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Du Grand Art

Sexe, fer forgé et absinthe : l’Art nouveau comme vous ne l’avez jamais vu

Sexe, fer forgé et absinthe : l’Art nouveau comme vous ne l’avez jamais vu

09min |09/06/2025
Play
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Description

Quand on pense “Art Nouveau”, on imagine des arabesques, des vitraux fleuris, des affiches romantiques. Un Paris Belle Époque, raffiné, presque nostalgique.
Mais si on grattait un peu la surface ? Si derrière les dorures et les feuilles de marronnier se cachaient des histoires d’excès, de révolte, de marginalité ?

Et si les artistes de ce courant visuel étaient en fait les plus grands provocateurs de leur temps ?
Dans cet épisode, je vous emmène explorer les coulisses méconnues de l’Art Nouveau, là où le fer forgé flirte avec le scandale, les lignes courbes deviennent langage codé, et l’esthétique cache parfois une quête mystique… ou un cri de révolte.

Au fil de cette immersion, vous découvrirez :

  • Pourquoi l’Art Nouveau a fasciné autant qu’il a choqué son époque

  • Ce que ce mouvement dit de notre rapport au beau, au corps, à la société

  • Comment certains artistes ont risqué leur liberté – voire leur vie – pour défendre leur vision

  • Et pourquoi, plus d’un siècle plus tard, ce style visuel continue de nous hanter

Un épisode pour changer votre regard sur un mouvement souvent idéalisé, mais rarement raconté dans toute sa complexité.


📍 Attention : cet épisode ne nécessite aucune connaissance artistique.
Il suffit d’avoir deux oreilles, un peu de curiosité… et une envie d’en découdre avec les clichés.


👇 À écouter absolument si vous aimez :
L’histoire de l’art qui dérange, les récits d’artistes indomptables, les zones d’ombre sous les dorures, les époques où la beauté était politique, et les anecdotes qui secouent nos certitudes.


🖼️ Un épisode pour voir autrement les affiches de Mucha, les bouches de métro parisiennes… et peut-être même les vitraux de votre quartier.


📢Les anecdotes Du Grand Art vous plaisent ?

Voici 3 façons gratuites et hyper rapides pour nous soutenir :

  • Noter le podcast⭐⭐⭐⭐⭐

  • Laisser un commentaire💬

  • Le partager autour de vous 🗣️



Merci pour votre écoute, et à la semaine prochaine pour une nouvelle anecdote croustillante sur l'histoire de l'Art et du design !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue dans ce nouvel épisode du podcast du Grand Art, le podcast qui s'intéresse aux petites histoires qui ont fait la grande. Cette semaine, on célèbre la journée mondiale de l'art nouveau, un mouvement artistique du début du XXe siècle qui doit sa grande popularité à ses couleurs douces et à ses formes oniriques. Mais derrière ces thèmes souvent romantiques, Son univers un peu vieille France et ses arabesques farfelus se cachent en réalité un décor bien plus dark. Quand on entend parler d'art nouveau, on pense immédiatement à Alphonse Mucha, ou Mucha pour les Français, aux métropolitains de Paris et à Montmartre. Mais, et si je vous disais que les artistes de ce mouvement sont d'énormes punks qui ne faisaient que nous troller ? Que les bouches de métro parisiens sont des clins d'œil érotiques ? que les plus grandes œuvres que vous connaissez ont été réalisées en pleine montée d'absente et que le chef de file du mouvement était un électron libre plusieurs fois condamné par la justice. Ça vous intrigue ? Ça tombe bien, c'est notre anecdote du jour. Sexe, fer forgé et absente, l'art nouveau comme vous ne l'avez jamais vu. Nous sommes en mars 1898. Il est tard. Dans une chambre d'hôtel de Menton, au bord de la mer Méditerranée, un jeune homme, pâle et amigré, semble en signant ce qui sera sans doute l'une de ses dernières lettres. Il s'appelle Aubrey Dursley. Il n'a que 25 ans et la tuberculose est en train de le dévorer. Dans ce courrier adressé à son éditeur, il supplie « Par pitié, détruisez toutes mes œuvres obscènes. Je ne veux plus de cette part de moi dans le monde. Brûlez-les. » Trop tard. Le monde a déjà vu ses œuvres sulfureuses et n'est pas près de les oublier. Les illustrations d'Aubry sont reconnaissables entre mille. Il mêle art japonais et rococo en dessinant de longues et sinueuses silhouettes dans des scènes provocatrices en noir et blanc. Celui qui avait commencé sa vie professionnelle comme employé de bureau d'assurance à Londres a vite changé de voie. À 20 ans, il est devenu artiste à temps plein, avec pour seul bagage des cours du soir à la Westminster School of Art. Mais il est hyper prolifique et touche à tout. Il peint 500 illustrations pour le livre Les Mortes et d'Arthur, de Sir Thomas Mallory, un hit littéraire à l'époque. Il réalise même des dessins pour Oscar Wilde, et notamment sa pièce Salomé. Mais l'écrivain prend progressivement ses distances, car il trouve finalement que les dessins d'Aubry sont très violents.

  • Speaker #1

    Non, je s'arrête tout de suite, pas cher. On n'est pas collègues, on ne sera jamais collègues.

