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Edward wkl

François Perret, passion pâtisserie

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26min |04/07/2024
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François Perret, passion pâtisserie

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26min |04/07/2024
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Description

François Perret est l'un des meilleurs pâtissiers au monde. De ses débuts en tant qu'apprenti pâtissier à Bourg-en-Bresse jusqu'à son poste prestigieux de chef pâtissier au Ritz Paris, il nous dévoile son parcours exceptionnel et sa philosophie.

Pourquoi a-t-il choisi la pâtisserie ? Comment s'est déroulée son ascension dans cet univers sucré ? Quelles sont les raisons de son succès ? Quelles sont les tendances actuelles en pâtisserie et quels seront les prochains tournants majeurs ?

François Perret nous offre un aperçu captivant de son voyage, de ses motivations et de sa vision pour l'avenir de la pâtisserie.



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Si libre comme l'air vous plait, vous aimerez aussi



Transfert , interview à la table , legend , les baladeurs , small talk , Ben névert , la table ovale , un bon moment avec kyan , ultra talk , toast , 4 quarts d’heure , Bourlinguez , les couilles sur la table , le coeur sur la table , Brut.podcast , arteradio , les gentilshommes , on s’tient au jus , l’histoire de , les locomotives , les lueurs , le pompon ,  floodcast


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qui fait que toi, tu es toi ? Pas tout le monde devient un chef pâtissier de palace. Pourquoi est-ce que toi, tu as réussi à faire cette voie ?

  • Speaker #1

    Ma plus grosse crainte aujourd'hui, c'est de ne plus avoir d'idée. Aujourd'hui, on est tellement sollicité pour en créer que la plus grosse crainte, effectivement, c'est de ne plus en avoir.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu arrives à manger au McDo ? Est-ce que c'est dur de faire sa place dans le monde de la pâtisserie en France ? Bonjour et bienvenue dans Libre comme l'air, le podcast qui met en lumière des histoires qui méritent d'être écoutées. Et découvrir des gens comme vous, comme moi, des gens qui vivent des choses inspirantes, drôles, touchantes et même parfois tristes. Bref, des histoires de vie, des histoires vraies. Je m'appelle Edouard et bienvenue dans Libre comme l'air.

  • Speaker #1

    Bonjour François. Bonjour, comment vas-tu ?

  • Speaker #0

    Ecoute, ça va super et toi ?

  • Speaker #1

    Super.

  • Speaker #0

    Alors François, tu es l'un des meilleurs pâtissiers au monde. Tu as reçu deux distinctions pour ça en 2019. Et là, très récemment, le prix de la meilleure pâtisserie du monde avec la pâtisserie Ritz au Lecomptoir. Tu es aujourd'hui chef pâtissier au Ritz Paris. Tu gères une équipe d'environ 30 personnes. Vous y concevez toute l'offre sucrée. Tu as écrit un livre, Instant Sucré au Ritz. où on te voit aussi régulièrement sur M6 dans Top Chef et Le Meilleur Pâtissier, et aussi sur Netflix dans une série qui est parue en 2020 où tu sillonnes les Etats-Unis. Et pourtant, tout commence fin des années 90, quand tu n'avais que 16 ans, tu commences comme commis de pâtisserie à Bourg-en-Bresse. Est-ce que tu te souviens de cette période ?

  • Speaker #1

    Je m'en souviens complètement et je pense qu'aujourd'hui, il ne faut absolument pas l'oublier. J'ai commencé en 1996 dans une petite boutique qui s'appelait la pâtisserie de la gare. avec un patron qui était extraordinaire qui s'appelait Pierre André. Et c'est un homme qui avait compris qu'il fallait transmettre le savoir-faire, mais aussi le savoir-être. Et je pense que s'il n'avait peut-être pas transmis le savoir-être, je serais peut-être plus pâtissier aujourd'hui, parce que c'est un métier qui est quand même assez dur.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'à ce moment-là, tu imaginais, le toi de 16 ans, imaginer que tu allais être un jour chef pâtissier au Ritz ?

  • Speaker #1

    Non, absolument pas. Ce n'était ni une obsession, ni un souhait. En fait, je me suis toujours laissé plus ou moins porter par la vague. J'ai plus ou moins toujours suivi un petit peu le mouvement, avec une exigence. Mais j'ai toujours suivi un petit peu le courant.

  • Speaker #0

    Pourquoi la pâtisserie et pas la cuisine ? Qu'est-ce qui t'a attiré vers ça ?

  • Speaker #1

    Je pense que dans la pâtisserie, il y a un côté beaucoup plus spectaculaire déjà. Et il y a beaucoup plus de mystère aussi, je trouve, dans la pâtisserie que dans la cuisine. Quand vous voyez un dessin arriver, c'est toujours beaucoup plus difficile de savoir qu'est-ce que vous avez vraiment mis dedans, parce que vous transformez tout. Tout est transformé. Il n'y a aucun produit quasiment à part les fruits, et encore on peut les transformer, qui ressortent véritablement comme ils sont rentrés. Et au-delà de ça, ce qui me plaît dans la pâtisserie, c'est le côté... On met quand même la pâtisserie très haut, dès le plus jeune âge. Je veux dire, aujourd'hui, la pâtisserie, c'est ce dont on prive les enfants quand ils sont pas sages, par exemple. On va pas priver un enfant de soupe ou de pâte écroute, on va le priver de pâtisserie ou de dessert. Donc j'aime beaucoup cette idée. Et j'aime surtout beaucoup l'idée que la pâtisserie arrive dans tous les grands événements de la vie et clôture tous ces grands événements de la vie. Elle est vraiment présente, je dirais, partout. Elle nous entoure constamment. C'est la pièce maîtresse d'un mariage, c'est la pièce maîtresse d'un anniversaire, c'est la pièce maîtresse d'un baptême, c'est la pièce maîtresse d'un repas tout court, au quotidien, en tout cas en France. Et c'est aussi ce vers quoi on se tourne souvent quand on a un petit coup de mou ou une petite baisse de morale.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu t'es essayé à la cuisine ou pas ? Tu as fait quand même un peu des essais ?

  • Speaker #1

    Alors pas du tout. Je ne me suis jamais essayé à la cuisine en tant qu'élève. Je me suis essayé et je m'essaye encore aujourd'hui très régulièrement à la cuisine en tant que consommateur. Je peux passer beaucoup de temps dans ma cuisine, j'adore ça, mais je trouve que la cuisine a un côté beaucoup plus instinctif, je dirais, que la pâtisserie. C'est-à-dire que la cuisine, vous pouvez, je dis souvent, vous croisez des potes au marché, c'est 13h, on dit tiens, viens manger à la maison, vous allez arriver à faire à manger très rapidement pour 4 à 5 personnes avec des produits très simples. Vous croisez des potes à 16h, vous leur dites viens, je vais te faire un gâteau, ça c'est plus compliqué déjà Vous allez avoir du mal dans l'immédiateté à faire quelque chose.

  • Speaker #0

    Et, alors ça c'est plus des questions de carrière, est-ce que c'est dur de faire sa place dans le monde de la pâtisserie en France ?

  • Speaker #1

    Je pense que c'est dur de faire sa place tout court. Souvent, les gens disent Ah, vous avez un métier qui est dur Et moi, je leur réponds souvent, quand on cherche l'excellence, quand on cherche à faire différemment, c'est dur, en fait. Donc oui, le métier est dur, mais comme beaucoup d'autres, je pense. En tout cas, j'en suis convaincu. C'est un métier qui demande de l'engagement, de l'investissement. personnel, bien sûr. Mais beaucoup de métiers sont comme ça, aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Moi, ce qui m'intrigue, c'est que des pâtissiers qui font des bons desserts, entre guillemets, il y en a plein, il y en a beaucoup. Mais pourquoi, qu'est-ce qui fait que toi, tu es toi ? Pas tout le monde devient chef pâtissier de Palace. Pourquoi est-ce que toi, tu as réussi à faire cette voie ? Est-ce qu'il y a un truc que tu fais mieux ?

  • Speaker #1

    J'espère. Non, je ne sais pas si je fais un truc mieux. Après, j'ai des convictions que je garde vraiment auprès de moi dans chaque création. J'ai vraiment des punchlines, je dirais, que je peux... Comme par exemple, quand je crée un gâteau, l'objectif, c'est clairement le maximum de volume et le minimum de poids. Ça, ça peut être un slogan. C'est vraiment une dynamique pour moi. Aujourd'hui, un gâteau, pour moi, ça doit être avant tout beau. Et ça doit être bon. Après, on le met dans l'ordre qu'on veut. Mais pour moi, la gourmandise, elle doit être belle, surtout aujourd'hui. Aujourd'hui, on arrive à des moments où on entend un peu partout qu'il faut faire attention à ce qu'on mange, il ne faut pas trop manger, il ne faut pas manger trop de sucre, il ne faut pas manger trop de crème. Le gâteau, c'est quand même un peu tout ça, malheureusement ou heureusement. Du coup, on a quand même une obligation de séduction, je pense. Et ça, pour moi, c'est important. Après, qu'est-ce qui a fait que moi, je suis moi ? Peut-être que je reste vraiment dans mon univers. C'est-à-dire que je vais rarement voir ce qui se passe ailleurs. D'ailleurs, je ne regarde pas ce qui se passe ailleurs. Après, dire que je suis hermétique complètement, ce serait mentir. Parce qu'aujourd'hui, avec les réseaux sociaux, tout ça, ce serait quasi impossible. En tout cas, je ne vais jamais spontanément sur un compte. Je ne vais jamais spontanément goûter dans une pâtisserie ce qui se passe. J'essaie vraiment de rester dans mon monde. parce que je trouve qu'on n'est jamais meilleur dans ce qu'on fait que quand on a notre propre hockey et décharge, notre propre dynamique créative, notre propre souhait esthétique. Et pour moi, ça doit être aussi une signature, quelque part. Mon rêve, c'est qu'on me reconnaisse, enfin, qu'on me reconnaisse. Mon rêve, c'est qu'on reconnaisse mes créations sans qu'il y ait nécessairement le nom de l'entreprise pour laquelle je travaille ou mon nom de marqué dessus. Ça, c'est vraiment mon... mon rêve à moi.

  • Speaker #0

    Quand tu dis ton monde, qu'est-ce qui le définirait et qu'est-ce que tu aimes faire ? C'est quoi tes desserts préférés, tes créations préférées ?

  • Speaker #1

    Alors déjà, je ne crée pas pour créer, je crée vraiment pour, je dirais, pour donner du plaisir aux gens. Ça, c'est vraiment ma source, ma motivation, elle est vraiment là. Je puise ma motivation dans... chez les gens. Donc plus les gens sont ravis, contents de ce qu'ils ont mangé, plus je me sens fort. Et aujourd'hui, il n'y a pas une seule fois où je crée un gâteau en me disant, bon, là, je vais faire l'impasse sur ça. Ça passera quand même. Il n'y a pas d'impasse possible aujourd'hui. S'il y a un truc qui ne me plaît pas, le gâteau ne sortira pas. Et ça, aujourd'hui, je pense que c'est indispensable pour pouvoir continuer... Déjà pour pouvoir participer encore à l'émancipation de ce métier. Parce que je pense que la pâtisserie rayonne énormément depuis quelques années. Et je pense que si on reste vigilant sur le produit fini et ses objectifs, je pense que la pâtisserie continuera de rayonner. Si on fait l'impasse sur le gustatif, Pour telle ou telle raison, je pense que le client se sentira un petit peu lésé et c'est là où le métier commencera à vaciller.

  • Speaker #0

    Il y a une question que je me pose et que je vois souvent à la télé où les chefs qui créent souvent font appel à leurs origines et à leur enfance. Toi, comment tu puises aussi dans ton enfance et c'est quoi la part de ton enfance dans tes créations ?

  • Speaker #1

    Alors je puise bien évidemment dans mon enfance. qui est quand même, si on regarde un petit peu, je pense la même que la tienne. Ce qui m'intéresse, c'est d'emmener les gens dans ce côté un petit peu Madeleine de Proust, d'emmener les gens dans le souvenir. Je dis souvent, l'industrie aujourd'hui fait des gâteaux depuis de nombreuses années, mais l'industrie, quelque part, elle n'a rien créé. Tout ce qu'elle fait aujourd'hui en gâteau signature qu'on peut connaître, en biscuits, Elle a tout pris chez tel ou tel artisan. Elle l'a travaillé, elle l'a révélé de manière différente. Aujourd'hui, elle a pris de grosses parts de gourmandise. Je trouve ça assez drôle de se nourrir, à notre tour en tant qu'artisan, de l'industrie, pour essayer de lui apporter un peu plus de gourmandise, beaucoup plus même. Et surtout un cahier des charges produit beaucoup plus... rigoureux, quoi. Pour arriver à avoir des produits visuellement connus de tous, mais gustativement vraiment au-dessus de ce qu'on connaît, quoi. Donc ça, c'est un peu là où je puise un petit peu cette dynamique. Un cake marbré, une barquette, un Ritz, enfin pas... un petit écolier, tous ces gâteaux qu'on connaît et qu'on a connus et qu'on connaît encore aujourd'hui, d'ailleurs. Ça, je trouve ça assez... J'aime bien ce petit pied de nez à l'industrie qui plus est dans une maison comme celle dans laquelle je travaille.

  • Speaker #0

    Et donc ça, c'est pour tes inspirations. Et comment tu te fais, du coup ? Comment tu fais pour te renouveler au gré des saisons, évoluer avec la carte que tu crées ? Comment tu fais pour trouver tes inspirations ?

