undefined cover
undefined cover
Mois des fiertés : 3 artistes LGBT qui ont fait l'histoire cover
Mois des fiertés : 3 artistes LGBT qui ont fait l'histoire cover
Du Grand Art

Mois des fiertés : 3 artistes LGBT qui ont fait l'histoire

Mois des fiertés : 3 artistes LGBT qui ont fait l'histoire

11min |07/07/2025
Play
undefined cover
undefined cover
Mois des fiertés : 3 artistes LGBT qui ont fait l'histoire cover
Mois des fiertés : 3 artistes LGBT qui ont fait l'histoire cover
Du Grand Art

Mois des fiertés : 3 artistes LGBT qui ont fait l'histoire

Mois des fiertés : 3 artistes LGBT qui ont fait l'histoire

11min |07/07/2025
Play

Description

Que peuvent bien avoir en commun une photographe surréaliste des années 20, une peintre animalière du XIXe et un street artiste new-yorkais des années 80 ?

La réponse : une vision radicale, un courage indéfectible et une créativité flamboyante… au service de leur identité queer. Dans cet épisode spécial, on vous propose un voyage à travers le temps pour explorer trois trajectoires d’artistes LGBT qui ont marqué l’histoire de l’art – et bousculé les normes de leur époque.

🌈 Du silence pesant des années sida aux chevaux majestueux d’un château de By, en passant par des autoportraits défiant les genres bien avant Instagram : cet épisode vous invite à reconsidérer le rôle de l’art comme acte de résistance, d’affirmation et de liberté.

Vous pensiez que la visibilité queer dans l’art était une affaire récente ? Détrompez-vous : elle est aussi ancienne que courageuse. Et surtout, elle a laissé des traces visuelles aussi puissantes que politiques.

🎨 Un épisode pour celles et ceux qui aiment l’art, les luttes, les destins hors normes… et les anecdotes qui décoiffent autant qu’elles émeuvent.

👉 Spoiler : cet épisode ne vous laissera pas de marbre. Et peut-être vous donnera-t-il envie de regarder vos musées préférés sous un tout autre angle.



📢Les anecdotes Du Grand Art vous plaisent ?

Voici 3 façons gratuites et hyper rapides de nous soutenir :

