- Amélie
Bonjour Mylène.
Bonjour Amélie. Je suis ravie de t'avoir sur mon podcast et comme d'habitude on commence avec la première question. Comment vas-tu si je te parle d'écologie ?
- Mylène
Alors aujourd'hui je dirais que je ne suis pas au top. Pour remettre un peu de contexte, il y a une semaine on a appris qu'il y avait eu des grosses inondations à Valence et puis il y a trois jours, enfin deux jours je crois, Trump est passé. Donc c'était un peu comme beaucoup de gens je pense une source d'angoisse. Donc autant il y a des fois où ça va plutôt bien, autant en ce moment on va dire que je suis pas au top. Je ne suis pas au top à ce niveau-là.
- Amélie
Et comment toi, tu es arrivée dans l'écologie ?
- Mylène
Alors moi, je suis arrivée un soir de septembre 2020. Pour le coup, ça a été assez brutal. Je faisais partie des gens qui, avant, n'avaient pas une grosse sensibilité à l'écologie. Autant j'avais pas mal de sensibilité sur des sujets sociaux, sociétaux, d'injustice, etc. L'écologie, ça ne me parlait pas forcément. Et puis, j'avais l'impression que ce serait pour dans beaucoup plus longtemps. Et en fait, un soir de septembre 2020, mon mari... a eu la bonne idée de me proposer de regarder la vidéo de Jean-Marc, enfin une vidéo de Jean-Marc Jancovici, que tu connais j'imagine. Et donc, ma petite fille avait cinq mois à l'époque, elle dormait. Et en fait, je me souviens très bien qu'il m'a dit au bout d'un quart d'heure, si t'en as marre, on arrête parce que moi, le côté graphique, le côté scientifique, c'est vraiment pas mon truc. Et en fait, je suis restée deux heures et quart sans pouvoir cligner des yeux, je pense, devant la vidéo, tellement je me suis prise claque sur claque. J'ai vraiment eu une prise de conscience écologique. hyper brutale. J'ai fait une insomnie horrible dans la foulée, j'ai dû m'endormir à 4h du matin et clairement eu un avant et un après ce soir-là.
- Amélie
Et t'as senti directement en toi cette angoisse arriver pendant cette vidéo ?
- Mylène
Ah ouais, je me souviens très bien de paroles en plus, Jean Covici a la capacité à avoir des punchlines assez marquantes mais je me souviens de sujets notamment sur, par exemple, les flux migratoires en parlant du contexte géopolitique. J'avais pas du tout en tête le fait que ça pouvait prendre une ampleur. sur d'autres sujets que les canicules, etc. Et du coup, j'ai vraiment senti une angoisse monter au fur et à mesure et qui ne m'a pas quittée pendant plusieurs jours. Le lendemain, j'ai parlé avec une de mes collègues en essayant de lui donner les deux ou trois phrases qui m'avaient moins marquées. Et je me souviens qu'elle m'avait dit, oui, c'est vrai que c'est un peu stressant, mais je me disais, mais comment elle fait pour ne pas paniquer comme moi ? Alors qu'en fait, 24 heures avant, j'étais exactement comme elle. Donc, je suis vraiment tombée dans la sidération totale. Toi, ça a été vraiment un... Enfin... Un choc brutal. Un choc brutal, ouais. Vraiment, c'est dingue, quoi. Je sais que la plupart des gens me disent que c'est plutôt par succession de déclics. Moi, ça a été un méga gros déclic d'un seul coup.
- Amélie
Et qu'est-ce que t'as mis en place après, derrière, pour aller mieux, pour essayer de mieux comprendre cette angoisse ?
- Mylène
Qu'est-ce que t'as fait ? Je pense que le premier réflexe, et à mon avis, je pense que la plupart des gens tombent un peu là-dedans, j'ai commencé à beaucoup me renseigner. Moi, je suis très fan de podcast. J'ai écouté beaucoup, beaucoup, beaucoup de podcasts. J'ai voulu creuser un peu les sujets. Je suis allée sur plein de blogs, etc. Et alors, c'est presque encore pire parce que du coup, tu te rends compte que le problème est encore plus large et systémique que ce que tu avais imaginé. Et je me souviens que six mois après, je crois à peu près, j'écoutais le podcast Basilique. Je ne sais pas si tu connais. Et dedans, il y avait Charlene Schmerber, qui est une psychologue spécialisée sur l'éco-anxiété, qui a parlé de ce mot-là. Et en fait, je me suis... En mettant un mot là-dessus, je me suis vraiment rendue compte que c'est ça que je ressentais. Je me suis dit, mais si le mot existe, c'est que je ne dois pas être la seule à le ressentir. Donc ça, ça a été un peu la première vraie étape où je me suis dit, OK, j'ai un problème, c'est pas un problème en soi, mais j'ai un mal-être qui porte un nom. Donc au début, c'était plutôt une phase de prise d'informations, on va dire, voire même de boulimie d'informations. Et après, je pense qu'effectivement, au fur et à mesure, il y a aussi eu l'aspect de réfléchir à ce que moi, je pouvais mettre en place. assez rapidement dans ma vie, même si c'est plus difficile à dire qu'à faire. Enfin non, c'est plus facile à dire qu'à faire, pardon. Mais voilà, au début, je dirais que c'est plutôt la phase d'information, prise d'information.
- Amélie
Et à la suite de cette prise d'information, tu t'es tout de suite dit que tu voulais rentrer dans l'action ou tu as eu un moment où tu t'es dit c'est trop pour moi, c'est pas possible, je ne sais pas où aller ?
