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Peut-on peindre pour se souvenir ? L'Art contre Alzheimer cover
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Du Grand Art

Peut-on peindre pour se souvenir ? L'Art contre Alzheimer

Peut-on peindre pour se souvenir ? L'Art contre Alzheimer

09min |28/04/2025
Play
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Peut-on peindre pour se souvenir ? L'Art contre Alzheimer

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09min |28/04/2025
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Description

🎹 Et si la crĂ©ation permettait de ne jamais vraiment disparaĂźtre ?
Dans ce nouvel Ă©pisode du podcast Du Grand Art, on plonge au cƓur d’une histoire bouleversante : celle d’une artiste, d’un combat invisible, et du pouvoir inattendu de l’art.

C’est une histoire de mĂ©moire.
De celle qui s’efface doucement.
Et de celle que l’on cherche Ă  retenir, coĂ»te que coĂ»te.

Dans un monde oĂč tout va vite, oĂč l’on archive, scrolle et oublie en quelques secondes, peut-on encore prĂ©server ce qui nous rend profondĂ©ment vivants ? Est-il possible de capturer l’essence d’un instant
 avant qu’il ne s’efface ?

Entre pinceaux, souvenirs et transmissions, ce rĂ©cit explore le lien mystĂ©rieux entre la crĂ©ation artistique et notre capacitĂ© Ă  rester prĂ©sents — Ă  nous-mĂȘmes et aux autres.
Il questionne ce qui fait la beautĂ© d’un souvenir.
Et pourquoi certaines images, certains gestes, certaines couleurs, rĂ©sistent Ă  l’oubli.

Un épisode intime, sensible et profondément humain.
À Ă©couter au calme, casque sur les oreilles, cƓur ouvert.


📱Les anecdotes Du Grand Art vous plaisent ?

Voici 3 façons gratuites et hyper rapides pour nous soutenir :