  • Speaker #1

    Alors ça, c'est dur. Ça, c'est très dur. Aujourd'hui, il faut arriver à rester quand même sur un fil créatif. C'est-à-dire que je pense que pour arriver à garder une identité, il faut aussi continuer de la nourrir sans perdre le fil conducteur de tout. Alors comment je fais pour continuer ? Je continue de réfléchir à comment je peux apporter plus de gourmandise dans des formes un petit peu différentes, avec toujours autant de légèreté, avec néanmoins toujours autant de surprises aussi, parce que la pâtisserie c'est un peu de la surprise quand même. Mais ce n'est pas chose aisée. Je pense que ma plus grande crainte aujourd'hui, je dirais, là, tu as mis le doigt sur un truc intéressant, c'est ma plus grosse crainte aujourd'hui, c'est de ne plus avoir d'idées. Aujourd'hui, on est tellement sollicité pour en créer que la plus grosse crainte, effectivement, c'est de ne plus en avoir.

  • Speaker #0

    Est-ce que tes voyages, par exemple, à l'étranger, ça t'aide à trouver de l'inspiration aussi ?

  • Speaker #1

    Alors les voyages, effectivement, ça aide beaucoup. Les rencontres, ça aide beaucoup. Les échanges qu'on peut faire d'ailleurs avec l'autre aident beaucoup. C'est vrai que quand je suis parti aux États-Unis, ça m'a énormément nourri parce que je me suis vraiment nourri de la dynamique, on va dire, de rue qu'il y avait là-bas. En l'occurrence... ils ont quasiment tous un verre à la main ou quelque chose à manger. On le ressent beaucoup. Je me suis dit, il y a peut-être quelque chose à faire avec la pâtisserie. Qu'est-ce qu'on peut créer autour de ça pour nourrir un peu la pâtisserie française ? Parce que cette dynamique de rue vient chez nous aussi. On le voit bien, il y a beaucoup de street food à Paris, mais il n'y a pas de pâtisserie street food. Il n'y en a pas. À part la gaufre et la crêpe, il n'y en a pas.

  • Speaker #0

    Oui, c'est tout. Tu penses, toi, l'influence... On parlait de réseaux sociaux tout à l'heure. L'influence des réseaux sociaux sur la pâtisserie, est-ce que... Quel impact ça a eu ? Parce que j'imagine que du coup, avec les réseaux sociaux, il y a aussi une sorte de conformité. Comment tu le définirais, toi ?

  • Speaker #1

    Je pense que les réseaux sociaux sont autant notre ami que notre ennemi. C'est assez bizarre, d'ailleurs, je trouve. On s'en rapproche quand même tout en connaissant un petit peu les problématiques que ça peut engendrer. Alors pour moi, les problématiques, elles sont assez simples. C'est que c'est une surconsommation d'idées et d'images. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, vous mettez l'image d'un gâteau nouveau, les gens vont en vouloir une autre avant même d'avoir goûté le gâteau. En fait, on est vraiment dans une consommation de contenu, dans une consommation de création, d'image, et ça c'est très dangereux. Donc il faut essayer d'être dans la course sans non plus trop faire cette compétition à la création non plus. Parce que je suis intimement convaincu qu'aujourd'hui, il faut bien poser une gamme, bien poser une identité avant de devoir complètement la changer. Euh... Voilà, mais les réseaux sociaux, oui, c'est quand même une aide énorme. Aujourd'hui, ça a permis à la pâtisserie et à d'autres métiers d'ailleurs de se faire connaître, de diffuser plus largement leurs savoirs. Moi, je dis souvent, quand je fais un gâteau, je ne le fais pas pour juste une image, je le fais pour donner l'opportunité aux gens de le goûter. Si les réseaux peuvent diffuser plus largement l'image et donner encore plus largement envie aux gens de le goûter, alors oui, clairement, c'est un bon... bonus. Si c'est juste pour consommer une image et passer à une suivante, ça peut être un peu compliqué.

  • Speaker #0

    Et le fait que maintenant la pâtisserie rayonne et touche de plus en plus de monde, est-ce qu'il y a eu une évolution dans les écoles de pâtisserie, par exemple dans les années 80-90, ou les jeunes pâtissiers aujourd'hui ? Est-ce que tu vois une évolution ? Alors,

  • Speaker #1

    en fait, déjà, dans les années 80-90, la pâtisserie n'était pas du tout mise en avant comme ça. Moi, quand je suis parti en apprentissage... Les gens n'ont pas forcément applaudi. C'était même un peu la dernière roue du carrosse, je dirais. Il y a vraiment eu un virage dans les années Michalak, les années Pierre Hermé, je dirais 2000. À savoir lequel avant l'autre, je ne sais pas. J'apprécie beaucoup les deux, en plus. mais je dirais qu'il y en a un qui l'a fait briller dans les établissements de luxe et donc qui a apporté une véritable légitimité au métier, à savoir Christophe Michalak auprès des cuisines, dont on a pris aujourd'hui en grande partie une indépendance. Alors que pendant ce temps-là, Pierre aussi apportait vraiment une visibilité beaucoup plus mondiale, je dirais, sur la partie pâtisserie. En arrivant à l'envoyer notamment à Tokyo pour commencer, ce qu'il a quand même commencé à Tokyo. Donc, je pense qu'il y a clairement eu un virage assez impressionnant sur la pâtisserie.

  • Speaker #0

    Et tous ces chefs, vous connaissez, tu les connais, vous êtes potes ou comment ça se passe ?

  • Speaker #1

    On se connaît tous. Oui, on se connaît tous. Alors après, On s'appelle, on se demande des conseils si besoin. Je sais que Pierre est vraiment à l'écoute. Christophe, c'est pareil. On se connaît tous ou moins, plus ou moins tous. On a quand même le même but aujourd'hui, c'est faire rayonner notre savoir-faire. Et je pense que plus on sera nombreux à faire rayonner ce savoir-faire, plus le savoir-faire grandira. Ça, c'est une conviction.

  • Speaker #0

    J'ai des questions un peu plus perso qui m'intriguent en fait je me suis dit quand t'es à un tel niveau dans la pâtisserie ou dans la cuisine est-ce que t'arrives à manger au McDo ?

  • Speaker #1

    Alors j'ai deux enfants Et aujourd'hui, je ne veux pas les couper non plus de tout. Parce que je pense que ça n'aurait pas de sens déjà. Donc là, oui, ça m'arrive, bien sûr. Ça m'est arrivé d'ailleurs il n'y a pas si longtemps que ça. Ma fille voulait une séance télé absolument. Et elle voulait absolument un McDonald's. Donc j'ai fait un McDonald's. Mais par contre... Pour moi, l'objectif, c'est surtout de lui montrer ce que c'est qu'un vrai burger, par exemple. Donc oui, si elle a envie de goûter, elle goûtera. Mais par contre, je lui montrerai ce que c'est qu'un vrai bon burger. Un vrai bon pain, un vrai bon steak, une vraie sauce faite maison. Et ça, c'est important en fait. Je pense que c'est bien de voir tout ce qui existe aujourd'hui. C'est important de goûter et de se faire sa propre opinion. Donc oui, un McDo, j'en ai déjà mangé bien sûr.

  • Speaker #0

    Mais de toi-même tout seul, tu n'irais peut-être pas au McDo.

  • Speaker #1

    Tout seul, je n'irais pas.

  • Speaker #0

    Et tu fais Uber Eats et Deliveroo, tout ça, les commandes à la maison ?

  • Speaker #1

    J'essaye de cuisiner chez moi. J'ai la chance d'être bien équipé. Par exemple, hier, j'ai cuit des carottes sous vide. J'ai cuit mes pommes de terre avec mon beurre sous vide. J'ai fait mes petits blancs de poulet cuits sous vide. Et cette semaine, je sais que je vais bien manger. Voilà, parce que j'ai la chance d'avoir un four en vapeur, un four sous vide, donc je peux anticiper mes repas et rentrer chez moi, ouvrir une poche faite maison avec une bonne volaille sélectionnée chez mon boucher. Et aujourd'hui, je sais que cette semaine, oui, je sais que je vais bien manger.

  • Speaker #0

    Tu t'organises, j'imagine après une journée de travail, quand tu rentres, tu n'as peut-être pas forcément envie de cuisiner le soir en semaine, ou tu trouves la force de cuisiner à chaque fois ?

  • Speaker #1

    En fait, je trouve toujours la force de cuisiner parce que j'aime manger. J'aime manger et j'aime bien manger. Donc à partir de là, je trouve toujours la force de cuisiner. J'ai toujours ce qu'il faut dans le frigo. Je fais mon marché tous les dimanches. Je vais chez le même poissonnier tout le temps, le même boucher, les fruits et légumes, pareil. J'ai toujours ce qu'il faut à la maison. Donc, par définition, maintenant, s'il y a une panne quelque part, oui, si je dois passer par Uber Eats, je passerai par Deliveroo. Mais après, Deliveroo, c'est une plateforme qui met en avant des professionnels. Donc, il s'agit de bien les choisir quand même. Voilà.

  • Speaker #0

    En tout cas, j'imagine que les palaces parisiens n'ont pas pour ambition de faire appel à ces plateformes.

  • Speaker #1

    Non, non, non.

  • Speaker #0

    J'ai une question du moment un petit peu sur les défis environnementaux. Est-ce que tu penses que les défis environnementaux vont influencer la cuisine ou la pâtisserie actuelle dans le sens des fruits exotiques, la vanille, le chocolat ? Est-ce que tu penses que c'est quoi le prochain virage ?

  • Speaker #1

    C'est une bonne question, c'est même une excellente question. Aujourd'hui, on dit souvent que la France est source de beaux produits, on a des super producteurs, mais on voit bien qu'aussi la France ne cultive pas de chocolat, elle ne produit pas de vanille, et c'est des matières premières qui aujourd'hui sont très importantes dans le domaine de la pâtisserie. Je pense que ce qu'il faut surtout, c'est amener la vanille là où il faut l'amener, pas forcément en mettre à outrance. Amener le chocolat lorsque pareil, c'est intéressant et important de l'amener. Et continuer d'avoir des produits, voilà, avec des produits très français, très régionaux. Aujourd'hui, on fait les meilleures farines, on fait des beurres d'exception, on a une crèmerie folle, on a des fruits et des légumes vraiment magnifiques. Bon, je pense qu'on n'est pas toujours obligé d'utiliser le chocolat ou la vanille. Maintenant, le client, quand même, le chocolat, ça reste quelque chose qui plaît. Donc l'enlever, je pense que ce serait difficile. Après, le cacao a vraiment subi des hausses folles. On est sur des augmentations à presque 25% cette année. Donc ils ne savent pas si ça va continuer de monter ou si ça va baisser. Mais là, au moins... Aujourd'hui, on est pratiquement à 25% d'augmentation. C'est colossal.

  • Speaker #0

    J'ai une autre question du moment. Comment tu expliques, d'un point de vue domestique, la cuisine est historiquement féminine, même si ça a changé avec les dernières années, et d'un point de vue professionnel, les grands noms sont souvent masculins. Comment tu expliques ça ?

  • Speaker #1

    C'est toujours une question intéressante, mais aujourd'hui, je pense que les choses ont vraiment changé. J'ai dans mon équipe, par exemple, un très gros pourcentage de femmes. Je pense qu'on n'est pas loin de la moitié. J'ai une adjointe qui est une femme, j'ai ma sous-chef qui est une femme, j'ai des chefs de partie qui sont femmes. J'ai vraiment une parité, à mon avis, au sein de la pâtisserie, en tout cas dans laquelle je travaille. Et je pense que les choses ont vraiment évolué. D'ailleurs, les femmes ont beaucoup de sensibilité qui, à mon avis, peut énormément aider la pâtisserie ou la dynamique qu'elle entreprend encore aujourd'hui. très clairement.

  • Speaker #0

    On arrive vers la fin de l'épisode, j'ai une dernière question à te poser. Quel message est-ce que tu aimerais faire passer ou qu'est-ce que tu dirais à quelqu'un qui aimerait se lancer en pâtisserie ?

  • Speaker #1

    Si demain, j'avais quelqu'un qui me disait moi, je veux faire de la pâtisserie je lui dirais que c'est un métier qu'on fait pour les autres. Je lui dirais que c'est un métier qu'on fait pour les autres. que c'est un métier qui forcément demande beaucoup, mais au-delà de ça, c'est un métier qui, comme on le fait pour les autres, on se nourrira des autres. Les gens se nourrissent de ce que l'on fait, et nous, on se nourrit des gens. Donc en fait, je trouve que c'est une bonne balance, mais c'est un métier qui est magnifique. C'est un métier où il y a encore beaucoup de choses à faire. C'est un métier qui a énormément évolué, techniquement, d'un point de vue matériel aussi. Mais c'est aussi un métier qui a évolué dans la façon de le gérer, la façon dont les gens travaillent dedans. Il y a eu des améliorations très conséquentes dans ce métier qui lui permettent aujourd'hui, je trouve, d'être peut-être un peu plus attrayant aussi pour les jeunes. Maintenant, c'est un métier où il va falloir le comprendre avant de le maîtriser. Parce que beaucoup de jeunes veulent faire de la création, c'est bien la création, mais c'est bien de connaître un petit peu le métier avant de se lancer dans la création, je pense.

  • Speaker #0

    Et toi, c'est quoi tes prochaines évolutions ? Tu as d'autres ambitions ou tu as réalisé tout ce que tu voulais réaliser ?

  • Speaker #1

    Non, je n'ai pas réalisé ce que je voulais réaliser. Je pense qu'aujourd'hui, j'ai fait pas mal de choses, peut-être, mais c'est loin d'être une finalité en soi. Aujourd'hui, ce que je souhaite, c'est vraiment prendre du plaisir, donc encore plus qu'avant. Je pense que ce qui m'intéresse aujourd'hui, vraiment, c'est de... c'est de travailler de manière la plus libre possible et je dirais de continuer à prendre du plaisir mes puissances disent parce que je pense que la vie est courte on

  • Speaker #0

    finit sur ces belles paroles merci François merci à toi en tout cas Merci à tous d'avoir écouté cet épisode, j'espère que ça vous a plu. N'hésitez pas à vous abonner à la chaîne et à nous suivre sur Instagram. Écrivez-nous si vous avez une histoire à nous partager. Je vous dis à très vite dans Libre comme l'air. Ciao ciao !

