- Speaker #0
Bienvenue dans Éclats de voix, le podcast où les prises de paroles engagées résonnent comme des déclarations d'indépendance. Je suis Anne-Claire Delval, ancienne journaliste, votre complice pour transformer vos murmures en manifestes, vos doutes en affirmations puissantes. Alors, préparez-vous à libérer votre voix parce que dire plutôt que taire, ce n'est pas seulement un choix, c'est une Révolution ! Est-ce que vous avez déjà hésité devant une page blanche ? Ou bien peut-être est-ce que vous vous demandez comment est-ce que vous allez devoir adapter votre plume à différents contextes, rapports professionnels, récits personnels, messages qui doivent capter votre audience ? L'écriture, c'est vraiment un outil de communication puissant, accessible à tous. mais dont les codes varient. Alors qu'elles soient journalistiques, littéraires, institutionnelles, créatives, chaque forme d'écriture possède ses propres règles, ses contraintes, ses libertés. Abordons-les donc avec l'expérience précieuse de Jean-Michel Gaudron dont le parcours éditorial est à la fois riche et diversifié. Il sera notre capitaine pour une croisière au fil des diverses formes d'expressions écrites. et que vous souhaitiez améliorer vos communications professionnelles, vous lancez dans l'écriture créative ou simplement exprimez vos idées avec plus d'impact. Il va vous donner quelques petites clés pour oser prendre cette plume et faire résonner votre voix unique sur le papier. Et le tout dans un cadre cosy qui se prête particulièrement à l'exercice puisque nous sommes au Café littéraire Le Bovary. qui regorge d'ouvrages en tout genre, dans toute langue et dans tous les recoins. Une vraie mine d'or. Eh bien, Gilberto, merci beaucoup de nous accueillir aujourd'hui pour enregistrer le podcast Éclats de voix avec Jean-Michel Gaudron, qui viendra dans vos locaux le 25 mars prochain pour un apéro littéraire. Et ce sera l'occasion pour lui de présenter son dernier roman qui s'appelle « Et si » . Vous nous parlez un petit peu du Bovary ?
- Speaker #1
Le Café littéraire Les Beauvaries, c'est surtout un projet d'amour. C'est littéraire, c'est artistique, on aime bien la musique, on reçoit beaucoup de musiciens, on reçoit beaucoup d'écrivains, on fait aussi la petite restauration. C'est ça en fait, c'est pour faire que les gens se sentent comme à la maison, c'est pour donner quelque chose de bien à manger, quelque chose de simple, pour proposer un cadre chaleureux aux gens. C'est ça, une place où on essaie de faire les gens se sentir accueillis, quelque chose de différent, hors du standard, des tables blanches. Et voilà, un coin comme chez la grand-mère, amener les gens chez soi et faire les gens se sentir aussi chez eux.
- Speaker #0
Alors, prêt à libérer l'auteur qui sommeille en vous ? C'est parti ! Coucou Jean-Michel.
- Speaker #2
Coucou Anne-Claire.
- Speaker #0
Alors, faisons un petit bilan. 25 ans de journalisme, donc à peu près une dizaine en tant que rédacteur en chef. Trois recueils de nouvelles, deux romans, une biographie, des tonnes de petits mots écrits ici et là, des messages à droite à gauche, du content actuellement pour Lux Innovation. Ça en fait des kilomètres de papier noirci. Alors quand... Tu passes de l'écriture de fiction au journalisme ou inversement, est-ce que tu as l'impression de ressentir une libération ou plutôt le vertige de la page blanche ? Est-ce que c'est comme changer complètement de costume ou simplement enlever une cravate ?
- Speaker #2
Alors le vertige, ça m'arrive parfois de l'avoir quand je suis un petit peu en altitude, en hauteur, pas sur une chaise mais un petit peu plus haut. Mais non, devant la page blanche en fait, je n'ai vraiment jamais de vertige. Par rapport à l'image, je dirais que c'est plutôt effectivement changer de costume que simplement retirer une cravate. C'est toujours intéressant, je trouve, de pouvoir faire découvrir une autre facette assez différente, peut-être un peu plus innovative dans la façon d'écrire ou un petit peu plus originale. En tout cas, quand on passe du journalisme qui est assez rigoureux, entre guillemets, à l'écriture de fiction.
