- Speaker #0
Vous écoutez Éclats de voix, le podcast qui donne envie de s'exprimer, de prendre la parole ou la plume pour défendre ses projets, ses idées, ses convictions et que sais-je encore. Je suis Anne-Claire Delval, ancienne journaliste, consultante en communication et en prise de parole. Je vous ouvre la voie pour oser, comme je le fais, dire ce que vous avez envie de partager au monde. C'est délicieux ! Alors, on y va ! prendre la parole, s'exprimer. Ça reste encore pour beaucoup d'entre nous quelque chose de compliqué, d'anxiogène même parfois, au point que ça finit par être perçu comme presque surnaturel. Mais en réalité, nous sommes tous capables de faire acte de communication. Alors qu'est-ce qui bloque ? Je pense sincèrement que tant que nous porterons des masques, des accoutrements, que nous aurons des attitudes qui sont faites pour répondre aux besoins de l'extérieur et non aux nôtres, il nous faudra à chaque fois faire un grand écart. Et c'est douloureux le grand écart, surtout quand on est raide comme un piquet, comme Mon invitée d'aujourd'hui, Manon Lavoie, nous propose, elle, un merveilleux chemin, celui du retour vers soi, préalable à toute prise de parole ou de position. Ne me demandez pas ni quand ni comment j'ai rencontré Manon qui est québécoise, mais je la suis depuis déjà un bon moment et j'ai participé à plusieurs de ses ateliers. A chaque fois, j'ai vécu une réelle transformation. Alors, j'avais envie de vous la faire découvrir, elle qui est coach certifiée en créativité et en psychologie positive. Parmi ses outils... Manon utilise l'écriture. Évidemment, ça fait écho en moi, puisque je vous propose également et que l'écriture reste, selon moi, une façon de mettre de l'espace entre nos pensées et les mots qui vont se poser sur le papier, de prendre du recul et puis nous permettre de nous réapproprier ce vocabulaire qui, au fur et à mesure que nous allons le modeler, va vraiment finir par nous refléter, nous qui nous sommes vraiment. Manon a écrit un livre. Créer le meilleur de soi pour nous mettre justement en action, en intégrant avant tout des pratiques extrêmement simples. Et en essayant de comprendre non pas pourquoi nous allons mal, mais plutôt qu'est-ce qui fait que nous allons bien. Ecoutez, Manon s'est déjà invité le calme, même dans les moments obscurs. Plonger dans son univers, ça ressemble à In Peace, The Beautiful Chorus.
- Speaker #1
Et c'est ça. Changes,
- Speaker #0
the Langone sleep,
- Speaker #1
we could spend a lifetime trying to figure it out. I'm going to change this now.
- Speaker #0
Light of a clear blue morning, the wailing jetties.
- Speaker #1
It's been a long darkness.
- Speaker #0
Nous ne sommes pas des robots. Pour tout ce que nous écrivons avec cette intention d'élargir notre vision, d'embrasser notre moi le plus intime, ChatGPT ne sera jamais d'un grand secours. Sortir nos poubelles mentales avec l'écriture spontanée pour ressentir un grand soulagement, faire place nette sans se juger, mais c'est tellement libérateur. Avant de prendre la plume ou la parole. Prenez le temps d'accueillir Manu dans votre espace intérieur.
- Speaker #1
Bonjour,
- Speaker #0
merci encore d'avoir accepté de venir nous parler de ton travail. Dans tes propositions, il y a cette notion de l'écriture. Et donc, ce qui m'avait à un moment animée en lisant aussi bien tes propres réflexions que tes avancées, que tes remarques, ton livre sur lequel je m'appuie régulièrement. Mais je m'étais posé la question si toi, tu pouvais effectivement apporter un éclairage. à cette question de l'écriture et en quoi ça, ça peut aider les gens qui se sentent un peu bloqués dans leur prise de parole ou dans leur expression d'eux-mêmes, ça peut déjà enclencher quelque chose en réalité.