Description

François Perret est l'un des meilleurs pâtissiers au monde. De ses débuts en tant qu'apprenti pâtissier à Bourg-en-Bresse jusqu'à son poste prestigieux de chef pâtissier au Ritz Paris, il nous dévoile son parcours exceptionnel et sa philosophie.

Pourquoi a-t-il choisi la pâtisserie ? Comment s'est déroulée son ascension dans cet univers sucré ? Quelles sont les raisons de son succès ? Quelles sont les tendances actuelles en pâtisserie et quels seront les prochains tournants majeurs ?

François Perret nous offre un aperçu captivant de son voyage, de ses motivations et de sa vision pour l'avenir de la pâtisserie.



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Si libre comme l'air vous plait, vous aimerez aussi



Transfert , interview à la table , legend , les baladeurs , small talk , Ben névert , la table ovale , un bon moment avec kyan , ultra talk , toast , 4 quarts d’heure , Bourlinguez , les couilles sur la table , le coeur sur la table , Brut.podcast , arteradio , les gentilshommes , on s’tient au jus , l’histoire de , les locomotives , les lueurs , le pompon ,  floodcast


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

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  • Speaker #0

    Qu'est-ce qui fait que toi, tu es toi ? Pas tout le monde devient un chef pâtissier de palace. Pourquoi est-ce que toi, tu as réussi à faire cette voie ?

  • Speaker #1

    Ma plus grosse crainte aujourd'hui, c'est de ne plus avoir d'idée. Aujourd'hui, on est tellement sollicité pour en créer que la plus grosse crainte, effectivement, c'est de ne plus en avoir.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu arrives à manger au McDo ? Est-ce que c'est dur de faire sa place dans le monde de la pâtisserie en France ? Bonjour et bienvenue dans Libre comme l'air, le podcast qui met en lumière des histoires qui méritent d'être écoutées. Et découvrir des gens comme vous, comme moi, des gens qui vivent des choses inspirantes, drôles, touchantes et même parfois tristes. Bref, des histoires de vie, des histoires vraies. Je m'appelle Edouard et bienvenue dans Libre comme l'air.

  • Speaker #1

    Bonjour François. Bonjour, comment vas-tu ?

  • Speaker #0

    Ecoute, ça va super et toi ?

  • Speaker #1

    Super.

  • Speaker #0

    Alors François, tu es l'un des meilleurs pâtissiers au monde. Tu as reçu deux distinctions pour ça en 2019. Et là, très récemment, le prix de la meilleure pâtisserie du monde avec la pâtisserie Ritz au Lecomptoir. Tu es aujourd'hui chef pâtissier au Ritz Paris. Tu gères une équipe d'environ 30 personnes. Vous y concevez toute l'offre sucrée. Tu as écrit un livre, Instant Sucré au Ritz. où on te voit aussi régulièrement sur M6 dans Top Chef et Le Meilleur Pâtissier, et aussi sur Netflix dans une série qui est parue en 2020 où tu sillonnes les Etats-Unis. Et pourtant, tout commence fin des années 90, quand tu n'avais que 16 ans, tu commences comme commis de pâtisserie à Bourg-en-Bresse. Est-ce que tu te souviens de cette période ?

  • Speaker #1

    Je m'en souviens complètement et je pense qu'aujourd'hui, il ne faut absolument pas l'oublier. J'ai commencé en 1996 dans une petite boutique qui s'appelait la pâtisserie de la gare. avec un patron qui était extraordinaire qui s'appelait Pierre André. Et c'est un homme qui avait compris qu'il fallait transmettre le savoir-faire, mais aussi le savoir-être. Et je pense que s'il n'avait peut-être pas transmis le savoir-être, je serais peut-être plus pâtissier aujourd'hui, parce que c'est un métier qui est quand même assez dur.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'à ce moment-là, tu imaginais, le toi de 16 ans, imaginer que tu allais être un jour chef pâtissier au Ritz ?

  • Speaker #1

    Non, absolument pas. Ce n'était ni une obsession, ni un souhait. En fait, je me suis toujours laissé plus ou moins porter par la vague. J'ai plus ou moins toujours suivi un petit peu le mouvement, avec une exigence. Mais j'ai toujours suivi un petit peu le courant.

  • Speaker #0

    Pourquoi la pâtisserie et pas la cuisine ? Qu'est-ce qui t'a attiré vers ça ?

  • Speaker #1

    Je pense que dans la pâtisserie, il y a un côté beaucoup plus spectaculaire déjà. Et il y a beaucoup plus de mystère aussi, je trouve, dans la pâtisserie que dans la cuisine. Quand vous voyez un dessin arriver, c'est toujours beaucoup plus difficile de savoir qu'est-ce que vous avez vraiment mis dedans, parce que vous transformez tout. Tout est transformé. Il n'y a aucun produit quasiment à part les fruits, et encore on peut les transformer, qui ressortent véritablement comme ils sont rentrés. Et au-delà de ça, ce qui me plaît dans la pâtisserie, c'est le côté... On met quand même la pâtisserie très haut, dès le plus jeune âge. Je veux dire, aujourd'hui, la pâtisserie, c'est ce dont on prive les enfants quand ils sont pas sages, par exemple. On va pas priver un enfant de soupe ou de pâte écroute, on va le priver de pâtisserie ou de dessert. Donc j'aime beaucoup cette idée. Et j'aime surtout beaucoup l'idée que la pâtisserie arrive dans tous les grands événements de la vie et clôture tous ces grands événements de la vie. Elle est vraiment présente, je dirais, partout. Elle nous entoure constamment. C'est la pièce maîtresse d'un mariage, c'est la pièce maîtresse d'un anniversaire, c'est la pièce maîtresse d'un baptême, c'est la pièce maîtresse d'un repas tout court, au quotidien, en tout cas en France. Et c'est aussi ce vers quoi on se tourne souvent quand on a un petit coup de mou ou une petite baisse de morale.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu t'es essayé à la cuisine ou pas ? Tu as fait quand même un peu des essais ?

  • Speaker #1

    Alors pas du tout. Je ne me suis jamais essayé à la cuisine en tant qu'élève. Je me suis essayé et je m'essaye encore aujourd'hui très régulièrement à la cuisine en tant que consommateur. Je peux passer beaucoup de temps dans ma cuisine, j'adore ça, mais je trouve que la cuisine a un côté beaucoup plus instinctif, je dirais, que la pâtisserie. C'est-à-dire que la cuisine, vous pouvez, je dis souvent, vous croisez des potes au marché, c'est 13h, on dit tiens, viens manger à la maison, vous allez arriver à faire à manger très rapidement pour 4 à 5 personnes avec des produits très simples. Vous croisez des potes à 16h, vous leur dites viens, je vais te faire un gâteau, ça c'est plus compliqué déjà Vous allez avoir du mal dans l'immédiateté à faire quelque chose.

  • Speaker #0

    Et, alors ça c'est plus des questions de carrière, est-ce que c'est dur de faire sa place dans le monde de la pâtisserie en France ?

  • Speaker #1

    Je pense que c'est dur de faire sa place tout court. Souvent, les gens disent Ah, vous avez un métier qui est dur Et moi, je leur réponds souvent, quand on cherche l'excellence, quand on cherche à faire différemment, c'est dur, en fait. Donc oui, le métier est dur, mais comme beaucoup d'autres, je pense. En tout cas, j'en suis convaincu. C'est un métier qui demande de l'engagement, de l'investissement. personnel, bien sûr. Mais beaucoup de métiers sont comme ça, aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Moi, ce qui m'intrigue, c'est que des pâtissiers qui font des bons desserts, entre guillemets, il y en a plein, il y en a beaucoup. Mais pourquoi, qu'est-ce qui fait que toi, tu es toi ? Pas tout le monde devient chef pâtissier de Palace. Pourquoi est-ce que toi, tu as réussi à faire cette voie ? Est-ce qu'il y a un truc que tu fais mieux ?

  • Speaker #1

    J'espère. Non, je ne sais pas si je fais un truc mieux. Après, j'ai des convictions que je garde vraiment auprès de moi dans chaque création. J'ai vraiment des punchlines, je dirais, que je peux... Comme par exemple, quand je crée un gâteau, l'objectif, c'est clairement le maximum de volume et le minimum de poids. Ça, ça peut être un slogan. C'est vraiment une dynamique pour moi. Aujourd'hui, un gâteau, pour moi, ça doit être avant tout beau. Et ça doit être bon. Après, on le met dans l'ordre qu'on veut. Mais pour moi, la gourmandise, elle doit être belle, surtout aujourd'hui. Aujourd'hui, on arrive à des moments où on entend un peu partout qu'il faut faire attention à ce qu'on mange, il ne faut pas trop manger, il ne faut pas manger trop de sucre, il ne faut pas manger trop de crème. Le gâteau, c'est quand même un peu tout ça, malheureusement ou heureusement. Du coup, on a quand même une obligation de séduction, je pense. Et ça, pour moi, c'est important. Après, qu'est-ce qui a fait que moi, je suis moi ? Peut-être que je reste vraiment dans mon univers. C'est-à-dire que je vais rarement voir ce qui se passe ailleurs. D'ailleurs, je ne regarde pas ce qui se passe ailleurs. Après, dire que je suis hermétique complètement, ce serait mentir. Parce qu'aujourd'hui, avec les réseaux sociaux, tout ça, ce serait quasi impossible. En tout cas, je ne vais jamais spontanément sur un compte. Je ne vais jamais spontanément goûter dans une pâtisserie ce qui se passe. J'essaie vraiment de rester dans mon monde. parce que je trouve qu'on n'est jamais meilleur dans ce qu'on fait que quand on a notre propre hockey et décharge, notre propre dynamique créative, notre propre souhait esthétique. Et pour moi, ça doit être aussi une signature, quelque part. Mon rêve, c'est qu'on me reconnaisse, enfin, qu'on me reconnaisse. Mon rêve, c'est qu'on reconnaisse mes créations sans qu'il y ait nécessairement le nom de l'entreprise pour laquelle je travaille ou mon nom de marqué dessus. Ça, c'est vraiment mon... mon rêve à moi.

  • Speaker #0

    Quand tu dis ton monde, qu'est-ce qui le définirait et qu'est-ce que tu aimes faire ? C'est quoi tes desserts préférés, tes créations préférées ?

  • Speaker #1

    Alors déjà, je ne crée pas pour créer, je crée vraiment pour, je dirais, pour donner du plaisir aux gens. Ça, c'est vraiment ma source, ma motivation, elle est vraiment là. Je puise ma motivation dans... chez les gens. Donc plus les gens sont ravis, contents de ce qu'ils ont mangé, plus je me sens fort. Et aujourd'hui, il n'y a pas une seule fois où je crée un gâteau en me disant, bon, là, je vais faire l'impasse sur ça. Ça passera quand même. Il n'y a pas d'impasse possible aujourd'hui. S'il y a un truc qui ne me plaît pas, le gâteau ne sortira pas. Et ça, aujourd'hui, je pense que c'est indispensable pour pouvoir continuer... Déjà pour pouvoir participer encore à l'émancipation de ce métier. Parce que je pense que la pâtisserie rayonne énormément depuis quelques années. Et je pense que si on reste vigilant sur le produit fini et ses objectifs, je pense que la pâtisserie continuera de rayonner. Si on fait l'impasse sur le gustatif, Pour telle ou telle raison, je pense que le client se sentira un petit peu lésé et c'est là où le métier commencera à vaciller.

  • Speaker #0

    Il y a une question que je me pose et que je vois souvent à la télé où les chefs qui créent souvent font appel à leurs origines et à leur enfance. Toi, comment tu puises aussi dans ton enfance et c'est quoi la part de ton enfance dans tes créations ?

  • Speaker #1

    Alors je puise bien évidemment dans mon enfance. qui est quand même, si on regarde un petit peu, je pense la même que la tienne. Ce qui m'intéresse, c'est d'emmener les gens dans ce côté un petit peu Madeleine de Proust, d'emmener les gens dans le souvenir. Je dis souvent, l'industrie aujourd'hui fait des gâteaux depuis de nombreuses années, mais l'industrie, quelque part, elle n'a rien créé. Tout ce qu'elle fait aujourd'hui en gâteau signature qu'on peut connaître, en biscuits, Elle a tout pris chez tel ou tel artisan. Elle l'a travaillé, elle l'a révélé de manière différente. Aujourd'hui, elle a pris de grosses parts de gourmandise. Je trouve ça assez drôle de se nourrir, à notre tour en tant qu'artisan, de l'industrie, pour essayer de lui apporter un peu plus de gourmandise, beaucoup plus même. Et surtout un cahier des charges produit beaucoup plus... rigoureux, quoi. Pour arriver à avoir des produits visuellement connus de tous, mais gustativement vraiment au-dessus de ce qu'on connaît, quoi. Donc ça, c'est un peu là où je puise un petit peu cette dynamique. Un cake marbré, une barquette, un Ritz, enfin pas... un petit écolier, tous ces gâteaux qu'on connaît et qu'on a connus et qu'on connaît encore aujourd'hui, d'ailleurs. Ça, je trouve ça assez... J'aime bien ce petit pied de nez à l'industrie qui plus est dans une maison comme celle dans laquelle je travaille.

  • Speaker #0

    Et donc ça, c'est pour tes inspirations. Et comment tu te fais, du coup ? Comment tu fais pour te renouveler au gré des saisons, évoluer avec la carte que tu crées ? Comment tu fais pour trouver tes inspirations ?