  • Speaker #0

    Il faut dire qu'Aubry est un dandy fantasque, qui déclare lui-même avoir trois obsessions dans la vie. Le grotesque, l'érotisme et la décadence. Ces œuvres mettent ainsi en avant des scènes que nous qualifierons de « olé olé » , mais dans un style graphique paradoxalement très élégant. Attention, je vous parle d'œuvres vraiment obscènes. On raconte même que les galeristes craignent tellement de les exposer qu'ils n'ont qu'une solution, les afficher à l'envers. Mais Burtley est loin d'être le seul à faire scandale. Pendant que l'Angleterre est stupéfaite devant ses figures lassives en noir et blanc, un autre artiste, de l'autre côté de la Manche, en Belgique, repousse les limites du supportable encore plus loin. Son nom est Félicien Robs. Et lui, il ne se contente pas de suggérer le vice. Il dessine carrément l'interdit. Ses trois thèmes favoris ? Le sexe, le péché et la mort. On pourrait peut-être parler d'autre chose. Dans Pornocratais, ils mettent en scène une femme mûle qui marche les yeux bandés, accompagnée d'un porc, littéralement. Une sorte de manifeste sur l'aveuglement du désir. Antique cléricale convaincue, Pébissien réalise au pastel Les Tentations de Saint-Antoine, une œuvre dans laquelle le pauvre homme est entouré des péchés capitaux. Dans une autre toile, ces mules sont des prostituées. Et surtout, le fil rouge de ces œuvres... C'est l'absinthe.

  • Speaker #1

    On va dans la finesse et l'élégance ou dans le muscle ? Non,

  • Speaker #2

    il n'y aura ni finesse ni élégance à cette table. On va prendre du rouge à 17 degrés qui tabasse, voire même de l'argentin. Ce que tu as de plus fort est de plus rouge et de plus noir.

  • Speaker #0

    À l'époque, cette boisson est vraiment la signature de la fin du XXe. Moderne, dangereuse, risquée. Car oui, si on en boit une goutte de trop, il paraît qu'on perd la vue. Sans alcool, la fête est plus folle. Et si ce n'était que ça le problème, ça irait. En réalité, certains des plus éminents artistes de l'époque sont carrément des repris de justice. L'arrestation la plus symbolique a d'ailleurs lieu en Autriche. Pour cela, rendons-nous dans la ville de Neulenbach. Nous sommes en 1912 et un jeune homme au regard perçant, les genoux creusés, installe son atelier dans la petite ville de Neulenbach. à l'écart de Vienne. Il s'appelle Egon Schiele. Il a 21 ans et son talent est fulgurant. Mais il est aussi très dérangeant. Obsédé par le nu, il dessine sans relâche des jeunes filles dans les postures lassives, parfois à la limite du supportable. « C'est de gros pervers ! » Il peint la chair avec une crudité telle que même ses amis les plus avant-gardistes commencent à grimacer. En fait, il ne cherche pas à plaire, il cherche à mettre à nu littéralement. Dans cette petite ville très conservatrice qu'est Neulenbach, ses dessins ne plaisent pas, mais alors pas du tout. Donc forcément, quand l'artiste accueille et cache chez lui une jeune fille en pleine fugue, c'est le scandale de trop. On l'accuse d'enlèvement sur mineur, de diffusion d'œuvres immorales et la police cédit plus de 100 dessins dans son atelier. Lors du procès, un juge brûle même une de ses œuvres au tribunal devant toute l'assistance, comme on exorciserait un démon. Egon Schiele passe 24 jours en prison. Il en sort transformé, mais pas à sa vie. On raconte qu'il récupère ses propres cheveux pour en fabriquer un pinceau afin de pouvoir continuer à peindre dans sa cellule. Sur l'une de ses œuvres, il écrit « Je ne veux pas fuir la croissance, je veux la comprendre » . L'art nouveau, on vous disait, des arabesques et des feuilles de marronnier ? Pas vraiment. Plutôt des artistes enragés, des provocateurs en quête de vérité. qu'elles soient érotiques, sociales ou existentielles. Mais enfin, si certains artistes sont de véritables punks anarchistes avant l'heure, d'autres, au contraire, sont animés par une vision plus mystique, plus sacrée qu'ils veulent transmettre au monde. C'est le cas d'Alphonse Mucha. Vous le connaissez forcément pour ses affiches de théâtre avec Sarah Bernhardt, ses femmes fleurs auréolées de lumière, ses couleurs douces et ses arabesques dorées. Mais ce que vous ignorez peut-être, c'est que Mucha haïssait être réduit à un illustrateur de réclamant. Il considérait ça comme de la décoration de salon. Dans les années 1910, il disparaît de la scène artistique parisienne. Pendant près de 18 ans, il s'enferme dans un château en bohème et se consacre corps et âme à son grand projet mystique, une série monumentale de 20 toiles appelée l'Épopée slave. C'est un projet pharaonique À milieu des bijoux de la Ligue ou des affiches publicitaires, Alphonse Mucha veut redonner fierté à son peuple en racontant toute l'histoire spirituelle et politique des peuples slaves, de la naissance du christianisme à leur libération politique. Il déclare « Un jour, mes affiches ne seront plus que des souvenirs, mais l'épopée, elle, sera mon testament. »

  • Speaker #3

    Je ne sais pas si vous êtes au courant, mais le monde ne vous attend pas. Le monde y bouge. Et il bouge vite. Il n'est pas tardé à rester sur le carreau, je vous le dis. Alors, la guitare, les trompadours, tout ça, c'est fini. Mais bon,

  • Speaker #0

    à sa mort, ces tableaux ne sont même pas exposés. Et ce n'est que cent ans plus tard qu'on commence à les redécouvrir. Il a réalisé que, derrière l'élégance de l'art nouveau, se cachait un combat bien plus vaste pour la liberté, la vérité, la paix. ou parfois simplement la beauté nue. Mais alors, que retenir de l'art nouveau ? Que parfois, les œuvres bien sages et les portraits d'artistes bien coiffés que l'on connaît cachent des histoires rocambolesques, des combats, des convictions et des tentatives de révolution. Alors, la prochaine fois que vous allez au musée et que vous voyez une œuvre de Montraint, à la Klimt ou à la Bird's Lake, rappelez-vous qu'à une époque, cette toile appartenait aux caves anglaises, aux ruelles parisiennes et surtout aux grands rêveurs. Et quand vous passerez devant une bouche de métro, un vitrail ou une affiche à la mort, demandez-vous, est-ce que vous regardez un jeu de décor ? Ou un cri du cœur, un doigt levé, une provocation habillée en dentelle ? Dites-le-moi en commentaire ! Je vous remercie pour votre écoute et vous dis à la semaine prochaine pour de nouvelles anecdotes croustillantes sur l'art et le design.

