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Élégance et Ambition

21. Classe aisée, bourgeoisie, aristocratie : de quoi parle-t-on exactement ?

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27min |15/09/2025
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Description

Classe aisée, bourgeoisie, aristocratie : des mots que l’on entend souvent, mais qui restent flous. Dans cet épisode d’Élégance et Ambition, je vous propose une véritable cartographie sociologique de la classe supérieure. Vous allez découvrir son histoire, depuis la Révolution française jusqu’à aujourd’hui, comprendre comment elle se définit par ses revenus, son patrimoine, ses professions, ses lieux de résidence et ses codes culturels.

En écoutant cet épisode, vous allez mieux saisir ce que recouvre la notion de classe aisée, comment elle se distingue de la classe moyenne supérieure, et pourquoi la bourgeoisie, alliée à l’aristocratie, demeure une élite qui se reproduit par la transmission, les grandes écoles et les réseaux fermés.


Cet épisode est indispensable si vous souhaitez réussir votre ascension sociale : il vous permettra d’identifier les repères, les codes implicites et les barrières symboliques pour évoluer dans ce cercle social avec plus de clarté et de stratégie.


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Phrase-clé :

Ce tableau des classes supérieures c’est une carte qui vous évite de vous perdre et qui vous permet de connaître les reliefs, les obstacles et les chemins possibles.


Épisodes recommandés :


Liens cités dans l’épisode :


Chapitres :

00:39 - Introduction

03:46 - 1. Aux origines : avant et pendant la Révolution française

06:22 - 2. Du XIXᵉ siècle à la Belle Époque

10:21 – 3. Du XXᵉ siècle à nos jours

11:47 – 4. Portrait de la classe aisée aujourd’hui

12:00 - 4.a. Revenus et patrimoine

15:28 - 4.b. Les professions et l’éducation

17:45 - 4.c. Le territoire

19:14 - 4.d. Les codes culturels et sociaux

21:05 - 4.e La transmission et l’hérédité

21:35- 5. La différence entre classe moyenne supérieure et classe aisée

24:00 - Comment rejoindre la classe aisée sans héritage familial

26:09 - Conclusion


Dans cet épisode on va parler de :

classe aisée, bourgeoisie, aristocratie, grandes écoles, hauts revenus, patrimoine immobilier, patrimoine financier, capital culturel, capital social, réseau influent, ambition, distinction sociale, réussite sociale, ascension sociale, cercle social


