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Éclats de Voix

Du Luxembourg à la Drôme: tisser des passerelles entre innovation et écologie vivante

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47min |18/09/2025
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47min |18/09/2025
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Description

Ep 53 - Et si l’avenir se construisait à la croisée des chemins entre ville et campagne?
Dans cet épisode nous partons du Luxembourg pour rejoindre la Ferme Salam, nichée au cœur de la Drôme, à Boulc, où Luc Bauer a bâti un lieu de stage, d'éveil, mais aussi d’expérimentation en agroécologie, en autonomie et en résilience locale.

À ses côtés et ceux de Myriam Bouvy, gérante du tiers-lieu De Kolibri à Steinsel au Luxembourg et Jean-Michel Gaudron, écrivain, nous explorons comment créer du lien, réinventer nos modes de vie et bâtir des collectifs à taille humaine — tout en tissant des ponts entre innovation sociale, écologie vivante et engagement citoyen.

Des échanges précieux pour vous qui rêvez de transformer votre quotidien, de semer des graines de changement, de redonner du sens à vos actions, là où vous vivez et... de prendre la parole pour le communiquer!!


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Production et montage: Anne-Claire Delval, Jean-Michel Gaudron, Cyriaque Motro

Musique: Meydän

Titre:  Synthwave Vibe

Auteur: Meydän

Source: https://meydan.bandcamp.com

Licence: https://creativecommons.org/licenses/by/3.0/deed.fr


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans Éclat de voix, le podcast où les prises de paroles engagées résonnent comme des déclarations d'indépendance. Je suis Anne-Claire Delval, ancienne journaliste, modératrice, rédactrice. Je déniche des voix authentiques et je facilite ces expressions qui changent le monde. Comme dire vaut toujours mieux que taire, j'ai conçu Éclat de voix pour vous donner envie et vous inciter, vous aussi, à prendre prendre la parole sur des sujets qui vous tiennent à cœur. Pour l'heure, laissez-vous guider par mon trio d'invités. Vous allez l'entendre, l'épisode d'aujourd'hui a été enregistré dans un cadre bien particulier, celui de la ferme Salam à Boulk en Drôme, qui est un lieu de stage, d'éveil, où j'avais organisé une retraite à la fois pour se ressourcer et pour re-ou. trouver du plaisir à s'exprimer. Les circonstances ont fait que nous n'étions que trois, finalement, mais parfois, et comme bien souvent en réalité, les plus beaux moments naissent de ces imprévus. À mes côtés, Myriam Bouvy, qui accompagne des porteurs de projets dans le mouvement de la transition, et qui a ouvert depuis bientôt un an, The Colibri, un café-librairie d'occasion, boutique d'art, d'artisanat luxembourgeois, lieu de rencontre pour tous. où on peut organiser des workshops à Eichstänzel près de la ville de Luxembourg. Et puis Jean-Michel Gaudron, senior communication officer, attention ça pose son nom, chez Luxinnovation, et surtout écrivain. Il a publié une biographie, deux romans, trois recueils de nouvelles, et tadaaa, annonce en avant-première, un nouveau recueil paraîtra début octobre. Cette semaine de reconnexion, d'écriture, de créativité et d'exploration de notre parole, nous a menés à créer un lien vraiment solide entre nous, à cheminer ensemble, tant sur le papier que sur les sentiers dans la vallée de Boulk, et finalement à échanger avec Luc Bauer, fondateur de celui extraordinaire, la ferme Salam. Homme de la terre, bûcheron, cultivateur, Luc s'est joint à la réflexion que nous menions ensemble avec Myriam et Jean-Michel, comment transformer nos convictions en engagements concrets. Bah oui, parce qu'au fond, c'est aussi l'un des enjeux d'Éclat de Voix que nos paroles puissent avoir un écho dans nos actes. Comme cet épisode va vous faire rêver, voyager, probablement cogiter, pensez à vous abonner à Éclat de Voix sur votre plateforme d'écoute préférée Pour ne rater aucun épisode, ça c'est une chose, mais aussi pour lui donner du poids, pour qu'il s'ancre bien dans l'écosystème podcastal. Oui, je suis très friande de néologisme, que j'adore inventer. Et à lui mettre aussi des étoiles, pour qu'il brille fort au firmement des pommes et autres Spotify. Spotify, oui, Spotify. Et évidemment, une fois tout ça fait, eh bien, laissez... Diffuser, circuler ces bonnes nouvelles, parce que oui, nous en avons vraiment bien besoin. À vos écoutes ! Eh bien, salut Myriam, salut Luc, salut Jean-Michel.

  • Speaker #1

    Bonjour Anne-Claire.

  • Speaker #2

    Bonjour Anne-Claire.

  • Speaker #3

    Salut Anne-Claire.

  • Speaker #0

    Merci d'être là, tous les trois. Alors je remets un petit peu d'histoire derrière cette rencontre assez fabuleuse, c'est qu'il y a quelques mois de ça. Mon ami Adnan Lamar m'avait donné les coordonnées de Luc à la ferme Salam, Salamandre, ici dans la Drôme, pour organiser un stage, une retraite. Et puis de fil en aiguille, pour diverses raisons, la retraite telle qu'elle était prévue au départ n'a pas forcément pu se faire comme on l'imaginait, mais Luc a eu la super gentillesse de nous proposer de venir quand même. On est trois donc à être venus, profiter du lieu, profiter de la vie, de l'espace, rencontrer Luc aussi, découvrir comment lui il vit ici au quotidien, tout ce qu'il a mis en place parce que c'est un espace vraiment fabuleux. Et donc tous on a un peu dans notre philosophie, dans notre mode de vie, cette envie justement de s'engager. Alors s'engager c'est vaste, c'est flou parfois, ça peut être très philosophique, on peut écrire tout un bouquin autour de ça. Mais à vous trois, j'ai envie de poser la question, comment est-ce que vous voyez, alors soit votre engagement, si vous avez envie de parler plutôt du vôtre, ou bien l'engagement au Dans un sens un peu plus large, qu'est-ce que pour vous ça représente de s'engager ? Myriam ?

  • Speaker #2

    Pour moi, s'engager, c'est essayer de vivre un peu plus sobrement, autant que possible en tout cas, dans le contexte dans lequel je me trouve. Et d'un autre côté, c'est aussi de sensibiliser les personnes autour de moi aux enjeux du monde actuel.

  • Speaker #0

    À travers ton initiative du Colibri ?

  • Speaker #2

    Entre autres, oui, à travers ce lieu que j'ai ouvert il y a un an, qui est un lieu de rencontre convivial, chaleureux, j'espère en tout cas, mais oui, qui est censé dégager une atmosphère où on se sent bien, un lieu d'échange, de rencontre, un café, librairie d'occasion, un espace pour faire des workshops, justement, pour partager les compétences des uns et des autres, et puis pour passer des moments sympathiques. Et aussi un petit coin produits locaux de petits producteurs, dont j'essaye de valoriser le travail. Et puis aussi un espace artisanat local, des choses utiles et produites à Luxembourg par des petits artisans.

  • Speaker #0

    Jean-Michel ?

  • Speaker #1

    Alors moi, si je me concerne, l'engagement, je dirais qu'il y a une notion d'être acteur et non pas spectateur. Alors l'engagement, comme tu le disais, peut prendre... plein de formes et peut traiter plein de sujets ou de thématiques. L'idée, c'est d'avoir des convictions, de croire justement aux choses pour lesquelles on souhaite s'engager. Et à partir de là, c'est de partager l'information, de ne pas forcément essayer de convaincre au défaut du prosélytisme, mais en tout cas, diffuser au maximum tous les aspects positifs des choses pour lesquelles on souhaite s'engager. Avec comme peut-être cadeau bonus le fait que d'autres personnes qui au départ n'étaient pas forcément dans cette direction de pensée disent ah bah oui effectivement c'est intéressant, creusons un peu la chose. Et voilà ça permet petit à petit de faire prendre conscience à un maximum de personnes de certains grands enjeux qui existent dans le monde actuel et plus on sera nombreux à avoir justement. en tête ces choses-là, et plus on s'engager, plus les choses bougeront dans le bon sens.

  • Speaker #3

    Mon engagement, il se traduit par des actes plutôt pragmatiques, à travers une agriculture qui tend vers l'agroécologie, à travers un mode de consommation conscient. que ce soit au niveau de ma consommation personnelle ou que ce soit au niveau de l'approvisionnement du lieu. Ça va être dans le fait de mettre en place une agriculture autonome, des constructions fabriquées en autonomie, beaucoup d'autoconstructions de choses. Mon engagement pour moi est dans une forme d'exemplarité, c'est que j'ai longtemps rêvé d'un autre système. Je me suis dit un beau jour que le seul moyen de le vivre c'était déjà de le faire, de ne pas avoir d'attente et de m'engager pleinement dans ces voies très pragmatiques que sont la construction, l'agriculture et aussi l'accueil. Mon engagement se traduit aussi dans l'ouverture d'espace pour les gens pour permettre une évolution quelle qu'elle soit, qu'elle soit dans le bien-être, dans la prise de conscience, dans la spiritualité, permettre un... Une évolution des consciences, en tout cas être un acteur de cette grande révolution des consciences que moi je vois aussi s'inviter désormais dans le débat.

  • Speaker #0

    Alors Luc, tu nous as donné un peu, rien qu'à t'écouter, envie d'en savoir plus, et c'est aussi ça qui m'avait motivée pour venir te voir, c'est qu'on sent bien et on voit bien et on ressent bien. En venant ici, chez toi, dans ces espaces que tu ouvres à d'autres, Cette énergie que tu as mise, et mon envie aussi en venant à ta rencontre, c'est de comprendre un petit peu comment les choses se sont un peu développées pour toi dans cet environnement-là. Est-ce que tu as toujours été installée dans la région ? Est-ce que tu as décidé de planter ta yurte ici ? et peut-être en... Racontant un petit peu cette histoire et comment les choses se sont construites, donner aussi envie à des gens qui sont plus loin, puisque nous on vient de Luxembourg, donc on a une vision différente, on a un écosystème qui n'est pas le même, mais il y a aussi, comme Myriam l'a dit, des gens qui s'engagent. dans notre pays pour faire avancer les choses avec plus de résonance ou de raison, comme tu disais tout à l'heure, avec un peu plus consommer de façon plus durable ou autrement. Donc l'intention aussi avec ce podcast, c'était qu'avec Myriam et Jean-Michel, on puisse t'interroger et venir peut-être croiser nos regards avec le tien. Donc raconte-nous un petit peu ton histoire.

  • Speaker #3

    Mon histoire, moi je ne suis pas natif de la Drôme, je suis natif du Jura. J'ai toujours habité la ruralité jurassienne. Je suis vraiment issu de la campagne, voire même de la forêt, on va dire, parce que j'ai grandi à 2 km du premier village. Donc je suis vraiment issu d'une éducation que je dirais presque un peu tribale. Je suis un enfant des bois. En grandissant, je me suis rendu compte que la société dans laquelle je vivais, ce n'était pas ma forêt. C'était quelque chose de très étrange. J'ai toujours eu du mal à m'intégrer. Bon an, mal an, je suis arrivé à faire mes études, je suis arrivé à avancer, à m'intégrer dans cette société, mais toujours avec beaucoup de questionnements et beaucoup aussi de colère par rapport à plein de choses, particulièrement sur l'aspect environnemental, écologique, ayant vécu dans des écrins de verdure toute ma tendre enfance. Ça a été vachement dur pour moi de fréquenter les villes, je l'ai toujours. Pour moi, les villes sont un peu des organismes génétiquement modifiés. Pour moi, c'est un peu des verrues, ces trucs. J'arrive toujours pas à comprendre ce genre de structure. En tout cas, quand j'ai voulu m'installer dans la Drôme, c'est que j'avais une grande envie. J'avais des enfants, on élevait des enfants avec mon ex-compagne. J'ai eu cinq enfants. Et on a ressenti ce besoin de, pas de complètement s'émanciper du système, mais de gagner en résilience. Le coup de conscience qu'on a eu, c'était en 2008, quand il y a eu un gros crash boursier, avec beaucoup d'incertitudes quant à l'économie. Et puis on s'est rendu compte qu'en fait l'économie mondiale était très fragile. En fait on reposait sur le bon vouloir, sur le bon fonctionnement d'un système qui n'était pas très solide en soi. Et moi j'ai pris conscience qu'il fallait s'autonomiser un maximum. Alors pas être complètement à l'écart de la société, justement arriver à dealer avec tout ça et créer de l'autonomie en collectif, de l'autonomie de réseau. Déjà dans le Jura je travaillais beaucoup sur l'organisation de marché de producteurs pour dynamiser l'économie locale, la paysannerie locale, favoriser les ventes et rapprocher les gens. Vous voyez déjà c'était en quoi 2005-2006 il y avait déjà une grosse vague d'individualisation des gens qui... Maintenant on le voit de plus en plus, nous fragilise en tant que nation, en tant que peuple. Je me suis rendu compte que le nerf de la guerre c'était vraiment la matière première. C'était toutes les choses qu'on pouvait faire pour s'autonomiser, tout ce qu'on pouvait produire par nous-mêmes, toute cette intelligence ancestrale qu'on pouvait soit arriver à garder, soit juste, pour moi c'est juste pratiquer en fait pour retrouver ces gestes, retrouver une confiance dans la vie, pour moi. pendant un temps, ça n'avait plus bien du sens, finalement, de cautionner un système, d'être dans cette espèce de système qui était, pour moi, très étrange et ingrat, j'ai l'impression, j'ai envie de dire. Parce qu'on nous donne beaucoup de choses dans ce système. On nous donne beaucoup de choses, mais on nous infantilise énormément. Je ne me sentais plus dans ma dignité, dans mon plein pouvoir, dans mon libre-arbitre. Et moi, cette voie d'autonomisation, donc ici, ça concerne l'agriculture, ça va concerner... Toute la fabrication des bâtiments, donc ça va être des yurts, ça va être des avancées, ça va être de la menuiserie, ça va être de la maçonnerie. Et voilà, je sais faire ma plomberie, faire mon électricité, je fais peut-être dix métiers différents. Et ça me donne une forme de sérénité profonde dans l'avenir, quel que soit le contexte. Et ça me donne aussi cette possibilité, étant autonome, étant... En tout cas, le plus résilient que la majorité de la population, ça me donne la possibilité d'être ressource pour les autres aussi. Et ça me plaît, en fait, de pouvoir aussi être ressource pour aider des gens qui ont faim éventuellement. Ça, c'est pas encore le cas. Espérons que ça ne le devienne jamais. Mais aussi de former des gens, d'apprendre des choses, de réapprendre des choses et de pouvoir véhiculer autour de moi ces connaissances-là et montrer que c'est possible aussi. Ce lieu-là, c'est vraiment un terrain d'expérimentation, de montrer ce qui est possible. Pragmatiquement, on peut faire de l'agroécologie productive, on peut faire de l'autoconstruction avec beaucoup de matériel prélevé localement. On peut avoir toute une démarche. pas utopique et déconnectée, qui est vraiment pragmatique tout en étant efficiente. Voilà, on peut vivre à la campagne d'une manière qui est cohérente avec son milieu, qui est respectueuse de l'environnement et qui est productive, qui permet à tout le monde d'être dans une forme de cercle vertueux. Enfin, je le crois profondément et je le vis.

  • Speaker #0

    On l'a bien observé, on l'a bien ressenti comme je le disais tout à l'heure. Alors ça a fait un peu écho à la discussion qu'on a eue avec Myriam juste tout à l'heure, tu sais, où on parlait de de... s'apaiser dans les relations avec l'argent. Et finalement, je me dis que la question, elle est un peu biaisée. Je ne sais pas si tu es d'accord avec moi, mais qu'en écoutant Luc, on se dit que cette problématique d'argent, elle cache la forêt, qui est qu'en réalité, on manque, on est assis sur un système qui est très précaire, en fait, financier, économique, et que si ça ne tient que par un fil, ou peut-être plusieurs, mais en tout cas... C'est pas aussi clair que ça. Peut-être qu'il faudrait qu'on s'apaise avec notre relation au vivant, finalement. Qu'est-ce que t'en penses ?

  • Speaker #2

    Tout à fait. Moi, je crois que les bases, c'est ce que tu viens de dire, Luc, c'est se nourrir, se loger. Et ça va au-delà de ces besoins financiers que nous pensons qu'on doit remplir. Parce que non, les besoins basiques, c'est ce qu'on vient de dire. Et l'argent, oui, pour moi, c'est un moyen d'échange plutôt, peut-être nécessaire, peut-être pas. On va peut-être pouvoir évoluer, échanger ça. On peut échanger des produits contre d'autres produits. Tu parlais d'entraide. Tu n'es pas obligé de produire tout ce dont tu as besoin, parce que le voisin, lui aussi, il a un jardin, ou bien tu vas échanger des légumes contre des services. C'est comme ça que moi, je vois un petit peu au niveau très, très local, par contre. Et on va peut-être pouvoir dépasser ça de cette façon-là, en créant beaucoup plus de communautés locales d'entraide. Et je crois, moi aussi, j'ai dépassé cette notion d'autonomie. Au départ, je pensais que c'était important qu'on soit tous autonomes, qu'on puisse tous vivre de notre production, de notre jardin. Et je crois que ça, ce n'est pas possible. Par contre, si on a des petits microcosmes comme ici, dans la vallée où on se trouve, Eh bien, c'est beaucoup plus riche d'avoir des échanges, de partager. On n'est pas tous obligés d'avoir tous les outils. On peut se les prêter, ça c'est quelque chose qui me tient très à cœur. On n'a pas tous besoin d'avoir une foreuse, une perceuse, bon un aspirateur on peut encore discuter, mais des objets qu'on utilise peut-être même pas une fois par mois, c'est complètement idiot que tous les ménages aient ça. Donc ça, à Luxembourg, on commence un petit peu, même au niveau national, à favoriser le partage d'outils, par exemple. Il y a des plateformes comme ça qui se mettent en place tout doucement. Et pareil pour tout ce qui est nourriture, je crois qu'il faut qu'on aille plus dans ce sens-là.

  • Speaker #0

    Surtout à Luxembourg, où on apporte quand même 97% de nos fruits et légumes, il serait peut-être temps qu'on commence à apprendre ou réapprendre ce dont Luc parlait. Une forme de résilience, d'autonomie et de réapprendre à cultiver autre chose que des patates, des couettes et d'avoir des vaches dans nos champs. Alors toi Jean-Michel qui travaille pour Lux Innovation, qui est un peu, j'ai mis des guillemets à l'antipode de ce qu'on raconte, puisque c'est plutôt favorisant tout ce qui est, comment tu dis souvent dans l'innovation, mais l'innovation dit forcément technologie. on ne va pas dire les choses autrement. Or, ce que dit Luc, quelque part, c'est aussi innovant. Et je ne suis pas certaine qu'il utilise des choses, alors peut-être qu'il s'appuie en partie sur certains nouveaux outils qui lui facilitent la tâche, etc. Mais toi, est-ce que tu as l'impression qu'on peut rassembler ces deux mondes, qu'on peut les faire cohabiter, ou qu'on peut au moins créer une passerelle entre les deux ?

  • Speaker #1

    Alors, juste préciser que l'innovation n'est pas que technologique, même si la technologie, évidemment, entre en grande ligne de compte dans... toutes les démarches d'innovation que l'on peut voir dans les entreprises au Luxembourg ou ailleurs. Mais on peut aussi innover en termes de management, on peut aussi innover en termes de communication, en termes de services. Mais effectivement, pour l'instant, en tous les cas, même si des initiatives commencent à pousser, même au niveau étatique, au niveau national, sur tout ce qui est entreprise à impact sociétal, tout ce qui est ce type de développement, où ça mériterait certainement davantage de passerelles et davantage de liens entre ces deux univers, cet univers de l'innovation très générique, pas que technologique mais en grande partie, et puis l'innovation sociale et sociétale. Je pense qu'effectivement ces deux univers qui pour l'instant ne se parlent pas beaucoup, mais auraient je pense beaucoup à gagner l'un et l'autre à davantage se rapprocher, c'est clair.

  • Speaker #0

    Alors pour toi Luc, c'est quoi l'innovation ?

  • Speaker #3

    Moi je suis beaucoup en questionnement par rapport à ça. J'ai voulu beaucoup retrouver justement les gestes d'avant, c'est hyper important pour moi, de réapprendre à couper. Moi je fais beaucoup de bûcheronnage, donc de réapprendre à couper des herbes à l'ancienne. Tu vois, couper avec une scie, couper avec une hache, savoir faire tout ça. Pour moi c'était une innovation finalement, parce que j'ai toujours utilisé les tronçonneuses à la base. C'était innovant pour moi de me dire que quel que soit le contexte, je pourrais chauffer ma famille. Et ça c'est innovant parce qu'en fait j'ai l'impression que la société actuelle elle propose pas vraiment ça. Ce que je vois avec le chauffage électrique, c'est qu'en fait s'il y a une coupure de courant, il y a les trois quarts des gens qui se caillent. Alors finalement, ça devient innovant de savoir utiliser une scie et une hache. On est bien d'accord. Dans un contexte où le jus peut être coupé, on voit que ça arrive. Donc l'innovation, je la vois de plein de côtés différents. Par exemple, moi je me suis intéressé beaucoup à la traction animale. Donc j'ai un tracteur, 70 chevaux, 4x4. Alors c'est pas un gros tracteur. 70 chevaux, c'est du petit 4x4. Mais je me suis intéressé à la traction animale. Parce que je me suis rendu compte, et j'ai vu des amis travailler en maraîchage, qui disaient que le tracteur, par exemple, il était trop lourd, il tassait trop, et que la traction animale devenait plus efficiente dans les petits rangs, les petits endroits où on ne peut pas passer facilement. La traction animale, qui est ancestrale, était bien plus efficace qu'un tracteur. Donc ça, c'est innovant, la traction animale. Mais pas n'importe comment, pas n'importe où. Tu ne vas pas faire des hectares de céréales avec des chevaux. Alors déjà tu vas crever les chevaux, mais ça se faisait avant, mais on crevait les chevaux, et les chevaux il faut beaucoup d'hectares pour les nourrir. Donc pour arriver à faire un hectare, il faut nourrir des chevaux qui ont bouffé 8 hectares des fois. Donc c'est pas une innovation de faire ça comme ça, mais par contre dans l'attraction animale, l'attraction animale pour le maraîchage c'est intelligent, c'est innovant. Et je vois aussi toutes les démarches d'agroécologie, parce qu'il y a un truc qui n'est pas très véhiculé en fait, c'est tout le travail que font les agronomes. Alors à Luxembourg je ne sais pas trop. En France, il y a vraiment des agronomes très efficients, très intelligents, qui ont une démarche pour l'environnement, pour l'agroécologie, qui travaillent de pair avec des industriels qui font des machines. Et il y a des machines maintenant, je parle par exemple des semoires, qui permettent de faire du semi-sous-couvert. Le semi-sous-couvert, c'est une technique qui n'est pas applicable ni avec un tracteur, des herses, des semoires classiques, ni avec un cheval de traction à l'ancienne. C'est de la haute... haute technologie, donc c'est des ordinateurs embarqués dans les tracteurs c'est des GPS c'est très très précis sur des hectares et on arrive à faire justement ce qu'on appelle du semis au couvert, c'est qu'on ne laisse jamais le sol à nu, ça c'est un des principes de permaculture qu'on apprend tous dès qu'on fait un peu de permaculture, même dans des jardins partagés en ville on ne laisse jamais un sol à nu parce que ça le fait croûter parce que les micro-organismes se barrent en dessous parce que tout ça ... Donc ça, c'est très très difficile à appliquer avec...

