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L’Effacement, flexibilité de la consommation d’électricité pour soulager le réseau

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15min |22/10/2024
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Description

La flexibilité de la consommation d’électricité permet de réduire les émissions de CO2 en limitant les appels de pointe. Un mécanisme dans lequel les collectivités ont un rôle à jouer, et des bénéfices économiques à tirer.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue sur le podcast ACTEE, Action des collectivités territoriales pour l'efficacité énergétique.

  • Speaker #1

    L'effacement, flexibilité de la consommation d'électricité pour soulager le réseau. On n'aura jamais autant parlé d'effacement qu'à l'approche de l'hiver 2022. À l'époque, le parc nucléaire français a quelques difficultés et la guerre en Ukraine met en péril l'approvisionnement en gaz. Résultat, la production électrique risque de ne pas pouvoir couvrir la demande, surtout en cas de vagues de froid. La crainte de devoir procéder à des coupures ciblées dans certaines zones du pays est réelle. L'effacement, longtemps resté confidentiel en France, arrive donc sur le devant de la scène. Adam Soussana nous explique ce que signifie ce terme. Chez ACTEE, il est en charge du sous-programme Eff'ACTEE.

  • Speaker #2

    La flexibilité de la consommation d'électricité, c'est la capacité d'un consommateur à moduler ou à décaler sa consommation d'électricité pour s'adapter aux besoins du réseau et aux besoins de la production d'électricité. L'effacement, c'est une flexibilité à la baisse. Donc c'est le fait de diminuer sa consommation d'électricité à un moment où le réseau en a besoin. Par exemple, on a dans le système électrique tel qu'il existe aujourd'hui des pointes de consommation électriques l'hiver, notamment le matin entre 7h et 11h. Et dans ce cadre-là, l'effacement électrique, ça va vouloir dire diminuer sa consommation d'électricité pendant la pointe de consommation, pour essayer de lisser cette pointe et faire en sorte que la consommation soit plus adaptée à la production d'électricité, et donc éviter de mettre en danger le réseau électrique.

  • Speaker #1

    Mais pour préserver le réseau en faisant de l'effacement, encore faut-il savoir quand il est en tension. C'est pour cela que RTE, le gestionnaire du réseau d'électricité, a créé le système d'alerte EcoWatt, comme l'explique Yannick Jacquemart. Il est directeur Nouvelle Flexibilité pour le Système Électrique chez RTE.

  • Yannick Jacquemart

    EcoWatt est un système d'alerte qu'RTE a développé depuis assez longtemps, qui visait au départ des problèmes locaux. EcoWatt a été totalement modernisé en 2022 et totalement dédié aux situations de risque que nous anticipions, qui sont nationaux, et qui concernait le risque de manquer de production d'électricité à un certain moment donné. Comme il s'agit d'une notion très ponctuelle, c'est-à-dire que sur les heures de la journée, on n'a pas les mêmes risques, EcoWatt, à ce moment-là, a été mis en mode horaire, c'est-à-dire qu'il indique pour les 24 heures de la journée, les heures qui sont les plus en risque avec un système d'alerte, comme les alertes météo : vert, pas d'alerte, orange, situation tendue, et puis rouge, situation très tendue, nous serons obligés de couper une partie de la consommation française, ce qu'on appelle un délestage.

  • Speaker #1

    Le délestage est en effet une coupure d'électricité localisée pendant une courte période de 2 heures maximum. Cela permet de rééquilibrer l'offre et la demande d'électricité et donc d'empêcher le réseau de s'effondrer complètement. En cas d'alerte EcoWatt orange ou rouge, il faut donc que des acteurs se mobilisent et fassent de l'effacement pour éviter ces délestages. Toutefois, il faut que ce système d'alerte soit bien relayé. RTE a donc lancé la charte EcoWatt à l'automne 2022. A ce jour, elles dénombrent plus de 400 signataires. Parmi eux, on retrouve beaucoup d'industriels, mais aussi 150 collectivités. Elles se sont engagées à diminuer leur consommation électrique en cas d'alerte, mais aussi à relayer ces alertes auprès de leurs employés et usagers. Elles doivent également faire de la pédagogie envers ces publics pour leur apprendre les bons gestes en cas d'alerte. Le SIGERLy, le syndicat de gestion des énergies de la région lyonnaise, a signé cette charte. RTE leur a donc proposé de faire une journée d'effacement afin de mesurer l'impact des différentes mesures d'effacement. Florence Malin, directrice conseil en énergie partagée du SIGERLy, nous raconte cette journée.

  • Speaker #3

    Dans le cadre de cette journée, un groupe de collaborateurs du SIGERLy a identifié au préalable des actions à mettre en place pour réduire ou décaler nos consommations d'électricité dans nos locaux. Nous avons décidé par exemple de mettre en marche ce jour-là qu'une seule de nos photocopieuses, qu'un seul de nos réfrigérateurs, qu'une seule de nos machines à café. Nous avons aussi décidé, en accord avec le service informatique, d'éteindre la climatisation du serveur ce jour-là. Et de ce fait, nous avions laissé la porte du local serveur ouverte. On a bien sûr prévenu les agents au préalable de ces actions.

  • Speaker #1

    L'effacement est surtout connu dans l'industrie. En effet, les processus industriels sont souvent très électro-intensifs, donc il est plus facile de moduler voire de stopper ces processus pour gagner de la puissance électrique pendant les heures de pointe. Du côté des bâtiments tertiaires, les consommations sont plus diffuses, donc l'effacement est plus compliqué. Toutefois, il est essentiel de les impliquer dans l'effacement selon Adam Soussana. Cela est particulièrement important durant la pointe du matin de consommation électrique entre 7h et 11h.

  • Speaker #2

    Le tertiaire contribue à 30% environ, si on prend en compte l'ensemble des bâtiments tertiaires, dans la consommation d'électricité lors de cette pente. Aujourd'hui, les bâtiments tertiaires, c'est 922 millions de mètres carrés et les collectivités représentent à peu près 40% de cette surface. Et donc, tous ces bâtiments tertiaires, ont un impact très fort sur le réseau électrique pendant la pointe du matin.

  • Speaker #1

    Le problème, c'est que l'effacement est encore peu connu des collectivités et elles peuvent avoir du mal à se saisir de cette thématique. C'est pourquoi ACTEE a lancé le sous-programme Eff'ACTEE en 2022. Comme toujours chez ACTEE, ce sous-programme se compose de deux piliers. D'abord, il doit fournir des ressources pour aider les collectivités à mieux connaître l'effacement. Et ensuite, il leur apporte un accompagnement financier. Adam Soussana revient sur les différents lots de financement d'Eff'ACTEE.

  • Speaker #2

    D'abord, un lot de financement sur les ressources humaines. On propose aux collectivités soit de recruter une nouvelle personne qui serait en charge de développer ces questions d'effacement électrique et de flexibilité électrique sur le territoire, soit de financer un poste déjà existant, à condition qu'elles nous garantissent qu'elles alloueraient une quote-part de ce poste à ce développement de la question de la flexibilité et de l'effacement. On va aussi financer pour les collectivités des outils de mesures et de suivi de consommation qui vont leur permettre d'aller mesurer, par exemple, quelle est la puissance électrique de leur bâtiment, sur quels usages on pourrait travailler, et donc d'aller se poser les bonnes questions pour ensuite préparer leur démarche d'effacement et de flexibilité électrique. On va aussi financer pour les collectivités des études. Donc, par exemple, d'avoir un bureau d'études externe qui va venir regarder un bâtiment ou un pool de bâtiments et dire : voilà, c'est sur celui-ci et celui-ci qu'on pense que c'est vraiment pertinent d'aller faire de la flexibilité et de l'effacement électrique parce qu'ils ont, par exemple, des grosses puissances électriques qui sont chauffées électriquement et qu'il y a déjà des systèmes BACS, donc de pilotage installé dans ces bâtiments. Et on a finalement un lot AMO. Donc là aussi, comme c'est un sujet très nouveau pour les collectivités, on leur propose de se faire accompagner par des assistants à maîtrise d'ouvrage qui peuvent les aider à mieux connaître cette thématique. Et ces assistants à maîtrise d'ouvrage, ils peuvent faire un peu ce que veulent les collectivités sur ce sujet-là. Donc les accompagner, par exemple, pour sensibiliser les usagers ou pour les aider à passer un contrat juridiquement. Ou encore pour les aider à construire leur modèle de financement. Donc ces quatre lots de financement, il faut qu'on essaye d'avoir une démarche vraiment intégrée pour les collectivités, pour qu'elles aient toutes les cartes en main pour développer la flexibilité et l'effacement électrique. Le SIGERLy a ainsi fait appel à ACTEE pour ces questions d'effacement, comme l'explique Florence Mallein.