Description

Quand on pense “Art Nouveau”, on imagine des arabesques, des vitraux fleuris, des affiches romantiques. Un Paris Belle Époque, raffiné, presque nostalgique.
Mais si on grattait un peu la surface ? Si derrière les dorures et les feuilles de marronnier se cachaient des histoires d’excès, de révolte, de marginalité ?

Et si les artistes de ce courant visuel étaient en fait les plus grands provocateurs de leur temps ?
Dans cet épisode, je vous emmène explorer les coulisses méconnues de l’Art Nouveau, là où le fer forgé flirte avec le scandale, les lignes courbes deviennent langage codé, et l’esthétique cache parfois une quête mystique… ou un cri de révolte.

Au fil de cette immersion, vous découvrirez :

  • Pourquoi l’Art Nouveau a fasciné autant qu’il a choqué son époque

  • Ce que ce mouvement dit de notre rapport au beau, au corps, à la société

  • Comment certains artistes ont risqué leur liberté – voire leur vie – pour défendre leur vision

  • Et pourquoi, plus d’un siècle plus tard, ce style visuel continue de nous hanter

Un épisode pour changer votre regard sur un mouvement souvent idéalisé, mais rarement raconté dans toute sa complexité.


📍 Attention : cet épisode ne nécessite aucune connaissance artistique.
Il suffit d’avoir deux oreilles, un peu de curiosité… et une envie d’en découdre avec les clichés.


👇 À écouter absolument si vous aimez :
L’histoire de l’art qui dérange, les récits d’artistes indomptables, les zones d’ombre sous les dorures, les époques où la beauté était politique, et les anecdotes qui secouent nos certitudes.


🖼️ Un épisode pour voir autrement les affiches de Mucha, les bouches de métro parisiennes… et peut-être même les vitraux de votre quartier.


📢Les anecdotes Du Grand Art vous plaisent ?

Voici 3 façons gratuites et hyper rapides pour nous soutenir :

  • Noter le podcast⭐⭐⭐⭐⭐

  • Laisser un commentaire💬

  • Le partager autour de vous 🗣️



Merci pour votre écoute, et à la semaine prochaine pour une nouvelle anecdote croustillante sur l'histoire de l'Art et du design !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue dans ce nouvel épisode du podcast du Grand Art, le podcast qui s'intéresse aux petites histoires qui ont fait la grande. Cette semaine, on célèbre la journée mondiale de l'art nouveau, un mouvement artistique du début du XXe siècle qui doit sa grande popularité à ses couleurs douces et à ses formes oniriques. Mais derrière ces thèmes souvent romantiques, Son univers un peu vieille France et ses arabesques farfelus se cachent en réalité un décor bien plus dark. Quand on entend parler d'art nouveau, on pense immédiatement à Alphonse Mucha, ou Mucha pour les Français, aux métropolitains de Paris et à Montmartre. Mais, et si je vous disais que les artistes de ce mouvement sont d'énormes punks qui ne faisaient que nous troller ? Que les bouches de métro parisiens sont des clins d'œil érotiques ? que les plus grandes œuvres que vous connaissez ont été réalisées en pleine montée d'absente et que le chef de file du mouvement était un électron libre plusieurs fois condamné par la justice. Ça vous intrigue ? Ça tombe bien, c'est notre anecdote du jour. Sexe, fer forgé et absente, l'art nouveau comme vous ne l'avez jamais vu. Nous sommes en mars 1898. Il est tard. Dans une chambre d'hôtel de Menton, au bord de la mer Méditerranée, un jeune homme, pâle et amigré, semble en signant ce qui sera sans doute l'une de ses dernières lettres. Il s'appelle Aubrey Dursley. Il n'a que 25 ans et la tuberculose est en train de le dévorer. Dans ce courrier adressé à son éditeur, il supplie « Par pitié, détruisez toutes mes œuvres obscènes. Je ne veux plus de cette part de moi dans le monde. Brûlez-les. » Trop tard. Le monde a déjà vu ses œuvres sulfureuses et n'est pas près de les oublier. Les illustrations d'Aubry sont reconnaissables entre mille. Il mêle art japonais et rococo en dessinant de longues et sinueuses silhouettes dans des scènes provocatrices en noir et blanc. Celui qui avait commencé sa vie professionnelle comme employé de bureau d'assurance à Londres a vite changé de voie. À 20 ans, il est devenu artiste à temps plein, avec pour seul bagage des cours du soir à la Westminster School of Art. Mais il est hyper prolifique et touche à tout. Il peint 500 illustrations pour le livre Les Mortes et d'Arthur, de Sir Thomas Mallory, un hit littéraire à l'époque. Il réalise même des dessins pour Oscar Wilde, et notamment sa pièce Salomé. Mais l'écrivain prend progressivement ses distances, car il trouve finalement que les dessins d'Aubry sont très violents.

  • Speaker #1

    Non, je s'arrête tout de suite, pas cher. On n'est pas collègues, on ne sera jamais collègues.

