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#12 - Lucie Durieux - L'Embarcadère cover
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ECHOS de territoires, le podcast du cap régénératif dans les territoires

#12 - Lucie Durieux - L'Embarcadère

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25min |17/12/2024|

27

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ECHOS de territoires, le podcast du cap régénératif dans les territoires

#12 - Lucie Durieux - L'Embarcadère

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25min |17/12/2024|

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Description

Embarquées dans cette aventure familiale, entre sœurs, Lucie et Pauline ne connaissaient pas le concept de régénératif avant la CEC. Après l’électrochoc des constats, grâce aux étapes du parcours, aux intervenants, à leur camp de base, etc., elles ont pu avancer d'un pas plus loin, réfléchir plus précisément au vivant et à l’impact que cela impliquait dans leur métier, se réinterroger sur leurs engagements. Piloter, repenser, remettre en question leur entreprise pour ne jamais s’endormir sur ses succès, est dans leur ADN. Alors, le sursaut de L'Embarcadère, c'est d'acter que chaque action compte. « Tout ce que nous faisons peut paraître invisible, mais reste indispensable. » actent Lucie et Pauline.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • SG

    Bonjour, bienvenue sur Échos de Territoires, le podcast inspirant de la Convention des entreprises pour le Climat, qui donne la parole aux acteurs engagés et passionnés qui construisent l'économie régénérative de demain. Je suis Stéphane Gonzalez, alumne de la promotion 2023, et je vous emmène sur les territoires du bassin lyonnais et des Alpes à la rencontre de dirigeantes et de dirigeants qui contribuent à dessiner les contours d'un avenir durable. Et aujourd'hui, j'ai pédalé pour rejoindre les berges de la Saône pour vous partager le témoignage de la dirigeante d'un joli lieu événementiel, qui est bien connu des Lyonnais aujourd'hui, c'est L'Embarcadère. Et cette entrepreneuse de talent, c'est Lucie Durieux. Oui, Lucie, avec talent, avec qui nous allons échanger sur son engagement vers l'économie dite régénérative. Bon Lucie, bonjour.

  • LD

    Salut Stéphane.

  • SG

    Voilà, c'est ce que j'allais dire, on se tutoie, mais bon ça y est, ça c'est fait, de toute façon on se connaît d'avant, donc écoute, moi, je suis très content de venir là, en plus c'est vrai que le lieu est magnifique, on sent, il y a un mood qui est plutôt... qui est plutôt bon. Je me suis replongé dans l'histoire de L'Embarcadère, qui en est une histoire familiale, donc tu vas quand même peut-être nous en parler, bien sûr sur votre feuille de route. Alors j'ai retenu une phrase pour introduire notre échange, qui est le sursaut de l'embarcadère, c'est d'acter que chaque action compte. Tout ce que nous faisons peut paraître invisible, mais reste indispensable. Et ça, c'est un peu l'intro, donc ce que je te propose pendant tout ce podcast, alors je te connais, donc je sais que tu es quelqu'un de très sincère et plutôt... plutôt franc, de nous expliquer un peu ta démarche, qu'est-ce que vous mettez vous en place à l'embarcadère pour essayer finalement de donner une place au vivant, de donner une place au régénératif. J'imagine que ce n'est pas forcément simple. Par contre, vous êtes à côté de la Saône, donc j'imagine aussi qu'il y a un sujet biodiversité qui va être mis en place. Écoute, à toi de jouer. Je te propose déjà de nous présenter L'Embarcadère.

  • LD

    Merci Stéphane, trop sympa de participer à ce podcast. Merci pour ton invitation. Et puis, ravie de faire ça dans le lieu de l'embarcadère. Donc, l'embarcadère, on est un lieu événementiel. On est situé au bord de la Saône, effectivement. L'embarcadère, c'est une équipe d'une dizaine de personnes à peu près qui travaillent à accompagner ses clients à bâtir un événement, à créer les meilleures conditions pour que les gens puissent échanger, travailler et créer du lien entre les organisateurs, les participants. On accueille 150 événements par an à peu près. On travaille avec des sociétés, de la TPE à l'ETI, aux grands groupes côtés, avec des assos également. Et on adore les quatre murs qui nous entourent, et puis le lieu de vie apaisant que représente l'embarcadère, et donc cet échappatoire pour nos clients.

  • SG

    D'accord, alors ça nous intéresse de savoir comment tu arrives, l'embarcadère. Histoire un peu familiale, entrepreneuse ?

  • LD

    Alors c'est tout à fait familial. Moi je dirige L'Embarcadère depuis 12 ans, fièrement associée avec ma sœur Pauline, qui était là déjà avant moi. On s'est... retrouvés un petit peu par opportunité, sans idée préconçue sur le fait de travailler ensemble, mais c'est venu comme ça. Ça fait 12 ans, c'est une belle histoire, c'est un gage de confiance absolue de bosser en famille, c'est une aventure vraiment passionnante, et puis on prend beaucoup de plaisir l'une et l'autre à bosser, même si on n'est pas à l'abri des embûches et des soucis, comme dans toute boîte et comme dans toute direction. Mais du coup, ça fait 12 ans, j'ai un parcours qui n'était pas du tout dans l'événementiel en amont, mais... Je suis ravie d'avoir ce rôle de chef d'entreprise. En fait, au fil de ces 12 ans à l'embarcadère, il y a eu plusieurs vies. Alors dans les espaces notamment, mais pas seulement. Et c'est ce qui me plaît le plus en tant que chef d'entreprise, c'est de piloter, de repenser, de remettre en question son organisation dans sa globalité. Et donc c'est sympa parce que l'exercice était évident avec la CEC. Voilà, pour jamais s'endormir sur ses lauriers. C'est ce que j'aime bien en tant que chef d'entreprise avant tout.

  • SG

    D'accord. Du coup, ça, c'était le plus simple. Maintenant, en effet, tu l'as dit, tu vas nous parler du régénératif. Alors, porte-toi. C'est quoi le régénératif ? Et puis, comment tu... Finalement, c'est quoi le déclic pour aller faire la CEC, par exemple ?

  • LD

    Alors, déjà, le régénératif, moi, je n'en avais jamais entendu parler avant la CEC. C'est-à-dire que c'était un mot nouveau, en tout cas dans nos rôles de chef d'entreprise. Et j'ai trouvé que c'était follement ambitieux, même un peu complètement utopique. Et puis j'ai aimé la manière dont la CEC nous a fait évoluer sur le sujet, puis nous a permis de faire un pas de côté, puis peut-être de comprendre certaines choses, etc. Ce que je comprends, moi, de l'économie régénérative, c'est que c'est une économie qui doit être en lien avec le vivant, avec les ressources dont cette économie a besoin pour exister. Ce que je comprends aussi, c'est qu'en fait, il ne suffit pas de seulement effacer la dette de la ressource pour mener à bien son économie, mais il faut renouveler, reconstituer cette ressource. C'est là où ça devient chaud mais on a bien enfin on veut bien jouer et puis surtout on veut bien à L'Embarcadère essayer de comprendre comment aller le plus loin possible, on verra dans quelle mesure on y arrive. On n'en est pas là du tout à ce stade, même si notre feuille de route est écrite. Il va falloir du temps pour arriver à une économie régénérative quand même assez clairement.

  • SG

    Et du coup, c'est quoi le déclic pour entrer à la CEC ?

  • LD

    La CEC, c'est une opportunité assez rigolote. Les organisateurs de la CEC ont eu la bonne idée de choisir l'embarcadère pour organiser leur kick-off de la session 2023. Donc on est arrivé un peu à retardement dans le parcours, mais du coup, par la force des choses, comme n'importe quel client, on s'est mis un petit peu dans le match de quel est l'enjeu, quels sont les gens que cet événement rassemble, pourquoi faire, comment... Et en fait, on s'est rendu compte que ce que proposait ce parcours CEC, c'était exactement ce dont on avait besoin pour structurer notre démarche RSE plus globalement, pour y voir plus clair, pour aussi se former. Ce qui nous a énormément plu là-dedans, c'est le fait d'échanger entre pairs. Parce qu'en fait, on se sent hyper seul en tant que chef d'entreprise avec ces sujets. Et le fait d'être du coup rassemblés à l'intérieur d'un groupe qui sont des gens qui ont les mêmes problématiques que nous, nous a paru très pertinent et intéressant et puis rassurant aussi pour pouvoir travailler sur ces sujets à l'échelle de notre entreprise.

  • SG

    Oui, parce que l'intérêt aussi, c'est que vous êtes combien ? Vous êtes dix dans la société ?

  • LD

    On est dix dans la société.

  • SG

    Souvent, on a l'impression que c'est vraiment quelque chose qui attrape aux grosses sociétés. Alors qu'en fait, ce sujet, il marche très bien dans la TPE-PMA. Souvent, on dit c'est trop compliqué, je suis petit, je n'ai pas l'argent.

  • LD

    Alors, je te rejoins. C'est vrai que j'ai une idée un peu reçue du fait que les gros groupes ont forcément plus de moyens, et puis ils feront avancer le schmilblick plus rapidement. Néanmoins, la CEC, elle m'a éveillée à ça pas mal. Un, la TPE, elle a le mérite d'être ultra agile. Alors évidemment, ça nécessite de faire des concessions aussi, ou des choix, d'arbitrer, etc. Parce que si on investit comme ça, on n'investit pas à droite. Mais moi, j'adore l'idée qu'à l'échelle de nos petites entreprises avec 10 personnes, 150 clients par an et un seul lieu, on puisse quand même faire avancer les choses à notre échelle, c'est-à-dire réfléchir de manière pertinente à ce qui est à notre portée pour pouvoir avancer dans le bon sens.

  • SG

    D'accord. Avant cette Convention des Entreprises pour le Climat, c'était quoi ton niveau de maturité par rapport à tous ces sujets ?

  • LD

    Assez faible, assez nébuleux. Sinon qu'on avait évidemment, nous, une envie d'avancer sur ces sujets, mais donc entre le décret tertiaire, le bilan carbone, le CISA, tout ça était assez nébuleux. Évidemment, on était confrontés à ce qu'on entend dans les médias, CISA, mais malheureusement pas toujours s'y fier très bien. Pour le coup, la CEC, elle nous a permis d'avancer de manière très importante sur la connaissance de la situation, sur clairement le mur qui a l'air de se rapprocher de manière inéluctable. Et du coup, ça permet de mettre un grand coup de marche avant et de se dire, en fait, c'est maintenant et c'est comme on peut, sous notre toit, à notre échelle.

  • SG

    C'est ça. Alors du coup, tu peux peut-être nous en dire un peu plus sur ta feuille de route. Qu'est-ce que vous avez décidé ? Qu'est-ce que vous avez déjà commencé à faire, à mettre en place ?

  • LD

    Alors, la feuille de route, déjà, c'est un exercice qui n'est pas évident. En plus, c'est public. Tout le monde peut la lire. C'est un exercice qui est assez délicat, qui demande d'être à la fois ambitieux et qui nécessite une certaine humilité, parce qu'on dit des trucs, on n'est pas sûr, on verra. Mais bon, j'ai trouvé que le processus itératif était hyper pertinent. Parce qu'au début, on met trois idées sur la feuille, on trouve que ça ne ressemble pas à grand-chose, que ce n'est ni ambitieux, ni que ça ne fera pas le taf. Et puis, accompagné de l'équipe de la CEC, de notre camp de base, des gens avec qui on échange, des exercices. Bref, le modèle CEC pour ça, il est très, très bon pour avancer d'un pas plus loin, etc. Et de réinterroger, en fait, les engagements qu'on s'était fixés la dernière fois pour avancer plus loin. Cette feuille de route, alors je reviendrai bien sur le sursaut. Donc la grosse claque qu'on prend, on ne va pas se mentir, je ne suis pas sûre que la réponse soit très différente des uns aux autres. Mais après cette session 1, qui fait un genre d'électrochoc. Et surtout, moi, ce que j'ai découvert, compris ou intégré pendant cette session 1, c'était que la biocapacité de la Terre, en fait, enfin plutôt que l'activité humaine dépasse la biocapacité de la Terre. Et par toutes les ressources que ça engendre, etc. Et à partir du moment où j'ai pigé que l'habitabilité de la Terre, elle était remise en question et que nous, humains, on ne pourrait pas forcément s'adapter, alors maintenant, plus tard, bientôt, nanana. Ça m'a donné une énergie folle pour avancer, descendre ou en tout cas essayer d'être le plus ambitieux possible dans notre feuille de route. Notre feuille de route après elle se décompose en plusieurs éléments alors c'est rigolo parce que quand on la relit on se dit ouais cool on a déjà renoncé sur pas mal de trucs, pas tout. Il y a évidemment un gros enjeu sur un enjeu très important sur le vivant, c'est le plus difficile. J'y reviendrai après dans mes réflexions parce que c'est ce qui va nous demander le plus de recul, le plus de travail aussi sans doute. L'idée c'est qu'on puisse, nous, dans les événements qu'on accueille ici, pouvoir inverser la dette à la fois transport, à la fois déchet. Donc ça c'est les grands sujets sur lesquels on travaille. L'idée c'est que tout ce qui compose un événement, on puisse inverser la dette de ce qui l'induit en fait. Et puis de pouvoir embarquer à la fois nos équipes, à la fois notre écosystème. Donc notre écosystème, je voyais ça de manière très nébuleux, en fait, c'est très simple, c'est juste les gens qui en bossent. Il ne faut pas non plus en faire des montagnes. Donc à la fois nos fournisseurs, nos prestataires, qui sont des gens avec lesquels on bosse avec une assez grande proximité, et donc auprès desquels on peut avoir une certaine influence aussi dans la mise en place de ce qu'on fait chez nous.

  • SG

    Ok. Alors moi, j'ai quand même descendu la feuille de route, j'ai vu trois leviers, donc tu vas... Vous avez structuré quand même. votre action.

  • LD

    Oui, on a essayé de structurer les trois leviers, donc c'est les trois axes de réflexion principaux. Le premier, il est d'arriver à intégrer le vivant dans notre activité. C'est le plus gros des enjeux parce qu'on en est très loin à ce jour. Il y a plusieurs aspects, il y a forcément la connexion avec la zone qui nécessite d'être travaillée, aboutie, réfléchie, etc. Là, je n'ai pas grand-chose à te dire encore parce qu'on a... pas encore assez avancé.

  • SG

    Un événement pour les pêcheurs ?

  • LD

    Ouais, on peut, on n'a pas encore trouvé le lien, mais on y réfléchit. Après, dans la partie vivant, on a une histoire de déchets, nous, avec ce que la nourriture des événements induit, par exemple. Et donc, la nécessité de trouver des solutions sur ce sujet-là, c'est le fameux retour à la Terre dont tout le monde a bien entendu parler. Après, on essaie de capter aussi... Tous les éléments qui pourraient nous permettre de nous rattacher au vivant pour en permettre sa régénération. Ça, c'était le premier levier. Le deuxième levier, le grand classique, c'est diminuer, annuler, je ne sais pas comment, notre empreinte environnementale. Pas évident, on a fait un bilan carbone qui nous a permis d'y voir plus clair, parce que ça n'a rien à se battre sur des sujets sur lesquels ce n'est pas significatif. En l'occurrence, nous, on a des sujets d'énergie, on a des sujets de transport, c'est les deux principaux, en fait. Et si on règle ces deux-là, on sera les plus heureux du monde parce que le reste n'est pas significatif dans une certaine mesure. Et puis le troisième levier, c'est plus dans notre rôle événementiel. À l'embarcadère, il y a 20 000 personnes qui passent à peu près par an. Tu parlais d'influence plus tôt. Ça fait partie un peu de notre rôle, c'est peut-être d'éveiller les consciences évidemment auprès de nos équipes, auprès de notre écosystème, des gens avec lesquels on travaille. Et puis aussi auprès des participants, ces 20 000 personnes qui passent là, qui donc entendent, comprennent un message ou pas. Donc c'est travailler aussi sur notre communication, parce qu'en fait c'est aussi clairement par là que ça passe. Pour montrer qu'on peut faire des choses, même en tant que TPE, même en tant que petit acteur. Voilà, la fameuse technique du colibri. Il fait que si tout le monde se bouge pour faire ce qu'il a à sa portée, ça avancera déjà pas mal. Et puis si en plus tout le monde embarque... ton écosystème là-dedans, ça fera plus un petit colibri, ça fera beaucoup, beaucoup de colibris.