  • Speaker #3

    Dans le cadre du programme ACTEE, la FNCCR a mis à disposition un certain nombre de ressources pour mieux appréhender les notions d'effacement, notamment plusieurs webinair afin de nous acculturer à cette thématique qui est totalement nouvelle pour nous et pour les collectivités de manière générale. La FNCCR nous a aussi transmis un modèle de cahier des charges pour qu'on puisse réaliser des audits d'effacement et les coordonnées aussi d'entreprises susceptibles de répondre à notre consultation pour cette prestation qui ne sont pas les entreprises avec lesquelles nous avons l'habitude de travailler. ACTEE nous a apporté un financement de 50% pour la réalisation des audits d'effacement, mais aussi pour l'achat de petits équipements. Le SIGERLy a notamment acheté un enregistreur de consommation électrique qui nous permet de mesurer la consommation d'un appareil isolé, de type cafetière, réfrigérateur, photocopieur, tout équipement, afin d'identifier son potentiel d'effacement.

  • Speaker #1

    Le SIGERLy a commencé par analyser les puissances électriques souscrites et les consommations des bâtiments de son territoire. Après avoir identifié les sites avec le plus fort potentiel d'effacement, ils ont choisi de réaliser sept audits d'effacement sur des bâtiments très variés, allant de la piscine à la mairie, en passant par une cuisine centrale. Cela a apporté de précieuses informations, comme l'explique Florence Mallein.

  • Speaker #3

    Après avoir réalisé l'ensemble des audits, nous avons identifié que les piscines avaient un très fort potentiel, alors qu'à l'inverse, les mairies avaient un faible potentiel d'effacement. Les piscines sont des équipements qui nécessitent de très grosses puissances souscrites, parce qu'elles ont énormément d'équipements, notamment des centrales de traitement d'air avec des très gros débits pour pouvoir renouveler l'air, avec une problématique de chloramine sur ce type de bâtiment, donc il faut beaucoup ventiler. Comme elles ont des gros débits, on peut temporairement abaisser ces débits. L'effacement, c'est sur des périodes courtes. Sur une piscine, on peut de façon ponctuelle abaisser le débit et faire de l'effacement. A l'inverse, sur des mairies, il n'y a pas ce type d'équipement, ou du moins avec des puissances moins importantes.

  • Speaker #1

    Ces audits permettent notamment d'identifier l'étiquette GoFlex d'un bâtiment. Le projet GoFlex a été monté par ACTEE, en collaboration avec l'IFPEB, RTE et le Gimelec. Cette étiquette GoFlex évalue le potentiel de flexibilité électrique des bâtiments tertiaires. Adam Soussana détaille ce mécanisme. Concrètement, qu'est-ce que ça veut dire ? Pour un bâtiment donné, l'étiquette GoFlex va nous donner trois indicateurs qui vont donner un premier sentiment de à quel point le bâtiment pourrait faire de la flexibilité et de l'effacement électrique. Ces trois indicateurs, c'est la classe du système de pilotage du bâtiment : est-ce qu'il est équipé ou non d'un système de pilotage ? Et à quel point est-ce que celui-ci permet de faire de la flexibilité ? Le deuxième indicateur, ça va être la puissance électrique réellement effaçable dans le bâtiment, en fonction de l'évaluation qui a été menée. Et le dernier indicateur, ça va être le ratio entre cette puissance réellement effaçable et la puissance souscrite du bâtiment. Ces trois indicateurs-là vont faire une sorte de nutri-score de la flexibilité qui vont pouvoir permettre aux acteurs de l'écosystème de se repérer parmi tous les bâtiments tertiaires et de dire : celui-ci est peut-être plus intéressant parce que son étiquette GoFlex est plus favorable, donc je vais aller travailler en priorité sur celui-ci. Et puis celui-ci, son étiquette GoFlex est peut-être un petit peu moins intéressante pour l'instant. Donc, le besoin est peut-être plutôt d'accompagner le propriétaire ou la collectivité sur l'acquisition, par exemple, d'un système BACS avant d'aller se lancer sur la flexibilité. Avec cette étiquette, les collectivités peuvent inscrire leurs bâtiments tertiaires sur la plateforme GoFlex. Cette plateforme met en relation l'offre et la demande en matière d'effacement. Une collectivité va donc pouvoir y trouver un fournisseur d'électricité ou un agrégateur qui lui proposera un contrat d'effacement. Ce document permet à la collectivité d'être rémunérée en échange d'actions d'effacement qu'elle s'engage à faire les jours de pointe identifiés par RTE. Les collectivités ont donc un réel intérêt financier à faire de l'effacement. L'effacement n'est cependant qu'un outil de type assurantiel pour faire face à des situations de tension sur le système électrique quelques jours durant l'hiver. La flexibilité électrique est un concept plus large qui signifie moduler ou décaler ses consommations au quotidien. Et cette flexibilité au sens plus large va devenir de plus en plus nécessaire, selon Yannick Jacquemart.

  • Yannick Jacquemart

    Il y a maintenant de la production qui se développe avec un rythme très particulier, il s'agit du photovoltaïque. Tout le monde insiste sur le caractère variable ou intermittent, mais ce qu'on oublie de mentionner souvent, c'est le caractère très prévisible des moments où le photovoltaïque produit, même si le niveau précis de production reste incertain. En clair, l'énergie photovoltaïque ne produit pas la nuit, du coup nous aurons beaucoup plus de disponibilité d'électricité décarbonée pendant les heures ensoleillées que le reste de la journée. Ça ne veut pas dire qu'on ne peut consommer qu'à ce moment-là, mais ça veut dire que tout ce qui peut être mis dans ces heures-là sera moins cher parce qu'il y a plus de moyens de production électrique disponibles à ce moment-là.

  • Speaker #1

    Décaler certains usages électriques l'après-midi, quand le soleil brille, peut donc permettre de faire de réels gains sur sa facture. De plus, l'électricité ne se stocke pas, ou très mal. Donc, si on produit beaucoup d'énergie solaire dans l'après-midi, mais que la consommation ne suit pas, on perd cette électricité décarbonée. Décaler ces consommations permet donc d'utiliser pleinement le potentiel des énergies renouvelables. Et les collectivités ont tout intérêt à s'y mettre, selon Yannick Jacquemart, aussi bien pour la planète que pour leurs finances.

  • Yannick Jacquemart

    Ce qui est important de noter, c'est que ces gains-là, ils sont obtenus sans rien changer à son confort. Donc il n'y a pas une notion d'effort au moment où on l'utilise, il y a une notion d'effort pour bien programmer les usages, pour bien réfléchir à la façon de décaler certaines de ces consommations. Mais une fois que c'est programmé, une fois que c'est prévu, au quotidien, il n'y a strictement aucun effort et surtout aucune perte de confort, ou de services pour une collectivité. Je vais prendre un exemple pour une piscine. Il y a une très grande inertie thermique de la température de l'eau. Comme les pointes sur le système électrique vont être désormais très courtes, les périodes de prix cher vont durer 2-3 heures. Il est certainement possible de davantage chauffer la piscine juste avant la période très chère, de limiter la chauffe pendant la période chère, puis de rechauffer ensuite. Le gain sur la facture sera tout à fait significatif, tout en évitant d'utiliser potentiellement une électricité carbonée.

  • Speaker #1

    Les fournisseurs d'énergie et les agrégateurs commencent à proposer des contrats pour valoriser cette flexibilité électrique. Et la plateforme GoFlex va justement permettre de les mettre en relation avec les collectivités. L'idée est de développer un réel modèle économique de la flexibilité pour les bâtiments tertiaires. Quant au programme Eff'ACTEE, sa première version a permis d'accompagner 15 collectivités en 2023. Eff'ACTEE+ a désormais pris le relais. Doté de 3 millions d'euros, il a cette fois pour objectif d'accompagner 50 collectivités.