  • Noter le podcast⭐⭐⭐⭐⭐

  • Laisser un commentaire💬

  • Le partager autour de vous đŸ—Łïž



Merci pour votre écoute, et à la semaine prochaine pour une nouvelle anecdote croustillante sur l'histoire de l'Art et du design !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue dans ce nouvel Ă©pisode du podcast du Grand Art, le podcast qui s'intĂ©resse aux petites histoires qui ont fait la grande. Aujourd'hui, j'aimerais vous proposer un Ă©pisode sur la mĂ©moire. Pas la mĂ©moire des dates d'histoire de l'art ou la mĂ©moire des noms de tableaux. Non, je veux parler ici de la mĂ©moire que l'art peut prĂ©server. Car oui, nous n'allons pas revivre un scandale ou la crĂ©ation d'un courant artistique. Nous allons dĂ©couvrir l'incroyable histoire d'un pinceau, d'une femme et d'un combat contre la maladie. Vous ne la connaissez peut-ĂȘtre pas encore, mais croyez-moi, vous ne l'oublierez jamais. Ça vous intrigue ? Ça tombe bien, c'est l'histoire de notre anecdote du jour, peindre pour se souvenir, l'art contre Alzheimer. Nous sommes en 1905 dans la ville de MontrĂ©al au QuĂ©bec, Canada. Un lĂ©ger vent hivernal souffle doucement sur les vitres d'un petit appartement dans lequel vivent deux jeunes parents et leur toute petite fille, qui vient Ă  peine de naĂźtre, Hilda Goldblatt-Gorenstein. On l'appellera Hilda. DerriĂšre ses minuscules mains et son petit sourire angĂ©lique, personne ne se doute qu'elle deviendra dans quelques annĂ©es... l'une des premiĂšres femmes diplĂŽmĂ©es de l'Ă©cole des beaux-arts de Chicago. Ni mĂȘme qu'elle peindra plus de 1500 toiles, ni qu'elle deviendra un symbole mondial de l'art comme remĂšde Ă  la maladie. Non, en fait, pour comprendre tout ça, il nous faut remonter le fil de sa mĂ©moire. Avance rapide, s'il vous plaĂźt. Nous voici quelques annĂ©es plus tard Ă  Portland, dans l'Oregon, aux USA. C'est ici que Hilda et sa famille se sont installĂ©es et lĂ  oĂč elle passe son enfance. TrĂšs tĂŽt, elle montre un goĂ»t prononcĂ© pour la peinture. Elle commence Ă  peindre ses premiĂšres toiles, qu'elle signe Il Gosse. À travers ce pseudonyme androgyne, elle espĂšre s'Ă©viter les nombreux obstacles auxquels les femmes doivent alors faire face dans le monde de l'art. J'essayais de vivre un fĂ©minisme joyeux, mais en fait j'Ă©tais trĂšs en colĂšre. Car oui, Hilda le sait, quand elle sera grande, elle sera artiste. PS, follow your dreams. Jeune adulte, elle rejoint les bancs de la prestigieuse School of the Art Institute of Chicago, oĂč elle s'imprĂšgne de tout le savoir qui se trouve Ă  sa disposition. En plus d'ĂȘtre studieuse, Hilda est une artiste prolifique, toujours un pinceau Ă  la main. AprĂšs ses Ă©tudes, dans les annĂ©es 1930, son style commence Ă  s'affirmer. Elle se passionne pour la beautĂ© de la mer, qu'elle restitue dans des paysages marins d'une grande puissance. Petit Ă  petit, sa maĂźtrise technique et sa vision artistique la font connaĂźtre et elle se voit confier d'importantes missions. Elle est sĂ©lectionnĂ©e par la US Navy pour rĂ©aliser 12 peintures murales retraçant l'histoire de la marine amĂ©ricaine pour une exposition universelle se tenant dans la ville de Chicago. Et en plus de ce projet colossal, Hilda multiplie les projets. Elle peint, peint, peint, encore et toujours. C'est simple, elle a... toujours un pinceau Ă  la main. Peu importe le mĂ©dium d'ailleurs, rien ne semble l'arrĂȘter. Elle fait des huiles, des aquarelles, de l'acrylique, des dessins et mĂȘme des sculptures. Elle expose dans plusieurs villes Ă  travers les Etats-Unis, dont Chicago et New York City, et participe Ă  des salons. En parallĂšle de tout ce travail de crĂ©ation, Hilda prend soin de transmettre son savoir et partager la passion qui l'anime. Elle enseigne l'art Ă  de nombreux Ă©tudiants tout au long de sa carriĂšre. Les annĂ©es passent et les Ɠuvres s'accumulent. Ta maison est un vĂ©ritable petit atelier, rempli de toiles plus Ă©proustouflantes les unes que les autres. On y trouve des tableaux, des esquisses, des pigments, des souvenirs artistiques. Chaque jour qui passe est l'occasion de crĂ©er une nouvelle Ɠuvre pour tĂ©moigner de la beautĂ© du monde. Et ce, pendant 70 ans. Et puis un matin, Hilda se rĂ©veille. et ne se souvient plus du nom de sa couleur prĂ©fĂ©rĂ©e. Un autre jour, elle ne se rappelle plus comment mĂ©langer ses bleus. Rapidement, ce ne sont plus seulement les couleurs que Hilda oublie. Ce sont les dates, ce sont les lieux, ce sont les visages des gens qu'elle aime. Les mĂ©decins annoncent Ă  Hilda qu'elle souffre de la maladie d'Alzheimer. une maladie incurable lui dit-on qui la coupera cruellement du monde et des autres petit Ă  petit hilda rentre chez elle le coeur lourd perdu dans ces pensĂ©es qui dĂ©sormais s'entrechoquent et ne semblent plus avoir de sens Que reste-t-il Ă  faire quand tout espoir est perdu ? Il dasse Ă  sier, baisse la tĂȘte, s'empare d'un pinceau et dĂ©pose une touche de peinture sur sa toile. Soudain, les souvenirs lui reviennent comme par magie. S'agirait-il d'un miracle ? Elle revit tout. Les couleurs, la lumiĂšre, les paysages, la mer, le sourire de sa fille. C'est comme si peindre lui permettait d'arracher des fragments de souvenirs au destin qui essaye de les effacer. Ses proches n'en reviennent pas. Hilda s'Ă©teint lentement, mais devant une toile, ses yeux recommencent Ă  briller. Quelque chose renaĂźt, quelque chose rĂ©siste. Alors, doucement, une chaĂźne humaine commence Ă  se former autour d'elle. Les Ă©tudiants de l'Art Institute of Chicago, informĂ©s de son Ă©tat, dĂ©cident de lui tendre la main. Unis par l'admiration et le respect, ils s'organisent et se relaient, semaine aprĂšs semaine, pour peindre avec elle. Non pas pour la ramener en arriĂšre, mais pour lui offrir un prĂ©sent oĂč elle peut encore exister, une forme d'hommage, une façon de lui dire Merci. Tu nous as transmis ton art. Laisse-nous maintenant t'aider Ă  ne pas l'oublier. » Petit Ă  petit, Hilda recommence Ă  s'ouvrir et Ă  retrouver l'envie de peindre. Elle rĂ©cupĂšre mĂȘme certaines facultĂ©s qu'on pensait perdues pour toujours. Lors d'un atelier, elle dĂ©clare « Je me souviens mieux quand je peins, mais l'art ne l'a pas sauvĂ©e. » Hilda Goldblatt-Korenstein s'est Ă©teinte en 1998. Elle laisse derriĂšre elle une empreinte indĂ©lĂ©bile. Plus de 1500 Ɠuvres, une mĂ©thode et une intuition devenues certitudes pour la recherche. L'art peut ralentir les effets de la maladie. Mieux encore, il rĂ©active des zones du cerveau que la parole ou les souvenirs conscients n'atteignent plus. Hilda est partie il y a presque 30 ans maintenant, mais elle ne nous a pas quittĂ©s. Plusieurs initiatives ont permis de faire avancer la recherche. et rendre accessible l'art-thĂ©rapie. Un documentaire, I Remember Better When I Paint, lui est consacrĂ©, dont une version française a Ă©galement vu le jour. Sa fille Berna a créé la fondation Ilgos, qui Ɠuvre pour faire connaĂźtre des bienfaits de l'art dans l'accompagnement des personnes atteintes d'Alzheimer. Le Art Institute of Chicago, en partenariat avec la fondation, a créé le prix Ilgos. qui rĂ©compense chaque annĂ©e les projets artistiques ayant pour objectif d'impliquer les personnes atteintes de troubles de la mĂ©moire. Mais alors, que retenir de cette histoire ? Albert Camus disait « CrĂ©er, c'est vivre deux fois » . Et si c'Ă©tait ça, l'art au fond ? Une tentative de retenir ce qui glisse ? De figer un instant ? De dire « ça, ça a comptĂ© » . Peut-ĂȘtre que deux yeux ne suffisent pas pour embrasser toute la beautĂ© d'un souvenir. Alors on peint, on sculpte, on photographie. On essaye de mettre en couleur ce que le cƓur, lui, ne voudrait jamais oublier. Et vous, si vous pouviez garder un instant pour toujours, juste un, lequel choisiriez-vous ? J'espĂšre que cet Ă©pisode vous aura donnĂ© envie d'immortaliser ces instants qu'on croit ordinaires, mais qui, en rĂ©alitĂ©, sont les plus prĂ©cieux. Si cet Ă©pisode vous a touchĂ©, n'hĂ©sitez pas Ă  le partager et Ă  parler autour de vous de l'art comme d'un soin. Je vous dis Ă  la semaine prochaine pour de nouvelles histoires d'art et d'humanitĂ©.