  • SG

    Et du coup, ça peut être quoi par exemple, comme action, par rapport à l'écosystème ?

  • LD

    Alors, il y a un élément, par exemple, dont ça me fait plaisir de te parler, c'est une charte bas carbone qu'on a mise en place, qui pour le coup n'était pas du tout dans nos projets au moment où on a fait la CEC, et puis qui a muri, qui finalement s'est déclenchée, ou bref, qui a pris vie assez vite à la fin de la CEC. On a pris l'initiative de rassembler tous les traiteurs qui interviennent à L'Embarcadère, donc il y en a six. On les a mis autour de la table, exercice pas évident, puisqu'ils sont tous concurrents, etc. Donc ils étaient un petit peu frileux sur le sujet. Et en fait, ce qu'on a voulu faire, c'était de considérer que ce travail collaboratif, il allait permettre un résultat bien plus puissant que si chacun faisait comme il voulait de son côté. Et on a écrit une charte bas carbone qui nous permet d'engager tous les traiteurs pour la majorité des événements. Je ne te cache pas que parfois quand il y a trop de monde, on a certaines contraintes, mais pour la majeure partie des événements qu'on reçoit, pouvoir s'engager sur X piliers qui sont en fait des prérequis si tu veux intervenir en tant que traiteur à l'embarcadère. Il y a deux éléments par exemple qui sont assez forts là-dedans, il y a la gestion de l'eau. La gestion de l'eau c'est un vrai sujet, tous les traiteurs arrivent avec leur bouteille en verre, qu'il faut commander, stocker, rafraîchir, transporter, nanana. Et puis il faut repartir avec les bouteilles vides derrière, ça peut paraître idiot, mais en fait non, à la fin ça chiffre un peu. Et du coup on a mis nous en place une fontaine, l'eau micro-filtrée qui marche très bien dans les plus jolis restaurants de France et de Navarre, donc on n'a pas de doute sur la qualité de l'eau qu'elle permet. Mais du coup c'est un système qu'on met à disposition de nos clients, enfin des traiteurs pardon, qui ensuite peuvent la distribuer auprès des clients pour annuler le transport et tout ce que la gestion de l'eau peut induire lors d'un cocktail ou d'un dîner. Et puis autre exemple dans notre charte bas carbone, les déchets, pareil, je reviens au retour à la terre de notre premier levier, comme ça la boucle est bouclée sur le levier.

  • SG

    Oh bravo, quelle bonne élève !

  • LD

    Ça j'avais pas préparé.

  • SG

    Quelle bonne élève !

  • LD

    Les déchets, clairement, nous on exige que tous les traiteurs qui travaillent avec nous, main dans la main, ils gèrent, donc évidemment les déchets, le tri, tout ça là, mais les biodéchets en fait, les restes alimentaires quand il y en a, parce que quand c'est sorti on ne peut pas toujours redistribuer, mais donc gérer le no-show d'une part pour qu'il y ait le moins de reste possible. et s'il y a des restes, que tout soit géré, piloté avec des systèmes de retour à la terre à la fin. C'est pas compliqué et ils étaient bien d'accord là-dessus pour... Déjà, plusieurs traiteurs avaient déjà des systèmes en place et les autres, en fait, c'est possible avec un moindre effort quand on réfléchit tous ensemble.

  • SG

    Ce qui est intéressant, c'est que vous faites évoluer leur offre. Alors, il y en a qui, tu l'as dit, qui étaient déjà en place. Si vous les faites coopérer, c'est intéressant parce que la coopération, c'est un mot aussi fort et soyons clairs, à la CEC, on a beaucoup parlé de coopération. Et là, en fait, c'est intéressant parce qu'ils ont coopéré. Et finalement, ils se sont rendus peut-être compte qu'il y avait des choses qui pouvaient...

  • LD

    C'était un élément très sympa et qui, c'est marrant, nous a été inculqué par la CEC. Tu as raison, avec ce travail collaboratif, le fait de se mettre autour de la table, de réfléchir ensemble. Et également par La Clé, qui est une association qui rassemble les lieux événementiels à Lyon. Pareil, justement, tous ces sujets environnementaux, RSE, CEC, etc., on arrive à les rebasculer dans des organisations type La Clé, qui sont donc... une association qui rassemble tous les lieux événementiels. Dans la catégorie influence, ça permet de rebasculer à d'autres acteurs parce qu'on est tout à fait partant pour transmettre et partager certains éléments que nous, on a mis en place pour que ce soit fait ailleurs, y compris chez du concurrent. On peut se démarquer sur autre chose, mais là-dessus, autant aller dans le même sens.

  • SG

    Et comment vous avez fait ? On est à l'Embarcadère, donc excuse-moi le jeu de mots, mais comment vous avez embarqué vos équipes ? Parce que là, on a parlé des clients, des fournisseurs. Parfois, c'est presque plus simple d'aller vers les parties prenantes externes et en interne. Alors, comment ça s'est passé ?

  • LD

    Alors ça, j'ai la simplicité de te dire que c'était l'exercice le plus compliqué. C'est compliqué parce qu'en fait, toi, pendant ton parcours CEC à fond dedans, ça te prend du temps, ça te prend de l'énergie, etc. Et puis, tu vois des gens d'un tel niveau que tu as bizarrement du mal à retranscrire fidèlement auprès de tes équipes. D'une part pour le contenu, et puis pour la densité des informations qu'on obtient aussi via la CEC. Donc ça c'est difficile parce qu'on a pris un temps de retard, c'est-à-dire qu'on n'a pas réussi à transmettre suffisamment et à embarquer nos équipes là-dedans. Mais dans le même temps, on a mis en place des processus, des actions, des mécanismes dans notre manière de travailler à L'Embarcadère, qui étaient en fait sous-jacents. Mais on n'a pas fait le décollage à nos équipes. Du coup, là, il y a eu... Bon, bref. Je pense à une espèce de dichotomie pas évidente qu'on essaye de rattraper doucement. La semaine prochaine, par exemple, il y a Bruno David qui vient à L'Embarcadère. T'es le bienvenu, d'ailleurs. On l'avait vu. On l'avait entendu à la CEC. Il nous avait emballés. Et typiquement, nos équipes, on les embarque en les faisant participer à une conférence de Bruno David, qui est l'ancien président du Muséum d'Histoire Naturelle à Paris qui vient nous parler de biodiversité et qui du coup va sans doute permettre d'embarquer les équipes. Les quelques points d'ancrage avec les équipes, c'est évidemment la Fresque du climat, la fresque événementielle qu'on a fait avec eux. On voit aussi qu'il y a parfois certaines réticences, certains qui n'ont pas envie de se frotter si près du sujet, et ça leur appartient. Mais donc on essaye par petites touches, avec des événements qui vont nous fédérer autour de ce sujet pour notre équipe, et puis aussi par l'exercice même de notre métier. Avec la charte bas carbone dont je te parlais tout à l'heure, forcément on leur fait un peu l'introduction, parce que c'est un rebond de nos réflexions de la CEC. Donc on les embarque, mais de manière assez pratico-pratique. Je n'ai pas relevé la proposition de la CEC, c'était peut-être une bêtise, parce que je crois que ça a beaucoup de succès et que ça doit être hyper pertinent. C'était de faire une mini-CEC à nos collaborateurs.

  • SG

    C'est un peu ce que vous faites, mais avec vos moyens, votre temps.

  • LD

    Oui tu as raison. Après, c'est quand même assez puissant d'entendre des gens d'un plus haut niveau que nous. Nous, on n'est pas suffisamment capés pour retranscrire de manière fidèle, si tu veux. C'est la limite. Mais après, c'est effectivement pratico-pratique dans l'exercice de notre métier.

  • SG

    Parce que c'est souvent le sujet. Si tu avais un conseil à donner à un dirigeant, c'est quoi ? C'est déjà de sensibiliser. Parce que toi, ça t'a quand même transformée en tant que dirigeante.

  • LD

    Alors, en termes de conseil à un dirigeant, la première chose, c'est une petite phrase qui me reste, qui me suit depuis la CEC, c'est : si ce n'est pas moi qui s'en occupe de tout ça et si ce n'est pas maintenant, quand est-ce qu'on s'y met ? sous-entendu, encore une fois, cette théorie du colibri, mais qui quand même reste pertinente, évidente, etc. Donc je lui donnerais ce conseil de se dire qu'en fait, il ne faut pas attendre que ça vienne des autres, ou que ça vienne plus tard, etc. Il faut qu'on s'y mette nous, maintenant, et on a un certain pouvoir d'influence en tant que... pas d'influence, en fait, mais un certain pouvoir d'action en tant que chef d'entreprise pour faire évoluer nos modèles, nos organisations, à la fois avec les gens qui la composent, à la fois avec les produits qu'on propose, à la fois avec les ambitions qu'on a et où les capacités d'investissement dans les choix, les priorités qu'on fait à l'intérieur de nos organisations.

  • SG

    Ok, alors souvent, on me dit oui, mais on pose la question, est-ce que tu es devenu plus écolo ? Moi, j'aime trop ce terme écolo, mais je te pose la question parce qu'on en a parlé au début.

  • LD

    Alors, je dirais que le mindset, il évolue nécessairement. Après, je n'aime pas ce terme écolo. En fait, surtout, je ne me considère pas écolo parce qu'en fait, je reste convaincue que l'écologie ne peut pas se traiter seule. Si elle était toute seule, ce serait super, mais en fait, sauf que ce n'est pas que ça. Il y a plein d'autres choses et plein d'autres contraintes qui nous entourent. Donc, en fait, je trouve intéressant d'effectivement donner une place plus importante à la réflexion sur ces sujets. Évidemment, l'environnement, notre capacité d'agir, etc. Mais en fait, on reste aussi des entreprises avec des gens à payer à la fin du mois, avec des investissements qui doivent être rentables, etc. Donc parfois, on fait le choix d'arbitrer de manière plus orientée, etc. Ça, c'est vrai que ça a changé chez nous. Il y a beaucoup de choix par, je ne sais pas, le choix d'un fournisseur, le choix d'un investissement qui est peut-être plus conséquent, mais en fait qui sera plus durable aussi, etc. Donc ça, ça change beaucoup. Et pour le coup, ça a lieu dès la première session de la CEC. Ce n'est pas la peine d'attendre un an. Et puis, c'était hyper chouette parce qu'avec Pauline, on a beaucoup partagé là-dessus. Enfin, plutôt, on a vécu les choses de manière assez collégiale. Enfin, toutes les deux, on a avancé un peu de la même manière. Et c'était d'ailleurs très sympa de faire la CEC ensemble, parce que je précise qu'on l'a fait ensemble. Ça nous a beaucoup rapprochés sur ces sujets. Et puis, quand on dirige une boîte, c'est sympa d'être aligné à deux dirigeantes pour faire des choix qui sont stratégiques pour la suite.

  • SG

    C'est sûr que pour raconter l'histoire, si on n'est pas aligné, c'est compliqué. Donc, il faut être sincère. Alors justement, on a presque terminé ce podcast. Je vais revenir quand même sur le régénératif. Pour l'instant, tu as été une bonne élève. Si tu devais me définir en trois mots ce régénératif, tu donnerais quoi comme mot ?

  • LD

    Alors, mon approche avec le régénératif, déjà, je dirais qu'elle est volontaire. qu'elle est volontaire, c'est un peu faible comme mot, mais enfin, ce n'est pas grave, je me permets d'être réaliste. Elle est long-termiste, parce qu'en fait, je pense que ce n'est pas quelque chose qui nous tombe dessus et qu'on peut se dire, oh bah tiens, demain, je vais me mettre à ça. Non, on ne se met pas à ça comme ça. Donc, pour moi, c'est vraiment une approche, une réflexion long-termiste. Et je crois pas mal aux petits cailloux qu'on sème et qui, en fait, finalement, quand on se retourne, on se dit, ah ouais, si, en fait, on a fait un bon bout de chemin. Et puis, je dirais que c'est complexe, quoi. Quand même, on ne va pas se mentir. J'adorerais, mais ça reste complexe d'y arriver. J'ai failli mettre utopiste, mais non, je ne dirais pas utopiste parce que je pense qu'il faut être ambitieux. Mais ça reste quand même super complexe. Surtout dans nos métiers de service, accessoirement. Voilà.

  • SG

    C'est clair, moi. Et du coup, si tu avais une baguette magique ? Pour changer les règles du jeu économique, tu changerais quoi ?

  • LD

    Alors, à une échelle, si on prend un peu plus de recul, je ne sais pas quoi, à l'échelle de nos gouvernements, à l'échelle des grosses boîtes qui donnent un petit peu la tendance à l'échelle planétaire, tu vois. Je demanderais plus d'honnêteté, de clairvoyance sur le sujet. Et puis peut-être plus d'énergie aussi, pour avancer plus vite.

  • SG

    Plus d'argent.

  • LD

    Peut-être plus d'argent, je ne sais pas.

  • SG

    Parce que le climat était une banque. Ça fait longtemps qu'on a réglé peut-être le problème.

  • LD

    Oui, tu as raison, mais malheureusement, ce n'est vraiment pas l'équation.

  • SG

    Ok, très bien. Et qu'est-ce qui te rend confiante dans l'avenir ? Bon, tu as le sourire depuis toujours, là, quand tu me racontes l'histoire.

  • LD

    Eh bien, je vais dire, je ne suis pas confiante en tout dans l'avenir, mais je suis confiante en un truc, c'est de voir nos enfants grandir. Voilà, pour relever les challenges de demain. En fait, je ne suis pas d'accord avec le fait qu'il ne faut pas faire d'enfants. Mais ça appartient à chacun. On n'est pas là pour débattre là-dessus. Mais en fait, j'aime bien voir les générations futures grandir. Voilà, parce que je suis sûre qu'ils seront plus armés que nous. En fait, la transition sera déjà bien mieux amorcée. Nous, on part de loin quand même. On est génération 80. On n'était pas du tout baignés là-dedans. Il faut dire que la CEC et même tous ces sujets-là, ils cassent pas mal de codes ou bien de racines qu'on a mis du temps. fabriqués, qui sont clairement créés en nous. Donc nos gamins, en fait, ils repartent, ils ne vont pas partir de si loin. Et je suis sûre que ce sera profitable à la suite.

  • SG

    Du coup, tu vois, je ne t'ai pas posé la question sur l'embarcadère dans 10 ans, mais ça paraît évident, non ? C'est la génération suivante, alors.

  • LD

    Avec nos enfants, je ne sais pas si ils vont revivre, mais on verra. Non, la marque d'art dans 10 ans, ça peut prendre pas mal de facettes. J'aimerais bien qu'on arrive à pousser de plus près le lien avec le vivant. Et puis, on verra si nos enfants ont envie d'y aller.

  • SG

    Très bien. Écoute, en tous les cas, Lucie, merci. C'était sincère, comme d'habitude, souriant. J'étais sûr que ça allait être souriant. Et donc, je termine toujours par une petite citation. Alors là, comme on est au bord de l'eau, j'ai trouvé une citation de Boris Cyrulnik qui dit La résilience, c'est l'art de naviguer dans les torrents.