- Speaker #0
Ok, alors... On dit souvent que le journaliste court après les faits, tandis que le romancier les invente. Dans ton expérience, les deux mondes, est-ce qu'ils sont vraiment aux antipodes ou bien est-ce qu'ils se nourrissent finalement l'un de l'autre ?
- Speaker #2
Pour répondre, j'ai envie de citer un ex-collègue, Alain Ducas, qui a été mon adjoint lorsque j'étais justement rédacteur en chef de Pepper Jam, et qui disait souvent que tout est dans tout. Donc effectivement, les deux sont très étroitement interconnectés, liés. D'un côté... En tant que journaliste, je trouve que c'est bien de pouvoir glisser un petit peu de romanesque, ou en tout cas un petit peu de qualité littéraire dans les articles. Mais c'est bien aussi de glisser un petit peu de rigueur dans des récits de fiction, de manière à ce que le lecteur s'y croit au maximum. Et donc, je ne pense pas qu'il faille opposer l'un à l'autre. Je pense que les deux sont hyper complémentaires. Et d'avoir justement la possibilité ou la chance de glisser un peu de chaque... qu'un dans l'autre, c'est vraiment idéal comme situation.
- Speaker #0
C'est intéressant de voir ça sous cet angle-là. Et alors, je profite du petit moment que tu me laisses là pour refaire un coucou à Alain Ducas, parce que tu as dit que c'était ton adjoint. Je tiens quand même juste à rappeler qu'à un moment, il t'a carrément remplacé et que c'est grâce à lui que j'ai découvert que nous étions quasiment jumeaux astrologiques. Salut Alain. Revenons à nous, Mouton. Pour co-écrire, puisque nous l'avons fait ensemble, une biographie. On a un peu jonglé effectivement là aussi entre la rigueur journalistique et puis une sensibilité littéraire qui n'était d'ailleurs pas forcément la même entre nous. Alors comment est-ce que toi tu as ressenti ce point d'équilibre qu'on peut essayer de trouver toujours entre le moment où on voudrait que la personne prenne vie sur le papier et pas non plus vraiment trahir sa vérité ?
- Speaker #2
Alors je dirais que pour reprendre l'image de la jonglerie, je rajouterais une troisième balle dans le... Dans le cas précis des biographies, c'est la capacité de pouvoir se mettre dans la peau de la personne sur qui on écrit, puisque c'est à la fois le sujet du livre, mais c'est un petit peu à la fois aussi l'âme de ce livre. Donc c'est important, voire indispensable, de pouvoir vraiment rentrer dans la peau du personnage, puisqu'on va quelque part parler pour lui, donc ça nécessite là aussi ce côté d'un petit peu d'adaptation. Et après, oui, ce qui captera le lecteur, du moins, c'est l'objectif, l'ambition quand on écrit une biographie, c'est à la fois la véracité, la rigueur des propos rapportés ou des événements qui sont relatés, et en ajoutant cette petite touche humaine directement liée au sujet de la biographie. Et là encore, c'est un mix indispensable pour faire en sorte que ce récit biographique soit le plus attractif possible.
- Speaker #0
On se rejoint tous les deux sur cette notion d'humain à travers les écrits et le lien important qu'on peut avoir avec nos lecteurs ou en l'occurrence la personne qu'on a présentée. Et en plus, on a parlé de cette biographie, sans dire qu'il s'agissait de Moyen, Norbert Friob, coucou à toi, auquel on pense bien. Et justement, on avait mis dans cette biographie tout ce mélange dont tu viens de parler entre les choses factuelles et lui. l'énergie qu'il déployait et qu'on avait envie de retranscrire. C'est intéressant de naviguer entre ces deux eaux en tout cas. Alors aujourd'hui, tu es maintenant responsable de contenu pour l'agence Luxinnovation, l'agence de l'innovation au Luxembourg. Tu défends donc quelque part les idées d'une institution ou d'un certain nombre de clusters, comme on dit. Est-ce que tu as l'impression que ta plume personnelle trouve encore de la place dans ces écrits ? Ou bien est-ce qu'elle doit s'effacer au profit d'une voix plus collective ?