Description

La flexibilité de la consommation d’électricité permet de réduire les émissions de CO2 en limitant les appels de pointe. Un mécanisme dans lequel les collectivités ont un rôle à jouer, et des bénéfices économiques à tirer.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue sur le podcast ACTEE, Action des collectivités territoriales pour l'efficacité énergétique.

  • Speaker #1

    L'effacement, flexibilité de la consommation d'électricité pour soulager le réseau. On n'aura jamais autant parlé d'effacement qu'à l'approche de l'hiver 2022. À l'époque, le parc nucléaire français a quelques difficultés et la guerre en Ukraine met en péril l'approvisionnement en gaz. Résultat, la production électrique risque de ne pas pouvoir couvrir la demande, surtout en cas de vagues de froid. La crainte de devoir procéder à des coupures ciblées dans certaines zones du pays est réelle. L'effacement, longtemps resté confidentiel en France, arrive donc sur le devant de la scène. Adam Soussana nous explique ce que signifie ce terme. Chez ACTEE, il est en charge du sous-programme Eff'ACTEE.

  • Speaker #2

    La flexibilité de la consommation d'électricité, c'est la capacité d'un consommateur à moduler ou à décaler sa consommation d'électricité pour s'adapter aux besoins du réseau et aux besoins de la production d'électricité. L'effacement, c'est une flexibilité à la baisse. Donc c'est le fait de diminuer sa consommation d'électricité à un moment où le réseau en a besoin. Par exemple, on a dans le système électrique tel qu'il existe aujourd'hui des pointes de consommation électriques l'hiver, notamment le matin entre 7h et 11h. Et dans ce cadre-là, l'effacement électrique, ça va vouloir dire diminuer sa consommation d'électricité pendant la pointe de consommation, pour essayer de lisser cette pointe et faire en sorte que la consommation soit plus adaptée à la production d'électricité, et donc éviter de mettre en danger le réseau électrique.

  • Speaker #1

    Mais pour préserver le réseau en faisant de l'effacement, encore faut-il savoir quand il est en tension. C'est pour cela que RTE, le gestionnaire du réseau d'électricité, a créé le système d'alerte EcoWatt, comme l'explique Yannick Jacquemart. Il est directeur Nouvelle Flexibilité pour le Système Électrique chez RTE.

  • Yannick Jacquemart

    EcoWatt est un système d'alerte qu'RTE a développé depuis assez longtemps, qui visait au départ des problèmes locaux. EcoWatt a été totalement modernisé en 2022 et totalement dédié aux situations de risque que nous anticipions, qui sont nationaux, et qui concernait le risque de manquer de production d'électricité à un certain moment donné. Comme il s'agit d'une notion très ponctuelle, c'est-à-dire que sur les heures de la journée, on n'a pas les mêmes risques, EcoWatt, à ce moment-là, a été mis en mode horaire, c'est-à-dire qu'il indique pour les 24 heures de la journée, les heures qui sont les plus en risque avec un système d'alerte, comme les alertes météo : vert, pas d'alerte, orange, situation tendue, et puis rouge, situation très tendue, nous serons obligés de couper une partie de la consommation française, ce qu'on appelle un délestage.

  • Speaker #1

    Le délestage est en effet une coupure d'électricité localisée pendant une courte période de 2 heures maximum. Cela permet de rééquilibrer l'offre et la demande d'électricité et donc d'empêcher le réseau de s'effondrer complètement. En cas d'alerte EcoWatt orange ou rouge, il faut donc que des acteurs se mobilisent et fassent de l'effacement pour éviter ces délestages. Toutefois, il faut que ce système d'alerte soit bien relayé. RTE a donc lancé la charte EcoWatt à l'automne 2022. A ce jour, elles dénombrent plus de 400 signataires. Parmi eux, on retrouve beaucoup d'industriels, mais aussi 150 collectivités. Elles se sont engagées à diminuer leur consommation électrique en cas d'alerte, mais aussi à relayer ces alertes auprès de leurs employés et usagers. Elles doivent également faire de la pédagogie envers ces publics pour leur apprendre les bons gestes en cas d'alerte. Le SIGERLy, le syndicat de gestion des énergies de la région lyonnaise, a signé cette charte. RTE leur a donc proposé de faire une journée d'effacement afin de mesurer l'impact des différentes mesures d'effacement. Florence Malin, directrice conseil en énergie partagée du SIGERLy, nous raconte cette journée.

  • Speaker #3

    Dans le cadre de cette journée, un groupe de collaborateurs du SIGERLy a identifié au préalable des actions à mettre en place pour réduire ou décaler nos consommations d'électricité dans nos locaux. Nous avons décidé par exemple de mettre en marche ce jour-là qu'une seule de nos photocopieuses, qu'un seul de nos réfrigérateurs, qu'une seule de nos machines à café. Nous avons aussi décidé, en accord avec le service informatique, d'éteindre la climatisation du serveur ce jour-là. Et de ce fait, nous avions laissé la porte du local serveur ouverte. On a bien sûr prévenu les agents au préalable de ces actions.

  • Speaker #1

    L'effacement est surtout connu dans l'industrie. En effet, les processus industriels sont souvent très électro-intensifs, donc il est plus facile de moduler voire de stopper ces processus pour gagner de la puissance électrique pendant les heures de pointe. Du côté des bâtiments tertiaires, les consommations sont plus diffuses, donc l'effacement est plus compliqué. Toutefois, il est essentiel de les impliquer dans l'effacement selon Adam Soussana. Cela est particulièrement important durant la pointe du matin de consommation électrique entre 7h et 11h.

  • Speaker #2

    Le tertiaire contribue à 30% environ, si on prend en compte l'ensemble des bâtiments tertiaires, dans la consommation d'électricité lors de cette pente. Aujourd'hui, les bâtiments tertiaires, c'est 922 millions de mètres carrés et les collectivités représentent à peu près 40% de cette surface. Et donc, tous ces bâtiments tertiaires, ont un impact très fort sur le réseau électrique pendant la pointe du matin.

  • Speaker #1

    Le problème, c'est que l'effacement est encore peu connu des collectivités et elles peuvent avoir du mal à se saisir de cette thématique. C'est pourquoi ACTEE a lancé le sous-programme Eff'ACTEE en 2022. Comme toujours chez ACTEE, ce sous-programme se compose de deux piliers. D'abord, il doit fournir des ressources pour aider les collectivités à mieux connaître l'effacement. Et ensuite, il leur apporte un accompagnement financier. Adam Soussana revient sur les différents lots de financement d'Eff'ACTEE.

  • Speaker #2

    D'abord, un lot de financement sur les ressources humaines. On propose aux collectivités soit de recruter une nouvelle personne qui serait en charge de développer ces questions d'effacement électrique et de flexibilité électrique sur le territoire, soit de financer un poste déjà existant, à condition qu'elles nous garantissent qu'elles alloueraient une quote-part de ce poste à ce développement de la question de la flexibilité et de l'effacement. On va aussi financer pour les collectivités des outils de mesures et de suivi de consommation qui vont leur permettre d'aller mesurer, par exemple, quelle est la puissance électrique de leur bâtiment, sur quels usages on pourrait travailler, et donc d'aller se poser les bonnes questions pour ensuite préparer leur démarche d'effacement et de flexibilité électrique. On va aussi financer pour les collectivités des études. Donc, par exemple, d'avoir un bureau d'études externe qui va venir regarder un bâtiment ou un pool de bâtiments et dire : voilà, c'est sur celui-ci et celui-ci qu'on pense que c'est vraiment pertinent d'aller faire de la flexibilité et de l'effacement électrique parce qu'ils ont, par exemple, des grosses puissances électriques qui sont chauffées électriquement et qu'il y a déjà des systèmes BACS, donc de pilotage installé dans ces bâtiments. Et on a finalement un lot AMO. Donc là aussi, comme c'est un sujet très nouveau pour les collectivités, on leur propose de se faire accompagner par des assistants à maîtrise d'ouvrage qui peuvent les aider à mieux connaître cette thématique. Et ces assistants à maîtrise d'ouvrage, ils peuvent faire un peu ce que veulent les collectivités sur ce sujet-là. Donc les accompagner, par exemple, pour sensibiliser les usagers ou pour les aider à passer un contrat juridiquement. Ou encore pour les aider à construire leur modèle de financement. Donc ces quatre lots de financement, il faut qu'on essaye d'avoir une démarche vraiment intégrée pour les collectivités, pour qu'elles aient toutes les cartes en main pour développer la flexibilité et l'effacement électrique. Le SIGERLy a ainsi fait appel à ACTEE pour ces questions d'effacement, comme l'explique Florence Mallein.