  • LD

    Bien joué.

  • SG

    Allez, merci. Merci beaucoup,

  • LD

    Stéphane.

Description

Embarquées dans cette aventure familiale, entre sœurs, Lucie et Pauline ne connaissaient pas le concept de régénératif avant la CEC. Après l’électrochoc des constats, grâce aux étapes du parcours, aux intervenants, à leur camp de base, etc., elles ont pu avancer d'un pas plus loin, réfléchir plus précisément au vivant et à l’impact que cela impliquait dans leur métier, se réinterroger sur leurs engagements. Piloter, repenser, remettre en question leur entreprise pour ne jamais s’endormir sur ses succès, est dans leur ADN. Alors, le sursaut de L'Embarcadère, c'est d'acter que chaque action compte. « Tout ce que nous faisons peut paraître invisible, mais reste indispensable. » actent Lucie et Pauline.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • SG

    Bonjour, bienvenue sur Échos de Territoires, le podcast inspirant de la Convention des entreprises pour le Climat, qui donne la parole aux acteurs engagés et passionnés qui construisent l'économie régénérative de demain. Je suis Stéphane Gonzalez, alumne de la promotion 2023, et je vous emmène sur les territoires du bassin lyonnais et des Alpes à la rencontre de dirigeantes et de dirigeants qui contribuent à dessiner les contours d'un avenir durable. Et aujourd'hui, j'ai pédalé pour rejoindre les berges de la Saône pour vous partager le témoignage de la dirigeante d'un joli lieu événementiel, qui est bien connu des Lyonnais aujourd'hui, c'est L'Embarcadère. Et cette entrepreneuse de talent, c'est Lucie Durieux. Oui, Lucie, avec talent, avec qui nous allons échanger sur son engagement vers l'économie dite régénérative. Bon Lucie, bonjour.

  • LD

    Salut Stéphane.

  • SG

    Voilà, c'est ce que j'allais dire, on se tutoie, mais bon ça y est, ça c'est fait, de toute façon on se connaît d'avant, donc écoute, moi, je suis très content de venir là, en plus c'est vrai que le lieu est magnifique, on sent, il y a un mood qui est plutôt... qui est plutôt bon. Je me suis replongé dans l'histoire de L'Embarcadère, qui en est une histoire familiale, donc tu vas quand même peut-être nous en parler, bien sûr sur votre feuille de route. Alors j'ai retenu une phrase pour introduire notre échange, qui est le sursaut de l'embarcadère, c'est d'acter que chaque action compte. Tout ce que nous faisons peut paraître invisible, mais reste indispensable. Et ça, c'est un peu l'intro, donc ce que je te propose pendant tout ce podcast, alors je te connais, donc je sais que tu es quelqu'un de très sincère et plutôt... plutôt franc, de nous expliquer un peu ta démarche, qu'est-ce que vous mettez vous en place à l'embarcadère pour essayer finalement de donner une place au vivant, de donner une place au régénératif. J'imagine que ce n'est pas forcément simple. Par contre, vous êtes à côté de la Saône, donc j'imagine aussi qu'il y a un sujet biodiversité qui va être mis en place. Écoute, à toi de jouer. Je te propose déjà de nous présenter L'Embarcadère.

  • LD

    Merci Stéphane, trop sympa de participer à ce podcast. Merci pour ton invitation. Et puis, ravie de faire ça dans le lieu de l'embarcadère. Donc, l'embarcadère, on est un lieu événementiel. On est situé au bord de la Saône, effectivement. L'embarcadère, c'est une équipe d'une dizaine de personnes à peu près qui travaillent à accompagner ses clients à bâtir un événement, à créer les meilleures conditions pour que les gens puissent échanger, travailler et créer du lien entre les organisateurs, les participants. On accueille 150 événements par an à peu près. On travaille avec des sociétés, de la TPE à l'ETI, aux grands groupes côtés, avec des assos également. Et on adore les quatre murs qui nous entourent, et puis le lieu de vie apaisant que représente l'embarcadère, et donc cet échappatoire pour nos clients.

  • SG

    D'accord, alors ça nous intéresse de savoir comment tu arrives, l'embarcadère. Histoire un peu familiale, entrepreneuse ?

  • LD

    Alors c'est tout à fait familial. Moi je dirige L'Embarcadère depuis 12 ans, fièrement associée avec ma sœur Pauline, qui était là déjà avant moi. On s'est... retrouvés un petit peu par opportunité, sans idée préconçue sur le fait de travailler ensemble, mais c'est venu comme ça. Ça fait 12 ans, c'est une belle histoire, c'est un gage de confiance absolue de bosser en famille, c'est une aventure vraiment passionnante, et puis on prend beaucoup de plaisir l'une et l'autre à bosser, même si on n'est pas à l'abri des embûches et des soucis, comme dans toute boîte et comme dans toute direction. Mais du coup, ça fait 12 ans, j'ai un parcours qui n'était pas du tout dans l'événementiel en amont, mais... Je suis ravie d'avoir ce rôle de chef d'entreprise. En fait, au fil de ces 12 ans à l'embarcadère, il y a eu plusieurs vies. Alors dans les espaces notamment, mais pas seulement. Et c'est ce qui me plaît le plus en tant que chef d'entreprise, c'est de piloter, de repenser, de remettre en question son organisation dans sa globalité. Et donc c'est sympa parce que l'exercice était évident avec la CEC. Voilà, pour jamais s'endormir sur ses lauriers. C'est ce que j'aime bien en tant que chef d'entreprise avant tout.

  • SG

    D'accord. Du coup, ça, c'était le plus simple. Maintenant, en effet, tu l'as dit, tu vas nous parler du régénératif. Alors, porte-toi. C'est quoi le régénératif ? Et puis, comment tu... Finalement, c'est quoi le déclic pour aller faire la CEC, par exemple ?

  • LD

    Alors, déjà, le régénératif, moi, je n'en avais jamais entendu parler avant la CEC. C'est-à-dire que c'était un mot nouveau, en tout cas dans nos rôles de chef d'entreprise. Et j'ai trouvé que c'était follement ambitieux, même un peu complètement utopique. Et puis j'ai aimé la manière dont la CEC nous a fait évoluer sur le sujet, puis nous a permis de faire un pas de côté, puis peut-être de comprendre certaines choses, etc. Ce que je comprends, moi, de l'économie régénérative, c'est que c'est une économie qui doit être en lien avec le vivant, avec les ressources dont cette économie a besoin pour exister. Ce que je comprends aussi, c'est qu'en fait, il ne suffit pas de seulement effacer la dette de la ressource pour mener à bien son économie, mais il faut renouveler, reconstituer cette ressource. C'est là où ça devient chaud mais on a bien enfin on veut bien jouer et puis surtout on veut bien à L'Embarcadère essayer de comprendre comment aller le plus loin possible, on verra dans quelle mesure on y arrive. On n'en est pas là du tout à ce stade, même si notre feuille de route est écrite. Il va falloir du temps pour arriver à une économie régénérative quand même assez clairement.

  • SG

    Et du coup, c'est quoi le déclic pour entrer à la CEC ?

  • LD

    La CEC, c'est une opportunité assez rigolote. Les organisateurs de la CEC ont eu la bonne idée de choisir l'embarcadère pour organiser leur kick-off de la session 2023. Donc on est arrivé un peu à retardement dans le parcours, mais du coup, par la force des choses, comme n'importe quel client, on s'est mis un petit peu dans le match de quel est l'enjeu, quels sont les gens que cet événement rassemble, pourquoi faire, comment... Et en fait, on s'est rendu compte que ce que proposait ce parcours CEC, c'était exactement ce dont on avait besoin pour structurer notre démarche RSE plus globalement, pour y voir plus clair, pour aussi se former. Ce qui nous a énormément plu là-dedans, c'est le fait d'échanger entre pairs. Parce qu'en fait, on se sent hyper seul en tant que chef d'entreprise avec ces sujets. Et le fait d'être du coup rassemblés à l'intérieur d'un groupe qui sont des gens qui ont les mêmes problématiques que nous, nous a paru très pertinent et intéressant et puis rassurant aussi pour pouvoir travailler sur ces sujets à l'échelle de notre entreprise.

  • SG

    Oui, parce que l'intérêt aussi, c'est que vous êtes combien ? Vous êtes dix dans la société ?

  • LD

    On est dix dans la société.

  • SG

    Souvent, on a l'impression que c'est vraiment quelque chose qui attrape aux grosses sociétés. Alors qu'en fait, ce sujet, il marche très bien dans la TPE-PMA. Souvent, on dit c'est trop compliqué, je suis petit, je n'ai pas l'argent.

  • LD

    Alors, je te rejoins. C'est vrai que j'ai une idée un peu reçue du fait que les gros groupes ont forcément plus de moyens, et puis ils feront avancer le schmilblick plus rapidement. Néanmoins, la CEC, elle m'a éveillée à ça pas mal. Un, la TPE, elle a le mérite d'être ultra agile. Alors évidemment, ça nécessite de faire des concessions aussi, ou des choix, d'arbitrer, etc. Parce que si on investit comme ça, on n'investit pas à droite. Mais moi, j'adore l'idée qu'à l'échelle de nos petites entreprises avec 10 personnes, 150 clients par an et un seul lieu, on puisse quand même faire avancer les choses à notre échelle, c'est-à-dire réfléchir de manière pertinente à ce qui est à notre portée pour pouvoir avancer dans le bon sens.

  • SG

    D'accord. Avant cette Convention des Entreprises pour le Climat, c'était quoi ton niveau de maturité par rapport à tous ces sujets ?

  • LD

    Assez faible, assez nébuleux. Sinon qu'on avait évidemment, nous, une envie d'avancer sur ces sujets, mais donc entre le décret tertiaire, le bilan carbone, le CISA, tout ça était assez nébuleux. Évidemment, on était confrontés à ce qu'on entend dans les médias, CISA, mais malheureusement pas toujours s'y fier très bien. Pour le coup, la CEC, elle nous a permis d'avancer de manière très importante sur la connaissance de la situation, sur clairement le mur qui a l'air de se rapprocher de manière inéluctable. Et du coup, ça permet de mettre un grand coup de marche avant et de se dire, en fait, c'est maintenant et c'est comme on peut, sous notre toit, à notre échelle.

  • SG

    C'est ça. Alors du coup, tu peux peut-être nous en dire un peu plus sur ta feuille de route. Qu'est-ce que vous avez décidé ? Qu'est-ce que vous avez déjà commencé à faire, à mettre en place ?

  • LD

    Alors, la feuille de route, déjà, c'est un exercice qui n'est pas évident. En plus, c'est public. Tout le monde peut la lire. C'est un exercice qui est assez délicat, qui demande d'être à la fois ambitieux et qui nécessite une certaine humilité, parce qu'on dit des trucs, on n'est pas sûr, on verra. Mais bon, j'ai trouvé que le processus itératif était hyper pertinent. Parce qu'au début, on met trois idées sur la feuille, on trouve que ça ne ressemble pas à grand-chose, que ce n'est ni ambitieux, ni que ça ne fera pas le taf. Et puis, accompagné de l'équipe de la CEC, de notre camp de base, des gens avec qui on échange, des exercices. Bref, le modèle CEC pour ça, il est très, très bon pour avancer d'un pas plus loin, etc. Et de réinterroger, en fait, les engagements qu'on s'était fixés la dernière fois pour avancer plus loin. Cette feuille de route, alors je reviendrai bien sur le sursaut. Donc la grosse claque qu'on prend, on ne va pas se mentir, je ne suis pas sûre que la réponse soit très différente des uns aux autres. Mais après cette session 1, qui fait un genre d'électrochoc. Et surtout, moi, ce que j'ai découvert, compris ou intégré pendant cette session 1, c'était que la biocapacité de la Terre, en fait, enfin plutôt que l'activité humaine dépasse la biocapacité de la Terre. Et par toutes les ressources que ça engendre, etc. Et à partir du moment où j'ai pigé que l'habitabilité de la Terre, elle était remise en question et que nous, humains, on ne pourrait pas forcément s'adapter, alors maintenant, plus tard, bientôt, nanana. Ça m'a donné une énergie folle pour avancer, descendre ou en tout cas essayer d'être le plus ambitieux possible dans notre feuille de route. Notre feuille de route après elle se décompose en plusieurs éléments alors c'est rigolo parce que quand on la relit on se dit ouais cool on a déjà renoncé sur pas mal de trucs, pas tout. Il y a évidemment un gros enjeu sur un enjeu très important sur le vivant, c'est le plus difficile. J'y reviendrai après dans mes réflexions parce que c'est ce qui va nous demander le plus de recul, le plus de travail aussi sans doute. L'idée c'est qu'on puisse, nous, dans les événements qu'on accueille ici, pouvoir inverser la dette à la fois transport, à la fois déchet. Donc ça c'est les grands sujets sur lesquels on travaille. L'idée c'est que tout ce qui compose un événement, on puisse inverser la dette de ce qui l'induit en fait. Et puis de pouvoir embarquer à la fois nos équipes, à la fois notre écosystème. Donc notre écosystème, je voyais ça de manière très nébuleux, en fait, c'est très simple, c'est juste les gens qui en bossent. Il ne faut pas non plus en faire des montagnes. Donc à la fois nos fournisseurs, nos prestataires, qui sont des gens avec lesquels on bosse avec une assez grande proximité, et donc auprès desquels on peut avoir une certaine influence aussi dans la mise en place de ce qu'on fait chez nous.

  • SG

    Ok. Alors moi, j'ai quand même descendu la feuille de route, j'ai vu trois leviers, donc tu vas... Vous avez structuré quand même. votre action.

  • LD

    Oui, on a essayé de structurer les trois leviers, donc c'est les trois axes de réflexion principaux. Le premier, il est d'arriver à intégrer le vivant dans notre activité. C'est le plus gros des enjeux parce qu'on en est très loin à ce jour. Il y a plusieurs aspects, il y a forcément la connexion avec la zone qui nécessite d'être travaillée, aboutie, réfléchie, etc. Là, je n'ai pas grand-chose à te dire encore parce qu'on a... pas encore assez avancé.

  • SG

    Un événement pour les pêcheurs ?

  • LD

    Ouais, on peut, on n'a pas encore trouvé le lien, mais on y réfléchit. Après, dans la partie vivant, on a une histoire de déchets, nous, avec ce que la nourriture des événements induit, par exemple. Et donc, la nécessité de trouver des solutions sur ce sujet-là, c'est le fameux retour à la Terre dont tout le monde a bien entendu parler. Après, on essaie de capter aussi... Tous les éléments qui pourraient nous permettre de nous rattacher au vivant pour en permettre sa régénération. Ça, c'était le premier levier. Le deuxième levier, le grand classique, c'est diminuer, annuler, je ne sais pas comment, notre empreinte environnementale. Pas évident, on a fait un bilan carbone qui nous a permis d'y voir plus clair, parce que ça n'a rien à se battre sur des sujets sur lesquels ce n'est pas significatif. En l'occurrence, nous, on a des sujets d'énergie, on a des sujets de transport, c'est les deux principaux, en fait. Et si on règle ces deux-là, on sera les plus heureux du monde parce que le reste n'est pas significatif dans une certaine mesure. Et puis le troisième levier, c'est plus dans notre rôle événementiel. À l'embarcadère, il y a 20 000 personnes qui passent à peu près par an. Tu parlais d'influence plus tôt. Ça fait partie un peu de notre rôle, c'est peut-être d'éveiller les consciences évidemment auprès de nos équipes, auprès de notre écosystème, des gens avec lesquels on travaille. Et puis aussi auprès des participants, ces 20 000 personnes qui passent là, qui donc entendent, comprennent un message ou pas. Donc c'est travailler aussi sur notre communication, parce qu'en fait c'est aussi clairement par là que ça passe. Pour montrer qu'on peut faire des choses, même en tant que TPE, même en tant que petit acteur. Voilà, la fameuse technique du colibri. Il fait que si tout le monde se bouge pour faire ce qu'il a à sa portée, ça avancera déjà pas mal. Et puis si en plus tout le monde embarque... ton écosystème là-dedans, ça fera plus un petit colibri, ça fera beaucoup, beaucoup de colibris.

