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ECHOS de territoires, le podcast du cap régénératif dans les territoires

#09 - Gaëtan de Sainte Marie - Qantis

#09 - Gaëtan de Sainte Marie - Qantis

39min |17/12/2024|

11

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ECHOS de territoires, le podcast du cap régénératif dans les territoires

#09 - Gaëtan de Sainte Marie - Qantis

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39min |17/12/2024|

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Description

Centrale d’achats externalisée pour les entreprises, Qantis s’est donné comme mission dès l’origine de faire travailler ensemble au service du collectif, en créant des alliances, des groupements, en fédérant son écosystème. Le CAP 2030 que s’est fixé Gaëtan de Sainte Marie, via son entreprise, c’est avant tout d’avoir un impact sur les 35 000 PME qui en sont membres, en agissant ensemble pour mettre l'économie au service du vivant et trouver des solutions.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • SG

    Bonjour, bienvenue sur Échos de territoires, le podcast inspirant de la Convention des entreprises pour le climat, qui donne la parole aux acteurs engagés et passionnés qui construisent l'économie régénérative de demain. Je suis Stéphane Gonzalez, alumné de la promotion 2023, et je vous emmène sur les territoires du bassin lyonnais et des Alpes, à la rencontre de dirigeants et de dirigeantes qui contribuent à dessiner les contours d'un avenir durable. Alors aujourd'hui, nous avons la chance, je ne suis pas venu en vélo, mais nous avons la chance de venir à la rencontre du dirigeant écofondateur. d'une belle aventure lyonnaise, le groupe Qantis. Ce dirigeant, c'est Gaëtan de Sainte-Marie, avec qui nous allons échanger sur son engagement vers l'économie dite régénérative. Alors Gaëtan, bonjour.

  • GSM

    Bonjour Stéphane.

  • SG

    Bon, tu m'as fait faire mon bilan carbone à l'entrée et je suis venu en voiture. Manque de pot, c'est pas bon. Est-ce qu'on peut se tutoyer ?

  • GSM

    Bien entendu, avec plaisir.

  • SG

    Voilà, même si sur ma route, franchement, de dirigeant, même de président d'association de PME, j'ai souvent croisé PME Centrale. qui était l'ancien nom de Cantis. On ne s'est jamais vraiment rencontrés. Donc, je suis très heureux ce soir de pouvoir échanger avec toi sur ce sujet et sur tous les engagements de ton entreprise. Donc, ce que je te propose déjà, c'est de nous présenter Cantis.

  • GSM

    Écoute Stéphane, d'abord, merci d'être venu à notre rencontre et effectivement visiter nos locaux de Limonnet à côté de Lyon. Alors Qantis, effectivement, comme tu disais, son premier nom, ça a été PME Centrale. C'est une entreprise que j'ai créée avec les premières entreprises adhérentes il y a maintenant 23 ans. On a changé de nom il y a quelques années parce que dans notre stratégie, nous allons vers l'international et PME Centrale, c'est un peu trop français. Et donc, c'est une entreprise que j'ai créée au départ avec quatre grosses PME ETI de la région lyonnaise, du bâtiment et les travaux publics, avec pour esprit de se dire ce que font les grandes entreprises et parfois extrêmement performant,et finalement, les PME, les ETI, les TPE, quand elles arrivent à se regrouper, peuvent faire des choses. aussi performantes. Mais le tout, c'est de se regrouper et c'est de faire ensemble. Et donc, c'est comme ça qu'on a lancé Qantis en 2001, avec comme premier axe de mutualiser les achats de nos entreprises. Et donc, c'est ce que nous faisons aujourd'hui, puisque chez Qantis, nous regroupons en France 35 000 artisans TPE, PME, ETI de tous les secteurs d'activité, du BTP à l'industrie, des services au commerce ou la santé. Et nous négocions avec des fournisseurs, des grands fournisseurs tels que Renault, Peugeot ou Adéco ou Loxam, des accords cadres. Un accord cadre, ça permet à une PME, qu'elle soit à Lyon, à Bordeaux ou à Nantes, d'aller acheter directement chez son fournisseur local, mais en bénéficiant de conditions négociées au niveau national. Et donc, à une PME d'acheter directement chez son fournisseur à côté de chez elle, tout en bénéficiant de conditions nationales et donc du poids de l'ensemble de ses achats. Aujourd'hui, ces achats représentent 350 millions d'euros par an, auprès de 200 fournisseurs. Et nos adhérents font en moyenne 27 % d'économies sur leurs achats. La manière dont nous négocions est intéressante, puisque c'est là qu'on rentre pleinement dans ce qu'on appelle le collaboratif chez Qantis. Puisque dans les salariés de Qantis, aujourd'hui il y a 70 salariés chez Qantis, nous n'avons pas d'acheteurs. Pourquoi ? Parce que dans les 35 000 entreprises qui sont adhérentes de Qantis, certaines, les grosses PME, les ETI, ont des acheteurs. Et un de nos métiers, c'est de regrouper ces acheteurs ensemble et c'est de les faire travailler ensemble au service du collectif. Ce qui fait que notre adhérent de Clermont-Ferrand, qui va utiliser un accord cadre, notre accord cadre avec SFR par exemple, va utiliser un accord qui a été négocié par des gens qui savent de quoi ils parlent, puisque ce sont eux qui vont être les premiers à les utiliser dans leurs entreprises, après la négociation. Et donc, bien négocier, ça veut dire bien entendu pas que le prix. mais aussi la qualité de service, la qualité du fournisseur, bref, tout ce qui fait un acte d'achat complet. Et nous sommes extrêmement attentifs à ça depuis le début. Et puis, quand il s'est développé, donc au départ, je l'ai dit sur les achats, mais finalement, on s'est rendu compte qu'à partir du moment où des PME ont une problématique en commun et qu'elles se disent qu'ensemble, elles pourraient résoudre ce problème, eh bien, notre métier du collaboratif pouvait s'appliquer. Et donc, aujourd'hui, nous accompagnons un certain nombre de réseaux d'entreprises, d'alliances d'entreprises, de groupements d'entreprises, de coopératives autour de sujets comme les RH, les RSE, le digital. Et donc, nous élargissons au fur et à mesure le spectre de QANTIS en termes d'activité.

  • SG

    On va bien voir que c'est déjà ce qui pointe, c'est votre point fort, c'est quand même votre écosystème. C'est ça l'intérêt.

  • GSM

    En fait, c'est ça qui me fait lever le matin, c'est notre écosystème de PME. Le point dont je suis le plus fier, c'est que cet écosystème, il reste adhérent. C'est-à-dire qu'on n'a quasiment pas de départ d'une année sur l'autre. Les gens qui quittent notre écosystème, c'est malheureusement des gens qui déposent le bilan ou malheureusement des gens qui se font racheter par des grosses entreprises et donc sont obligées de quitter l'écosystème Qantis. Mais pour le reste, nos adhérents restent adhérents. Et ça, c'est une grande fierté parce que ça veut dire que ce que l'on fait, c'est efficace et qu'on est loin de l'idée parfois un peu bisounours de se dire on se regroupe et on verra bien ce que ça donne. Non, non, se regrouper, créer des alliances, créer des groupements, ça peut être extrêmement efficace, ça peut être extrêmement performant. Et c'est ce que nous démontrons depuis 23 ans avec Qantis.

  • SG

    Ok, du coup, on pourrait parler pendant une heure de Qantis, évidemment, c'est toujours comme ça avec un entrepreneur. Allez, parle-nous un peu de toi quand même.

  • GSM

    Alors moi, je suis tombé dans l'entrepreneuriat très jeune. J'ai créé ma première entreprise, j'avais 24 ans, j'étais en Australie, à Sydney. C'était déjà une entreprise de mutualisation de moyens entre des PME. Elle n'a pas fonctionné, ça a été un échec, mais du coup, j'ai appris énormément pendant cette expérience. Et donc après, j'ai créé Qantis deux ans plus tard en rentrant en France. Entrepreneur parce que depuis que je travaille, j'ai créé plusieurs entreprises. Je suis notamment le co-dirigeant d'un domaine viticole que j'ai racheté avec deux autres associés il y a maintenant cinq ans, dans le Jura. On fait 75 000 bouteilles par an, notamment de vin jaune, de vin de paille. Je suis également un associé engagé dans un certain nombre de start-up. La dernière en lice qui fait un carton en ce moment qui s'appelle Skif, qui est le Waze du ski. aux gens qui vont skier, de se guider sur les pistes. Mais je suis également associé, engagé dans trois boulangeries, par exemple. Et puis, très jeune, je me suis engagé dans les réseaux patronaux. Donc, je suis adhérent de la CPME depuis que j'ai 18 ans. J'ai suivi le président local qui m'avait énormément...

  • SG

    A 18 ans, tu rentres à la CPME ?

  • GSM

    18 ans, parce que le président local est venu faire François Turcat, qui s'appelait, malheureusement, décédé il y a une année maintenant. Il est venu faire une conférence dans mon école. Je suis tombé sous le charme du personnage. Et il se trouve que je m'occupais de la junior entreprise de mon école. Et donc, du coup, il m'a proposé de rentrer à la CPME à cet âge-là. J'étais très impressionné, mais très, très heureux. Et aujourd'hui, à la CPME, je suis vice-président de la CPME du Rhône. Je suis membre du COMEX national, président de la commission numérique de la CPME France également. Et actuellement, candidat à l'élection nationale de la CPME, donc en campagne, puisque l'élection aura lieu le 21 janvier 2025, pour remplacer François Asselin, qui est le président actuel et qui arrive au terme de ses deux mandats. Et puis, j'ai été très longtemps engagé aussi au Centre des Jeunes Dirigeants, le CJD, dont j'ai été le président à Lyon. J'ai été notamment vice-président au niveau international et qui est une organisation extraordinaire pour apprendre son métier de chef d'entreprise et pour apprendre aussi ce qu'est l'engagement. Et une fois qu'on a goûté à l'engagement patronal, on a pris le virus parce que je pense que nous, chefs d'entreprise, on a la responsabilité à partir du moment où nos entreprises se développent, et bien également de voir plus large et de faire avec d'autres pour faire avancer les idées auxquelles on croit, notamment dans les PME, parce que je pense que les PME, elles ont un certain nombre de solutions au maux de notre pays, et donc notre devoir, je pense, quand on peut le faire, c'est de s'y engager pour porter cette voie qui est extrêmement importante, surtout en France, qui est encore malheureusement un pays... où les Français pensent qu'il n'est constitué que de très grandes entreprises, alors que non. Votre boulanger, votre plombier, votre garagiste, c'est un patron de PME. Et il faut le dire et il faut leur donner la parole.

  • SG

    Justement, le patron de PME, il se retrouve lui aussi dans un moment important de changement. Donc, on va parler là, c'était plus simple finalement de nous raconter qui tu étais. Alors, on pourrait rester là très longtemps. Maintenant, tu vas nous parler du régénératif. C'est quand même plus compliqué. Tu le découvres quand, toi, le régénératif ?

  • GSM

    Alors le régénératif, je découvre quand j'entends parler pour la première fois de la CEC, la Convention des entreprises pour le climat. C'était donc il y a probablement deux ans à peu près. C'est Alexandra Mathiolon, la dirigeante de l'entreprise Serfim à Lyon qui m'en parle la première fois, qui venait de faire la première promotion. Et donc la CEC cherchait des entreprises pour participer à la deuxième promotion à Lyon. Et c'est elle qui me dit il faut absolument qu'il y aille avec ce que vous faites chez Qantis depuis toujours. pile poil dans la cible, ça va vous plaire, etc. Et donc, c'est comme ça que j'entends parler pour la première fois du régénératif. Donc, j'avoue que la première fois, quand on m'a dit qu'on va régénérer le vivant avec les entreprises, je me suis un peu gratouillé la tête quand même. Mais ça a été une expérience passionnante, très enrichissante. Et on va probablement revenir sur les différentes étapes, mais je ne regrette pas du tout d'avoir participé, bien sûr, à la CEC.

  • SG

    Et justement, avant la CEC, tu as déjà des convictions, toi ? Tu as déjà des convictions environnementales ?

  • GSM

    Alors moi, j'ai la chance d'être Lyonnais par ma mère, mais Jurassien par mon père, et d'avoir été notamment formé par mon grand-père à l'agriculture, à la viticulture, au vin. Et donc très vite, d'avoir eu un attachement très fort à la terre, à la nature, et finalement d'avoir ce lien presque charnel, je dirais, à la nature, qui est, je pense, très important pour nous, les hommes. Donc, j'ai toujours été sensible au sujet de la planète en tant que telle. Et puis après, à travers mon engagement au Centre des Jeunes Dirigeants, au CJD, le CJD a créé, tout début des années 2000, ce qu'il a appelé à l'époque la performance globale de l'entreprise. La performance globale de l'entreprise, c'est très simple. C'est partir du principe que, pour qu'une entreprise soit véritablement performante, il faut qu'elle sache additionner quatre types de performances. La performance économique, bien entendu, sans laquelle une entreprise ne peut pas se développer. La performance sociale, c'est-à-dire son lien avec ses collaborateurs. La performance sociétale, le lien de l'entreprise avec son territoire. On n'a jamais vu d'entreprise se développer dans le désert, par exemple. Et puis, la performance environnementale. On sait aujourd'hui que notre planète est finie, dans le sens où on ne peut pas puiser indéfiniment dedans. Et que du coup, il faut en prendre soin également pour continuer à développer nos entreprises. Et finalement, cette performance globale, elle m'a guidé dès la création de Qantis. Et j'ai créé Qantis sur ce concept de performance globale, en essayant en permanence d'avoir ce souci, cet équilibre entre ces quatre niveaux de performance. Je ne dis surtout pas que mon entreprise est parfaite et qu'elle est performante globalement en permanence sur tous les sujets. Surtout pas. On sait très bien en tant qu'entrepreneur chez l'entreprise que... Une entreprise, c'est un travail quotidien avec ses lots de réussites et d'échecs, et chaque jour nous le rappelle. Mais j'ai toujours eu cette logique, cette vision, de me dire qu'il fallait que je travaille sur ces quatre piliers, ces quatre axes, si je voulais véritablement créer une entreprise dans la durée, pouvoir la développer et qu'elle se repose sur des piliers solides, et puis petit à petit aller vers notre vision.

  • SG

    Alors si je te pose une colle. C'est quoi l'économie régénérative, alors, si tu m'en donnais une définition ?

  • GSM

    Alors, le régénératif, je trouve que, moi, ce qui m'a le plus éclairé quand on me l'a expliqué, c'est l'histoire du pot de fleurs. Quand un pot de fleurs tombe par terre, se casse, on peut le réparer avec de la colle, éventuellement, mais on verra toujours qu'il a été cassé, parce qu'on verra que les morceaux ont été fêlés, et que même si on a mis de la colle, le vase a été cassé. En revanche... Si je prends un couteau et que je me coupe la peau sur la main par exemple, dans une-deux semaines, la peau sera redevenue comme elle était avant et on ne verra pas que je me suis coupé Pour moi le régénératif c'est ça, c'est la capacité de la nature, d e la peau en particulier sur mon exemple De se régénérer complètement et de faire comme s'il ne s'était rien passé. Et donc l'économie régénérative Alors comme d'ailleurs nous le dit très bien la CEC c'est... extrêmement compliqué dans un certain nombre d'entreprises et des entreprises qui, en fait, ne peuvent pas probablement se situer dans l'entreprise régénérative. Une entreprise de service comme Qantis, si on regarde juste notre périmètre 1, c'est-à-dire notre bureau, nos locaux, notre équipe, nos voitures pour aller chez nos adhérents, chez nos fournisseurs, comment est-ce qu'on peut contribuer à régénérer la planète ? C'est encore une question que je me pose au quotidien, même si, bien entendu, on a des pistes de travail et de réflexion, mais c'est loin d'être parfait. En revanche... Je disais tout à l'heure, je suis également le co-dirigeant d'un domaine viticole. Là-dessus, on peut plus simplement donner des exemples assez concrets. Je donne un exemple assez bateau, mais qui est finalement quand même assez révélateur. Dans nos vignes, dans le Jura, pendant très longtemps, nous utilisions des tracteurs pour entretenir la vigne une grande partie de l'année. Et bien maintenant, pendant une grande partie de l'année, on utilise des moutons. Ça s'appelle l'éco-pâturage. L'avantage du mouton, c'est qu'il va moins écraser la terre, donc il va permettre à la terre d'être plus vivante et notamment de laisser les vers de terre permettre aux racines d'aller plus profond dans la terre, aller chercher de l'eau notamment. Ils vont bien entendu moins polluer qu'un tracteur, ils vont bien entendu apporter de l'engrais naturel, et en cela, on peut se mettre dans une démarche où effectivement, produire du vin peut avoir un impact non pas zéro sur la planète puisqu'avec le régénératif, il s'agit d'aller plus loin, pas avoir un impact zéro, mais un impact positif et donc contribuer à régénérer ce vivant. Et donc, ça fait partie des éléments qu'on essaie de faire également au niveau du domaine viticole.

  • SG

    Là tu t'en es bien sorti. Donc maintenant, tu vas nous en dire un peu plus, justement, sur ta feuille de route, puisque pendant huit mois, vous avez fait du jus de crâne pour Qantis. Alors, comment vous, Qantis, vous allez travailler votre régénératif ?

  • GSM

    On s'est dit chez Qantas, si on se limite à travailler sur Qantis en tant qu'entreprise, comme je le disais, notre bâtiment, notre équipe, nos voitures, on va vite un petit peu tourner en rond. Donc on s'est dit finalement, là où on peut avoir le plus d'impact, c'est sur notre écosystème de 35 000 PME qui sont membres de Qantis. Et donc, si je reprends notre feuille de route, on a notre CAP 2030, je vais vous le lire, parce que c'est une phrase un peu complexe, mais on pourra rentrer dedans après. Donc notre CAP 2030, c'est déterminer à agir ensemble pour mettre l'économie au service du vivant. Pour le préciser, on en a dit, en 2030, Qantis aura engagé son écosystème, donc aujourd'hui nos 35 000 entreprises, d'ici 2030, j'espère qu'elles seront encore plus nombreuses, pour avoir encore plus d'impact, dans une dynamique afin que chacune puisse s'inscrire sur le chemin de l'entreprise infinie. Alors l'entreprise infinie, c'est un concept... que l'on utilise chez Qantis depuis un certain nombre d'années. Alors, c'est très conceptuel, donc on ne va pas rentrer dans tous les détails aujourd'hui, parce qu'il faudrait du temps, mais ce sera l'objet peut-être d'un prochain livre que j'écrirai. L'entreprise infinie, c'est l'addition d'une entreprise qui est désirable, donc désirable aux yeux, bien entendu, de collaborateurs ou de futurs collaborateurs, mais aussi de ses clients, mais aussi de ses fournisseurs, de ses parties prenantes. Donc, être désirable, ça pose des questions à des tas de niveaux différents. C'est une entreprise, l'entreprise infinie, qui est bien entendu régénérative, on vient d'en donner la définition. Et puis c'est bien entendu une entreprise collaborative. Ça c'est mon credo depuis que j'ai créé Qantis. La définition de l'économie collaborative, c'est très simple, c'est faire mieux ensemble. Tu le sais Stéphane, j'ai écrit un bouquin qui est sorti en 2016, qui s'appelle Ensemble on va plus loin, où j'ai cherché à démystifier ce qu'est l'économie collaborative pour des patrons de PME, pour des dirigeants d'entreprises. Parce que trop souvent, notamment à l'époque en France, l'économie collaborative était restreinte à Blablacar et Airbnb, donc plutôt la version B2C. Alors qu'en version B2B, les alliances entre entreprises, les groupements d'entreprises, les coopératives... Aujourd'hui en France, il existe des tas d'initiatives dans tous les départements, dans toutes les régions, d'entrepreneurs, de patrons de PME qui se disent mais finalement... Je sais très bien faire mon métier, mais il y a des sujets sur lesquels je suis moins bon parce que je n'ai pas le temps, parce que je suis plus petit, parce que ceci, parce que cela. Si je me mets avec mes concurrents, si je me mets avec mes clients, si je me mets avec des entreprises qui sont installées autour de la mienne dans ma zone d'activité, peut-être qu'on peut être plus performants ensemble, que ce soit pour acheter ensemble, pour vendre ensemble, pour attirer des talents ensemble, pour communiquer ensemble. Il y a des tas de déclinaisons possibles. Et donc, c'est ça l'économie collaborative, l'entreprise collaborative. Et je pense qu'en plus, en France, nous sommes plutôt en avance sur ces sujets, plutôt ouverts, très ouverts à ces sujets-là. Et ça tombe bien, parce que la nouvelle génération, nos enfants qui font des études en ce moment, etc., mon sentiment, c'est qu'ils ont ça chevillé au corps. D'ailleurs, on le voit bien dans les écoles, dans les universités, de plus en plus, ces jeunes filles, ces jeunes garçons, ils bossent à plusieurs. Et je le vois dans les jeunes qui se lancent, qui créent des boîtes. C'est de plus en plus rare de voir des gens qui se lancent tout seuls. Ils se lancent souvent à plusieurs. Et je trouve que c'est plutôt vivifiant de se dire que ces gens ont cette perspective de se dire peut-être qu'à plusieurs, on sera meilleur, on sera peut-être plus performant, plus fort. Voilà, donc ça, c'est la partie collaborative. Excuse-moi, je me perds. C'est des sujets qui me passionnent. Et donc, peut-être pour être un tout petit peu plus concret, ce Cap 2030... On l'a décliné en quatre leviers de redirection, c'était l'exercice imposé par la CEC. Le premier, c'est formaliser notre engagement en devenant une entreprise à mission. Donc, je peux vous annoncer que Qantis sera prochainement une entreprise à mission. On a mis en place un plan d'action, j'en parlais il y a encore une heure avec une collaboratrice qui dirige ce projet-là pour Qantis. Très important parce que, moi, pendant longtemps, j'ai considéré qu'on n'avait pas besoin de devenir une entreprise à mission. Parce que finalement, notre mission chez Qantis, elle était claire, c'était de réunir les PME pour faire mieux ensemble. Et finalement, j'ai compris, notamment grâce à la CEC, que le fait de devenir une entreprise à mission, de l'affirmer et de le graver dans le marbre, était encore plus engageant pour nous, mais aussi pour les autres. Et donc, c'était probablement une bonne étape aujourd'hui, vu l'âge de l'entreprise, pour aller un cran plus loin dans notre engagement vis-à-vis de nos adhérents, vis-à-vis de nos fournisseurs. Donc ça, c'est le premier levier de redirection, entreprise à mission. Ensuite, le deuxième levier, c'est polliniser notre écosystème par l'intelligence collective pour l'inspirer vers l'entreprise régénérative. Donc, pour le dire peut-être plus simplement, montrer que l'entreprise régénérative, comme on le disait, dans certaines entreprises, ça peut être très compliqué à mettre en œuvre mais malgré tout, c'est une vision engageante et motivante de l'avenir. C'est une vision qui peut permettre peut-être de revoir sa stratégie différemment. C'est une vision qui peut permettre de revoir l'engagement de ses collaborateurs différemment, l'engagement de ses clients ou de ses fournisseurs différemment. Donc, je crois à cette inspiration vers l'entreprise régénérative.