  • Speaker #1

    Alors ça, c'est dur. Ça, c'est très dur. Aujourd'hui, il faut arriver à rester quand même sur un fil créatif. C'est-à-dire que je pense que pour arriver à garder une identité, il faut aussi continuer de la nourrir sans perdre le fil conducteur de tout. Alors comment je fais pour continuer ? Je continue de réfléchir à comment je peux apporter plus de gourmandise dans des formes un petit peu différentes, avec toujours autant de légèreté, avec néanmoins toujours autant de surprises aussi, parce que la pâtisserie c'est un peu de la surprise quand même. Mais ce n'est pas chose aisée. Je pense que ma plus grande crainte aujourd'hui, je dirais, là, tu as mis le doigt sur un truc intéressant, c'est ma plus grosse crainte aujourd'hui, c'est de ne plus avoir d'idées. Aujourd'hui, on est tellement sollicité pour en créer que la plus grosse crainte, effectivement, c'est de ne plus en avoir.

  • Speaker #0

    Est-ce que tes voyages, par exemple, à l'étranger, ça t'aide à trouver de l'inspiration aussi ?

  • Speaker #1

    Alors les voyages, effectivement, ça aide beaucoup. Les rencontres, ça aide beaucoup. Les échanges qu'on peut faire d'ailleurs avec l'autre aident beaucoup. C'est vrai que quand je suis parti aux États-Unis, ça m'a énormément nourri parce que je me suis vraiment nourri de la dynamique, on va dire, de rue qu'il y avait là-bas. En l'occurrence... ils ont quasiment tous un verre à la main ou quelque chose à manger. On le ressent beaucoup. Je me suis dit, il y a peut-être quelque chose à faire avec la pâtisserie. Qu'est-ce qu'on peut créer autour de ça pour nourrir un peu la pâtisserie française ? Parce que cette dynamique de rue vient chez nous aussi. On le voit bien, il y a beaucoup de street food à Paris, mais il n'y a pas de pâtisserie street food. Il n'y en a pas. À part la gaufre et la crêpe, il n'y en a pas.

  • Speaker #0

    Oui, c'est tout. Tu penses, toi, l'influence... On parlait de réseaux sociaux tout à l'heure. L'influence des réseaux sociaux sur la pâtisserie, est-ce que... Quel impact ça a eu ? Parce que j'imagine que du coup, avec les réseaux sociaux, il y a aussi une sorte de conformité. Comment tu le définirais, toi ?

  • Speaker #1

    Je pense que les réseaux sociaux sont autant notre ami que notre ennemi. C'est assez bizarre, d'ailleurs, je trouve. On s'en rapproche quand même tout en connaissant un petit peu les problématiques que ça peut engendrer. Alors pour moi, les problématiques, elles sont assez simples. C'est que c'est une surconsommation d'idées et d'images. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, vous mettez l'image d'un gâteau nouveau, les gens vont en vouloir une autre avant même d'avoir goûté le gâteau. En fait, on est vraiment dans une consommation de contenu, dans une consommation de création, d'image, et ça c'est très dangereux. Donc il faut essayer d'être dans la course sans non plus trop faire cette compétition à la création non plus. Parce que je suis intimement convaincu qu'aujourd'hui, il faut bien poser une gamme, bien poser une identité avant de devoir complètement la changer. Euh... Voilà, mais les réseaux sociaux, oui, c'est quand même une aide énorme. Aujourd'hui, ça a permis à la pâtisserie et à d'autres métiers d'ailleurs de se faire connaître, de diffuser plus largement leurs savoirs. Moi, je dis souvent, quand je fais un gâteau, je ne le fais pas pour juste une image, je le fais pour donner l'opportunité aux gens de le goûter. Si les réseaux peuvent diffuser plus largement l'image et donner encore plus largement envie aux gens de le goûter, alors oui, clairement, c'est un bon... bonus. Si c'est juste pour consommer une image et passer à une suivante, ça peut être un peu compliqué.

  • Speaker #0

    Et le fait que maintenant la pâtisserie rayonne et touche de plus en plus de monde, est-ce qu'il y a eu une évolution dans les écoles de pâtisserie, par exemple dans les années 80-90, ou les jeunes pâtissiers aujourd'hui ? Est-ce que tu vois une évolution ? Alors,

  • Speaker #1

    en fait, déjà, dans les années 80-90, la pâtisserie n'était pas du tout mise en avant comme ça. Moi, quand je suis parti en apprentissage... Les gens n'ont pas forcément applaudi. C'était même un peu la dernière roue du carrosse, je dirais. Il y a vraiment eu un virage dans les années Michalak, les années Pierre Hermé, je dirais 2000. À savoir lequel avant l'autre, je ne sais pas. J'apprécie beaucoup les deux, en plus. mais je dirais qu'il y en a un qui l'a fait briller dans les établissements de luxe et donc qui a apporté une véritable légitimité au métier, à savoir Christophe Michalak auprès des cuisines, dont on a pris aujourd'hui en grande partie une indépendance. Alors que pendant ce temps-là, Pierre aussi apportait vraiment une visibilité beaucoup plus mondiale, je dirais, sur la partie pâtisserie. En arrivant à l'envoyer notamment à Tokyo pour commencer, ce qu'il a quand même commencé à Tokyo. Donc, je pense qu'il y a clairement eu un virage assez impressionnant sur la pâtisserie.

  • Speaker #0

    Et tous ces chefs, vous connaissez, tu les connais, vous êtes potes ou comment ça se passe ?

  • Speaker #1

    On se connaît tous. Oui, on se connaît tous. Alors après, On s'appelle, on se demande des conseils si besoin. Je sais que Pierre est vraiment à l'écoute. Christophe, c'est pareil. On se connaît tous ou moins, plus ou moins tous. On a quand même le même but aujourd'hui, c'est faire rayonner notre savoir-faire. Et je pense que plus on sera nombreux à faire rayonner ce savoir-faire, plus le savoir-faire grandira. Ça, c'est une conviction.

  • Speaker #0

    J'ai des questions un peu plus perso qui m'intriguent en fait je me suis dit quand t'es à un tel niveau dans la pâtisserie ou dans la cuisine est-ce que t'arrives à manger au McDo ?

  • Speaker #1

    Alors j'ai deux enfants Et aujourd'hui, je ne veux pas les couper non plus de tout. Parce que je pense que ça n'aurait pas de sens déjà. Donc là, oui, ça m'arrive, bien sûr. Ça m'est arrivé d'ailleurs il n'y a pas si longtemps que ça. Ma fille voulait une séance télé absolument. Et elle voulait absolument un McDonald's. Donc j'ai fait un McDonald's. Mais par contre... Pour moi, l'objectif, c'est surtout de lui montrer ce que c'est qu'un vrai burger, par exemple. Donc oui, si elle a envie de goûter, elle goûtera. Mais par contre, je lui montrerai ce que c'est qu'un vrai bon burger. Un vrai bon pain, un vrai bon steak, une vraie sauce faite maison. Et ça, c'est important en fait. Je pense que c'est bien de voir tout ce qui existe aujourd'hui. C'est important de goûter et de se faire sa propre opinion. Donc oui, un McDo, j'en ai déjà mangé bien sûr.

  • Speaker #0

    Mais de toi-même tout seul, tu n'irais peut-être pas au McDo.

  • Speaker #1

    Tout seul, je n'irais pas.

  • Speaker #0

    Et tu fais Uber Eats et Deliveroo, tout ça, les commandes à la maison ?

  • Speaker #1

    J'essaye de cuisiner chez moi. J'ai la chance d'être bien équipé. Par exemple, hier, j'ai cuit des carottes sous vide. J'ai cuit mes pommes de terre avec mon beurre sous vide. J'ai fait mes petits blancs de poulet cuits sous vide. Et cette semaine, je sais que je vais bien manger. Voilà, parce que j'ai la chance d'avoir un four en vapeur, un four sous vide, donc je peux anticiper mes repas et rentrer chez moi, ouvrir une poche faite maison avec une bonne volaille sélectionnée chez mon boucher. Et aujourd'hui, je sais que cette semaine, oui, je sais que je vais bien manger.

  • Speaker #0

    Tu t'organises, j'imagine après une journée de travail, quand tu rentres, tu n'as peut-être pas forcément envie de cuisiner le soir en semaine, ou tu trouves la force de cuisiner à chaque fois ?

  • Speaker #1

    En fait, je trouve toujours la force de cuisiner parce que j'aime manger. J'aime manger et j'aime bien manger. Donc à partir de là, je trouve toujours la force de cuisiner. J'ai toujours ce qu'il faut dans le frigo. Je fais mon marché tous les dimanches. Je vais chez le même poissonnier tout le temps, le même boucher, les fruits et légumes, pareil. J'ai toujours ce qu'il faut à la maison. Donc, par définition, maintenant, s'il y a une panne quelque part, oui, si je dois passer par Uber Eats, je passerai par Deliveroo. Mais après, Deliveroo, c'est une plateforme qui met en avant des professionnels. Donc, il s'agit de bien les choisir quand même. Voilà.

  • Speaker #0

    En tout cas, j'imagine que les palaces parisiens n'ont pas pour ambition de faire appel à ces plateformes.

  • Speaker #1

    Non, non, non.

  • Speaker #0

    J'ai une question du moment un petit peu sur les défis environnementaux. Est-ce que tu penses que les défis environnementaux vont influencer la cuisine ou la pâtisserie actuelle dans le sens des fruits exotiques, la vanille, le chocolat ? Est-ce que tu penses que c'est quoi le prochain virage ?

  • Speaker #1

    C'est une bonne question, c'est même une excellente question. Aujourd'hui, on dit souvent que la France est source de beaux produits, on a des super producteurs, mais on voit bien qu'aussi la France ne cultive pas de chocolat, elle ne produit pas de vanille, et c'est des matières premières qui aujourd'hui sont très importantes dans le domaine de la pâtisserie. Je pense que ce qu'il faut surtout, c'est amener la vanille là où il faut l'amener, pas forcément en mettre à outrance. Amener le chocolat lorsque pareil, c'est intéressant et important de l'amener. Et continuer d'avoir des produits, voilà, avec des produits très français, très régionaux. Aujourd'hui, on fait les meilleures farines, on fait des beurres d'exception, on a une crèmerie folle, on a des fruits et des légumes vraiment magnifiques. Bon, je pense qu'on n'est pas toujours obligé d'utiliser le chocolat ou la vanille. Maintenant, le client, quand même, le chocolat, ça reste quelque chose qui plaît. Donc l'enlever, je pense que ce serait difficile. Après, le cacao a vraiment subi des hausses folles. On est sur des augmentations à presque 25% cette année. Donc ils ne savent pas si ça va continuer de monter ou si ça va baisser. Mais là, au moins... Aujourd'hui, on est pratiquement à 25% d'augmentation. C'est colossal.

  • Speaker #0

    J'ai une autre question du moment. Comment tu expliques, d'un point de vue domestique, la cuisine est historiquement féminine, même si ça a changé avec les dernières années, et d'un point de vue professionnel, les grands noms sont souvent masculins. Comment tu expliques ça ?

  • Speaker #1

    C'est toujours une question intéressante, mais aujourd'hui, je pense que les choses ont vraiment changé. J'ai dans mon équipe, par exemple, un très gros pourcentage de femmes. Je pense qu'on n'est pas loin de la moitié. J'ai une adjointe qui est une femme, j'ai ma sous-chef qui est une femme, j'ai des chefs de partie qui sont femmes. J'ai vraiment une parité, à mon avis, au sein de la pâtisserie, en tout cas dans laquelle je travaille. Et je pense que les choses ont vraiment évolué. D'ailleurs, les femmes ont beaucoup de sensibilité qui, à mon avis, peut énormément aider la pâtisserie ou la dynamique qu'elle entreprend encore aujourd'hui. très clairement.

  • Speaker #0

    On arrive vers la fin de l'épisode, j'ai une dernière question à te poser. Quel message est-ce que tu aimerais faire passer ou qu'est-ce que tu dirais à quelqu'un qui aimerait se lancer en pâtisserie ?

  • Speaker #1

    Si demain, j'avais quelqu'un qui me disait moi, je veux faire de la pâtisserie je lui dirais que c'est un métier qu'on fait pour les autres. Je lui dirais que c'est un métier qu'on fait pour les autres. que c'est un métier qui forcément demande beaucoup, mais au-delà de ça, c'est un métier qui, comme on le fait pour les autres, on se nourrira des autres. Les gens se nourrissent de ce que l'on fait, et nous, on se nourrit des gens. Donc en fait, je trouve que c'est une bonne balance, mais c'est un métier qui est magnifique. C'est un métier où il y a encore beaucoup de choses à faire. C'est un métier qui a énormément évolué, techniquement, d'un point de vue matériel aussi. Mais c'est aussi un métier qui a évolué dans la façon de le gérer, la façon dont les gens travaillent dedans. Il y a eu des améliorations très conséquentes dans ce métier qui lui permettent aujourd'hui, je trouve, d'être peut-être un peu plus attrayant aussi pour les jeunes. Maintenant, c'est un métier où il va falloir le comprendre avant de le maîtriser. Parce que beaucoup de jeunes veulent faire de la création, c'est bien la création, mais c'est bien de connaître un petit peu le métier avant de se lancer dans la création, je pense.

  • Speaker #0

    Et toi, c'est quoi tes prochaines évolutions ? Tu as d'autres ambitions ou tu as réalisé tout ce que tu voulais réaliser ?