  • SG

    Et du coup, ça peut être quoi par exemple, comme action, par rapport à l'écosystème ?

  • LD

    Alors, il y a un élément, par exemple, dont ça me fait plaisir de te parler, c'est une charte bas carbone qu'on a mise en place, qui pour le coup n'était pas du tout dans nos projets au moment où on a fait la CEC, et puis qui a muri, qui finalement s'est déclenchée, ou bref, qui a pris vie assez vite à la fin de la CEC. On a pris l'initiative de rassembler tous les traiteurs qui interviennent à L'Embarcadère, donc il y en a six. On les a mis autour de la table, exercice pas évident, puisqu'ils sont tous concurrents, etc. Donc ils étaient un petit peu frileux sur le sujet. Et en fait, ce qu'on a voulu faire, c'était de considérer que ce travail collaboratif, il allait permettre un résultat bien plus puissant que si chacun faisait comme il voulait de son côté. Et on a écrit une charte bas carbone qui nous permet d'engager tous les traiteurs pour la majorité des événements. Je ne te cache pas que parfois quand il y a trop de monde, on a certaines contraintes, mais pour la majeure partie des événements qu'on reçoit, pouvoir s'engager sur X piliers qui sont en fait des prérequis si tu veux intervenir en tant que traiteur à l'embarcadère. Il y a deux éléments par exemple qui sont assez forts là-dedans, il y a la gestion de l'eau. La gestion de l'eau c'est un vrai sujet, tous les traiteurs arrivent avec leur bouteille en verre, qu'il faut commander, stocker, rafraîchir, transporter, nanana. Et puis il faut repartir avec les bouteilles vides derrière, ça peut paraître idiot, mais en fait non, à la fin ça chiffre un peu. Et du coup on a mis nous en place une fontaine, l'eau micro-filtrée qui marche très bien dans les plus jolis restaurants de France et de Navarre, donc on n'a pas de doute sur la qualité de l'eau qu'elle permet. Mais du coup c'est un système qu'on met à disposition de nos clients, enfin des traiteurs pardon, qui ensuite peuvent la distribuer auprès des clients pour annuler le transport et tout ce que la gestion de l'eau peut induire lors d'un cocktail ou d'un dîner. Et puis autre exemple dans notre charte bas carbone, les déchets, pareil, je reviens au retour à la terre de notre premier levier, comme ça la boucle est bouclée sur le levier.

  • SG

    Oh bravo, quelle bonne élève !

  • LD

    Ça j'avais pas préparé.

  • SG

    Quelle bonne élève !

  • LD

    Les déchets, clairement, nous on exige que tous les traiteurs qui travaillent avec nous, main dans la main, ils gèrent, donc évidemment les déchets, le tri, tout ça là, mais les biodéchets en fait, les restes alimentaires quand il y en a, parce que quand c'est sorti on ne peut pas toujours redistribuer, mais donc gérer le no-show d'une part pour qu'il y ait le moins de reste possible. et s'il y a des restes, que tout soit géré, piloté avec des systèmes de retour à la terre à la fin. C'est pas compliqué et ils étaient bien d'accord là-dessus pour... Déjà, plusieurs traiteurs avaient déjà des systèmes en place et les autres, en fait, c'est possible avec un moindre effort quand on réfléchit tous ensemble.

  • SG

    Ce qui est intéressant, c'est que vous faites évoluer leur offre. Alors, il y en a qui, tu l'as dit, qui étaient déjà en place. Si vous les faites coopérer, c'est intéressant parce que la coopération, c'est un mot aussi fort et soyons clairs, à la CEC, on a beaucoup parlé de coopération. Et là, en fait, c'est intéressant parce qu'ils ont coopéré. Et finalement, ils se sont rendus peut-être compte qu'il y avait des choses qui pouvaient...

  • LD

    C'était un élément très sympa et qui, c'est marrant, nous a été inculqué par la CEC. Tu as raison, avec ce travail collaboratif, le fait de se mettre autour de la table, de réfléchir ensemble. Et également par La Clé, qui est une association qui rassemble les lieux événementiels à Lyon. Pareil, justement, tous ces sujets environnementaux, RSE, CEC, etc., on arrive à les rebasculer dans des organisations type La Clé, qui sont donc... une association qui rassemble tous les lieux événementiels. Dans la catégorie influence, ça permet de rebasculer à d'autres acteurs parce qu'on est tout à fait partant pour transmettre et partager certains éléments que nous, on a mis en place pour que ce soit fait ailleurs, y compris chez du concurrent. On peut se démarquer sur autre chose, mais là-dessus, autant aller dans le même sens.

  • SG

    Et comment vous avez fait ? On est à l'Embarcadère, donc excuse-moi le jeu de mots, mais comment vous avez embarqué vos équipes ? Parce que là, on a parlé des clients, des fournisseurs. Parfois, c'est presque plus simple d'aller vers les parties prenantes externes et en interne. Alors, comment ça s'est passé ?

  • LD

    Alors ça, j'ai la simplicité de te dire que c'était l'exercice le plus compliqué. C'est compliqué parce qu'en fait, toi, pendant ton parcours CEC à fond dedans, ça te prend du temps, ça te prend de l'énergie, etc. Et puis, tu vois des gens d'un tel niveau que tu as bizarrement du mal à retranscrire fidèlement auprès de tes équipes. D'une part pour le contenu, et puis pour la densité des informations qu'on obtient aussi via la CEC. Donc ça c'est difficile parce qu'on a pris un temps de retard, c'est-à-dire qu'on n'a pas réussi à transmettre suffisamment et à embarquer nos équipes là-dedans. Mais dans le même temps, on a mis en place des processus, des actions, des mécanismes dans notre manière de travailler à L'Embarcadère, qui étaient en fait sous-jacents. Mais on n'a pas fait le décollage à nos équipes. Du coup, là, il y a eu... Bon, bref. Je pense à une espèce de dichotomie pas évidente qu'on essaye de rattraper doucement. La semaine prochaine, par exemple, il y a Bruno David qui vient à L'Embarcadère. T'es le bienvenu, d'ailleurs. On l'avait vu. On l'avait entendu à la CEC. Il nous avait emballés. Et typiquement, nos équipes, on les embarque en les faisant participer à une conférence de Bruno David, qui est l'ancien président du Muséum d'Histoire Naturelle à Paris qui vient nous parler de biodiversité et qui du coup va sans doute permettre d'embarquer les équipes. Les quelques points d'ancrage avec les équipes, c'est évidemment la Fresque du climat, la fresque événementielle qu'on a fait avec eux. On voit aussi qu'il y a parfois certaines réticences, certains qui n'ont pas envie de se frotter si près du sujet, et ça leur appartient. Mais donc on essaye par petites touches, avec des événements qui vont nous fédérer autour de ce sujet pour notre équipe, et puis aussi par l'exercice même de notre métier. Avec la charte bas carbone dont je te parlais tout à l'heure, forcément on leur fait un peu l'introduction, parce que c'est un rebond de nos réflexions de la CEC. Donc on les embarque, mais de manière assez pratico-pratique. Je n'ai pas relevé la proposition de la CEC, c'était peut-être une bêtise, parce que je crois que ça a beaucoup de succès et que ça doit être hyper pertinent. C'était de faire une mini-CEC à nos collaborateurs.

  • SG

    C'est un peu ce que vous faites, mais avec vos moyens, votre temps.

  • LD

    Oui tu as raison. Après, c'est quand même assez puissant d'entendre des gens d'un plus haut niveau que nous. Nous, on n'est pas suffisamment capés pour retranscrire de manière fidèle, si tu veux. C'est la limite. Mais après, c'est effectivement pratico-pratique dans l'exercice de notre métier.

  • SG

    Parce que c'est souvent le sujet. Si tu avais un conseil à donner à un dirigeant, c'est quoi ? C'est déjà de sensibiliser. Parce que toi, ça t'a quand même transformée en tant que dirigeante.

  • LD

    Alors, en termes de conseil à un dirigeant, la première chose, c'est une petite phrase qui me reste, qui me suit depuis la CEC, c'est : si ce n'est pas moi qui s'en occupe de tout ça et si ce n'est pas maintenant, quand est-ce qu'on s'y met ? sous-entendu, encore une fois, cette théorie du colibri, mais qui quand même reste pertinente, évidente, etc. Donc je lui donnerais ce conseil de se dire qu'en fait, il ne faut pas attendre que ça vienne des autres, ou que ça vienne plus tard, etc. Il faut qu'on s'y mette nous, maintenant, et on a un certain pouvoir d'influence en tant que... pas d'influence, en fait, mais un certain pouvoir d'action en tant que chef d'entreprise pour faire évoluer nos modèles, nos organisations, à la fois avec les gens qui la composent, à la fois avec les produits qu'on propose, à la fois avec les ambitions qu'on a et où les capacités d'investissement dans les choix, les priorités qu'on fait à l'intérieur de nos organisations.

  • SG

    Ok, alors souvent, on me dit oui, mais on pose la question, est-ce que tu es devenu plus écolo ? Moi, j'aime trop ce terme écolo, mais je te pose la question parce qu'on en a parlé au début.

  • LD

    Alors, je dirais que le mindset, il évolue nécessairement. Après, je n'aime pas ce terme écolo. En fait, surtout, je ne me considère pas écolo parce qu'en fait, je reste convaincue que l'écologie ne peut pas se traiter seule. Si elle était toute seule, ce serait super, mais en fait, sauf que ce n'est pas que ça. Il y a plein d'autres choses et plein d'autres contraintes qui nous entourent. Donc, en fait, je trouve intéressant d'effectivement donner une place plus importante à la réflexion sur ces sujets. Évidemment, l'environnement, notre capacité d'agir, etc. Mais en fait, on reste aussi des entreprises avec des gens à payer à la fin du mois, avec des investissements qui doivent être rentables, etc. Donc parfois, on fait le choix d'arbitrer de manière plus orientée, etc. Ça, c'est vrai que ça a changé chez nous. Il y a beaucoup de choix par, je ne sais pas, le choix d'un fournisseur, le choix d'un investissement qui est peut-être plus conséquent, mais en fait qui sera plus durable aussi, etc. Donc ça, ça change beaucoup. Et pour le coup, ça a lieu dès la première session de la CEC. Ce n'est pas la peine d'attendre un an. Et puis, c'était hyper chouette parce qu'avec Pauline, on a beaucoup partagé là-dessus. Enfin, plutôt, on a vécu les choses de manière assez collégiale. Enfin, toutes les deux, on a avancé un peu de la même manière. Et c'était d'ailleurs très sympa de faire la CEC ensemble, parce que je précise qu'on l'a fait ensemble. Ça nous a beaucoup rapprochés sur ces sujets. Et puis, quand on dirige une boîte, c'est sympa d'être aligné à deux dirigeantes pour faire des choix qui sont stratégiques pour la suite.

  • SG

    C'est sûr que pour raconter l'histoire, si on n'est pas aligné, c'est compliqué. Donc, il faut être sincère. Alors justement, on a presque terminé ce podcast. Je vais revenir quand même sur le régénératif. Pour l'instant, tu as été une bonne élève. Si tu devais me définir en trois mots ce régénératif, tu donnerais quoi comme mot ?

  • LD

    Alors, mon approche avec le régénératif, déjà, je dirais qu'elle est volontaire. qu'elle est volontaire, c'est un peu faible comme mot, mais enfin, ce n'est pas grave, je me permets d'être réaliste. Elle est long-termiste, parce qu'en fait, je pense que ce n'est pas quelque chose qui nous tombe dessus et qu'on peut se dire, oh bah tiens, demain, je vais me mettre à ça. Non, on ne se met pas à ça comme ça. Donc, pour moi, c'est vraiment une approche, une réflexion long-termiste. Et je crois pas mal aux petits cailloux qu'on sème et qui, en fait, finalement, quand on se retourne, on se dit, ah ouais, si, en fait, on a fait un bon bout de chemin. Et puis, je dirais que c'est complexe, quoi. Quand même, on ne va pas se mentir. J'adorerais, mais ça reste complexe d'y arriver. J'ai failli mettre utopiste, mais non, je ne dirais pas utopiste parce que je pense qu'il faut être ambitieux. Mais ça reste quand même super complexe. Surtout dans nos métiers de service, accessoirement. Voilà.

  • SG

    C'est clair, moi. Et du coup, si tu avais une baguette magique ? Pour changer les règles du jeu économique, tu changerais quoi ?

  • LD

    Alors, à une échelle, si on prend un peu plus de recul, je ne sais pas quoi, à l'échelle de nos gouvernements, à l'échelle des grosses boîtes qui donnent un petit peu la tendance à l'échelle planétaire, tu vois. Je demanderais plus d'honnêteté, de clairvoyance sur le sujet. Et puis peut-être plus d'énergie aussi, pour avancer plus vite.

  • SG

    Plus d'argent.

  • LD

    Peut-être plus d'argent, je ne sais pas.

  • SG

    Parce que le climat était une banque. Ça fait longtemps qu'on a réglé peut-être le problème.

  • LD

    Oui, tu as raison, mais malheureusement, ce n'est vraiment pas l'équation.

  • SG

    Ok, très bien. Et qu'est-ce qui te rend confiante dans l'avenir ? Bon, tu as le sourire depuis toujours, là, quand tu me racontes l'histoire.

  • LD

    Eh bien, je vais dire, je ne suis pas confiante en tout dans l'avenir, mais je suis confiante en un truc, c'est de voir nos enfants grandir. Voilà, pour relever les challenges de demain. En fait, je ne suis pas d'accord avec le fait qu'il ne faut pas faire d'enfants. Mais ça appartient à chacun. On n'est pas là pour débattre là-dessus. Mais en fait, j'aime bien voir les générations futures grandir. Voilà, parce que je suis sûre qu'ils seront plus armés que nous. En fait, la transition sera déjà bien mieux amorcée. Nous, on part de loin quand même. On est génération 80. On n'était pas du tout baignés là-dedans. Il faut dire que la CEC et même tous ces sujets-là, ils cassent pas mal de codes ou bien de racines qu'on a mis du temps. fabriqués, qui sont clairement créés en nous. Donc nos gamins, en fait, ils repartent, ils ne vont pas partir de si loin. Et je suis sûre que ce sera profitable à la suite.

  • SG

    Du coup, tu vois, je ne t'ai pas posé la question sur l'embarcadère dans 10 ans, mais ça paraît évident, non ? C'est la génération suivante, alors.

  • LD

    Avec nos enfants, je ne sais pas si ils vont revivre, mais on verra. Non, la marque d'art dans 10 ans, ça peut prendre pas mal de facettes. J'aimerais bien qu'on arrive à pousser de plus près le lien avec le vivant. Et puis, on verra si nos enfants ont envie d'y aller.

  • SG

    Très bien. Écoute, en tous les cas, Lucie, merci. C'était sincère, comme d'habitude, souriant. J'étais sûr que ça allait être souriant. Et donc, je termine toujours par une petite citation. Alors là, comme on est au bord de l'eau, j'ai trouvé une citation de Boris Cyrulnik qui dit La résilience, c'est l'art de naviguer dans les torrents.