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Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans Élégance et Ambition. Je m'appelle Thalia, et après plusieurs années à décrypter les codes de la classe aisée, j'aide désormais les personnes ambitieuses à gravir l'échelle sociale tout en restant fidèles à elles-mêmes. Ici, on parle d'élégance, de savoir-être et de conseils pratiques pour naviguer dans les cercles les plus prestigieux. Dans ce podcast, je vous partage tout pour transformer vos ambitions en actions concrètes et vous accompagner pas à pas dans votre quête de réussite sociale. Alors installez-vous confortablement et laissez-vous inspirer. Bonjour et bienvenue dans le 21e épisode d'Ellégance et Ambition. Alors sachez que je suis particulièrement contente d'enregistrer cet épisode parce que, vous ne le savez pas, mais moi c'était mon objectif depuis le début. Quand on atteint le 21e épisode, quand on a publié 21 épisodes de podcast, Merci. on rentre dans le top 1% des podcasts parce que beaucoup de personnes quand elles lancent un podcast abandonnent en cours de route et donc je m'étais fixée comme objectif de ne pas abandonner avant le 21e épisode donc c'est chose faite je suis ravie d'en être arrivée là de vous offrir des épisodes depuis mars 2025 depuis que j'ai commencé à enregistrer le tout premier épisode et surtout merci pour votre fidélité pour vos écoutes puisque Eh ! si je continue à enregistrer des épisodes, c'est parce que chaque jour, chaque semaine et chaque mois, vous êtes de plus en plus nombreux et nombreuses à m'écouter. Donc, un grand merci à vous d'être là. Plongeons dans le vif du sujet. Et aujourd'hui, j'ai choisi de vous consacrer tout un épisode à un sujet que j'évoque souvent, en tout cas à des termes que j'emploie souvent, à savoir la classe aisée, la classe supérieure, la bourgeoisie, l'élite. Ce sont des termes que j'emploie, que vous entendez régulièrement, mais je sais qu'ils ne sont pas toujours très clairs. Et l'objectif de cet épisode, c'est d'éclairer ce que ces termes recouvrent vraiment, de quoi parle-t-on, de qui parle-t-on quand on dit les classes supérieures, la classe aisée et toute la ribambelle de termes que je peux utiliser pour parler de ce sujet que j'évoque avec vous depuis le début du podcast. Et surtout, pourquoi est-ce important pour vous, qui êtes engagés dans une démarche d'ascension sociale, de comprendre ces termes et ce qu'ils recouvrent ? Parce que comprendre ces catégories sociales, c'est comme lire la carte d'un territoire dans lequel vous allez entrer. Avec ces explications que je vais vous donner dans cet épisode, vous ne partirez pas à l'aveugle, vous saurez où vous mettez les pieds et quelles sont les règles implicites et les codes qui sont en jeu quand on s'engage dans une démarche de progression sociale. Et donc, au programme de cet épisode, je vais vous raconter d'où vient la bourgeoisie, les catégories aisées, et nous allons explorer l'histoire française, et oui, nous allons remonter jusqu'à la Révolution française de 1789. C'était nécessaire de remonter jusque-là, d'une part pour la culture générale, c'est toujours bon de connaître un peu l'histoire, mais aussi pour que vous compreniez mieux ce qu'est la classe aisée en 2025, aujourd'hui en France. J'en profite pour préciser... que nous parlerons du contexte français. Donc si vous m'écoutez à l'étranger, les contextes nationaux et historiques sont différents. Étant française et ayant la majorité de mes auditeurs et auditrices en France, nous allons rester sur le contexte français. À la suite de ce tableau, je brosserai un portrait détaillé de ce qu'est la classe aisée aujourd'hui, ses revenus, son patrimoine, ses professions, ses lieux de vie, ses habitudes culturelles et sociales, mais aussi ses mécanismes de transmission. Et à la fin, vous aurez une cartographie claire et concrète de ce monde qui vous aidera à mieux comprendre vos propres objectifs d'élévation sociale. Pour commencer, comme je vous l'avais promis, un peu d'histoire. Aux origines des classes supérieures aujourd'hui, il y a la Révolution française et même, il faut remonter un tout petit peu avant. À la veille de la Révolution française, sous l'Ancien Régime, la société française, elle était divisée en trois ordres. Le clergé, la noblesse et le tiers-état. Ça, c'est ce qu'on apprend en cours d'histoire. Le tiers état, il regroupait la majorité des français. C'était une classe qui était composée de paysans, d'artisans, de commerçants. Mais en son sein, il y a une partie qui s'est distinguée, notamment au cours du XVIIIe siècle, c'est précisément la bourgeoisie. Et cette bourgeoisie, on pouvait la découper en deux catégories. La première, c'est une bourgeoisie marchande et financière, qui est composée donc de commerçants et de banquiers, qui s'est... enrichie par le commerce international et qui a profité de l'essor économique du XVIIIe siècle pour prospérer. La seconde catégorie, c'est une bourgeoisie de robes composée de fonctionnaires, d'hommes de loi, de magistrats qui aspirent à jouer un rôle politique dans la société. Et face à cette montée en puissance, la noblesse réaffirme son principe, celui selon lequel la naissance prime sur la fortune et l'instruction. A cette époque, il faut comprendre qu'il n'y a pas de perméabilité entre les classes sociales c'est-à-dire que lorsqu'on naît, est naïté dans une classe sociale, on y reste toute sa vie, et si vous avez des enfants, il n'y a pas de possibilité qu'ils effectuent une ascension sociale même en leur transmettant les codes. On naît, on vit et on meurt dans sa classe sociale. Et il y a une forme de supériorité des deux ordres que sont le clergé et la noblesse sur le tiers état. Et le tiers état, qui représente la majorité de la population, c'est aussi la classe qui paye la plus grande partie de l'impôt et qui commencent à être étonnantes écrasé par les taxes que le système lui fait supporter. Et c'est dans ce contexte que les idées des Lumières circulent, donc les Lumières c'est un courant philosophique et politique et la bourgeoisie s'empare de ce courant pour diffuser un idéal nouveau, celui de la fin des privilèges et de la promotion par le mérite et la richesse acquises. En 1789, la Révolution française éclate et contrairement à l'image d'épinal qu'on a du paysan avec sa fourche, le Le déclenchement de cette révolution, elle ne vient pas seulement d'une révolte populaire, mais justement de ces idées qui ont été poussées par la bourgeoisie. Et donc, suite à cette révolution, les privilèges de la noblesse et du clergé sont abolis, et c'est la bourgeoisie du tiers-état qui devient la classe d'onim Nantes sur le plan politique et économie. Et à ce moment-là, la société française entre dans une nouvelle ère historique, politique et économique, la fin de la monarchie de droit divin. la fin de cette société en trois ordres, et surtout, sur le plan économie, c'est le début de la révolution industrielle, qui est permise par un certain nombre d'innovations technologiques. Cette révolution industrielle, elle permet à la bourgeoisie de consolider son pouvoir grâce à l'essor de l'industrialisation. Et c'est au cours du XIXe siècle que les grands commerçants, les banquiers, les industriels deviennent l'élite économique du pays. À partir de 1870, et l'avènement de la Troisième République, il y a un tournant majeur qui se produit au niveau des idées, puisque c'est à cette époque que l'idée d'un républicanisme méritocratique se met en place. Qu'est-ce qu'il se passe en France à ce moment-là ? Eh bien, on met en place un système de concours, d'examens et de bourses pour élargir le recrutement des élites. D'ailleurs, c'est à cette époque que l'instruction devient obligatoire. pour l'ensemble des enfants, avec les lois férées des années 1890-1881, et ont créé des grandes écoles de la République, qui ont pour but de donner au pays une élite politique et économique, notamment Sciences Po, qui est créée en 1872, et HEC en 1881. Et comme l'ont montré les travaux de Pierre Bourdieu, ces institutions ne donnent pas seulement des diplômes, elles fabriquent aussi du capital social et du capital culturel, et surtout elles permettent à la bourgeoisie de légitimer sa place en l'habillant d'une logique de mérite. Vient ensuite le XXe siècle, et à la Belle Époque, au début du siècle, vers les années 1900-1910, une autre transformation s'opère, c'est la fusion entre la haute bourgeoisie, donc celle dont on a parlé au XIXe siècle qui s'est enrichie avec l'ère industrielle, et de l'aristocratie. Les sociologues Monique Pinson-Charlot et Michel Pinson ont bien décrit ce processus. Avec la Révolution, la noblesse avait perdu une grande partie de son pouvoir économique et elle parvient à retrouver sa place et à redorer son blason en s'unissant par des alliances matrimoniales et sociales avec la haute bourgeoisie industrielle et financière. Et ensemble, ces deux catégories vont former une élite recomposée qui domine à la fois par la richesse et par l'ancienneté. Alors, un point sur la noblesse ou l'aristocratie tout de même, parce que j'en parle et ça fait partie des termes qu'il faut définir. J'emploie le terme d'aristocratie, mais en réalité c'est un abus de langage, puisque le terme aristocratie désigne un régime politique dans lequel le pouvoir est détenu par une élite qui est minoritaire mais dominante. Étymologiquement, aristocratie, ça veut dire le gouvernement des meilleurs. Et ça peut être des nobles, des notables, des riches, mais pas forcément, pas nécessairement des nobles en tout cas. Avec la Révolution française, le terme aristocratie est employé par abus de langage pour désigner la noblesse. Mais si on veut être précis, le vrai terme à employer pour parler de ceux que j'ai appelés des aristocrates, ce sont plutôt des nobles. Et c'est un groupe social qui vient de la société des trois ordres dont on a parlé au début de l'épisode, qui vient de l'organisation féodale. On avait, si on reprend les termes latins, les oratores, ceux qui prient, donc le clergé, les laboratores, ceux qui travaillent, le tiers état, et les... bellatores, ceux qui font la guerre, la noblesse. Et donc la noblesse, c'est une classe sociale issue des seigneurs et des chevaliers du temps du Moyen-Âge et qui se sont constitués, qui se sont cooptés en tant que castes pour leur capacité à combattre et à diriger d'autres combats. combattant pour défendre des terres. Après la Révolution française, cet héritage a perduré, notamment à travers la transmission familiale, la transmission d'un nom et des pratiques plutôt endogames qui visaient à préserver le patronyme et les traditions. Revenons au XXe siècle et nous faisons un bond vers la moitié du siècle. Il vient la période des grands bouleversements du XXe siècle et notamment la Seconde Guerre mondiale. qui rebat les cartes puisque beaucoup de familles perdent leur patrimoine, les destructions économiques immobilières sont massives et la transmission héréditaire est affaiblie. À cette époque, seulement 30% du patrimoine des ménages vient de l'héritage. Après 1945, la France entre dans une période de prospérité économique appelée les Trente Glorieuses. C'est une période de croissance exceptionnelle qui permet à des millions de Français de vivre. Quelle que soit la classe sociale, une ascension sociale réelle en termes de niveau de vie, de pouvoir d'achat. Et c'est à ce moment-là qu'apparaît le rêve d'une France méritocratique, où chacun, par le travail et les études, peut espérer rejoindre la classe supérieure. Mais à partir des années 1980, cette mobilité sociale ralentit, en même temps que la machine économique. Et aujourd'hui, au XXIe siècle, la bourgeoisie existe toujours, et elle continue de se reproduire, principalement par... héritage, réseau et capital culturel, comme l'ont analysé le couple Pinçon-Charlot. Quant au reste de la population, on assiste à une forme d'immobilisme social, la mobilité sociale est bloquée, on parle d'ascenseur social en panne, et encore plus récemment, depuis les années 2010, on parle de déclassement social. Mais revenons à nos catégories les plus favorisées de la population. Qu'en est-il ? Qui sont concrètement les membres de cette Merci. fameuse classe supérieure aujourd'hui en France en 2025. D'abord, bien sûr, il y a la question des revenus. C'est souvent par cette métrique, par cette donnée qu'on définit les catégories sociales. Et donc je vais commencer par cet aspect. Selon l'Observatoire des inégalités, on entre dans la catégorie des personnes aisées à partir de 3 100 euros net par mois pour une personne seule. À partir de 3 860 euros net par mois, on parle de riches. Et puis au-dessus, les chiffres montent très vite. Le top 10% gagne plus de 4 180 euros par mois, le top 1% plus de 10 000 euros par mois, et les 0,1% les plus riches dépassent les 27 000 euros par mois, selon un rapport de l'INSEE émis en 2024. Et oui, il y a des gens qui gagnent plus de 27 000 euros par mois. Mais le revenu, ça n'est qu'une partie de l'histoire. L'autre pilier, c'est le patrimoine. Sachant que le patrimoine médian en France, il est de 177 000 euros. Et on est considéré comme riche si l'on possède deux fois cette somme, c'est-à-dire 354 000 euros. Quant au top 10%, lui, il dépasse les 716 000 euros. Et le top 1%, il détient en moyenne plus de 2,2 millions d'euros. Et pour mieux comprendre ce qui distingue vraiment les classes supérieures, pensons-nous sur les sources de revenus et la nature de leur patrimoine. Des éléments qui sont clés pour décrypter leur assise économique et sociale. Pour les 10% des Français les plus aisés, c'est 77% du niveau de vie qui provient du salaire, 7% des revenus fonciers, donc des biens, des loyers, des investissements immobiliers, et 3% qui viennent des revenus mobiliers, donc des revenus issus du placement du capital, soit dans des placements en bourse, dans des assurances vie et autres placements de capitaux. Mais si on s'intéresse au 1% les plus... plus aisée, les salaires ne représentent plus que 60% du revenu disponible contre 35% des revenus mobiliers. Et si on s'intéresse au 0,1%, la part des salaires dans le revenu disponible tombe à 43% et les revenus mobiliers représentent 68%, donc la grande majorité des revenus disponibles déclarés. Et si l'on s'intéresse à la composition du patrimoine, voici ce que l'INSEE nous apprend sur la structure du patrimoine des ménages les plus fortunés. En moyenne... leur patrimoine est composé de 54% de biens immobiliers, à savoir une résidence principale ou des biens locatifs, vient ensuite 23% en actifs financiers, donc des assurances-vie, des parts d'entreprise, des valeurs mobilières, et 19% provient d'un patrimoine professionnel, c'est-à-dire une entreprise, les fonds ou les outils de production qu'il possède. Mais lorsqu'on zoome sur le 99e centile, donc les 1% les mieux dotés en patrimoine, la donne change complètement. L'immobilier ne représente plus que 36%, tandis que le patrimoine professionnel, lui, grimpe à 34% et le patrimoine financier à 27%. Concrètement, chez les plus aisés, les revenus ne viennent pas seulement du travail, mais aussi du capital et leur fortune ne se limite pas à l'immobilier. Classique, elle inclut une part croissante d'actifs financiers et surtout, chez les ultra-riches, d'un véritable patrimoine professionnel. Et de manière générale, une partie de la bourgeoisie, notamment celle la plus fortunée, celle qu'on retrouve dans les 1%, voire les 0,1%, elle vit moins de ses revenus que de son patrimoine. Donc des biens immobiliers, des portefeuilles financiers, avec une partie de ces éléments qui sont issus de l'héritage. Deuxième champ de catégorisation Et là, on va s'aventurer dans des considérations qui sont moins souvent explicitées pour désigner les personnes les plus favorisées dans notre société, à savoir la profession et l'éducation. Parce que les revenus, c'est bien, mais ce n'est qu'une composante de l'équation puisque le statut professionnel, on parle bien de catégorie socio-professionnelle, donc le statut professionnel a une importance considérable. Et de la même manière qu'on pouvait distinguer deux types de bourgeoisie au XVIIIe et XIXe siècle, aujourd'hui, il existe encore deux types de bourgeoisie. D'une part, il y a la bourgeoisie économique, qui est composée de dirigeants et de cadres de grandes entreprises, de dirigeants industriels, de cadres dans la banque ou la finance, d'indépendants, professions libérales très fortunées, comme des grands médecins, des grands avocats, qui votent plutôt à droite, et... De l'autre côté, on a une bourgeoisie intellectuelle qui est plutôt composée de professions intellectuelles supérieures, comme des professeurs d'université, des hauts fonctionnaires notamment. Et surtout, l'ascenseur principal pour entrer dans ces milieux reste l'éducation. Et comme l'a montré Pierre Bourdieu dans son ouvrage La noblesse d'État, ce sont les grandes écoles qui jouent un rôle central dans l'accession à ces professions, notamment HEC, Polytechnique, Sciences Po. l'ENA, qui aujourd'hui s'appelle l'INSP. Et ces écoles, elles ne donnent pas seulement un diplôme prestigieux, elles donnent accès à un réseau social puissant qui accompagne chacun de ses membres toute sa vie, toute sa vie professionnelle et même toute sa vie tout court. Donc l'appartenance à cette classe supérieure, elle se fait non seulement par le revenu, mais aussi par le fait d'occuper une certaine profession, une certaine position professionnelle. Ainsi, que d'avoir fréquenté un certain nombre de grandes écoles. J'en ai cité, j'ai oublié de parler de l'école normale supérieure, des mines de centrales pour les ingénieurs, mais pas, contrairement à ce qu'on pourrait penser, d'université classique. Dans les milieux aisés, le diplôme d'université classique n'a pas la même valeur qu'un diplôme d'une grande école, notamment celle que j'ai mentionnée. L'appartenance à la classe supérieure, il s'incarne aussi dans l'espace géographique. un haut revenu Ou plutôt, une position professionnelle qui permet d'avoir un haut revenu permet de se loger dans certaines zones géographiques, notamment les centres-villes, et plus particulièrement dans certains quartiers dans lesquels les prix de l'immobilier ou des loyers met des barrières à l'entrée pour une grande partie de la population. À Paris, les bastions principaux, ce sont les 7e, 8e et 16e arrondissements, avec des enclaves presque fortifiées, comme la Villa Montmorency, où tout est privé et protégé et où... On ne rencontre ou les résidents ne sont que des grandes fortunes. A Paris, toujours, les ménages les plus aisés habitent également des communes comme Neuilly-sur-Seine, Saint-Cloud ou Boulogne-Biancourt où se concentre une forte densité de familles aisées. Pour vous donner une idée, à Neuilly-sur-Seine, le revenu médian est de 4000 euros par mois contre 2000 euros pour la France de manière générale. Et les 10% les plus aisés gagnent plus de 10 000 euros par mois contre 4100 euros. Si l'on prend l'ensemble de la population. A Saint-Cloud, le revenu médian est de 3 300 euros par mois, et le seuil des 10% les plus riches se trouve à 7 000 euros par mois. On peut décrire le même phénomène dans toutes les grandes villes de France, à Marseille, Bordeaux, Lyon. Je n'ai pas suffisamment habité dans ces villes pour vous décrire quels quartiers sont les plus aisés, mais... De manière générale, comme l'ont décrit Monique Pinson-Charlot et Michel Pinson dans leur ouvrage Les ghettos du Gotha, ce sont des véritables territoires d'entre-soi qui sont choisis pour maintenir une homogénéité sociale. Ensuite, il y a, parmi les facteurs qui catégorisent la classe aisée, les codes culturels et sociaux. Ce qui définit le plus les élites, ce ne sont pas seulement leurs revenus ou leurs adresses, ce sont leurs codes culturels. Ils ont des loisirs qui sont marqués par la distinction, donc des voyages. à l'international et en France, dans des lieux qui sont connus, Saint-Tropez, l'île de Ré, la Baule. Dans les loisirs, on peut également trouver l'art contemporain, par fait d'assister à des vernissages, de faire l'acquisition d'œuvres. Il y a la fréquentation des théâtres, des opéras, la gastronomie, des sports, dont le ticket d'entrée est relativement onéreux, comme l'équitation, la voile, le golf ou les scrims. Il pratique aussi une forme de discrétion et de C'est à cela qu'on les distingue des nouveaux riches qui exhibent leur argent. La haute bourgeoisie, elle, préfère souvent un luxe feutré, sobre, presque invisible, d'où cette tendance qu'on voit fleurir sur les réseaux sociaux du « quiet luxury » que l'on retrouve principalement dans l'habillement, mais qui en réalité est une tendance de fond dans les catégories les plus aisées de la population et dont le reste de la population. tentent de s'emparer, puisqu'il y a toujours un phénomène de mimétisme du reste de la population sur les catégories les plus favorisées. Et puis il y a aussi les réseaux. On a parlé des réseaux d'anciens élèves, d'alumni de grandes écoles, mais il y a aussi des clubs privés. Les plus connus, les plus prestigieux en France, ce sont le Cercle de l'Union Interalliée, l'Automobile Club de France, le Rotary, le Lions Club. et ces rencontres dans les réseaux permettent... de nouer des liens et de se transmettre des opportunités, qu'elles soient professionnelles ou personnelles. Et enfin, dernier point, c'est la transmission et l'hérédité. C'est peut-être le point le plus décisif, puisque la bourgeoisie se reproduit par transmission. Comme l'explique le couple Pinson-Charlot, le choix des écoles, des loisirs, se fait pour maintenir un entre-soi et assurer la continuité sociale. Et donc on me demande souvent mais quelle est la différence entre la classe moyenne supérieure et la classe aisée parce que sur le papier les revenus peuvent parfois sembler proches et d'ailleurs ça n'est pas qu'une question de revenus. Je vais vous donner deux exemples qui ne sont pas des exemples réels mais qui sont des exemples archétypaux. Celui de deux ménages qui gagnent chacun le même revenu, 8000 euros net par mois. Dans la première famille on a un couple de cadres supérieurs, dont les revenus cumulés atteignent les 8000 euros nets par mois. Ils sont chacun diplômés d'une université publique, ils habitent dans une grande ville de province, ils remboursent leur crédit immobilier, ils ont acheté une voiture neuve à crédit, ils partent en vacances une à deux fois par an. Sur leur temps libre, ils regardent Netflix ou vont au cinéma, et ils arrivent à épargner quelques centaines d'euros chaque mois. Leurs enfants sont scolarisés dans une école publique ou privée de secteur, peu importe. Dans ce cas, on peut dire qu'ils appartiennent à la classe moyenne supérieure parce que certes ils vivent confortablement, mais leur patrimoine reste limité à leur résidence principale, et ils n'ont pas des pratiques culturelles qui sont celles des classes supérieures, et n'ont pas forcément accès au réseau fermé des élites, sans compter qu'ils n'habitent pas dans les quartiers les plus aisés, ceux où l'on retrouve les véritables classes supérieures. Deuxième famille... Qui gagne également 8000 euros par mois, cette fois on a un couple de hauts fonctionnaires ou de cadres supérieurs. Mais en plus, et contrairement aux précédents exemples, ils ont fait leurs études dans une grande école et ils ont hérité d'un appartement parisien. Ils ont également hérité de parts dans une entreprise familiale et ils possèdent un portefeuille financier. Ils fréquentent des associations professionnelles et sortent régulièrement au théâtre et à l'opéra. Leurs enfants sont inscrits dans des établissements privés très sélectifs comme Stanislas, l'école alsacienne. Et leurs vacances se passent souvent à l'étranger ou dans des destinations réputées où leurs parents possèdent une résidence secondaire. Cette famille, même avec le même revenu, elle n'appartient pas à la même classe que la précédente. Elle appartient clairement à la classe aisée. Pourquoi ? Parce qu'elle cumule revenus, patrimoine, réseau et capital culturel. Et c'est ça la vraie différence. La classe moyenne supérieure, elle vit de son revenu, tandis que la classe aisée, elle vit de ses revenus, de son patrimoine. et ils ont un cercle de sociabilité implanté dans une zone géographique et ils pratiquent certains loisirs culturels connotés socialement. Comme l'explique le sociologue Pierre Bourdieu, ce n'est pas seulement la quantité d'argent qui compte, mais c'est l'accumulation des différents capitaux. Le capital économique, le capital culturel et le capital social. Alors vous pourriez me dire, très bien mais comment est-ce qu'on fait pour rejoindre cette classe supérieure ? Surtout quand on n'a pas d'héritage familial. D'abord, il faut comprendre qu'il existe... plusieurs chemins. Alors certains sont peut-être plus difficiles à emprunter à l'âge adulte. Je pense notamment à la grande école et notamment par rapport au fait d'avoir fait ses études post-baccalauréat dans une de ces grandes écoles. Mais sachez qu'il existe des alternatives. Certaines grandes écoles, notamment toutes, en réalité, proposent des programmes de formation continue comme les MBA ou les exécutives MBA, qui ne donnent pas seulement un diplôme. mais aussi l'accès à un réseau d'anciens élèves très influents. Et ce réseau, c'est sans doute le levier le plus décisif que vous pouvez actionner dans votre parcours. Pas seulement avec les écoles, mais aussi par d'autres voies comme les associations professionnelles, entre autres. Ensuite, il y a l'ascension professionnelle. Gravir les échelons à l'intérieur de votre entreprise, viser des promotions ou... changer d'entreprise régulièrement ou même changer de secteur pour étoffer votre portefeuille de compétences ce sont plusieurs manières de favoriser votre progression professionnelle et donc votre progression sociale et enfin n'oubliez pas évidemment la dimension financière construire une richesse durable c'est essentiel ça peut se faire par l'investissement immobilier immobilier qui reste une valeur sûre. Alors attention ! pas comme les classes moyennes en achetant votre résidence principale, mais en vous orientant plutôt vers l'investissement locatif. Encore une fois, il faut le faire intelligemment. Ou bien l'autre levier, c'est l'entrepreneuriat, qui ouvre des perspectives considérables, à condition de le faire avec la bonne stratégie. Ce que je veux que vous reteniez, c'est que l'entrée dans la classe supérieure, ça n'est pas un chemin qui est verrouillé, et ça n'est pas non plus un chemin unique, ni un privilège réservé. C'est une combinaison de capital culturel, de réseau, d'opportunités professionnelles et de construction financière et patrimoniale. Et tout cela, vous pouvez le travailler étape par étape en choisissant la bonne porte d'entrée. Vous l'avez compris, la classe supérieure, c'est un monde complexe. Elle se définit par un ensemble de critères. Pour les résumer, il y a les revenus et le patrimoine, la profession, les diplômes, le lieu de résidence et les réseaux. et surtout une logique de transmission et de code culturel. Pourquoi est-ce important pour vous ? Parce que si vous visez l'ascension sociale, il est essentiel de connaître ce territoire. Ce tableau que je viens de brosser des classes supérieures, prenez-le comme une cartographie. Elle vous évite de vous perdre, elle vous permet de connaître les reliefs, les obstacles, mais aussi les chemins possibles. Et le but de ce podcast, si je peux filer la métaphore, c'est de vous fournir le GPS pour atteindre votre destination dans ces milieux. comment adopter les bons repères et avancer dans ces cercles avec le juste niveau de finesse et de stratégie. Merci infiniment d'avoir écouté cet épisode jusqu'au bout. Si cet épisode vous a plu, je vous invite à laisser un commentaire et une note 5 étoiles sur Apple Podcast ou Spotify. Et surtout, n'oubliez pas de vous abonner pour ne manquer aucun épisode. Cela étant dit... il ne me reste plus qu'à vous souhaiter une excellente journée ou une excellente soirée et je vous dis à très bientôt pour un prochain épisode d'élégance et ambition

Chapters

  • Introduction

    00:38

  • 1. Aux origines : avant et pendant la Révolution française

    03:46

  • 2. Du XIXᵉ siècle à la Belle Époque

    06:21

  • 3. Du XXᵉ siècle à nos jours

    10:20

  • 4. Portrait de la classe aisée aujourd’hui

    11:48

  • 4.a. Revenus et patrimoine

    12:01

  • 4.b. Les professions et l’éducation

    15:28

  • 4.c. Le territoire

    17:44

  • 4.d. Les codes culturels et sociaux

    19:13

  • 4.e La transmission et l’hérédité

    21:05

  • 5. La différence entre classe moyenne supérieure et classe aisée

    21:35

  • Comment rejoindre la classe aisée sans héritage familial

    23:59

  • Conclusion

    26:08

Description

Classe aisée, bourgeoisie, aristocratie : des mots que l’on entend souvent, mais qui restent flous. Dans cet épisode d’Élégance et Ambition, je vous propose une véritable cartographie sociologique de la classe supérieure. Vous allez découvrir son histoire, depuis la Révolution française jusqu’à aujourd’hui, comprendre comment elle se définit par ses revenus, son patrimoine, ses professions, ses lieux de résidence et ses codes culturels.