  • Speaker #1

    Non, je n'ai pas réalisé ce que je voulais réaliser. Je pense qu'aujourd'hui, j'ai fait pas mal de choses, peut-être, mais c'est loin d'être une finalité en soi. Aujourd'hui, ce que je souhaite, c'est vraiment prendre du plaisir, donc encore plus qu'avant. Je pense que ce qui m'intéresse aujourd'hui, vraiment, c'est de... c'est de travailler de manière la plus libre possible et je dirais de continuer à prendre du plaisir mes puissances disent parce que je pense que la vie est courte on

  • Speaker #0

    finit sur ces belles paroles merci François merci à toi en tout cas Merci à tous d'avoir écouté cet épisode, j'espère que ça vous a plu. N'hésitez pas à vous abonner à la chaîne et à nous suivre sur Instagram. Écrivez-nous si vous avez une histoire à nous partager. Je vous dis à très vite dans Libre comme l'air. Ciao ciao !

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Description

François Perret est l'un des meilleurs pâtissiers au monde. De ses débuts en tant qu'apprenti pâtissier à Bourg-en-Bresse jusqu'à son poste prestigieux de chef pâtissier au Ritz Paris, il nous dévoile son parcours exceptionnel et sa philosophie.

Pourquoi a-t-il choisi la pâtisserie ? Comment s'est déroulée son ascension dans cet univers sucré ? Quelles sont les raisons de son succès ? Quelles sont les tendances actuelles en pâtisserie et quels seront les prochains tournants majeurs ?

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Transcription

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qui fait que toi, tu es toi ? Pas tout le monde devient un chef pâtissier de palace. Pourquoi est-ce que toi, tu as réussi à faire cette voie ?

  • Speaker #1

    Ma plus grosse crainte aujourd'hui, c'est de ne plus avoir d'idée. Aujourd'hui, on est tellement sollicité pour en créer que la plus grosse crainte, effectivement, c'est de ne plus en avoir.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu arrives à manger au McDo ? Est-ce que c'est dur de faire sa place dans le monde de la pâtisserie en France ? Bonjour et bienvenue dans Libre comme l'air, le podcast qui met en lumière des histoires qui méritent d'être écoutées. Et découvrir des gens comme vous, comme moi, des gens qui vivent des choses inspirantes, drôles, touchantes et même parfois tristes. Bref, des histoires de vie, des histoires vraies. Je m'appelle Edouard et bienvenue dans Libre comme l'air.

  • Speaker #1

    Bonjour François. Bonjour, comment vas-tu ?

  • Speaker #0

    Ecoute, ça va super et toi ?

  • Speaker #1

    Super.

  • Speaker #0

    Alors François, tu es l'un des meilleurs pâtissiers au monde. Tu as reçu deux distinctions pour ça en 2019. Et là, très récemment, le prix de la meilleure pâtisserie du monde avec la pâtisserie Ritz au Lecomptoir. Tu es aujourd'hui chef pâtissier au Ritz Paris. Tu gères une équipe d'environ 30 personnes. Vous y concevez toute l'offre sucrée. Tu as écrit un livre, Instant Sucré au Ritz. où on te voit aussi régulièrement sur M6 dans Top Chef et Le Meilleur Pâtissier, et aussi sur Netflix dans une série qui est parue en 2020 où tu sillonnes les Etats-Unis. Et pourtant, tout commence fin des années 90, quand tu n'avais que 16 ans, tu commences comme commis de pâtisserie à Bourg-en-Bresse. Est-ce que tu te souviens de cette période ?

  • Speaker #1

    Je m'en souviens complètement et je pense qu'aujourd'hui, il ne faut absolument pas l'oublier. J'ai commencé en 1996 dans une petite boutique qui s'appelait la pâtisserie de la gare. avec un patron qui était extraordinaire qui s'appelait Pierre André. Et c'est un homme qui avait compris qu'il fallait transmettre le savoir-faire, mais aussi le savoir-être. Et je pense que s'il n'avait peut-être pas transmis le savoir-être, je serais peut-être plus pâtissier aujourd'hui, parce que c'est un métier qui est quand même assez dur.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'à ce moment-là, tu imaginais, le toi de 16 ans, imaginer que tu allais être un jour chef pâtissier au Ritz ?

  • Speaker #1

    Non, absolument pas. Ce n'était ni une obsession, ni un souhait. En fait, je me suis toujours laissé plus ou moins porter par la vague. J'ai plus ou moins toujours suivi un petit peu le mouvement, avec une exigence. Mais j'ai toujours suivi un petit peu le courant.

  • Speaker #0

    Pourquoi la pâtisserie et pas la cuisine ? Qu'est-ce qui t'a attiré vers ça ?

  • Speaker #1

    Je pense que dans la pâtisserie, il y a un côté beaucoup plus spectaculaire déjà. Et il y a beaucoup plus de mystère aussi, je trouve, dans la pâtisserie que dans la cuisine. Quand vous voyez un dessin arriver, c'est toujours beaucoup plus difficile de savoir qu'est-ce que vous avez vraiment mis dedans, parce que vous transformez tout. Tout est transformé. Il n'y a aucun produit quasiment à part les fruits, et encore on peut les transformer, qui ressortent véritablement comme ils sont rentrés. Et au-delà de ça, ce qui me plaît dans la pâtisserie, c'est le côté... On met quand même la pâtisserie très haut, dès le plus jeune âge. Je veux dire, aujourd'hui, la pâtisserie, c'est ce dont on prive les enfants quand ils sont pas sages, par exemple. On va pas priver un enfant de soupe ou de pâte écroute, on va le priver de pâtisserie ou de dessert. Donc j'aime beaucoup cette idée. Et j'aime surtout beaucoup l'idée que la pâtisserie arrive dans tous les grands événements de la vie et clôture tous ces grands événements de la vie. Elle est vraiment présente, je dirais, partout. Elle nous entoure constamment. C'est la pièce maîtresse d'un mariage, c'est la pièce maîtresse d'un anniversaire, c'est la pièce maîtresse d'un baptême, c'est la pièce maîtresse d'un repas tout court, au quotidien, en tout cas en France. Et c'est aussi ce vers quoi on se tourne souvent quand on a un petit coup de mou ou une petite baisse de morale.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu t'es essayé à la cuisine ou pas ? Tu as fait quand même un peu des essais ?

  • Speaker #1

    Alors pas du tout. Je ne me suis jamais essayé à la cuisine en tant qu'élève. Je me suis essayé et je m'essaye encore aujourd'hui très régulièrement à la cuisine en tant que consommateur. Je peux passer beaucoup de temps dans ma cuisine, j'adore ça, mais je trouve que la cuisine a un côté beaucoup plus instinctif, je dirais, que la pâtisserie. C'est-à-dire que la cuisine, vous pouvez, je dis souvent, vous croisez des potes au marché, c'est 13h, on dit tiens, viens manger à la maison, vous allez arriver à faire à manger très rapidement pour 4 à 5 personnes avec des produits très simples. Vous croisez des potes à 16h, vous leur dites viens, je vais te faire un gâteau, ça c'est plus compliqué déjà Vous allez avoir du mal dans l'immédiateté à faire quelque chose.

  • Speaker #0

    Et, alors ça c'est plus des questions de carrière, est-ce que c'est dur de faire sa place dans le monde de la pâtisserie en France ?

  • Speaker #1

    Je pense que c'est dur de faire sa place tout court. Souvent, les gens disent Ah, vous avez un métier qui est dur Et moi, je leur réponds souvent, quand on cherche l'excellence, quand on cherche à faire différemment, c'est dur, en fait. Donc oui, le métier est dur, mais comme beaucoup d'autres, je pense. En tout cas, j'en suis convaincu. C'est un métier qui demande de l'engagement, de l'investissement. personnel, bien sûr. Mais beaucoup de métiers sont comme ça, aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Moi, ce qui m'intrigue, c'est que des pâtissiers qui font des bons desserts, entre guillemets, il y en a plein, il y en a beaucoup. Mais pourquoi, qu'est-ce qui fait que toi, tu es toi ? Pas tout le monde devient chef pâtissier de Palace. Pourquoi est-ce que toi, tu as réussi à faire cette voie ? Est-ce qu'il y a un truc que tu fais mieux ?

  • Speaker #1

    J'espère. Non, je ne sais pas si je fais un truc mieux. Après, j'ai des convictions que je garde vraiment auprès de moi dans chaque création. J'ai vraiment des punchlines, je dirais, que je peux... Comme par exemple, quand je crée un gâteau, l'objectif, c'est clairement le maximum de volume et le minimum de poids. Ça, ça peut être un slogan. C'est vraiment une dynamique pour moi. Aujourd'hui, un gâteau, pour moi, ça doit être avant tout beau. Et ça doit être bon. Après, on le met dans l'ordre qu'on veut. Mais pour moi, la gourmandise, elle doit être belle, surtout aujourd'hui. Aujourd'hui, on arrive à des moments où on entend un peu partout qu'il faut faire attention à ce qu'on mange, il ne faut pas trop manger, il ne faut pas manger trop de sucre, il ne faut pas manger trop de crème. Le gâteau, c'est quand même un peu tout ça, malheureusement ou heureusement. Du coup, on a quand même une obligation de séduction, je pense. Et ça, pour moi, c'est important. Après, qu'est-ce qui a fait que moi, je suis moi ? Peut-être que je reste vraiment dans mon univers. C'est-à-dire que je vais rarement voir ce qui se passe ailleurs. D'ailleurs, je ne regarde pas ce qui se passe ailleurs. Après, dire que je suis hermétique complètement, ce serait mentir. Parce qu'aujourd'hui, avec les réseaux sociaux, tout ça, ce serait quasi impossible. En tout cas, je ne vais jamais spontanément sur un compte. Je ne vais jamais spontanément goûter dans une pâtisserie ce qui se passe. J'essaie vraiment de rester dans mon monde. parce que je trouve qu'on n'est jamais meilleur dans ce qu'on fait que quand on a notre propre hockey et décharge, notre propre dynamique créative, notre propre souhait esthétique. Et pour moi, ça doit être aussi une signature, quelque part. Mon rêve, c'est qu'on me reconnaisse, enfin, qu'on me reconnaisse. Mon rêve, c'est qu'on reconnaisse mes créations sans qu'il y ait nécessairement le nom de l'entreprise pour laquelle je travaille ou mon nom de marqué dessus. Ça, c'est vraiment mon... mon rêve à moi.

  • Speaker #0

    Quand tu dis ton monde, qu'est-ce qui le définirait et qu'est-ce que tu aimes faire ? C'est quoi tes desserts préférés, tes créations préférées ?

  • Speaker #1

    Alors déjà, je ne crée pas pour créer, je crée vraiment pour, je dirais, pour donner du plaisir aux gens. Ça, c'est vraiment ma source, ma motivation, elle est vraiment là. Je puise ma motivation dans... chez les gens. Donc plus les gens sont ravis, contents de ce qu'ils ont mangé, plus je me sens fort. Et aujourd'hui, il n'y a pas une seule fois où je crée un gâteau en me disant, bon, là, je vais faire l'impasse sur ça. Ça passera quand même. Il n'y a pas d'impasse possible aujourd'hui. S'il y a un truc qui ne me plaît pas, le gâteau ne sortira pas. Et ça, aujourd'hui, je pense que c'est indispensable pour pouvoir continuer... Déjà pour pouvoir participer encore à l'émancipation de ce métier. Parce que je pense que la pâtisserie rayonne énormément depuis quelques années. Et je pense que si on reste vigilant sur le produit fini et ses objectifs, je pense que la pâtisserie continuera de rayonner. Si on fait l'impasse sur le gustatif, Pour telle ou telle raison, je pense que le client se sentira un petit peu lésé et c'est là où le métier commencera à vaciller.

  • Speaker #0

    Il y a une question que je me pose et que je vois souvent à la télé où les chefs qui créent souvent font appel à leurs origines et à leur enfance. Toi, comment tu puises aussi dans ton enfance et c'est quoi la part de ton enfance dans tes créations ?

  • Speaker #1

    Alors je puise bien évidemment dans mon enfance. qui est quand même, si on regarde un petit peu, je pense la même que la tienne. Ce qui m'intéresse, c'est d'emmener les gens dans ce côté un petit peu Madeleine de Proust, d'emmener les gens dans le souvenir. Je dis souvent, l'industrie aujourd'hui fait des gâteaux depuis de nombreuses années, mais l'industrie, quelque part, elle n'a rien créé. Tout ce qu'elle fait aujourd'hui en gâteau signature qu'on peut connaître, en biscuits, Elle a tout pris chez tel ou tel artisan. Elle l'a travaillé, elle l'a révélé de manière différente. Aujourd'hui, elle a pris de grosses parts de gourmandise. Je trouve ça assez drôle de se nourrir, à notre tour en tant qu'artisan, de l'industrie, pour essayer de lui apporter un peu plus de gourmandise, beaucoup plus même. Et surtout un cahier des charges produit beaucoup plus... rigoureux, quoi. Pour arriver à avoir des produits visuellement connus de tous, mais gustativement vraiment au-dessus de ce qu'on connaît, quoi. Donc ça, c'est un peu là où je puise un petit peu cette dynamique. Un cake marbré, une barquette, un Ritz, enfin pas... un petit écolier, tous ces gâteaux qu'on connaît et qu'on a connus et qu'on connaît encore aujourd'hui, d'ailleurs. Ça, je trouve ça assez... J'aime bien ce petit pied de nez à l'industrie qui plus est dans une maison comme celle dans laquelle je travaille.

  • Speaker #0

    Et donc ça, c'est pour tes inspirations. Et comment tu te fais, du coup ? Comment tu fais pour te renouveler au gré des saisons, évoluer avec la carte que tu crées ? Comment tu fais pour trouver tes inspirations ?