  • Noter le podcast⭐⭐⭐⭐⭐

  • Laisser un commentaire💬

  • Le partager autour de vous 🗣️



Merci pour votre écoute, et à la semaine prochaine pour une nouvelle anecdote croustillante sur l'histoire de l'Art et du design !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue dans ce nouvel épisode du podcast du Grand Art, le podcast qui s'intéresse aux petites histoires qui ont fait la grande. Le mois des fiertés vient tout juste de se terminer, mais la créativité et l'influence des artistes LGBT ne prennent jamais de pause. Alors aujourd'hui, on plonge dans l'univers de trois artistes hors du commun, dont les œuvres ont non seulement bousculé les conventions artistiques, mais aussi marqué de leur empreinte l'histoire des arts visuels. Mais alors... Comment ces artistes ont-ils défié les codes et redéfini les règles de l'art ? Comment ont-ils utilisé leur art, non seulement pour s'affirmer, mais aussi pour faire évoluer toute une société ? Ça vous intrigue ? Ça tombe bien, c'est notre anecdote du jour. Moi des Fiertés, trois artistes LGBT qui ont fait l'histoire. Nous sommes en 1988, dans la ville de New York City. Keith Haring, jeune peintre street art, est assise seule dans son studio de Least Village face à la fenêtre. Du dernier étage de l'immeuble, on peut entendre le tumulte des taxis jaunes et de la foule urbaine en contrebas. Mais d'ici, les battements de cœur lourds de l'artiste masquent tout. Des larmes roulent sur ses joues. Kiss vient d'apprendre qu'il est séropositif. À cette époque, le sida est une condamnation à mort et autour de lui, les amis tombent les uns après les autres. On assiste à une véritable hécatombe dans le monde entier. Et le pire, c'est le silence. Le silence des médias, des institutions, mais aussi des gouvernements. Il n'y a pas de traitement, la recherche balbutie, et surtout, la peur et les préjugés semblent se propager aussi vite que l'épidémie en elle-même. Les représentants religieux parlent même de « cancer gay » et de « nombre malade meurt seul, abandonné par leurs proches qui ont honte ou peur d'être contaminé » . Comme toute personne. qui reçoit le terrible diagnostic, Kiss sait donc ce qu'il attend. Mais au-delà de la peur, il sent une rage monter en lui. Une rage froide. Il sait qu'il est trop tard pour lui, mais il est convaincu que grâce à l'art, il peut encore avoir un impact. Il décide alors de contacter un collectif d'artistes activistes qu'il admire depuis longtemps, le Silence Equal Death Project. Ce collectif a été fondé en 1985 par six membres. Avram Finkelstein, Jorge Socaras, Chris Lyon, Charles Krelow, Oliver Johnston et Brian Howard. A l'origine, il s'agit d'un groupe de soutien, d'entraide et de sensibilisation pour pallier le manque de moyens mis en place pour accompagner les malades et leurs proches qui semblent complètement abandonnés par l'administration Reagan. Pour des raisons politiques, patriarcales, que nous n'aborderons pas ici. Le problème, c'est un truc récurrent mais... Si j'en parle maintenant, on va me prendre pour un rageux, donc j'ai pas envie d'en parler. En 1987, face au silence assourdissant des médias, le collectif décide de réaliser une campagne d'affichage sauvage dans la ville de New York. Afin d'être le plus inclusif possible, les six compères optent pour un logo universel. Un triangle rose, le symbole utilisé par les nazis pour désigner les homosexuels dans les camps. Mais ici, le triangle est inversé. Il pointe vers le haut, et juste en dessous, Une inscription en blanc sur fond noir, Silence equal Death. Keith Haring appelle l'équipe du Silence égale Death Project et leur propose de s'engager à leur côté. Autant utiliser sa notoriété et son art au service de la cause. À partir de cet instant, il reprend le visuel et le fait sien. Il le peint dans les rues, sur des flyers, il l'expose même dans les galeries. Partout où il passe, ce message surgit comme un électrochoc visuel. Parce que tant que personne ne parle, le virus tue. Mais tant qu'on crie, on résiste. Très vite, Silence Equal Death devient l'emblème d'Act Up, un collectif radical qui organise des die-ins dans les églises, des sit-ins dans les labos, et crie dans les rues que le silence est complice. En 1989, le street artiste fond la Keith Haring Foundation. dont l'objectif est de venir en aide aux enfants dans le besoin et aux personnes touchées par le VIH et le sida. Keith Haring meurt à 31 ans, soit trois ans seulement après cette révélation. Entre-temps, il a transformé sa propre peur en étendard pour des milliers de personnes. Mais l'activisme dans l'art n'a pas débuté dans les années 1980. En réalité, depuis bien longtemps, les artistes ont marqué l'histoire LGBT et l'histoire de l'art. Nous sommes cette fois à Paris, mais il faut reculer dans le temps. Allez, racontez-nous ! Allez, racontez-nous ! Allez, racontez-nous ! Je vais vous raconter ce qui s'est passé ! Année 1920, Montparnasse bouillonne d'idées nouvelles, de poésie surréaliste et d'avant-garde provoquante. Et au milieu de tout ça, une silhouette androgyne attire les regards, dérange les conventions. Celle de Claude Cahun, né Lucie Schwob. En 1894, Claude choisit très jeune de se réinventer, pas seulement par l'écriture ou la photo, mais aussi par le nom, l'apparence, voire même les pronoms et les postures. Parce que pour Claude, l'identité est un terrain de jeu, un manifeste, voire carrément un champ de bataille. Avec son alter ego et amante, Marcel Mour, il compose des autoportraits troublants. Visage rasé, perruque, smoking, voile, regard défiant. Chaque cliché est une provocation douce, une énigme posée à l'objectif. D'ailleurs, je vous invite à aller regarder ces objectifs qui sont disponibles sur Google Images. Il vous suffit de taper Claude Cahin autoportrait. Claude brouille les pistes. Hommes, femmes, ni l'un ni l'autre, les deux. Et moi, je ne veux pas rentrer dans ce débat qui est étonnant. En 1929, Claude écrit « Tout ce masque, un autre masque. Je n'en finirai jamais de soulever tous ces visages. » Aujourd'hui, on dirait que Claude Carin était non-binaire ou transgenre. À l'époque, il n'y a pas vraiment de mots pour le dire, mais son œuvre, elle, le crie. Et ce cri n'est pas qu'esthétique. Claude revendique une identité fluide, mouvante, insaisissable, à une époque où nos noms vous enferment pour bien moins que ça. D'ailleurs, Si vous avez écouté l'épisode numéro 11, vous savez que pendant la Seconde Guerre mondiale, Claude et Marcel s'engagent dans la résistance anti-nazie sur l'île de Jersey, utilisant à nouveau l'art et le langage comme arme. Propagande clandestine, tracts anonymes appelant à la mutinerie glissée aux Allemands, ces deux-là sont de sacrées résistantes. Sauf que les nazis n'apprécient pas du tout, finissent par les démasquer, les arrêter, les emprisonner et les condamner à mort. En fait, au bout d'un moment, nous on rigole quoi. Je veux dire, si t'avais pas cette tête-là, on rigolerait peut-être pas, mais... Mais y'elles survivront, comme leur œuvre, que l'on découvre aujourd'hui comme un acte de résistance queer radicale bien avant l'heure. En fait, Claude Carin n'a pas seulement remis en cause les genres, les formes et les normes. Y'elle a prouvé que l'art peut être un refuge, un miroir et un combat. Bon, cette fois, cap sur le XIXe siècle. Nous sommes en 1836 à Paris. Une jeune fille de 14 ans, les cheveux en bataille et les mains pleines de charbon, est penchée sur un cheval. Ou plutôt sur un croquis de cheval. Elle s'appelle Rosa Bonheur. Elle dessine des animaux avec une intensité rare, un réalisme féroce. C'est ce qu'elle préfère au monde, parce que les bêtes sont libres et puissantes. Et surtout, elles ne sont pas dans le jugement. Très tôt, Rosa décide qu'elle ne vivra pas comme on attend qu'une femme vive. Elle ne veut ni corset, ni mariage, ni silence bien poli. Elle veut des bottes, une blouse d'homme, un atelier rempli de toiles et du grand air. À une époque où les femmes ne peuvent même pas s'inscrire à l'école des beaux-arts, Rosa se fraye un chemin seule grâce à son talent. En 1849, elle devient la première femme à recevoir la Légion d'honneur pour son travail. Son tableau, Le marché aux chevaux, fait le tour du monde jusqu'aux Etats-Unis, où elle est célébrée comme une star. Mais Rosa Bonheur ne s'arrête pas là. Pour pouvoir peindre au plus près des animaux, dans les abattoirs ou les foires agricoles, des lieux qui sont normalement interdits aux femmes, elle demande à la préfecture une autorisation de port de pantalon. Oui, parce qu'à l'époque, il faut une dérogation officielle pour porter un vêtement masculin. Attends, attends, je cherche partout le moment où j'ai demandé ton avis. Elle en obtiendra plusieurs au fil de sa vie et en fera même sa signature. Rosa vient en toute liberté avec sa meilleure amie d'enfance, Nathalie Lucas. pendant plus de 40 ans. Certainement pas à nous de divulguer les ragots comme quoi ils seraient homosexuels. Tout à fait. Cela ne nous regarde pas. Bon, vous avez compris, on va dire les vrais termes, Nathalie, c'est l'amour de sa vie. À sa mort, Rosa s'installe d'ailleurs avec une autre femme, l'artiste américaine Anna Klumke, qui deviendra aussi sa biographe. Dans ses lettres comme dans ses œuvres, Rosa Bonheur ne se cache pas. Elle ne se définit pas non plus. En fait, elle vit hors norme, hors cadre, hors case. Dans une société corsetée, elle peint la liberté. On pourrait vous faire croire que Rosa Bonheur vit au banc de la société, mais il n'en est rien du tout. En fait, contrairement à la plupart des peintres, Rosa est une vraie rockstar de son vivant. Si vous visitez un jour sa maison près de Bardison, vous pourrez y admirer un élément unique, une véritable coiffe de chef amérindien offert par Sighting Bull lui-même. Rosa Bonheur n'a pas eu besoin d'étiquettes comme « queer » ou « non conforme » pour l'être puissamment. Elle l'a été par la force de sa vie, par l'indépendance de son art et par l'amour qu'elle a porté sans compromis. Avec son audace, elle a réussi à s'imposer et à devenir une des plus grandes icônes de l'histoire de la peinture. Aujourd'hui encore, le château de Bi, où elle a vécu, vibre de cette audace tranquille. Un lieu où l'art, l'identité et la liberté ont galopé côte à côte. Alors, que retenir de ces trajectoires hors du commun ? Que l'histoire de l'art n'est pas faite que de chefs-d'œuvre accrochés aux cimaises des musées. Elle est aussi traversée de combats, de silences brisés et de vies vécues à contre-courant. De Keith Haring à Rosa Bonheur, en passant par Claude Cahin, ces artistes ont prouvé que l'art peut être un refuge quand le monde vous tourne le dos, un manifeste pour obtenir des droits sociaux, un cri pour la liberté ou tout simplement une preuve d'amour. Il n'y a finalement rien de plus subversif parfois que de simplement oser être soi. Je vous remercie pour votre écoute. et je vous dis à la semaine prochaine pour de nouvelles anecdotes croustillantes sur l'art et le design.