  • Speaker #0

    La génération des tracteurs avec lesquels je travaille qui ont 20-30 ans, on n'arrive pas à faire ça, on n'a pas les outils, on ne sait pas le faire. On ne sait faire que cette forme d'agriculture qui est je laboure, je herce et je sème. Par contre, tu as toute une phase où le sol, il en pâtit de tout ça. Jusqu'à il y a 5, 6, 10 ans, en fait, on ne savait pas faire autrement. Et là, la technologie sait faire des super machines, alors qu'ils coûtent une fortune. qui ne sont pas amortissables par n'importe quel agriculteur. Il faut déjà des grosses surfaces, des gros rendements, des grosses exploitations agricoles. Mais on arrive à faire de l'agroécologie, quelque chose de très respectueux de l'environnement, avec des machines de fou et des ordinateurs, tout un système, toute une ingénierie. Quand l'agronome se met en rapport avec l'informaticien et le mécanicien, on fait des choses fantastiques. L'innovation, moi je la vois de plein d'endroits. Je la vois autant dans le retour de ce que savaient faire les anciens que ce qui est en train de se faire intelligemment, technologiquement. Si la technologie, elle ne pouvait servir qu'à faire des choses intelligentes, on serait déjà sortis d'affaires depuis longtemps. On fait un peu n'importe quoi avec la technologie. Moi, c'est ce qui me pose le plus de problèmes. Ce n'est pas les machines, c'est la conscience qu'il y a derrière. Ou l'inconscience qu'il y a derrière. L'inconscience, c'est ce que j'allais dire.

  • Speaker #1

    L'inconscience, c'est l'inconscience.

  • Speaker #2

    La fameuse passerelle dont je parlais, j'avais envie de diriger la conversation vers la question du collectif, parce que c'est une question qu'on a abordée rapidement, Luc, hier, et avec toi aussi, Myriam. Ton projet, pour l'instant, c'est toi qui le portes, et puis tu te dis peut-être qu'il faudrait que j'aille vers le collectif. Pourquoi et en quoi tu penses que ça va être plus efficient, plus facile à gérer ou pas ?

  • Speaker #1

    Oui, je ne suis pas sûre. Ce sera plus facile à gérer.

  • Speaker #2

    Là, je pense que Luc sera d'accord avec toi et nous le dira.

  • Speaker #1

    Être seule, ça a des avantages et des inconvénients. D'accord, je suis la fondatrice du projet. C'est un projet qui me trottait dans la tête depuis un certain temps. Et j'ouvre une parenthèse, c'est juste un élément d'un projet beaucoup plus vaste. Mais que là, clairement, je ne pourrais pas mener toute seule. Je ferme la parenthèse. Donc oui, on peut prendre, voilà, si le matin je décide de proposer tel menu, ben je le fais, je ne demande pas à droite à gauche, je le fais. Si je veux mettre en avant tel ou tel artiste, je l'appelle, on se met d'accord et hop ça se fait. Par contre, être tout géré seul, ben on est seul parfois et ça c'est pas toujours, c'est parfois lourd à porter. Et puis on se dit, je me trompe peut-être de direction là, je suis en train d'aller seule dans une direction, mais je suis peut-être totalement à côté de ce que les gens ont besoin ou de ce qui serait intéressant de faire. Alors oui, je suis en train de m'ouvrir au collectif et ce n'est pas encore très clair dans quelle direction ça va aller, si ça va être une ASBL, si ça va être une coopérative. Voilà, c'est des discussions, des réflexions que je mène actuellement. Mais je connais un peu le collectif parce que je suis dans deux ASBL et je vois que ça peut donner beaucoup de joie, mais ça peut être aussi très compliqué, très long pour prendre des décisions. Surtout dans les deux ASBL où je suis active, on fonctionne avec la sociocratie. Donc c'est un modèle de gouvernance et on parlait d'innovation sociale et pour moi, la gouvernance partagée, c'est une forme d'innovation sociale en l'an 2025. J'espère que ça ne sera plus le cas. prochainement, que ça sera quelque chose qui sera beaucoup plus partagé, dans le sens beaucoup plus commun. Donc j'ai expérimenté ça, et je l'expérimente toujours. Alors quand on est une petite équipe, ça va bien, c'est assez facile, on s'entend tous, on a les mêmes valeurs, etc. Mais quand on grossit, et qu'il y a beaucoup plus d'intervenants, la sociocratie, ça peut être lourd parfois. Après maintenant, il y a des aménagements aussi, on peut utiliser la sociocratie pour... prendre certaines décisions. Et puis pour les décisions du quotidien, on peut peut-être déléguer à un petit groupe, à un cercle par exemple, auquel on va accorder sa confiance et qui va pouvoir être beaucoup plus flexible. Voilà, donc il y a du pour et du contre. Mais ce qui est chouette dans le collectif, c'est le partage, c'est avoir des nouvelles idées parce que je n'ai pas la science infuse, j'ai un certain nombre d'idées. Mais en discutant avec d'autres, ça résonne et on trouve de nouvelles idées, de nouvelles directions. C'est ça qui est chouette. Mais il ne faut pas s'attendre à ce que ça soit rapide. Pour moi, le plus rapide, c'est je suis seule, hop, je décide ça, ça, et je le fais. Dans la foulée, je le fais, rapidement. Quand on a des cercles de décision qu'il faut composer avec différents caractères aussi, voilà, c'est challengeant, mais je pense que c'est l'avenir. En tout cas pour ce genre de projet dont on est en train de parler.

  • Speaker #2

    Alors il y a une chose sur laquelle j'aimerais revenir, Luc, parce que ce que tu m'as dit hier, ça m'a beaucoup interpellée. Et en même temps, je me suis dit, bah oui, mais évidemment, il a raison. Quand tu m'as dit... Oui, alors le collectif, moi j'y crois plus trop, alors une certaine forme de collectivité, tu vas le dire, mais en revanche, le village tel qu'il est organisé au départ, c'est une forme de collectif qui fonctionne, quand il fonctionne, mais qui fonctionne bien.

  • Speaker #0

    Moi je suis né dans les années 80, de ce que je voyais, de ce que je comprenais de la structure de mon village, c'était dans le Doubs, c'était à côté de Besançon, tout petit village. De ce que je voyais de ce village-là, c'est qu'il y avait beaucoup d'interactions entre les gens, il y avait beaucoup de gens qui se cédaient. Moi, étant gamin, je me rappelle que j'allais dans toutes les maisons comme je voulais, que j'avais toujours du chocolat à bouffer à tous les râteliers. Il y avait des histoires de village, mais il y avait une entraide de village. Il y avait des mecs sur les toits qui changeaient la toiture du voisin, il y avait des gens qui étaient ensemble. Et puis de fil en aiguille, effectivement, j'ai vu dans les villages que tout le monde s'est individualisé, mais à l'image de toute la société. Alors ça a pris peut-être plus de temps dans les villes, dans les campagnes que dans les villes. Mais moi j'étais toujours nostalgique de cette structure-là, de la structure village, amour, classique. C'est vrai que maintenant je vois la grosse aire des gens qui veulent monter des collectifs, des communautés, des échos amour, des échos village. Et ben je vois les difficultés qu'ils ont. Moi j'ai essayé de monter un collectif ici, ça a été très très compliqué, sur le plan humain, clairement. Et avec mon ex-compagne on a dit bon ben laisse tomber en fait, ça va être impossible de mettre en place un collectif, on n'est pas outillé, il n'y a pas forcément la même qualité d'écoute de conscience en face, et puis peut-être que nous on n'était pas non plus, voilà on n'était pas parfait dans l'histoire. En tout cas ça n'a jamais tenu et j'ai vu le nombre de collectifs qui se sont ramassés, ouais ça m'a beaucoup questionné quoi. Moi je vois que maintenant ma manière d'agir en tout cas elle est très individuelle, mais ça ne m'empêche pas de remettre la balle au centre. Je veux dire, j'ai une manière, on va dire individualiste d'agir, parce que je prends mes décisions tout seul, j'acte tout seul, je fais mes projets tout seul, je n'ai pas besoin de faire des réunions évidemment, ou si ce n'est des réunions avec moi-même, mais au moins j'avance avec ce que tu disais tout à l'heure, il n'y a pas d'inertie en fait, tu décides de faire un truc, tu le fais. Et ça c'est une qualité que moi je ne remettrai jamais en question. Mais par contre, j'ai des voisins ici qui sont très aidants. On s'aide tous et on s'envoie un message quand on est en galère, quand on a besoin d'un covoiturage, d'un outil, d'un truc, et il y a tout de suite des réponses. J'ai le sentiment que dans la structure qu'il y a par exemple ici à Prémartal, il y a cette entraide sans avoir les désagréments du collectif. Donc on est basé sur la propriété privée, on est tous voisins, ce qui est la structure village classique. Et on cède, on se file des coups de main, on se prête des trucs, on s'arrange entre nous. Et moi, c'est ce que je trouve le plus libérateur, c'est finalement basé beaucoup sur le libre-arbitre et l'élan de donner si on a envie, laissant chacun libre, s'il fait la gueule, s'il n'est pas bien, de rester dans son coin. Et ce que j'ai partagé quand même à travers plusieurs collectifs, c'est qu'il y a des obligations de collectif, parfois, qui pour moi portent atteinte à ma liberté, par exemple. Il y a des réunions obligatoires, des trucs qui sont des purges pour moi. C'est pas possible de vivre des trucs comme ça toutes les semaines. Et de me confronter à des avis et de devoir valider avec tout le monde lorsque je veux entamer quelque chose, c'est complètement ingérable dans ma structure. Et je vois qu'apparemment, ça ne porte pas ses fruits. Dans tous les collectifs que j'ai visités, il y en a très peu qui tiennent encore debout, en tout cas. Moi j'aime l'idée du don volontaire, de chacun son espace et tu ouvres quand tu veux et tu fermes quand ça t'ennuie. Ecoute, moi ce que je vois c'est que dans les villages du Diwa, il y a des très belles initiatives sur le don volontaire, sur l'élan du cœur. Je ne comprends plus cette volonté d'être à tout prix en collectif.

  • Speaker #3

    Mais justement, tu expliques que ça se fait à l'échelle du Prémartal, à l'échelle de quelques villages dans le Diyoua. Jusqu'à quelle échelle ça peut être reproductible ? Et est-ce que, évidemment, quand on arrive dans une grande ville, même comme Besançon, ou comme, je ne sais pas, Dix, pas loin d'ici, à un moment donné, il y aura une limite physique à ce type d'approche. Mais du coup, on fait quoi ?

  • Speaker #0

    En fait, c'est ça, c'est des micro-organisations. Tu dis la limite physique, la limite géographique. Je ne sais plus avec qui j'en parlais, c'est vrai qu'il y a une limite à une vie de village, on va dire au-delà de 50, je crois qu'une structure ne peut plus fonctionner de la même manière. Je pense qu'on aurait tout intérêt à travailler en circuit très court. Ce que tu disais tout à l'heure, sur le circuit très court, on arrive à être très très efficient, à avoir de l'efficience et très peu d'inertie, on a quelque chose de très réactif, très vivant. C'est que dès que tu commences à grossir, arriver à mettre en place des règles pour le plus grand nombre, c'est très compliqué.

  • Speaker #3

    Donc à la limite, dans une grande ville, ce serait ramener ça au quartier ?

  • Speaker #0

    Oui, au quartier. C'est vrai qu'il y a des initiatives de quartier qui se font dans certaines villes qui sont porteuses, j'ai l'impression. Oui, il y a une échelle. Moi, je sens ça.

  • Speaker #2

    Et pour autant, tu fais partie du collectif BioVallée dans lequel tu es impliqué pour les éco-hébergeurs, tu me disais. Mais tu m'expliquais aussi, je crois... tu vas le redire plus clairement que moi, que dans le collectif Biovalet, il y a plusieurs petites structures, c'est ça ?

  • Speaker #0

    Oui. L'association Biovalet, elle est basée à côté de Cré, donc c'est à une heure d'ici. Nous, on est un peu les montagnards des éco-hébergeurs, avec quelques-uns ici. Donc oui, je suis à la Biovalet, qui est une association d'initiatives, de dynamisation de l'écologie à tous les niveaux de la société dromoise. Moi, je suis particulièrement... intégré dans le côté éco-hébergeur. Un éco-hébergeur, c'est quelqu'un qui fait attention à son approvisionnement, qui fait attention à son tri de déchets, qui essaie de s'autonomiser au niveau des énergies, qui a des valeurs à véhiculer autour de l'environnement, de l'écologie. Moi, je suis impliqué depuis deux ans là-dedans, et je trouve ça chouette, on a des réunions quelques fois ensemble. Donc moi, j'aime ce réseau-là. C'est très intéressant de communiquer avec ses pairs et de pouvoir... De pouvoir prendre un temps de réflexion, de retour sur nos activités respectives, de demander conseil à des gens qui vivent les mêmes choses que nous, et je trouve ça très chouette. C'est sûr que ce n'est pas la vie communautaire impliquante, ça doit être deux réunions par an, si tu veux. Et il y a une charte, un cahier des charges, oui ça va, c'est une charte, un cahier des charges qu'on respecte tous, et puis des échanges qu'on a, et des petits coups de main qu'on se donne, comme ça. Je trouve ça léger et ça a plus d'aspects positifs, bénéfiques que délétères en fait dans ce truc-là. Ce n'est pas beaucoup d'implications et c'est plein de petits bonus. Donc c'est une très très chouette initiative la bio-vallée.

  • Speaker #2

    Bon alors Jean-Michel, Myriam, vous pensez qu'on pourrait imaginer une bio-vallée à Luxembourg ? Alors peut-être pas vallée parce que nous on a des petites collines, mais je ne sais pas, on pourrait l'appeler autrement, Myriam ?

  • Speaker #1

    On a des vallées aussi, on a la vallée de l'Alzette, entre autres. C'est vrai, c'est vrai, pardon. Oui, tout à fait, c'est quelque chose que je retiens, c'est comment mettre en place ça chez nous. C'est un peu l'idée de ton partage aussi, c'est de s'aimer. Je suppose qu'en France, il y a plein d'initiatives de ce genre-là aussi, dans d'autres régions, et pourquoi pas à Luxembourg. Alors nous on a déjà cette application de voisinage par quartier ou par commune. Ce n'est pas un réseau social comme on les connaît, les classiques, mais c'est vraiment de l'entraide. Je cherche, je prête, je donne beaucoup aussi. Ça, ce serait peut-être le départ de quelque chose de plus structuré, comme tu viens de le décrire ici dans ta vallée. Et ça me plaît bien cette idée de « on peut, mais on ne doit pas faire ensemble » . Et si tout le monde partage les mêmes valeurs, ça peut marcher. Mais comme tu dis, c'est plus facile dans une petite unité que dans un gros village. Et comme nous, à Luxembourg, on a quand même des communes assez…

  • Speaker #2

    C'est assez varié, parce que dans le nord du pays,

  • Speaker #1

    ils ne sont pas très nombreux quand même. Non, c'est vrai. Ça pourrait se faire dans certaines parties, je pense, s'il y a la volonté. Oui, ça me plairait bien ça, de voir éclore ce genre d'initiative à Luxembourg.

  • Speaker #3

    Oui, et puis l'avantage aussi du Luxembourg, c'est que le pays en lui-même est petit, et c'est très souvent, et pas évidemment que dans ce domaine-là, mais c'est très souvent que le pays sert quelque part de laboratoire, de zone test pour des produits, pour des services, et les entreprises se servent en tout cas... bénéficie de cet environnement luxembourgeois à la fois petit en taille mais riche en ressources humaines et riche en diversité culturelle pour lancer des initiatives et si elles prennent corps et si la sauce prend au luxembourg il est plus facile ensuite de le déployer ailleurs donc on pourrait s'imaginer qu'effectivement La taille du pays soit propice à la mise en place de tels ensembles collectifs, puisqu'il y a évidemment quelques grandes villes, mais on arrive assez rapidement au niveau des villages à des tailles qui correspondraient parfaitement à ce type d'initiative. Donc certainement le pays aurait là aussi beaucoup à gagner à creuser un petit peu la question et à se poser les bonnes questions justement pour mettre en place ce type d'initiative.

  • Speaker #2

    Mesdames, Messieurs les Ministres, vous avez entendu, la porte est ouverte. Alors Luc, tu as parlé tout à l'heure de transmission. Quand est-ce que tu viens nous rendre visite à Luxembourg pour nous expliquer toutes tes belles choses, nous faire une petite conférence sur tout ce que tu fais ici en Drôme ?

  • Speaker #0

    Quand tu veux. Ah génial ! Oui, il faut m'inviter. Tu m'invites, je viens moi, il n'y a aucun problème, avec plaisir.

  • Speaker #2

    On va faire ça au Colibri Myriam ?

  • Speaker #1

    Ah oui, bien entendu, c'est le lieu idéal.

  • Speaker #2

    Les uns et les autres, est-ce que vous avez un message particulier que vous aimeriez transmettre aux gens qui nous écoutent aujourd'hui ? Est-ce qu'il y a quelque chose qui vous tient à cœur ? C'est le moment ou quelque chose que vous aimeriez faire pour que ça crée plus de liens ou inviter les gens à se mettre en mouvement d'une manière ou d'une autre là où ils sont ? Parce qu'effectivement, on en parlait encore hier, nous on est en ville et même si elle est petite, on ne peut pas avoir les mêmes résonances qu'eux. Les gens qui vivent ici. Il y a aussi, c'est ce que disait Luc, et ça, j'imagine combien ça peut être le cas de néo-ruraux qui reviennent et qui ont la science infuse, mais en fait, qui ne savent rien. Donc, il faut trouver un équilibre, j'imagine, entre tout ça. Moi, je ne me verrais pas prendre la place de Luc parce que je n'ai pas tout son savoir, je n'ai pas toutes ses connaissances. Moi, à Plante-Thomade, je suis bien embêtée pour savoir qu'en faire. Et je ne parle que de la tomade, donc vous imaginez tout le reste. Mais par contre, l'ouverture... Le fait justement de venir ici, voir comment ça se passe, comment ça se fait, d'avoir cet accueil. Je me dis, voilà, mon objectif en faisant ce podcast avec vous trois, c'est justement d'ouvrir la porte à d'autres et puis qu'on crée du lien. Donc allez-y, la porte est ouverte pour vous, le micro en l'occurrence.

  • Speaker #1

    Exactement, tu parles de lien, c'est ce que je voulais dire justement. Partagez, partagez vos ressources, partagez vos compétences. Et vous allez voir que vous allez gagner beaucoup plus en relations humaines, en joie, en faisant ça, oui.

  • Speaker #3

    Oui, et puis moi j'ai envie de dire, soyez curieux, parce que des lieux comme la ferme Salam, quand on met le pied dedans et qu'on y reste une semaine, on est forcément happé par le cadre. à la fois le lieu en lui-même et puis l'environnement tout proche, le paysage, les montagnes autour. Mais voilà, il faut faire peut-être l'effort de s'y intéresser, d'avoir la curiosité de se dire « bah oui, il y a des choses qui se font un peu partout, certainement déjà au Luxembourg il y a des choses qui se font. » Je pense qu'il y a plein d'initiatives qui existent, plein de bonnes idées à piocher à droite et à gauche. et le simple fait déjà de s'intéresser Déjà, de se poser des questions, ça peut faire planter quelques petites graines dans les esprits et qui ne demanderont qu'ensuite à germer. Ça revient un petit peu à ce qu'on disait au début par rapport à l'engagement, c'est d'avoir la curiosité de ce qui se passe autour et de se dire qu'à un moment donné, il y a peut-être des choses à faire autres que rester simplement spectateur.

  • Speaker #0

    Moi, ça rebondit un petit peu sur la notion de curiosité. Moi je suis quelqu'un à la base de très curieux, je me suis rendu compte que j'étais de moins en moins curieux au fur et à mesure que j'avais trop de boulot et que j'avais finalement plus l'espace, plus le temps. Moi si j'avais des conseils depuis le fond de ma campagne, c'est vraiment d'enlever les choses, d'épurer un maximum de choses pour faire de la place en nous, pour retrouver l'élan. J'ai l'impression qu'on est tous tellement occupés que finalement on en perd l'élan, on n'a plus le temps d'avoir l'élan, on est déjà acculé en fait. Donc c'est réaménager des espaces pour de nouveau s'émerveiller, de nouveau être curieux, de nouveau être créatif. Et moi je me suis beaucoup ennuyé quand j'étais enfant. Et ça a été vraiment la clé pour devenir quelqu'un de très créatif et très autodidacte et autonome. Et on s'ennuie pas assez. Il n'y a pas assez de vide dans nos vies. Il faut créer du vide pour retrouver l'élan. C'est ce que j'ai constaté pour moi. Et cette semaine je suis en vacances et j'ai retrouvé l'élan de faire plein de petits trucs. que j'avais oublié et que j'adore faire. Dans le jardin, dans le paysagisme, des petits trucs qui ne font pas grossir mon porte-monnaie, mais qui me font avancer, qui font rayonner mon âme, qui font vraiment du bien. Je pense que c'est aussi une des clés. On n'est pas là pour courir après des billets, on est là pour vivre. La curiosité, la créativité, c'est une des clés. Les dimensions principales de l'être humain. Voilà ce que je souhaite à chacun et à chacune.

  • Speaker #2

    Un super message pour terminer. Merci beaucoup parce que j'aurais pu dire la même chose, mais peut-être en moins bien. Merci à tous les trois d'avoir joué les jeux. Merci de nous avoir accueillis, Luc. On espère que cette semaine-là ne s'arrêtera pas là et que ça va ouvrir sur d'autres idées, d'autres collaborations, d'autres échanges, comme l'a dit Myriam. Je pense qu'effectivement, nos territoires ne ressemblent pas à celui-là, mais on a quand même la chance d'être dans un pays... qui est pour une grande partie pas hyper construit. On est très vite aux portes d'une forêt. Regarde chez nous, autour de nous, même au centre-ville de la ville de Luxembourg, il faut très peu de temps pour toucher une forêt. Ce qui n'est pas le cas quand on est dans des agglomérations beaucoup plus vastes comme, je ne sais pas, je pense ici le plus proche peut-être Valence ou Lyon où là tu as des gens qui avant de voir un arbre, il faut qu'ils fassent des mètres et des mètres. On a quand même cette chance, donc c'est une autre évidemment dynamique. C'est pas pareil, mais je pense qu'on peut quand même s'intéresser à ce qui se fait ailleurs pour s'enrichir et à rapporter chez nous, échanger, se dire tiens, lui il fait comme ça, moi je pourrais faire comme ça. Et encore merci de nous avoir ouvert ton lieu. Donc nous, on y a passé un bon moment de ressourcement, même si on a été actifs.

  • Speaker #1

    Très actifs. Et très productifs. Voilà.

  • Speaker #2

    Voilà, donc un grand merci à tous les trois. Et puis... d'une manière ou d'une autre à tout vide, sur les ondes, en vrai, via les réseaux, peu importe.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup. Merci.

  • Speaker #0

    Merci.

  • Speaker #2

    L'autonomie, ce n'est pas vivre en ermite, c'est pouvoir prendre du recul par rapport au système dans lequel nous sommes intégrés, tout en gardant les pieds dedans. C'est un petit peu la synthèse qu'on pourrait faire de ces échanges. Et observez ce qui s'est produit. Jean-Michel interroge les passerelles entre innovation tech et innovation sociale. Luc jongle entre des techniques anciennes, voire ancestrales, et des machines ultra performantes. Myriam navigue entre efficacité individuelle et richesse collective. En somme, chacun nourrit la réflexion de l'autre et au final, nos frontières, nos visions bougent. Et c'est ça, la force des rencontres. Nous arrivons avec des prismes, des croyances, et on repart avec des angles de vue tout à fait inattendus. Et la richesse naît de ces prises de parole qui se croisent et qui élargissent notre compréhension du monde. Vous aussi, vous cherchez cette juste distance à garder votre libre arbitre, mais à oser dire ce que vous pensez tout en restant connecté à ce fameux monde. Contactez-moi et explorons ensemble comment faire entendre votre voix sans qu'elle se noie dans le brouhaha ambiant. Et en attendant, créez du vide, tissez des liens, croisez les regards et l'élan viendra, c'est garanti. D'ici notre prochaine rencontre, je vous souhaite des éclats de voix boules quoi ! Bah oui, boules que boules quoi !

  • Speaker #1

    Les habitants de Boulec,

  • Speaker #2

    le village de la ferme Salam, qui est dans le hameau du Prémartal très précisément. A vos Google Maps, vos cartes routières, Michelin, IGN, et vous finirez bien par trouver vos éclats de voix boule quoi !

