- Speaker #0
Bonjour Julien !
- Speaker #1
Bonjour Amélie !
- Speaker #0
Je suis ravie de t'avoir dans mon podcast, et en plus t'as accepté de venir dans mon podcast parce que je t'ai un petit peu harcelée au propos de la charge mentale après ton poste, qui avait fonctionné de fou en plus. Et donc après on a pu discuter de toute cette partie charge mentale, et à la fin je t'ai proposé de venir et t'as accepté. Et donc je suis vraiment ravie de te parler de ton parcours. Et la première question c'est... Comment vas-tu, mais si je te parle d'écologie ?
- Speaker #1
Sacrée première question d'entrée en la matière. Comment vas-tu en termes d'écologie ? C'est marrant, le terme écologie, pour moi, il veut dire plein, plein de choses. On peut le prendre par plein de grilles de lecture. La grille de lecture la plus classique, l'écologie comme on l'entend, l'environnement autour de nous. Bon, ça ne va pas terrible. Ça ne va pas terrible, qu'on se le dise, ce n'est pas la teuf. Pour autant... Je sens qu'on est plein à se bouger et il se trouve que par chance, j'ai une personnalité assez optimiste et pleine d'espoir. Donc ça ne va pas terrible, mais pour aller mieux après. Et la deuxième grille de lecture que j'aime bien dans le terme écologie, c'est l'écologie personnelle. Et ça va être pas mal un des sujets d'aujourd'hui. Moi, en termes d'écologie personnelle, ça va super bien ce matin. Je suis trop contente de papoter avec toi dans ce podcast. Au global, autour de moi et à l'écologie personnelle des gens, c'est pareil, pas terrible. La santé mentale en ce moment, gros sujet. Et c'est pour ça que je suis là. Mais moi, en tout cas, ce matin, ça va super bien.
- Speaker #0
Bon ben, tout le monde. Je suis ravie que tu ailles super bien. Et je trouve que ton côté positif, Positif, ça. Je le ressens à travers la caméra et donc je trouve ça trop stylé. Parce que je me sens bien, moi aussi, en ta compagnie. Et donc, ce que je voudrais savoir, c'est comment toi, t'en es arrivé à parler d'écologie au quotidien avec Ticket for Change ? Comment ça a été ? Est-ce que l'écologie a toujours été là ou est-ce que ça arrivait petit à petit ? Comment ça s'est passé, toi, dans ton histoire ?
- Speaker #1
Yes, je vais... Si j'ai le droit, je vais ouvrir le terme à impact positif. Oui,
- Speaker #0
vas-y, tu as tous les droits.
- Speaker #1
Je serais triste de parler que d'écologie. Pour moi, les enjeux de société sont multiples, que ce soit écologiques, environnementaux, mais sociaux, et en fait, ils sont tous interdépendants. Je vais plutôt parler de sens, d'impact, d'engagement. Moi, je suis une ingénieure chimiste à l'origine. Dans ma vie, je me posais des questions de base il y a 10-15 ans, comme tout le monde. Il y a 10-15 ans, mais du coup, un peu moins deep qu'aujourd'hui. J'ai commencé mon parcours sans trop me poser de questions et en agissant un peu en parallèle de ma vie professionnelle, dans des assos, sans me demander. Et c'était quelque chose de très parallèle. C'était en plus, c'était à côté. quelques années, on va dire 7-8 ans, j'ai pris ma petite claque existentielle. Elle arrive à chacun à des moments différents. Moi, c'était il y a quelques années. Et avec cette claque-là, je me suis vraiment dit, c'est fou, mes journées de 9h à 18h, elles sont dédiées à quelque chose qui est mon travail, qui va durer toute ma vie, en tout cas une grande partie de ma vie, qui prend un nombre d'heures complètement hallucinant. passe 80 milliards de sa vie en moyenne à travailler. Mais je me suis dit, ce serait quand même trop, trop bien si ces heures-là, elles étaient dédiées à quelque chose qui avait du sens, de l'impact et qui rendait, dessinait un monde plus juste, plus durable. Voilà, avec ce constat-là, j'ai découvert que c'était un milieu qui existait, l'économie sociale. Alors la société, les ONG, etc., on pouvait être payé pour faire du bien à la planète et à la société. Je me suis dit que c'était fou que tout le monde ne choisisse pas ça. Je suis rentrée dans cette économie à impact. En 2019, j'ai rencontré le chemin de Ticket for Change, que j'ai rejoint fin 2019. J'y suis donc depuis quelques années maintenant. Mon métier à l'origine, c'était d'accompagner des entrepreneurs qui portent un projet à impact positif pour la société et pour la planète. J'ai fait plein de missions chez Ticket for Change, j'ai un peu évolué de mission aujourd'hui, mais malgré tout, l'entrepreneuriat social est un sujet qui me tient pas mal à cœur. Comment est-ce qu'on invente des nouvelles solutions pour bâtir une nouvelle manière de faire, une nouvelle manière de consommer, de voyager ? même de faire l'économie globalement. Donc, comment j'accompagne ces explorateurs-là ?
- Speaker #0
Tu dis que tu t'es pris une claque il y a 7-8 ans. Comment tu as géré à la suite de cette claque ? Ça a été facile de rebondir ou tu as eu un moment quand même un peu compliqué ?