Chapters

  • Introduction

    00:00

  • Anecdote de la semaine

    00:57

  • Conclusion

    10:46

Description

Que peuvent bien avoir en commun une photographe surréaliste des années 20, une peintre animalière du XIXe et un street artiste new-yorkais des années 80 ?

La réponse : une vision radicale, un courage indéfectible et une créativité flamboyante… au service de leur identité queer. Dans cet épisode spécial, on vous propose un voyage à travers le temps pour explorer trois trajectoires d’artistes LGBT qui ont marqué l’histoire de l’art – et bousculé les normes de leur époque.

🌈 Du silence pesant des années sida aux chevaux majestueux d’un château de By, en passant par des autoportraits défiant les genres bien avant Instagram : cet épisode vous invite à reconsidérer le rôle de l’art comme acte de résistance, d’affirmation et de liberté.

Vous pensiez que la visibilité queer dans l’art était une affaire récente ? Détrompez-vous : elle est aussi ancienne que courageuse. Et surtout, elle a laissé des traces visuelles aussi puissantes que politiques.

🎨 Un épisode pour celles et ceux qui aiment l’art, les luttes, les destins hors normes… et les anecdotes qui décoiffent autant qu’elles émeuvent.

👉 Spoiler : cet épisode ne vous laissera pas de marbre. Et peut-être vous donnera-t-il envie de regarder vos musées préférés sous un tout autre angle.



📢Les anecdotes Du Grand Art vous plaisent ?

Voici 3 façons gratuites et hyper rapides de nous soutenir :

