait usé de ce stratagème. Alors évidemment, quand un certain Andrew Cooper, jeune homme, tout juste arrivé en ville lui propose de l'aider bénévolement dans ses recherches, Jonathan saute sur le calvion pour résoudre plus vite cette affaire. Dès le départ, Andrew voit que son employeur est particulièrement intrigué par une œuvre précise intitulée Rauschenberg's Collection, réalisée en 1954-1955. Je n'ai rien à voir, mais il aime cette peinture,

  • Speaker #2

    j'y peux rien.

  • Speaker #0

    Je vous invite à regarder l'œuvre sur Google. De prime abord, il s'agit d'une imposante peinture à l'huile sur bois rouge jaune et bleu de 2 mètres par 2,40 mètres. Mais à y regarder de très près, on peut y remarquer de nombreux collages en papier, en bois, des miroirs, des photos ou encore du tissu, et regorgeant de plein de petits détails comme des coupures presse par exemple. Mais il faut vraiment s'en approcher pour remarquer tous ces éléments. De quoi motiver Jonathan bien comme il faut dans ses recherches.

  • Speaker #3

    Après la couleur, on s'en fout un peu. Ou plutôt, c'est plutôt le dessin dont on se... Vous voyez, plus rien ne compte trop. C'est assez géométrique, on pourrait dire.

  • Speaker #0

    Après tout, pourquoi insérer des détails d'apparence aléatoires si petits, si ce n'est pas pour dissimuler quelque chose ? Je pose la question, on ne peut pas poser la question. Andrew l'a bien compris, ce tableau obsède Jonathan. Alors, direction le musée d'art moderne de San Francisco pour récupérer une reproduction au format poster. De retour à l'atelier, loupe en main, il scrute chaque détail, note, griffonne, il seut jusqu'à la nuit tombée. Le lendemain, rebelote. Puis le surlendemain. Et ainsi de suite, pendant six mois. Parfois, Andrew croit tenir un indice. D'autres jours, il s'arrache les cheveux en découvrant un vieux ticket de bus collé sur la toile. Il faut dire que Rauschenberg avait l'habitude de mettre un petit peu n'importe quoi sur ses toiles, comme par exemple des détritus qui trouvaient dans la rue. Un beau matin, Andrew repère un minuscule bout de journal collé sur la toile. À peine lisible, une date. Le 22 août 1954. Rien d'autre. Pourquoi coller cet article ? Est-ce que l'artiste essaye de nous dire quelque chose d'important ?

  • Speaker #2

    Pourquoi vous me posez cette question ? De quel droit ? Depuis le droit. Parce que si vous m'accusez, est-ce que vous m'accusez ? Pas du tout. Alors taisez-vous, ça suffit. Ça suffit maintenant.

  • Speaker #0

    Andrew vérifie. À cette date-là, le New York Times titre son journal « Teenage Killers Identify Body » . Les tueurs d'adolescents identifient le corps. Ah, ça c'est une piste. Andrew se renseigne sur l'affaire, qui s'avère scandaleuse et très glauque. Selon le journal, la ville de New York a vécu l'enfer durant l'été 1954. Une bande d'adolescents sème la panique, commettant des vols, en agressant les femmes dans les parcs et même en commettant des meurtres. Leur portrait est, disons, pour le moins étonnant. Il s'agirait d'un groupe d'adolescents masculins, homosexuels, juifs et néo-nazis qui commettent ces crimes par pur sadisme. Je n'ai pas fait l'école de la police, mais à mon humble avis, ça ressemble tout de même rudement à une affaire bouclée à la va-vite, ça, non ? Malheureusement, la mission de Andrew prend fin. Ce n'est que deux ans plus tard, alors qu'il décide de s'orienter vers une carrière d'historien, qu'Andrew décide de reprendre ses recherches. Il souhaite enquêter plus sérieusement sur cette histoire surnommée le « Gang for Thrials » qui lui paraît suspicieuse. Je vais appeler Internet et leur demander de me faxer les numéros de téléphone de tous. Un beau matin, Ellie Borachow, porte-parole du bureau du médecin légiste en chef de la ville de New York, l'appelle. Elle lui annonce une bonne et une mauvaise nouvelle. La bonne, elle a retrouvé les documents d'autopsie des deux victimes. La mauvaise, les rapports du médecin légiste ne correspondent pas du tout aux rapports officiels. En fait, aucune victime de meurtre n'a été assassinée. Pire encore, il semblerait que quelqu'un ait falsifié le certificat d'une des victimes. Petit à petit, Andrew consolide ces précieux éléments en un dossier légal béton. Il rend visite à Mittman, l'un des condamnés qui vit désormais en Floride et qui lui raconte sa version des faits. Durant l'été 1954, ses amis élus, influencés par le climat macartiste, harcelaient des sans-abri sur les quais. Un soir, une bagarre éclate, un homme chute, se cueille la tête et meurt. Les quatre adolescents se font arrêter. Et la suite est un véritable cliché de la bavure judiciaire. Pendant 40 heures, les accusés sont placés dans des salles d'interrogatoire séparées, sans eau ni nourriture, menacés, et sont poussés aux aveux de façon plutôt musclée. On leur met sur le dos tout un tas de crimes qu'ils n'ont jamais connus, allant du vol à la sauvette jusqu'au viol d'un enfant sur une voie ferrée. Les faits que Mittman rapporte à Andrew viennent compléter le tableau. De retour à New York, il se pose une dernière fois devant son poster du tableau de Rauschenberg. Il découvre un dernier détail qui lui avait échappé toutes ces années. Le mot « plot » était inscrit en dessous du titre d'un journal déchiré.

