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Spécial Podcasthon 2025: Stand Speak Rise up!, pour en finir avec le viol comme arme de guerre, avec S.A.R la Grande-Duchesse Maria Teresa cover
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Éclats de Voix

Spécial Podcasthon 2025: Stand Speak Rise up!, pour en finir avec le viol comme arme de guerre, avec S.A.R la Grande-Duchesse Maria Teresa

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39min |19/03/2025
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39min |19/03/2025
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Description

Épisode 40: [Spécial Podcasthon 2025] Entretien exceptionnel avec
S.A.R. la Grande-Duchesse Maria Teresa de Luxembourg, initiatrice de l'association Stand Speak Rise Up!


Pour ma troisième participation consécutive au Podcasthon, le plus grand rassemblement caritatif mondial de podcasts réunissant plus de 1.600 podcasts dans 46 pays, j'ai la grande fierté de recevoir S.A.R. la Grande-Duchesse Maria Teresa de Luxembourg en sa qualité de présidente de l'association Stand Speak Rise Up!.


Dans cet épisode poignant, il est question du combat mené depuis 2019 par cette association qui vise à dénoncer le viol comme arme de guerre, empêcher sa prolifération et soutenir les victimes (femmes et enfants nés du viol) dans leur reconstruction et leur besoin de justice.

La Grande-Duchesse partage la genèse de son engagement, né d'une rencontre bouleversante en 2016 avec le Dr Denis Mukwege (Prix Nobel de la Paix 2018) et évoque les actions concrètes menées sur le terrain. En 2024, l'association a directement soutenu plus de 1.800 femmes et enfants, touché indirectement 22.000 personnes par ses initiatives et sensibilisé plus de 110.000 personnes à cette cause cruciale.

Dans un contexte mondial où les conflits armés ont augmenté de 25% en 2024, avec un doublement ces cinq dernières années selon l'ONG ACLED, cet entretien est plus que jamais d'actualité.


Pour soutenir Stand Speak Rise Up!, rendez-vous sur la page dédiée à Éclats de Voix sur le site du Podcasthon : https://podcasthon.org/fr/podcaster/eclats-de-voix-2


Retrouver et soutenir Stand Speak Rise Up! : https://www.standspeakriseup.lu/fr/accueil/


Discours du Dr Denis Mukwege:: https://multimedia.europarl.europa.eu/fr/video/discours-du-dr-denis-mukwege-sur-les-violences-sexuelles-au-congo-parlement-europeen_N01_AFPS_220224_MUKW


Crédits photos SSRU/ Sophie Margue.


Merci de soutenir le podcast en lui mettant des ⭐️ et en le partageant sans modération!

✨ Plus d'informations:

💻 Mon site: www.anneclairedelval.com

➡️ Continuer les échanges sur LinkedIn: https://www.linkedin.com/in/anneclairedelval/ 

📝 Me rejoindre sur Instagram: https://www.instagram.com/anneclaire_delval/ 

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Production et montage: Anne-Claire Delval, Jean-Michel Gaudron, Cyriaque Motro

Musique: Meydän

Titre:  Synthwave Vibe

Auteur: Meydän

Source: https://meydan.bandcamp.com

Licence: https://creativecommons.org/licenses/by/3.0/deed.fr


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans Éclats de voix, le podcast où les prises de paroles engagées résonnent comme des déclarations d'indépendance. Je suis Anne-Claire Delval, ancienne journaliste, et aujourd'hui je vous accueille pour un épisode très spécial puisqu'il s'inscrit dans le cadre du Podcaston 2025, cette incroyable mobilisation internationale qui réunit plus de 1600 podcasts à travers 46 pays pour soutenir des associations. caritatif dans le monde entier entre le 15 et le 21 mars. Cette super initiative du podcaston a été lancée par Altrui, une association qui promeut l'engagement associatif et dont les fondateurs, Jérémy Mani et Yves Delnat, estiment que, je cite, « cultiver l'altruisme est une solution pragmatique au défi du XXIe siècle » . Je suis bien d'accord. Pour cette troisième participation, j'ai choisi de tendre le micro à Stansby Rise Up, une association fondée sous l'impulsion de son Altesse royale, la Grande Duchesse Maria Theresa de Luxembourg. Cette organisation œuvre avec détermination pour dénoncer le viol utilisé comme arme de guerre, pour alerter sur le statut des enfants nés de ces violences et accompagner les survivants dans leur reconstruction. Plus que jamais, ma devise « dire plutôt que taire » prend tout son sens. Son Altesse royale, la Grande Duchesse Maria Theresa de Luxembourg a accepté mon invitation et va nous expliquer combien il lui tient à cœur de donner, de redonner aux victimes de violences sexuelles en temps de guerre la parole pour qu'elles puissent retrouver dignité, justice et espoir. Alors installez-vous, ouvrez grand vos oreilles et votre cœur car cet épisode promet... vraiment d'être poignée. Bonjour Madame.

  • Speaker #1

    Bonjour.

  • Speaker #0

    Merci du fond du cœur d'avoir accepté mon invitation sur Éclat de Voix dans le cadre du Podcast en 2025 pour venir nous parler de votre engagement et de votre association Stand Speak Rise Up, chère à votre cœur et au mien pour diverses raisons. Alors, cette invitation, elle s'inscrit dans une démarche sincère. Parce qu'après vous avoir écouté lors de votre discours pour la Orange Week à Luxembourgville le 23 novembre dernier, j'ai été touchée par votre engagement contre les violences faites aux femmes et particulièrement dans cette association Stands Peak Rise Up qui lutte contre le viol comme arme de guerre à travers le monde. Tout ça a profondément résonné en moi et ce qui m'a... Beaucoup impressionné, c'est votre capacité, ensuite, en lisant ce que vous avez initié, à mobiliser autant de personnes, comme lors du Forum international de mars 2019, où vous avez réuni plus de 1200 participants, avec certes des experts, mais aussi les survivantes que vous avez mis sur un pied d'égalité. Et votre approche humaine, respectueuse, qui donne justement la parole aux survivantes sans misérabilisme, incarne vraiment pour moi l'esprit d'Éclat de Voix. Dans un monde où les conflits armés ont augmenté de 25% en 2024, selon l'ONG Armed Conflict Location and Event Data à CLED, avec un doublement des conflits mondiaux ces cinq dernières années, votre action est d'autant plus cruciale. Il est remarquable, madame, qu'une représentante d'un petit pays comme le Luxembourg s'engage avec autant de conviction pour dénoncer cette barbarie et les stratégies derrière ces violences sexuelles utilisées, je le répète, comme armes de guerre. Alors, vous allez peut-être nous en parler davantage, mais avant cela, la première question qui me vient à l'esprit, qui est finalement assez simple et basique, mais fondatrice de tout, c'est pourquoi cette cause ? Parce qu'il y en a mille et une pour lesquelles on peut souscrire. Qu'est-ce qui a été vraiment le déclencheur de votre prise de conscience ? Et puis finalement... Ensuite, votre choix de vous engager de la sorte, parce que vous avez donné immédiatement une dimension incroyable à toutes vos actions.

  • Speaker #1

    Je vais peut-être commencer par ce qui m'a toujours animée depuis mes études. Vous savez peut-être ou peut-être pas que j'ai rencontré mon mari pendant des études de sciences politiques à l'Université de Genève. J'ai entrepris des études de sciences politiques vraiment pour me spécialiser dans le domaine humanitaire. Ça a toujours été ma passion et c'est quelque chose aussi, c'est un petit peu dans l'ADN familial. Je l'ai reçu aussi de mes grands-parents et de mes parents à Cuba qui étaient de grands philanthropes. Donc ça c'est un petit peu ce que j'ai en moi, ce désir de m'investir dans le domaine humanitaire. Maintenant évidemment, quand je me trouve de façon tout à fait surprenante en train d'épouser le prince héritier de Luxembourg, donc je ne m'attendais pas du tout à cette magnifique histoire d'amour qui a commencé aussi à l'université, et à ce destin auquel je n'aurais jamais pu m'imaginer que j'étais appelée à un destin pareil, quand je me trouve dans une telle position, je me dis à moi-même une position aussi privilégiée. Une position comme celle-là, dans la lumière, doit servir. Elle doit servir justement à ceux qui sont le moins privilégiés et ceux qui sont le moins dans la lumière. Et ça a toujours été ma direction. Alors, à partir de mon mariage, il y a eu deux chemins pour moi. Il y a eu un chemin national, où je me suis intéressée dans le domaine social à tout ce que faisait mon pays, le Luxembourg. dans le domaine social, et il y a beaucoup de choses. Et les domaines qui m'intéressaient le plus, c'était bien sûr l'enfance, les femmes, les maltraitances en général qui touchent femmes et enfants et familles, et la microfinance, qui a toujours été une passion pour aider justement les personnes en difficulté matérielle à s'en sortir. Ça, c'est venu avec l'UNESCO. Et ensuite, il y avait le volet international. Dans le volet international, il y a effectivement la microfinance. Et puis, il y a les causes les plus compliquées, les plus difficiles, que je me faisais un devoir de défendre, peut-être d'une manière un peu innocente, sans me rendre compte à quel point, quelquefois, ça peut être des thématiques qui dérangent, qui peuvent créer des oppositions ou des résistances. même au sein de notre propre pays, mais néanmoins, heureusement, ça ne m'a jamais arrêtée.

  • Speaker #0

    Ça, ça ne vous a jamais arrêtée, j'en suis le témoin ébahi de voir tout ce que vous faites dans tous ces domaines. Effectivement, je vous avais applaudi aussi lors d'une soirée autour de la microfinance, je me souviens, c'était à la BGL. Alors, est-ce que pour tout ce dans quoi vous vous impliquez, je ne sais pas combien d'heures vous avez dans une journée en tout cas, mais... Pour nos auditeurs, est-ce que vous pourriez refaire un petit peu la jeunesse de cette association Stanspeak Rise Up et peut-être aussi nous expliquer le choix du nom de cette association, ce qu'il a envie de refléter ?

  • Speaker #1

    Oui, alors ça a commencé il y a sept ans lorsque j'avais suivi des émissions sur la télévision française qui parlaient du docteur Mukwege, de son hôpital à Panzi et de son action pour les femmes. victime de viol comme arme de guerre. Ça m'avait déjà énormément bouleversée. Et puis, il est venu à Luxembourg et il a parlé à la Philharmonie. Et j'ai été l'écouter. Et ça, ça a été un moment clé parce que j'ai été extrêmement bouleversée par ce que j'ai entendu. Et je lui ai demandé s'il avait le temps, le lendemain, avant de quitter Luxembourg, de venir me voir. Il a eu la gentillesse de venir me voir au palais. Et là, nous avons discuté tous les deux. J'étais très impressionnée de le rencontrer. Et en même temps, je lui ai dit, mais qu'est-ce que je peux faire ? Comment est-ce que moi, à la place où je suis, je peux vous aider ? Parce que la thématique m'avait, je vous l'avoue, empêchée de dormir et j'étais très bouleversée. Je me suis dit, il faut faire quelque chose pour ces femmes. Alors il m'a dit, mais madame, justement, j'ai une association de femmes victimes, survivantes de viols comme armes de guerre, qui s'appelle CEMA, qui n'arrivent pas. à être entendue ou à devenir visible. Et si vous pouviez leur donner un parterre pour qu'elles puissent s'exprimer, eh bien ce serait merveilleux. Alors je lui ai dit, du tac au tac, j'ai dit, docteur, je ne peux le faire qu'avec vous, mais je suis là, je suis votre homme, et si vous voulez, nous allons faire un forum. Pour donner la parole à ces femmes, c'est-à-dire que contrairement à toutes les conférences internationales qu'il y a eu avant, où ce sont toujours d'éminents spécialistes ou d'éminentes personnalités qui prennent la parole, avec tout le respect que je leur dois, je n'ai jamais compris qu'on ne donne pas la parole aux victimes qui sont les personnes centrales et qui, en général, ne savent mieux que personne. Quels sont les problèmes ? et ce dont elles ont besoin. Donc j'ai dit, nous allons faire ce forum, je suis à vos côtés, je me battrai pour cela, mais à condition que les 50 survivantes soient mes invités à Luxembourg et qu'elles aient la plateforme. Elles sont le cœur, le centre de ce forum. C'est elles qui prendront la parole, avant toute autre personne. Et c'est comme ça que pendant deux ans, et c'est à ce moment-là aussi que j'ai rencontré Ma conseillère Ausha Hashemi, qui est une extraordinaire militante franco-afghane pour la cause des femmes et ô combien malheureusement nécessaire aujourd'hui. Et Ausha m'a rejoint. et m'a aidé à créer et à ce que ce forum soit la réussite qu'il a été. Donc nous avons eu trois prix Nobel autour de moi, les personnalités de toutes les grandes organisations internationales humanitaires et nos 50 survivantes, 1200 personnes sur deux jours et un vrai succès. La grande chance que nous avons eue en préparant ce forum, c'est que nous commençons à travailler en 2017. Et c'était difficile d'avoir de l'argent. Vous savez, j'allais partout, à Luxembourg aussi, dans les banques et les associations, demander qu'on m'aide. Et je me suis heurtée, malgré que c'était moi qui allais demander. Je me suis heurtée à beaucoup de refus et beaucoup de personnes qui me disaient, mais madame, nous ne voulons pas avoir de visibilité pour une cause pareille. Nous voulons donner pour la culture ou le sport. mais pas pour votre cause. Et à tel point que j'ai accepté certains dons, où on m'a mis la condition que je ne mentionne pas de qui ils venaient. Alors ça, ça a commencé à changer aujourd'hui. Ça commence à changer. Et vous savez, ça a changé depuis, on aura l'occasion d'en parler, depuis le 7 octobre en Israël, et depuis la guerre en Ukraine et Ausha, où tout à coup on s'est rendu compte qu'à nos portes,

  • Speaker #0

    oui, à nos portes,

  • Speaker #1

    il y a le viol comme arme de guerre, que ce n'est pas si loin, ni si invraisemblable du tout, malheureusement. Et donc je reviens à mon histoire, 2018. On me téléphone un matin pour me dire, le docteur Mugwege est devenu prix Nobel de la paix.

  • Speaker #0

    J'ai hurlé !

  • Speaker #1

    J'ai hurlé de joie, parce que, évidemment... pour notre forum qui a eu lieu en mars 2019. Ça nous a ouvert tant de portes, ça nous a tant aidé. Et donc le Dr Mukwege a eu cette reconnaissance qu'il mérite tant, est devenu prix Nobel de la paix. Et donc nous avons fait ce forum avec lui, avec le professeur Younous et avec Nadia Mourad, avec qui il a aussi gagné le prix Nobel. Voilà, et à la suite de ça, ce qui est arrivé, c'est qu'après le succès du forum, Je ne pouvais pas abandonner ces femmes. Et ça, c'est quelque chose où Echikeba, Jemi et moi, on est toutes les deux très semblables dans beaucoup de choses, et notamment dans le fait que nous ne supportons pas le one-shot. Et si on commence une action, il faut qu'on continue à accompagner ces femmes. On ne pouvait pas les laisser tomber. Et à ce moment-là, nous avons décidé de créer l'association. Donc, quelques mois après, Le forum qui a eu lieu en mars 2019, je crois que c'était en juin 2019, nous avons créé ensemble, toutes les deux, l'association Stand Speak Rise Up.

  • Speaker #0

    Ok, donc en fait c'est à l'envers. Moi je pensais que c'était d'abord l'association qui avait soutenu, mais non, c'est le forum. Ce qui est incroyable à vous écouter, c'est de vous dire que quelqu'un qui a effectivement votre position n'arrive déjà pas, elle, à ce moment-là, à dire, mais ok, est-ce que vous pouvez nous aider ? Et que non... Le conflit armé, le conflit, la violence, en fait, c'est vrai que j'ai l'impression que depuis deux, trois ans, vraiment, on commence, après tous les mouvements MeToo, etc., à enfin ouvrir les yeux sur la réalité, mais que jusque-là, oh non, on ne voudrait surtout pas avoir l'air de s'impliquer dans quelque chose qui pourrait peut-être porter atteinte à notre image, alors qu'en réalité, c'est l'humanité dont il est question.

  • Speaker #1

    Absolument, absolument. Et c'est l'avenir de l'humanité. Oui,

  • Speaker #0

    exactement.

  • Speaker #1

    Parce que cette violence, nous parlons là de la violence la plus atroce, la plus épouvantable. Mais je dis toujours que la violence dont je m'occupe sur le plan international, des femmes victimes de viol comme armes de guerre, ne fait que fortifier mon implication dans toute forme de violence envers les femmes. Oui. Chez nous aussi. Oui. Ça commence chez nous.

  • Speaker #0

    Bien sûr. Alors, « Stand, speak, rise up » . Oui. Le nom, vous l'avez choisi tous ensemble ?

  • Speaker #1

    On était un petit groupe à réfléchir à quel était le meilleur nom. Il y avait plusieurs possibilités. Et en fait, on trouvait très fort et symbolique. Malheureusement, la langue anglaise a quelque chose de plus facile pour les titres, pour les raccourcis, plus percutant pour les raccourcis. Et là, ces trois mots, « Stand » , « Debout » , « Speak » , « Parle » et « Rise up » , « Lève-toi » .

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Ça voulait tout dire. C'est vrai. Ça incarnait ce que j'espérais pour ces femmes, ce que j'essayais de les aider. à acquérir.

  • Speaker #0

    Oui, et ce que vous dites aussi sur le fait de les accompagner et de ne pas faire juste un one-shot, c'est précieux parce que c'est quand même malheureusement souvent ce qui se passe. Là, on est encore dans le mois de la femme, on a eu le mois de novembre avec la violence faite aux femmes, mais entre-temps, j'ai envie de dire que les thématiques, elles ne s'arrêtent pas à la fin du mois ou à la fin du forum. Donc, merci pour elles de continuer ce combat et cette mise en lumière de cette réalité parce que... On est quand même dans un monde où on a de plus en plus de violence. On continue à avoir un nombre de... Vous avez parlé tout à l'heure de la guerre en Ukraine, d'Israël. Et c'est vrai qu'on est quand même très... On se dit pour l'instant, ça va, on n'est pas trop touchés, on est en paix. Mais ça risque de ne pas durer cette affaire,

  • Speaker #1

    malheureusement.

  • Speaker #0

    Alors, vous nous avez parlé de Ausha Hachemi, du docteur Mukwebe. Et puis, il y a aussi Stéphane Bern, avec qui vous avez rédigé un livre, Un amour souverain. Alors déjà, moi, je trouve que c'est juste délicat, délicieux, cette initiative. Non, mais ce serait vrai. Souvent, on est... Pour vous raconter mon histoire, là, je suis regardée il y a quelque temps sur Netflix, l'histoire de la reine d'Angleterre. Et on ne se rend pas compte. de ce que vivent les gens de l'intérieur. Il y a une espèce d'image sur papier glacé que vous êtes forcés de montrer que nous, il y a tout l'imaginaire collectif et puis non, il y a en fait la réalité. Et c'est ça que vous avez exposé. Moi, je trouve ça délicat,

  • Speaker #1

    vraiment.

  • Speaker #0

    Alors, entre toutes ces personnalités qui forment le conseil d'administration, le Stanspeak Rise Up, comment est-ce que vous vous organisez ? Comment est-ce que chacun a sa... place ou sa part de travail ?