- Speaker #2
Alors clairement, le message porté est évidemment extrêmement structuré, extrêmement cadré, puisqu'on parle effectivement de communication institutionnelle, ce qui n'empêche pas dans la façon de délivrer ces messages, dans la façon d'écrire les éléments de contenu, que ce soit des articles, que ce soit des pages de sites internet, que ce soit parfois des brochures. On est évidemment attentif aussi à la qualité, là je parlerai plus qualité éditoriale que vraiment littéraire. Donc oui, clairement, il y a une nécessité d'adaptation. C'est clair que je ne vais absolument pas rédiger un contenu ou un texte en relation avec l'innovation, de la même façon que je rédigerai une nouvelle. Ce qui compte avant tout, c'est la portée du message qui est délivré. Et si ce message peut être, on va dire... Joliment habillé, c'est pas plus mal, mais là clairement, en termes en tout cas d'inspiration et de mise en œuvre de l'écriture, le cadre imposé par l'institution est tout de même très prégnant.
- Speaker #0
En plus des contraintes de l'institution, on jongle aussi maintenant avec ces fameuses contraintes du web, le SEO qui sont souvent perçues, et particulièrement par moi, mais par plein d'autres gens, comme des sortes de carcans créatifs. On pourrait se dire qu'après tout, Pérec a écrit un roman entier sans utiliser la lettre E. Est-ce que pour toi, ces contraintes t'ont parfois poussé à faire des trouvailles que tu n'aurais pas faites autrement ?
- Speaker #2
Alors, j'aime bien l'allusion à Pérec, petite parenthèse, j'avais moi aussi écrit une nouvelle il y a quelques années où il n'y avait pas la lettre Z. Bon, c'était moins glorieux que la lettre E.
- Speaker #0
Voilà, sans la lettre Z, surtout en français, comment dire, c'est un peu plus simple.
- Speaker #2
Oui, mais bon.
- Speaker #0
N'est-ce pas les amis ?
- Speaker #2
Voilà, mais j'en étais quand même assez fier. Maintenant, pour revenir à la problématique écriture web, SEO et compagnie, oui, là c'est une évidence et très objectivement. J'ai vraiment envie de dire que SEO et création de beau, en fait, ça n'arrive pas du tout. C'est très compliqué de vraiment, pour le coup, laisser libre cours à sa plume et à son style d'écriture. À partir du moment où il faut s'imposer des contraintes liées justement au référencement web. Donc ça, c'est effectivement un obstacle. Voilà, donc on ne peut pas vraiment dire que toutes ces contraintes m'ont poussé à... à des trouvailles, c'est plutôt s'adapter au contexte. Et puis au final, quand l'article ou le contenu est terminé, qu'on a mis le dernier point, qu'on est sûr qu'il est bien structuré pour que les moteurs de recherche puissent le trouver plus facilement, qu'il est bien valorisé, on est content quand même, même si on a un petit arrière-goût de regret sur un volet purement... On va mettre des guillemets littéraires, mais l'essentiel c'est que le message porté atteigne sa cible et soit le plus visible possible.
- Speaker #0
Finalement, là c'est concrètement quelque chose de plus technique, un peu plus commercial, tandis que quand on crée quelque chose, et même quand on écrit un article d'une manière plus générale, plus vaste, j'ai envie de dire qu'on peut plus facilement glisser, comme tu le disais précédemment, un peu de nous. un peu de ce qu'on a envie de transmettre, de nos émotions, de notre ressenti. Là, c'est clairement beaucoup plus factuel, ce qui explique probablement aussi cette petite frustration que tu peux ressentir quand les écrits sortent et qu'ils ne sont pas forcément... Oui, on ne peut pas en dessous se dire, c'est Jean-Michel Gaudron qui les a écrits forcément.