Description

Ep 53 - Et si l’avenir se construisait à la croisée des chemins entre ville et campagne?
Dans cet épisode nous partons du Luxembourg pour rejoindre la Ferme Salam, nichée au cœur de la Drôme, à Boulc, où Luc Bauer a bâti un lieu de stage, d'éveil, mais aussi d’expérimentation en agroécologie, en autonomie et en résilience locale.

À ses côtés et ceux de Myriam Bouvy, gérante du tiers-lieu De Kolibri à Steinsel au Luxembourg et Jean-Michel Gaudron, écrivain, nous explorons comment créer du lien, réinventer nos modes de vie et bâtir des collectifs à taille humaine — tout en tissant des ponts entre innovation sociale, écologie vivante et engagement citoyen.

Des échanges précieux pour vous qui rêvez de transformer votre quotidien, de semer des graines de changement, de redonner du sens à vos actions, là où vous vivez et... de prendre la parole pour le communiquer!!


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Production et montage: Anne-Claire Delval, Jean-Michel Gaudron, Cyriaque Motro

Musique: Meydän

Titre:  Synthwave Vibe

Auteur: Meydän

Source: https://meydan.bandcamp.com

Licence: https://creativecommons.org/licenses/by/3.0/deed.fr


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans Éclat de voix, le podcast où les prises de paroles engagées résonnent comme des déclarations d'indépendance. Je suis Anne-Claire Delval, ancienne journaliste, modératrice, rédactrice. Je déniche des voix authentiques et je facilite ces expressions qui changent le monde. Comme dire vaut toujours mieux que taire, j'ai conçu Éclat de voix pour vous donner envie et vous inciter, vous aussi, à prendre prendre la parole sur des sujets qui vous tiennent à cœur. Pour l'heure, laissez-vous guider par mon trio d'invités. Vous allez l'entendre, l'épisode d'aujourd'hui a été enregistré dans un cadre bien particulier, celui de la ferme Salam à Boulk en Drôme, qui est un lieu de stage, d'éveil, où j'avais organisé une retraite à la fois pour se ressourcer et pour re-ou. trouver du plaisir à s'exprimer. Les circonstances ont fait que nous n'étions que trois, finalement, mais parfois, et comme bien souvent en réalité, les plus beaux moments naissent de ces imprévus. À mes côtés, Myriam Bouvy, qui accompagne des porteurs de projets dans le mouvement de la transition, et qui a ouvert depuis bientôt un an, The Colibri, un café-librairie d'occasion, boutique d'art, d'artisanat luxembourgeois, lieu de rencontre pour tous. où on peut organiser des workshops à Eichstänzel près de la ville de Luxembourg. Et puis Jean-Michel Gaudron, senior communication officer, attention ça pose son nom, chez Luxinnovation, et surtout écrivain. Il a publié une biographie, deux romans, trois recueils de nouvelles, et tadaaa, annonce en avant-première, un nouveau recueil paraîtra début octobre. Cette semaine de reconnexion, d'écriture, de créativité et d'exploration de notre parole, nous a menés à créer un lien vraiment solide entre nous, à cheminer ensemble, tant sur le papier que sur les sentiers dans la vallée de Boulk, et finalement à échanger avec Luc Bauer, fondateur de celui extraordinaire, la ferme Salam. Homme de la terre, bûcheron, cultivateur, Luc s'est joint à la réflexion que nous menions ensemble avec Myriam et Jean-Michel, comment transformer nos convictions en engagements concrets. Bah oui, parce qu'au fond, c'est aussi l'un des enjeux d'Éclat de Voix que nos paroles puissent avoir un écho dans nos actes. Comme cet épisode va vous faire rêver, voyager, probablement cogiter, pensez à vous abonner à Éclat de Voix sur votre plateforme d'écoute préférée Pour ne rater aucun épisode, ça c'est une chose, mais aussi pour lui donner du poids, pour qu'il s'ancre bien dans l'écosystème podcastal. Oui, je suis très friande de néologisme, que j'adore inventer. Et à lui mettre aussi des étoiles, pour qu'il brille fort au firmement des pommes et autres Spotify. Spotify, oui, Spotify. Et évidemment, une fois tout ça fait, eh bien, laissez... Diffuser, circuler ces bonnes nouvelles, parce que oui, nous en avons vraiment bien besoin. À vos écoutes ! Eh bien, salut Myriam, salut Luc, salut Jean-Michel.

  • Speaker #1

    Bonjour Anne-Claire.

  • Speaker #2

    Bonjour Anne-Claire.

  • Speaker #3

    Salut Anne-Claire.

  • Speaker #0

    Merci d'être là, tous les trois. Alors je remets un petit peu d'histoire derrière cette rencontre assez fabuleuse, c'est qu'il y a quelques mois de ça. Mon ami Adnan Lamar m'avait donné les coordonnées de Luc à la ferme Salam, Salamandre, ici dans la Drôme, pour organiser un stage, une retraite. Et puis de fil en aiguille, pour diverses raisons, la retraite telle qu'elle était prévue au départ n'a pas forcément pu se faire comme on l'imaginait, mais Luc a eu la super gentillesse de nous proposer de venir quand même. On est trois donc à être venus, profiter du lieu, profiter de la vie, de l'espace, rencontrer Luc aussi, découvrir comment lui il vit ici au quotidien, tout ce qu'il a mis en place parce que c'est un espace vraiment fabuleux. Et donc tous on a un peu dans notre philosophie, dans notre mode de vie, cette envie justement de s'engager. Alors s'engager c'est vaste, c'est flou parfois, ça peut être très philosophique, on peut écrire tout un bouquin autour de ça. Mais à vous trois, j'ai envie de poser la question, comment est-ce que vous voyez, alors soit votre engagement, si vous avez envie de parler plutôt du vôtre, ou bien l'engagement au Dans un sens un peu plus large, qu'est-ce que pour vous ça représente de s'engager ? Myriam ?

  • Speaker #2

    Pour moi, s'engager, c'est essayer de vivre un peu plus sobrement, autant que possible en tout cas, dans le contexte dans lequel je me trouve. Et d'un autre côté, c'est aussi de sensibiliser les personnes autour de moi aux enjeux du monde actuel.

  • Speaker #0

    À travers ton initiative du Colibri ?

  • Speaker #2

    Entre autres, oui, à travers ce lieu que j'ai ouvert il y a un an, qui est un lieu de rencontre convivial, chaleureux, j'espère en tout cas, mais oui, qui est censé dégager une atmosphère où on se sent bien, un lieu d'échange, de rencontre, un café, librairie d'occasion, un espace pour faire des workshops, justement, pour partager les compétences des uns et des autres, et puis pour passer des moments sympathiques. Et aussi un petit coin produits locaux de petits producteurs, dont j'essaye de valoriser le travail. Et puis aussi un espace artisanat local, des choses utiles et produites à Luxembourg par des petits artisans.

  • Speaker #0

    Jean-Michel ?

  • Speaker #1

    Alors moi, si je me concerne, l'engagement, je dirais qu'il y a une notion d'être acteur et non pas spectateur. Alors l'engagement, comme tu le disais, peut prendre... plein de formes et peut traiter plein de sujets ou de thématiques. L'idée, c'est d'avoir des convictions, de croire justement aux choses pour lesquelles on souhaite s'engager. Et à partir de là, c'est de partager l'information, de ne pas forcément essayer de convaincre au défaut du prosélytisme, mais en tout cas, diffuser au maximum tous les aspects positifs des choses pour lesquelles on souhaite s'engager. Avec comme peut-être cadeau bonus le fait que d'autres personnes qui au départ n'étaient pas forcément dans cette direction de pensée disent ah bah oui effectivement c'est intéressant, creusons un peu la chose. Et voilà ça permet petit à petit de faire prendre conscience à un maximum de personnes de certains grands enjeux qui existent dans le monde actuel et plus on sera nombreux à avoir justement. en tête ces choses-là, et plus on s'engager, plus les choses bougeront dans le bon sens.

  • Speaker #3

    Mon engagement, il se traduit par des actes plutôt pragmatiques, à travers une agriculture qui tend vers l'agroécologie, à travers un mode de consommation conscient. que ce soit au niveau de ma consommation personnelle ou que ce soit au niveau de l'approvisionnement du lieu. Ça va être dans le fait de mettre en place une agriculture autonome, des constructions fabriquées en autonomie, beaucoup d'autoconstructions de choses. Mon engagement pour moi est dans une forme d'exemplarité, c'est que j'ai longtemps rêvé d'un autre système. Je me suis dit un beau jour que le seul moyen de le vivre c'était déjà de le faire, de ne pas avoir d'attente et de m'engager pleinement dans ces voies très pragmatiques que sont la construction, l'agriculture et aussi l'accueil. Mon engagement se traduit aussi dans l'ouverture d'espace pour les gens pour permettre une évolution quelle qu'elle soit, qu'elle soit dans le bien-être, dans la prise de conscience, dans la spiritualité, permettre un... Une évolution des consciences, en tout cas être un acteur de cette grande révolution des consciences que moi je vois aussi s'inviter désormais dans le débat.

  • Speaker #0

    Alors Luc, tu nous as donné un peu, rien qu'à t'écouter, envie d'en savoir plus, et c'est aussi ça qui m'avait motivée pour venir te voir, c'est qu'on sent bien et on voit bien et on ressent bien. En venant ici, chez toi, dans ces espaces que tu ouvres à d'autres, Cette énergie que tu as mise, et mon envie aussi en venant à ta rencontre, c'est de comprendre un petit peu comment les choses se sont un peu développées pour toi dans cet environnement-là. Est-ce que tu as toujours été installée dans la région ? Est-ce que tu as décidé de planter ta yurte ici ? et peut-être en... Racontant un petit peu cette histoire et comment les choses se sont construites, donner aussi envie à des gens qui sont plus loin, puisque nous on vient de Luxembourg, donc on a une vision différente, on a un écosystème qui n'est pas le même, mais il y a aussi, comme Myriam l'a dit, des gens qui s'engagent. dans notre pays pour faire avancer les choses avec plus de résonance ou de raison, comme tu disais tout à l'heure, avec un peu plus consommer de façon plus durable ou autrement. Donc l'intention aussi avec ce podcast, c'était qu'avec Myriam et Jean-Michel, on puisse t'interroger et venir peut-être croiser nos regards avec le tien. Donc raconte-nous un petit peu ton histoire.

  • Speaker #3

    Mon histoire, moi je ne suis pas natif de la Drôme, je suis natif du Jura. J'ai toujours habité la ruralité jurassienne. Je suis vraiment issu de la campagne, voire même de la forêt, on va dire, parce que j'ai grandi à 2 km du premier village. Donc je suis vraiment issu d'une éducation que je dirais presque un peu tribale. Je suis un enfant des bois. En grandissant, je me suis rendu compte que la société dans laquelle je vivais, ce n'était pas ma forêt. C'était quelque chose de très étrange. J'ai toujours eu du mal à m'intégrer. Bon an, mal an, je suis arrivé à faire mes études, je suis arrivé à avancer, à m'intégrer dans cette société, mais toujours avec beaucoup de questionnements et beaucoup aussi de colère par rapport à plein de choses, particulièrement sur l'aspect environnemental, écologique, ayant vécu dans des écrins de verdure toute ma tendre enfance. Ça a été vachement dur pour moi de fréquenter les villes, je l'ai toujours. Pour moi, les villes sont un peu des organismes génétiquement modifiés. Pour moi, c'est un peu des verrues, ces trucs. J'arrive toujours pas à comprendre ce genre de structure. En tout cas, quand j'ai voulu m'installer dans la Drôme, c'est que j'avais une grande envie. J'avais des enfants, on élevait des enfants avec mon ex-compagne. J'ai eu cinq enfants. Et on a ressenti ce besoin de, pas de complètement s'émanciper du système, mais de gagner en résilience. Le coup de conscience qu'on a eu, c'était en 2008, quand il y a eu un gros crash boursier, avec beaucoup d'incertitudes quant à l'économie. Et puis on s'est rendu compte qu'en fait l'économie mondiale était très fragile. En fait on reposait sur le bon vouloir, sur le bon fonctionnement d'un système qui n'était pas très solide en soi. Et moi j'ai pris conscience qu'il fallait s'autonomiser un maximum. Alors pas être complètement à l'écart de la société, justement arriver à dealer avec tout ça et créer de l'autonomie en collectif, de l'autonomie de réseau. Déjà dans le Jura je travaillais beaucoup sur l'organisation de marché de producteurs pour dynamiser l'économie locale, la paysannerie locale, favoriser les ventes et rapprocher les gens. Vous voyez déjà c'était en quoi 2005-2006 il y avait déjà une grosse vague d'individualisation des gens qui... Maintenant on le voit de plus en plus, nous fragilise en tant que nation, en tant que peuple. Je me suis rendu compte que le nerf de la guerre c'était vraiment la matière première. C'était toutes les choses qu'on pouvait faire pour s'autonomiser, tout ce qu'on pouvait produire par nous-mêmes, toute cette intelligence ancestrale qu'on pouvait soit arriver à garder, soit juste, pour moi c'est juste pratiquer en fait pour retrouver ces gestes, retrouver une confiance dans la vie, pour moi. pendant un temps, ça n'avait plus bien du sens, finalement, de cautionner un système, d'être dans cette espèce de système qui était, pour moi, très étrange et ingrat, j'ai l'impression, j'ai envie de dire. Parce qu'on nous donne beaucoup de choses dans ce système. On nous donne beaucoup de choses, mais on nous infantilise énormément. Je ne me sentais plus dans ma dignité, dans mon plein pouvoir, dans mon libre-arbitre. Et moi, cette voie d'autonomisation, donc ici, ça concerne l'agriculture, ça va concerner... Toute la fabrication des bâtiments, donc ça va être des yurts, ça va être des avancées, ça va être de la menuiserie, ça va être de la maçonnerie. Et voilà, je sais faire ma plomberie, faire mon électricité, je fais peut-être dix métiers différents. Et ça me donne une forme de sérénité profonde dans l'avenir, quel que soit le contexte. Et ça me donne aussi cette possibilité, étant autonome, étant... En tout cas, le plus résilient que la majorité de la population, ça me donne la possibilité d'être ressource pour les autres aussi. Et ça me plaît, en fait, de pouvoir aussi être ressource pour aider des gens qui ont faim éventuellement. Ça, c'est pas encore le cas. Espérons que ça ne le devienne jamais. Mais aussi de former des gens, d'apprendre des choses, de réapprendre des choses et de pouvoir véhiculer autour de moi ces connaissances-là et montrer que c'est possible aussi. Ce lieu-là, c'est vraiment un terrain d'expérimentation, de montrer ce qui est possible. Pragmatiquement, on peut faire de l'agroécologie productive, on peut faire de l'autoconstruction avec beaucoup de matériel prélevé localement. On peut avoir toute une démarche. pas utopique et déconnectée, qui est vraiment pragmatique tout en étant efficiente. Voilà, on peut vivre à la campagne d'une manière qui est cohérente avec son milieu, qui est respectueuse de l'environnement et qui est productive, qui permet à tout le monde d'être dans une forme de cercle vertueux. Enfin, je le crois profondément et je le vis.

  • Speaker #0

    On l'a bien observé, on l'a bien ressenti comme je le disais tout à l'heure. Alors ça a fait un peu écho à la discussion qu'on a eue avec Myriam juste tout à l'heure, tu sais, où on parlait de de... s'apaiser dans les relations avec l'argent. Et finalement, je me dis que la question, elle est un peu biaisée. Je ne sais pas si tu es d'accord avec moi, mais qu'en écoutant Luc, on se dit que cette problématique d'argent, elle cache la forêt, qui est qu'en réalité, on manque, on est assis sur un système qui est très précaire, en fait, financier, économique, et que si ça ne tient que par un fil, ou peut-être plusieurs, mais en tout cas... C'est pas aussi clair que ça. Peut-être qu'il faudrait qu'on s'apaise avec notre relation au vivant, finalement. Qu'est-ce que t'en penses ?

  • Speaker #2

    Tout à fait. Moi, je crois que les bases, c'est ce que tu viens de dire, Luc, c'est se nourrir, se loger. Et ça va au-delà de ces besoins financiers que nous pensons qu'on doit remplir. Parce que non, les besoins basiques, c'est ce qu'on vient de dire. Et l'argent, oui, pour moi, c'est un moyen d'échange plutôt, peut-être nécessaire, peut-être pas. On va peut-être pouvoir évoluer, échanger ça. On peut échanger des produits contre d'autres produits. Tu parlais d'entraide. Tu n'es pas obligé de produire tout ce dont tu as besoin, parce que le voisin, lui aussi, il a un jardin, ou bien tu vas échanger des légumes contre des services. C'est comme ça que moi, je vois un petit peu au niveau très, très local, par contre. Et on va peut-être pouvoir dépasser ça de cette façon-là, en créant beaucoup plus de communautés locales d'entraide. Et je crois, moi aussi, j'ai dépassé cette notion d'autonomie. Au départ, je pensais que c'était important qu'on soit tous autonomes, qu'on puisse tous vivre de notre production, de notre jardin. Et je crois que ça, ce n'est pas possible. Par contre, si on a des petits microcosmes comme ici, dans la vallée où on se trouve, Eh bien, c'est beaucoup plus riche d'avoir des échanges, de partager. On n'est pas tous obligés d'avoir tous les outils. On peut se les prêter, ça c'est quelque chose qui me tient très à cœur. On n'a pas tous besoin d'avoir une foreuse, une perceuse, bon un aspirateur on peut encore discuter, mais des objets qu'on utilise peut-être même pas une fois par mois, c'est complètement idiot que tous les ménages aient ça. Donc ça, à Luxembourg, on commence un petit peu, même au niveau national, à favoriser le partage d'outils, par exemple. Il y a des plateformes comme ça qui se mettent en place tout doucement. Et pareil pour tout ce qui est nourriture, je crois qu'il faut qu'on aille plus dans ce sens-là.

  • Speaker #0

    Surtout à Luxembourg, où on apporte quand même 97% de nos fruits et légumes, il serait peut-être temps qu'on commence à apprendre ou réapprendre ce dont Luc parlait. Une forme de résilience, d'autonomie et de réapprendre à cultiver autre chose que des patates, des couettes et d'avoir des vaches dans nos champs. Alors toi Jean-Michel qui travaille pour Lux Innovation, qui est un peu, j'ai mis des guillemets à l'antipode de ce qu'on raconte, puisque c'est plutôt favorisant tout ce qui est, comment tu dis souvent dans l'innovation, mais l'innovation dit forcément technologie. on ne va pas dire les choses autrement. Or, ce que dit Luc, quelque part, c'est aussi innovant. Et je ne suis pas certaine qu'il utilise des choses, alors peut-être qu'il s'appuie en partie sur certains nouveaux outils qui lui facilitent la tâche, etc. Mais toi, est-ce que tu as l'impression qu'on peut rassembler ces deux mondes, qu'on peut les faire cohabiter, ou qu'on peut au moins créer une passerelle entre les deux ?

  • Speaker #1

    Alors, juste préciser que l'innovation n'est pas que technologique, même si la technologie, évidemment, entre en grande ligne de compte dans... toutes les démarches d'innovation que l'on peut voir dans les entreprises au Luxembourg ou ailleurs. Mais on peut aussi innover en termes de management, on peut aussi innover en termes de communication, en termes de services. Mais effectivement, pour l'instant, en tous les cas, même si des initiatives commencent à pousser, même au niveau étatique, au niveau national, sur tout ce qui est entreprise à impact sociétal, tout ce qui est ce type de développement, où ça mériterait certainement davantage de passerelles et davantage de liens entre ces deux univers, cet univers de l'innovation très générique, pas que technologique mais en grande partie, et puis l'innovation sociale et sociétale. Je pense qu'effectivement ces deux univers qui pour l'instant ne se parlent pas beaucoup, mais auraient je pense beaucoup à gagner l'un et l'autre à davantage se rapprocher, c'est clair.

  • Speaker #0

    Alors pour toi Luc, c'est quoi l'innovation ?

  • Speaker #3

    Moi je suis beaucoup en questionnement par rapport à ça. J'ai voulu beaucoup retrouver justement les gestes d'avant, c'est hyper important pour moi, de réapprendre à couper. Moi je fais beaucoup de bûcheronnage, donc de réapprendre à couper des herbes à l'ancienne. Tu vois, couper avec une scie, couper avec une hache, savoir faire tout ça. Pour moi c'était une innovation finalement, parce que j'ai toujours utilisé les tronçonneuses à la base. C'était innovant pour moi de me dire que quel que soit le contexte, je pourrais chauffer ma famille. Et ça c'est innovant parce qu'en fait j'ai l'impression que la société actuelle elle propose pas vraiment ça. Ce que je vois avec le chauffage électrique, c'est qu'en fait s'il y a une coupure de courant, il y a les trois quarts des gens qui se caillent. Alors finalement, ça devient innovant de savoir utiliser une scie et une hache. On est bien d'accord. Dans un contexte où le jus peut être coupé, on voit que ça arrive. Donc l'innovation, je la vois de plein de côtés différents. Par exemple, moi je me suis intéressé beaucoup à la traction animale. Donc j'ai un tracteur, 70 chevaux, 4x4. Alors c'est pas un gros tracteur. 70 chevaux, c'est du petit 4x4. Mais je me suis intéressé à la traction animale. Parce que je me suis rendu compte, et j'ai vu des amis travailler en maraîchage, qui disaient que le tracteur, par exemple, il était trop lourd, il tassait trop, et que la traction animale devenait plus efficiente dans les petits rangs, les petits endroits où on ne peut pas passer facilement. La traction animale, qui est ancestrale, était bien plus efficace qu'un tracteur. Donc ça, c'est innovant, la traction animale. Mais pas n'importe comment, pas n'importe où. Tu ne vas pas faire des hectares de céréales avec des chevaux. Alors déjà tu vas crever les chevaux, mais ça se faisait avant, mais on crevait les chevaux, et les chevaux il faut beaucoup d'hectares pour les nourrir. Donc pour arriver à faire un hectare, il faut nourrir des chevaux qui ont bouffé 8 hectares des fois. Donc c'est pas une innovation de faire ça comme ça, mais par contre dans l'attraction animale, l'attraction animale pour le maraîchage c'est intelligent, c'est innovant. Et je vois aussi toutes les démarches d'agroécologie, parce qu'il y a un truc qui n'est pas très véhiculé en fait, c'est tout le travail que font les agronomes. Alors à Luxembourg je ne sais pas trop. En France, il y a vraiment des agronomes très efficients, très intelligents, qui ont une démarche pour l'environnement, pour l'agroécologie, qui travaillent de pair avec des industriels qui font des machines. Et il y a des machines maintenant, je parle par exemple des semoires, qui permettent de faire du semi-sous-couvert. Le semi-sous-couvert, c'est une technique qui n'est pas applicable ni avec un tracteur, des herses, des semoires classiques, ni avec un cheval de traction à l'ancienne. C'est de la haute... haute technologie, donc c'est des ordinateurs embarqués dans les tracteurs c'est des GPS c'est très très précis sur des hectares et on arrive à faire justement ce qu'on appelle du semis au couvert, c'est qu'on ne laisse jamais le sol à nu, ça c'est un des principes de permaculture qu'on apprend tous dès qu'on fait un peu de permaculture, même dans des jardins partagés en ville on ne laisse jamais un sol à nu parce que ça le fait croûter parce que les micro-organismes se barrent en dessous parce que tout ça ... Donc ça, c'est très très difficile à appliquer avec...