Chapters

  • Introduction

    00:00

  • Anecdote de la semaine

    00:53

  • Conclusion

    07:49

Description

🎹 Et si la crĂ©ation permettait de ne jamais vraiment disparaĂźtre ?
Dans ce nouvel Ă©pisode du podcast Du Grand Art, on plonge au cƓur d’une histoire bouleversante : celle d’une artiste, d’un combat invisible, et du pouvoir inattendu de l’art.

C’est une histoire de mĂ©moire.
De celle qui s’efface doucement.
Et de celle que l’on cherche Ă  retenir, coĂ»te que coĂ»te.

Dans un monde oĂč tout va vite, oĂč l’on archive, scrolle et oublie en quelques secondes, peut-on encore prĂ©server ce qui nous rend profondĂ©ment vivants ? Est-il possible de capturer l’essence d’un instant
 avant qu’il ne s’efface ?

Entre pinceaux, souvenirs et transmissions, ce rĂ©cit explore le lien mystĂ©rieux entre la crĂ©ation artistique et notre capacitĂ© Ă  rester prĂ©sents — Ă  nous-mĂȘmes et aux autres.
Il questionne ce qui fait la beautĂ© d’un souvenir.
Et pourquoi certaines images, certains gestes, certaines couleurs, rĂ©sistent Ă  l’oubli.

Un épisode intime, sensible et profondément humain.
À Ă©couter au calme, casque sur les oreilles, cƓur ouvert.


📱Les anecdotes Du Grand Art vous plaisent ?

Voici 3 façons gratuites et hyper rapides pour nous soutenir :