- Speaker #1
C'est marrant, je pense. Je ne m'en rappelle pas super bien. J'ai l'impression que c'est un processus. Ça faisait partie du processus. Je crois... Mon naturel positif optimiste m'a vachement aidée à ce moment-là. Je pense que la teneur de ma claque était sûrement vachement moins violente et vachement moins sombre que pour plein d'autres personnes. Donc, je mesure la chance que j'ai là-dessus déjà. Je pense aussi que j'ai le luxe d'avoir cette claque-là et de pouvoir y réagir, de pouvoir adapter. mes actions, ma vie, mon quotidien pour me sentir mieux et donc je trouve il y a aussi une part de je suis super favorisée, je suis dans un public favorisé donc un peu incertain de me rendre compte du luxe que j'ai face à cette crise existentielle là et m'entourer de personnes qui ont déjà fait ce processus là pour comprendre avancer et avoir des... des conseils, des recos, en parler à des gens qui ont déjà fait ce chemin-là, m'entourer de gens qui sont au même moment, vivent cette claque-là. Il se trouve qu'à ce moment-là, j'en parlais pas mal avec mes proches. Donc, m'entourer de gens qui vivent la même claque et m'entourer aussi de gens qui... Alors, s'en foutre, c'est un peu dur parce que quand t'es en plein dedans, c'est chaud, mais qui parlent pas de ça toutes les secondes. un peu ces trois côtés-là, des gens qui t'amènent, qui t'amènent, qui ont déjà fait leur chemin, des gens qui vivent la même chose et des gens où c'est plus léger pour pouvoir avoir la bonne énergie au bon moment, pas être que dans le deep tout le temps.
- Speaker #0
C'est marrant, jamais personne sur les 80 épisodes que j'ai m'ont parlé d'être entourée des gens qui, pour l'instant, n'ont pas forcément conscience. Et en fait, je suis en train de me dire « Mais moi, j'ai totalement des amis qui sont dans… comme ça. » Et en fait, je passe des très bons moments avec eux parce que je ne parle pas de ça. Et en fait, je n'avais jamais conscientisé avant que tu viennes de le dire qu'on avait besoin de ces trois facettes.
- Speaker #1
Oui, ça fait du bien parfois de remettre un peu de légèreté, de faire une pause. Ça ne veut pas dire qu'on s'en fout, ça ne veut pas dire qu'on consigne. De toute façon… Ce n'est pas à nous de porter sur nos épaules l'engagement des autres, etc. Donc, il y a des moments où c'est bien aussi d'en parler pour sensibiliser nos proches qui ne sont pas engagés, bien entendu. C'est parce que je dis, mais ouais, ça fait du bien de temps en temps de débrancher en termes de santé mentale et de charge mentale. C'est utile.
- Speaker #0
Et maintenant, si on prend tes trois groupes dont tu... parles, maintenant tu fais partie de ceux qui ont déjà un parcours dedans et donc tu vas accompagner ceux qui sont on va dire dans la crise ou qui sont dans le début de créer quelque chose. Est-ce que tu as des créations d'entreprises qui t'ont plus marquées que d'autres et qui t'ont fait grandir à travers ton activité à Ticket for Change ?
- Speaker #1
C'est une bonne question qui m'ont plus marquée, je ne sais pas. Pour le coup, ça fait six ans que j'accompagne, enfin, on accompagne avec Ticket for Change, une promo de 50 entrepreneurs par an. Donc, il y en a… Pour autant, chaque année, je découvre la nouvelle promo en me disant, je suis super attachée à l'année dernière, l'année d'avant, l'année… Et en fait, ça me recrée à chaque fois la même… la même énergie et je crois que ça nourrit mon optimisme, mon engagement de chaque année voir ces 50 personnes qu'on les accompagne dans leur tout premier pas chez Ticket for Change. Donc, ils arrivent avec une idée. C'est le tout, tout début de leur flamme entrepreneuriale et ça me redonne du souffle chaque année de voir toutes ces... Toute cette énergie à inventer un monde plus juste, plus durable, ça ouvre au global. Je crois que c'est ça qui me marque. C'est le fourmillement, l'effervescence chaque année, les liens qui se créent entre dans la promo, dans d'autres promos. C'est ouf de voir ça. Je ne sais pas s'il y a un certain projet qui me marque plus que d'autres. Je crois que c'est aussi un fit humain. Il y a des entrepreneurs avec qui j'ai fité, j'ai créé des vrais liens d'amitié ou des vrais liens professionnels. Donc là-dedans, après, je trouve que tous les projets sont super beaux et qu'ils sortent du parcours ou quelques années après. Avec ce projet qui est une réussite ou ce projet avec une ambition un peu réduite ou un autre projet, pas de projet finalement, une carrière à impact dans une organisation qui existe déjà mais plus un projet entrepreneurial. En fait, on s'en fout. Ce qui me marque et ce qui me procure plein de joie, c'est de voir toute cette énergie qui est mise à inventer des nouvelles manières de faire et une nouvelle économie.
- Speaker #0
Et c'est quoi ? toi ton rôle exactement ou votre rôle au sein de Ticket4Chain pour les accompagner ? Parce que moi, par exemple, on m'avait parlé de Ticket4Chain au tout début et je n'y suis pas allée simplement par peur. De me dire, non, mais mon idée, elle n'est pas assez. Et je me dis, il y en a peut-être d'autres qui nous écoutent et qui se disent ça. Donc, je te pose deux questions. Une, qu'est-ce que tu fais pour aider ces nouvelles idées, ces nouveaux entrepreneurs ? Et aussi pour ceux qui... pourraient se dire que leur idée n'est pas assez, qu'est-ce que tu pourrais leur dire ? Mais non, c'est assez, venez, on va bien se créer nous.