- Speaker #1
Définitivement, parce que pour moi, l'analogie de la table de création et ce que j'appelle l'atelier intérieur est quelque chose qui me guide beaucoup. C'est quand je prends place, quand j'ose prendre place à ma table d'écriture ou de création, peu importe, c'est une posture intérieure aussi que je suis en train de prendre. J'accepte de prendre place à mon atelier intérieur, dans mon atelier intérieur. En acceptant d'être là, il y a une présence définitivement, mais aussi une certaine vulnérabilité. C'est quelque chose de tout précieux qui est accessible. Je pense que l'essentiel du travail provient de cette présence-là au vrai. Le vrai étant pour moi tout ce qui peut composer notre table de création intérieure, toute la palette d'émotions, toute la palette de croyances aussi, de valeurs. Quand ça devient difficile, c'est qu'il y a comme un choc de culture entre les croyances, ce qui veut rejaillir de l'intérieur, ce qui veut être dit, ce qui veut être exprimé. Puis là, on met des filtres, on trace des lignes, on se met dans un espace où ça devient difficile de respirer parce que c'est trop petit pour ce qu'on porte à l'intérieur. Les croyances qui nous gardent plus petits ou en sécurité vont faire en sorte qu'on manque d'espace pour respirer parce qu'il n'y a pas de place pour s'exprimer. Alors, d'avoir un terrain de jeu, un terrain d'exploration où c'est un jardin intime où on peut se pratiquer à agrandir ce territoire-là, prendre un peu plus d'espace. respectable et oser exprimer même tout croche, sans déçu des sous, ce qui a besoin d'être nommé. Parce que bien souvent, moi, ce que je remarque, c'est que les gens se demandent quelque part de produire quelque chose de beau, de concluant, de profond, de riche tout de suite. Et en tout cas, je ne connais pas beaucoup d'êtres humains qui sont capables de faire ça de même tout le temps, non-stop. Et ce qu'on fait en amont, le travail qu'on fait en individuel dans notre jardin intime est tellement important. C'est se réchauffer, c'est faire nos gammes, comme quand on joue du piano. C'est important d'avoir un jardin intime où on peut écrire, crier, écrire tout proche et être, moi j'appelle ça un joyeux ou une joyeuse rebelle dans notre propre vie. Je vais écrire, je vais faire des fautes, je vais pas mettre de virgule, je vais... Fais en sorte qu'il y ait quelque chose qui est libéré et un nouvel espace. Bien entendu, après, ça n'empêche pas qu'on puisse se rassembler, créer quelque chose qui est se rassembler soi-même, je veux dire, puis créer quelque chose d'étoffé, de raffiné dans ce qu'on propose aux autres. Mais pour soi, est-ce qu'on a cet espace ? Pour moi, c'est ça le fondement de ma pratique, d'avoir accès à cet espace-là pour soi. Notre atelier intérieur, d'abord et avant tout, pour laisser sortir tel mêle ce qui a besoin d'être nommé et ensuite peut-être faire le ménage là-dedans, puis créer quelque chose qui se partage, si c'est ça le but, bien entendu.
- Speaker #0
Mais tu vois ce que tu disais tout à l'heure sur le fait d'être parfois enfermé, bloqué, il y a quand même une chose que j'aime beaucoup dans ton approche, c'est tes propositions de faire parfois des petites choses. Tu as une pratique dans le livre qui est de faire un cœur par jour ou bien, je ne me souviens plus exactement, mais tu sais, avec des petites cases. Et je trouve que pour des gens qui n'osent peut-être pas parfois, de se dire oui, j'ai besoin de plus d'espace pour m'exprimer, mais ça peut être vertigineux Et là,
- Speaker #1
ça offre malgré tout une sorte de sécurité.
- Speaker #0
Ok, je peux dans ce petit carré commencer pas à pas, parce que finalement, il faut que j'assure mes arrières quand même, et sans forcément vouloir faire quelque chose, comme tu le disais à l'instant, de beau, mais au moins quelque chose où j'ai l'impression que… Je peux.
- Speaker #1
Merci de le nommer parce que la puissance des petits gestes répétés est souvent sous-estimée. C'est trop petit, trop anodin pour avoir de la valeur et pourtant. Donc, l'invitation ici est à s'offrir l'équivalent d'un carré de chocolat par jour. Donc, physiquement sur une page, ça ressemble à des petites cases qu'on trace puis tu dis est-ce que je suis capable de m'offrir cet espace-là par jour, un pouce carré par jour ? Et à l'intérieur de cette case-là, je peux faire ce que je veux. Donc ici, c'est les mots qui nous relient. Et si j'écrivais... à l'intérieur de ça, à chaque jour, pour déjà instaurer une pratique, une présence. Et à travers tout ça, j'ai le droit d'écrire 15 cases, si je veux, parce que c'est ça en ce moment. J'ai le droit d'écrire un mot dans ma case aussi, si c'est juste ça. mais pour moi, ça équivaut à se poser la question Est-ce que j'ai été là pour moi, une case, au moins une case