En écoutant cet épisode, vous allez mieux saisir ce que recouvre la notion de classe aisée, comment elle se distingue de la classe moyenne supérieure, et pourquoi la bourgeoisie, alliée à l’aristocratie, demeure une élite qui se reproduit par la transmission, les grandes écoles et les réseaux fermés.


Cet épisode est indispensable si vous souhaitez réussir votre ascension sociale : il vous permettra d’identifier les repères, les codes implicites et les barrières symboliques pour évoluer dans ce cercle social avec plus de clarté et de stratégie.


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Ce tableau des classes supérieures c’est une carte qui vous évite de vous perdre et qui vous permet de connaître les reliefs, les obstacles et les chemins possibles.


Épisodes recommandés :


Liens cités dans l’épisode :


Chapitres :

00:39 - Introduction

03:46 - 1. Aux origines : avant et pendant la Révolution française

06:22 - 2. Du XIXᵉ siècle à la Belle Époque

10:21 – 3. Du XXᵉ siècle à nos jours

11:47 – 4. Portrait de la classe aisée aujourd’hui

12:00 - 4.a. Revenus et patrimoine

15:28 - 4.b. Les professions et l’éducation

17:45 - 4.c. Le territoire

19:14 - 4.d. Les codes culturels et sociaux

21:05 - 4.e La transmission et l’hérédité

21:35- 5. La différence entre classe moyenne supérieure et classe aisée

24:00 - Comment rejoindre la classe aisée sans héritage familial

26:09 - Conclusion


Dans cet épisode on va parler de :

classe aisée, bourgeoisie, aristocratie, grandes écoles, hauts revenus, patrimoine immobilier, patrimoine financier, capital culturel, capital social, réseau influent, ambition, distinction sociale, réussite sociale, ascension sociale, cercle social