  • Speaker #1

    Alors, ce que nous faisons, c'est que en fait, ils nous accompagnent, nous les informons, nous leur tenons au courant de tout ce que nous faisons de manière régulière, mais ce sont toutes des personnalités, comme vous l'avez très bien dit, d'abord des personnalités de haut rang, très engagées et très occupées. Donc, nous ne sollicitons pas trop leur temps, nous essayons de nous réunir une fois par an. Si nous n'arrivons pas physiquement à nous retrouver, au moins nous ne le faisons pas visio. Donc nous faisons notre conseil d'administration une fois par an. Et là, nous échangeons de ce que nous avons fait, de comment ils voient les choses, comment ils sentent les choses. Mais je dois dire que la cheville ouvrière, vraiment, nous sommes une toute petite équipe de trois jeunes femmes adorables qui nous aident. Ausha Shemi qui est... la force motrice de l'association avec moi et moi-même. Donc les gens ne se rendent pas compte non plus que nous sommes une toute petite association et que nous sommes totalement indépendantes, c'est-à-dire que nous ne demandons pas de l'aide, pas un centime de l'État.

  • Speaker #0

    Ah, c'est bien de le souligner aussi, parce que là encore, l'imaginaire collectif pourrait faire penser à autre chose. Alors, sur le compte Instagram de Stanspeak Rise Up, il y avait un... poste qui était publié la veille de la Saint-Valentin. Donc, je trouvais que c'était une date magique aussi parce que sans l'amour, rien n'est possible. Vous êtes en train de nous le faire comprendre. Et elle faisait état de résultats des actions de l'association en 2024. Alors, est-ce que vous avez envie de nous dire un petit peu les chiffres ou ce que vous avez de farce ? Parce que vous faites tellement de toutes façons que vous ne pourrez jamais nous lister tout ce que vous avez fait l'année dernière. Ce n'est pas possible.

  • Speaker #1

    Mais je voudrais dire que pour une jeune association qui n'a que 5-6 ans, je suis tellement fière de ce que nous avons réussi à faire, je dois dire, et très très reconnaissante. Il est vrai que nous nous donnons à fond cette petite équipe et qu'on a réussi quand même, j'ai quelques chiffres, mais on a pu aider 1800 femmes et enfants qui sont directement soutenus, financièrement, et que ce soit à travers de l'aide directe ou des projets. où nous les aidons à monter des projets desquels ils vont pouvoir vivre. Notamment, nous avons une survivante au Congo qui s'appelle Tatiana. Tatiana est arrivée à mon forum et c'était une femme vraiment profondément, profondément en souffrance. Et elle est repartie la tête haute et en train d'avoir le courage et la force de rentrer chez elle. et de diriger un groupe de femmes victimes aussi autour d'elle. Et elle est devenue un leader, un chef de file et en même temps chef d'entreprise. Parce qu'aujourd'hui, avec notre aide, Tatiana emploie 100 femmes dans un projet d'agriculture et de pisciculture. Et des femmes victimes de viols comme armes de guerre aussi. Alors nous sommes très très tristes en ce moment, évidemment, et très préoccupées parce que le projet est en suspens, elle a dû fuir. la région des grands lacs, elle est à Kinshasa. Il y a certaines de nos survivantes qui ont de nouveau été violées. Je ne sais pas dans quel état elles sont donc...

  • Speaker #0

    Oui, c'est vrai que là, on en a entendu parler en début d'année, que c'est très, très, très,

  • Speaker #1

    très dur. Très douloureux. Mais voilà, il faut qu'on se concentre sur ce qui marche.

  • Speaker #0

    Et nous, ne pas lâcher pour être leur force derrière.

  • Speaker #1

    Voilà. Donc, on a les projets concrets sur le terrain. Il y en a plusieurs. Il y en a un autre très beau en Ouganda. C'est Sylvia, notre survivante. Sylvia a mis au monde un enfant né du viol et elle a énormément souffert du rejet. complets de sa communauté, ce qui arrive à toutes les femmes qui ont des enfants nés du viol. Il faut savoir que ces enfants, la communauté les rejette et les appelle des serpents nés de serpents. Donc, rendez-vous compte de ce que ça signifie comme rejet. Et donc, Sylvia, ce qu'elle a fait, c'est qu'elle a commencé, elle a réussi, elle a commencé une école pour ses enfants avec notre aide. Elle a réussi à intégrer certains enfants. dans l'école normale où on les refusait. Figurez-vous qu'aujourd'hui ces enfants sont les meilleurs de la classe. Et que ce qui est une immense satisfaction, c'est que des enfants qui pourraient devenir les violeurs de demain ou les terroristes de demain, nous essayons de les sauver, de les sortir du cycle infernal de la violence et d'en faire des hommes fiers, droits, debout et qui réussissent. Donc ça pour moi, et le projet de Sylvia est tellement exceptionnel que les survivantes entre elles sont en train de s'échanger les « good practices » . Et certaines vont commencer une école comme celle de Sylvia dans d'autres pays d'Afrique et avoisinants parce que le projet est un tel succès. Donc ça c'est aussi une immense satisfaction évidemment.

  • Speaker #0

    Oui, et puis de se dire aussi que vous n'êtes plus obligé de tout piloter, que ça s'auto-gère, ça c'est vraiment merveilleux.

  • Speaker #1

    ça prend racine et que les survivantes cèdent entre elles mais on ne peut rien demander de plus beau c'est merveilleux et puis il y a tout le côté de l'association qui est le côté plaidoyer qui est ce que nous avons fait chez Kéba et moi avec Tatiana notre survivante avant-hier à l'Assemblée nationale pour le 8 mars on a eu la chance à travers la députée Emmanuelle Hoffmann d'être reçue dans la salle Colbert de l'Assemblée nationale et c'était merveilleux on a eu un... un grand parterre de participants et nous avons pu parler de notre association et de la situation des femmes dans le monde à l'heure actuelle. Et c'est ce genre de plaidoyer qui doit aider à prendre conscience de la problématique et surtout pour arriver à, comme le mouvement MeToo, comme tous les mouvements, non seulement à rendre attentif et conscient du problème, mais à commencer à trouver les solutions.

  • Speaker #0

    Oui, moi, c'est une question aussi, en fait, en fond, est-ce qu'entre vous, vous avez discuté, et certainement, pour l'instant, il n'y a pas une réponse claire, mais comment est-ce qu'on peut être actif dans cette interdiction plus formalisée ? Je ne sais pas. Parce que finalement, peut-être que je me trompe, mais en vous parlant, je me dis, mais je n'ai pas l'impression d'avoir entendu parler d'un procès, on va entendre parler des procès à des violeurs à droite, à gauche. En France, on sait très bien de quoi on parle ces dernières semaines à moi. Mais est-ce qu'on parle vraiment de procès de gens qui auraient violé pendant la guerre ?

  • Speaker #1

    Alors, à travers la Cour pénale internationale, il y a eu quelques cas. Ce qui est clair, c'est que dans le droit international, le viol est considéré comme un crime de guerre. Et donc, cela définit déjà la chose. Il y a une possibilité de poursuivre. La difficulté, c'est de mettre en pratique. Et la première difficulté, très souvent, c'est que des femmes qui sont souvent dans des lieux très éloignés, très isolés, d'abord qu'elles aient le courage, parce que ça demande un sérieux courage, de porter témoignage, de parler de ce qui leur est arrivé, et surtout la peur de ne pas être prise au sérieux. Vous savez que dans beaucoup de petits villages et de lieux de police, dans des endroits reculés d'Afrique... On les renvoie sans suite, même quand elles ont eu le courage de parler. Et ça n'arrive pas qu'en Afrique.

  • Speaker #0

    Non, ça je suis bien d'accord, c'est ce que j'allais vous dire. On sait que c'est le cas déjà ici chez nous, on imagine.

  • Speaker #1

    On sait exactement, on a suffisamment de tristes témoignages de cela. Et surtout, très souvent, elles ne parlent pas forcément la langue nationale. Elles parlent parfois des dialectes. Il y a toute une série de choses. Les avocats ne sont pas disponibles. Ça coûte très cher, elles n'ont pas les moyens. Donc, nous nous heurtons. a une énorme quantité de défis, mais ça ne nous permet pas de baisser les bras. Il faut qu'on continue à faire le plaidoyer et à mobiliser les organisations internationales pour qu'elles interviennent. Ça d'un côté, et à travailler sur le droit. Nous avons commencé à l'Assemblée nationale. À la fin de ce colloque, nous avons décidé de créer, avec l'Assemblée nationale et Stand Speak Rise Up, un groupe de travail, justement pour avancer sur les questions juridiques, pour devenir plus efficaces du point de vue juridique.

  • Speaker #0

    Ça, c'est une belle avancée aussi.

  • Speaker #1

    Absolument. Et donc, avec des députés, avec des spécialistes dans le domaine, nous allons commencer un groupe de travail de l'Assemblée nationale.

  • Speaker #0

    Alors, dans son discours au Parlement européen, qui venait de lui décerner le prix Sakharov en 2014, pour la liberté de l'esprit pour son travail, le docteur Denis Mukwebe, qui est devenu, comme vous l'avez dit tout à l'heure, prix Nobel quatre ans plus tard. En 2018, elle avait lancé un cri du cœur qui va faire se lever tout l'hémicycle. Je vous laisse l'écouter.

  • Speaker #2

    Le corps des femmes est devenu un véritable champ de bataille et le viol est utilisé comme une arme de guerre. Comment m'éterre quand nous savons que ces crimes contre l'humanité sont planifiés avec un mobile bassement économique ? Comment m'éterre ? Quand ces mêmes raisons économiques ont conduit à l'usage du viol comme une stratégie de guerre. Chaque femme violée, je l'identifie à ma femme. Chaque mère violée, je l'identifie à ma mère. Et chaque enfant violé, je l'identifie à mes enfants. Dans un monde d'inversion des valeurs, où la violence se banalise en prenant des formes toujours abominables, refuser la violence, c'est être dissident. En attirant l'attention du monde sur la nécessité de protéger les femmes en période de conflits armés, vous avez refusé l'indifférence face à l'une des plus grandes catastrophes humanitaires de temps moderne. Dans mon pays... Il y a des centaines de milliers de femmes violées et d'autres milliers d'enfants nés issus du viol. Déjà, un seul cas de viol est grave et nécessite une action de nous tous. Il n'y aura pas de paix ni de développement économique et social sans respect des droits de l'homme, sans réparation pour les survivantes de viols et les victimes, et sans mécanisme d'établissement de la vérité pour promouvoir La réconciliation.

  • Speaker #0

    Alors, dix ans plus tard, madame, où nous sommes-nous ?

  • Speaker #1

    Dix ans plus tard, nous en sommes tristement à une société qui semble devenir de plus en plus violente et à des épisodes terribles comme ceux du 7 octobre. et ceux d'Ukraine, de Ausha. Et donc, la réalité, c'est que le viol comme arme de guerre est une pratique qui n'est pas un mal collatéral, comme on a très souvent voulu le dire, de la guerre ou des guérillas. Ce n'est pas un mal collatéral. On se rend compte de plus en plus que cette...

  • Speaker #0

    Un véritable, une stratégie, une stratégie de destruction, une stratégie d'humiliation, comme je l'appelle souvent une bombe à sous-monition, qui va toucher, et on l'a vu avec les enfants nés du viol, non pas une génération, mais des générations entières. Une société entière, une communauté entière pendant des années. Et donc, on commence à parler aujourd'hui d'une forme de génocide aussi. Et je crois qu'il faut que nous prenions conscience qu'on arrête de dire qu'il y a toujours eu le viol pendant les guerres, c'est un mal collatéral, etc. C'est un discours qui est inaudible et inacceptable pour moi. Et je crois qu'il ne faut pas baisser les bras. Je dis souvent qu'on ne peut pas arrêter la guerre, mais on peut au moins tout faire pour essayer d'arrêter le viol comme homme de guerre. Et ça, nous devons continuer à travailler dans ce sens-là.

  • Speaker #1

    Oui, parce que je disais qu'on est quand même dans un état... mondiale où il n'y a jamais eu autant de conflits depuis l'armée, depuis la guerre froide. Donc, c'est quand même... La guerre froide n'est pas si lointaine que ça. Ça veut dire que nous, on a la chance d'être dans un endroit pour l'instant en paix, même si, on l'a dit, l'Ukraine n'est pas loin. Et je me dis, mais comment est-ce qu'on peut encore considérer que le viol, c'est collatéral ? Alors que vous l'avez bien dit, il y a tout un volet économique, un volet de... comment faire ses pensées,

  • Speaker #0

    le sétal.

  • Speaker #1

    Et moi, je me demande très sincèrement ce que ces enfants, même s'il y a un côté espoir quand vous expliquez le projet de Sylvia. Voilà. En même temps, je me dis comment est-ce qu'on peut se construire en étant un enfant né dans ces conditions-là ? Ça doit être extrêmement difficile et ça veut dire qu'après, comment ces gens... Ces humains vont pouvoir adhérer et construire une société.

  • Speaker #0

    Ce sont des enfants qui sont vraiment les premiers candidats à être enrôlés comme enfants soldats. Il faut s'imaginer de toutes les conséquences que cela peut avoir. Mais vous me demandiez encore où est-ce qu'on en est pour une note d'espoir aussi. Je reviens à ce que le docteur Mukwege m'a dit à un moment donné, qu'il a dit publiquement et que je trouve très important. Si on veut essayer de faire quelque chose, et ça s'applique à toutes nos sociétés, de façon préventive, parce qu'en fait, là est aussi le travail, là est surtout le travail, eh bien, c'est au niveau de l'éducation et de l'éducation des garçons, et de l'éducation à l'égalité entre filles et garçons, hommes et femmes, qui est essentielle. Et nous avons encore du travail à faire, même dans nos pays.

  • Speaker #1

    Ça, on est bien d'accord.

  • Speaker #0

    Et je pense que le lac... Clé de la solution est là, c'est que quand nous arriverons à bien, on a fait des progrès, sans aucun doute, en tout cas dans nos pays, mais qu'on arrivera à bien faire comprendre aux petits garçons que la petite fille assise à côté de lui est son égale, et bien nous commencerons à voir un changement, je l'espère.

  • Speaker #1

    Alors moi je vous cite, vous dites « Défendre la cause des femmes, c'est avant tout défendre un humanisme universel en travaillant pour un avenir de justice et de paix. » Je ne sais pas si c'est ces propos qui vous ont valu en septembre 2021 de recevoir de la part de l'ONU le titre de, je cite, « Global Champion for the Fight Against Sexual Violence in Conflict » . Mais champion, moi je trouve championne, championne, bravo, je suis très fière de recevoir la championne que vous êtes. C'est fort, c'est puissant. Alors comment est-ce que vous aimeriez que les gens s'engagent à vos côtés pour revêtir aussi à leur manière une étoffe de champion ? Quel serait le message le plus fort que vous auriez envie de faire passer aujourd'hui à ce micro ?

  • Speaker #0

    Alors la chose essentielle pour moi, c'est que nous soyons le plus nombreuses possible à relayer ce message, à relayer le message que le viol comme arme de guerre dans les conflits est une réalité, que c'est très très souvent une stratégie et que c'est intolérable. Intolérable et... Nous avons à nous battre contre cela et contre tous les a priori, d'une part. Et d'autre part, tristement, l'argent reste toujours le nerf de la guerre. Nous avons besoin d'aide, nous avons besoin de finances pour continuer nos projets, pour être plus efficaces. Regardez, nous avons un projet maintenant. Nous avons une urgence que j'ai mise sur nos réseaux sociaux de 80 jeunes étudiantes afghanes dans un des pays du Golfe. qui risquent d'être renvoyées en Afghanistan. Et nous sommes en train de tout faire pour les sauver et pour montrer que du point de vue du droit international, déjà le fait qu'elles soient sorties d'Afghanistan, elles ont déjà un statut de réfugiés politiques, qu'il faut leur donner un passeport et les accueillir. Donc on est en train de se battre non seulement pour qu'elles soient accueillies, mais pour pouvoir les soutenir et qu'elles puissent continuer leurs études universitaires dans un pays... Là où elles sont, ou l'Initrof, ou ailleurs, ou Pakistan, ou ailleurs, là où nous arriverons à les faire accueillir. Mais vous voyez, c'est un combat de tous les jours.

  • Speaker #1

    En tout cas, merci. J'espère que cette participation au podcast va vraiment pouvoir vous aider. Il y a un lien que je mettrai dans les notes de l'épisode sur le site du podcast. Mais évidemment, les gens peuvent aussi aller sur le site de Stands Big Rise Up pour avoir directement accès à toutes les infos. Il est bien complet. C'est facile de savoir comment est-ce qu'on peut vous aider. Est-ce que vous auriez envie d'ajouter quelque chose pour terminer ?

  • Speaker #0

    Je crois qu'il faut toujours garder une note d'espoir. Et que mon message, même si vous savez très souvent il y a des gens qui viennent vers moi et me disent « Oh c'est une thématique difficile, je ne sais pas si je peux vraiment entendre » et je respecte cela profondément et je le comprends. Mais je leur dis à chaque fois, vous savez, nous essayons toujours de tourner le sujet en espérance. Toujours. Et il faut le faire. Et les premières pour lesquelles il faut le faire, c'est pour les survivantes. Il faut toujours garder l'espoir. et se battre. Donc même si la thématique est difficile, je vous assure que quand nous sommes tous ensemble, on danse, on rit, on pleure parfois, mais on danse et on rit beaucoup.

  • Speaker #1

    J'ai vu sur les reportages et les nombreuses photos qu'il y a que vous prenez beaucoup de plaisir aussi, et c'est important, parce que sans plaisir on ne peut pas avancer, et l'amour, le plaisir, la joie d'aller à la rencontre de ces femmes, de leur culture, de qui elles sont. Merci pour votre engagement.

  • Speaker #0

    Merci, mais vous voyez, quand on redonne l'espoir à une seule femme, eh bien, on a déjà tout fait.

  • Speaker #1

    C'est vrai.

  • Speaker #2

    Merci beaucoup.

  • Speaker #0

    Merci à vous.

  • Speaker #2

    Chères toutes et tous, je suis infiniment reconnaissante à son athèse royale, la grande duchesse Maria Theresa de Luxembourg, d'être venue en personne nous parler de Stanspeak Rise Up et de toutes les actions mise en place depuis bientôt six ans. Je vous suis aussi infiniment reconnaissante d'avoir consacré environ une demi-heure de votre temps à une cause qui effectivement peut sembler comme ça lointaine, qui ne nous concerne pas, et pourtant. Eh bien oui, parce que nous sommes privilégiés, en paix, du moins pour l'instant, parce que l'Ukraine, c'est pas si loin que ça, et l'actualité mondiale ne résonne pas vraiment au son de... Ouvrez, ouvrez la cage aux oiseaux. Eh bien oui, c'est à nous d'inverser la vapeur, puisque oui, nous avons encore les moyens démocratiques de nous faire entendre. Et oui, c'est bien une femme représentant, oui, ce Luxembourg qui n'est pas, non, qu'une place financière doublée d'un paradis fiscal qui a mis, entre guillemets, son nez dans ces questions de conflits armés. pour dénoncer, en étant entouré par une équipe engagée, cette barbarie et les stratégies qui se trament derrière ces viols. Pour en savoir plus, pour faire un don, soutenir Standspeak Rise Up, rendez-vous sur leur site www.standspeakriseuptoutattaché.lu Vous pouvez également passer par podcaston.org en cherchant Luxembourg dans le menu en Ausha droite, avec une petite icône. de monde, pour trouver le pays et sous éclats de voix, vous aurez également un lien direct. Je vous remets le tout dans les notes de l'épisode d'avance. Un immense et infini merci pour votre générosité. Et d'ici notre prochaine rencontre, je vous souhaite des éclats de voix altruistes.