  • Speaker #1

    Alors ça, c'est dur. Ça, c'est très dur. Aujourd'hui, il faut arriver à rester quand même sur un fil créatif. C'est-à-dire que je pense que pour arriver à garder une identité, il faut aussi continuer de la nourrir sans perdre le fil conducteur de tout. Alors comment je fais pour continuer ? Je continue de réfléchir à comment je peux apporter plus de gourmandise dans des formes un petit peu différentes, avec toujours autant de légèreté, avec néanmoins toujours autant de surprises aussi, parce que la pâtisserie c'est un peu de la surprise quand même. Mais ce n'est pas chose aisée. Je pense que ma plus grande crainte aujourd'hui, je dirais, là, tu as mis le doigt sur un truc intéressant, c'est ma plus grosse crainte aujourd'hui, c'est de ne plus avoir d'idées. Aujourd'hui, on est tellement sollicité pour en créer que la plus grosse crainte, effectivement, c'est de ne plus en avoir.

  • Speaker #0

    Est-ce que tes voyages, par exemple, à l'étranger, ça t'aide à trouver de l'inspiration aussi ?

  • Speaker #1

    Alors les voyages, effectivement, ça aide beaucoup. Les rencontres, ça aide beaucoup. Les échanges qu'on peut faire d'ailleurs avec l'autre aident beaucoup. C'est vrai que quand je suis parti aux États-Unis, ça m'a énormément nourri parce que je me suis vraiment nourri de la dynamique, on va dire, de rue qu'il y avait là-bas. En l'occurrence... ils ont quasiment tous un verre à la main ou quelque chose à manger. On le ressent beaucoup. Je me suis dit, il y a peut-être quelque chose à faire avec la pâtisserie. Qu'est-ce qu'on peut créer autour de ça pour nourrir un peu la pâtisserie française ? Parce que cette dynamique de rue vient chez nous aussi. On le voit bien, il y a beaucoup de street food à Paris, mais il n'y a pas de pâtisserie street food. Il n'y en a pas. À part la gaufre et la crêpe, il n'y en a pas.

  • Speaker #0

    Oui, c'est tout. Tu penses, toi, l'influence... On parlait de réseaux sociaux tout à l'heure. L'influence des réseaux sociaux sur la pâtisserie, est-ce que... Quel impact ça a eu ? Parce que j'imagine que du coup, avec les réseaux sociaux, il y a aussi une sorte de conformité. Comment tu le définirais, toi ?

  • Speaker #1

    Je pense que les réseaux sociaux sont autant notre ami que notre ennemi. C'est assez bizarre, d'ailleurs, je trouve. On s'en rapproche quand même tout en connaissant un petit peu les problématiques que ça peut engendrer. Alors pour moi, les problématiques, elles sont assez simples. C'est que c'est une surconsommation d'idées et d'images. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, vous mettez l'image d'un gâteau nouveau, les gens vont en vouloir une autre avant même d'avoir goûté le gâteau. En fait, on est vraiment dans une consommation de contenu, dans une consommation de création, d'image, et ça c'est très dangereux. Donc il faut essayer d'être dans la course sans non plus trop faire cette compétition à la création non plus. Parce que je suis intimement convaincu qu'aujourd'hui, il faut bien poser une gamme, bien poser une identité avant de devoir complètement la changer. Euh... Voilà, mais les réseaux sociaux, oui, c'est quand même une aide énorme. Aujourd'hui, ça a permis à la pâtisserie et à d'autres métiers d'ailleurs de se faire connaître, de diffuser plus largement leurs savoirs. Moi, je dis souvent, quand je fais un gâteau, je ne le fais pas pour juste une image, je le fais pour donner l'opportunité aux gens de le goûter. Si les réseaux peuvent diffuser plus largement l'image et donner encore plus largement envie aux gens de le goûter, alors oui, clairement, c'est un bon... bonus. Si c'est juste pour consommer une image et passer à une suivante, ça peut être un peu compliqué.

  • Speaker #0

    Et le fait que maintenant la pâtisserie rayonne et touche de plus en plus de monde, est-ce qu'il y a eu une évolution dans les écoles de pâtisserie, par exemple dans les années 80-90, ou les jeunes pâtissiers aujourd'hui ? Est-ce que tu vois une évolution ? Alors,

  • Speaker #1

    en fait, déjà, dans les années 80-90, la pâtisserie n'était pas du tout mise en avant comme ça. Moi, quand je suis parti en apprentissage... Les gens n'ont pas forcément applaudi. C'était même un peu la dernière roue du carrosse, je dirais. Il y a vraiment eu un virage dans les années Michalak, les années Pierre Hermé, je dirais 2000. À savoir lequel avant l'autre, je ne sais pas. J'apprécie beaucoup les deux, en plus. mais je dirais qu'il y en a un qui l'a fait briller dans les établissements de luxe et donc qui a apporté une véritable légitimité au métier, à savoir Christophe Michalak auprès des cuisines, dont on a pris aujourd'hui en grande partie une indépendance. Alors que pendant ce temps-là, Pierre aussi apportait vraiment une visibilité beaucoup plus mondiale, je dirais, sur la partie pâtisserie. En arrivant à l'envoyer notamment à Tokyo pour commencer, ce qu'il a quand même commencé à Tokyo. Donc, je pense qu'il y a clairement eu un virage assez impressionnant sur la pâtisserie.

  • Speaker #0

    Et tous ces chefs, vous connaissez, tu les connais, vous êtes potes ou comment ça se passe ?

  • Speaker #1

    On se connaît tous. Oui, on se connaît tous. Alors après, On s'appelle, on se demande des conseils si besoin. Je sais que Pierre est vraiment à l'écoute. Christophe, c'est pareil. On se connaît tous ou moins, plus ou moins tous. On a quand même le même but aujourd'hui, c'est faire rayonner notre savoir-faire. Et je pense que plus on sera nombreux à faire rayonner ce savoir-faire, plus le savoir-faire grandira. Ça, c'est une conviction.

  • Speaker #0

    J'ai des questions un peu plus perso qui m'intriguent en fait je me suis dit quand t'es à un tel niveau dans la pâtisserie ou dans la cuisine est-ce que t'arrives à manger au McDo ?

  • Speaker #1

    Alors j'ai deux enfants Et aujourd'hui, je ne veux pas les couper non plus de tout. Parce que je pense que ça n'aurait pas de sens déjà. Donc là, oui, ça m'arrive, bien sûr. Ça m'est arrivé d'ailleurs il n'y a pas si longtemps que ça. Ma fille voulait une séance télé absolument. Et elle voulait absolument un McDonald's. Donc j'ai fait un McDonald's. Mais par contre... Pour moi, l'objectif, c'est surtout de lui montrer ce que c'est qu'un vrai burger, par exemple. Donc oui, si elle a envie de goûter, elle goûtera. Mais par contre, je lui montrerai ce que c'est qu'un vrai bon burger. Un vrai bon pain, un vrai bon steak, une vraie sauce faite maison. Et ça, c'est important en fait. Je pense que c'est bien de voir tout ce qui existe aujourd'hui. C'est important de goûter et de se faire sa propre opinion. Donc oui, un McDo, j'en ai déjà mangé bien sûr.

  • Speaker #0

    Mais de toi-même tout seul, tu n'irais peut-être pas au McDo.

  • Speaker #1

    Tout seul, je n'irais pas.

  • Speaker #0

    Et tu fais Uber Eats et Deliveroo, tout ça, les commandes à la maison ?

  • Speaker #1

    J'essaye de cuisiner chez moi. J'ai la chance d'être bien équipé. Par exemple, hier, j'ai cuit des carottes sous vide. J'ai cuit mes pommes de terre avec mon beurre sous vide. J'ai fait mes petits blancs de poulet cuits sous vide. Et cette semaine, je sais que je vais bien manger. Voilà, parce que j'ai la chance d'avoir un four en vapeur, un four sous vide, donc je peux anticiper mes repas et rentrer chez moi, ouvrir une poche faite maison avec une bonne volaille sélectionnée chez mon boucher. Et aujourd'hui, je sais que cette semaine, oui, je sais que je vais bien manger.

  • Speaker #0

    Tu t'organises, j'imagine après une journée de travail, quand tu rentres, tu n'as peut-être pas forcément envie de cuisiner le soir en semaine, ou tu trouves la force de cuisiner à chaque fois ?

  • Speaker #1

    En fait, je trouve toujours la force de cuisiner parce que j'aime manger. J'aime manger et j'aime bien manger. Donc à partir de là, je trouve toujours la force de cuisiner. J'ai toujours ce qu'il faut dans le frigo. Je fais mon marché tous les dimanches. Je vais chez le même poissonnier tout le temps, le même boucher, les fruits et légumes, pareil. J'ai toujours ce qu'il faut à la maison. Donc, par définition, maintenant, s'il y a une panne quelque part, oui, si je dois passer par Uber Eats, je passerai par Deliveroo. Mais après, Deliveroo, c'est une plateforme qui met en avant des professionnels. Donc, il s'agit de bien les choisir quand même. Voilà.

  • Speaker #0

    En tout cas, j'imagine que les palaces parisiens n'ont pas pour ambition de faire appel à ces plateformes.

  • Speaker #1

    Non, non, non.

  • Speaker #0

    J'ai une question du moment un petit peu sur les défis environnementaux. Est-ce que tu penses que les défis environnementaux vont influencer la cuisine ou la pâtisserie actuelle dans le sens des fruits exotiques, la vanille, le chocolat ? Est-ce que tu penses que c'est quoi le prochain virage ?

  • Speaker #1

    C'est une bonne question, c'est même une excellente question. Aujourd'hui, on dit souvent que la France est source de beaux produits, on a des super producteurs, mais on voit bien qu'aussi la France ne cultive pas de chocolat, elle ne produit pas de vanille, et c'est des matières premières qui aujourd'hui sont très importantes dans le domaine de la pâtisserie. Je pense que ce qu'il faut surtout, c'est amener la vanille là où il faut l'amener, pas forcément en mettre à outrance. Amener le chocolat lorsque pareil, c'est intéressant et important de l'amener. Et continuer d'avoir des produits, voilà, avec des produits très français, très régionaux. Aujourd'hui, on fait les meilleures farines, on fait des beurres d'exception, on a une crèmerie folle, on a des fruits et des légumes vraiment magnifiques. Bon, je pense qu'on n'est pas toujours obligé d'utiliser le chocolat ou la vanille. Maintenant, le client, quand même, le chocolat, ça reste quelque chose qui plaît. Donc l'enlever, je pense que ce serait difficile. Après, le cacao a vraiment subi des hausses folles. On est sur des augmentations à presque 25% cette année. Donc ils ne savent pas si ça va continuer de monter ou si ça va baisser. Mais là, au moins... Aujourd'hui, on est pratiquement à 25% d'augmentation. C'est colossal.

  • Speaker #0

    J'ai une autre question du moment. Comment tu expliques, d'un point de vue domestique, la cuisine est historiquement féminine, même si ça a changé avec les dernières années, et d'un point de vue professionnel, les grands noms sont souvent masculins. Comment tu expliques ça ?

  • Speaker #1

    C'est toujours une question intéressante, mais aujourd'hui, je pense que les choses ont vraiment changé. J'ai dans mon équipe, par exemple, un très gros pourcentage de femmes. Je pense qu'on n'est pas loin de la moitié. J'ai une adjointe qui est une femme, j'ai ma sous-chef qui est une femme, j'ai des chefs de partie qui sont femmes. J'ai vraiment une parité, à mon avis, au sein de la pâtisserie, en tout cas dans laquelle je travaille. Et je pense que les choses ont vraiment évolué. D'ailleurs, les femmes ont beaucoup de sensibilité qui, à mon avis, peut énormément aider la pâtisserie ou la dynamique qu'elle entreprend encore aujourd'hui. très clairement.

  • Speaker #0

    On arrive vers la fin de l'épisode, j'ai une dernière question à te poser. Quel message est-ce que tu aimerais faire passer ou qu'est-ce que tu dirais à quelqu'un qui aimerait se lancer en pâtisserie ?

  • Speaker #1

    Si demain, j'avais quelqu'un qui me disait moi, je veux faire de la pâtisserie je lui dirais que c'est un métier qu'on fait pour les autres. Je lui dirais que c'est un métier qu'on fait pour les autres. que c'est un métier qui forcément demande beaucoup, mais au-delà de ça, c'est un métier qui, comme on le fait pour les autres, on se nourrira des autres. Les gens se nourrissent de ce que l'on fait, et nous, on se nourrit des gens. Donc en fait, je trouve que c'est une bonne balance, mais c'est un métier qui est magnifique. C'est un métier où il y a encore beaucoup de choses à faire. C'est un métier qui a énormément évolué, techniquement, d'un point de vue matériel aussi. Mais c'est aussi un métier qui a évolué dans la façon de le gérer, la façon dont les gens travaillent dedans. Il y a eu des améliorations très conséquentes dans ce métier qui lui permettent aujourd'hui, je trouve, d'être peut-être un peu plus attrayant aussi pour les jeunes. Maintenant, c'est un métier où il va falloir le comprendre avant de le maîtriser. Parce que beaucoup de jeunes veulent faire de la création, c'est bien la création, mais c'est bien de connaître un petit peu le métier avant de se lancer dans la création, je pense.

  • Speaker #0

    Et toi, c'est quoi tes prochaines évolutions ? Tu as d'autres ambitions ou tu as réalisé tout ce que tu voulais réaliser ?

  • Speaker #1

    Non, je n'ai pas réalisé ce que je voulais réaliser. Je pense qu'aujourd'hui, j'ai fait pas mal de choses, peut-être, mais c'est loin d'être une finalité en soi. Aujourd'hui, ce que je souhaite, c'est vraiment prendre du plaisir, donc encore plus qu'avant. Je pense que ce qui m'intéresse aujourd'hui, vraiment, c'est de... c'est de travailler de manière la plus libre possible et je dirais de continuer à prendre du plaisir mes puissances disent parce que je pense que la vie est courte on

  • Speaker #0

    finit sur ces belles paroles merci François merci à toi en tout cas Merci à tous d'avoir écouté cet épisode, j'espère que ça vous a plu. N'hésitez pas à vous abonner à la chaîne et à nous suivre sur Instagram. Écrivez-nous si vous avez une histoire à nous partager. Je vous dis à très vite dans Libre comme l'air. Ciao ciao !