  • Speaker #3

    Dans le cadre du programme ACTEE, la FNCCR a mis à disposition un certain nombre de ressources pour mieux appréhender les notions d'effacement, notamment plusieurs webinair afin de nous acculturer à cette thématique qui est totalement nouvelle pour nous et pour les collectivités de manière générale. La FNCCR nous a aussi transmis un modèle de cahier des charges pour qu'on puisse réaliser des audits d'effacement et les coordonnées aussi d'entreprises susceptibles de répondre à notre consultation pour cette prestation qui ne sont pas les entreprises avec lesquelles nous avons l'habitude de travailler. ACTEE nous a apporté un financement de 50% pour la réalisation des audits d'effacement, mais aussi pour l'achat de petits équipements. Le SIGERLy a notamment acheté un enregistreur de consommation électrique qui nous permet de mesurer la consommation d'un appareil isolé, de type cafetière, réfrigérateur, photocopieur, tout équipement, afin d'identifier son potentiel d'effacement.

  • Speaker #1

    Le SIGERLy a commencé par analyser les puissances électriques souscrites et les consommations des bâtiments de son territoire. Après avoir identifié les sites avec le plus fort potentiel d'effacement, ils ont choisi de réaliser sept audits d'effacement sur des bâtiments très variés, allant de la piscine à la mairie, en passant par une cuisine centrale. Cela a apporté de précieuses informations, comme l'explique Florence Mallein.

  • Speaker #3

    Après avoir réalisé l'ensemble des audits, nous avons identifié que les piscines avaient un très fort potentiel, alors qu'à l'inverse, les mairies avaient un faible potentiel d'effacement. Les piscines sont des équipements qui nécessitent de très grosses puissances souscrites, parce qu'elles ont énormément d'équipements, notamment des centrales de traitement d'air avec des très gros débits pour pouvoir renouveler l'air, avec une problématique de chloramine sur ce type de bâtiment, donc il faut beaucoup ventiler. Comme elles ont des gros débits, on peut temporairement abaisser ces débits. L'effacement, c'est sur des périodes courtes. Sur une piscine, on peut de façon ponctuelle abaisser le débit et faire de l'effacement. A l'inverse, sur des mairies, il n'y a pas ce type d'équipement, ou du moins avec des puissances moins importantes.

  • Speaker #1

    Ces audits permettent notamment d'identifier l'étiquette GoFlex d'un bâtiment. Le projet GoFlex a été monté par ACTEE, en collaboration avec l'IFPEB, RTE et le Gimelec. Cette étiquette GoFlex évalue le potentiel de flexibilité électrique des bâtiments tertiaires. Adam Soussana détaille ce mécanisme. Concrètement, qu'est-ce que ça veut dire ? Pour un bâtiment donné, l'étiquette GoFlex va nous donner trois indicateurs qui vont donner un premier sentiment de à quel point le bâtiment pourrait faire de la flexibilité et de l'effacement électrique. Ces trois indicateurs, c'est la classe du système de pilotage du bâtiment : est-ce qu'il est équipé ou non d'un système de pilotage ? Et à quel point est-ce que celui-ci permet de faire de la flexibilité ? Le deuxième indicateur, ça va être la puissance électrique réellement effaçable dans le bâtiment, en fonction de l'évaluation qui a été menée. Et le dernier indicateur, ça va être le ratio entre cette puissance réellement effaçable et la puissance souscrite du bâtiment. Ces trois indicateurs-là vont faire une sorte de nutri-score de la flexibilité qui vont pouvoir permettre aux acteurs de l'écosystème de se repérer parmi tous les bâtiments tertiaires et de dire : celui-ci est peut-être plus intéressant parce que son étiquette GoFlex est plus favorable, donc je vais aller travailler en priorité sur celui-ci. Et puis celui-ci, son étiquette GoFlex est peut-être un petit peu moins intéressante pour l'instant. Donc, le besoin est peut-être plutôt d'accompagner le propriétaire ou la collectivité sur l'acquisition, par exemple, d'un système BACS avant d'aller se lancer sur la flexibilité. Avec cette étiquette, les collectivités peuvent inscrire leurs bâtiments tertiaires sur la plateforme GoFlex. Cette plateforme met en relation l'offre et la demande en matière d'effacement. Une collectivité va donc pouvoir y trouver un fournisseur d'électricité ou un agrégateur qui lui proposera un contrat d'effacement. Ce document permet à la collectivité d'être rémunérée en échange d'actions d'effacement qu'elle s'engage à faire les jours de pointe identifiés par RTE. Les collectivités ont donc un réel intérêt financier à faire de l'effacement. L'effacement n'est cependant qu'un outil de type assurantiel pour faire face à des situations de tension sur le système électrique quelques jours durant l'hiver. La flexibilité électrique est un concept plus large qui signifie moduler ou décaler ses consommations au quotidien. Et cette flexibilité au sens plus large va devenir de plus en plus nécessaire, selon Yannick Jacquemart.

  • Yannick Jacquemart

    Il y a maintenant de la production qui se développe avec un rythme très particulier, il s'agit du photovoltaïque. Tout le monde insiste sur le caractère variable ou intermittent, mais ce qu'on oublie de mentionner souvent, c'est le caractère très prévisible des moments où le photovoltaïque produit, même si le niveau précis de production reste incertain. En clair, l'énergie photovoltaïque ne produit pas la nuit, du coup nous aurons beaucoup plus de disponibilité d'électricité décarbonée pendant les heures ensoleillées que le reste de la journée. Ça ne veut pas dire qu'on ne peut consommer qu'à ce moment-là, mais ça veut dire que tout ce qui peut être mis dans ces heures-là sera moins cher parce qu'il y a plus de moyens de production électrique disponibles à ce moment-là.

  • Speaker #1

    Décaler certains usages électriques l'après-midi, quand le soleil brille, peut donc permettre de faire de réels gains sur sa facture. De plus, l'électricité ne se stocke pas, ou très mal. Donc, si on produit beaucoup d'énergie solaire dans l'après-midi, mais que la consommation ne suit pas, on perd cette électricité décarbonée. Décaler ces consommations permet donc d'utiliser pleinement le potentiel des énergies renouvelables. Et les collectivités ont tout intérêt à s'y mettre, selon Yannick Jacquemart, aussi bien pour la planète que pour leurs finances.

  • Yannick Jacquemart

    Ce qui est important de noter, c'est que ces gains-là, ils sont obtenus sans rien changer à son confort. Donc il n'y a pas une notion d'effort au moment où on l'utilise, il y a une notion d'effort pour bien programmer les usages, pour bien réfléchir à la façon de décaler certaines de ces consommations. Mais une fois que c'est programmé, une fois que c'est prévu, au quotidien, il n'y a strictement aucun effort et surtout aucune perte de confort, ou de services pour une collectivité. Je vais prendre un exemple pour une piscine. Il y a une très grande inertie thermique de la température de l'eau. Comme les pointes sur le système électrique vont être désormais très courtes, les périodes de prix cher vont durer 2-3 heures. Il est certainement possible de davantage chauffer la piscine juste avant la période très chère, de limiter la chauffe pendant la période chère, puis de rechauffer ensuite. Le gain sur la facture sera tout à fait significatif, tout en évitant d'utiliser potentiellement une électricité carbonée.

  • Speaker #1

    Les fournisseurs d'énergie et les agrégateurs commencent à proposer des contrats pour valoriser cette flexibilité électrique. Et la plateforme GoFlex va justement permettre de les mettre en relation avec les collectivités. L'idée est de développer un réel modèle économique de la flexibilité pour les bâtiments tertiaires. Quant au programme Eff'ACTEE, sa première version a permis d'accompagner 15 collectivités en 2023. Eff'ACTEE+ a désormais pris le relais. Doté de 3 millions d'euros, il a cette fois pour objectif d'accompagner 50 collectivités.