Description

Épisode 40: [Spécial Podcasthon 2025] Entretien exceptionnel avec
S.A.R. la Grande-Duchesse Maria Teresa de Luxembourg, initiatrice de l'association Stand Speak Rise Up!


Pour ma troisième participation consécutive au Podcasthon, le plus grand rassemblement caritatif mondial de podcasts réunissant plus de 1.600 podcasts dans 46 pays, j'ai la grande fierté de recevoir S.A.R. la Grande-Duchesse Maria Teresa de Luxembourg en sa qualité de présidente de l'association Stand Speak Rise Up!.


Dans cet épisode poignant, il est question du combat mené depuis 2019 par cette association qui vise à dénoncer le viol comme arme de guerre, empêcher sa prolifération et soutenir les victimes (femmes et enfants nés du viol) dans leur reconstruction et leur besoin de justice.

La Grande-Duchesse partage la genèse de son engagement, né d'une rencontre bouleversante en 2016 avec le Dr Denis Mukwege (Prix Nobel de la Paix 2018) et évoque les actions concrètes menées sur le terrain. En 2024, l'association a directement soutenu plus de 1.800 femmes et enfants, touché indirectement 22.000 personnes par ses initiatives et sensibilisé plus de 110.000 personnes à cette cause cruciale.

Dans un contexte mondial où les conflits armés ont augmenté de 25% en 2024, avec un doublement ces cinq dernières années selon l'ONG ACLED, cet entretien est plus que jamais d'actualité.


Pour soutenir Stand Speak Rise Up!, rendez-vous sur la page dédiée à Éclats de Voix sur le site du Podcasthon : https://podcasthon.org/fr/podcaster/eclats-de-voix-2


Retrouver et soutenir Stand Speak Rise Up! : https://www.standspeakriseup.lu/fr/accueil/


Discours du Dr Denis Mukwege:: https://multimedia.europarl.europa.eu/fr/video/discours-du-dr-denis-mukwege-sur-les-violences-sexuelles-au-congo-parlement-europeen_N01_AFPS_220224_MUKW


Crédits photos SSRU/ Sophie Margue.


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Production et montage: Anne-Claire Delval, Jean-Michel Gaudron, Cyriaque Motro

Musique: Meydän

Titre:  Synthwave Vibe

Auteur: Meydän

Source: https://meydan.bandcamp.com

Licence: https://creativecommons.org/licenses/by/3.0/deed.fr


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans Éclats de voix, le podcast où les prises de paroles engagées résonnent comme des déclarations d'indépendance. Je suis Anne-Claire Delval, ancienne journaliste, et aujourd'hui je vous accueille pour un épisode très spécial puisqu'il s'inscrit dans le cadre du Podcaston 2025, cette incroyable mobilisation internationale qui réunit plus de 1600 podcasts à travers 46 pays pour soutenir des associations. caritatif dans le monde entier entre le 15 et le 21 mars. Cette super initiative du podcaston a été lancée par Altrui, une association qui promeut l'engagement associatif et dont les fondateurs, Jérémy Mani et Yves Delnat, estiment que, je cite, « cultiver l'altruisme est une solution pragmatique au défi du XXIe siècle » . Je suis bien d'accord. Pour cette troisième participation, j'ai choisi de tendre le micro à Stansby Rise Up, une association fondée sous l'impulsion de son Altesse royale, la Grande Duchesse Maria Theresa de Luxembourg. Cette organisation œuvre avec détermination pour dénoncer le viol utilisé comme arme de guerre, pour alerter sur le statut des enfants nés de ces violences et accompagner les survivants dans leur reconstruction. Plus que jamais, ma devise « dire plutôt que taire » prend tout son sens. Son Altesse royale, la Grande Duchesse Maria Theresa de Luxembourg a accepté mon invitation et va nous expliquer combien il lui tient à cœur de donner, de redonner aux victimes de violences sexuelles en temps de guerre la parole pour qu'elles puissent retrouver dignité, justice et espoir. Alors installez-vous, ouvrez grand vos oreilles et votre cœur car cet épisode promet... vraiment d'être poignée. Bonjour Madame.

  • Speaker #1

    Bonjour.

  • Speaker #0

    Merci du fond du cœur d'avoir accepté mon invitation sur Éclat de Voix dans le cadre du Podcast en 2025 pour venir nous parler de votre engagement et de votre association Stand Speak Rise Up, chère à votre cœur et au mien pour diverses raisons. Alors, cette invitation, elle s'inscrit dans une démarche sincère. Parce qu'après vous avoir écouté lors de votre discours pour la Orange Week à Luxembourgville le 23 novembre dernier, j'ai été touchée par votre engagement contre les violences faites aux femmes et particulièrement dans cette association Stands Peak Rise Up qui lutte contre le viol comme arme de guerre à travers le monde. Tout ça a profondément résonné en moi et ce qui m'a... Beaucoup impressionné, c'est votre capacité, ensuite, en lisant ce que vous avez initié, à mobiliser autant de personnes, comme lors du Forum international de mars 2019, où vous avez réuni plus de 1200 participants, avec certes des experts, mais aussi les survivantes que vous avez mis sur un pied d'égalité. Et votre approche humaine, respectueuse, qui donne justement la parole aux survivantes sans misérabilisme, incarne vraiment pour moi l'esprit d'Éclat de Voix. Dans un monde où les conflits armés ont augmenté de 25% en 2024, selon l'ONG Armed Conflict Location and Event Data à CLED, avec un doublement des conflits mondiaux ces cinq dernières années, votre action est d'autant plus cruciale. Il est remarquable, madame, qu'une représentante d'un petit pays comme le Luxembourg s'engage avec autant de conviction pour dénoncer cette barbarie et les stratégies derrière ces violences sexuelles utilisées, je le répète, comme armes de guerre. Alors, vous allez peut-être nous en parler davantage, mais avant cela, la première question qui me vient à l'esprit, qui est finalement assez simple et basique, mais fondatrice de tout, c'est pourquoi cette cause ? Parce qu'il y en a mille et une pour lesquelles on peut souscrire. Qu'est-ce qui a été vraiment le déclencheur de votre prise de conscience ? Et puis finalement... Ensuite, votre choix de vous engager de la sorte, parce que vous avez donné immédiatement une dimension incroyable à toutes vos actions.

  • Speaker #1

    Je vais peut-être commencer par ce qui m'a toujours animée depuis mes études. Vous savez peut-être ou peut-être pas que j'ai rencontré mon mari pendant des études de sciences politiques à l'Université de Genève. J'ai entrepris des études de sciences politiques vraiment pour me spécialiser dans le domaine humanitaire. Ça a toujours été ma passion et c'est quelque chose aussi, c'est un petit peu dans l'ADN familial. Je l'ai reçu aussi de mes grands-parents et de mes parents à Cuba qui étaient de grands philanthropes. Donc ça c'est un petit peu ce que j'ai en moi, ce désir de m'investir dans le domaine humanitaire. Maintenant évidemment, quand je me trouve de façon tout à fait surprenante en train d'épouser le prince héritier de Luxembourg, donc je ne m'attendais pas du tout à cette magnifique histoire d'amour qui a commencé aussi à l'université, et à ce destin auquel je n'aurais jamais pu m'imaginer que j'étais appelée à un destin pareil, quand je me trouve dans une telle position, je me dis à moi-même une position aussi privilégiée. Une position comme celle-là, dans la lumière, doit servir. Elle doit servir justement à ceux qui sont le moins privilégiés et ceux qui sont le moins dans la lumière. Et ça a toujours été ma direction. Alors, à partir de mon mariage, il y a eu deux chemins pour moi. Il y a eu un chemin national, où je me suis intéressée dans le domaine social à tout ce que faisait mon pays, le Luxembourg. dans le domaine social, et il y a beaucoup de choses. Et les domaines qui m'intéressaient le plus, c'était bien sûr l'enfance, les femmes, les maltraitances en général qui touchent femmes et enfants et familles, et la microfinance, qui a toujours été une passion pour aider justement les personnes en difficulté matérielle à s'en sortir. Ça, c'est venu avec l'UNESCO. Et ensuite, il y avait le volet international. Dans le volet international, il y a effectivement la microfinance. Et puis, il y a les causes les plus compliquées, les plus difficiles, que je me faisais un devoir de défendre, peut-être d'une manière un peu innocente, sans me rendre compte à quel point, quelquefois, ça peut être des thématiques qui dérangent, qui peuvent créer des oppositions ou des résistances. même au sein de notre propre pays, mais néanmoins, heureusement, ça ne m'a jamais arrêtée.

  • Speaker #0

    Ça, ça ne vous a jamais arrêtée, j'en suis le témoin ébahi de voir tout ce que vous faites dans tous ces domaines. Effectivement, je vous avais applaudi aussi lors d'une soirée autour de la microfinance, je me souviens, c'était à la BGL. Alors, est-ce que pour tout ce dans quoi vous vous impliquez, je ne sais pas combien d'heures vous avez dans une journée en tout cas, mais... Pour nos auditeurs, est-ce que vous pourriez refaire un petit peu la jeunesse de cette association Stanspeak Rise Up et peut-être aussi nous expliquer le choix du nom de cette association, ce qu'il a envie de refléter ?

  • Speaker #1

    Oui, alors ça a commencé il y a sept ans lorsque j'avais suivi des émissions sur la télévision française qui parlaient du docteur Mukwege, de son hôpital à Panzi et de son action pour les femmes. victime de viol comme arme de guerre. Ça m'avait déjà énormément bouleversée. Et puis, il est venu à Luxembourg et il a parlé à la Philharmonie. Et j'ai été l'écouter. Et ça, ça a été un moment clé parce que j'ai été extrêmement bouleversée par ce que j'ai entendu. Et je lui ai demandé s'il avait le temps, le lendemain, avant de quitter Luxembourg, de venir me voir. Il a eu la gentillesse de venir me voir au palais. Et là, nous avons discuté tous les deux. J'étais très impressionnée de le rencontrer. Et en même temps, je lui ai dit, mais qu'est-ce que je peux faire ? Comment est-ce que moi, à la place où je suis, je peux vous aider ? Parce que la thématique m'avait, je vous l'avoue, empêchée de dormir et j'étais très bouleversée. Je me suis dit, il faut faire quelque chose pour ces femmes. Alors il m'a dit, mais madame, justement, j'ai une association de femmes victimes, survivantes de viols comme armes de guerre, qui s'appelle CEMA, qui n'arrivent pas. à être entendue ou à devenir visible. Et si vous pouviez leur donner un parterre pour qu'elles puissent s'exprimer, eh bien ce serait merveilleux. Alors je lui ai dit, du tac au tac, j'ai dit, docteur, je ne peux le faire qu'avec vous, mais je suis là, je suis votre homme, et si vous voulez, nous allons faire un forum. Pour donner la parole à ces femmes, c'est-à-dire que contrairement à toutes les conférences internationales qu'il y a eu avant, où ce sont toujours d'éminents spécialistes ou d'éminentes personnalités qui prennent la parole, avec tout le respect que je leur dois, je n'ai jamais compris qu'on ne donne pas la parole aux victimes qui sont les personnes centrales et qui, en général, ne savent mieux que personne. Quels sont les problèmes ? et ce dont elles ont besoin. Donc j'ai dit, nous allons faire ce forum, je suis à vos côtés, je me battrai pour cela, mais à condition que les 50 survivantes soient mes invités à Luxembourg et qu'elles aient la plateforme. Elles sont le cœur, le centre de ce forum. C'est elles qui prendront la parole, avant toute autre personne. Et c'est comme ça que pendant deux ans, et c'est à ce moment-là aussi que j'ai rencontré Ma conseillère Ausha Hashemi, qui est une extraordinaire militante franco-afghane pour la cause des femmes et ô combien malheureusement nécessaire aujourd'hui. Et Ausha m'a rejoint. et m'a aidé à créer et à ce que ce forum soit la réussite qu'il a été. Donc nous avons eu trois prix Nobel autour de moi, les personnalités de toutes les grandes organisations internationales humanitaires et nos 50 survivantes, 1200 personnes sur deux jours et un vrai succès. La grande chance que nous avons eue en préparant ce forum, c'est que nous commençons à travailler en 2017. Et c'était difficile d'avoir de l'argent. Vous savez, j'allais partout, à Luxembourg aussi, dans les banques et les associations, demander qu'on m'aide. Et je me suis heurtée, malgré que c'était moi qui allais demander. Je me suis heurtée à beaucoup de refus et beaucoup de personnes qui me disaient, mais madame, nous ne voulons pas avoir de visibilité pour une cause pareille. Nous voulons donner pour la culture ou le sport. mais pas pour votre cause. Et à tel point que j'ai accepté certains dons, où on m'a mis la condition que je ne mentionne pas de qui ils venaient. Alors ça, ça a commencé à changer aujourd'hui. Ça commence à changer. Et vous savez, ça a changé depuis, on aura l'occasion d'en parler, depuis le 7 octobre en Israël, et depuis la guerre en Ukraine et Ausha, où tout à coup on s'est rendu compte qu'à nos portes,

  • Speaker #0

    oui, à nos portes,

  • Speaker #1

    il y a le viol comme arme de guerre, que ce n'est pas si loin, ni si invraisemblable du tout, malheureusement. Et donc je reviens à mon histoire, 2018. On me téléphone un matin pour me dire, le docteur Mugwege est devenu prix Nobel de la paix.

  • Speaker #0

    J'ai hurlé !

  • Speaker #1

    J'ai hurlé de joie, parce que, évidemment... pour notre forum qui a eu lieu en mars 2019. Ça nous a ouvert tant de portes, ça nous a tant aidé. Et donc le Dr Mukwege a eu cette reconnaissance qu'il mérite tant, est devenu prix Nobel de la paix. Et donc nous avons fait ce forum avec lui, avec le professeur Younous et avec Nadia Mourad, avec qui il a aussi gagné le prix Nobel. Voilà, et à la suite de ça, ce qui est arrivé, c'est qu'après le succès du forum, Je ne pouvais pas abandonner ces femmes. Et ça, c'est quelque chose où Echikeba, Jemi et moi, on est toutes les deux très semblables dans beaucoup de choses, et notamment dans le fait que nous ne supportons pas le one-shot. Et si on commence une action, il faut qu'on continue à accompagner ces femmes. On ne pouvait pas les laisser tomber. Et à ce moment-là, nous avons décidé de créer l'association. Donc, quelques mois après, Le forum qui a eu lieu en mars 2019, je crois que c'était en juin 2019, nous avons créé ensemble, toutes les deux, l'association Stand Speak Rise Up.

  • Speaker #0

    Ok, donc en fait c'est à l'envers. Moi je pensais que c'était d'abord l'association qui avait soutenu, mais non, c'est le forum. Ce qui est incroyable à vous écouter, c'est de vous dire que quelqu'un qui a effectivement votre position n'arrive déjà pas, elle, à ce moment-là, à dire, mais ok, est-ce que vous pouvez nous aider ? Et que non... Le conflit armé, le conflit, la violence, en fait, c'est vrai que j'ai l'impression que depuis deux, trois ans, vraiment, on commence, après tous les mouvements MeToo, etc., à enfin ouvrir les yeux sur la réalité, mais que jusque-là, oh non, on ne voudrait surtout pas avoir l'air de s'impliquer dans quelque chose qui pourrait peut-être porter atteinte à notre image, alors qu'en réalité, c'est l'humanité dont il est question.

  • Speaker #1

    Absolument, absolument. Et c'est l'avenir de l'humanité. Oui,

  • Speaker #0

    exactement.

  • Speaker #1

    Parce que cette violence, nous parlons là de la violence la plus atroce, la plus épouvantable. Mais je dis toujours que la violence dont je m'occupe sur le plan international, des femmes victimes de viol comme armes de guerre, ne fait que fortifier mon implication dans toute forme de violence envers les femmes. Oui. Chez nous aussi. Oui. Ça commence chez nous.

  • Speaker #0

    Bien sûr. Alors, « Stand, speak, rise up » . Oui. Le nom, vous l'avez choisi tous ensemble ?

  • Speaker #1

    On était un petit groupe à réfléchir à quel était le meilleur nom. Il y avait plusieurs possibilités. Et en fait, on trouvait très fort et symbolique. Malheureusement, la langue anglaise a quelque chose de plus facile pour les titres, pour les raccourcis, plus percutant pour les raccourcis. Et là, ces trois mots, « Stand » , « Debout » , « Speak » , « Parle » et « Rise up » , « Lève-toi » .

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Ça voulait tout dire. C'est vrai. Ça incarnait ce que j'espérais pour ces femmes, ce que j'essayais de les aider. à acquérir.

  • Speaker #0

    Oui, et ce que vous dites aussi sur le fait de les accompagner et de ne pas faire juste un one-shot, c'est précieux parce que c'est quand même malheureusement souvent ce qui se passe. Là, on est encore dans le mois de la femme, on a eu le mois de novembre avec la violence faite aux femmes, mais entre-temps, j'ai envie de dire que les thématiques, elles ne s'arrêtent pas à la fin du mois ou à la fin du forum. Donc, merci pour elles de continuer ce combat et cette mise en lumière de cette réalité parce que... On est quand même dans un monde où on a de plus en plus de violence. On continue à avoir un nombre de... Vous avez parlé tout à l'heure de la guerre en Ukraine, d'Israël. Et c'est vrai qu'on est quand même très... On se dit pour l'instant, ça va, on n'est pas trop touchés, on est en paix. Mais ça risque de ne pas durer cette affaire,

  • Speaker #1

    malheureusement.

  • Speaker #0

    Alors, vous nous avez parlé de Ausha Hachemi, du docteur Mukwebe. Et puis, il y a aussi Stéphane Bern, avec qui vous avez rédigé un livre, Un amour souverain. Alors déjà, moi, je trouve que c'est juste délicat, délicieux, cette initiative. Non, mais ce serait vrai. Souvent, on est... Pour vous raconter mon histoire, là, je suis regardée il y a quelque temps sur Netflix, l'histoire de la reine d'Angleterre. Et on ne se rend pas compte. de ce que vivent les gens de l'intérieur. Il y a une espèce d'image sur papier glacé que vous êtes forcés de montrer que nous, il y a tout l'imaginaire collectif et puis non, il y a en fait la réalité. Et c'est ça que vous avez exposé. Moi, je trouve ça délicat,

  • Speaker #1

    vraiment.

  • Speaker #0

    Alors, entre toutes ces personnalités qui forment le conseil d'administration, le Stanspeak Rise Up, comment est-ce que vous vous organisez ? Comment est-ce que chacun a sa... place ou sa part de travail ?

