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[Rediff] Haussmann le mal-aimé : la face cachée de l'urbanisme parisien cover
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Du Grand Art

[Rediff] Haussmann le mal-aimé : la face cachée de l'urbanisme parisien

[Rediff] Haussmann le mal-aimé : la face cachée de l'urbanisme parisien

10min |21/07/2025
Play
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Description

Cet été, Du Grand Art part en vacances !

Je vous propose de (re)découvrir des épisodes qui vous ont particulièrement fait réagir, le temps de recharger les batteries, et vous retrouver pour pleins de beaux projets à partir de mi-août...
Si jamais vous souhaitez commenter les épisodes, m'écrire ou parler collabs, n'hésitez pas à m'envoyer un message à l'adresse marianne[@]du-grand-art.fr.

Je vous lirais avec plaisir !😉

🚧 Un urbanisme au marteau-piqueur… ou au pinceau ?

Si vous vous êtes déjà baladé dans les rues de Paris en levant les yeux sur ces façades de pierre blonde aux toits d’ardoise, vous vous êtes probablement dit : “Haussmann, quel génie !”
…Mais ça, c’est parce que vous vivez en 2025.

Dans cet épisode de Du Grand Art, on vous embarque en 1853, à l’époque où Paris pue (littéralement), où les émeutes sont à la mode, et où un certain Napoléon III décide de faire un grand nettoyage de printemps. Aux commandes ? Un préfet au nom aussi rigide que ses avenues : Georges Eugène Haussmann.

Au programme : 18 000 immeubles rasés, 340 km d’égouts creusés, des arbres par milliers, des quartiers redessinés… et une capitale qui change de visage (et de population).

Ce chantier pharaonique va transformer Paris à jamais, mais à quel prix ?

Derrière les belles balustrades et les moulures élégantes se cache une véritable révolution urbaine, où santé publique, contrôle social, mixité de façade et gentrification vont de pair.

🔍 Que cache vraiment ce style "Haussmannien" qu’on encense tant aujourd’hui ? Était-il un visionnaire ou un bulldozer en uniforme ?

Spoiler alert : la vérité est plus nuancée que la pierre de taille.


Comme toujours, l’épisode est ponctué de bruitages immersifs, de traits d’humour (plus ou moins fins, on avoue), et d’anecdotes méconnues qui changent votre regard sur la ville.

🔔 Et n’oubliez pas de vous abonner au podcast pour ne rater aucune rediffusion cet été (ou nouvel épisode à la rentrée) !

👉 Disponible sur toutes vos plateformes préférées : Spotify, Apple Podcasts, Deezer, Amazon Music et plus encore.

Bonne écoute, et bon été à tous !



📢Les anecdotes Du Grand Art vous plaisent ?

Voici 3 façons gratuites et hyper rapides pour nous soutenir :