  • Speaker #0

    Il faut dire qu'Aubry est un dandy fantasque, qui déclare lui-même avoir trois obsessions dans la vie. Le grotesque, l'érotisme et la décadence. Ces œuvres mettent ainsi en avant des scènes que nous qualifierons de « olé olé » , mais dans un style graphique paradoxalement très élégant. Attention, je vous parle d'œuvres vraiment obscènes. On raconte même que les galeristes craignent tellement de les exposer qu'ils n'ont qu'une solution, les afficher à l'envers. Mais Burtley est loin d'être le seul à faire scandale. Pendant que l'Angleterre est stupéfaite devant ses figures lassives en noir et blanc, un autre artiste, de l'autre côté de la Manche, en Belgique, repousse les limites du supportable encore plus loin. Son nom est Félicien Robs. Et lui, il ne se contente pas de suggérer le vice. Il dessine carrément l'interdit. Ses trois thèmes favoris ? Le sexe, le péché et la mort. On pourrait peut-être parler d'autre chose. Dans Pornocratais, ils mettent en scène une femme mûle qui marche les yeux bandés, accompagnée d'un porc, littéralement. Une sorte de manifeste sur l'aveuglement du désir. Antique cléricale convaincue, Pébissien réalise au pastel Les Tentations de Saint-Antoine, une œuvre dans laquelle le pauvre homme est entouré des péchés capitaux. Dans une autre toile, ces mules sont des prostituées. Et surtout, le fil rouge de ces œuvres... C'est l'absinthe.

  • Speaker #1

    On va dans la finesse et l'élégance ou dans le muscle ? Non,

  • Speaker #2

    il n'y aura ni finesse ni élégance à cette table. On va prendre du rouge à 17 degrés qui tabasse, voire même de l'argentin. Ce que tu as de plus fort est de plus rouge et de plus noir.

  • Speaker #0

    À l'époque, cette boisson est vraiment la signature de la fin du XXe. Moderne, dangereuse, risquée. Car oui, si on en boit une goutte de trop, il paraît qu'on perd la vue. Sans alcool, la fête est plus folle. Et si ce n'était que ça le problème, ça irait. En réalité, certains des plus éminents artistes de l'époque sont carrément des repris de justice. L'arrestation la plus symbolique a d'ailleurs lieu en Autriche. Pour cela, rendons-nous dans la ville de Neulenbach. Nous sommes en 1912 et un jeune homme au regard perçant, les genoux creusés, installe son atelier dans la petite ville de Neulenbach. à l'écart de Vienne. Il s'appelle Egon Schiele. Il a 21 ans et son talent est fulgurant. Mais il est aussi très dérangeant. Obsédé par le nu, il dessine sans relâche des jeunes filles dans les postures lassives, parfois à la limite du supportable. « C'est de gros pervers ! » Il peint la chair avec une crudité telle que même ses amis les plus avant-gardistes commencent à grimacer. En fait, il ne cherche pas à plaire, il cherche à mettre à nu littéralement. Dans cette petite ville très conservatrice qu'est Neulenbach, ses dessins ne plaisent pas, mais alors pas du tout. Donc forcément, quand l'artiste accueille et cache chez lui une jeune fille en pleine fugue, c'est le scandale de trop. On l'accuse d'enlèvement sur mineur, de diffusion d'œuvres immorales et la police cédit plus de 100 dessins dans son atelier. Lors du procès, un juge brûle même une de ses œuvres au tribunal devant toute l'assistance, comme on exorciserait un démon. Egon Schiele passe 24 jours en prison. Il en sort transformé, mais pas à sa vie. On raconte qu'il récupère ses propres cheveux pour en fabriquer un pinceau afin de pouvoir continuer à peindre dans sa cellule. Sur l'une de ses œuvres, il écrit « Je ne veux pas fuir la croissance, je veux la comprendre » . L'art nouveau, on vous disait, des arabesques et des feuilles de marronnier ? Pas vraiment. Plutôt des artistes enragés, des provocateurs en quête de vérité. qu'elles soient érotiques, sociales ou existentielles. Mais enfin, si certains artistes sont de véritables punks anarchistes avant l'heure, d'autres, au contraire, sont animés par une vision plus mystique, plus sacrée qu'ils veulent transmettre au monde. C'est le cas d'Alphonse Mucha. Vous le connaissez forcément pour ses affiches de théâtre avec Sarah Bernhardt, ses femmes fleurs auréolées de lumière, ses couleurs douces et ses arabesques dorées. Mais ce que vous ignorez peut-être, c'est que Mucha haïssait être réduit à un illustrateur de réclamant. Il considérait ça comme de la décoration de salon. Dans les années 1910, il disparaît de la scène artistique parisienne. Pendant près de 18 ans, il s'enferme dans un château en bohème et se consacre corps et âme à son grand projet mystique, une série monumentale de 20 toiles appelée l'Épopée slave. C'est un projet pharaonique À milieu des bijoux de la Ligue ou des affiches publicitaires, Alphonse Mucha veut redonner fierté à son peuple en racontant toute l'histoire spirituelle et politique des peuples slaves, de la naissance du christianisme à leur libération politique. Il déclare « Un jour, mes affiches ne seront plus que des souvenirs, mais l'épopée, elle, sera mon testament. »

  • Speaker #3

    Je ne sais pas si vous êtes au courant, mais le monde ne vous attend pas. Le monde y bouge. Et il bouge vite. Il n'est pas tardé à rester sur le carreau, je vous le dis. Alors, la guitare, les trompadours, tout ça, c'est fini. Mais bon,

  • Speaker #0

    à sa mort, ces tableaux ne sont même pas exposés. Et ce n'est que cent ans plus tard qu'on commence à les redécouvrir. Il a réalisé que, derrière l'élégance de l'art nouveau, se cachait un combat bien plus vaste pour la liberté, la vérité, la paix. ou parfois simplement la beauté nue. Mais alors, que retenir de l'art nouveau ? Que parfois, les œuvres bien sages et les portraits d'artistes bien coiffés que l'on connaît cachent des histoires rocambolesques, des combats, des convictions et des tentatives de révolution. Alors, la prochaine fois que vous allez au musée et que vous voyez une œuvre de Montraint, à la Klimt ou à la Bird's Lake, rappelez-vous qu'à une époque, cette toile appartenait aux caves anglaises, aux ruelles parisiennes et surtout aux grands rêveurs. Et quand vous passerez devant une bouche de métro, un vitrail ou une affiche à la mort, demandez-vous, est-ce que vous regardez un jeu de décor ? Ou un cri du cœur, un doigt levé, une provocation habillée en dentelle ? Dites-le-moi en commentaire ! Je vous remercie pour votre écoute et vous dis à la semaine prochaine pour de nouvelles anecdotes croustillantes sur l'art et le design.