- Mylène
Je pense que pendant longtemps, je me suis dit qu'effectivement, à l'échelle humaine, on n'avait tellement pas de poids qu'en fait... Ça ne servait pas à grand-chose de se lancer là-dedans. Et en fait, je pense que j'ai commencé à y réfléchir. Alors, c'est presque égoïste, mais c'est quand j'ai appris qu'effectivement, l'action était un bon remède contre l'éco-anxiété. Et du coup, je me suis dit, en fait, effectivement, il faut que j'agisse, il faut que je sente, que je reprends un tout petit peu de pouvoir, entre guillemets, sur ma vie. Donc, on a commencé avec mon conjoint à réduire la viande. Alors, notre fille était très petite, donc on n'avait pas pour projet de partir en avion dans les mois qui suivaient. Mais en l'occurrence, très rapidement, on s'est dit qu'on allait arrêter de prendre l'avion. Et on ne l'a pas appris depuis six ans maintenant. Donc voilà, il y a des sujets sur lesquels j'ai commencé à effectivement... J'ai calculé mon bilan carbone. J'ai commencé aussi à faire tout ce qui est presque du climat. Mais là, en l'occurrence, je n'avais pas l'impression d'avoir appris beaucoup de choses parce que comme entre-temps, je m'étais renseignée... Mais voilà, j'ai commencé après à, je pense, rejoindre aussi des groupes de personnes à travers les fresques, à travers des webinars auxquels j'ai participé, etc. Et du coup, pour le coup, c'était cool le côté collectif, de me rendre compte qu'effectivement, je n'étais pas la seule.
- Amélie
Toi, au départ, tu es partie vraiment en mode, j'ai besoin d'infos, de mieux comprendre.
- Mylène
Oui, je voulais comprendre parce que, en fait, ça m'a presque fait halluciner d'avoir été dans un tel déni. Je ne sais même pas si c'était du déni. Je t'ai... convaincue, mais j'étais vraiment convaincue que le problème du réchauffement climatique allait toucher probablement nos arrières, arrières, arrières petits-enfants. Vraiment, j'étais à des années-lumières de me rendre compte de ça et qu'on allait être sur quelques sécheresses et quelques canicules. J'étais à des années-lumières. J'ai commencé à essayer de comprendre. En plus, ce qui est assez drôle, c'est que je ne suis pas quelqu'un de curieux au départ. Je suis hyper curieuse depuis quatre ans, du coup, mais je ne suis pas quelqu'un de très curieux. Même les actualités, je ne les suivais pas beaucoup. Tant dire que maintenant, je les suis peut-être un peu plus. Mais du coup, oui, je suis rentrée dans une espèce de curiosité parce que je me suis dit, mais ce n'est pas possible que je n'ai pas pu comprendre un tel problème. Et en plus, le sujet est passionnant en tant que tel. En fait, il ouvre tellement d'autres sujets parallèles que c'est un puissant fond quasiment. On peut tout le temps apprendre des choses. Donc, oui, j'ai vraiment eu cette boulimie d'informations.
- Amélie
Et ton mari, est-ce que c'est lui ? qui te montre la vidéo, est-ce qu'il avait déjà de cette conscience ou est-ce que lui aussi s'est pris la même claque que toi ?
- Mylène
Alors, c'est marrant. On n'a jamais trop su. On en a déjà parlé plusieurs fois. Il avait déjà un peu vu la vidéo. Il n'avait pas vu les deux heures écaires, mais il avait vu une bonne demi-heure. Donc, je pense qu'il avait quand même réalisé et c'est pour ça qu'il a voulu me le montrer. Ça ne lui a pas du tout fait le même effet que moi parce que je pense qu'on a aussi des caractères différents. Moi, je suis d'une nature assez anxieuse alors que lui est plutôt zen. Je le remercie d'ailleurs, ça m'aide beaucoup. Donc, il n'a pas réagi avec une éco-anxiété, je dirais. Par contre, le côté hyper positif, c'est que tout de suite, il a eu une prise de conscience comme moi au niveau mental, au niveau de la réflexion. Et du coup, on était tout de suite hyper alignés sur le fait de vouloir bouger à notre niveau. Dans les débats avec des proches, on était sur la même longueur d'onde. Et ça, c'est vraiment… C'est royal. Je ne peux pas… Enfin… J'aurais vraiment, vraiment beaucoup de mal à vivre avec quelqu'un qui ne me suit pas dans ce type de valeur, de conviction. Voilà, ça serait très compliqué.
- Amélie
Et à quel moment vous avez passé du perso au pro ?
- Mylène
Alors, le pro... Alors, mon mari n'a pas passé le cap du pro. Enfin, il a son entreprise, mais pas du tout dans le domaine de l'écologie. Moi, ça a été... En fait, j'étais en freelance en RH en 2022 et j'en avais marre. de faire du RH, je ne retrouvais plus trop le côté humain qui m'avait... Comment dire ? Qui avait fait que j'avais voulu apprendre cette voie-là. Et du coup, j'ai fait un programme de reconversion professionnelle entre janvier et avril 2022 qui s'appelle Switch Collective, dans lequel j'ai... Et en fait, c'est un programme qui dure quatre mois. Et pile poil au milieu, j'ai vraiment eu un déclic où je me suis dit, en fait, il y a un sujet qui ne me lâche pas, c'est cette éco-anxiété qui me suit tous les jours. J'y pense... au moins une fois par jour, si ce n'est plus, alors que je suis au départ quelqu'un plutôt de très joyeux et très optimiste de nature. Donc, ça m'embêtait d'avoir cet énorme caillou dans la chaussure. Et je me suis dit, en fait, il faut que j'arrive à... Comme j'avais quand même des outils qui me parlaient et qui m'aidaient au quotidien, je me suis dit, il faut que j'arrive à créer quelque chose pour aider les gens qui, comme moi, ont cette éco-anxiété et qu'on arrive à le transformer en force. Donc, mi-2022, j'ai eu ce déclic. Et en gros, j'ai commencé à réfléchir au projet. à partir de mai-juin 2022, et j'ai fait une première promotion en septembre 2022. Donc au début 2023, je me suis associée avec une amie qui s'appelle Mariam, et on a lancé du coup Écorse, qu'on a assez vite proposé aux entreprises. On a travaillé sur Écorse toutes les deux jusqu'à juillet 2024, et depuis je me suis relancée toute seule sur ce projet de mon côté. D'ailleurs je fais un petit aparté, mais je ne suis pas hyper fan du mot éco-anxiété, parce que pour moi c'est trop restreint sur le domaine écologique, alors que pour moi... Le monde ne va pas bien, mais ça ne touche pas que l'écologie. Donc, ça touche aussi tout ce qui peut être les conflits géopolitiques, la perte de sens, les réseaux sociaux. Enfin, plein de choses qui, en tout cas, je trouve, paraissent de plus en plus incertaines, on va dire. Et puis, ce n'est pas que de l'anxiété. Il y a aussi d'autres émotions derrière. Donc, je ferme la parenthèse.