  • SG

    Et est-ce que le rachat de Mix-r, ça rentre dans cette stratégie ?

  • GSM

    Oui, alors ça rentre complètement dans cette stratégie et ça rentre encore un peu plus dans le troisième levier. Non mais c'est parfait, ça me fait la suite. Proposer des solutions qui permettent aux PME de changer et d'adopter des pratiques à impact. Et effectivement, nous avons racheté, il y a maintenant un peu plus d'un an, un petit réseau d'entreprises qui s'appelle Mix-r à Lyon, que d'ailleurs, c'est aussi une annonce que je peux faire, puisque nous sommes en train de changer de nom. Mix-r va prochainement s'appeler Symbiose. Et l'objectif de Mix-r, devenu Symbiose, c'est d'accompagner les entreprises dans leur transition RSE au départ. petit à petit, aller vers le régénératif. Mix-r est un réseau qui avait été créé au départ par cinq entreprises de la région lyonnaise, dont le groupe SEB, donc grosse entreprise, avec un objectif d'embarquer avec elle des PME. Donc aujourd'hui, il y a une centaine de PME qui sont membres de Mix-r, qui devient Symbiose. Et notre ambition, en reprenant Symbiose, ça va être bien entendu d'étendre ce réseau au niveau local, mais également de l'étendre au niveau national. Et donc, c'est une autre annonce que je peux faire, c'est que nous allons très prochainement ouvrir notre premier nouveau point Symbiose à Nice. Et donc, d'ici quelques mois, il existera également un réseau d'entreprises autour de la RSE à Nice. Voilà, donc ça c'est typiquement aussi dans des points très concrets de nos leviers de redirection. Et puis le quatrième et dernier levier de redirection, c'est régénérer le système terre au niveau de l'entreprise Qantis. Donc là, on est vraiment sur notre bâtiment, sur ce qui se passe autour de notre bâtiment. J'ai réalisé, encore une fois, grâce à la CEC, que nous avions un certain nombre d'espaces verts autour de notre bâtiment et que, par exemple, l'eau qui tombe sur cette surface... principalement aujourd'hui tombe sur notre toit ou sur notre parking, et l'eau qui tombe sur notre toit et sur notre parking, en fait, sont redirigées directement dans les canalisations, et donc, d'après ce qu'on m'a expliqué, en deux jours, elles sont dans la Méditerranée. Alors que finalement, puisque nous avons des espaces, nous avons des arbres, cette eau, elle pourrait être utilisée localement, directement. Et pour cela, il suffit de faire quelques aménagements, pas très compliqués et pas très coûteux. Et il se trouve qu'il y a une association à Lyon, qui s'appelle "Qui veut rafraîchir ma ville", dont d'ailleurs Qantis est devenu partenaire, et qui propose de faire ce type d'aménagement pour mieux irriguer ses espaces verts autour de son bâtiment. L'utilité au-delà de la planète et de la Terre, c'est que typiquement, on va par exemple planter deux nouveaux arbres à un endroit stratégique pour nous, un endroit où il fait très très chaud l'été, où les collaborateurs sortent sur cette terrasse mais en été, ils ont du mal à sortir parce qu'il fait trop chaud. On avait acheté des magnifiques parasols, mais qu'on s'est fait voler. Et donc, ces parasols, d'ailleurs, ils étaient peu efficaces parce que finalement, ils faisaient encore très chaud. Alors qu'avec deux arbres, on va rafraîchir considérablement l'atmosphère. Et ça, finalement, c'est à des coûts qui sont extrêmement courts. Et puis en plus, on ne sera pas volé nos arbres. Alors, tous les cas, j'espère pas. Il y a aussi, par exemple, dans les autres choses très, très concrètes, il y a... Maintenant, quelques années, nous avons rehaussé notre bâtiment d'un étage. Nous avons rehaussé le bâtiment avec une extension bois, ce qui nous a permis de refaire toute l'isolation du bâtiment et donc de baisser considérablement la consommation en énergie de notre bâtiment. On n'est pas devenu un bâtiment à énergie positive, puisque c'est un vieux bâtiment, mais on a quand même considérablement réduit notre consommation. Et du coup, j'en ai profité pour faire poser des panneaux solaires sur le toit qui nous permettent aujourd'hui de produire 50 % de l'électricité que nous consommons annuellement et sur un coût qui est assez raisonnable puisque finalement, en une dizaine d'années, on aura rentabilisé cet investissement à travers les économies qu'on fait sur l'énergie. Donc finalement, c'est plutôt à la fois économiquement intéressant et en même temps intéressant pour la planète.

  • SG

    D'accord. Je pense souvent à la question, mais comme tu es un patron très communiquant, à mon avis, ça a été assez facile pour toi. Comment tu embarques tes collaborateurs ? Dans l'aventure, parce que c'est parfois là où on se dit, mais est-ce que ce n'est pas une lubie du patron, ça ?

  • GSM

    Alors, c'est vrai que la première fois qu'avec l'allée Piloncelli, qui était ma planète championne à la CEC, on a parlé à notre comité de direction chez Qantas de la CEC, de l'économie régénérative, de l'entreprise régénérative et de ce qu'on était en train de faire. Ils nous ont quand même regardé en nous disant, qu'est-ce qu'ils font ? J'avais une autre expression qui me faisait, je vais éviter. Et en fait, régulièrement, on les tenait informés des différentes étapes. Et donc, petit à petit, on est passé d'une position de ouh là là, ils sont partis ailleurs à une position finalement, il y a quand même des choses intéressantes Et comme on l'a rendu très concret à la fin, avec la feuille de route, avec des actions très concrètes, j'ai parlé de l'entreprise à mission, on a parlé de Mixer qui devient Symbiose, on a parlé de ce qu'on est en train de faire sur le... la partie l'eau autour du bâtiment. En fait, petit à petit, ils ont vu les implications concrètes de ce qu'on faisait à la CEC. Ça les a intéressés aussi parce qu'on a appris beaucoup de choses que moi, personnellement, je ne savais pas sur ce qui se passe sur notre planète. On lit beaucoup de choses, on entend beaucoup de choses, mais quand vous passez la CEC, c'est quand même une dizaine de jours en totalité sur une année. Vous écoutez des experts, vous travaillez avec des experts, avec d'autres chefs d'entreprise, ça vous nourrit et ça vous rend plus conscient d'un certain nombre de choses. Eh bien, on a essayé de redonner aussi cette matière à notre comité de direction pour les embarquer avec nous. Et puis, petit à petit, on a eu la même méthode avec l'équipe. Et en fait, l'équipe avait lancé spontanément, il y a déjà plusieurs années, un groupe de travail autour de comment on pouvait mieux gérer nos déchets, notre énergie, etc. Donc en fait, ce groupe a été très heureux de pouvoir aller plus loin dans leur démarche. Et donc aujourd'hui, c'est ce groupe-là notamment qui pilote une partie des travaux autour de l'entreprise à mission, par exemple. Donc on a encore du travail, bien entendu, pour embarquer tout le monde. Même moi, parfois, bien sûr, j'ai des doutes sur l'entreprise régénérative parce que ça peut paraître parfois un peu ésotérique, surtout que dans la situation économique dans laquelle nous sommes aujourd'hui, il y a avec... les contraintes budgétaires dont on entend parler énormément en ce moment et qui font peur. On peut parfois se dire, est-ce que tout ça en vaut bien la peine ? Mais je pense que notre responsabilité, malgré tout, de dirigeant, c'est de voir un peu loin. Et si on regarde loin, on a la responsabilité de s'occuper aussi de ces sujets et de ne pas les laisser sur le côté.

  • SG

    Notre mission, c'est peut-être aussi de penser autrement.

  • GSM

    Oui, penser autrement, avoir un pas d'écart. Le CJD m'a bien formé sur ce sujet-là. Mais je crois que penser autrement pour un entrepreneur, en fait, c'est naturel. Parce qu'on n'invente pas, on ne crée pas un nouveau projet, une nouvelle entreprise, si on n'est pas capable de se désaxer par rapport à la manière dont on fait depuis toujours. Parce que finalement, c'est notre travail quotidien de trouver des nouvelles façons de faire, des nouvelles idées, des nouvelles initiatives et d'embarquer des gens avec nous pour le faire. Ce pas de côté, il est important, il est nécessaire. C'est aussi à ça que nous amène l'inspiration vers l'entreprise régénérative.

  • SG

    Justement, la CEC, est-ce que ça t'a changé ? Est-ce que ça a eu un impact ? Forcément.

  • GSM

    Ça a eu un impact, oui, parce que j'avoue que je n'étais pas forcément extrêmement attentif à ces sujets-là avant à titre personnel. Je partais du principe que comme... Je faisais déjà beaucoup de choses dans le Jura autour de ces sujets, finalement je faisais ma part. Et donc je suis effectivement beaucoup plus conscient de ça aujourd'hui. J'essaye de houspiller un peu plus mes enfants aussi sur le sujet, qui contrairement à ce qu'on croit, nos enfants ne sont pas toujours les plus engagés sur ces sujets, très honnêtement. Et donc ça m'a permis de faire de la CEC, d'en parler avec mes collaborateurs, mais d'en parler aussi avec mes enfants. et donc d'avoir des discussions intéressantes sur ce sujet-là. Donc oui, bien sûr, ça change. Les deux premiers jours de la CEC, pendant deux jours, vous entendez des experts qui vous racontent l'état de la planète sans phare sur l'ensemble des sujets, l'énergie, les glaciers, tout un tas de sujets. Au bout de ces deux jours-là, vous êtes chamboulés, véritablement. Moi, j'ai mal dormi pendant une semaine. parce que ça remue, ça brasse. Et je dois même dire que pendant deux jours, je ne devais pas être très agréable parce que j'étais en colère. Et donc, cette colère, il faut la comprendre, il faut l'analyser et puis se dire comment je fais pour la prendre en compte et puis pour la transformer en processus d'action. Et donc, la chance qu'on a, nous, patrons de PME, entrepreneurs, c'est que... On a le pouvoir de faire, on a le pouvoir de changer les choses. On ne peut pas changer le monde tous les jours, mais on peut faire un certain nombre d'actions, on peut mener un certain nombre d'actions, même à petite échelle.

  • SG

    selon l'adage du papillon, peut-être que c'est grâce à toutes ces petites actions, et c'est ce que je crois avec Qanti, c'est notre écosystème d'entreprise, c'est l'addition de toutes ces petites actions qui peut, j'espère, faire véritablement bouger les choses au bout d'un moment.

  • GSM

    Si justement, par rapport à ton écosystème, je devance un peu, est-ce que tu dirais à un dirigeant de PME qui veut se lancer dans l'économie régénérative ?

  • SG

    Je peux te dire que j'ai fait la promotion beaucoup et que dans la promotion actuelle de la CEC, il y a des chefs d'entreprise que j'ai embarqués dans l'histoire. On n'a pas rééchangé avec eux sur ces sujets récemment, mais oui, bien sûr, je suis devenu fervent promoteur. Je parlais tout à l'heure de Bisonours, je vais revenir là-dessus. Je ne suis pas un Bisonours du tout, je suis avant tout un patron de PME. Donc je sais que tout n'est pas possible. Je sais que probablement à la CEC, certaines choses sont un petit peu exagérées, mais ce n'est pas grave. Cette exagération permet, comme on le disait juste avant, aussi de faire ce pas de côté. Et c'est aussi parfois parce qu'on est un peu fou et qu'on pousse un peu trop dans un sens ou dans un autre que finalement, quand on se retourne, on a quand même avancé. Cette action qu'on a faite, cette montée en puissance, contribue à changer les choses. Il y a une jolie phrase là-dessus qui dit il faut viser la lune pour arriver sur les étoiles ou je ne sais plus exactement. Mais bon, voilà, c'est de cet ordre-là. Donc, savoir être un peu foufou parfois pour véritablement avancer concrètement, ça fait partie aussi de nos leviers d'action.

  • GSM

    Sauf que j'imagine qu'il y a beaucoup de dirigeants qui disent non, mais là, t'es gentil, mais moi, il faut d'abord que je paie les salaires. À la fin du mois, c'est ça qui m'intéresse.

  • SG

    Bien sûr, on est bien d'accord que la priorité, ce que je disais tout à l'heure, si je reviens à la performance globale, c'est que si une entreprise est économiquement sous stress, économiquement, je ne sais pas, a perdu des marchés ou a des marges qui se sont énormément affaiblies pour telle ou telle raison, bien entendu que la priorité du dirigeant à ce moment-là, c'est de se concentrer sur sa performance économique. Si l'entreprise n'existe plus, de toute façon, il ne pourra plus rien faire derrière. Mais c'est aussi s'interroger sur ces autres sujets, est aussi un moyen probablement de regarder son entreprise différemment et de la repenser et peut-être de revoir sa stratégie. Je suis depuis toujours fervent militant du fait d'écrire sa stratégie. Une entreprise, dans l'idéal, il faut écrire une stratégie à trois ans, à cinq ans. Écrire une stratégie, ça ne veut pas forcément dire qu'on va atteindre tous les objectifs de cette stratégie, mais ça donne un phare dans le brouillard sur lequel on sait qu'on peut s'aligner régulièrement. Ça n'empêche pas que petit à petit, on peut changer d'axe, aller un peu plus à gauche, un peu plus à droite, en fonction des aléas qui nous tombent dessus toute la journée. Mais le fait d'avoir un cap est extrêmement important. Et pour régénérer sa pensée ou sa façon de penser, penser régénératif peut être un bon moyen de revoir son cap. et de remettre peut-être un cap un peu plus loin.

  • GSM

    Peut-être se poser la question, et on se l'est posé souvent, sur la croissance, ou plutôt croître, prospérer, le temps long. Alors c'est vrai qu'un dirigeant de PME, il est quand même sur le temps long.

  • SG

    Un dirigeant de PME, il ne peut pas être autrement que sur le temps long. S'il est sur le temps court, très vite, il est rattrapé par la réalité. Le patron de PME, il est en permanence connecté à ses collaborateurs, à ses clients, à ses fournisseurs. Et donc, quand il arrive dans son entreprise, il est vraiment... en lien avec le réel, avec le concret. Donc on ne peut pas raconter d'histoire trop longtemps, ça finit par se voir. Et c'est aussi pour ça que je pense que d'ailleurs, aujourd'hui en France, on devrait faire plus confiance aux PME, aux patrons de PME, parce que je pense qu'ils ont des solutions aux problèmes que nous avons. Par exemple, la PME est un endroit où nous savons créer du lien entre les femmes, les hommes, dans les villes, dans les campagnes. Et aujourd'hui en France, on a besoin de lien. La PME est un endroit... où les gens se font confiance en général, où on s'est créé la cohésion sociale. Et on en a besoin forcément beaucoup aujourd'hui en France. La PME est un endroit où on s'est créé la richesse, tenir des budgets dans la durée. Et on voit que tenir un budget dans la durée au niveau de l'État, c'est aussi un sujet. La PME, c'est un endroit où on sait bâtir des stratégies et s'y tenir. Donc on a plein de réponses dans les PME aux problématiques de notre pays. Et donc j'encourage nos élus. à regarder un peu plus la manière dont fonctionnent les PME et écouter un peu plus les dirigeants pour s'en inspirer.

  • GSM

    Voilà, puis on peut rajouter la résilience locale, parce que vous, quand même, finalement, vous êtes dans cette promotion-là du local.

  • SG

    Le local, c'est extrêmement important. Ce que je disais tout à l'heure, on n'a jamais vu d'entreprise se développer dans le désert. Depuis toujours, et d'ailleurs chez Qantas, on est nombreux parmi les dirigeants et les collaborateurs à être engagés dans des associations diverses et variées parce que plus notre territoire est riche, plus les entreprises au sens large vont pouvoir en bénéficier. J'aime bien une phrase qui dit Nous sommes un... Un produit de notre environnement. Donc, entourez-vous de richesses au sens large du terme pour vous enrichir vous-même. Mais pour que le territoire soit riche, il faut y contribuer. Si je refais une analogie avec le vin, si vous ne travaillez pas votre terre, si vous ne faites pas en sorte que votre terre soit riche et puisse respirer, vous ferez du mauvais raisin. Et si vous faites du mauvais raisin, vous ferez du mauvais vin.

  • GSM

    Contribuer, coopérer, ça me parle. On a presque terminé, parce que là, il est tard. On va finir à point de l'heure. Si tu avais trois mots pour caractériser l'économie régénérative ?

  • SG

    Ça va être dur. Ça va être dur, trois mots. Je vais reprendre le titre de mon bouquin. Ensemble, on va plus loin. Ça fait quatre ans. Bon, OK. Oui, trois mots. Tu l'as dit, coopération, bien sûr. Faire, parce que... Il s'agit d'être dans le faire et pas que dans les belles idées. En fait, je n'en choisirai que deux. Il n'y aura que deux. L'opération et le faire.

  • GSM

    Ça, c'est bien intéressant. Et moi, je dis, ben oui, monsieur, bien sûr. Et si tu avais une baguette magique, tu pouvais changer la règle du jeu économique, tu changerais quoi ?

  • SG

    Je ferais en sorte que la totalité des entreprises soient des entreprises patrimoniales, familiales. Dans une entreprise dont le dirigeant est propriétaire, donc il est à la fois propriétaire mais également dirigeant de son entreprise, impliqué dans les opérations au quotidien, on est obligé d'être, ce qu'on disait tout à l'heure, équilibré entre la performance économique, la performance sociale, la performance sociétale, la performance environnementale, parce que si on tire trop dans un sens ou dans un autre... on finit par se casser la figure. Donc, si j'avais une baguette magique, je ferais en sorte que la plus grande partie des entreprises soient des entreprises familiales, patrimoniales.

  • GSM

    OK. Et qu'est-ce qui te rend confiant dans l'avenir ? En général, un dirigeant entrepreneur est toujours confiant. C'est bien ça, son problème.

  • SG

    C'est de discuter avec mes collaborateurs, de discuter avec mes adhérents. On appelle à des rangs chez Qantis, on dirait client dans un autre type d'entreprise, et de discuter avec des entrepreneurs. Parce qu'en fait, à chaque fois qu'on discute avec des gens qui ont cet esprit d'entreprendre, au sens large, pas que des entrepreneurs au sens création d'entreprise, mais des gens qui veulent entreprendre leur vie, quand on est avec des gens qui veulent entreprendre leur vie, finalement, le problème est le début d'une réflexion. et souvent permet de trouver des nouvelles solutions. Encore une fois, dans une PME, finalement, trouver des solutions innovantes aux problèmes, c'est notre job. Et donc, j'aime travailler avec des gens qui ont cet esprit entrepreneur parce qu'ensemble, on essaie de trouver des nouvelles solutions aux problèmes que l'on rencontre tous les jours.

  • GSM

    OK. Et donc, on pense que les gens vont être de plus en plus entrepreneurs.

  • SG

    C'est ça ou pas ? Je l'espère. Je l'espère. Mon engagement au CJD avant et à la CPME maintenant est effectivement très porté par cela. Mon programme dans cette campagne, c'est le réflexe PME. Je pense que c'est en donnant le réflexe PME aux Français et le réflexe d'entreprendre que nous fondons notre pays un pays plus riche au sens complet du terme, plus riche au niveau social, de ses relations sociales et plus riche de perspectives joyeuses.

  • GSM

    joyeuse, désirable, une planète désirable. Écoute, Gaëtan, je te remercie pour notre échange qui était direct. Franck, alors, j'aurais pu terminer par une citation du style Seul, on va plus vite, ensemble, on va plus loin mais bon, c'était un peu trop simple. Du coup, j'ai préféré quelque chose de moins connu, un peu plus méditatif, qui est Le secret d'une bonne équipe, c'est de savoir que le génie collectif peut venir de quelqu'un qui a oublié de lire la notice Excellent,

  • SG

    j'adore.