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Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans Élégance et Ambition. Je m'appelle Thalia, et après plusieurs années à décrypter les codes de la classe aisée, j'aide désormais les personnes ambitieuses à gravir l'échelle sociale tout en restant fidèles à elles-mêmes. Ici, on parle d'élégance, de savoir-être et de conseils pratiques pour naviguer dans les cercles les plus prestigieux. Dans ce podcast, je vous partage tout pour transformer vos ambitions en actions concrètes et vous accompagner pas à pas dans votre quête de réussite sociale. Alors installez-vous confortablement et laissez-vous inspirer. Bonjour et bienvenue dans le 21e épisode d'Ellégance et Ambition. Alors sachez que je suis particulièrement contente d'enregistrer cet épisode parce que, vous ne le savez pas, mais moi c'était mon objectif depuis le début. Quand on atteint le 21e épisode, quand on a publié 21 épisodes de podcast, Merci. on rentre dans le top 1% des podcasts parce que beaucoup de personnes quand elles lancent un podcast abandonnent en cours de route et donc je m'étais fixée comme objectif de ne pas abandonner avant le 21e épisode donc c'est chose faite je suis ravie d'en être arrivée là de vous offrir des épisodes depuis mars 2025 depuis que j'ai commencé à enregistrer le tout premier épisode et surtout merci pour votre fidélité pour vos écoutes puisque Eh ! si je continue à enregistrer des épisodes, c'est parce que chaque jour, chaque semaine et chaque mois, vous êtes de plus en plus nombreux et nombreuses à m'écouter. Donc, un grand merci à vous d'être là. Plongeons dans le vif du sujet. Et aujourd'hui, j'ai choisi de vous consacrer tout un épisode à un sujet que j'évoque souvent, en tout cas à des termes que j'emploie souvent, à savoir la classe aisée, la classe supérieure, la bourgeoisie, l'élite. Ce sont des termes que j'emploie, que vous entendez régulièrement, mais je sais qu'ils ne sont pas toujours très clairs. Et l'objectif de cet épisode, c'est d'éclairer ce que ces termes recouvrent vraiment, de quoi parle-t-on, de qui parle-t-on quand on dit les classes supérieures, la classe aisée et toute la ribambelle de termes que je peux utiliser pour parler de ce sujet que j'évoque avec vous depuis le début du podcast. Et surtout, pourquoi est-ce important pour vous, qui êtes engagés dans une démarche d'ascension sociale, de comprendre ces termes et ce qu'ils recouvrent ? Parce que comprendre ces catégories sociales, c'est comme lire la carte d'un territoire dans lequel vous allez entrer. Avec ces explications que je vais vous donner dans cet épisode, vous ne partirez pas à l'aveugle, vous saurez où vous mettez les pieds et quelles sont les règles implicites et les codes qui sont en jeu quand on s'engage dans une démarche de progression sociale. Et donc, au programme de cet épisode, je vais vous raconter d'où vient la bourgeoisie, les catégories aisées, et nous allons explorer l'histoire française, et oui, nous allons remonter jusqu'à la Révolution française de 1789. C'était nécessaire de remonter jusque-là, d'une part pour la culture générale, c'est toujours bon de connaître un peu l'histoire, mais aussi pour que vous compreniez mieux ce qu'est la classe aisée en 2025, aujourd'hui en France. J'en profite pour préciser... que nous parlerons du contexte français. Donc si vous m'écoutez à l'étranger, les contextes nationaux et historiques sont différents. Étant française et ayant la majorité de mes auditeurs et auditrices en France, nous allons rester sur le contexte français. À la suite de ce tableau, je brosserai un portrait détaillé de ce qu'est la classe aisée aujourd'hui, ses revenus, son patrimoine, ses professions, ses lieux de vie, ses habitudes culturelles et sociales, mais aussi ses mécanismes de transmission. Et à la fin, vous aurez une cartographie claire et concrète de ce monde qui vous aidera à mieux comprendre vos propres objectifs d'élévation sociale. Pour commencer, comme je vous l'avais promis, un peu d'histoire. Aux origines des classes supérieures aujourd'hui, il y a la Révolution française et même, il faut remonter un tout petit peu avant. À la veille de la Révolution française, sous l'Ancien Régime, la société française, elle était divisée en trois ordres. Le clergé, la noblesse et le tiers-état. Ça, c'est ce qu'on apprend en cours d'histoire. Le tiers état, il regroupait la majorité des français. C'était une classe qui était composée de paysans, d'artisans, de commerçants. Mais en son sein, il y a une partie qui s'est distinguée, notamment au cours du XVIIIe siècle, c'est précisément la bourgeoisie. Et cette bourgeoisie, on pouvait la découper en deux catégories. La première, c'est une bourgeoisie marchande et financière, qui est composée donc de commerçants et de banquiers, qui s'est... enrichie par le commerce international et qui a profité de l'essor économique du XVIIIe siècle pour prospérer. La seconde catégorie, c'est une bourgeoisie de robes composée de fonctionnaires, d'hommes de loi, de magistrats qui aspirent à jouer un rôle politique dans la société. Et face à cette montée en puissance, la noblesse réaffirme son principe, celui selon lequel la naissance prime sur la fortune et l'instruction. A cette époque, il faut comprendre qu'il n'y a pas de perméabilité entre les classes sociales c'est-à-dire que lorsqu'on naît, est naïté dans une classe sociale, on y reste toute sa vie, et si vous avez des enfants, il n'y a pas de possibilité qu'ils effectuent une ascension sociale même en leur transmettant les codes. On naît, on vit et on meurt dans sa classe sociale. Et il y a une forme de supériorité des deux ordres que sont le clergé et la noblesse sur le tiers état. Et le tiers état, qui représente la majorité de la population, c'est aussi la classe qui paye la plus grande partie de l'impôt et qui commencent à être étonnantes écrasé par les taxes que le système lui fait supporter. Et c'est dans ce contexte que les idées des Lumières circulent, donc les Lumières c'est un courant philosophique et politique et la bourgeoisie s'empare de ce courant pour diffuser un idéal nouveau, celui de la fin des privilèges et de la promotion par le mérite et la richesse acquises. En 1789, la Révolution française éclate et contrairement à l'image d'épinal qu'on a du paysan avec sa fourche, le Le déclenchement de cette révolution, elle ne vient pas seulement d'une révolte populaire, mais justement de ces idées qui ont été poussées par la bourgeoisie. Et donc, suite à cette révolution, les privilèges de la noblesse et du clergé sont abolis, et c'est la bourgeoisie du tiers-état qui devient la classe d'onim Nantes sur le plan politique et économie. Et à ce moment-là, la société française entre dans une nouvelle ère historique, politique et économique, la fin de la monarchie de droit divin. la fin de cette société en trois ordres, et surtout, sur le plan économie, c'est le début de la révolution industrielle, qui est permise par un certain nombre d'innovations technologiques. Cette révolution industrielle, elle permet à la bourgeoisie de consolider son pouvoir grâce à l'essor de l'industrialisation. Et c'est au cours du XIXe siècle que les grands commerçants, les banquiers, les industriels deviennent l'élite économique du pays. À partir de 1870, et l'avènement de la Troisième République, il y a un tournant majeur qui se produit au niveau des idées, puisque c'est à cette époque que l'idée d'un républicanisme méritocratique se met en place. Qu'est-ce qu'il se passe en France à ce moment-là ? Eh bien, on met en place un système de concours, d'examens et de bourses pour élargir le recrutement des élites. D'ailleurs, c'est à cette époque que l'instruction devient obligatoire. pour l'ensemble des enfants, avec les lois férées des années 1890-1881, et ont créé des grandes écoles de la République, qui ont pour but de donner au pays une élite politique et économique, notamment Sciences Po, qui est créée en 1872, et HEC en 1881. Et comme l'ont montré les travaux de Pierre Bourdieu, ces institutions ne donnent pas seulement des diplômes, elles fabriquent aussi du capital social et du capital culturel, et surtout elles permettent à la bourgeoisie de légitimer sa place en l'habillant d'une logique de mérite. Vient ensuite le XXe siècle, et à la Belle Époque, au début du siècle, vers les années 1900-1910, une autre transformation s'opère, c'est la fusion entre la haute bourgeoisie, donc celle dont on a parlé au XIXe siècle qui s'est enrichie avec l'ère industrielle, et de l'aristocratie. Les sociologues Monique Pinson-Charlot et Michel Pinson ont bien décrit ce processus. Avec la Révolution, la noblesse avait perdu une grande partie de son pouvoir économique et elle parvient à retrouver sa place et à redorer son blason en s'unissant par des alliances matrimoniales et sociales avec la haute bourgeoisie industrielle et financière. Et ensemble, ces deux catégories vont former une élite recomposée qui domine à la fois par la richesse et par l'ancienneté. Alors, un point sur la noblesse ou l'aristocratie tout de même, parce que j'en parle et ça fait partie des termes qu'il faut définir. J'emploie le terme d'aristocratie, mais en réalité c'est un abus de langage, puisque le terme aristocratie désigne un régime politique dans lequel le pouvoir est détenu par une élite qui est minoritaire mais dominante. Étymologiquement, aristocratie, ça veut dire le gouvernement des meilleurs. Et ça peut être des nobles, des notables, des riches, mais pas forcément, pas nécessairement des nobles en tout cas. Avec la Révolution française, le terme aristocratie est employé par abus de langage pour désigner la noblesse. Mais si on veut être précis, le vrai terme à employer pour parler de ceux que j'ai appelés des aristocrates, ce sont plutôt des nobles. Et c'est un groupe social qui vient de la société des trois ordres dont on a parlé au début de l'épisode, qui vient de l'organisation féodale. On avait, si on reprend les termes latins, les oratores, ceux qui prient, donc le clergé, les laboratores, ceux qui travaillent, le tiers état, et les... bellatores, ceux qui font la guerre, la noblesse. Et donc la noblesse, c'est une classe sociale issue des seigneurs et des chevaliers du temps du Moyen-Âge et qui se sont constitués, qui se sont cooptés en tant que castes pour leur capacité à combattre et à diriger d'autres combats. combattant pour défendre des terres. Après la Révolution française, cet héritage a perduré, notamment à travers la transmission familiale, la transmission d'un nom et des pratiques plutôt endogames qui visaient à préserver le patronyme et les traditions. Revenons au XXe siècle et nous faisons un bond vers la moitié du siècle. Il vient la période des grands bouleversements du XXe siècle et notamment la Seconde Guerre mondiale. qui rebat les cartes puisque beaucoup de familles perdent leur patrimoine, les destructions économiques immobilières sont massives et la transmission héréditaire est affaiblie. À cette époque, seulement 30% du patrimoine des ménages vient de l'héritage. Après 1945, la France entre dans une période de prospérité économique appelée les Trente Glorieuses. C'est une période de croissance exceptionnelle qui permet à des millions de Français de vivre. Quelle que soit la classe sociale, une ascension sociale réelle en termes de niveau de vie, de pouvoir d'achat. Et c'est à ce moment-là qu'apparaît le rêve d'une France méritocratique, où chacun, par le travail et les études, peut espérer rejoindre la classe supérieure. Mais à partir des années 1980, cette mobilité sociale ralentit, en même temps que la machine économique. Et aujourd'hui, au XXIe siècle, la bourgeoisie existe toujours, et elle continue de se reproduire, principalement par... héritage, réseau et capital culturel, comme l'ont analysé le couple Pinçon-Charlot. Quant au reste de la population, on assiste à une forme d'immobilisme social, la mobilité sociale est bloquée, on parle d'ascenseur social en panne, et encore plus récemment, depuis les années 2010, on parle de déclassement social. Mais revenons à nos catégories les plus favorisées de la population. Qu'en est-il ? Qui sont concrètement les membres de cette Merci. fameuse classe supérieure aujourd'hui en France en 2025. D'abord, bien sûr, il y a la question des revenus. C'est souvent par cette métrique, par cette donnée qu'on définit les catégories sociales. Et donc je vais commencer par cet aspect. Selon l'Observatoire des inégalités, on entre dans la catégorie des personnes aisées à partir de 3 100 euros net par mois pour une personne seule. À partir de 3 860 euros net par mois, on parle de riches. Et puis au-dessus, les chiffres montent très vite. Le top 10% gagne plus de 4 180 euros par mois, le top 1% plus de 10 000 euros par mois, et les 0,1% les plus riches dépassent les 27 000 euros par mois, selon un rapport de l'INSEE émis en 2024. Et oui, il y a des gens qui gagnent plus de 27 000 euros par mois. Mais le revenu, ça n'est qu'une partie de l'histoire. L'autre pilier, c'est le patrimoine. Sachant que le patrimoine médian en France, il est de 177 000 euros. Et on est considéré comme riche si l'on possède deux fois cette somme, c'est-à-dire 354 000 euros. Quant au top 10%, lui, il dépasse les 716 000 euros. Et le top 1%, il détient en moyenne plus de 2,2 millions d'euros. Et pour mieux comprendre ce qui distingue vraiment les classes supérieures, pensons-nous sur les sources de revenus et la nature de leur patrimoine. Des éléments qui sont clés pour décrypter leur assise économique et sociale. Pour les 10% des Français les plus aisés, c'est 77% du niveau de vie qui provient du salaire, 7% des revenus fonciers, donc des biens, des loyers, des investissements immobiliers, et 3% qui viennent des revenus mobiliers, donc des revenus issus du placement du capital, soit dans des placements en bourse, dans des assurances vie et autres placements de capitaux. Mais si on s'intéresse au 1% les plus... plus aisée, les salaires ne représentent plus que 60% du revenu disponible contre 35% des revenus mobiliers. Et si on s'intéresse au 0,1%, la part des salaires dans le revenu disponible tombe à 43% et les revenus mobiliers représentent 68%, donc la grande majorité des revenus disponibles déclarés. Et si l'on s'intéresse à la composition du patrimoine, voici ce que l'INSEE nous apprend sur la structure du patrimoine des ménages les plus fortunés. En moyenne... leur patrimoine est composé de 54% de biens immobiliers, à savoir une résidence principale ou des biens locatifs, vient ensuite 23% en actifs financiers, donc des assurances-vie, des parts d'entreprise, des valeurs mobilières, et 19% provient d'un patrimoine professionnel, c'est-à-dire une entreprise, les fonds ou les outils de production qu'il possède. Mais lorsqu'on zoome sur le 99e centile, donc les 1% les mieux dotés en patrimoine, la donne change complètement. L'immobilier ne représente plus que 36%, tandis que le patrimoine professionnel, lui, grimpe à 34% et le patrimoine financier à 27%. Concrètement, chez les plus aisés, les revenus ne viennent pas seulement du travail, mais aussi du capital et leur fortune ne se limite pas à l'immobilier. Classique, elle inclut une part croissante d'actifs financiers et surtout, chez les ultra-riches, d'un véritable patrimoine professionnel. Et de manière générale, une partie de la bourgeoisie, notamment celle la plus fortunée, celle qu'on retrouve dans les 1%, voire les 0,1%, elle vit moins de ses revenus que de son patrimoine. Donc des biens immobiliers, des portefeuilles financiers, avec une partie de ces éléments qui sont issus de l'héritage. Deuxième champ de catégorisation Et là, on va s'aventurer dans des considérations qui sont moins souvent explicitées pour désigner les personnes les plus favorisées dans notre société, à savoir la profession et l'éducation. Parce que les revenus, c'est bien, mais ce n'est qu'une composante de l'équation puisque le statut professionnel, on parle bien de catégorie socio-professionnelle, donc le statut professionnel a une importance considérable. Et de la même manière qu'on pouvait distinguer deux types de bourgeoisie au XVIIIe et XIXe siècle, aujourd'hui, il existe encore deux types de bourgeoisie. D'une part, il y a la bourgeoisie économique, qui est composée de dirigeants et de cadres de grandes entreprises, de dirigeants industriels, de cadres dans la banque ou la finance, d'indépendants, professions libérales très fortunées, comme des grands médecins, des grands avocats, qui votent plutôt à droite, et... De l'autre côté, on a une bourgeoisie intellectuelle qui est plutôt composée de professions intellectuelles supérieures, comme des professeurs d'université, des hauts fonctionnaires notamment. Et surtout, l'ascenseur principal pour entrer dans ces milieux reste l'éducation. Et comme l'a montré Pierre Bourdieu dans son ouvrage La noblesse d'État, ce sont les grandes écoles qui jouent un rôle central dans l'accession à ces professions, notamment HEC, Polytechnique, Sciences Po. l'ENA, qui aujourd'hui s'appelle l'INSP. Et ces écoles, elles ne donnent pas seulement un diplôme prestigieux, elles donnent accès à un réseau social puissant qui accompagne chacun de ses membres toute sa vie, toute sa vie professionnelle et même toute sa vie tout court. Donc l'appartenance à cette classe supérieure, elle se fait non seulement par le revenu, mais aussi par le fait d'occuper une certaine profession, une certaine position professionnelle. Ainsi, que d'avoir fréquenté un certain nombre de grandes écoles. J'en ai cité, j'ai oublié de parler de l'école normale supérieure, des mines de centrales pour les ingénieurs, mais pas, contrairement à ce qu'on pourrait penser, d'université classique. Dans les milieux aisés, le diplôme d'université classique n'a pas la même valeur qu'un diplôme d'une grande école, notamment celle que j'ai mentionnée. L'appartenance à la classe supérieure, il s'incarne aussi dans l'espace géographique. un haut revenu Ou plutôt, une position professionnelle qui permet d'avoir un haut revenu permet de se loger dans certaines zones géographiques, notamment les centres-villes, et plus particulièrement dans certains quartiers dans lesquels les prix de l'immobilier ou des loyers met des barrières à l'entrée pour une grande partie de la population. À Paris, les bastions principaux, ce sont les 7e, 8e et 16e arrondissements, avec des enclaves presque fortifiées, comme la Villa Montmorency, où tout est privé et protégé et où... On ne rencontre ou les résidents ne sont que des grandes fortunes. A Paris, toujours, les ménages les plus aisés habitent également des communes comme Neuilly-sur-Seine, Saint-Cloud ou Boulogne-Biancourt où se concentre une forte densité de familles aisées. Pour vous donner une idée, à Neuilly-sur-Seine, le revenu médian est de 4000 euros par mois contre 2000 euros pour la France de manière générale. Et les 10% les plus aisés gagnent plus de 10 000 euros par mois contre 4100 euros. Si l'on prend l'ensemble de la population. A Saint-Cloud, le revenu médian est de 3 300 euros par mois, et le seuil des 10% les plus riches se trouve à 7 000 euros par mois. On peut décrire le même phénomène dans toutes les grandes villes de France, à Marseille, Bordeaux, Lyon. Je n'ai pas suffisamment habité dans ces villes pour vous décrire quels quartiers sont les plus aisés, mais... De manière générale, comme l'ont décrit Monique Pinson-Charlot et Michel Pinson dans leur ouvrage Les ghettos du Gotha, ce sont des véritables territoires d'entre-soi qui sont choisis pour maintenir une homogénéité sociale. Ensuite, il y a, parmi les facteurs qui catégorisent la classe aisée, les codes culturels et sociaux. Ce qui définit le plus les élites, ce ne sont pas seulement leurs revenus ou leurs adresses, ce sont leurs codes culturels. Ils ont des loisirs qui sont marqués par la distinction, donc des voyages. à l'international et en France, dans des lieux qui sont connus, Saint-Tropez, l'île de Ré, la Baule. Dans les loisirs, on peut également trouver l'art contemporain, par fait d'assister à des vernissages, de faire l'acquisition d'œuvres. Il y a la fréquentation des théâtres, des opéras, la gastronomie, des sports, dont le ticket d'entrée est relativement onéreux, comme l'équitation, la voile, le golf ou les scrims. Il pratique aussi une forme de discrétion et de C'est à cela qu'on les distingue des nouveaux riches qui exhibent leur argent. La haute bourgeoisie, elle, préfère souvent un luxe feutré, sobre, presque invisible, d'où cette tendance qu'on voit fleurir sur les réseaux sociaux du « quiet luxury » que l'on retrouve principalement dans l'habillement, mais qui en réalité est une tendance de fond dans les catégories les plus aisées de la population et dont le reste de la population. tentent de s'emparer, puisqu'il y a toujours un phénomène de mimétisme du reste de la population sur les catégories les plus favorisées. Et puis il y a aussi les réseaux. On a parlé des réseaux d'anciens élèves, d'alumni de grandes écoles, mais il y a aussi des clubs privés. Les plus connus, les plus prestigieux en France, ce sont le Cercle de l'Union Interalliée, l'Automobile Club de France, le Rotary, le Lions Club. et ces rencontres dans les réseaux permettent... de nouer des liens et de se transmettre des opportunités, qu'elles soient professionnelles ou personnelles. Et enfin, dernier point, c'est la transmission et l'hérédité. C'est peut-être le point le plus décisif, puisque la bourgeoisie se reproduit par transmission. Comme l'explique le couple Pinson-Charlot, le choix des écoles, des loisirs, se fait pour maintenir un entre-soi et assurer la continuité sociale. Et donc on me demande souvent mais quelle est la différence entre la classe moyenne supérieure et la classe aisée parce que sur le papier les revenus peuvent parfois sembler proches et d'ailleurs ça n'est pas qu'une question de revenus. Je vais vous donner deux exemples qui ne sont pas des exemples réels mais qui sont des exemples archétypaux. Celui de deux ménages qui gagnent chacun le même revenu, 8000 euros net par mois. Dans la première famille on a un couple de cadres supérieurs, dont les revenus cumulés atteignent les 8000 euros nets par mois. Ils sont chacun diplômés d'une université publique, ils habitent dans une grande ville de province, ils remboursent leur crédit immobilier, ils ont acheté une voiture neuve à crédit, ils partent en vacances une à deux fois par an. Sur leur temps libre, ils regardent Netflix ou vont au cinéma, et ils arrivent à épargner quelques centaines d'euros chaque mois. Leurs enfants sont scolarisés dans une école publique ou privée de secteur, peu importe. Dans ce cas, on peut dire qu'ils appartiennent à la classe moyenne supérieure parce que certes ils vivent confortablement, mais leur patrimoine reste limité à leur résidence principale, et ils n'ont pas des pratiques culturelles qui sont celles des classes supérieures, et n'ont pas forcément accès au réseau fermé des élites, sans compter qu'ils n'habitent pas dans les quartiers les plus aisés, ceux où l'on retrouve les véritables classes supérieures. Deuxième famille... Qui gagne également 8000 euros par mois, cette fois on a un couple de hauts fonctionnaires ou de cadres supérieurs. Mais en plus, et contrairement aux précédents exemples, ils ont fait leurs études dans une grande école et ils ont hérité d'un appartement parisien. Ils ont également hérité de parts dans une entreprise familiale et ils possèdent un portefeuille financier. Ils fréquentent des associations professionnelles et sortent régulièrement au théâtre et à l'opéra. Leurs enfants sont inscrits dans des établissements privés très sélectifs comme Stanislas, l'école alsacienne. Et leurs vacances se passent souvent à l'étranger ou dans des destinations réputées où leurs parents possèdent une résidence secondaire. Cette famille, même avec le même revenu, elle n'appartient pas à la même classe que la précédente. Elle appartient clairement à la classe aisée. Pourquoi ? Parce qu'elle cumule revenus, patrimoine, réseau et capital culturel. Et c'est ça la vraie différence. La classe moyenne supérieure, elle vit de son revenu, tandis que la classe aisée, elle vit de ses revenus, de son patrimoine. et ils ont un cercle de sociabilité implanté dans une zone géographique et ils pratiquent certains loisirs culturels connotés socialement. Comme l'explique le sociologue Pierre Bourdieu, ce n'est pas seulement la quantité d'argent qui compte, mais c'est l'accumulation des différents capitaux. Le capital économique, le capital culturel et le capital social. Alors vous pourriez me dire, très bien mais comment est-ce qu'on fait pour rejoindre cette classe supérieure ? Surtout quand on n'a pas d'héritage familial. D'abord, il faut comprendre qu'il existe... plusieurs chemins. Alors certains sont peut-être plus difficiles à emprunter à l'âge adulte. Je pense notamment à la grande école et notamment par rapport au fait d'avoir fait ses études post-baccalauréat dans une de ces grandes écoles. Mais sachez qu'il existe des alternatives. Certaines grandes écoles, notamment toutes, en réalité, proposent des programmes de formation continue comme les MBA ou les exécutives MBA, qui ne donnent pas seulement un diplôme. mais aussi l'accès à un réseau d'anciens élèves très influents. Et ce réseau, c'est sans doute le levier le plus décisif que vous pouvez actionner dans votre parcours. Pas seulement avec les écoles, mais aussi par d'autres voies comme les associations professionnelles, entre autres. Ensuite, il y a l'ascension professionnelle. Gravir les échelons à l'intérieur de votre entreprise, viser des promotions ou... changer d'entreprise régulièrement ou même changer de secteur pour étoffer votre portefeuille de compétences ce sont plusieurs manières de favoriser votre progression professionnelle et donc votre progression sociale et enfin n'oubliez pas évidemment la dimension financière construire une richesse durable c'est essentiel ça peut se faire par l'investissement immobilier immobilier qui reste une valeur sûre. Alors attention ! pas comme les classes moyennes en achetant votre résidence principale, mais en vous orientant plutôt vers l'investissement locatif. Encore une fois, il faut le faire intelligemment. Ou bien l'autre levier, c'est l'entrepreneuriat, qui ouvre des perspectives considérables, à condition de le faire avec la bonne stratégie. Ce que je veux que vous reteniez, c'est que l'entrée dans la classe supérieure, ça n'est pas un chemin qui est verrouillé, et ça n'est pas non plus un chemin unique, ni un privilège réservé. C'est une combinaison de capital culturel, de réseau, d'opportunités professionnelles et de construction financière et patrimoniale. Et tout cela, vous pouvez le travailler étape par étape en choisissant la bonne porte d'entrée. Vous l'avez compris, la classe supérieure, c'est un monde complexe. Elle se définit par un ensemble de critères. Pour les résumer, il y a les revenus et le patrimoine, la profession, les diplômes, le lieu de résidence et les réseaux. et surtout une logique de transmission et de code culturel. Pourquoi est-ce important pour vous ? Parce que si vous visez l'ascension sociale, il est essentiel de connaître ce territoire. Ce tableau que je viens de brosser des classes supérieures, prenez-le comme une cartographie. Elle vous évite de vous perdre, elle vous permet de connaître les reliefs, les obstacles, mais aussi les chemins possibles. Et le but de ce podcast, si je peux filer la métaphore, c'est de vous fournir le GPS pour atteindre votre destination dans ces milieux. comment adopter les bons repères et avancer dans ces cercles avec le juste niveau de finesse et de stratégie. Merci infiniment d'avoir écouté cet épisode jusqu'au bout. Si cet épisode vous a plu, je vous invite à laisser un commentaire et une note 5 étoiles sur Apple Podcast ou Spotify. Et surtout, n'oubliez pas de vous abonner pour ne manquer aucun épisode. Cela étant dit... il ne me reste plus qu'à vous souhaiter une excellente journée ou une excellente soirée et je vous dis à très bientôt pour un prochain épisode d'élégance et ambition

Chapters

  • Introduction

    00:38

  • 1. Aux origines : avant et pendant la Révolution française

    03:46

  • 2. Du XIXᵉ siècle à la Belle Époque

    06:21

  • 3. Du XXᵉ siècle à nos jours

    10:20

  • 4. Portrait de la classe aisée aujourd’hui

    11:48

  • 4.a. Revenus et patrimoine

    12:01

  • 4.b. Les professions et l’éducation

    15:28

  • 4.c. Le territoire

    17:44

  • 4.d. Les codes culturels et sociaux

    19:13

  • 4.e La transmission et l’hérédité

    21:05

  • 5. La différence entre classe moyenne supérieure et classe aisée

    21:35

  • Comment rejoindre la classe aisée sans héritage familial

    23:59

  • Conclusion

    26:08

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Description

Classe aisée, bourgeoisie, aristocratie : des mots que l’on entend souvent, mais qui restent flous. Dans cet épisode d’Élégance et Ambition, je vous propose une véritable cartographie sociologique de la classe supérieure. Vous allez découvrir son histoire, depuis la Révolution française jusqu’à aujourd’hui, comprendre comment elle se définit par ses revenus, son patrimoine, ses professions, ses lieux de résidence et ses codes culturels.