  • Noter le podcast⭐⭐⭐⭐⭐

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Merci pour votre écoute, et à la semaine prochaine pour une nouvelle anecdote croustillante sur l'histoire de l'Art et du design !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue dans ce nouvel Ă©pisode du podcast du Grand Art, le podcast qui s'intĂ©resse aux petites histoires qui ont fait la grande. Aujourd'hui, j'aimerais vous proposer un Ă©pisode sur la mĂ©moire. Pas la mĂ©moire des dates d'histoire de l'art ou la mĂ©moire des noms de tableaux. Non, je veux parler ici de la mĂ©moire que l'art peut prĂ©server. Car oui, nous n'allons pas revivre un scandale ou la crĂ©ation d'un courant artistique. Nous allons dĂ©couvrir l'incroyable histoire d'un pinceau, d'une femme et d'un combat contre la maladie. Vous ne la connaissez peut-ĂȘtre pas encore, mais croyez-moi, vous ne l'oublierez jamais. Ça vous intrigue ? Ça tombe bien, c'est l'histoire de notre anecdote du jour, peindre pour se souvenir, l'art contre Alzheimer. Nous sommes en 1905 dans la ville de MontrĂ©al au QuĂ©bec, Canada. Un lĂ©ger vent hivernal souffle doucement sur les vitres d'un petit appartement dans lequel vivent deux jeunes parents et leur toute petite fille, qui vient Ă  peine de naĂźtre, Hilda Goldblatt-Gorenstein. On l'appellera Hilda. DerriĂšre ses minuscules mains et son petit sourire angĂ©lique, personne ne se doute qu'elle deviendra dans quelques annĂ©es... l'une des premiĂšres femmes diplĂŽmĂ©es de l'Ă©cole des beaux-arts de Chicago. Ni mĂȘme qu'elle peindra plus de 1500 toiles, ni qu'elle deviendra un symbole mondial de l'art comme remĂšde Ă  la maladie. Non, en fait, pour comprendre tout ça, il nous faut remonter le fil de sa mĂ©moire. Avance rapide, s'il vous plaĂźt. Nous voici quelques annĂ©es plus tard Ă  Portland, dans l'Oregon, aux USA. C'est ici que Hilda et sa famille se sont installĂ©es et lĂ  oĂč elle passe son enfance. TrĂšs tĂŽt, elle montre un goĂ»t prononcĂ© pour la peinture. Elle commence Ă  peindre ses premiĂšres toiles, qu'elle signe Il Gosse. À travers ce pseudonyme androgyne, elle espĂšre s'Ă©viter les nombreux obstacles auxquels les femmes doivent alors faire face dans le monde de l'art. J'essayais de vivre un fĂ©minisme joyeux, mais en fait j'Ă©tais trĂšs en colĂšre. Car oui, Hilda le sait, quand elle sera grande, elle sera artiste. PS, follow your dreams. Jeune adulte, elle rejoint les bancs de la prestigieuse School of the Art Institute of Chicago, oĂč elle s'imprĂšgne de tout le savoir qui se trouve Ă  sa disposition. En plus d'ĂȘtre studieuse, Hilda est une artiste prolifique, toujours un pinceau Ă  la main. AprĂšs ses Ă©tudes, dans les annĂ©es 1930, son style commence Ă  s'affirmer. Elle se passionne pour la beautĂ© de la mer, qu'elle restitue dans des paysages marins d'une grande puissance. Petit Ă  petit, sa maĂźtrise technique et sa vision artistique la font connaĂźtre et elle se voit confier d'importantes missions. Elle est sĂ©lectionnĂ©e par la US Navy pour rĂ©aliser 12 peintures murales retraçant l'histoire de la marine amĂ©ricaine pour une exposition universelle se tenant dans la ville de Chicago. Et en plus de ce projet colossal, Hilda multiplie les projets. Elle peint, peint, peint, encore et toujours. C'est simple, elle a... toujours un pinceau Ă  la main. Peu importe le mĂ©dium d'ailleurs, rien ne semble l'arrĂȘter. Elle fait des huiles, des aquarelles, de l'acrylique, des dessins et mĂȘme des sculptures. Elle expose dans plusieurs villes Ă  travers les Etats-Unis, dont Chicago et New York City, et participe Ă  des salons. En parallĂšle de tout ce travail de crĂ©ation, Hilda prend soin de transmettre son savoir et partager la passion qui l'anime. Elle enseigne l'art Ă  de nombreux Ă©tudiants tout au long de sa carriĂšre. Les annĂ©es passent et les Ɠuvres s'accumulent. Ta maison est un vĂ©ritable petit atelier, rempli de toiles plus Ă©proustouflantes les unes que les autres. On y trouve des tableaux, des esquisses, des pigments, des souvenirs artistiques. Chaque jour qui passe est l'occasion de crĂ©er une nouvelle Ɠuvre pour tĂ©moigner de la beautĂ© du monde. Et ce, pendant 70 ans. Et puis un matin, Hilda se rĂ©veille. et ne se souvient plus du nom de sa couleur prĂ©fĂ©rĂ©e. Un autre jour, elle ne se rappelle plus comment mĂ©langer ses bleus. Rapidement, ce ne sont plus seulement les couleurs que Hilda oublie. Ce sont les dates, ce sont les lieux, ce sont les visages des gens qu'elle aime. Les mĂ©decins annoncent Ă  Hilda qu'elle souffre de la maladie d'Alzheimer. une maladie incurable lui dit-on qui la coupera cruellement du monde et des autres petit Ă  petit hilda rentre chez elle le coeur lourd perdu dans ces pensĂ©es qui dĂ©sormais s'entrechoquent et ne semblent plus avoir de sens Que reste-t-il Ă  faire quand tout espoir est perdu ? Il dasse Ă  sier, baisse la tĂȘte, s'empare d'un pinceau et dĂ©pose une touche de peinture sur sa toile. Soudain, les souvenirs lui reviennent comme par magie. S'agirait-il d'un miracle ? Elle revit tout. Les couleurs, la lumiĂšre, les paysages, la mer, le sourire de sa fille. C'est comme si peindre lui permettait d'arracher des fragments de souvenirs au destin qui essaye de les effacer. Ses proches n'en reviennent pas. Hilda s'Ă©teint lentement, mais devant une toile, ses yeux recommencent Ă  briller. Quelque chose renaĂźt, quelque chose rĂ©siste. Alors, doucement, une chaĂźne humaine commence Ă  se former autour d'elle. Les Ă©tudiants de l'Art Institute of Chicago, informĂ©s de son Ă©tat, dĂ©cident de lui tendre la main. Unis par l'admiration et le respect, ils s'organisent et se relaient, semaine aprĂšs semaine, pour peindre avec elle. Non pas pour la ramener en arriĂšre, mais pour lui offrir un prĂ©sent oĂč elle peut encore exister, une forme d'hommage, une façon de lui dire Merci. Tu nous as transmis ton art. Laisse-nous maintenant t'aider Ă  ne pas l'oublier. » Petit Ă  petit, Hilda recommence Ă  s'ouvrir et Ă  retrouver l'envie de peindre. Elle rĂ©cupĂšre mĂȘme certaines facultĂ©s qu'on pensait perdues pour toujours. Lors d'un atelier, elle dĂ©clare « Je me souviens mieux quand je peins, mais l'art ne l'a pas sauvĂ©e. » Hilda Goldblatt-Korenstein s'est Ă©teinte en 1998. Elle laisse derriĂšre elle une empreinte indĂ©lĂ©bile. Plus de 1500 Ɠuvres, une mĂ©thode et une intuition devenues certitudes pour la recherche. L'art peut ralentir les effets de la maladie. Mieux encore, il rĂ©active des zones du cerveau que la parole ou les souvenirs conscients n'atteignent plus. Hilda est partie il y a presque 30 ans maintenant, mais elle ne nous a pas quittĂ©s. Plusieurs initiatives ont permis de faire avancer la recherche. et rendre accessible l'art-thĂ©rapie. Un documentaire, I Remember Better When I Paint, lui est consacrĂ©, dont une version française a Ă©galement vu le jour. Sa fille Berna a créé la fondation Ilgos, qui Ɠuvre pour faire connaĂźtre des bienfaits de l'art dans l'accompagnement des personnes atteintes d'Alzheimer. Le Art Institute of Chicago, en partenariat avec la fondation, a créé le prix Ilgos. qui rĂ©compense chaque annĂ©e les projets artistiques ayant pour objectif d'impliquer les personnes atteintes de troubles de la mĂ©moire. Mais alors, que retenir de cette histoire ? Albert Camus disait « CrĂ©er, c'est vivre deux fois » . Et si c'Ă©tait ça, l'art au fond ? Une tentative de retenir ce qui glisse ? De figer un instant ? De dire « ça, ça a comptĂ© » . Peut-ĂȘtre que deux yeux ne suffisent pas pour embrasser toute la beautĂ© d'un souvenir. Alors on peint, on sculpte, on photographie. On essaye de mettre en couleur ce que le cƓur, lui, ne voudrait jamais oublier. Et vous, si vous pouviez garder un instant pour toujours, juste un, lequel choisiriez-vous ? J'espĂšre que cet Ă©pisode vous aura donnĂ© envie d'immortaliser ces instants qu'on croit ordinaires, mais qui, en rĂ©alitĂ©, sont les plus prĂ©cieux. Si cet Ă©pisode vous a touchĂ©, n'hĂ©sitez pas Ă  le partager et Ă  parler autour de vous de l'art comme d'un soin. Je vous dis Ă  la semaine prochaine pour de nouvelles histoires d'art et d'humanitĂ©.