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Quand on pense “Art Nouveau”, on imagine des arabesques, des vitraux fleuris, des affiches romantiques. Un Paris Belle Époque, raffiné, presque nostalgique.
Mais si on grattait un peu la surface ? Si derrière les dorures et les feuilles de marronnier se cachaient des histoires d’excès, de révolte, de marginalité ?

Et si les artistes de ce courant visuel étaient en fait les plus grands provocateurs de leur temps ?
Dans cet épisode, je vous emmène explorer les coulisses méconnues de l’Art Nouveau, là où le fer forgé flirte avec le scandale, les lignes courbes deviennent langage codé, et l’esthétique cache parfois une quête mystique… ou un cri de révolte.

Au fil de cette immersion, vous découvrirez :

  • Pourquoi l’Art Nouveau a fasciné autant qu’il a choqué son époque

  • Ce que ce mouvement dit de notre rapport au beau, au corps, à la société

  • Comment certains artistes ont risqué leur liberté – voire leur vie – pour défendre leur vision

  • Et pourquoi, plus d’un siècle plus tard, ce style visuel continue de nous hanter

Un épisode pour changer votre regard sur un mouvement souvent idéalisé, mais rarement raconté dans toute sa complexité.


📍 Attention : cet épisode ne nécessite aucune connaissance artistique.
Il suffit d’avoir deux oreilles, un peu de curiosité… et une envie d’en découdre avec les clichés.


👇 À écouter absolument si vous aimez :
L’histoire de l’art qui dérange, les récits d’artistes indomptables, les zones d’ombre sous les dorures, les époques où la beauté était politique, et les anecdotes qui secouent nos certitudes.


🖼️ Un épisode pour voir autrement les affiches de Mucha, les bouches de métro parisiennes… et peut-être même les vitraux de votre quartier.


📢Les anecdotes Du Grand Art vous plaisent ?

Voici 3 façons gratuites et hyper rapides pour nous soutenir :

  • Noter le podcast⭐⭐⭐⭐⭐

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Merci pour votre écoute, et à la semaine prochaine pour une nouvelle anecdote croustillante sur l'histoire de l'Art et du design !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue dans ce nouvel épisode du podcast du Grand Art, le podcast qui s'intéresse aux petites histoires qui ont fait la grande. Cette semaine, on célèbre la journée mondiale de l'art nouveau, un mouvement artistique du début du XXe siècle qui doit sa grande popularité à ses couleurs douces et à ses formes oniriques. Mais derrière ces thèmes souvent romantiques, Son univers un peu vieille France et ses arabesques farfelus se cachent en réalité un décor bien plus dark. Quand on entend parler d'art nouveau, on pense immédiatement à Alphonse Mucha, ou Mucha pour les Français, aux métropolitains de Paris et à Montmartre. Mais, et si je vous disais que les artistes de ce mouvement sont d'énormes punks qui ne faisaient que nous troller ? Que les bouches de métro parisiens sont des clins d'œil érotiques ? que les plus grandes œuvres que vous connaissez ont été réalisées en pleine montée d'absente et que le chef de file du mouvement était un électron libre plusieurs fois condamné par la justice. Ça vous intrigue ? Ça tombe bien, c'est notre anecdote du jour. Sexe, fer forgé et absente, l'art nouveau comme vous ne l'avez jamais vu. Nous sommes en mars 1898. Il est tard. Dans une chambre d'hôtel de Menton, au bord de la mer Méditerranée, un jeune homme, pâle et amigré, semble en signant ce qui sera sans doute l'une de ses dernières lettres. Il s'appelle Aubrey Dursley. Il n'a que 25 ans et la tuberculose est en train de le dévorer. Dans ce courrier adressé à son éditeur, il supplie « Par pitié, détruisez toutes mes œuvres obscènes. Je ne veux plus de cette part de moi dans le monde. Brûlez-les. » Trop tard. Le monde a déjà vu ses œuvres sulfureuses et n'est pas près de les oublier. Les illustrations d'Aubry sont reconnaissables entre mille. Il mêle art japonais et rococo en dessinant de longues et sinueuses silhouettes dans des scènes provocatrices en noir et blanc. Celui qui avait commencé sa vie professionnelle comme employé de bureau d'assurance à Londres a vite changé de voie. À 20 ans, il est devenu artiste à temps plein, avec pour seul bagage des cours du soir à la Westminster School of Art. Mais il est hyper prolifique et touche à tout. Il peint 500 illustrations pour le livre Les Mortes et d'Arthur, de Sir Thomas Mallory, un hit littéraire à l'époque. Il réalise même des dessins pour Oscar Wilde, et notamment sa pièce Salomé. Mais l'écrivain prend progressivement ses distances, car il trouve finalement que les dessins d'Aubry sont très violents.

  • Speaker #1

    Non, je s'arrête tout de suite, pas cher. On n'est pas collègues, on ne sera jamais collègues.