- Amélie
Et donc, c'est quoi exactement ? Qu'est-ce que tu proposes ?
- Mylène
Alors, je propose un programme d'accompagnement qui s'appelle Écorse. Écorse, c'est le mix entre les mots éco-anxiété et force et qui vise à donner des... des outils et des ressources que les participants vont pouvoir découvrir, expérimenter et puis s'approprier aussi pour ceux qui vont marcher pour eux, pour justement transformer cette éco-anxiété en force. Donc il y a quatre grandes thématiques dans ce programme. Il y a tout ce qui a trait aux émotions, qu'elles soient agréables ou désagréables. Il y a tout ce qui touche à la notion de changement, le changement qu'on choisit, comment justement actionner le changement. dans la transition et le changement qu'on subit aussi. Qu'est-ce qu'on va faire par rapport à l'incertitude du monde ? La troisième partie, c'est autour des relations. Comment justement tisser une résilience qui sera collective et comment prendre soin de nos relations, y compris avec nos proches qui ne sont pas toujours au même niveau que nous en termes de prise de conscience. Il n'y a pas de jugement quand je dis ça, mais c'est en tout cas sur la partie écologie. Et puis, le quatrième point, c'est la partie action, sur comment se mettre en action de la bonne manière pour maximiser son impact et tout en prenant soin de soi.
- Amélie
Si moi, j'ai envie de le faire. Comment je peux le retrouver ?
- Mylène
Déjà, tu es la bienvenue. Le fonctionnement, en gros, c'est 12 séances qui se font plutôt par visio. Je peux le faire en présentiel si effectivement je trouve 12 personnes au même endroit, mais plutôt dans la région parisienne. Mais sinon, c'est 12 séances par visio qui durent une heure chacune. Donc, espacées d'une semaine à chaque fois, je le fais plutôt sur des horaires en dehors des heures de travail. Donc, ça peut être entre midi et deux ou en fin de journée, voire même en soirée. Il y a en gros trois séances par thématique, donc trois séances émotions, trois sur le changement, trois sur les relations, trois sur l'action. Dans ces séances, on va expérimenter ces fameux outils. Il y a un peu de théorie et il y a surtout beaucoup de pratiques, de travaux en binôme, en sous-groupe, en grand groupe, pour essayer de bénéficier de l'intelligence collective. Et entre chacune de ces séances, en fait, tu as un mail que j'envoie à l'issue de la séance. avec du contenu, soit en lien avec la séance qui vient de se passer, soit pour préparer la séance d'après. Et on a aussi trois exercices que j'appelle un exercice tête, un exercice cœur, un exercice corps, parce que les trois dynamiques sont essentielles pour moi. Et ça, c'est plus des exercices, on va dire, d'introspection pour essayer de s'approprier aussi le programme, parce qu'on a tous des vécus différents, des expériences différentes et du coup, une éco-anxiété différente aussi. Donc, c'est un programme qui dure du coup 12 semaines avec à la fois des temps collectifs et des temps d'introspection. Toujours avec pour but de transformer justement cette éco-anxiété, cette systémico-anxiété en force.
- Amélie
Et pourquoi avoir pris émotion, changement, relation et action ?
- Mylène
En fait, c'est toujours difficile à expliquer à l'oral, mais pour moi, l'éco-anxiété, il y a plusieurs dimensions qui sont essentielles à prendre en compte. Il faut imaginer deux lignes et deux colonnes, et à chaque fois, ça va recouper les deux plusieurs dimensions. L'éco-anxiété, c'est un sujet qui est... individuelle parce que c'est tes propres émotions et parce que c'est la projection que tu fais de ta propre vie. Donc évidemment, il y a un sujet très personnel. Il y a aussi une dimension collective parce que, par définition, on fait société, parce que ça peut impacter nos relations. Et puis en colonne, il y a deux dynamiques pour moi qui sont essentielles. Il y a la partie, en gros, prendre soin de nous, c'est-à-dire avoir des ressources pour nous ressourcer et tenir sur la durée parce que malheureusement, cette crise, elle ressemble plutôt à un marathon sans ligne d'arrivée comme je dis souvent. Et en même temps, il faut continuer à se mettre en mouvement et à se mettre en action pour la transition. Et donc, à chaque fois que tu recoupes ces dimensions, si tu prends la partie individuelle, prendre soin, on va vraiment être sur la partie émotion. Pour moi, c'est essentiel de développer cette intelligence émotionnelle parce que plus ça va aller, plus on va ressentir des émotions désagréables. Et en fait, il faut arrêter de les refouler. Je pense qu'il faut justement les prendre pour ce qu'elles sont, c'est-à-dire des messages envoyés par ton cerveau pour te mettre en mouvement. Donc, elles sont utiles, ces émotions. Ensuite, il y a la dimension individuelle, se mettre en mouvement autour du changement parce qu'on est dans un monde qui va de plus en plus changer et donc on a besoin d'avoir des outils pour appréhender ce changement, pour choisir les changements qu'on veut opérer et pour justement savoir comment gérer le changement subi. Et ensuite, si tu descends et que tu vas dans la partie collective prendre soin, on est autour de la partie justement relation, comment prendre soin de ces relations, comment on arrête d'être dans une société qui est de plus en plus polarisée. Ça, c'est vraiment mon sujet un peu du moment, j'avoue. Et en bas à droite, c'est plutôt la partie collectif et se mettre en mouvement. Et c'est autour de l'action. Et je trouvais que les quatre faisaient que ça faisait un programme assez complet, en fait, où on appréhende plein de sujets autour du sujet de l'éco-anxiété de manière générale.
- Amélie
Et dans les émotions, on va pouvoir retrouver toutes les émotions qui viennent t'expliquer que là, il y a quelque chose qui ne va pas. Mais est-ce que tu as aussi toutes les possibilités de rendre que l'écologie rend joyeuse, que des fois, tu peux être bien, etc.