  • Speaker #2

    « Vu le nettoyant lunettes numéro 1. Testé, il respecte tous les types de verres. » « Oh ! Vu ! Je ne l'avais pas vu ! Et je n'avais pas vu le vaporisateur pour tous les écrans ! » « Qui a vu, verra. Vu ? »

  • Speaker #0

    Il retrouve la une de ce fameux journal pour lire la phrase en entier. « Extortion, plot, nib. » En français, complot d'extortion étouffée. L'artiste avait vu juste. Les adolescents n'avaient tué personne, il s'agissait d'un complot. Alors, est-ce que selon vous, Rauschenberg avait résolu l'enquête mais n'osait pas prendre la parole autrement qu'à travers cette toile ? Ou bien est-ce qu'il s'agit d'une simple coïncidence ? Est-ce que les œuvres d'art peuvent servir de réceptacle à des messages secrets ? En tout cas, depuis des siècles, les artistes usent de symboles dans leurs œuvres pour représenter des idées, des opinions, voire carrément avouer des secrets. Certains historiens se spécialisent d'ailleurs dans l'interprétation et la classification de symboles. Par exemple, un papillon représenterait une âme torturée, tandis qu'une noix représenterait les liens du mariage. Mais bon, ça fera l'objet d'un futur épisode. Si celui-ci vous a plu, n'hésitez pas à nous laisser un avis ou encore mieux un petit commentaire et à vous abonner pour ne manquer aucun des prochains épisodes. J'en profite pour vous partager une grande nouvelle, nous sommes désormais sur Instagram et TikTok pour vous partager des compléments d'anecdotes au quotidien. On s'y retrouve pour discuter. Merci pour votre écoute et à la semaine prochaine pour de nouvelles anecdotes croustillantes sur l'histoire de l'art et du design.

Description

Et si une œuvre d’art pouvait résoudre un crime oublié depuis des décennies ?
Dans cet épisode de Du Grand Art, on vous raconte l’histoire fascinante de “Collection”, une toile signée Robert Rauschenberg, qui s’est retrouvée mêlée à une série de meurtres non élucidés à New York.

Un détail dans le tableau.
Une piste oubliée.


Et soudain, le monde de l’art bascule dans celui de l’enquête criminelle…

Entre art contemporain, enquête policière et rebondissements dignes d’un thriller, découvrez comment un collage abstrait est devenu une preuve capitale dans une affaire classée depuis longtemps.

Alors…
L’art peut-il vraiment aider à résoudre des crimes ?
Spoiler : vous risquez de ne plus jamais regarder un tableau de la même façon.

Un épisode à ne pas manquer si vous aimez :
• Les histoires vraies à la frontière de l’art et du crime
• Les secrets cachés derrière les chefs-d’œuvre
• Les enquêtes aux allures de roman noir