  • Speaker #1

    Alors, ce que nous faisons, c'est que en fait, ils nous accompagnent, nous les informons, nous leur tenons au courant de tout ce que nous faisons de manière régulière, mais ce sont toutes des personnalités, comme vous l'avez très bien dit, d'abord des personnalités de haut rang, très engagées et très occupées. Donc, nous ne sollicitons pas trop leur temps, nous essayons de nous réunir une fois par an. Si nous n'arrivons pas physiquement à nous retrouver, au moins nous ne le faisons pas visio. Donc nous faisons notre conseil d'administration une fois par an. Et là, nous échangeons de ce que nous avons fait, de comment ils voient les choses, comment ils sentent les choses. Mais je dois dire que la cheville ouvrière, vraiment, nous sommes une toute petite équipe de trois jeunes femmes adorables qui nous aident. Ausha Shemi qui est... la force motrice de l'association avec moi et moi-même. Donc les gens ne se rendent pas compte non plus que nous sommes une toute petite association et que nous sommes totalement indépendantes, c'est-à-dire que nous ne demandons pas de l'aide, pas un centime de l'État.

  • Speaker #0

    Ah, c'est bien de le souligner aussi, parce que là encore, l'imaginaire collectif pourrait faire penser à autre chose. Alors, sur le compte Instagram de Stanspeak Rise Up, il y avait un... poste qui était publié la veille de la Saint-Valentin. Donc, je trouvais que c'était une date magique aussi parce que sans l'amour, rien n'est possible. Vous êtes en train de nous le faire comprendre. Et elle faisait état de résultats des actions de l'association en 2024. Alors, est-ce que vous avez envie de nous dire un petit peu les chiffres ou ce que vous avez de farce ? Parce que vous faites tellement de toutes façons que vous ne pourrez jamais nous lister tout ce que vous avez fait l'année dernière. Ce n'est pas possible.

  • Speaker #1

    Mais je voudrais dire que pour une jeune association qui n'a que 5-6 ans, je suis tellement fière de ce que nous avons réussi à faire, je dois dire, et très très reconnaissante. Il est vrai que nous nous donnons à fond cette petite équipe et qu'on a réussi quand même, j'ai quelques chiffres, mais on a pu aider 1800 femmes et enfants qui sont directement soutenus, financièrement, et que ce soit à travers de l'aide directe ou des projets. où nous les aidons à monter des projets desquels ils vont pouvoir vivre. Notamment, nous avons une survivante au Congo qui s'appelle Tatiana. Tatiana est arrivée à mon forum et c'était une femme vraiment profondément, profondément en souffrance. Et elle est repartie la tête haute et en train d'avoir le courage et la force de rentrer chez elle. et de diriger un groupe de femmes victimes aussi autour d'elle. Et elle est devenue un leader, un chef de file et en même temps chef d'entreprise. Parce qu'aujourd'hui, avec notre aide, Tatiana emploie 100 femmes dans un projet d'agriculture et de pisciculture. Et des femmes victimes de viols comme armes de guerre aussi. Alors nous sommes très très tristes en ce moment, évidemment, et très préoccupées parce que le projet est en suspens, elle a dû fuir. la région des grands lacs, elle est à Kinshasa. Il y a certaines de nos survivantes qui ont de nouveau été violées. Je ne sais pas dans quel état elles sont donc...

  • Speaker #0

    Oui, c'est vrai que là, on en a entendu parler en début d'année, que c'est très, très, très,

  • Speaker #1

    très dur. Très douloureux. Mais voilà, il faut qu'on se concentre sur ce qui marche.

  • Speaker #0

    Et nous, ne pas lâcher pour être leur force derrière.

  • Speaker #1

    Voilà. Donc, on a les projets concrets sur le terrain. Il y en a plusieurs. Il y en a un autre très beau en Ouganda. C'est Sylvia, notre survivante. Sylvia a mis au monde un enfant né du viol et elle a énormément souffert du rejet. complets de sa communauté, ce qui arrive à toutes les femmes qui ont des enfants nés du viol. Il faut savoir que ces enfants, la communauté les rejette et les appelle des serpents nés de serpents. Donc, rendez-vous compte de ce que ça signifie comme rejet. Et donc, Sylvia, ce qu'elle a fait, c'est qu'elle a commencé, elle a réussi, elle a commencé une école pour ses enfants avec notre aide. Elle a réussi à intégrer certains enfants. dans l'école normale où on les refusait. Figurez-vous qu'aujourd'hui ces enfants sont les meilleurs de la classe. Et que ce qui est une immense satisfaction, c'est que des enfants qui pourraient devenir les violeurs de demain ou les terroristes de demain, nous essayons de les sauver, de les sortir du cycle infernal de la violence et d'en faire des hommes fiers, droits, debout et qui réussissent. Donc ça pour moi, et le projet de Sylvia est tellement exceptionnel que les survivantes entre elles sont en train de s'échanger les « good practices » . Et certaines vont commencer une école comme celle de Sylvia dans d'autres pays d'Afrique et avoisinants parce que le projet est un tel succès. Donc ça c'est aussi une immense satisfaction évidemment.

  • Speaker #0

    Oui, et puis de se dire aussi que vous n'êtes plus obligé de tout piloter, que ça s'auto-gère, ça c'est vraiment merveilleux.

  • Speaker #1

    ça prend racine et que les survivantes cèdent entre elles mais on ne peut rien demander de plus beau c'est merveilleux et puis il y a tout le côté de l'association qui est le côté plaidoyer qui est ce que nous avons fait chez Kéba et moi avec Tatiana notre survivante avant-hier à l'Assemblée nationale pour le 8 mars on a eu la chance à travers la députée Emmanuelle Hoffmann d'être reçue dans la salle Colbert de l'Assemblée nationale et c'était merveilleux on a eu un... un grand parterre de participants et nous avons pu parler de notre association et de la situation des femmes dans le monde à l'heure actuelle. Et c'est ce genre de plaidoyer qui doit aider à prendre conscience de la problématique et surtout pour arriver à, comme le mouvement MeToo, comme tous les mouvements, non seulement à rendre attentif et conscient du problème, mais à commencer à trouver les solutions.

  • Speaker #0

    Oui, moi, c'est une question aussi, en fait, en fond, est-ce qu'entre vous, vous avez discuté, et certainement, pour l'instant, il n'y a pas une réponse claire, mais comment est-ce qu'on peut être actif dans cette interdiction plus formalisée ? Je ne sais pas. Parce que finalement, peut-être que je me trompe, mais en vous parlant, je me dis, mais je n'ai pas l'impression d'avoir entendu parler d'un procès, on va entendre parler des procès à des violeurs à droite, à gauche. En France, on sait très bien de quoi on parle ces dernières semaines à moi. Mais est-ce qu'on parle vraiment de procès de gens qui auraient violé pendant la guerre ?

  • Speaker #1

    Alors, à travers la Cour pénale internationale, il y a eu quelques cas. Ce qui est clair, c'est que dans le droit international, le viol est considéré comme un crime de guerre. Et donc, cela définit déjà la chose. Il y a une possibilité de poursuivre. La difficulté, c'est de mettre en pratique. Et la première difficulté, très souvent, c'est que des femmes qui sont souvent dans des lieux très éloignés, très isolés, d'abord qu'elles aient le courage, parce que ça demande un sérieux courage, de porter témoignage, de parler de ce qui leur est arrivé, et surtout la peur de ne pas être prise au sérieux. Vous savez que dans beaucoup de petits villages et de lieux de police, dans des endroits reculés d'Afrique... On les renvoie sans suite, même quand elles ont eu le courage de parler. Et ça n'arrive pas qu'en Afrique.

  • Speaker #0

    Non, ça je suis bien d'accord, c'est ce que j'allais vous dire. On sait que c'est le cas déjà ici chez nous, on imagine.

  • Speaker #1

    On sait exactement, on a suffisamment de tristes témoignages de cela. Et surtout, très souvent, elles ne parlent pas forcément la langue nationale. Elles parlent parfois des dialectes. Il y a toute une série de choses. Les avocats ne sont pas disponibles. Ça coûte très cher, elles n'ont pas les moyens. Donc, nous nous heurtons. a une énorme quantité de défis, mais ça ne nous permet pas de baisser les bras. Il faut qu'on continue à faire le plaidoyer et à mobiliser les organisations internationales pour qu'elles interviennent. Ça d'un côté, et à travailler sur le droit. Nous avons commencé à l'Assemblée nationale. À la fin de ce colloque, nous avons décidé de créer, avec l'Assemblée nationale et Stand Speak Rise Up, un groupe de travail, justement pour avancer sur les questions juridiques, pour devenir plus efficaces du point de vue juridique.

  • Speaker #0

    Ça, c'est une belle avancée aussi.

  • Speaker #1

    Absolument. Et donc, avec des députés, avec des spécialistes dans le domaine, nous allons commencer un groupe de travail de l'Assemblée nationale.

  • Speaker #0

    Alors, dans son discours au Parlement européen, qui venait de lui décerner le prix Sakharov en 2014, pour la liberté de l'esprit pour son travail, le docteur Denis Mukwebe, qui est devenu, comme vous l'avez dit tout à l'heure, prix Nobel quatre ans plus tard. En 2018, elle avait lancé un cri du cœur qui va faire se lever tout l'hémicycle. Je vous laisse l'écouter.

  • Speaker #2

    Le corps des femmes est devenu un véritable champ de bataille et le viol est utilisé comme une arme de guerre. Comment m'éterre quand nous savons que ces crimes contre l'humanité sont planifiés avec un mobile bassement économique ? Comment m'éterre ? Quand ces mêmes raisons économiques ont conduit à l'usage du viol comme une stratégie de guerre. Chaque femme violée, je l'identifie à ma femme. Chaque mère violée, je l'identifie à ma mère. Et chaque enfant violé, je l'identifie à mes enfants. Dans un monde d'inversion des valeurs, où la violence se banalise en prenant des formes toujours abominables, refuser la violence, c'est être dissident. En attirant l'attention du monde sur la nécessité de protéger les femmes en période de conflits armés, vous avez refusé l'indifférence face à l'une des plus grandes catastrophes humanitaires de temps moderne. Dans mon pays... Il y a des centaines de milliers de femmes violées et d'autres milliers d'enfants nés issus du viol. Déjà, un seul cas de viol est grave et nécessite une action de nous tous. Il n'y aura pas de paix ni de développement économique et social sans respect des droits de l'homme, sans réparation pour les survivantes de viols et les victimes, et sans mécanisme d'établissement de la vérité pour promouvoir La réconciliation.

  • Speaker #0

    Alors, dix ans plus tard, madame, où nous sommes-nous ?

  • Speaker #1

    Dix ans plus tard, nous en sommes tristement à une société qui semble devenir de plus en plus violente et à des épisodes terribles comme ceux du 7 octobre. et ceux d'Ukraine, de Ausha. Et donc, la réalité, c'est que le viol comme arme de guerre est une pratique qui n'est pas un mal collatéral, comme on a très souvent voulu le dire, de la guerre ou des guérillas. Ce n'est pas un mal collatéral. On se rend compte de plus en plus que cette...

  • Speaker #0

    Un véritable, une stratégie, une stratégie de destruction, une stratégie d'humiliation, comme je l'appelle souvent une bombe à sous-monition, qui va toucher, et on l'a vu avec les enfants nés du viol, non pas une génération, mais des générations entières. Une société entière, une communauté entière pendant des années. Et donc, on commence à parler aujourd'hui d'une forme de génocide aussi. Et je crois qu'il faut que nous prenions conscience qu'on arrête de dire qu'il y a toujours eu le viol pendant les guerres, c'est un mal collatéral, etc. C'est un discours qui est inaudible et inacceptable pour moi. Et je crois qu'il ne faut pas baisser les bras. Je dis souvent qu'on ne peut pas arrêter la guerre, mais on peut au moins tout faire pour essayer d'arrêter le viol comme homme de guerre. Et ça, nous devons continuer à travailler dans ce sens-là.

  • Speaker #1

    Oui, parce que je disais qu'on est quand même dans un état... mondiale où il n'y a jamais eu autant de conflits depuis l'armée, depuis la guerre froide. Donc, c'est quand même... La guerre froide n'est pas si lointaine que ça. Ça veut dire que nous, on a la chance d'être dans un endroit pour l'instant en paix, même si, on l'a dit, l'Ukraine n'est pas loin. Et je me dis, mais comment est-ce qu'on peut encore considérer que le viol, c'est collatéral ? Alors que vous l'avez bien dit, il y a tout un volet économique, un volet de... comment faire ses pensées,

  • Speaker #0

    le sétal.

  • Speaker #1

    Et moi, je me demande très sincèrement ce que ces enfants, même s'il y a un côté espoir quand vous expliquez le projet de Sylvia. Voilà. En même temps, je me dis comment est-ce qu'on peut se construire en étant un enfant né dans ces conditions-là ? Ça doit être extrêmement difficile et ça veut dire qu'après, comment ces gens... Ces humains vont pouvoir adhérer et construire une société.

  • Speaker #0

    Ce sont des enfants qui sont vraiment les premiers candidats à être enrôlés comme enfants soldats. Il faut s'imaginer de toutes les conséquences que cela peut avoir. Mais vous me demandiez encore où est-ce qu'on en est pour une note d'espoir aussi. Je reviens à ce que le docteur Mukwege m'a dit à un moment donné, qu'il a dit publiquement et que je trouve très important. Si on veut essayer de faire quelque chose, et ça s'applique à toutes nos sociétés, de façon préventive, parce qu'en fait, là est aussi le travail, là est surtout le travail, eh bien, c'est au niveau de l'éducation et de l'éducation des garçons, et de l'éducation à l'égalité entre filles et garçons, hommes et femmes, qui est essentielle. Et nous avons encore du travail à faire, même dans nos pays.

  • Speaker #1

    Ça, on est bien d'accord.

  • Speaker #0

    Et je pense que le lac... Clé de la solution est là, c'est que quand nous arriverons à bien, on a fait des progrès, sans aucun doute, en tout cas dans nos pays, mais qu'on arrivera à bien faire comprendre aux petits garçons que la petite fille assise à côté de lui est son égale, et bien nous commencerons à voir un changement, je l'espère.

  • Speaker #1

    Alors moi je vous cite, vous dites « Défendre la cause des femmes, c'est avant tout défendre un humanisme universel en travaillant pour un avenir de justice et de paix. » Je ne sais pas si c'est ces propos qui vous ont valu en septembre 2021 de recevoir de la part de l'ONU le titre de, je cite, « Global Champion for the Fight Against Sexual Violence in Conflict » . Mais champion, moi je trouve championne, championne, bravo, je suis très fière de recevoir la championne que vous êtes. C'est fort, c'est puissant. Alors comment est-ce que vous aimeriez que les gens s'engagent à vos côtés pour revêtir aussi à leur manière une étoffe de champion ? Quel serait le message le plus fort que vous auriez envie de faire passer aujourd'hui à ce micro ?

  • Speaker #0

    Alors la chose essentielle pour moi, c'est que nous soyons le plus nombreuses possible à relayer ce message, à relayer le message que le viol comme arme de guerre dans les conflits est une réalité, que c'est très très souvent une stratégie et que c'est intolérable. Intolérable et... Nous avons à nous battre contre cela et contre tous les a priori, d'une part. Et d'autre part, tristement, l'argent reste toujours le nerf de la guerre. Nous avons besoin d'aide, nous avons besoin de finances pour continuer nos projets, pour être plus efficaces. Regardez, nous avons un projet maintenant. Nous avons une urgence que j'ai mise sur nos réseaux sociaux de 80 jeunes étudiantes afghanes dans un des pays du Golfe. qui risquent d'être renvoyées en Afghanistan. Et nous sommes en train de tout faire pour les sauver et pour montrer que du point de vue du droit international, déjà le fait qu'elles soient sorties d'Afghanistan, elles ont déjà un statut de réfugiés politiques, qu'il faut leur donner un passeport et les accueillir. Donc on est en train de se battre non seulement pour qu'elles soient accueillies, mais pour pouvoir les soutenir et qu'elles puissent continuer leurs études universitaires dans un pays... Là où elles sont, ou l'Initrof, ou ailleurs, ou Pakistan, ou ailleurs, là où nous arriverons à les faire accueillir. Mais vous voyez, c'est un combat de tous les jours.

  • Speaker #1

    En tout cas, merci. J'espère que cette participation au podcast va vraiment pouvoir vous aider. Il y a un lien que je mettrai dans les notes de l'épisode sur le site du podcast. Mais évidemment, les gens peuvent aussi aller sur le site de Stands Big Rise Up pour avoir directement accès à toutes les infos. Il est bien complet. C'est facile de savoir comment est-ce qu'on peut vous aider. Est-ce que vous auriez envie d'ajouter quelque chose pour terminer ?

  • Speaker #0

    Je crois qu'il faut toujours garder une note d'espoir. Et que mon message, même si vous savez très souvent il y a des gens qui viennent vers moi et me disent « Oh c'est une thématique difficile, je ne sais pas si je peux vraiment entendre » et je respecte cela profondément et je le comprends. Mais je leur dis à chaque fois, vous savez, nous essayons toujours de tourner le sujet en espérance. Toujours. Et il faut le faire. Et les premières pour lesquelles il faut le faire, c'est pour les survivantes. Il faut toujours garder l'espoir. et se battre. Donc même si la thématique est difficile, je vous assure que quand nous sommes tous ensemble, on danse, on rit, on pleure parfois, mais on danse et on rit beaucoup.

  • Speaker #1

    J'ai vu sur les reportages et les nombreuses photos qu'il y a que vous prenez beaucoup de plaisir aussi, et c'est important, parce que sans plaisir on ne peut pas avancer, et l'amour, le plaisir, la joie d'aller à la rencontre de ces femmes, de leur culture, de qui elles sont. Merci pour votre engagement.

  • Speaker #0

    Merci, mais vous voyez, quand on redonne l'espoir à une seule femme, eh bien, on a déjà tout fait.

  • Speaker #1

    C'est vrai.

  • Speaker #2

    Merci beaucoup.

  • Speaker #0

    Merci à vous.

  • Speaker #2

    Chères toutes et tous, je suis infiniment reconnaissante à son athèse royale, la grande duchesse Maria Theresa de Luxembourg, d'être venue en personne nous parler de Stanspeak Rise Up et de toutes les actions mise en place depuis bientôt six ans. Je vous suis aussi infiniment reconnaissante d'avoir consacré environ une demi-heure de votre temps à une cause qui effectivement peut sembler comme ça lointaine, qui ne nous concerne pas, et pourtant. Eh bien oui, parce que nous sommes privilégiés, en paix, du moins pour l'instant, parce que l'Ukraine, c'est pas si loin que ça, et l'actualité mondiale ne résonne pas vraiment au son de... Ouvrez, ouvrez la cage aux oiseaux. Eh bien oui, c'est à nous d'inverser la vapeur, puisque oui, nous avons encore les moyens démocratiques de nous faire entendre. Et oui, c'est bien une femme représentant, oui, ce Luxembourg qui n'est pas, non, qu'une place financière doublée d'un paradis fiscal qui a mis, entre guillemets, son nez dans ces questions de conflits armés. pour dénoncer, en étant entouré par une équipe engagée, cette barbarie et les stratégies qui se trament derrière ces viols. Pour en savoir plus, pour faire un don, soutenir Standspeak Rise Up, rendez-vous sur leur site www.standspeakriseuptoutattaché.lu Vous pouvez également passer par podcaston.org en cherchant Luxembourg dans le menu en Ausha droite, avec une petite icône. de monde, pour trouver le pays et sous éclats de voix, vous aurez également un lien direct. Je vous remets le tout dans les notes de l'épisode d'avance. Un immense et infini merci pour votre générosité. Et d'ici notre prochaine rencontre, je vous souhaite des éclats de voix altruistes.