- Speaker #2
Après, j'ai envie de dire que c'est un petit peu la différence qu'on pourrait faire quand on est dans le sport, le patinage artistique. Il y a les épreuves imposées, où tous les concurrents vont faire exactement les mêmes figures au même moment. Et puis les épreuves libres, où chacun, dans le libre cours, a sa créativité et son imagination. C'est un petit peu pareil. On peut dire que les contenus institutionnels, c'est un petit peu les exercices imposés. Et puis après, l'écriture plus littéraire, on est vraiment dans l'exercice libre. Oui,
- Speaker #0
c'est un petit peu comme les notices d'emploi, non ? Bon, Jean-Michel, tu étais venu dans l'épisode numéro 12 d'Éclat de voix, qui écoutera Sora. Et à ce moment-là, je t'avais demandé comment est-ce que tu prêtais ta voix au personnage. Aujourd'hui, quand tu écris une nouvelle, un article de presse, ces fameux communiqués ou textes institutionnels, est-ce que, parce que tu nous en avais un petit peu dévoilé les secrets, tu nous disais que tu étais comme ce personnage, tu parlais de cette voix intérieure, est-ce que là... Ta voix intérieure, elle change. Ou est-ce que tu as développé différentes personnalités selon le format que tu rédiges ?
- Speaker #2
C'est presque de la schizophrénie, effectivement, de devoir peut-être changer de costume très souvent. Ou schizophrénie ou transformisme, je ne sais pas quel est le...
- Speaker #0
Le pire ?
- Speaker #2
Non, peut-être, voilà. Mais en tous les cas, oui, clairement, à chaque acte d'écriture. correspond à un costume différent et donc une adaptation nécessaire à la situation, au contexte et puis aussi au lectorat. Je repense souvent au sujet que j'ai eu quand j'ai passé le bac français. Donc c'était il y a quelques années. Bip,
- Speaker #0
bip, bip, on ne te demande pas combien.
- Speaker #2
Voilà, fin des années 80, je vais rester volontairement flou.
- Speaker #0
Fin des années 80 !
- Speaker #2
Exactement.
- Speaker #0
Non, c'était femme, peut-être pas fin des années 80, c'était femme des années 80.
- Speaker #2
Voilà, et donc le sujet du bac français, c'était une dissertation sur la phrase « Un lecteur se définit par une bibliothèque, une physiologie et une histoire » . Et j'ai envie de dire que c'est à peu près le même triptyque de définition qu'on peut aussi adapter à l'auteur. Parce que, évidemment, dépendant du contexte, dépendant du moment, dépendant de l'humeur, l'écriture sera totalement différente. Et je pense que, si on prend un exemple au niveau d'une nouvelle ou d'un chapitre de roman, en fonction de l'endroit où il est écrit, du moment où il est écrit, le texte sera totalement différent s'il est écrit le lundi dans un train pendant une heure et demie. ou le mercredi, le soir à la maison, à côté de la cheminée, avec un bon chocolat chaud pour se redonner des forces. Donc voilà, c'est clairement les éléments du contexte et de l'environnement qui façonnent, je dirais, la base de l'écriture.
- Speaker #0
Donc tu nous révèles ton rêve d'avoir une cheminée chez toi. Parce que je peux le dire, il n'y a pas de cheminée chez toi.
- Speaker #2
Absolument.
- Speaker #0
L'écriture journalistique, théoriquement, va en général droite au but. Alors qu'évidemment, la fiction prend des chemins détournés. Après toutes ces années à justement jongler, à pratiquer ces différents styles, lequel te permet à toi, parce qu'on pourrait dire le plus efficace d'une manière globale ou générale, mais à toi, lequel te permet de transmettre vraiment un message qui marque les esprits ?