En écoutant cet épisode, vous allez mieux saisir ce que recouvre la notion de classe aisée, comment elle se distingue de la classe moyenne supérieure, et pourquoi la bourgeoisie, alliée à l’aristocratie, demeure une élite qui se reproduit par la transmission, les grandes écoles et les réseaux fermés.


Cet épisode est indispensable si vous souhaitez réussir votre ascension sociale : il vous permettra d’identifier les repères, les codes implicites et les barrières symboliques pour évoluer dans ce cercle social avec plus de clarté et de stratégie.


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Ce tableau des classes supérieures c’est une carte qui vous évite de vous perdre et qui vous permet de connaître les reliefs, les obstacles et les chemins possibles.


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00:39 - Introduction

03:46 - 1. Aux origines : avant et pendant la Révolution française

06:22 - 2. Du XIXᵉ siècle à la Belle Époque

10:21 – 3. Du XXᵉ siècle à nos jours

11:47 – 4. Portrait de la classe aisée aujourd’hui

12:00 - 4.a. Revenus et patrimoine

15:28 - 4.b. Les professions et l’éducation

17:45 - 4.c. Le territoire

19:14 - 4.d. Les codes culturels et sociaux

21:05 - 4.e La transmission et l’hérédité

21:35- 5. La différence entre classe moyenne supérieure et classe aisée

24:00 - Comment rejoindre la classe aisée sans héritage familial

26:09 - Conclusion


Dans cet épisode on va parler de :

classe aisée, bourgeoisie, aristocratie, grandes écoles, hauts revenus, patrimoine immobilier, patrimoine financier, capital culturel, capital social, réseau influent, ambition, distinction sociale, réussite sociale, ascension sociale, cercle social