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Description

Épisode 40: [Spécial Podcasthon 2025] Entretien exceptionnel avec
S.A.R. la Grande-Duchesse Maria Teresa de Luxembourg, initiatrice de l'association Stand Speak Rise Up!


Pour ma troisième participation consécutive au Podcasthon, le plus grand rassemblement caritatif mondial de podcasts réunissant plus de 1.600 podcasts dans 46 pays, j'ai la grande fierté de recevoir S.A.R. la Grande-Duchesse Maria Teresa de Luxembourg en sa qualité de présidente de l'association Stand Speak Rise Up!.


Dans cet épisode poignant, il est question du combat mené depuis 2019 par cette association qui vise à dénoncer le viol comme arme de guerre, empêcher sa prolifération et soutenir les victimes (femmes et enfants nés du viol) dans leur reconstruction et leur besoin de justice.

La Grande-Duchesse partage la genèse de son engagement, né d'une rencontre bouleversante en 2016 avec le Dr Denis Mukwege (Prix Nobel de la Paix 2018) et évoque les actions concrètes menées sur le terrain. En 2024, l'association a directement soutenu plus de 1.800 femmes et enfants, touché indirectement 22.000 personnes par ses initiatives et sensibilisé plus de 110.000 personnes à cette cause cruciale.

Dans un contexte mondial où les conflits armés ont augmenté de 25% en 2024, avec un doublement ces cinq dernières années selon l'ONG ACLED, cet entretien est plus que jamais d'actualité.


Pour soutenir Stand Speak Rise Up!, rendez-vous sur la page dédiée à Éclats de Voix sur le site du Podcasthon : https://podcasthon.org/fr/podcaster/eclats-de-voix-2


Retrouver et soutenir Stand Speak Rise Up! : https://www.standspeakriseup.lu/fr/accueil/


Discours du Dr Denis Mukwege:: https://multimedia.europarl.europa.eu/fr/video/discours-du-dr-denis-mukwege-sur-les-violences-sexuelles-au-congo-parlement-europeen_N01_AFPS_220224_MUKW


Crédits photos SSRU/ Sophie Margue.


Merci de soutenir le podcast en lui mettant des ⭐️ et en le partageant sans modération!

✨ Plus d'informations:

💻 Mon site: www.anneclairedelval.com

➡️ Continuer les échanges sur LinkedIn: https://www.linkedin.com/in/anneclairedelval/ 

📝 Me rejoindre sur Instagram: https://www.instagram.com/anneclaire_delval/ 

**************************************************************************

Production et montage: Anne-Claire Delval, Jean-Michel Gaudron, Cyriaque Motro

Musique: Meydän

Titre:  Synthwave Vibe

Auteur: Meydän

Source: https://meydan.bandcamp.com

Licence: https://creativecommons.org/licenses/by/3.0/deed.fr


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans Éclats de voix, le podcast où les prises de paroles engagées résonnent comme des déclarations d'indépendance. Je suis Anne-Claire Delval, ancienne journaliste, et aujourd'hui je vous accueille pour un épisode très spécial puisqu'il s'inscrit dans le cadre du Podcaston 2025, cette incroyable mobilisation internationale qui réunit plus de 1600 podcasts à travers 46 pays pour soutenir des associations. caritatif dans le monde entier entre le 15 et le 21 mars. Cette super initiative du podcaston a été lancée par Altrui, une association qui promeut l'engagement associatif et dont les fondateurs, Jérémy Mani et Yves Delnat, estiment que, je cite, « cultiver l'altruisme est une solution pragmatique au défi du XXIe siècle » . Je suis bien d'accord. Pour cette troisième participation, j'ai choisi de tendre le micro à Stansby Rise Up, une association fondée sous l'impulsion de son Altesse royale, la Grande Duchesse Maria Theresa de Luxembourg. Cette organisation œuvre avec détermination pour dénoncer le viol utilisé comme arme de guerre, pour alerter sur le statut des enfants nés de ces violences et accompagner les survivants dans leur reconstruction. Plus que jamais, ma devise « dire plutôt que taire » prend tout son sens. Son Altesse royale, la Grande Duchesse Maria Theresa de Luxembourg a accepté mon invitation et va nous expliquer combien il lui tient à cœur de donner, de redonner aux victimes de violences sexuelles en temps de guerre la parole pour qu'elles puissent retrouver dignité, justice et espoir. Alors installez-vous, ouvrez grand vos oreilles et votre cœur car cet épisode promet... vraiment d'être poignée. Bonjour Madame.

  • Speaker #1

    Bonjour.

  • Speaker #0

    Merci du fond du cœur d'avoir accepté mon invitation sur Éclat de Voix dans le cadre du Podcast en 2025 pour venir nous parler de votre engagement et de votre association Stand Speak Rise Up, chère à votre cœur et au mien pour diverses raisons. Alors, cette invitation, elle s'inscrit dans une démarche sincère. Parce qu'après vous avoir écouté lors de votre discours pour la Orange Week à Luxembourgville le 23 novembre dernier, j'ai été touchée par votre engagement contre les violences faites aux femmes et particulièrement dans cette association Stands Peak Rise Up qui lutte contre le viol comme arme de guerre à travers le monde. Tout ça a profondément résonné en moi et ce qui m'a... Beaucoup impressionné, c'est votre capacité, ensuite, en lisant ce que vous avez initié, à mobiliser autant de personnes, comme lors du Forum international de mars 2019, où vous avez réuni plus de 1200 participants, avec certes des experts, mais aussi les survivantes que vous avez mis sur un pied d'égalité. Et votre approche humaine, respectueuse, qui donne justement la parole aux survivantes sans misérabilisme, incarne vraiment pour moi l'esprit d'Éclat de Voix. Dans un monde où les conflits armés ont augmenté de 25% en 2024, selon l'ONG Armed Conflict Location and Event Data à CLED, avec un doublement des conflits mondiaux ces cinq dernières années, votre action est d'autant plus cruciale. Il est remarquable, madame, qu'une représentante d'un petit pays comme le Luxembourg s'engage avec autant de conviction pour dénoncer cette barbarie et les stratégies derrière ces violences sexuelles utilisées, je le répète, comme armes de guerre. Alors, vous allez peut-être nous en parler davantage, mais avant cela, la première question qui me vient à l'esprit, qui est finalement assez simple et basique, mais fondatrice de tout, c'est pourquoi cette cause ? Parce qu'il y en a mille et une pour lesquelles on peut souscrire. Qu'est-ce qui a été vraiment le déclencheur de votre prise de conscience ? Et puis finalement... Ensuite, votre choix de vous engager de la sorte, parce que vous avez donné immédiatement une dimension incroyable à toutes vos actions.

  • Speaker #1

    Je vais peut-être commencer par ce qui m'a toujours animée depuis mes études. Vous savez peut-être ou peut-être pas que j'ai rencontré mon mari pendant des études de sciences politiques à l'Université de Genève. J'ai entrepris des études de sciences politiques vraiment pour me spécialiser dans le domaine humanitaire. Ça a toujours été ma passion et c'est quelque chose aussi, c'est un petit peu dans l'ADN familial. Je l'ai reçu aussi de mes grands-parents et de mes parents à Cuba qui étaient de grands philanthropes. Donc ça c'est un petit peu ce que j'ai en moi, ce désir de m'investir dans le domaine humanitaire. Maintenant évidemment, quand je me trouve de façon tout à fait surprenante en train d'épouser le prince héritier de Luxembourg, donc je ne m'attendais pas du tout à cette magnifique histoire d'amour qui a commencé aussi à l'université, et à ce destin auquel je n'aurais jamais pu m'imaginer que j'étais appelée à un destin pareil, quand je me trouve dans une telle position, je me dis à moi-même une position aussi privilégiée. Une position comme celle-là, dans la lumière, doit servir. Elle doit servir justement à ceux qui sont le moins privilégiés et ceux qui sont le moins dans la lumière. Et ça a toujours été ma direction. Alors, à partir de mon mariage, il y a eu deux chemins pour moi. Il y a eu un chemin national, où je me suis intéressée dans le domaine social à tout ce que faisait mon pays, le Luxembourg. dans le domaine social, et il y a beaucoup de choses. Et les domaines qui m'intéressaient le plus, c'était bien sûr l'enfance, les femmes, les maltraitances en général qui touchent femmes et enfants et familles, et la microfinance, qui a toujours été une passion pour aider justement les personnes en difficulté matérielle à s'en sortir. Ça, c'est venu avec l'UNESCO. Et ensuite, il y avait le volet international. Dans le volet international, il y a effectivement la microfinance. Et puis, il y a les causes les plus compliquées, les plus difficiles, que je me faisais un devoir de défendre, peut-être d'une manière un peu innocente, sans me rendre compte à quel point, quelquefois, ça peut être des thématiques qui dérangent, qui peuvent créer des oppositions ou des résistances. même au sein de notre propre pays, mais néanmoins, heureusement, ça ne m'a jamais arrêtée.

  • Speaker #0

    Ça, ça ne vous a jamais arrêtée, j'en suis le témoin ébahi de voir tout ce que vous faites dans tous ces domaines. Effectivement, je vous avais applaudi aussi lors d'une soirée autour de la microfinance, je me souviens, c'était à la BGL. Alors, est-ce que pour tout ce dans quoi vous vous impliquez, je ne sais pas combien d'heures vous avez dans une journée en tout cas, mais... Pour nos auditeurs, est-ce que vous pourriez refaire un petit peu la jeunesse de cette association Stanspeak Rise Up et peut-être aussi nous expliquer le choix du nom de cette association, ce qu'il a envie de refléter ?

  • Speaker #1

    Oui, alors ça a commencé il y a sept ans lorsque j'avais suivi des émissions sur la télévision française qui parlaient du docteur Mukwege, de son hôpital à Panzi et de son action pour les femmes. victime de viol comme arme de guerre. Ça m'avait déjà énormément bouleversée. Et puis, il est venu à Luxembourg et il a parlé à la Philharmonie. Et j'ai été l'écouter. Et ça, ça a été un moment clé parce que j'ai été extrêmement bouleversée par ce que j'ai entendu. Et je lui ai demandé s'il avait le temps, le lendemain, avant de quitter Luxembourg, de venir me voir. Il a eu la gentillesse de venir me voir au palais. Et là, nous avons discuté tous les deux. J'étais très impressionnée de le rencontrer. Et en même temps, je lui ai dit, mais qu'est-ce que je peux faire ? Comment est-ce que moi, à la place où je suis, je peux vous aider ? Parce que la thématique m'avait, je vous l'avoue, empêchée de dormir et j'étais très bouleversée. Je me suis dit, il faut faire quelque chose pour ces femmes. Alors il m'a dit, mais madame, justement, j'ai une association de femmes victimes, survivantes de viols comme armes de guerre, qui s'appelle CEMA, qui n'arrivent pas. à être entendue ou à devenir visible. Et si vous pouviez leur donner un parterre pour qu'elles puissent s'exprimer, eh bien ce serait merveilleux. Alors je lui ai dit, du tac au tac, j'ai dit, docteur, je ne peux le faire qu'avec vous, mais je suis là, je suis votre homme, et si vous voulez, nous allons faire un forum. Pour donner la parole à ces femmes, c'est-à-dire que contrairement à toutes les conférences internationales qu'il y a eu avant, où ce sont toujours d'éminents spécialistes ou d'éminentes personnalités qui prennent la parole, avec tout le respect que je leur dois, je n'ai jamais compris qu'on ne donne pas la parole aux victimes qui sont les personnes centrales et qui, en général, ne savent mieux que personne. Quels sont les problèmes ? et ce dont elles ont besoin. Donc j'ai dit, nous allons faire ce forum, je suis à vos côtés, je me battrai pour cela, mais à condition que les 50 survivantes soient mes invités à Luxembourg et qu'elles aient la plateforme. Elles sont le cœur, le centre de ce forum. C'est elles qui prendront la parole, avant toute autre personne. Et c'est comme ça que pendant deux ans, et c'est à ce moment-là aussi que j'ai rencontré Ma conseillère Ausha Hashemi, qui est une extraordinaire militante franco-afghane pour la cause des femmes et ô combien malheureusement nécessaire aujourd'hui. Et Ausha m'a rejoint. et m'a aidé à créer et à ce que ce forum soit la réussite qu'il a été. Donc nous avons eu trois prix Nobel autour de moi, les personnalités de toutes les grandes organisations internationales humanitaires et nos 50 survivantes, 1200 personnes sur deux jours et un vrai succès. La grande chance que nous avons eue en préparant ce forum, c'est que nous commençons à travailler en 2017. Et c'était difficile d'avoir de l'argent. Vous savez, j'allais partout, à Luxembourg aussi, dans les banques et les associations, demander qu'on m'aide. Et je me suis heurtée, malgré que c'était moi qui allais demander. Je me suis heurtée à beaucoup de refus et beaucoup de personnes qui me disaient, mais madame, nous ne voulons pas avoir de visibilité pour une cause pareille. Nous voulons donner pour la culture ou le sport. mais pas pour votre cause. Et à tel point que j'ai accepté certains dons, où on m'a mis la condition que je ne mentionne pas de qui ils venaient. Alors ça, ça a commencé à changer aujourd'hui. Ça commence à changer. Et vous savez, ça a changé depuis, on aura l'occasion d'en parler, depuis le 7 octobre en Israël, et depuis la guerre en Ukraine et Ausha, où tout à coup on s'est rendu compte qu'à nos portes,

  • Speaker #0

    oui, à nos portes,

  • Speaker #1

    il y a le viol comme arme de guerre, que ce n'est pas si loin, ni si invraisemblable du tout, malheureusement. Et donc je reviens à mon histoire, 2018. On me téléphone un matin pour me dire, le docteur Mugwege est devenu prix Nobel de la paix.

  • Speaker #0

    J'ai hurlé !

  • Speaker #1

    J'ai hurlé de joie, parce que, évidemment... pour notre forum qui a eu lieu en mars 2019. Ça nous a ouvert tant de portes, ça nous a tant aidé. Et donc le Dr Mukwege a eu cette reconnaissance qu'il mérite tant, est devenu prix Nobel de la paix. Et donc nous avons fait ce forum avec lui, avec le professeur Younous et avec Nadia Mourad, avec qui il a aussi gagné le prix Nobel. Voilà, et à la suite de ça, ce qui est arrivé, c'est qu'après le succès du forum, Je ne pouvais pas abandonner ces femmes. Et ça, c'est quelque chose où Echikeba, Jemi et moi, on est toutes les deux très semblables dans beaucoup de choses, et notamment dans le fait que nous ne supportons pas le one-shot. Et si on commence une action, il faut qu'on continue à accompagner ces femmes. On ne pouvait pas les laisser tomber. Et à ce moment-là, nous avons décidé de créer l'association. Donc, quelques mois après, Le forum qui a eu lieu en mars 2019, je crois que c'était en juin 2019, nous avons créé ensemble, toutes les deux, l'association Stand Speak Rise Up.

  • Speaker #0

    Ok, donc en fait c'est à l'envers. Moi je pensais que c'était d'abord l'association qui avait soutenu, mais non, c'est le forum. Ce qui est incroyable à vous écouter, c'est de vous dire que quelqu'un qui a effectivement votre position n'arrive déjà pas, elle, à ce moment-là, à dire, mais ok, est-ce que vous pouvez nous aider ? Et que non... Le conflit armé, le conflit, la violence, en fait, c'est vrai que j'ai l'impression que depuis deux, trois ans, vraiment, on commence, après tous les mouvements MeToo, etc., à enfin ouvrir les yeux sur la réalité, mais que jusque-là, oh non, on ne voudrait surtout pas avoir l'air de s'impliquer dans quelque chose qui pourrait peut-être porter atteinte à notre image, alors qu'en réalité, c'est l'humanité dont il est question.

  • Speaker #1

    Absolument, absolument. Et c'est l'avenir de l'humanité. Oui,

  • Speaker #0

    exactement.

  • Speaker #1

    Parce que cette violence, nous parlons là de la violence la plus atroce, la plus épouvantable. Mais je dis toujours que la violence dont je m'occupe sur le plan international, des femmes victimes de viol comme armes de guerre, ne fait que fortifier mon implication dans toute forme de violence envers les femmes. Oui. Chez nous aussi. Oui. Ça commence chez nous.

  • Speaker #0

    Bien sûr. Alors, « Stand, speak, rise up » . Oui. Le nom, vous l'avez choisi tous ensemble ?

  • Speaker #1

    On était un petit groupe à réfléchir à quel était le meilleur nom. Il y avait plusieurs possibilités. Et en fait, on trouvait très fort et symbolique. Malheureusement, la langue anglaise a quelque chose de plus facile pour les titres, pour les raccourcis, plus percutant pour les raccourcis. Et là, ces trois mots, « Stand » , « Debout » , « Speak » , « Parle » et « Rise up » , « Lève-toi » .

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Ça voulait tout dire. C'est vrai. Ça incarnait ce que j'espérais pour ces femmes, ce que j'essayais de les aider. à acquérir.

  • Speaker #0

    Oui, et ce que vous dites aussi sur le fait de les accompagner et de ne pas faire juste un one-shot, c'est précieux parce que c'est quand même malheureusement souvent ce qui se passe. Là, on est encore dans le mois de la femme, on a eu le mois de novembre avec la violence faite aux femmes, mais entre-temps, j'ai envie de dire que les thématiques, elles ne s'arrêtent pas à la fin du mois ou à la fin du forum. Donc, merci pour elles de continuer ce combat et cette mise en lumière de cette réalité parce que... On est quand même dans un monde où on a de plus en plus de violence. On continue à avoir un nombre de... Vous avez parlé tout à l'heure de la guerre en Ukraine, d'Israël. Et c'est vrai qu'on est quand même très... On se dit pour l'instant, ça va, on n'est pas trop touchés, on est en paix. Mais ça risque de ne pas durer cette affaire,

  • Speaker #1

    malheureusement.

  • Speaker #0

    Alors, vous nous avez parlé de Ausha Hachemi, du docteur Mukwebe. Et puis, il y a aussi Stéphane Bern, avec qui vous avez rédigé un livre, Un amour souverain. Alors déjà, moi, je trouve que c'est juste délicat, délicieux, cette initiative. Non, mais ce serait vrai. Souvent, on est... Pour vous raconter mon histoire, là, je suis regardée il y a quelque temps sur Netflix, l'histoire de la reine d'Angleterre. Et on ne se rend pas compte. de ce que vivent les gens de l'intérieur. Il y a une espèce d'image sur papier glacé que vous êtes forcés de montrer que nous, il y a tout l'imaginaire collectif et puis non, il y a en fait la réalité. Et c'est ça que vous avez exposé. Moi, je trouve ça délicat,

  • Speaker #1

    vraiment.

  • Speaker #0

    Alors, entre toutes ces personnalités qui forment le conseil d'administration, le Stanspeak Rise Up, comment est-ce que vous vous organisez ? Comment est-ce que chacun a sa... place ou sa part de travail ?