  • Speaker #0

    Il faut dire qu'Aubry est un dandy fantasque, qui déclare lui-même avoir trois obsessions dans la vie. Le grotesque, l'érotisme et la décadence. Ces œuvres mettent ainsi en avant des scènes que nous qualifierons de « olé olé » , mais dans un style graphique paradoxalement très élégant. Attention, je vous parle d'œuvres vraiment obscènes. On raconte même que les galeristes craignent tellement de les exposer qu'ils n'ont qu'une solution, les afficher à l'envers. Mais Burtley est loin d'être le seul à faire scandale. Pendant que l'Angleterre est stupéfaite devant ses figures lassives en noir et blanc, un autre artiste, de l'autre côté de la Manche, en Belgique, repousse les limites du supportable encore plus loin. Son nom est Félicien Robs. Et lui, il ne se contente pas de suggérer le vice. Il dessine carrément l'interdit. Ses trois thèmes favoris ? Le sexe, le péché et la mort. On pourrait peut-être parler d'autre chose. Dans Pornocratais, ils mettent en scène une femme mûle qui marche les yeux bandés, accompagnée d'un porc, littéralement. Une sorte de manifeste sur l'aveuglement du désir. Antique cléricale convaincue, Pébissien réalise au pastel Les Tentations de Saint-Antoine, une œuvre dans laquelle le pauvre homme est entouré des péchés capitaux. Dans une autre toile, ces mules sont des prostituées. Et surtout, le fil rouge de ces œuvres... C'est l'absinthe.

  • Speaker #1

    On va dans la finesse et l'élégance ou dans le muscle ? Non,

  • Speaker #2

    il n'y aura ni finesse ni élégance à cette table. On va prendre du rouge à 17 degrés qui tabasse, voire même de l'argentin. Ce que tu as de plus fort est de plus rouge et de plus noir.

  • Speaker #0

    À l'époque, cette boisson est vraiment la signature de la fin du XXe. Moderne, dangereuse, risquée. Car oui, si on en boit une goutte de trop, il paraît qu'on perd la vue. Sans alcool, la fête est plus folle. Et si ce n'était que ça le problème, ça irait. En réalité, certains des plus éminents artistes de l'époque sont carrément des repris de justice. L'arrestation la plus symbolique a d'ailleurs lieu en Autriche. Pour cela, rendons-nous dans la ville de Neulenbach. Nous sommes en 1912 et un jeune homme au regard perçant, les genoux creusés, installe son atelier dans la petite ville de Neulenbach. à l'écart de Vienne. Il s'appelle Egon Schiele. Il a 21 ans et son talent est fulgurant. Mais il est aussi très dérangeant. Obsédé par le nu, il dessine sans relâche des jeunes filles dans les postures lassives, parfois à la limite du supportable. « C'est de gros pervers ! » Il peint la chair avec une crudité telle que même ses amis les plus avant-gardistes commencent à grimacer. En fait, il ne cherche pas à plaire, il cherche à mettre à nu littéralement. Dans cette petite ville très conservatrice qu'est Neulenbach, ses dessins ne plaisent pas, mais alors pas du tout. Donc forcément, quand l'artiste accueille et cache chez lui une jeune fille en pleine fugue, c'est le scandale de trop. On l'accuse d'enlèvement sur mineur, de diffusion d'œuvres immorales et la police cédit plus de 100 dessins dans son atelier. Lors du procès, un juge brûle même une de ses œuvres au tribunal devant toute l'assistance, comme on exorciserait un démon. Egon Schiele passe 24 jours en prison. Il en sort transformé, mais pas à sa vie. On raconte qu'il récupère ses propres cheveux pour en fabriquer un pinceau afin de pouvoir continuer à peindre dans sa cellule. Sur l'une de ses œuvres, il écrit « Je ne veux pas fuir la croissance, je veux la comprendre » . L'art nouveau, on vous disait, des arabesques et des feuilles de marronnier ? Pas vraiment. Plutôt des artistes enragés, des provocateurs en quête de vérité. qu'elles soient érotiques, sociales ou existentielles. Mais enfin, si certains artistes sont de véritables punks anarchistes avant l'heure, d'autres, au contraire, sont animés par une vision plus mystique, plus sacrée qu'ils veulent transmettre au monde. C'est le cas d'Alphonse Mucha. Vous le connaissez forcément pour ses affiches de théâtre avec Sarah Bernhardt, ses femmes fleurs auréolées de lumière, ses couleurs douces et ses arabesques dorées. Mais ce que vous ignorez peut-être, c'est que Mucha haïssait être réduit à un illustrateur de réclamant. Il considérait ça comme de la décoration de salon. Dans les années 1910, il disparaît de la scène artistique parisienne. Pendant près de 18 ans, il s'enferme dans un château en bohème et se consacre corps et âme à son grand projet mystique, une série monumentale de 20 toiles appelée l'Épopée slave. C'est un projet pharaonique À milieu des bijoux de la Ligue ou des affiches publicitaires, Alphonse Mucha veut redonner fierté à son peuple en racontant toute l'histoire spirituelle et politique des peuples slaves, de la naissance du christianisme à leur libération politique. Il déclare « Un jour, mes affiches ne seront plus que des souvenirs, mais l'épopée, elle, sera mon testament. »

  • Speaker #3

    Je ne sais pas si vous êtes au courant, mais le monde ne vous attend pas. Le monde y bouge. Et il bouge vite. Il n'est pas tardé à rester sur le carreau, je vous le dis. Alors, la guitare, les trompadours, tout ça, c'est fini. Mais bon,

  • Speaker #0

    à sa mort, ces tableaux ne sont même pas exposés. Et ce n'est que cent ans plus tard qu'on commence à les redécouvrir. Il a réalisé que, derrière l'élégance de l'art nouveau, se cachait un combat bien plus vaste pour la liberté, la vérité, la paix. ou parfois simplement la beauté nue. Mais alors, que retenir de l'art nouveau ? Que parfois, les œuvres bien sages et les portraits d'artistes bien coiffés que l'on connaît cachent des histoires rocambolesques, des combats, des convictions et des tentatives de révolution. Alors, la prochaine fois que vous allez au musée et que vous voyez une œuvre de Montraint, à la Klimt ou à la Bird's Lake, rappelez-vous qu'à une époque, cette toile appartenait aux caves anglaises, aux ruelles parisiennes et surtout aux grands rêveurs. Et quand vous passerez devant une bouche de métro, un vitrail ou une affiche à la mort, demandez-vous, est-ce que vous regardez un jeu de décor ? Ou un cri du cœur, un doigt levé, une provocation habillée en dentelle ? Dites-le-moi en commentaire ! Je vous remercie pour votre écoute et vous dis à la semaine prochaine pour de nouvelles anecdotes croustillantes sur l'art et le design.