  • Speaker #0

    La génération des tracteurs avec lesquels je travaille qui ont 20-30 ans, on n'arrive pas à faire ça, on n'a pas les outils, on ne sait pas le faire. On ne sait faire que cette forme d'agriculture qui est je laboure, je herce et je sème. Par contre, tu as toute une phase où le sol, il en pâtit de tout ça. Jusqu'à il y a 5, 6, 10 ans, en fait, on ne savait pas faire autrement. Et là, la technologie sait faire des super machines, alors qu'ils coûtent une fortune. qui ne sont pas amortissables par n'importe quel agriculteur. Il faut déjà des grosses surfaces, des gros rendements, des grosses exploitations agricoles. Mais on arrive à faire de l'agroécologie, quelque chose de très respectueux de l'environnement, avec des machines de fou et des ordinateurs, tout un système, toute une ingénierie. Quand l'agronome se met en rapport avec l'informaticien et le mécanicien, on fait des choses fantastiques. L'innovation, moi je la vois de plein d'endroits. Je la vois autant dans le retour de ce que savaient faire les anciens que ce qui est en train de se faire intelligemment, technologiquement. Si la technologie, elle ne pouvait servir qu'à faire des choses intelligentes, on serait déjà sortis d'affaires depuis longtemps. On fait un peu n'importe quoi avec la technologie. Moi, c'est ce qui me pose le plus de problèmes. Ce n'est pas les machines, c'est la conscience qu'il y a derrière. Ou l'inconscience qu'il y a derrière. L'inconscience, c'est ce que j'allais dire.

  • Speaker #1

    L'inconscience, c'est l'inconscience.

  • Speaker #2

    La fameuse passerelle dont je parlais, j'avais envie de diriger la conversation vers la question du collectif, parce que c'est une question qu'on a abordée rapidement, Luc, hier, et avec toi aussi, Myriam. Ton projet, pour l'instant, c'est toi qui le portes, et puis tu te dis peut-être qu'il faudrait que j'aille vers le collectif. Pourquoi et en quoi tu penses que ça va être plus efficient, plus facile à gérer ou pas ?

  • Speaker #1

    Oui, je ne suis pas sûre. Ce sera plus facile à gérer.

  • Speaker #2

    Là, je pense que Luc sera d'accord avec toi et nous le dira.

  • Speaker #1

    Être seule, ça a des avantages et des inconvénients. D'accord, je suis la fondatrice du projet. C'est un projet qui me trottait dans la tête depuis un certain temps. Et j'ouvre une parenthèse, c'est juste un élément d'un projet beaucoup plus vaste. Mais que là, clairement, je ne pourrais pas mener toute seule. Je ferme la parenthèse. Donc oui, on peut prendre, voilà, si le matin je décide de proposer tel menu, ben je le fais, je ne demande pas à droite à gauche, je le fais. Si je veux mettre en avant tel ou tel artiste, je l'appelle, on se met d'accord et hop ça se fait. Par contre, être tout géré seul, ben on est seul parfois et ça c'est pas toujours, c'est parfois lourd à porter. Et puis on se dit, je me trompe peut-être de direction là, je suis en train d'aller seule dans une direction, mais je suis peut-être totalement à côté de ce que les gens ont besoin ou de ce qui serait intéressant de faire. Alors oui, je suis en train de m'ouvrir au collectif et ce n'est pas encore très clair dans quelle direction ça va aller, si ça va être une ASBL, si ça va être une coopérative. Voilà, c'est des discussions, des réflexions que je mène actuellement. Mais je connais un peu le collectif parce que je suis dans deux ASBL et je vois que ça peut donner beaucoup de joie, mais ça peut être aussi très compliqué, très long pour prendre des décisions. Surtout dans les deux ASBL où je suis active, on fonctionne avec la sociocratie. Donc c'est un modèle de gouvernance et on parlait d'innovation sociale et pour moi, la gouvernance partagée, c'est une forme d'innovation sociale en l'an 2025. J'espère que ça ne sera plus le cas. prochainement, que ça sera quelque chose qui sera beaucoup plus partagé, dans le sens beaucoup plus commun. Donc j'ai expérimenté ça, et je l'expérimente toujours. Alors quand on est une petite équipe, ça va bien, c'est assez facile, on s'entend tous, on a les mêmes valeurs, etc. Mais quand on grossit, et qu'il y a beaucoup plus d'intervenants, la sociocratie, ça peut être lourd parfois. Après maintenant, il y a des aménagements aussi, on peut utiliser la sociocratie pour... prendre certaines décisions. Et puis pour les décisions du quotidien, on peut peut-être déléguer à un petit groupe, à un cercle par exemple, auquel on va accorder sa confiance et qui va pouvoir être beaucoup plus flexible. Voilà, donc il y a du pour et du contre. Mais ce qui est chouette dans le collectif, c'est le partage, c'est avoir des nouvelles idées parce que je n'ai pas la science infuse, j'ai un certain nombre d'idées. Mais en discutant avec d'autres, ça résonne et on trouve de nouvelles idées, de nouvelles directions. C'est ça qui est chouette. Mais il ne faut pas s'attendre à ce que ça soit rapide. Pour moi, le plus rapide, c'est je suis seule, hop, je décide ça, ça, et je le fais. Dans la foulée, je le fais, rapidement. Quand on a des cercles de décision qu'il faut composer avec différents caractères aussi, voilà, c'est challengeant, mais je pense que c'est l'avenir. En tout cas pour ce genre de projet dont on est en train de parler.

  • Speaker #2

    Alors il y a une chose sur laquelle j'aimerais revenir, Luc, parce que ce que tu m'as dit hier, ça m'a beaucoup interpellée. Et en même temps, je me suis dit, bah oui, mais évidemment, il a raison. Quand tu m'as dit... Oui, alors le collectif, moi j'y crois plus trop, alors une certaine forme de collectivité, tu vas le dire, mais en revanche, le village tel qu'il est organisé au départ, c'est une forme de collectif qui fonctionne, quand il fonctionne, mais qui fonctionne bien.

  • Speaker #0

    Moi je suis né dans les années 80, de ce que je voyais, de ce que je comprenais de la structure de mon village, c'était dans le Doubs, c'était à côté de Besançon, tout petit village. De ce que je voyais de ce village-là, c'est qu'il y avait beaucoup d'interactions entre les gens, il y avait beaucoup de gens qui se cédaient. Moi, étant gamin, je me rappelle que j'allais dans toutes les maisons comme je voulais, que j'avais toujours du chocolat à bouffer à tous les râteliers. Il y avait des histoires de village, mais il y avait une entraide de village. Il y avait des mecs sur les toits qui changeaient la toiture du voisin, il y avait des gens qui étaient ensemble. Et puis de fil en aiguille, effectivement, j'ai vu dans les villages que tout le monde s'est individualisé, mais à l'image de toute la société. Alors ça a pris peut-être plus de temps dans les villes, dans les campagnes que dans les villes. Mais moi j'étais toujours nostalgique de cette structure-là, de la structure village, amour, classique. C'est vrai que maintenant je vois la grosse aire des gens qui veulent monter des collectifs, des communautés, des échos amour, des échos village. Et ben je vois les difficultés qu'ils ont. Moi j'ai essayé de monter un collectif ici, ça a été très très compliqué, sur le plan humain, clairement. Et avec mon ex-compagne on a dit bon ben laisse tomber en fait, ça va être impossible de mettre en place un collectif, on n'est pas outillé, il n'y a pas forcément la même qualité d'écoute de conscience en face, et puis peut-être que nous on n'était pas non plus, voilà on n'était pas parfait dans l'histoire. En tout cas ça n'a jamais tenu et j'ai vu le nombre de collectifs qui se sont ramassés, ouais ça m'a beaucoup questionné quoi. Moi je vois que maintenant ma manière d'agir en tout cas elle est très individuelle, mais ça ne m'empêche pas de remettre la balle au centre. Je veux dire, j'ai une manière, on va dire individualiste d'agir, parce que je prends mes décisions tout seul, j'acte tout seul, je fais mes projets tout seul, je n'ai pas besoin de faire des réunions évidemment, ou si ce n'est des réunions avec moi-même, mais au moins j'avance avec ce que tu disais tout à l'heure, il n'y a pas d'inertie en fait, tu décides de faire un truc, tu le fais. Et ça c'est une qualité que moi je ne remettrai jamais en question. Mais par contre, j'ai des voisins ici qui sont très aidants. On s'aide tous et on s'envoie un message quand on est en galère, quand on a besoin d'un covoiturage, d'un outil, d'un truc, et il y a tout de suite des réponses. J'ai le sentiment que dans la structure qu'il y a par exemple ici à Prémartal, il y a cette entraide sans avoir les désagréments du collectif. Donc on est basé sur la propriété privée, on est tous voisins, ce qui est la structure village classique. Et on cède, on se file des coups de main, on se prête des trucs, on s'arrange entre nous. Et moi, c'est ce que je trouve le plus libérateur, c'est finalement basé beaucoup sur le libre-arbitre et l'élan de donner si on a envie, laissant chacun libre, s'il fait la gueule, s'il n'est pas bien, de rester dans son coin. Et ce que j'ai partagé quand même à travers plusieurs collectifs, c'est qu'il y a des obligations de collectif, parfois, qui pour moi portent atteinte à ma liberté, par exemple. Il y a des réunions obligatoires, des trucs qui sont des purges pour moi. C'est pas possible de vivre des trucs comme ça toutes les semaines. Et de me confronter à des avis et de devoir valider avec tout le monde lorsque je veux entamer quelque chose, c'est complètement ingérable dans ma structure. Et je vois qu'apparemment, ça ne porte pas ses fruits. Dans tous les collectifs que j'ai visités, il y en a très peu qui tiennent encore debout, en tout cas. Moi j'aime l'idée du don volontaire, de chacun son espace et tu ouvres quand tu veux et tu fermes quand ça t'ennuie. Ecoute, moi ce que je vois c'est que dans les villages du Diwa, il y a des très belles initiatives sur le don volontaire, sur l'élan du cœur. Je ne comprends plus cette volonté d'être à tout prix en collectif.

  • Speaker #3

    Mais justement, tu expliques que ça se fait à l'échelle du Prémartal, à l'échelle de quelques villages dans le Diyoua. Jusqu'à quelle échelle ça peut être reproductible ? Et est-ce que, évidemment, quand on arrive dans une grande ville, même comme Besançon, ou comme, je ne sais pas, Dix, pas loin d'ici, à un moment donné, il y aura une limite physique à ce type d'approche. Mais du coup, on fait quoi ?

  • Speaker #0

    En fait, c'est ça, c'est des micro-organisations. Tu dis la limite physique, la limite géographique. Je ne sais plus avec qui j'en parlais, c'est vrai qu'il y a une limite à une vie de village, on va dire au-delà de 50, je crois qu'une structure ne peut plus fonctionner de la même manière. Je pense qu'on aurait tout intérêt à travailler en circuit très court. Ce que tu disais tout à l'heure, sur le circuit très court, on arrive à être très très efficient, à avoir de l'efficience et très peu d'inertie, on a quelque chose de très réactif, très vivant. C'est que dès que tu commences à grossir, arriver à mettre en place des règles pour le plus grand nombre, c'est très compliqué.

  • Speaker #3

    Donc à la limite, dans une grande ville, ce serait ramener ça au quartier ?

  • Speaker #0

    Oui, au quartier. C'est vrai qu'il y a des initiatives de quartier qui se font dans certaines villes qui sont porteuses, j'ai l'impression. Oui, il y a une échelle. Moi, je sens ça.

  • Speaker #2

    Et pour autant, tu fais partie du collectif BioVallée dans lequel tu es impliqué pour les éco-hébergeurs, tu me disais. Mais tu m'expliquais aussi, je crois... tu vas le redire plus clairement que moi, que dans le collectif Biovalet, il y a plusieurs petites structures, c'est ça ?

  • Speaker #0

    Oui. L'association Biovalet, elle est basée à côté de Cré, donc c'est à une heure d'ici. Nous, on est un peu les montagnards des éco-hébergeurs, avec quelques-uns ici. Donc oui, je suis à la Biovalet, qui est une association d'initiatives, de dynamisation de l'écologie à tous les niveaux de la société dromoise. Moi, je suis particulièrement... intégré dans le côté éco-hébergeur. Un éco-hébergeur, c'est quelqu'un qui fait attention à son approvisionnement, qui fait attention à son tri de déchets, qui essaie de s'autonomiser au niveau des énergies, qui a des valeurs à véhiculer autour de l'environnement, de l'écologie. Moi, je suis impliqué depuis deux ans là-dedans, et je trouve ça chouette, on a des réunions quelques fois ensemble. Donc moi, j'aime ce réseau-là. C'est très intéressant de communiquer avec ses pairs et de pouvoir... De pouvoir prendre un temps de réflexion, de retour sur nos activités respectives, de demander conseil à des gens qui vivent les mêmes choses que nous, et je trouve ça très chouette. C'est sûr que ce n'est pas la vie communautaire impliquante, ça doit être deux réunions par an, si tu veux. Et il y a une charte, un cahier des charges, oui ça va, c'est une charte, un cahier des charges qu'on respecte tous, et puis des échanges qu'on a, et des petits coups de main qu'on se donne, comme ça. Je trouve ça léger et ça a plus d'aspects positifs, bénéfiques que délétères en fait dans ce truc-là. Ce n'est pas beaucoup d'implications et c'est plein de petits bonus. Donc c'est une très très chouette initiative la bio-vallée.

  • Speaker #2

    Bon alors Jean-Michel, Myriam, vous pensez qu'on pourrait imaginer une bio-vallée à Luxembourg ? Alors peut-être pas vallée parce que nous on a des petites collines, mais je ne sais pas, on pourrait l'appeler autrement, Myriam ?

  • Speaker #1

    On a des vallées aussi, on a la vallée de l'Alzette, entre autres. C'est vrai, c'est vrai, pardon. Oui, tout à fait, c'est quelque chose que je retiens, c'est comment mettre en place ça chez nous. C'est un peu l'idée de ton partage aussi, c'est de s'aimer. Je suppose qu'en France, il y a plein d'initiatives de ce genre-là aussi, dans d'autres régions, et pourquoi pas à Luxembourg. Alors nous on a déjà cette application de voisinage par quartier ou par commune. Ce n'est pas un réseau social comme on les connaît, les classiques, mais c'est vraiment de l'entraide. Je cherche, je prête, je donne beaucoup aussi. Ça, ce serait peut-être le départ de quelque chose de plus structuré, comme tu viens de le décrire ici dans ta vallée. Et ça me plaît bien cette idée de « on peut, mais on ne doit pas faire ensemble » . Et si tout le monde partage les mêmes valeurs, ça peut marcher. Mais comme tu dis, c'est plus facile dans une petite unité que dans un gros village. Et comme nous, à Luxembourg, on a quand même des communes assez…

  • Speaker #2

    C'est assez varié, parce que dans le nord du pays,

  • Speaker #1

    ils ne sont pas très nombreux quand même. Non, c'est vrai. Ça pourrait se faire dans certaines parties, je pense, s'il y a la volonté. Oui, ça me plairait bien ça, de voir éclore ce genre d'initiative à Luxembourg.

  • Speaker #3

    Oui, et puis l'avantage aussi du Luxembourg, c'est que le pays en lui-même est petit, et c'est très souvent, et pas évidemment que dans ce domaine-là, mais c'est très souvent que le pays sert quelque part de laboratoire, de zone test pour des produits, pour des services, et les entreprises se servent en tout cas... bénéficie de cet environnement luxembourgeois à la fois petit en taille mais riche en ressources humaines et riche en diversité culturelle pour lancer des initiatives et si elles prennent corps et si la sauce prend au luxembourg il est plus facile ensuite de le déployer ailleurs donc on pourrait s'imaginer qu'effectivement La taille du pays soit propice à la mise en place de tels ensembles collectifs, puisqu'il y a évidemment quelques grandes villes, mais on arrive assez rapidement au niveau des villages à des tailles qui correspondraient parfaitement à ce type d'initiative. Donc certainement le pays aurait là aussi beaucoup à gagner à creuser un petit peu la question et à se poser les bonnes questions justement pour mettre en place ce type d'initiative.

  • Speaker #2

    Mesdames, Messieurs les Ministres, vous avez entendu, la porte est ouverte. Alors Luc, tu as parlé tout à l'heure de transmission. Quand est-ce que tu viens nous rendre visite à Luxembourg pour nous expliquer toutes tes belles choses, nous faire une petite conférence sur tout ce que tu fais ici en Drôme ?

  • Speaker #0

    Quand tu veux. Ah génial ! Oui, il faut m'inviter. Tu m'invites, je viens moi, il n'y a aucun problème, avec plaisir.

  • Speaker #2

    On va faire ça au Colibri Myriam ?

  • Speaker #1

    Ah oui, bien entendu, c'est le lieu idéal.

  • Speaker #2

    Les uns et les autres, est-ce que vous avez un message particulier que vous aimeriez transmettre aux gens qui nous écoutent aujourd'hui ? Est-ce qu'il y a quelque chose qui vous tient à cœur ? C'est le moment ou quelque chose que vous aimeriez faire pour que ça crée plus de liens ou inviter les gens à se mettre en mouvement d'une manière ou d'une autre là où ils sont ? Parce qu'effectivement, on en parlait encore hier, nous on est en ville et même si elle est petite, on ne peut pas avoir les mêmes résonances qu'eux. Les gens qui vivent ici. Il y a aussi, c'est ce que disait Luc, et ça, j'imagine combien ça peut être le cas de néo-ruraux qui reviennent et qui ont la science infuse, mais en fait, qui ne savent rien. Donc, il faut trouver un équilibre, j'imagine, entre tout ça. Moi, je ne me verrais pas prendre la place de Luc parce que je n'ai pas tout son savoir, je n'ai pas toutes ses connaissances. Moi, à Plante-Thomade, je suis bien embêtée pour savoir qu'en faire. Et je ne parle que de la tomade, donc vous imaginez tout le reste. Mais par contre, l'ouverture... Le fait justement de venir ici, voir comment ça se passe, comment ça se fait, d'avoir cet accueil. Je me dis, voilà, mon objectif en faisant ce podcast avec vous trois, c'est justement d'ouvrir la porte à d'autres et puis qu'on crée du lien. Donc allez-y, la porte est ouverte pour vous, le micro en l'occurrence.

  • Speaker #1

    Exactement, tu parles de lien, c'est ce que je voulais dire justement. Partagez, partagez vos ressources, partagez vos compétences. Et vous allez voir que vous allez gagner beaucoup plus en relations humaines, en joie, en faisant ça, oui.

  • Speaker #3

    Oui, et puis moi j'ai envie de dire, soyez curieux, parce que des lieux comme la ferme Salam, quand on met le pied dedans et qu'on y reste une semaine, on est forcément happé par le cadre. à la fois le lieu en lui-même et puis l'environnement tout proche, le paysage, les montagnes autour. Mais voilà, il faut faire peut-être l'effort de s'y intéresser, d'avoir la curiosité de se dire « bah oui, il y a des choses qui se font un peu partout, certainement déjà au Luxembourg il y a des choses qui se font. » Je pense qu'il y a plein d'initiatives qui existent, plein de bonnes idées à piocher à droite et à gauche. et le simple fait déjà de s'intéresser Déjà, de se poser des questions, ça peut faire planter quelques petites graines dans les esprits et qui ne demanderont qu'ensuite à germer. Ça revient un petit peu à ce qu'on disait au début par rapport à l'engagement, c'est d'avoir la curiosité de ce qui se passe autour et de se dire qu'à un moment donné, il y a peut-être des choses à faire autres que rester simplement spectateur.

  • Speaker #0

    Moi, ça rebondit un petit peu sur la notion de curiosité. Moi je suis quelqu'un à la base de très curieux, je me suis rendu compte que j'étais de moins en moins curieux au fur et à mesure que j'avais trop de boulot et que j'avais finalement plus l'espace, plus le temps. Moi si j'avais des conseils depuis le fond de ma campagne, c'est vraiment d'enlever les choses, d'épurer un maximum de choses pour faire de la place en nous, pour retrouver l'élan. J'ai l'impression qu'on est tous tellement occupés que finalement on en perd l'élan, on n'a plus le temps d'avoir l'élan, on est déjà acculé en fait. Donc c'est réaménager des espaces pour de nouveau s'émerveiller, de nouveau être curieux, de nouveau être créatif. Et moi je me suis beaucoup ennuyé quand j'étais enfant. Et ça a été vraiment la clé pour devenir quelqu'un de très créatif et très autodidacte et autonome. Et on s'ennuie pas assez. Il n'y a pas assez de vide dans nos vies. Il faut créer du vide pour retrouver l'élan. C'est ce que j'ai constaté pour moi. Et cette semaine je suis en vacances et j'ai retrouvé l'élan de faire plein de petits trucs. que j'avais oublié et que j'adore faire. Dans le jardin, dans le paysagisme, des petits trucs qui ne font pas grossir mon porte-monnaie, mais qui me font avancer, qui font rayonner mon âme, qui font vraiment du bien. Je pense que c'est aussi une des clés. On n'est pas là pour courir après des billets, on est là pour vivre. La curiosité, la créativité, c'est une des clés. Les dimensions principales de l'être humain. Voilà ce que je souhaite à chacun et à chacune.

  • Speaker #2

    Un super message pour terminer. Merci beaucoup parce que j'aurais pu dire la même chose, mais peut-être en moins bien. Merci à tous les trois d'avoir joué les jeux. Merci de nous avoir accueillis, Luc. On espère que cette semaine-là ne s'arrêtera pas là et que ça va ouvrir sur d'autres idées, d'autres collaborations, d'autres échanges, comme l'a dit Myriam. Je pense qu'effectivement, nos territoires ne ressemblent pas à celui-là, mais on a quand même la chance d'être dans un pays... qui est pour une grande partie pas hyper construit. On est très vite aux portes d'une forêt. Regarde chez nous, autour de nous, même au centre-ville de la ville de Luxembourg, il faut très peu de temps pour toucher une forêt. Ce qui n'est pas le cas quand on est dans des agglomérations beaucoup plus vastes comme, je ne sais pas, je pense ici le plus proche peut-être Valence ou Lyon où là tu as des gens qui avant de voir un arbre, il faut qu'ils fassent des mètres et des mètres. On a quand même cette chance, donc c'est une autre évidemment dynamique. C'est pas pareil, mais je pense qu'on peut quand même s'intéresser à ce qui se fait ailleurs pour s'enrichir et à rapporter chez nous, échanger, se dire tiens, lui il fait comme ça, moi je pourrais faire comme ça. Et encore merci de nous avoir ouvert ton lieu. Donc nous, on y a passé un bon moment de ressourcement, même si on a été actifs.

  • Speaker #1

    Très actifs. Et très productifs. Voilà.

  • Speaker #2

    Voilà, donc un grand merci à tous les trois. Et puis... d'une manière ou d'une autre à tout vide, sur les ondes, en vrai, via les réseaux, peu importe.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup. Merci.

  • Speaker #0

    Merci.

  • Speaker #2

    L'autonomie, ce n'est pas vivre en ermite, c'est pouvoir prendre du recul par rapport au système dans lequel nous sommes intégrés, tout en gardant les pieds dedans. C'est un petit peu la synthèse qu'on pourrait faire de ces échanges. Et observez ce qui s'est produit. Jean-Michel interroge les passerelles entre innovation tech et innovation sociale. Luc jongle entre des techniques anciennes, voire ancestrales, et des machines ultra performantes. Myriam navigue entre efficacité individuelle et richesse collective. En somme, chacun nourrit la réflexion de l'autre et au final, nos frontières, nos visions bougent. Et c'est ça, la force des rencontres. Nous arrivons avec des prismes, des croyances, et on repart avec des angles de vue tout à fait inattendus. Et la richesse naît de ces prises de parole qui se croisent et qui élargissent notre compréhension du monde. Vous aussi, vous cherchez cette juste distance à garder votre libre arbitre, mais à oser dire ce que vous pensez tout en restant connecté à ce fameux monde. Contactez-moi et explorons ensemble comment faire entendre votre voix sans qu'elle se noie dans le brouhaha ambiant. Et en attendant, créez du vide, tissez des liens, croisez les regards et l'élan viendra, c'est garanti. D'ici notre prochaine rencontre, je vous souhaite des éclats de voix boules quoi ! Bah oui, boules que boules quoi !

  • Speaker #1

    Les habitants de Boulec,

  • Speaker #2

    le village de la ferme Salam, qui est dans le hameau du Prémartal très précisément. A vos Google Maps, vos cartes routières, Michelin, IGN, et vous finirez bien par trouver vos éclats de voix boule quoi !