  • Speaker #1

    Alors, ce que nous faisons, c'est que en fait, ils nous accompagnent, nous les informons, nous leur tenons au courant de tout ce que nous faisons de manière régulière, mais ce sont toutes des personnalités, comme vous l'avez très bien dit, d'abord des personnalités de haut rang, très engagées et très occupées. Donc, nous ne sollicitons pas trop leur temps, nous essayons de nous réunir une fois par an. Si nous n'arrivons pas physiquement à nous retrouver, au moins nous ne le faisons pas visio. Donc nous faisons notre conseil d'administration une fois par an. Et là, nous échangeons de ce que nous avons fait, de comment ils voient les choses, comment ils sentent les choses. Mais je dois dire que la cheville ouvrière, vraiment, nous sommes une toute petite équipe de trois jeunes femmes adorables qui nous aident. Ausha Shemi qui est... la force motrice de l'association avec moi et moi-même. Donc les gens ne se rendent pas compte non plus que nous sommes une toute petite association et que nous sommes totalement indépendantes, c'est-à-dire que nous ne demandons pas de l'aide, pas un centime de l'État.

  • Speaker #0

    Ah, c'est bien de le souligner aussi, parce que là encore, l'imaginaire collectif pourrait faire penser à autre chose. Alors, sur le compte Instagram de Stanspeak Rise Up, il y avait un... poste qui était publié la veille de la Saint-Valentin. Donc, je trouvais que c'était une date magique aussi parce que sans l'amour, rien n'est possible. Vous êtes en train de nous le faire comprendre. Et elle faisait état de résultats des actions de l'association en 2024. Alors, est-ce que vous avez envie de nous dire un petit peu les chiffres ou ce que vous avez de farce ? Parce que vous faites tellement de toutes façons que vous ne pourrez jamais nous lister tout ce que vous avez fait l'année dernière. Ce n'est pas possible.

  • Speaker #1

    Mais je voudrais dire que pour une jeune association qui n'a que 5-6 ans, je suis tellement fière de ce que nous avons réussi à faire, je dois dire, et très très reconnaissante. Il est vrai que nous nous donnons à fond cette petite équipe et qu'on a réussi quand même, j'ai quelques chiffres, mais on a pu aider 1800 femmes et enfants qui sont directement soutenus, financièrement, et que ce soit à travers de l'aide directe ou des projets. où nous les aidons à monter des projets desquels ils vont pouvoir vivre. Notamment, nous avons une survivante au Congo qui s'appelle Tatiana. Tatiana est arrivée à mon forum et c'était une femme vraiment profondément, profondément en souffrance. Et elle est repartie la tête haute et en train d'avoir le courage et la force de rentrer chez elle. et de diriger un groupe de femmes victimes aussi autour d'elle. Et elle est devenue un leader, un chef de file et en même temps chef d'entreprise. Parce qu'aujourd'hui, avec notre aide, Tatiana emploie 100 femmes dans un projet d'agriculture et de pisciculture. Et des femmes victimes de viols comme armes de guerre aussi. Alors nous sommes très très tristes en ce moment, évidemment, et très préoccupées parce que le projet est en suspens, elle a dû fuir. la région des grands lacs, elle est à Kinshasa. Il y a certaines de nos survivantes qui ont de nouveau été violées. Je ne sais pas dans quel état elles sont donc...

  • Speaker #0

    Oui, c'est vrai que là, on en a entendu parler en début d'année, que c'est très, très, très,

  • Speaker #1

    très dur. Très douloureux. Mais voilà, il faut qu'on se concentre sur ce qui marche.

  • Speaker #0

    Et nous, ne pas lâcher pour être leur force derrière.

  • Speaker #1

    Voilà. Donc, on a les projets concrets sur le terrain. Il y en a plusieurs. Il y en a un autre très beau en Ouganda. C'est Sylvia, notre survivante. Sylvia a mis au monde un enfant né du viol et elle a énormément souffert du rejet. complets de sa communauté, ce qui arrive à toutes les femmes qui ont des enfants nés du viol. Il faut savoir que ces enfants, la communauté les rejette et les appelle des serpents nés de serpents. Donc, rendez-vous compte de ce que ça signifie comme rejet. Et donc, Sylvia, ce qu'elle a fait, c'est qu'elle a commencé, elle a réussi, elle a commencé une école pour ses enfants avec notre aide. Elle a réussi à intégrer certains enfants. dans l'école normale où on les refusait. Figurez-vous qu'aujourd'hui ces enfants sont les meilleurs de la classe. Et que ce qui est une immense satisfaction, c'est que des enfants qui pourraient devenir les violeurs de demain ou les terroristes de demain, nous essayons de les sauver, de les sortir du cycle infernal de la violence et d'en faire des hommes fiers, droits, debout et qui réussissent. Donc ça pour moi, et le projet de Sylvia est tellement exceptionnel que les survivantes entre elles sont en train de s'échanger les « good practices » . Et certaines vont commencer une école comme celle de Sylvia dans d'autres pays d'Afrique et avoisinants parce que le projet est un tel succès. Donc ça c'est aussi une immense satisfaction évidemment.

  • Speaker #0

    Oui, et puis de se dire aussi que vous n'êtes plus obligé de tout piloter, que ça s'auto-gère, ça c'est vraiment merveilleux.

  • Speaker #1

    ça prend racine et que les survivantes cèdent entre elles mais on ne peut rien demander de plus beau c'est merveilleux et puis il y a tout le côté de l'association qui est le côté plaidoyer qui est ce que nous avons fait chez Kéba et moi avec Tatiana notre survivante avant-hier à l'Assemblée nationale pour le 8 mars on a eu la chance à travers la députée Emmanuelle Hoffmann d'être reçue dans la salle Colbert de l'Assemblée nationale et c'était merveilleux on a eu un... un grand parterre de participants et nous avons pu parler de notre association et de la situation des femmes dans le monde à l'heure actuelle. Et c'est ce genre de plaidoyer qui doit aider à prendre conscience de la problématique et surtout pour arriver à, comme le mouvement MeToo, comme tous les mouvements, non seulement à rendre attentif et conscient du problème, mais à commencer à trouver les solutions.

  • Speaker #0

    Oui, moi, c'est une question aussi, en fait, en fond, est-ce qu'entre vous, vous avez discuté, et certainement, pour l'instant, il n'y a pas une réponse claire, mais comment est-ce qu'on peut être actif dans cette interdiction plus formalisée ? Je ne sais pas. Parce que finalement, peut-être que je me trompe, mais en vous parlant, je me dis, mais je n'ai pas l'impression d'avoir entendu parler d'un procès, on va entendre parler des procès à des violeurs à droite, à gauche. En France, on sait très bien de quoi on parle ces dernières semaines à moi. Mais est-ce qu'on parle vraiment de procès de gens qui auraient violé pendant la guerre ?

  • Speaker #1

    Alors, à travers la Cour pénale internationale, il y a eu quelques cas. Ce qui est clair, c'est que dans le droit international, le viol est considéré comme un crime de guerre. Et donc, cela définit déjà la chose. Il y a une possibilité de poursuivre. La difficulté, c'est de mettre en pratique. Et la première difficulté, très souvent, c'est que des femmes qui sont souvent dans des lieux très éloignés, très isolés, d'abord qu'elles aient le courage, parce que ça demande un sérieux courage, de porter témoignage, de parler de ce qui leur est arrivé, et surtout la peur de ne pas être prise au sérieux. Vous savez que dans beaucoup de petits villages et de lieux de police, dans des endroits reculés d'Afrique... On les renvoie sans suite, même quand elles ont eu le courage de parler. Et ça n'arrive pas qu'en Afrique.

  • Speaker #0

    Non, ça je suis bien d'accord, c'est ce que j'allais vous dire. On sait que c'est le cas déjà ici chez nous, on imagine.

  • Speaker #1

    On sait exactement, on a suffisamment de tristes témoignages de cela. Et surtout, très souvent, elles ne parlent pas forcément la langue nationale. Elles parlent parfois des dialectes. Il y a toute une série de choses. Les avocats ne sont pas disponibles. Ça coûte très cher, elles n'ont pas les moyens. Donc, nous nous heurtons. a une énorme quantité de défis, mais ça ne nous permet pas de baisser les bras. Il faut qu'on continue à faire le plaidoyer et à mobiliser les organisations internationales pour qu'elles interviennent. Ça d'un côté, et à travailler sur le droit. Nous avons commencé à l'Assemblée nationale. À la fin de ce colloque, nous avons décidé de créer, avec l'Assemblée nationale et Stand Speak Rise Up, un groupe de travail, justement pour avancer sur les questions juridiques, pour devenir plus efficaces du point de vue juridique.

  • Speaker #0

    Ça, c'est une belle avancée aussi.

  • Speaker #1

    Absolument. Et donc, avec des députés, avec des spécialistes dans le domaine, nous allons commencer un groupe de travail de l'Assemblée nationale.

  • Speaker #0

    Alors, dans son discours au Parlement européen, qui venait de lui décerner le prix Sakharov en 2014, pour la liberté de l'esprit pour son travail, le docteur Denis Mukwebe, qui est devenu, comme vous l'avez dit tout à l'heure, prix Nobel quatre ans plus tard. En 2018, elle avait lancé un cri du cœur qui va faire se lever tout l'hémicycle. Je vous laisse l'écouter.

  • Speaker #2

    Le corps des femmes est devenu un véritable champ de bataille et le viol est utilisé comme une arme de guerre. Comment m'éterre quand nous savons que ces crimes contre l'humanité sont planifiés avec un mobile bassement économique ? Comment m'éterre ? Quand ces mêmes raisons économiques ont conduit à l'usage du viol comme une stratégie de guerre. Chaque femme violée, je l'identifie à ma femme. Chaque mère violée, je l'identifie à ma mère. Et chaque enfant violé, je l'identifie à mes enfants. Dans un monde d'inversion des valeurs, où la violence se banalise en prenant des formes toujours abominables, refuser la violence, c'est être dissident. En attirant l'attention du monde sur la nécessité de protéger les femmes en période de conflits armés, vous avez refusé l'indifférence face à l'une des plus grandes catastrophes humanitaires de temps moderne. Dans mon pays... Il y a des centaines de milliers de femmes violées et d'autres milliers d'enfants nés issus du viol. Déjà, un seul cas de viol est grave et nécessite une action de nous tous. Il n'y aura pas de paix ni de développement économique et social sans respect des droits de l'homme, sans réparation pour les survivantes de viols et les victimes, et sans mécanisme d'établissement de la vérité pour promouvoir La réconciliation.

  • Speaker #0

    Alors, dix ans plus tard, madame, où nous sommes-nous ?

  • Speaker #1

    Dix ans plus tard, nous en sommes tristement à une société qui semble devenir de plus en plus violente et à des épisodes terribles comme ceux du 7 octobre. et ceux d'Ukraine, de Ausha. Et donc, la réalité, c'est que le viol comme arme de guerre est une pratique qui n'est pas un mal collatéral, comme on a très souvent voulu le dire, de la guerre ou des guérillas. Ce n'est pas un mal collatéral. On se rend compte de plus en plus que cette...

  • Speaker #0

    Un véritable, une stratégie, une stratégie de destruction, une stratégie d'humiliation, comme je l'appelle souvent une bombe à sous-monition, qui va toucher, et on l'a vu avec les enfants nés du viol, non pas une génération, mais des générations entières. Une société entière, une communauté entière pendant des années. Et donc, on commence à parler aujourd'hui d'une forme de génocide aussi. Et je crois qu'il faut que nous prenions conscience qu'on arrête de dire qu'il y a toujours eu le viol pendant les guerres, c'est un mal collatéral, etc. C'est un discours qui est inaudible et inacceptable pour moi. Et je crois qu'il ne faut pas baisser les bras. Je dis souvent qu'on ne peut pas arrêter la guerre, mais on peut au moins tout faire pour essayer d'arrêter le viol comme homme de guerre. Et ça, nous devons continuer à travailler dans ce sens-là.

  • Speaker #1

    Oui, parce que je disais qu'on est quand même dans un état... mondiale où il n'y a jamais eu autant de conflits depuis l'armée, depuis la guerre froide. Donc, c'est quand même... La guerre froide n'est pas si lointaine que ça. Ça veut dire que nous, on a la chance d'être dans un endroit pour l'instant en paix, même si, on l'a dit, l'Ukraine n'est pas loin. Et je me dis, mais comment est-ce qu'on peut encore considérer que le viol, c'est collatéral ? Alors que vous l'avez bien dit, il y a tout un volet économique, un volet de... comment faire ses pensées,

  • Speaker #0

    le sétal.

  • Speaker #1

    Et moi, je me demande très sincèrement ce que ces enfants, même s'il y a un côté espoir quand vous expliquez le projet de Sylvia. Voilà. En même temps, je me dis comment est-ce qu'on peut se construire en étant un enfant né dans ces conditions-là ? Ça doit être extrêmement difficile et ça veut dire qu'après, comment ces gens... Ces humains vont pouvoir adhérer et construire une société.

  • Speaker #0

    Ce sont des enfants qui sont vraiment les premiers candidats à être enrôlés comme enfants soldats. Il faut s'imaginer de toutes les conséquences que cela peut avoir. Mais vous me demandiez encore où est-ce qu'on en est pour une note d'espoir aussi. Je reviens à ce que le docteur Mukwege m'a dit à un moment donné, qu'il a dit publiquement et que je trouve très important. Si on veut essayer de faire quelque chose, et ça s'applique à toutes nos sociétés, de façon préventive, parce qu'en fait, là est aussi le travail, là est surtout le travail, eh bien, c'est au niveau de l'éducation et de l'éducation des garçons, et de l'éducation à l'égalité entre filles et garçons, hommes et femmes, qui est essentielle. Et nous avons encore du travail à faire, même dans nos pays.

  • Speaker #1

    Ça, on est bien d'accord.

  • Speaker #0

    Et je pense que le lac... Clé de la solution est là, c'est que quand nous arriverons à bien, on a fait des progrès, sans aucun doute, en tout cas dans nos pays, mais qu'on arrivera à bien faire comprendre aux petits garçons que la petite fille assise à côté de lui est son égale, et bien nous commencerons à voir un changement, je l'espère.

  • Speaker #1

    Alors moi je vous cite, vous dites « Défendre la cause des femmes, c'est avant tout défendre un humanisme universel en travaillant pour un avenir de justice et de paix. » Je ne sais pas si c'est ces propos qui vous ont valu en septembre 2021 de recevoir de la part de l'ONU le titre de, je cite, « Global Champion for the Fight Against Sexual Violence in Conflict » . Mais champion, moi je trouve championne, championne, bravo, je suis très fière de recevoir la championne que vous êtes. C'est fort, c'est puissant. Alors comment est-ce que vous aimeriez que les gens s'engagent à vos côtés pour revêtir aussi à leur manière une étoffe de champion ? Quel serait le message le plus fort que vous auriez envie de faire passer aujourd'hui à ce micro ?

  • Speaker #0

    Alors la chose essentielle pour moi, c'est que nous soyons le plus nombreuses possible à relayer ce message, à relayer le message que le viol comme arme de guerre dans les conflits est une réalité, que c'est très très souvent une stratégie et que c'est intolérable. Intolérable et... Nous avons à nous battre contre cela et contre tous les a priori, d'une part. Et d'autre part, tristement, l'argent reste toujours le nerf de la guerre. Nous avons besoin d'aide, nous avons besoin de finances pour continuer nos projets, pour être plus efficaces. Regardez, nous avons un projet maintenant. Nous avons une urgence que j'ai mise sur nos réseaux sociaux de 80 jeunes étudiantes afghanes dans un des pays du Golfe. qui risquent d'être renvoyées en Afghanistan. Et nous sommes en train de tout faire pour les sauver et pour montrer que du point de vue du droit international, déjà le fait qu'elles soient sorties d'Afghanistan, elles ont déjà un statut de réfugiés politiques, qu'il faut leur donner un passeport et les accueillir. Donc on est en train de se battre non seulement pour qu'elles soient accueillies, mais pour pouvoir les soutenir et qu'elles puissent continuer leurs études universitaires dans un pays... Là où elles sont, ou l'Initrof, ou ailleurs, ou Pakistan, ou ailleurs, là où nous arriverons à les faire accueillir. Mais vous voyez, c'est un combat de tous les jours.

  • Speaker #1

    En tout cas, merci. J'espère que cette participation au podcast va vraiment pouvoir vous aider. Il y a un lien que je mettrai dans les notes de l'épisode sur le site du podcast. Mais évidemment, les gens peuvent aussi aller sur le site de Stands Big Rise Up pour avoir directement accès à toutes les infos. Il est bien complet. C'est facile de savoir comment est-ce qu'on peut vous aider. Est-ce que vous auriez envie d'ajouter quelque chose pour terminer ?

  • Speaker #0

    Je crois qu'il faut toujours garder une note d'espoir. Et que mon message, même si vous savez très souvent il y a des gens qui viennent vers moi et me disent « Oh c'est une thématique difficile, je ne sais pas si je peux vraiment entendre » et je respecte cela profondément et je le comprends. Mais je leur dis à chaque fois, vous savez, nous essayons toujours de tourner le sujet en espérance. Toujours. Et il faut le faire. Et les premières pour lesquelles il faut le faire, c'est pour les survivantes. Il faut toujours garder l'espoir. et se battre. Donc même si la thématique est difficile, je vous assure que quand nous sommes tous ensemble, on danse, on rit, on pleure parfois, mais on danse et on rit beaucoup.

  • Speaker #1

    J'ai vu sur les reportages et les nombreuses photos qu'il y a que vous prenez beaucoup de plaisir aussi, et c'est important, parce que sans plaisir on ne peut pas avancer, et l'amour, le plaisir, la joie d'aller à la rencontre de ces femmes, de leur culture, de qui elles sont. Merci pour votre engagement.

  • Speaker #0

    Merci, mais vous voyez, quand on redonne l'espoir à une seule femme, eh bien, on a déjà tout fait.

  • Speaker #1

    C'est vrai.

  • Speaker #2

    Merci beaucoup.

  • Speaker #0

    Merci à vous.

  • Speaker #2

    Chères toutes et tous, je suis infiniment reconnaissante à son athèse royale, la grande duchesse Maria Theresa de Luxembourg, d'être venue en personne nous parler de Stanspeak Rise Up et de toutes les actions mise en place depuis bientôt six ans. Je vous suis aussi infiniment reconnaissante d'avoir consacré environ une demi-heure de votre temps à une cause qui effectivement peut sembler comme ça lointaine, qui ne nous concerne pas, et pourtant. Eh bien oui, parce que nous sommes privilégiés, en paix, du moins pour l'instant, parce que l'Ukraine, c'est pas si loin que ça, et l'actualité mondiale ne résonne pas vraiment au son de... Ouvrez, ouvrez la cage aux oiseaux. Eh bien oui, c'est à nous d'inverser la vapeur, puisque oui, nous avons encore les moyens démocratiques de nous faire entendre. Et oui, c'est bien une femme représentant, oui, ce Luxembourg qui n'est pas, non, qu'une place financière doublée d'un paradis fiscal qui a mis, entre guillemets, son nez dans ces questions de conflits armés. pour dénoncer, en étant entouré par une équipe engagée, cette barbarie et les stratégies qui se trament derrière ces viols. Pour en savoir plus, pour faire un don, soutenir Standspeak Rise Up, rendez-vous sur leur site www.standspeakriseuptoutattaché.lu Vous pouvez également passer par podcaston.org en cherchant Luxembourg dans le menu en Ausha droite, avec une petite icône. de monde, pour trouver le pays et sous éclats de voix, vous aurez également un lien direct. Je vous remets le tout dans les notes de l'épisode d'avance. Un immense et infini merci pour votre générosité. Et d'ici notre prochaine rencontre, je vous souhaite des éclats de voix altruistes.