  • Noter le podcast⭐⭐⭐⭐⭐

  • Laisser un commentaire💬

  • Le partager autour de vous 🗣️



Merci pour votre écoute, et à la semaine prochaine pour une nouvelle anecdote croustillante sur l'histoire de l'Art et du design !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Cet été, du grand art prend des vacances bien méritées. Pas d'inquiétude, je ne vous laisse pas les écouteurs vides. Depuis le début du podcast, nous avons vécu ensemble une trentaine d'épisodes sur l'histoire de l'art, du design et de l'artisanat. Aussi, je vous propose un petit best-of pour vous accompagner durant cette période de farniente. Chaque semaine, redécouvrez un épisode qui vous a particulièrement marqué. L'occasion idéale pour découvrir ou redécouvrir des anecdotes qui ont fait l'eau. plus réagir la communauté. On se revoit, enfin plutôt, on se réécoute mi-août. D'ici là, prenez soin de vous. Et n'hésitez pas à m'écrire ou me partager vos retours, vos commentaires, vos idées d'épisodes ou de collabs. Je lirai chacun de vos messages. Bonnes vacances et à tout de suite pour une nouvelle anecdote croustillante sur l'art et le design. Bonjour et bienvenue dans ce nouvel épisode du podcast du Grand Art, le podcast qui s'intéresse aux petites histoires qui ont fait la grande. Aujourd'hui, on se retrouve pour un épisode architectural, et plus particulièrement, un épisode qui s'intéresse à l'architecture typique parisienne du XIXe siècle. Je suis certaine que vous voyez très bien à quel type de façade je fais référence. Ces grandes façades en pierre de 5-6 étages, avec leurs toits gris ardoises qui font la beauté de la capitale, et qu'on nous envie partout dans le monde. Enfin, qu'ils font la beauté, c'est ce qu'on dit aujourd'hui. Parce qu'à l'époque, quand ces immeubles ont été érigés, ils étaient sous le feu des critiques. Vous ne me croyez pas ? Ça tombe bien, c'est l'histoire de notre anecdote du jour, Haussmann le mal-aimé, la face cachée de l'urbanisme parisien. Bienvenue dans la ville de Paris, capitale de la France et de l'amour, et aussi du choléra. Eh oui, nous sommes en 1853. Et déjà, la ville a la réputation d'être insalubre. On pense déjà assez comme ça pour des dégueulasses. Malheureusement, c'est souvent vrai. Napoléon III, qui vient de vivre un exil de deux ans en Angleterre, est bien décidé à remettre un peu d'ordre là-dedans. Chez nos cousins outre-Manche, il a eu un coup de cœur pour l'urbanisme moderne des quartiers ouest de Londres, qui ont entièrement été repensés après un terrible incendie des décennies auparavant. Ce bon vieux Napoléon, qui a toujours une idée derrière la tête, veut faire le ménage. Enfin le ménage, vous voyez ce que je veux dire. Premièrement, il veut repenser l'urbanisme de Paris de façon à ce que l'hygiène soit correcte. Pas question de revivre la pandémie de choléra de 1832. Les hygiénistes de l'époque ne cessent de répéter que la ville est mal fichue. Le premier problème, c'est la surdensité. C'était sûr ! Rien qu'en transport, on y dénombre déjà 60 000 voitures à chevaux. Mise en file indienne ? Ça représente 300 km de bouchons sur 500 km de rues au total. J'adore Paris, je le trouve insupportable, invivable. Merci Annie Dalgou. Voilà. L'autre problème, c'est l'étroitesse des rues et les petits appartements. La population explose, les maladies se propagent et on soupçonne que les petites rues sinueuses de la capitale laissent mal l'air circuler, laissant libre cours au miasme. Deuxièmement, Et c'est bien moins facile à avouer, Napoléon aimerait bien faire le ménage, disons politiquement. Révolution de 1789, Troie glorieuse de juillet 1830 ou encore journée de juin 1848, les Parisiens ont une fâcheuse tendance à se soulever contre leurs dirigeants. S'il vous plaît ? Oui ? Pas content ! Pas content ! En éclatant ça et là les foyers de contestation pour mêler classe ouvrière et bourgeoise, l'empereur se dit qu'en cas de frustration... La mayonnaise pourrait prendre moins vite. Il pourrait ainsi éviter le sort de ses prédécesseurs. Brief à la main, Louis Bonaparte confie ce projet d'urbanisme à son tout nouveau préfet de la Seine, un certain Georges Eugène Haussmann. Trois qualités, imaginatif, vendeur, meneur. Attention, le projet est démentiel. On parle tout de même d'une durée de travail de 18 ans et d'un budget de 1,5 milliard de francs. Bon, je vais être honnête, je n'ai pas réussi à trouver de convertisseur franc-napoléonien en euros sur Internet, mais d'après mes estimations très précises, je peux vous affirmer que ça fait beau. Et le prix ? Très cher, monsieur Burton. Très cher. Au-delà du budget et de la durée, la teneur du projet est pharaonique. Haussmann décide de faire table rase de l'urbanisme historique. 60% de la ville et ses alentours sont complètement modiqués. En tout, 18 000 maisons sont détruites sur les 30 000 que compte la capitale. Côté sanitaire, le chef de projet met les moyens. 340 km d'égout sont construits entre 1854 et 1870 et les nouveaux immeubles ont l'obligation d'y être raccordés. Les nouveaux axes prévoient également le raccordement à l'eau et au gaz. Ce que je fais est assez moderne et ça peut sembler un peu bizarre au début, mais en revanche, si vous êtes ouverte, je pense que ça peut vous plaire. Côté nature, Haussmann est tout aussi ambitieux. Sur le modèle des parcs anglais, Napoléon III souhaite plus de verdure à Paris. Haussmann prévoit alors 80 squares, soit un par quartier, permettant ainsi théoriquement à chaque Parisien d'avoir un parc à moins de 10 minutes à pied de son logement. Et comme si ça ne suffisait pas, il fait également planter 80 000 arbres dans les rues de la ville. Je m'appelle Josiane Pichet, professeure de danse de forêt. J'ai mélangé mes trois passions dans un seul art, la danse, la forêt et la solitude. Mais côté esthétique, là c'est autre chose. Le baron exige que les nouvelles constructions forment un paysage cohérent sur la rue, qu'elles soient indépendantes les unes des autres, mais qu'architecturalement l'ensemble soit homogène. Concrètement, cela signifie que les immeubles doivent respecter un certain nombre de règles. Ils doivent comporter 5-6 étages, dont un sous-bassement composé du rez-de-chaussée d'un entre-sol, d'une porte cochère permettant le passage de voitures à cheval, un deuxième étage avec un balcon filant, Un troisième voire un quatrième étage du même style mais avec des encadrements de fenêtres moins riches. Et pour les modèles les plus récents, des balcons individuels. Un cinquième étage avec de nouveau un balcon filant. Et un sixième étage avec comble à 45 degrés sous les toits. Vous pourriez dire que c'est des caprices de stars. Non, c'est juste une idée bien précise de ce que je veux faire. Et j'ai des règles auxquelles je ne déroge jamais. Vous aurez compris que tous les étages ne proposent pas le même niveau de confort. Le rez-de-chaussée est certes un peu plus grand que le château, mais il est très plutôt au commerce, le deuxième étage est pour les nobles, tandis que les bourgeois vivent du troisième au cinquième et que les bonnes logent sous les toits. Mais vous n'avez rien noté d'étrange ? La mixité sociale dont on parlait précédemment n'aurait-elle pas un peu disparu ? Eh oui. En réalité, les chantiers haussmanniens vont gentlifier Paris à la vitesse grand V. Putain. Non, non, on joue pas dans la division. Moi, je fais les 3-4 millions d'audimats, je me mélange avec les clochards. Sorry, darling. D'ailleurs... Si vous vous baladez dans la capitale, vous pouvez vous amuser à identifier les anciens quartiers pauvres des riches. Car en effet, les habitations haussmanniennes se répartissent en trois catégories. D'abord, les immeubles de première classe sont les plus costauds. Ils comptent 4 étages au-dessus du rez-de-chaussée, des hauts plafonds, de grands escaliers jusqu'au cinquième et des plus sommaires pour aller aux chambres de gomme. Sur les façades, vous pouvez remarquer des ornements, des moulures, voire des sculptures sur des plus récentes. Les immeubles de seconde classe, quant à eux, comptent 5 étages, avec les mêmes caractéristiques intérieures, mais des façades beaucoup plus sobres. Et les immeubles de troisième classe sont les moins branchés. Ils n'ont ni escalier de service, ni décoration intérieure. En 1789, Paris a connu une révolution politique. En 1870, elle connaît une révolution architecturale et urbaniste. La révolution est comme une bicyclette. Quand elle n'avance pas, elle tombe. Elle y mergue. Che Guevara. Mais alors, dressons un peu le bilan. Chantier haussmanien, réussite ou échec ? Eh bien, tout dépend du point de vue. Si on se positionne du côté de l'empereur, c'est un succès qui assure sa postérité depuis 150 ans. D'un point de vue sanitaire, là aussi, ce nouvel urbanisme a répondu aux enjeux de l'époque. Imaginez un peu si les Parisiens avaient vécu le Covid de 2020 dans les micro-maisons de l'époque. Un enfer. D'un point de vue esthétique, c'est plus controversé. Si le style haussmanien est très apprécié aujourd'hui, les architectes sont encore forcés de se positionner à contre-pied ou dans le même sens qu'Haussmann. Certaines villes continuent d'ailleurs de reproduire ce style dans les nouveaux quartiers, alors que les progrès techniques pourraient apporter encore plus de confort et moins d'impact environnemental. D'un point de vue politique et social, enfin, le chantier est très discutable. Dans le Paris de Haussmann et Napoléon III, Tout le monde n'a pas sa place. Les privilégiés sont les nobles et les bourgeois, qui adhèrent au régime politique et qui, au passage, s'enrichissent en finançant le projet. Une sorte d'entre-soi marqué par des soupçons d'arrangements financiers et autres petits coups de pouce professionnels. Il y a 2000 ans, l'architecte romain Vitruve écrivait « Des architectoires » , le traité d'architecture le plus ancien qu'on ait conservé à ce jour. Il y explique, je cite, que l'architecture doit répondre à trois exigences. La solidité, l'utilité et la beauté. Alors oui, les immeubles haussmanniens sont utiles dans le sens fonctionnel du terme. Mais qu'en est-il de leur utilité sociale ? Leur édification a chassé une grande partie de la population. Quand une cité cesse de créer du lien, ne devient-elle pas une ruine, même neuve ? J'espère que cet épisode vous a plu et qu'il vous aura donné envie de réfléchir au rôle de l'architecture dans nos vies. D'ailleurs, dites-nous en commentaire sur Apple ou Spotify, selon vous, à quoi doit-elle servir ? On se fera un plaisir de vous répondre. Merci pour votre écoute et à la semaine prochaine ! pour de nouvelles anecdotes croustillantes sur l'art et le design.