pour moi aujourd'hui, à travers tout le reste ? Ou à travers, justement, ce que je ressens en dedans de moi qui aimerait donc écrire un livre, par exemple. Et ça, c'est un mont Everest. Oui. Est-ce que je peux commencer à avancer dans cette direction-là et tranquillement gravir cette montagne-là avec cette analogie des petites cases ? Donc, ça ressemble à quoi ? Sans être sur papier, si on veut commencer à écrire un livre, par exemple, de s'asseoir et de se dire, OK, je m'offre 5, 10, 15 minutes par jour. Et dans ce 5, 10, 15 minutes par jour, au choix, il faut que ça soit petit parce que je dois pouvoir maintenir mon engagement. Si c'est trop gros, une heure, même une demi-heure, ça peut faire en sorte que je me faufile et je ne sois plus là. Fait que cinq minutes, par exemple, ah tiens, pour commencer, ça va. Cinq minutes, c'est bon. Fait que je peux écrire pendant cinq minutes ou même deux minutes ou une minute, mais je suis en train de créer un chemin, un engagement, un lien envers ce qui est important pour moi. et c'est pas vrai que c'est trop petit, c'est au contraire. Parce que si je me mets mon objectif de 15 minutes, supposons, puis qu'il n'y a rien qui sort ce jour-là, je suis devant mon ordinateur, il n'y a pas un mot, mais que je maintiens mon engagement quand même, c'est-à-dire ma présence, je suis présente. à ma table, devant mon ordinateur. Puis ça se peut très bien qu'à un moment donné, après 10 minutes, je sois vraiment tannée de regarder mon écran blanc me refléter ça. Puis peut-être que je vais écrire une phrase, un mot, ou peut-être que je vais commencer à écrire sans me casser la tête, à dire, OK, est-ce que c'est beau, pas beau et tout ? Et qu'accumulé comme ça, on finit par... atteindre notre objectif. En fait, moi, quand j'ai écrit mon premier livre, c'est ça qui s'est passé. J'ai pris des petites cartes. Tu sais, des petites cartes quand on fait des présentations orales, des conférences et tout. Puis, j'avais écrit sur chacune des cartes des thèmes, des idées que je voulais couvrir. Donc, tu sais, dans l'ordre et le désordre, ça, je me suis dit, OK, ça va, ça, je suis capable de remplir cette commande-là. C'est quoi toutes les idées qui m'habitent, de quoi j'ai envie de parler. Fait que j'avais accumulé plein de petites cartes. Ensuite. j'avais pris du tape coloré, du washi tape, c'est du petit ruban adhésif tout mignon, et je m'étais fait un code de couleur, je m'étais dit, OK, ça, c'est les partages que je veux faire, ça, c'est la science derrière, ça, c'est les exercices, les projets de création que je pourrais faire faire, puis ça, c'est les citations que je pourrais utiliser. Fait que j'avais mon code de couleur. Puis à chaque matin, à l'époque, mes enfants étaient petits, donc je me levais très, très tôt, puis... j'avais mon ordinateur, j'avais ma petite boîte avec mes petites cartes, puis je tirais une carte au hasard, puis je me disais, ah, OK, c'est là-dessus que j'écris aujourd'hui. Donc, à coup de, tu sais, quelques heures le matin, bien, j'ai avancé comme ça mon livre jusqu'à un jour avoir 300 quelques pages d'écrites, puis je me disais, oh, OK. Puis après ça, bien, on peut faire le travail d'assembler, de créer un fil conducteur, mais... ça s'est créé à petits pas, à petits moments comme ça. Parce que si j'arrive devant mon ordinateur et je me dis de quoi je vais parler ?
- Speaker #0
je suis encore en train d'y penser c'est intéressant comme démarche parce que justement j'allais te demander il est très riche ce livre que tu as écrit pour moi c'est une bible il y a plein de post-it partout dessus il est corné dans tous les sens depuis que je l'ai et je trouve que c'est quelque chose on sent effectivement maintenant que tu en parles ce travail peut-être que tu as fait de manière découpée parce qu'on peut y entrer pas mille et une portes on n'est pas obligé de le lire du début à la fin On peut revenir sur un exercice, repartir, se plonger dans des explications. Et je trouve qu'il a ce côté à la fois profond et léger. Et ça, j'aime bien aussi dans la manière dont tu nous guides quand tu proposes tes activités. Parce que quelque part, j'ai souvent l'impression, et tu l'as dit, qu'on veut se mettre une barre tellement haut, faire tout de suite quelque chose d'extraordinaire. Les premiers ateliers que j'ai fait avec toi, je me souviens, il y en a quelques-uns, mais en fait, je n'ai jamais fini. Le truc est toujours resté en plomb. en plan pardon, mais j'étais content d'avoir participé au processus de création et de se rendre compte que on peut, même si justement on n'a pas tous non plus les mêmes talents, les mêmes facilités, et que par un biais ou par un autre, finalement ce qui est important, c'est de se retrouver soi d'abord pour ensuite communiquer vers les autres.