Description

Épisode 40: [Spécial Podcasthon 2025] Entretien exceptionnel avec
S.A.R. la Grande-Duchesse Maria Teresa de Luxembourg, initiatrice de l'association Stand Speak Rise Up!


Pour ma troisième participation consécutive au Podcasthon, le plus grand rassemblement caritatif mondial de podcasts réunissant plus de 1.600 podcasts dans 46 pays, j'ai la grande fierté de recevoir S.A.R. la Grande-Duchesse Maria Teresa de Luxembourg en sa qualité de présidente de l'association Stand Speak Rise Up!.


Dans cet épisode poignant, il est question du combat mené depuis 2019 par cette association qui vise à dénoncer le viol comme arme de guerre, empêcher sa prolifération et soutenir les victimes (femmes et enfants nés du viol) dans leur reconstruction et leur besoin de justice.

La Grande-Duchesse partage la genèse de son engagement, né d'une rencontre bouleversante en 2016 avec le Dr Denis Mukwege (Prix Nobel de la Paix 2018) et évoque les actions concrètes menées sur le terrain. En 2024, l'association a directement soutenu plus de 1.800 femmes et enfants, touché indirectement 22.000 personnes par ses initiatives et sensibilisé plus de 110.000 personnes à cette cause cruciale.

Dans un contexte mondial où les conflits armés ont augmenté de 25% en 2024, avec un doublement ces cinq dernières années selon l'ONG ACLED, cet entretien est plus que jamais d'actualité.


Pour soutenir Stand Speak Rise Up!, rendez-vous sur la page dédiée à Éclats de Voix sur le site du Podcasthon : https://podcasthon.org/fr/podcaster/eclats-de-voix-2


Retrouver et soutenir Stand Speak Rise Up! : https://www.standspeakriseup.lu/fr/accueil/


Discours du Dr Denis Mukwege:: https://multimedia.europarl.europa.eu/fr/video/discours-du-dr-denis-mukwege-sur-les-violences-sexuelles-au-congo-parlement-europeen_N01_AFPS_220224_MUKW


Crédits photos SSRU/ Sophie Margue.


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Production et montage: Anne-Claire Delval, Jean-Michel Gaudron, Cyriaque Motro

Musique: Meydän

Titre:  Synthwave Vibe

Auteur: Meydän

Source: https://meydan.bandcamp.com

Licence: https://creativecommons.org/licenses/by/3.0/deed.fr


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans Éclats de voix, le podcast où les prises de paroles engagées résonnent comme des déclarations d'indépendance. Je suis Anne-Claire Delval, ancienne journaliste, et aujourd'hui je vous accueille pour un épisode très spécial puisqu'il s'inscrit dans le cadre du Podcaston 2025, cette incroyable mobilisation internationale qui réunit plus de 1600 podcasts à travers 46 pays pour soutenir des associations. caritatif dans le monde entier entre le 15 et le 21 mars. Cette super initiative du podcaston a été lancée par Altrui, une association qui promeut l'engagement associatif et dont les fondateurs, Jérémy Mani et Yves Delnat, estiment que, je cite, « cultiver l'altruisme est une solution pragmatique au défi du XXIe siècle » . Je suis bien d'accord. Pour cette troisième participation, j'ai choisi de tendre le micro à Stansby Rise Up, une association fondée sous l'impulsion de son Altesse royale, la Grande Duchesse Maria Theresa de Luxembourg. Cette organisation œuvre avec détermination pour dénoncer le viol utilisé comme arme de guerre, pour alerter sur le statut des enfants nés de ces violences et accompagner les survivants dans leur reconstruction. Plus que jamais, ma devise « dire plutôt que taire » prend tout son sens. Son Altesse royale, la Grande Duchesse Maria Theresa de Luxembourg a accepté mon invitation et va nous expliquer combien il lui tient à cœur de donner, de redonner aux victimes de violences sexuelles en temps de guerre la parole pour qu'elles puissent retrouver dignité, justice et espoir. Alors installez-vous, ouvrez grand vos oreilles et votre cœur car cet épisode promet... vraiment d'être poignée. Bonjour Madame.

  • Speaker #1

    Bonjour.

  • Speaker #0

    Merci du fond du cœur d'avoir accepté mon invitation sur Éclat de Voix dans le cadre du Podcast en 2025 pour venir nous parler de votre engagement et de votre association Stand Speak Rise Up, chère à votre cœur et au mien pour diverses raisons. Alors, cette invitation, elle s'inscrit dans une démarche sincère. Parce qu'après vous avoir écouté lors de votre discours pour la Orange Week à Luxembourgville le 23 novembre dernier, j'ai été touchée par votre engagement contre les violences faites aux femmes et particulièrement dans cette association Stands Peak Rise Up qui lutte contre le viol comme arme de guerre à travers le monde. Tout ça a profondément résonné en moi et ce qui m'a... Beaucoup impressionné, c'est votre capacité, ensuite, en lisant ce que vous avez initié, à mobiliser autant de personnes, comme lors du Forum international de mars 2019, où vous avez réuni plus de 1200 participants, avec certes des experts, mais aussi les survivantes que vous avez mis sur un pied d'égalité. Et votre approche humaine, respectueuse, qui donne justement la parole aux survivantes sans misérabilisme, incarne vraiment pour moi l'esprit d'Éclat de Voix. Dans un monde où les conflits armés ont augmenté de 25% en 2024, selon l'ONG Armed Conflict Location and Event Data à CLED, avec un doublement des conflits mondiaux ces cinq dernières années, votre action est d'autant plus cruciale. Il est remarquable, madame, qu'une représentante d'un petit pays comme le Luxembourg s'engage avec autant de conviction pour dénoncer cette barbarie et les stratégies derrière ces violences sexuelles utilisées, je le répète, comme armes de guerre. Alors, vous allez peut-être nous en parler davantage, mais avant cela, la première question qui me vient à l'esprit, qui est finalement assez simple et basique, mais fondatrice de tout, c'est pourquoi cette cause ? Parce qu'il y en a mille et une pour lesquelles on peut souscrire. Qu'est-ce qui a été vraiment le déclencheur de votre prise de conscience ? Et puis finalement... Ensuite, votre choix de vous engager de la sorte, parce que vous avez donné immédiatement une dimension incroyable à toutes vos actions.

  • Speaker #1

    Je vais peut-être commencer par ce qui m'a toujours animée depuis mes études. Vous savez peut-être ou peut-être pas que j'ai rencontré mon mari pendant des études de sciences politiques à l'Université de Genève. J'ai entrepris des études de sciences politiques vraiment pour me spécialiser dans le domaine humanitaire. Ça a toujours été ma passion et c'est quelque chose aussi, c'est un petit peu dans l'ADN familial. Je l'ai reçu aussi de mes grands-parents et de mes parents à Cuba qui étaient de grands philanthropes. Donc ça c'est un petit peu ce que j'ai en moi, ce désir de m'investir dans le domaine humanitaire. Maintenant évidemment, quand je me trouve de façon tout à fait surprenante en train d'épouser le prince héritier de Luxembourg, donc je ne m'attendais pas du tout à cette magnifique histoire d'amour qui a commencé aussi à l'université, et à ce destin auquel je n'aurais jamais pu m'imaginer que j'étais appelée à un destin pareil, quand je me trouve dans une telle position, je me dis à moi-même une position aussi privilégiée. Une position comme celle-là, dans la lumière, doit servir. Elle doit servir justement à ceux qui sont le moins privilégiés et ceux qui sont le moins dans la lumière. Et ça a toujours été ma direction. Alors, à partir de mon mariage, il y a eu deux chemins pour moi. Il y a eu un chemin national, où je me suis intéressée dans le domaine social à tout ce que faisait mon pays, le Luxembourg. dans le domaine social, et il y a beaucoup de choses. Et les domaines qui m'intéressaient le plus, c'était bien sûr l'enfance, les femmes, les maltraitances en général qui touchent femmes et enfants et familles, et la microfinance, qui a toujours été une passion pour aider justement les personnes en difficulté matérielle à s'en sortir. Ça, c'est venu avec l'UNESCO. Et ensuite, il y avait le volet international. Dans le volet international, il y a effectivement la microfinance. Et puis, il y a les causes les plus compliquées, les plus difficiles, que je me faisais un devoir de défendre, peut-être d'une manière un peu innocente, sans me rendre compte à quel point, quelquefois, ça peut être des thématiques qui dérangent, qui peuvent créer des oppositions ou des résistances. même au sein de notre propre pays, mais néanmoins, heureusement, ça ne m'a jamais arrêtée.

  • Speaker #0

    Ça, ça ne vous a jamais arrêtée, j'en suis le témoin ébahi de voir tout ce que vous faites dans tous ces domaines. Effectivement, je vous avais applaudi aussi lors d'une soirée autour de la microfinance, je me souviens, c'était à la BGL. Alors, est-ce que pour tout ce dans quoi vous vous impliquez, je ne sais pas combien d'heures vous avez dans une journée en tout cas, mais... Pour nos auditeurs, est-ce que vous pourriez refaire un petit peu la jeunesse de cette association Stanspeak Rise Up et peut-être aussi nous expliquer le choix du nom de cette association, ce qu'il a envie de refléter ?

  • Speaker #1

    Oui, alors ça a commencé il y a sept ans lorsque j'avais suivi des émissions sur la télévision française qui parlaient du docteur Mukwege, de son hôpital à Panzi et de son action pour les femmes. victime de viol comme arme de guerre. Ça m'avait déjà énormément bouleversée. Et puis, il est venu à Luxembourg et il a parlé à la Philharmonie. Et j'ai été l'écouter. Et ça, ça a été un moment clé parce que j'ai été extrêmement bouleversée par ce que j'ai entendu. Et je lui ai demandé s'il avait le temps, le lendemain, avant de quitter Luxembourg, de venir me voir. Il a eu la gentillesse de venir me voir au palais. Et là, nous avons discuté tous les deux. J'étais très impressionnée de le rencontrer. Et en même temps, je lui ai dit, mais qu'est-ce que je peux faire ? Comment est-ce que moi, à la place où je suis, je peux vous aider ? Parce que la thématique m'avait, je vous l'avoue, empêchée de dormir et j'étais très bouleversée. Je me suis dit, il faut faire quelque chose pour ces femmes. Alors il m'a dit, mais madame, justement, j'ai une association de femmes victimes, survivantes de viols comme armes de guerre, qui s'appelle CEMA, qui n'arrivent pas. à être entendue ou à devenir visible. Et si vous pouviez leur donner un parterre pour qu'elles puissent s'exprimer, eh bien ce serait merveilleux. Alors je lui ai dit, du tac au tac, j'ai dit, docteur, je ne peux le faire qu'avec vous, mais je suis là, je suis votre homme, et si vous voulez, nous allons faire un forum. Pour donner la parole à ces femmes, c'est-à-dire que contrairement à toutes les conférences internationales qu'il y a eu avant, où ce sont toujours d'éminents spécialistes ou d'éminentes personnalités qui prennent la parole, avec tout le respect que je leur dois, je n'ai jamais compris qu'on ne donne pas la parole aux victimes qui sont les personnes centrales et qui, en général, ne savent mieux que personne. Quels sont les problèmes ? et ce dont elles ont besoin. Donc j'ai dit, nous allons faire ce forum, je suis à vos côtés, je me battrai pour cela, mais à condition que les 50 survivantes soient mes invités à Luxembourg et qu'elles aient la plateforme. Elles sont le cœur, le centre de ce forum. C'est elles qui prendront la parole, avant toute autre personne. Et c'est comme ça que pendant deux ans, et c'est à ce moment-là aussi que j'ai rencontré Ma conseillère Ausha Hashemi, qui est une extraordinaire militante franco-afghane pour la cause des femmes et ô combien malheureusement nécessaire aujourd'hui. Et Ausha m'a rejoint. et m'a aidé à créer et à ce que ce forum soit la réussite qu'il a été. Donc nous avons eu trois prix Nobel autour de moi, les personnalités de toutes les grandes organisations internationales humanitaires et nos 50 survivantes, 1200 personnes sur deux jours et un vrai succès. La grande chance que nous avons eue en préparant ce forum, c'est que nous commençons à travailler en 2017. Et c'était difficile d'avoir de l'argent. Vous savez, j'allais partout, à Luxembourg aussi, dans les banques et les associations, demander qu'on m'aide. Et je me suis heurtée, malgré que c'était moi qui allais demander. Je me suis heurtée à beaucoup de refus et beaucoup de personnes qui me disaient, mais madame, nous ne voulons pas avoir de visibilité pour une cause pareille. Nous voulons donner pour la culture ou le sport. mais pas pour votre cause. Et à tel point que j'ai accepté certains dons, où on m'a mis la condition que je ne mentionne pas de qui ils venaient. Alors ça, ça a commencé à changer aujourd'hui. Ça commence à changer. Et vous savez, ça a changé depuis, on aura l'occasion d'en parler, depuis le 7 octobre en Israël, et depuis la guerre en Ukraine et Ausha, où tout à coup on s'est rendu compte qu'à nos portes,

  • Speaker #0

    oui, à nos portes,

  • Speaker #1

    il y a le viol comme arme de guerre, que ce n'est pas si loin, ni si invraisemblable du tout, malheureusement. Et donc je reviens à mon histoire, 2018. On me téléphone un matin pour me dire, le docteur Mugwege est devenu prix Nobel de la paix.

  • Speaker #0

    J'ai hurlé !

  • Speaker #1

    J'ai hurlé de joie, parce que, évidemment... pour notre forum qui a eu lieu en mars 2019. Ça nous a ouvert tant de portes, ça nous a tant aidé. Et donc le Dr Mukwege a eu cette reconnaissance qu'il mérite tant, est devenu prix Nobel de la paix. Et donc nous avons fait ce forum avec lui, avec le professeur Younous et avec Nadia Mourad, avec qui il a aussi gagné le prix Nobel. Voilà, et à la suite de ça, ce qui est arrivé, c'est qu'après le succès du forum, Je ne pouvais pas abandonner ces femmes. Et ça, c'est quelque chose où Echikeba, Jemi et moi, on est toutes les deux très semblables dans beaucoup de choses, et notamment dans le fait que nous ne supportons pas le one-shot. Et si on commence une action, il faut qu'on continue à accompagner ces femmes. On ne pouvait pas les laisser tomber. Et à ce moment-là, nous avons décidé de créer l'association. Donc, quelques mois après, Le forum qui a eu lieu en mars 2019, je crois que c'était en juin 2019, nous avons créé ensemble, toutes les deux, l'association Stand Speak Rise Up.

  • Speaker #0

    Ok, donc en fait c'est à l'envers. Moi je pensais que c'était d'abord l'association qui avait soutenu, mais non, c'est le forum. Ce qui est incroyable à vous écouter, c'est de vous dire que quelqu'un qui a effectivement votre position n'arrive déjà pas, elle, à ce moment-là, à dire, mais ok, est-ce que vous pouvez nous aider ? Et que non... Le conflit armé, le conflit, la violence, en fait, c'est vrai que j'ai l'impression que depuis deux, trois ans, vraiment, on commence, après tous les mouvements MeToo, etc., à enfin ouvrir les yeux sur la réalité, mais que jusque-là, oh non, on ne voudrait surtout pas avoir l'air de s'impliquer dans quelque chose qui pourrait peut-être porter atteinte à notre image, alors qu'en réalité, c'est l'humanité dont il est question.

  • Speaker #1

    Absolument, absolument. Et c'est l'avenir de l'humanité. Oui,

  • Speaker #0

    exactement.

  • Speaker #1

    Parce que cette violence, nous parlons là de la violence la plus atroce, la plus épouvantable. Mais je dis toujours que la violence dont je m'occupe sur le plan international, des femmes victimes de viol comme armes de guerre, ne fait que fortifier mon implication dans toute forme de violence envers les femmes. Oui. Chez nous aussi. Oui. Ça commence chez nous.

  • Speaker #0

    Bien sûr. Alors, « Stand, speak, rise up » . Oui. Le nom, vous l'avez choisi tous ensemble ?

  • Speaker #1

    On était un petit groupe à réfléchir à quel était le meilleur nom. Il y avait plusieurs possibilités. Et en fait, on trouvait très fort et symbolique. Malheureusement, la langue anglaise a quelque chose de plus facile pour les titres, pour les raccourcis, plus percutant pour les raccourcis. Et là, ces trois mots, « Stand » , « Debout » , « Speak » , « Parle » et « Rise up » , « Lève-toi » .

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Ça voulait tout dire. C'est vrai. Ça incarnait ce que j'espérais pour ces femmes, ce que j'essayais de les aider. à acquérir.

  • Speaker #0

    Oui, et ce que vous dites aussi sur le fait de les accompagner et de ne pas faire juste un one-shot, c'est précieux parce que c'est quand même malheureusement souvent ce qui se passe. Là, on est encore dans le mois de la femme, on a eu le mois de novembre avec la violence faite aux femmes, mais entre-temps, j'ai envie de dire que les thématiques, elles ne s'arrêtent pas à la fin du mois ou à la fin du forum. Donc, merci pour elles de continuer ce combat et cette mise en lumière de cette réalité parce que... On est quand même dans un monde où on a de plus en plus de violence. On continue à avoir un nombre de... Vous avez parlé tout à l'heure de la guerre en Ukraine, d'Israël. Et c'est vrai qu'on est quand même très... On se dit pour l'instant, ça va, on n'est pas trop touchés, on est en paix. Mais ça risque de ne pas durer cette affaire,

  • Speaker #1

    malheureusement.

  • Speaker #0

    Alors, vous nous avez parlé de Ausha Hachemi, du docteur Mukwebe. Et puis, il y a aussi Stéphane Bern, avec qui vous avez rédigé un livre, Un amour souverain. Alors déjà, moi, je trouve que c'est juste délicat, délicieux, cette initiative. Non, mais ce serait vrai. Souvent, on est... Pour vous raconter mon histoire, là, je suis regardée il y a quelque temps sur Netflix, l'histoire de la reine d'Angleterre. Et on ne se rend pas compte. de ce que vivent les gens de l'intérieur. Il y a une espèce d'image sur papier glacé que vous êtes forcés de montrer que nous, il y a tout l'imaginaire collectif et puis non, il y a en fait la réalité. Et c'est ça que vous avez exposé. Moi, je trouve ça délicat,

  • Speaker #1

    vraiment.

  • Speaker #0

    Alors, entre toutes ces personnalités qui forment le conseil d'administration, le Stanspeak Rise Up, comment est-ce que vous vous organisez ? Comment est-ce que chacun a sa... place ou sa part de travail ?

