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En Profondeur by Hypnée

#4 En Profondeur avec Mathieu Maraio

#4 En Profondeur avec Mathieu Maraio

47min |12/02/2025
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En Profondeur by Hypnée

#4 En Profondeur avec Mathieu Maraio

#4 En Profondeur avec Mathieu Maraio

47min |12/02/2025
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Description

Dans ce nouvel épisode d’En profondeur by Hypnée, je vous emmène à la rencontre de Mathieu Maraio, un apnéiste d’exception qui a choisi de s’engager à 100% dans cette discipline fascinante. 


Son dévouement l’a mené au plus haut niveau, atteignant récemment le Top 6 mondial en apnée en profondeur et intégrant la Team Abyss, une équipe de 5 champions faisant partie du TOP 8 mondial dans leur discipline et fondée par Christian Vogler.


Dans cet épisode, vous découvrirez :

🌊 Son expérience en tant que safety diver, garant de la sécurité des plongeurs.
🦈 Sa rencontre inoubliable avec des requins-baleines.
😵‍💫 Son témoignage captivant sur la narcose, cet état altéré de conscience ressenti en plongée profonde.


Et restez bien jusqu'à la fin… Une surprise vous attend 🎁, et je ne parle pas seulement des conseils précieux que Mathieu partage avec nous !


📌 Pour aller plus loin :
📖 Téléchargez son e-book sur son site web
📲 Retrouvez Mathieu sur Instagram et LinkedIn


Un grand merci d'avoir écouté cet épisode 🙏


S'il vous a plu, parlez-en autour de vous et donnez-lui une note ⭐⭐⭐⭐⭐ sur vos plateformes d'écoutes préférées.

Pour me suggérer des invités ou des thématiques que vous intéressent pour les épisodes solo sur l'hypnose, l'autohypnose et la préparation mentale, écrivez-moi à ✉️ contact@hypnee.com


A très bientôt pour le prochain épisode,


Sylvie 🌀


En Profondeur, une production Hypnée

Créatrice et animatrice du podcast : Sylvie Pouliquen


Crédits musique :

Titre:  Light

Auteur: Idyllic

Source: https://soundcloud.com/noctt

Licence: https://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0/deed.fr

Téléchargement: https://www.auboutdufil.com


Titre:  Days Past

Auteur: In Closing

Source: https://www.facebook.com/inclosing/

Licence: https://creativecommons.org/licenses/by/3.0/deed.fr

Téléchargement: https://www.auboutdufil.com


Visuel : Lucie Clavelloux - Insta : https://www.instagram.com/lucie_clavelloux/

Montage : Philippe Istria


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Au travers d'interviews de plongeurs en apnée et en scaphandre, En Profondeur vous fait plonger au cœur de votre être. Vous allez ainsi découvrir ce qu'il se passe à l'intérieur de mes invités, quelles pensées, quelles émotions, quels ressentis, lorsqu'ils plongent et lorsqu'ils explorent leurs propres limites. Je m'appelle Sylvie Poulikin et je suis fondatrice d'Hypnée. A la fois praticienne en hypnose, préparatrice mentale et éducatrice sportive en plongée subaquatique, j'ai une foi. indéfectible dans la capacité de chaque être humain à accéder à ses plus belles ressources intérieures. Alors, je vous emmène plonger avec moi au cœur de l'humain, le temps d'une écoute. Alors, bonjour Mathieu, je te remercie infiniment d'avoir accepté mon invitation en profondeur.

  • Speaker #1

    Bonjour Sylvie, c'est un plaisir, merci de m'accueillir.

  • Speaker #0

    Avec plaisir. Donc, je vais d'abord te présenter, puis bien sûr, nous allons rentrer un peu en profondeur à l'intérieur de tout. de toi, de ton cerveau et de tes émotions. Donc Mathieu, tu t'appelles Mathieu Maraio, tu es apnéiste de haut niveau, membre de l'équipe de France AIDA. Tu es dans le top 10 depuis plusieurs années, tu as été même jusqu'à sixième mondiale. Et puis cette année, tu as fait vice-champion de France, double vice-champion de France, donc dans deux disciplines, avec un record au championnat du monde à 110 mètres de profondeur. Donc, tu es plutôt un profondiste, comme on dit.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. Je suis un poisson d'eau salée. C'est pas trop mon truc.

  • Speaker #0

    Et pourtant, tu y vas.

  • Speaker #1

    Et pourtant, j'y vais. Je n'ai pas trop le choix.

  • Speaker #0

    Tu es passionné de plonger depuis ton plus jeune âge. Alors ça, tu nous diras. Et tu as découvert l'apnée il y a plusieurs années et tu t'es rapidement pris au jeu. Alors, j'aime bien l'expression. On en reparlera aussi. Tu as commencé à t'entraîner intensivement. Alors ça, on ne sait pas quand. Tu vas nous le dire. pour améliorer ta technique et tes performances. Tes efforts ont payé, on vient de le voir. Et en plus de tout cela, évidemment, parce que dans ce monde qui nécessite beaucoup de polyvalence, tu es également coach, conférencier, préparateur mental et tu proposes évidemment des stages d'apnée. Je crois comprendre que ton angle, c'est d'aborder la gestion du stress avec la respiration essentiellement.

  • Speaker #1

    Exactement, oui, c'est ça.

  • Speaker #0

    Génial. Alors c'est bien, si tu es d'accord avec tout ça, tu veux peut-être compléter ?

  • Speaker #1

    J'aimerais bien repartir un petit peu du début, où on va dire que mon rapport à l'eau, il a toujours été assez fort. Depuis que je suis gamin, l'eau ça a toujours été mon élément, et comme tu le disais, j'ai commencé par la plongée sous-marine, la plongée en bouteille, et j'ai fait mon baptême, je crois que j'avais 8 ans, donc très très jeune. Et je me rappelle, avant de plonger, je demandais aux instructeurs à quelle profondeur on allait aller. J'ai toujours eu cet engouement, cette passion et cette intrigue auprès des profondeurs. Ça m'a toujours attiré, en fait. Et puis, vraiment, depuis très, très jeune, c'est un petit peu par là que ça a commencé. Et après, j'ai fait aussi beaucoup de natation. J'ai appris à nager très, très tôt. J'ai fait plus de dix ans de natation avec des compétitions. L'esprit de compétition, je l'ai eu aussi très jeune.

  • Speaker #0

    Tu avais quel âge exactement ? Et puis où, en fait, cette envie d'aller en profondeur ? Tu es originaire de Bordemer ?