  • GSM

    Écoute, merci, à bientôt.

  • SG

    Merci.

Description

Centrale d’achats externalisée pour les entreprises, Qantis s’est donné comme mission dès l’origine de faire travailler ensemble au service du collectif, en créant des alliances, des groupements, en fédérant son écosystème. Le CAP 2030 que s’est fixé Gaëtan de Sainte Marie, via son entreprise, c’est avant tout d’avoir un impact sur les 35 000 PME qui en sont membres, en agissant ensemble pour mettre l'économie au service du vivant et trouver des solutions.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • SG

    Bonjour, bienvenue sur Échos de territoires, le podcast inspirant de la Convention des entreprises pour le climat, qui donne la parole aux acteurs engagés et passionnés qui construisent l'économie régénérative de demain. Je suis Stéphane Gonzalez, alumné de la promotion 2023, et je vous emmène sur les territoires du bassin lyonnais et des Alpes, à la rencontre de dirigeants et de dirigeantes qui contribuent à dessiner les contours d'un avenir durable. Alors aujourd'hui, nous avons la chance, je ne suis pas venu en vélo, mais nous avons la chance de venir à la rencontre du dirigeant écofondateur. d'une belle aventure lyonnaise, le groupe Qantis. Ce dirigeant, c'est Gaëtan de Sainte-Marie, avec qui nous allons échanger sur son engagement vers l'économie dite régénérative. Alors Gaëtan, bonjour.

  • GSM

    Bonjour Stéphane.

  • SG

    Bon, tu m'as fait faire mon bilan carbone à l'entrée et je suis venu en voiture. Manque de pot, c'est pas bon. Est-ce qu'on peut se tutoyer ?

  • GSM

    Bien entendu, avec plaisir.

  • SG

    Voilà, même si sur ma route, franchement, de dirigeant, même de président d'association de PME, j'ai souvent croisé PME Centrale. qui était l'ancien nom de Cantis. On ne s'est jamais vraiment rencontrés. Donc, je suis très heureux ce soir de pouvoir échanger avec toi sur ce sujet et sur tous les engagements de ton entreprise. Donc, ce que je te propose déjà, c'est de nous présenter Cantis.

  • GSM

    Écoute Stéphane, d'abord, merci d'être venu à notre rencontre et effectivement visiter nos locaux de Limonnet à côté de Lyon. Alors Qantis, effectivement, comme tu disais, son premier nom, ça a été PME Centrale. C'est une entreprise que j'ai créée avec les premières entreprises adhérentes il y a maintenant 23 ans. On a changé de nom il y a quelques années parce que dans notre stratégie, nous allons vers l'international et PME Centrale, c'est un peu trop français. Et donc, c'est une entreprise que j'ai créée au départ avec quatre grosses PME ETI de la région lyonnaise, du bâtiment et les travaux publics, avec pour esprit de se dire ce que font les grandes entreprises et parfois extrêmement performant,et finalement, les PME, les ETI, les TPE, quand elles arrivent à se regrouper, peuvent faire des choses. aussi performantes. Mais le tout, c'est de se regrouper et c'est de faire ensemble. Et donc, c'est comme ça qu'on a lancé Qantis en 2001, avec comme premier axe de mutualiser les achats de nos entreprises. Et donc, c'est ce que nous faisons aujourd'hui, puisque chez Qantis, nous regroupons en France 35 000 artisans TPE, PME, ETI de tous les secteurs d'activité, du BTP à l'industrie, des services au commerce ou la santé. Et nous négocions avec des fournisseurs, des grands fournisseurs tels que Renault, Peugeot ou Adéco ou Loxam, des accords cadres. Un accord cadre, ça permet à une PME, qu'elle soit à Lyon, à Bordeaux ou à Nantes, d'aller acheter directement chez son fournisseur local, mais en bénéficiant de conditions négociées au niveau national. Et donc, à une PME d'acheter directement chez son fournisseur à côté de chez elle, tout en bénéficiant de conditions nationales et donc du poids de l'ensemble de ses achats. Aujourd'hui, ces achats représentent 350 millions d'euros par an, auprès de 200 fournisseurs. Et nos adhérents font en moyenne 27 % d'économies sur leurs achats. La manière dont nous négocions est intéressante, puisque c'est là qu'on rentre pleinement dans ce qu'on appelle le collaboratif chez Qantis. Puisque dans les salariés de Qantis, aujourd'hui il y a 70 salariés chez Qantis, nous n'avons pas d'acheteurs. Pourquoi ? Parce que dans les 35 000 entreprises qui sont adhérentes de Qantis, certaines, les grosses PME, les ETI, ont des acheteurs. Et un de nos métiers, c'est de regrouper ces acheteurs ensemble et c'est de les faire travailler ensemble au service du collectif. Ce qui fait que notre adhérent de Clermont-Ferrand, qui va utiliser un accord cadre, notre accord cadre avec SFR par exemple, va utiliser un accord qui a été négocié par des gens qui savent de quoi ils parlent, puisque ce sont eux qui vont être les premiers à les utiliser dans leurs entreprises, après la négociation. Et donc, bien négocier, ça veut dire bien entendu pas que le prix. mais aussi la qualité de service, la qualité du fournisseur, bref, tout ce qui fait un acte d'achat complet. Et nous sommes extrêmement attentifs à ça depuis le début. Et puis, quand il s'est développé, donc au départ, je l'ai dit sur les achats, mais finalement, on s'est rendu compte qu'à partir du moment où des PME ont une problématique en commun et qu'elles se disent qu'ensemble, elles pourraient résoudre ce problème, eh bien, notre métier du collaboratif pouvait s'appliquer. Et donc, aujourd'hui, nous accompagnons un certain nombre de réseaux d'entreprises, d'alliances d'entreprises, de groupements d'entreprises, de coopératives autour de sujets comme les RH, les RSE, le digital. Et donc, nous élargissons au fur et à mesure le spectre de QANTIS en termes d'activité.

  • SG

    On va bien voir que c'est déjà ce qui pointe, c'est votre point fort, c'est quand même votre écosystème. C'est ça l'intérêt.

  • GSM

    En fait, c'est ça qui me fait lever le matin, c'est notre écosystème de PME. Le point dont je suis le plus fier, c'est que cet écosystème, il reste adhérent. C'est-à-dire qu'on n'a quasiment pas de départ d'une année sur l'autre. Les gens qui quittent notre écosystème, c'est malheureusement des gens qui déposent le bilan ou malheureusement des gens qui se font racheter par des grosses entreprises et donc sont obligées de quitter l'écosystème Qantis. Mais pour le reste, nos adhérents restent adhérents. Et ça, c'est une grande fierté parce que ça veut dire que ce que l'on fait, c'est efficace et qu'on est loin de l'idée parfois un peu bisounours de se dire on se regroupe et on verra bien ce que ça donne. Non, non, se regrouper, créer des alliances, créer des groupements, ça peut être extrêmement efficace, ça peut être extrêmement performant. Et c'est ce que nous démontrons depuis 23 ans avec Qantis.

  • SG

    Ok, du coup, on pourrait parler pendant une heure de Qantis, évidemment, c'est toujours comme ça avec un entrepreneur. Allez, parle-nous un peu de toi quand même.

  • GSM

    Alors moi, je suis tombé dans l'entrepreneuriat très jeune. J'ai créé ma première entreprise, j'avais 24 ans, j'étais en Australie, à Sydney. C'était déjà une entreprise de mutualisation de moyens entre des PME. Elle n'a pas fonctionné, ça a été un échec, mais du coup, j'ai appris énormément pendant cette expérience. Et donc après, j'ai créé Qantis deux ans plus tard en rentrant en France. Entrepreneur parce que depuis que je travaille, j'ai créé plusieurs entreprises. Je suis notamment le co-dirigeant d'un domaine viticole que j'ai racheté avec deux autres associés il y a maintenant cinq ans, dans le Jura. On fait 75 000 bouteilles par an, notamment de vin jaune, de vin de paille. Je suis également un associé engagé dans un certain nombre de start-up. La dernière en lice qui fait un carton en ce moment qui s'appelle Skif, qui est le Waze du ski. aux gens qui vont skier, de se guider sur les pistes. Mais je suis également associé, engagé dans trois boulangeries, par exemple. Et puis, très jeune, je me suis engagé dans les réseaux patronaux. Donc, je suis adhérent de la CPME depuis que j'ai 18 ans. J'ai suivi le président local qui m'avait énormément...

  • SG

    A 18 ans, tu rentres à la CPME ?

  • GSM

    18 ans, parce que le président local est venu faire François Turcat, qui s'appelait, malheureusement, décédé il y a une année maintenant. Il est venu faire une conférence dans mon école. Je suis tombé sous le charme du personnage. Et il se trouve que je m'occupais de la junior entreprise de mon école. Et donc, du coup, il m'a proposé de rentrer à la CPME à cet âge-là. J'étais très impressionné, mais très, très heureux. Et aujourd'hui, à la CPME, je suis vice-président de la CPME du Rhône. Je suis membre du COMEX national, président de la commission numérique de la CPME France également. Et actuellement, candidat à l'élection nationale de la CPME, donc en campagne, puisque l'élection aura lieu le 21 janvier 2025, pour remplacer François Asselin, qui est le président actuel et qui arrive au terme de ses deux mandats. Et puis, j'ai été très longtemps engagé aussi au Centre des Jeunes Dirigeants, le CJD, dont j'ai été le président à Lyon. J'ai été notamment vice-président au niveau international et qui est une organisation extraordinaire pour apprendre son métier de chef d'entreprise et pour apprendre aussi ce qu'est l'engagement. Et une fois qu'on a goûté à l'engagement patronal, on a pris le virus parce que je pense que nous, chefs d'entreprise, on a la responsabilité à partir du moment où nos entreprises se développent, et bien également de voir plus large et de faire avec d'autres pour faire avancer les idées auxquelles on croit, notamment dans les PME, parce que je pense que les PME, elles ont un certain nombre de solutions au maux de notre pays, et donc notre devoir, je pense, quand on peut le faire, c'est de s'y engager pour porter cette voie qui est extrêmement importante, surtout en France, qui est encore malheureusement un pays... où les Français pensent qu'il n'est constitué que de très grandes entreprises, alors que non. Votre boulanger, votre plombier, votre garagiste, c'est un patron de PME. Et il faut le dire et il faut leur donner la parole.

  • SG

    Justement, le patron de PME, il se retrouve lui aussi dans un moment important de changement. Donc, on va parler là, c'était plus simple finalement de nous raconter qui tu étais. Alors, on pourrait rester là très longtemps. Maintenant, tu vas nous parler du régénératif. C'est quand même plus compliqué. Tu le découvres quand, toi, le régénératif ?

  • GSM

    Alors le régénératif, je découvre quand j'entends parler pour la première fois de la CEC, la Convention des entreprises pour le climat. C'était donc il y a probablement deux ans à peu près. C'est Alexandra Mathiolon, la dirigeante de l'entreprise Serfim à Lyon qui m'en parle la première fois, qui venait de faire la première promotion. Et donc la CEC cherchait des entreprises pour participer à la deuxième promotion à Lyon. Et c'est elle qui me dit il faut absolument qu'il y aille avec ce que vous faites chez Qantis depuis toujours. pile poil dans la cible, ça va vous plaire, etc. Et donc, c'est comme ça que j'entends parler pour la première fois du régénératif. Donc, j'avoue que la première fois, quand on m'a dit qu'on va régénérer le vivant avec les entreprises, je me suis un peu gratouillé la tête quand même. Mais ça a été une expérience passionnante, très enrichissante. Et on va probablement revenir sur les différentes étapes, mais je ne regrette pas du tout d'avoir participé, bien sûr, à la CEC.

  • SG

    Et justement, avant la CEC, tu as déjà des convictions, toi ? Tu as déjà des convictions environnementales ?

  • GSM

    Alors moi, j'ai la chance d'être Lyonnais par ma mère, mais Jurassien par mon père, et d'avoir été notamment formé par mon grand-père à l'agriculture, à la viticulture, au vin. Et donc très vite, d'avoir eu un attachement très fort à la terre, à la nature, et finalement d'avoir ce lien presque charnel, je dirais, à la nature, qui est, je pense, très important pour nous, les hommes. Donc, j'ai toujours été sensible au sujet de la planète en tant que telle. Et puis après, à travers mon engagement au Centre des Jeunes Dirigeants, au CJD, le CJD a créé, tout début des années 2000, ce qu'il a appelé à l'époque la performance globale de l'entreprise. La performance globale de l'entreprise, c'est très simple. C'est partir du principe que, pour qu'une entreprise soit véritablement performante, il faut qu'elle sache additionner quatre types de performances. La performance économique, bien entendu, sans laquelle une entreprise ne peut pas se développer. La performance sociale, c'est-à-dire son lien avec ses collaborateurs. La performance sociétale, le lien de l'entreprise avec son territoire. On n'a jamais vu d'entreprise se développer dans le désert, par exemple. Et puis, la performance environnementale. On sait aujourd'hui que notre planète est finie, dans le sens où on ne peut pas puiser indéfiniment dedans. Et que du coup, il faut en prendre soin également pour continuer à développer nos entreprises. Et finalement, cette performance globale, elle m'a guidé dès la création de Qantis. Et j'ai créé Qantis sur ce concept de performance globale, en essayant en permanence d'avoir ce souci, cet équilibre entre ces quatre niveaux de performance. Je ne dis surtout pas que mon entreprise est parfaite et qu'elle est performante globalement en permanence sur tous les sujets. Surtout pas. On sait très bien en tant qu'entrepreneur chez l'entreprise que... Une entreprise, c'est un travail quotidien avec ses lots de réussites et d'échecs, et chaque jour nous le rappelle. Mais j'ai toujours eu cette logique, cette vision, de me dire qu'il fallait que je travaille sur ces quatre piliers, ces quatre axes, si je voulais véritablement créer une entreprise dans la durée, pouvoir la développer et qu'elle se repose sur des piliers solides, et puis petit à petit aller vers notre vision.

  • SG

    Alors si je te pose une colle. C'est quoi l'économie régénérative, alors, si tu m'en donnais une définition ?

  • GSM

    Alors, le régénératif, je trouve que, moi, ce qui m'a le plus éclairé quand on me l'a expliqué, c'est l'histoire du pot de fleurs. Quand un pot de fleurs tombe par terre, se casse, on peut le réparer avec de la colle, éventuellement, mais on verra toujours qu'il a été cassé, parce qu'on verra que les morceaux ont été fêlés, et que même si on a mis de la colle, le vase a été cassé. En revanche... Si je prends un couteau et que je me coupe la peau sur la main par exemple, dans une-deux semaines, la peau sera redevenue comme elle était avant et on ne verra pas que je me suis coupé Pour moi le régénératif c'est ça, c'est la capacité de la nature, d e la peau en particulier sur mon exemple De se régénérer complètement et de faire comme s'il ne s'était rien passé. Et donc l'économie régénérative Alors comme d'ailleurs nous le dit très bien la CEC c'est... extrêmement compliqué dans un certain nombre d'entreprises et des entreprises qui, en fait, ne peuvent pas probablement se situer dans l'entreprise régénérative. Une entreprise de service comme Qantis, si on regarde juste notre périmètre 1, c'est-à-dire notre bureau, nos locaux, notre équipe, nos voitures pour aller chez nos adhérents, chez nos fournisseurs, comment est-ce qu'on peut contribuer à régénérer la planète ? C'est encore une question que je me pose au quotidien, même si, bien entendu, on a des pistes de travail et de réflexion, mais c'est loin d'être parfait. En revanche... Je disais tout à l'heure, je suis également le co-dirigeant d'un domaine viticole. Là-dessus, on peut plus simplement donner des exemples assez concrets. Je donne un exemple assez bateau, mais qui est finalement quand même assez révélateur. Dans nos vignes, dans le Jura, pendant très longtemps, nous utilisions des tracteurs pour entretenir la vigne une grande partie de l'année. Et bien maintenant, pendant une grande partie de l'année, on utilise des moutons. Ça s'appelle l'éco-pâturage. L'avantage du mouton, c'est qu'il va moins écraser la terre, donc il va permettre à la terre d'être plus vivante et notamment de laisser les vers de terre permettre aux racines d'aller plus profond dans la terre, aller chercher de l'eau notamment. Ils vont bien entendu moins polluer qu'un tracteur, ils vont bien entendu apporter de l'engrais naturel, et en cela, on peut se mettre dans une démarche où effectivement, produire du vin peut avoir un impact non pas zéro sur la planète puisqu'avec le régénératif, il s'agit d'aller plus loin, pas avoir un impact zéro, mais un impact positif et donc contribuer à régénérer ce vivant. Et donc, ça fait partie des éléments qu'on essaie de faire également au niveau du domaine viticole.

  • SG

    Là tu t'en es bien sorti. Donc maintenant, tu vas nous en dire un peu plus, justement, sur ta feuille de route, puisque pendant huit mois, vous avez fait du jus de crâne pour Qantis. Alors, comment vous, Qantis, vous allez travailler votre régénératif ?

  • GSM

    On s'est dit chez Qantas, si on se limite à travailler sur Qantis en tant qu'entreprise, comme je le disais, notre bâtiment, notre équipe, nos voitures, on va vite un petit peu tourner en rond. Donc on s'est dit finalement, là où on peut avoir le plus d'impact, c'est sur notre écosystème de 35 000 PME qui sont membres de Qantis. Et donc, si je reprends notre feuille de route, on a notre CAP 2030, je vais vous le lire, parce que c'est une phrase un peu complexe, mais on pourra rentrer dedans après. Donc notre CAP 2030, c'est déterminer à agir ensemble pour mettre l'économie au service du vivant. Pour le préciser, on en a dit, en 2030, Qantis aura engagé son écosystème, donc aujourd'hui nos 35 000 entreprises, d'ici 2030, j'espère qu'elles seront encore plus nombreuses, pour avoir encore plus d'impact, dans une dynamique afin que chacune puisse s'inscrire sur le chemin de l'entreprise infinie. Alors l'entreprise infinie, c'est un concept... que l'on utilise chez Qantis depuis un certain nombre d'années. Alors, c'est très conceptuel, donc on ne va pas rentrer dans tous les détails aujourd'hui, parce qu'il faudrait du temps, mais ce sera l'objet peut-être d'un prochain livre que j'écrirai. L'entreprise infinie, c'est l'addition d'une entreprise qui est désirable, donc désirable aux yeux, bien entendu, de collaborateurs ou de futurs collaborateurs, mais aussi de ses clients, mais aussi de ses fournisseurs, de ses parties prenantes. Donc, être désirable, ça pose des questions à des tas de niveaux différents. C'est une entreprise, l'entreprise infinie, qui est bien entendu régénérative, on vient d'en donner la définition. Et puis c'est bien entendu une entreprise collaborative. Ça c'est mon credo depuis que j'ai créé Qantis. La définition de l'économie collaborative, c'est très simple, c'est faire mieux ensemble. Tu le sais Stéphane, j'ai écrit un bouquin qui est sorti en 2016, qui s'appelle Ensemble on va plus loin, où j'ai cherché à démystifier ce qu'est l'économie collaborative pour des patrons de PME, pour des dirigeants d'entreprises. Parce que trop souvent, notamment à l'époque en France, l'économie collaborative était restreinte à Blablacar et Airbnb, donc plutôt la version B2C. Alors qu'en version B2B, les alliances entre entreprises, les groupements d'entreprises, les coopératives... Aujourd'hui en France, il existe des tas d'initiatives dans tous les départements, dans toutes les régions, d'entrepreneurs, de patrons de PME qui se disent mais finalement... Je sais très bien faire mon métier, mais il y a des sujets sur lesquels je suis moins bon parce que je n'ai pas le temps, parce que je suis plus petit, parce que ceci, parce que cela. Si je me mets avec mes concurrents, si je me mets avec mes clients, si je me mets avec des entreprises qui sont installées autour de la mienne dans ma zone d'activité, peut-être qu'on peut être plus performants ensemble, que ce soit pour acheter ensemble, pour vendre ensemble, pour attirer des talents ensemble, pour communiquer ensemble. Il y a des tas de déclinaisons possibles. Et donc, c'est ça l'économie collaborative, l'entreprise collaborative. Et je pense qu'en plus, en France, nous sommes plutôt en avance sur ces sujets, plutôt ouverts, très ouverts à ces sujets-là. Et ça tombe bien, parce que la nouvelle génération, nos enfants qui font des études en ce moment, etc., mon sentiment, c'est qu'ils ont ça chevillé au corps. D'ailleurs, on le voit bien dans les écoles, dans les universités, de plus en plus, ces jeunes filles, ces jeunes garçons, ils bossent à plusieurs. Et je le vois dans les jeunes qui se lancent, qui créent des boîtes. C'est de plus en plus rare de voir des gens qui se lancent tout seuls. Ils se lancent souvent à plusieurs. Et je trouve que c'est plutôt vivifiant de se dire que ces gens ont cette perspective de se dire peut-être qu'à plusieurs, on sera meilleur, on sera peut-être plus performant, plus fort. Voilà, donc ça, c'est la partie collaborative. Excuse-moi, je me perds. C'est des sujets qui me passionnent. Et donc, peut-être pour être un tout petit peu plus concret, ce Cap 2030... On l'a décliné en quatre leviers de redirection, c'était l'exercice imposé par la CEC. Le premier, c'est formaliser notre engagement en devenant une entreprise à mission. Donc, je peux vous annoncer que Qantis sera prochainement une entreprise à mission. On a mis en place un plan d'action, j'en parlais il y a encore une heure avec une collaboratrice qui dirige ce projet-là pour Qantis. Très important parce que, moi, pendant longtemps, j'ai considéré qu'on n'avait pas besoin de devenir une entreprise à mission. Parce que finalement, notre mission chez Qantis, elle était claire, c'était de réunir les PME pour faire mieux ensemble. Et finalement, j'ai compris, notamment grâce à la CEC, que le fait de devenir une entreprise à mission, de l'affirmer et de le graver dans le marbre, était encore plus engageant pour nous, mais aussi pour les autres. Et donc, c'était probablement une bonne étape aujourd'hui, vu l'âge de l'entreprise, pour aller un cran plus loin dans notre engagement vis-à-vis de nos adhérents, vis-à-vis de nos fournisseurs. Donc ça, c'est le premier levier de redirection, entreprise à mission. Ensuite, le deuxième levier, c'est polliniser notre écosystème par l'intelligence collective pour l'inspirer vers l'entreprise régénérative. Donc, pour le dire peut-être plus simplement, montrer que l'entreprise régénérative, comme on le disait, dans certaines entreprises, ça peut être très compliqué à mettre en œuvre mais malgré tout, c'est une vision engageante et motivante de l'avenir. C'est une vision qui peut permettre peut-être de revoir sa stratégie différemment. C'est une vision qui peut permettre de revoir l'engagement de ses collaborateurs différemment, l'engagement de ses clients ou de ses fournisseurs différemment. Donc, je crois à cette inspiration vers l'entreprise régénérative.