  • Noter le podcast⭐⭐⭐⭐⭐

  • Laisser un commentaire💬

  • Le partager autour de vous 🗣️



Merci pour votre écoute, et à la semaine prochaine pour une nouvelle anecdote croustillante sur l'histoire de l'Art et du design !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue dans ce nouvel épisode du podcast du Grand Art, le podcast qui s'intéresse aux petites histoires qui ont fait la grande. Le mois des fiertés vient tout juste de se terminer, mais la créativité et l'influence des artistes LGBT ne prennent jamais de pause. Alors aujourd'hui, on plonge dans l'univers de trois artistes hors du commun, dont les œuvres ont non seulement bousculé les conventions artistiques, mais aussi marqué de leur empreinte l'histoire des arts visuels. Mais alors... Comment ces artistes ont-ils défié les codes et redéfini les règles de l'art ? Comment ont-ils utilisé leur art, non seulement pour s'affirmer, mais aussi pour faire évoluer toute une société ? Ça vous intrigue ? Ça tombe bien, c'est notre anecdote du jour. Moi des Fiertés, trois artistes LGBT qui ont fait l'histoire. Nous sommes en 1988, dans la ville de New York City. Keith Haring, jeune peintre street art, est assise seule dans son studio de Least Village face à la fenêtre. Du dernier étage de l'immeuble, on peut entendre le tumulte des taxis jaunes et de la foule urbaine en contrebas. Mais d'ici, les battements de cœur lourds de l'artiste masquent tout. Des larmes roulent sur ses joues. Kiss vient d'apprendre qu'il est séropositif. À cette époque, le sida est une condamnation à mort et autour de lui, les amis tombent les uns après les autres. On assiste à une véritable hécatombe dans le monde entier. Et le pire, c'est le silence. Le silence des médias, des institutions, mais aussi des gouvernements. Il n'y a pas de traitement, la recherche balbutie, et surtout, la peur et les préjugés semblent se propager aussi vite que l'épidémie en elle-même. Les représentants religieux parlent même de « cancer gay » et de « nombre malade meurt seul, abandonné par leurs proches qui ont honte ou peur d'être contaminé » . Comme toute personne. qui reçoit le terrible diagnostic, Kiss sait donc ce qu'il attend. Mais au-delà de la peur, il sent une rage monter en lui. Une rage froide. Il sait qu'il est trop tard pour lui, mais il est convaincu que grâce à l'art, il peut encore avoir un impact. Il décide alors de contacter un collectif d'artistes activistes qu'il admire depuis longtemps, le Silence Equal Death Project. Ce collectif a été fondé en 1985 par six membres. Avram Finkelstein, Jorge Socaras, Chris Lyon, Charles Krelow, Oliver Johnston et Brian Howard. A l'origine, il s'agit d'un groupe de soutien, d'entraide et de sensibilisation pour pallier le manque de moyens mis en place pour accompagner les malades et leurs proches qui semblent complètement abandonnés par l'administration Reagan. Pour des raisons politiques, patriarcales, que nous n'aborderons pas ici. Le problème, c'est un truc récurrent mais... Si j'en parle maintenant, on va me prendre pour un rageux, donc j'ai pas envie d'en parler. En 1987, face au silence assourdissant des médias, le collectif décide de réaliser une campagne d'affichage sauvage dans la ville de New York. Afin d'être le plus inclusif possible, les six compères optent pour un logo universel. Un triangle rose, le symbole utilisé par les nazis pour désigner les homosexuels dans les camps. Mais ici, le triangle est inversé. Il pointe vers le haut, et juste en dessous, Une inscription en blanc sur fond noir, Silence equal Death. Keith Haring appelle l'équipe du Silence égale Death Project et leur propose de s'engager à leur côté. Autant utiliser sa notoriété et son art au service de la cause. À partir de cet instant, il reprend le visuel et le fait sien. Il le peint dans les rues, sur des flyers, il l'expose même dans les galeries. Partout où il passe, ce message surgit comme un électrochoc visuel. Parce que tant que personne ne parle, le virus tue. Mais tant qu'on crie, on résiste. Très vite, Silence Equal Death devient l'emblème d'Act Up, un collectif radical qui organise des die-ins dans les églises, des sit-ins dans les labos, et crie dans les rues que le silence est complice. En 1989, le street artiste fond la Keith Haring Foundation. dont l'objectif est de venir en aide aux enfants dans le besoin et aux personnes touchées par le VIH et le sida. Keith Haring meurt à 31 ans, soit trois ans seulement après cette révélation. Entre-temps, il a transformé sa propre peur en étendard pour des milliers de personnes. Mais l'activisme dans l'art n'a pas débuté dans les années 1980. En réalité, depuis bien longtemps, les artistes ont marqué l'histoire LGBT et l'histoire de l'art. Nous sommes cette fois à Paris, mais il faut reculer dans le temps. Allez, racontez-nous ! Allez, racontez-nous ! Allez, racontez-nous ! Je vais vous raconter ce qui s'est passé ! Année 1920, Montparnasse bouillonne d'idées nouvelles, de poésie surréaliste et d'avant-garde provoquante. Et au milieu de tout ça, une silhouette androgyne attire les regards, dérange les conventions. Celle de Claude Cahun, né Lucie Schwob. En 1894, Claude choisit très jeune de se réinventer, pas seulement par l'écriture ou la photo, mais aussi par le nom, l'apparence, voire même les pronoms et les postures. Parce que pour Claude, l'identité est un terrain de jeu, un manifeste, voire carrément un champ de bataille. Avec son alter ego et amante, Marcel Mour, il compose des autoportraits troublants. Visage rasé, perruque, smoking, voile, regard défiant. Chaque cliché est une provocation douce, une énigme posée à l'objectif. D'ailleurs, je vous invite à aller regarder ces objectifs qui sont disponibles sur Google Images. Il vous suffit de taper Claude Cahin autoportrait. Claude brouille les pistes. Hommes, femmes, ni l'un ni l'autre, les deux. Et moi, je ne veux pas rentrer dans ce débat qui est étonnant. En 1929, Claude écrit « Tout ce masque, un autre masque. Je n'en finirai jamais de soulever tous ces visages. » Aujourd'hui, on dirait que Claude Carin était non-binaire ou transgenre. À l'époque, il n'y a pas vraiment de mots pour le dire, mais son œuvre, elle, le crie. Et ce cri n'est pas qu'esthétique. Claude revendique une identité fluide, mouvante, insaisissable, à une époque où nos noms vous enferment pour bien moins que ça. D'ailleurs, Si vous avez écouté l'épisode numéro 11, vous savez que pendant la Seconde Guerre mondiale, Claude et Marcel s'engagent dans la résistance anti-nazie sur l'île de Jersey, utilisant à nouveau l'art et le langage comme arme. Propagande clandestine, tracts anonymes appelant à la mutinerie glissée aux Allemands, ces deux-là sont de sacrées résistantes. Sauf que les nazis n'apprécient pas du tout, finissent par les démasquer, les arrêter, les emprisonner et les condamner à mort. En fait, au bout d'un moment, nous on rigole quoi. Je veux dire, si t'avais pas cette tête-là, on rigolerait peut-être pas, mais... Mais y'elles survivront, comme leur œuvre, que l'on découvre aujourd'hui comme un acte de résistance queer radicale bien avant l'heure. En fait, Claude Carin n'a pas seulement remis en cause les genres, les formes et les normes. Y'elle a prouvé que l'art peut être un refuge, un miroir et un combat. Bon, cette fois, cap sur le XIXe siècle. Nous sommes en 1836 à Paris. Une jeune fille de 14 ans, les cheveux en bataille et les mains pleines de charbon, est penchée sur un cheval. Ou plutôt sur un croquis de cheval. Elle s'appelle Rosa Bonheur. Elle dessine des animaux avec une intensité rare, un réalisme féroce. C'est ce qu'elle préfère au monde, parce que les bêtes sont libres et puissantes. Et surtout, elles ne sont pas dans le jugement. Très tôt, Rosa décide qu'elle ne vivra pas comme on attend qu'une femme vive. Elle ne veut ni corset, ni mariage, ni silence bien poli. Elle veut des bottes, une blouse d'homme, un atelier rempli de toiles et du grand air. À une époque où les femmes ne peuvent même pas s'inscrire à l'école des beaux-arts, Rosa se fraye un chemin seule grâce à son talent. En 1849, elle devient la première femme à recevoir la Légion d'honneur pour son travail. Son tableau, Le marché aux chevaux, fait le tour du monde jusqu'aux Etats-Unis, où elle est célébrée comme une star. Mais Rosa Bonheur ne s'arrête pas là. Pour pouvoir peindre au plus près des animaux, dans les abattoirs ou les foires agricoles, des lieux qui sont normalement interdits aux femmes, elle demande à la préfecture une autorisation de port de pantalon. Oui, parce qu'à l'époque, il faut une dérogation officielle pour porter un vêtement masculin. Attends, attends, je cherche partout le moment où j'ai demandé ton avis. Elle en obtiendra plusieurs au fil de sa vie et en fera même sa signature. Rosa vient en toute liberté avec sa meilleure amie d'enfance, Nathalie Lucas. pendant plus de 40 ans. Certainement pas à nous de divulguer les ragots comme quoi ils seraient homosexuels. Tout à fait. Cela ne nous regarde pas. Bon, vous avez compris, on va dire les vrais termes, Nathalie, c'est l'amour de sa vie. À sa mort, Rosa s'installe d'ailleurs avec une autre femme, l'artiste américaine Anna Klumke, qui deviendra aussi sa biographe. Dans ses lettres comme dans ses œuvres, Rosa Bonheur ne se cache pas. Elle ne se définit pas non plus. En fait, elle vit hors norme, hors cadre, hors case. Dans une société corsetée, elle peint la liberté. On pourrait vous faire croire que Rosa Bonheur vit au banc de la société, mais il n'en est rien du tout. En fait, contrairement à la plupart des peintres, Rosa est une vraie rockstar de son vivant. Si vous visitez un jour sa maison près de Bardison, vous pourrez y admirer un élément unique, une véritable coiffe de chef amérindien offert par Sighting Bull lui-même. Rosa Bonheur n'a pas eu besoin d'étiquettes comme « queer » ou « non conforme » pour l'être puissamment. Elle l'a été par la force de sa vie, par l'indépendance de son art et par l'amour qu'elle a porté sans compromis. Avec son audace, elle a réussi à s'imposer et à devenir une des plus grandes icônes de l'histoire de la peinture. Aujourd'hui encore, le château de Bi, où elle a vécu, vibre de cette audace tranquille. Un lieu où l'art, l'identité et la liberté ont galopé côte à côte. Alors, que retenir de ces trajectoires hors du commun ? Que l'histoire de l'art n'est pas faite que de chefs-d'œuvre accrochés aux cimaises des musées. Elle est aussi traversée de combats, de silences brisés et de vies vécues à contre-courant. De Keith Haring à Rosa Bonheur, en passant par Claude Cahin, ces artistes ont prouvé que l'art peut être un refuge quand le monde vous tourne le dos, un manifeste pour obtenir des droits sociaux, un cri pour la liberté ou tout simplement une preuve d'amour. Il n'y a finalement rien de plus subversif parfois que de simplement oser être soi. Je vous remercie pour votre écoute. et je vous dis à la semaine prochaine pour de nouvelles anecdotes croustillantes sur l'art et le design.