  • Speaker #1

    Non, pas du tout. C'est ça un peu ma particularité. C'est que moi, j'ai grandi en Ile-de-France, au nord de Paris. Et du coup, j'ai appris à nager. Et j'avais trouvé... trois ans. Et en fait, c'est le maître nageur qui est venu voir ma mère en me disant, en me voyant sauter dans le grand bain alors que je ne savais pas nager, il dit, ouais, il faudrait peut-être commencer à lui apprendre à nager parce que là, il commence à être dangereux pour lui. Donc voilà, c'est dans les piscines que j'ai commencé à faire mes armes. Mais après, l'apnée, comme je la pratique aujourd'hui, c'est venu bien plus tard. Parce qu'à cette époque, c'était pas... pas développé comme aujourd'hui. Après, moi, j'ai beaucoup voyagé aussi. J'ai eu la chance d'aller plusieurs fois en Asie. Et quand j'allais en Asie, en fait, je faisais de la plongée sous-marine parce qu'il n'y avait pas de club d'apnée à cette époque. Et un jour, j'ai fini par en trouver un. Et c'était à Bali en 2012, il me semble. Et depuis lors, j'ai jamais arrêté.

  • Speaker #0

    Ah oui, ça fait 12 ans. Tu as réussi à te viser au top niveau mondial en 12 ans.

  • Speaker #1

    Ouais, c'est à peu près ça.

  • Speaker #0

    C'est un joli parcours. Donc, tu faisais de la plongée bouteille, tu as arrêté ?

  • Speaker #1

    Ouais, en fait, dès que j'ai commencé l'apnée, je n'ai quasiment plus jamais refait de plongée bouteille.

  • Speaker #0

    Tu voulais faire de l'apnée ?

  • Speaker #1

    Ouais, je pense que c'était vraiment ça que je voulais faire. À la base, je voulais devenir prof de plongée bouteille. Mais quand j'ai découvert l'apnée, je me suis dit que c'est ça qui me pose, c'est ça qui me rend super bien. C'est vraiment l'apnée mon truc.

  • Speaker #0

    Qui te pose, qui te rend super bien. Tu as eu les sensations dès tes premières apnées, un peu encadrées comme ça ?

  • Speaker #1

    Oui, tout de suite, quand j'ai mis la tête sous l'eau, je suis rapidement descendu. Je crois qu'en trois jours, je descendais à une trentaine de mètres.

  • Speaker #0

    Ah oui !

  • Speaker #1

    Mais ce qui m'a permis aussi de descendre assez rapidement dans ces profondeurs, c'est que j'avais cette facilité à me sentir bien sous l'eau et surtout à déconnecter et à être vraiment hyper relax. Et c'est ce que mon instructeur disait au départ, c'est « Waouh, t'es vraiment très très détendu, ça se voit » et puis ça se ressentait aussi sur les profondeurs. profondeur à laquelle j'allais en même pas trois jours. Je dois dire aussi que je suis passé par la case pompiers de Paris et j'ai été sauveteur aquatique en Seine. Donc pendant plus de deux ans je plongeais aussi en Seine dans une eau parfois à 3-4 degrés qui était nuit noire. Donc quand je suis arrivé à Bali, je peux dire que ça a tout de suite matché parce que j'avais l'habitude de plonger dans des eaux. un peu plus hostile, on va dire.

  • Speaker #0

    Ah oui, et même quand tu plongeais en Seine, justement, tu arrivais à te détendre et à rester zen et calme ?

  • Speaker #1

    C'était une autre approche, en fait, parce qu'avec les pompiers, c'était, je travaille dans l'urgence, on était appelés le jour, la nuit, pour aller chercher des gens. On ne plongeait vraiment, on n'était pas du tout dans la recherche de plaisir, de confort. Et ça n'existait pas à ce moment-là. Mais vu que j'ai eu l'habitude de plonger dans ces cas assez extrêmes, quand il a fallu que je me ressente sur moi et que je déconnecte, ça a été assez facile, j'ai trouvé.

  • Speaker #0

    Oui, par contraste aussi. C'est le contraste total entre le noir, le froid. Avec des exigences de stress face à la détente et au relâchement.

  • Speaker #1

    À Bali, j'y suis allé, mais j'étais encore chez les pompiers. C'était pendant un voyage. Je suis revenu à Paris. Et là, je me suis dit, j'ai envie que ma vie toute entière tourne autour de l'apnée. Donc, j'ai quitté les pompiers de Paris. J'ai rendu ma maison. En fait, j'ai vraiment tout lâché de ce que j'avais en France. pour ensuite partir aux Philippines. Et là, le but, c'était d'aller aux Philippines, de me former, de devenir instructeur et d'enseigner l'apnée dans un pays des tropiques.

  • Speaker #0

    Mais qu'est-ce qui s'est passé alors ? Parce que tu n'es pas au tropique. Tu n'es pas sous les tropiques.

  • Speaker #1

    Non, mais depuis, je suis revenu. Cette aventure, elle a duré quand même pendant trois ans. Pendant trois ans, j'allais passer la moitié de l'année là-bas. L'hiver français, je partais aux Philippines. Et quand c'était l'été, je revenais en France pour travailler sur les plages en tant que sauveteur. Et disons qu'à un moment donné, cette vie, c'était super, mais j'avais besoin d'autre chose, j'avais besoin d'un peu plus de stabilité, j'avais besoin de vie, de vie, ça m'intéressait. Voilà, donc j'ai décidé de revenir en France. Et là, j'ai changé un petit peu ma manière de voyager. Donc, j'étais vraiment installé en France et je partais pour un mois, deux mois, trois mois. Et puis ensuite, je revenais chez moi.

  • Speaker #0

    Donc, plus de voyage, plus d'aller-retour.

  • Speaker #1

    Oui, un peu plus d'aller-retour sur des périodes un peu plus courtes, mais avec une base fixe en France où j'avais besoin d'avoir des racines ici, proches des miens. Et de savoir… d'avoir un petit peu de sécurité et de stabilité quand je revenais parce que en fait je faisais des allers-retours mais quand j'étais aux Philippines, j'étais vraiment dans un sac à dos quoi. Et j'avais besoin de construire cette stabilité en plus.

  • Speaker #0

    Et finalement c'est en construisant ta stabilité que tu as pu devenir à ce niveau en apnée ?

  • Speaker #1

    Oui, ça en a fait partie effectivement. J'avais besoin de ça et c'est ce qui m'a aussi consolidé dans mes performances et dans mon bien-être général.

  • Speaker #0

    Alors, on va plonger encore plus à l'intérieur de toi en démarrant avec peut-être ton pire souvenir en apnée. Alors, je le mets entre guillemets, le mot pire souvenir. Tu as peut-être réfléchi à ça.

