- Speaker #0
Bonjour et bienvenue dans ce nouvel épisode du podcast du Grand Art, le podcast qui s'intéresse aux petites histoires qui ont fait la grande. Aujourd'hui, on se retrouve pour notre vingtième épisode. Et oui, déjà ! Vous êtes plusieurs milliers à avoir rejoint l'aventure depuis le début de ce podcast et je vous en remercie. Au lancement, je ne pensais pas que nous serions si nombreux à nous retrouver chaque semaine pour tenter de percer les mystères de l'art. Parce que oui, vous l'avez compris, s'il y a une conviction que j'espère vous avoir... partagé au cours de ce podcast, c'est que la beauté se trouve en toute chose et c'est ce qui fait l'essence même de la vie. Je vais vous dire, pour moi, l'art, ce n'est qu'un outil pour nous connecter à la beauté du monde. Et à l'image des personnes qui s'entraînent à méditer chaque jour, si vous travaillez votre muscle créatif, vous pouvez trouver de la beauté dans absolument tout. Un brin d'herbe, un bourrelet, une flaque d'eau. Et je crois que je ne suis pas la seule à être convaincue de ça. Il y a 800 ans, un mathématicien Un peu fou aurait d'ailleurs trouvé l'équation de la beauté du monde en observant un couple de lapins. Ça vous intrigue ? Ça tombe bien, c'est notre anecdote du jour. Fibonacci, les lapins et la plus belle équation du monde. Nous sommes en 1182 dans un joli appartement à Bejaïa, en Algérie. Sur la table de la cuisine, un garçon d'une douzaine d'années s'applique à résoudre des problèmes de mathématiques. Il s'agit du jeune Leonardo Fibonacci. Leonardo semble absorbé par ses calculs, qui sont déjà d'un niveau poussé pour un simple pré-ado. Il faut dire qu'il a appris cette science dès sa plus tendre enfance auprès des meilleurs. Alors qu'il était tout petit, son père, notaire pour la République de Pise, a quitté l'Italie et l'a emmené vivre avec lui à Bejaia. À cette époque, la ville est très dynamique grâce à son activité portuaire. Et puis, c'est aussi un haut lieu de rassemblement d'intellectuels où les sciences, notamment les mathématiques, sont étudiées. Leonardo est rapidement exposé aux travaux de grands noms de l'algèbre, les mathématiciens persans Al-Khwarizmi et Al-Kharaji, mais aussi l'égyptien Abu Kamil. Il montre assez vite une aisance avec cette science. Et son père se dit qu'un mathieu dans la famille, c'est toujours bon pour faire du commerce. Il l'encourage donc à rencontrer les plus grands mathématiciens de la région.
- Speaker #1
« Tu es ravi de faire partie de cette aventure qui est avant tout humaine ? » Et puis voilà, enchantée, moi c'est Annick. Et puis j'ai hâte de faire votre connaissance à tous et à toutes, vraiment.
- Speaker #0
Au fil des ans, Leonardo devient non seulement un maître en la matière, mais aussi un véritable penseur. En 1198, il retourne vivre en Italie et c'est lui qui introduit les chiffres arabes à Pise. Bon, ça ne durera pas très longtemps parce que les Européens ne pigent pas. pas grand-chose au concept de zéro. Déjà, le mot n'existe même pas en italien, mais en plus, ça fiche en l'air toute la comptabilité des commerçants. Il n'y en a plus d'argent, il n'y en a plus à Aradi ! Il faut vous le dire en quelle langue ! On ne peut plus rien se payer du tout ! D'ailleurs, bien après la mort de notre héros, la ville de Florence interdira même l'usage des chiffres arabes par les banquiers. Yaya et que mozzarella di bufala ! Mais bon, pour l'instant, notre cher Leonardo est en pleine santé et vive d'esprit. et l'incompréhension du grand public ne le touche pas du tout. À cette même période, il commence à rassembler ses connaissances en mathématiques dans plusieurs ouvrages. En 1202, notre prodige des chiffres planche sur un sacré projet, Liber Abaci, le livre des calculs. Il s'agit d'un traité sur le calcul décimal, inspiré des grands concepts qu'il a appris durant sa jeunesse. D'ailleurs, une partie de son œuvre est écrite de droite à gauche. Ce livre est une véritable révolution ... puisqu'à cette époque, en Occident, on compte encore en chiffres romains et on calcule sur abac des sortes de variantes du boulier. Leonardo, plume à la main, inscrit sur son parchemin tout ce qu'il faut savoir sur l'arithmétique, sa spécialité. Vous avez du cran pour choisir cette voie. Vous êtes un génie, chef. Il décide d'expliquer le concept de suite arithmétique et pour l'illustrer, il utilise un exemple un peu étonnant. L'exemple d'un couple de lapins qui se reproduit. Il pose le problème comme suit. Quelqu'un a déposé un couple de lapins dans un certain lieu, clos de toute part, pour savoir combien de couples seraient issus de cette paire en une année, car il est dans leur nature de générer un autre couple en un seul mois et qu'ils enfantent dans le second mois après leur naissance. Quoi de neuf, docteur ? Ok, la question est, combien avons-nous de lapins au bout d'un an, sachant qu'au début du premier mois, il n'y a qu'une seule paire de lapereaux ? Les lapins ne se reproduisent qu'à partir de deux mois. chaque début de mois, chaque paire de lapins engendre exactement une nouvelle paire de lapros, et enfin, que les lapins ne meurent jamais. Ça vous rappelle de bons souvenirs d'école, je parie, non ? C'est vraiment le genre de questions qui me fait chier, c'est ça ? Bon, je vous donne la réponse. En posant le problème mois par mois, on obtient une suite logique. 1, 1, 2, 3, 5, 8, 13, 21, etc. Bien sûr, dans cet exemple... On ne tient pas compte de l'épuisement des lapins.