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  • Introduction

    00:00

  • Anecdote de la semaine

    00:53

  • Conclusion

    07:49

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🎹 Et si la crĂ©ation permettait de ne jamais vraiment disparaĂźtre ?
Dans ce nouvel Ă©pisode du podcast Du Grand Art, on plonge au cƓur d’une histoire bouleversante : celle d’une artiste, d’un combat invisible, et du pouvoir inattendu de l’art.

C’est une histoire de mĂ©moire.
De celle qui s’efface doucement.
Et de celle que l’on cherche Ă  retenir, coĂ»te que coĂ»te.

Dans un monde oĂč tout va vite, oĂč l’on archive, scrolle et oublie en quelques secondes, peut-on encore prĂ©server ce qui nous rend profondĂ©ment vivants ? Est-il possible de capturer l’essence d’un instant
 avant qu’il ne s’efface ?

Entre pinceaux, souvenirs et transmissions, ce rĂ©cit explore le lien mystĂ©rieux entre la crĂ©ation artistique et notre capacitĂ© Ă  rester prĂ©sents — Ă  nous-mĂȘmes et aux autres.
Il questionne ce qui fait la beautĂ© d’un souvenir.
Et pourquoi certaines images, certains gestes, certaines couleurs, rĂ©sistent Ă  l’oubli.

Un épisode intime, sensible et profondément humain.
À Ă©couter au calme, casque sur les oreilles, cƓur ouvert.


📱Les anecdotes Du Grand Art vous plaisent ?

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Merci pour votre écoute, et à la semaine prochaine pour une nouvelle anecdote croustillante sur l'histoire de l'Art et du design !