  • Speaker #1

    Ce n'est pas facile cette question que tu me poses parce que ça me ramène à un événement que j'ai connu quand j'étais en fait safety. Avant d'être compétiteur, j'étais aussi safety dans des compétitions. Et j'ai été sur une compétition où on a eu un accident. Ce pire souvenir, ce n'est pas moi proprement parlé qui l'ai vécu, mais je l'ai vécu indirectement parce que je faisais partie de l'équipe de sécu et qu'on a eu un gros accident sur cette compétition. Je ne vais pas dire le nom de la personne, mais en gros, on a une personne qui est restée bloquée en bas, à 30 mètres de profondeur, et qui a été victime d'une syncope. À cause d'une piqûre de méduse, elle a fait un choc anaphylactique. Et après, il y a eu de nombreuses réactions en cascade qui ont eu lieu. Et c'est moi, en fait, qui l'ai remontée des 30 mètres. Et ensuite, on a dû... On a dû faire un massage cardiaque à cette personne. Donc elle n'est vraiment pas passée loin de la mort et on l'a réanimée. Pour moi, ça a été une expérience assez douloureuse. Ça aurait pu être bien plus grave, mais on a réussi à la sauver. Ça m'a fait revenir un petit peu à mes expériences de pompier, mais sauf que là, cette fois-ci, c'était quelqu'un que je connaissais. C'était une amie, ça l'est toujours d'ailleurs. Mais quand on a affaire à ce genre de situation et que c'est des gens qui nous sont proches, c'est toujours très différent l'impact émotionnel que ça peut nous donner. Mais je assure toutes les personnes qui nous écoutent, aujourd'hui, elle fait toujours de l'apnée, elle est en pleine santé, il n'y a aucune séquelle, elle va très très bien. Mais ça a été une passade assez difficile. dans ma carrière.

  • Speaker #0

    Merci de partager ça avec nous. J'entends que ça reste un souvenir encore fort.

  • Speaker #1

    Oui, c'est fort.

  • Speaker #0

    Et toi, en tant que safety, justement, pour ceux qui nous écoutent et qui ne connaissent pas encore trop bien l'apnée, c'est vraiment assurer la sécurité de l'apnéiste. Donc là, on voit à quel point ça a été utile et efficace. Oui. Au moment où tu allais la chercher, tu allais la chercher parce qu'elle restait statique à 30 mètres ou parce que tu allais faire ta rencontre ? Ça s'est passé comment ?

  • Speaker #1

    Non, en fait, je suis parti parce qu'on m'a appelé. En fait, sur cette sécula, je ne devais pas plonger. Mais en fait, le safety d'avant moi, il n'avait pas pu descendre. Et il a attendu dans les 15 mètres. et il ne la voyait pas remonter. Du coup, il est remonté à pleine vitesse à la surface et il m'a dit « Mathieu, vas-y, descend tout de suite » . Je n'ai pas cherché à comprendre. J'ai pris une inspiration et j'ai sprinté à 30 mètres. Là, je l'ai vu en bas et je l'ai remonté. C'est aussi pour ça qu'aujourd'hui, quand je suis sur une compétition d'apnée, je connais l'importance et le rôle des apnéistes parce que je suis passé aussi par là et que je sais que… Sans les apnées de sécurité, l'athlète n'est pas grand-chose finalement.

  • Speaker #0

    C'est un travail d'équipe ?

  • Speaker #1

    C'est un sport d'équipe, bien sûr. Quand on dit que l'apnée, c'est un sport individuel, je ne suis pas du tout d'accord avec ça. On a besoin des uns des autres pour être en sécurité sous l'eau. Et puis même aussi à la surface, il y a une grosse forme d'entraide. besoin du collectif. C'est un sport, je trouve, qui est très beau de ce point de vue-là, parce que sur une compétition, on ne voit pas trop cette animosité entre les athlètes. Il y a vraiment une espèce de... de communion où on partage, on s'entraide, on s'écoute, on s'encourage. Et je trouve que c'est ce qui fait partie de la beauté de notre sport.

  • Speaker #0

    C'est vrai. Tous les apnéistes disent ça. En tout cas, tous les compétiteurs le disent. J'entends qu'il y a encore des petites marques. Et en même temps, comment tu as réussi à dépasser ça ? J'imagine que tu n'y penses pas non plus à chaque fois que tu descends. Comment ça se passe pour toi alors ?

  • Speaker #1

    Disons que le temps efface les plaies, on va dire. Non, très honnêtement, j'y pense très rarement, voire jamais, parce que je pense que j'ai réussi à passer à autre chose. et que la personne en question va bien. Si ça n'avait pas été le cas, je pense que la suite aurait été un peu différente. C'est ce qui fait que j'ai réussi à passer à autre chose aussi.

  • Speaker #0

    C'était en

  • Speaker #1

    2015. Oui,

  • Speaker #0

    c'était il y a une dizaine d'années. Et l'eau aussi, est-ce que le fait de... Est-ce que tu crois que le fait... de t'immerger, ça vient de nettoyer aussi les blessures et les plaies, justement, émotionnelles.

  • Speaker #1

    Ah, c'est joliment dit. J'aime beaucoup la métaphore. Je n'avais jamais vraiment pensé à ça, mais peut-être, je ne sais pas.

  • Speaker #0

    En balance, on va aller sur ton plus beau souvenir en apnée, Mathieu, si tu vas bien.

  • Speaker #1

    Mon meilleur souvenir en apnée, je pense que c'est les Philippines qui me reviennent encore. C'est marrant parce que c'était l'une des premières plongées que je faisais en apnée là-bas. Et après avoir fini la session sur le câble, on était en pleine mer, on a un requin-baleine qui s'approche de nous, qui sort de nulle part, mais un requin-baleine immense. Il devait faire une dizaine de mètres. Et moi, à l'époque, je rêvais de voir un requin-baleine. Je me suis dit, ça a l'air tellement beau, c'est tellement gracieux. Les caches blanches, là. Donc voilà, moi, c'était vraiment un poisson que je voulais voir. Et là, il débarque de nulle part, immense. Et ça m'a vraiment scotché parce que je sais que c'est un poisson qui est inoffensif. Mais en même temps, ça m'a vraiment remis à ma place. Et je me suis senti vraiment tout petit. Et puis, la beauté de l'espèce. Donc, ça m'a vraiment... Et à cet instant-là, je me suis dit, en fait, je suis vraiment à ma place ici aux Philippines. C'est ici que je dois être parce qu'il y avait toutes les étoiles qui étaient en train de s'aligner. Et puis, je me dis, en fait, sous l'eau, j'étais trop bien face à ce requin-baleine. Et à un moment donné, quand il passe, après, j'essaie de le suivre. J'étais avec des palmes et il a mis deux, trois coups d'aileron et puis il a disparu. C'était vraiment impressionnant de voir passer cette...

  • Speaker #0

    Cette masse ?

  • Speaker #1

    Cette masse dans l'eau qui était vraiment énorme. Et puis, je te dis, tu te sens vraiment tout petit.

  • Speaker #0

    Ça doit être magique. Moi, c'est un de mes rêves aussi. Je n'ai toujours pas vu de requin-baleine. Est-ce que tu as vu son œil, son regard ? Il paraît que c'est incroyable.

  • Speaker #1

    Oui, tu ressens vraiment la vie à l'intérieur. C'est assez fort. Et si je peux te donner un deuxième souvenir sympa, c'était en Dominique cette fois, où là, je l'ai... Je n'ai pas vu, mais j'ai entendu le chant des baleines quand j'étais sous l'eau. En fait, le chant avec la dispersion dans l'eau, ça part de très loin. Je crois qu'ils étaient à 3 ou 4 kilomètres. J'ai senti que ça me transperçait la poitrine. Très, très, très fort. Et je suis remonté, j'avais les larmes aux yeux. Non,

  • Speaker #0

    mais il y a une vibration. C'est incroyable. J'utilise beaucoup, en hypnose, j'utilise des musiques avec des chants de baleine qui sont intégrés dedans. C'est incroyable. Et il paraît, d'ailleurs, j'en suis persuadée que c'est thérapeutique. En fait, les chants...