Chapters

  • Introduction

    00:00

  • Anecdote de la semaine

    01:51

  • Chapitre 3

    08:25

Description

Cet été, Du Grand Art part en vacances !

Je vous propose de (re)découvrir des épisodes qui vous ont particulièrement fait réagir, le temps de recharger les batteries, et vous retrouver pour pleins de beaux projets à partir de mi-août...
Si jamais vous souhaitez commenter les épisodes, m'écrire ou parler collabs, n'hésitez pas à m'envoyer un message à l'adresse marianne[@]du-grand-art.fr.

Je vous lirais avec plaisir !😉

🚧 Un urbanisme au marteau-piqueur… ou au pinceau ?

Si vous vous êtes déjà baladé dans les rues de Paris en levant les yeux sur ces façades de pierre blonde aux toits d’ardoise, vous vous êtes probablement dit : “Haussmann, quel génie !”
…Mais ça, c’est parce que vous vivez en 2025.

Dans cet épisode de Du Grand Art, on vous embarque en 1853, à l’époque où Paris pue (littéralement), où les émeutes sont à la mode, et où un certain Napoléon III décide de faire un grand nettoyage de printemps. Aux commandes ? Un préfet au nom aussi rigide que ses avenues : Georges Eugène Haussmann.

Au programme : 18 000 immeubles rasés, 340 km d’égouts creusés, des arbres par milliers, des quartiers redessinés… et une capitale qui change de visage (et de population).

Ce chantier pharaonique va transformer Paris à jamais, mais à quel prix ?

Derrière les belles balustrades et les moulures élégantes se cache une véritable révolution urbaine, où santé publique, contrôle social, mixité de façade et gentrification vont de pair.

🔍 Que cache vraiment ce style "Haussmannien" qu’on encense tant aujourd’hui ? Était-il un visionnaire ou un bulldozer en uniforme ?

Spoiler alert : la vérité est plus nuancée que la pierre de taille.


Comme toujours, l’épisode est ponctué de bruitages immersifs, de traits d’humour (plus ou moins fins, on avoue), et d’anecdotes méconnues qui changent votre regard sur la ville.

🔔 Et n’oubliez pas de vous abonner au podcast pour ne rater aucune rediffusion cet été (ou nouvel épisode à la rentrée) !

👉 Disponible sur toutes vos plateformes préférées : Spotify, Apple Podcasts, Deezer, Amazon Music et plus encore.

Bonne écoute, et bon été à tous !



📢Les anecdotes Du Grand Art vous plaisent ?

Voici 3 façons gratuites et hyper rapides pour nous soutenir :