Description

Quand on pense “Art Nouveau”, on imagine des arabesques, des vitraux fleuris, des affiches romantiques. Un Paris Belle Époque, raffiné, presque nostalgique.
Mais si on grattait un peu la surface ? Si derrière les dorures et les feuilles de marronnier se cachaient des histoires d’excès, de révolte, de marginalité ?

Et si les artistes de ce courant visuel étaient en fait les plus grands provocateurs de leur temps ?
Dans cet épisode, je vous emmène explorer les coulisses méconnues de l’Art Nouveau, là où le fer forgé flirte avec le scandale, les lignes courbes deviennent langage codé, et l’esthétique cache parfois une quête mystique… ou un cri de révolte.

Au fil de cette immersion, vous découvrirez :

  • Pourquoi l’Art Nouveau a fasciné autant qu’il a choqué son époque

  • Ce que ce mouvement dit de notre rapport au beau, au corps, à la société

  • Comment certains artistes ont risqué leur liberté – voire leur vie – pour défendre leur vision

  • Et pourquoi, plus d’un siècle plus tard, ce style visuel continue de nous hanter

Un épisode pour changer votre regard sur un mouvement souvent idéalisé, mais rarement raconté dans toute sa complexité.


📍 Attention : cet épisode ne nécessite aucune connaissance artistique.
Il suffit d’avoir deux oreilles, un peu de curiosité… et une envie d’en découdre avec les clichés.


👇 À écouter absolument si vous aimez :
L’histoire de l’art qui dérange, les récits d’artistes indomptables, les zones d’ombre sous les dorures, les époques où la beauté était politique, et les anecdotes qui secouent nos certitudes.


🖼️ Un épisode pour voir autrement les affiches de Mucha, les bouches de métro parisiennes… et peut-être même les vitraux de votre quartier.


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Merci pour votre écoute, et à la semaine prochaine pour une nouvelle anecdote croustillante sur l'histoire de l'Art et du design !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue dans ce nouvel épisode du podcast du Grand Art, le podcast qui s'intéresse aux petites histoires qui ont fait la grande. Cette semaine, on célèbre la journée mondiale de l'art nouveau, un mouvement artistique du début du XXe siècle qui doit sa grande popularité à ses couleurs douces et à ses formes oniriques. Mais derrière ces thèmes souvent romantiques, Son univers un peu vieille France et ses arabesques farfelus se cachent en réalité un décor bien plus dark. Quand on entend parler d'art nouveau, on pense immédiatement à Alphonse Mucha, ou Mucha pour les Français, aux métropolitains de Paris et à Montmartre. Mais, et si je vous disais que les artistes de ce mouvement sont d'énormes punks qui ne faisaient que nous troller ? Que les bouches de métro parisiens sont des clins d'œil érotiques ? que les plus grandes œuvres que vous connaissez ont été réalisées en pleine montée d'absente et que le chef de file du mouvement était un électron libre plusieurs fois condamné par la justice. Ça vous intrigue ? Ça tombe bien, c'est notre anecdote du jour. Sexe, fer forgé et absente, l'art nouveau comme vous ne l'avez jamais vu. Nous sommes en mars 1898. Il est tard. Dans une chambre d'hôtel de Menton, au bord de la mer Méditerranée, un jeune homme, pâle et amigré, semble en signant ce qui sera sans doute l'une de ses dernières lettres. Il s'appelle Aubrey Dursley. Il n'a que 25 ans et la tuberculose est en train de le dévorer. Dans ce courrier adressé à son éditeur, il supplie « Par pitié, détruisez toutes mes œuvres obscènes. Je ne veux plus de cette part de moi dans le monde. Brûlez-les. » Trop tard. Le monde a déjà vu ses œuvres sulfureuses et n'est pas près de les oublier. Les illustrations d'Aubry sont reconnaissables entre mille. Il mêle art japonais et rococo en dessinant de longues et sinueuses silhouettes dans des scènes provocatrices en noir et blanc. Celui qui avait commencé sa vie professionnelle comme employé de bureau d'assurance à Londres a vite changé de voie. À 20 ans, il est devenu artiste à temps plein, avec pour seul bagage des cours du soir à la Westminster School of Art. Mais il est hyper prolifique et touche à tout. Il peint 500 illustrations pour le livre Les Mortes et d'Arthur, de Sir Thomas Mallory, un hit littéraire à l'époque. Il réalise même des dessins pour Oscar Wilde, et notamment sa pièce Salomé. Mais l'écrivain prend progressivement ses distances, car il trouve finalement que les dessins d'Aubry sont très violents.

  • Speaker #1

    Non, je s'arrête tout de suite, pas cher. On n'est pas collègues, on ne sera jamais collègues.

  • Speaker #0

    Il faut dire qu'Aubry est un dandy fantasque, qui déclare lui-même avoir trois obsessions dans la vie. Le grotesque, l'érotisme et la décadence. Ces œuvres mettent ainsi en avant des scènes que nous qualifierons de « olé olé » , mais dans un style graphique paradoxalement très élégant. Attention, je vous parle d'œuvres vraiment obscènes. On raconte même que les galeristes craignent tellement de les exposer qu'ils n'ont qu'une solution, les afficher à l'envers. Mais Burtley est loin d'être le seul à faire scandale. Pendant que l'Angleterre est stupéfaite devant ses figures lassives en noir et blanc, un autre artiste, de l'autre côté de la Manche, en Belgique, repousse les limites du supportable encore plus loin. Son nom est Félicien Robs. Et lui, il ne se contente pas de suggérer le vice. Il dessine carrément l'interdit. Ses trois thèmes favoris ? Le sexe, le péché et la mort. On pourrait peut-être parler d'autre chose. Dans Pornocratais, ils mettent en scène une femme mûle qui marche les yeux bandés, accompagnée d'un porc, littéralement. Une sorte de manifeste sur l'aveuglement du désir. Antique cléricale convaincue, Pébissien réalise au pastel Les Tentations de Saint-Antoine, une œuvre dans laquelle le pauvre homme est entouré des péchés capitaux. Dans une autre toile, ces mules sont des prostituées. Et surtout, le fil rouge de ces œuvres... C'est l'absinthe.