- Mylène
Les émotions, en fait, quand tu as des émotions désagréables, c'est souvent que tu as des besoins qui sont contrariés. Donc, ces besoins, c'est les fameux besoins universels, sécurité, liberté, justice, respect, peu importe. Et quand tu as des émotions agréables, c'est qu'ils sont nourris. Donc, on va vraiment décortiquer quelles sont les émotions que je ressens. Et sur l'aspect, on va dire désagréable, c'est vraiment comment après je vais essayer de nourrir ces besoins différemment en adoptant des stratégies qui sont à ma portée. Et après, effectivement, on a toute une séance sur les émotions agréables. Et ça, je le vois comme sous deux aspects. Déjà, les émotions agréables, je trouve qu'elles te servent à identifier justement quelles sont les ressources que tu peux aller chercher, un peu tes points d'ancrage, les choses qui te font du bien et qui ne font pas de mal à la planète si possible, dans lesquelles tu peux aller puiser pour justement te ressourcer quand ça ne va pas. Et alors l'aspect effectivement joie, pour moi, c'est vraiment... Je pense que c'est le sujet sur lequel il faut qu'on aille dans les prochaines années. Quand je dis on c'est les personnes sensibles à l'écologie de manière générale. On voit bien que le fait de faire peur, ça ne fonctionne pas. Ça peut éventuellement, la partie savoir, effectivement, les fresques du climat, c'est essentiel parce qu'il faut se prendre un peu ce coup de massue, on va dire. Mais ça ne marche pas, on voit bien. Déjà, nous, c'est compliqué. Moi, c'est compliqué de changer alors que j'ai vraiment eu ce choc brutal. Mais je pense qu'on a vraiment besoin de donner envie. Et en plus, il y a tellement de bénéfices au final. Quand tu rentres dans le sujet, tu te rends compte que tout est… aller vers plus de lenteur, vers moins de stress, vers une meilleure santé, moins de pollution. Enfin, je veux dire, il y a plus de sport. Il n'y a rien qui ne va pas bien dans le fait d'aller vers l'écologie. Donc oui, il faut donner envie. Mais ce n'est pas évident. C'est vraiment ma quête du moment de me dire comment on peut vraiment rendre ça joyeux et donner envie. Parce que je suis convaincue que c'est ça qu'il faut faire.
- Amélie
Et en plus, comme tu disais, on fait société.
- Mylène
Oui.
- Amélie
Donc c'est aussi accepter qu'on ne peut pas non plus faire tout. qu'on aimerait faire parce qu'on fait partie d'une société. Donc, je suppose qu'il y a aussi toute la partie culpabilité et légitimité qu'on peut trouver dans les corps.
- Mylène
Oui, complètement. La culpabilité, d'un point de vue très personnel, je trouve que c'est une des pires émotions qu'on peut ressentir parce que tu n'as pas de prise dessus. Tu peux juste en vouloir et tu as l'impression de ressasser les mêmes choses. Il y a très peu de levier là-dessus. Donc, moi, c'est vraiment quelque chose que je répète à longueur de temps aux personnes qui participent au programme. C'est qu'il faut arrêter avec cette culpabilité. J'avais entendu... Arthur Obeuf de Team for the Planet qui avait dit Quand on est dans un monde par définition en mutation, il faut accepter que pendant très longtemps, on aura un pied dans le nouveau monde, un pied dans l'ancien monde. Et on va souvent limite reprocher des gens qui font un peu. On va leur faire encore plus de reproches que si tu ne fais rien du tout. Donc, il faut arrêter. C'est déjà suffisamment compliqué d'être dans un monde, à ce moment-là en tout cas, du monde où effectivement, on a été habitué, mais comme tout le monde, à vivre dans une forme d'opulence, d'abondance, et d'un coup, il faut arrêter. Enfin, arrêtez, en tout cas, il faut transformer la chose. Donc oui, moi, je travaille beaucoup là-dessus. Et c'est pour ça que parfois, j'aime bien le fait de ne pas être parfaite, parce que justement, ça me paraît prétentieux, mais je reste ouverte d'esprit du coup par rapport aux gens qui ne sont pas parfaits non plus. Enfin, moi, je n'ai jamais jugé des gens qui continuent à prendre de la viande, qui continuent à manger de la viande. C'est très compliqué. Donc, on fait bien ce qu'on peut. Et c'est des sujets sur lesquels on travaille beaucoup.
- Amélie
C'est vraiment la clé à un moment donné, le fait d'accepter que les autres qu'ils ne soient pas arrivés au même endroit que toi. La tolérance dans l'écologie, je trouve que c'est l'une des clés qui te permet de sortir de cette éco-anxiété à chaque fois. Parce que si, à chaque fois que tu parles à ton voisin, tu seras éco-anxieux parce qu'il n'a pas arrêté la viande, puis après, tu vas parler à quelqu'un d'autre et lui, il n'a pas arrêté l'avion. Et donc, en fait, c'est réussir à prendre ce recul.
- Mylène
Oui, et puis en plus, si on finit par ne plus parler aux gens qui n'ont pas encore pris conscience et autres, entre nous, ça va être cool. ça va être cool je suis même pas sûre parce que moi au bout d'un moment j'aime bien changer aussi justement même de sujet de parler d'autres choses moi j'aime bien le petit challenge aussi d'aller convaincre les gens entre guillemets et puis c'est surtout si on est 5000 enfin je sais qu'on est plus à être sensible au sujet mais je veux dire si on est une petite poignée à rester dans l'entre-soi ça ne marchera jamais il faut et moi j'en ai moi c'est vraiment justement cette polarisation enfin avec les législatives on l'a bien vu on a l'impression que plus personne ne se comprend et c'est et alors qu'on a Il y a plein de points communs. Quand on reprend ces fameux besoins universels, des gens qui sont dans le déni, ils ont aussi ce même besoin de sécurité. C'est juste que leur manière de se protéger est différente. Moi, j'aime bien le fait d'être passé de l'autre côté et d'avoir pris conscience. Eux, peut-être que c'est trop dur pour eux. Donc, il faut juste trouver le prisme par lequel tu vas aller chercher l'autre. Mais on a quand même des points communs sur ces besoins universels. Oui, la tolérance, je suis d'accord avec toi. C'est le sujet, pour moi, le plus urgent. on va dire.
- Amélie
Et je trouve que c'est ça aussi la clé de l'écologie intérieure, c'est si tu prends l'avion, quel est le besoin que tu es en train de nourrir quand tu prends l'avion ? Parce que peut-être tu peux nourrir ce besoin, mais sans prendre l'avion. Sauf des questionnements qui ne sont pas forcément faciles pour les personnes.