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Description

Ep 53 - Et si l’avenir se construisait à la croisée des chemins entre ville et campagne?
Dans cet épisode nous partons du Luxembourg pour rejoindre la Ferme Salam, nichée au cœur de la Drôme, à Boulc, où Luc Bauer a bâti un lieu de stage, d'éveil, mais aussi d’expérimentation en agroécologie, en autonomie et en résilience locale.

À ses côtés et ceux de Myriam Bouvy, gérante du tiers-lieu De Kolibri à Steinsel au Luxembourg et Jean-Michel Gaudron, écrivain, nous explorons comment créer du lien, réinventer nos modes de vie et bâtir des collectifs à taille humaine — tout en tissant des ponts entre innovation sociale, écologie vivante et engagement citoyen.

Des échanges précieux pour vous qui rêvez de transformer votre quotidien, de semer des graines de changement, de redonner du sens à vos actions, là où vous vivez et... de prendre la parole pour le communiquer!!


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Production et montage: Anne-Claire Delval, Jean-Michel Gaudron, Cyriaque Motro

Musique: Meydän

Titre:  Synthwave Vibe

Auteur: Meydän

Source: https://meydan.bandcamp.com

Licence: https://creativecommons.org/licenses/by/3.0/deed.fr


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans Éclat de voix, le podcast où les prises de paroles engagées résonnent comme des déclarations d'indépendance. Je suis Anne-Claire Delval, ancienne journaliste, modératrice, rédactrice. Je déniche des voix authentiques et je facilite ces expressions qui changent le monde. Comme dire vaut toujours mieux que taire, j'ai conçu Éclat de voix pour vous donner envie et vous inciter, vous aussi, à prendre prendre la parole sur des sujets qui vous tiennent à cœur. Pour l'heure, laissez-vous guider par mon trio d'invités. Vous allez l'entendre, l'épisode d'aujourd'hui a été enregistré dans un cadre bien particulier, celui de la ferme Salam à Boulk en Drôme, qui est un lieu de stage, d'éveil, où j'avais organisé une retraite à la fois pour se ressourcer et pour re-ou. trouver du plaisir à s'exprimer. Les circonstances ont fait que nous n'étions que trois, finalement, mais parfois, et comme bien souvent en réalité, les plus beaux moments naissent de ces imprévus. À mes côtés, Myriam Bouvy, qui accompagne des porteurs de projets dans le mouvement de la transition, et qui a ouvert depuis bientôt un an, The Colibri, un café-librairie d'occasion, boutique d'art, d'artisanat luxembourgeois, lieu de rencontre pour tous. où on peut organiser des workshops à Eichstänzel près de la ville de Luxembourg. Et puis Jean-Michel Gaudron, senior communication officer, attention ça pose son nom, chez Luxinnovation, et surtout écrivain. Il a publié une biographie, deux romans, trois recueils de nouvelles, et tadaaa, annonce en avant-première, un nouveau recueil paraîtra début octobre. Cette semaine de reconnexion, d'écriture, de créativité et d'exploration de notre parole, nous a menés à créer un lien vraiment solide entre nous, à cheminer ensemble, tant sur le papier que sur les sentiers dans la vallée de Boulk, et finalement à échanger avec Luc Bauer, fondateur de celui extraordinaire, la ferme Salam. Homme de la terre, bûcheron, cultivateur, Luc s'est joint à la réflexion que nous menions ensemble avec Myriam et Jean-Michel, comment transformer nos convictions en engagements concrets. Bah oui, parce qu'au fond, c'est aussi l'un des enjeux d'Éclat de Voix que nos paroles puissent avoir un écho dans nos actes. Comme cet épisode va vous faire rêver, voyager, probablement cogiter, pensez à vous abonner à Éclat de Voix sur votre plateforme d'écoute préférée Pour ne rater aucun épisode, ça c'est une chose, mais aussi pour lui donner du poids, pour qu'il s'ancre bien dans l'écosystème podcastal. Oui, je suis très friande de néologisme, que j'adore inventer. Et à lui mettre aussi des étoiles, pour qu'il brille fort au firmement des pommes et autres Spotify. Spotify, oui, Spotify. Et évidemment, une fois tout ça fait, eh bien, laissez... Diffuser, circuler ces bonnes nouvelles, parce que oui, nous en avons vraiment bien besoin. À vos écoutes ! Eh bien, salut Myriam, salut Luc, salut Jean-Michel.

  • Speaker #1

    Bonjour Anne-Claire.

  • Speaker #2

    Bonjour Anne-Claire.

  • Speaker #3

    Salut Anne-Claire.

  • Speaker #0

    Merci d'être là, tous les trois. Alors je remets un petit peu d'histoire derrière cette rencontre assez fabuleuse, c'est qu'il y a quelques mois de ça. Mon ami Adnan Lamar m'avait donné les coordonnées de Luc à la ferme Salam, Salamandre, ici dans la Drôme, pour organiser un stage, une retraite. Et puis de fil en aiguille, pour diverses raisons, la retraite telle qu'elle était prévue au départ n'a pas forcément pu se faire comme on l'imaginait, mais Luc a eu la super gentillesse de nous proposer de venir quand même. On est trois donc à être venus, profiter du lieu, profiter de la vie, de l'espace, rencontrer Luc aussi, découvrir comment lui il vit ici au quotidien, tout ce qu'il a mis en place parce que c'est un espace vraiment fabuleux. Et donc tous on a un peu dans notre philosophie, dans notre mode de vie, cette envie justement de s'engager. Alors s'engager c'est vaste, c'est flou parfois, ça peut être très philosophique, on peut écrire tout un bouquin autour de ça. Mais à vous trois, j'ai envie de poser la question, comment est-ce que vous voyez, alors soit votre engagement, si vous avez envie de parler plutôt du vôtre, ou bien l'engagement au Dans un sens un peu plus large, qu'est-ce que pour vous ça représente de s'engager ? Myriam ?

  • Speaker #2

    Pour moi, s'engager, c'est essayer de vivre un peu plus sobrement, autant que possible en tout cas, dans le contexte dans lequel je me trouve. Et d'un autre côté, c'est aussi de sensibiliser les personnes autour de moi aux enjeux du monde actuel.

  • Speaker #0

    À travers ton initiative du Colibri ?

  • Speaker #2

    Entre autres, oui, à travers ce lieu que j'ai ouvert il y a un an, qui est un lieu de rencontre convivial, chaleureux, j'espère en tout cas, mais oui, qui est censé dégager une atmosphère où on se sent bien, un lieu d'échange, de rencontre, un café, librairie d'occasion, un espace pour faire des workshops, justement, pour partager les compétences des uns et des autres, et puis pour passer des moments sympathiques. Et aussi un petit coin produits locaux de petits producteurs, dont j'essaye de valoriser le travail. Et puis aussi un espace artisanat local, des choses utiles et produites à Luxembourg par des petits artisans.

  • Speaker #0

    Jean-Michel ?

  • Speaker #1

    Alors moi, si je me concerne, l'engagement, je dirais qu'il y a une notion d'être acteur et non pas spectateur. Alors l'engagement, comme tu le disais, peut prendre... plein de formes et peut traiter plein de sujets ou de thématiques. L'idée, c'est d'avoir des convictions, de croire justement aux choses pour lesquelles on souhaite s'engager. Et à partir de là, c'est de partager l'information, de ne pas forcément essayer de convaincre au défaut du prosélytisme, mais en tout cas, diffuser au maximum tous les aspects positifs des choses pour lesquelles on souhaite s'engager. Avec comme peut-être cadeau bonus le fait que d'autres personnes qui au départ n'étaient pas forcément dans cette direction de pensée disent ah bah oui effectivement c'est intéressant, creusons un peu la chose. Et voilà ça permet petit à petit de faire prendre conscience à un maximum de personnes de certains grands enjeux qui existent dans le monde actuel et plus on sera nombreux à avoir justement. en tête ces choses-là, et plus on s'engager, plus les choses bougeront dans le bon sens.

  • Speaker #3

    Mon engagement, il se traduit par des actes plutôt pragmatiques, à travers une agriculture qui tend vers l'agroécologie, à travers un mode de consommation conscient. que ce soit au niveau de ma consommation personnelle ou que ce soit au niveau de l'approvisionnement du lieu. Ça va être dans le fait de mettre en place une agriculture autonome, des constructions fabriquées en autonomie, beaucoup d'autoconstructions de choses. Mon engagement pour moi est dans une forme d'exemplarité, c'est que j'ai longtemps rêvé d'un autre système. Je me suis dit un beau jour que le seul moyen de le vivre c'était déjà de le faire, de ne pas avoir d'attente et de m'engager pleinement dans ces voies très pragmatiques que sont la construction, l'agriculture et aussi l'accueil. Mon engagement se traduit aussi dans l'ouverture d'espace pour les gens pour permettre une évolution quelle qu'elle soit, qu'elle soit dans le bien-être, dans la prise de conscience, dans la spiritualité, permettre un... Une évolution des consciences, en tout cas être un acteur de cette grande révolution des consciences que moi je vois aussi s'inviter désormais dans le débat.

  • Speaker #0

    Alors Luc, tu nous as donné un peu, rien qu'à t'écouter, envie d'en savoir plus, et c'est aussi ça qui m'avait motivée pour venir te voir, c'est qu'on sent bien et on voit bien et on ressent bien. En venant ici, chez toi, dans ces espaces que tu ouvres à d'autres, Cette énergie que tu as mise, et mon envie aussi en venant à ta rencontre, c'est de comprendre un petit peu comment les choses se sont un peu développées pour toi dans cet environnement-là. Est-ce que tu as toujours été installée dans la région ? Est-ce que tu as décidé de planter ta yurte ici ? et peut-être en... Racontant un petit peu cette histoire et comment les choses se sont construites, donner aussi envie à des gens qui sont plus loin, puisque nous on vient de Luxembourg, donc on a une vision différente, on a un écosystème qui n'est pas le même, mais il y a aussi, comme Myriam l'a dit, des gens qui s'engagent. dans notre pays pour faire avancer les choses avec plus de résonance ou de raison, comme tu disais tout à l'heure, avec un peu plus consommer de façon plus durable ou autrement. Donc l'intention aussi avec ce podcast, c'était qu'avec Myriam et Jean-Michel, on puisse t'interroger et venir peut-être croiser nos regards avec le tien. Donc raconte-nous un petit peu ton histoire.

  • Speaker #3

    Mon histoire, moi je ne suis pas natif de la Drôme, je suis natif du Jura. J'ai toujours habité la ruralité jurassienne. Je suis vraiment issu de la campagne, voire même de la forêt, on va dire, parce que j'ai grandi à 2 km du premier village. Donc je suis vraiment issu d'une éducation que je dirais presque un peu tribale. Je suis un enfant des bois. En grandissant, je me suis rendu compte que la société dans laquelle je vivais, ce n'était pas ma forêt. C'était quelque chose de très étrange. J'ai toujours eu du mal à m'intégrer. Bon an, mal an, je suis arrivé à faire mes études, je suis arrivé à avancer, à m'intégrer dans cette société, mais toujours avec beaucoup de questionnements et beaucoup aussi de colère par rapport à plein de choses, particulièrement sur l'aspect environnemental, écologique, ayant vécu dans des écrins de verdure toute ma tendre enfance. Ça a été vachement dur pour moi de fréquenter les villes, je l'ai toujours. Pour moi, les villes sont un peu des organismes génétiquement modifiés. Pour moi, c'est un peu des verrues, ces trucs. J'arrive toujours pas à comprendre ce genre de structure. En tout cas, quand j'ai voulu m'installer dans la Drôme, c'est que j'avais une grande envie. J'avais des enfants, on élevait des enfants avec mon ex-compagne. J'ai eu cinq enfants. Et on a ressenti ce besoin de, pas de complètement s'émanciper du système, mais de gagner en résilience. Le coup de conscience qu'on a eu, c'était en 2008, quand il y a eu un gros crash boursier, avec beaucoup d'incertitudes quant à l'économie. Et puis on s'est rendu compte qu'en fait l'économie mondiale était très fragile. En fait on reposait sur le bon vouloir, sur le bon fonctionnement d'un système qui n'était pas très solide en soi. Et moi j'ai pris conscience qu'il fallait s'autonomiser un maximum. Alors pas être complètement à l'écart de la société, justement arriver à dealer avec tout ça et créer de l'autonomie en collectif, de l'autonomie de réseau. Déjà dans le Jura je travaillais beaucoup sur l'organisation de marché de producteurs pour dynamiser l'économie locale, la paysannerie locale, favoriser les ventes et rapprocher les gens. Vous voyez déjà c'était en quoi 2005-2006 il y avait déjà une grosse vague d'individualisation des gens qui... Maintenant on le voit de plus en plus, nous fragilise en tant que nation, en tant que peuple. Je me suis rendu compte que le nerf de la guerre c'était vraiment la matière première. C'était toutes les choses qu'on pouvait faire pour s'autonomiser, tout ce qu'on pouvait produire par nous-mêmes, toute cette intelligence ancestrale qu'on pouvait soit arriver à garder, soit juste, pour moi c'est juste pratiquer en fait pour retrouver ces gestes, retrouver une confiance dans la vie, pour moi. pendant un temps, ça n'avait plus bien du sens, finalement, de cautionner un système, d'être dans cette espèce de système qui était, pour moi, très étrange et ingrat, j'ai l'impression, j'ai envie de dire. Parce qu'on nous donne beaucoup de choses dans ce système. On nous donne beaucoup de choses, mais on nous infantilise énormément. Je ne me sentais plus dans ma dignité, dans mon plein pouvoir, dans mon libre-arbitre. Et moi, cette voie d'autonomisation, donc ici, ça concerne l'agriculture, ça va concerner... Toute la fabrication des bâtiments, donc ça va être des yurts, ça va être des avancées, ça va être de la menuiserie, ça va être de la maçonnerie. Et voilà, je sais faire ma plomberie, faire mon électricité, je fais peut-être dix métiers différents. Et ça me donne une forme de sérénité profonde dans l'avenir, quel que soit le contexte. Et ça me donne aussi cette possibilité, étant autonome, étant... En tout cas, le plus résilient que la majorité de la population, ça me donne la possibilité d'être ressource pour les autres aussi. Et ça me plaît, en fait, de pouvoir aussi être ressource pour aider des gens qui ont faim éventuellement. Ça, c'est pas encore le cas. Espérons que ça ne le devienne jamais. Mais aussi de former des gens, d'apprendre des choses, de réapprendre des choses et de pouvoir véhiculer autour de moi ces connaissances-là et montrer que c'est possible aussi. Ce lieu-là, c'est vraiment un terrain d'expérimentation, de montrer ce qui est possible. Pragmatiquement, on peut faire de l'agroécologie productive, on peut faire de l'autoconstruction avec beaucoup de matériel prélevé localement. On peut avoir toute une démarche. pas utopique et déconnectée, qui est vraiment pragmatique tout en étant efficiente. Voilà, on peut vivre à la campagne d'une manière qui est cohérente avec son milieu, qui est respectueuse de l'environnement et qui est productive, qui permet à tout le monde d'être dans une forme de cercle vertueux. Enfin, je le crois profondément et je le vis.

  • Speaker #0

    On l'a bien observé, on l'a bien ressenti comme je le disais tout à l'heure. Alors ça a fait un peu écho à la discussion qu'on a eue avec Myriam juste tout à l'heure, tu sais, où on parlait de de... s'apaiser dans les relations avec l'argent. Et finalement, je me dis que la question, elle est un peu biaisée. Je ne sais pas si tu es d'accord avec moi, mais qu'en écoutant Luc, on se dit que cette problématique d'argent, elle cache la forêt, qui est qu'en réalité, on manque, on est assis sur un système qui est très précaire, en fait, financier, économique, et que si ça ne tient que par un fil, ou peut-être plusieurs, mais en tout cas... C'est pas aussi clair que ça. Peut-être qu'il faudrait qu'on s'apaise avec notre relation au vivant, finalement. Qu'est-ce que t'en penses ?

  • Speaker #2

    Tout à fait. Moi, je crois que les bases, c'est ce que tu viens de dire, Luc, c'est se nourrir, se loger. Et ça va au-delà de ces besoins financiers que nous pensons qu'on doit remplir. Parce que non, les besoins basiques, c'est ce qu'on vient de dire. Et l'argent, oui, pour moi, c'est un moyen d'échange plutôt, peut-être nécessaire, peut-être pas. On va peut-être pouvoir évoluer, échanger ça. On peut échanger des produits contre d'autres produits. Tu parlais d'entraide. Tu n'es pas obligé de produire tout ce dont tu as besoin, parce que le voisin, lui aussi, il a un jardin, ou bien tu vas échanger des légumes contre des services. C'est comme ça que moi, je vois un petit peu au niveau très, très local, par contre. Et on va peut-être pouvoir dépasser ça de cette façon-là, en créant beaucoup plus de communautés locales d'entraide. Et je crois, moi aussi, j'ai dépassé cette notion d'autonomie. Au départ, je pensais que c'était important qu'on soit tous autonomes, qu'on puisse tous vivre de notre production, de notre jardin. Et je crois que ça, ce n'est pas possible. Par contre, si on a des petits microcosmes comme ici, dans la vallée où on se trouve, Eh bien, c'est beaucoup plus riche d'avoir des échanges, de partager. On n'est pas tous obligés d'avoir tous les outils. On peut se les prêter, ça c'est quelque chose qui me tient très à cœur. On n'a pas tous besoin d'avoir une foreuse, une perceuse, bon un aspirateur on peut encore discuter, mais des objets qu'on utilise peut-être même pas une fois par mois, c'est complètement idiot que tous les ménages aient ça. Donc ça, à Luxembourg, on commence un petit peu, même au niveau national, à favoriser le partage d'outils, par exemple. Il y a des plateformes comme ça qui se mettent en place tout doucement. Et pareil pour tout ce qui est nourriture, je crois qu'il faut qu'on aille plus dans ce sens-là.

  • Speaker #0

    Surtout à Luxembourg, où on apporte quand même 97% de nos fruits et légumes, il serait peut-être temps qu'on commence à apprendre ou réapprendre ce dont Luc parlait. Une forme de résilience, d'autonomie et de réapprendre à cultiver autre chose que des patates, des couettes et d'avoir des vaches dans nos champs. Alors toi Jean-Michel qui travaille pour Lux Innovation, qui est un peu, j'ai mis des guillemets à l'antipode de ce qu'on raconte, puisque c'est plutôt favorisant tout ce qui est, comment tu dis souvent dans l'innovation, mais l'innovation dit forcément technologie. on ne va pas dire les choses autrement. Or, ce que dit Luc, quelque part, c'est aussi innovant. Et je ne suis pas certaine qu'il utilise des choses, alors peut-être qu'il s'appuie en partie sur certains nouveaux outils qui lui facilitent la tâche, etc. Mais toi, est-ce que tu as l'impression qu'on peut rassembler ces deux mondes, qu'on peut les faire cohabiter, ou qu'on peut au moins créer une passerelle entre les deux ?

  • Speaker #1

    Alors, juste préciser que l'innovation n'est pas que technologique, même si la technologie, évidemment, entre en grande ligne de compte dans... toutes les démarches d'innovation que l'on peut voir dans les entreprises au Luxembourg ou ailleurs. Mais on peut aussi innover en termes de management, on peut aussi innover en termes de communication, en termes de services. Mais effectivement, pour l'instant, en tous les cas, même si des initiatives commencent à pousser, même au niveau étatique, au niveau national, sur tout ce qui est entreprise à impact sociétal, tout ce qui est ce type de développement, où ça mériterait certainement davantage de passerelles et davantage de liens entre ces deux univers, cet univers de l'innovation très générique, pas que technologique mais en grande partie, et puis l'innovation sociale et sociétale. Je pense qu'effectivement ces deux univers qui pour l'instant ne se parlent pas beaucoup, mais auraient je pense beaucoup à gagner l'un et l'autre à davantage se rapprocher, c'est clair.

  • Speaker #0

    Alors pour toi Luc, c'est quoi l'innovation ?

  • Speaker #3

    Moi je suis beaucoup en questionnement par rapport à ça. J'ai voulu beaucoup retrouver justement les gestes d'avant, c'est hyper important pour moi, de réapprendre à couper. Moi je fais beaucoup de bûcheronnage, donc de réapprendre à couper des herbes à l'ancienne. Tu vois, couper avec une scie, couper avec une hache, savoir faire tout ça. Pour moi c'était une innovation finalement, parce que j'ai toujours utilisé les tronçonneuses à la base. C'était innovant pour moi de me dire que quel que soit le contexte, je pourrais chauffer ma famille. Et ça c'est innovant parce qu'en fait j'ai l'impression que la société actuelle elle propose pas vraiment ça. Ce que je vois avec le chauffage électrique, c'est qu'en fait s'il y a une coupure de courant, il y a les trois quarts des gens qui se caillent. Alors finalement, ça devient innovant de savoir utiliser une scie et une hache. On est bien d'accord. Dans un contexte où le jus peut être coupé, on voit que ça arrive. Donc l'innovation, je la vois de plein de côtés différents. Par exemple, moi je me suis intéressé beaucoup à la traction animale. Donc j'ai un tracteur, 70 chevaux, 4x4. Alors c'est pas un gros tracteur. 70 chevaux, c'est du petit 4x4. Mais je me suis intéressé à la traction animale. Parce que je me suis rendu compte, et j'ai vu des amis travailler en maraîchage, qui disaient que le tracteur, par exemple, il était trop lourd, il tassait trop, et que la traction animale devenait plus efficiente dans les petits rangs, les petits endroits où on ne peut pas passer facilement. La traction animale, qui est ancestrale, était bien plus efficace qu'un tracteur. Donc ça, c'est innovant, la traction animale. Mais pas n'importe comment, pas n'importe où. Tu ne vas pas faire des hectares de céréales avec des chevaux. Alors déjà tu vas crever les chevaux, mais ça se faisait avant, mais on crevait les chevaux, et les chevaux il faut beaucoup d'hectares pour les nourrir. Donc pour arriver à faire un hectare, il faut nourrir des chevaux qui ont bouffé 8 hectares des fois. Donc c'est pas une innovation de faire ça comme ça, mais par contre dans l'attraction animale, l'attraction animale pour le maraîchage c'est intelligent, c'est innovant. Et je vois aussi toutes les démarches d'agroécologie, parce qu'il y a un truc qui n'est pas très véhiculé en fait, c'est tout le travail que font les agronomes. Alors à Luxembourg je ne sais pas trop. En France, il y a vraiment des agronomes très efficients, très intelligents, qui ont une démarche pour l'environnement, pour l'agroécologie, qui travaillent de pair avec des industriels qui font des machines. Et il y a des machines maintenant, je parle par exemple des semoires, qui permettent de faire du semi-sous-couvert. Le semi-sous-couvert, c'est une technique qui n'est pas applicable ni avec un tracteur, des herses, des semoires classiques, ni avec un cheval de traction à l'ancienne. C'est de la haute... haute technologie, donc c'est des ordinateurs embarqués dans les tracteurs c'est des GPS c'est très très précis sur des hectares et on arrive à faire justement ce qu'on appelle du semis au couvert, c'est qu'on ne laisse jamais le sol à nu, ça c'est un des principes de permaculture qu'on apprend tous dès qu'on fait un peu de permaculture, même dans des jardins partagés en ville on ne laisse jamais un sol à nu parce que ça le fait croûter parce que les micro-organismes se barrent en dessous parce que tout ça ... Donc ça, c'est très très difficile à appliquer avec...