Chapters

  • Introduction

    00:00

  • Anecdote de la semaine

    00:57

  • Conclusion

    10:46

Share

Embed

You may also like

Description

Que peuvent bien avoir en commun une photographe surréaliste des années 20, une peintre animalière du XIXe et un street artiste new-yorkais des années 80 ?

La réponse : une vision radicale, un courage indéfectible et une créativité flamboyante… au service de leur identité queer. Dans cet épisode spécial, on vous propose un voyage à travers le temps pour explorer trois trajectoires d’artistes LGBT qui ont marqué l’histoire de l’art – et bousculé les normes de leur époque.

🌈 Du silence pesant des années sida aux chevaux majestueux d’un château de By, en passant par des autoportraits défiant les genres bien avant Instagram : cet épisode vous invite à reconsidérer le rôle de l’art comme acte de résistance, d’affirmation et de liberté.

Vous pensiez que la visibilité queer dans l’art était une affaire récente ? Détrompez-vous : elle est aussi ancienne que courageuse. Et surtout, elle a laissé des traces visuelles aussi puissantes que politiques.

🎨 Un épisode pour celles et ceux qui aiment l’art, les luttes, les destins hors normes… et les anecdotes qui décoiffent autant qu’elles émeuvent.

👉 Spoiler : cet épisode ne vous laissera pas de marbre. Et peut-être vous donnera-t-il envie de regarder vos musées préférés sous un tout autre angle.



📢Les anecdotes Du Grand Art vous plaisent ?

Voici 3 façons gratuites et hyper rapides de nous soutenir :