  • Noter le podcast⭐⭐⭐⭐⭐

  • Laisser un commentaire💬

  • Le partager autour de vous 🗣️



Merci pour votre écoute, et à la semaine prochaine pour une nouvelle anecdote croustillante sur l'histoire de l'Art et du design !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Cet été, du grand art prend des vacances bien méritées. Pas d'inquiétude, je ne vous laisse pas les écouteurs vides. Depuis le début du podcast, nous avons vécu ensemble une trentaine d'épisodes sur l'histoire de l'art, du design et de l'artisanat. Aussi, je vous propose un petit best-of pour vous accompagner durant cette période de farniente. Chaque semaine, redécouvrez un épisode qui vous a particulièrement marqué. L'occasion idéale pour découvrir ou redécouvrir des anecdotes qui ont fait l'eau. plus réagir la communauté. On se revoit, enfin plutôt, on se réécoute mi-août. D'ici là, prenez soin de vous. Et n'hésitez pas à m'écrire ou me partager vos retours, vos commentaires, vos idées d'épisodes ou de collabs. Je lirai chacun de vos messages. Bonnes vacances et à tout de suite pour une nouvelle anecdote croustillante sur l'art et le design. Bonjour et bienvenue dans ce nouvel épisode du podcast du Grand Art, le podcast qui s'intéresse aux petites histoires qui ont fait la grande. Aujourd'hui, on se retrouve pour un épisode architectural, et plus particulièrement, un épisode qui s'intéresse à l'architecture typique parisienne du XIXe siècle. Je suis certaine que vous voyez très bien à quel type de façade je fais référence. Ces grandes façades en pierre de 5-6 étages, avec leurs toits gris ardoises qui font la beauté de la capitale, et qu'on nous envie partout dans le monde. Enfin, qu'ils font la beauté, c'est ce qu'on dit aujourd'hui. Parce qu'à l'époque, quand ces immeubles ont été érigés, ils étaient sous le feu des critiques. Vous ne me croyez pas ? Ça tombe bien, c'est l'histoire de notre anecdote du jour, Haussmann le mal-aimé, la face cachée de l'urbanisme parisien. Bienvenue dans la ville de Paris, capitale de la France et de l'amour, et aussi du choléra. Eh oui, nous sommes en 1853. Et déjà, la ville a la réputation d'être insalubre. On pense déjà assez comme ça pour des dégueulasses. Malheureusement, c'est souvent vrai. Napoléon III, qui vient de vivre un exil de deux ans en Angleterre, est bien décidé à remettre un peu d'ordre là-dedans. Chez nos cousins outre-Manche, il a eu un coup de cœur pour l'urbanisme moderne des quartiers ouest de Londres, qui ont entièrement été repensés après un terrible incendie des décennies auparavant. Ce bon vieux Napoléon, qui a toujours une idée derrière la tête, veut faire le ménage. Enfin le ménage, vous voyez ce que je veux dire. Premièrement, il veut repenser l'urbanisme de Paris de façon à ce que l'hygiène soit correcte. Pas question de revivre la pandémie de choléra de 1832. Les hygiénistes de l'époque ne cessent de répéter que la ville est mal fichue. Le premier problème, c'est la surdensité. C'était sûr ! Rien qu'en transport, on y dénombre déjà 60 000 voitures à chevaux. Mise en file indienne ? Ça représente 300 km de bouchons sur 500 km de rues au total. J'adore Paris, je le trouve insupportable, invivable. Merci Annie Dalgou. Voilà. L'autre problème, c'est l'étroitesse des rues et les petits appartements. La population explose, les maladies se propagent et on soupçonne que les petites rues sinueuses de la capitale laissent mal l'air circuler, laissant libre cours au miasme. Deuxièmement, Et c'est bien moins facile à avouer, Napoléon aimerait bien faire le ménage, disons politiquement. Révolution de 1789, Troie glorieuse de juillet 1830 ou encore journée de juin 1848, les Parisiens ont une fâcheuse tendance à se soulever contre leurs dirigeants. S'il vous plaît ? Oui ? Pas content ! Pas content ! En éclatant ça et là les foyers de contestation pour mêler classe ouvrière et bourgeoise, l'empereur se dit qu'en cas de frustration... La mayonnaise pourrait prendre moins vite. Il pourrait ainsi éviter le sort de ses prédécesseurs. Brief à la main, Louis Bonaparte confie ce projet d'urbanisme à son tout nouveau préfet de la Seine, un certain Georges Eugène Haussmann. Trois qualités, imaginatif, vendeur, meneur. Attention, le projet est démentiel. On parle tout de même d'une durée de travail de 18 ans et d'un budget de 1,5 milliard de francs. Bon, je vais être honnête, je n'ai pas réussi à trouver de convertisseur franc-napoléonien en euros sur Internet, mais d'après mes estimations très précises, je peux vous affirmer que ça fait beau. Et le prix ? Très cher, monsieur Burton. Très cher. Au-delà du budget et de la durée, la teneur du projet est pharaonique. Haussmann décide de faire table rase de l'urbanisme historique. 60% de la ville et ses alentours sont complètement modiqués. En tout, 18 000 maisons sont détruites sur les 30 000 que compte la capitale. Côté sanitaire, le chef de projet met les moyens. 340 km d'égout sont construits entre 1854 et 1870 et les nouveaux immeubles ont l'obligation d'y être raccordés. Les nouveaux axes prévoient également le raccordement à l'eau et au gaz. Ce que je fais est assez moderne et ça peut sembler un peu bizarre au début, mais en revanche, si vous êtes ouverte, je pense que ça peut vous plaire. Côté nature, Haussmann est tout aussi ambitieux. Sur le modèle des parcs anglais, Napoléon III souhaite plus de verdure à Paris. Haussmann prévoit alors 80 squares, soit un par quartier, permettant ainsi théoriquement à chaque Parisien d'avoir un parc à moins de 10 minutes à pied de son logement. Et comme si ça ne suffisait pas, il fait également planter 80 000 arbres dans les rues de la ville. Je m'appelle Josiane Pichet, professeure de danse de forêt. J'ai mélangé mes trois passions dans un seul art, la danse, la forêt et la solitude. Mais côté esthétique, là c'est autre chose. Le baron exige que les nouvelles constructions forment un paysage cohérent sur la rue, qu'elles soient indépendantes les unes des autres, mais qu'architecturalement l'ensemble soit homogène. Concrètement, cela signifie que les immeubles doivent respecter un certain nombre de règles. Ils doivent comporter 5-6 étages, dont un sous-bassement composé du rez-de-chaussée d'un entre-sol, d'une porte cochère permettant le passage de voitures à cheval, un deuxième étage avec un balcon filant, Un troisième voire un quatrième étage du même style mais avec des encadrements de fenêtres moins riches. Et pour les modèles les plus récents, des balcons individuels. Un cinquième étage avec de nouveau un balcon filant. Et un sixième étage avec comble à 45 degrés sous les toits. Vous pourriez dire que c'est des caprices de stars. Non, c'est juste une idée bien précise de ce que je veux faire. Et j'ai des règles auxquelles je ne déroge jamais. Vous aurez compris que tous les étages ne proposent pas le même niveau de confort. Le rez-de-chaussée est certes un peu plus grand que le château, mais il est très plutôt au commerce, le deuxième étage est pour les nobles, tandis que les bourgeois vivent du troisième au cinquième et que les bonnes logent sous les toits. Mais vous n'avez rien noté d'étrange ? La mixité sociale dont on parlait précédemment n'aurait-elle pas un peu disparu ? Eh oui. En réalité, les chantiers haussmanniens vont gentlifier Paris à la vitesse grand V. Putain. Non, non, on joue pas dans la division. Moi, je fais les 3-4 millions d'audimats, je me mélange avec les clochards. Sorry, darling. D'ailleurs... Si vous vous baladez dans la capitale, vous pouvez vous amuser à identifier les anciens quartiers pauvres des riches. Car en effet, les habitations haussmanniennes se répartissent en trois catégories. D'abord, les immeubles de première classe sont les plus costauds. Ils comptent 4 étages au-dessus du rez-de-chaussée, des hauts plafonds, de grands escaliers jusqu'au cinquième et des plus sommaires pour aller aux chambres de gomme. Sur les façades, vous pouvez remarquer des ornements, des moulures, voire des sculptures sur des plus récentes. Les immeubles de seconde classe, quant à eux, comptent 5 étages, avec les mêmes caractéristiques intérieures, mais des façades beaucoup plus sobres. Et les immeubles de troisième classe sont les moins branchés. Ils n'ont ni escalier de service, ni décoration intérieure. En 1789, Paris a connu une révolution politique. En 1870, elle connaît une révolution architecturale et urbaniste. La révolution est comme une bicyclette. Quand elle n'avance pas, elle tombe. Elle y mergue. Che Guevara. Mais alors, dressons un peu le bilan. Chantier haussmanien, réussite ou échec ? Eh bien, tout dépend du point de vue. Si on se positionne du côté de l'empereur, c'est un succès qui assure sa postérité depuis 150 ans. D'un point de vue sanitaire, là aussi, ce nouvel urbanisme a répondu aux enjeux de l'époque. Imaginez un peu si les Parisiens avaient vécu le Covid de 2020 dans les micro-maisons de l'époque. Un enfer. D'un point de vue esthétique, c'est plus controversé. Si le style haussmanien est très apprécié aujourd'hui, les architectes sont encore forcés de se positionner à contre-pied ou dans le même sens qu'Haussmann. Certaines villes continuent d'ailleurs de reproduire ce style dans les nouveaux quartiers, alors que les progrès techniques pourraient apporter encore plus de confort et moins d'impact environnemental. D'un point de vue politique et social, enfin, le chantier est très discutable. Dans le Paris de Haussmann et Napoléon III, Tout le monde n'a pas sa place. Les privilégiés sont les nobles et les bourgeois, qui adhèrent au régime politique et qui, au passage, s'enrichissent en finançant le projet. Une sorte d'entre-soi marqué par des soupçons d'arrangements financiers et autres petits coups de pouce professionnels. Il y a 2000 ans, l'architecte romain Vitruve écrivait « Des architectoires » , le traité d'architecture le plus ancien qu'on ait conservé à ce jour. Il y explique, je cite, que l'architecture doit répondre à trois exigences. La solidité, l'utilité et la beauté. Alors oui, les immeubles haussmanniens sont utiles dans le sens fonctionnel du terme. Mais qu'en est-il de leur utilité sociale ? Leur édification a chassé une grande partie de la population. Quand une cité cesse de créer du lien, ne devient-elle pas une ruine, même neuve ? J'espère que cet épisode vous a plu et qu'il vous aura donné envie de réfléchir au rôle de l'architecture dans nos vies. D'ailleurs, dites-nous en commentaire sur Apple ou Spotify, selon vous, à quoi doit-elle servir ? On se fera un plaisir de vous répondre. Merci pour votre écoute et à la semaine prochaine ! pour de nouvelles anecdotes croustillantes sur l'art et le design.