- Speaker #1
De base, de toute façon, quand on hésite, il faut tenter. Au pire, c'est un super moment. En gros, il y a deux... Au Ticket for Change, on accompagne trois types de cibles, on va dire, trois bénéficiaires, des jeunes, des collaborateurs corporate, des personnes en entreprise qui... transformer l'entreprise à l'intérieur, et les entrepreneurs sociaux. Donc, on va se focusser là-dessus, mais j'avais besoin de le dire, ce n'est pas notre seul métier. Les entrepreneurs sociaux, on les accompagne dans deux phases clés de leur développement. La première phase, et je vais répondre à ta question, c'est les tout premiers pas. Donc, c'est comment est-ce qu'on passe de l'idée à l'action. Et l'autre phase dans laquelle on les accompagne, c'est après quelques années de… projet un moment où il y a besoin de prendre du recul, reprendre du souffle et retrouver un peu de clarté, que ce soit dans son projet, dans son engagement, mais aussi dans cette culture du soin, comment est-ce que je prends soin de moi et de mes équipes dans le monde qui est le nôtre, à la tête d'un projet à impact social. Donc, pour la première cible, pas de questions d'idées trop embryonnaires ou « est-ce qu'elle est bien mon idée ? » tout Au contraire, nous, on est là pour que l'idée, elle se développe, que ce soit la bonne. Et l'idée, en vérité, on s'en fiche un petit peu. Nous, notre première reco qu'on va vous donner dès les premières secondes du programme, c'est qu'on va tomber amoureux de son problème et pas de sa solution. Votre idée, vous la gardez, mais on en reparle dans quelques semaines. Par contre, on va aller creuser l'enjeu de société pour lequel vous êtes là. Et cet enjeu de société, il est sûrement énorme. Et du coup, on va un peu le décortiquer pour trouver le... la petite branche de cet énorme arbre. Enfin bref, on va bosser pas mal là-dessus pour revenir un peu à la racine de votre engagement. Et voilà, c'est un marathon. L'entrepreneuriat social, c'est long, c'est complexe, c'est plein de joie, mais plein de difficultés. Donc, il faut d'abord ancrer son engagement. Et ensuite, on va parler d'idées, de solutions. Et voilà, donc si c'était les bonnes pistes, on va les affiner. Si c'est une autre manière de répondre à votre enjeu finalement que la première idée que vous aviez. L'exemple que j'aime bien donner pour rassurer sur ce sujet-là, c'est qu'on a accompagné l'organisation Yuka, que je pense qu'il n'y a plus besoin de présenter, mais en deux mots, l'application qui scanne les produits alimentaires et cosmétiques pour leur donner une note sur Yuka. l'impact sur notre santé. UCA, c'est maintenant plusieurs dizaines de millions d'utilisateurs dans le monde entier. C'est un trop beau projet. Ils sont passés par notre parcours il y a quelques années. En postulant, ils avaient l'idée de créer une carotte connectée. C'est pour ça que leur logo, c'est une carotte. Une carotte connectée, magnétique sur ton frigo, pour que ça t'informe s'il y a des dates de péremption qui allaient arriver. dans les produits de ton frigo et pour ne pas gaspiller. C'était l'enjeu alimentaire, le gaspillage, les produits, voilà. Donc, ils sont arrivés avec cette solution-là. En fait, il se trouve qu'on a vu le potentiel de Julien François, l'enjeu de société alimentaire qui les animait, il est majeur, il y a plein de choses à faire. Et du coup, au fur et à mesure du parcours, ils ont affiné. En fait, ils se sont rendus compte que leur enjeu, c'était plutôt l'impact sur la santé que le gaspillage, donc il faut venir plutôt en amont qu'une fois que c'est dans ton frigo. Ensuite, ils se sont dit, OK, il faut que ce soit une appli, mais dans les magasins, on ne capte pas bien, donc il faut que ce soit offline. Enfin bref, il y a... plein, plein de choses qui se sont déroulées pendant ce parcours-là. Donc, non, au contraire, c'est des embryons d'idées qu'on vient chercher. Surtout, on cherche des entrepreneurs qui ont envie, quoi.
- Speaker #0
Et pendant combien de temps vous les accompagnez ?
- Speaker #1
On les accompagne pendant six mois.
- Speaker #0
OK.
- Speaker #1
Pendant six mois, et c'est un accompagnement collectif, donc c'est une promo de 50 personnes. On organise trois séminaires en présentiel d'une semaine en résidence. collectif. Et ensuite, c'est de l'accompagnement en interséminaire en ligne, de manière hebdomadaire.
- Speaker #0
Des sortes de coaching, de conseils, d'exercices ou des choses comme ça pour qu'à chaque fois, ils arrivent avec ce qu'ils ont fait entre les deux séances et puis des questions pour réorienter peut-être et avancer petit à petit pendant six mois.
- Speaker #1
Oui, c'est des webinaires, soit des retours d'expérience de nos alumnis entrepreneurs qui racontent, qui donnent des conseils et qui racontent leur histoire entrepreneuriale. Soit c'est des experts de sujets type, je ne sais pas, marketing digital, intelligence artificielle, des trucs que nous, on n'a pas en expertise interne. Donc, on fait appel à des intervenants externes. Soit c'est des sessions de co-développement, du soutien entre pairs, la gestion de problématiques en collectif. Il y a plein de formats différents.
- Speaker #0
Et à quel moment ? Parce que nous, on s'est rencontrés par rapport à ce sujet-là. À quel moment vous vous êtes rendu compte qu'il y avait un problème de santé mentale ? Déjà, on sait qu'il y en a chez les entrepreneurs, mais qu'elle est encore plus élevée chez les entrepreneurs à impact.