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Description

La flexibilité de la consommation d’électricité permet de réduire les émissions de CO2 en limitant les appels de pointe. Un mécanisme dans lequel les collectivités ont un rôle à jouer, et des bénéfices économiques à tirer.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue sur le podcast ACTEE, Action des collectivités territoriales pour l'efficacité énergétique.

  • Speaker #1

    L'effacement, flexibilité de la consommation d'électricité pour soulager le réseau. On n'aura jamais autant parlé d'effacement qu'à l'approche de l'hiver 2022. À l'époque, le parc nucléaire français a quelques difficultés et la guerre en Ukraine met en péril l'approvisionnement en gaz. Résultat, la production électrique risque de ne pas pouvoir couvrir la demande, surtout en cas de vagues de froid. La crainte de devoir procéder à des coupures ciblées dans certaines zones du pays est réelle. L'effacement, longtemps resté confidentiel en France, arrive donc sur le devant de la scène. Adam Soussana nous explique ce que signifie ce terme. Chez ACTEE, il est en charge du sous-programme Eff'ACTEE.

  • Speaker #2

    La flexibilité de la consommation d'électricité, c'est la capacité d'un consommateur à moduler ou à décaler sa consommation d'électricité pour s'adapter aux besoins du réseau et aux besoins de la production d'électricité. L'effacement, c'est une flexibilité à la baisse. Donc c'est le fait de diminuer sa consommation d'électricité à un moment où le réseau en a besoin. Par exemple, on a dans le système électrique tel qu'il existe aujourd'hui des pointes de consommation électriques l'hiver, notamment le matin entre 7h et 11h. Et dans ce cadre-là, l'effacement électrique, ça va vouloir dire diminuer sa consommation d'électricité pendant la pointe de consommation, pour essayer de lisser cette pointe et faire en sorte que la consommation soit plus adaptée à la production d'électricité, et donc éviter de mettre en danger le réseau électrique.

  • Speaker #1

    Mais pour préserver le réseau en faisant de l'effacement, encore faut-il savoir quand il est en tension. C'est pour cela que RTE, le gestionnaire du réseau d'électricité, a créé le système d'alerte EcoWatt, comme l'explique Yannick Jacquemart. Il est directeur Nouvelle Flexibilité pour le Système Électrique chez RTE.

  • Yannick Jacquemart

    EcoWatt est un système d'alerte qu'RTE a développé depuis assez longtemps, qui visait au départ des problèmes locaux. EcoWatt a été totalement modernisé en 2022 et totalement dédié aux situations de risque que nous anticipions, qui sont nationaux, et qui concernait le risque de manquer de production d'électricité à un certain moment donné. Comme il s'agit d'une notion très ponctuelle, c'est-à-dire que sur les heures de la journée, on n'a pas les mêmes risques, EcoWatt, à ce moment-là, a été mis en mode horaire, c'est-à-dire qu'il indique pour les 24 heures de la journée, les heures qui sont les plus en risque avec un système d'alerte, comme les alertes météo : vert, pas d'alerte, orange, situation tendue, et puis rouge, situation très tendue, nous serons obligés de couper une partie de la consommation française, ce qu'on appelle un délestage.

  • Speaker #1

    Le délestage est en effet une coupure d'électricité localisée pendant une courte période de 2 heures maximum. Cela permet de rééquilibrer l'offre et la demande d'électricité et donc d'empêcher le réseau de s'effondrer complètement. En cas d'alerte EcoWatt orange ou rouge, il faut donc que des acteurs se mobilisent et fassent de l'effacement pour éviter ces délestages. Toutefois, il faut que ce système d'alerte soit bien relayé. RTE a donc lancé la charte EcoWatt à l'automne 2022. A ce jour, elles dénombrent plus de 400 signataires. Parmi eux, on retrouve beaucoup d'industriels, mais aussi 150 collectivités. Elles se sont engagées à diminuer leur consommation électrique en cas d'alerte, mais aussi à relayer ces alertes auprès de leurs employés et usagers. Elles doivent également faire de la pédagogie envers ces publics pour leur apprendre les bons gestes en cas d'alerte. Le SIGERLy, le syndicat de gestion des énergies de la région lyonnaise, a signé cette charte. RTE leur a donc proposé de faire une journée d'effacement afin de mesurer l'impact des différentes mesures d'effacement. Florence Malin, directrice conseil en énergie partagée du SIGERLy, nous raconte cette journée.

  • Speaker #3

    Dans le cadre de cette journée, un groupe de collaborateurs du SIGERLy a identifié au préalable des actions à mettre en place pour réduire ou décaler nos consommations d'électricité dans nos locaux. Nous avons décidé par exemple de mettre en marche ce jour-là qu'une seule de nos photocopieuses, qu'un seul de nos réfrigérateurs, qu'une seule de nos machines à café. Nous avons aussi décidé, en accord avec le service informatique, d'éteindre la climatisation du serveur ce jour-là. Et de ce fait, nous avions laissé la porte du local serveur ouverte. On a bien sûr prévenu les agents au préalable de ces actions.

  • Speaker #1

    L'effacement est surtout connu dans l'industrie. En effet, les processus industriels sont souvent très électro-intensifs, donc il est plus facile de moduler voire de stopper ces processus pour gagner de la puissance électrique pendant les heures de pointe. Du côté des bâtiments tertiaires, les consommations sont plus diffuses, donc l'effacement est plus compliqué. Toutefois, il est essentiel de les impliquer dans l'effacement selon Adam Soussana. Cela est particulièrement important durant la pointe du matin de consommation électrique entre 7h et 11h.

  • Speaker #2

    Le tertiaire contribue à 30% environ, si on prend en compte l'ensemble des bâtiments tertiaires, dans la consommation d'électricité lors de cette pente. Aujourd'hui, les bâtiments tertiaires, c'est 922 millions de mètres carrés et les collectivités représentent à peu près 40% de cette surface. Et donc, tous ces bâtiments tertiaires, ont un impact très fort sur le réseau électrique pendant la pointe du matin.

  • Speaker #1

    Le problème, c'est que l'effacement est encore peu connu des collectivités et elles peuvent avoir du mal à se saisir de cette thématique. C'est pourquoi ACTEE a lancé le sous-programme Eff'ACTEE en 2022. Comme toujours chez ACTEE, ce sous-programme se compose de deux piliers. D'abord, il doit fournir des ressources pour aider les collectivités à mieux connaître l'effacement. Et ensuite, il leur apporte un accompagnement financier. Adam Soussana revient sur les différents lots de financement d'Eff'ACTEE.

  • Speaker #2

    D'abord, un lot de financement sur les ressources humaines. On propose aux collectivités soit de recruter une nouvelle personne qui serait en charge de développer ces questions d'effacement électrique et de flexibilité électrique sur le territoire, soit de financer un poste déjà existant, à condition qu'elles nous garantissent qu'elles alloueraient une quote-part de ce poste à ce développement de la question de la flexibilité et de l'effacement. On va aussi financer pour les collectivités des outils de mesures et de suivi de consommation qui vont leur permettre d'aller mesurer, par exemple, quelle est la puissance électrique de leur bâtiment, sur quels usages on pourrait travailler, et donc d'aller se poser les bonnes questions pour ensuite préparer leur démarche d'effacement et de flexibilité électrique. On va aussi financer pour les collectivités des études. Donc, par exemple, d'avoir un bureau d'études externe qui va venir regarder un bâtiment ou un pool de bâtiments et dire : voilà, c'est sur celui-ci et celui-ci qu'on pense que c'est vraiment pertinent d'aller faire de la flexibilité et de l'effacement électrique parce qu'ils ont, par exemple, des grosses puissances électriques qui sont chauffées électriquement et qu'il y a déjà des systèmes BACS, donc de pilotage installé dans ces bâtiments. Et on a finalement un lot AMO. Donc là aussi, comme c'est un sujet très nouveau pour les collectivités, on leur propose de se faire accompagner par des assistants à maîtrise d'ouvrage qui peuvent les aider à mieux connaître cette thématique. Et ces assistants à maîtrise d'ouvrage, ils peuvent faire un peu ce que veulent les collectivités sur ce sujet-là. Donc les accompagner, par exemple, pour sensibiliser les usagers ou pour les aider à passer un contrat juridiquement. Ou encore pour les aider à construire leur modèle de financement. Donc ces quatre lots de financement, il faut qu'on essaye d'avoir une démarche vraiment intégrée pour les collectivités, pour qu'elles aient toutes les cartes en main pour développer la flexibilité et l'effacement électrique. Le SIGERLy a ainsi fait appel à ACTEE pour ces questions d'effacement, comme l'explique Florence Mallein.