Chapters

  • Introduction

    00:00

  • Anecdote de la semaine

    01:51

  • Chapitre 3

    08:25

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Cet été, Du Grand Art part en vacances !

Je vous propose de (re)découvrir des épisodes qui vous ont particulièrement fait réagir, le temps de recharger les batteries, et vous retrouver pour pleins de beaux projets à partir de mi-août...
Si jamais vous souhaitez commenter les épisodes, m'écrire ou parler collabs, n'hésitez pas à m'envoyer un message à l'adresse marianne[@]du-grand-art.fr.

Je vous lirais avec plaisir !😉

🚧 Un urbanisme au marteau-piqueur… ou au pinceau ?

Si vous vous êtes déjà baladé dans les rues de Paris en levant les yeux sur ces façades de pierre blonde aux toits d’ardoise, vous vous êtes probablement dit : “Haussmann, quel génie !”
…Mais ça, c’est parce que vous vivez en 2025.

Dans cet épisode de Du Grand Art, on vous embarque en 1853, à l’époque où Paris pue (littéralement), où les émeutes sont à la mode, et où un certain Napoléon III décide de faire un grand nettoyage de printemps. Aux commandes ? Un préfet au nom aussi rigide que ses avenues : Georges Eugène Haussmann.

Au programme : 18 000 immeubles rasés, 340 km d’égouts creusés, des arbres par milliers, des quartiers redessinés… et une capitale qui change de visage (et de population).

Ce chantier pharaonique va transformer Paris à jamais, mais à quel prix ?

Derrière les belles balustrades et les moulures élégantes se cache une véritable révolution urbaine, où santé publique, contrôle social, mixité de façade et gentrification vont de pair.

🔍 Que cache vraiment ce style "Haussmannien" qu’on encense tant aujourd’hui ? Était-il un visionnaire ou un bulldozer en uniforme ?

Spoiler alert : la vérité est plus nuancée que la pierre de taille.


Comme toujours, l’épisode est ponctué de bruitages immersifs, de traits d’humour (plus ou moins fins, on avoue), et d’anecdotes méconnues qui changent votre regard sur la ville.

🔔 Et n’oubliez pas de vous abonner au podcast pour ne rater aucune rediffusion cet été (ou nouvel épisode à la rentrée) !

👉 Disponible sur toutes vos plateformes préférées : Spotify, Apple Podcasts, Deezer, Amazon Music et plus encore.

Bonne écoute, et bon été à tous !



📢Les anecdotes Du Grand Art vous plaisent ?

Voici 3 façons gratuites et hyper rapides pour nous soutenir :

  • Noter le podcast⭐⭐⭐⭐⭐

  • Laisser un commentaire💬

  • Le partager autour de vous 🗣️



Merci pour votre écoute, et à la semaine prochaine pour une nouvelle anecdote croustillante sur l'histoire de l'Art et du design !