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Merci pour votre écoute, et à la semaine prochaine pour une nouvelle anecdote croustillante sur l'histoire de l'Art et du design !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue dans ce nouvel épisode du podcast du Grand Art, le podcast qui s'intéresse aux petites histoires qui ont fait la grande. Si vous aimez l'art classique, vous aurez remarqué que le crime est une sacrée muse. Entre meurtres mythologiques et drames politiques, les artistes n'ont jamais manqué d'inspiration. Mais est-ce que l'inverse est vrai ? Est-ce que l'art peut aider à résoudre un crime ? Je veux dire, l'art souvent sublime un moment. Après tout, on s'émeut devant une nature morte ? mais c'est beaucoup plus difficile devant une simple poire chez Lidl. Dans cette idée, peut-être qu'une œuvre d'art peut offrir un regard nouveau sur un crime et ainsi permettre aux enquêteurs de surmonter un blocage pour pouvoir plus facilement résoudre des affaires complexes. Après tout, les artistes collaborent bien avec la police pour réaliser des portraits robots par exemple. On pourrait donc tout à fait imaginer que des œuvres d'art puissent nous révéler quelques indices. Ça vous intrigue ? Ça tombe bien, c'est l'histoire de notre anecdote du jour quand l'art résout les crimes. Nous sommes en 1998, dans la ville de San Francisco, aux Etats-Unis. C'est le printemps et il règne une lumière dorée dans l'atelier dans lequel travaille Jonathan Katz. Cet historien d'art étudie les œuvres de Robert Rauschenberg et Jasper Jones, deux figures majeures de la scène new-yorkaise pendant la guerre froide. Il sait que ces deux-là étaient amants à une époque où être homosexuel aux Etats-Unis était très difficile. Au programme, discrimination, fichage sur les listes noires et rafle de la police.

  • Speaker #1

    Les homosexuels sont en train de passer l'éternité dans la terre. Si ils voulaient changer, ils pourraient être réveillés de leurs façons d'être.

  • Speaker #0

    Convaincus qu'ils ont dû cacher leur amour, Jonathan traque d'éventuels messages secrets qu'ils auraient, selon lui, dissimulés dans leurs œuvres, comme une sorte de correspondance cryptée à travers leur peinture. D'ailleurs, selon lui, c'est toute la communauté LGBT qui aurait usé de ce stratagème. Alors évidemment, quand un certain Andrew Cooper, jeune homme, tout juste arrivé en ville lui propose de l'aider bénévolement dans ses recherches, Jonathan saute sur le calvion pour résoudre plus vite cette affaire. Dès le départ, Andrew voit que son employeur est particulièrement intrigué par une œuvre précise intitulée Rauschenberg's Collection, réalisée en 1954-1955. Je n'ai rien à voir, mais il aime cette peinture,

  • Speaker #2

    j'y peux rien.

  • Speaker #0

    Je vous invite à regarder l'œuvre sur Google. De prime abord, il s'agit d'une imposante peinture à l'huile sur bois rouge jaune et bleu de 2 mètres par 2,40 mètres. Mais à y regarder de très près, on peut y remarquer de nombreux collages en papier, en bois, des miroirs, des photos ou encore du tissu, et regorgeant de plein de petits détails comme des coupures presse par exemple. Mais il faut vraiment s'en approcher pour remarquer tous ces éléments. De quoi motiver Jonathan bien comme il faut dans ses recherches.

  • Speaker #3

    Après la couleur, on s'en fout un peu. Ou plutôt, c'est plutôt le dessin dont on se... Vous voyez, plus rien ne compte trop. C'est assez géométrique, on pourrait dire.

  • Speaker #0

    Après tout, pourquoi insérer des détails d'apparence aléatoires si petits, si ce n'est pas pour dissimuler quelque chose ? Je pose la question, on ne peut pas poser la question. Andrew l'a bien compris, ce tableau obsède Jonathan. Alors, direction le musée d'art moderne de San Francisco pour récupérer une reproduction au format poster. De retour à l'atelier, loupe en main, il scrute chaque détail, note, griffonne, il seut jusqu'à la nuit tombée. Le lendemain, rebelote. Puis le surlendemain. Et ainsi de suite, pendant six mois. Parfois, Andrew croit tenir un indice. D'autres jours, il s'arrache les cheveux en découvrant un vieux ticket de bus collé sur la toile. Il faut dire que Rauschenberg avait l'habitude de mettre un petit peu n'importe quoi sur ses toiles, comme par exemple des détritus qui trouvaient dans la rue. Un beau matin, Andrew repère un minuscule bout de journal collé sur la toile. À peine lisible, une date. Le 22 août 1954. Rien d'autre. Pourquoi coller cet article ? Est-ce que l'artiste essaye de nous dire quelque chose d'important ?

  • Speaker #2

    Pourquoi vous me posez cette question ? De quel droit ? Depuis le droit. Parce que si vous m'accusez, est-ce que vous m'accusez ? Pas du tout. Alors taisez-vous, ça suffit. Ça suffit maintenant.