- Speaker #1
Oui, c'est un sujet qu'on sent depuis des années. C'est marrant, tu vois, il y a en 2022, je crois, j'ai voulu un peu redesigner le parcours entrepreneur. En y réfléchissant, je me suis dit qu'il va s'adresser à des entrepreneurs expérimentés pour retrouver leur flamme. C'était un peu trop tôt, on le sentait chez Ticket, mais c'était encore un peu qu'une intuition. Et en fait, depuis des années, ces entrepreneurs qu'on accompagne chaque année, on maintient des liens avec eux. Donc, on continue de les voir, de discuter de leur avancement, de leurs enjeux. On crée du lien. et on s'est rendu compte année après année qu'à chaque fois qu'on les... On les retrouvait pour se raconter leur quotidien. Il y avait toujours des enjeux, des enjeux RH, des enjeux de ressources, des enjeux de flammes, de projets, de visions, des enjeux de fatigue. Enfin, voilà, forcément. Et aussi, à chaque fois qu'on organisait un temps un peu collectif, ticket, ils ressortaient de là en disant « c'était trop, trop bien, ça m'a redonné un chou d'énergie, je suis reboostée, je vais surfer là-dessus pour les prochains mois » et tout ça. Et donc ça, c'était assez… Ça avait l'air ponctuel, plutôt des trucs individuels un peu, mais en fait, quand on regarde les mois, mes cinq, six dernières années, c'est carrément structurel, carrément un truc récurrent. Et voilà, puis le sujet de la santé mentale, depuis un an, prend une place de plus en plus importante dans les médias, ces grandes pauses nationales 2025. commencent à en parler. Et du coup, de tout ça, on a fait les liens et on s'est dit, en fait, c'est structurel, ça ne va pas. Et si un entrepreneur qui s'épuise, il va vraisemblablement épuiser ses équipes, vraisemblablement, potentiellement, son projet va s'arrêter ou peut-être moins d'ambition. Et en fait, si on tire le trait, mais ce n'est pas... Ce n'est pas absurde de dire ça. C'est l'économie à impact qui est mise en péril par ce sujet de santé mentale. Donc, c'est grave. En fait, l'enjeu, il est huge. Et il nous arrive dessus. On va dire gros si, là, on le voit. Il était tout petit, un peu lointain avant. Et là, il devient énorme devant nous. Donc, voilà, avec Ticket for Change, on s'est dit l'année dernière, OK, c'est un vrai sujet. On l'a observé sur le terrain. On a fait ce qu'on... conseiller à nos entrepreneurs. On a fait des interviews terrain un peu axées là-dessus pour comprendre le besoin. Et là, on lance cette année le premier parcours qui aide à prendre soin sur ce sujet de cette santé mentale. Et on lance aussi... C'est une manière de défricher, d'explorer des solutions, mais on est convaincus qu'il faut que ce soit un sujet qui nous dépasse, qui soit plus grand que nous. Il y a dix ans, l'entrepreneuriat social, c'était un sujet qui commençait à naître, on commençait à en parler. Ticket for Change a lancé son premier parcours entrepreneur, le Ticket Tour à l'époque, etc. Aujourd'hui, l'écosystème de l'entrepreneuriat social, il est vachement structuré. Il y a plein d'organisations qui accompagnent à ce sujet-là. C'est devenu un... un terme assez courant. Et du coup, on a envie de faire pareil sur la santé mentale des dirigeants, dirigeantes à impact. Ça commence tout juste là. Voilà, c'est les premières initiatives, c'est les premières études, les premières publiées. Et en disant, comment ce sujet est devenu une norme, en fait, quelque chose de courant dans les parcours, dans les indicateurs qu'on suit, que la santé mentale d'un dirigeant et de son équipe, c'est un indicateur tout aussi important.
- Speaker #0
Est-ce que dans la santé mentale que vous avez pu voir, parce qu'il y a aussi toute cette partie éco-anxiété, ou la sensation que ça n'avance pas aussi vite que ce qu'ils avaient prévu, parfois se sentir peut-être un peu seul, mais même avec les gens autour de nous, où d'une certaine manière, ils se posent des questions sur, bon, ok, tu fais ça en tant qu'entrepreneur, mais est-ce que ça va vraiment fonctionner alors que ça ne va pas ? ça parle d'écologie, etc. Est-ce que tu as aussi ce genre de santé mentale qui vont parler vraiment de sujets beaucoup plus liés à l'impact positif plutôt qu'à l'entrepreneuriat en règle générale ?
- Speaker #1
Oui, carrément. C'est tout le sujet qu'on étudie avec Ticket. On a sorti une étude avec l'OM Lyon qui compare des résultats de... de bonne ou mauvaise santé mentale entre des dirigeants classiques et des dirigeants-dirigeantes à impact. D'abord, j'ai besoin de redéfinir le sujet de la santé mentale. C'est un mot qui est emprunté galvaudé en ce moment, qui est super complexe. Donc juste pour poser la définition de l'OMS, elle est assez longue, donc j'en prends juste un petit bout. La santé mentale, c'est un état de complet bien-être physique, mental et social. Et ça ne consiste pas en une absence de maladie ou d'infirmité. Ce que je trouve intéressant dans cette définition, c'est qu'on parle de physique mentale et sociale, et on parle de ce n'est pas parce qu'on n'est pas malade qu'on va bien. Je trouve ça important de le reposer, puisque le spectre de la bonne santé mentale, de la mauvaise santé mentale, il est hyper large. Et ce qui est super complexe dans ce sujet-là, c'est que c'est multidisciplinaire. tu en parles à un neurologue un psychiatre, un psychologue mais aussi à un coach sportif un sociologue, un anthropologue un prêtre les gens vont venir parler de ce sujet de santé mentale avec leur clé de lecture qui est une des composantes de la santé mentale au global donc qui est valable mais qui est juste une composante donc c'est là où le sujet est tellement multiple que super complexe Et on rentre dans le vif de pourquoi, c'est quoi les causes d'une mauvaise santé mentale chez les dirigeants et dirigeantes aujourd'hui ? Déjà, le monde de l'entrepreneuriat, il est complexe, il est super dur. Alors, on comprend pourquoi ça attire, mais il est super dur. On parle de pression économique dans le jeu RH, de prendre des décisions dans un monde qui est complexe