  • Speaker #1

    Alors, ce que nous faisons, c'est que en fait, ils nous accompagnent, nous les informons, nous leur tenons au courant de tout ce que nous faisons de manière régulière, mais ce sont toutes des personnalités, comme vous l'avez très bien dit, d'abord des personnalités de haut rang, très engagées et très occupées. Donc, nous ne sollicitons pas trop leur temps, nous essayons de nous réunir une fois par an. Si nous n'arrivons pas physiquement à nous retrouver, au moins nous ne le faisons pas visio. Donc nous faisons notre conseil d'administration une fois par an. Et là, nous échangeons de ce que nous avons fait, de comment ils voient les choses, comment ils sentent les choses. Mais je dois dire que la cheville ouvrière, vraiment, nous sommes une toute petite équipe de trois jeunes femmes adorables qui nous aident. Ausha Shemi qui est... la force motrice de l'association avec moi et moi-même. Donc les gens ne se rendent pas compte non plus que nous sommes une toute petite association et que nous sommes totalement indépendantes, c'est-à-dire que nous ne demandons pas de l'aide, pas un centime de l'État.

  • Speaker #0

    Ah, c'est bien de le souligner aussi, parce que là encore, l'imaginaire collectif pourrait faire penser à autre chose. Alors, sur le compte Instagram de Stanspeak Rise Up, il y avait un... poste qui était publié la veille de la Saint-Valentin. Donc, je trouvais que c'était une date magique aussi parce que sans l'amour, rien n'est possible. Vous êtes en train de nous le faire comprendre. Et elle faisait état de résultats des actions de l'association en 2024. Alors, est-ce que vous avez envie de nous dire un petit peu les chiffres ou ce que vous avez de farce ? Parce que vous faites tellement de toutes façons que vous ne pourrez jamais nous lister tout ce que vous avez fait l'année dernière. Ce n'est pas possible.

  • Speaker #1

    Mais je voudrais dire que pour une jeune association qui n'a que 5-6 ans, je suis tellement fière de ce que nous avons réussi à faire, je dois dire, et très très reconnaissante. Il est vrai que nous nous donnons à fond cette petite équipe et qu'on a réussi quand même, j'ai quelques chiffres, mais on a pu aider 1800 femmes et enfants qui sont directement soutenus, financièrement, et que ce soit à travers de l'aide directe ou des projets. où nous les aidons à monter des projets desquels ils vont pouvoir vivre. Notamment, nous avons une survivante au Congo qui s'appelle Tatiana. Tatiana est arrivée à mon forum et c'était une femme vraiment profondément, profondément en souffrance. Et elle est repartie la tête haute et en train d'avoir le courage et la force de rentrer chez elle. et de diriger un groupe de femmes victimes aussi autour d'elle. Et elle est devenue un leader, un chef de file et en même temps chef d'entreprise. Parce qu'aujourd'hui, avec notre aide, Tatiana emploie 100 femmes dans un projet d'agriculture et de pisciculture. Et des femmes victimes de viols comme armes de guerre aussi. Alors nous sommes très très tristes en ce moment, évidemment, et très préoccupées parce que le projet est en suspens, elle a dû fuir. la région des grands lacs, elle est à Kinshasa. Il y a certaines de nos survivantes qui ont de nouveau été violées. Je ne sais pas dans quel état elles sont donc...

  • Speaker #0

    Oui, c'est vrai que là, on en a entendu parler en début d'année, que c'est très, très, très,

  • Speaker #1

    très dur. Très douloureux. Mais voilà, il faut qu'on se concentre sur ce qui marche.

  • Speaker #0

    Et nous, ne pas lâcher pour être leur force derrière.

  • Speaker #1

    Voilà. Donc, on a les projets concrets sur le terrain. Il y en a plusieurs. Il y en a un autre très beau en Ouganda. C'est Sylvia, notre survivante. Sylvia a mis au monde un enfant né du viol et elle a énormément souffert du rejet. complets de sa communauté, ce qui arrive à toutes les femmes qui ont des enfants nés du viol. Il faut savoir que ces enfants, la communauté les rejette et les appelle des serpents nés de serpents. Donc, rendez-vous compte de ce que ça signifie comme rejet. Et donc, Sylvia, ce qu'elle a fait, c'est qu'elle a commencé, elle a réussi, elle a commencé une école pour ses enfants avec notre aide. Elle a réussi à intégrer certains enfants. dans l'école normale où on les refusait. Figurez-vous qu'aujourd'hui ces enfants sont les meilleurs de la classe. Et que ce qui est une immense satisfaction, c'est que des enfants qui pourraient devenir les violeurs de demain ou les terroristes de demain, nous essayons de les sauver, de les sortir du cycle infernal de la violence et d'en faire des hommes fiers, droits, debout et qui réussissent. Donc ça pour moi, et le projet de Sylvia est tellement exceptionnel que les survivantes entre elles sont en train de s'échanger les « good practices » . Et certaines vont commencer une école comme celle de Sylvia dans d'autres pays d'Afrique et avoisinants parce que le projet est un tel succès. Donc ça c'est aussi une immense satisfaction évidemment.

  • Speaker #0

    Oui, et puis de se dire aussi que vous n'êtes plus obligé de tout piloter, que ça s'auto-gère, ça c'est vraiment merveilleux.

  • Speaker #1

    ça prend racine et que les survivantes cèdent entre elles mais on ne peut rien demander de plus beau c'est merveilleux et puis il y a tout le côté de l'association qui est le côté plaidoyer qui est ce que nous avons fait chez Kéba et moi avec Tatiana notre survivante avant-hier à l'Assemblée nationale pour le 8 mars on a eu la chance à travers la députée Emmanuelle Hoffmann d'être reçue dans la salle Colbert de l'Assemblée nationale et c'était merveilleux on a eu un... un grand parterre de participants et nous avons pu parler de notre association et de la situation des femmes dans le monde à l'heure actuelle. Et c'est ce genre de plaidoyer qui doit aider à prendre conscience de la problématique et surtout pour arriver à, comme le mouvement MeToo, comme tous les mouvements, non seulement à rendre attentif et conscient du problème, mais à commencer à trouver les solutions.

  • Speaker #0

    Oui, moi, c'est une question aussi, en fait, en fond, est-ce qu'entre vous, vous avez discuté, et certainement, pour l'instant, il n'y a pas une réponse claire, mais comment est-ce qu'on peut être actif dans cette interdiction plus formalisée ? Je ne sais pas. Parce que finalement, peut-être que je me trompe, mais en vous parlant, je me dis, mais je n'ai pas l'impression d'avoir entendu parler d'un procès, on va entendre parler des procès à des violeurs à droite, à gauche. En France, on sait très bien de quoi on parle ces dernières semaines à moi. Mais est-ce qu'on parle vraiment de procès de gens qui auraient violé pendant la guerre ?

  • Speaker #1

    Alors, à travers la Cour pénale internationale, il y a eu quelques cas. Ce qui est clair, c'est que dans le droit international, le viol est considéré comme un crime de guerre. Et donc, cela définit déjà la chose. Il y a une possibilité de poursuivre. La difficulté, c'est de mettre en pratique. Et la première difficulté, très souvent, c'est que des femmes qui sont souvent dans des lieux très éloignés, très isolés, d'abord qu'elles aient le courage, parce que ça demande un sérieux courage, de porter témoignage, de parler de ce qui leur est arrivé, et surtout la peur de ne pas être prise au sérieux. Vous savez que dans beaucoup de petits villages et de lieux de police, dans des endroits reculés d'Afrique... On les renvoie sans suite, même quand elles ont eu le courage de parler. Et ça n'arrive pas qu'en Afrique.

  • Speaker #0

    Non, ça je suis bien d'accord, c'est ce que j'allais vous dire. On sait que c'est le cas déjà ici chez nous, on imagine.

  • Speaker #1

    On sait exactement, on a suffisamment de tristes témoignages de cela. Et surtout, très souvent, elles ne parlent pas forcément la langue nationale. Elles parlent parfois des dialectes. Il y a toute une série de choses. Les avocats ne sont pas disponibles. Ça coûte très cher, elles n'ont pas les moyens. Donc, nous nous heurtons. a une énorme quantité de défis, mais ça ne nous permet pas de baisser les bras. Il faut qu'on continue à faire le plaidoyer et à mobiliser les organisations internationales pour qu'elles interviennent. Ça d'un côté, et à travailler sur le droit. Nous avons commencé à l'Assemblée nationale. À la fin de ce colloque, nous avons décidé de créer, avec l'Assemblée nationale et Stand Speak Rise Up, un groupe de travail, justement pour avancer sur les questions juridiques, pour devenir plus efficaces du point de vue juridique.

  • Speaker #0

    Ça, c'est une belle avancée aussi.

  • Speaker #1

    Absolument. Et donc, avec des députés, avec des spécialistes dans le domaine, nous allons commencer un groupe de travail de l'Assemblée nationale.

  • Speaker #0

    Alors, dans son discours au Parlement européen, qui venait de lui décerner le prix Sakharov en 2014, pour la liberté de l'esprit pour son travail, le docteur Denis Mukwebe, qui est devenu, comme vous l'avez dit tout à l'heure, prix Nobel quatre ans plus tard. En 2018, elle avait lancé un cri du cœur qui va faire se lever tout l'hémicycle. Je vous laisse l'écouter.

  • Speaker #2

    Le corps des femmes est devenu un véritable champ de bataille et le viol est utilisé comme une arme de guerre. Comment m'éterre quand nous savons que ces crimes contre l'humanité sont planifiés avec un mobile bassement économique ? Comment m'éterre ? Quand ces mêmes raisons économiques ont conduit à l'usage du viol comme une stratégie de guerre. Chaque femme violée, je l'identifie à ma femme. Chaque mère violée, je l'identifie à ma mère. Et chaque enfant violé, je l'identifie à mes enfants. Dans un monde d'inversion des valeurs, où la violence se banalise en prenant des formes toujours abominables, refuser la violence, c'est être dissident. En attirant l'attention du monde sur la nécessité de protéger les femmes en période de conflits armés, vous avez refusé l'indifférence face à l'une des plus grandes catastrophes humanitaires de temps moderne. Dans mon pays... Il y a des centaines de milliers de femmes violées et d'autres milliers d'enfants nés issus du viol. Déjà, un seul cas de viol est grave et nécessite une action de nous tous. Il n'y aura pas de paix ni de développement économique et social sans respect des droits de l'homme, sans réparation pour les survivantes de viols et les victimes, et sans mécanisme d'établissement de la vérité pour promouvoir La réconciliation.

  • Speaker #0

    Alors, dix ans plus tard, madame, où nous sommes-nous ?

  • Speaker #1

    Dix ans plus tard, nous en sommes tristement à une société qui semble devenir de plus en plus violente et à des épisodes terribles comme ceux du 7 octobre. et ceux d'Ukraine, de Ausha. Et donc, la réalité, c'est que le viol comme arme de guerre est une pratique qui n'est pas un mal collatéral, comme on a très souvent voulu le dire, de la guerre ou des guérillas. Ce n'est pas un mal collatéral. On se rend compte de plus en plus que cette...

  • Speaker #0

    Un véritable, une stratégie, une stratégie de destruction, une stratégie d'humiliation, comme je l'appelle souvent une bombe à sous-monition, qui va toucher, et on l'a vu avec les enfants nés du viol, non pas une génération, mais des générations entières. Une société entière, une communauté entière pendant des années. Et donc, on commence à parler aujourd'hui d'une forme de génocide aussi. Et je crois qu'il faut que nous prenions conscience qu'on arrête de dire qu'il y a toujours eu le viol pendant les guerres, c'est un mal collatéral, etc. C'est un discours qui est inaudible et inacceptable pour moi. Et je crois qu'il ne faut pas baisser les bras. Je dis souvent qu'on ne peut pas arrêter la guerre, mais on peut au moins tout faire pour essayer d'arrêter le viol comme homme de guerre. Et ça, nous devons continuer à travailler dans ce sens-là.

  • Speaker #1

    Oui, parce que je disais qu'on est quand même dans un état... mondiale où il n'y a jamais eu autant de conflits depuis l'armée, depuis la guerre froide. Donc, c'est quand même... La guerre froide n'est pas si lointaine que ça. Ça veut dire que nous, on a la chance d'être dans un endroit pour l'instant en paix, même si, on l'a dit, l'Ukraine n'est pas loin. Et je me dis, mais comment est-ce qu'on peut encore considérer que le viol, c'est collatéral ? Alors que vous l'avez bien dit, il y a tout un volet économique, un volet de... comment faire ses pensées,

  • Speaker #0

    le sétal.

  • Speaker #1

    Et moi, je me demande très sincèrement ce que ces enfants, même s'il y a un côté espoir quand vous expliquez le projet de Sylvia. Voilà. En même temps, je me dis comment est-ce qu'on peut se construire en étant un enfant né dans ces conditions-là ? Ça doit être extrêmement difficile et ça veut dire qu'après, comment ces gens... Ces humains vont pouvoir adhérer et construire une société.

  • Speaker #0

    Ce sont des enfants qui sont vraiment les premiers candidats à être enrôlés comme enfants soldats. Il faut s'imaginer de toutes les conséquences que cela peut avoir. Mais vous me demandiez encore où est-ce qu'on en est pour une note d'espoir aussi. Je reviens à ce que le docteur Mukwege m'a dit à un moment donné, qu'il a dit publiquement et que je trouve très important. Si on veut essayer de faire quelque chose, et ça s'applique à toutes nos sociétés, de façon préventive, parce qu'en fait, là est aussi le travail, là est surtout le travail, eh bien, c'est au niveau de l'éducation et de l'éducation des garçons, et de l'éducation à l'égalité entre filles et garçons, hommes et femmes, qui est essentielle. Et nous avons encore du travail à faire, même dans nos pays.

  • Speaker #1

    Ça, on est bien d'accord.

  • Speaker #0

    Et je pense que le lac... Clé de la solution est là, c'est que quand nous arriverons à bien, on a fait des progrès, sans aucun doute, en tout cas dans nos pays, mais qu'on arrivera à bien faire comprendre aux petits garçons que la petite fille assise à côté de lui est son égale, et bien nous commencerons à voir un changement, je l'espère.

  • Speaker #1

    Alors moi je vous cite, vous dites « Défendre la cause des femmes, c'est avant tout défendre un humanisme universel en travaillant pour un avenir de justice et de paix. » Je ne sais pas si c'est ces propos qui vous ont valu en septembre 2021 de recevoir de la part de l'ONU le titre de, je cite, « Global Champion for the Fight Against Sexual Violence in Conflict » . Mais champion, moi je trouve championne, championne, bravo, je suis très fière de recevoir la championne que vous êtes. C'est fort, c'est puissant. Alors comment est-ce que vous aimeriez que les gens s'engagent à vos côtés pour revêtir aussi à leur manière une étoffe de champion ? Quel serait le message le plus fort que vous auriez envie de faire passer aujourd'hui à ce micro ?

  • Speaker #0

    Alors la chose essentielle pour moi, c'est que nous soyons le plus nombreuses possible à relayer ce message, à relayer le message que le viol comme arme de guerre dans les conflits est une réalité, que c'est très très souvent une stratégie et que c'est intolérable. Intolérable et... Nous avons à nous battre contre cela et contre tous les a priori, d'une part. Et d'autre part, tristement, l'argent reste toujours le nerf de la guerre. Nous avons besoin d'aide, nous avons besoin de finances pour continuer nos projets, pour être plus efficaces. Regardez, nous avons un projet maintenant. Nous avons une urgence que j'ai mise sur nos réseaux sociaux de 80 jeunes étudiantes afghanes dans un des pays du Golfe. qui risquent d'être renvoyées en Afghanistan. Et nous sommes en train de tout faire pour les sauver et pour montrer que du point de vue du droit international, déjà le fait qu'elles soient sorties d'Afghanistan, elles ont déjà un statut de réfugiés politiques, qu'il faut leur donner un passeport et les accueillir. Donc on est en train de se battre non seulement pour qu'elles soient accueillies, mais pour pouvoir les soutenir et qu'elles puissent continuer leurs études universitaires dans un pays... Là où elles sont, ou l'Initrof, ou ailleurs, ou Pakistan, ou ailleurs, là où nous arriverons à les faire accueillir. Mais vous voyez, c'est un combat de tous les jours.

  • Speaker #1

    En tout cas, merci. J'espère que cette participation au podcast va vraiment pouvoir vous aider. Il y a un lien que je mettrai dans les notes de l'épisode sur le site du podcast. Mais évidemment, les gens peuvent aussi aller sur le site de Stands Big Rise Up pour avoir directement accès à toutes les infos. Il est bien complet. C'est facile de savoir comment est-ce qu'on peut vous aider. Est-ce que vous auriez envie d'ajouter quelque chose pour terminer ?

  • Speaker #0

    Je crois qu'il faut toujours garder une note d'espoir. Et que mon message, même si vous savez très souvent il y a des gens qui viennent vers moi et me disent « Oh c'est une thématique difficile, je ne sais pas si je peux vraiment entendre » et je respecte cela profondément et je le comprends. Mais je leur dis à chaque fois, vous savez, nous essayons toujours de tourner le sujet en espérance. Toujours. Et il faut le faire. Et les premières pour lesquelles il faut le faire, c'est pour les survivantes. Il faut toujours garder l'espoir. et se battre. Donc même si la thématique est difficile, je vous assure que quand nous sommes tous ensemble, on danse, on rit, on pleure parfois, mais on danse et on rit beaucoup.

  • Speaker #1

    J'ai vu sur les reportages et les nombreuses photos qu'il y a que vous prenez beaucoup de plaisir aussi, et c'est important, parce que sans plaisir on ne peut pas avancer, et l'amour, le plaisir, la joie d'aller à la rencontre de ces femmes, de leur culture, de qui elles sont. Merci pour votre engagement.

  • Speaker #0

    Merci, mais vous voyez, quand on redonne l'espoir à une seule femme, eh bien, on a déjà tout fait.

  • Speaker #1

    C'est vrai.

  • Speaker #2

    Merci beaucoup.

  • Speaker #0

    Merci à vous.

  • Speaker #2

    Chères toutes et tous, je suis infiniment reconnaissante à son athèse royale, la grande duchesse Maria Theresa de Luxembourg, d'être venue en personne nous parler de Stanspeak Rise Up et de toutes les actions mise en place depuis bientôt six ans. Je vous suis aussi infiniment reconnaissante d'avoir consacré environ une demi-heure de votre temps à une cause qui effectivement peut sembler comme ça lointaine, qui ne nous concerne pas, et pourtant. Eh bien oui, parce que nous sommes privilégiés, en paix, du moins pour l'instant, parce que l'Ukraine, c'est pas si loin que ça, et l'actualité mondiale ne résonne pas vraiment au son de... Ouvrez, ouvrez la cage aux oiseaux. Eh bien oui, c'est à nous d'inverser la vapeur, puisque oui, nous avons encore les moyens démocratiques de nous faire entendre. Et oui, c'est bien une femme représentant, oui, ce Luxembourg qui n'est pas, non, qu'une place financière doublée d'un paradis fiscal qui a mis, entre guillemets, son nez dans ces questions de conflits armés. pour dénoncer, en étant entouré par une équipe engagée, cette barbarie et les stratégies qui se trament derrière ces viols. Pour en savoir plus, pour faire un don, soutenir Standspeak Rise Up, rendez-vous sur leur site www.standspeakriseuptoutattaché.lu Vous pouvez également passer par podcaston.org en cherchant Luxembourg dans le menu en Ausha droite, avec une petite icône. de monde, pour trouver le pays et sous éclats de voix, vous aurez également un lien direct. Je vous remets le tout dans les notes de l'épisode d'avance. Un immense et infini merci pour votre générosité. Et d'ici notre prochaine rencontre, je vous souhaite des éclats de voix altruistes.

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