- Mylène
En gros, l'avion, tu peux dire qu'il y a un besoin de vitesse par exemple, le fait que le trajet soit le plus court possible. Alors qu'en fait, tu peux aussi essayer de changer ta façon de réfléchir en disant, est-ce qu'on ne peut pas faire du trajet par exemple, une partie intégrante de ton voyage ? Et effectivement, je trouve ça intéressant d'aller chercher en profondeur quels sont les besoins que tu peux aller chercher. Et typiquement, si tu as besoin d'aller explorer ou d'aller à l'aventure ou d'avoir de l'imprévu, tu peux aller dormir chez l'habitant, mais dans, je ne sais rien, trois villes à côté de chez toi. Tu peux avoir plus d'aventures en restant beaucoup moins loin que de partir en Thaïlande où tu vas dormir à l'hôtel. Donc, justement, je trouve que ça amène même de la créativité dans le fait de dire, quand on va rendre, je ne sais pas, ces vacances inoubliables. En faisant, par exemple, du trajet un moment hyper joyeux, on va jouer, j'en sais rien, j'imagine des choses comme ça. Donc, je pense que c'est bien de se plonger sur ces besoins profonds, justement. Qu'est-ce qu'on va aller chercher avec cette... avec cette consommation, en fait.
- Amélie
Est-ce que Écorse, c'est fait pour les personnes éco-anxieuses qui sont déjà passées à l'action, ou c'est vraiment pour les personnes éco-anxieuses qui, pour l'instant, sont un peu perdues et ne savent pas où aller ?
- Mylène
Je dirais que c'est plutôt pour, effectivement, les gens qui ont eu cette phase de sidération, qui se sentent impuissants, qui ne savent pas comment réagir par rapport à ça. Donc, ils sont plutôt au début, on va dire, de l'éco-anxiété. Et après, l'éco-anxiété, c'est des phases. Donc, il peut aussi y avoir des gens qui... ont eu des passages où ils étaient très engagés, et puis là, il y a une forme de lassitude, on a besoin de se recruster, donc ça peut être aussi pour des gens comme ça, qui sont peut-être engagés depuis longtemps, sauf que là, il y a une phase où, en fait, j'en sais rien, Trump est passé, et du coup, il y a un petit coup de mou, et voilà, donc ça... Et par contre, effectivement, ce n'est pas à destination des personnes qui n'ont pas encore pris conscience du monde, en tout cas, n'allait pas bien. Encore une fois, ça peut être sur d'autres sujets que l'écologie, mais... Des gens qui n'ont aucune envie de changer et qui disent que le monde va bien, je pense qu'ils perdraient du temps. Ils ne se plairaient pas du tout dans le parcours. Est-ce que,
- Amélie
selon toi, on peut sortir de l'éco-anxiété ?
- Mylène
J'ai longtemps réfléchi à ça. Je pense que malheureusement, non. Déjà, il y a des phases. Dans l'éco-anxiété, il y a évidemment des phases où, pour moi, ça va mieux. Il y a de l'espoir. On est dans l'action. Il peut y avoir plein d'émotions agréables. On peut se sentir fière. on peut être motivé, etc. Mais malgré tout, l'éco-anxiété, à la moindre info anxiogène, ou anxiogène, ou en tout cas, à la moindre mauvaise actualité, tu peux repartir dans des émotions désagréables. Donc, je pense que pour moi, la seule manière d'éliminer cette éco-anxiété, c'est de résoudre les problèmes du monde. Donc, je vais t'en dire que ce n'est pas pour tout de suite. Donc, moi, je vois vraiment l'éco-anxiété comme un compagnon de route, en fait. Comme tu veux partir toute seule en vacances avec ton sac à dos, en fait, ton pote un peu relou ou ta pote relou. on peut me donner le genre qu'on veut, qui ne te décolle pas. Et en fait, quitte à ce qu'il soit avec nous dans le voyage, comment en faire presque son meilleur ami ? C'est comme ça que je le vois. C'est quelque chose qui ne va pas nous quitter. Après, c'est ma perception. Ce n'est pas du tout de base scientifique dans ce que je dis, mais ça ne va pas nous quitter. Donc, autant en faire une force.
- Amélie
Autant que la pote relou devienne la pote malade.
- Mylène
La meilleure pote avec qui on se marre. Le voyage est quand même beaucoup plus glauque. Mais bon.
- Amélie
C'est d'en faire une alliée.
- Mylène
c'est d'en faire une alliée exactement pour moi c'est vraiment ton allié et moi quelque part j'ai une fierté à être éco-anxieuse je vais pas dire que je suis contente mais j'ai découvert tellement de choses et j'ai vraiment réfléchi je dis pas du tout que je suis parfaite très très loin d'être parfaite mais alors vraiment mais en tout cas j'ai réfléchi à ce qui était essentiel pour moi je trouve que ça t'amène des questionnements que je me serais jamais posé je pense en dehors de ça donc ça commence à devenir vraiment une bonne amie C'est juste que dans les moments un peu durs, du coup, on s'accroche toutes les deux. Oui, pour moi, c'est une fille.
- Amélie
Est-ce que parfois, tu aurais envie d'avoir jamais eu cette écolucide ?
- Mylène
Non, jamais. Moi, je plains. Pas dans le sens, je les trouve pathétiques. C'est pas dans ce sens-là, mais je suis tellement contente. Déjà parce que c'est tout bête, mais j'ai l'impression que j'ai plus de temps pour me préparer. d'une manière ou d'une autre, mais au fait que le jour où ça va vraiment faire mal, et ça fait mal pour plein de gens déjà, je sais très bien que je suis assez privilégiée là-dessus, mais moi, je suis très contente justement de savoir. Je préfère, j'avais entendu un podcast avec André Comte-Sponville, qui est un philosophe que j'aime vraiment beaucoup. Et alors, je ne sais plus sa phrase, mais c'est il faut mieux un bonheur vrai, enfin, une vérité malheureuse qu'un bonheur... Enfin, en gros, c'était sur la lucidité, quoi. C'est mieux, je préfère vivre... de manière un peu plus compliquée dans un monde, mais à essayer de tout faire pour essayer d'être heureuse plutôt que d'être complètement dans le déni. Donc jamais, jamais, jamais, je ne reviendrai en arrière. Mais vraiment, pour le coup, j'en suis convaincue.