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Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans Élégance et Ambition. Je m'appelle Thalia, et après plusieurs années à décrypter les codes de la classe aisée, j'aide désormais les personnes ambitieuses à gravir l'échelle sociale tout en restant fidèles à elles-mêmes. Ici, on parle d'élégance, de savoir-être et de conseils pratiques pour naviguer dans les cercles les plus prestigieux. Dans ce podcast, je vous partage tout pour transformer vos ambitions en actions concrètes et vous accompagner pas à pas dans votre quête de réussite sociale. Alors installez-vous confortablement et laissez-vous inspirer. Bonjour et bienvenue dans le 21e épisode d'Ellégance et Ambition. Alors sachez que je suis particulièrement contente d'enregistrer cet épisode parce que, vous ne le savez pas, mais moi c'était mon objectif depuis le début. Quand on atteint le 21e épisode, quand on a publié 21 épisodes de podcast, Merci. on rentre dans le top 1% des podcasts parce que beaucoup de personnes quand elles lancent un podcast abandonnent en cours de route et donc je m'étais fixée comme objectif de ne pas abandonner avant le 21e épisode donc c'est chose faite je suis ravie d'en être arrivée là de vous offrir des épisodes depuis mars 2025 depuis que j'ai commencé à enregistrer le tout premier épisode et surtout merci pour votre fidélité pour vos écoutes puisque Eh ! si je continue à enregistrer des épisodes, c'est parce que chaque jour, chaque semaine et chaque mois, vous êtes de plus en plus nombreux et nombreuses à m'écouter. Donc, un grand merci à vous d'être là. Plongeons dans le vif du sujet. Et aujourd'hui, j'ai choisi de vous consacrer tout un épisode à un sujet que j'évoque souvent, en tout cas à des termes que j'emploie souvent, à savoir la classe aisée, la classe supérieure, la bourgeoisie, l'élite. Ce sont des termes que j'emploie, que vous entendez régulièrement, mais je sais qu'ils ne sont pas toujours très clairs. Et l'objectif de cet épisode, c'est d'éclairer ce que ces termes recouvrent vraiment, de quoi parle-t-on, de qui parle-t-on quand on dit les classes supérieures, la classe aisée et toute la ribambelle de termes que je peux utiliser pour parler de ce sujet que j'évoque avec vous depuis le début du podcast. Et surtout, pourquoi est-ce important pour vous, qui êtes engagés dans une démarche d'ascension sociale, de comprendre ces termes et ce qu'ils recouvrent ? Parce que comprendre ces catégories sociales, c'est comme lire la carte d'un territoire dans lequel vous allez entrer. Avec ces explications que je vais vous donner dans cet épisode, vous ne partirez pas à l'aveugle, vous saurez où vous mettez les pieds et quelles sont les règles implicites et les codes qui sont en jeu quand on s'engage dans une démarche de progression sociale. Et donc, au programme de cet épisode, je vais vous raconter d'où vient la bourgeoisie, les catégories aisées, et nous allons explorer l'histoire française, et oui, nous allons remonter jusqu'à la Révolution française de 1789. C'était nécessaire de remonter jusque-là, d'une part pour la culture générale, c'est toujours bon de connaître un peu l'histoire, mais aussi pour que vous compreniez mieux ce qu'est la classe aisée en 2025, aujourd'hui en France. J'en profite pour préciser... que nous parlerons du contexte français. Donc si vous m'écoutez à l'étranger, les contextes nationaux et historiques sont différents. Étant française et ayant la majorité de mes auditeurs et auditrices en France, nous allons rester sur le contexte français. À la suite de ce tableau, je brosserai un portrait détaillé de ce qu'est la classe aisée aujourd'hui, ses revenus, son patrimoine, ses professions, ses lieux de vie, ses habitudes culturelles et sociales, mais aussi ses mécanismes de transmission. Et à la fin, vous aurez une cartographie claire et concrète de ce monde qui vous aidera à mieux comprendre vos propres objectifs d'élévation sociale. Pour commencer, comme je vous l'avais promis, un peu d'histoire. Aux origines des classes supérieures aujourd'hui, il y a la Révolution française et même, il faut remonter un tout petit peu avant. À la veille de la Révolution française, sous l'Ancien Régime, la société française, elle était divisée en trois ordres. Le clergé, la noblesse et le tiers-état. Ça, c'est ce qu'on apprend en cours d'histoire. Le tiers état, il regroupait la majorité des français. C'était une classe qui était composée de paysans, d'artisans, de commerçants. Mais en son sein, il y a une partie qui s'est distinguée, notamment au cours du XVIIIe siècle, c'est précisément la bourgeoisie. Et cette bourgeoisie, on pouvait la découper en deux catégories. La première, c'est une bourgeoisie marchande et financière, qui est composée donc de commerçants et de banquiers, qui s'est... enrichie par le commerce international et qui a profité de l'essor économique du XVIIIe siècle pour prospérer. La seconde catégorie, c'est une bourgeoisie de robes composée de fonctionnaires, d'hommes de loi, de magistrats qui aspirent à jouer un rôle politique dans la société. Et face à cette montée en puissance, la noblesse réaffirme son principe, celui selon lequel la naissance prime sur la fortune et l'instruction. A cette époque, il faut comprendre qu'il n'y a pas de perméabilité entre les classes sociales c'est-à-dire que lorsqu'on naît, est naïté dans une classe sociale, on y reste toute sa vie, et si vous avez des enfants, il n'y a pas de possibilité qu'ils effectuent une ascension sociale même en leur transmettant les codes. On naît, on vit et on meurt dans sa classe sociale. Et il y a une forme de supériorité des deux ordres que sont le clergé et la noblesse sur le tiers état. Et le tiers état, qui représente la majorité de la population, c'est aussi la classe qui paye la plus grande partie de l'impôt et qui commencent à être étonnantes écrasé par les taxes que le système lui fait supporter. Et c'est dans ce contexte que les idées des Lumières circulent, donc les Lumières c'est un courant philosophique et politique et la bourgeoisie s'empare de ce courant pour diffuser un idéal nouveau, celui de la fin des privilèges et de la promotion par le mérite et la richesse acquises. En 1789, la Révolution française éclate et contrairement à l'image d'épinal qu'on a du paysan avec sa fourche, le Le déclenchement de cette révolution, elle ne vient pas seulement d'une révolte populaire, mais justement de ces idées qui ont été poussées par la bourgeoisie. Et donc, suite à cette révolution, les privilèges de la noblesse et du clergé sont abolis, et c'est la bourgeoisie du tiers-état qui devient la classe d'onim Nantes sur le plan politique et économie. Et à ce moment-là, la société française entre dans une nouvelle ère historique, politique et économique, la fin de la monarchie de droit divin. la fin de cette société en trois ordres, et surtout, sur le plan économie, c'est le début de la révolution industrielle, qui est permise par un certain nombre d'innovations technologiques. Cette révolution industrielle, elle permet à la bourgeoisie de consolider son pouvoir grâce à l'essor de l'industrialisation. Et c'est au cours du XIXe siècle que les grands commerçants, les banquiers, les industriels deviennent l'élite économique du pays. À partir de 1870, et l'avènement de la Troisième République, il y a un tournant majeur qui se produit au niveau des idées, puisque c'est à cette époque que l'idée d'un républicanisme méritocratique se met en place. Qu'est-ce qu'il se passe en France à ce moment-là ? Eh bien, on met en place un système de concours, d'examens et de bourses pour élargir le recrutement des élites. D'ailleurs, c'est à cette époque que l'instruction devient obligatoire. pour l'ensemble des enfants, avec les lois férées des années 1890-1881, et ont créé des grandes écoles de la République, qui ont pour but de donner au pays une élite politique et économique, notamment Sciences Po, qui est créée en 1872, et HEC en 1881. Et comme l'ont montré les travaux de Pierre Bourdieu, ces institutions ne donnent pas seulement des diplômes, elles fabriquent aussi du capital social et du capital culturel, et surtout elles permettent à la bourgeoisie de légitimer sa place en l'habillant d'une logique de mérite. Vient ensuite le XXe siècle, et à la Belle Époque, au début du siècle, vers les années 1900-1910, une autre transformation s'opère, c'est la fusion entre la haute bourgeoisie, donc celle dont on a parlé au XIXe siècle qui s'est enrichie avec l'ère industrielle, et de l'aristocratie. Les sociologues Monique Pinson-Charlot et Michel Pinson ont bien décrit ce processus. Avec la Révolution, la noblesse avait perdu une grande partie de son pouvoir économique et elle parvient à retrouver sa place et à redorer son blason en s'unissant par des alliances matrimoniales et sociales avec la haute bourgeoisie industrielle et financière. Et ensemble, ces deux catégories vont former une élite recomposée qui domine à la fois par la richesse et par l'ancienneté. Alors, un point sur la noblesse ou l'aristocratie tout de même, parce que j'en parle et ça fait partie des termes qu'il faut définir. J'emploie le terme d'aristocratie, mais en réalité c'est un abus de langage, puisque le terme aristocratie désigne un régime politique dans lequel le pouvoir est détenu par une élite qui est minoritaire mais dominante. Étymologiquement, aristocratie, ça veut dire le gouvernement des meilleurs. Et ça peut être des nobles, des notables, des riches, mais pas forcément, pas nécessairement des nobles en tout cas. Avec la Révolution française, le terme aristocratie est employé par abus de langage pour désigner la noblesse. Mais si on veut être précis, le vrai terme à employer pour parler de ceux que j'ai appelés des aristocrates, ce sont plutôt des nobles. Et c'est un groupe social qui vient de la société des trois ordres dont on a parlé au début de l'épisode, qui vient de l'organisation féodale. On avait, si on reprend les termes latins, les oratores, ceux qui prient, donc le clergé, les laboratores, ceux qui travaillent, le tiers état, et les... bellatores, ceux qui font la guerre, la noblesse. Et donc la noblesse, c'est une classe sociale issue des seigneurs et des chevaliers du temps du Moyen-Âge et qui se sont constitués, qui se sont cooptés en tant que castes pour leur capacité à combattre et à diriger d'autres combats. combattant pour défendre des terres. Après la Révolution française, cet héritage a perduré, notamment à travers la transmission familiale, la transmission d'un nom et des pratiques plutôt endogames qui visaient à préserver le patronyme et les traditions. Revenons au XXe siècle et nous faisons un bond vers la moitié du siècle. Il vient la période des grands bouleversements du XXe siècle et notamment la Seconde Guerre mondiale. qui rebat les cartes puisque beaucoup de familles perdent leur patrimoine, les destructions économiques immobilières sont massives et la transmission héréditaire est affaiblie. À cette époque, seulement 30% du patrimoine des ménages vient de l'héritage. Après 1945, la France entre dans une période de prospérité économique appelée les Trente Glorieuses. C'est une période de croissance exceptionnelle qui permet à des millions de Français de vivre. Quelle que soit la classe sociale, une ascension sociale réelle en termes de niveau de vie, de pouvoir d'achat. Et c'est à ce moment-là qu'apparaît le rêve d'une France méritocratique, où chacun, par le travail et les études, peut espérer rejoindre la classe supérieure. Mais à partir des années 1980, cette mobilité sociale ralentit, en même temps que la machine économique. Et aujourd'hui, au XXIe siècle, la bourgeoisie existe toujours, et elle continue de se reproduire, principalement par... héritage, réseau et capital culturel, comme l'ont analysé le couple Pinçon-Charlot. Quant au reste de la population, on assiste à une forme d'immobilisme social, la mobilité sociale est bloquée, on parle d'ascenseur social en panne, et encore plus récemment, depuis les années 2010, on parle de déclassement social. Mais revenons à nos catégories les plus favorisées de la population. Qu'en est-il ? Qui sont concrètement les membres de cette Merci. fameuse classe supérieure aujourd'hui en France en 2025. D'abord, bien sûr, il y a la question des revenus. C'est souvent par cette métrique, par cette donnée qu'on définit les catégories sociales. Et donc je vais commencer par cet aspect. Selon l'Observatoire des inégalités, on entre dans la catégorie des personnes aisées à partir de 3 100 euros net par mois pour une personne seule. À partir de 3 860 euros net par mois, on parle de riches. Et puis au-dessus, les chiffres montent très vite. Le top 10% gagne plus de 4 180 euros par mois, le top 1% plus de 10 000 euros par mois, et les 0,1% les plus riches dépassent les 27 000 euros par mois, selon un rapport de l'INSEE émis en 2024. Et oui, il y a des gens qui gagnent plus de 27 000 euros par mois. Mais le revenu, ça n'est qu'une partie de l'histoire. L'autre pilier, c'est le patrimoine. Sachant que le patrimoine médian en France, il est de 177 000 euros. Et on est considéré comme riche si l'on possède deux fois cette somme, c'est-à-dire 354 000 euros. Quant au top 10%, lui, il dépasse les 716 000 euros. Et le top 1%, il détient en moyenne plus de 2,2 millions d'euros. Et pour mieux comprendre ce qui distingue vraiment les classes supérieures, pensons-nous sur les sources de revenus et la nature de leur patrimoine. Des éléments qui sont clés pour décrypter leur assise économique et sociale. Pour les 10% des Français les plus aisés, c'est 77% du niveau de vie qui provient du salaire, 7% des revenus fonciers, donc des biens, des loyers, des investissements immobiliers, et 3% qui viennent des revenus mobiliers, donc des revenus issus du placement du capital, soit dans des placements en bourse, dans des assurances vie et autres placements de capitaux. Mais si on s'intéresse au 1% les plus... plus aisée, les salaires ne représentent plus que 60% du revenu disponible contre 35% des revenus mobiliers. Et si on s'intéresse au 0,1%, la part des salaires dans le revenu disponible tombe à 43% et les revenus mobiliers représentent 68%, donc la grande majorité des revenus disponibles déclarés. Et si l'on s'intéresse à la composition du patrimoine, voici ce que l'INSEE nous apprend sur la structure du patrimoine des ménages les plus fortunés. En moyenne... leur patrimoine est composé de 54% de biens immobiliers, à savoir une résidence principale ou des biens locatifs, vient ensuite 23% en actifs financiers, donc des assurances-vie, des parts d'entreprise, des valeurs mobilières, et 19% provient d'un patrimoine professionnel, c'est-à-dire une entreprise, les fonds ou les outils de production qu'il possède. Mais lorsqu'on zoome sur le 99e centile, donc les 1% les mieux dotés en patrimoine, la donne change complètement. L'immobilier ne représente plus que 36%, tandis que le patrimoine professionnel, lui, grimpe à 34% et le patrimoine financier à 27%. Concrètement, chez les plus aisés, les revenus ne viennent pas seulement du travail, mais aussi du capital et leur fortune ne se limite pas à l'immobilier. Classique, elle inclut une part croissante d'actifs financiers et surtout, chez les ultra-riches, d'un véritable patrimoine professionnel. Et de manière générale, une partie de la bourgeoisie, notamment celle la plus fortunée, celle qu'on retrouve dans les 1%, voire les 0,1%, elle vit moins de ses revenus que de son patrimoine. Donc des biens immobiliers, des portefeuilles financiers, avec une partie de ces éléments qui sont issus de l'héritage. Deuxième champ de catégorisation Et là, on va s'aventurer dans des considérations qui sont moins souvent explicitées pour désigner les personnes les plus favorisées dans notre société, à savoir la profession et l'éducation. Parce que les revenus, c'est bien, mais ce n'est qu'une composante de l'équation puisque le statut professionnel, on parle bien de catégorie socio-professionnelle, donc le statut professionnel a une importance considérable. Et de la même manière qu'on pouvait distinguer deux types de bourgeoisie au XVIIIe et XIXe siècle, aujourd'hui, il existe encore deux types de bourgeoisie. D'une part, il y a la bourgeoisie économique, qui est composée de dirigeants et de cadres de grandes entreprises, de dirigeants industriels, de cadres dans la banque ou la finance, d'indépendants, professions libérales très fortunées, comme des grands médecins, des grands avocats, qui votent plutôt à droite, et... De l'autre côté, on a une bourgeoisie intellectuelle qui est plutôt composée de professions intellectuelles supérieures, comme des professeurs d'université, des hauts fonctionnaires notamment. Et surtout, l'ascenseur principal pour entrer dans ces milieux reste l'éducation. Et comme l'a montré Pierre Bourdieu dans son ouvrage La noblesse d'État, ce sont les grandes écoles qui jouent un rôle central dans l'accession à ces professions, notamment HEC, Polytechnique, Sciences Po. l'ENA, qui aujourd'hui s'appelle l'INSP. Et ces écoles, elles ne donnent pas seulement un diplôme prestigieux, elles donnent accès à un réseau social puissant qui accompagne chacun de ses membres toute sa vie, toute sa vie professionnelle et même toute sa vie tout court. Donc l'appartenance à cette classe supérieure, elle se fait non seulement par le revenu, mais aussi par le fait d'occuper une certaine profession, une certaine position professionnelle. Ainsi, que d'avoir fréquenté un certain nombre de grandes écoles. J'en ai cité, j'ai oublié de parler de l'école normale supérieure, des mines de centrales pour les ingénieurs, mais pas, contrairement à ce qu'on pourrait penser, d'université classique. Dans les milieux aisés, le diplôme d'université classique n'a pas la même valeur qu'un diplôme d'une grande école, notamment celle que j'ai mentionnée. L'appartenance à la classe supérieure, il s'incarne aussi dans l'espace géographique. un haut revenu Ou plutôt, une position professionnelle qui permet d'avoir un haut revenu permet de se loger dans certaines zones géographiques, notamment les centres-villes, et plus particulièrement dans certains quartiers dans lesquels les prix de l'immobilier ou des loyers met des barrières à l'entrée pour une grande partie de la population. À Paris, les bastions principaux, ce sont les 7e, 8e et 16e arrondissements, avec des enclaves presque fortifiées, comme la Villa Montmorency, où tout est privé et protégé et où... On ne rencontre ou les résidents ne sont que des grandes fortunes. A Paris, toujours, les ménages les plus aisés habitent également des communes comme Neuilly-sur-Seine, Saint-Cloud ou Boulogne-Biancourt où se concentre une forte densité de familles aisées. Pour vous donner une idée, à Neuilly-sur-Seine, le revenu médian est de 4000 euros par mois contre 2000 euros pour la France de manière générale. Et les 10% les plus aisés gagnent plus de 10 000 euros par mois contre 4100 euros. Si l'on prend l'ensemble de la population. A Saint-Cloud, le revenu médian est de 3 300 euros par mois, et le seuil des 10% les plus riches se trouve à 7 000 euros par mois. On peut décrire le même phénomène dans toutes les grandes villes de France, à Marseille, Bordeaux, Lyon. Je n'ai pas suffisamment habité dans ces villes pour vous décrire quels quartiers sont les plus aisés, mais... De manière générale, comme l'ont décrit Monique Pinson-Charlot et Michel Pinson dans leur ouvrage Les ghettos du Gotha, ce sont des véritables territoires d'entre-soi qui sont choisis pour maintenir une homogénéité sociale. Ensuite, il y a, parmi les facteurs qui catégorisent la classe aisée, les codes culturels et sociaux. Ce qui définit le plus les élites, ce ne sont pas seulement leurs revenus ou leurs adresses, ce sont leurs codes culturels. Ils ont des loisirs qui sont marqués par la distinction, donc des voyages. à l'international et en France, dans des lieux qui sont connus, Saint-Tropez, l'île de Ré, la Baule. Dans les loisirs, on peut également trouver l'art contemporain, par fait d'assister à des vernissages, de faire l'acquisition d'œuvres. Il y a la fréquentation des théâtres, des opéras, la gastronomie, des sports, dont le ticket d'entrée est relativement onéreux, comme l'équitation, la voile, le golf ou les scrims. Il pratique aussi une forme de discrétion et de C'est à cela qu'on les distingue des nouveaux riches qui exhibent leur argent. La haute bourgeoisie, elle, préfère souvent un luxe feutré, sobre, presque invisible, d'où cette tendance qu'on voit fleurir sur les réseaux sociaux du « quiet luxury » que l'on retrouve principalement dans l'habillement, mais qui en réalité est une tendance de fond dans les catégories les plus aisées de la population et dont le reste de la population. tentent de s'emparer, puisqu'il y a toujours un phénomène de mimétisme du reste de la population sur les catégories les plus favorisées. Et puis il y a aussi les réseaux. On a parlé des réseaux d'anciens élèves, d'alumni de grandes écoles, mais il y a aussi des clubs privés. Les plus connus, les plus prestigieux en France, ce sont le Cercle de l'Union Interalliée, l'Automobile Club de France, le Rotary, le Lions Club. et ces rencontres dans les réseaux permettent... de nouer des liens et de se transmettre des opportunités, qu'elles soient professionnelles ou personnelles. Et enfin, dernier point, c'est la transmission et l'hérédité. C'est peut-être le point le plus décisif, puisque la bourgeoisie se reproduit par transmission. Comme l'explique le couple Pinson-Charlot, le choix des écoles, des loisirs, se fait pour maintenir un entre-soi et assurer la continuité sociale. Et donc on me demande souvent mais quelle est la différence entre la classe moyenne supérieure et la classe aisée parce que sur le papier les revenus peuvent parfois sembler proches et d'ailleurs ça n'est pas qu'une question de revenus. Je vais vous donner deux exemples qui ne sont pas des exemples réels mais qui sont des exemples archétypaux. Celui de deux ménages qui gagnent chacun le même revenu, 8000 euros net par mois. Dans la première famille on a un couple de cadres supérieurs, dont les revenus cumulés atteignent les 8000 euros nets par mois. Ils sont chacun diplômés d'une université publique, ils habitent dans une grande ville de province, ils remboursent leur crédit immobilier, ils ont acheté une voiture neuve à crédit, ils partent en vacances une à deux fois par an. Sur leur temps libre, ils regardent Netflix ou vont au cinéma, et ils arrivent à épargner quelques centaines d'euros chaque mois. Leurs enfants sont scolarisés dans une école publique ou privée de secteur, peu importe. Dans ce cas, on peut dire qu'ils appartiennent à la classe moyenne supérieure parce que certes ils vivent confortablement, mais leur patrimoine reste limité à leur résidence principale, et ils n'ont pas des pratiques culturelles qui sont celles des classes supérieures, et n'ont pas forcément accès au réseau fermé des élites, sans compter qu'ils n'habitent pas dans les quartiers les plus aisés, ceux où l'on retrouve les véritables classes supérieures. Deuxième famille... Qui gagne également 8000 euros par mois, cette fois on a un couple de hauts fonctionnaires ou de cadres supérieurs. Mais en plus, et contrairement aux précédents exemples, ils ont fait leurs études dans une grande école et ils ont hérité d'un appartement parisien. Ils ont également hérité de parts dans une entreprise familiale et ils possèdent un portefeuille financier. Ils fréquentent des associations professionnelles et sortent régulièrement au théâtre et à l'opéra. Leurs enfants sont inscrits dans des établissements privés très sélectifs comme Stanislas, l'école alsacienne. Et leurs vacances se passent souvent à l'étranger ou dans des destinations réputées où leurs parents possèdent une résidence secondaire. Cette famille, même avec le même revenu, elle n'appartient pas à la même classe que la précédente. Elle appartient clairement à la classe aisée. Pourquoi ? Parce qu'elle cumule revenus, patrimoine, réseau et capital culturel. Et c'est ça la vraie différence. La classe moyenne supérieure, elle vit de son revenu, tandis que la classe aisée, elle vit de ses revenus, de son patrimoine. et ils ont un cercle de sociabilité implanté dans une zone géographique et ils pratiquent certains loisirs culturels connotés socialement. Comme l'explique le sociologue Pierre Bourdieu, ce n'est pas seulement la quantité d'argent qui compte, mais c'est l'accumulation des différents capitaux. Le capital économique, le capital culturel et le capital social. Alors vous pourriez me dire, très bien mais comment est-ce qu'on fait pour rejoindre cette classe supérieure ? Surtout quand on n'a pas d'héritage familial. D'abord, il faut comprendre qu'il existe... plusieurs chemins. Alors certains sont peut-être plus difficiles à emprunter à l'âge adulte. Je pense notamment à la grande école et notamment par rapport au fait d'avoir fait ses études post-baccalauréat dans une de ces grandes écoles. Mais sachez qu'il existe des alternatives. Certaines grandes écoles, notamment toutes, en réalité, proposent des programmes de formation continue comme les MBA ou les exécutives MBA, qui ne donnent pas seulement un diplôme. mais aussi l'accès à un réseau d'anciens élèves très influents. Et ce réseau, c'est sans doute le levier le plus décisif que vous pouvez actionner dans votre parcours. Pas seulement avec les écoles, mais aussi par d'autres voies comme les associations professionnelles, entre autres. Ensuite, il y a l'ascension professionnelle. Gravir les échelons à l'intérieur de votre entreprise, viser des promotions ou... changer d'entreprise régulièrement ou même changer de secteur pour étoffer votre portefeuille de compétences ce sont plusieurs manières de favoriser votre progression professionnelle et donc votre progression sociale et enfin n'oubliez pas évidemment la dimension financière construire une richesse durable c'est essentiel ça peut se faire par l'investissement immobilier immobilier qui reste une valeur sûre. Alors attention ! pas comme les classes moyennes en achetant votre résidence principale, mais en vous orientant plutôt vers l'investissement locatif. Encore une fois, il faut le faire intelligemment. Ou bien l'autre levier, c'est l'entrepreneuriat, qui ouvre des perspectives considérables, à condition de le faire avec la bonne stratégie. Ce que je veux que vous reteniez, c'est que l'entrée dans la classe supérieure, ça n'est pas un chemin qui est verrouillé, et ça n'est pas non plus un chemin unique, ni un privilège réservé. C'est une combinaison de capital culturel, de réseau, d'opportunités professionnelles et de construction financière et patrimoniale. Et tout cela, vous pouvez le travailler étape par étape en choisissant la bonne porte d'entrée. Vous l'avez compris, la classe supérieure, c'est un monde complexe. Elle se définit par un ensemble de critères. Pour les résumer, il y a les revenus et le patrimoine, la profession, les diplômes, le lieu de résidence et les réseaux. et surtout une logique de transmission et de code culturel. Pourquoi est-ce important pour vous ? Parce que si vous visez l'ascension sociale, il est essentiel de connaître ce territoire. Ce tableau que je viens de brosser des classes supérieures, prenez-le comme une cartographie. Elle vous évite de vous perdre, elle vous permet de connaître les reliefs, les obstacles, mais aussi les chemins possibles. Et le but de ce podcast, si je peux filer la métaphore, c'est de vous fournir le GPS pour atteindre votre destination dans ces milieux. comment adopter les bons repères et avancer dans ces cercles avec le juste niveau de finesse et de stratégie. Merci infiniment d'avoir écouté cet épisode jusqu'au bout. Si cet épisode vous a plu, je vous invite à laisser un commentaire et une note 5 étoiles sur Apple Podcast ou Spotify. Et surtout, n'oubliez pas de vous abonner pour ne manquer aucun épisode. Cela étant dit... il ne me reste plus qu'à vous souhaiter une excellente journée ou une excellente soirée et je vous dis à très bientôt pour un prochain épisode d'élégance et ambition

Chapters

  • Introduction

    00:38

  • 1. Aux origines : avant et pendant la Révolution française

    03:46

  • 2. Du XIXᵉ siècle à la Belle Époque

    06:21

  • 3. Du XXᵉ siècle à nos jours

    10:20

  • 4. Portrait de la classe aisée aujourd’hui

    11:48

  • 4.a. Revenus et patrimoine

    12:01

  • 4.b. Les professions et l’éducation

    15:28

  • 4.c. Le territoire

    17:44

  • 4.d. Les codes culturels et sociaux

    19:13

  • 4.e La transmission et l’hérédité

    21:05

  • 5. La différence entre classe moyenne supérieure et classe aisée

    21:35

  • Comment rejoindre la classe aisée sans héritage familial

    23:59

  • Conclusion

    26:08

Description

Classe aisée, bourgeoisie, aristocratie : des mots que l’on entend souvent, mais qui restent flous. Dans cet épisode d’Élégance et Ambition, je vous propose une véritable cartographie sociologique de la classe supérieure. Vous allez découvrir son histoire, depuis la Révolution française jusqu’à aujourd’hui, comprendre comment elle se définit par ses revenus, son patrimoine, ses professions, ses lieux de résidence et ses codes culturels.