  • SG

    Et est-ce que le rachat de Mix-r, ça rentre dans cette stratégie ?

  • GSM

    Oui, alors ça rentre complètement dans cette stratégie et ça rentre encore un peu plus dans le troisième levier. Non mais c'est parfait, ça me fait la suite. Proposer des solutions qui permettent aux PME de changer et d'adopter des pratiques à impact. Et effectivement, nous avons racheté, il y a maintenant un peu plus d'un an, un petit réseau d'entreprises qui s'appelle Mix-r à Lyon, que d'ailleurs, c'est aussi une annonce que je peux faire, puisque nous sommes en train de changer de nom. Mix-r va prochainement s'appeler Symbiose. Et l'objectif de Mix-r, devenu Symbiose, c'est d'accompagner les entreprises dans leur transition RSE au départ. petit à petit, aller vers le régénératif. Mix-r est un réseau qui avait été créé au départ par cinq entreprises de la région lyonnaise, dont le groupe SEB, donc grosse entreprise, avec un objectif d'embarquer avec elle des PME. Donc aujourd'hui, il y a une centaine de PME qui sont membres de Mix-r, qui devient Symbiose. Et notre ambition, en reprenant Symbiose, ça va être bien entendu d'étendre ce réseau au niveau local, mais également de l'étendre au niveau national. Et donc, c'est une autre annonce que je peux faire, c'est que nous allons très prochainement ouvrir notre premier nouveau point Symbiose à Nice. Et donc, d'ici quelques mois, il existera également un réseau d'entreprises autour de la RSE à Nice. Voilà, donc ça c'est typiquement aussi dans des points très concrets de nos leviers de redirection. Et puis le quatrième et dernier levier de redirection, c'est régénérer le système terre au niveau de l'entreprise Qantis. Donc là, on est vraiment sur notre bâtiment, sur ce qui se passe autour de notre bâtiment. J'ai réalisé, encore une fois, grâce à la CEC, que nous avions un certain nombre d'espaces verts autour de notre bâtiment et que, par exemple, l'eau qui tombe sur cette surface... principalement aujourd'hui tombe sur notre toit ou sur notre parking, et l'eau qui tombe sur notre toit et sur notre parking, en fait, sont redirigées directement dans les canalisations, et donc, d'après ce qu'on m'a expliqué, en deux jours, elles sont dans la Méditerranée. Alors que finalement, puisque nous avons des espaces, nous avons des arbres, cette eau, elle pourrait être utilisée localement, directement. Et pour cela, il suffit de faire quelques aménagements, pas très compliqués et pas très coûteux. Et il se trouve qu'il y a une association à Lyon, qui s'appelle "Qui veut rafraîchir ma ville", dont d'ailleurs Qantis est devenu partenaire, et qui propose de faire ce type d'aménagement pour mieux irriguer ses espaces verts autour de son bâtiment. L'utilité au-delà de la planète et de la Terre, c'est que typiquement, on va par exemple planter deux nouveaux arbres à un endroit stratégique pour nous, un endroit où il fait très très chaud l'été, où les collaborateurs sortent sur cette terrasse mais en été, ils ont du mal à sortir parce qu'il fait trop chaud. On avait acheté des magnifiques parasols, mais qu'on s'est fait voler. Et donc, ces parasols, d'ailleurs, ils étaient peu efficaces parce que finalement, ils faisaient encore très chaud. Alors qu'avec deux arbres, on va rafraîchir considérablement l'atmosphère. Et ça, finalement, c'est à des coûts qui sont extrêmement courts. Et puis en plus, on ne sera pas volé nos arbres. Alors, tous les cas, j'espère pas. Il y a aussi, par exemple, dans les autres choses très, très concrètes, il y a... Maintenant, quelques années, nous avons rehaussé notre bâtiment d'un étage. Nous avons rehaussé le bâtiment avec une extension bois, ce qui nous a permis de refaire toute l'isolation du bâtiment et donc de baisser considérablement la consommation en énergie de notre bâtiment. On n'est pas devenu un bâtiment à énergie positive, puisque c'est un vieux bâtiment, mais on a quand même considérablement réduit notre consommation. Et du coup, j'en ai profité pour faire poser des panneaux solaires sur le toit qui nous permettent aujourd'hui de produire 50 % de l'électricité que nous consommons annuellement et sur un coût qui est assez raisonnable puisque finalement, en une dizaine d'années, on aura rentabilisé cet investissement à travers les économies qu'on fait sur l'énergie. Donc finalement, c'est plutôt à la fois économiquement intéressant et en même temps intéressant pour la planète.

  • SG

    D'accord. Je pense souvent à la question, mais comme tu es un patron très communiquant, à mon avis, ça a été assez facile pour toi. Comment tu embarques tes collaborateurs ? Dans l'aventure, parce que c'est parfois là où on se dit, mais est-ce que ce n'est pas une lubie du patron, ça ?

  • GSM

    Alors, c'est vrai que la première fois qu'avec l'allée Piloncelli, qui était ma planète championne à la CEC, on a parlé à notre comité de direction chez Qantas de la CEC, de l'économie régénérative, de l'entreprise régénérative et de ce qu'on était en train de faire. Ils nous ont quand même regardé en nous disant, qu'est-ce qu'ils font ? J'avais une autre expression qui me faisait, je vais éviter. Et en fait, régulièrement, on les tenait informés des différentes étapes. Et donc, petit à petit, on est passé d'une position de ouh là là, ils sont partis ailleurs à une position finalement, il y a quand même des choses intéressantes Et comme on l'a rendu très concret à la fin, avec la feuille de route, avec des actions très concrètes, j'ai parlé de l'entreprise à mission, on a parlé de Mixer qui devient Symbiose, on a parlé de ce qu'on est en train de faire sur le... la partie l'eau autour du bâtiment. En fait, petit à petit, ils ont vu les implications concrètes de ce qu'on faisait à la CEC. Ça les a intéressés aussi parce qu'on a appris beaucoup de choses que moi, personnellement, je ne savais pas sur ce qui se passe sur notre planète. On lit beaucoup de choses, on entend beaucoup de choses, mais quand vous passez la CEC, c'est quand même une dizaine de jours en totalité sur une année. Vous écoutez des experts, vous travaillez avec des experts, avec d'autres chefs d'entreprise, ça vous nourrit et ça vous rend plus conscient d'un certain nombre de choses. Eh bien, on a essayé de redonner aussi cette matière à notre comité de direction pour les embarquer avec nous. Et puis, petit à petit, on a eu la même méthode avec l'équipe. Et en fait, l'équipe avait lancé spontanément, il y a déjà plusieurs années, un groupe de travail autour de comment on pouvait mieux gérer nos déchets, notre énergie, etc. Donc en fait, ce groupe a été très heureux de pouvoir aller plus loin dans leur démarche. Et donc aujourd'hui, c'est ce groupe-là notamment qui pilote une partie des travaux autour de l'entreprise à mission, par exemple. Donc on a encore du travail, bien entendu, pour embarquer tout le monde. Même moi, parfois, bien sûr, j'ai des doutes sur l'entreprise régénérative parce que ça peut paraître parfois un peu ésotérique, surtout que dans la situation économique dans laquelle nous sommes aujourd'hui, il y a avec... les contraintes budgétaires dont on entend parler énormément en ce moment et qui font peur. On peut parfois se dire, est-ce que tout ça en vaut bien la peine ? Mais je pense que notre responsabilité, malgré tout, de dirigeant, c'est de voir un peu loin. Et si on regarde loin, on a la responsabilité de s'occuper aussi de ces sujets et de ne pas les laisser sur le côté.

  • SG

    Notre mission, c'est peut-être aussi de penser autrement.

  • GSM

    Oui, penser autrement, avoir un pas d'écart. Le CJD m'a bien formé sur ce sujet-là. Mais je crois que penser autrement pour un entrepreneur, en fait, c'est naturel. Parce qu'on n'invente pas, on ne crée pas un nouveau projet, une nouvelle entreprise, si on n'est pas capable de se désaxer par rapport à la manière dont on fait depuis toujours. Parce que finalement, c'est notre travail quotidien de trouver des nouvelles façons de faire, des nouvelles idées, des nouvelles initiatives et d'embarquer des gens avec nous pour le faire. Ce pas de côté, il est important, il est nécessaire. C'est aussi à ça que nous amène l'inspiration vers l'entreprise régénérative.

  • SG

    Justement, la CEC, est-ce que ça t'a changé ? Est-ce que ça a eu un impact ? Forcément.

  • GSM

    Ça a eu un impact, oui, parce que j'avoue que je n'étais pas forcément extrêmement attentif à ces sujets-là avant à titre personnel. Je partais du principe que comme... Je faisais déjà beaucoup de choses dans le Jura autour de ces sujets, finalement je faisais ma part. Et donc je suis effectivement beaucoup plus conscient de ça aujourd'hui. J'essaye de houspiller un peu plus mes enfants aussi sur le sujet, qui contrairement à ce qu'on croit, nos enfants ne sont pas toujours les plus engagés sur ces sujets, très honnêtement. Et donc ça m'a permis de faire de la CEC, d'en parler avec mes collaborateurs, mais d'en parler aussi avec mes enfants. et donc d'avoir des discussions intéressantes sur ce sujet-là. Donc oui, bien sûr, ça change. Les deux premiers jours de la CEC, pendant deux jours, vous entendez des experts qui vous racontent l'état de la planète sans phare sur l'ensemble des sujets, l'énergie, les glaciers, tout un tas de sujets. Au bout de ces deux jours-là, vous êtes chamboulés, véritablement. Moi, j'ai mal dormi pendant une semaine. parce que ça remue, ça brasse. Et je dois même dire que pendant deux jours, je ne devais pas être très agréable parce que j'étais en colère. Et donc, cette colère, il faut la comprendre, il faut l'analyser et puis se dire comment je fais pour la prendre en compte et puis pour la transformer en processus d'action. Et donc, la chance qu'on a, nous, patrons de PME, entrepreneurs, c'est que... On a le pouvoir de faire, on a le pouvoir de changer les choses. On ne peut pas changer le monde tous les jours, mais on peut faire un certain nombre d'actions, on peut mener un certain nombre d'actions, même à petite échelle.

  • SG

    selon l'adage du papillon, peut-être que c'est grâce à toutes ces petites actions, et c'est ce que je crois avec Qanti, c'est notre écosystème d'entreprise, c'est l'addition de toutes ces petites actions qui peut, j'espère, faire véritablement bouger les choses au bout d'un moment.

  • GSM

    Si justement, par rapport à ton écosystème, je devance un peu, est-ce que tu dirais à un dirigeant de PME qui veut se lancer dans l'économie régénérative ?

  • SG

    Je peux te dire que j'ai fait la promotion beaucoup et que dans la promotion actuelle de la CEC, il y a des chefs d'entreprise que j'ai embarqués dans l'histoire. On n'a pas rééchangé avec eux sur ces sujets récemment, mais oui, bien sûr, je suis devenu fervent promoteur. Je parlais tout à l'heure de Bisonours, je vais revenir là-dessus. Je ne suis pas un Bisonours du tout, je suis avant tout un patron de PME. Donc je sais que tout n'est pas possible. Je sais que probablement à la CEC, certaines choses sont un petit peu exagérées, mais ce n'est pas grave. Cette exagération permet, comme on le disait juste avant, aussi de faire ce pas de côté. Et c'est aussi parfois parce qu'on est un peu fou et qu'on pousse un peu trop dans un sens ou dans un autre que finalement, quand on se retourne, on a quand même avancé. Cette action qu'on a faite, cette montée en puissance, contribue à changer les choses. Il y a une jolie phrase là-dessus qui dit il faut viser la lune pour arriver sur les étoiles ou je ne sais plus exactement. Mais bon, voilà, c'est de cet ordre-là. Donc, savoir être un peu foufou parfois pour véritablement avancer concrètement, ça fait partie aussi de nos leviers d'action.

  • GSM

    Sauf que j'imagine qu'il y a beaucoup de dirigeants qui disent non, mais là, t'es gentil, mais moi, il faut d'abord que je paie les salaires. À la fin du mois, c'est ça qui m'intéresse.

  • SG

    Bien sûr, on est bien d'accord que la priorité, ce que je disais tout à l'heure, si je reviens à la performance globale, c'est que si une entreprise est économiquement sous stress, économiquement, je ne sais pas, a perdu des marchés ou a des marges qui se sont énormément affaiblies pour telle ou telle raison, bien entendu que la priorité du dirigeant à ce moment-là, c'est de se concentrer sur sa performance économique. Si l'entreprise n'existe plus, de toute façon, il ne pourra plus rien faire derrière. Mais c'est aussi s'interroger sur ces autres sujets, est aussi un moyen probablement de regarder son entreprise différemment et de la repenser et peut-être de revoir sa stratégie. Je suis depuis toujours fervent militant du fait d'écrire sa stratégie. Une entreprise, dans l'idéal, il faut écrire une stratégie à trois ans, à cinq ans. Écrire une stratégie, ça ne veut pas forcément dire qu'on va atteindre tous les objectifs de cette stratégie, mais ça donne un phare dans le brouillard sur lequel on sait qu'on peut s'aligner régulièrement. Ça n'empêche pas que petit à petit, on peut changer d'axe, aller un peu plus à gauche, un peu plus à droite, en fonction des aléas qui nous tombent dessus toute la journée. Mais le fait d'avoir un cap est extrêmement important. Et pour régénérer sa pensée ou sa façon de penser, penser régénératif peut être un bon moyen de revoir son cap. et de remettre peut-être un cap un peu plus loin.

  • GSM

    Peut-être se poser la question, et on se l'est posé souvent, sur la croissance, ou plutôt croître, prospérer, le temps long. Alors c'est vrai qu'un dirigeant de PME, il est quand même sur le temps long.

  • SG

    Un dirigeant de PME, il ne peut pas être autrement que sur le temps long. S'il est sur le temps court, très vite, il est rattrapé par la réalité. Le patron de PME, il est en permanence connecté à ses collaborateurs, à ses clients, à ses fournisseurs. Et donc, quand il arrive dans son entreprise, il est vraiment... en lien avec le réel, avec le concret. Donc on ne peut pas raconter d'histoire trop longtemps, ça finit par se voir. Et c'est aussi pour ça que je pense que d'ailleurs, aujourd'hui en France, on devrait faire plus confiance aux PME, aux patrons de PME, parce que je pense qu'ils ont des solutions aux problèmes que nous avons. Par exemple, la PME est un endroit où nous savons créer du lien entre les femmes, les hommes, dans les villes, dans les campagnes. Et aujourd'hui en France, on a besoin de lien. La PME est un endroit... où les gens se font confiance en général, où on s'est créé la cohésion sociale. Et on en a besoin forcément beaucoup aujourd'hui en France. La PME est un endroit où on s'est créé la richesse, tenir des budgets dans la durée. Et on voit que tenir un budget dans la durée au niveau de l'État, c'est aussi un sujet. La PME, c'est un endroit où on sait bâtir des stratégies et s'y tenir. Donc on a plein de réponses dans les PME aux problématiques de notre pays. Et donc j'encourage nos élus. à regarder un peu plus la manière dont fonctionnent les PME et écouter un peu plus les dirigeants pour s'en inspirer.

  • GSM

    Voilà, puis on peut rajouter la résilience locale, parce que vous, quand même, finalement, vous êtes dans cette promotion-là du local.

  • SG

    Le local, c'est extrêmement important. Ce que je disais tout à l'heure, on n'a jamais vu d'entreprise se développer dans le désert. Depuis toujours, et d'ailleurs chez Qantas, on est nombreux parmi les dirigeants et les collaborateurs à être engagés dans des associations diverses et variées parce que plus notre territoire est riche, plus les entreprises au sens large vont pouvoir en bénéficier. J'aime bien une phrase qui dit Nous sommes un... Un produit de notre environnement. Donc, entourez-vous de richesses au sens large du terme pour vous enrichir vous-même. Mais pour que le territoire soit riche, il faut y contribuer. Si je refais une analogie avec le vin, si vous ne travaillez pas votre terre, si vous ne faites pas en sorte que votre terre soit riche et puisse respirer, vous ferez du mauvais raisin. Et si vous faites du mauvais raisin, vous ferez du mauvais vin.

  • GSM

    Contribuer, coopérer, ça me parle. On a presque terminé, parce que là, il est tard. On va finir à point de l'heure. Si tu avais trois mots pour caractériser l'économie régénérative ?

  • SG

    Ça va être dur. Ça va être dur, trois mots. Je vais reprendre le titre de mon bouquin. Ensemble, on va plus loin. Ça fait quatre ans. Bon, OK. Oui, trois mots. Tu l'as dit, coopération, bien sûr. Faire, parce que... Il s'agit d'être dans le faire et pas que dans les belles idées. En fait, je n'en choisirai que deux. Il n'y aura que deux. L'opération et le faire.

  • GSM

    Ça, c'est bien intéressant. Et moi, je dis, ben oui, monsieur, bien sûr. Et si tu avais une baguette magique, tu pouvais changer la règle du jeu économique, tu changerais quoi ?

  • SG

    Je ferais en sorte que la totalité des entreprises soient des entreprises patrimoniales, familiales. Dans une entreprise dont le dirigeant est propriétaire, donc il est à la fois propriétaire mais également dirigeant de son entreprise, impliqué dans les opérations au quotidien, on est obligé d'être, ce qu'on disait tout à l'heure, équilibré entre la performance économique, la performance sociale, la performance sociétale, la performance environnementale, parce que si on tire trop dans un sens ou dans un autre... on finit par se casser la figure. Donc, si j'avais une baguette magique, je ferais en sorte que la plus grande partie des entreprises soient des entreprises familiales, patrimoniales.

  • GSM

    OK. Et qu'est-ce qui te rend confiant dans l'avenir ? En général, un dirigeant entrepreneur est toujours confiant. C'est bien ça, son problème.

  • SG

    C'est de discuter avec mes collaborateurs, de discuter avec mes adhérents. On appelle à des rangs chez Qantis, on dirait client dans un autre type d'entreprise, et de discuter avec des entrepreneurs. Parce qu'en fait, à chaque fois qu'on discute avec des gens qui ont cet esprit d'entreprendre, au sens large, pas que des entrepreneurs au sens création d'entreprise, mais des gens qui veulent entreprendre leur vie, quand on est avec des gens qui veulent entreprendre leur vie, finalement, le problème est le début d'une réflexion. et souvent permet de trouver des nouvelles solutions. Encore une fois, dans une PME, finalement, trouver des solutions innovantes aux problèmes, c'est notre job. Et donc, j'aime travailler avec des gens qui ont cet esprit entrepreneur parce qu'ensemble, on essaie de trouver des nouvelles solutions aux problèmes que l'on rencontre tous les jours.

  • GSM

    OK. Et donc, on pense que les gens vont être de plus en plus entrepreneurs.

  • SG

    C'est ça ou pas ? Je l'espère. Je l'espère. Mon engagement au CJD avant et à la CPME maintenant est effectivement très porté par cela. Mon programme dans cette campagne, c'est le réflexe PME. Je pense que c'est en donnant le réflexe PME aux Français et le réflexe d'entreprendre que nous fondons notre pays un pays plus riche au sens complet du terme, plus riche au niveau social, de ses relations sociales et plus riche de perspectives joyeuses.

  • GSM

    joyeuse, désirable, une planète désirable. Écoute, Gaëtan, je te remercie pour notre échange qui était direct. Franck, alors, j'aurais pu terminer par une citation du style Seul, on va plus vite, ensemble, on va plus loin mais bon, c'était un peu trop simple. Du coup, j'ai préféré quelque chose de moins connu, un peu plus méditatif, qui est Le secret d'une bonne équipe, c'est de savoir que le génie collectif peut venir de quelqu'un qui a oublié de lire la notice Excellent,

  • SG

    j'adore.