  • Speaker #1

    Ah ouais, c'est hyper frustrant.

  • Speaker #0

    Ça apaise. Et puis, quand ça vibre, ça rentre dans tout le... corps, c'est comme un reset en fait, on a l'impression que ça vibre à l'intérieur, c'est incroyable. Merci d'avoir partagé ça. Et alors, justement, ces bons souvenirs, ces moments-là, est-ce que... Tu as consciemment, en tout cas, cherché à les garder à l'intérieur ? On ne peut pas que tout est en permanence, mais à garder cette saveur, est-ce que tu as eu l'impression que tu pouvais l'intégrer et t'en servir même après pour tes performances, pour aller plus profondément dans l'eau ?

  • Speaker #1

    Alors, ces souvenirs-là, pas spécifiquement, mais si on parle de performance, c'est plutôt des souvenirs liés à la performance que je me sers pour... pour faire mes visualisations et pour créer tout ce schéma mental. C'est vraiment quelque chose qui va s'apparenter à ce que je vais faire.

  • Speaker #0

    D'accord. Tu ne te nourris pas forcément, en tout cas pas consciemment, parce qu'il se passe beaucoup de choses dans l'inconscient, mais tu ne te nourris pas forcément consciemment de toute cette beauté, de toutes ces sensations avec la mer. Tu dissocies finalement l'aspect performance de l'aspect loisir, plaisir.

  • Speaker #1

    Oui. Oui, tout à fait. En fait, ça ne me vient pas naturellement de repenser à ces souvenirs. Quand je veux me mettre en mode perf, je me mets en mode perf de A à Z et tout ce que je vais intégrer, c'est des choses que j'ai vécues, des choses qui sont propres à la performance.

  • Speaker #0

    Quand tu te prépares, quand tu es en surface, à quoi tu te connectes ? Est-ce que tu as des pensées ou est-ce que tu coupes tout ? Comment tu fais ?

  • Speaker #1

    En fait, quand je prépare une… une grosse plongée, une grosse perf, j'ai pour habitude de dire que je la prépare 24 heures avant. Donc ça va beaucoup plus loin qu'une heure avant. Je suis dans un conditionnement, 24 heures avant je pense à ma plongée, j'ai vraiment un rituel de pensée, un rituel que je vais faire aussi dans mon habitude alimentaire, de préparation. 24 heures avant, si tu veux, je vais visualiser ma plongée au moins deux ou trois fois. Je vais me coucher très tôt, je vais préparer mon matériel, etc. Et puis après, au petit matin, j'ai aussi mon rituel où je vais faire mon stretching, je vais faire tel stretching, je vais faire tel style de respiration jusqu'à arriver sur la ligne. Et au moment où je suis sur la ligne, j'ai encore un autre style de respiration. Et après, les pensées, je n'ai pas vraiment des... Beaucoup, beaucoup de pensée, si tu veux. Au contraire, j'essaie surtout de me concentrer sur moi, sur ma relaxation et sur ma respiration. J'essaie d'être vraiment centré sur le sensoriel, sur la respiration. Je me focalise sur ralentir le rythme cardiaque, essayer de faire vraiment le moins de mouvements possible, être vraiment en mode économe le plus possible. Et puis après, quand je suis sur la ligne, là, je n'ai plus aucune pensée. Je suis hyper connecté. Et dès que je mets la tête sous l'eau, c'est encore plus fort.

  • Speaker #0

    Il se passe quoi à ce moment-là ?

  • Speaker #1

    Quand je mets la tête sous l'eau ? Souvent, on me pose la question, on me demande à quoi est-ce que je pense. En fait, je ne pense à rien.

  • Speaker #0

    C'est sûr.

  • Speaker #1

    Parce qu'en fait, ça demande un tel état de concentration. On sait que la plongée en profondeur… La pnée en profondeur, c'est surtout la compensation des oreilles qui va nous permettre de descendre. Et aux profondeurs auxquelles je vais, il y a vraiment énormément de technique et de finesse, si tu veux, à apporter dans le geste. Et ça, ça demande vraiment une concentration de chaque instant. Et c'est cette concentration-là qui fait que j'ai presque plus de place pour penser à autre chose.

  • Speaker #0

    Non, il ne faut pas penser à autre chose. Et quand même, est-ce que tu profites ? À partir du moment où tu arrives au free fall, tu n'es pas que dans la technique. Il y a quand même un moment où tu es dans les sensations. Est-ce qu'il y a du plaisir ? On est d'accord ?

  • Speaker #1

    Oui, évidemment. D'ailleurs, je dis toujours que le plaisir est le catalyseur de performance. Tu ne peux pas chercher la performance sans avoir du plaisir, de la passion et de l'amour pour ce que tu fais. Ça doit être au cœur de la performance, c'est ça. Ce n'est pas juste aller chercher du chiffre pour chercher du chiffre.

  • Speaker #0

    Ton freefall, il démarre à quelle profondeur pour toi ?

  • Speaker #1

    Si on parle d'une apnée à 110 mètres, je vais commencer le freefall aux alentours de 40 mètres. Jusqu'à 40 mètres, je vais être dans de la technique de nage vraiment… le plus smooth possible, vraiment essayer de faire des mouvements les plus calmes et les plus économes possibles avec la concentration des oreilles en même temps. Et là, quand j'arrive à 40 mètres, je passe vraiment en mode sous-marin. J'ai les yeux qui se ferment, je suis à l'intérieur de moi, concentré sur mes sensations, sur l'eau qui glisse, sur le visage, sur les mains, sur les jambes. Il y a tout le positionnement que je recalibre aussi, où j'essaie vraiment de ne faire qu'un, de prendre le moins de place possible dans la mer et de faire... Comme si j'étais une petite goutte d'eau parmi l'océan.

  • Speaker #0

    Oui, ce que tu es d'ailleurs. Et j'aime bien quand tu dis « j'ai les yeux qui se ferment » . « Je ferme les yeux » , c'est « les yeux qui se ferment » . C'est vraiment une technique d'hypnose, en fait. C'est de laisser les yeux se fermer plutôt que de… Donc, est-ce que tu dirais, tu rentres en état de conscience un peu différent ? On est d'accord ?

  • Speaker #1

    Oui, je ne sais pas si on peut parler de conscience modifiée, mais il y a vraiment cet état de… de déconnexion que je ne vis absolument nulle part ailleurs que dans ma plongée, que dans la free fall. Et il y a une telle déconnexion que le temps, j'ai aussi une modification du temps, de la perception du temps dans laquelle la plongée est dure. Je m'explique, j'ai l'impression que quand je… plonge, j'ai l'impression que le temps est multiplié par trois, que tout va beaucoup plus lentement, que tout s'arrête. Et quand je reviens à la surface, il y a vraiment cette notion de voyage parce que j'ai l'impression d'être parti pendant très longtemps.