Description

François Perret est l'un des meilleurs pâtissiers au monde. De ses débuts en tant qu'apprenti pâtissier à Bourg-en-Bresse jusqu'à son poste prestigieux de chef pâtissier au Ritz Paris, il nous dévoile son parcours exceptionnel et sa philosophie.

Pourquoi a-t-il choisi la pâtisserie ? Comment s'est déroulée son ascension dans cet univers sucré ? Quelles sont les raisons de son succès ? Quelles sont les tendances actuelles en pâtisserie et quels seront les prochains tournants majeurs ?

François Perret nous offre un aperçu captivant de son voyage, de ses motivations et de sa vision pour l'avenir de la pâtisserie.



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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qui fait que toi, tu es toi ? Pas tout le monde devient un chef pâtissier de palace. Pourquoi est-ce que toi, tu as réussi à faire cette voie ?

  • Speaker #1

    Ma plus grosse crainte aujourd'hui, c'est de ne plus avoir d'idée. Aujourd'hui, on est tellement sollicité pour en créer que la plus grosse crainte, effectivement, c'est de ne plus en avoir.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu arrives à manger au McDo ? Est-ce que c'est dur de faire sa place dans le monde de la pâtisserie en France ? Bonjour et bienvenue dans Libre comme l'air, le podcast qui met en lumière des histoires qui méritent d'être écoutées. Et découvrir des gens comme vous, comme moi, des gens qui vivent des choses inspirantes, drôles, touchantes et même parfois tristes. Bref, des histoires de vie, des histoires vraies. Je m'appelle Edouard et bienvenue dans Libre comme l'air.

  • Speaker #1

    Bonjour François. Bonjour, comment vas-tu ?

  • Speaker #0

    Ecoute, ça va super et toi ?

  • Speaker #1

    Super.

  • Speaker #0

    Alors François, tu es l'un des meilleurs pâtissiers au monde. Tu as reçu deux distinctions pour ça en 2019. Et là, très récemment, le prix de la meilleure pâtisserie du monde avec la pâtisserie Ritz au Lecomptoir. Tu es aujourd'hui chef pâtissier au Ritz Paris. Tu gères une équipe d'environ 30 personnes. Vous y concevez toute l'offre sucrée. Tu as écrit un livre, Instant Sucré au Ritz. où on te voit aussi régulièrement sur M6 dans Top Chef et Le Meilleur Pâtissier, et aussi sur Netflix dans une série qui est parue en 2020 où tu sillonnes les Etats-Unis. Et pourtant, tout commence fin des années 90, quand tu n'avais que 16 ans, tu commences comme commis de pâtisserie à Bourg-en-Bresse. Est-ce que tu te souviens de cette période ?

  • Speaker #1

    Je m'en souviens complètement et je pense qu'aujourd'hui, il ne faut absolument pas l'oublier. J'ai commencé en 1996 dans une petite boutique qui s'appelait la pâtisserie de la gare. avec un patron qui était extraordinaire qui s'appelait Pierre André. Et c'est un homme qui avait compris qu'il fallait transmettre le savoir-faire, mais aussi le savoir-être. Et je pense que s'il n'avait peut-être pas transmis le savoir-être, je serais peut-être plus pâtissier aujourd'hui, parce que c'est un métier qui est quand même assez dur.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'à ce moment-là, tu imaginais, le toi de 16 ans, imaginer que tu allais être un jour chef pâtissier au Ritz ?

  • Speaker #1

    Non, absolument pas. Ce n'était ni une obsession, ni un souhait. En fait, je me suis toujours laissé plus ou moins porter par la vague. J'ai plus ou moins toujours suivi un petit peu le mouvement, avec une exigence. Mais j'ai toujours suivi un petit peu le courant.

  • Speaker #0

    Pourquoi la pâtisserie et pas la cuisine ? Qu'est-ce qui t'a attiré vers ça ?

  • Speaker #1

    Je pense que dans la pâtisserie, il y a un côté beaucoup plus spectaculaire déjà. Et il y a beaucoup plus de mystère aussi, je trouve, dans la pâtisserie que dans la cuisine. Quand vous voyez un dessin arriver, c'est toujours beaucoup plus difficile de savoir qu'est-ce que vous avez vraiment mis dedans, parce que vous transformez tout. Tout est transformé. Il n'y a aucun produit quasiment à part les fruits, et encore on peut les transformer, qui ressortent véritablement comme ils sont rentrés. Et au-delà de ça, ce qui me plaît dans la pâtisserie, c'est le côté... On met quand même la pâtisserie très haut, dès le plus jeune âge. Je veux dire, aujourd'hui, la pâtisserie, c'est ce dont on prive les enfants quand ils sont pas sages, par exemple. On va pas priver un enfant de soupe ou de pâte écroute, on va le priver de pâtisserie ou de dessert. Donc j'aime beaucoup cette idée. Et j'aime surtout beaucoup l'idée que la pâtisserie arrive dans tous les grands événements de la vie et clôture tous ces grands événements de la vie. Elle est vraiment présente, je dirais, partout. Elle nous entoure constamment. C'est la pièce maîtresse d'un mariage, c'est la pièce maîtresse d'un anniversaire, c'est la pièce maîtresse d'un baptême, c'est la pièce maîtresse d'un repas tout court, au quotidien, en tout cas en France. Et c'est aussi ce vers quoi on se tourne souvent quand on a un petit coup de mou ou une petite baisse de morale.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu t'es essayé à la cuisine ou pas ? Tu as fait quand même un peu des essais ?

  • Speaker #1

    Alors pas du tout. Je ne me suis jamais essayé à la cuisine en tant qu'élève. Je me suis essayé et je m'essaye encore aujourd'hui très régulièrement à la cuisine en tant que consommateur. Je peux passer beaucoup de temps dans ma cuisine, j'adore ça, mais je trouve que la cuisine a un côté beaucoup plus instinctif, je dirais, que la pâtisserie. C'est-à-dire que la cuisine, vous pouvez, je dis souvent, vous croisez des potes au marché, c'est 13h, on dit tiens, viens manger à la maison, vous allez arriver à faire à manger très rapidement pour 4 à 5 personnes avec des produits très simples. Vous croisez des potes à 16h, vous leur dites viens, je vais te faire un gâteau, ça c'est plus compliqué déjà Vous allez avoir du mal dans l'immédiateté à faire quelque chose.

  • Speaker #0

    Et, alors ça c'est plus des questions de carrière, est-ce que c'est dur de faire sa place dans le monde de la pâtisserie en France ?

  • Speaker #1

    Je pense que c'est dur de faire sa place tout court. Souvent, les gens disent Ah, vous avez un métier qui est dur Et moi, je leur réponds souvent, quand on cherche l'excellence, quand on cherche à faire différemment, c'est dur, en fait. Donc oui, le métier est dur, mais comme beaucoup d'autres, je pense. En tout cas, j'en suis convaincu. C'est un métier qui demande de l'engagement, de l'investissement. personnel, bien sûr. Mais beaucoup de métiers sont comme ça, aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Moi, ce qui m'intrigue, c'est que des pâtissiers qui font des bons desserts, entre guillemets, il y en a plein, il y en a beaucoup. Mais pourquoi, qu'est-ce qui fait que toi, tu es toi ? Pas tout le monde devient chef pâtissier de Palace. Pourquoi est-ce que toi, tu as réussi à faire cette voie ? Est-ce qu'il y a un truc que tu fais mieux ?

  • Speaker #1

    J'espère. Non, je ne sais pas si je fais un truc mieux. Après, j'ai des convictions que je garde vraiment auprès de moi dans chaque création. J'ai vraiment des punchlines, je dirais, que je peux... Comme par exemple, quand je crée un gâteau, l'objectif, c'est clairement le maximum de volume et le minimum de poids. Ça, ça peut être un slogan. C'est vraiment une dynamique pour moi. Aujourd'hui, un gâteau, pour moi, ça doit être avant tout beau. Et ça doit être bon. Après, on le met dans l'ordre qu'on veut. Mais pour moi, la gourmandise, elle doit être belle, surtout aujourd'hui. Aujourd'hui, on arrive à des moments où on entend un peu partout qu'il faut faire attention à ce qu'on mange, il ne faut pas trop manger, il ne faut pas manger trop de sucre, il ne faut pas manger trop de crème. Le gâteau, c'est quand même un peu tout ça, malheureusement ou heureusement. Du coup, on a quand même une obligation de séduction, je pense. Et ça, pour moi, c'est important. Après, qu'est-ce qui a fait que moi, je suis moi ? Peut-être que je reste vraiment dans mon univers. C'est-à-dire que je vais rarement voir ce qui se passe ailleurs. D'ailleurs, je ne regarde pas ce qui se passe ailleurs. Après, dire que je suis hermétique complètement, ce serait mentir. Parce qu'aujourd'hui, avec les réseaux sociaux, tout ça, ce serait quasi impossible. En tout cas, je ne vais jamais spontanément sur un compte. Je ne vais jamais spontanément goûter dans une pâtisserie ce qui se passe. J'essaie vraiment de rester dans mon monde. parce que je trouve qu'on n'est jamais meilleur dans ce qu'on fait que quand on a notre propre hockey et décharge, notre propre dynamique créative, notre propre souhait esthétique. Et pour moi, ça doit être aussi une signature, quelque part. Mon rêve, c'est qu'on me reconnaisse, enfin, qu'on me reconnaisse. Mon rêve, c'est qu'on reconnaisse mes créations sans qu'il y ait nécessairement le nom de l'entreprise pour laquelle je travaille ou mon nom de marqué dessus. Ça, c'est vraiment mon... mon rêve à moi.

  • Speaker #0

    Quand tu dis ton monde, qu'est-ce qui le définirait et qu'est-ce que tu aimes faire ? C'est quoi tes desserts préférés, tes créations préférées ?

  • Speaker #1

    Alors déjà, je ne crée pas pour créer, je crée vraiment pour, je dirais, pour donner du plaisir aux gens. Ça, c'est vraiment ma source, ma motivation, elle est vraiment là. Je puise ma motivation dans... chez les gens. Donc plus les gens sont ravis, contents de ce qu'ils ont mangé, plus je me sens fort. Et aujourd'hui, il n'y a pas une seule fois où je crée un gâteau en me disant, bon, là, je vais faire l'impasse sur ça. Ça passera quand même. Il n'y a pas d'impasse possible aujourd'hui. S'il y a un truc qui ne me plaît pas, le gâteau ne sortira pas. Et ça, aujourd'hui, je pense que c'est indispensable pour pouvoir continuer... Déjà pour pouvoir participer encore à l'émancipation de ce métier. Parce que je pense que la pâtisserie rayonne énormément depuis quelques années. Et je pense que si on reste vigilant sur le produit fini et ses objectifs, je pense que la pâtisserie continuera de rayonner. Si on fait l'impasse sur le gustatif, Pour telle ou telle raison, je pense que le client se sentira un petit peu lésé et c'est là où le métier commencera à vaciller.

  • Speaker #0

    Il y a une question que je me pose et que je vois souvent à la télé où les chefs qui créent souvent font appel à leurs origines et à leur enfance. Toi, comment tu puises aussi dans ton enfance et c'est quoi la part de ton enfance dans tes créations ?

  • Speaker #1

    Alors je puise bien évidemment dans mon enfance. qui est quand même, si on regarde un petit peu, je pense la même que la tienne. Ce qui m'intéresse, c'est d'emmener les gens dans ce côté un petit peu Madeleine de Proust, d'emmener les gens dans le souvenir. Je dis souvent, l'industrie aujourd'hui fait des gâteaux depuis de nombreuses années, mais l'industrie, quelque part, elle n'a rien créé. Tout ce qu'elle fait aujourd'hui en gâteau signature qu'on peut connaître, en biscuits, Elle a tout pris chez tel ou tel artisan. Elle l'a travaillé, elle l'a révélé de manière différente. Aujourd'hui, elle a pris de grosses parts de gourmandise. Je trouve ça assez drôle de se nourrir, à notre tour en tant qu'artisan, de l'industrie, pour essayer de lui apporter un peu plus de gourmandise, beaucoup plus même. Et surtout un cahier des charges produit beaucoup plus... rigoureux, quoi. Pour arriver à avoir des produits visuellement connus de tous, mais gustativement vraiment au-dessus de ce qu'on connaît, quoi. Donc ça, c'est un peu là où je puise un petit peu cette dynamique. Un cake marbré, une barquette, un Ritz, enfin pas... un petit écolier, tous ces gâteaux qu'on connaît et qu'on a connus et qu'on connaît encore aujourd'hui, d'ailleurs. Ça, je trouve ça assez... J'aime bien ce petit pied de nez à l'industrie qui plus est dans une maison comme celle dans laquelle je travaille.

  • Speaker #0

    Et donc ça, c'est pour tes inspirations. Et comment tu te fais, du coup ? Comment tu fais pour te renouveler au gré des saisons, évoluer avec la carte que tu crées ? Comment tu fais pour trouver tes inspirations ?

  • Speaker #1

    Alors ça, c'est dur. Ça, c'est très dur. Aujourd'hui, il faut arriver à rester quand même sur un fil créatif. C'est-à-dire que je pense que pour arriver à garder une identité, il faut aussi continuer de la nourrir sans perdre le fil conducteur de tout. Alors comment je fais pour continuer ? Je continue de réfléchir à comment je peux apporter plus de gourmandise dans des formes un petit peu différentes, avec toujours autant de légèreté, avec néanmoins toujours autant de surprises aussi, parce que la pâtisserie c'est un peu de la surprise quand même. Mais ce n'est pas chose aisée. Je pense que ma plus grande crainte aujourd'hui, je dirais, là, tu as mis le doigt sur un truc intéressant, c'est ma plus grosse crainte aujourd'hui, c'est de ne plus avoir d'idées. Aujourd'hui, on est tellement sollicité pour en créer que la plus grosse crainte, effectivement, c'est de ne plus en avoir.