et incertain aujourd'hui, d'avoir des équipes qui comptent sur soi. C'est dur d'ailleurs de dire à ses équipes, je me sens fatiguée, je doute, je ne sais pas où je suis parce qu'on est censé être la personne qui mène le bateau, on est le capitaine. Donc c'est super dur en tant que capitaine de dire, oh là là, je n'en sais rien. Et c'est bien de ne pas décaler la pression, la charge mentale sur ses équipes. Mais du coup, comment est-ce qu'on fait pour la gérer ? Il y a aussi tout un sujet, pareil, qui est lié à l'entrepreneuriat, au global, pas uniquement à Impact. Tous les modèles de réussite qui sont véhiculés, tous nos schémas mentaux face à... On a tous l'image en tête de l'entrepreneur tout puissant, la réussite individuelle, l'entrepreneur super héros. Le fail, ce n'est pas du tout. Ou alors, on parle de fail, mais comment est-ce que j'ai réussi à en faire un truc de ouf ? C'est toujours de la réussite derrière, de la performance. Le sujet de cette santé mentale, il est tabou. Il est perçu comme un aveu de faiblesse de dire que notre santé mentale, elle est... pas bonne en ce moment. Et c'est souvent d'ailleurs aussi sec associé à une maladie psychologique ou psychiatrique, alors que, comme je le disais juste avant, le spectre, il est super large. Tu l'as dit, une question de solitude, c'est difficile d'en parler à ses équipes, c'est difficile d'en parler à ses financeurs parce qu'ils vont avoir peur, c'est difficile d'en parler à ses proches parce qu'on ne veut pas inquiéter. On ne sait pas bien à qui en parler. Donc la solitude, elle est forte sur ce sujet-là. Et tu l'as mentionné aussi, et là, je rentre dans la spécificité à impact. Donc il y a tout ça, toute cette base commune quand on est entrepreneur, dirigeante, et on ajoute à ça des spécificités. du monde de l'impact, ces spécificités-là, elles sont effectivement, tu l'as un peu cité, cette crédibilité de l'économie à impact que nous, on s'attaque au quotidien à rendre crédible, à rendre une vraie économie qui peut concurrencer l'économie classique. Mais donc la crédibilité, comment on est vu par ses proches, par le système en place. On ajoute à ça aussi, on parle d'urgence écologique et sociale en permanence. c'est super dur quand on s'attaque, quand notre mission s'attaque à une urgence, c'est super dur de se dire « Oh, moi, il faut que je ralentisse un peu, là, ça va trop vite. » Dans le temps, pour prendre du recul, le mot « urgence » , inconsciemment, il empêche de freiner. Il y a un sujet aussi de vulnérabilité. On a du mal, un, à parler de sa propre vulnérabilité parce que c'est un tabou, parce que c'est un signe de faiblesse, et aussi parce que le monde de l'impact, très souvent, l'entreprise... Le Troubonneur à Impact, il a une mission qui s'adresse à des gens, à un public plus vulnérable que lui-même. C'est dur de s'avouer vulnérable quand en face de nous, on a encore plus vulnérable. C'est normal, c'est humain. Je ne vais pas me plaindre. C'est super dur de s'avouer sa propre vulnérabilité quand on est exposé à des enjeux sociaux, écologiques au quotidien. Il y a parfois des impressions de découragement. Quand on œuvre au quotidien, qu'on mouille le maillot tous les jours sur ce sujet-là et que parfois ça recule en termes politiques ou juste parfois des jours où on est fatigué, on a l'impression que notre impact c'est un peu une goutte d'eau dans l'océan, l'océan des enjeux et de l'urgence face à nous. Donc parfois du découragement qui demande de doubler son énergie pour s'y remettre. Et à ça s'ajoute juste toute la spécificité d'une nouvelle économie, des nouveaux modèles économiques à inventer, des financements qui sont plus durs à aller chercher, des niveaux de salaire qui sont forcément un peu plus bas, donc une capacité de recrutement qui est plus difficile. Forcément, il y a aussi tous les enjeux pratico-pratiques qui s'ajoutent à des questions un peu existentielles et émotionnelles dans cette économie-là. Oui.
- Speaker #0
ça me parle vraiment beaucoup tout ce que tu dis et ce que j'aime bien aussi c'est que tu sois revenue sur la définition on n'est pas obligé d'aller jusqu'à la maladie pour parler de santé mentale et en fait ça fait écho à une des interviews que j'ai eues avec le psychologue Pierre-Éric Sutter qui expliquait ça qu'en fait quand les personnes arrivent on va dire chez lui c'est qu'elles sont souvent déjà malades et on peut faire des choses avant pour se sentir mieux pour pour comprendre qu'il y a quelque chose qui va mal, on n'est pas obligé d'attendre la maladie pour commencer à se guérir, entre guillemets. Et je trouve que c'est aussi ça, moi qui suis coach dans l'éco-anxiété, c'est vraiment ça que je vais chercher, c'est aider les personnes avant qu'elles atteignent cette maladie où là, on va avoir besoin d'un psy, on va avoir besoin d'un suivi beaucoup plus proche, carré, parce qu'on est rentré dans une certaine forme de dépression, par exemple à cause de son éco-anxiété ou par rapport à l'entrepreneuriat à impact qui est beaucoup... trop angoissant pour la personne et c'est vraiment prendre soin de soi avant d'en arriver à la maladie. Et après, tout ce que tu étais en train de dire, vraiment, j'étais là genre, bon, ça j'ai coché, ça je coche, ça je coche, mais que ça soit pour moi ou pour les autres avec qui je parle, qui sont entrepreneurs à impact. Et je trouve ça vraiment chouette de créer un, je ne sais pas comment vous appelez ça, un programme. C'est le mot que vous utilisez. un programme pour venir parler de ça déjà et en plus quand on voit combien t'as eu de commentaires et de j'aime sur ton post LinkedIn qui parle de ça c'est qu'on voit bien que c'est vraiment un sujet qui touche les personnes et on a besoin d'avoir des gens qui en parlent ouais
- Speaker #1
carrément c'est marrant je rebondis quand tu dis oui pour prendre soin de soi donc oui c'est tout le sujet est là Mais je dirais, le sujet, c'est le sujet du soin, tout court. prendre soin de soi presque, c'est encore une injonction qu'on...