  • LD

    Bien joué.

  • SG

    Allez, merci. Merci beaucoup,

  • LD

    Stéphane.

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Description

Embarquées dans cette aventure familiale, entre sœurs, Lucie et Pauline ne connaissaient pas le concept de régénératif avant la CEC. Après l’électrochoc des constats, grâce aux étapes du parcours, aux intervenants, à leur camp de base, etc., elles ont pu avancer d'un pas plus loin, réfléchir plus précisément au vivant et à l’impact que cela impliquait dans leur métier, se réinterroger sur leurs engagements. Piloter, repenser, remettre en question leur entreprise pour ne jamais s’endormir sur ses succès, est dans leur ADN. Alors, le sursaut de L'Embarcadère, c'est d'acter que chaque action compte. « Tout ce que nous faisons peut paraître invisible, mais reste indispensable. » actent Lucie et Pauline.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • SG

    Bonjour, bienvenue sur Échos de Territoires, le podcast inspirant de la Convention des entreprises pour le Climat, qui donne la parole aux acteurs engagés et passionnés qui construisent l'économie régénérative de demain. Je suis Stéphane Gonzalez, alumne de la promotion 2023, et je vous emmène sur les territoires du bassin lyonnais et des Alpes à la rencontre de dirigeantes et de dirigeants qui contribuent à dessiner les contours d'un avenir durable. Et aujourd'hui, j'ai pédalé pour rejoindre les berges de la Saône pour vous partager le témoignage de la dirigeante d'un joli lieu événementiel, qui est bien connu des Lyonnais aujourd'hui, c'est L'Embarcadère. Et cette entrepreneuse de talent, c'est Lucie Durieux. Oui, Lucie, avec talent, avec qui nous allons échanger sur son engagement vers l'économie dite régénérative. Bon Lucie, bonjour.

  • LD

    Salut Stéphane.

  • SG

    Voilà, c'est ce que j'allais dire, on se tutoie, mais bon ça y est, ça c'est fait, de toute façon on se connaît d'avant, donc écoute, moi, je suis très content de venir là, en plus c'est vrai que le lieu est magnifique, on sent, il y a un mood qui est plutôt... qui est plutôt bon. Je me suis replongé dans l'histoire de L'Embarcadère, qui en est une histoire familiale, donc tu vas quand même peut-être nous en parler, bien sûr sur votre feuille de route. Alors j'ai retenu une phrase pour introduire notre échange, qui est le sursaut de l'embarcadère, c'est d'acter que chaque action compte. Tout ce que nous faisons peut paraître invisible, mais reste indispensable. Et ça, c'est un peu l'intro, donc ce que je te propose pendant tout ce podcast, alors je te connais, donc je sais que tu es quelqu'un de très sincère et plutôt... plutôt franc, de nous expliquer un peu ta démarche, qu'est-ce que vous mettez vous en place à l'embarcadère pour essayer finalement de donner une place au vivant, de donner une place au régénératif. J'imagine que ce n'est pas forcément simple. Par contre, vous êtes à côté de la Saône, donc j'imagine aussi qu'il y a un sujet biodiversité qui va être mis en place. Écoute, à toi de jouer. Je te propose déjà de nous présenter L'Embarcadère.

  • LD

    Merci Stéphane, trop sympa de participer à ce podcast. Merci pour ton invitation. Et puis, ravie de faire ça dans le lieu de l'embarcadère. Donc, l'embarcadère, on est un lieu événementiel. On est situé au bord de la Saône, effectivement. L'embarcadère, c'est une équipe d'une dizaine de personnes à peu près qui travaillent à accompagner ses clients à bâtir un événement, à créer les meilleures conditions pour que les gens puissent échanger, travailler et créer du lien entre les organisateurs, les participants. On accueille 150 événements par an à peu près. On travaille avec des sociétés, de la TPE à l'ETI, aux grands groupes côtés, avec des assos également. Et on adore les quatre murs qui nous entourent, et puis le lieu de vie apaisant que représente l'embarcadère, et donc cet échappatoire pour nos clients.

  • SG

    D'accord, alors ça nous intéresse de savoir comment tu arrives, l'embarcadère. Histoire un peu familiale, entrepreneuse ?

  • LD

    Alors c'est tout à fait familial. Moi je dirige L'Embarcadère depuis 12 ans, fièrement associée avec ma sœur Pauline, qui était là déjà avant moi. On s'est... retrouvés un petit peu par opportunité, sans idée préconçue sur le fait de travailler ensemble, mais c'est venu comme ça. Ça fait 12 ans, c'est une belle histoire, c'est un gage de confiance absolue de bosser en famille, c'est une aventure vraiment passionnante, et puis on prend beaucoup de plaisir l'une et l'autre à bosser, même si on n'est pas à l'abri des embûches et des soucis, comme dans toute boîte et comme dans toute direction. Mais du coup, ça fait 12 ans, j'ai un parcours qui n'était pas du tout dans l'événementiel en amont, mais... Je suis ravie d'avoir ce rôle de chef d'entreprise. En fait, au fil de ces 12 ans à l'embarcadère, il y a eu plusieurs vies. Alors dans les espaces notamment, mais pas seulement. Et c'est ce qui me plaît le plus en tant que chef d'entreprise, c'est de piloter, de repenser, de remettre en question son organisation dans sa globalité. Et donc c'est sympa parce que l'exercice était évident avec la CEC. Voilà, pour jamais s'endormir sur ses lauriers. C'est ce que j'aime bien en tant que chef d'entreprise avant tout.

  • SG

    D'accord. Du coup, ça, c'était le plus simple. Maintenant, en effet, tu l'as dit, tu vas nous parler du régénératif. Alors, porte-toi. C'est quoi le régénératif ? Et puis, comment tu... Finalement, c'est quoi le déclic pour aller faire la CEC, par exemple ?

  • LD

    Alors, déjà, le régénératif, moi, je n'en avais jamais entendu parler avant la CEC. C'est-à-dire que c'était un mot nouveau, en tout cas dans nos rôles de chef d'entreprise. Et j'ai trouvé que c'était follement ambitieux, même un peu complètement utopique. Et puis j'ai aimé la manière dont la CEC nous a fait évoluer sur le sujet, puis nous a permis de faire un pas de côté, puis peut-être de comprendre certaines choses, etc. Ce que je comprends, moi, de l'économie régénérative, c'est que c'est une économie qui doit être en lien avec le vivant, avec les ressources dont cette économie a besoin pour exister. Ce que je comprends aussi, c'est qu'en fait, il ne suffit pas de seulement effacer la dette de la ressource pour mener à bien son économie, mais il faut renouveler, reconstituer cette ressource. C'est là où ça devient chaud mais on a bien enfin on veut bien jouer et puis surtout on veut bien à L'Embarcadère essayer de comprendre comment aller le plus loin possible, on verra dans quelle mesure on y arrive. On n'en est pas là du tout à ce stade, même si notre feuille de route est écrite. Il va falloir du temps pour arriver à une économie régénérative quand même assez clairement.

  • SG

    Et du coup, c'est quoi le déclic pour entrer à la CEC ?

  • LD

    La CEC, c'est une opportunité assez rigolote. Les organisateurs de la CEC ont eu la bonne idée de choisir l'embarcadère pour organiser leur kick-off de la session 2023. Donc on est arrivé un peu à retardement dans le parcours, mais du coup, par la force des choses, comme n'importe quel client, on s'est mis un petit peu dans le match de quel est l'enjeu, quels sont les gens que cet événement rassemble, pourquoi faire, comment... Et en fait, on s'est rendu compte que ce que proposait ce parcours CEC, c'était exactement ce dont on avait besoin pour structurer notre démarche RSE plus globalement, pour y voir plus clair, pour aussi se former. Ce qui nous a énormément plu là-dedans, c'est le fait d'échanger entre pairs. Parce qu'en fait, on se sent hyper seul en tant que chef d'entreprise avec ces sujets. Et le fait d'être du coup rassemblés à l'intérieur d'un groupe qui sont des gens qui ont les mêmes problématiques que nous, nous a paru très pertinent et intéressant et puis rassurant aussi pour pouvoir travailler sur ces sujets à l'échelle de notre entreprise.

  • SG

    Oui, parce que l'intérêt aussi, c'est que vous êtes combien ? Vous êtes dix dans la société ?

  • LD

    On est dix dans la société.

  • SG

    Souvent, on a l'impression que c'est vraiment quelque chose qui attrape aux grosses sociétés. Alors qu'en fait, ce sujet, il marche très bien dans la TPE-PMA. Souvent, on dit c'est trop compliqué, je suis petit, je n'ai pas l'argent.

  • LD

    Alors, je te rejoins. C'est vrai que j'ai une idée un peu reçue du fait que les gros groupes ont forcément plus de moyens, et puis ils feront avancer le schmilblick plus rapidement. Néanmoins, la CEC, elle m'a éveillée à ça pas mal. Un, la TPE, elle a le mérite d'être ultra agile. Alors évidemment, ça nécessite de faire des concessions aussi, ou des choix, d'arbitrer, etc. Parce que si on investit comme ça, on n'investit pas à droite. Mais moi, j'adore l'idée qu'à l'échelle de nos petites entreprises avec 10 personnes, 150 clients par an et un seul lieu, on puisse quand même faire avancer les choses à notre échelle, c'est-à-dire réfléchir de manière pertinente à ce qui est à notre portée pour pouvoir avancer dans le bon sens.

  • SG

    D'accord. Avant cette Convention des Entreprises pour le Climat, c'était quoi ton niveau de maturité par rapport à tous ces sujets ?

  • LD

    Assez faible, assez nébuleux. Sinon qu'on avait évidemment, nous, une envie d'avancer sur ces sujets, mais donc entre le décret tertiaire, le bilan carbone, le CISA, tout ça était assez nébuleux. Évidemment, on était confrontés à ce qu'on entend dans les médias, CISA, mais malheureusement pas toujours s'y fier très bien. Pour le coup, la CEC, elle nous a permis d'avancer de manière très importante sur la connaissance de la situation, sur clairement le mur qui a l'air de se rapprocher de manière inéluctable. Et du coup, ça permet de mettre un grand coup de marche avant et de se dire, en fait, c'est maintenant et c'est comme on peut, sous notre toit, à notre échelle.

  • SG

    C'est ça. Alors du coup, tu peux peut-être nous en dire un peu plus sur ta feuille de route. Qu'est-ce que vous avez décidé ? Qu'est-ce que vous avez déjà commencé à faire, à mettre en place ?

  • LD

    Alors, la feuille de route, déjà, c'est un exercice qui n'est pas évident. En plus, c'est public. Tout le monde peut la lire. C'est un exercice qui est assez délicat, qui demande d'être à la fois ambitieux et qui nécessite une certaine humilité, parce qu'on dit des trucs, on n'est pas sûr, on verra. Mais bon, j'ai trouvé que le processus itératif était hyper pertinent. Parce qu'au début, on met trois idées sur la feuille, on trouve que ça ne ressemble pas à grand-chose, que ce n'est ni ambitieux, ni que ça ne fera pas le taf. Et puis, accompagné de l'équipe de la CEC, de notre camp de base, des gens avec qui on échange, des exercices. Bref, le modèle CEC pour ça, il est très, très bon pour avancer d'un pas plus loin, etc. Et de réinterroger, en fait, les engagements qu'on s'était fixés la dernière fois pour avancer plus loin. Cette feuille de route, alors je reviendrai bien sur le sursaut. Donc la grosse claque qu'on prend, on ne va pas se mentir, je ne suis pas sûre que la réponse soit très différente des uns aux autres. Mais après cette session 1, qui fait un genre d'électrochoc. Et surtout, moi, ce que j'ai découvert, compris ou intégré pendant cette session 1, c'était que la biocapacité de la Terre, en fait, enfin plutôt que l'activité humaine dépasse la biocapacité de la Terre. Et par toutes les ressources que ça engendre, etc. Et à partir du moment où j'ai pigé que l'habitabilité de la Terre, elle était remise en question et que nous, humains, on ne pourrait pas forcément s'adapter, alors maintenant, plus tard, bientôt, nanana. Ça m'a donné une énergie folle pour avancer, descendre ou en tout cas essayer d'être le plus ambitieux possible dans notre feuille de route. Notre feuille de route après elle se décompose en plusieurs éléments alors c'est rigolo parce que quand on la relit on se dit ouais cool on a déjà renoncé sur pas mal de trucs, pas tout. Il y a évidemment un gros enjeu sur un enjeu très important sur le vivant, c'est le plus difficile. J'y reviendrai après dans mes réflexions parce que c'est ce qui va nous demander le plus de recul, le plus de travail aussi sans doute. L'idée c'est qu'on puisse, nous, dans les événements qu'on accueille ici, pouvoir inverser la dette à la fois transport, à la fois déchet. Donc ça c'est les grands sujets sur lesquels on travaille. L'idée c'est que tout ce qui compose un événement, on puisse inverser la dette de ce qui l'induit en fait. Et puis de pouvoir embarquer à la fois nos équipes, à la fois notre écosystème. Donc notre écosystème, je voyais ça de manière très nébuleux, en fait, c'est très simple, c'est juste les gens qui en bossent. Il ne faut pas non plus en faire des montagnes. Donc à la fois nos fournisseurs, nos prestataires, qui sont des gens avec lesquels on bosse avec une assez grande proximité, et donc auprès desquels on peut avoir une certaine influence aussi dans la mise en place de ce qu'on fait chez nous.

  • SG

    Ok. Alors moi, j'ai quand même descendu la feuille de route, j'ai vu trois leviers, donc tu vas... Vous avez structuré quand même. votre action.

  • LD

    Oui, on a essayé de structurer les trois leviers, donc c'est les trois axes de réflexion principaux. Le premier, il est d'arriver à intégrer le vivant dans notre activité. C'est le plus gros des enjeux parce qu'on en est très loin à ce jour. Il y a plusieurs aspects, il y a forcément la connexion avec la zone qui nécessite d'être travaillée, aboutie, réfléchie, etc. Là, je n'ai pas grand-chose à te dire encore parce qu'on a... pas encore assez avancé.

  • SG

    Un événement pour les pêcheurs ?

  • LD

    Ouais, on peut, on n'a pas encore trouvé le lien, mais on y réfléchit. Après, dans la partie vivant, on a une histoire de déchets, nous, avec ce que la nourriture des événements induit, par exemple. Et donc, la nécessité de trouver des solutions sur ce sujet-là, c'est le fameux retour à la Terre dont tout le monde a bien entendu parler. Après, on essaie de capter aussi... Tous les éléments qui pourraient nous permettre de nous rattacher au vivant pour en permettre sa régénération. Ça, c'était le premier levier. Le deuxième levier, le grand classique, c'est diminuer, annuler, je ne sais pas comment, notre empreinte environnementale. Pas évident, on a fait un bilan carbone qui nous a permis d'y voir plus clair, parce que ça n'a rien à se battre sur des sujets sur lesquels ce n'est pas significatif. En l'occurrence, nous, on a des sujets d'énergie, on a des sujets de transport, c'est les deux principaux, en fait. Et si on règle ces deux-là, on sera les plus heureux du monde parce que le reste n'est pas significatif dans une certaine mesure. Et puis le troisième levier, c'est plus dans notre rôle événementiel. À l'embarcadère, il y a 20 000 personnes qui passent à peu près par an. Tu parlais d'influence plus tôt. Ça fait partie un peu de notre rôle, c'est peut-être d'éveiller les consciences évidemment auprès de nos équipes, auprès de notre écosystème, des gens avec lesquels on travaille. Et puis aussi auprès des participants, ces 20 000 personnes qui passent là, qui donc entendent, comprennent un message ou pas. Donc c'est travailler aussi sur notre communication, parce qu'en fait c'est aussi clairement par là que ça passe. Pour montrer qu'on peut faire des choses, même en tant que TPE, même en tant que petit acteur. Voilà, la fameuse technique du colibri. Il fait que si tout le monde se bouge pour faire ce qu'il a à sa portée, ça avancera déjà pas mal. Et puis si en plus tout le monde embarque... ton écosystème là-dedans, ça fera plus un petit colibri, ça fera beaucoup, beaucoup de colibris.