  • Speaker #0

    La génération des tracteurs avec lesquels je travaille qui ont 20-30 ans, on n'arrive pas à faire ça, on n'a pas les outils, on ne sait pas le faire. On ne sait faire que cette forme d'agriculture qui est je laboure, je herce et je sème. Par contre, tu as toute une phase où le sol, il en pâtit de tout ça. Jusqu'à il y a 5, 6, 10 ans, en fait, on ne savait pas faire autrement. Et là, la technologie sait faire des super machines, alors qu'ils coûtent une fortune. qui ne sont pas amortissables par n'importe quel agriculteur. Il faut déjà des grosses surfaces, des gros rendements, des grosses exploitations agricoles. Mais on arrive à faire de l'agroécologie, quelque chose de très respectueux de l'environnement, avec des machines de fou et des ordinateurs, tout un système, toute une ingénierie. Quand l'agronome se met en rapport avec l'informaticien et le mécanicien, on fait des choses fantastiques. L'innovation, moi je la vois de plein d'endroits. Je la vois autant dans le retour de ce que savaient faire les anciens que ce qui est en train de se faire intelligemment, technologiquement. Si la technologie, elle ne pouvait servir qu'à faire des choses intelligentes, on serait déjà sortis d'affaires depuis longtemps. On fait un peu n'importe quoi avec la technologie. Moi, c'est ce qui me pose le plus de problèmes. Ce n'est pas les machines, c'est la conscience qu'il y a derrière. Ou l'inconscience qu'il y a derrière. L'inconscience, c'est ce que j'allais dire.

  • Speaker #1

    L'inconscience, c'est l'inconscience.

  • Speaker #2

    La fameuse passerelle dont je parlais, j'avais envie de diriger la conversation vers la question du collectif, parce que c'est une question qu'on a abordée rapidement, Luc, hier, et avec toi aussi, Myriam. Ton projet, pour l'instant, c'est toi qui le portes, et puis tu te dis peut-être qu'il faudrait que j'aille vers le collectif. Pourquoi et en quoi tu penses que ça va être plus efficient, plus facile à gérer ou pas ?

  • Speaker #1

    Oui, je ne suis pas sûre. Ce sera plus facile à gérer.

  • Speaker #2

    Là, je pense que Luc sera d'accord avec toi et nous le dira.

  • Speaker #1

    Être seule, ça a des avantages et des inconvénients. D'accord, je suis la fondatrice du projet. C'est un projet qui me trottait dans la tête depuis un certain temps. Et j'ouvre une parenthèse, c'est juste un élément d'un projet beaucoup plus vaste. Mais que là, clairement, je ne pourrais pas mener toute seule. Je ferme la parenthèse. Donc oui, on peut prendre, voilà, si le matin je décide de proposer tel menu, ben je le fais, je ne demande pas à droite à gauche, je le fais. Si je veux mettre en avant tel ou tel artiste, je l'appelle, on se met d'accord et hop ça se fait. Par contre, être tout géré seul, ben on est seul parfois et ça c'est pas toujours, c'est parfois lourd à porter. Et puis on se dit, je me trompe peut-être de direction là, je suis en train d'aller seule dans une direction, mais je suis peut-être totalement à côté de ce que les gens ont besoin ou de ce qui serait intéressant de faire. Alors oui, je suis en train de m'ouvrir au collectif et ce n'est pas encore très clair dans quelle direction ça va aller, si ça va être une ASBL, si ça va être une coopérative. Voilà, c'est des discussions, des réflexions que je mène actuellement. Mais je connais un peu le collectif parce que je suis dans deux ASBL et je vois que ça peut donner beaucoup de joie, mais ça peut être aussi très compliqué, très long pour prendre des décisions. Surtout dans les deux ASBL où je suis active, on fonctionne avec la sociocratie. Donc c'est un modèle de gouvernance et on parlait d'innovation sociale et pour moi, la gouvernance partagée, c'est une forme d'innovation sociale en l'an 2025. J'espère que ça ne sera plus le cas. prochainement, que ça sera quelque chose qui sera beaucoup plus partagé, dans le sens beaucoup plus commun. Donc j'ai expérimenté ça, et je l'expérimente toujours. Alors quand on est une petite équipe, ça va bien, c'est assez facile, on s'entend tous, on a les mêmes valeurs, etc. Mais quand on grossit, et qu'il y a beaucoup plus d'intervenants, la sociocratie, ça peut être lourd parfois. Après maintenant, il y a des aménagements aussi, on peut utiliser la sociocratie pour... prendre certaines décisions. Et puis pour les décisions du quotidien, on peut peut-être déléguer à un petit groupe, à un cercle par exemple, auquel on va accorder sa confiance et qui va pouvoir être beaucoup plus flexible. Voilà, donc il y a du pour et du contre. Mais ce qui est chouette dans le collectif, c'est le partage, c'est avoir des nouvelles idées parce que je n'ai pas la science infuse, j'ai un certain nombre d'idées. Mais en discutant avec d'autres, ça résonne et on trouve de nouvelles idées, de nouvelles directions. C'est ça qui est chouette. Mais il ne faut pas s'attendre à ce que ça soit rapide. Pour moi, le plus rapide, c'est je suis seule, hop, je décide ça, ça, et je le fais. Dans la foulée, je le fais, rapidement. Quand on a des cercles de décision qu'il faut composer avec différents caractères aussi, voilà, c'est challengeant, mais je pense que c'est l'avenir. En tout cas pour ce genre de projet dont on est en train de parler.

  • Speaker #2

    Alors il y a une chose sur laquelle j'aimerais revenir, Luc, parce que ce que tu m'as dit hier, ça m'a beaucoup interpellée. Et en même temps, je me suis dit, bah oui, mais évidemment, il a raison. Quand tu m'as dit... Oui, alors le collectif, moi j'y crois plus trop, alors une certaine forme de collectivité, tu vas le dire, mais en revanche, le village tel qu'il est organisé au départ, c'est une forme de collectif qui fonctionne, quand il fonctionne, mais qui fonctionne bien.

  • Speaker #0

    Moi je suis né dans les années 80, de ce que je voyais, de ce que je comprenais de la structure de mon village, c'était dans le Doubs, c'était à côté de Besançon, tout petit village. De ce que je voyais de ce village-là, c'est qu'il y avait beaucoup d'interactions entre les gens, il y avait beaucoup de gens qui se cédaient. Moi, étant gamin, je me rappelle que j'allais dans toutes les maisons comme je voulais, que j'avais toujours du chocolat à bouffer à tous les râteliers. Il y avait des histoires de village, mais il y avait une entraide de village. Il y avait des mecs sur les toits qui changeaient la toiture du voisin, il y avait des gens qui étaient ensemble. Et puis de fil en aiguille, effectivement, j'ai vu dans les villages que tout le monde s'est individualisé, mais à l'image de toute la société. Alors ça a pris peut-être plus de temps dans les villes, dans les campagnes que dans les villes. Mais moi j'étais toujours nostalgique de cette structure-là, de la structure village, amour, classique. C'est vrai que maintenant je vois la grosse aire des gens qui veulent monter des collectifs, des communautés, des échos amour, des échos village. Et ben je vois les difficultés qu'ils ont. Moi j'ai essayé de monter un collectif ici, ça a été très très compliqué, sur le plan humain, clairement. Et avec mon ex-compagne on a dit bon ben laisse tomber en fait, ça va être impossible de mettre en place un collectif, on n'est pas outillé, il n'y a pas forcément la même qualité d'écoute de conscience en face, et puis peut-être que nous on n'était pas non plus, voilà on n'était pas parfait dans l'histoire. En tout cas ça n'a jamais tenu et j'ai vu le nombre de collectifs qui se sont ramassés, ouais ça m'a beaucoup questionné quoi. Moi je vois que maintenant ma manière d'agir en tout cas elle est très individuelle, mais ça ne m'empêche pas de remettre la balle au centre. Je veux dire, j'ai une manière, on va dire individualiste d'agir, parce que je prends mes décisions tout seul, j'acte tout seul, je fais mes projets tout seul, je n'ai pas besoin de faire des réunions évidemment, ou si ce n'est des réunions avec moi-même, mais au moins j'avance avec ce que tu disais tout à l'heure, il n'y a pas d'inertie en fait, tu décides de faire un truc, tu le fais. Et ça c'est une qualité que moi je ne remettrai jamais en question. Mais par contre, j'ai des voisins ici qui sont très aidants. On s'aide tous et on s'envoie un message quand on est en galère, quand on a besoin d'un covoiturage, d'un outil, d'un truc, et il y a tout de suite des réponses. J'ai le sentiment que dans la structure qu'il y a par exemple ici à Prémartal, il y a cette entraide sans avoir les désagréments du collectif. Donc on est basé sur la propriété privée, on est tous voisins, ce qui est la structure village classique. Et on cède, on se file des coups de main, on se prête des trucs, on s'arrange entre nous. Et moi, c'est ce que je trouve le plus libérateur, c'est finalement basé beaucoup sur le libre-arbitre et l'élan de donner si on a envie, laissant chacun libre, s'il fait la gueule, s'il n'est pas bien, de rester dans son coin. Et ce que j'ai partagé quand même à travers plusieurs collectifs, c'est qu'il y a des obligations de collectif, parfois, qui pour moi portent atteinte à ma liberté, par exemple. Il y a des réunions obligatoires, des trucs qui sont des purges pour moi. C'est pas possible de vivre des trucs comme ça toutes les semaines. Et de me confronter à des avis et de devoir valider avec tout le monde lorsque je veux entamer quelque chose, c'est complètement ingérable dans ma structure. Et je vois qu'apparemment, ça ne porte pas ses fruits. Dans tous les collectifs que j'ai visités, il y en a très peu qui tiennent encore debout, en tout cas. Moi j'aime l'idée du don volontaire, de chacun son espace et tu ouvres quand tu veux et tu fermes quand ça t'ennuie. Ecoute, moi ce que je vois c'est que dans les villages du Diwa, il y a des très belles initiatives sur le don volontaire, sur l'élan du cœur. Je ne comprends plus cette volonté d'être à tout prix en collectif.

  • Speaker #3

    Mais justement, tu expliques que ça se fait à l'échelle du Prémartal, à l'échelle de quelques villages dans le Diyoua. Jusqu'à quelle échelle ça peut être reproductible ? Et est-ce que, évidemment, quand on arrive dans une grande ville, même comme Besançon, ou comme, je ne sais pas, Dix, pas loin d'ici, à un moment donné, il y aura une limite physique à ce type d'approche. Mais du coup, on fait quoi ?

  • Speaker #0

    En fait, c'est ça, c'est des micro-organisations. Tu dis la limite physique, la limite géographique. Je ne sais plus avec qui j'en parlais, c'est vrai qu'il y a une limite à une vie de village, on va dire au-delà de 50, je crois qu'une structure ne peut plus fonctionner de la même manière. Je pense qu'on aurait tout intérêt à travailler en circuit très court. Ce que tu disais tout à l'heure, sur le circuit très court, on arrive à être très très efficient, à avoir de l'efficience et très peu d'inertie, on a quelque chose de très réactif, très vivant. C'est que dès que tu commences à grossir, arriver à mettre en place des règles pour le plus grand nombre, c'est très compliqué.

  • Speaker #3

    Donc à la limite, dans une grande ville, ce serait ramener ça au quartier ?

  • Speaker #0

    Oui, au quartier. C'est vrai qu'il y a des initiatives de quartier qui se font dans certaines villes qui sont porteuses, j'ai l'impression. Oui, il y a une échelle. Moi, je sens ça.

  • Speaker #2

    Et pour autant, tu fais partie du collectif BioVallée dans lequel tu es impliqué pour les éco-hébergeurs, tu me disais. Mais tu m'expliquais aussi, je crois... tu vas le redire plus clairement que moi, que dans le collectif Biovalet, il y a plusieurs petites structures, c'est ça ?

  • Speaker #0

    Oui. L'association Biovalet, elle est basée à côté de Cré, donc c'est à une heure d'ici. Nous, on est un peu les montagnards des éco-hébergeurs, avec quelques-uns ici. Donc oui, je suis à la Biovalet, qui est une association d'initiatives, de dynamisation de l'écologie à tous les niveaux de la société dromoise. Moi, je suis particulièrement... intégré dans le côté éco-hébergeur. Un éco-hébergeur, c'est quelqu'un qui fait attention à son approvisionnement, qui fait attention à son tri de déchets, qui essaie de s'autonomiser au niveau des énergies, qui a des valeurs à véhiculer autour de l'environnement, de l'écologie. Moi, je suis impliqué depuis deux ans là-dedans, et je trouve ça chouette, on a des réunions quelques fois ensemble. Donc moi, j'aime ce réseau-là. C'est très intéressant de communiquer avec ses pairs et de pouvoir... De pouvoir prendre un temps de réflexion, de retour sur nos activités respectives, de demander conseil à des gens qui vivent les mêmes choses que nous, et je trouve ça très chouette. C'est sûr que ce n'est pas la vie communautaire impliquante, ça doit être deux réunions par an, si tu veux. Et il y a une charte, un cahier des charges, oui ça va, c'est une charte, un cahier des charges qu'on respecte tous, et puis des échanges qu'on a, et des petits coups de main qu'on se donne, comme ça. Je trouve ça léger et ça a plus d'aspects positifs, bénéfiques que délétères en fait dans ce truc-là. Ce n'est pas beaucoup d'implications et c'est plein de petits bonus. Donc c'est une très très chouette initiative la bio-vallée.

  • Speaker #2

    Bon alors Jean-Michel, Myriam, vous pensez qu'on pourrait imaginer une bio-vallée à Luxembourg ? Alors peut-être pas vallée parce que nous on a des petites collines, mais je ne sais pas, on pourrait l'appeler autrement, Myriam ?

  • Speaker #1

    On a des vallées aussi, on a la vallée de l'Alzette, entre autres. C'est vrai, c'est vrai, pardon. Oui, tout à fait, c'est quelque chose que je retiens, c'est comment mettre en place ça chez nous. C'est un peu l'idée de ton partage aussi, c'est de s'aimer. Je suppose qu'en France, il y a plein d'initiatives de ce genre-là aussi, dans d'autres régions, et pourquoi pas à Luxembourg. Alors nous on a déjà cette application de voisinage par quartier ou par commune. Ce n'est pas un réseau social comme on les connaît, les classiques, mais c'est vraiment de l'entraide. Je cherche, je prête, je donne beaucoup aussi. Ça, ce serait peut-être le départ de quelque chose de plus structuré, comme tu viens de le décrire ici dans ta vallée. Et ça me plaît bien cette idée de « on peut, mais on ne doit pas faire ensemble » . Et si tout le monde partage les mêmes valeurs, ça peut marcher. Mais comme tu dis, c'est plus facile dans une petite unité que dans un gros village. Et comme nous, à Luxembourg, on a quand même des communes assez…

  • Speaker #2

    C'est assez varié, parce que dans le nord du pays,

  • Speaker #1

    ils ne sont pas très nombreux quand même. Non, c'est vrai. Ça pourrait se faire dans certaines parties, je pense, s'il y a la volonté. Oui, ça me plairait bien ça, de voir éclore ce genre d'initiative à Luxembourg.

  • Speaker #3

    Oui, et puis l'avantage aussi du Luxembourg, c'est que le pays en lui-même est petit, et c'est très souvent, et pas évidemment que dans ce domaine-là, mais c'est très souvent que le pays sert quelque part de laboratoire, de zone test pour des produits, pour des services, et les entreprises se servent en tout cas... bénéficie de cet environnement luxembourgeois à la fois petit en taille mais riche en ressources humaines et riche en diversité culturelle pour lancer des initiatives et si elles prennent corps et si la sauce prend au luxembourg il est plus facile ensuite de le déployer ailleurs donc on pourrait s'imaginer qu'effectivement La taille du pays soit propice à la mise en place de tels ensembles collectifs, puisqu'il y a évidemment quelques grandes villes, mais on arrive assez rapidement au niveau des villages à des tailles qui correspondraient parfaitement à ce type d'initiative. Donc certainement le pays aurait là aussi beaucoup à gagner à creuser un petit peu la question et à se poser les bonnes questions justement pour mettre en place ce type d'initiative.

  • Speaker #2

    Mesdames, Messieurs les Ministres, vous avez entendu, la porte est ouverte. Alors Luc, tu as parlé tout à l'heure de transmission. Quand est-ce que tu viens nous rendre visite à Luxembourg pour nous expliquer toutes tes belles choses, nous faire une petite conférence sur tout ce que tu fais ici en Drôme ?

  • Speaker #0

    Quand tu veux. Ah génial ! Oui, il faut m'inviter. Tu m'invites, je viens moi, il n'y a aucun problème, avec plaisir.

  • Speaker #2

    On va faire ça au Colibri Myriam ?

  • Speaker #1

    Ah oui, bien entendu, c'est le lieu idéal.

  • Speaker #2

    Les uns et les autres, est-ce que vous avez un message particulier que vous aimeriez transmettre aux gens qui nous écoutent aujourd'hui ? Est-ce qu'il y a quelque chose qui vous tient à cœur ? C'est le moment ou quelque chose que vous aimeriez faire pour que ça crée plus de liens ou inviter les gens à se mettre en mouvement d'une manière ou d'une autre là où ils sont ? Parce qu'effectivement, on en parlait encore hier, nous on est en ville et même si elle est petite, on ne peut pas avoir les mêmes résonances qu'eux. Les gens qui vivent ici. Il y a aussi, c'est ce que disait Luc, et ça, j'imagine combien ça peut être le cas de néo-ruraux qui reviennent et qui ont la science infuse, mais en fait, qui ne savent rien. Donc, il faut trouver un équilibre, j'imagine, entre tout ça. Moi, je ne me verrais pas prendre la place de Luc parce que je n'ai pas tout son savoir, je n'ai pas toutes ses connaissances. Moi, à Plante-Thomade, je suis bien embêtée pour savoir qu'en faire. Et je ne parle que de la tomade, donc vous imaginez tout le reste. Mais par contre, l'ouverture... Le fait justement de venir ici, voir comment ça se passe, comment ça se fait, d'avoir cet accueil. Je me dis, voilà, mon objectif en faisant ce podcast avec vous trois, c'est justement d'ouvrir la porte à d'autres et puis qu'on crée du lien. Donc allez-y, la porte est ouverte pour vous, le micro en l'occurrence.

  • Speaker #1

    Exactement, tu parles de lien, c'est ce que je voulais dire justement. Partagez, partagez vos ressources, partagez vos compétences. Et vous allez voir que vous allez gagner beaucoup plus en relations humaines, en joie, en faisant ça, oui.

  • Speaker #3

    Oui, et puis moi j'ai envie de dire, soyez curieux, parce que des lieux comme la ferme Salam, quand on met le pied dedans et qu'on y reste une semaine, on est forcément happé par le cadre. à la fois le lieu en lui-même et puis l'environnement tout proche, le paysage, les montagnes autour. Mais voilà, il faut faire peut-être l'effort de s'y intéresser, d'avoir la curiosité de se dire « bah oui, il y a des choses qui se font un peu partout, certainement déjà au Luxembourg il y a des choses qui se font. » Je pense qu'il y a plein d'initiatives qui existent, plein de bonnes idées à piocher à droite et à gauche. et le simple fait déjà de s'intéresser Déjà, de se poser des questions, ça peut faire planter quelques petites graines dans les esprits et qui ne demanderont qu'ensuite à germer. Ça revient un petit peu à ce qu'on disait au début par rapport à l'engagement, c'est d'avoir la curiosité de ce qui se passe autour et de se dire qu'à un moment donné, il y a peut-être des choses à faire autres que rester simplement spectateur.

  • Speaker #0

    Moi, ça rebondit un petit peu sur la notion de curiosité. Moi je suis quelqu'un à la base de très curieux, je me suis rendu compte que j'étais de moins en moins curieux au fur et à mesure que j'avais trop de boulot et que j'avais finalement plus l'espace, plus le temps. Moi si j'avais des conseils depuis le fond de ma campagne, c'est vraiment d'enlever les choses, d'épurer un maximum de choses pour faire de la place en nous, pour retrouver l'élan. J'ai l'impression qu'on est tous tellement occupés que finalement on en perd l'élan, on n'a plus le temps d'avoir l'élan, on est déjà acculé en fait. Donc c'est réaménager des espaces pour de nouveau s'émerveiller, de nouveau être curieux, de nouveau être créatif. Et moi je me suis beaucoup ennuyé quand j'étais enfant. Et ça a été vraiment la clé pour devenir quelqu'un de très créatif et très autodidacte et autonome. Et on s'ennuie pas assez. Il n'y a pas assez de vide dans nos vies. Il faut créer du vide pour retrouver l'élan. C'est ce que j'ai constaté pour moi. Et cette semaine je suis en vacances et j'ai retrouvé l'élan de faire plein de petits trucs. que j'avais oublié et que j'adore faire. Dans le jardin, dans le paysagisme, des petits trucs qui ne font pas grossir mon porte-monnaie, mais qui me font avancer, qui font rayonner mon âme, qui font vraiment du bien. Je pense que c'est aussi une des clés. On n'est pas là pour courir après des billets, on est là pour vivre. La curiosité, la créativité, c'est une des clés. Les dimensions principales de l'être humain. Voilà ce que je souhaite à chacun et à chacune.

  • Speaker #2

    Un super message pour terminer. Merci beaucoup parce que j'aurais pu dire la même chose, mais peut-être en moins bien. Merci à tous les trois d'avoir joué les jeux. Merci de nous avoir accueillis, Luc. On espère que cette semaine-là ne s'arrêtera pas là et que ça va ouvrir sur d'autres idées, d'autres collaborations, d'autres échanges, comme l'a dit Myriam. Je pense qu'effectivement, nos territoires ne ressemblent pas à celui-là, mais on a quand même la chance d'être dans un pays... qui est pour une grande partie pas hyper construit. On est très vite aux portes d'une forêt. Regarde chez nous, autour de nous, même au centre-ville de la ville de Luxembourg, il faut très peu de temps pour toucher une forêt. Ce qui n'est pas le cas quand on est dans des agglomérations beaucoup plus vastes comme, je ne sais pas, je pense ici le plus proche peut-être Valence ou Lyon où là tu as des gens qui avant de voir un arbre, il faut qu'ils fassent des mètres et des mètres. On a quand même cette chance, donc c'est une autre évidemment dynamique. C'est pas pareil, mais je pense qu'on peut quand même s'intéresser à ce qui se fait ailleurs pour s'enrichir et à rapporter chez nous, échanger, se dire tiens, lui il fait comme ça, moi je pourrais faire comme ça. Et encore merci de nous avoir ouvert ton lieu. Donc nous, on y a passé un bon moment de ressourcement, même si on a été actifs.

  • Speaker #1

    Très actifs. Et très productifs. Voilà.

  • Speaker #2

    Voilà, donc un grand merci à tous les trois. Et puis... d'une manière ou d'une autre à tout vide, sur les ondes, en vrai, via les réseaux, peu importe.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup. Merci.

  • Speaker #0

    Merci.

  • Speaker #2

    L'autonomie, ce n'est pas vivre en ermite, c'est pouvoir prendre du recul par rapport au système dans lequel nous sommes intégrés, tout en gardant les pieds dedans. C'est un petit peu la synthèse qu'on pourrait faire de ces échanges. Et observez ce qui s'est produit. Jean-Michel interroge les passerelles entre innovation tech et innovation sociale. Luc jongle entre des techniques anciennes, voire ancestrales, et des machines ultra performantes. Myriam navigue entre efficacité individuelle et richesse collective. En somme, chacun nourrit la réflexion de l'autre et au final, nos frontières, nos visions bougent. Et c'est ça, la force des rencontres. Nous arrivons avec des prismes, des croyances, et on repart avec des angles de vue tout à fait inattendus. Et la richesse naît de ces prises de parole qui se croisent et qui élargissent notre compréhension du monde. Vous aussi, vous cherchez cette juste distance à garder votre libre arbitre, mais à oser dire ce que vous pensez tout en restant connecté à ce fameux monde. Contactez-moi et explorons ensemble comment faire entendre votre voix sans qu'elle se noie dans le brouhaha ambiant. Et en attendant, créez du vide, tissez des liens, croisez les regards et l'élan viendra, c'est garanti. D'ici notre prochaine rencontre, je vous souhaite des éclats de voix boules quoi ! Bah oui, boules que boules quoi !

  • Speaker #1

    Les habitants de Boulec,

  • Speaker #2

    le village de la ferme Salam, qui est dans le hameau du Prémartal très précisément. A vos Google Maps, vos cartes routières, Michelin, IGN, et vous finirez bien par trouver vos éclats de voix boule quoi !