- Speaker #0
qu'on va ajouter ces pauvres entrepreneurs qui sont déjà dans le dur. Donc là, nous, ce qu'on questionne chez Ticket for Change, le sujet qu'on ouvre, c'est comment est-ce qu'on modifie le système en place qui crée une mauvaise santé mentale des dirigeants, dirigeantes et encore plus à Impact. Ce n'est pas la conscience de ça, puisque les entrepreneurs à Impact, ils le savent. En vrai, tous les intermédiaires qu'on a fait, l'étude qu'on a menée, Les gens sont conscients que c'est un sujet. Donc, ce qui bloque, ce n'est pas la conscience, ce n'est pas la volonté de prendre soin de soi. C'est un sujet structurel. Donc, je trouve qu'il faut faire attention à ce que la réponse à ça ne soit pas « Ah oui, c'est la cata, donc, aux entrepreneurs de prendre soin de soi. Oui, donnons-leur des outils, mais qu'ils les mettent en place dans leur quotidien. » Je trouve ça super dangereux, en fait, de mettre cette injonction supplémentaire-là. Par contre, qu'est-ce qu'il faut faire pour... pour que ce système au global, il change, c'est à nous, structure d'accompagnement, comme Ticket for Change, et je vais reparler d'Oasis, notre programme, juste après, mais plein d'autres choses, mais aux structures d'accompagnement, de prendre ce sujet, de l'intégrer dans leur parcours. Alors, de créer des parcours exprès, c'est super, mais même au global, en fait, que dans les parcours, on parle de pérennité économique, d'objectifs d'impact et d'écologie personnelle, de santé mentale, que ce soit un sujet aussi important. qu'il ait autant sa place. Aux financeurs de l'intégrer dans leurs indicateurs de suivi de projets, pareil, qu'il y ait une rentabilité économique, des objectifs d'impact, mais aussi un épanouissement, un bien-être du dirigeant et de ses équipes. Aux médias et aux systèmes culturels de faire évoluer les récits pour que notre imaginaire ne se construise pas autour d'une performance héroïque, mais que les individus qui parlent de vulnérabilité, d'échecs, de véritables échecs, que ce ne soit pas perçu comme des faiblesses ou des tabous, et donc que la parole se libère et qu'on ne se sente pas nul comparé à tout ce qu'on voit dans les médias. Au système éducatif, d'arrêter de valoriser la performance, des résultats, des chiffres, du savoir-faire uniquement, mais de commencer à parler de santé mentale, de soins. Dès l'école, en fait, on ne nous apprend pas à prendre soin de nous. Comment est-ce que vous voulez qu'on sache faire ? 30 ans après, c'est quelque chose d'aussi vital que de respirer. Pour autant, personne ne l'apprend. Aux entrepreneurs, et bien entendu aux entrepreneurs aussi, d'apprendre à s'écouter, à demander de l'aide, à s'entourer et à comprendre que ce sujet est aussi stratégique et fertile que des sujets opérationnels. Ils ont aussi leur part de responsabilité, mais j'ai besoin de... de remettre les bons curseurs dans un système global. Et donc Ticket for Change, nous, on a un petit bout de ce système à adresser, mais c'est une responsabilité collective. Donc nous, on imagine là un peu adresser ce sujet autour de trois grands piliers. Le premier pilier, c'est notre métier direct, on va dire, notre impact direct. C'est de créer des programmes, d'explorer des solutions. trouver des solutions concrètes. Donc on déploie le programme Oasis cette année. Oasis, c'est un programme de six mois qui permet aux dirigeants et dirigeantes à impact de retrouver du sens, de la clarté, du souffle, pour trouver des outils pour prendre soin de soi, pour réaligner son engagement dans son projet, pour prendre soin de ses équipes, en tout cas apprendre à ses équipes aussi, à s'écouter, à prendre soin de soi, et surtout de créer un groupe de pairs. contrer cette solitude dont je parlais plus tôt. Plutôt que d'en parler à ses proches, ses équipes ou ses financeurs, on voit bien qu'on n'y arrive pas et que potentiellement, ce ne sont pas les bonnes personnes à qui on parlait. Par contre, un groupe de pairs qui n'est pas dans notre organisation, mais qui vit les mêmes enjeux, pour le coup, c'est un endroit super sécurisant et super précieux pour ça. Un autre pilier, c'est de faire que ce sujet nous dépasse et de créer, comme on l'a fait un peu il y a dix ans avec le sujet de l'entrepreneuriat social, avec d'autres structures de l'écosystème. Aller créer un peu un mouvement avec les autres acteurs de l'économie à impact, que ce soit des financeurs, que ce soit d'autres acteurs de l'accompagnement, que ce soit juste des structures de l'économie à impact. Toutes ces organisations-là, comment est-ce qu'on en fait un sujet collectif ? Par quoi ça passe ? Là, on lance une tribune pour un peu porter nos voix. Et donc, c'est le troisième pilier d'en parler, en fait. De sensibiliser, de casser les tabous, d'informer. Que ce sujet devienne normal, que la santé mentale, nous on est convaincus et c'est le sujet qu'on veut porter. Parler de santé mentale, ce n'est pas un signe de faiblesse, c'est une composante essentielle de leadership. Donc pour ça, on veut valoriser des modèles de dirigeants qui en parlent. qui en doutent, qui prennent soin d'eux. On veut valoriser des nouveaux modèles de réussite. Donc voilà, on a envie que l'économie à impact devienne la norme demain. Pour que ça devienne la norme, il ne faut pas qu'elle s'éplise. Donc voilà, c'est un sujet collectif pour prendre soin de celles et ceux qui investissent leur force au quotidien dans cette nouvelle économie.