  • GSM

    Écoute, merci, à bientôt.

  • SG

    Merci.

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Description

Centrale d’achats externalisée pour les entreprises, Qantis s’est donné comme mission dès l’origine de faire travailler ensemble au service du collectif, en créant des alliances, des groupements, en fédérant son écosystème. Le CAP 2030 que s’est fixé Gaëtan de Sainte Marie, via son entreprise, c’est avant tout d’avoir un impact sur les 35 000 PME qui en sont membres, en agissant ensemble pour mettre l'économie au service du vivant et trouver des solutions.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • SG

    Bonjour, bienvenue sur Échos de territoires, le podcast inspirant de la Convention des entreprises pour le climat, qui donne la parole aux acteurs engagés et passionnés qui construisent l'économie régénérative de demain. Je suis Stéphane Gonzalez, alumné de la promotion 2023, et je vous emmène sur les territoires du bassin lyonnais et des Alpes, à la rencontre de dirigeants et de dirigeantes qui contribuent à dessiner les contours d'un avenir durable. Alors aujourd'hui, nous avons la chance, je ne suis pas venu en vélo, mais nous avons la chance de venir à la rencontre du dirigeant écofondateur. d'une belle aventure lyonnaise, le groupe Qantis. Ce dirigeant, c'est Gaëtan de Sainte-Marie, avec qui nous allons échanger sur son engagement vers l'économie dite régénérative. Alors Gaëtan, bonjour.

  • GSM

    Bonjour Stéphane.

  • SG

    Bon, tu m'as fait faire mon bilan carbone à l'entrée et je suis venu en voiture. Manque de pot, c'est pas bon. Est-ce qu'on peut se tutoyer ?

  • GSM

    Bien entendu, avec plaisir.

  • SG

    Voilà, même si sur ma route, franchement, de dirigeant, même de président d'association de PME, j'ai souvent croisé PME Centrale. qui était l'ancien nom de Cantis. On ne s'est jamais vraiment rencontrés. Donc, je suis très heureux ce soir de pouvoir échanger avec toi sur ce sujet et sur tous les engagements de ton entreprise. Donc, ce que je te propose déjà, c'est de nous présenter Cantis.

  • GSM

    Écoute Stéphane, d'abord, merci d'être venu à notre rencontre et effectivement visiter nos locaux de Limonnet à côté de Lyon. Alors Qantis, effectivement, comme tu disais, son premier nom, ça a été PME Centrale. C'est une entreprise que j'ai créée avec les premières entreprises adhérentes il y a maintenant 23 ans. On a changé de nom il y a quelques années parce que dans notre stratégie, nous allons vers l'international et PME Centrale, c'est un peu trop français. Et donc, c'est une entreprise que j'ai créée au départ avec quatre grosses PME ETI de la région lyonnaise, du bâtiment et les travaux publics, avec pour esprit de se dire ce que font les grandes entreprises et parfois extrêmement performant,et finalement, les PME, les ETI, les TPE, quand elles arrivent à se regrouper, peuvent faire des choses. aussi performantes. Mais le tout, c'est de se regrouper et c'est de faire ensemble. Et donc, c'est comme ça qu'on a lancé Qantis en 2001, avec comme premier axe de mutualiser les achats de nos entreprises. Et donc, c'est ce que nous faisons aujourd'hui, puisque chez Qantis, nous regroupons en France 35 000 artisans TPE, PME, ETI de tous les secteurs d'activité, du BTP à l'industrie, des services au commerce ou la santé. Et nous négocions avec des fournisseurs, des grands fournisseurs tels que Renault, Peugeot ou Adéco ou Loxam, des accords cadres. Un accord cadre, ça permet à une PME, qu'elle soit à Lyon, à Bordeaux ou à Nantes, d'aller acheter directement chez son fournisseur local, mais en bénéficiant de conditions négociées au niveau national. Et donc, à une PME d'acheter directement chez son fournisseur à côté de chez elle, tout en bénéficiant de conditions nationales et donc du poids de l'ensemble de ses achats. Aujourd'hui, ces achats représentent 350 millions d'euros par an, auprès de 200 fournisseurs. Et nos adhérents font en moyenne 27 % d'économies sur leurs achats. La manière dont nous négocions est intéressante, puisque c'est là qu'on rentre pleinement dans ce qu'on appelle le collaboratif chez Qantis. Puisque dans les salariés de Qantis, aujourd'hui il y a 70 salariés chez Qantis, nous n'avons pas d'acheteurs. Pourquoi ? Parce que dans les 35 000 entreprises qui sont adhérentes de Qantis, certaines, les grosses PME, les ETI, ont des acheteurs. Et un de nos métiers, c'est de regrouper ces acheteurs ensemble et c'est de les faire travailler ensemble au service du collectif. Ce qui fait que notre adhérent de Clermont-Ferrand, qui va utiliser un accord cadre, notre accord cadre avec SFR par exemple, va utiliser un accord qui a été négocié par des gens qui savent de quoi ils parlent, puisque ce sont eux qui vont être les premiers à les utiliser dans leurs entreprises, après la négociation. Et donc, bien négocier, ça veut dire bien entendu pas que le prix. mais aussi la qualité de service, la qualité du fournisseur, bref, tout ce qui fait un acte d'achat complet. Et nous sommes extrêmement attentifs à ça depuis le début. Et puis, quand il s'est développé, donc au départ, je l'ai dit sur les achats, mais finalement, on s'est rendu compte qu'à partir du moment où des PME ont une problématique en commun et qu'elles se disent qu'ensemble, elles pourraient résoudre ce problème, eh bien, notre métier du collaboratif pouvait s'appliquer. Et donc, aujourd'hui, nous accompagnons un certain nombre de réseaux d'entreprises, d'alliances d'entreprises, de groupements d'entreprises, de coopératives autour de sujets comme les RH, les RSE, le digital. Et donc, nous élargissons au fur et à mesure le spectre de QANTIS en termes d'activité.

  • SG

    On va bien voir que c'est déjà ce qui pointe, c'est votre point fort, c'est quand même votre écosystème. C'est ça l'intérêt.

  • GSM

    En fait, c'est ça qui me fait lever le matin, c'est notre écosystème de PME. Le point dont je suis le plus fier, c'est que cet écosystème, il reste adhérent. C'est-à-dire qu'on n'a quasiment pas de départ d'une année sur l'autre. Les gens qui quittent notre écosystème, c'est malheureusement des gens qui déposent le bilan ou malheureusement des gens qui se font racheter par des grosses entreprises et donc sont obligées de quitter l'écosystème Qantis. Mais pour le reste, nos adhérents restent adhérents. Et ça, c'est une grande fierté parce que ça veut dire que ce que l'on fait, c'est efficace et qu'on est loin de l'idée parfois un peu bisounours de se dire on se regroupe et on verra bien ce que ça donne. Non, non, se regrouper, créer des alliances, créer des groupements, ça peut être extrêmement efficace, ça peut être extrêmement performant. Et c'est ce que nous démontrons depuis 23 ans avec Qantis.

  • SG

    Ok, du coup, on pourrait parler pendant une heure de Qantis, évidemment, c'est toujours comme ça avec un entrepreneur. Allez, parle-nous un peu de toi quand même.

  • GSM

    Alors moi, je suis tombé dans l'entrepreneuriat très jeune. J'ai créé ma première entreprise, j'avais 24 ans, j'étais en Australie, à Sydney. C'était déjà une entreprise de mutualisation de moyens entre des PME. Elle n'a pas fonctionné, ça a été un échec, mais du coup, j'ai appris énormément pendant cette expérience. Et donc après, j'ai créé Qantis deux ans plus tard en rentrant en France. Entrepreneur parce que depuis que je travaille, j'ai créé plusieurs entreprises. Je suis notamment le co-dirigeant d'un domaine viticole que j'ai racheté avec deux autres associés il y a maintenant cinq ans, dans le Jura. On fait 75 000 bouteilles par an, notamment de vin jaune, de vin de paille. Je suis également un associé engagé dans un certain nombre de start-up. La dernière en lice qui fait un carton en ce moment qui s'appelle Skif, qui est le Waze du ski. aux gens qui vont skier, de se guider sur les pistes. Mais je suis également associé, engagé dans trois boulangeries, par exemple. Et puis, très jeune, je me suis engagé dans les réseaux patronaux. Donc, je suis adhérent de la CPME depuis que j'ai 18 ans. J'ai suivi le président local qui m'avait énormément...

  • SG

    A 18 ans, tu rentres à la CPME ?

  • GSM

    18 ans, parce que le président local est venu faire François Turcat, qui s'appelait, malheureusement, décédé il y a une année maintenant. Il est venu faire une conférence dans mon école. Je suis tombé sous le charme du personnage. Et il se trouve que je m'occupais de la junior entreprise de mon école. Et donc, du coup, il m'a proposé de rentrer à la CPME à cet âge-là. J'étais très impressionné, mais très, très heureux. Et aujourd'hui, à la CPME, je suis vice-président de la CPME du Rhône. Je suis membre du COMEX national, président de la commission numérique de la CPME France également. Et actuellement, candidat à l'élection nationale de la CPME, donc en campagne, puisque l'élection aura lieu le 21 janvier 2025, pour remplacer François Asselin, qui est le président actuel et qui arrive au terme de ses deux mandats. Et puis, j'ai été très longtemps engagé aussi au Centre des Jeunes Dirigeants, le CJD, dont j'ai été le président à Lyon. J'ai été notamment vice-président au niveau international et qui est une organisation extraordinaire pour apprendre son métier de chef d'entreprise et pour apprendre aussi ce qu'est l'engagement. Et une fois qu'on a goûté à l'engagement patronal, on a pris le virus parce que je pense que nous, chefs d'entreprise, on a la responsabilité à partir du moment où nos entreprises se développent, et bien également de voir plus large et de faire avec d'autres pour faire avancer les idées auxquelles on croit, notamment dans les PME, parce que je pense que les PME, elles ont un certain nombre de solutions au maux de notre pays, et donc notre devoir, je pense, quand on peut le faire, c'est de s'y engager pour porter cette voie qui est extrêmement importante, surtout en France, qui est encore malheureusement un pays... où les Français pensent qu'il n'est constitué que de très grandes entreprises, alors que non. Votre boulanger, votre plombier, votre garagiste, c'est un patron de PME. Et il faut le dire et il faut leur donner la parole.

  • SG

    Justement, le patron de PME, il se retrouve lui aussi dans un moment important de changement. Donc, on va parler là, c'était plus simple finalement de nous raconter qui tu étais. Alors, on pourrait rester là très longtemps. Maintenant, tu vas nous parler du régénératif. C'est quand même plus compliqué. Tu le découvres quand, toi, le régénératif ?

  • GSM

    Alors le régénératif, je découvre quand j'entends parler pour la première fois de la CEC, la Convention des entreprises pour le climat. C'était donc il y a probablement deux ans à peu près. C'est Alexandra Mathiolon, la dirigeante de l'entreprise Serfim à Lyon qui m'en parle la première fois, qui venait de faire la première promotion. Et donc la CEC cherchait des entreprises pour participer à la deuxième promotion à Lyon. Et c'est elle qui me dit il faut absolument qu'il y aille avec ce que vous faites chez Qantis depuis toujours. pile poil dans la cible, ça va vous plaire, etc. Et donc, c'est comme ça que j'entends parler pour la première fois du régénératif. Donc, j'avoue que la première fois, quand on m'a dit qu'on va régénérer le vivant avec les entreprises, je me suis un peu gratouillé la tête quand même. Mais ça a été une expérience passionnante, très enrichissante. Et on va probablement revenir sur les différentes étapes, mais je ne regrette pas du tout d'avoir participé, bien sûr, à la CEC.

  • SG

    Et justement, avant la CEC, tu as déjà des convictions, toi ? Tu as déjà des convictions environnementales ?

  • GSM

    Alors moi, j'ai la chance d'être Lyonnais par ma mère, mais Jurassien par mon père, et d'avoir été notamment formé par mon grand-père à l'agriculture, à la viticulture, au vin. Et donc très vite, d'avoir eu un attachement très fort à la terre, à la nature, et finalement d'avoir ce lien presque charnel, je dirais, à la nature, qui est, je pense, très important pour nous, les hommes. Donc, j'ai toujours été sensible au sujet de la planète en tant que telle. Et puis après, à travers mon engagement au Centre des Jeunes Dirigeants, au CJD, le CJD a créé, tout début des années 2000, ce qu'il a appelé à l'époque la performance globale de l'entreprise. La performance globale de l'entreprise, c'est très simple. C'est partir du principe que, pour qu'une entreprise soit véritablement performante, il faut qu'elle sache additionner quatre types de performances. La performance économique, bien entendu, sans laquelle une entreprise ne peut pas se développer. La performance sociale, c'est-à-dire son lien avec ses collaborateurs. La performance sociétale, le lien de l'entreprise avec son territoire. On n'a jamais vu d'entreprise se développer dans le désert, par exemple. Et puis, la performance environnementale. On sait aujourd'hui que notre planète est finie, dans le sens où on ne peut pas puiser indéfiniment dedans. Et que du coup, il faut en prendre soin également pour continuer à développer nos entreprises. Et finalement, cette performance globale, elle m'a guidé dès la création de Qantis. Et j'ai créé Qantis sur ce concept de performance globale, en essayant en permanence d'avoir ce souci, cet équilibre entre ces quatre niveaux de performance. Je ne dis surtout pas que mon entreprise est parfaite et qu'elle est performante globalement en permanence sur tous les sujets. Surtout pas. On sait très bien en tant qu'entrepreneur chez l'entreprise que... Une entreprise, c'est un travail quotidien avec ses lots de réussites et d'échecs, et chaque jour nous le rappelle. Mais j'ai toujours eu cette logique, cette vision, de me dire qu'il fallait que je travaille sur ces quatre piliers, ces quatre axes, si je voulais véritablement créer une entreprise dans la durée, pouvoir la développer et qu'elle se repose sur des piliers solides, et puis petit à petit aller vers notre vision.

  • SG

    Alors si je te pose une colle. C'est quoi l'économie régénérative, alors, si tu m'en donnais une définition ?

  • GSM

    Alors, le régénératif, je trouve que, moi, ce qui m'a le plus éclairé quand on me l'a expliqué, c'est l'histoire du pot de fleurs. Quand un pot de fleurs tombe par terre, se casse, on peut le réparer avec de la colle, éventuellement, mais on verra toujours qu'il a été cassé, parce qu'on verra que les morceaux ont été fêlés, et que même si on a mis de la colle, le vase a été cassé. En revanche... Si je prends un couteau et que je me coupe la peau sur la main par exemple, dans une-deux semaines, la peau sera redevenue comme elle était avant et on ne verra pas que je me suis coupé Pour moi le régénératif c'est ça, c'est la capacité de la nature, d e la peau en particulier sur mon exemple De se régénérer complètement et de faire comme s'il ne s'était rien passé. Et donc l'économie régénérative Alors comme d'ailleurs nous le dit très bien la CEC c'est... extrêmement compliqué dans un certain nombre d'entreprises et des entreprises qui, en fait, ne peuvent pas probablement se situer dans l'entreprise régénérative. Une entreprise de service comme Qantis, si on regarde juste notre périmètre 1, c'est-à-dire notre bureau, nos locaux, notre équipe, nos voitures pour aller chez nos adhérents, chez nos fournisseurs, comment est-ce qu'on peut contribuer à régénérer la planète ? C'est encore une question que je me pose au quotidien, même si, bien entendu, on a des pistes de travail et de réflexion, mais c'est loin d'être parfait. En revanche... Je disais tout à l'heure, je suis également le co-dirigeant d'un domaine viticole. Là-dessus, on peut plus simplement donner des exemples assez concrets. Je donne un exemple assez bateau, mais qui est finalement quand même assez révélateur. Dans nos vignes, dans le Jura, pendant très longtemps, nous utilisions des tracteurs pour entretenir la vigne une grande partie de l'année. Et bien maintenant, pendant une grande partie de l'année, on utilise des moutons. Ça s'appelle l'éco-pâturage. L'avantage du mouton, c'est qu'il va moins écraser la terre, donc il va permettre à la terre d'être plus vivante et notamment de laisser les vers de terre permettre aux racines d'aller plus profond dans la terre, aller chercher de l'eau notamment. Ils vont bien entendu moins polluer qu'un tracteur, ils vont bien entendu apporter de l'engrais naturel, et en cela, on peut se mettre dans une démarche où effectivement, produire du vin peut avoir un impact non pas zéro sur la planète puisqu'avec le régénératif, il s'agit d'aller plus loin, pas avoir un impact zéro, mais un impact positif et donc contribuer à régénérer ce vivant. Et donc, ça fait partie des éléments qu'on essaie de faire également au niveau du domaine viticole.

  • SG

    Là tu t'en es bien sorti. Donc maintenant, tu vas nous en dire un peu plus, justement, sur ta feuille de route, puisque pendant huit mois, vous avez fait du jus de crâne pour Qantis. Alors, comment vous, Qantis, vous allez travailler votre régénératif ?

  • GSM

    On s'est dit chez Qantas, si on se limite à travailler sur Qantis en tant qu'entreprise, comme je le disais, notre bâtiment, notre équipe, nos voitures, on va vite un petit peu tourner en rond. Donc on s'est dit finalement, là où on peut avoir le plus d'impact, c'est sur notre écosystème de 35 000 PME qui sont membres de Qantis. Et donc, si je reprends notre feuille de route, on a notre CAP 2030, je vais vous le lire, parce que c'est une phrase un peu complexe, mais on pourra rentrer dedans après. Donc notre CAP 2030, c'est déterminer à agir ensemble pour mettre l'économie au service du vivant. Pour le préciser, on en a dit, en 2030, Qantis aura engagé son écosystème, donc aujourd'hui nos 35 000 entreprises, d'ici 2030, j'espère qu'elles seront encore plus nombreuses, pour avoir encore plus d'impact, dans une dynamique afin que chacune puisse s'inscrire sur le chemin de l'entreprise infinie. Alors l'entreprise infinie, c'est un concept... que l'on utilise chez Qantis depuis un certain nombre d'années. Alors, c'est très conceptuel, donc on ne va pas rentrer dans tous les détails aujourd'hui, parce qu'il faudrait du temps, mais ce sera l'objet peut-être d'un prochain livre que j'écrirai. L'entreprise infinie, c'est l'addition d'une entreprise qui est désirable, donc désirable aux yeux, bien entendu, de collaborateurs ou de futurs collaborateurs, mais aussi de ses clients, mais aussi de ses fournisseurs, de ses parties prenantes. Donc, être désirable, ça pose des questions à des tas de niveaux différents. C'est une entreprise, l'entreprise infinie, qui est bien entendu régénérative, on vient d'en donner la définition. Et puis c'est bien entendu une entreprise collaborative. Ça c'est mon credo depuis que j'ai créé Qantis. La définition de l'économie collaborative, c'est très simple, c'est faire mieux ensemble. Tu le sais Stéphane, j'ai écrit un bouquin qui est sorti en 2016, qui s'appelle Ensemble on va plus loin, où j'ai cherché à démystifier ce qu'est l'économie collaborative pour des patrons de PME, pour des dirigeants d'entreprises. Parce que trop souvent, notamment à l'époque en France, l'économie collaborative était restreinte à Blablacar et Airbnb, donc plutôt la version B2C. Alors qu'en version B2B, les alliances entre entreprises, les groupements d'entreprises, les coopératives... Aujourd'hui en France, il existe des tas d'initiatives dans tous les départements, dans toutes les régions, d'entrepreneurs, de patrons de PME qui se disent mais finalement... Je sais très bien faire mon métier, mais il y a des sujets sur lesquels je suis moins bon parce que je n'ai pas le temps, parce que je suis plus petit, parce que ceci, parce que cela. Si je me mets avec mes concurrents, si je me mets avec mes clients, si je me mets avec des entreprises qui sont installées autour de la mienne dans ma zone d'activité, peut-être qu'on peut être plus performants ensemble, que ce soit pour acheter ensemble, pour vendre ensemble, pour attirer des talents ensemble, pour communiquer ensemble. Il y a des tas de déclinaisons possibles. Et donc, c'est ça l'économie collaborative, l'entreprise collaborative. Et je pense qu'en plus, en France, nous sommes plutôt en avance sur ces sujets, plutôt ouverts, très ouverts à ces sujets-là. Et ça tombe bien, parce que la nouvelle génération, nos enfants qui font des études en ce moment, etc., mon sentiment, c'est qu'ils ont ça chevillé au corps. D'ailleurs, on le voit bien dans les écoles, dans les universités, de plus en plus, ces jeunes filles, ces jeunes garçons, ils bossent à plusieurs. Et je le vois dans les jeunes qui se lancent, qui créent des boîtes. C'est de plus en plus rare de voir des gens qui se lancent tout seuls. Ils se lancent souvent à plusieurs. Et je trouve que c'est plutôt vivifiant de se dire que ces gens ont cette perspective de se dire peut-être qu'à plusieurs, on sera meilleur, on sera peut-être plus performant, plus fort. Voilà, donc ça, c'est la partie collaborative. Excuse-moi, je me perds. C'est des sujets qui me passionnent. Et donc, peut-être pour être un tout petit peu plus concret, ce Cap 2030... On l'a décliné en quatre leviers de redirection, c'était l'exercice imposé par la CEC. Le premier, c'est formaliser notre engagement en devenant une entreprise à mission. Donc, je peux vous annoncer que Qantis sera prochainement une entreprise à mission. On a mis en place un plan d'action, j'en parlais il y a encore une heure avec une collaboratrice qui dirige ce projet-là pour Qantis. Très important parce que, moi, pendant longtemps, j'ai considéré qu'on n'avait pas besoin de devenir une entreprise à mission. Parce que finalement, notre mission chez Qantis, elle était claire, c'était de réunir les PME pour faire mieux ensemble. Et finalement, j'ai compris, notamment grâce à la CEC, que le fait de devenir une entreprise à mission, de l'affirmer et de le graver dans le marbre, était encore plus engageant pour nous, mais aussi pour les autres. Et donc, c'était probablement une bonne étape aujourd'hui, vu l'âge de l'entreprise, pour aller un cran plus loin dans notre engagement vis-à-vis de nos adhérents, vis-à-vis de nos fournisseurs. Donc ça, c'est le premier levier de redirection, entreprise à mission. Ensuite, le deuxième levier, c'est polliniser notre écosystème par l'intelligence collective pour l'inspirer vers l'entreprise régénérative. Donc, pour le dire peut-être plus simplement, montrer que l'entreprise régénérative, comme on le disait, dans certaines entreprises, ça peut être très compliqué à mettre en œuvre mais malgré tout, c'est une vision engageante et motivante de l'avenir. C'est une vision qui peut permettre peut-être de revoir sa stratégie différemment. C'est une vision qui peut permettre de revoir l'engagement de ses collaborateurs différemment, l'engagement de ses clients ou de ses fournisseurs différemment. Donc, je crois à cette inspiration vers l'entreprise régénérative.