- Speaker #2
J'ai envie de dire les deux. Difficile de penser que à l'un sans l'autre. le lecteur ne s'attend pas à la même chose entre le lecteur d'un article dans un magazine économique et le lecteur d'une nouvelle ou d'un roman celui qui va lire un article va attendre de l'information, va attendre des révélations, d'avoir des détails sur les coulisses, d'être informé et de choses qu'il n'a pas forcément vu ou lu par ailleurs à côté de ça le lecteur de fiction ou d'une nouvelle ou d'un roman je pense qu'il a clairement envie de s'évader, il a clairement envie de de rentrer dans un autre univers, de rentrer peut-être dans l'univers de l'histoire, de s'imaginer à la place des personnages ou jeter au cœur de l'action. Et donc voilà, l'attente sera évidemment radicalement différente de celle du lecteur de l'article, mais l'un n'empêche pas l'autre. Et encore une fois, dans les deux cas, c'est tout aussi passionnant justement de trouver la façon de s'exprimer qui soit adaptée au lectorat et au contexte. et de pouvoir ainsi être le plus, je veux dire, performant avec des guillemets aussi, mais en tout cas, peut-être atteindre plus élégamment son but.
- Speaker #0
Ah, mais moi j'ai quand même l'impression que d'un côté comme de l'autre, on a envie d'avoir des révélations.
- Speaker #2
Oui, évidemment, les révélations dans la partie roman, c'est clair que là aussi, l'idée c'est de pouvoir surprendre. Le lecteur, au fil des pages, est de multiplier les rebondissements et de le faire partir dans une direction qui n'est pas du tout celle de l'histoire. Et donc, évidemment, les révélations sur l'aspect littéraire sont très importantes. Les révélations au niveau du journalisme, elles sont très souvent concentrées dans le titre et dans le tout début de l'article. Le reste, après, est beaucoup plus un déroulement pour expliquer comment on en est arrivé à ces révélations. Mais en tout cas... principe un article de presse on doit déjà avoir 90% de l'information du contenu d'un article entre le titre le chapeau et les
- Speaker #0
1 ou 2 premiers paragraphes quoi alors en temps en temps parler j'ai une idée qui m'est venue et j'ai envie de lancer un challenge sais que j'aime bien ça te lancer des défis plus exactement en français je me disais et pourquoi Tu ne reprendrais pas la plume de journaliste à l'une ou l'autre occasion et que tu n'écrirais pas des articles comme tu l'écris tes nouvelles, en tout cas celles dont tu as choisi comme format, le principe qu'à la dernière ligne, bim, tout change. Donc, ça veut dire que le lecteur arrive, découvre un titre, se dit « waouh, il en bave d'intérêt » et à la fin, mince, c'était pas du tout ça. Peut-être que tu pourrais ouvrir carrément un journal avec cette façon de faire. Parce que là, tu surprendrais tes lecteurs constamment, non ? Qu'est-ce que tu en penses ?
- Speaker #2
Ça c'est clair, oui. Après, la difficulté serait peut-être d'arriver à trouver un rythme de publication et d'écriture assez soutenu, parce que mine de rien, ça demande un peu de temps et de réflexion de parvenir à dérouler une histoire qui, à la toute dernière phrase, bascule complètement à l'opposé de ce qui était demandé. Mais bon, pourquoi pas ? Ça mérite en tout cas réflexion.
- Speaker #0
Oui, réfléchis bien. En attendant, j'aimerais bien que tu nous donnes un petit conseil à quelqu'un qui aurait envie de trouver sa voie VOIX et peut-être aussi sa voie VOE d'écriture authentique tout en s'adaptant à des formats professionnels qui seraient différents. Est-ce qu'il y aurait un fil rouge ou quelque chose à proposer qui relierait un petit peu toutes ces différentes formes d'écriture ou est-ce que tu proposerais différentes portes d'entrée ?