- Speaker #1
Je suis très fatiguée, moi. Il ne faut pas trop m'en demander. J'ai mal à la tête, j'ai mal aux yeux, le corps est très très faible. J'arrive plus.
- Speaker #0
C'est ça la suite de Fibonacci. Chaque nombre est la somme des deux précédents. Cet exemple passe plutôt inaperçu à l'époque. D'autres concepts, notamment au sujet de la comptabilité, rencontrent bien plus de succès. Les années passent, les décennies même, et il faut attendre le XVIe siècle pour que cette histoire de lapin refasse surface. Un certain Luca Pacioli, moine franciscain italien, explique qu'à bien observer la nature, les formes géométriques semblent toujours respecter les mêmes proportions. Un cercle est un carré, un carré... Luca est mathématicien, certes, mais il est avant tout moine, donc il appelle ça la proportion divine. Et la proportion divine, c'est quand une petite partie est au reste comme le reste est au tout. Bon, c'est pas très clair, alors illustrons avec un exemple. Imaginez que vous avez une baguette. Vous la cassez en deux morceaux, un grand et un petit. La proportion divine, c'est quand le grand morceau est au petit, ce que la baguette entière est au grand. Plus exactement, c'est quand le rapport entre chaque élément respecte un ratio de 1,618 et des poussières. ce qui correspond très exactement au ratio de la suite de Fibonacci, 1,618. Ce nombre semble tellement magique qu'on l'appelle le nombre d'or. Luca dévoile l'existence de cette proportion incroyable dans son livre « De Divina Proportion » . Et devinez quoi ? Pour l'illustrer, il demande un coup de main à son colocateur de l'époque, Léonard de Vinci. En fin de compte, si on a oublié le travail de Fibonacci pendant des siècles, le nombre d'or, lui, est toujours resté dans les parages. On peut le retrouver sur la forme des coquilles d'escargots, dans la disposition des graines sur les fleurs de tournesol, dans l'écart entre les branches des étoiles de mer, ou encore dans la disposition des motifs sur les ailes de papillons. Encore plus fou, quand les oiseaux migrateurs se déplacent en V, les angles des ailes forment des spirales qui se rapprochent de Fibonacci. Finalement, pas la peine d'avoir peur de tous ces chiffres compliqués et ces problèmes de maths qui flanquent la migraine. Ils ne font qu'expliquer comment la beauté fonctionne. Une sorte de solfège visuel en quelque sorte. Ce qui n'explique pas en revanche, c'est pourquoi nous trouvons cela beau. Pourquoi notre cerveau réagit, sans même qu'on le veuille, à cette harmonie invisible. Et pourquoi cette proportion en particulier ? Est-ce qu'on aime le nombre d'or parce qu'il est partout ? Ou est-il partout parce qu'on l'aime et on cherche à le retrouver ? Est-ce qu'on ressent la beauté ou est-ce qu'on la reconnaît ? D'ailleurs, ça m'intéresse. Dans quelle chose banale de votre quotidien pensez-vous avoir déjà croisé le nombre d'or ? Dites-moi en commentaire. J'espère que cet épisode vous a plu. Si c'est le cas, n'hésitez pas à le liker, le commenter, c'est toujours plus sympa d'échanger. Je vous remercie pour votre écoute et vous dis à la semaine prochaine pour une nouvelle anecdote croustillante sur l'art et le divine.