  • Speaker #0

    Pendant trois semaines. Ça confirme qu'il y a un état de conscience modifié, puisque l'effet de distorsion du temps, il est lié à l'hypnose ou à l'état d'hypnose. Alors, ça peut être une forme soit d'hypnose dissociée ou d'hypnose en expansion de conscience. Par exemple, Parce que quand tu dis que tu fais... Oui, pardon.

  • Speaker #1

    Oui, en fait, ce qui se passe aussi dans l'apnée en profondeur, c'est qu'il y a la narcose. Donc, il y a vraiment cette... On se sent vraiment dissous dans le liquide. On a parfois des visions, parfois on voit des choses, on entend des choses. C'est aussi très perturbant. Mais il faut rester hyper concentré. Et ça, ça peut, tu peux vite aussi perdre un petit peu le fil au niveau de la technique, le rythme de la nage, etc. Donc, c'est important d'être vraiment à l'écoute et d'intégrer ces narcos dans la visualisation. Je n'arrive pas encore à programmer mes narcos, mais j'arrive à programmer le fait qu'elle va arriver. C'est un petit peu ce que je dis aussi par rapport à l'envie de respirer. On n'est pas des poissons, on sait qu'à un moment donné, on va avoir des contractions, on va avoir envie de respirer. Et ça, inévitablement, on va l'avoir. Et c'est vraiment cette forme d'acceptation qu'on programme. On se dit, bon, ben voilà, ça va arriver, je vais avoir envie de respirer. Je vais avoir une narcose qui va commencer. Mais il ne faut pas que je la maîtrise, il faut simplement que je la laisse venir à moi et que je l'accepte et qu'elle fasse partie de ma plongée. Il y a vraiment ce gros travail aussi de... d'acceptation qui fait partie de la programmation à la surface.

  • Speaker #0

    Et la narcose, elle arrive déjà à la descente ?

  • Speaker #1

    Oui, je l'ai déjà ressenti à la descente, mais c'est très rare. Dans mon cas, c'est surtout au moment de la remontée, après le virage, dans les dix premiers mètres, où ça va commencer à monter, à monter, à monter. Et moi, j'ai des narcoses qui sont assez fortes. et qui me font aussi perdre un petit peu la mémoire. En général, je me rappelle difficilement des 10, 15, 20 derniers mètres. Et même l'année dernière au championnat de France, quand j'arrive à la surface, je fais mon protocole, je le fais vraiment automatiquement. Et quelques dizaines de secondes encore après, j'étais encore marcosé. C'était assez violent, ça a duré longtemps. Et en fait, il y a des facteurs qui font que la narcose est un peu plus forte, comme le froid, comme l'obscurité, le stress, la fatigue. Tout ça, c'est des facteurs qui augmentent la narcose.

  • Speaker #0

    Et ta performance a été validée ?

  • Speaker #1

    Oui, j'ai validé.

  • Speaker #0

    Ça ne se voyait pas ?

  • Speaker #1

    En fait, j'ai lâché et le juge qui me tend le carton blanc, j'ai dit « Ah ouais, du coup j'ai réussi. »

  • Speaker #0

    Sous-titrage Société Radio-Can C'est pour dire à quel point aussi, tu vois, le protocole à la sortie, il est ancré.

  • Speaker #1

    C'est de la préparation, c'est de la répétition de la préparation. Et évidemment, il faut l'intégrer dans ta préparation, en fait, pour que ça devienne un automatisme. Ça devient inconscient, comme tout ce qu'on apprend. Et tu parlais de vision et tu entendais des choses quand tu étais narcosé. Alors, tu veux bien nous… pas de nous donner un exemple ?

  • Speaker #0

    Ouais, j'ai plusieurs anecdotes. Souvent, à une époque, je voyais en fait la dernière personne avec laquelle je parlais sur le bateau. C'était un safety, un apnéiste, peu importe en fait, ça m'est arrivé moins cinq ou six fois où sous l'eau, je vois cette personne. Je la voyais vraiment comme si on était encore sur le bateau. Et puis, des fois, j'ai entendu des voix aussi. Et l'année dernière, au championnat du monde, quand je fais mon virage, je commence à remonter. Et là, je vois mes deux petites nièces qui sont assises sur leur canapé en train de me regarder à la télé, en train de remonter à la surface. Et là, je me prends conscience que c'est une vision, que je suis dans ma narcose. Mais je prends aussi conscience que c'est... probablement vrai parce que je sais qu'elle me suive, qu'elle me regarde avec le dive-eye, etc. Et là, je me fais la réflexion, je remonte les bras au-dessus de la tête, je me dis, bon, là, mon coco, il ne va pas falloir déconner.

  • Speaker #1

    Génial ! C'est incroyable. En même temps, ça, c'est une vision aidante. Par contre, la dernière personne que tu vois avant de partir, il ne faut pas se planter.

  • Speaker #0

    Oui, c'est clair.

  • Speaker #1

    Si tu la retrouves après dans ton apnée, il faut que ce soit quelqu'un que... qui soit agréable pour toi quelqu'un de sympa c'est incroyable et les voix ça serait quoi ? quelqu'un qui te parle ou c'est toi-même ?

  • Speaker #0

    non après c'est pas forcément très clair très limpide quand je parle de voix ça peut être aussi des bruits un peu sourds des voix un petit peu comme si tu entendais quelque chose au loin euh Je me suis même vu, moi, en face de la ligne.

  • Speaker #1

    C'est flippant ?

  • Speaker #0

    Non, en fait, ça ne m'a jamais vraiment fait flipper parce que j'ai toujours intégré le fait que ça peut arriver. Alors, tu n'es pas préparé à te voir, à te dédoubler ou entendre quelqu'un, mais tu es prêt à ce phénomène. Et quand tu connais un petit peu tous les effets, on en parle entre nous, entre apnéistes, machin. Moi, j'ai vu ça, moi, j'ai entendu ça. Aujourd'hui, je t'ai pété, machin. T'es prêt, en fait. T'es prêt à vivre quelque chose un petit peu paranormal.

  • Speaker #1

    Oui, c'est de la dissociation. C'est vraiment des états de conscience. Si tu te vois de l'extérieur, c'est que tu es dissocié, tout simplement. C'est de l'hypnose. C'est une forme d'hypnose. Ça, c'est un peu ce que tu vois, ce que tu entends. Est-ce que dans ton... Alors, à l'intérieur, physiquement, j'imagine qu'avec la pression tout au fond, ça doit être assez fort ou finalement, tu l'as tellement intégré que tu ne t'en rends même plus compte ?