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  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue dans ce nouvel Ă©pisode du podcast du Grand Art, le podcast qui s'intĂ©resse aux petites histoires qui ont fait la grande. Aujourd'hui, j'aimerais vous proposer un Ă©pisode sur la mĂ©moire. Pas la mĂ©moire des dates d'histoire de l'art ou la mĂ©moire des noms de tableaux. Non, je veux parler ici de la mĂ©moire que l'art peut prĂ©server. Car oui, nous n'allons pas revivre un scandale ou la crĂ©ation d'un courant artistique. Nous allons dĂ©couvrir l'incroyable histoire d'un pinceau, d'une femme et d'un combat contre la maladie. Vous ne la connaissez peut-ĂȘtre pas encore, mais croyez-moi, vous ne l'oublierez jamais. Ça vous intrigue ? Ça tombe bien, c'est l'histoire de notre anecdote du jour, peindre pour se souvenir, l'art contre Alzheimer. Nous sommes en 1905 dans la ville de MontrĂ©al au QuĂ©bec, Canada. Un lĂ©ger vent hivernal souffle doucement sur les vitres d'un petit appartement dans lequel vivent deux jeunes parents et leur toute petite fille, qui vient Ă  peine de naĂźtre, Hilda Goldblatt-Gorenstein. On l'appellera Hilda. DerriĂšre ses minuscules mains et son petit sourire angĂ©lique, personne ne se doute qu'elle deviendra dans quelques annĂ©es... l'une des premiĂšres femmes diplĂŽmĂ©es de l'Ă©cole des beaux-arts de Chicago. Ni mĂȘme qu'elle peindra plus de 1500 toiles, ni qu'elle deviendra un symbole mondial de l'art comme remĂšde Ă  la maladie. Non, en fait, pour comprendre tout ça, il nous faut remonter le fil de sa mĂ©moire. Avance rapide, s'il vous plaĂźt. Nous voici quelques annĂ©es plus tard Ă  Portland, dans l'Oregon, aux USA. C'est ici que Hilda et sa famille se sont installĂ©es et lĂ  oĂč elle passe son enfance. TrĂšs tĂŽt, elle montre un goĂ»t prononcĂ© pour la peinture. Elle commence Ă  peindre ses premiĂšres toiles, qu'elle signe Il Gosse. À travers ce pseudonyme androgyne, elle espĂšre s'Ă©viter les nombreux obstacles auxquels les femmes doivent alors faire face dans le monde de l'art. J'essayais de vivre un fĂ©minisme joyeux, mais en fait j'Ă©tais trĂšs en colĂšre. Car oui, Hilda le sait, quand elle sera grande, elle sera artiste. PS, follow your dreams. Jeune adulte, elle rejoint les bancs de la prestigieuse School of the Art Institute of Chicago, oĂč elle s'imprĂšgne de tout le savoir qui se trouve Ă  sa disposition. En plus d'ĂȘtre studieuse, Hilda est une artiste prolifique, toujours un pinceau Ă  la main. AprĂšs ses Ă©tudes, dans les annĂ©es 1930, son style commence Ă  s'affirmer. Elle se passionne pour la beautĂ© de la mer, qu'elle restitue dans des paysages marins d'une grande puissance. Petit Ă  petit, sa maĂźtrise technique et sa vision artistique la font connaĂźtre et elle se voit confier d'importantes missions. Elle est sĂ©lectionnĂ©e par la US Navy pour rĂ©aliser 12 peintures murales retraçant l'histoire de la marine amĂ©ricaine pour une exposition universelle se tenant dans la ville de Chicago. Et en plus de ce projet colossal, Hilda multiplie les projets. Elle peint, peint, peint, encore et toujours. C'est simple, elle a... toujours un pinceau Ă  la main. Peu importe le mĂ©dium d'ailleurs, rien ne semble l'arrĂȘter. Elle fait des huiles, des aquarelles, de l'acrylique, des dessins et mĂȘme des sculptures. Elle expose dans plusieurs villes Ă  travers les Etats-Unis, dont Chicago et New York City, et participe Ă  des salons. En parallĂšle de tout ce travail de crĂ©ation, Hilda prend soin de transmettre son savoir et partager la passion qui l'anime. Elle enseigne l'art Ă  de nombreux Ă©tudiants tout au long de sa carriĂšre. Les annĂ©es passent et les Ɠuvres s'accumulent. Ta maison est un vĂ©ritable petit atelier, rempli de toiles plus Ă©proustouflantes les unes que les autres. On y trouve des tableaux, des esquisses, des pigments, des souvenirs artistiques. Chaque jour qui passe est l'occasion de crĂ©er une nouvelle Ɠuvre pour tĂ©moigner de la beautĂ© du monde. Et ce, pendant 70 ans. Et puis un matin, Hilda se rĂ©veille. et ne se souvient plus du nom de sa couleur prĂ©fĂ©rĂ©e. Un autre jour, elle ne se rappelle plus comment mĂ©langer ses bleus. Rapidement, ce ne sont plus seulement les couleurs que Hilda oublie. Ce sont les dates, ce sont les lieux, ce sont les visages des gens qu'elle aime. Les mĂ©decins annoncent Ă  Hilda qu'elle souffre de la maladie d'Alzheimer. une maladie incurable lui dit-on qui la coupera cruellement du monde et des autres petit Ă  petit hilda rentre chez elle le coeur lourd perdu dans ces pensĂ©es qui dĂ©sormais s'entrechoquent et ne semblent plus avoir de sens Que reste-t-il Ă  faire quand tout espoir est perdu ? Il dasse Ă  sier, baisse la tĂȘte, s'empare d'un pinceau et dĂ©pose une touche de peinture sur sa toile. Soudain, les souvenirs lui reviennent comme par magie. S'agirait-il d'un miracle ? Elle revit tout. Les couleurs, la lumiĂšre, les paysages, la mer, le sourire de sa fille. C'est comme si peindre lui permettait d'arracher des fragments de souvenirs au destin qui essaye de les effacer. Ses proches n'en reviennent pas. Hilda s'Ă©teint lentement, mais devant une toile, ses yeux recommencent Ă  briller. Quelque chose renaĂźt, quelque chose rĂ©siste. Alors, doucement, une chaĂźne humaine commence Ă  se former autour d'elle. Les Ă©tudiants de l'Art Institute of Chicago, informĂ©s de son Ă©tat, dĂ©cident de lui tendre la main. Unis par l'admiration et le respect, ils s'organisent et se relaient, semaine aprĂšs semaine, pour peindre avec elle. Non pas pour la ramener en arriĂšre, mais pour lui offrir un prĂ©sent oĂč elle peut encore exister, une forme d'hommage, une façon de lui dire Merci. Tu nous as transmis ton art. Laisse-nous maintenant t'aider Ă  ne pas l'oublier. » Petit Ă  petit, Hilda recommence Ă  s'ouvrir et Ă  retrouver l'envie de peindre. Elle rĂ©cupĂšre mĂȘme certaines facultĂ©s qu'on pensait perdues pour toujours. Lors d'un atelier, elle dĂ©clare « Je me souviens mieux quand je peins, mais l'art ne l'a pas sauvĂ©e. » Hilda Goldblatt-Korenstein s'est Ă©teinte en 1998. Elle laisse derriĂšre elle une empreinte indĂ©lĂ©bile. Plus de 1500 Ɠuvres, une mĂ©thode et une intuition devenues certitudes pour la recherche. L'art peut ralentir les effets de la maladie. Mieux encore, il rĂ©active des zones du cerveau que la parole ou les souvenirs conscients n'atteignent plus. Hilda est partie il y a presque 30 ans maintenant, mais elle ne nous a pas quittĂ©s. Plusieurs initiatives ont permis de faire avancer la recherche. et rendre accessible l'art-thĂ©rapie. Un documentaire, I Remember Better When I Paint, lui est consacrĂ©, dont une version française a Ă©galement vu le jour. Sa fille Berna a créé la fondation Ilgos, qui Ɠuvre pour faire connaĂźtre des bienfaits de l'art dans l'accompagnement des personnes atteintes d'Alzheimer. Le Art Institute of Chicago, en partenariat avec la fondation, a créé le prix Ilgos. qui rĂ©compense chaque annĂ©e les projets artistiques ayant pour objectif d'impliquer les personnes atteintes de troubles de la mĂ©moire. Mais alors, que retenir de cette histoire ? Albert Camus disait « CrĂ©er, c'est vivre deux fois » . Et si c'Ă©tait ça, l'art au fond ? Une tentative de retenir ce qui glisse ? De figer un instant ? De dire « ça, ça a comptĂ© » . Peut-ĂȘtre que deux yeux ne suffisent pas pour embrasser toute la beautĂ© d'un souvenir. Alors on peint, on sculpte, on photographie. On essaye de mettre en couleur ce que le cƓur, lui, ne voudrait jamais oublier. Et vous, si vous pouviez garder un instant pour toujours, juste un, lequel choisiriez-vous ? J'espĂšre que cet Ă©pisode vous aura donnĂ© envie d'immortaliser ces instants qu'on croit ordinaires, mais qui, en rĂ©alitĂ©, sont les plus prĂ©cieux. Si cet Ă©pisode vous a touchĂ©, n'hĂ©sitez pas Ă  le partager et Ă  parler autour de vous de l'art comme d'un soin. Je vous dis Ă  la semaine prochaine pour de nouvelles histoires d'art et d'humanitĂ©.