- Speaker #1
Oui, oui, oui, à 100%. Puis, juste revenir sur la notion de don, de capacité. En fait, moi, je préfère le nommer comme des intérêts aussi, en veillant à être honnête envers soi. Ce que je veux dire par là, si j'ai un intérêt, exemple, pour la peinture, le collage, mais que là, à mes yeux critiques, je me compare aux autres, je n'ai pas de talent, mais que malgré tout ça, ça m'interpelle, pour moi, ça a autant de valeur. Mais je pourrais voir ça et dire, ah, mon intérêt, c'est pour, je ne sais pas, la poterie à la place ou l'écriture, parce que c'est plus rassurant. Comme tu le nommes si bien, pour moi, l'important, c'est le processus, vraiment, sincèrement, au-delà du produit fini. Et même à ça, le produit fini, en tout cas dans mon univers, parce que mon but, ce n'est pas de créer des expositions, ou qu'on soit exposé, ou peu importe, ou qu'on devienne tous des artistes professionnels, pas du tout. En fait, moi, tout ce que je crée, ce n'est pas à vendre. C'est tellement intime. Je veux dire, c'est comme un journal intime. Ça ne se vend pas. Mais il y a des choses qui, au point de vue artistique ou créatif, ne sont pas terminées et pourtant, l'essentiel est là. Et moi, j'ai appris avec les années à être 100 en paix avec... J'ai plein de trucs qui ne sont même pas terminés. Et pourtant, il y a des participantes qui se mettent de la pression à dire je devrais peut-être avoir terminé Puis je me dis vous pensez que moi, tout est fini, mais non, au contraire Et pour moi, c'est le reflet de la vie, ça doit rester vivant. Si mon énergie m'appelle ailleurs, mon inspiration m'appelle ailleurs, c'est ma tâche d'écouter. Je dis souvent, devenez des petites abeilles qui vont aller butiner d'une fleur à l'autre. Puis, ce n'est pas vrai qu'on est obligé de siphonner le pollen d'une seule fleur jusqu'au bout avant d'aller voir une autre fleur. l'heure, en fait, c'est même pas ça. On en prend un peu, on en prend un peu. Et qu'est-ce que ça crée ? bien, ça pollinise. La vie est rejaillie versus si je m'entête à faire juste une chose. Et ça, c'est une ligne qui est mince parce que dans tous les projets qu'on fait, écriture ou peu importe, combien de personnes me disent Ah, j'aimerais ça faire telle chose, mais je ne peux pas parce que j'ai commencé un autre projet, je ne l'ai pas terminé. Puis finalement, il n'y a rien qui avance parce que je n'ai pas le goût de faire ce projet-là. J'aimerais ça faire celui-là, mais je m'empêche de le faire parce que je n'ai pas fini. Je veux dire, ça n'a aucun sens. versus dire, tu vois, je suis la version actuelle qui a amené le projet jusqu'à cette étape-là. Maintenant, mon énergie est demandée ailleurs, je vais l'avancer. Et probablement qu'une version future sera appelée à apporter ce projet-là au résultat final, exemple, si besoin il y a. Fait que de ne pas se mettre de pression avec ça.
- Speaker #0
Et ça, c'est une façon de voir les choses qui est pertinente et je trouve à partager. parce que souvent, les gens s'entêtent dans une direction parce qu'ils veulent absolument avoir, si on fait un parallèle avec l'entrepreneuriat ou le fait de devoir s'exprimer, il faut absolument que je fasse un beau discours ou il faut absolument que je résolve tel, tel, tel souci, que mon site ressemble à ça, ça, ça. Et en fait, à un moment, comme tu viens de le dire, parfois notre énergie, elle n'est plus là pour ce projet. Et on va pouvoir le nourrir en passant par un autre. Et malheureusement, dans la plupart des cas, on ne se l'autorise pas. Du coup, qu'est-ce qu'on fait ? On perd un temps dingue, me semble-t-il. Et beaucoup de frustration se ressent ensuite parce qu'on voudrait, on voudrait, on n'y arrive pas. Et parfois, mettre pause, partir ailleurs, utiliser notre technique, permet finalement de revenir à ce qu'on voulait aller peut-être jusqu'au bout. Ou peut-être qu'en fait, ce projet n'est pas appelé à aller au bout.