  • Speaker #0

    Alors, la pression, je ne la ressens pas. En tout cas, je ne ressens pas une oppression sur la cage, je ne ressens pas mes poumons se rétrécir, etc. Ça, souvent, les gens me demandent, mais ça doit être hyper douloureux parce que quand tu parles de 10, 11, 12 barres de pression, je me dis, mais c'est quoi ? C'est un peu maso. En fait, pas du tout. On ne ressent pas cette pression. On a vraiment l'impression d'être enveloppé. On se sent un petit peu comme dans du coton. C'est une bulle qui nous entoure et qui nous permet de descendre. C'est dans l'acceptation, encore une fois, qu'on arrive à descendre. Parce que si on commence à se rédire, à se contracter, etc., en profondeur, on ne va pas aller très loin. Il y a vraiment cette notion de lâcher prise qui est hyper importante, d'acceptation, encore une fois, à la fois physique et mentale. C'est vraiment, on s'en remet à l'océan. On fait vraiment plus qu'un. Il y a quelque chose de vraiment très, très fort. Et puis, on sait que l'eau, on a tous… Le patrimoine génétique avec l'eau qui est très fort, qui date depuis très longtemps, il y a ça aussi qui compte.

  • Speaker #1

    Oui, je crois que dans le liquide lymphatique, c'est plus de 80% d'éléments communs entre l'eau de mer et l'eau qui circule dans notre corps. C'est juste incroyable.

  • Speaker #0

    C'est un retour aussi à l'état fétal. Dans le ventre de ta maman, il y a beaucoup de connotations auxquelles on ne fait pas forcément attention. Mais l'eau est un vecteur d'énergie extraordinaire. Quand on parlait du chant des baleines qui se projettent avec le son sous l'eau, c'est pareil. L'eau est un élément hyper puissant.

  • Speaker #1

    C'est la grande matrice. Forcément, si je te demande à partir de tout ça, qu'est-ce qui fait que tu vas retourner, que tu y retournes ? Parce que ça demande, on n'a pas vraiment parlé des efforts que ça demande. Mais toi, tu vis en région parisienne, en plus, tu n'as pas accès à ce monde marin H24. Et pour y aller et pour y retourner, toi aussi, tu t'entraînes en plus tous les jours, quasiment tous les jours, en salle de sport, cardio, muscu, piscine, alors qu'en plus, ce n'est pas ce que tu préfères, si j'ai bien compris. Donc, qu'est-ce qui fait que finalement, tu vas y retourner ? C'est-à-dire que non seulement tu vas retourner à l'entraînement, et puis après, tu vas retourner en bord de mer. et recommencer parce que retrouver tes sensations en profondeur, etc. Qu'est-ce qui fait que tu y retournes ?

  • Speaker #0

    Le fait de vivre en région parisienne, ça a un inconvénient, mais ça a aussi beaucoup d'avantages. Le fait d'être loin de la mer fait que je cultive une espèce de forme de manque, de frustration entre guillemets, qui fait que pendant plusieurs mois, je ne vais pas pouvoir plonger. de ma situation géographique. Et ça, en fait, ça a un impact énorme sur mon envie, sur ma motivation quand je retourne à la mer parce qu'il y a vraiment ce manque qui a été créé et qui a été un petit peu aussi cultivé. Cultiver le manque crée une motivation extrême quand je reviens à l'eau. Donc après, voilà, moi, je me prépare. Pendant 5-6 mois, je vais être hors de hausse allée, mais je vais aller à la piscine pour répéter des gammes, pour travailler la technique, pour travailler l'hypoxie, l'hypercapnie, je ne sais trop quoi. Et ça, ça fait vraiment partie intégrante du plan. C'est comme un architecte qui monte un mur, qui monte une maison. Il faut que je passe par les fondations, et les fondations, ça va être… la piscine, ça va être la muscu, ça va être aller courir, aller faire du vélo, etc. Et tout ça, en fait, quand j'arrive en saison de profondeur, chaque brique vient s'intégrer naturellement et à son importance et à sa place.

  • Speaker #1

    C'est une véritable stratégie, de toute façon, que tu as mis en place.

  • Speaker #0

    C'est un plan, on ne fait plus un plan, on ne fait pas les choses comme ça. Et puis après, on va essayer d'aller plonger profond en espérant que ça se passe bien. Après, ça fait plus de 10 ans que je fais ça. J'ai pu analyser, sortir des datas, voir ce qui fonctionne, ce qui fonctionne moins bien, quels sont mes points forts, quels sont mes points faibles, et comment les améliorer d'année après année. Il y a vraiment cette recherche-là aussi. Je me demande pourquoi est-ce que je retourne. Il y a toujours cette quête de faire mieux, de s'améliorer. d'être toujours meilleur, meilleur et d'aller chercher la meilleure version de soi-même.

  • Speaker #1

    Une envie de dépassement.

  • Speaker #0

    Ah, de dépassement de soi, ça fait partie du jeu, c'est un vrai jeu en fait.

  • Speaker #1

    C'est pour ça que tu dis, c'est génial parce que tu boucles la boucle. Quand tu disais je me suis rapidement pris au jeu, pour toi c'est un jeu.

  • Speaker #0

    Ouais, carrément, il faut que ce soit un jeu. Si tu fais les choses par contrainte, juste pour aller gagner quelques mètres. être meilleur que ton voisin ou que le comité je vois pas trop l'intérêt quoi moi ça moi c'est un kiff quoi c'est le kiff plongée je kiffe descendre je kiffe remonter je kiffe les sensations j'adore tout dans ce sport en fait et puis c'est un sport qui me fait voyager qui fait rencontrer des belles personnes il ya tout un Un écosystème qui gravite autour de la compétition. Il ne faut pas juste le voir comme la compétition et on essaie d'aller plus profond et on se revoit l'année prochaine. Il y a bien plus que ça.

  • Speaker #1

    Cette frustration devient ton moteur, c'est génial. au lieu de te plaindre et de dire oh mon dieu je suis loin de la mer etc au contraire je m'en sers comme une force avant de conclure et merci en tout cas pour tous ces partages est-ce que tu veux bien partager avec les auditeurs une technique de préparation mentale que tu utilises j'aimerais si tu veux bien partager un conseil plus qu'une technique

  • Speaker #0

    En tout cas, un conseil qui m'a beaucoup aidé et qui m'a beaucoup servi dans la progression en apnée. Après, je pourrais te partager un outil. Mais déjà, un conseil, ce serait en apnée, si tu veux progresser, il faut toujours garder le sens et le pourquoi tu fais ça. Et ne pas trop se laisser happer par les chiffres. Et c'est difficile en fait en apnée parce que... on pratique un sport où la métrique est partout. On parle de temps, on parle de distance, on parle de profondeur, on parle de personal best, de machin, de truc. On est tous là avec notre montre à prendre des photos et à aller poster ça sur les réseaux. Donc, il y a vraiment cette notion de métrique qui est ultra présente et qui, selon moi, a tendance un petit peu à prendre le dessus sur les émotions, sur les sensations et sur, finalement, le pourquoi. Moi-même, j'ai fait l'erreur à une période, c'était de tomber un petit peu dans cet engrenage du record personnel, un jour, deux jours, trois jours, et puis tu continues. En fait, il n'y a plus que ça qui compte, aller emmener ta montre toujours un petit peu plus profond. Donc, ce qui devait donner un conseil, c'est vraiment essayer de mettre la montre au placard de temps en temps. et de se recentrer vraiment sur les sensations, sur les émotions et le pourquoi on fait ça.