  • Noter le podcast⭐⭐⭐⭐⭐

  • Laisser un commentaire💬

  • Le partager autour de vous 🗣️



Merci pour votre écoute, et à la semaine prochaine pour une nouvelle anecdote croustillante sur l'histoire de l'Art et du design !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue dans ce nouvel épisode du podcast du Grand Art, le podcast qui s'intéresse aux petites histoires qui ont fait la grande. Le mois des fiertés vient tout juste de se terminer, mais la créativité et l'influence des artistes LGBT ne prennent jamais de pause. Alors aujourd'hui, on plonge dans l'univers de trois artistes hors du commun, dont les œuvres ont non seulement bousculé les conventions artistiques, mais aussi marqué de leur empreinte l'histoire des arts visuels. Mais alors... Comment ces artistes ont-ils défié les codes et redéfini les règles de l'art ? Comment ont-ils utilisé leur art, non seulement pour s'affirmer, mais aussi pour faire évoluer toute une société ? Ça vous intrigue ? Ça tombe bien, c'est notre anecdote du jour. Moi des Fiertés, trois artistes LGBT qui ont fait l'histoire. Nous sommes en 1988, dans la ville de New York City. Keith Haring, jeune peintre street art, est assise seule dans son studio de Least Village face à la fenêtre. Du dernier étage de l'immeuble, on peut entendre le tumulte des taxis jaunes et de la foule urbaine en contrebas. Mais d'ici, les battements de cœur lourds de l'artiste masquent tout. Des larmes roulent sur ses joues. Kiss vient d'apprendre qu'il est séropositif. À cette époque, le sida est une condamnation à mort et autour de lui, les amis tombent les uns après les autres. On assiste à une véritable hécatombe dans le monde entier. Et le pire, c'est le silence. Le silence des médias, des institutions, mais aussi des gouvernements. Il n'y a pas de traitement, la recherche balbutie, et surtout, la peur et les préjugés semblent se propager aussi vite que l'épidémie en elle-même. Les représentants religieux parlent même de « cancer gay » et de « nombre malade meurt seul, abandonné par leurs proches qui ont honte ou peur d'être contaminé » . Comme toute personne. qui reçoit le terrible diagnostic, Kiss sait donc ce qu'il attend. Mais au-delà de la peur, il sent une rage monter en lui. Une rage froide. Il sait qu'il est trop tard pour lui, mais il est convaincu que grâce à l'art, il peut encore avoir un impact. Il décide alors de contacter un collectif d'artistes activistes qu'il admire depuis longtemps, le Silence Equal Death Project. Ce collectif a été fondé en 1985 par six membres. Avram Finkelstein, Jorge Socaras, Chris Lyon, Charles Krelow, Oliver Johnston et Brian Howard. A l'origine, il s'agit d'un groupe de soutien, d'entraide et de sensibilisation pour pallier le manque de moyens mis en place pour accompagner les malades et leurs proches qui semblent complètement abandonnés par l'administration Reagan. Pour des raisons politiques, patriarcales, que nous n'aborderons pas ici. Le problème, c'est un truc récurrent mais... Si j'en parle maintenant, on va me prendre pour un rageux, donc j'ai pas envie d'en parler. En 1987, face au silence assourdissant des médias, le collectif décide de réaliser une campagne d'affichage sauvage dans la ville de New York. Afin d'être le plus inclusif possible, les six compères optent pour un logo universel. Un triangle rose, le symbole utilisé par les nazis pour désigner les homosexuels dans les camps. Mais ici, le triangle est inversé. Il pointe vers le haut, et juste en dessous, Une inscription en blanc sur fond noir, Silence equal Death. Keith Haring appelle l'équipe du Silence égale Death Project et leur propose de s'engager à leur côté. Autant utiliser sa notoriété et son art au service de la cause. À partir de cet instant, il reprend le visuel et le fait sien. Il le peint dans les rues, sur des flyers, il l'expose même dans les galeries. Partout où il passe, ce message surgit comme un électrochoc visuel. Parce que tant que personne ne parle, le virus tue. Mais tant qu'on crie, on résiste. Très vite, Silence Equal Death devient l'emblème d'Act Up, un collectif radical qui organise des die-ins dans les églises, des sit-ins dans les labos, et crie dans les rues que le silence est complice. En 1989, le street artiste fond la Keith Haring Foundation. dont l'objectif est de venir en aide aux enfants dans le besoin et aux personnes touchées par le VIH et le sida. Keith Haring meurt à 31 ans, soit trois ans seulement après cette révélation. Entre-temps, il a transformé sa propre peur en étendard pour des milliers de personnes. Mais l'activisme dans l'art n'a pas débuté dans les années 1980. En réalité, depuis bien longtemps, les artistes ont marqué l'histoire LGBT et l'histoire de l'art. Nous sommes cette fois à Paris, mais il faut reculer dans le temps. Allez, racontez-nous ! Allez, racontez-nous ! Allez, racontez-nous ! Je vais vous raconter ce qui s'est passé ! Année 1920, Montparnasse bouillonne d'idées nouvelles, de poésie surréaliste et d'avant-garde provoquante. Et au milieu de tout ça, une silhouette androgyne attire les regards, dérange les conventions. Celle de Claude Cahun, né Lucie Schwob. En 1894, Claude choisit très jeune de se réinventer, pas seulement par l'écriture ou la photo, mais aussi par le nom, l'apparence, voire même les pronoms et les postures. Parce que pour Claude, l'identité est un terrain de jeu, un manifeste, voire carrément un champ de bataille. Avec son alter ego et amante, Marcel Mour, il compose des autoportraits troublants. Visage rasé, perruque, smoking, voile, regard défiant. Chaque cliché est une provocation douce, une énigme posée à l'objectif. D'ailleurs, je vous invite à aller regarder ces objectifs qui sont disponibles sur Google Images. Il vous suffit de taper Claude Cahin autoportrait. Claude brouille les pistes. Hommes, femmes, ni l'un ni l'autre, les deux. Et moi, je ne veux pas rentrer dans ce débat qui est étonnant. En 1929, Claude écrit « Tout ce masque, un autre masque. Je n'en finirai jamais de soulever tous ces visages. » Aujourd'hui, on dirait que Claude Carin était non-binaire ou transgenre. À l'époque, il n'y a pas vraiment de mots pour le dire, mais son œuvre, elle, le crie. Et ce cri n'est pas qu'esthétique. Claude revendique une identité fluide, mouvante, insaisissable, à une époque où nos noms vous enferment pour bien moins que ça. D'ailleurs, Si vous avez écouté l'épisode numéro 11, vous savez que pendant la Seconde Guerre mondiale, Claude et Marcel s'engagent dans la résistance anti-nazie sur l'île de Jersey, utilisant à nouveau l'art et le langage comme arme. Propagande clandestine, tracts anonymes appelant à la mutinerie glissée aux Allemands, ces deux-là sont de sacrées résistantes. Sauf que les nazis n'apprécient pas du tout, finissent par les démasquer, les arrêter, les emprisonner et les condamner à mort. En fait, au bout d'un moment, nous on rigole quoi. Je veux dire, si t'avais pas cette tête-là, on rigolerait peut-être pas, mais... Mais y'elles survivront, comme leur œuvre, que l'on découvre aujourd'hui comme un acte de résistance queer radicale bien avant l'heure. En fait, Claude Carin n'a pas seulement remis en cause les genres, les formes et les normes. Y'elle a prouvé que l'art peut être un refuge, un miroir et un combat. Bon, cette fois, cap sur le XIXe siècle. Nous sommes en 1836 à Paris. Une jeune fille de 14 ans, les cheveux en bataille et les mains pleines de charbon, est penchée sur un cheval. Ou plutôt sur un croquis de cheval. Elle s'appelle Rosa Bonheur. Elle dessine des animaux avec une intensité rare, un réalisme féroce. C'est ce qu'elle préfère au monde, parce que les bêtes sont libres et puissantes. Et surtout, elles ne sont pas dans le jugement. Très tôt, Rosa décide qu'elle ne vivra pas comme on attend qu'une femme vive. Elle ne veut ni corset, ni mariage, ni silence bien poli. Elle veut des bottes, une blouse d'homme, un atelier rempli de toiles et du grand air. À une époque où les femmes ne peuvent même pas s'inscrire à l'école des beaux-arts, Rosa se fraye un chemin seule grâce à son talent. En 1849, elle devient la première femme à recevoir la Légion d'honneur pour son travail. Son tableau, Le marché aux chevaux, fait le tour du monde jusqu'aux Etats-Unis, où elle est célébrée comme une star. Mais Rosa Bonheur ne s'arrête pas là. Pour pouvoir peindre au plus près des animaux, dans les abattoirs ou les foires agricoles, des lieux qui sont normalement interdits aux femmes, elle demande à la préfecture une autorisation de port de pantalon. Oui, parce qu'à l'époque, il faut une dérogation officielle pour porter un vêtement masculin. Attends, attends, je cherche partout le moment où j'ai demandé ton avis. Elle en obtiendra plusieurs au fil de sa vie et en fera même sa signature. Rosa vient en toute liberté avec sa meilleure amie d'enfance, Nathalie Lucas. pendant plus de 40 ans. Certainement pas à nous de divulguer les ragots comme quoi ils seraient homosexuels. Tout à fait. Cela ne nous regarde pas. Bon, vous avez compris, on va dire les vrais termes, Nathalie, c'est l'amour de sa vie. À sa mort, Rosa s'installe d'ailleurs avec une autre femme, l'artiste américaine Anna Klumke, qui deviendra aussi sa biographe. Dans ses lettres comme dans ses œuvres, Rosa Bonheur ne se cache pas. Elle ne se définit pas non plus. En fait, elle vit hors norme, hors cadre, hors case. Dans une société corsetée, elle peint la liberté. On pourrait vous faire croire que Rosa Bonheur vit au banc de la société, mais il n'en est rien du tout. En fait, contrairement à la plupart des peintres, Rosa est une vraie rockstar de son vivant. Si vous visitez un jour sa maison près de Bardison, vous pourrez y admirer un élément unique, une véritable coiffe de chef amérindien offert par Sighting Bull lui-même. Rosa Bonheur n'a pas eu besoin d'étiquettes comme « queer » ou « non conforme » pour l'être puissamment. Elle l'a été par la force de sa vie, par l'indépendance de son art et par l'amour qu'elle a porté sans compromis. Avec son audace, elle a réussi à s'imposer et à devenir une des plus grandes icônes de l'histoire de la peinture. Aujourd'hui encore, le château de Bi, où elle a vécu, vibre de cette audace tranquille. Un lieu où l'art, l'identité et la liberté ont galopé côte à côte. Alors, que retenir de ces trajectoires hors du commun ? Que l'histoire de l'art n'est pas faite que de chefs-d'œuvre accrochés aux cimaises des musées. Elle est aussi traversée de combats, de silences brisés et de vies vécues à contre-courant. De Keith Haring à Rosa Bonheur, en passant par Claude Cahin, ces artistes ont prouvé que l'art peut être un refuge quand le monde vous tourne le dos, un manifeste pour obtenir des droits sociaux, un cri pour la liberté ou tout simplement une preuve d'amour. Il n'y a finalement rien de plus subversif parfois que de simplement oser être soi. Je vous remercie pour votre écoute. et je vous dis à la semaine prochaine pour de nouvelles anecdotes croustillantes sur l'art et le design.