Chapters

  • Introduction

    00:00

  • Anecdote de la semaine

    00:53

  • Conclusion

    07:49

Description

🎹 Et si la crĂ©ation permettait de ne jamais vraiment disparaĂźtre ?
Dans ce nouvel Ă©pisode du podcast Du Grand Art, on plonge au cƓur d’une histoire bouleversante : celle d’une artiste, d’un combat invisible, et du pouvoir inattendu de l’art.

C’est une histoire de mĂ©moire.
De celle qui s’efface doucement.
Et de celle que l’on cherche Ă  retenir, coĂ»te que coĂ»te.

Dans un monde oĂč tout va vite, oĂč l’on archive, scrolle et oublie en quelques secondes, peut-on encore prĂ©server ce qui nous rend profondĂ©ment vivants ? Est-il possible de capturer l’essence d’un instant
 avant qu’il ne s’efface ?

Entre pinceaux, souvenirs et transmissions, ce rĂ©cit explore le lien mystĂ©rieux entre la crĂ©ation artistique et notre capacitĂ© Ă  rester prĂ©sents — Ă  nous-mĂȘmes et aux autres.
Il questionne ce qui fait la beautĂ© d’un souvenir.
Et pourquoi certaines images, certains gestes, certaines couleurs, rĂ©sistent Ă  l’oubli.

Un épisode intime, sensible et profondément humain.
À Ă©couter au calme, casque sur les oreilles, cƓur ouvert.


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Merci pour votre écoute, et à la semaine prochaine pour une nouvelle anecdote croustillante sur l'histoire de l'Art et du design !