  • Speaker #1

    Très important, merci beaucoup pour ce conseil. Après, tu peux aussi partager une technique si tu veux, dis-nous, mais tu n'es pas obligé, ce conseil est déjà excellent.

  • Speaker #0

    Oui, une technique, qu'est-ce que je pourrais vous partager ? Je pense que les techniques de respiration sont fondamentales dans un sport où on arrête de respirer. Mais pour arrêter de respirer, il faut avant tout bien respirer. Et ça, je l'ai compris assez rapidement. Et je pense avoir toujours été vraiment fasciné par le monde de la respiration. Concentrez-vous sur votre respiration, essayez de conscientiser au maximum, d'avoir toujours une petite intention sur votre respiration, la manière dont vous respirez, comment est-ce que vous le ressentez. C'est vraiment primordial et c'est la porte d'entrée à l'apnée et au bien-être de tous les jours, sans parler forcément de performance. Je pense que la respiration aujourd'hui est vraiment un catalyseur de performance, de bien-être avant tout, que ce soit en apnée, en sport, au travail, et ça peut aider dans beaucoup de gestion émotionnelle. Je le vois aujourd'hui quand j'interviens en entreprise pour coacher les gens sur leur respiration. 90% des gens ne savent pas comment ils respirent, ils ne savent pas combien de fois par minute ils respirent, ils ne savent pas s'ils respirent par le nez ou par la bouche. Qu'est-ce que c'est qu'une bonne respiration ? Vraiment, intéressez-vous à la respiration. Je vais recommander aussi un ouvrage qui s'appelle Respire. de James Nestor, qui est un ouvrage fabuleux, fantastique, c'est une mine d'informations. Si vous voulez en connaître un peu plus sur la respiration, achetez-le et lisez-le, c'est super intéressant.

  • Speaker #1

    J'imagine que tu n'as pas d'action sur ce livre ?

  • Speaker #0

    Pas du tout, non.

  • Speaker #1

    On est d'accord.

  • Speaker #0

    Peut-être.

  • Speaker #1

    Très bien, merci beaucoup pour ta générosité. Et pour terminer l'interview, on va partager des informations te concernant, pour ceux qui veulent te suivre. Alors, tu as un site internet avec un blog et puis un compte Facebook, un compte Instagram. Est-ce que tu veux nous donner des références, un sponsor aussi ?

  • Speaker #0

    Oui, tous les réseaux, vous pouvez me retrouver un peu partout. J'ai LinkedIn aussi sur lequel je suis assez présent. J'essaie de poster en général au moins une fois par semaine. Et un sponsor, oui, j'ai un nouveau partenaire qui s'appelle Apnea. qui est une plateforme sur laquelle on peut retrouver une gamme de matériel d'apnée et de yoga. Ils sont à Nice, ils servent la France et maintenant l'Europe, il me semble. Je suis très heureux d'être leur ambassadeur parce qu'ils sont tout nouveaux et ils ont fait appel à moi pour promouvoir un petit peu leur marque. et je suis vraiment très heureux parce qu'ils font vraiment du super matos et si vous ne voulez pas laisser une commande j'ai un code qui est MAT10 avec lequel vous pouvez avoir

  • Speaker #1

    10% de réduction il fallait écouter le podcast jusqu'au bout pour avoir le cadeau Merci beaucoup Mathieu d'avoir accepté l'invitation. Je suis persuadée que c'était très intéressant pour tous nos auditeurs. Je te souhaite évidemment une très belle saison. Là, on est parti dans l'hiver, donc d'entraînement et de retrouver des ressources et de la motivation. Et puis, il lui manque de la mer aussi.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça. Un peu de filtration.

  • Speaker #1

    Un peu de filtration.

  • Speaker #0

    C'est pour la bonne cause.

  • Speaker #1

    Oui. Donc, belle saison. Tu as encore de belles années devant toi pour continuer ta passion. Je te souhaite évidemment une belle réussite. Et puis de te hisser là où tu veux aller, jusqu'où tu veux aller. Et aussi de faire ces belles rencontres sous l'eau. Je pense que c'est ça qui nourrit aussi les rencontres avec les requins-baleines et autres.

  • Speaker #0

    Et le chant des baleines.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Merci à toi, Sylvie. Vraiment, merci pour ton temps. C'était un grand plaisir.

  • Speaker #1

    Je vous remercie infiniment d'avoir écouté cet épisode jusqu'au bout. Alors, s'il vous a plu, n'hésitez pas à lui donner une note 5 étoiles sur vos plateformes d'écoute et de le partager autour de vous pour le faire connaître. Et si vous souhaitez participer au podcast et vous faire interviewer, ou si vous connaissez quelqu'un que vous aimeriez entendre, dites-le-moi en m'écrivant à l'adresse contact.hypne.com. Merci à vous et... A très bientôt pour le prochain épisode de En Profondeur.

Description

Dans ce nouvel épisode d’En profondeur by Hypnée, je vous emmène à la rencontre de Mathieu Maraio, un apnéiste d’exception qui a choisi de s’engager à 100% dans cette discipline fascinante. 


Son dévouement l’a mené au plus haut niveau, atteignant récemment le Top 6 mondial en apnée en profondeur et intégrant la Team Abyss, une équipe de 5 champions faisant partie du TOP 8 mondial dans leur discipline et fondée par Christian Vogler.


Dans cet épisode, vous découvrirez :

🌊 Son expérience en tant que safety diver, garant de la sécurité des plongeurs.
🦈 Sa rencontre inoubliable avec des requins-baleines.
😵‍💫 Son témoignage captivant sur la narcose, cet état altéré de conscience ressenti en plongée profonde.


Et restez bien jusqu'à la fin… Une surprise vous attend 🎁, et je ne parle pas seulement des conseils précieux que Mathieu partage avec nous !


📌 Pour aller plus loin :
📖 Téléchargez son e-book sur son site web
📲 Retrouvez Mathieu sur Instagram et LinkedIn


Un grand merci d'avoir écouté cet épisode 🙏


S'il vous a plu, parlez-en autour de vous et donnez-lui une note ⭐⭐⭐⭐⭐ sur vos plateformes d'écoutes préférées.