  • Speaker #3

    Dans le cadre du programme ACTEE, la FNCCR a mis à disposition un certain nombre de ressources pour mieux appréhender les notions d'effacement, notamment plusieurs webinair afin de nous acculturer à cette thématique qui est totalement nouvelle pour nous et pour les collectivités de manière générale. La FNCCR nous a aussi transmis un modèle de cahier des charges pour qu'on puisse réaliser des audits d'effacement et les coordonnées aussi d'entreprises susceptibles de répondre à notre consultation pour cette prestation qui ne sont pas les entreprises avec lesquelles nous avons l'habitude de travailler. ACTEE nous a apporté un financement de 50% pour la réalisation des audits d'effacement, mais aussi pour l'achat de petits équipements. Le SIGERLy a notamment acheté un enregistreur de consommation électrique qui nous permet de mesurer la consommation d'un appareil isolé, de type cafetière, réfrigérateur, photocopieur, tout équipement, afin d'identifier son potentiel d'effacement.

  • Speaker #1

    Le SIGERLy a commencé par analyser les puissances électriques souscrites et les consommations des bâtiments de son territoire. Après avoir identifié les sites avec le plus fort potentiel d'effacement, ils ont choisi de réaliser sept audits d'effacement sur des bâtiments très variés, allant de la piscine à la mairie, en passant par une cuisine centrale. Cela a apporté de précieuses informations, comme l'explique Florence Mallein.

  • Speaker #3

    Après avoir réalisé l'ensemble des audits, nous avons identifié que les piscines avaient un très fort potentiel, alors qu'à l'inverse, les mairies avaient un faible potentiel d'effacement. Les piscines sont des équipements qui nécessitent de très grosses puissances souscrites, parce qu'elles ont énormément d'équipements, notamment des centrales de traitement d'air avec des très gros débits pour pouvoir renouveler l'air, avec une problématique de chloramine sur ce type de bâtiment, donc il faut beaucoup ventiler. Comme elles ont des gros débits, on peut temporairement abaisser ces débits. L'effacement, c'est sur des périodes courtes. Sur une piscine, on peut de façon ponctuelle abaisser le débit et faire de l'effacement. A l'inverse, sur des mairies, il n'y a pas ce type d'équipement, ou du moins avec des puissances moins importantes.

  • Speaker #1

    Ces audits permettent notamment d'identifier l'étiquette GoFlex d'un bâtiment. Le projet GoFlex a été monté par ACTEE, en collaboration avec l'IFPEB, RTE et le Gimelec. Cette étiquette GoFlex évalue le potentiel de flexibilité électrique des bâtiments tertiaires. Adam Soussana détaille ce mécanisme. Concrètement, qu'est-ce que ça veut dire ? Pour un bâtiment donné, l'étiquette GoFlex va nous donner trois indicateurs qui vont donner un premier sentiment de à quel point le bâtiment pourrait faire de la flexibilité et de l'effacement électrique. Ces trois indicateurs, c'est la classe du système de pilotage du bâtiment : est-ce qu'il est équipé ou non d'un système de pilotage ? Et à quel point est-ce que celui-ci permet de faire de la flexibilité ? Le deuxième indicateur, ça va être la puissance électrique réellement effaçable dans le bâtiment, en fonction de l'évaluation qui a été menée. Et le dernier indicateur, ça va être le ratio entre cette puissance réellement effaçable et la puissance souscrite du bâtiment. Ces trois indicateurs-là vont faire une sorte de nutri-score de la flexibilité qui vont pouvoir permettre aux acteurs de l'écosystème de se repérer parmi tous les bâtiments tertiaires et de dire : celui-ci est peut-être plus intéressant parce que son étiquette GoFlex est plus favorable, donc je vais aller travailler en priorité sur celui-ci. Et puis celui-ci, son étiquette GoFlex est peut-être un petit peu moins intéressante pour l'instant. Donc, le besoin est peut-être plutôt d'accompagner le propriétaire ou la collectivité sur l'acquisition, par exemple, d'un système BACS avant d'aller se lancer sur la flexibilité. Avec cette étiquette, les collectivités peuvent inscrire leurs bâtiments tertiaires sur la plateforme GoFlex. Cette plateforme met en relation l'offre et la demande en matière d'effacement. Une collectivité va donc pouvoir y trouver un fournisseur d'électricité ou un agrégateur qui lui proposera un contrat d'effacement. Ce document permet à la collectivité d'être rémunérée en échange d'actions d'effacement qu'elle s'engage à faire les jours de pointe identifiés par RTE. Les collectivités ont donc un réel intérêt financier à faire de l'effacement. L'effacement n'est cependant qu'un outil de type assurantiel pour faire face à des situations de tension sur le système électrique quelques jours durant l'hiver. La flexibilité électrique est un concept plus large qui signifie moduler ou décaler ses consommations au quotidien. Et cette flexibilité au sens plus large va devenir de plus en plus nécessaire, selon Yannick Jacquemart.

  • Yannick Jacquemart

    Il y a maintenant de la production qui se développe avec un rythme très particulier, il s'agit du photovoltaïque. Tout le monde insiste sur le caractère variable ou intermittent, mais ce qu'on oublie de mentionner souvent, c'est le caractère très prévisible des moments où le photovoltaïque produit, même si le niveau précis de production reste incertain. En clair, l'énergie photovoltaïque ne produit pas la nuit, du coup nous aurons beaucoup plus de disponibilité d'électricité décarbonée pendant les heures ensoleillées que le reste de la journée. Ça ne veut pas dire qu'on ne peut consommer qu'à ce moment-là, mais ça veut dire que tout ce qui peut être mis dans ces heures-là sera moins cher parce qu'il y a plus de moyens de production électrique disponibles à ce moment-là.

  • Speaker #1

    Décaler certains usages électriques l'après-midi, quand le soleil brille, peut donc permettre de faire de réels gains sur sa facture. De plus, l'électricité ne se stocke pas, ou très mal. Donc, si on produit beaucoup d'énergie solaire dans l'après-midi, mais que la consommation ne suit pas, on perd cette électricité décarbonée. Décaler ces consommations permet donc d'utiliser pleinement le potentiel des énergies renouvelables. Et les collectivités ont tout intérêt à s'y mettre, selon Yannick Jacquemart, aussi bien pour la planète que pour leurs finances.

  • Yannick Jacquemart

    Ce qui est important de noter, c'est que ces gains-là, ils sont obtenus sans rien changer à son confort. Donc il n'y a pas une notion d'effort au moment où on l'utilise, il y a une notion d'effort pour bien programmer les usages, pour bien réfléchir à la façon de décaler certaines de ces consommations. Mais une fois que c'est programmé, une fois que c'est prévu, au quotidien, il n'y a strictement aucun effort et surtout aucune perte de confort, ou de services pour une collectivité. Je vais prendre un exemple pour une piscine. Il y a une très grande inertie thermique de la température de l'eau. Comme les pointes sur le système électrique vont être désormais très courtes, les périodes de prix cher vont durer 2-3 heures. Il est certainement possible de davantage chauffer la piscine juste avant la période très chère, de limiter la chauffe pendant la période chère, puis de rechauffer ensuite. Le gain sur la facture sera tout à fait significatif, tout en évitant d'utiliser potentiellement une électricité carbonée.

  • Speaker #1

    Les fournisseurs d'énergie et les agrégateurs commencent à proposer des contrats pour valoriser cette flexibilité électrique. Et la plateforme GoFlex va justement permettre de les mettre en relation avec les collectivités. L'idée est de développer un réel modèle économique de la flexibilité pour les bâtiments tertiaires. Quant au programme Eff'ACTEE, sa première version a permis d'accompagner 15 collectivités en 2023. Eff'ACTEE+ a désormais pris le relais. Doté de 3 millions d'euros, il a cette fois pour objectif d'accompagner 50 collectivités.