- Speaker #2
J'ai envie de dire que la réponse est presque dans la question. Je pense que de toute façon, avant de se lancer dans n'importe quel exercice d'écriture, que ce soit écriture institutionnelle, que ce soit écriture journalistique, que ce soit écriture littéraire, il y a deux questions majeures à se poser. C'est pour qui on écrit et pour quoi on écrit. À partir du moment où on identifie clairement qui sera le récepteur du message et quelle est l'intention que l'on met dans la façon de transmettre ce message, On a déjà 90% de la réponse apportée à sa réflexion sur ce qu'on va écrire ensuite. Et à partir de là, évidemment, ça facilitera d'autant plus de dérouler un narratif en sachant pour qui et pourquoi on le fait. Et voilà, je pense qu'il faut aussi avoir en tête que le premier lecteur d'un auteur, c'est l'auteur lui-même.
- Speaker #0
Oui, c'est ce que j'allais dire en fait, quand tu disais à qui, à quoi, etc. Je me disais, mais la première personne, c'est quand même nous-mêmes finalement.
- Speaker #2
Oui, mais nous-mêmes qui va devoir se mettre dans la peau du lecteur, justement. Donc, il y a toujours ce côté un peu schizophrène et ce côté un peu dédoublement ou triplement des personnalités. Mais voilà, il faut être effectivement capable d'aller au-delà de sa propre expérience, je dirais. Il y a des choses qu'on écrit, on se dit, ça j'adore. Je m'éclate d'avoir écrit ça, et puis en réfléchissant, on dit « oui, mais en fait, il n'y a que moi qui vais comprendre » . Soit par rapport à un jeu de mots, soit par rapport à…
- Speaker #0
Tu te poses ces questions vraiment ?
- Speaker #2
Ça m'arrive parfois. Ou alors par rapport à une thématique qui peut être un peu technique ou un peu complexe. Et à partir de là, commence l'exercice de se dire « ok, moi je comprends ce que j'écris, maintenant est-ce que le lecteur à qui je m'adresse va le comprendre ? » C'est pas sûr, et à ce moment-là, on commence le travail justement d'adaptation et de vulgarisation du propos. Encore une fois, que ce soit… vulgarisation dans un cadre purement journalistique ou dans un cadre littéraire, parce que l'idée non plus, ce n'est pas d'écrire un livre qui ne serait compris que par cinq personnes. Et donc, on est le premier lecteur de ce qu'on écrit. Et à partir de là, une fois que le réflexe est pris, l'écriture après se déroule toute seule.
- Speaker #0
Voilà qui était fort passionnant, Jean-Michel. Est-ce qu'il y a quelque chose que tu voudrais encore ajouter là, maintenant ? tout de suite au Bovary ?
- Speaker #2
Au Bovary ? Non, je pense qu'encore une fois, ceux qui ont... Je crois souvent des gens qui me disent j'adorerais écrire, j'ai en tête telle ou telle histoire, j'avais commencé à écrire il y a quelques années un roman, et puis j'ai pas eu le temps de le finir, ou j'ai pas eu le courage de continuer, etc. Moi j'ai envie de dire à tous ces gens persévérez, continuez, ne lâchez pas l'affaire. Au départ, le roman, ce n'était pas du tout mon ambition. J'étais très content dans le format nouvel, parce que ça faisait une belle continuité avec le format journalistique, des histoires courtes, rythmées, où en quelques pages, on déroule toute une histoire. Et puis voilà, un jour j'ai sauté un petit peu dans le vide en me lançant dans un roman, et puis j'ai trouvé ça passionnant, et j'ai trouvé ça extrêmement enrichissant. et ça m'a comblé de pouvoir en écrire un, puis un deuxième, puis un troisième qui est un petit peu en gestation. Donc voilà, et quand je mesure la satisfaction, justement, d'avoir été au bout d'un exercice qui au départ n'était pas du tout gagné, en tout cas pour moi, je ne peux qu'encourager ceux qui ont ça en tête à aller au bout de leur idée, à peut-être se donner les moyens de le faire, dans le sens de s'accorder un peu de temps, parce que oui, effectivement, écrire, ça prend du temps. Alors il y a aussi... Deux écoles, il y a ceux qui écrivent manuellement, ce qui est mon cas, avec carnet et stylo, et ceux qui écrivent directement à l'ordinateur. Il n'y a pas de bonne ou mauvaise école, chacun y trouve sa propre meilleure façon de faire. Mais en tous les cas, se donner les moyens, se donner le temps de pouvoir aller au bout de l'idée. Une fois que la machine est lancée, la laisser tourner jusqu'au point final.