- Amélie
Qu'est-ce que toi, tu mets en place quand tu as des moments, genre Trump qui est devenu président, pour te dire, allez, je continue à passer à l'action ?
- Mylène
En fait, moi, ce qui marche le mieux quand j'ai un coup dur, c'est de me dire sur quoi j'ai de la prise et sur quoi je n'en ai pas. Si c'est quelque chose sur lequel je ne peux rien faire, je ne peux pas revenir en arrière. En fait, tu enlèves toutes les pensées autour de ça. Au bout d'un moment, en tout cas, ne te rajoute pas cette surcouche d'eux. Mais c'est horrible ce qui m'arrive. C'est vraiment, mais pourquoi moi ? Mais c'est tellement injuste, etc. Ou pourquoi nous, du coup, en l'occurrence, si on prend Trump, je n'ai pas de prise là-dessus. Donc, ça va juste me faire perdre de l'énergie. Donc, la première chose que je fais, c'est qu'en fait, par exemple, je suis triste. Eh bien, je prends ma tristesse et je ne sais pas, je pleure, par exemple. Alors, c'est plus compliqué avec l'angoisse parce que je ne dis pas qu'il faut rester angoissée pendant des heures. Je ne vais pas me dire que c'est cool si l'angoisse est soit angoissée, etc. Mais en tout cas, je laisse passer l'émotion. Donc ça, c'est la première chose parce que c'est ce qui fait que je ne perds pas d'énergie. J'accepte le truc. Et après, effectivement, je me dis sur quoi j'ai de la prise. Qu'est-ce que je peux faire ? en local, dans ma famille, dans mon cocon à moi. Quand les gens te disent mais coupez-vous des réseaux sociaux je me disais mais franchement, c'est nul comme idée, parce qu'en fait, les problèmes vont continuer à arriver Mais en fait, non, ça fait tellement du bien de se couper, parce qu'effectivement, on ne perd pas notre lucidité. C'est juste que vraiment, on ne se rajoute pas cette couche d'informations anxiogènes, etc. Donc en fait, parfois, juste, je fais une coupure. Là, ça fait deux jours, effectivement, que je réfléchis à comment on pourrait... collectivement, en fait, faire en sorte à ce que ça nous fasse un sursaut de fou, quoi. Comment, enfin, tu vois, de... Je sais pas comment dire la métaphore, mais j'aimerais que le monde sente que ça tremble et que d'un coup, tous les gens qui sont contre Trump se révoltent. Mais je sais pas la solution, enfin. Donc là, voilà, je suis un peu en quête de ça.
- Amélie
Et ça, c'est le genre de choses qu'on peut retrouver dans Écorse. T'apprendre ce type d'exercice pour...
- Mylène
Ouais, ouais, complètement. effectivement il y a deux notamment deux thématiques mais sur la partie émotion c'est vraiment quand on parle des émotions désagréables c'est vraiment des outils que je peux donner de faire la pause au départ d'accepter et ensuite même de voir au niveau du corps ce qu'on ressent etc parce que je pense qu'on est très éloigné de notre corps et moi la première encore une fois je le dis mais je suis très très loin d'être parfaite là dessus et après c'est plutôt dans la dimension action où on va en fait se dire moi je préfère qu'il y ait des gens qui soient doués dans ce qu'ils font et qu'ils fassent confiance dans les autres pour faire ce dans quoi ils sont doués. Je pense qu'on sera beaucoup plus efficaces. Et l'idée, c'est de vraiment trouver... Pour moi, les talents que tu as, c'est qu'est-ce que tu aimes faire et qu'est-ce que tu sais faire. Enfin, tu as vraiment le mix des deux parce qu'il y a des trucs que tu sais faire, mais tu ne prends aucun plaisir, donc tu ne vas pas tenir sur la durée. Et puis, il y a des choses que tu aimerais faire, mais tu n'as pas les compétences. Donc, tu peux éventuellement te former, apprendre, mais c'est de te dire, OK, qu'est-ce que j'aime faire, qu'est-ce que je sais faire ? Eh bien, je me mets là-dessus et c'est là-dessus que je serai la meilleure et que je serai en plus... je n'aurais pas l'impression de travailler. Ça va me donner de l'énergie. Moi, je le vis avec Écorse. Le fait de rassembler des gens, j'adore ça. Là, je commence à créer du contenu sur Instagram. C'est très nul ce que je fais, les petites vidéos et tout, mais ça me fait marrer de faire des choses comme ça. J'aime beaucoup faire rire, donc je m'éclate quand je fais mes vidéos. Ça ne change pas le monde, je me doute bien. Je trouve que c'est ça, il faut aller trouver l'énergie au bon endroit. C'est surtout ça que j'essaie de faire avec Écorse.
- Amélie
Et c'est quoi les retours pour l'instant que tu as eu des personnes qui ont participé à E-Course ?