Description

La flexibilité de la consommation d’électricité permet de réduire les émissions de CO2 en limitant les appels de pointe. Un mécanisme dans lequel les collectivités ont un rôle à jouer, et des bénéfices économiques à tirer.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue sur le podcast ACTEE, Action des collectivités territoriales pour l'efficacité énergétique.

  • Speaker #1

    L'effacement, flexibilité de la consommation d'électricité pour soulager le réseau. On n'aura jamais autant parlé d'effacement qu'à l'approche de l'hiver 2022. À l'époque, le parc nucléaire français a quelques difficultés et la guerre en Ukraine met en péril l'approvisionnement en gaz. Résultat, la production électrique risque de ne pas pouvoir couvrir la demande, surtout en cas de vagues de froid. La crainte de devoir procéder à des coupures ciblées dans certaines zones du pays est réelle. L'effacement, longtemps resté confidentiel en France, arrive donc sur le devant de la scène. Adam Soussana nous explique ce que signifie ce terme. Chez ACTEE, il est en charge du sous-programme Eff'ACTEE.

  • Speaker #2

    La flexibilité de la consommation d'électricité, c'est la capacité d'un consommateur à moduler ou à décaler sa consommation d'électricité pour s'adapter aux besoins du réseau et aux besoins de la production d'électricité. L'effacement, c'est une flexibilité à la baisse. Donc c'est le fait de diminuer sa consommation d'électricité à un moment où le réseau en a besoin. Par exemple, on a dans le système électrique tel qu'il existe aujourd'hui des pointes de consommation électriques l'hiver, notamment le matin entre 7h et 11h. Et dans ce cadre-là, l'effacement électrique, ça va vouloir dire diminuer sa consommation d'électricité pendant la pointe de consommation, pour essayer de lisser cette pointe et faire en sorte que la consommation soit plus adaptée à la production d'électricité, et donc éviter de mettre en danger le réseau électrique.

  • Speaker #1

    Mais pour préserver le réseau en faisant de l'effacement, encore faut-il savoir quand il est en tension. C'est pour cela que RTE, le gestionnaire du réseau d'électricité, a créé le système d'alerte EcoWatt, comme l'explique Yannick Jacquemart. Il est directeur Nouvelle Flexibilité pour le Système Électrique chez RTE.

  • Yannick Jacquemart

    EcoWatt est un système d'alerte qu'RTE a développé depuis assez longtemps, qui visait au départ des problèmes locaux. EcoWatt a été totalement modernisé en 2022 et totalement dédié aux situations de risque que nous anticipions, qui sont nationaux, et qui concernait le risque de manquer de production d'électricité à un certain moment donné. Comme il s'agit d'une notion très ponctuelle, c'est-à-dire que sur les heures de la journée, on n'a pas les mêmes risques, EcoWatt, à ce moment-là, a été mis en mode horaire, c'est-à-dire qu'il indique pour les 24 heures de la journée, les heures qui sont les plus en risque avec un système d'alerte, comme les alertes météo : vert, pas d'alerte, orange, situation tendue, et puis rouge, situation très tendue, nous serons obligés de couper une partie de la consommation française, ce qu'on appelle un délestage.

  • Speaker #1

    Le délestage est en effet une coupure d'électricité localisée pendant une courte période de 2 heures maximum. Cela permet de rééquilibrer l'offre et la demande d'électricité et donc d'empêcher le réseau de s'effondrer complètement. En cas d'alerte EcoWatt orange ou rouge, il faut donc que des acteurs se mobilisent et fassent de l'effacement pour éviter ces délestages. Toutefois, il faut que ce système d'alerte soit bien relayé. RTE a donc lancé la charte EcoWatt à l'automne 2022. A ce jour, elles dénombrent plus de 400 signataires. Parmi eux, on retrouve beaucoup d'industriels, mais aussi 150 collectivités. Elles se sont engagées à diminuer leur consommation électrique en cas d'alerte, mais aussi à relayer ces alertes auprès de leurs employés et usagers. Elles doivent également faire de la pédagogie envers ces publics pour leur apprendre les bons gestes en cas d'alerte. Le SIGERLy, le syndicat de gestion des énergies de la région lyonnaise, a signé cette charte. RTE leur a donc proposé de faire une journée d'effacement afin de mesurer l'impact des différentes mesures d'effacement. Florence Malin, directrice conseil en énergie partagée du SIGERLy, nous raconte cette journée.

  • Speaker #3

    Dans le cadre de cette journée, un groupe de collaborateurs du SIGERLy a identifié au préalable des actions à mettre en place pour réduire ou décaler nos consommations d'électricité dans nos locaux. Nous avons décidé par exemple de mettre en marche ce jour-là qu'une seule de nos photocopieuses, qu'un seul de nos réfrigérateurs, qu'une seule de nos machines à café. Nous avons aussi décidé, en accord avec le service informatique, d'éteindre la climatisation du serveur ce jour-là. Et de ce fait, nous avions laissé la porte du local serveur ouverte. On a bien sûr prévenu les agents au préalable de ces actions.

  • Speaker #1

    L'effacement est surtout connu dans l'industrie. En effet, les processus industriels sont souvent très électro-intensifs, donc il est plus facile de moduler voire de stopper ces processus pour gagner de la puissance électrique pendant les heures de pointe. Du côté des bâtiments tertiaires, les consommations sont plus diffuses, donc l'effacement est plus compliqué. Toutefois, il est essentiel de les impliquer dans l'effacement selon Adam Soussana. Cela est particulièrement important durant la pointe du matin de consommation électrique entre 7h et 11h.

  • Speaker #2

    Le tertiaire contribue à 30% environ, si on prend en compte l'ensemble des bâtiments tertiaires, dans la consommation d'électricité lors de cette pente. Aujourd'hui, les bâtiments tertiaires, c'est 922 millions de mètres carrés et les collectivités représentent à peu près 40% de cette surface. Et donc, tous ces bâtiments tertiaires, ont un impact très fort sur le réseau électrique pendant la pointe du matin.

  • Speaker #1

    Le problème, c'est que l'effacement est encore peu connu des collectivités et elles peuvent avoir du mal à se saisir de cette thématique. C'est pourquoi ACTEE a lancé le sous-programme Eff'ACTEE en 2022. Comme toujours chez ACTEE, ce sous-programme se compose de deux piliers. D'abord, il doit fournir des ressources pour aider les collectivités à mieux connaître l'effacement. Et ensuite, il leur apporte un accompagnement financier. Adam Soussana revient sur les différents lots de financement d'Eff'ACTEE.

  • Speaker #2

    D'abord, un lot de financement sur les ressources humaines. On propose aux collectivités soit de recruter une nouvelle personne qui serait en charge de développer ces questions d'effacement électrique et de flexibilité électrique sur le territoire, soit de financer un poste déjà existant, à condition qu'elles nous garantissent qu'elles alloueraient une quote-part de ce poste à ce développement de la question de la flexibilité et de l'effacement. On va aussi financer pour les collectivités des outils de mesures et de suivi de consommation qui vont leur permettre d'aller mesurer, par exemple, quelle est la puissance électrique de leur bâtiment, sur quels usages on pourrait travailler, et donc d'aller se poser les bonnes questions pour ensuite préparer leur démarche d'effacement et de flexibilité électrique. On va aussi financer pour les collectivités des études. Donc, par exemple, d'avoir un bureau d'études externe qui va venir regarder un bâtiment ou un pool de bâtiments et dire : voilà, c'est sur celui-ci et celui-ci qu'on pense que c'est vraiment pertinent d'aller faire de la flexibilité et de l'effacement électrique parce qu'ils ont, par exemple, des grosses puissances électriques qui sont chauffées électriquement et qu'il y a déjà des systèmes BACS, donc de pilotage installé dans ces bâtiments. Et on a finalement un lot AMO. Donc là aussi, comme c'est un sujet très nouveau pour les collectivités, on leur propose de se faire accompagner par des assistants à maîtrise d'ouvrage qui peuvent les aider à mieux connaître cette thématique. Et ces assistants à maîtrise d'ouvrage, ils peuvent faire un peu ce que veulent les collectivités sur ce sujet-là. Donc les accompagner, par exemple, pour sensibiliser les usagers ou pour les aider à passer un contrat juridiquement. Ou encore pour les aider à construire leur modèle de financement. Donc ces quatre lots de financement, il faut qu'on essaye d'avoir une démarche vraiment intégrée pour les collectivités, pour qu'elles aient toutes les cartes en main pour développer la flexibilité et l'effacement électrique. Le SIGERLy a ainsi fait appel à ACTEE pour ces questions d'effacement, comme l'explique Florence Mallein.