- Speaker #1
Oui, puis encore là, c'est important, ça demande d'être honnête et franc envers soi-même. Parce qu'il y a des projets, exemple, je reviens avec le projet du livre, qui demandent beaucoup d'énergie, qui sont difficiles. Ah, très difficiles. La façon que je l'ai appliqué, exemple, dans l'écriture de mon livre, quand ça devenait tellement difficile d'écrire, au lieu de me punir et de rester là juste pour dire Ah, je vais saigner, là, ça va être... il faut que j'écrive j'allais voir ailleurs si j'étais là. Donc, je me levais, j'allais faire du ménage un peu, mais en sachant que l'intention était là de dire Ok, je vais aller respirer Je vais aller peut-être créer, j'ai fait de la peinture, j'ai fait un collage pour peut-être exprimer ce que je ressentais, cette frustration d'être bloquée et je revenais. transformé. Je n'étais plus la même personne qui était en train d'agoniser devant son écran. Mais je ne l'ai pas fait parce qu'on peut aussi procrastiner, on va dire, positivement. Ma maison n'a jamais été aussi propre que quand il fallait que j'écrive mon livre parce que il fallait que je fasse le ménage, etc. Donc, on peut aussi se perdre comme ça. Donc, ça demande quand même une écoute intérieure avec un pourquoi. Quoi suffisamment solide et fort ? Pourquoi je fais telle chose ? C'est quoi notre grand pourquoi qui nous ramène à ça ? Mais à travers tout ça, de ne pas non plus s'enfermer, se clouer, se visser à notre chaise et de dire que tu n'as pas le droit d'aller respirer ou de vivre ou de rire tant que tu n'as pas terminé ça parce que c'est comme ça. On apprend beaucoup aussi. comme ça à l'école, dire OK, il faut bien faire les choses, travailler. Moi, l'archétype de la joyeuse rebelle, je l'aime profondément parce qu'elle dit, ah non, je suis libre, mais je sais pourquoi, je sais dans quelle direction je m'en vais, puis je sais ce qui est important pour moi. Je l'honore.
- Speaker #0
Il y a une chose aussi que j'ai entendue, alors je t'avoue que je ne me souviens plus de la citation précise ni qui l'avait dit. Mais c'était quelque chose qui revenait à exprimer le fait que, on parle souvent d'inspiration, mais rarement... L'inspiration arrive comme ça, ou ça peut, mais il y a aussi cette idée qu'elle va venir parce qu'on va entretenir une sorte de, ce que Sébastien Henry appelle une joyeuse discipline, où on va, c'est un petit peu ce que tu expliques là, il y a effectivement, j'imagine, un curseur à poser entre la procrastination et l'obstination. et puis comme tu disais la première chose qui m'est venue en tête quand tu parlais d'aller faire ton ménage c'est que quelque part faire ton ménage en vrai c'est faire ton ménage dans ta tête et donc revenir plus frais naturellement mais je pense que ça demande aussi et tu l'as bien développé quand même cette rigueur mais pas rigueur au sens de rugosité ou d'acharnement mais quand même de répétition si on veut à un moment donné c'est comme vouloir jouer du piano ou du violon ou avoir une performance sportive, il va falloir quand même passer par l'étape répétition et parfois un petit manque de motivation.
- Speaker #1
Oui, c'est normal, c'est humain. Moi, il y a une citation, et là, moi aussi, j'oublie le nom de l'auteur, mais la discipline, c'est se souvenir de ce qui est important pour soi. C'est donc de revenir à soi. J'ai un atelier sur l'écriture introspective qui s'appelle Cultiver une vie inspirée Et ce que j'ai remarqué, c'est qu'il y avait plusieurs participants qui disaient Ah, j'abandonne toujours ma pratique, j'y reviens, mais je l'abandonne toujours, je ne suis pas constante. Puis là, on s'autoflagelle et tout, puis je dis Hé, deux minutes, là ! la discipline ici, moi, il y a des jours où je ne vais pas écrire et je suis OK avec ça, il n'y a pas de souci. Maintenant, je sais que cette pratique-là est importante pour moi. Donc, quand j'y reviens deux, trois jours après, je suis là, c'est tout. Donc, je me souviens de ce qui est important pour moi et je maintiens le fil rouge de ma pratique comme ça. Donc, pour un projet, c'est la même chose. Donc, de se donner un peu d'espace pour respirer, on en revient à élargir un peu cet espace-là où on peut s'exprimer. Et aussi, ce qui est important, c'est que, comme je le nommais, il y a des moments où on a besoin de maturer un peu, ne serait-ce que 5-10 minutes plus tard, on est une version future de soi. Donc, on co-crée avec différentes versions de soi-même comme ça, en se donnant la possibilité. de faire autre chose et de revenir. On est rafraîchi, comme après le... On a fait le ménage dans la matière, mais on a fait le ménage dans notre tête, donc on n'est plus la même personne. Et ça, c'est important.
- Speaker #0
Il y a dans ton livre une chose que j'ai beaucoup aimée, c'est écrire au milieu du chaos. Tu parlais de tes enfants quand ils étaient petits, c'est aussi à cette période-là que tu expliquais que tirailler entre l'un qui a besoin de manger et l'autre qui réclame un jeu, c'était ta manière à toi de pouvoir profiter de ta journée, de te déposer et d'avancer aussi. Est-ce que c'est quelque chose que tu maintiens encore aujourd'hui ? entretien ou est-ce que tu es passée à autre chose ?