- Mylène
J'ai eu plusieurs retours. Alors, ce qui fait le plus de bien, je pense, c'est l'aspect collectif. J'avais parlé avec un psychologue qui avait écrit un livre sur le... Enfin, qui pour moi a écrit d'ailleurs le meilleur livre sur le sujet, qui m'avait dit de toute manière, si tu mettais juste les gens dans une salle et que tu les faisais travailler ensemble, tu aurais déjà fait 50% du job. Parce que je pense que le fait de se réunir ensemble, ça fait un bien fou. Mais du coup, il y en a qui m'ont dit que c'était un parcours vraiment transformateur, que maintenant, ils avaient des outils concrets pour appréhender justement l'avenir. Il y en a plein qui découvrent aussi des outils, un peu de coaching ou de développement personnel qu'ils ne connaissaient pas du tout dans la manière justement de gérer ses émotions. Toute la partie, il y a beaucoup de gens qui sont marqués par la partie relationnelle, parce qu'en fait, je pense que c'est universel pour tous les éco-anxieux. On a tous vécu au moins un conflit avec quelqu'un qu'on aime très fort dans nos proches. Donc ça, ils se retrouvent tous, mais à 100% sur cet aspect-là et sur le fait qu'ils ont tous vécu cette frustration énorme. Et donc, on fait un exercice en repartant d'un conflit qu'on a vécu en essayant justement de... Il y en a un qui se positionne dans celui qui va expliquer ce qu'il a ressenti et l'autre qui va être vraiment dans une démarche d'écoute active, c'est-à-dire qu'il ne va pas du tout parler et il va vraiment écouter et même pas réfléchir à ce qu'il aura envie de répondre. Et en fait, cette session-là, elle fait un bien fou parce que rien que le fait d'expérimenter, le fait d'écouter, même limite d'être dans la posture de celui qui écoute, ça fait beaucoup de bien. On fait un travail aussi autour de l'utopie et ça, il y en a beaucoup qui aiment cette idée. Ça booste énormément et ça donne un autre angle de vue, le fait de pouvoir ouvrir un peu le champ des possibles. Il y a un moment où je l'ai proposé aussi pas mal en entreprise, donc c'est vrai que j'avais d'autres types de retours, mais sur la manière de communiquer en entreprise, par exemple sur l'écologie pour donner envie, on donnait des clés aussi sur… Comment activer la partie un peu émotionnelle, la partie du corps, comment mettre les gens en mouvement, etc. Donc, ça donne une autre façon d'appréhender l'écologique, effectivement, juste de la sensibilisation type fresque. Et encore une fois, c'est indispensable de faire des fresques. Mais du coup, ça donne d'autres leviers pour justement convaincre les gens.
- Amélie
En gros, c'est un peu la deuxième étape, une fois qu'on a su ce qui se passait scientifiquement. Voilà comment on gère ce démarrement d'émotions qu'on peut avoir. Est-ce que je sais faire, se poser les bonnes questions ?
- Mylène
Oui, se poser les bonnes questions qui te regardent toi, effectivement, et c'est s'approprier vraiment ta propre feuille de route. Parce qu'effectivement, les fresques... Il y a cet aspect parfois un peu frustrant où les gens vont te dire, tu prends la claque et puis tu parles dix minutes d'émotion, puis après on coupe. Donc souvent, les gens font effectivement, il y a deux tonnes aussi qui arrivent et qui est très orientée solution. Et l'idée des corps, c'est vraiment d'aller sur quelque chose de très personnalisé par rapport à ce que tu ressens toi, par rapport à ta vie, par rapport à tes atouts, tes talents, tes peurs. Enfin voilà, c'est quelque chose de beaucoup plus personnalisé, on va dire. Mais par contre, il n'y a pas cet aspect solution comme deux tonnes où on ne va pas calculer. Ce n'est pas du tout scientifique, mais c'est une approche un peu plus… un peu plus personnelles, on va dire.
- Amélie
Si tu devais donner un objectif d'écorce de ce RENKAM ?
- Mylène
C'est une bonne question. Je dirais que c'est vraiment de réussir à transformer ton éco-anxiété ou en tout cas les émotions que tu ressens vis-à-vis de ce monde incertain en force.
- Amélie
Et donc la force, c'est l'action ?
- Mylène
Alors la force, pour moi, il y a plusieurs sortes de forces. En gros, il y a le... Il y a la force dans le changement, c'est un peu comme un roseau en fait, il y a l'idée de plier mais pas rompre. Il y a la force du collectif, c'est-à-dire le fait d'avoir le réflexe de tisser des liens de solidarité pour ne pas te sentir seule. Donc c'est aussi de savoir aller chercher des forces qui sont extérieures à toi. Et puis il y a la force émotionnelle, c'est-à-dire le fait de prendre ses émotions et d'en faire des émotions constructives. Et il y a la force de l'action, c'est-à-dire le fait de trouver le bon équilibre entre eux. se mettre en action tout en prenant soin de soi.
- Amélie
Tu disais tout à l'heure que tu faisais aussi en entreprise.
- Mylène
Oui.
- Amélie
Parce que moi, j'ai l'impression que c'est très individuel, parce que c'est en soi, après, comment on fait... Enfin, quand tu dis collectif, on pourrait penser à faire quelque chose dans le collectif, mais en fait, c'est plus le relationnel, etc. Mais tu le proposes aussi en entreprise. Est-ce que c'est différent en entreprise ou c'est la même chose ?
- Mylène
Alors, sur les entreprises, en fait, on a une approche un petit peu différente. Très souvent, ça va être effectivement beaucoup plus lié à ce que tu peux faire en tant que salarié dans ton entreprise. Donc, on va quand même parler de sujets autour des émotions, du changement, des relations, parce qu'en l'occurrence, tu peux aussi avoir des tensions avec des collègues. Donc là, ça s'y apparente complètement. Mais par contre, toute la partie action, on va dire, et même sur le changement, c'est plutôt comment on va appréhender à la fois les changements qui vont arriver dans ton entreprise, parce que pareil, c'est des organismes qui vont être confrontés à beaucoup d'incertitudes. Et puis dans l'action, ça va vraiment être de... comment je peux, moi, en tant que salarié, faire bouger les choses de l'intérieur. Parce que souvent, on peut avoir peur. Alors, les entreprises, on avait peur que tout le monde nous dise mais vous allez faire fuir tout le monde notamment dans des entreprises qui n'ont pas forcément une mission, on va dire écologique ou sociale. Et en fait, ce n'était vraiment pas notre but. Moi, je suis convaincue qu'il y en a besoin d'avoir des gens qui restent à l'intérieur du système. Et donc, l'idée, c'est de leur donner des outils très concrets pour justement, à partir de ce qu'ils ressentent comme émotion, en leur donnant des outils aussi sur le changement, etc. c'est comment ils vont pouvoir contribuer à leur manière, par leur métier ou par... Ça peut être leur charisme, leur aura, j'en sais rien, tu peux impacter tes collègues de plein de manières différentes. Comment tu vas justement favoriser le changement dans son entreprise ? Comment tu vas mettre les gens en mouvement avec des challenges ? Comment tu vas pouvoir mettre en place les fameux nudge verts ? Tu sais, c'est les petites aides que tu peux faire pour faire des changements. Comment tu vas, notamment pour les équipes RSE, par exemple, comment vous allez... communiquer d'une manière un petit peu différente pour embarquer les gens autour d'une vision, etc. Donc souvent, nos principaux clients, c'est plutôt les équipes RSE qui, en fait, souvent sont très seules dans l'entreprise pour faire porter ces sujets-là. Parfois, il y a des collectifs de salariés aussi, mais souvent, c'est des équipes RSE. Et en fait, c'est quasiment les mêmes outils, c'est-à-dire qu'ils ont aussi ce sentiment d'impuissance d'être un peu face au grand mur. Et à la limite, c'est presque encore plus facile parce que comme tu es dans, on va dire, une organisation plus petite, tu as quand même l'impression qu'ils peuvent faire plus de choses à l'échelle de l'organisation plutôt qu'à l'échelle du monde. Donc, c'est en partant du contexte de votre entreprise, comment on va pouvoir, en prenant les talents de chacun et de chacune, en prenant les causes qui vous tiennent à cœur, comment chacun va pouvoir contribuer à accélérer la transition à l'intérieur de l'entreprise.