En écoutant cet épisode, vous allez mieux saisir ce que recouvre la notion de classe aisée, comment elle se distingue de la classe moyenne supérieure, et pourquoi la bourgeoisie, alliée à l’aristocratie, demeure une élite qui se reproduit par la transmission, les grandes écoles et les réseaux fermés.


Cet épisode est indispensable si vous souhaitez réussir votre ascension sociale : il vous permettra d’identifier les repères, les codes implicites et les barrières symboliques pour évoluer dans ce cercle social avec plus de clarté et de stratégie.


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Phrase-clé :

Ce tableau des classes supérieures c’est une carte qui vous évite de vous perdre et qui vous permet de connaître les reliefs, les obstacles et les chemins possibles.


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Chapitres :

00:39 - Introduction

03:46 - 1. Aux origines : avant et pendant la Révolution française

06:22 - 2. Du XIXᵉ siècle à la Belle Époque

10:21 – 3. Du XXᵉ siècle à nos jours

11:47 – 4. Portrait de la classe aisée aujourd’hui

12:00 - 4.a. Revenus et patrimoine

15:28 - 4.b. Les professions et l’éducation

17:45 - 4.c. Le territoire

19:14 - 4.d. Les codes culturels et sociaux

21:05 - 4.e La transmission et l’hérédité

21:35- 5. La différence entre classe moyenne supérieure et classe aisée

24:00 - Comment rejoindre la classe aisée sans héritage familial

26:09 - Conclusion


Dans cet épisode on va parler de :

classe aisée, bourgeoisie, aristocratie, grandes écoles, hauts revenus, patrimoine immobilier, patrimoine financier, capital culturel, capital social, réseau influent, ambition, distinction sociale, réussite sociale, ascension sociale, cercle social