- Speaker #1
Je trouve ça ultra important que tu dises que c'est structurel et que c'est sociétal. C'est vrai qu'on a parfois dans notre vocabulaire tendance à dire qu'on doit prendre soin de soi, on doit faire attention à soi et que ça nous aide de passer le pas pour réagir. Et en fait, moi, plus je parle de santé mentale, d'éco-anxiété, et en fait, plus les gens vont venir m'en parler derrière, parce qu'ils ont ce besoin aussi de déposer, de dire ce qui ne va pas. de montrer aussi d'une certaine forme leur vulnérabilité, et le fait d'en parler, et de dire que moi aussi j'ai cette vulnérabilité, les gens plus facilement vont venir me parler de leur vulnérabilité, et je trouve que c'est ce qu'il y a de plus beau, on va dire, dans l'humain pour moi aujourd'hui, c'est vraiment cette partie vulnérabilité, et de dire, ben non, en fait, il y a des fois ça va pas, mais en fait c'est ok que ça aille pas, parce que dans ces périodes sombres, ben en fait j'ai appris sur moi, et après derrière j'ai, ou sur les autres, ou sur... plein de choses. Et en fait, cette partie sombre m'a permis aussi d'aller vers la lumière. On parle des fois qu'on a de l'ombre et de la lumière en nous et en fait, c'est aussi venir accepter ces parts d'ombre pour briller encore plus. Et la santé mentale, en fait, c'est vraiment structurel dès petit. Et je trouve qu'on est une génération où on parle beaucoup des émotions, de cette santé mentale, mais on ne l'a jamais vraiment apprise. Et moi, j'ai un petit garçon et des fois, je me retrouve à me dire comment je vais faire pour lui expliquer toutes ces parties émotions, toutes ces parties prendre soin de soi, de sa santé mentale, de ce qu'on ressent, de ce que ressentent les autres, alors que moi, je n'ai même pas encore vraiment les clés. Donc, quelles clés je vais lui donner pour que pour lui, ça aille mieux ? Et que quand il est mon âge, en fait, il se dit, et qu'il est un enfant lui aussi, il se dit, en fait, pour moi... c'est entre guillemets facile parce qu'on l'a appris dès petit quoi et je trouve qu'on est vraiment une génération en tout cas quand on a décidé de mettre ça au coeur de notre quotidien c'est vachement dur de comprendre les clés, de comprendre ce qui fonctionne pour nous et en même temps de le transmettre.
- Speaker #0
C'est marrant dans ce que tu dis là tu dis ta problématique mais t'as donné la réponse un peu juste avant en gros de... et je voulais rebondir là-dessus, mais je rebondis encore plus, c'est super dur de parler de vulnérabilité si la personne d'en face a l'air d'être quelqu'un de super héroïque et de jamais flancher. En fait, c'est super dur de se livrer quand personne ne se livre en face. Donc si d'ailleurs, ça fait partie du système aussi, quand les entrepreneurs réussiront à parler un peu de vulnérabilité, ou que nous, on réussit à en parler dans les médias, c'est vachement plus facile de dire « Ah ouais ! » ah tiens, j'ai besoin de parler sur ce sujet-là. Mais c'est vrai pour les entrepreneurs, mais c'est carrément vrai pour ton petit garçon, par exemple. En fait, si on en parle, si tu en parles, si tu lui en parles, il va sentir que c'est un sujet qui est OK. Et après, la manière d'en parler, la manière de le gérer, ça, chacun, je pense, le construit. Il y a autant de solutions que d'individus. Alors là, chacun trouve un peu ses... Mais le fait d'en parler, c'est déjà le premier immense pas de normaliser ce sujet-là et de lui faire un espace. Et en fait, c'est super dur d'en parler si la personne en face ne donne pas d'espace à ce sujet.
- Speaker #1
Donc là, vous, dans l'idée, c'est de donner cet espace-là aux entrepreneurs à impact pour qu'ils se sentent complètement libres de pouvoir parler de leurs vulnérabilités et que ça soit un... pas dans l'énormité de ce que c'est la santé mentale avec l'idée que demain, il y a un autre groupe qui se dise, nous, on va faire la même chose, mais pour l'école maternelle, par exemple.
- Speaker #0
Oui, c'est carrément de donner l'espace pour qu'il y ait un premier entrepreneur qui se dévoile un peu sur sa vulnérabilité et que du coup, ça fasse dans ce cadre safe du programme, on puisse déposer ce qu'on a besoin de déposer entre pairs. Je trouve qu'il y a aussi une responsabilité, donc là je parle chez Ticket, mais au global dans les structures, que nous aussi on dise là où c'est difficile, que nous aussi on a nos propres vulnérabilités qui ne sont pas les mêmes enjeux qu'on a au quotidien qu'un entrepreneur par exemple. Nous aussi, on ose parler de vulnérabilité pour qu'on soit sur le même pied. Et pour que ça devienne carrément, que ça dépasse, moi je suis convaincue, on parle avec d'autres structures, notamment de réfléchir à une potentielle démarche de recherche pour aller étudier les invariants, le socle commun des causes d'une mauvaise santé mentale sur plein de publics. les invariants et ensuite les causes spécifiques en plus pour chaque public. Là, tu vois, rapidement, je t'ai présenté les invariants communs d'un entrepreneur au global et spécifiquement à impact. Mais en fait, on pourrait faire ça pour plein de choses. Il y a des causes communes, l'éco-anxiété notamment, une cause assez commune d'un individu qui vit sur cette terre en 2020, qui est au courant. Mais là, pour autant, c'est un entrepreneur. un entrepreneur à impact, un jeune, une personne en situation de recherche d'emploi, une personne en situation de handicap, une femme, une personne immigrée. Bref, il y a chaque public plus vulnérable. En plus, c'est cause spécifique de gestion de santé mentale. Je trouve ça super intéressant de se dire que c'est énorme. Le sujet de santé mentale, c'est pluridisciplinaire et en plus, chaque public va avoir un peu ses propres enjeux, ses propres manières de bosser dessus. Donc, c'est intéressant de se dire, nous, là, on teste dans le sujet de l'entrepreneuriat social, comment est-ce qu'on va le diffuser à d'autres qu'ils s'emparent d'une base qui marche pour leur cible à eux et qu'ils ajoutent leurs propres ingrédients spécifiques.
- Speaker #1
Et Oasis, il va sortir vous allez commencer ce programme-là quand ?
- Speaker #0
Là on ouvre le formulaire d'inscription et tout ça au mois de mai et le programme il est lancé le 6 juillet c'est le premier jour ça commence par un séminaire de 4 jours en résidence au vert et c'est le 6 juillet le premier jour Donc là ça arrive vite Ça arrive très très vite
- Speaker #1
Est-ce que Donc là, tu dis que c'était vraiment quelque chose que vous allez tester, que vous commencez tout juste. Est-ce que ça existe déjà, soit en France, mais on n'en va pas encore trop parler, ou même dans d'autres pays où vous avez pu regarder un peu ce qui a été fait ailleurs et pour essayer de le ramener aussi dans Ticket4Chain, où c'est vraiment quelque chose de nouveau ?