- Speaker #0
Alors juste, je voudrais remettre un tout petit peu de contexte pour que nos auditeurs aient... la totalité de l'information réelle, tu as été un tout petit peu poussé dans le vide, quand même, pour faire et écrire ce roman. Mais en tous les cas, bravo, parce que ça en a régalé plus d'un et ça continue d'en régaler plus d'un. Merci beaucoup d'avoir partagé avec les auditeurs tes réflexions, tes idées, mais aussi une impulsion pour aller vers cette rédaction. Si jamais vous avez envie... Vous pouvez contacter Jean-Michel pour qu'il vous donne un petit coup de pied aux fesses si vous n'osez pas avancer dans votre rédaction. Et puis, à rendez-vous très bientôt pour continuer à la fois ta promotion, tes rencontres avec les lecteurs, parce que je pense que c'est important pour toi, tu aimes ça. Je tiens avec ton lectorat à avoir des retours. N'hésitez pas à le contacter pour lui faire part de vos remarques, de vos réactions à l'une ou l'autre chose. Et puis, à très bientôt sur les ondes et ailleurs.
- Speaker #2
Avec grand plaisir. Merci beaucoup, Anne-Claire.
- Speaker #0
Merci. Eh bien, au terme... de cet échange vraiment passionnant avec Jean Michel. Je suis certaine que ce voyage, au travers de différentes formes d'écriture, vous aura effectivement donné des clés, en tout cas pour mieux les comprendre, et peut-être, certainement même, pour vous lancer. Parce que finalement, libérer sa plume, c'est vraiment libérer son cerveau. Et en explorant toutes ces approches textuelles, on va au fur et à mesure développer un regard plus aiguisé sur le monde qui nous entoure. On va apprendre à décoder les textes journalistiques, à repérer aussi les stratégies marketing qui se cachent derrière certains contenus bien web formatés pour le SEO, à comprendre les mécanismes qui parfois enferment le discours dans des cadres qui sont un peu prévisibles. Et cette conscience, elle nous offre une précieuse liberté qui est celle de prendre du recul sur l'information qui nous inonde quotidiennement. Mais l'écriture nous invite aussi à plonger dans des espaces intérieurs où notre créativité peut s'épanouir sans contrainte. Si vous avez envie d'en savoir plus, de découvrir aussi le Bovary et de venir rencontrer Jean-Michel en chair et en os, je vous rappelle le rendez-vous du 25 mars prochain pour un apéro littéraire. Je vous mettrai les coordonnées dans les notes de l'épisode. Mais avant cela, prenez votre plume ! ou votre clavier. Et puis écrivez, expérimentez, mais jouez avec les mots. Passez d'un style à l'autre. Sentez aussi comment votre pensée se transforme selon que vous adoptez la concision journalistique, la richesse narrative d'un roman ou bien la structure marketing d'un contenu web. Et cette exploration de différentes formules d'écriture, ça ressemble à un vrai voyage intérieur. C'est aussi une façon de découvrir des facettes insoupçonnée de votre personnalité, votre façon de vous exprimer. Alors, partagez-nous vos expériences d'écriture sur les réseaux sociaux en nous taguant, en taguant Éclat de Voix, Jean-Michel ou moi-même, Anne-Claire, et venez encore une fois nous en parler le 25 mars. Et puis, entre-temps, partagez cet épisode, faites connaître Éclat de Voix autour de vous. Plus nombreux nous serons à nous exprimer, plus notre contribution au monde sera tangible. efficace pertinente et puissante d'ici notre prochain rendez-vous que vos éclats de voix portent et résonnent