Chapters

  • Introduction

    00:00

  • Anecdote de la semaine

    00:57

  • Conclusion

    10:46

Description

Que peuvent bien avoir en commun une photographe surréaliste des années 20, une peintre animalière du XIXe et un street artiste new-yorkais des années 80 ?

La réponse : une vision radicale, un courage indéfectible et une créativité flamboyante… au service de leur identité queer. Dans cet épisode spécial, on vous propose un voyage à travers le temps pour explorer trois trajectoires d’artistes LGBT qui ont marqué l’histoire de l’art – et bousculé les normes de leur époque.

🌈 Du silence pesant des années sida aux chevaux majestueux d’un château de By, en passant par des autoportraits défiant les genres bien avant Instagram : cet épisode vous invite à reconsidérer le rôle de l’art comme acte de résistance, d’affirmation et de liberté.

Vous pensiez que la visibilité queer dans l’art était une affaire récente ? Détrompez-vous : elle est aussi ancienne que courageuse. Et surtout, elle a laissé des traces visuelles aussi puissantes que politiques.

🎨 Un épisode pour celles et ceux qui aiment l’art, les luttes, les destins hors normes… et les anecdotes qui décoiffent autant qu’elles émeuvent.

👉 Spoiler : cet épisode ne vous laissera pas de marbre. Et peut-être vous donnera-t-il envie de regarder vos musées préférés sous un tout autre angle.



📢Les anecdotes Du Grand Art vous plaisent ?

Voici 3 façons gratuites et hyper rapides de nous soutenir :