- Speaker #1
Non, non, ça fait partie de ma vie. Mais c'est drôle, tu me rappelles des douze souvenirs. Je veux dire, ma plus jeune, je l'allaitais encore. Puis maintenant, elle a 15 ans. Donc, écrire en plein cœur de la vraie vie, en plein cœur du chaos, pour moi, c'est un acte de joyeuse rébellion. de dire que je serai mon propre point d'ancrage à travers le reste. C'était important pour moi de me l'offrir et non plus de le mettre au futur conditionnel. Donc, je prendrai le temps quand j'aurai X, Y, Z. Et honnêtement, ce temps-là n'arrive jamais quand on ne le prend pas. J'ai pris un engagement envers moi de dire, Regarde, c'est ce que j'ai en ce moment. C'est ce qu'il y a à ma table de création en ce moment. J'ai trois jeunes enfants. Je les adore. Et en même temps, c'est important pour moi de rester connectée à moi et de me sentir vivante en tant que femme. Donc, j'ai pris ces temps-là où je pouvais. Parfaitement imparfait, tout croche. et bien maintenant c'est sûr que ça s'est transformé parce que ça dort ces enfants-là il y a 15 ans ils dorment on est passé de tout l'un à tout l'autre n'est-ce pas oui maintenant ils ont 15, 18 et 20 ans c'est sûr qu'ils ne viennent plus me demander pour faire le petit déjeuner ça fait longtemps mais je suis contente d'avoir instaurer cette pratique-là parce que maintenant, ma vie change aussi. Je vis autre chose. Le plus vieux se prépare à partir en appartement. C'est des grands changements. Je suis là pour m'accompagner moi-même. Pour moi, ça se fait le matin. Mais ce n'est pas une obligation ou une religion de dire c'est le matin qu'il faut faire ça. Pour moi, ça nous parle. Il y en a qui disent que ça va être le soir. Moi, le soir,
- Speaker #0
et tu vois. on est d'un côté et de l'autre de l'Atlantique et on est d'un côté et de l'autre du cadran parce que moi c'est le soir quand tout le monde est couché qu'il n'y a plus de bruit j'aime bien prendre ce temps avant d'aller m'endormir et de me mettre dans le lit c'est des énergies différentes on se complète bien et les enfants qui sont partis et le vide que ça peut commencer à laisser aussi j'entrevois je me disais Mon dernier vient d'avoir 18 ans, l'année prochaine il va partir, les trois autres, parce que moi j'en ai quatre, sont partis et je me disais oh non, le syndrome du nid vide, ce ne sera pas pour moi Et puis là, je ressens que quand même, il va y avoir un passage et avoir ces pratiques qui sont déjà ancrées en nous, je pense que ça nous permet de traverser aussi ces moments de doute, ces moments de difficulté de manière moins abrupte, on est moins prise à la gorge émotionnellement, je pense.
- Speaker #1
En fait, deux choses, il n'est jamais trop tard pour commencer. L'autre chose, c'est qu'effectivement, quand on a une place où on peut nommer les choses, il y a un espace pour être dit au lieu de ravaler ou d'éteindre ou de se couper de ce qu'on ressent.
- Speaker #0
on laisse les émotions avoir leur place. Je pleure dans mes carnets depuis qu'Anthony nous a annoncé qu'il partait en appartement. Ça fait vivre le grand paradoxe de la vie, de l'amour. Mon Dieu, je suis tellement fière de le voir déployer ses ailes. En même temps, j'ai mal. C'est un deuil. Ça, ça m'appartient. je l'écris, je le dessine, j'ajoute des images pour accueillir ça, puis passer à travers ces étapes-là de deuil. Ça revient à ce que tu disais au départ, d'avoir un espace pour exprimer.
- Speaker #1
D'ailleurs, dans ton livre, il y a un autre exercice que j'aime bien qui s'appelle O, ses voix et où on est invité à... à crayonner comme on peut et qu'on mette nos voix sur le papier pour les faire parler, pour que les critiques, les rebelles, les colériques, les que sais-je qui nous animent constamment, aient une place, qu'on puisse les reconnaître. Et ça, je trouve que c'est tellement thérapeutique et tellement salvateur et tellement libérateur de faire ça que je pense que quand on est bloqué dans un processus personnel, Ce sont des choses que tu l'as exprimé à un moment donné aussi dans ce que tu disais, c'est la simplicité finalement. Revenir à des choses simples mais qui nous permettent de lâcher et de faire notre propre deuil, notre propre travail de deuil d'avancement en fait. On renonce chaque jour à quelque chose de la veille, mais avoir ce recul sur soi et sur ce qui nous environne, je trouve que c'est quand même un précieux cadeau qu'on peut se faire.