  • Speaker #0

    Andrew vérifie. À cette date-là, le New York Times titre son journal « Teenage Killers Identify Body » . Les tueurs d'adolescents identifient le corps. Ah, ça c'est une piste. Andrew se renseigne sur l'affaire, qui s'avère scandaleuse et très glauque. Selon le journal, la ville de New York a vécu l'enfer durant l'été 1954. Une bande d'adolescents sème la panique, commettant des vols, en agressant les femmes dans les parcs et même en commettant des meurtres. Leur portrait est, disons, pour le moins étonnant. Il s'agirait d'un groupe d'adolescents masculins, homosexuels, juifs et néo-nazis qui commettent ces crimes par pur sadisme. Je n'ai pas fait l'école de la police, mais à mon humble avis, ça ressemble tout de même rudement à une affaire bouclée à la va-vite, ça, non ? Malheureusement, la mission de Andrew prend fin. Ce n'est que deux ans plus tard, alors qu'il décide de s'orienter vers une carrière d'historien, qu'Andrew décide de reprendre ses recherches. Il souhaite enquêter plus sérieusement sur cette histoire surnommée le « Gang for Thrials » qui lui paraît suspicieuse. Je vais appeler Internet et leur demander de me faxer les numéros de téléphone de tous. Un beau matin, Ellie Borachow, porte-parole du bureau du médecin légiste en chef de la ville de New York, l'appelle. Elle lui annonce une bonne et une mauvaise nouvelle. La bonne, elle a retrouvé les documents d'autopsie des deux victimes. La mauvaise, les rapports du médecin légiste ne correspondent pas du tout aux rapports officiels. En fait, aucune victime de meurtre n'a été assassinée. Pire encore, il semblerait que quelqu'un ait falsifié le certificat d'une des victimes. Petit à petit, Andrew consolide ces précieux éléments en un dossier légal béton. Il rend visite à Mittman, l'un des condamnés qui vit désormais en Floride et qui lui raconte sa version des faits. Durant l'été 1954, ses amis élus, influencés par le climat macartiste, harcelaient des sans-abri sur les quais. Un soir, une bagarre éclate, un homme chute, se cueille la tête et meurt. Les quatre adolescents se font arrêter. Et la suite est un véritable cliché de la bavure judiciaire. Pendant 40 heures, les accusés sont placés dans des salles d'interrogatoire séparées, sans eau ni nourriture, menacés, et sont poussés aux aveux de façon plutôt musclée. On leur met sur le dos tout un tas de crimes qu'ils n'ont jamais connus, allant du vol à la sauvette jusqu'au viol d'un enfant sur une voie ferrée. Les faits que Mittman rapporte à Andrew viennent compléter le tableau. De retour à New York, il se pose une dernière fois devant son poster du tableau de Rauschenberg. Il découvre un dernier détail qui lui avait échappé toutes ces années. Le mot « plot » était inscrit en dessous du titre d'un journal déchiré.

  • Speaker #2

    « Vu le nettoyant lunettes numéro 1. Testé, il respecte tous les types de verres. » « Oh ! Vu ! Je ne l'avais pas vu ! Et je n'avais pas vu le vaporisateur pour tous les écrans ! » « Qui a vu, verra. Vu ? »

  • Speaker #0

    Il retrouve la une de ce fameux journal pour lire la phrase en entier. « Extortion, plot, nib. » En français, complot d'extortion étouffée. L'artiste avait vu juste. Les adolescents n'avaient tué personne, il s'agissait d'un complot. Alors, est-ce que selon vous, Rauschenberg avait résolu l'enquête mais n'osait pas prendre la parole autrement qu'à travers cette toile ? Ou bien est-ce qu'il s'agit d'une simple coïncidence ? Est-ce que les œuvres d'art peuvent servir de réceptacle à des messages secrets ? En tout cas, depuis des siècles, les artistes usent de symboles dans leurs œuvres pour représenter des idées, des opinions, voire carrément avouer des secrets. Certains historiens se spécialisent d'ailleurs dans l'interprétation et la classification de symboles. Par exemple, un papillon représenterait une âme torturée, tandis qu'une noix représenterait les liens du mariage. Mais bon, ça fera l'objet d'un futur épisode. Si celui-ci vous a plu, n'hésitez pas à nous laisser un avis ou encore mieux un petit commentaire et à vous abonner pour ne manquer aucun des prochains épisodes. J'en profite pour vous partager une grande nouvelle, nous sommes désormais sur Instagram et TikTok pour vous partager des compléments d'anecdotes au quotidien. On s'y retrouve pour discuter. Merci pour votre écoute et à la semaine prochaine pour de nouvelles anecdotes croustillantes sur l'histoire de l'art et du design.

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