  • Speaker #0

    Est-ce que tes voyages, par exemple, à l'étranger, ça t'aide à trouver de l'inspiration aussi ?

  • Speaker #1

    Alors les voyages, effectivement, ça aide beaucoup. Les rencontres, ça aide beaucoup. Les échanges qu'on peut faire d'ailleurs avec l'autre aident beaucoup. C'est vrai que quand je suis parti aux États-Unis, ça m'a énormément nourri parce que je me suis vraiment nourri de la dynamique, on va dire, de rue qu'il y avait là-bas. En l'occurrence... ils ont quasiment tous un verre à la main ou quelque chose à manger. On le ressent beaucoup. Je me suis dit, il y a peut-être quelque chose à faire avec la pâtisserie. Qu'est-ce qu'on peut créer autour de ça pour nourrir un peu la pâtisserie française ? Parce que cette dynamique de rue vient chez nous aussi. On le voit bien, il y a beaucoup de street food à Paris, mais il n'y a pas de pâtisserie street food. Il n'y en a pas. À part la gaufre et la crêpe, il n'y en a pas.

  • Speaker #0

    Oui, c'est tout. Tu penses, toi, l'influence... On parlait de réseaux sociaux tout à l'heure. L'influence des réseaux sociaux sur la pâtisserie, est-ce que... Quel impact ça a eu ? Parce que j'imagine que du coup, avec les réseaux sociaux, il y a aussi une sorte de conformité. Comment tu le définirais, toi ?

  • Speaker #1

    Je pense que les réseaux sociaux sont autant notre ami que notre ennemi. C'est assez bizarre, d'ailleurs, je trouve. On s'en rapproche quand même tout en connaissant un petit peu les problématiques que ça peut engendrer. Alors pour moi, les problématiques, elles sont assez simples. C'est que c'est une surconsommation d'idées et d'images. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, vous mettez l'image d'un gâteau nouveau, les gens vont en vouloir une autre avant même d'avoir goûté le gâteau. En fait, on est vraiment dans une consommation de contenu, dans une consommation de création, d'image, et ça c'est très dangereux. Donc il faut essayer d'être dans la course sans non plus trop faire cette compétition à la création non plus. Parce que je suis intimement convaincu qu'aujourd'hui, il faut bien poser une gamme, bien poser une identité avant de devoir complètement la changer. Euh... Voilà, mais les réseaux sociaux, oui, c'est quand même une aide énorme. Aujourd'hui, ça a permis à la pâtisserie et à d'autres métiers d'ailleurs de se faire connaître, de diffuser plus largement leurs savoirs. Moi, je dis souvent, quand je fais un gâteau, je ne le fais pas pour juste une image, je le fais pour donner l'opportunité aux gens de le goûter. Si les réseaux peuvent diffuser plus largement l'image et donner encore plus largement envie aux gens de le goûter, alors oui, clairement, c'est un bon... bonus. Si c'est juste pour consommer une image et passer à une suivante, ça peut être un peu compliqué.

  • Speaker #0

    Et le fait que maintenant la pâtisserie rayonne et touche de plus en plus de monde, est-ce qu'il y a eu une évolution dans les écoles de pâtisserie, par exemple dans les années 80-90, ou les jeunes pâtissiers aujourd'hui ? Est-ce que tu vois une évolution ? Alors,

  • Speaker #1

    en fait, déjà, dans les années 80-90, la pâtisserie n'était pas du tout mise en avant comme ça. Moi, quand je suis parti en apprentissage... Les gens n'ont pas forcément applaudi. C'était même un peu la dernière roue du carrosse, je dirais. Il y a vraiment eu un virage dans les années Michalak, les années Pierre Hermé, je dirais 2000. À savoir lequel avant l'autre, je ne sais pas. J'apprécie beaucoup les deux, en plus. mais je dirais qu'il y en a un qui l'a fait briller dans les établissements de luxe et donc qui a apporté une véritable légitimité au métier, à savoir Christophe Michalak auprès des cuisines, dont on a pris aujourd'hui en grande partie une indépendance. Alors que pendant ce temps-là, Pierre aussi apportait vraiment une visibilité beaucoup plus mondiale, je dirais, sur la partie pâtisserie. En arrivant à l'envoyer notamment à Tokyo pour commencer, ce qu'il a quand même commencé à Tokyo. Donc, je pense qu'il y a clairement eu un virage assez impressionnant sur la pâtisserie.

  • Speaker #0

    Et tous ces chefs, vous connaissez, tu les connais, vous êtes potes ou comment ça se passe ?

  • Speaker #1

    On se connaît tous. Oui, on se connaît tous. Alors après, On s'appelle, on se demande des conseils si besoin. Je sais que Pierre est vraiment à l'écoute. Christophe, c'est pareil. On se connaît tous ou moins, plus ou moins tous. On a quand même le même but aujourd'hui, c'est faire rayonner notre savoir-faire. Et je pense que plus on sera nombreux à faire rayonner ce savoir-faire, plus le savoir-faire grandira. Ça, c'est une conviction.

  • Speaker #0

    J'ai des questions un peu plus perso qui m'intriguent en fait je me suis dit quand t'es à un tel niveau dans la pâtisserie ou dans la cuisine est-ce que t'arrives à manger au McDo ?

  • Speaker #1

    Alors j'ai deux enfants Et aujourd'hui, je ne veux pas les couper non plus de tout. Parce que je pense que ça n'aurait pas de sens déjà. Donc là, oui, ça m'arrive, bien sûr. Ça m'est arrivé d'ailleurs il n'y a pas si longtemps que ça. Ma fille voulait une séance télé absolument. Et elle voulait absolument un McDonald's. Donc j'ai fait un McDonald's. Mais par contre... Pour moi, l'objectif, c'est surtout de lui montrer ce que c'est qu'un vrai burger, par exemple. Donc oui, si elle a envie de goûter, elle goûtera. Mais par contre, je lui montrerai ce que c'est qu'un vrai bon burger. Un vrai bon pain, un vrai bon steak, une vraie sauce faite maison. Et ça, c'est important en fait. Je pense que c'est bien de voir tout ce qui existe aujourd'hui. C'est important de goûter et de se faire sa propre opinion. Donc oui, un McDo, j'en ai déjà mangé bien sûr.

  • Speaker #0

    Mais de toi-même tout seul, tu n'irais peut-être pas au McDo.

  • Speaker #1

    Tout seul, je n'irais pas.

  • Speaker #0

    Et tu fais Uber Eats et Deliveroo, tout ça, les commandes à la maison ?

  • Speaker #1

    J'essaye de cuisiner chez moi. J'ai la chance d'être bien équipé. Par exemple, hier, j'ai cuit des carottes sous vide. J'ai cuit mes pommes de terre avec mon beurre sous vide. J'ai fait mes petits blancs de poulet cuits sous vide. Et cette semaine, je sais que je vais bien manger. Voilà, parce que j'ai la chance d'avoir un four en vapeur, un four sous vide, donc je peux anticiper mes repas et rentrer chez moi, ouvrir une poche faite maison avec une bonne volaille sélectionnée chez mon boucher. Et aujourd'hui, je sais que cette semaine, oui, je sais que je vais bien manger.

  • Speaker #0

    Tu t'organises, j'imagine après une journée de travail, quand tu rentres, tu n'as peut-être pas forcément envie de cuisiner le soir en semaine, ou tu trouves la force de cuisiner à chaque fois ?

  • Speaker #1

    En fait, je trouve toujours la force de cuisiner parce que j'aime manger. J'aime manger et j'aime bien manger. Donc à partir de là, je trouve toujours la force de cuisiner. J'ai toujours ce qu'il faut dans le frigo. Je fais mon marché tous les dimanches. Je vais chez le même poissonnier tout le temps, le même boucher, les fruits et légumes, pareil. J'ai toujours ce qu'il faut à la maison. Donc, par définition, maintenant, s'il y a une panne quelque part, oui, si je dois passer par Uber Eats, je passerai par Deliveroo. Mais après, Deliveroo, c'est une plateforme qui met en avant des professionnels. Donc, il s'agit de bien les choisir quand même. Voilà.

  • Speaker #0

    En tout cas, j'imagine que les palaces parisiens n'ont pas pour ambition de faire appel à ces plateformes.

  • Speaker #1

    Non, non, non.

  • Speaker #0

    J'ai une question du moment un petit peu sur les défis environnementaux. Est-ce que tu penses que les défis environnementaux vont influencer la cuisine ou la pâtisserie actuelle dans le sens des fruits exotiques, la vanille, le chocolat ? Est-ce que tu penses que c'est quoi le prochain virage ?

  • Speaker #1

    C'est une bonne question, c'est même une excellente question. Aujourd'hui, on dit souvent que la France est source de beaux produits, on a des super producteurs, mais on voit bien qu'aussi la France ne cultive pas de chocolat, elle ne produit pas de vanille, et c'est des matières premières qui aujourd'hui sont très importantes dans le domaine de la pâtisserie. Je pense que ce qu'il faut surtout, c'est amener la vanille là où il faut l'amener, pas forcément en mettre à outrance. Amener le chocolat lorsque pareil, c'est intéressant et important de l'amener. Et continuer d'avoir des produits, voilà, avec des produits très français, très régionaux. Aujourd'hui, on fait les meilleures farines, on fait des beurres d'exception, on a une crèmerie folle, on a des fruits et des légumes vraiment magnifiques. Bon, je pense qu'on n'est pas toujours obligé d'utiliser le chocolat ou la vanille. Maintenant, le client, quand même, le chocolat, ça reste quelque chose qui plaît. Donc l'enlever, je pense que ce serait difficile. Après, le cacao a vraiment subi des hausses folles. On est sur des augmentations à presque 25% cette année. Donc ils ne savent pas si ça va continuer de monter ou si ça va baisser. Mais là, au moins... Aujourd'hui, on est pratiquement à 25% d'augmentation. C'est colossal.

  • Speaker #0

    J'ai une autre question du moment. Comment tu expliques, d'un point de vue domestique, la cuisine est historiquement féminine, même si ça a changé avec les dernières années, et d'un point de vue professionnel, les grands noms sont souvent masculins. Comment tu expliques ça ?

  • Speaker #1

    C'est toujours une question intéressante, mais aujourd'hui, je pense que les choses ont vraiment changé. J'ai dans mon équipe, par exemple, un très gros pourcentage de femmes. Je pense qu'on n'est pas loin de la moitié. J'ai une adjointe qui est une femme, j'ai ma sous-chef qui est une femme, j'ai des chefs de partie qui sont femmes. J'ai vraiment une parité, à mon avis, au sein de la pâtisserie, en tout cas dans laquelle je travaille. Et je pense que les choses ont vraiment évolué. D'ailleurs, les femmes ont beaucoup de sensibilité qui, à mon avis, peut énormément aider la pâtisserie ou la dynamique qu'elle entreprend encore aujourd'hui. très clairement.

  • Speaker #0

    On arrive vers la fin de l'épisode, j'ai une dernière question à te poser. Quel message est-ce que tu aimerais faire passer ou qu'est-ce que tu dirais à quelqu'un qui aimerait se lancer en pâtisserie ?

  • Speaker #1

    Si demain, j'avais quelqu'un qui me disait moi, je veux faire de la pâtisserie je lui dirais que c'est un métier qu'on fait pour les autres. Je lui dirais que c'est un métier qu'on fait pour les autres. que c'est un métier qui forcément demande beaucoup, mais au-delà de ça, c'est un métier qui, comme on le fait pour les autres, on se nourrira des autres. Les gens se nourrissent de ce que l'on fait, et nous, on se nourrit des gens. Donc en fait, je trouve que c'est une bonne balance, mais c'est un métier qui est magnifique. C'est un métier où il y a encore beaucoup de choses à faire. C'est un métier qui a énormément évolué, techniquement, d'un point de vue matériel aussi. Mais c'est aussi un métier qui a évolué dans la façon de le gérer, la façon dont les gens travaillent dedans. Il y a eu des améliorations très conséquentes dans ce métier qui lui permettent aujourd'hui, je trouve, d'être peut-être un peu plus attrayant aussi pour les jeunes. Maintenant, c'est un métier où il va falloir le comprendre avant de le maîtriser. Parce que beaucoup de jeunes veulent faire de la création, c'est bien la création, mais c'est bien de connaître un petit peu le métier avant de se lancer dans la création, je pense.

  • Speaker #0

    Et toi, c'est quoi tes prochaines évolutions ? Tu as d'autres ambitions ou tu as réalisé tout ce que tu voulais réaliser ?

  • Speaker #1

    Non, je n'ai pas réalisé ce que je voulais réaliser. Je pense qu'aujourd'hui, j'ai fait pas mal de choses, peut-être, mais c'est loin d'être une finalité en soi. Aujourd'hui, ce que je souhaite, c'est vraiment prendre du plaisir, donc encore plus qu'avant. Je pense que ce qui m'intéresse aujourd'hui, vraiment, c'est de... c'est de travailler de manière la plus libre possible et je dirais de continuer à prendre du plaisir mes puissances disent parce que je pense que la vie est courte on

  • Speaker #0

    finit sur ces belles paroles merci François merci à toi en tout cas Merci à tous d'avoir écouté cet épisode, j'espère que ça vous a plu. N'hésitez pas à vous abonner à la chaîne et à nous suivre sur Instagram. Écrivez-nous si vous avez une histoire à nous partager. Je vous dis à très vite dans Libre comme l'air. Ciao ciao !

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