  • SG

    Et est-ce que le rachat de Mix-r, ça rentre dans cette stratégie ?

  • GSM

    Oui, alors ça rentre complètement dans cette stratégie et ça rentre encore un peu plus dans le troisième levier. Non mais c'est parfait, ça me fait la suite. Proposer des solutions qui permettent aux PME de changer et d'adopter des pratiques à impact. Et effectivement, nous avons racheté, il y a maintenant un peu plus d'un an, un petit réseau d'entreprises qui s'appelle Mix-r à Lyon, que d'ailleurs, c'est aussi une annonce que je peux faire, puisque nous sommes en train de changer de nom. Mix-r va prochainement s'appeler Symbiose. Et l'objectif de Mix-r, devenu Symbiose, c'est d'accompagner les entreprises dans leur transition RSE au départ. petit à petit, aller vers le régénératif. Mix-r est un réseau qui avait été créé au départ par cinq entreprises de la région lyonnaise, dont le groupe SEB, donc grosse entreprise, avec un objectif d'embarquer avec elle des PME. Donc aujourd'hui, il y a une centaine de PME qui sont membres de Mix-r, qui devient Symbiose. Et notre ambition, en reprenant Symbiose, ça va être bien entendu d'étendre ce réseau au niveau local, mais également de l'étendre au niveau national. Et donc, c'est une autre annonce que je peux faire, c'est que nous allons très prochainement ouvrir notre premier nouveau point Symbiose à Nice. Et donc, d'ici quelques mois, il existera également un réseau d'entreprises autour de la RSE à Nice. Voilà, donc ça c'est typiquement aussi dans des points très concrets de nos leviers de redirection. Et puis le quatrième et dernier levier de redirection, c'est régénérer le système terre au niveau de l'entreprise Qantis. Donc là, on est vraiment sur notre bâtiment, sur ce qui se passe autour de notre bâtiment. J'ai réalisé, encore une fois, grâce à la CEC, que nous avions un certain nombre d'espaces verts autour de notre bâtiment et que, par exemple, l'eau qui tombe sur cette surface... principalement aujourd'hui tombe sur notre toit ou sur notre parking, et l'eau qui tombe sur notre toit et sur notre parking, en fait, sont redirigées directement dans les canalisations, et donc, d'après ce qu'on m'a expliqué, en deux jours, elles sont dans la Méditerranée. Alors que finalement, puisque nous avons des espaces, nous avons des arbres, cette eau, elle pourrait être utilisée localement, directement. Et pour cela, il suffit de faire quelques aménagements, pas très compliqués et pas très coûteux. Et il se trouve qu'il y a une association à Lyon, qui s'appelle "Qui veut rafraîchir ma ville", dont d'ailleurs Qantis est devenu partenaire, et qui propose de faire ce type d'aménagement pour mieux irriguer ses espaces verts autour de son bâtiment. L'utilité au-delà de la planète et de la Terre, c'est que typiquement, on va par exemple planter deux nouveaux arbres à un endroit stratégique pour nous, un endroit où il fait très très chaud l'été, où les collaborateurs sortent sur cette terrasse mais en été, ils ont du mal à sortir parce qu'il fait trop chaud. On avait acheté des magnifiques parasols, mais qu'on s'est fait voler. Et donc, ces parasols, d'ailleurs, ils étaient peu efficaces parce que finalement, ils faisaient encore très chaud. Alors qu'avec deux arbres, on va rafraîchir considérablement l'atmosphère. Et ça, finalement, c'est à des coûts qui sont extrêmement courts. Et puis en plus, on ne sera pas volé nos arbres. Alors, tous les cas, j'espère pas. Il y a aussi, par exemple, dans les autres choses très, très concrètes, il y a... Maintenant, quelques années, nous avons rehaussé notre bâtiment d'un étage. Nous avons rehaussé le bâtiment avec une extension bois, ce qui nous a permis de refaire toute l'isolation du bâtiment et donc de baisser considérablement la consommation en énergie de notre bâtiment. On n'est pas devenu un bâtiment à énergie positive, puisque c'est un vieux bâtiment, mais on a quand même considérablement réduit notre consommation. Et du coup, j'en ai profité pour faire poser des panneaux solaires sur le toit qui nous permettent aujourd'hui de produire 50 % de l'électricité que nous consommons annuellement et sur un coût qui est assez raisonnable puisque finalement, en une dizaine d'années, on aura rentabilisé cet investissement à travers les économies qu'on fait sur l'énergie. Donc finalement, c'est plutôt à la fois économiquement intéressant et en même temps intéressant pour la planète.

  • SG

    D'accord. Je pense souvent à la question, mais comme tu es un patron très communiquant, à mon avis, ça a été assez facile pour toi. Comment tu embarques tes collaborateurs ? Dans l'aventure, parce que c'est parfois là où on se dit, mais est-ce que ce n'est pas une lubie du patron, ça ?

  • GSM

    Alors, c'est vrai que la première fois qu'avec l'allée Piloncelli, qui était ma planète championne à la CEC, on a parlé à notre comité de direction chez Qantas de la CEC, de l'économie régénérative, de l'entreprise régénérative et de ce qu'on était en train de faire. Ils nous ont quand même regardé en nous disant, qu'est-ce qu'ils font ? J'avais une autre expression qui me faisait, je vais éviter. Et en fait, régulièrement, on les tenait informés des différentes étapes. Et donc, petit à petit, on est passé d'une position de ouh là là, ils sont partis ailleurs à une position finalement, il y a quand même des choses intéressantes Et comme on l'a rendu très concret à la fin, avec la feuille de route, avec des actions très concrètes, j'ai parlé de l'entreprise à mission, on a parlé de Mixer qui devient Symbiose, on a parlé de ce qu'on est en train de faire sur le... la partie l'eau autour du bâtiment. En fait, petit à petit, ils ont vu les implications concrètes de ce qu'on faisait à la CEC. Ça les a intéressés aussi parce qu'on a appris beaucoup de choses que moi, personnellement, je ne savais pas sur ce qui se passe sur notre planète. On lit beaucoup de choses, on entend beaucoup de choses, mais quand vous passez la CEC, c'est quand même une dizaine de jours en totalité sur une année. Vous écoutez des experts, vous travaillez avec des experts, avec d'autres chefs d'entreprise, ça vous nourrit et ça vous rend plus conscient d'un certain nombre de choses. Eh bien, on a essayé de redonner aussi cette matière à notre comité de direction pour les embarquer avec nous. Et puis, petit à petit, on a eu la même méthode avec l'équipe. Et en fait, l'équipe avait lancé spontanément, il y a déjà plusieurs années, un groupe de travail autour de comment on pouvait mieux gérer nos déchets, notre énergie, etc. Donc en fait, ce groupe a été très heureux de pouvoir aller plus loin dans leur démarche. Et donc aujourd'hui, c'est ce groupe-là notamment qui pilote une partie des travaux autour de l'entreprise à mission, par exemple. Donc on a encore du travail, bien entendu, pour embarquer tout le monde. Même moi, parfois, bien sûr, j'ai des doutes sur l'entreprise régénérative parce que ça peut paraître parfois un peu ésotérique, surtout que dans la situation économique dans laquelle nous sommes aujourd'hui, il y a avec... les contraintes budgétaires dont on entend parler énormément en ce moment et qui font peur. On peut parfois se dire, est-ce que tout ça en vaut bien la peine ? Mais je pense que notre responsabilité, malgré tout, de dirigeant, c'est de voir un peu loin. Et si on regarde loin, on a la responsabilité de s'occuper aussi de ces sujets et de ne pas les laisser sur le côté.

  • SG

    Notre mission, c'est peut-être aussi de penser autrement.

  • GSM

    Oui, penser autrement, avoir un pas d'écart. Le CJD m'a bien formé sur ce sujet-là. Mais je crois que penser autrement pour un entrepreneur, en fait, c'est naturel. Parce qu'on n'invente pas, on ne crée pas un nouveau projet, une nouvelle entreprise, si on n'est pas capable de se désaxer par rapport à la manière dont on fait depuis toujours. Parce que finalement, c'est notre travail quotidien de trouver des nouvelles façons de faire, des nouvelles idées, des nouvelles initiatives et d'embarquer des gens avec nous pour le faire. Ce pas de côté, il est important, il est nécessaire. C'est aussi à ça que nous amène l'inspiration vers l'entreprise régénérative.

  • SG

    Justement, la CEC, est-ce que ça t'a changé ? Est-ce que ça a eu un impact ? Forcément.

  • GSM

    Ça a eu un impact, oui, parce que j'avoue que je n'étais pas forcément extrêmement attentif à ces sujets-là avant à titre personnel. Je partais du principe que comme... Je faisais déjà beaucoup de choses dans le Jura autour de ces sujets, finalement je faisais ma part. Et donc je suis effectivement beaucoup plus conscient de ça aujourd'hui. J'essaye de houspiller un peu plus mes enfants aussi sur le sujet, qui contrairement à ce qu'on croit, nos enfants ne sont pas toujours les plus engagés sur ces sujets, très honnêtement. Et donc ça m'a permis de faire de la CEC, d'en parler avec mes collaborateurs, mais d'en parler aussi avec mes enfants. et donc d'avoir des discussions intéressantes sur ce sujet-là. Donc oui, bien sûr, ça change. Les deux premiers jours de la CEC, pendant deux jours, vous entendez des experts qui vous racontent l'état de la planète sans phare sur l'ensemble des sujets, l'énergie, les glaciers, tout un tas de sujets. Au bout de ces deux jours-là, vous êtes chamboulés, véritablement. Moi, j'ai mal dormi pendant une semaine. parce que ça remue, ça brasse. Et je dois même dire que pendant deux jours, je ne devais pas être très agréable parce que j'étais en colère. Et donc, cette colère, il faut la comprendre, il faut l'analyser et puis se dire comment je fais pour la prendre en compte et puis pour la transformer en processus d'action. Et donc, la chance qu'on a, nous, patrons de PME, entrepreneurs, c'est que... On a le pouvoir de faire, on a le pouvoir de changer les choses. On ne peut pas changer le monde tous les jours, mais on peut faire un certain nombre d'actions, on peut mener un certain nombre d'actions, même à petite échelle.

  • SG

    selon l'adage du papillon, peut-être que c'est grâce à toutes ces petites actions, et c'est ce que je crois avec Qanti, c'est notre écosystème d'entreprise, c'est l'addition de toutes ces petites actions qui peut, j'espère, faire véritablement bouger les choses au bout d'un moment.

  • GSM

    Si justement, par rapport à ton écosystème, je devance un peu, est-ce que tu dirais à un dirigeant de PME qui veut se lancer dans l'économie régénérative ?

  • SG

    Je peux te dire que j'ai fait la promotion beaucoup et que dans la promotion actuelle de la CEC, il y a des chefs d'entreprise que j'ai embarqués dans l'histoire. On n'a pas rééchangé avec eux sur ces sujets récemment, mais oui, bien sûr, je suis devenu fervent promoteur. Je parlais tout à l'heure de Bisonours, je vais revenir là-dessus. Je ne suis pas un Bisonours du tout, je suis avant tout un patron de PME. Donc je sais que tout n'est pas possible. Je sais que probablement à la CEC, certaines choses sont un petit peu exagérées, mais ce n'est pas grave. Cette exagération permet, comme on le disait juste avant, aussi de faire ce pas de côté. Et c'est aussi parfois parce qu'on est un peu fou et qu'on pousse un peu trop dans un sens ou dans un autre que finalement, quand on se retourne, on a quand même avancé. Cette action qu'on a faite, cette montée en puissance, contribue à changer les choses. Il y a une jolie phrase là-dessus qui dit il faut viser la lune pour arriver sur les étoiles ou je ne sais plus exactement. Mais bon, voilà, c'est de cet ordre-là. Donc, savoir être un peu foufou parfois pour véritablement avancer concrètement, ça fait partie aussi de nos leviers d'action.

  • GSM

    Sauf que j'imagine qu'il y a beaucoup de dirigeants qui disent non, mais là, t'es gentil, mais moi, il faut d'abord que je paie les salaires. À la fin du mois, c'est ça qui m'intéresse.

  • SG

    Bien sûr, on est bien d'accord que la priorité, ce que je disais tout à l'heure, si je reviens à la performance globale, c'est que si une entreprise est économiquement sous stress, économiquement, je ne sais pas, a perdu des marchés ou a des marges qui se sont énormément affaiblies pour telle ou telle raison, bien entendu que la priorité du dirigeant à ce moment-là, c'est de se concentrer sur sa performance économique. Si l'entreprise n'existe plus, de toute façon, il ne pourra plus rien faire derrière. Mais c'est aussi s'interroger sur ces autres sujets, est aussi un moyen probablement de regarder son entreprise différemment et de la repenser et peut-être de revoir sa stratégie. Je suis depuis toujours fervent militant du fait d'écrire sa stratégie. Une entreprise, dans l'idéal, il faut écrire une stratégie à trois ans, à cinq ans. Écrire une stratégie, ça ne veut pas forcément dire qu'on va atteindre tous les objectifs de cette stratégie, mais ça donne un phare dans le brouillard sur lequel on sait qu'on peut s'aligner régulièrement. Ça n'empêche pas que petit à petit, on peut changer d'axe, aller un peu plus à gauche, un peu plus à droite, en fonction des aléas qui nous tombent dessus toute la journée. Mais le fait d'avoir un cap est extrêmement important. Et pour régénérer sa pensée ou sa façon de penser, penser régénératif peut être un bon moyen de revoir son cap. et de remettre peut-être un cap un peu plus loin.

  • GSM

    Peut-être se poser la question, et on se l'est posé souvent, sur la croissance, ou plutôt croître, prospérer, le temps long. Alors c'est vrai qu'un dirigeant de PME, il est quand même sur le temps long.

  • SG

    Un dirigeant de PME, il ne peut pas être autrement que sur le temps long. S'il est sur le temps court, très vite, il est rattrapé par la réalité. Le patron de PME, il est en permanence connecté à ses collaborateurs, à ses clients, à ses fournisseurs. Et donc, quand il arrive dans son entreprise, il est vraiment... en lien avec le réel, avec le concret. Donc on ne peut pas raconter d'histoire trop longtemps, ça finit par se voir. Et c'est aussi pour ça que je pense que d'ailleurs, aujourd'hui en France, on devrait faire plus confiance aux PME, aux patrons de PME, parce que je pense qu'ils ont des solutions aux problèmes que nous avons. Par exemple, la PME est un endroit où nous savons créer du lien entre les femmes, les hommes, dans les villes, dans les campagnes. Et aujourd'hui en France, on a besoin de lien. La PME est un endroit... où les gens se font confiance en général, où on s'est créé la cohésion sociale. Et on en a besoin forcément beaucoup aujourd'hui en France. La PME est un endroit où on s'est créé la richesse, tenir des budgets dans la durée. Et on voit que tenir un budget dans la durée au niveau de l'État, c'est aussi un sujet. La PME, c'est un endroit où on sait bâtir des stratégies et s'y tenir. Donc on a plein de réponses dans les PME aux problématiques de notre pays. Et donc j'encourage nos élus. à regarder un peu plus la manière dont fonctionnent les PME et écouter un peu plus les dirigeants pour s'en inspirer.

  • GSM

    Voilà, puis on peut rajouter la résilience locale, parce que vous, quand même, finalement, vous êtes dans cette promotion-là du local.

  • SG

    Le local, c'est extrêmement important. Ce que je disais tout à l'heure, on n'a jamais vu d'entreprise se développer dans le désert. Depuis toujours, et d'ailleurs chez Qantas, on est nombreux parmi les dirigeants et les collaborateurs à être engagés dans des associations diverses et variées parce que plus notre territoire est riche, plus les entreprises au sens large vont pouvoir en bénéficier. J'aime bien une phrase qui dit Nous sommes un... Un produit de notre environnement. Donc, entourez-vous de richesses au sens large du terme pour vous enrichir vous-même. Mais pour que le territoire soit riche, il faut y contribuer. Si je refais une analogie avec le vin, si vous ne travaillez pas votre terre, si vous ne faites pas en sorte que votre terre soit riche et puisse respirer, vous ferez du mauvais raisin. Et si vous faites du mauvais raisin, vous ferez du mauvais vin.

  • GSM

    Contribuer, coopérer, ça me parle. On a presque terminé, parce que là, il est tard. On va finir à point de l'heure. Si tu avais trois mots pour caractériser l'économie régénérative ?

  • SG

    Ça va être dur. Ça va être dur, trois mots. Je vais reprendre le titre de mon bouquin. Ensemble, on va plus loin. Ça fait quatre ans. Bon, OK. Oui, trois mots. Tu l'as dit, coopération, bien sûr. Faire, parce que... Il s'agit d'être dans le faire et pas que dans les belles idées. En fait, je n'en choisirai que deux. Il n'y aura que deux. L'opération et le faire.

  • GSM

    Ça, c'est bien intéressant. Et moi, je dis, ben oui, monsieur, bien sûr. Et si tu avais une baguette magique, tu pouvais changer la règle du jeu économique, tu changerais quoi ?

  • SG

    Je ferais en sorte que la totalité des entreprises soient des entreprises patrimoniales, familiales. Dans une entreprise dont le dirigeant est propriétaire, donc il est à la fois propriétaire mais également dirigeant de son entreprise, impliqué dans les opérations au quotidien, on est obligé d'être, ce qu'on disait tout à l'heure, équilibré entre la performance économique, la performance sociale, la performance sociétale, la performance environnementale, parce que si on tire trop dans un sens ou dans un autre... on finit par se casser la figure. Donc, si j'avais une baguette magique, je ferais en sorte que la plus grande partie des entreprises soient des entreprises familiales, patrimoniales.

  • GSM

    OK. Et qu'est-ce qui te rend confiant dans l'avenir ? En général, un dirigeant entrepreneur est toujours confiant. C'est bien ça, son problème.

  • SG

    C'est de discuter avec mes collaborateurs, de discuter avec mes adhérents. On appelle à des rangs chez Qantis, on dirait client dans un autre type d'entreprise, et de discuter avec des entrepreneurs. Parce qu'en fait, à chaque fois qu'on discute avec des gens qui ont cet esprit d'entreprendre, au sens large, pas que des entrepreneurs au sens création d'entreprise, mais des gens qui veulent entreprendre leur vie, quand on est avec des gens qui veulent entreprendre leur vie, finalement, le problème est le début d'une réflexion. et souvent permet de trouver des nouvelles solutions. Encore une fois, dans une PME, finalement, trouver des solutions innovantes aux problèmes, c'est notre job. Et donc, j'aime travailler avec des gens qui ont cet esprit entrepreneur parce qu'ensemble, on essaie de trouver des nouvelles solutions aux problèmes que l'on rencontre tous les jours.

  • GSM

    OK. Et donc, on pense que les gens vont être de plus en plus entrepreneurs.

  • SG

    C'est ça ou pas ? Je l'espère. Je l'espère. Mon engagement au CJD avant et à la CPME maintenant est effectivement très porté par cela. Mon programme dans cette campagne, c'est le réflexe PME. Je pense que c'est en donnant le réflexe PME aux Français et le réflexe d'entreprendre que nous fondons notre pays un pays plus riche au sens complet du terme, plus riche au niveau social, de ses relations sociales et plus riche de perspectives joyeuses.

  • GSM

    joyeuse, désirable, une planète désirable. Écoute, Gaëtan, je te remercie pour notre échange qui était direct. Franck, alors, j'aurais pu terminer par une citation du style Seul, on va plus vite, ensemble, on va plus loin mais bon, c'était un peu trop simple. Du coup, j'ai préféré quelque chose de moins connu, un peu plus méditatif, qui est Le secret d'une bonne équipe, c'est de savoir que le génie collectif peut venir de quelqu'un qui a oublié de lire la notice Excellent,

  • SG

    j'adore.