- Speaker #0
Oui, puis moi, dans cette pratique-là, d'illustrer les voies intérieures. Et là, c'est important de nommer ici, quand je dis illustrer, ça peut être des petits bonhommes à lui mettre. Et plus ils sont laids, plus c'est drôle. Et plus ça nous sort de cet état-là d'adulte, je veux dire, un peu plus rigide, qui dit Ah là, je devrais, je devrais, je devrais ci, je devrais ça, je devrais me sentir comme ci, pourquoi je me sens comme ça, ou blablabla. Et là, de l'illustrer, puis il y en a un dessin, entre autres, que je fais souvent, c'est juste comme une ligne un peu aplatie avec des yeux, une bouche, quand je me sens comme une marmotte aplatie, plus d'énergie, ou en train de me dégonfler, dire Ah, au secours, la vie, c'est difficile ! Bon, OK, t'es là. Juste la dessiner, ça me fait rire, ou sourire en coin, dire Ah, OK, je te vois. Oui, je pense que... En fait, en quelque sorte, par l'humour, on peut dédramatiser des états tout en les accueillant. C'est ça qui est ça. Je veux dire, je me sens comme ça en ce moment. Voilà, ça exprime bien comment je me sens. Donc, il y a la phase d'acceptation, c'est d'observer ce qui est là, puis de dire, bon, bien, ensuite, qu'est-ce que je peux faire ? Qu'est-ce que j'ai envie de faire ? Qu'est-ce qui serait possible intérieurement ? Parfois, quand je ne peux pas rien faire extérieurement, mais je peux quand même changer ma posture intérieure. ou mon discours intérieur. Et là, de l'illustrer, mais dans toute sa simplicité, comme tu l'as dit, ça amène un vent de fraîcheur là aussi. Ça dédramatise, ça permet de sourire ou de rigoler un peu et de retrouver notre élan de vie, en quelque sorte.
- Speaker #1
Qu'est-ce que tu conseillerais aux gens pour enclencher ce processus ? Évidemment, suivre tes propositions, parce que même si on n'est pas du bon côté de l'Atlantique, tu proposes plein de choses en ligne qui sont très souples. Il y a des choses régulières, des choses qu'on peut faire à notre rythme, des choses qu'on peut refaire. Donc, il y a toute une super panoplie d'offres. Mais, et puis, il y a aussi ton livre qui est vraiment, enfin, franchement, je le recommande à tout le monde. Qu'est-ce que tu suggérerais à ceux qui nous écoutent pour enclencher quelque chose ?
- Speaker #0
Déjà, si les gens ont écouté jusqu'à ce point-ci de l'entrevue, c'est qu'il y a quelque chose qui vibre à l'intérieur. Et on peut commencer par se poser la question, dire OK, moi, comment ma créativité s'exprime ? Parce qu'on a toute notre façon. Et ça se peut très bien que la réponse soit Hey, je ne sais plus ou Je ne sais pas Ou c'était peut-être les mots, mais là, maintenant, j'écoute, je me dis Oh, il y a peut-être d'autres façons Et déjà de remarquer ce qu'on fait déjà, qui nous apporte de l'énergie. Donc pour certaines personnes, c'est de cuisiner, jardiner, décorer la maison, déplacer les meubles, s'habiller. C'est l'expression de qui on est dans le fond. La créativité, c'est ça. Donc ça, c'est la première chose, parce qu'à travers tout ce qu'on a à faire dans un quotidien qui est fort chargé, de se demander d'en faire toujours plus, ce n'est pas ça le but du tout. Il y a un travail de reconnexion à soi, puis de constater, de voir ce qu'on fait déjà, puis ce qu'on a déjà fait, puis qu'on a peut-être relégué aux oubliettes qu'on a mises dans des petites boîtes en disant, bon, ça, ça appartenait à tel chapitre de ma vie maintenant. et peut-être de ressortir ça, puis dire, ah oui, c'est vrai, j'aimais faire de la photo, et si je recommençais, ça ressemblerait à quoi ? Puis, est-ce que j'aurais envie, besoin d'un espace qui me permette de créer une espèce de cadre soutenant qui permette de remplir cet engagement-là ? Pour moi, de mon côté, quand j'offre des ateliers en live, en présentiel, même par Zoom, il y a un rendez-vous. C'est plus facile pour certaines personnes de dire, regarde, j'ai un rendez-vous, donc je me glisse dans ma pratique personnelle. Pour d'autres, ça pourrait être, je ne sais pas moi, ouvrir un compte Instagram avec un pseudonyme. Tu es totalement anonyme et tu partages tes photos. À la limite, on s'en fout qu'il y ait du monde qui te voit, mais tu postes, tu publies. Moi, c'est comme ça que j'ai renoué avec mes mots en 2008. Oui, c'est ça. Moi, j'ai travaillé en communication dans des grandes entreprises. Je faisais des communiqués de presse, des brochures pour... Toutes sortes de choses qui ne me ressemblent