Description

Ep 53 - Et si l’avenir se construisait à la croisée des chemins entre ville et campagne?
Dans cet épisode nous partons du Luxembourg pour rejoindre la Ferme Salam, nichée au cœur de la Drôme, à Boulc, où Luc Bauer a bâti un lieu de stage, d'éveil, mais aussi d’expérimentation en agroécologie, en autonomie et en résilience locale.

À ses côtés et ceux de Myriam Bouvy, gérante du tiers-lieu De Kolibri à Steinsel au Luxembourg et Jean-Michel Gaudron, écrivain, nous explorons comment créer du lien, réinventer nos modes de vie et bâtir des collectifs à taille humaine — tout en tissant des ponts entre innovation sociale, écologie vivante et engagement citoyen.

Des échanges précieux pour vous qui rêvez de transformer votre quotidien, de semer des graines de changement, de redonner du sens à vos actions, là où vous vivez et... de prendre la parole pour le communiquer!!


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Production et montage: Anne-Claire Delval, Jean-Michel Gaudron, Cyriaque Motro

Musique: Meydän

Titre:  Synthwave Vibe

Auteur: Meydän

Source: https://meydan.bandcamp.com

Licence: https://creativecommons.org/licenses/by/3.0/deed.fr


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans Éclat de voix, le podcast où les prises de paroles engagées résonnent comme des déclarations d'indépendance. Je suis Anne-Claire Delval, ancienne journaliste, modératrice, rédactrice. Je déniche des voix authentiques et je facilite ces expressions qui changent le monde. Comme dire vaut toujours mieux que taire, j'ai conçu Éclat de voix pour vous donner envie et vous inciter, vous aussi, à prendre prendre la parole sur des sujets qui vous tiennent à cœur. Pour l'heure, laissez-vous guider par mon trio d'invités. Vous allez l'entendre, l'épisode d'aujourd'hui a été enregistré dans un cadre bien particulier, celui de la ferme Salam à Boulk en Drôme, qui est un lieu de stage, d'éveil, où j'avais organisé une retraite à la fois pour se ressourcer et pour re-ou. trouver du plaisir à s'exprimer. Les circonstances ont fait que nous n'étions que trois, finalement, mais parfois, et comme bien souvent en réalité, les plus beaux moments naissent de ces imprévus. À mes côtés, Myriam Bouvy, qui accompagne des porteurs de projets dans le mouvement de la transition, et qui a ouvert depuis bientôt un an, The Colibri, un café-librairie d'occasion, boutique d'art, d'artisanat luxembourgeois, lieu de rencontre pour tous. où on peut organiser des workshops à Eichstänzel près de la ville de Luxembourg. Et puis Jean-Michel Gaudron, senior communication officer, attention ça pose son nom, chez Luxinnovation, et surtout écrivain. Il a publié une biographie, deux romans, trois recueils de nouvelles, et tadaaa, annonce en avant-première, un nouveau recueil paraîtra début octobre. Cette semaine de reconnexion, d'écriture, de créativité et d'exploration de notre parole, nous a menés à créer un lien vraiment solide entre nous, à cheminer ensemble, tant sur le papier que sur les sentiers dans la vallée de Boulk, et finalement à échanger avec Luc Bauer, fondateur de celui extraordinaire, la ferme Salam. Homme de la terre, bûcheron, cultivateur, Luc s'est joint à la réflexion que nous menions ensemble avec Myriam et Jean-Michel, comment transformer nos convictions en engagements concrets. Bah oui, parce qu'au fond, c'est aussi l'un des enjeux d'Éclat de Voix que nos paroles puissent avoir un écho dans nos actes. Comme cet épisode va vous faire rêver, voyager, probablement cogiter, pensez à vous abonner à Éclat de Voix sur votre plateforme d'écoute préférée Pour ne rater aucun épisode, ça c'est une chose, mais aussi pour lui donner du poids, pour qu'il s'ancre bien dans l'écosystème podcastal. Oui, je suis très friande de néologisme, que j'adore inventer. Et à lui mettre aussi des étoiles, pour qu'il brille fort au firmement des pommes et autres Spotify. Spotify, oui, Spotify. Et évidemment, une fois tout ça fait, eh bien, laissez... Diffuser, circuler ces bonnes nouvelles, parce que oui, nous en avons vraiment bien besoin. À vos écoutes ! Eh bien, salut Myriam, salut Luc, salut Jean-Michel.

  • Speaker #1

    Bonjour Anne-Claire.

  • Speaker #2

    Bonjour Anne-Claire.

  • Speaker #3

    Salut Anne-Claire.

  • Speaker #0

    Merci d'être là, tous les trois. Alors je remets un petit peu d'histoire derrière cette rencontre assez fabuleuse, c'est qu'il y a quelques mois de ça. Mon ami Adnan Lamar m'avait donné les coordonnées de Luc à la ferme Salam, Salamandre, ici dans la Drôme, pour organiser un stage, une retraite. Et puis de fil en aiguille, pour diverses raisons, la retraite telle qu'elle était prévue au départ n'a pas forcément pu se faire comme on l'imaginait, mais Luc a eu la super gentillesse de nous proposer de venir quand même. On est trois donc à être venus, profiter du lieu, profiter de la vie, de l'espace, rencontrer Luc aussi, découvrir comment lui il vit ici au quotidien, tout ce qu'il a mis en place parce que c'est un espace vraiment fabuleux. Et donc tous on a un peu dans notre philosophie, dans notre mode de vie, cette envie justement de s'engager. Alors s'engager c'est vaste, c'est flou parfois, ça peut être très philosophique, on peut écrire tout un bouquin autour de ça. Mais à vous trois, j'ai envie de poser la question, comment est-ce que vous voyez, alors soit votre engagement, si vous avez envie de parler plutôt du vôtre, ou bien l'engagement au Dans un sens un peu plus large, qu'est-ce que pour vous ça représente de s'engager ? Myriam ?

  • Speaker #2

    Pour moi, s'engager, c'est essayer de vivre un peu plus sobrement, autant que possible en tout cas, dans le contexte dans lequel je me trouve. Et d'un autre côté, c'est aussi de sensibiliser les personnes autour de moi aux enjeux du monde actuel.

  • Speaker #0

    À travers ton initiative du Colibri ?

  • Speaker #2

    Entre autres, oui, à travers ce lieu que j'ai ouvert il y a un an, qui est un lieu de rencontre convivial, chaleureux, j'espère en tout cas, mais oui, qui est censé dégager une atmosphère où on se sent bien, un lieu d'échange, de rencontre, un café, librairie d'occasion, un espace pour faire des workshops, justement, pour partager les compétences des uns et des autres, et puis pour passer des moments sympathiques. Et aussi un petit coin produits locaux de petits producteurs, dont j'essaye de valoriser le travail. Et puis aussi un espace artisanat local, des choses utiles et produites à Luxembourg par des petits artisans.

  • Speaker #0

    Jean-Michel ?

  • Speaker #1

    Alors moi, si je me concerne, l'engagement, je dirais qu'il y a une notion d'être acteur et non pas spectateur. Alors l'engagement, comme tu le disais, peut prendre... plein de formes et peut traiter plein de sujets ou de thématiques. L'idée, c'est d'avoir des convictions, de croire justement aux choses pour lesquelles on souhaite s'engager. Et à partir de là, c'est de partager l'information, de ne pas forcément essayer de convaincre au défaut du prosélytisme, mais en tout cas, diffuser au maximum tous les aspects positifs des choses pour lesquelles on souhaite s'engager. Avec comme peut-être cadeau bonus le fait que d'autres personnes qui au départ n'étaient pas forcément dans cette direction de pensée disent ah bah oui effectivement c'est intéressant, creusons un peu la chose. Et voilà ça permet petit à petit de faire prendre conscience à un maximum de personnes de certains grands enjeux qui existent dans le monde actuel et plus on sera nombreux à avoir justement. en tête ces choses-là, et plus on s'engager, plus les choses bougeront dans le bon sens.

  • Speaker #3

    Mon engagement, il se traduit par des actes plutôt pragmatiques, à travers une agriculture qui tend vers l'agroécologie, à travers un mode de consommation conscient. que ce soit au niveau de ma consommation personnelle ou que ce soit au niveau de l'approvisionnement du lieu. Ça va être dans le fait de mettre en place une agriculture autonome, des constructions fabriquées en autonomie, beaucoup d'autoconstructions de choses. Mon engagement pour moi est dans une forme d'exemplarité, c'est que j'ai longtemps rêvé d'un autre système. Je me suis dit un beau jour que le seul moyen de le vivre c'était déjà de le faire, de ne pas avoir d'attente et de m'engager pleinement dans ces voies très pragmatiques que sont la construction, l'agriculture et aussi l'accueil. Mon engagement se traduit aussi dans l'ouverture d'espace pour les gens pour permettre une évolution quelle qu'elle soit, qu'elle soit dans le bien-être, dans la prise de conscience, dans la spiritualité, permettre un... Une évolution des consciences, en tout cas être un acteur de cette grande révolution des consciences que moi je vois aussi s'inviter désormais dans le débat.

  • Speaker #0

    Alors Luc, tu nous as donné un peu, rien qu'à t'écouter, envie d'en savoir plus, et c'est aussi ça qui m'avait motivée pour venir te voir, c'est qu'on sent bien et on voit bien et on ressent bien. En venant ici, chez toi, dans ces espaces que tu ouvres à d'autres, Cette énergie que tu as mise, et mon envie aussi en venant à ta rencontre, c'est de comprendre un petit peu comment les choses se sont un peu développées pour toi dans cet environnement-là. Est-ce que tu as toujours été installée dans la région ? Est-ce que tu as décidé de planter ta yurte ici ? et peut-être en... Racontant un petit peu cette histoire et comment les choses se sont construites, donner aussi envie à des gens qui sont plus loin, puisque nous on vient de Luxembourg, donc on a une vision différente, on a un écosystème qui n'est pas le même, mais il y a aussi, comme Myriam l'a dit, des gens qui s'engagent. dans notre pays pour faire avancer les choses avec plus de résonance ou de raison, comme tu disais tout à l'heure, avec un peu plus consommer de façon plus durable ou autrement. Donc l'intention aussi avec ce podcast, c'était qu'avec Myriam et Jean-Michel, on puisse t'interroger et venir peut-être croiser nos regards avec le tien. Donc raconte-nous un petit peu ton histoire.

  • Speaker #3

    Mon histoire, moi je ne suis pas natif de la Drôme, je suis natif du Jura. J'ai toujours habité la ruralité jurassienne. Je suis vraiment issu de la campagne, voire même de la forêt, on va dire, parce que j'ai grandi à 2 km du premier village. Donc je suis vraiment issu d'une éducation que je dirais presque un peu tribale. Je suis un enfant des bois. En grandissant, je me suis rendu compte que la société dans laquelle je vivais, ce n'était pas ma forêt. C'était quelque chose de très étrange. J'ai toujours eu du mal à m'intégrer. Bon an, mal an, je suis arrivé à faire mes études, je suis arrivé à avancer, à m'intégrer dans cette société, mais toujours avec beaucoup de questionnements et beaucoup aussi de colère par rapport à plein de choses, particulièrement sur l'aspect environnemental, écologique, ayant vécu dans des écrins de verdure toute ma tendre enfance. Ça a été vachement dur pour moi de fréquenter les villes, je l'ai toujours. Pour moi, les villes sont un peu des organismes génétiquement modifiés. Pour moi, c'est un peu des verrues, ces trucs. J'arrive toujours pas à comprendre ce genre de structure. En tout cas, quand j'ai voulu m'installer dans la Drôme, c'est que j'avais une grande envie. J'avais des enfants, on élevait des enfants avec mon ex-compagne. J'ai eu cinq enfants. Et on a ressenti ce besoin de, pas de complètement s'émanciper du système, mais de gagner en résilience. Le coup de conscience qu'on a eu, c'était en 2008, quand il y a eu un gros crash boursier, avec beaucoup d'incertitudes quant à l'économie. Et puis on s'est rendu compte qu'en fait l'économie mondiale était très fragile. En fait on reposait sur le bon vouloir, sur le bon fonctionnement d'un système qui n'était pas très solide en soi. Et moi j'ai pris conscience qu'il fallait s'autonomiser un maximum. Alors pas être complètement à l'écart de la société, justement arriver à dealer avec tout ça et créer de l'autonomie en collectif, de l'autonomie de réseau. Déjà dans le Jura je travaillais beaucoup sur l'organisation de marché de producteurs pour dynamiser l'économie locale, la paysannerie locale, favoriser les ventes et rapprocher les gens. Vous voyez déjà c'était en quoi 2005-2006 il y avait déjà une grosse vague d'individualisation des gens qui... Maintenant on le voit de plus en plus, nous fragilise en tant que nation, en tant que peuple. Je me suis rendu compte que le nerf de la guerre c'était vraiment la matière première. C'était toutes les choses qu'on pouvait faire pour s'autonomiser, tout ce qu'on pouvait produire par nous-mêmes, toute cette intelligence ancestrale qu'on pouvait soit arriver à garder, soit juste, pour moi c'est juste pratiquer en fait pour retrouver ces gestes, retrouver une confiance dans la vie, pour moi. pendant un temps, ça n'avait plus bien du sens, finalement, de cautionner un système, d'être dans cette espèce de système qui était, pour moi, très étrange et ingrat, j'ai l'impression, j'ai envie de dire. Parce qu'on nous donne beaucoup de choses dans ce système. On nous donne beaucoup de choses, mais on nous infantilise énormément. Je ne me sentais plus dans ma dignité, dans mon plein pouvoir, dans mon libre-arbitre. Et moi, cette voie d'autonomisation, donc ici, ça concerne l'agriculture, ça va concerner... Toute la fabrication des bâtiments, donc ça va être des yurts, ça va être des avancées, ça va être de la menuiserie, ça va être de la maçonnerie. Et voilà, je sais faire ma plomberie, faire mon électricité, je fais peut-être dix métiers différents. Et ça me donne une forme de sérénité profonde dans l'avenir, quel que soit le contexte. Et ça me donne aussi cette possibilité, étant autonome, étant... En tout cas, le plus résilient que la majorité de la population, ça me donne la possibilité d'être ressource pour les autres aussi. Et ça me plaît, en fait, de pouvoir aussi être ressource pour aider des gens qui ont faim éventuellement. Ça, c'est pas encore le cas. Espérons que ça ne le devienne jamais. Mais aussi de former des gens, d'apprendre des choses, de réapprendre des choses et de pouvoir véhiculer autour de moi ces connaissances-là et montrer que c'est possible aussi. Ce lieu-là, c'est vraiment un terrain d'expérimentation, de montrer ce qui est possible. Pragmatiquement, on peut faire de l'agroécologie productive, on peut faire de l'autoconstruction avec beaucoup de matériel prélevé localement. On peut avoir toute une démarche. pas utopique et déconnectée, qui est vraiment pragmatique tout en étant efficiente. Voilà, on peut vivre à la campagne d'une manière qui est cohérente avec son milieu, qui est respectueuse de l'environnement et qui est productive, qui permet à tout le monde d'être dans une forme de cercle vertueux. Enfin, je le crois profondément et je le vis.

  • Speaker #0

    On l'a bien observé, on l'a bien ressenti comme je le disais tout à l'heure. Alors ça a fait un peu écho à la discussion qu'on a eue avec Myriam juste tout à l'heure, tu sais, où on parlait de de... s'apaiser dans les relations avec l'argent. Et finalement, je me dis que la question, elle est un peu biaisée. Je ne sais pas si tu es d'accord avec moi, mais qu'en écoutant Luc, on se dit que cette problématique d'argent, elle cache la forêt, qui est qu'en réalité, on manque, on est assis sur un système qui est très précaire, en fait, financier, économique, et que si ça ne tient que par un fil, ou peut-être plusieurs, mais en tout cas... C'est pas aussi clair que ça. Peut-être qu'il faudrait qu'on s'apaise avec notre relation au vivant, finalement. Qu'est-ce que t'en penses ?

  • Speaker #2

    Tout à fait. Moi, je crois que les bases, c'est ce que tu viens de dire, Luc, c'est se nourrir, se loger. Et ça va au-delà de ces besoins financiers que nous pensons qu'on doit remplir. Parce que non, les besoins basiques, c'est ce qu'on vient de dire. Et l'argent, oui, pour moi, c'est un moyen d'échange plutôt, peut-être nécessaire, peut-être pas. On va peut-être pouvoir évoluer, échanger ça. On peut échanger des produits contre d'autres produits. Tu parlais d'entraide. Tu n'es pas obligé de produire tout ce dont tu as besoin, parce que le voisin, lui aussi, il a un jardin, ou bien tu vas échanger des légumes contre des services. C'est comme ça que moi, je vois un petit peu au niveau très, très local, par contre. Et on va peut-être pouvoir dépasser ça de cette façon-là, en créant beaucoup plus de communautés locales d'entraide. Et je crois, moi aussi, j'ai dépassé cette notion d'autonomie. Au départ, je pensais que c'était important qu'on soit tous autonomes, qu'on puisse tous vivre de notre production, de notre jardin. Et je crois que ça, ce n'est pas possible. Par contre, si on a des petits microcosmes comme ici, dans la vallée où on se trouve, Eh bien, c'est beaucoup plus riche d'avoir des échanges, de partager. On n'est pas tous obligés d'avoir tous les outils. On peut se les prêter, ça c'est quelque chose qui me tient très à cœur. On n'a pas tous besoin d'avoir une foreuse, une perceuse, bon un aspirateur on peut encore discuter, mais des objets qu'on utilise peut-être même pas une fois par mois, c'est complètement idiot que tous les ménages aient ça. Donc ça, à Luxembourg, on commence un petit peu, même au niveau national, à favoriser le partage d'outils, par exemple. Il y a des plateformes comme ça qui se mettent en place tout doucement. Et pareil pour tout ce qui est nourriture, je crois qu'il faut qu'on aille plus dans ce sens-là.

  • Speaker #0

    Surtout à Luxembourg, où on apporte quand même 97% de nos fruits et légumes, il serait peut-être temps qu'on commence à apprendre ou réapprendre ce dont Luc parlait. Une forme de résilience, d'autonomie et de réapprendre à cultiver autre chose que des patates, des couettes et d'avoir des vaches dans nos champs. Alors toi Jean-Michel qui travaille pour Lux Innovation, qui est un peu, j'ai mis des guillemets à l'antipode de ce qu'on raconte, puisque c'est plutôt favorisant tout ce qui est, comment tu dis souvent dans l'innovation, mais l'innovation dit forcément technologie. on ne va pas dire les choses autrement. Or, ce que dit Luc, quelque part, c'est aussi innovant. Et je ne suis pas certaine qu'il utilise des choses, alors peut-être qu'il s'appuie en partie sur certains nouveaux outils qui lui facilitent la tâche, etc. Mais toi, est-ce que tu as l'impression qu'on peut rassembler ces deux mondes, qu'on peut les faire cohabiter, ou qu'on peut au moins créer une passerelle entre les deux ?

  • Speaker #1

    Alors, juste préciser que l'innovation n'est pas que technologique, même si la technologie, évidemment, entre en grande ligne de compte dans... toutes les démarches d'innovation que l'on peut voir dans les entreprises au Luxembourg ou ailleurs. Mais on peut aussi innover en termes de management, on peut aussi innover en termes de communication, en termes de services. Mais effectivement, pour l'instant, en tous les cas, même si des initiatives commencent à pousser, même au niveau étatique, au niveau national, sur tout ce qui est entreprise à impact sociétal, tout ce qui est ce type de développement, où ça mériterait certainement davantage de passerelles et davantage de liens entre ces deux univers, cet univers de l'innovation très générique, pas que technologique mais en grande partie, et puis l'innovation sociale et sociétale. Je pense qu'effectivement ces deux univers qui pour l'instant ne se parlent pas beaucoup, mais auraient je pense beaucoup à gagner l'un et l'autre à davantage se rapprocher, c'est clair.

  • Speaker #0

    Alors pour toi Luc, c'est quoi l'innovation ?

  • Speaker #3

    Moi je suis beaucoup en questionnement par rapport à ça. J'ai voulu beaucoup retrouver justement les gestes d'avant, c'est hyper important pour moi, de réapprendre à couper. Moi je fais beaucoup de bûcheronnage, donc de réapprendre à couper des herbes à l'ancienne. Tu vois, couper avec une scie, couper avec une hache, savoir faire tout ça. Pour moi c'était une innovation finalement, parce que j'ai toujours utilisé les tronçonneuses à la base. C'était innovant pour moi de me dire que quel que soit le contexte, je pourrais chauffer ma famille. Et ça c'est innovant parce qu'en fait j'ai l'impression que la société actuelle elle propose pas vraiment ça. Ce que je vois avec le chauffage électrique, c'est qu'en fait s'il y a une coupure de courant, il y a les trois quarts des gens qui se caillent. Alors finalement, ça devient innovant de savoir utiliser une scie et une hache. On est bien d'accord. Dans un contexte où le jus peut être coupé, on voit que ça arrive. Donc l'innovation, je la vois de plein de côtés différents. Par exemple, moi je me suis intéressé beaucoup à la traction animale. Donc j'ai un tracteur, 70 chevaux, 4x4. Alors c'est pas un gros tracteur. 70 chevaux, c'est du petit 4x4. Mais je me suis intéressé à la traction animale. Parce que je me suis rendu compte, et j'ai vu des amis travailler en maraîchage, qui disaient que le tracteur, par exemple, il était trop lourd, il tassait trop, et que la traction animale devenait plus efficiente dans les petits rangs, les petits endroits où on ne peut pas passer facilement. La traction animale, qui est ancestrale, était bien plus efficace qu'un tracteur. Donc ça, c'est innovant, la traction animale. Mais pas n'importe comment, pas n'importe où. Tu ne vas pas faire des hectares de céréales avec des chevaux. Alors déjà tu vas crever les chevaux, mais ça se faisait avant, mais on crevait les chevaux, et les chevaux il faut beaucoup d'hectares pour les nourrir. Donc pour arriver à faire un hectare, il faut nourrir des chevaux qui ont bouffé 8 hectares des fois. Donc c'est pas une innovation de faire ça comme ça, mais par contre dans l'attraction animale, l'attraction animale pour le maraîchage c'est intelligent, c'est innovant. Et je vois aussi toutes les démarches d'agroécologie, parce qu'il y a un truc qui n'est pas très véhiculé en fait, c'est tout le travail que font les agronomes. Alors à Luxembourg je ne sais pas trop. En France, il y a vraiment des agronomes très efficients, très intelligents, qui ont une démarche pour l'environnement, pour l'agroécologie, qui travaillent de pair avec des industriels qui font des machines. Et il y a des machines maintenant, je parle par exemple des semoires, qui permettent de faire du semi-sous-couvert. Le semi-sous-couvert, c'est une technique qui n'est pas applicable ni avec un tracteur, des herses, des semoires classiques, ni avec un cheval de traction à l'ancienne. C'est de la haute... haute technologie, donc c'est des ordinateurs embarqués dans les tracteurs c'est des GPS c'est très très précis sur des hectares et on arrive à faire justement ce qu'on appelle du semis au couvert, c'est qu'on ne laisse jamais le sol à nu, ça c'est un des principes de permaculture qu'on apprend tous dès qu'on fait un peu de permaculture, même dans des jardins partagés en ville on ne laisse jamais un sol à nu parce que ça le fait croûter parce que les micro-organismes se barrent en dessous parce que tout ça ... Donc ça, c'est très très difficile à appliquer avec...