- Speaker #0
Non, il y a des trucs qui existent. Il y en a peu pour l'instant, ou en tout cas peu visibles potentiellement. Il y a peut-être plein de choses aussi qu'on ne connaît pas. Nous, on essaye quand on crée quelque chose de ne pas copier. En fait, si quelque chose existe déjà, ça ne sert à rien de refaire. On essaye de trouver un angle différenciant pour que ça apporte autre chose autrement, que ça réponde à d'autres besoins. Le premier truc auquel je pense et que j'ai envie de citer, c'est une démarche qui s'appelle Inspire, qui est une démarche d'action recherche initiée par plusieurs personnes, notamment Sylvain Lucier, qui travaille avec nous pour ce programme Oasis aussi, qui est une démarche aussi menée par Ronalpia et Intermate, qui sont deux autres acteurs d'accompagnement en entrepreneuriat social en France. Donc, tu vois, c'est des structures super proches. Inspire, ça a été lancé l'année dernière, je crois, si je ne dis pas de bêtises. Donc, ça a quelques mois déjà. C'est le même objectif, on va dire, prendre soin de la santé mentale de dirigeante à impact, mais avec une modalité assez différente. C'est des groupes de pairs de 6 à 8 personnes, avec des journées en commune. Mais très axé, très dialogue, écoute, groupe de pairs. ou Oasis, ça va être autre chose, ça va être sur plusieurs jours, au vert, avec plus de monde, parce que c'est une promo de 25 entrepreneurs. Donc, c'est le même objectif final, mais des modalités différentes. Un, parce que c'est nos couleurs à nous, Ticket for Change, on fait des programmes collectifs, on est convaincus que chacun a sa couleur, et du coup, ça va répondre à des envies et des besoins différents en fonction des bénéficiaires. Mais donc, typiquement, il y a la démarche Inspire qui existe. Après, il y a des choses qui existent à l'étranger. Je n'ai plus le nom, mais il y a quelque chose qui est fait au Québec, notamment, qui avait l'air super. Et après, il y a aussi le truc du coaching individuel, qui est super pour le coup, qui a un peu explosé ces dernières années. C'est trop, trop bien. C'est super différent. C'est individuel. Je pense que ça se... Ça, c'est complémentaire, mais c'est vachement différent.
- Speaker #1
Oui, c'est con. En fait, chaque personne, en fonction de son besoin, va avoir soit besoin d'un collectif, soit d'avoir quelque chose de plus individuel. Ça va aussi dépendre des personnalités, en fin de compte. Et donc, vous, vous proposez quelque chose de plus collectif. Et aussi, il y a peut-être aussi ce sentiment de se sentir moins seule du collectif et de voir que les problématiques qu'on peut avoir, on les trouve chez d'autres personnes. Et donc, se dire, OK, je ne suis pas tout seul avec ma problématique, il y en a d'autres. Alors que sur le coaching individuel, on est un peu plus perso, on va dire, et on peut aussi avoir la sensation d'être tout seul dans cette problématique. Et en plus, dans du coaching perso, c'est la personne qui va trouver ses propres solutions, alors que dans du collectif, on va pouvoir aussi aller s'inspirer de solutions qu'une autre personne a pu trouver.
- Speaker #0
Oui, carrément.
- Speaker #1
Bon, là, on arrive sur la fin. Je vois le temps s'écouler. Donc, je vais te poser une dernière question qui, d'ailleurs, cette dernière question, ça m'a fait beaucoup rire. Si vous réécoutez les premières phrases de ce début d'interview, ça fait vraiment écho. Et si tu n'en rappelles pas de ce que tu as dit, je te le dirai après. Mais la dernière question, c'est qu'est-ce que l'écologie pour toi ?
- Speaker #0
Ah, mais j'ai déjà entendu.
- Speaker #1
Et oui, et donc ça m'a fait mourir de rire. Je me suis dit, ah, elle est encore en train de spoiler ma dernière phrase.
- Speaker #0
Je ne t'évoque pas au courant. Ok, je vais répondre, on va voir si je dis à peu près la même chose. Mais donc oui, je me rappelle. L'écologie, pour moi, a deux grands axes. Il y a l'écologie de la manière un peu classique, j'ai l'impression. On l'entend là depuis quelques années. Donc c'est... des règlements climatiques, espillage, tout ça. Donc l'écologie en termes un peu citoyens du terme et en termes un peu classiques, on va dire. Et aussi là, depuis quelques années, je mesure l'ampleur du terme écologie personnelle. C'est marrant, nous, depuis longtemps, chez Ticket for Change, on a cette brique-là à nos programmes écologie personnelle et où les entrepreneurs, avant de rentrer dans l'atelier, ils pensent qu'on va parler d'écologie. tout court, celle que je viens de définir liée aux règles climatiques, etc. Et donc, non, pour moi, l'écologie personnelle, c'est une autre manière de voir l'écologie qui est, du coup, pour prendre soin de soi. En fait, l'écologie, comme on l'entend, c'est prendre soin de sa planète. L'écologie personnelle, du coup, c'est prendre soin de soi. Et c'est tout aussi important. Et ça se nourrit, en fait, de voir les ressources, que ce soit... Les ressources du vivant, de la planète ou les ressources humaines comme quelque chose qu'on vient utiliser, mais bien qu'on fait grandir, qu'on développe, qu'on nourrit et dont on prend soin. Je dirais que c'est ça plutôt l'écologie, c'est prendre soin des ressources, qu'elles soient celles de la planète ou qu'elles soient humaines, voire même ses propres ressources.
- Speaker #1
Est-ce que tu veux rajouter quelque chose ?
- Speaker #0
Non, ça va, je crois.
- Speaker #1
Tu peux rajouter sur n'importe quoi, sur n'importe quel sujet. C'est OK. Merci beaucoup. C'était super chouette. Ça faisait un moment que j'avais parlé de santé mentale, vraiment, au sein d'un épisode. Et donc, je voudrais te remercier de m'avoir fait prendre de la hauteur à travers cet épisode et cet échange.
- Speaker #0
Avec plaisir. Merci de m'avoir donné la parole.