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Transcription

  • Speaker #0

    Cet été, du grand art prend des vacances bien méritées. Pas d'inquiétude, je ne vous laisse pas les écouteurs vides. Depuis le début du podcast, nous avons vécu ensemble une trentaine d'épisodes sur l'histoire de l'art, du design et de l'artisanat. Aussi, je vous propose un petit best-of pour vous accompagner durant cette période de farniente. Chaque semaine, redécouvrez un épisode qui vous a particulièrement marqué. L'occasion idéale pour découvrir ou redécouvrir des anecdotes qui ont fait l'eau. plus réagir la communauté. On se revoit, enfin plutôt, on se réécoute mi-août. D'ici là, prenez soin de vous. Et n'hésitez pas à m'écrire ou me partager vos retours, vos commentaires, vos idées d'épisodes ou de collabs. Je lirai chacun de vos messages. Bonnes vacances et à tout de suite pour une nouvelle anecdote croustillante sur l'art et le design. Bonjour et bienvenue dans ce nouvel épisode du podcast du Grand Art, le podcast qui s'intéresse aux petites histoires qui ont fait la grande. Aujourd'hui, on se retrouve pour un épisode architectural, et plus particulièrement, un épisode qui s'intéresse à l'architecture typique parisienne du XIXe siècle. Je suis certaine que vous voyez très bien à quel type de façade je fais référence. Ces grandes façades en pierre de 5-6 étages, avec leurs toits gris ardoises qui font la beauté de la capitale, et qu'on nous envie partout dans le monde. Enfin, qu'ils font la beauté, c'est ce qu'on dit aujourd'hui. Parce qu'à l'époque, quand ces immeubles ont été érigés, ils étaient sous le feu des critiques. Vous ne me croyez pas ? Ça tombe bien, c'est l'histoire de notre anecdote du jour, Haussmann le mal-aimé, la face cachée de l'urbanisme parisien. Bienvenue dans la ville de Paris, capitale de la France et de l'amour, et aussi du choléra. Eh oui, nous sommes en 1853. Et déjà, la ville a la réputation d'être insalubre. On pense déjà assez comme ça pour des dégueulasses. Malheureusement, c'est souvent vrai. Napoléon III, qui vient de vivre un exil de deux ans en Angleterre, est bien décidé à remettre un peu d'ordre là-dedans. Chez nos cousins outre-Manche, il a eu un coup de cœur pour l'urbanisme moderne des quartiers ouest de Londres, qui ont entièrement été repensés après un terrible incendie des décennies auparavant. Ce bon vieux Napoléon, qui a toujours une idée derrière la tête, veut faire le ménage. Enfin le ménage, vous voyez ce que je veux dire. Premièrement, il veut repenser l'urbanisme de Paris de façon à ce que l'hygiène soit correcte. Pas question de revivre la pandémie de choléra de 1832. Les hygiénistes de l'époque ne cessent de répéter que la ville est mal fichue. Le premier problème, c'est la surdensité. C'était sûr ! Rien qu'en transport, on y dénombre déjà 60 000 voitures à chevaux. Mise en file indienne ? Ça représente 300 km de bouchons sur 500 km de rues au total. J'adore Paris, je le trouve insupportable, invivable. Merci Annie Dalgou. Voilà. L'autre problème, c'est l'étroitesse des rues et les petits appartements. La population explose, les maladies se propagent et on soupçonne que les petites rues sinueuses de la capitale laissent mal l'air circuler, laissant libre cours au miasme. Deuxièmement, Et c'est bien moins facile à avouer, Napoléon aimerait bien faire le ménage, disons politiquement. Révolution de 1789, Troie glorieuse de juillet 1830 ou encore journée de juin 1848, les Parisiens ont une fâcheuse tendance à se soulever contre leurs dirigeants. S'il vous plaît ? Oui ? Pas content ! Pas content ! En éclatant ça et là les foyers de contestation pour mêler classe ouvrière et bourgeoise, l'empereur se dit qu'en cas de frustration... La mayonnaise pourrait prendre moins vite. Il pourrait ainsi éviter le sort de ses prédécesseurs. Brief à la main, Louis Bonaparte confie ce projet d'urbanisme à son tout nouveau préfet de la Seine, un certain Georges Eugène Haussmann. Trois qualités, imaginatif, vendeur, meneur. Attention, le projet est démentiel. On parle tout de même d'une durée de travail de 18 ans et d'un budget de 1,5 milliard de francs. Bon, je vais être honnête, je n'ai pas réussi à trouver de convertisseur franc-napoléonien en euros sur Internet, mais d'après mes estimations très précises, je peux vous affirmer que ça fait beau. Et le prix ? Très cher, monsieur Burton. Très cher. Au-delà du budget et de la durée, la teneur du projet est pharaonique. Haussmann décide de faire table rase de l'urbanisme historique. 60% de la ville et ses alentours sont complètement modiqués. En tout, 18 000 maisons sont détruites sur les 30 000 que compte la capitale. Côté sanitaire, le chef de projet met les moyens. 340 km d'égout sont construits entre 1854 et 1870 et les nouveaux immeubles ont l'obligation d'y être raccordés. Les nouveaux axes prévoient également le raccordement à l'eau et au gaz. Ce que je fais est assez moderne et ça peut sembler un peu bizarre au début, mais en revanche, si vous êtes ouverte, je pense que ça peut vous plaire. Côté nature, Haussmann est tout aussi ambitieux. Sur le modèle des parcs anglais, Napoléon III souhaite plus de verdure à Paris. Haussmann prévoit alors 80 squares, soit un par quartier, permettant ainsi théoriquement à chaque Parisien d'avoir un parc à moins de 10 minutes à pied de son logement. Et comme si ça ne suffisait pas, il fait également planter 80 000 arbres dans les rues de la ville. Je m'appelle Josiane Pichet, professeure de danse de forêt. J'ai mélangé mes trois passions dans un seul art, la danse, la forêt et la solitude. Mais côté esthétique, là c'est autre chose. Le baron exige que les nouvelles constructions forment un paysage cohérent sur la rue, qu'elles soient indépendantes les unes des autres, mais qu'architecturalement l'ensemble soit homogène. Concrètement, cela signifie que les immeubles doivent respecter un certain nombre de règles. Ils doivent comporter 5-6 étages, dont un sous-bassement composé du rez-de-chaussée d'un entre-sol, d'une porte cochère permettant le passage de voitures à cheval, un deuxième étage avec un balcon filant, Un troisième voire un quatrième étage du même style mais avec des encadrements de fenêtres moins riches. Et pour les modèles les plus récents, des balcons individuels. Un cinquième étage avec de nouveau un balcon filant. Et un sixième étage avec comble à 45 degrés sous les toits. Vous pourriez dire que c'est des caprices de stars. Non, c'est juste une idée bien précise de ce que je veux faire. Et j'ai des règles auxquelles je ne déroge jamais. Vous aurez compris que tous les étages ne proposent pas le même niveau de confort. Le rez-de-chaussée est certes un peu plus grand que le château, mais il est très plutôt au commerce, le deuxième étage est pour les nobles, tandis que les bourgeois vivent du troisième au cinquième et que les bonnes logent sous les toits. Mais vous n'avez rien noté d'étrange ? La mixité sociale dont on parlait précédemment n'aurait-elle pas un peu disparu ? Eh oui. En réalité, les chantiers haussmanniens vont gentlifier Paris à la vitesse grand V. Putain. Non, non, on joue pas dans la division. Moi, je fais les 3-4 millions d'audimats, je me mélange avec les clochards. Sorry, darling. D'ailleurs... Si vous vous baladez dans la capitale, vous pouvez vous amuser à identifier les anciens quartiers pauvres des riches. Car en effet, les habitations haussmanniennes se répartissent en trois catégories. D'abord, les immeubles de première classe sont les plus costauds. Ils comptent 4 étages au-dessus du rez-de-chaussée, des hauts plafonds, de grands escaliers jusqu'au cinquième et des plus sommaires pour aller aux chambres de gomme. Sur les façades, vous pouvez remarquer des ornements, des moulures, voire des sculptures sur des plus récentes. Les immeubles de seconde classe, quant à eux, comptent 5 étages, avec les mêmes caractéristiques intérieures, mais des façades beaucoup plus sobres. Et les immeubles de troisième classe sont les moins branchés. Ils n'ont ni escalier de service, ni décoration intérieure. En 1789, Paris a connu une révolution politique. En 1870, elle connaît une révolution architecturale et urbaniste. La révolution est comme une bicyclette. Quand elle n'avance pas, elle tombe. Elle y mergue. Che Guevara. Mais alors, dressons un peu le bilan. Chantier haussmanien, réussite ou échec ? Eh bien, tout dépend du point de vue. Si on se positionne du côté de l'empereur, c'est un succès qui assure sa postérité depuis 150 ans. D'un point de vue sanitaire, là aussi, ce nouvel urbanisme a répondu aux enjeux de l'époque. Imaginez un peu si les Parisiens avaient vécu le Covid de 2020 dans les micro-maisons de l'époque. Un enfer. D'un point de vue esthétique, c'est plus controversé. Si le style haussmanien est très apprécié aujourd'hui, les architectes sont encore forcés de se positionner à contre-pied ou dans le même sens qu'Haussmann. Certaines villes continuent d'ailleurs de reproduire ce style dans les nouveaux quartiers, alors que les progrès techniques pourraient apporter encore plus de confort et moins d'impact environnemental. D'un point de vue politique et social, enfin, le chantier est très discutable. Dans le Paris de Haussmann et Napoléon III, Tout le monde n'a pas sa place. Les privilégiés sont les nobles et les bourgeois, qui adhèrent au régime politique et qui, au passage, s'enrichissent en finançant le projet. Une sorte d'entre-soi marqué par des soupçons d'arrangements financiers et autres petits coups de pouce professionnels. Il y a 2000 ans, l'architecte romain Vitruve écrivait « Des architectoires » , le traité d'architecture le plus ancien qu'on ait conservé à ce jour. Il y explique, je cite, que l'architecture doit répondre à trois exigences. La solidité, l'utilité et la beauté. Alors oui, les immeubles haussmanniens sont utiles dans le sens fonctionnel du terme. Mais qu'en est-il de leur utilité sociale ? Leur édification a chassé une grande partie de la population. Quand une cité cesse de créer du lien, ne devient-elle pas une ruine, même neuve ? J'espère que cet épisode vous a plu et qu'il vous aura donné envie de réfléchir au rôle de l'architecture dans nos vies. D'ailleurs, dites-nous en commentaire sur Apple ou Spotify, selon vous, à quoi doit-elle servir ? On se fera un plaisir de vous répondre. Merci pour votre écoute et à la semaine prochaine ! pour de nouvelles anecdotes croustillantes sur l'art et le design.