- Amélie
Quelles sont les prochaines étapes, là, des Corses ?
- Mylène
Là, j'aimerais beaucoup vraiment plus faire le focus sur les particuliers parce que je sais que c'est ce qui m'appelle depuis longtemps, même si je ne connais pas à cœur le monde de l'entreprise. Et puis, ça reste évidemment des gens. Mais je crois que j'ai vraiment envie de proposer des accompagnements à des particuliers, toujours sur des sessions collectives, mais en tout cas, de toucher le plus en plus de monde. Donc là, je me lance à corps perdu sur Instagram pour essayer d'augmenter ma communauté qui est de 152 abonnés à l'heure actuelle. Autant dire qu'on n'est pas sur un bon début. On était quand même à 4,5 il y a trois semaines. Donc, j'estime que c'est un petit succès. Mais voilà, l'idée, c'est vraiment de communiquer. de démocratiser le sujet de l'éco-anxiété parce que je suis convaincue que ça va être un sujet qui va prendre de plus en plus d'ampleur. Souvent, on le compare à ça, mais de la même manière qu'a pu l'être le burnout, à un moment où on en a beaucoup, beaucoup parlé. Et puis, on peut le démocratiser aussi de manière parfois fun. Enfin, moi, j'aime beaucoup rire de ce sujet-là. Je n'ai aucun souci avec ça. Ça m'aide, moi, à décompresser aussi. Donc, l'idée, c'est vraiment de communiquer, de donner des conseils assez concrets, de donner des pistes de réflexion, etc. Je vais mettre en place une newsletter mensuelle. Enfin, voilà, c'est vraiment de faire de la communication. Pourquoi pas créer un podcast un jour autour de ce sujet-là ? Même s'il y a beaucoup de podcasts en ce moment et le tien est déjà très bien. Je ne sais pas. Il n'y a pas besoin d'en rajouter trois tonnes non plus, tu me diras. Mais voilà. Donc là, c'est vraiment de… En fait, idéalement, j'aimerais pouvoir vivre de mon entreprise parce qu'en l'occurrence, c'est compliqué. Donc là, j'ai une mission freelance à côté. Mais idéalement, j'aimerais pouvoir en vivre décemment. Pas non plus… Je ne cherche pas à être millionnaire du tout. Mais de pouvoir en vivre décemment et de pouvoir en parler au plus de monde possible. Mon rêve absolu, ce serait que tous les éco-anxieux… on va dire de France pour commencer, et les bons outils, parce que je suis convaincue que ça ferait une force beaucoup plus costaud, quoi. Costaud, je ne sais pas comment on dit.
- Amélie
Qu'est-ce qu'on peut te souhaiter et souhaiter à Écorse, là, sur le court terme ?
- Mylène
Sur le court terme, je pense que ce serait de me faire connaître auprès du plus grand nom. Alors, je n'ai pas de chiffre exact à donner, mais effectivement, ce serait de... de chercher le plus d'abonnés possible, mais qu'ils soient des abonnés qui soient vraiment intéressés par le sujet, pour justement que je puisse, si possible, les impacter avec mon contenu. À très court terme, c'est ça. Et l'idée, c'est qu'après, évidemment, c'est que je puisse faire des nouvelles promotions avec des personnes qui puissent s'inscrire. Donc là, le mieux qu'on puisse faire, c'est d'aller sur ma bio Instagram, où il y a un lien pour se connecter à des sessions d'information. Je fais une session un vendredi sur deux à midi. Et l'idée, après, c'est que je puisse parler du programme Écorse. Et quand j'aurai effectivement des promos de 12 personnes, l'idée, c'est de faire des promotions particulières.
- Amélie
Et donc, une dernière question un peu plus philosophique, c'est qu'est-ce que l'écologie pour toi ?
- Mylène
Pour moi, l'écologie, mon écologie à moi, je pense que c'est... Alors, ça veut faire très bisounours, mais c'est juste aimer la vie, en fait. Aimer le fait de vivre et de ne pas être dans un monde mortifère. Je ne l'associe vraiment pas dans ma tête à moi à la nature parce que je ne suis pas très sensible à la nature. Je suis plutôt fille de la ville. Donc l'écologie, pour moi, c'est vraiment le fait d'aimer la vie sous toutes ses formes et avoir envie d'être dans un monde où le plus de monde possible est heureux. C'est très bisounours, mais j'associe ça vraiment à quelque chose de joyeux, à du bonheur. Et justement, j'ai aussi envie qu'on arrête d'imaginer que tous les gens écolos correspondent à cette espèce de stéréotype. Un sujet qui est beaucoup plus, je sais pas si c'est cosmopolite, mais qui est beaucoup plus protéiforme que ça, en fait. Maintenant, je pense. C'est juste des gens qui aiment la vie, pour moi.
- Amélie
Est-ce que tu veux rajouter quelque chose ?
- Mylène
Moi, je sais que ce qui m'aide au quotidien, c'est l'humour, en fait. Et ça, je pense qu'effectivement, c'est... Je pense qu'il faut jamais, jamais s'arrêter de rigoler. Alors, si mis comme injonction comme ça, c'est affreux, parce que je vais pas forcer les gens à rigoler. Mais je pense que c'est important de ne jamais perdre ça. Et moi, je sais que c'est mon arme... ultime contre tout. Je trouve que ça t'aide à prendre du recul, à créer du lien. C'est vraiment ce qui me permettra de toujours relativiser un tout petit peu. Même dans les pires moments.