  • GSM

    Écoute, merci, à bientôt.

  • SG

    Merci.

Description

Centrale d’achats externalisée pour les entreprises, Qantis s’est donné comme mission dès l’origine de faire travailler ensemble au service du collectif, en créant des alliances, des groupements, en fédérant son écosystème. Le CAP 2030 que s’est fixé Gaëtan de Sainte Marie, via son entreprise, c’est avant tout d’avoir un impact sur les 35 000 PME qui en sont membres, en agissant ensemble pour mettre l'économie au service du vivant et trouver des solutions.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • SG

    Bonjour, bienvenue sur Échos de territoires, le podcast inspirant de la Convention des entreprises pour le climat, qui donne la parole aux acteurs engagés et passionnés qui construisent l'économie régénérative de demain. Je suis Stéphane Gonzalez, alumné de la promotion 2023, et je vous emmène sur les territoires du bassin lyonnais et des Alpes, à la rencontre de dirigeants et de dirigeantes qui contribuent à dessiner les contours d'un avenir durable. Alors aujourd'hui, nous avons la chance, je ne suis pas venu en vélo, mais nous avons la chance de venir à la rencontre du dirigeant écofondateur. d'une belle aventure lyonnaise, le groupe Qantis. Ce dirigeant, c'est Gaëtan de Sainte-Marie, avec qui nous allons échanger sur son engagement vers l'économie dite régénérative. Alors Gaëtan, bonjour.

  • GSM

    Bonjour Stéphane.

  • SG

    Bon, tu m'as fait faire mon bilan carbone à l'entrée et je suis venu en voiture. Manque de pot, c'est pas bon. Est-ce qu'on peut se tutoyer ?

  • GSM

    Bien entendu, avec plaisir.

  • SG

    Voilà, même si sur ma route, franchement, de dirigeant, même de président d'association de PME, j'ai souvent croisé PME Centrale. qui était l'ancien nom de Cantis. On ne s'est jamais vraiment rencontrés. Donc, je suis très heureux ce soir de pouvoir échanger avec toi sur ce sujet et sur tous les engagements de ton entreprise. Donc, ce que je te propose déjà, c'est de nous présenter Cantis.

  • GSM

    Écoute Stéphane, d'abord, merci d'être venu à notre rencontre et effectivement visiter nos locaux de Limonnet à côté de Lyon. Alors Qantis, effectivement, comme tu disais, son premier nom, ça a été PME Centrale. C'est une entreprise que j'ai créée avec les premières entreprises adhérentes il y a maintenant 23 ans. On a changé de nom il y a quelques années parce que dans notre stratégie, nous allons vers l'international et PME Centrale, c'est un peu trop français. Et donc, c'est une entreprise que j'ai créée au départ avec quatre grosses PME ETI de la région lyonnaise, du bâtiment et les travaux publics, avec pour esprit de se dire ce que font les grandes entreprises et parfois extrêmement performant,et finalement, les PME, les ETI, les TPE, quand elles arrivent à se regrouper, peuvent faire des choses. aussi performantes. Mais le tout, c'est de se regrouper et c'est de faire ensemble. Et donc, c'est comme ça qu'on a lancé Qantis en 2001, avec comme premier axe de mutualiser les achats de nos entreprises. Et donc, c'est ce que nous faisons aujourd'hui, puisque chez Qantis, nous regroupons en France 35 000 artisans TPE, PME, ETI de tous les secteurs d'activité, du BTP à l'industrie, des services au commerce ou la santé. Et nous négocions avec des fournisseurs, des grands fournisseurs tels que Renault, Peugeot ou Adéco ou Loxam, des accords cadres. Un accord cadre, ça permet à une PME, qu'elle soit à Lyon, à Bordeaux ou à Nantes, d'aller acheter directement chez son fournisseur local, mais en bénéficiant de conditions négociées au niveau national. Et donc, à une PME d'acheter directement chez son fournisseur à côté de chez elle, tout en bénéficiant de conditions nationales et donc du poids de l'ensemble de ses achats. Aujourd'hui, ces achats représentent 350 millions d'euros par an, auprès de 200 fournisseurs. Et nos adhérents font en moyenne 27 % d'économies sur leurs achats. La manière dont nous négocions est intéressante, puisque c'est là qu'on rentre pleinement dans ce qu'on appelle le collaboratif chez Qantis. Puisque dans les salariés de Qantis, aujourd'hui il y a 70 salariés chez Qantis, nous n'avons pas d'acheteurs. Pourquoi ? Parce que dans les 35 000 entreprises qui sont adhérentes de Qantis, certaines, les grosses PME, les ETI, ont des acheteurs. Et un de nos métiers, c'est de regrouper ces acheteurs ensemble et c'est de les faire travailler ensemble au service du collectif. Ce qui fait que notre adhérent de Clermont-Ferrand, qui va utiliser un accord cadre, notre accord cadre avec SFR par exemple, va utiliser un accord qui a été négocié par des gens qui savent de quoi ils parlent, puisque ce sont eux qui vont être les premiers à les utiliser dans leurs entreprises, après la négociation. Et donc, bien négocier, ça veut dire bien entendu pas que le prix. mais aussi la qualité de service, la qualité du fournisseur, bref, tout ce qui fait un acte d'achat complet. Et nous sommes extrêmement attentifs à ça depuis le début. Et puis, quand il s'est développé, donc au départ, je l'ai dit sur les achats, mais finalement, on s'est rendu compte qu'à partir du moment où des PME ont une problématique en commun et qu'elles se disent qu'ensemble, elles pourraient résoudre ce problème, eh bien, notre métier du collaboratif pouvait s'appliquer. Et donc, aujourd'hui, nous accompagnons un certain nombre de réseaux d'entreprises, d'alliances d'entreprises, de groupements d'entreprises, de coopératives autour de sujets comme les RH, les RSE, le digital. Et donc, nous élargissons au fur et à mesure le spectre de QANTIS en termes d'activité.

  • SG

    On va bien voir que c'est déjà ce qui pointe, c'est votre point fort, c'est quand même votre écosystème. C'est ça l'intérêt.

  • GSM

    En fait, c'est ça qui me fait lever le matin, c'est notre écosystème de PME. Le point dont je suis le plus fier, c'est que cet écosystème, il reste adhérent. C'est-à-dire qu'on n'a quasiment pas de départ d'une année sur l'autre. Les gens qui quittent notre écosystème, c'est malheureusement des gens qui déposent le bilan ou malheureusement des gens qui se font racheter par des grosses entreprises et donc sont obligées de quitter l'écosystème Qantis. Mais pour le reste, nos adhérents restent adhérents. Et ça, c'est une grande fierté parce que ça veut dire que ce que l'on fait, c'est efficace et qu'on est loin de l'idée parfois un peu bisounours de se dire on se regroupe et on verra bien ce que ça donne. Non, non, se regrouper, créer des alliances, créer des groupements, ça peut être extrêmement efficace, ça peut être extrêmement performant. Et c'est ce que nous démontrons depuis 23 ans avec Qantis.

  • SG

    Ok, du coup, on pourrait parler pendant une heure de Qantis, évidemment, c'est toujours comme ça avec un entrepreneur. Allez, parle-nous un peu de toi quand même.

  • GSM

    Alors moi, je suis tombé dans l'entrepreneuriat très jeune. J'ai créé ma première entreprise, j'avais 24 ans, j'étais en Australie, à Sydney. C'était déjà une entreprise de mutualisation de moyens entre des PME. Elle n'a pas fonctionné, ça a été un échec, mais du coup, j'ai appris énormément pendant cette expérience. Et donc après, j'ai créé Qantis deux ans plus tard en rentrant en France. Entrepreneur parce que depuis que je travaille, j'ai créé plusieurs entreprises. Je suis notamment le co-dirigeant d'un domaine viticole que j'ai racheté avec deux autres associés il y a maintenant cinq ans, dans le Jura. On fait 75 000 bouteilles par an, notamment de vin jaune, de vin de paille. Je suis également un associé engagé dans un certain nombre de start-up. La dernière en lice qui fait un carton en ce moment qui s'appelle Skif, qui est le Waze du ski. aux gens qui vont skier, de se guider sur les pistes. Mais je suis également associé, engagé dans trois boulangeries, par exemple. Et puis, très jeune, je me suis engagé dans les réseaux patronaux. Donc, je suis adhérent de la CPME depuis que j'ai 18 ans. J'ai suivi le président local qui m'avait énormément...

  • SG

    A 18 ans, tu rentres à la CPME ?

  • GSM

    18 ans, parce que le président local est venu faire François Turcat, qui s'appelait, malheureusement, décédé il y a une année maintenant. Il est venu faire une conférence dans mon école. Je suis tombé sous le charme du personnage. Et il se trouve que je m'occupais de la junior entreprise de mon école. Et donc, du coup, il m'a proposé de rentrer à la CPME à cet âge-là. J'étais très impressionné, mais très, très heureux. Et aujourd'hui, à la CPME, je suis vice-président de la CPME du Rhône. Je suis membre du COMEX national, président de la commission numérique de la CPME France également. Et actuellement, candidat à l'élection nationale de la CPME, donc en campagne, puisque l'élection aura lieu le 21 janvier 2025, pour remplacer François Asselin, qui est le président actuel et qui arrive au terme de ses deux mandats. Et puis, j'ai été très longtemps engagé aussi au Centre des Jeunes Dirigeants, le CJD, dont j'ai été le président à Lyon. J'ai été notamment vice-président au niveau international et qui est une organisation extraordinaire pour apprendre son métier de chef d'entreprise et pour apprendre aussi ce qu'est l'engagement. Et une fois qu'on a goûté à l'engagement patronal, on a pris le virus parce que je pense que nous, chefs d'entreprise, on a la responsabilité à partir du moment où nos entreprises se développent, et bien également de voir plus large et de faire avec d'autres pour faire avancer les idées auxquelles on croit, notamment dans les PME, parce que je pense que les PME, elles ont un certain nombre de solutions au maux de notre pays, et donc notre devoir, je pense, quand on peut le faire, c'est de s'y engager pour porter cette voie qui est extrêmement importante, surtout en France, qui est encore malheureusement un pays... où les Français pensent qu'il n'est constitué que de très grandes entreprises, alors que non. Votre boulanger, votre plombier, votre garagiste, c'est un patron de PME. Et il faut le dire et il faut leur donner la parole.

  • SG

    Justement, le patron de PME, il se retrouve lui aussi dans un moment important de changement. Donc, on va parler là, c'était plus simple finalement de nous raconter qui tu étais. Alors, on pourrait rester là très longtemps. Maintenant, tu vas nous parler du régénératif. C'est quand même plus compliqué. Tu le découvres quand, toi, le régénératif ?

  • GSM

    Alors le régénératif, je découvre quand j'entends parler pour la première fois de la CEC, la Convention des entreprises pour le climat. C'était donc il y a probablement deux ans à peu près. C'est Alexandra Mathiolon, la dirigeante de l'entreprise Serfim à Lyon qui m'en parle la première fois, qui venait de faire la première promotion. Et donc la CEC cherchait des entreprises pour participer à la deuxième promotion à Lyon. Et c'est elle qui me dit il faut absolument qu'il y aille avec ce que vous faites chez Qantis depuis toujours. pile poil dans la cible, ça va vous plaire, etc. Et donc, c'est comme ça que j'entends parler pour la première fois du régénératif. Donc, j'avoue que la première fois, quand on m'a dit qu'on va régénérer le vivant avec les entreprises, je me suis un peu gratouillé la tête quand même. Mais ça a été une expérience passionnante, très enrichissante. Et on va probablement revenir sur les différentes étapes, mais je ne regrette pas du tout d'avoir participé, bien sûr, à la CEC.

  • SG

    Et justement, avant la CEC, tu as déjà des convictions, toi ? Tu as déjà des convictions environnementales ?

  • GSM

    Alors moi, j'ai la chance d'être Lyonnais par ma mère, mais Jurassien par mon père, et d'avoir été notamment formé par mon grand-père à l'agriculture, à la viticulture, au vin. Et donc très vite, d'avoir eu un attachement très fort à la terre, à la nature, et finalement d'avoir ce lien presque charnel, je dirais, à la nature, qui est, je pense, très important pour nous, les hommes. Donc, j'ai toujours été sensible au sujet de la planète en tant que telle. Et puis après, à travers mon engagement au Centre des Jeunes Dirigeants, au CJD, le CJD a créé, tout début des années 2000, ce qu'il a appelé à l'époque la performance globale de l'entreprise. La performance globale de l'entreprise, c'est très simple. C'est partir du principe que, pour qu'une entreprise soit véritablement performante, il faut qu'elle sache additionner quatre types de performances. La performance économique, bien entendu, sans laquelle une entreprise ne peut pas se développer. La performance sociale, c'est-à-dire son lien avec ses collaborateurs. La performance sociétale, le lien de l'entreprise avec son territoire. On n'a jamais vu d'entreprise se développer dans le désert, par exemple. Et puis, la performance environnementale. On sait aujourd'hui que notre planète est finie, dans le sens où on ne peut pas puiser indéfiniment dedans. Et que du coup, il faut en prendre soin également pour continuer à développer nos entreprises. Et finalement, cette performance globale, elle m'a guidé dès la création de Qantis. Et j'ai créé Qantis sur ce concept de performance globale, en essayant en permanence d'avoir ce souci, cet équilibre entre ces quatre niveaux de performance. Je ne dis surtout pas que mon entreprise est parfaite et qu'elle est performante globalement en permanence sur tous les sujets. Surtout pas. On sait très bien en tant qu'entrepreneur chez l'entreprise que... Une entreprise, c'est un travail quotidien avec ses lots de réussites et d'échecs, et chaque jour nous le rappelle. Mais j'ai toujours eu cette logique, cette vision, de me dire qu'il fallait que je travaille sur ces quatre piliers, ces quatre axes, si je voulais véritablement créer une entreprise dans la durée, pouvoir la développer et qu'elle se repose sur des piliers solides, et puis petit à petit aller vers notre vision.

  • SG

    Alors si je te pose une colle. C'est quoi l'économie régénérative, alors, si tu m'en donnais une définition ?

  • GSM

    Alors, le régénératif, je trouve que, moi, ce qui m'a le plus éclairé quand on me l'a expliqué, c'est l'histoire du pot de fleurs. Quand un pot de fleurs tombe par terre, se casse, on peut le réparer avec de la colle, éventuellement, mais on verra toujours qu'il a été cassé, parce qu'on verra que les morceaux ont été fêlés, et que même si on a mis de la colle, le vase a été cassé. En revanche... Si je prends un couteau et que je me coupe la peau sur la main par exemple, dans une-deux semaines, la peau sera redevenue comme elle était avant et on ne verra pas que je me suis coupé Pour moi le régénératif c'est ça, c'est la capacité de la nature, d e la peau en particulier sur mon exemple De se régénérer complètement et de faire comme s'il ne s'était rien passé. Et donc l'économie régénérative Alors comme d'ailleurs nous le dit très bien la CEC c'est... extrêmement compliqué dans un certain nombre d'entreprises et des entreprises qui, en fait, ne peuvent pas probablement se situer dans l'entreprise régénérative. Une entreprise de service comme Qantis, si on regarde juste notre périmètre 1, c'est-à-dire notre bureau, nos locaux, notre équipe, nos voitures pour aller chez nos adhérents, chez nos fournisseurs, comment est-ce qu'on peut contribuer à régénérer la planète ? C'est encore une question que je me pose au quotidien, même si, bien entendu, on a des pistes de travail et de réflexion, mais c'est loin d'être parfait. En revanche... Je disais tout à l'heure, je suis également le co-dirigeant d'un domaine viticole. Là-dessus, on peut plus simplement donner des exemples assez concrets. Je donne un exemple assez bateau, mais qui est finalement quand même assez révélateur. Dans nos vignes, dans le Jura, pendant très longtemps, nous utilisions des tracteurs pour entretenir la vigne une grande partie de l'année. Et bien maintenant, pendant une grande partie de l'année, on utilise des moutons. Ça s'appelle l'éco-pâturage. L'avantage du mouton, c'est qu'il va moins écraser la terre, donc il va permettre à la terre d'être plus vivante et notamment de laisser les vers de terre permettre aux racines d'aller plus profond dans la terre, aller chercher de l'eau notamment. Ils vont bien entendu moins polluer qu'un tracteur, ils vont bien entendu apporter de l'engrais naturel, et en cela, on peut se mettre dans une démarche où effectivement, produire du vin peut avoir un impact non pas zéro sur la planète puisqu'avec le régénératif, il s'agit d'aller plus loin, pas avoir un impact zéro, mais un impact positif et donc contribuer à régénérer ce vivant. Et donc, ça fait partie des éléments qu'on essaie de faire également au niveau du domaine viticole.

  • SG

    Là tu t'en es bien sorti. Donc maintenant, tu vas nous en dire un peu plus, justement, sur ta feuille de route, puisque pendant huit mois, vous avez fait du jus de crâne pour Qantis. Alors, comment vous, Qantis, vous allez travailler votre régénératif ?

  • GSM

    On s'est dit chez Qantas, si on se limite à travailler sur Qantis en tant qu'entreprise, comme je le disais, notre bâtiment, notre équipe, nos voitures, on va vite un petit peu tourner en rond. Donc on s'est dit finalement, là où on peut avoir le plus d'impact, c'est sur notre écosystème de 35 000 PME qui sont membres de Qantis. Et donc, si je reprends notre feuille de route, on a notre CAP 2030, je vais vous le lire, parce que c'est une phrase un peu complexe, mais on pourra rentrer dedans après. Donc notre CAP 2030, c'est déterminer à agir ensemble pour mettre l'économie au service du vivant. Pour le préciser, on en a dit, en 2030, Qantis aura engagé son écosystème, donc aujourd'hui nos 35 000 entreprises, d'ici 2030, j'espère qu'elles seront encore plus nombreuses, pour avoir encore plus d'impact, dans une dynamique afin que chacune puisse s'inscrire sur le chemin de l'entreprise infinie. Alors l'entreprise infinie, c'est un concept... que l'on utilise chez Qantis depuis un certain nombre d'années. Alors, c'est très conceptuel, donc on ne va pas rentrer dans tous les détails aujourd'hui, parce qu'il faudrait du temps, mais ce sera l'objet peut-être d'un prochain livre que j'écrirai. L'entreprise infinie, c'est l'addition d'une entreprise qui est désirable, donc désirable aux yeux, bien entendu, de collaborateurs ou de futurs collaborateurs, mais aussi de ses clients, mais aussi de ses fournisseurs, de ses parties prenantes. Donc, être désirable, ça pose des questions à des tas de niveaux différents. C'est une entreprise, l'entreprise infinie, qui est bien entendu régénérative, on vient d'en donner la définition. Et puis c'est bien entendu une entreprise collaborative. Ça c'est mon credo depuis que j'ai créé Qantis. La définition de l'économie collaborative, c'est très simple, c'est faire mieux ensemble. Tu le sais Stéphane, j'ai écrit un bouquin qui est sorti en 2016, qui s'appelle Ensemble on va plus loin, où j'ai cherché à démystifier ce qu'est l'économie collaborative pour des patrons de PME, pour des dirigeants d'entreprises. Parce que trop souvent, notamment à l'époque en France, l'économie collaborative était restreinte à Blablacar et Airbnb, donc plutôt la version B2C. Alors qu'en version B2B, les alliances entre entreprises, les groupements d'entreprises, les coopératives... Aujourd'hui en France, il existe des tas d'initiatives dans tous les départements, dans toutes les régions, d'entrepreneurs, de patrons de PME qui se disent mais finalement... Je sais très bien faire mon métier, mais il y a des sujets sur lesquels je suis moins bon parce que je n'ai pas le temps, parce que je suis plus petit, parce que ceci, parce que cela. Si je me mets avec mes concurrents, si je me mets avec mes clients, si je me mets avec des entreprises qui sont installées autour de la mienne dans ma zone d'activité, peut-être qu'on peut être plus performants ensemble, que ce soit pour acheter ensemble, pour vendre ensemble, pour attirer des talents ensemble, pour communiquer ensemble. Il y a des tas de déclinaisons possibles. Et donc, c'est ça l'économie collaborative, l'entreprise collaborative. Et je pense qu'en plus, en France, nous sommes plutôt en avance sur ces sujets, plutôt ouverts, très ouverts à ces sujets-là. Et ça tombe bien, parce que la nouvelle génération, nos enfants qui font des études en ce moment, etc., mon sentiment, c'est qu'ils ont ça chevillé au corps. D'ailleurs, on le voit bien dans les écoles, dans les universités, de plus en plus, ces jeunes filles, ces jeunes garçons, ils bossent à plusieurs. Et je le vois dans les jeunes qui se lancent, qui créent des boîtes. C'est de plus en plus rare de voir des gens qui se lancent tout seuls. Ils se lancent souvent à plusieurs. Et je trouve que c'est plutôt vivifiant de se dire que ces gens ont cette perspective de se dire peut-être qu'à plusieurs, on sera meilleur, on sera peut-être plus performant, plus fort. Voilà, donc ça, c'est la partie collaborative. Excuse-moi, je me perds. C'est des sujets qui me passionnent. Et donc, peut-être pour être un tout petit peu plus concret, ce Cap 2030... On l'a décliné en quatre leviers de redirection, c'était l'exercice imposé par la CEC. Le premier, c'est formaliser notre engagement en devenant une entreprise à mission. Donc, je peux vous annoncer que Qantis sera prochainement une entreprise à mission. On a mis en place un plan d'action, j'en parlais il y a encore une heure avec une collaboratrice qui dirige ce projet-là pour Qantis. Très important parce que, moi, pendant longtemps, j'ai considéré qu'on n'avait pas besoin de devenir une entreprise à mission. Parce que finalement, notre mission chez Qantis, elle était claire, c'était de réunir les PME pour faire mieux ensemble. Et finalement, j'ai compris, notamment grâce à la CEC, que le fait de devenir une entreprise à mission, de l'affirmer et de le graver dans le marbre, était encore plus engageant pour nous, mais aussi pour les autres. Et donc, c'était probablement une bonne étape aujourd'hui, vu l'âge de l'entreprise, pour aller un cran plus loin dans notre engagement vis-à-vis de nos adhérents, vis-à-vis de nos fournisseurs. Donc ça, c'est le premier levier de redirection, entreprise à mission. Ensuite, le deuxième levier, c'est polliniser notre écosystème par l'intelligence collective pour l'inspirer vers l'entreprise régénérative. Donc, pour le dire peut-être plus simplement, montrer que l'entreprise régénérative, comme on le disait, dans certaines entreprises, ça peut être très compliqué à mettre en œuvre mais malgré tout, c'est une vision engageante et motivante de l'avenir. C'est une vision qui peut permettre peut-être de revoir sa stratégie différemment. C'est une vision qui peut permettre de revoir l'engagement de ses collaborateurs différemment, l'engagement de ses clients ou de ses fournisseurs différemment. Donc, je crois à cette inspiration vers l'entreprise régénérative.