  • Noter le podcast⭐⭐⭐⭐⭐

  • Laisser un commentaire💬

  • Le partager autour de vous 🗣️



Merci pour votre écoute, et à la semaine prochaine pour une nouvelle anecdote croustillante sur l'histoire de l'Art et du design !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue dans ce nouvel épisode du podcast du Grand Art, le podcast qui s'intéresse aux petites histoires qui ont fait la grande. Le mois des fiertés vient tout juste de se terminer, mais la créativité et l'influence des artistes LGBT ne prennent jamais de pause. Alors aujourd'hui, on plonge dans l'univers de trois artistes hors du commun, dont les œuvres ont non seulement bousculé les conventions artistiques, mais aussi marqué de leur empreinte l'histoire des arts visuels. Mais alors... Comment ces artistes ont-ils défié les codes et redéfini les règles de l'art ? Comment ont-ils utilisé leur art, non seulement pour s'affirmer, mais aussi pour faire évoluer toute une société ? Ça vous intrigue ? Ça tombe bien, c'est notre anecdote du jour. Moi des Fiertés, trois artistes LGBT qui ont fait l'histoire. Nous sommes en 1988, dans la ville de New York City. Keith Haring, jeune peintre street art, est assise seule dans son studio de Least Village face à la fenêtre. Du dernier étage de l'immeuble, on peut entendre le tumulte des taxis jaunes et de la foule urbaine en contrebas. Mais d'ici, les battements de cœur lourds de l'artiste masquent tout. Des larmes roulent sur ses joues. Kiss vient d'apprendre qu'il est séropositif. À cette époque, le sida est une condamnation à mort et autour de lui, les amis tombent les uns après les autres. On assiste à une véritable hécatombe dans le monde entier. Et le pire, c'est le silence. Le silence des médias, des institutions, mais aussi des gouvernements. Il n'y a pas de traitement, la recherche balbutie, et surtout, la peur et les préjugés semblent se propager aussi vite que l'épidémie en elle-même. Les représentants religieux parlent même de « cancer gay » et de « nombre malade meurt seul, abandonné par leurs proches qui ont honte ou peur d'être contaminé » . Comme toute personne. qui reçoit le terrible diagnostic, Kiss sait donc ce qu'il attend. Mais au-delà de la peur, il sent une rage monter en lui. Une rage froide. Il sait qu'il est trop tard pour lui, mais il est convaincu que grâce à l'art, il peut encore avoir un impact. Il décide alors de contacter un collectif d'artistes activistes qu'il admire depuis longtemps, le Silence Equal Death Project. Ce collectif a été fondé en 1985 par six membres. Avram Finkelstein, Jorge Socaras, Chris Lyon, Charles Krelow, Oliver Johnston et Brian Howard. A l'origine, il s'agit d'un groupe de soutien, d'entraide et de sensibilisation pour pallier le manque de moyens mis en place pour accompagner les malades et leurs proches qui semblent complètement abandonnés par l'administration Reagan. Pour des raisons politiques, patriarcales, que nous n'aborderons pas ici. Le problème, c'est un truc récurrent mais... Si j'en parle maintenant, on va me prendre pour un rageux, donc j'ai pas envie d'en parler. En 1987, face au silence assourdissant des médias, le collectif décide de réaliser une campagne d'affichage sauvage dans la ville de New York. Afin d'être le plus inclusif possible, les six compères optent pour un logo universel. Un triangle rose, le symbole utilisé par les nazis pour désigner les homosexuels dans les camps. Mais ici, le triangle est inversé. Il pointe vers le haut, et juste en dessous, Une inscription en blanc sur fond noir, Silence equal Death. Keith Haring appelle l'équipe du Silence égale Death Project et leur propose de s'engager à leur côté. Autant utiliser sa notoriété et son art au service de la cause. À partir de cet instant, il reprend le visuel et le fait sien. Il le peint dans les rues, sur des flyers, il l'expose même dans les galeries. Partout où il passe, ce message surgit comme un électrochoc visuel. Parce que tant que personne ne parle, le virus tue. Mais tant qu'on crie, on résiste. Très vite, Silence Equal Death devient l'emblème d'Act Up, un collectif radical qui organise des die-ins dans les églises, des sit-ins dans les labos, et crie dans les rues que le silence est complice. En 1989, le street artiste fond la Keith Haring Foundation. dont l'objectif est de venir en aide aux enfants dans le besoin et aux personnes touchées par le VIH et le sida. Keith Haring meurt à 31 ans, soit trois ans seulement après cette révélation. Entre-temps, il a transformé sa propre peur en étendard pour des milliers de personnes. Mais l'activisme dans l'art n'a pas débuté dans les années 1980. En réalité, depuis bien longtemps, les artistes ont marqué l'histoire LGBT et l'histoire de l'art. Nous sommes cette fois à Paris, mais il faut reculer dans le temps. Allez, racontez-nous ! Allez, racontez-nous ! Allez, racontez-nous ! Je vais vous raconter ce qui s'est passé ! Année 1920, Montparnasse bouillonne d'idées nouvelles, de poésie surréaliste et d'avant-garde provoquante. Et au milieu de tout ça, une silhouette androgyne attire les regards, dérange les conventions. Celle de Claude Cahun, né Lucie Schwob. En 1894, Claude choisit très jeune de se réinventer, pas seulement par l'écriture ou la photo, mais aussi par le nom, l'apparence, voire même les pronoms et les postures. Parce que pour Claude, l'identité est un terrain de jeu, un manifeste, voire carrément un champ de bataille. Avec son alter ego et amante, Marcel Mour, il compose des autoportraits troublants. Visage rasé, perruque, smoking, voile, regard défiant. Chaque cliché est une provocation douce, une énigme posée à l'objectif. D'ailleurs, je vous invite à aller regarder ces objectifs qui sont disponibles sur Google Images. Il vous suffit de taper Claude Cahin autoportrait. Claude brouille les pistes. Hommes, femmes, ni l'un ni l'autre, les deux. Et moi, je ne veux pas rentrer dans ce débat qui est étonnant. En 1929, Claude écrit « Tout ce masque, un autre masque. Je n'en finirai jamais de soulever tous ces visages. » Aujourd'hui, on dirait que Claude Carin était non-binaire ou transgenre. À l'époque, il n'y a pas vraiment de mots pour le dire, mais son œuvre, elle, le crie. Et ce cri n'est pas qu'esthétique. Claude revendique une identité fluide, mouvante, insaisissable, à une époque où nos noms vous enferment pour bien moins que ça. D'ailleurs, Si vous avez écouté l'épisode numéro 11, vous savez que pendant la Seconde Guerre mondiale, Claude et Marcel s'engagent dans la résistance anti-nazie sur l'île de Jersey, utilisant à nouveau l'art et le langage comme arme. Propagande clandestine, tracts anonymes appelant à la mutinerie glissée aux Allemands, ces deux-là sont de sacrées résistantes. Sauf que les nazis n'apprécient pas du tout, finissent par les démasquer, les arrêter, les emprisonner et les condamner à mort. En fait, au bout d'un moment, nous on rigole quoi. Je veux dire, si t'avais pas cette tête-là, on rigolerait peut-être pas, mais... Mais y'elles survivront, comme leur œuvre, que l'on découvre aujourd'hui comme un acte de résistance queer radicale bien avant l'heure. En fait, Claude Carin n'a pas seulement remis en cause les genres, les formes et les normes. Y'elle a prouvé que l'art peut être un refuge, un miroir et un combat. Bon, cette fois, cap sur le XIXe siècle. Nous sommes en 1836 à Paris. Une jeune fille de 14 ans, les cheveux en bataille et les mains pleines de charbon, est penchée sur un cheval. Ou plutôt sur un croquis de cheval. Elle s'appelle Rosa Bonheur. Elle dessine des animaux avec une intensité rare, un réalisme féroce. C'est ce qu'elle préfère au monde, parce que les bêtes sont libres et puissantes. Et surtout, elles ne sont pas dans le jugement. Très tôt, Rosa décide qu'elle ne vivra pas comme on attend qu'une femme vive. Elle ne veut ni corset, ni mariage, ni silence bien poli. Elle veut des bottes, une blouse d'homme, un atelier rempli de toiles et du grand air. À une époque où les femmes ne peuvent même pas s'inscrire à l'école des beaux-arts, Rosa se fraye un chemin seule grâce à son talent. En 1849, elle devient la première femme à recevoir la Légion d'honneur pour son travail. Son tableau, Le marché aux chevaux, fait le tour du monde jusqu'aux Etats-Unis, où elle est célébrée comme une star. Mais Rosa Bonheur ne s'arrête pas là. Pour pouvoir peindre au plus près des animaux, dans les abattoirs ou les foires agricoles, des lieux qui sont normalement interdits aux femmes, elle demande à la préfecture une autorisation de port de pantalon. Oui, parce qu'à l'époque, il faut une dérogation officielle pour porter un vêtement masculin. Attends, attends, je cherche partout le moment où j'ai demandé ton avis. Elle en obtiendra plusieurs au fil de sa vie et en fera même sa signature. Rosa vient en toute liberté avec sa meilleure amie d'enfance, Nathalie Lucas. pendant plus de 40 ans. Certainement pas à nous de divulguer les ragots comme quoi ils seraient homosexuels. Tout à fait. Cela ne nous regarde pas. Bon, vous avez compris, on va dire les vrais termes, Nathalie, c'est l'amour de sa vie. À sa mort, Rosa s'installe d'ailleurs avec une autre femme, l'artiste américaine Anna Klumke, qui deviendra aussi sa biographe. Dans ses lettres comme dans ses œuvres, Rosa Bonheur ne se cache pas. Elle ne se définit pas non plus. En fait, elle vit hors norme, hors cadre, hors case. Dans une société corsetée, elle peint la liberté. On pourrait vous faire croire que Rosa Bonheur vit au banc de la société, mais il n'en est rien du tout. En fait, contrairement à la plupart des peintres, Rosa est une vraie rockstar de son vivant. Si vous visitez un jour sa maison près de Bardison, vous pourrez y admirer un élément unique, une véritable coiffe de chef amérindien offert par Sighting Bull lui-même. Rosa Bonheur n'a pas eu besoin d'étiquettes comme « queer » ou « non conforme » pour l'être puissamment. Elle l'a été par la force de sa vie, par l'indépendance de son art et par l'amour qu'elle a porté sans compromis. Avec son audace, elle a réussi à s'imposer et à devenir une des plus grandes icônes de l'histoire de la peinture. Aujourd'hui encore, le château de Bi, où elle a vécu, vibre de cette audace tranquille. Un lieu où l'art, l'identité et la liberté ont galopé côte à côte. Alors, que retenir de ces trajectoires hors du commun ? Que l'histoire de l'art n'est pas faite que de chefs-d'œuvre accrochés aux cimaises des musées. Elle est aussi traversée de combats, de silences brisés et de vies vécues à contre-courant. De Keith Haring à Rosa Bonheur, en passant par Claude Cahin, ces artistes ont prouvé que l'art peut être un refuge quand le monde vous tourne le dos, un manifeste pour obtenir des droits sociaux, un cri pour la liberté ou tout simplement une preuve d'amour. Il n'y a finalement rien de plus subversif parfois que de simplement oser être soi. Je vous remercie pour votre écoute. et je vous dis à la semaine prochaine pour de nouvelles anecdotes croustillantes sur l'art et le design.

Chapters

  • Introduction

    00:00

  • Anecdote de la semaine

    00:57

  • Conclusion

    10:46

Share

Embed

You may also like