  • Speaker #3

    Dans le cadre du programme ACTEE, la FNCCR a mis à disposition un certain nombre de ressources pour mieux appréhender les notions d'effacement, notamment plusieurs webinair afin de nous acculturer à cette thématique qui est totalement nouvelle pour nous et pour les collectivités de manière générale. La FNCCR nous a aussi transmis un modèle de cahier des charges pour qu'on puisse réaliser des audits d'effacement et les coordonnées aussi d'entreprises susceptibles de répondre à notre consultation pour cette prestation qui ne sont pas les entreprises avec lesquelles nous avons l'habitude de travailler. ACTEE nous a apporté un financement de 50% pour la réalisation des audits d'effacement, mais aussi pour l'achat de petits équipements. Le SIGERLy a notamment acheté un enregistreur de consommation électrique qui nous permet de mesurer la consommation d'un appareil isolé, de type cafetière, réfrigérateur, photocopieur, tout équipement, afin d'identifier son potentiel d'effacement.

  • Speaker #1

    Le SIGERLy a commencé par analyser les puissances électriques souscrites et les consommations des bâtiments de son territoire. Après avoir identifié les sites avec le plus fort potentiel d'effacement, ils ont choisi de réaliser sept audits d'effacement sur des bâtiments très variés, allant de la piscine à la mairie, en passant par une cuisine centrale. Cela a apporté de précieuses informations, comme l'explique Florence Mallein.

  • Speaker #3

    Après avoir réalisé l'ensemble des audits, nous avons identifié que les piscines avaient un très fort potentiel, alors qu'à l'inverse, les mairies avaient un faible potentiel d'effacement. Les piscines sont des équipements qui nécessitent de très grosses puissances souscrites, parce qu'elles ont énormément d'équipements, notamment des centrales de traitement d'air avec des très gros débits pour pouvoir renouveler l'air, avec une problématique de chloramine sur ce type de bâtiment, donc il faut beaucoup ventiler. Comme elles ont des gros débits, on peut temporairement abaisser ces débits. L'effacement, c'est sur des périodes courtes. Sur une piscine, on peut de façon ponctuelle abaisser le débit et faire de l'effacement. A l'inverse, sur des mairies, il n'y a pas ce type d'équipement, ou du moins avec des puissances moins importantes.

  • Speaker #1

    Ces audits permettent notamment d'identifier l'étiquette GoFlex d'un bâtiment. Le projet GoFlex a été monté par ACTEE, en collaboration avec l'IFPEB, RTE et le Gimelec. Cette étiquette GoFlex évalue le potentiel de flexibilité électrique des bâtiments tertiaires. Adam Soussana détaille ce mécanisme. Concrètement, qu'est-ce que ça veut dire ? Pour un bâtiment donné, l'étiquette GoFlex va nous donner trois indicateurs qui vont donner un premier sentiment de à quel point le bâtiment pourrait faire de la flexibilité et de l'effacement électrique. Ces trois indicateurs, c'est la classe du système de pilotage du bâtiment : est-ce qu'il est équipé ou non d'un système de pilotage ? Et à quel point est-ce que celui-ci permet de faire de la flexibilité ? Le deuxième indicateur, ça va être la puissance électrique réellement effaçable dans le bâtiment, en fonction de l'évaluation qui a été menée. Et le dernier indicateur, ça va être le ratio entre cette puissance réellement effaçable et la puissance souscrite du bâtiment. Ces trois indicateurs-là vont faire une sorte de nutri-score de la flexibilité qui vont pouvoir permettre aux acteurs de l'écosystème de se repérer parmi tous les bâtiments tertiaires et de dire : celui-ci est peut-être plus intéressant parce que son étiquette GoFlex est plus favorable, donc je vais aller travailler en priorité sur celui-ci. Et puis celui-ci, son étiquette GoFlex est peut-être un petit peu moins intéressante pour l'instant. Donc, le besoin est peut-être plutôt d'accompagner le propriétaire ou la collectivité sur l'acquisition, par exemple, d'un système BACS avant d'aller se lancer sur la flexibilité. Avec cette étiquette, les collectivités peuvent inscrire leurs bâtiments tertiaires sur la plateforme GoFlex. Cette plateforme met en relation l'offre et la demande en matière d'effacement. Une collectivité va donc pouvoir y trouver un fournisseur d'électricité ou un agrégateur qui lui proposera un contrat d'effacement. Ce document permet à la collectivité d'être rémunérée en échange d'actions d'effacement qu'elle s'engage à faire les jours de pointe identifiés par RTE. Les collectivités ont donc un réel intérêt financier à faire de l'effacement. L'effacement n'est cependant qu'un outil de type assurantiel pour faire face à des situations de tension sur le système électrique quelques jours durant l'hiver. La flexibilité électrique est un concept plus large qui signifie moduler ou décaler ses consommations au quotidien. Et cette flexibilité au sens plus large va devenir de plus en plus nécessaire, selon Yannick Jacquemart.

  • Yannick Jacquemart

    Il y a maintenant de la production qui se développe avec un rythme très particulier, il s'agit du photovoltaïque. Tout le monde insiste sur le caractère variable ou intermittent, mais ce qu'on oublie de mentionner souvent, c'est le caractère très prévisible des moments où le photovoltaïque produit, même si le niveau précis de production reste incertain. En clair, l'énergie photovoltaïque ne produit pas la nuit, du coup nous aurons beaucoup plus de disponibilité d'électricité décarbonée pendant les heures ensoleillées que le reste de la journée. Ça ne veut pas dire qu'on ne peut consommer qu'à ce moment-là, mais ça veut dire que tout ce qui peut être mis dans ces heures-là sera moins cher parce qu'il y a plus de moyens de production électrique disponibles à ce moment-là.

  • Speaker #1

    Décaler certains usages électriques l'après-midi, quand le soleil brille, peut donc permettre de faire de réels gains sur sa facture. De plus, l'électricité ne se stocke pas, ou très mal. Donc, si on produit beaucoup d'énergie solaire dans l'après-midi, mais que la consommation ne suit pas, on perd cette électricité décarbonée. Décaler ces consommations permet donc d'utiliser pleinement le potentiel des énergies renouvelables. Et les collectivités ont tout intérêt à s'y mettre, selon Yannick Jacquemart, aussi bien pour la planète que pour leurs finances.

  • Yannick Jacquemart

    Ce qui est important de noter, c'est que ces gains-là, ils sont obtenus sans rien changer à son confort. Donc il n'y a pas une notion d'effort au moment où on l'utilise, il y a une notion d'effort pour bien programmer les usages, pour bien réfléchir à la façon de décaler certaines de ces consommations. Mais une fois que c'est programmé, une fois que c'est prévu, au quotidien, il n'y a strictement aucun effort et surtout aucune perte de confort, ou de services pour une collectivité. Je vais prendre un exemple pour une piscine. Il y a une très grande inertie thermique de la température de l'eau. Comme les pointes sur le système électrique vont être désormais très courtes, les périodes de prix cher vont durer 2-3 heures. Il est certainement possible de davantage chauffer la piscine juste avant la période très chère, de limiter la chauffe pendant la période chère, puis de rechauffer ensuite. Le gain sur la facture sera tout à fait significatif, tout en évitant d'utiliser potentiellement une électricité carbonée.

  • Speaker #1

    Les fournisseurs d'énergie et les agrégateurs commencent à proposer des contrats pour valoriser cette flexibilité électrique. Et la plateforme GoFlex va justement permettre de les mettre en relation avec les collectivités. L'idée est de développer un réel modèle économique de la flexibilité pour les bâtiments tertiaires. Quant au programme Eff'ACTEE, sa première version a permis d'accompagner 15 collectivités en 2023. Eff'ACTEE+ a désormais pris le relais. Doté de 3 millions d'euros, il a cette fois pour objectif d'accompagner 50 collectivités.

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