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Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans Élégance et Ambition. Je m'appelle Thalia, et après plusieurs années à décrypter les codes de la classe aisée, j'aide désormais les personnes ambitieuses à gravir l'échelle sociale tout en restant fidèles à elles-mêmes. Ici, on parle d'élégance, de savoir-être et de conseils pratiques pour naviguer dans les cercles les plus prestigieux. Dans ce podcast, je vous partage tout pour transformer vos ambitions en actions concrètes et vous accompagner pas à pas dans votre quête de réussite sociale. Alors installez-vous confortablement et laissez-vous inspirer. Bonjour et bienvenue dans le 21e épisode d'Ellégance et Ambition. Alors sachez que je suis particulièrement contente d'enregistrer cet épisode parce que, vous ne le savez pas, mais moi c'était mon objectif depuis le début. Quand on atteint le 21e épisode, quand on a publié 21 épisodes de podcast, Merci. on rentre dans le top 1% des podcasts parce que beaucoup de personnes quand elles lancent un podcast abandonnent en cours de route et donc je m'étais fixée comme objectif de ne pas abandonner avant le 21e épisode donc c'est chose faite je suis ravie d'en être arrivée là de vous offrir des épisodes depuis mars 2025 depuis que j'ai commencé à enregistrer le tout premier épisode et surtout merci pour votre fidélité pour vos écoutes puisque Eh ! si je continue à enregistrer des épisodes, c'est parce que chaque jour, chaque semaine et chaque mois, vous êtes de plus en plus nombreux et nombreuses à m'écouter. Donc, un grand merci à vous d'être là. Plongeons dans le vif du sujet. Et aujourd'hui, j'ai choisi de vous consacrer tout un épisode à un sujet que j'évoque souvent, en tout cas à des termes que j'emploie souvent, à savoir la classe aisée, la classe supérieure, la bourgeoisie, l'élite. Ce sont des termes que j'emploie, que vous entendez régulièrement, mais je sais qu'ils ne sont pas toujours très clairs. Et l'objectif de cet épisode, c'est d'éclairer ce que ces termes recouvrent vraiment, de quoi parle-t-on, de qui parle-t-on quand on dit les classes supérieures, la classe aisée et toute la ribambelle de termes que je peux utiliser pour parler de ce sujet que j'évoque avec vous depuis le début du podcast. Et surtout, pourquoi est-ce important pour vous, qui êtes engagés dans une démarche d'ascension sociale, de comprendre ces termes et ce qu'ils recouvrent ? Parce que comprendre ces catégories sociales, c'est comme lire la carte d'un territoire dans lequel vous allez entrer. Avec ces explications que je vais vous donner dans cet épisode, vous ne partirez pas à l'aveugle, vous saurez où vous mettez les pieds et quelles sont les règles implicites et les codes qui sont en jeu quand on s'engage dans une démarche de progression sociale. Et donc, au programme de cet épisode, je vais vous raconter d'où vient la bourgeoisie, les catégories aisées, et nous allons explorer l'histoire française, et oui, nous allons remonter jusqu'à la Révolution française de 1789. C'était nécessaire de remonter jusque-là, d'une part pour la culture générale, c'est toujours bon de connaître un peu l'histoire, mais aussi pour que vous compreniez mieux ce qu'est la classe aisée en 2025, aujourd'hui en France. J'en profite pour préciser... que nous parlerons du contexte français. Donc si vous m'écoutez à l'étranger, les contextes nationaux et historiques sont différents. Étant française et ayant la majorité de mes auditeurs et auditrices en France, nous allons rester sur le contexte français. À la suite de ce tableau, je brosserai un portrait détaillé de ce qu'est la classe aisée aujourd'hui, ses revenus, son patrimoine, ses professions, ses lieux de vie, ses habitudes culturelles et sociales, mais aussi ses mécanismes de transmission. Et à la fin, vous aurez une cartographie claire et concrète de ce monde qui vous aidera à mieux comprendre vos propres objectifs d'élévation sociale. Pour commencer, comme je vous l'avais promis, un peu d'histoire. Aux origines des classes supérieures aujourd'hui, il y a la Révolution française et même, il faut remonter un tout petit peu avant. À la veille de la Révolution française, sous l'Ancien Régime, la société française, elle était divisée en trois ordres. Le clergé, la noblesse et le tiers-état. Ça, c'est ce qu'on apprend en cours d'histoire. Le tiers état, il regroupait la majorité des français. C'était une classe qui était composée de paysans, d'artisans, de commerçants. Mais en son sein, il y a une partie qui s'est distinguée, notamment au cours du XVIIIe siècle, c'est précisément la bourgeoisie. Et cette bourgeoisie, on pouvait la découper en deux catégories. La première, c'est une bourgeoisie marchande et financière, qui est composée donc de commerçants et de banquiers, qui s'est... enrichie par le commerce international et qui a profité de l'essor économique du XVIIIe siècle pour prospérer. La seconde catégorie, c'est une bourgeoisie de robes composée de fonctionnaires, d'hommes de loi, de magistrats qui aspirent à jouer un rôle politique dans la société. Et face à cette montée en puissance, la noblesse réaffirme son principe, celui selon lequel la naissance prime sur la fortune et l'instruction. A cette époque, il faut comprendre qu'il n'y a pas de perméabilité entre les classes sociales c'est-à-dire que lorsqu'on naît, est naïté dans une classe sociale, on y reste toute sa vie, et si vous avez des enfants, il n'y a pas de possibilité qu'ils effectuent une ascension sociale même en leur transmettant les codes. On naît, on vit et on meurt dans sa classe sociale. Et il y a une forme de supériorité des deux ordres que sont le clergé et la noblesse sur le tiers état. Et le tiers état, qui représente la majorité de la population, c'est aussi la classe qui paye la plus grande partie de l'impôt et qui commencent à être étonnantes écrasé par les taxes que le système lui fait supporter. Et c'est dans ce contexte que les idées des Lumières circulent, donc les Lumières c'est un courant philosophique et politique et la bourgeoisie s'empare de ce courant pour diffuser un idéal nouveau, celui de la fin des privilèges et de la promotion par le mérite et la richesse acquises. En 1789, la Révolution française éclate et contrairement à l'image d'épinal qu'on a du paysan avec sa fourche, le Le déclenchement de cette révolution, elle ne vient pas seulement d'une révolte populaire, mais justement de ces idées qui ont été poussées par la bourgeoisie. Et donc, suite à cette révolution, les privilèges de la noblesse et du clergé sont abolis, et c'est la bourgeoisie du tiers-état qui devient la classe d'onim Nantes sur le plan politique et économie. Et à ce moment-là, la société française entre dans une nouvelle ère historique, politique et économique, la fin de la monarchie de droit divin. la fin de cette société en trois ordres, et surtout, sur le plan économie, c'est le début de la révolution industrielle, qui est permise par un certain nombre d'innovations technologiques. Cette révolution industrielle, elle permet à la bourgeoisie de consolider son pouvoir grâce à l'essor de l'industrialisation. Et c'est au cours du XIXe siècle que les grands commerçants, les banquiers, les industriels deviennent l'élite économique du pays. À partir de 1870, et l'avènement de la Troisième République, il y a un tournant majeur qui se produit au niveau des idées, puisque c'est à cette époque que l'idée d'un républicanisme méritocratique se met en place. Qu'est-ce qu'il se passe en France à ce moment-là ? Eh bien, on met en place un système de concours, d'examens et de bourses pour élargir le recrutement des élites. D'ailleurs, c'est à cette époque que l'instruction devient obligatoire. pour l'ensemble des enfants, avec les lois férées des années 1890-1881, et ont créé des grandes écoles de la République, qui ont pour but de donner au pays une élite politique et économique, notamment Sciences Po, qui est créée en 1872, et HEC en 1881. Et comme l'ont montré les travaux de Pierre Bourdieu, ces institutions ne donnent pas seulement des diplômes, elles fabriquent aussi du capital social et du capital culturel, et surtout elles permettent à la bourgeoisie de légitimer sa place en l'habillant d'une logique de mérite. Vient ensuite le XXe siècle, et à la Belle Époque, au début du siècle, vers les années 1900-1910, une autre transformation s'opère, c'est la fusion entre la haute bourgeoisie, donc celle dont on a parlé au XIXe siècle qui s'est enrichie avec l'ère industrielle, et de l'aristocratie. Les sociologues Monique Pinson-Charlot et Michel Pinson ont bien décrit ce processus. Avec la Révolution, la noblesse avait perdu une grande partie de son pouvoir économique et elle parvient à retrouver sa place et à redorer son blason en s'unissant par des alliances matrimoniales et sociales avec la haute bourgeoisie industrielle et financière. Et ensemble, ces deux catégories vont former une élite recomposée qui domine à la fois par la richesse et par l'ancienneté. Alors, un point sur la noblesse ou l'aristocratie tout de même, parce que j'en parle et ça fait partie des termes qu'il faut définir. J'emploie le terme d'aristocratie, mais en réalité c'est un abus de langage, puisque le terme aristocratie désigne un régime politique dans lequel le pouvoir est détenu par une élite qui est minoritaire mais dominante. Étymologiquement, aristocratie, ça veut dire le gouvernement des meilleurs. Et ça peut être des nobles, des notables, des riches, mais pas forcément, pas nécessairement des nobles en tout cas. Avec la Révolution française, le terme aristocratie est employé par abus de langage pour désigner la noblesse. Mais si on veut être précis, le vrai terme à employer pour parler de ceux que j'ai appelés des aristocrates, ce sont plutôt des nobles. Et c'est un groupe social qui vient de la société des trois ordres dont on a parlé au début de l'épisode, qui vient de l'organisation féodale. On avait, si on reprend les termes latins, les oratores, ceux qui prient, donc le clergé, les laboratores, ceux qui travaillent, le tiers état, et les... bellatores, ceux qui font la guerre, la noblesse. Et donc la noblesse, c'est une classe sociale issue des seigneurs et des chevaliers du temps du Moyen-Âge et qui se sont constitués, qui se sont cooptés en tant que castes pour leur capacité à combattre et à diriger d'autres combats. combattant pour défendre des terres. Après la Révolution française, cet héritage a perduré, notamment à travers la transmission familiale, la transmission d'un nom et des pratiques plutôt endogames qui visaient à préserver le patronyme et les traditions. Revenons au XXe siècle et nous faisons un bond vers la moitié du siècle. Il vient la période des grands bouleversements du XXe siècle et notamment la Seconde Guerre mondiale. qui rebat les cartes puisque beaucoup de familles perdent leur patrimoine, les destructions économiques immobilières sont massives et la transmission héréditaire est affaiblie. À cette époque, seulement 30% du patrimoine des ménages vient de l'héritage. Après 1945, la France entre dans une période de prospérité économique appelée les Trente Glorieuses. C'est une période de croissance exceptionnelle qui permet à des millions de Français de vivre. Quelle que soit la classe sociale, une ascension sociale réelle en termes de niveau de vie, de pouvoir d'achat. Et c'est à ce moment-là qu'apparaît le rêve d'une France méritocratique, où chacun, par le travail et les études, peut espérer rejoindre la classe supérieure. Mais à partir des années 1980, cette mobilité sociale ralentit, en même temps que la machine économique. Et aujourd'hui, au XXIe siècle, la bourgeoisie existe toujours, et elle continue de se reproduire, principalement par... héritage, réseau et capital culturel, comme l'ont analysé le couple Pinçon-Charlot. Quant au reste de la population, on assiste à une forme d'immobilisme social, la mobilité sociale est bloquée, on parle d'ascenseur social en panne, et encore plus récemment, depuis les années 2010, on parle de déclassement social. Mais revenons à nos catégories les plus favorisées de la population. Qu'en est-il ? Qui sont concrètement les membres de cette Merci. fameuse classe supérieure aujourd'hui en France en 2025. D'abord, bien sûr, il y a la question des revenus. C'est souvent par cette métrique, par cette donnée qu'on définit les catégories sociales. Et donc je vais commencer par cet aspect. Selon l'Observatoire des inégalités, on entre dans la catégorie des personnes aisées à partir de 3 100 euros net par mois pour une personne seule. À partir de 3 860 euros net par mois, on parle de riches. Et puis au-dessus, les chiffres montent très vite. Le top 10% gagne plus de 4 180 euros par mois, le top 1% plus de 10 000 euros par mois, et les 0,1% les plus riches dépassent les 27 000 euros par mois, selon un rapport de l'INSEE émis en 2024. Et oui, il y a des gens qui gagnent plus de 27 000 euros par mois. Mais le revenu, ça n'est qu'une partie de l'histoire. L'autre pilier, c'est le patrimoine. Sachant que le patrimoine médian en France, il est de 177 000 euros. Et on est considéré comme riche si l'on possède deux fois cette somme, c'est-à-dire 354 000 euros. Quant au top 10%, lui, il dépasse les 716 000 euros. Et le top 1%, il détient en moyenne plus de 2,2 millions d'euros. Et pour mieux comprendre ce qui distingue vraiment les classes supérieures, pensons-nous sur les sources de revenus et la nature de leur patrimoine. Des éléments qui sont clés pour décrypter leur assise économique et sociale. Pour les 10% des Français les plus aisés, c'est 77% du niveau de vie qui provient du salaire, 7% des revenus fonciers, donc des biens, des loyers, des investissements immobiliers, et 3% qui viennent des revenus mobiliers, donc des revenus issus du placement du capital, soit dans des placements en bourse, dans des assurances vie et autres placements de capitaux. Mais si on s'intéresse au 1% les plus... plus aisée, les salaires ne représentent plus que 60% du revenu disponible contre 35% des revenus mobiliers. Et si on s'intéresse au 0,1%, la part des salaires dans le revenu disponible tombe à 43% et les revenus mobiliers représentent 68%, donc la grande majorité des revenus disponibles déclarés. Et si l'on s'intéresse à la composition du patrimoine, voici ce que l'INSEE nous apprend sur la structure du patrimoine des ménages les plus fortunés. En moyenne... leur patrimoine est composé de 54% de biens immobiliers, à savoir une résidence principale ou des biens locatifs, vient ensuite 23% en actifs financiers, donc des assurances-vie, des parts d'entreprise, des valeurs mobilières, et 19% provient d'un patrimoine professionnel, c'est-à-dire une entreprise, les fonds ou les outils de production qu'il possède. Mais lorsqu'on zoome sur le 99e centile, donc les 1% les mieux dotés en patrimoine, la donne change complètement. L'immobilier ne représente plus que 36%, tandis que le patrimoine professionnel, lui, grimpe à 34% et le patrimoine financier à 27%. Concrètement, chez les plus aisés, les revenus ne viennent pas seulement du travail, mais aussi du capital et leur fortune ne se limite pas à l'immobilier. Classique, elle inclut une part croissante d'actifs financiers et surtout, chez les ultra-riches, d'un véritable patrimoine professionnel. Et de manière générale, une partie de la bourgeoisie, notamment celle la plus fortunée, celle qu'on retrouve dans les 1%, voire les 0,1%, elle vit moins de ses revenus que de son patrimoine. Donc des biens immobiliers, des portefeuilles financiers, avec une partie de ces éléments qui sont issus de l'héritage. Deuxième champ de catégorisation Et là, on va s'aventurer dans des considérations qui sont moins souvent explicitées pour désigner les personnes les plus favorisées dans notre société, à savoir la profession et l'éducation. Parce que les revenus, c'est bien, mais ce n'est qu'une composante de l'équation puisque le statut professionnel, on parle bien de catégorie socio-professionnelle, donc le statut professionnel a une importance considérable. Et de la même manière qu'on pouvait distinguer deux types de bourgeoisie au XVIIIe et XIXe siècle, aujourd'hui, il existe encore deux types de bourgeoisie. D'une part, il y a la bourgeoisie économique, qui est composée de dirigeants et de cadres de grandes entreprises, de dirigeants industriels, de cadres dans la banque ou la finance, d'indépendants, professions libérales très fortunées, comme des grands médecins, des grands avocats, qui votent plutôt à droite, et... De l'autre côté, on a une bourgeoisie intellectuelle qui est plutôt composée de professions intellectuelles supérieures, comme des professeurs d'université, des hauts fonctionnaires notamment. Et surtout, l'ascenseur principal pour entrer dans ces milieux reste l'éducation. Et comme l'a montré Pierre Bourdieu dans son ouvrage La noblesse d'État, ce sont les grandes écoles qui jouent un rôle central dans l'accession à ces professions, notamment HEC, Polytechnique, Sciences Po. l'ENA, qui aujourd'hui s'appelle l'INSP. Et ces écoles, elles ne donnent pas seulement un diplôme prestigieux, elles donnent accès à un réseau social puissant qui accompagne chacun de ses membres toute sa vie, toute sa vie professionnelle et même toute sa vie tout court. Donc l'appartenance à cette classe supérieure, elle se fait non seulement par le revenu, mais aussi par le fait d'occuper une certaine profession, une certaine position professionnelle. Ainsi, que d'avoir fréquenté un certain nombre de grandes écoles. J'en ai cité, j'ai oublié de parler de l'école normale supérieure, des mines de centrales pour les ingénieurs, mais pas, contrairement à ce qu'on pourrait penser, d'université classique. Dans les milieux aisés, le diplôme d'université classique n'a pas la même valeur qu'un diplôme d'une grande école, notamment celle que j'ai mentionnée. L'appartenance à la classe supérieure, il s'incarne aussi dans l'espace géographique. un haut revenu Ou plutôt, une position professionnelle qui permet d'avoir un haut revenu permet de se loger dans certaines zones géographiques, notamment les centres-villes, et plus particulièrement dans certains quartiers dans lesquels les prix de l'immobilier ou des loyers met des barrières à l'entrée pour une grande partie de la population. À Paris, les bastions principaux, ce sont les 7e, 8e et 16e arrondissements, avec des enclaves presque fortifiées, comme la Villa Montmorency, où tout est privé et protégé et où... On ne rencontre ou les résidents ne sont que des grandes fortunes. A Paris, toujours, les ménages les plus aisés habitent également des communes comme Neuilly-sur-Seine, Saint-Cloud ou Boulogne-Biancourt où se concentre une forte densité de familles aisées. Pour vous donner une idée, à Neuilly-sur-Seine, le revenu médian est de 4000 euros par mois contre 2000 euros pour la France de manière générale. Et les 10% les plus aisés gagnent plus de 10 000 euros par mois contre 4100 euros. Si l'on prend l'ensemble de la population. A Saint-Cloud, le revenu médian est de 3 300 euros par mois, et le seuil des 10% les plus riches se trouve à 7 000 euros par mois. On peut décrire le même phénomène dans toutes les grandes villes de France, à Marseille, Bordeaux, Lyon. Je n'ai pas suffisamment habité dans ces villes pour vous décrire quels quartiers sont les plus aisés, mais... De manière générale, comme l'ont décrit Monique Pinson-Charlot et Michel Pinson dans leur ouvrage Les ghettos du Gotha, ce sont des véritables territoires d'entre-soi qui sont choisis pour maintenir une homogénéité sociale. Ensuite, il y a, parmi les facteurs qui catégorisent la classe aisée, les codes culturels et sociaux. Ce qui définit le plus les élites, ce ne sont pas seulement leurs revenus ou leurs adresses, ce sont leurs codes culturels. Ils ont des loisirs qui sont marqués par la distinction, donc des voyages. à l'international et en France, dans des lieux qui sont connus, Saint-Tropez, l'île de Ré, la Baule. Dans les loisirs, on peut également trouver l'art contemporain, par fait d'assister à des vernissages, de faire l'acquisition d'œuvres. Il y a la fréquentation des théâtres, des opéras, la gastronomie, des sports, dont le ticket d'entrée est relativement onéreux, comme l'équitation, la voile, le golf ou les scrims. Il pratique aussi une forme de discrétion et de C'est à cela qu'on les distingue des nouveaux riches qui exhibent leur argent. La haute bourgeoisie, elle, préfère souvent un luxe feutré, sobre, presque invisible, d'où cette tendance qu'on voit fleurir sur les réseaux sociaux du « quiet luxury » que l'on retrouve principalement dans l'habillement, mais qui en réalité est une tendance de fond dans les catégories les plus aisées de la population et dont le reste de la population. tentent de s'emparer, puisqu'il y a toujours un phénomène de mimétisme du reste de la population sur les catégories les plus favorisées. Et puis il y a aussi les réseaux. On a parlé des réseaux d'anciens élèves, d'alumni de grandes écoles, mais il y a aussi des clubs privés. Les plus connus, les plus prestigieux en France, ce sont le Cercle de l'Union Interalliée, l'Automobile Club de France, le Rotary, le Lions Club. et ces rencontres dans les réseaux permettent... de nouer des liens et de se transmettre des opportunités, qu'elles soient professionnelles ou personnelles. Et enfin, dernier point, c'est la transmission et l'hérédité. C'est peut-être le point le plus décisif, puisque la bourgeoisie se reproduit par transmission. Comme l'explique le couple Pinson-Charlot, le choix des écoles, des loisirs, se fait pour maintenir un entre-soi et assurer la continuité sociale. Et donc on me demande souvent mais quelle est la différence entre la classe moyenne supérieure et la classe aisée parce que sur le papier les revenus peuvent parfois sembler proches et d'ailleurs ça n'est pas qu'une question de revenus. Je vais vous donner deux exemples qui ne sont pas des exemples réels mais qui sont des exemples archétypaux. Celui de deux ménages qui gagnent chacun le même revenu, 8000 euros net par mois. Dans la première famille on a un couple de cadres supérieurs, dont les revenus cumulés atteignent les 8000 euros nets par mois. Ils sont chacun diplômés d'une université publique, ils habitent dans une grande ville de province, ils remboursent leur crédit immobilier, ils ont acheté une voiture neuve à crédit, ils partent en vacances une à deux fois par an. Sur leur temps libre, ils regardent Netflix ou vont au cinéma, et ils arrivent à épargner quelques centaines d'euros chaque mois. Leurs enfants sont scolarisés dans une école publique ou privée de secteur, peu importe. Dans ce cas, on peut dire qu'ils appartiennent à la classe moyenne supérieure parce que certes ils vivent confortablement, mais leur patrimoine reste limité à leur résidence principale, et ils n'ont pas des pratiques culturelles qui sont celles des classes supérieures, et n'ont pas forcément accès au réseau fermé des élites, sans compter qu'ils n'habitent pas dans les quartiers les plus aisés, ceux où l'on retrouve les véritables classes supérieures. Deuxième famille... Qui gagne également 8000 euros par mois, cette fois on a un couple de hauts fonctionnaires ou de cadres supérieurs. Mais en plus, et contrairement aux précédents exemples, ils ont fait leurs études dans une grande école et ils ont hérité d'un appartement parisien. Ils ont également hérité de parts dans une entreprise familiale et ils possèdent un portefeuille financier. Ils fréquentent des associations professionnelles et sortent régulièrement au théâtre et à l'opéra. Leurs enfants sont inscrits dans des établissements privés très sélectifs comme Stanislas, l'école alsacienne. Et leurs vacances se passent souvent à l'étranger ou dans des destinations réputées où leurs parents possèdent une résidence secondaire. Cette famille, même avec le même revenu, elle n'appartient pas à la même classe que la précédente. Elle appartient clairement à la classe aisée. Pourquoi ? Parce qu'elle cumule revenus, patrimoine, réseau et capital culturel. Et c'est ça la vraie différence. La classe moyenne supérieure, elle vit de son revenu, tandis que la classe aisée, elle vit de ses revenus, de son patrimoine. et ils ont un cercle de sociabilité implanté dans une zone géographique et ils pratiquent certains loisirs culturels connotés socialement. Comme l'explique le sociologue Pierre Bourdieu, ce n'est pas seulement la quantité d'argent qui compte, mais c'est l'accumulation des différents capitaux. Le capital économique, le capital culturel et le capital social. Alors vous pourriez me dire, très bien mais comment est-ce qu'on fait pour rejoindre cette classe supérieure ? Surtout quand on n'a pas d'héritage familial. D'abord, il faut comprendre qu'il existe... plusieurs chemins. Alors certains sont peut-être plus difficiles à emprunter à l'âge adulte. Je pense notamment à la grande école et notamment par rapport au fait d'avoir fait ses études post-baccalauréat dans une de ces grandes écoles. Mais sachez qu'il existe des alternatives. Certaines grandes écoles, notamment toutes, en réalité, proposent des programmes de formation continue comme les MBA ou les exécutives MBA, qui ne donnent pas seulement un diplôme. mais aussi l'accès à un réseau d'anciens élèves très influents. Et ce réseau, c'est sans doute le levier le plus décisif que vous pouvez actionner dans votre parcours. Pas seulement avec les écoles, mais aussi par d'autres voies comme les associations professionnelles, entre autres. Ensuite, il y a l'ascension professionnelle. Gravir les échelons à l'intérieur de votre entreprise, viser des promotions ou... changer d'entreprise régulièrement ou même changer de secteur pour étoffer votre portefeuille de compétences ce sont plusieurs manières de favoriser votre progression professionnelle et donc votre progression sociale et enfin n'oubliez pas évidemment la dimension financière construire une richesse durable c'est essentiel ça peut se faire par l'investissement immobilier immobilier qui reste une valeur sûre. Alors attention ! pas comme les classes moyennes en achetant votre résidence principale, mais en vous orientant plutôt vers l'investissement locatif. Encore une fois, il faut le faire intelligemment. Ou bien l'autre levier, c'est l'entrepreneuriat, qui ouvre des perspectives considérables, à condition de le faire avec la bonne stratégie. Ce que je veux que vous reteniez, c'est que l'entrée dans la classe supérieure, ça n'est pas un chemin qui est verrouillé, et ça n'est pas non plus un chemin unique, ni un privilège réservé. C'est une combinaison de capital culturel, de réseau, d'opportunités professionnelles et de construction financière et patrimoniale. Et tout cela, vous pouvez le travailler étape par étape en choisissant la bonne porte d'entrée. Vous l'avez compris, la classe supérieure, c'est un monde complexe. Elle se définit par un ensemble de critères. Pour les résumer, il y a les revenus et le patrimoine, la profession, les diplômes, le lieu de résidence et les réseaux. et surtout une logique de transmission et de code culturel. Pourquoi est-ce important pour vous ? Parce que si vous visez l'ascension sociale, il est essentiel de connaître ce territoire. Ce tableau que je viens de brosser des classes supérieures, prenez-le comme une cartographie. Elle vous évite de vous perdre, elle vous permet de connaître les reliefs, les obstacles, mais aussi les chemins possibles. Et le but de ce podcast, si je peux filer la métaphore, c'est de vous fournir le GPS pour atteindre votre destination dans ces milieux. comment adopter les bons repères et avancer dans ces cercles avec le juste niveau de finesse et de stratégie. Merci infiniment d'avoir écouté cet épisode jusqu'au bout. Si cet épisode vous a plu, je vous invite à laisser un commentaire et une note 5 étoiles sur Apple Podcast ou Spotify. Et surtout, n'oubliez pas de vous abonner pour ne manquer aucun épisode. Cela étant dit... il ne me reste plus qu'à vous souhaiter une excellente journée ou une excellente soirée et je vous dis à très bientôt pour un prochain épisode d'élégance et ambition

Chapters

  • Introduction

    00:38

  • 1. Aux origines : avant et pendant la Révolution française

    03:46

  • 2. Du XIXᵉ siècle à la Belle Époque

    06:21

  • 3. Du XXᵉ siècle à nos jours

    10:20

  • 4. Portrait de la classe aisée aujourd’hui

    11:48

  • 4.a. Revenus et patrimoine

    12:01

  • 4.b. Les professions et l’éducation

    15:28

  • 4.c. Le territoire

    17:44

  • 4.d. Les codes culturels et sociaux

    19:13

  • 4.e La transmission et l’hérédité

    21:05

  • 5. La différence entre classe moyenne supérieure et classe aisée

    21:35

  • Comment rejoindre la classe aisée sans héritage familial

    23:59

  • Conclusion

    26:08

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