  • SG

    Et est-ce que le rachat de Mix-r, ça rentre dans cette stratégie ?

  • GSM

    Oui, alors ça rentre complètement dans cette stratégie et ça rentre encore un peu plus dans le troisième levier. Non mais c'est parfait, ça me fait la suite. Proposer des solutions qui permettent aux PME de changer et d'adopter des pratiques à impact. Et effectivement, nous avons racheté, il y a maintenant un peu plus d'un an, un petit réseau d'entreprises qui s'appelle Mix-r à Lyon, que d'ailleurs, c'est aussi une annonce que je peux faire, puisque nous sommes en train de changer de nom. Mix-r va prochainement s'appeler Symbiose. Et l'objectif de Mix-r, devenu Symbiose, c'est d'accompagner les entreprises dans leur transition RSE au départ. petit à petit, aller vers le régénératif. Mix-r est un réseau qui avait été créé au départ par cinq entreprises de la région lyonnaise, dont le groupe SEB, donc grosse entreprise, avec un objectif d'embarquer avec elle des PME. Donc aujourd'hui, il y a une centaine de PME qui sont membres de Mix-r, qui devient Symbiose. Et notre ambition, en reprenant Symbiose, ça va être bien entendu d'étendre ce réseau au niveau local, mais également de l'étendre au niveau national. Et donc, c'est une autre annonce que je peux faire, c'est que nous allons très prochainement ouvrir notre premier nouveau point Symbiose à Nice. Et donc, d'ici quelques mois, il existera également un réseau d'entreprises autour de la RSE à Nice. Voilà, donc ça c'est typiquement aussi dans des points très concrets de nos leviers de redirection. Et puis le quatrième et dernier levier de redirection, c'est régénérer le système terre au niveau de l'entreprise Qantis. Donc là, on est vraiment sur notre bâtiment, sur ce qui se passe autour de notre bâtiment. J'ai réalisé, encore une fois, grâce à la CEC, que nous avions un certain nombre d'espaces verts autour de notre bâtiment et que, par exemple, l'eau qui tombe sur cette surface... principalement aujourd'hui tombe sur notre toit ou sur notre parking, et l'eau qui tombe sur notre toit et sur notre parking, en fait, sont redirigées directement dans les canalisations, et donc, d'après ce qu'on m'a expliqué, en deux jours, elles sont dans la Méditerranée. Alors que finalement, puisque nous avons des espaces, nous avons des arbres, cette eau, elle pourrait être utilisée localement, directement. Et pour cela, il suffit de faire quelques aménagements, pas très compliqués et pas très coûteux. Et il se trouve qu'il y a une association à Lyon, qui s'appelle "Qui veut rafraîchir ma ville", dont d'ailleurs Qantis est devenu partenaire, et qui propose de faire ce type d'aménagement pour mieux irriguer ses espaces verts autour de son bâtiment. L'utilité au-delà de la planète et de la Terre, c'est que typiquement, on va par exemple planter deux nouveaux arbres à un endroit stratégique pour nous, un endroit où il fait très très chaud l'été, où les collaborateurs sortent sur cette terrasse mais en été, ils ont du mal à sortir parce qu'il fait trop chaud. On avait acheté des magnifiques parasols, mais qu'on s'est fait voler. Et donc, ces parasols, d'ailleurs, ils étaient peu efficaces parce que finalement, ils faisaient encore très chaud. Alors qu'avec deux arbres, on va rafraîchir considérablement l'atmosphère. Et ça, finalement, c'est à des coûts qui sont extrêmement courts. Et puis en plus, on ne sera pas volé nos arbres. Alors, tous les cas, j'espère pas. Il y a aussi, par exemple, dans les autres choses très, très concrètes, il y a... Maintenant, quelques années, nous avons rehaussé notre bâtiment d'un étage. Nous avons rehaussé le bâtiment avec une extension bois, ce qui nous a permis de refaire toute l'isolation du bâtiment et donc de baisser considérablement la consommation en énergie de notre bâtiment. On n'est pas devenu un bâtiment à énergie positive, puisque c'est un vieux bâtiment, mais on a quand même considérablement réduit notre consommation. Et du coup, j'en ai profité pour faire poser des panneaux solaires sur le toit qui nous permettent aujourd'hui de produire 50 % de l'électricité que nous consommons annuellement et sur un coût qui est assez raisonnable puisque finalement, en une dizaine d'années, on aura rentabilisé cet investissement à travers les économies qu'on fait sur l'énergie. Donc finalement, c'est plutôt à la fois économiquement intéressant et en même temps intéressant pour la planète.

  • SG

    D'accord. Je pense souvent à la question, mais comme tu es un patron très communiquant, à mon avis, ça a été assez facile pour toi. Comment tu embarques tes collaborateurs ? Dans l'aventure, parce que c'est parfois là où on se dit, mais est-ce que ce n'est pas une lubie du patron, ça ?

  • GSM

    Alors, c'est vrai que la première fois qu'avec l'allée Piloncelli, qui était ma planète championne à la CEC, on a parlé à notre comité de direction chez Qantas de la CEC, de l'économie régénérative, de l'entreprise régénérative et de ce qu'on était en train de faire. Ils nous ont quand même regardé en nous disant, qu'est-ce qu'ils font ? J'avais une autre expression qui me faisait, je vais éviter. Et en fait, régulièrement, on les tenait informés des différentes étapes. Et donc, petit à petit, on est passé d'une position de ouh là là, ils sont partis ailleurs à une position finalement, il y a quand même des choses intéressantes Et comme on l'a rendu très concret à la fin, avec la feuille de route, avec des actions très concrètes, j'ai parlé de l'entreprise à mission, on a parlé de Mixer qui devient Symbiose, on a parlé de ce qu'on est en train de faire sur le... la partie l'eau autour du bâtiment. En fait, petit à petit, ils ont vu les implications concrètes de ce qu'on faisait à la CEC. Ça les a intéressés aussi parce qu'on a appris beaucoup de choses que moi, personnellement, je ne savais pas sur ce qui se passe sur notre planète. On lit beaucoup de choses, on entend beaucoup de choses, mais quand vous passez la CEC, c'est quand même une dizaine de jours en totalité sur une année. Vous écoutez des experts, vous travaillez avec des experts, avec d'autres chefs d'entreprise, ça vous nourrit et ça vous rend plus conscient d'un certain nombre de choses. Eh bien, on a essayé de redonner aussi cette matière à notre comité de direction pour les embarquer avec nous. Et puis, petit à petit, on a eu la même méthode avec l'équipe. Et en fait, l'équipe avait lancé spontanément, il y a déjà plusieurs années, un groupe de travail autour de comment on pouvait mieux gérer nos déchets, notre énergie, etc. Donc en fait, ce groupe a été très heureux de pouvoir aller plus loin dans leur démarche. Et donc aujourd'hui, c'est ce groupe-là notamment qui pilote une partie des travaux autour de l'entreprise à mission, par exemple. Donc on a encore du travail, bien entendu, pour embarquer tout le monde. Même moi, parfois, bien sûr, j'ai des doutes sur l'entreprise régénérative parce que ça peut paraître parfois un peu ésotérique, surtout que dans la situation économique dans laquelle nous sommes aujourd'hui, il y a avec... les contraintes budgétaires dont on entend parler énormément en ce moment et qui font peur. On peut parfois se dire, est-ce que tout ça en vaut bien la peine ? Mais je pense que notre responsabilité, malgré tout, de dirigeant, c'est de voir un peu loin. Et si on regarde loin, on a la responsabilité de s'occuper aussi de ces sujets et de ne pas les laisser sur le côté.

  • SG

    Notre mission, c'est peut-être aussi de penser autrement.

  • GSM

    Oui, penser autrement, avoir un pas d'écart. Le CJD m'a bien formé sur ce sujet-là. Mais je crois que penser autrement pour un entrepreneur, en fait, c'est naturel. Parce qu'on n'invente pas, on ne crée pas un nouveau projet, une nouvelle entreprise, si on n'est pas capable de se désaxer par rapport à la manière dont on fait depuis toujours. Parce que finalement, c'est notre travail quotidien de trouver des nouvelles façons de faire, des nouvelles idées, des nouvelles initiatives et d'embarquer des gens avec nous pour le faire. Ce pas de côté, il est important, il est nécessaire. C'est aussi à ça que nous amène l'inspiration vers l'entreprise régénérative.

  • SG

    Justement, la CEC, est-ce que ça t'a changé ? Est-ce que ça a eu un impact ? Forcément.

  • GSM

    Ça a eu un impact, oui, parce que j'avoue que je n'étais pas forcément extrêmement attentif à ces sujets-là avant à titre personnel. Je partais du principe que comme... Je faisais déjà beaucoup de choses dans le Jura autour de ces sujets, finalement je faisais ma part. Et donc je suis effectivement beaucoup plus conscient de ça aujourd'hui. J'essaye de houspiller un peu plus mes enfants aussi sur le sujet, qui contrairement à ce qu'on croit, nos enfants ne sont pas toujours les plus engagés sur ces sujets, très honnêtement. Et donc ça m'a permis de faire de la CEC, d'en parler avec mes collaborateurs, mais d'en parler aussi avec mes enfants. et donc d'avoir des discussions intéressantes sur ce sujet-là. Donc oui, bien sûr, ça change. Les deux premiers jours de la CEC, pendant deux jours, vous entendez des experts qui vous racontent l'état de la planète sans phare sur l'ensemble des sujets, l'énergie, les glaciers, tout un tas de sujets. Au bout de ces deux jours-là, vous êtes chamboulés, véritablement. Moi, j'ai mal dormi pendant une semaine. parce que ça remue, ça brasse. Et je dois même dire que pendant deux jours, je ne devais pas être très agréable parce que j'étais en colère. Et donc, cette colère, il faut la comprendre, il faut l'analyser et puis se dire comment je fais pour la prendre en compte et puis pour la transformer en processus d'action. Et donc, la chance qu'on a, nous, patrons de PME, entrepreneurs, c'est que... On a le pouvoir de faire, on a le pouvoir de changer les choses. On ne peut pas changer le monde tous les jours, mais on peut faire un certain nombre d'actions, on peut mener un certain nombre d'actions, même à petite échelle.

  • SG

    selon l'adage du papillon, peut-être que c'est grâce à toutes ces petites actions, et c'est ce que je crois avec Qanti, c'est notre écosystème d'entreprise, c'est l'addition de toutes ces petites actions qui peut, j'espère, faire véritablement bouger les choses au bout d'un moment.

  • GSM

    Si justement, par rapport à ton écosystème, je devance un peu, est-ce que tu dirais à un dirigeant de PME qui veut se lancer dans l'économie régénérative ?

  • SG

    Je peux te dire que j'ai fait la promotion beaucoup et que dans la promotion actuelle de la CEC, il y a des chefs d'entreprise que j'ai embarqués dans l'histoire. On n'a pas rééchangé avec eux sur ces sujets récemment, mais oui, bien sûr, je suis devenu fervent promoteur. Je parlais tout à l'heure de Bisonours, je vais revenir là-dessus. Je ne suis pas un Bisonours du tout, je suis avant tout un patron de PME. Donc je sais que tout n'est pas possible. Je sais que probablement à la CEC, certaines choses sont un petit peu exagérées, mais ce n'est pas grave. Cette exagération permet, comme on le disait juste avant, aussi de faire ce pas de côté. Et c'est aussi parfois parce qu'on est un peu fou et qu'on pousse un peu trop dans un sens ou dans un autre que finalement, quand on se retourne, on a quand même avancé. Cette action qu'on a faite, cette montée en puissance, contribue à changer les choses. Il y a une jolie phrase là-dessus qui dit il faut viser la lune pour arriver sur les étoiles ou je ne sais plus exactement. Mais bon, voilà, c'est de cet ordre-là. Donc, savoir être un peu foufou parfois pour véritablement avancer concrètement, ça fait partie aussi de nos leviers d'action.

  • GSM

    Sauf que j'imagine qu'il y a beaucoup de dirigeants qui disent non, mais là, t'es gentil, mais moi, il faut d'abord que je paie les salaires. À la fin du mois, c'est ça qui m'intéresse.

  • SG

    Bien sûr, on est bien d'accord que la priorité, ce que je disais tout à l'heure, si je reviens à la performance globale, c'est que si une entreprise est économiquement sous stress, économiquement, je ne sais pas, a perdu des marchés ou a des marges qui se sont énormément affaiblies pour telle ou telle raison, bien entendu que la priorité du dirigeant à ce moment-là, c'est de se concentrer sur sa performance économique. Si l'entreprise n'existe plus, de toute façon, il ne pourra plus rien faire derrière. Mais c'est aussi s'interroger sur ces autres sujets, est aussi un moyen probablement de regarder son entreprise différemment et de la repenser et peut-être de revoir sa stratégie. Je suis depuis toujours fervent militant du fait d'écrire sa stratégie. Une entreprise, dans l'idéal, il faut écrire une stratégie à trois ans, à cinq ans. Écrire une stratégie, ça ne veut pas forcément dire qu'on va atteindre tous les objectifs de cette stratégie, mais ça donne un phare dans le brouillard sur lequel on sait qu'on peut s'aligner régulièrement. Ça n'empêche pas que petit à petit, on peut changer d'axe, aller un peu plus à gauche, un peu plus à droite, en fonction des aléas qui nous tombent dessus toute la journée. Mais le fait d'avoir un cap est extrêmement important. Et pour régénérer sa pensée ou sa façon de penser, penser régénératif peut être un bon moyen de revoir son cap. et de remettre peut-être un cap un peu plus loin.

  • GSM

    Peut-être se poser la question, et on se l'est posé souvent, sur la croissance, ou plutôt croître, prospérer, le temps long. Alors c'est vrai qu'un dirigeant de PME, il est quand même sur le temps long.

  • SG

    Un dirigeant de PME, il ne peut pas être autrement que sur le temps long. S'il est sur le temps court, très vite, il est rattrapé par la réalité. Le patron de PME, il est en permanence connecté à ses collaborateurs, à ses clients, à ses fournisseurs. Et donc, quand il arrive dans son entreprise, il est vraiment... en lien avec le réel, avec le concret. Donc on ne peut pas raconter d'histoire trop longtemps, ça finit par se voir. Et c'est aussi pour ça que je pense que d'ailleurs, aujourd'hui en France, on devrait faire plus confiance aux PME, aux patrons de PME, parce que je pense qu'ils ont des solutions aux problèmes que nous avons. Par exemple, la PME est un endroit où nous savons créer du lien entre les femmes, les hommes, dans les villes, dans les campagnes. Et aujourd'hui en France, on a besoin de lien. La PME est un endroit... où les gens se font confiance en général, où on s'est créé la cohésion sociale. Et on en a besoin forcément beaucoup aujourd'hui en France. La PME est un endroit où on s'est créé la richesse, tenir des budgets dans la durée. Et on voit que tenir un budget dans la durée au niveau de l'État, c'est aussi un sujet. La PME, c'est un endroit où on sait bâtir des stratégies et s'y tenir. Donc on a plein de réponses dans les PME aux problématiques de notre pays. Et donc j'encourage nos élus. à regarder un peu plus la manière dont fonctionnent les PME et écouter un peu plus les dirigeants pour s'en inspirer.

  • GSM

    Voilà, puis on peut rajouter la résilience locale, parce que vous, quand même, finalement, vous êtes dans cette promotion-là du local.

  • SG

    Le local, c'est extrêmement important. Ce que je disais tout à l'heure, on n'a jamais vu d'entreprise se développer dans le désert. Depuis toujours, et d'ailleurs chez Qantas, on est nombreux parmi les dirigeants et les collaborateurs à être engagés dans des associations diverses et variées parce que plus notre territoire est riche, plus les entreprises au sens large vont pouvoir en bénéficier. J'aime bien une phrase qui dit Nous sommes un... Un produit de notre environnement. Donc, entourez-vous de richesses au sens large du terme pour vous enrichir vous-même. Mais pour que le territoire soit riche, il faut y contribuer. Si je refais une analogie avec le vin, si vous ne travaillez pas votre terre, si vous ne faites pas en sorte que votre terre soit riche et puisse respirer, vous ferez du mauvais raisin. Et si vous faites du mauvais raisin, vous ferez du mauvais vin.

  • GSM

    Contribuer, coopérer, ça me parle. On a presque terminé, parce que là, il est tard. On va finir à point de l'heure. Si tu avais trois mots pour caractériser l'économie régénérative ?

  • SG

    Ça va être dur. Ça va être dur, trois mots. Je vais reprendre le titre de mon bouquin. Ensemble, on va plus loin. Ça fait quatre ans. Bon, OK. Oui, trois mots. Tu l'as dit, coopération, bien sûr. Faire, parce que... Il s'agit d'être dans le faire et pas que dans les belles idées. En fait, je n'en choisirai que deux. Il n'y aura que deux. L'opération et le faire.

  • GSM

    Ça, c'est bien intéressant. Et moi, je dis, ben oui, monsieur, bien sûr. Et si tu avais une baguette magique, tu pouvais changer la règle du jeu économique, tu changerais quoi ?

  • SG

    Je ferais en sorte que la totalité des entreprises soient des entreprises patrimoniales, familiales. Dans une entreprise dont le dirigeant est propriétaire, donc il est à la fois propriétaire mais également dirigeant de son entreprise, impliqué dans les opérations au quotidien, on est obligé d'être, ce qu'on disait tout à l'heure, équilibré entre la performance économique, la performance sociale, la performance sociétale, la performance environnementale, parce que si on tire trop dans un sens ou dans un autre... on finit par se casser la figure. Donc, si j'avais une baguette magique, je ferais en sorte que la plus grande partie des entreprises soient des entreprises familiales, patrimoniales.

  • GSM

    OK. Et qu'est-ce qui te rend confiant dans l'avenir ? En général, un dirigeant entrepreneur est toujours confiant. C'est bien ça, son problème.

  • SG

    C'est de discuter avec mes collaborateurs, de discuter avec mes adhérents. On appelle à des rangs chez Qantis, on dirait client dans un autre type d'entreprise, et de discuter avec des entrepreneurs. Parce qu'en fait, à chaque fois qu'on discute avec des gens qui ont cet esprit d'entreprendre, au sens large, pas que des entrepreneurs au sens création d'entreprise, mais des gens qui veulent entreprendre leur vie, quand on est avec des gens qui veulent entreprendre leur vie, finalement, le problème est le début d'une réflexion. et souvent permet de trouver des nouvelles solutions. Encore une fois, dans une PME, finalement, trouver des solutions innovantes aux problèmes, c'est notre job. Et donc, j'aime travailler avec des gens qui ont cet esprit entrepreneur parce qu'ensemble, on essaie de trouver des nouvelles solutions aux problèmes que l'on rencontre tous les jours.

  • GSM

    OK. Et donc, on pense que les gens vont être de plus en plus entrepreneurs.

  • SG

    C'est ça ou pas ? Je l'espère. Je l'espère. Mon engagement au CJD avant et à la CPME maintenant est effectivement très porté par cela. Mon programme dans cette campagne, c'est le réflexe PME. Je pense que c'est en donnant le réflexe PME aux Français et le réflexe d'entreprendre que nous fondons notre pays un pays plus riche au sens complet du terme, plus riche au niveau social, de ses relations sociales et plus riche de perspectives joyeuses.

  • GSM

    joyeuse, désirable, une planète désirable. Écoute, Gaëtan, je te remercie pour notre échange qui était direct. Franck, alors, j'aurais pu terminer par une citation du style Seul, on va plus vite, ensemble, on va plus loin mais bon, c'était un peu trop simple. Du coup, j'ai préféré quelque chose de moins connu, un peu plus méditatif, qui est Le secret d'une bonne équipe, c'est de savoir que le génie collectif peut venir de quelqu'un qui a oublié de lire la notice Excellent,

  • SG

    j'adore.

  • GSM

    Écoute, merci, à bientôt.

  • SG

    Merci.

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