pas, mais bon, j'aimais écrire. Et là, je me suis dit, mais moi, mes mots, ils ressemblent à quoi ? Qu'est-ce que j'ai envie de partager ? Donc, j'avais ouvert un blog à l'époque et je m'étais dit, OK, je vais partager un billet par jour. Donc, ça m'obligeait à observer ma vie, mon quotidien. Donc, il y avait comme un double objectif, c'est de me ramener dans le moment présent et regarder ce qui se passe dans ma vie, honorer ce qui est là. Et ensuite, écrire, partager. Ça a été le début de ma nouvelle vie, je veux dire, parce que je l'ai fait pour moi, mais avec un contenant où il y avait comme en même temps comme une douce discipline, on va l'appeler. Alors ça, c'est quelque chose qui est super important. La dernière chose que j'ai envie de nommer, c'est prenez-vous, si vous n'en avez pas déjà, un carnet, crayon et soyez là pour vous. On écrit pour avoir un espace où on peut nommer comment on se sent. Comment on a envie de se sentir et ce qu'on se souhaite, et on documente, on laisse des traces de notre vie. Et on a le droit de ne pas bien écrire, on a le droit de râler, de dire les mêmes choses jour après jour, et à un moment donné dire ok, c'est assez et on avance comme ça. Et on peut gribouiller, on peut essayer, on peut trouver ça affreux, laid, et quand même, on existe. On peut s'accueillir là-dedans. Puis oui, effectivement, dans mon livre, il y a plein de belles pistes de réflexion qui peuvent venir alimenter cette pratique-là, pour s'accueillir, se voir, se découvrir et grandir en profondeur comme ça. Parce que moi, le but dans tout ça, pour moi d'abord, et dans ce que je transnets, c'est de vivre avec un grand V. Pas un grand V taux de vitesse, mais en profondeur. ma vie, donc, toi, ta vie, ressemble à quoi, à goûter quoi, pour que ça goûte quelque chose, qu'on sente vibrer, sentir vibrante, et ça, la science vient m'appuyer là-dedans, en ce sens que... L'élément créatif, donc transformer la matière, ne serait-ce que crayon, papier, on transforme, il y a quelque chose de nouveau qui est créé, ça donne un sens à notre vie. Ça permet de transcender la pensée, ça permet de grandir et on est les seuls mammifères qui seront capables de faire ça de cette façon-là. Et c'est vraiment l'élément manquant bien souvent. on fait tout bien, on mange bien, on dort mieux, blablabla, il manque quelque chose, mais c'est l'élément créativité. Mais pour ça, il faut renouer avec la petite part de nous qui a confiance, qui dit, moi, j'ai... Juste observer les enfants devant des crayons, papier, prennent le rouge, ils prennent le rouge, ils ne sont pas en train de dire, je vais-tu être bon ? Est-ce que c'est le bon rouge ? Non, ils prennent le rouge, ils mettent du rouge. et c'est la plus belle chose que moi je peux voir de ma vie, un enfant qui crée. Moi, mon but, c'est aussi qu'on puisse se donner cette liberté fondamentale d'être et de créer.
- Speaker #1
Wow, ben franchement merci beaucoup pour ce riche échange, ce bel entretien. Je suis extrêmement flattée que tu aies accepté de participer au podcast. Je suis très heureuse aussi de pouvoir te faire connaître parmi les gens qui m'écoutent parce que je trouve que grâce à toi, il y a plein de choses qui ont changé du jour où j'ai commencé à suivre tes ateliers. Et j'ai envie qu'il y en ait d'autres qui en profitent tout simplement.
- Speaker #0
donc merci merci beaucoup pour tout merci à toi merci pour le travail qu'il te fait
- Speaker #1
Encore mille merci à Manon pour cet entretien et au moins autant à vous pour nous avoir écouté jusqu'ici. Je suis convaincue que vous terminez cet épisode avec des idées à mettre en place, alors allez-y, jetez-vous à l'eau, n'attendez plus. Partagez avec moi, avec Manon aussi, ce que vous avez expérimenté, ce qui vous a libéré, ce qui vous a ouvert de nouvelles voies, V O I E S, mais peut-être aussi de voies V O I X. Si vous avez besoin d'être davantage guidé et soutenu dans votre démarche, je suis à votre disposition, soit sous forme de coaching individuel, d'atelier collectif. Vous pouvez vous rendre sur mon site, anne-claire-delval.com, pour plus de renseignements, d'informations. N'hésitez pas à me contacter. N'hésitez pas non plus à partager cet épisode sur les réseaux sociaux, à en parler autour de vous, à lui mettre bien évidemment le nombre d'étoiles suffisant qui le fera briller au plus haut des cieux. Je vous donne rendez-vous dans quinze jours pour d'autres joyeux éclats de voix.