Chapters

  • Introduction

    00:00

  • Anecdote de la semaine

    01:51

  • Chapitre 3

    08:25

Description

Cet été, Du Grand Art part en vacances !

Je vous propose de (re)découvrir des épisodes qui vous ont particulièrement fait réagir, le temps de recharger les batteries, et vous retrouver pour pleins de beaux projets à partir de mi-août...
Si jamais vous souhaitez commenter les épisodes, m'écrire ou parler collabs, n'hésitez pas à m'envoyer un message à l'adresse marianne[@]du-grand-art.fr.

Je vous lirais avec plaisir !😉

🚧 Un urbanisme au marteau-piqueur… ou au pinceau ?

Si vous vous êtes déjà baladé dans les rues de Paris en levant les yeux sur ces façades de pierre blonde aux toits d’ardoise, vous vous êtes probablement dit : “Haussmann, quel génie !”
…Mais ça, c’est parce que vous vivez en 2025.

Dans cet épisode de Du Grand Art, on vous embarque en 1853, à l’époque où Paris pue (littéralement), où les émeutes sont à la mode, et où un certain Napoléon III décide de faire un grand nettoyage de printemps. Aux commandes ? Un préfet au nom aussi rigide que ses avenues : Georges Eugène Haussmann.

Au programme : 18 000 immeubles rasés, 340 km d’égouts creusés, des arbres par milliers, des quartiers redessinés… et une capitale qui change de visage (et de population).

Ce chantier pharaonique va transformer Paris à jamais, mais à quel prix ?

Derrière les belles balustrades et les moulures élégantes se cache une véritable révolution urbaine, où santé publique, contrôle social, mixité de façade et gentrification vont de pair.

🔍 Que cache vraiment ce style "Haussmannien" qu’on encense tant aujourd’hui ? Était-il un visionnaire ou un bulldozer en uniforme ?

Spoiler alert : la vérité est plus nuancée que la pierre de taille.


Comme toujours, l’épisode est ponctué de bruitages immersifs, de traits d’humour (plus ou moins fins, on avoue), et d’anecdotes méconnues qui changent votre regard sur la ville.

🔔 Et n’oubliez pas de vous abonner au podcast pour ne rater aucune rediffusion cet été (ou nouvel épisode à la rentrée) !

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Bonne écoute, et bon été à tous !