  • Speaker #0

    La génération des tracteurs avec lesquels je travaille qui ont 20-30 ans, on n'arrive pas à faire ça, on n'a pas les outils, on ne sait pas le faire. On ne sait faire que cette forme d'agriculture qui est je laboure, je herce et je sème. Par contre, tu as toute une phase où le sol, il en pâtit de tout ça. Jusqu'à il y a 5, 6, 10 ans, en fait, on ne savait pas faire autrement. Et là, la technologie sait faire des super machines, alors qu'ils coûtent une fortune. qui ne sont pas amortissables par n'importe quel agriculteur. Il faut déjà des grosses surfaces, des gros rendements, des grosses exploitations agricoles. Mais on arrive à faire de l'agroécologie, quelque chose de très respectueux de l'environnement, avec des machines de fou et des ordinateurs, tout un système, toute une ingénierie. Quand l'agronome se met en rapport avec l'informaticien et le mécanicien, on fait des choses fantastiques. L'innovation, moi je la vois de plein d'endroits. Je la vois autant dans le retour de ce que savaient faire les anciens que ce qui est en train de se faire intelligemment, technologiquement. Si la technologie, elle ne pouvait servir qu'à faire des choses intelligentes, on serait déjà sortis d'affaires depuis longtemps. On fait un peu n'importe quoi avec la technologie. Moi, c'est ce qui me pose le plus de problèmes. Ce n'est pas les machines, c'est la conscience qu'il y a derrière. Ou l'inconscience qu'il y a derrière. L'inconscience, c'est ce que j'allais dire.

  • Speaker #1

    L'inconscience, c'est l'inconscience.

  • Speaker #2

    La fameuse passerelle dont je parlais, j'avais envie de diriger la conversation vers la question du collectif, parce que c'est une question qu'on a abordée rapidement, Luc, hier, et avec toi aussi, Myriam. Ton projet, pour l'instant, c'est toi qui le portes, et puis tu te dis peut-être qu'il faudrait que j'aille vers le collectif. Pourquoi et en quoi tu penses que ça va être plus efficient, plus facile à gérer ou pas ?

  • Speaker #1

    Oui, je ne suis pas sûre. Ce sera plus facile à gérer.

  • Speaker #2

    Là, je pense que Luc sera d'accord avec toi et nous le dira.

  • Speaker #1

    Être seule, ça a des avantages et des inconvénients. D'accord, je suis la fondatrice du projet. C'est un projet qui me trottait dans la tête depuis un certain temps. Et j'ouvre une parenthèse, c'est juste un élément d'un projet beaucoup plus vaste. Mais que là, clairement, je ne pourrais pas mener toute seule. Je ferme la parenthèse. Donc oui, on peut prendre, voilà, si le matin je décide de proposer tel menu, ben je le fais, je ne demande pas à droite à gauche, je le fais. Si je veux mettre en avant tel ou tel artiste, je l'appelle, on se met d'accord et hop ça se fait. Par contre, être tout géré seul, ben on est seul parfois et ça c'est pas toujours, c'est parfois lourd à porter. Et puis on se dit, je me trompe peut-être de direction là, je suis en train d'aller seule dans une direction, mais je suis peut-être totalement à côté de ce que les gens ont besoin ou de ce qui serait intéressant de faire. Alors oui, je suis en train de m'ouvrir au collectif et ce n'est pas encore très clair dans quelle direction ça va aller, si ça va être une ASBL, si ça va être une coopérative. Voilà, c'est des discussions, des réflexions que je mène actuellement. Mais je connais un peu le collectif parce que je suis dans deux ASBL et je vois que ça peut donner beaucoup de joie, mais ça peut être aussi très compliqué, très long pour prendre des décisions. Surtout dans les deux ASBL où je suis active, on fonctionne avec la sociocratie. Donc c'est un modèle de gouvernance et on parlait d'innovation sociale et pour moi, la gouvernance partagée, c'est une forme d'innovation sociale en l'an 2025. J'espère que ça ne sera plus le cas. prochainement, que ça sera quelque chose qui sera beaucoup plus partagé, dans le sens beaucoup plus commun. Donc j'ai expérimenté ça, et je l'expérimente toujours. Alors quand on est une petite équipe, ça va bien, c'est assez facile, on s'entend tous, on a les mêmes valeurs, etc. Mais quand on grossit, et qu'il y a beaucoup plus d'intervenants, la sociocratie, ça peut être lourd parfois. Après maintenant, il y a des aménagements aussi, on peut utiliser la sociocratie pour... prendre certaines décisions. Et puis pour les décisions du quotidien, on peut peut-être déléguer à un petit groupe, à un cercle par exemple, auquel on va accorder sa confiance et qui va pouvoir être beaucoup plus flexible. Voilà, donc il y a du pour et du contre. Mais ce qui est chouette dans le collectif, c'est le partage, c'est avoir des nouvelles idées parce que je n'ai pas la science infuse, j'ai un certain nombre d'idées. Mais en discutant avec d'autres, ça résonne et on trouve de nouvelles idées, de nouvelles directions. C'est ça qui est chouette. Mais il ne faut pas s'attendre à ce que ça soit rapide. Pour moi, le plus rapide, c'est je suis seule, hop, je décide ça, ça, et je le fais. Dans la foulée, je le fais, rapidement. Quand on a des cercles de décision qu'il faut composer avec différents caractères aussi, voilà, c'est challengeant, mais je pense que c'est l'avenir. En tout cas pour ce genre de projet dont on est en train de parler.

  • Speaker #2

    Alors il y a une chose sur laquelle j'aimerais revenir, Luc, parce que ce que tu m'as dit hier, ça m'a beaucoup interpellée. Et en même temps, je me suis dit, bah oui, mais évidemment, il a raison. Quand tu m'as dit... Oui, alors le collectif, moi j'y crois plus trop, alors une certaine forme de collectivité, tu vas le dire, mais en revanche, le village tel qu'il est organisé au départ, c'est une forme de collectif qui fonctionne, quand il fonctionne, mais qui fonctionne bien.

  • Speaker #0

    Moi je suis né dans les années 80, de ce que je voyais, de ce que je comprenais de la structure de mon village, c'était dans le Doubs, c'était à côté de Besançon, tout petit village. De ce que je voyais de ce village-là, c'est qu'il y avait beaucoup d'interactions entre les gens, il y avait beaucoup de gens qui se cédaient. Moi, étant gamin, je me rappelle que j'allais dans toutes les maisons comme je voulais, que j'avais toujours du chocolat à bouffer à tous les râteliers. Il y avait des histoires de village, mais il y avait une entraide de village. Il y avait des mecs sur les toits qui changeaient la toiture du voisin, il y avait des gens qui étaient ensemble. Et puis de fil en aiguille, effectivement, j'ai vu dans les villages que tout le monde s'est individualisé, mais à l'image de toute la société. Alors ça a pris peut-être plus de temps dans les villes, dans les campagnes que dans les villes. Mais moi j'étais toujours nostalgique de cette structure-là, de la structure village, amour, classique. C'est vrai que maintenant je vois la grosse aire des gens qui veulent monter des collectifs, des communautés, des échos amour, des échos village. Et ben je vois les difficultés qu'ils ont. Moi j'ai essayé de monter un collectif ici, ça a été très très compliqué, sur le plan humain, clairement. Et avec mon ex-compagne on a dit bon ben laisse tomber en fait, ça va être impossible de mettre en place un collectif, on n'est pas outillé, il n'y a pas forcément la même qualité d'écoute de conscience en face, et puis peut-être que nous on n'était pas non plus, voilà on n'était pas parfait dans l'histoire. En tout cas ça n'a jamais tenu et j'ai vu le nombre de collectifs qui se sont ramassés, ouais ça m'a beaucoup questionné quoi. Moi je vois que maintenant ma manière d'agir en tout cas elle est très individuelle, mais ça ne m'empêche pas de remettre la balle au centre. Je veux dire, j'ai une manière, on va dire individualiste d'agir, parce que je prends mes décisions tout seul, j'acte tout seul, je fais mes projets tout seul, je n'ai pas besoin de faire des réunions évidemment, ou si ce n'est des réunions avec moi-même, mais au moins j'avance avec ce que tu disais tout à l'heure, il n'y a pas d'inertie en fait, tu décides de faire un truc, tu le fais. Et ça c'est une qualité que moi je ne remettrai jamais en question. Mais par contre, j'ai des voisins ici qui sont très aidants. On s'aide tous et on s'envoie un message quand on est en galère, quand on a besoin d'un covoiturage, d'un outil, d'un truc, et il y a tout de suite des réponses. J'ai le sentiment que dans la structure qu'il y a par exemple ici à Prémartal, il y a cette entraide sans avoir les désagréments du collectif. Donc on est basé sur la propriété privée, on est tous voisins, ce qui est la structure village classique. Et on cède, on se file des coups de main, on se prête des trucs, on s'arrange entre nous. Et moi, c'est ce que je trouve le plus libérateur, c'est finalement basé beaucoup sur le libre-arbitre et l'élan de donner si on a envie, laissant chacun libre, s'il fait la gueule, s'il n'est pas bien, de rester dans son coin. Et ce que j'ai partagé quand même à travers plusieurs collectifs, c'est qu'il y a des obligations de collectif, parfois, qui pour moi portent atteinte à ma liberté, par exemple. Il y a des réunions obligatoires, des trucs qui sont des purges pour moi. C'est pas possible de vivre des trucs comme ça toutes les semaines. Et de me confronter à des avis et de devoir valider avec tout le monde lorsque je veux entamer quelque chose, c'est complètement ingérable dans ma structure. Et je vois qu'apparemment, ça ne porte pas ses fruits. Dans tous les collectifs que j'ai visités, il y en a très peu qui tiennent encore debout, en tout cas. Moi j'aime l'idée du don volontaire, de chacun son espace et tu ouvres quand tu veux et tu fermes quand ça t'ennuie. Ecoute, moi ce que je vois c'est que dans les villages du Diwa, il y a des très belles initiatives sur le don volontaire, sur l'élan du cœur. Je ne comprends plus cette volonté d'être à tout prix en collectif.

  • Speaker #3

    Mais justement, tu expliques que ça se fait à l'échelle du Prémartal, à l'échelle de quelques villages dans le Diyoua. Jusqu'à quelle échelle ça peut être reproductible ? Et est-ce que, évidemment, quand on arrive dans une grande ville, même comme Besançon, ou comme, je ne sais pas, Dix, pas loin d'ici, à un moment donné, il y aura une limite physique à ce type d'approche. Mais du coup, on fait quoi ?

  • Speaker #0

    En fait, c'est ça, c'est des micro-organisations. Tu dis la limite physique, la limite géographique. Je ne sais plus avec qui j'en parlais, c'est vrai qu'il y a une limite à une vie de village, on va dire au-delà de 50, je crois qu'une structure ne peut plus fonctionner de la même manière. Je pense qu'on aurait tout intérêt à travailler en circuit très court. Ce que tu disais tout à l'heure, sur le circuit très court, on arrive à être très très efficient, à avoir de l'efficience et très peu d'inertie, on a quelque chose de très réactif, très vivant. C'est que dès que tu commences à grossir, arriver à mettre en place des règles pour le plus grand nombre, c'est très compliqué.

  • Speaker #3

    Donc à la limite, dans une grande ville, ce serait ramener ça au quartier ?

  • Speaker #0

    Oui, au quartier. C'est vrai qu'il y a des initiatives de quartier qui se font dans certaines villes qui sont porteuses, j'ai l'impression. Oui, il y a une échelle. Moi, je sens ça.

  • Speaker #2

    Et pour autant, tu fais partie du collectif BioVallée dans lequel tu es impliqué pour les éco-hébergeurs, tu me disais. Mais tu m'expliquais aussi, je crois... tu vas le redire plus clairement que moi, que dans le collectif Biovalet, il y a plusieurs petites structures, c'est ça ?

  • Speaker #0

    Oui. L'association Biovalet, elle est basée à côté de Cré, donc c'est à une heure d'ici. Nous, on est un peu les montagnards des éco-hébergeurs, avec quelques-uns ici. Donc oui, je suis à la Biovalet, qui est une association d'initiatives, de dynamisation de l'écologie à tous les niveaux de la société dromoise. Moi, je suis particulièrement... intégré dans le côté éco-hébergeur. Un éco-hébergeur, c'est quelqu'un qui fait attention à son approvisionnement, qui fait attention à son tri de déchets, qui essaie de s'autonomiser au niveau des énergies, qui a des valeurs à véhiculer autour de l'environnement, de l'écologie. Moi, je suis impliqué depuis deux ans là-dedans, et je trouve ça chouette, on a des réunions quelques fois ensemble. Donc moi, j'aime ce réseau-là. C'est très intéressant de communiquer avec ses pairs et de pouvoir... De pouvoir prendre un temps de réflexion, de retour sur nos activités respectives, de demander conseil à des gens qui vivent les mêmes choses que nous, et je trouve ça très chouette. C'est sûr que ce n'est pas la vie communautaire impliquante, ça doit être deux réunions par an, si tu veux. Et il y a une charte, un cahier des charges, oui ça va, c'est une charte, un cahier des charges qu'on respecte tous, et puis des échanges qu'on a, et des petits coups de main qu'on se donne, comme ça. Je trouve ça léger et ça a plus d'aspects positifs, bénéfiques que délétères en fait dans ce truc-là. Ce n'est pas beaucoup d'implications et c'est plein de petits bonus. Donc c'est une très très chouette initiative la bio-vallée.

  • Speaker #2

    Bon alors Jean-Michel, Myriam, vous pensez qu'on pourrait imaginer une bio-vallée à Luxembourg ? Alors peut-être pas vallée parce que nous on a des petites collines, mais je ne sais pas, on pourrait l'appeler autrement, Myriam ?

  • Speaker #1

    On a des vallées aussi, on a la vallée de l'Alzette, entre autres. C'est vrai, c'est vrai, pardon. Oui, tout à fait, c'est quelque chose que je retiens, c'est comment mettre en place ça chez nous. C'est un peu l'idée de ton partage aussi, c'est de s'aimer. Je suppose qu'en France, il y a plein d'initiatives de ce genre-là aussi, dans d'autres régions, et pourquoi pas à Luxembourg. Alors nous on a déjà cette application de voisinage par quartier ou par commune. Ce n'est pas un réseau social comme on les connaît, les classiques, mais c'est vraiment de l'entraide. Je cherche, je prête, je donne beaucoup aussi. Ça, ce serait peut-être le départ de quelque chose de plus structuré, comme tu viens de le décrire ici dans ta vallée. Et ça me plaît bien cette idée de « on peut, mais on ne doit pas faire ensemble » . Et si tout le monde partage les mêmes valeurs, ça peut marcher. Mais comme tu dis, c'est plus facile dans une petite unité que dans un gros village. Et comme nous, à Luxembourg, on a quand même des communes assez…

  • Speaker #2

    C'est assez varié, parce que dans le nord du pays,

  • Speaker #1

    ils ne sont pas très nombreux quand même. Non, c'est vrai. Ça pourrait se faire dans certaines parties, je pense, s'il y a la volonté. Oui, ça me plairait bien ça, de voir éclore ce genre d'initiative à Luxembourg.

  • Speaker #3

    Oui, et puis l'avantage aussi du Luxembourg, c'est que le pays en lui-même est petit, et c'est très souvent, et pas évidemment que dans ce domaine-là, mais c'est très souvent que le pays sert quelque part de laboratoire, de zone test pour des produits, pour des services, et les entreprises se servent en tout cas... bénéficie de cet environnement luxembourgeois à la fois petit en taille mais riche en ressources humaines et riche en diversité culturelle pour lancer des initiatives et si elles prennent corps et si la sauce prend au luxembourg il est plus facile ensuite de le déployer ailleurs donc on pourrait s'imaginer qu'effectivement La taille du pays soit propice à la mise en place de tels ensembles collectifs, puisqu'il y a évidemment quelques grandes villes, mais on arrive assez rapidement au niveau des villages à des tailles qui correspondraient parfaitement à ce type d'initiative. Donc certainement le pays aurait là aussi beaucoup à gagner à creuser un petit peu la question et à se poser les bonnes questions justement pour mettre en place ce type d'initiative.

  • Speaker #2

    Mesdames, Messieurs les Ministres, vous avez entendu, la porte est ouverte. Alors Luc, tu as parlé tout à l'heure de transmission. Quand est-ce que tu viens nous rendre visite à Luxembourg pour nous expliquer toutes tes belles choses, nous faire une petite conférence sur tout ce que tu fais ici en Drôme ?

  • Speaker #0

    Quand tu veux. Ah génial ! Oui, il faut m'inviter. Tu m'invites, je viens moi, il n'y a aucun problème, avec plaisir.

  • Speaker #2

    On va faire ça au Colibri Myriam ?

  • Speaker #1

    Ah oui, bien entendu, c'est le lieu idéal.

  • Speaker #2

    Les uns et les autres, est-ce que vous avez un message particulier que vous aimeriez transmettre aux gens qui nous écoutent aujourd'hui ? Est-ce qu'il y a quelque chose qui vous tient à cœur ? C'est le moment ou quelque chose que vous aimeriez faire pour que ça crée plus de liens ou inviter les gens à se mettre en mouvement d'une manière ou d'une autre là où ils sont ? Parce qu'effectivement, on en parlait encore hier, nous on est en ville et même si elle est petite, on ne peut pas avoir les mêmes résonances qu'eux. Les gens qui vivent ici. Il y a aussi, c'est ce que disait Luc, et ça, j'imagine combien ça peut être le cas de néo-ruraux qui reviennent et qui ont la science infuse, mais en fait, qui ne savent rien. Donc, il faut trouver un équilibre, j'imagine, entre tout ça. Moi, je ne me verrais pas prendre la place de Luc parce que je n'ai pas tout son savoir, je n'ai pas toutes ses connaissances. Moi, à Plante-Thomade, je suis bien embêtée pour savoir qu'en faire. Et je ne parle que de la tomade, donc vous imaginez tout le reste. Mais par contre, l'ouverture... Le fait justement de venir ici, voir comment ça se passe, comment ça se fait, d'avoir cet accueil. Je me dis, voilà, mon objectif en faisant ce podcast avec vous trois, c'est justement d'ouvrir la porte à d'autres et puis qu'on crée du lien. Donc allez-y, la porte est ouverte pour vous, le micro en l'occurrence.

  • Speaker #1

    Exactement, tu parles de lien, c'est ce que je voulais dire justement. Partagez, partagez vos ressources, partagez vos compétences. Et vous allez voir que vous allez gagner beaucoup plus en relations humaines, en joie, en faisant ça, oui.

  • Speaker #3

    Oui, et puis moi j'ai envie de dire, soyez curieux, parce que des lieux comme la ferme Salam, quand on met le pied dedans et qu'on y reste une semaine, on est forcément happé par le cadre. à la fois le lieu en lui-même et puis l'environnement tout proche, le paysage, les montagnes autour. Mais voilà, il faut faire peut-être l'effort de s'y intéresser, d'avoir la curiosité de se dire « bah oui, il y a des choses qui se font un peu partout, certainement déjà au Luxembourg il y a des choses qui se font. » Je pense qu'il y a plein d'initiatives qui existent, plein de bonnes idées à piocher à droite et à gauche. et le simple fait déjà de s'intéresser Déjà, de se poser des questions, ça peut faire planter quelques petites graines dans les esprits et qui ne demanderont qu'ensuite à germer. Ça revient un petit peu à ce qu'on disait au début par rapport à l'engagement, c'est d'avoir la curiosité de ce qui se passe autour et de se dire qu'à un moment donné, il y a peut-être des choses à faire autres que rester simplement spectateur.

  • Speaker #0

    Moi, ça rebondit un petit peu sur la notion de curiosité. Moi je suis quelqu'un à la base de très curieux, je me suis rendu compte que j'étais de moins en moins curieux au fur et à mesure que j'avais trop de boulot et que j'avais finalement plus l'espace, plus le temps. Moi si j'avais des conseils depuis le fond de ma campagne, c'est vraiment d'enlever les choses, d'épurer un maximum de choses pour faire de la place en nous, pour retrouver l'élan. J'ai l'impression qu'on est tous tellement occupés que finalement on en perd l'élan, on n'a plus le temps d'avoir l'élan, on est déjà acculé en fait. Donc c'est réaménager des espaces pour de nouveau s'émerveiller, de nouveau être curieux, de nouveau être créatif. Et moi je me suis beaucoup ennuyé quand j'étais enfant. Et ça a été vraiment la clé pour devenir quelqu'un de très créatif et très autodidacte et autonome. Et on s'ennuie pas assez. Il n'y a pas assez de vide dans nos vies. Il faut créer du vide pour retrouver l'élan. C'est ce que j'ai constaté pour moi. Et cette semaine je suis en vacances et j'ai retrouvé l'élan de faire plein de petits trucs. que j'avais oublié et que j'adore faire. Dans le jardin, dans le paysagisme, des petits trucs qui ne font pas grossir mon porte-monnaie, mais qui me font avancer, qui font rayonner mon âme, qui font vraiment du bien. Je pense que c'est aussi une des clés. On n'est pas là pour courir après des billets, on est là pour vivre. La curiosité, la créativité, c'est une des clés. Les dimensions principales de l'être humain. Voilà ce que je souhaite à chacun et à chacune.

  • Speaker #2

    Un super message pour terminer. Merci beaucoup parce que j'aurais pu dire la même chose, mais peut-être en moins bien. Merci à tous les trois d'avoir joué les jeux. Merci de nous avoir accueillis, Luc. On espère que cette semaine-là ne s'arrêtera pas là et que ça va ouvrir sur d'autres idées, d'autres collaborations, d'autres échanges, comme l'a dit Myriam. Je pense qu'effectivement, nos territoires ne ressemblent pas à celui-là, mais on a quand même la chance d'être dans un pays... qui est pour une grande partie pas hyper construit. On est très vite aux portes d'une forêt. Regarde chez nous, autour de nous, même au centre-ville de la ville de Luxembourg, il faut très peu de temps pour toucher une forêt. Ce qui n'est pas le cas quand on est dans des agglomérations beaucoup plus vastes comme, je ne sais pas, je pense ici le plus proche peut-être Valence ou Lyon où là tu as des gens qui avant de voir un arbre, il faut qu'ils fassent des mètres et des mètres. On a quand même cette chance, donc c'est une autre évidemment dynamique. C'est pas pareil, mais je pense qu'on peut quand même s'intéresser à ce qui se fait ailleurs pour s'enrichir et à rapporter chez nous, échanger, se dire tiens, lui il fait comme ça, moi je pourrais faire comme ça. Et encore merci de nous avoir ouvert ton lieu. Donc nous, on y a passé un bon moment de ressourcement, même si on a été actifs.

  • Speaker #1

    Très actifs. Et très productifs. Voilà.

  • Speaker #2

    Voilà, donc un grand merci à tous les trois. Et puis... d'une manière ou d'une autre à tout vide, sur les ondes, en vrai, via les réseaux, peu importe.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup. Merci.

  • Speaker #0

    Merci.

  • Speaker #2

    L'autonomie, ce n'est pas vivre en ermite, c'est pouvoir prendre du recul par rapport au système dans lequel nous sommes intégrés, tout en gardant les pieds dedans. C'est un petit peu la synthèse qu'on pourrait faire de ces échanges. Et observez ce qui s'est produit. Jean-Michel interroge les passerelles entre innovation tech et innovation sociale. Luc jongle entre des techniques anciennes, voire ancestrales, et des machines ultra performantes. Myriam navigue entre efficacité individuelle et richesse collective. En somme, chacun nourrit la réflexion de l'autre et au final, nos frontières, nos visions bougent. Et c'est ça, la force des rencontres. Nous arrivons avec des prismes, des croyances, et on repart avec des angles de vue tout à fait inattendus. Et la richesse naît de ces prises de parole qui se croisent et qui élargissent notre compréhension du monde. Vous aussi, vous cherchez cette juste distance à garder votre libre arbitre, mais à oser dire ce que vous pensez tout en restant connecté à ce fameux monde. Contactez-moi et explorons ensemble comment faire entendre votre voix sans qu'elle se noie dans le brouhaha ambiant. Et en attendant, créez du vide, tissez des liens, croisez les regards et l'élan viendra, c'est garanti. D'ici notre prochaine rencontre, je vous souhaite des éclats de voix boules quoi ! Bah oui, boules que boules quoi !

  • Speaker #1

    Les habitants de Boulec,

  • Speaker #2

    le village de la ferme Salam, qui est dans le hameau du Prémartal très précisément. A vos Google Maps, vos cartes routières, Michelin, IGN, et vous finirez bien par trouver vos éclats de voix boule quoi !

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