  • Speaker #1

    On va dans la finesse et l'élégance ou dans le muscle ? Non,

  • Speaker #2

    il n'y aura ni finesse ni élégance à cette table. On va prendre du rouge à 17 degrés qui tabasse, voire même de l'argentin. Ce que tu as de plus fort est de plus rouge et de plus noir.

  • Speaker #0

    À l'époque, cette boisson est vraiment la signature de la fin du XXe. Moderne, dangereuse, risquée. Car oui, si on en boit une goutte de trop, il paraît qu'on perd la vue. Sans alcool, la fête est plus folle. Et si ce n'était que ça le problème, ça irait. En réalité, certains des plus éminents artistes de l'époque sont carrément des repris de justice. L'arrestation la plus symbolique a d'ailleurs lieu en Autriche. Pour cela, rendons-nous dans la ville de Neulenbach. Nous sommes en 1912 et un jeune homme au regard perçant, les genoux creusés, installe son atelier dans la petite ville de Neulenbach. à l'écart de Vienne. Il s'appelle Egon Schiele. Il a 21 ans et son talent est fulgurant. Mais il est aussi très dérangeant. Obsédé par le nu, il dessine sans relâche des jeunes filles dans les postures lassives, parfois à la limite du supportable. « C'est de gros pervers ! » Il peint la chair avec une crudité telle que même ses amis les plus avant-gardistes commencent à grimacer. En fait, il ne cherche pas à plaire, il cherche à mettre à nu littéralement. Dans cette petite ville très conservatrice qu'est Neulenbach, ses dessins ne plaisent pas, mais alors pas du tout. Donc forcément, quand l'artiste accueille et cache chez lui une jeune fille en pleine fugue, c'est le scandale de trop. On l'accuse d'enlèvement sur mineur, de diffusion d'œuvres immorales et la police cédit plus de 100 dessins dans son atelier. Lors du procès, un juge brûle même une de ses œuvres au tribunal devant toute l'assistance, comme on exorciserait un démon. Egon Schiele passe 24 jours en prison. Il en sort transformé, mais pas à sa vie. On raconte qu'il récupère ses propres cheveux pour en fabriquer un pinceau afin de pouvoir continuer à peindre dans sa cellule. Sur l'une de ses œuvres, il écrit « Je ne veux pas fuir la croissance, je veux la comprendre » . L'art nouveau, on vous disait, des arabesques et des feuilles de marronnier ? Pas vraiment. Plutôt des artistes enragés, des provocateurs en quête de vérité. qu'elles soient érotiques, sociales ou existentielles. Mais enfin, si certains artistes sont de véritables punks anarchistes avant l'heure, d'autres, au contraire, sont animés par une vision plus mystique, plus sacrée qu'ils veulent transmettre au monde. C'est le cas d'Alphonse Mucha. Vous le connaissez forcément pour ses affiches de théâtre avec Sarah Bernhardt, ses femmes fleurs auréolées de lumière, ses couleurs douces et ses arabesques dorées. Mais ce que vous ignorez peut-être, c'est que Mucha haïssait être réduit à un illustrateur de réclamant. Il considérait ça comme de la décoration de salon. Dans les années 1910, il disparaît de la scène artistique parisienne. Pendant près de 18 ans, il s'enferme dans un château en bohème et se consacre corps et âme à son grand projet mystique, une série monumentale de 20 toiles appelée l'Épopée slave. C'est un projet pharaonique À milieu des bijoux de la Ligue ou des affiches publicitaires, Alphonse Mucha veut redonner fierté à son peuple en racontant toute l'histoire spirituelle et politique des peuples slaves, de la naissance du christianisme à leur libération politique. Il déclare « Un jour, mes affiches ne seront plus que des souvenirs, mais l'épopée, elle, sera mon testament. »

  • Speaker #3

    Je ne sais pas si vous êtes au courant, mais le monde ne vous attend pas. Le monde y bouge. Et il bouge vite. Il n'est pas tardé à rester sur le carreau, je vous le dis. Alors, la guitare, les trompadours, tout ça, c'est fini. Mais bon,

  • Speaker #0

    à sa mort, ces tableaux ne sont même pas exposés. Et ce n'est que cent ans plus tard qu'on commence à les redécouvrir. Il a réalisé que, derrière l'élégance de l'art nouveau, se cachait un combat bien plus vaste pour la liberté, la vérité, la paix. ou parfois simplement la beauté nue. Mais alors, que retenir de l'art nouveau ? Que parfois, les œuvres bien sages et les portraits d'artistes bien coiffés que l'on connaît cachent des histoires rocambolesques, des combats, des convictions et des tentatives de révolution. Alors, la prochaine fois que vous allez au musée et que vous voyez une œuvre de Montraint, à la Klimt ou à la Bird's Lake, rappelez-vous qu'à une époque, cette toile appartenait aux caves anglaises, aux ruelles parisiennes et surtout aux grands rêveurs. Et quand vous passerez devant une bouche de métro, un vitrail ou une affiche à la mort, demandez-vous, est-ce que vous regardez un jeu de décor ? Ou un cri du cœur, un doigt levé, une provocation habillée en dentelle ? Dites-le-moi en commentaire ! Je vous remercie pour votre écoute et vous dis à la semaine prochaine pour de nouvelles anecdotes croustillantes sur l'art et le design.

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