  • SG

    Et du coup, ça peut être quoi par exemple, comme action, par rapport à l'écosystème ?

  • LD

    Alors, il y a un élément, par exemple, dont ça me fait plaisir de te parler, c'est une charte bas carbone qu'on a mise en place, qui pour le coup n'était pas du tout dans nos projets au moment où on a fait la CEC, et puis qui a muri, qui finalement s'est déclenchée, ou bref, qui a pris vie assez vite à la fin de la CEC. On a pris l'initiative de rassembler tous les traiteurs qui interviennent à L'Embarcadère, donc il y en a six. On les a mis autour de la table, exercice pas évident, puisqu'ils sont tous concurrents, etc. Donc ils étaient un petit peu frileux sur le sujet. Et en fait, ce qu'on a voulu faire, c'était de considérer que ce travail collaboratif, il allait permettre un résultat bien plus puissant que si chacun faisait comme il voulait de son côté. Et on a écrit une charte bas carbone qui nous permet d'engager tous les traiteurs pour la majorité des événements. Je ne te cache pas que parfois quand il y a trop de monde, on a certaines contraintes, mais pour la majeure partie des événements qu'on reçoit, pouvoir s'engager sur X piliers qui sont en fait des prérequis si tu veux intervenir en tant que traiteur à l'embarcadère. Il y a deux éléments par exemple qui sont assez forts là-dedans, il y a la gestion de l'eau. La gestion de l'eau c'est un vrai sujet, tous les traiteurs arrivent avec leur bouteille en verre, qu'il faut commander, stocker, rafraîchir, transporter, nanana. Et puis il faut repartir avec les bouteilles vides derrière, ça peut paraître idiot, mais en fait non, à la fin ça chiffre un peu. Et du coup on a mis nous en place une fontaine, l'eau micro-filtrée qui marche très bien dans les plus jolis restaurants de France et de Navarre, donc on n'a pas de doute sur la qualité de l'eau qu'elle permet. Mais du coup c'est un système qu'on met à disposition de nos clients, enfin des traiteurs pardon, qui ensuite peuvent la distribuer auprès des clients pour annuler le transport et tout ce que la gestion de l'eau peut induire lors d'un cocktail ou d'un dîner. Et puis autre exemple dans notre charte bas carbone, les déchets, pareil, je reviens au retour à la terre de notre premier levier, comme ça la boucle est bouclée sur le levier.

  • SG

    Oh bravo, quelle bonne élève !

  • LD

    Ça j'avais pas préparé.

  • SG

    Quelle bonne élève !

  • LD

    Les déchets, clairement, nous on exige que tous les traiteurs qui travaillent avec nous, main dans la main, ils gèrent, donc évidemment les déchets, le tri, tout ça là, mais les biodéchets en fait, les restes alimentaires quand il y en a, parce que quand c'est sorti on ne peut pas toujours redistribuer, mais donc gérer le no-show d'une part pour qu'il y ait le moins de reste possible. et s'il y a des restes, que tout soit géré, piloté avec des systèmes de retour à la terre à la fin. C'est pas compliqué et ils étaient bien d'accord là-dessus pour... Déjà, plusieurs traiteurs avaient déjà des systèmes en place et les autres, en fait, c'est possible avec un moindre effort quand on réfléchit tous ensemble.

  • SG

    Ce qui est intéressant, c'est que vous faites évoluer leur offre. Alors, il y en a qui, tu l'as dit, qui étaient déjà en place. Si vous les faites coopérer, c'est intéressant parce que la coopération, c'est un mot aussi fort et soyons clairs, à la CEC, on a beaucoup parlé de coopération. Et là, en fait, c'est intéressant parce qu'ils ont coopéré. Et finalement, ils se sont rendus peut-être compte qu'il y avait des choses qui pouvaient...

  • LD

    C'était un élément très sympa et qui, c'est marrant, nous a été inculqué par la CEC. Tu as raison, avec ce travail collaboratif, le fait de se mettre autour de la table, de réfléchir ensemble. Et également par La Clé, qui est une association qui rassemble les lieux événementiels à Lyon. Pareil, justement, tous ces sujets environnementaux, RSE, CEC, etc., on arrive à les rebasculer dans des organisations type La Clé, qui sont donc... une association qui rassemble tous les lieux événementiels. Dans la catégorie influence, ça permet de rebasculer à d'autres acteurs parce qu'on est tout à fait partant pour transmettre et partager certains éléments que nous, on a mis en place pour que ce soit fait ailleurs, y compris chez du concurrent. On peut se démarquer sur autre chose, mais là-dessus, autant aller dans le même sens.

  • SG

    Et comment vous avez fait ? On est à l'Embarcadère, donc excuse-moi le jeu de mots, mais comment vous avez embarqué vos équipes ? Parce que là, on a parlé des clients, des fournisseurs. Parfois, c'est presque plus simple d'aller vers les parties prenantes externes et en interne. Alors, comment ça s'est passé ?

  • LD

    Alors ça, j'ai la simplicité de te dire que c'était l'exercice le plus compliqué. C'est compliqué parce qu'en fait, toi, pendant ton parcours CEC à fond dedans, ça te prend du temps, ça te prend de l'énergie, etc. Et puis, tu vois des gens d'un tel niveau que tu as bizarrement du mal à retranscrire fidèlement auprès de tes équipes. D'une part pour le contenu, et puis pour la densité des informations qu'on obtient aussi via la CEC. Donc ça c'est difficile parce qu'on a pris un temps de retard, c'est-à-dire qu'on n'a pas réussi à transmettre suffisamment et à embarquer nos équipes là-dedans. Mais dans le même temps, on a mis en place des processus, des actions, des mécanismes dans notre manière de travailler à L'Embarcadère, qui étaient en fait sous-jacents. Mais on n'a pas fait le décollage à nos équipes. Du coup, là, il y a eu... Bon, bref. Je pense à une espèce de dichotomie pas évidente qu'on essaye de rattraper doucement. La semaine prochaine, par exemple, il y a Bruno David qui vient à L'Embarcadère. T'es le bienvenu, d'ailleurs. On l'avait vu. On l'avait entendu à la CEC. Il nous avait emballés. Et typiquement, nos équipes, on les embarque en les faisant participer à une conférence de Bruno David, qui est l'ancien président du Muséum d'Histoire Naturelle à Paris qui vient nous parler de biodiversité et qui du coup va sans doute permettre d'embarquer les équipes. Les quelques points d'ancrage avec les équipes, c'est évidemment la Fresque du climat, la fresque événementielle qu'on a fait avec eux. On voit aussi qu'il y a parfois certaines réticences, certains qui n'ont pas envie de se frotter si près du sujet, et ça leur appartient. Mais donc on essaye par petites touches, avec des événements qui vont nous fédérer autour de ce sujet pour notre équipe, et puis aussi par l'exercice même de notre métier. Avec la charte bas carbone dont je te parlais tout à l'heure, forcément on leur fait un peu l'introduction, parce que c'est un rebond de nos réflexions de la CEC. Donc on les embarque, mais de manière assez pratico-pratique. Je n'ai pas relevé la proposition de la CEC, c'était peut-être une bêtise, parce que je crois que ça a beaucoup de succès et que ça doit être hyper pertinent. C'était de faire une mini-CEC à nos collaborateurs.

  • SG

    C'est un peu ce que vous faites, mais avec vos moyens, votre temps.

  • LD

    Oui tu as raison. Après, c'est quand même assez puissant d'entendre des gens d'un plus haut niveau que nous. Nous, on n'est pas suffisamment capés pour retranscrire de manière fidèle, si tu veux. C'est la limite. Mais après, c'est effectivement pratico-pratique dans l'exercice de notre métier.

  • SG

    Parce que c'est souvent le sujet. Si tu avais un conseil à donner à un dirigeant, c'est quoi ? C'est déjà de sensibiliser. Parce que toi, ça t'a quand même transformée en tant que dirigeante.

  • LD

    Alors, en termes de conseil à un dirigeant, la première chose, c'est une petite phrase qui me reste, qui me suit depuis la CEC, c'est : si ce n'est pas moi qui s'en occupe de tout ça et si ce n'est pas maintenant, quand est-ce qu'on s'y met ? sous-entendu, encore une fois, cette théorie du colibri, mais qui quand même reste pertinente, évidente, etc. Donc je lui donnerais ce conseil de se dire qu'en fait, il ne faut pas attendre que ça vienne des autres, ou que ça vienne plus tard, etc. Il faut qu'on s'y mette nous, maintenant, et on a un certain pouvoir d'influence en tant que... pas d'influence, en fait, mais un certain pouvoir d'action en tant que chef d'entreprise pour faire évoluer nos modèles, nos organisations, à la fois avec les gens qui la composent, à la fois avec les produits qu'on propose, à la fois avec les ambitions qu'on a et où les capacités d'investissement dans les choix, les priorités qu'on fait à l'intérieur de nos organisations.

  • SG

    Ok, alors souvent, on me dit oui, mais on pose la question, est-ce que tu es devenu plus écolo ? Moi, j'aime trop ce terme écolo, mais je te pose la question parce qu'on en a parlé au début.

  • LD

    Alors, je dirais que le mindset, il évolue nécessairement. Après, je n'aime pas ce terme écolo. En fait, surtout, je ne me considère pas écolo parce qu'en fait, je reste convaincue que l'écologie ne peut pas se traiter seule. Si elle était toute seule, ce serait super, mais en fait, sauf que ce n'est pas que ça. Il y a plein d'autres choses et plein d'autres contraintes qui nous entourent. Donc, en fait, je trouve intéressant d'effectivement donner une place plus importante à la réflexion sur ces sujets. Évidemment, l'environnement, notre capacité d'agir, etc. Mais en fait, on reste aussi des entreprises avec des gens à payer à la fin du mois, avec des investissements qui doivent être rentables, etc. Donc parfois, on fait le choix d'arbitrer de manière plus orientée, etc. Ça, c'est vrai que ça a changé chez nous. Il y a beaucoup de choix par, je ne sais pas, le choix d'un fournisseur, le choix d'un investissement qui est peut-être plus conséquent, mais en fait qui sera plus durable aussi, etc. Donc ça, ça change beaucoup. Et pour le coup, ça a lieu dès la première session de la CEC. Ce n'est pas la peine d'attendre un an. Et puis, c'était hyper chouette parce qu'avec Pauline, on a beaucoup partagé là-dessus. Enfin, plutôt, on a vécu les choses de manière assez collégiale. Enfin, toutes les deux, on a avancé un peu de la même manière. Et c'était d'ailleurs très sympa de faire la CEC ensemble, parce que je précise qu'on l'a fait ensemble. Ça nous a beaucoup rapprochés sur ces sujets. Et puis, quand on dirige une boîte, c'est sympa d'être aligné à deux dirigeantes pour faire des choix qui sont stratégiques pour la suite.

  • SG

    C'est sûr que pour raconter l'histoire, si on n'est pas aligné, c'est compliqué. Donc, il faut être sincère. Alors justement, on a presque terminé ce podcast. Je vais revenir quand même sur le régénératif. Pour l'instant, tu as été une bonne élève. Si tu devais me définir en trois mots ce régénératif, tu donnerais quoi comme mot ?

  • LD

    Alors, mon approche avec le régénératif, déjà, je dirais qu'elle est volontaire. qu'elle est volontaire, c'est un peu faible comme mot, mais enfin, ce n'est pas grave, je me permets d'être réaliste. Elle est long-termiste, parce qu'en fait, je pense que ce n'est pas quelque chose qui nous tombe dessus et qu'on peut se dire, oh bah tiens, demain, je vais me mettre à ça. Non, on ne se met pas à ça comme ça. Donc, pour moi, c'est vraiment une approche, une réflexion long-termiste. Et je crois pas mal aux petits cailloux qu'on sème et qui, en fait, finalement, quand on se retourne, on se dit, ah ouais, si, en fait, on a fait un bon bout de chemin. Et puis, je dirais que c'est complexe, quoi. Quand même, on ne va pas se mentir. J'adorerais, mais ça reste complexe d'y arriver. J'ai failli mettre utopiste, mais non, je ne dirais pas utopiste parce que je pense qu'il faut être ambitieux. Mais ça reste quand même super complexe. Surtout dans nos métiers de service, accessoirement. Voilà.

  • SG

    C'est clair, moi. Et du coup, si tu avais une baguette magique ? Pour changer les règles du jeu économique, tu changerais quoi ?

  • LD

    Alors, à une échelle, si on prend un peu plus de recul, je ne sais pas quoi, à l'échelle de nos gouvernements, à l'échelle des grosses boîtes qui donnent un petit peu la tendance à l'échelle planétaire, tu vois. Je demanderais plus d'honnêteté, de clairvoyance sur le sujet. Et puis peut-être plus d'énergie aussi, pour avancer plus vite.

  • SG

    Plus d'argent.

  • LD

    Peut-être plus d'argent, je ne sais pas.

  • SG

    Parce que le climat était une banque. Ça fait longtemps qu'on a réglé peut-être le problème.

  • LD

    Oui, tu as raison, mais malheureusement, ce n'est vraiment pas l'équation.

  • SG

    Ok, très bien. Et qu'est-ce qui te rend confiante dans l'avenir ? Bon, tu as le sourire depuis toujours, là, quand tu me racontes l'histoire.

  • LD

    Eh bien, je vais dire, je ne suis pas confiante en tout dans l'avenir, mais je suis confiante en un truc, c'est de voir nos enfants grandir. Voilà, pour relever les challenges de demain. En fait, je ne suis pas d'accord avec le fait qu'il ne faut pas faire d'enfants. Mais ça appartient à chacun. On n'est pas là pour débattre là-dessus. Mais en fait, j'aime bien voir les générations futures grandir. Voilà, parce que je suis sûre qu'ils seront plus armés que nous. En fait, la transition sera déjà bien mieux amorcée. Nous, on part de loin quand même. On est génération 80. On n'était pas du tout baignés là-dedans. Il faut dire que la CEC et même tous ces sujets-là, ils cassent pas mal de codes ou bien de racines qu'on a mis du temps. fabriqués, qui sont clairement créés en nous. Donc nos gamins, en fait, ils repartent, ils ne vont pas partir de si loin. Et je suis sûre que ce sera profitable à la suite.

  • SG

    Du coup, tu vois, je ne t'ai pas posé la question sur l'embarcadère dans 10 ans, mais ça paraît évident, non ? C'est la génération suivante, alors.

  • LD

    Avec nos enfants, je ne sais pas si ils vont revivre, mais on verra. Non, la marque d'art dans 10 ans, ça peut prendre pas mal de facettes. J'aimerais bien qu'on arrive à pousser de plus près le lien avec le vivant. Et puis, on verra si nos enfants ont envie d'y aller.

  • SG

    Très bien. Écoute, en tous les cas, Lucie, merci. C'était sincère, comme d'habitude, souriant. J'étais sûr que ça allait être souriant. Et donc, je termine toujours par une petite citation. Alors là, comme on est au bord de l'eau, j'ai trouvé une citation de Boris Cyrulnik qui dit La résilience, c'est l'art de naviguer dans les torrents.

  • LD

    Bien joué.