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Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue dans ce nouvel Ă©pisode du podcast du Grand Art, le podcast qui s'intĂ©resse aux petites histoires qui ont fait la grande. Aujourd'hui, j'aimerais vous proposer un Ă©pisode sur la mĂ©moire. Pas la mĂ©moire des dates d'histoire de l'art ou la mĂ©moire des noms de tableaux. Non, je veux parler ici de la mĂ©moire que l'art peut prĂ©server. Car oui, nous n'allons pas revivre un scandale ou la crĂ©ation d'un courant artistique. Nous allons dĂ©couvrir l'incroyable histoire d'un pinceau, d'une femme et d'un combat contre la maladie. Vous ne la connaissez peut-ĂȘtre pas encore, mais croyez-moi, vous ne l'oublierez jamais. Ça vous intrigue ? Ça tombe bien, c'est l'histoire de notre anecdote du jour, peindre pour se souvenir, l'art contre Alzheimer. Nous sommes en 1905 dans la ville de MontrĂ©al au QuĂ©bec, Canada. Un lĂ©ger vent hivernal souffle doucement sur les vitres d'un petit appartement dans lequel vivent deux jeunes parents et leur toute petite fille, qui vient Ă  peine de naĂźtre, Hilda Goldblatt-Gorenstein. On l'appellera Hilda. DerriĂšre ses minuscules mains et son petit sourire angĂ©lique, personne ne se doute qu'elle deviendra dans quelques annĂ©es... l'une des premiĂšres femmes diplĂŽmĂ©es de l'Ă©cole des beaux-arts de Chicago. Ni mĂȘme qu'elle peindra plus de 1500 toiles, ni qu'elle deviendra un symbole mondial de l'art comme remĂšde Ă  la maladie. Non, en fait, pour comprendre tout ça, il nous faut remonter le fil de sa mĂ©moire. Avance rapide, s'il vous plaĂźt. Nous voici quelques annĂ©es plus tard Ă  Portland, dans l'Oregon, aux USA. C'est ici que Hilda et sa famille se sont installĂ©es et lĂ  oĂč elle passe son enfance. TrĂšs tĂŽt, elle montre un goĂ»t prononcĂ© pour la peinture. Elle commence Ă  peindre ses premiĂšres toiles, qu'elle signe Il Gosse. À travers ce pseudonyme androgyne, elle espĂšre s'Ă©viter les nombreux obstacles auxquels les femmes doivent alors faire face dans le monde de l'art. J'essayais de vivre un fĂ©minisme joyeux, mais en fait j'Ă©tais trĂšs en colĂšre. Car oui, Hilda le sait, quand elle sera grande, elle sera artiste. PS, follow your dreams. Jeune adulte, elle rejoint les bancs de la prestigieuse School of the Art Institute of Chicago, oĂč elle s'imprĂšgne de tout le savoir qui se trouve Ă  sa disposition. En plus d'ĂȘtre studieuse, Hilda est une artiste prolifique, toujours un pinceau Ă  la main. AprĂšs ses Ă©tudes, dans les annĂ©es 1930, son style commence Ă  s'affirmer. Elle se passionne pour la beautĂ© de la mer, qu'elle restitue dans des paysages marins d'une grande puissance. Petit Ă  petit, sa maĂźtrise technique et sa vision artistique la font connaĂźtre et elle se voit confier d'importantes missions. Elle est sĂ©lectionnĂ©e par la US Navy pour rĂ©aliser 12 peintures murales retraçant l'histoire de la marine amĂ©ricaine pour une exposition universelle se tenant dans la ville de Chicago. Et en plus de ce projet colossal, Hilda multiplie les projets. Elle peint, peint, peint, encore et toujours. C'est simple, elle a... toujours un pinceau Ă  la main. Peu importe le mĂ©dium d'ailleurs, rien ne semble l'arrĂȘter. Elle fait des huiles, des aquarelles, de l'acrylique, des dessins et mĂȘme des sculptures. Elle expose dans plusieurs villes Ă  travers les Etats-Unis, dont Chicago et New York City, et participe Ă  des salons. En parallĂšle de tout ce travail de crĂ©ation, Hilda prend soin de transmettre son savoir et partager la passion qui l'anime. Elle enseigne l'art Ă  de nombreux Ă©tudiants tout au long de sa carriĂšre. Les annĂ©es passent et les Ɠuvres s'accumulent. Ta maison est un vĂ©ritable petit atelier, rempli de toiles plus Ă©proustouflantes les unes que les autres. On y trouve des tableaux, des esquisses, des pigments, des souvenirs artistiques. Chaque jour qui passe est l'occasion de crĂ©er une nouvelle Ɠuvre pour tĂ©moigner de la beautĂ© du monde. Et ce, pendant 70 ans. Et puis un matin, Hilda se rĂ©veille. et ne se souvient plus du nom de sa couleur prĂ©fĂ©rĂ©e. Un autre jour, elle ne se rappelle plus comment mĂ©langer ses bleus. Rapidement, ce ne sont plus seulement les couleurs que Hilda oublie. Ce sont les dates, ce sont les lieux, ce sont les visages des gens qu'elle aime. Les mĂ©decins annoncent Ă  Hilda qu'elle souffre de la maladie d'Alzheimer. une maladie incurable lui dit-on qui la coupera cruellement du monde et des autres petit Ă  petit hilda rentre chez elle le coeur lourd perdu dans ces pensĂ©es qui dĂ©sormais s'entrechoquent et ne semblent plus avoir de sens Que reste-t-il Ă  faire quand tout espoir est perdu ? Il dasse Ă  sier, baisse la tĂȘte, s'empare d'un pinceau et dĂ©pose une touche de peinture sur sa toile. Soudain, les souvenirs lui reviennent comme par magie. S'agirait-il d'un miracle ? Elle revit tout. Les couleurs, la lumiĂšre, les paysages, la mer, le sourire de sa fille. C'est comme si peindre lui permettait d'arracher des fragments de souvenirs au destin qui essaye de les effacer. Ses proches n'en reviennent pas. Hilda s'Ă©teint lentement, mais devant une toile, ses yeux recommencent Ă  briller. Quelque chose renaĂźt, quelque chose rĂ©siste. Alors, doucement, une chaĂźne humaine commence Ă  se former autour d'elle. Les Ă©tudiants de l'Art Institute of Chicago, informĂ©s de son Ă©tat, dĂ©cident de lui tendre la main. Unis par l'admiration et le respect, ils s'organisent et se relaient, semaine aprĂšs semaine, pour peindre avec elle. Non pas pour la ramener en arriĂšre, mais pour lui offrir un prĂ©sent oĂč elle peut encore exister, une forme d'hommage, une façon de lui dire Merci. Tu nous as transmis ton art. Laisse-nous maintenant t'aider Ă  ne pas l'oublier. » Petit Ă  petit, Hilda recommence Ă  s'ouvrir et Ă  retrouver l'envie de peindre. Elle rĂ©cupĂšre mĂȘme certaines facultĂ©s qu'on pensait perdues pour toujours. Lors d'un atelier, elle dĂ©clare « Je me souviens mieux quand je peins, mais l'art ne l'a pas sauvĂ©e. » Hilda Goldblatt-Korenstein s'est Ă©teinte en 1998. Elle laisse derriĂšre elle une empreinte indĂ©lĂ©bile. Plus de 1500 Ɠuvres, une mĂ©thode et une intuition devenues certitudes pour la recherche. L'art peut ralentir les effets de la maladie. Mieux encore, il rĂ©active des zones du cerveau que la parole ou les souvenirs conscients n'atteignent plus. Hilda est partie il y a presque 30 ans maintenant, mais elle ne nous a pas quittĂ©s. Plusieurs initiatives ont permis de faire avancer la recherche. et rendre accessible l'art-thĂ©rapie. Un documentaire, I Remember Better When I Paint, lui est consacrĂ©, dont une version française a Ă©galement vu le jour. Sa fille Berna a créé la fondation Ilgos, qui Ɠuvre pour faire connaĂźtre des bienfaits de l'art dans l'accompagnement des personnes atteintes d'Alzheimer. Le Art Institute of Chicago, en partenariat avec la fondation, a créé le prix Ilgos. qui rĂ©compense chaque annĂ©e les projets artistiques ayant pour objectif d'impliquer les personnes atteintes de troubles de la mĂ©moire. Mais alors, que retenir de cette histoire ? Albert Camus disait « CrĂ©er, c'est vivre deux fois » . Et si c'Ă©tait ça, l'art au fond ? Une tentative de retenir ce qui glisse ? De figer un instant ? De dire « ça, ça a comptĂ© » . Peut-ĂȘtre que deux yeux ne suffisent pas pour embrasser toute la beautĂ© d'un souvenir. Alors on peint, on sculpte, on photographie. On essaye de mettre en couleur ce que le cƓur, lui, ne voudrait jamais oublier. Et vous, si vous pouviez garder un instant pour toujours, juste un, lequel choisiriez-vous ? J'espĂšre que cet Ă©pisode vous aura donnĂ© envie d'immortaliser ces instants qu'on croit ordinaires, mais qui, en rĂ©alitĂ©, sont les plus prĂ©cieux. Si cet Ă©pisode vous a touchĂ©, n'hĂ©sitez pas Ă  le partager et Ă  parler autour de vous de l'art comme d'un soin. Je vous dis Ă  la semaine prochaine pour de nouvelles histoires d'art et d'humanitĂ©.

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    00:53

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