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Merci pour votre écoute, et à la semaine prochaine pour une nouvelle anecdote croustillante sur l'histoire de l'Art et du design !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Cet été, du grand art prend des vacances bien méritées. Pas d'inquiétude, je ne vous laisse pas les écouteurs vides. Depuis le début du podcast, nous avons vécu ensemble une trentaine d'épisodes sur l'histoire de l'art, du design et de l'artisanat. Aussi, je vous propose un petit best-of pour vous accompagner durant cette période de farniente. Chaque semaine, redécouvrez un épisode qui vous a particulièrement marqué. L'occasion idéale pour découvrir ou redécouvrir des anecdotes qui ont fait l'eau. plus réagir la communauté. On se revoit, enfin plutôt, on se réécoute mi-août. D'ici là, prenez soin de vous. Et n'hésitez pas à m'écrire ou me partager vos retours, vos commentaires, vos idées d'épisodes ou de collabs. Je lirai chacun de vos messages. Bonnes vacances et à tout de suite pour une nouvelle anecdote croustillante sur l'art et le design. Bonjour et bienvenue dans ce nouvel épisode du podcast du Grand Art, le podcast qui s'intéresse aux petites histoires qui ont fait la grande. Aujourd'hui, on se retrouve pour un épisode architectural, et plus particulièrement, un épisode qui s'intéresse à l'architecture typique parisienne du XIXe siècle. Je suis certaine que vous voyez très bien à quel type de façade je fais référence. Ces grandes façades en pierre de 5-6 étages, avec leurs toits gris ardoises qui font la beauté de la capitale, et qu'on nous envie partout dans le monde. Enfin, qu'ils font la beauté, c'est ce qu'on dit aujourd'hui. Parce qu'à l'époque, quand ces immeubles ont été érigés, ils étaient sous le feu des critiques. Vous ne me croyez pas ? Ça tombe bien, c'est l'histoire de notre anecdote du jour, Haussmann le mal-aimé, la face cachée de l'urbanisme parisien. Bienvenue dans la ville de Paris, capitale de la France et de l'amour, et aussi du choléra. Eh oui, nous sommes en 1853. Et déjà, la ville a la réputation d'être insalubre. On pense déjà assez comme ça pour des dégueulasses. Malheureusement, c'est souvent vrai. Napoléon III, qui vient de vivre un exil de deux ans en Angleterre, est bien décidé à remettre un peu d'ordre là-dedans. Chez nos cousins outre-Manche, il a eu un coup de cœur pour l'urbanisme moderne des quartiers ouest de Londres, qui ont entièrement été repensés après un terrible incendie des décennies auparavant. Ce bon vieux Napoléon, qui a toujours une idée derrière la tête, veut faire le ménage. Enfin le ménage, vous voyez ce que je veux dire. Premièrement, il veut repenser l'urbanisme de Paris de façon à ce que l'hygiène soit correcte. Pas question de revivre la pandémie de choléra de 1832. Les hygiénistes de l'époque ne cessent de répéter que la ville est mal fichue. Le premier problème, c'est la surdensité. C'était sûr ! Rien qu'en transport, on y dénombre déjà 60 000 voitures à chevaux. Mise en file indienne ? Ça représente 300 km de bouchons sur 500 km de rues au total. J'adore Paris, je le trouve insupportable, invivable. Merci Annie Dalgou. Voilà. L'autre problème, c'est l'étroitesse des rues et les petits appartements. La population explose, les maladies se propagent et on soupçonne que les petites rues sinueuses de la capitale laissent mal l'air circuler, laissant libre cours au miasme. Deuxièmement, Et c'est bien moins facile à avouer, Napoléon aimerait bien faire le ménage, disons politiquement. Révolution de 1789, Troie glorieuse de juillet 1830 ou encore journée de juin 1848, les Parisiens ont une fâcheuse tendance à se soulever contre leurs dirigeants. S'il vous plaît ? Oui ? Pas content ! Pas content ! En éclatant ça et là les foyers de contestation pour mêler classe ouvrière et bourgeoise, l'empereur se dit qu'en cas de frustration... La mayonnaise pourrait prendre moins vite. Il pourrait ainsi éviter le sort de ses prédécesseurs. Brief à la main, Louis Bonaparte confie ce projet d'urbanisme à son tout nouveau préfet de la Seine, un certain Georges Eugène Haussmann. Trois qualités, imaginatif, vendeur, meneur. Attention, le projet est démentiel. On parle tout de même d'une durée de travail de 18 ans et d'un budget de 1,5 milliard de francs. Bon, je vais être honnête, je n'ai pas réussi à trouver de convertisseur franc-napoléonien en euros sur Internet, mais d'après mes estimations très précises, je peux vous affirmer que ça fait beau. Et le prix ? Très cher, monsieur Burton. Très cher. Au-delà du budget et de la durée, la teneur du projet est pharaonique. Haussmann décide de faire table rase de l'urbanisme historique. 60% de la ville et ses alentours sont complètement modiqués. En tout, 18 000 maisons sont détruites sur les 30 000 que compte la capitale. Côté sanitaire, le chef de projet met les moyens. 340 km d'égout sont construits entre 1854 et 1870 et les nouveaux immeubles ont l'obligation d'y être raccordés. Les nouveaux axes prévoient également le raccordement à l'eau et au gaz. Ce que je fais est assez moderne et ça peut sembler un peu bizarre au début, mais en revanche, si vous êtes ouverte, je pense que ça peut vous plaire. Côté nature, Haussmann est tout aussi ambitieux. Sur le modèle des parcs anglais, Napoléon III souhaite plus de verdure à Paris. Haussmann prévoit alors 80 squares, soit un par quartier, permettant ainsi théoriquement à chaque Parisien d'avoir un parc à moins de 10 minutes à pied de son logement. Et comme si ça ne suffisait pas, il fait également planter 80 000 arbres dans les rues de la ville. Je m'appelle Josiane Pichet, professeure de danse de forêt. J'ai mélangé mes trois passions dans un seul art, la danse, la forêt et la solitude. Mais côté esthétique, là c'est autre chose. Le baron exige que les nouvelles constructions forment un paysage cohérent sur la rue, qu'elles soient indépendantes les unes des autres, mais qu'architecturalement l'ensemble soit homogène. Concrètement, cela signifie que les immeubles doivent respecter un certain nombre de règles. Ils doivent comporter 5-6 étages, dont un sous-bassement composé du rez-de-chaussée d'un entre-sol, d'une porte cochère permettant le passage de voitures à cheval, un deuxième étage avec un balcon filant, Un troisième voire un quatrième étage du même style mais avec des encadrements de fenêtres moins riches. Et pour les modèles les plus récents, des balcons individuels. Un cinquième étage avec de nouveau un balcon filant. Et un sixième étage avec comble à 45 degrés sous les toits. Vous pourriez dire que c'est des caprices de stars. Non, c'est juste une idée bien précise de ce que je veux faire. Et j'ai des règles auxquelles je ne déroge jamais. Vous aurez compris que tous les étages ne proposent pas le même niveau de confort. Le rez-de-chaussée est certes un peu plus grand que le château, mais il est très plutôt au commerce, le deuxième étage est pour les nobles, tandis que les bourgeois vivent du troisième au cinquième et que les bonnes logent sous les toits. Mais vous n'avez rien noté d'étrange ? La mixité sociale dont on parlait précédemment n'aurait-elle pas un peu disparu ? Eh oui. En réalité, les chantiers haussmanniens vont gentlifier Paris à la vitesse grand V. Putain. Non, non, on joue pas dans la division. Moi, je fais les 3-4 millions d'audimats, je me mélange avec les clochards. Sorry, darling. D'ailleurs... Si vous vous baladez dans la capitale, vous pouvez vous amuser à identifier les anciens quartiers pauvres des riches. Car en effet, les habitations haussmanniennes se répartissent en trois catégories. D'abord, les immeubles de première classe sont les plus costauds. Ils comptent 4 étages au-dessus du rez-de-chaussée, des hauts plafonds, de grands escaliers jusqu'au cinquième et des plus sommaires pour aller aux chambres de gomme. Sur les façades, vous pouvez remarquer des ornements, des moulures, voire des sculptures sur des plus récentes. Les immeubles de seconde classe, quant à eux, comptent 5 étages, avec les mêmes caractéristiques intérieures, mais des façades beaucoup plus sobres. Et les immeubles de troisième classe sont les moins branchés. Ils n'ont ni escalier de service, ni décoration intérieure. En 1789, Paris a connu une révolution politique. En 1870, elle connaît une révolution architecturale et urbaniste. La révolution est comme une bicyclette. Quand elle n'avance pas, elle tombe. Elle y mergue. Che Guevara. Mais alors, dressons un peu le bilan. Chantier haussmanien, réussite ou échec ? Eh bien, tout dépend du point de vue. Si on se positionne du côté de l'empereur, c'est un succès qui assure sa postérité depuis 150 ans. D'un point de vue sanitaire, là aussi, ce nouvel urbanisme a répondu aux enjeux de l'époque. Imaginez un peu si les Parisiens avaient vécu le Covid de 2020 dans les micro-maisons de l'époque. Un enfer. D'un point de vue esthétique, c'est plus controversé. Si le style haussmanien est très apprécié aujourd'hui, les architectes sont encore forcés de se positionner à contre-pied ou dans le même sens qu'Haussmann. Certaines villes continuent d'ailleurs de reproduire ce style dans les nouveaux quartiers, alors que les progrès techniques pourraient apporter encore plus de confort et moins d'impact environnemental. D'un point de vue politique et social, enfin, le chantier est très discutable. Dans le Paris de Haussmann et Napoléon III, Tout le monde n'a pas sa place. Les privilégiés sont les nobles et les bourgeois, qui adhèrent au régime politique et qui, au passage, s'enrichissent en finançant le projet. Une sorte d'entre-soi marqué par des soupçons d'arrangements financiers et autres petits coups de pouce professionnels. Il y a 2000 ans, l'architecte romain Vitruve écrivait « Des architectoires » , le traité d'architecture le plus ancien qu'on ait conservé à ce jour. Il y explique, je cite, que l'architecture doit répondre à trois exigences. La solidité, l'utilité et la beauté. Alors oui, les immeubles haussmanniens sont utiles dans le sens fonctionnel du terme. Mais qu'en est-il de leur utilité sociale ? Leur édification a chassé une grande partie de la population. Quand une cité cesse de créer du lien, ne devient-elle pas une ruine, même neuve ? J'espère que cet épisode vous a plu et qu'il vous aura donné envie de réfléchir au rôle de l'architecture dans nos vies. D'ailleurs, dites-nous en commentaire sur Apple ou Spotify, selon vous, à quoi doit-elle servir ? On se fera un plaisir de vous répondre. Merci pour votre écoute et à la semaine prochaine ! pour de nouvelles anecdotes croustillantes sur l'art et le design.

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  • Introduction

    00:00

  • Anecdote de la semaine

    01:51

  • Chapitre 3

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