  • SG

    Allez, merci. Merci beaucoup,

  • LD

    Stéphane.

Description

Embarquées dans cette aventure familiale, entre sœurs, Lucie et Pauline ne connaissaient pas le concept de régénératif avant la CEC. Après l’électrochoc des constats, grâce aux étapes du parcours, aux intervenants, à leur camp de base, etc., elles ont pu avancer d'un pas plus loin, réfléchir plus précisément au vivant et à l’impact que cela impliquait dans leur métier, se réinterroger sur leurs engagements. Piloter, repenser, remettre en question leur entreprise pour ne jamais s’endormir sur ses succès, est dans leur ADN. Alors, le sursaut de L'Embarcadère, c'est d'acter que chaque action compte. « Tout ce que nous faisons peut paraître invisible, mais reste indispensable. » actent Lucie et Pauline.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • SG

    Bonjour, bienvenue sur Échos de Territoires, le podcast inspirant de la Convention des entreprises pour le Climat, qui donne la parole aux acteurs engagés et passionnés qui construisent l'économie régénérative de demain. Je suis Stéphane Gonzalez, alumne de la promotion 2023, et je vous emmène sur les territoires du bassin lyonnais et des Alpes à la rencontre de dirigeantes et de dirigeants qui contribuent à dessiner les contours d'un avenir durable. Et aujourd'hui, j'ai pédalé pour rejoindre les berges de la Saône pour vous partager le témoignage de la dirigeante d'un joli lieu événementiel, qui est bien connu des Lyonnais aujourd'hui, c'est L'Embarcadère. Et cette entrepreneuse de talent, c'est Lucie Durieux. Oui, Lucie, avec talent, avec qui nous allons échanger sur son engagement vers l'économie dite régénérative. Bon Lucie, bonjour.

  • LD

    Salut Stéphane.

  • SG

    Voilà, c'est ce que j'allais dire, on se tutoie, mais bon ça y est, ça c'est fait, de toute façon on se connaît d'avant, donc écoute, moi, je suis très content de venir là, en plus c'est vrai que le lieu est magnifique, on sent, il y a un mood qui est plutôt... qui est plutôt bon. Je me suis replongé dans l'histoire de L'Embarcadère, qui en est une histoire familiale, donc tu vas quand même peut-être nous en parler, bien sûr sur votre feuille de route. Alors j'ai retenu une phrase pour introduire notre échange, qui est le sursaut de l'embarcadère, c'est d'acter que chaque action compte. Tout ce que nous faisons peut paraître invisible, mais reste indispensable. Et ça, c'est un peu l'intro, donc ce que je te propose pendant tout ce podcast, alors je te connais, donc je sais que tu es quelqu'un de très sincère et plutôt... plutôt franc, de nous expliquer un peu ta démarche, qu'est-ce que vous mettez vous en place à l'embarcadère pour essayer finalement de donner une place au vivant, de donner une place au régénératif. J'imagine que ce n'est pas forcément simple. Par contre, vous êtes à côté de la Saône, donc j'imagine aussi qu'il y a un sujet biodiversité qui va être mis en place. Écoute, à toi de jouer. Je te propose déjà de nous présenter L'Embarcadère.

  • LD

    Merci Stéphane, trop sympa de participer à ce podcast. Merci pour ton invitation. Et puis, ravie de faire ça dans le lieu de l'embarcadère. Donc, l'embarcadère, on est un lieu événementiel. On est situé au bord de la Saône, effectivement. L'embarcadère, c'est une équipe d'une dizaine de personnes à peu près qui travaillent à accompagner ses clients à bâtir un événement, à créer les meilleures conditions pour que les gens puissent échanger, travailler et créer du lien entre les organisateurs, les participants. On accueille 150 événements par an à peu près. On travaille avec des sociétés, de la TPE à l'ETI, aux grands groupes côtés, avec des assos également. Et on adore les quatre murs qui nous entourent, et puis le lieu de vie apaisant que représente l'embarcadère, et donc cet échappatoire pour nos clients.

  • SG

    D'accord, alors ça nous intéresse de savoir comment tu arrives, l'embarcadère. Histoire un peu familiale, entrepreneuse ?

  • LD

    Alors c'est tout à fait familial. Moi je dirige L'Embarcadère depuis 12 ans, fièrement associée avec ma sœur Pauline, qui était là déjà avant moi. On s'est... retrouvés un petit peu par opportunité, sans idée préconçue sur le fait de travailler ensemble, mais c'est venu comme ça. Ça fait 12 ans, c'est une belle histoire, c'est un gage de confiance absolue de bosser en famille, c'est une aventure vraiment passionnante, et puis on prend beaucoup de plaisir l'une et l'autre à bosser, même si on n'est pas à l'abri des embûches et des soucis, comme dans toute boîte et comme dans toute direction. Mais du coup, ça fait 12 ans, j'ai un parcours qui n'était pas du tout dans l'événementiel en amont, mais... Je suis ravie d'avoir ce rôle de chef d'entreprise. En fait, au fil de ces 12 ans à l'embarcadère, il y a eu plusieurs vies. Alors dans les espaces notamment, mais pas seulement. Et c'est ce qui me plaît le plus en tant que chef d'entreprise, c'est de piloter, de repenser, de remettre en question son organisation dans sa globalité. Et donc c'est sympa parce que l'exercice était évident avec la CEC. Voilà, pour jamais s'endormir sur ses lauriers. C'est ce que j'aime bien en tant que chef d'entreprise avant tout.

  • SG

    D'accord. Du coup, ça, c'était le plus simple. Maintenant, en effet, tu l'as dit, tu vas nous parler du régénératif. Alors, porte-toi. C'est quoi le régénératif ? Et puis, comment tu... Finalement, c'est quoi le déclic pour aller faire la CEC, par exemple ?

  • LD

    Alors, déjà, le régénératif, moi, je n'en avais jamais entendu parler avant la CEC. C'est-à-dire que c'était un mot nouveau, en tout cas dans nos rôles de chef d'entreprise. Et j'ai trouvé que c'était follement ambitieux, même un peu complètement utopique. Et puis j'ai aimé la manière dont la CEC nous a fait évoluer sur le sujet, puis nous a permis de faire un pas de côté, puis peut-être de comprendre certaines choses, etc. Ce que je comprends, moi, de l'économie régénérative, c'est que c'est une économie qui doit être en lien avec le vivant, avec les ressources dont cette économie a besoin pour exister. Ce que je comprends aussi, c'est qu'en fait, il ne suffit pas de seulement effacer la dette de la ressource pour mener à bien son économie, mais il faut renouveler, reconstituer cette ressource. C'est là où ça devient chaud mais on a bien enfin on veut bien jouer et puis surtout on veut bien à L'Embarcadère essayer de comprendre comment aller le plus loin possible, on verra dans quelle mesure on y arrive. On n'en est pas là du tout à ce stade, même si notre feuille de route est écrite. Il va falloir du temps pour arriver à une économie régénérative quand même assez clairement.

  • SG

    Et du coup, c'est quoi le déclic pour entrer à la CEC ?

  • LD

    La CEC, c'est une opportunité assez rigolote. Les organisateurs de la CEC ont eu la bonne idée de choisir l'embarcadère pour organiser leur kick-off de la session 2023. Donc on est arrivé un peu à retardement dans le parcours, mais du coup, par la force des choses, comme n'importe quel client, on s'est mis un petit peu dans le match de quel est l'enjeu, quels sont les gens que cet événement rassemble, pourquoi faire, comment... Et en fait, on s'est rendu compte que ce que proposait ce parcours CEC, c'était exactement ce dont on avait besoin pour structurer notre démarche RSE plus globalement, pour y voir plus clair, pour aussi se former. Ce qui nous a énormément plu là-dedans, c'est le fait d'échanger entre pairs. Parce qu'en fait, on se sent hyper seul en tant que chef d'entreprise avec ces sujets. Et le fait d'être du coup rassemblés à l'intérieur d'un groupe qui sont des gens qui ont les mêmes problématiques que nous, nous a paru très pertinent et intéressant et puis rassurant aussi pour pouvoir travailler sur ces sujets à l'échelle de notre entreprise.

  • SG

    Oui, parce que l'intérêt aussi, c'est que vous êtes combien ? Vous êtes dix dans la société ?

  • LD

    On est dix dans la société.

  • SG

    Souvent, on a l'impression que c'est vraiment quelque chose qui attrape aux grosses sociétés. Alors qu'en fait, ce sujet, il marche très bien dans la TPE-PMA. Souvent, on dit c'est trop compliqué, je suis petit, je n'ai pas l'argent.

  • LD

    Alors, je te rejoins. C'est vrai que j'ai une idée un peu reçue du fait que les gros groupes ont forcément plus de moyens, et puis ils feront avancer le schmilblick plus rapidement. Néanmoins, la CEC, elle m'a éveillée à ça pas mal. Un, la TPE, elle a le mérite d'être ultra agile. Alors évidemment, ça nécessite de faire des concessions aussi, ou des choix, d'arbitrer, etc. Parce que si on investit comme ça, on n'investit pas à droite. Mais moi, j'adore l'idée qu'à l'échelle de nos petites entreprises avec 10 personnes, 150 clients par an et un seul lieu, on puisse quand même faire avancer les choses à notre échelle, c'est-à-dire réfléchir de manière pertinente à ce qui est à notre portée pour pouvoir avancer dans le bon sens.

  • SG

    D'accord. Avant cette Convention des Entreprises pour le Climat, c'était quoi ton niveau de maturité par rapport à tous ces sujets ?

  • LD

    Assez faible, assez nébuleux. Sinon qu'on avait évidemment, nous, une envie d'avancer sur ces sujets, mais donc entre le décret tertiaire, le bilan carbone, le CISA, tout ça était assez nébuleux. Évidemment, on était confrontés à ce qu'on entend dans les médias, CISA, mais malheureusement pas toujours s'y fier très bien. Pour le coup, la CEC, elle nous a permis d'avancer de manière très importante sur la connaissance de la situation, sur clairement le mur qui a l'air de se rapprocher de manière inéluctable. Et du coup, ça permet de mettre un grand coup de marche avant et de se dire, en fait, c'est maintenant et c'est comme on peut, sous notre toit, à notre échelle.

  • SG

    C'est ça. Alors du coup, tu peux peut-être nous en dire un peu plus sur ta feuille de route. Qu'est-ce que vous avez décidé ? Qu'est-ce que vous avez déjà commencé à faire, à mettre en place ?

  • LD

    Alors, la feuille de route, déjà, c'est un exercice qui n'est pas évident. En plus, c'est public. Tout le monde peut la lire. C'est un exercice qui est assez délicat, qui demande d'être à la fois ambitieux et qui nécessite une certaine humilité, parce qu'on dit des trucs, on n'est pas sûr, on verra. Mais bon, j'ai trouvé que le processus itératif était hyper pertinent. Parce qu'au début, on met trois idées sur la feuille, on trouve que ça ne ressemble pas à grand-chose, que ce n'est ni ambitieux, ni que ça ne fera pas le taf. Et puis, accompagné de l'équipe de la CEC, de notre camp de base, des gens avec qui on échange, des exercices. Bref, le modèle CEC pour ça, il est très, très bon pour avancer d'un pas plus loin, etc. Et de réinterroger, en fait, les engagements qu'on s'était fixés la dernière fois pour avancer plus loin. Cette feuille de route, alors je reviendrai bien sur le sursaut. Donc la grosse claque qu'on prend, on ne va pas se mentir, je ne suis pas sûre que la réponse soit très différente des uns aux autres. Mais après cette session 1, qui fait un genre d'électrochoc. Et surtout, moi, ce que j'ai découvert, compris ou intégré pendant cette session 1, c'était que la biocapacité de la Terre, en fait, enfin plutôt que l'activité humaine dépasse la biocapacité de la Terre. Et par toutes les ressources que ça engendre, etc. Et à partir du moment où j'ai pigé que l'habitabilité de la Terre, elle était remise en question et que nous, humains, on ne pourrait pas forcément s'adapter, alors maintenant, plus tard, bientôt, nanana. Ça m'a donné une énergie folle pour avancer, descendre ou en tout cas essayer d'être le plus ambitieux possible dans notre feuille de route. Notre feuille de route après elle se décompose en plusieurs éléments alors c'est rigolo parce que quand on la relit on se dit ouais cool on a déjà renoncé sur pas mal de trucs, pas tout. Il y a évidemment un gros enjeu sur un enjeu très important sur le vivant, c'est le plus difficile. J'y reviendrai après dans mes réflexions parce que c'est ce qui va nous demander le plus de recul, le plus de travail aussi sans doute. L'idée c'est qu'on puisse, nous, dans les événements qu'on accueille ici, pouvoir inverser la dette à la fois transport, à la fois déchet. Donc ça c'est les grands sujets sur lesquels on travaille. L'idée c'est que tout ce qui compose un événement, on puisse inverser la dette de ce qui l'induit en fait. Et puis de pouvoir embarquer à la fois nos équipes, à la fois notre écosystème. Donc notre écosystème, je voyais ça de manière très nébuleux, en fait, c'est très simple, c'est juste les gens qui en bossent. Il ne faut pas non plus en faire des montagnes. Donc à la fois nos fournisseurs, nos prestataires, qui sont des gens avec lesquels on bosse avec une assez grande proximité, et donc auprès desquels on peut avoir une certaine influence aussi dans la mise en place de ce qu'on fait chez nous.

  • SG

    Ok. Alors moi, j'ai quand même descendu la feuille de route, j'ai vu trois leviers, donc tu vas... Vous avez structuré quand même. votre action.

  • LD

    Oui, on a essayé de structurer les trois leviers, donc c'est les trois axes de réflexion principaux. Le premier, il est d'arriver à intégrer le vivant dans notre activité. C'est le plus gros des enjeux parce qu'on en est très loin à ce jour. Il y a plusieurs aspects, il y a forcément la connexion avec la zone qui nécessite d'être travaillée, aboutie, réfléchie, etc. Là, je n'ai pas grand-chose à te dire encore parce qu'on a... pas encore assez avancé.

  • SG

    Un événement pour les pêcheurs ?

  • LD

    Ouais, on peut, on n'a pas encore trouvé le lien, mais on y réfléchit. Après, dans la partie vivant, on a une histoire de déchets, nous, avec ce que la nourriture des événements induit, par exemple. Et donc, la nécessité de trouver des solutions sur ce sujet-là, c'est le fameux retour à la Terre dont tout le monde a bien entendu parler. Après, on essaie de capter aussi... Tous les éléments qui pourraient nous permettre de nous rattacher au vivant pour en permettre sa régénération. Ça, c'était le premier levier. Le deuxième levier, le grand classique, c'est diminuer, annuler, je ne sais pas comment, notre empreinte environnementale. Pas évident, on a fait un bilan carbone qui nous a permis d'y voir plus clair, parce que ça n'a rien à se battre sur des sujets sur lesquels ce n'est pas significatif. En l'occurrence, nous, on a des sujets d'énergie, on a des sujets de transport, c'est les deux principaux, en fait. Et si on règle ces deux-là, on sera les plus heureux du monde parce que le reste n'est pas significatif dans une certaine mesure. Et puis le troisième levier, c'est plus dans notre rôle événementiel. À l'embarcadère, il y a 20 000 personnes qui passent à peu près par an. Tu parlais d'influence plus tôt. Ça fait partie un peu de notre rôle, c'est peut-être d'éveiller les consciences évidemment auprès de nos équipes, auprès de notre écosystème, des gens avec lesquels on travaille. Et puis aussi auprès des participants, ces 20 000 personnes qui passent là, qui donc entendent, comprennent un message ou pas. Donc c'est travailler aussi sur notre communication, parce qu'en fait c'est aussi clairement par là que ça passe. Pour montrer qu'on peut faire des choses, même en tant que TPE, même en tant que petit acteur. Voilà, la fameuse technique du colibri. Il fait que si tout le monde se bouge pour faire ce qu'il a à sa portée, ça avancera déjà pas mal. Et puis si en plus tout le monde embarque... ton écosystème là-dedans, ça fera plus un petit colibri, ça fera beaucoup, beaucoup de colibris.

  • SG

    Et du coup, ça peut être quoi par exemple, comme action, par rapport à l'écosystème ?

  • LD

    Alors, il y a un élément, par exemple, dont ça me fait plaisir de te parler, c'est une charte bas carbone qu'on a mise en place, qui pour le coup n'était pas du tout dans nos projets au moment où on a fait la CEC, et puis qui a muri, qui finalement s'est déclenchée, ou bref, qui a pris vie assez vite à la fin de la CEC. On a pris l'initiative de rassembler tous les traiteurs qui interviennent à L'Embarcadère, donc il y en a six. On les a mis autour de la table, exercice pas évident, puisqu'ils sont tous concurrents, etc. Donc ils étaient un petit peu frileux sur le sujet. Et en fait, ce qu'on a voulu faire, c'était de considérer que ce travail collaboratif, il allait permettre un résultat bien plus puissant que si chacun faisait comme il voulait de son côté. Et on a écrit une charte bas carbone qui nous permet d'engager tous les traiteurs pour la majorité des événements. Je ne te cache pas que parfois quand il y a trop de monde, on a certaines contraintes, mais pour la majeure partie des événements qu'on reçoit, pouvoir s'engager sur X piliers qui sont en fait des prérequis si tu veux intervenir en tant que traiteur à l'embarcadère. Il y a deux éléments par exemple qui sont assez forts là-dedans, il y a la gestion de l'eau. La gestion de l'eau c'est un vrai sujet, tous les traiteurs arrivent avec leur bouteille en verre, qu'il faut commander, stocker, rafraîchir, transporter, nanana. Et puis il faut repartir avec les bouteilles vides derrière, ça peut paraître idiot, mais en fait non, à la fin ça chiffre un peu. Et du coup on a mis nous en place une fontaine, l'eau micro-filtrée qui marche très bien dans les plus jolis restaurants de France et de Navarre, donc on n'a pas de doute sur la qualité de l'eau qu'elle permet. Mais du coup c'est un système qu'on met à disposition de nos clients, enfin des traiteurs pardon, qui ensuite peuvent la distribuer auprès des clients pour annuler le transport et tout ce que la gestion de l'eau peut induire lors d'un cocktail ou d'un dîner. Et puis autre exemple dans notre charte bas carbone, les déchets, pareil, je reviens au retour à la terre de notre premier levier, comme ça la boucle est bouclée sur le levier.

  • SG

    Oh bravo, quelle bonne élève !

  • LD

    Ça j'avais pas préparé.

  • SG

    Quelle bonne élève !

  • LD

    Les déchets, clairement, nous on exige que tous les traiteurs qui travaillent avec nous, main dans la main, ils gèrent, donc évidemment les déchets, le tri, tout ça là, mais les biodéchets en fait, les restes alimentaires quand il y en a, parce que quand c'est sorti on ne peut pas toujours redistribuer, mais donc gérer le no-show d'une part pour qu'il y ait le moins de reste possible. et s'il y a des restes, que tout soit géré, piloté avec des systèmes de retour à la terre à la fin. C'est pas compliqué et ils étaient bien d'accord là-dessus pour... Déjà, plusieurs traiteurs avaient déjà des systèmes en place et les autres, en fait, c'est possible avec un moindre effort quand on réfléchit tous ensemble.

  • SG

    Ce qui est intéressant, c'est que vous faites évoluer leur offre. Alors, il y en a qui, tu l'as dit, qui étaient déjà en place. Si vous les faites coopérer, c'est intéressant parce que la coopération, c'est un mot aussi fort et soyons clairs, à la CEC, on a beaucoup parlé de coopération. Et là, en fait, c'est intéressant parce qu'ils ont coopéré. Et finalement, ils se sont rendus peut-être compte qu'il y avait des choses qui pouvaient...

  • LD

    C'était un élément très sympa et qui, c'est marrant, nous a été inculqué par la CEC. Tu as raison, avec ce travail collaboratif, le fait de se mettre autour de la table, de réfléchir ensemble. Et également par La Clé, qui est une association qui rassemble les lieux événementiels à Lyon. Pareil, justement, tous ces sujets environnementaux, RSE, CEC, etc., on arrive à les rebasculer dans des organisations type La Clé, qui sont donc... une association qui rassemble tous les lieux événementiels. Dans la catégorie influence, ça permet de rebasculer à d'autres acteurs parce qu'on est tout à fait partant pour transmettre et partager certains éléments que nous, on a mis en place pour que ce soit fait ailleurs, y compris chez du concurrent. On peut se démarquer sur autre chose, mais là-dessus, autant aller dans le même sens.

  • SG

    Et comment vous avez fait ? On est à l'Embarcadère, donc excuse-moi le jeu de mots, mais comment vous avez embarqué vos équipes ? Parce que là, on a parlé des clients, des fournisseurs. Parfois, c'est presque plus simple d'aller vers les parties prenantes externes et en interne. Alors, comment ça s'est passé ?

  • LD

    Alors ça, j'ai la simplicité de te dire que c'était l'exercice le plus compliqué. C'est compliqué parce qu'en fait, toi, pendant ton parcours CEC à fond dedans, ça te prend du temps, ça te prend de l'énergie, etc. Et puis, tu vois des gens d'un tel niveau que tu as bizarrement du mal à retranscrire fidèlement auprès de tes équipes. D'une part pour le contenu, et puis pour la densité des informations qu'on obtient aussi via la CEC. Donc ça c'est difficile parce qu'on a pris un temps de retard, c'est-à-dire qu'on n'a pas réussi à transmettre suffisamment et à embarquer nos équipes là-dedans. Mais dans le même temps, on a mis en place des processus, des actions, des mécanismes dans notre manière de travailler à L'Embarcadère, qui étaient en fait sous-jacents. Mais on n'a pas fait le décollage à nos équipes. Du coup, là, il y a eu... Bon, bref. Je pense à une espèce de dichotomie pas évidente qu'on essaye de rattraper doucement. La semaine prochaine, par exemple, il y a Bruno David qui vient à L'Embarcadère. T'es le bienvenu, d'ailleurs. On l'avait vu. On l'avait entendu à la CEC. Il nous avait emballés. Et typiquement, nos équipes, on les embarque en les faisant participer à une conférence de Bruno David, qui est l'ancien président du Muséum d'Histoire Naturelle à Paris qui vient nous parler de biodiversité et qui du coup va sans doute permettre d'embarquer les équipes. Les quelques points d'ancrage avec les équipes, c'est évidemment la Fresque du climat, la fresque événementielle qu'on a fait avec eux. On voit aussi qu'il y a parfois certaines réticences, certains qui n'ont pas envie de se frotter si près du sujet, et ça leur appartient. Mais donc on essaye par petites touches, avec des événements qui vont nous fédérer autour de ce sujet pour notre équipe, et puis aussi par l'exercice même de notre métier. Avec la charte bas carbone dont je te parlais tout à l'heure, forcément on leur fait un peu l'introduction, parce que c'est un rebond de nos réflexions de la CEC. Donc on les embarque, mais de manière assez pratico-pratique. Je n'ai pas relevé la proposition de la CEC, c'était peut-être une bêtise, parce que je crois que ça a beaucoup de succès et que ça doit être hyper pertinent. C'était de faire une mini-CEC à nos collaborateurs.

  • SG

    C'est un peu ce que vous faites, mais avec vos moyens, votre temps.

  • LD

    Oui tu as raison. Après, c'est quand même assez puissant d'entendre des gens d'un plus haut niveau que nous. Nous, on n'est pas suffisamment capés pour retranscrire de manière fidèle, si tu veux. C'est la limite. Mais après, c'est effectivement pratico-pratique dans l'exercice de notre métier.

  • SG

    Parce que c'est souvent le sujet. Si tu avais un conseil à donner à un dirigeant, c'est quoi ? C'est déjà de sensibiliser. Parce que toi, ça t'a quand même transformée en tant que dirigeante.

  • LD

    Alors, en termes de conseil à un dirigeant, la première chose, c'est une petite phrase qui me reste, qui me suit depuis la CEC, c'est : si ce n'est pas moi qui s'en occupe de tout ça et si ce n'est pas maintenant, quand est-ce qu'on s'y met ? sous-entendu, encore une fois, cette théorie du colibri, mais qui quand même reste pertinente, évidente, etc. Donc je lui donnerais ce conseil de se dire qu'en fait, il ne faut pas attendre que ça vienne des autres, ou que ça vienne plus tard, etc. Il faut qu'on s'y mette nous, maintenant, et on a un certain pouvoir d'influence en tant que... pas d'influence, en fait, mais un certain pouvoir d'action en tant que chef d'entreprise pour faire évoluer nos modèles, nos organisations, à la fois avec les gens qui la composent, à la fois avec les produits qu'on propose, à la fois avec les ambitions qu'on a et où les capacités d'investissement dans les choix, les priorités qu'on fait à l'intérieur de nos organisations.

  • SG

    Ok, alors souvent, on me dit oui, mais on pose la question, est-ce que tu es devenu plus écolo ? Moi, j'aime trop ce terme écolo, mais je te pose la question parce qu'on en a parlé au début.

  • LD

    Alors, je dirais que le mindset, il évolue nécessairement. Après, je n'aime pas ce terme écolo. En fait, surtout, je ne me considère pas écolo parce qu'en fait, je reste convaincue que l'écologie ne peut pas se traiter seule. Si elle était toute seule, ce serait super, mais en fait, sauf que ce n'est pas que ça. Il y a plein d'autres choses et plein d'autres contraintes qui nous entourent. Donc, en fait, je trouve intéressant d'effectivement donner une place plus importante à la réflexion sur ces sujets. Évidemment, l'environnement, notre capacité d'agir, etc. Mais en fait, on reste aussi des entreprises avec des gens à payer à la fin du mois, avec des investissements qui doivent être rentables, etc. Donc parfois, on fait le choix d'arbitrer de manière plus orientée, etc. Ça, c'est vrai que ça a changé chez nous. Il y a beaucoup de choix par, je ne sais pas, le choix d'un fournisseur, le choix d'un investissement qui est peut-être plus conséquent, mais en fait qui sera plus durable aussi, etc. Donc ça, ça change beaucoup. Et pour le coup, ça a lieu dès la première session de la CEC. Ce n'est pas la peine d'attendre un an. Et puis, c'était hyper chouette parce qu'avec Pauline, on a beaucoup partagé là-dessus. Enfin, plutôt, on a vécu les choses de manière assez collégiale. Enfin, toutes les deux, on a avancé un peu de la même manière. Et c'était d'ailleurs très sympa de faire la CEC ensemble, parce que je précise qu'on l'a fait ensemble. Ça nous a beaucoup rapprochés sur ces sujets. Et puis, quand on dirige une boîte, c'est sympa d'être aligné à deux dirigeantes pour faire des choix qui sont stratégiques pour la suite.

  • SG

    C'est sûr que pour raconter l'histoire, si on n'est pas aligné, c'est compliqué. Donc, il faut être sincère. Alors justement, on a presque terminé ce podcast. Je vais revenir quand même sur le régénératif. Pour l'instant, tu as été une bonne élève. Si tu devais me définir en trois mots ce régénératif, tu donnerais quoi comme mot ?

  • LD

    Alors, mon approche avec le régénératif, déjà, je dirais qu'elle est volontaire. qu'elle est volontaire, c'est un peu faible comme mot, mais enfin, ce n'est pas grave, je me permets d'être réaliste. Elle est long-termiste, parce qu'en fait, je pense que ce n'est pas quelque chose qui nous tombe dessus et qu'on peut se dire, oh bah tiens, demain, je vais me mettre à ça. Non, on ne se met pas à ça comme ça. Donc, pour moi, c'est vraiment une approche, une réflexion long-termiste. Et je crois pas mal aux petits cailloux qu'on sème et qui, en fait, finalement, quand on se retourne, on se dit, ah ouais, si, en fait, on a fait un bon bout de chemin. Et puis, je dirais que c'est complexe, quoi. Quand même, on ne va pas se mentir. J'adorerais, mais ça reste complexe d'y arriver. J'ai failli mettre utopiste, mais non, je ne dirais pas utopiste parce que je pense qu'il faut être ambitieux. Mais ça reste quand même super complexe. Surtout dans nos métiers de service, accessoirement. Voilà.

  • SG

    C'est clair, moi. Et du coup, si tu avais une baguette magique ? Pour changer les règles du jeu économique, tu changerais quoi ?

  • LD

    Alors, à une échelle, si on prend un peu plus de recul, je ne sais pas quoi, à l'échelle de nos gouvernements, à l'échelle des grosses boîtes qui donnent un petit peu la tendance à l'échelle planétaire, tu vois. Je demanderais plus d'honnêteté, de clairvoyance sur le sujet. Et puis peut-être plus d'énergie aussi, pour avancer plus vite.

  • SG

    Plus d'argent.

  • LD

    Peut-être plus d'argent, je ne sais pas.

  • SG

    Parce que le climat était une banque. Ça fait longtemps qu'on a réglé peut-être le problème.

  • LD

    Oui, tu as raison, mais malheureusement, ce n'est vraiment pas l'équation.

  • SG

    Ok, très bien. Et qu'est-ce qui te rend confiante dans l'avenir ? Bon, tu as le sourire depuis toujours, là, quand tu me racontes l'histoire.

  • LD

    Eh bien, je vais dire, je ne suis pas confiante en tout dans l'avenir, mais je suis confiante en un truc, c'est de voir nos enfants grandir. Voilà, pour relever les challenges de demain. En fait, je ne suis pas d'accord avec le fait qu'il ne faut pas faire d'enfants. Mais ça appartient à chacun. On n'est pas là pour débattre là-dessus. Mais en fait, j'aime bien voir les générations futures grandir. Voilà, parce que je suis sûre qu'ils seront plus armés que nous. En fait, la transition sera déjà bien mieux amorcée. Nous, on part de loin quand même. On est génération 80. On n'était pas du tout baignés là-dedans. Il faut dire que la CEC et même tous ces sujets-là, ils cassent pas mal de codes ou bien de racines qu'on a mis du temps. fabriqués, qui sont clairement créés en nous. Donc nos gamins, en fait, ils repartent, ils ne vont pas partir de si loin. Et je suis sûre que ce sera profitable à la suite.

  • SG

    Du coup, tu vois, je ne t'ai pas posé la question sur l'embarcadère dans 10 ans, mais ça paraît évident, non ? C'est la génération suivante, alors.

  • LD

    Avec nos enfants, je ne sais pas si ils vont revivre, mais on verra. Non, la marque d'art dans 10 ans, ça peut prendre pas mal de facettes. J'aimerais bien qu'on arrive à pousser de plus près le lien avec le vivant. Et puis, on verra si nos enfants ont envie d'y aller.

  • SG

    Très bien. Écoute, en tous les cas, Lucie, merci. C'était sincère, comme d'habitude, souriant. J'étais sûr que ça allait être souriant. Et donc, je termine toujours par une petite citation. Alors là, comme on est au bord de l'eau, j'ai trouvé une citation de Boris Cyrulnik qui dit La résilience, c'est l'art de naviguer dans les torrents.

  • LD

    Bien joué.

  • SG

    Allez, merci. Merci beaucoup,

  • LD

    Stéphane.

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