Pour me suggérer des invités ou des thématiques que vous intéressent pour les épisodes solo sur l'hypnose, l'autohypnose et la préparation mentale, écrivez-moi à ✉️ contact@hypnee.com


A très bientôt pour le prochain épisode,


Sylvie 🌀


En Profondeur, une production Hypnée

Créatrice et animatrice du podcast : Sylvie Pouliquen


Crédits musique :

Titre:  Light

Auteur: Idyllic

Source: https://soundcloud.com/noctt

Licence: https://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0/deed.fr

Téléchargement: https://www.auboutdufil.com


Titre:  Days Past

Auteur: In Closing

Source: https://www.facebook.com/inclosing/

Licence: https://creativecommons.org/licenses/by/3.0/deed.fr

Téléchargement: https://www.auboutdufil.com


Visuel : Lucie Clavelloux - Insta : https://www.instagram.com/lucie_clavelloux/

Montage : Philippe Istria


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Au travers d'interviews de plongeurs en apnée et en scaphandre, En Profondeur vous fait plonger au cœur de votre être. Vous allez ainsi découvrir ce qu'il se passe à l'intérieur de mes invités, quelles pensées, quelles émotions, quels ressentis, lorsqu'ils plongent et lorsqu'ils explorent leurs propres limites. Je m'appelle Sylvie Poulikin et je suis fondatrice d'Hypnée. A la fois praticienne en hypnose, préparatrice mentale et éducatrice sportive en plongée subaquatique, j'ai une foi. indéfectible dans la capacité de chaque être humain à accéder à ses plus belles ressources intérieures. Alors, je vous emmène plonger avec moi au cœur de l'humain, le temps d'une écoute. Alors, bonjour Mathieu, je te remercie infiniment d'avoir accepté mon invitation en profondeur.

  • Speaker #1

    Bonjour Sylvie, c'est un plaisir, merci de m'accueillir.

  • Speaker #0

    Avec plaisir. Donc, je vais d'abord te présenter, puis bien sûr, nous allons rentrer un peu en profondeur à l'intérieur de tout. de toi, de ton cerveau et de tes émotions. Donc Mathieu, tu t'appelles Mathieu Maraio, tu es apnéiste de haut niveau, membre de l'équipe de France AIDA. Tu es dans le top 10 depuis plusieurs années, tu as été même jusqu'à sixième mondiale. Et puis cette année, tu as fait vice-champion de France, double vice-champion de France, donc dans deux disciplines, avec un record au championnat du monde à 110 mètres de profondeur. Donc, tu es plutôt un profondiste, comme on dit.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. Je suis un poisson d'eau salée. C'est pas trop mon truc.

  • Speaker #0

    Et pourtant, tu y vas.

  • Speaker #1

    Et pourtant, j'y vais. Je n'ai pas trop le choix.

  • Speaker #0

    Tu es passionné de plonger depuis ton plus jeune âge. Alors ça, tu nous diras. Et tu as découvert l'apnée il y a plusieurs années et tu t'es rapidement pris au jeu. Alors, j'aime bien l'expression. On en reparlera aussi. Tu as commencé à t'entraîner intensivement. Alors ça, on ne sait pas quand. Tu vas nous le dire. pour améliorer ta technique et tes performances. Tes efforts ont payé, on vient de le voir. Et en plus de tout cela, évidemment, parce que dans ce monde qui nécessite beaucoup de polyvalence, tu es également coach, conférencier, préparateur mental et tu proposes évidemment des stages d'apnée. Je crois comprendre que ton angle, c'est d'aborder la gestion du stress avec la respiration essentiellement.

  • Speaker #1

    Exactement, oui, c'est ça.

  • Speaker #0

    Génial. Alors c'est bien, si tu es d'accord avec tout ça, tu veux peut-être compléter ?

  • Speaker #1

    J'aimerais bien repartir un petit peu du début, où on va dire que mon rapport à l'eau, il a toujours été assez fort. Depuis que je suis gamin, l'eau ça a toujours été mon élément, et comme tu le disais, j'ai commencé par la plongée sous-marine, la plongée en bouteille, et j'ai fait mon baptême, je crois que j'avais 8 ans, donc très très jeune. Et je me rappelle, avant de plonger, je demandais aux instructeurs à quelle profondeur on allait aller. J'ai toujours eu cet engouement, cette passion et cette intrigue auprès des profondeurs. Ça m'a toujours attiré, en fait. Et puis, vraiment, depuis très, très jeune, c'est un petit peu par là que ça a commencé. Et après, j'ai fait aussi beaucoup de natation. J'ai appris à nager très, très tôt. J'ai fait plus de dix ans de natation avec des compétitions. L'esprit de compétition, je l'ai eu aussi très jeune.

  • Speaker #0

    Tu avais quel âge exactement ? Et puis où, en fait, cette envie d'aller en profondeur ? Tu es originaire de Bordemer ?

  • Speaker #1

    Non, pas du tout. C'est ça un peu ma particularité. C'est que moi, j'ai grandi en Ile-de-France, au nord de Paris. Et du coup, j'ai appris à nager. Et j'avais trouvé... trois ans. Et en fait, c'est le maître nageur qui est venu voir ma mère en me disant, en me voyant sauter dans le grand bain alors que je ne savais pas nager, il dit, ouais, il faudrait peut-être commencer à lui apprendre à nager parce que là, il commence à être dangereux pour lui. Donc voilà, c'est dans les piscines que j'ai commencé à faire mes armes. Mais après, l'apnée, comme je la pratique aujourd'hui, c'est venu bien plus tard. Parce qu'à cette époque, c'était pas... pas développé comme aujourd'hui. Après, moi, j'ai beaucoup voyagé aussi. J'ai eu la chance d'aller plusieurs fois en Asie. Et quand j'allais en Asie, en fait, je faisais de la plongée sous-marine parce qu'il n'y avait pas de club d'apnée à cette époque. Et un jour, j'ai fini par en trouver un. Et c'était à Bali en 2012, il me semble. Et depuis lors, j'ai jamais arrêté.

  • Speaker #0

    Ah oui, ça fait 12 ans. Tu as réussi à te viser au top niveau mondial en 12 ans.

  • Speaker #1

    Ouais, c'est à peu près ça.

  • Speaker #0

    C'est un joli parcours. Donc, tu faisais de la plongée bouteille, tu as arrêté ?

  • Speaker #1

    Ouais, en fait, dès que j'ai commencé l'apnée, je n'ai quasiment plus jamais refait de plongée bouteille.

  • Speaker #0

    Tu voulais faire de l'apnée ?

  • Speaker #1

    Ouais, je pense que c'était vraiment ça que je voulais faire. À la base, je voulais devenir prof de plongée bouteille. Mais quand j'ai découvert l'apnée, je me suis dit que c'est ça qui me pose, c'est ça qui me rend super bien. C'est vraiment l'apnée mon truc.

  • Speaker #0

    Qui te pose, qui te rend super bien. Tu as eu les sensations dès tes premières apnées, un peu encadrées comme ça ?

  • Speaker #1

    Oui, tout de suite, quand j'ai mis la tête sous l'eau, je suis rapidement descendu. Je crois qu'en trois jours, je descendais à une trentaine de mètres.

  • Speaker #0

    Ah oui !

  • Speaker #1

    Mais ce qui m'a permis aussi de descendre assez rapidement dans ces profondeurs, c'est que j'avais cette facilité à me sentir bien sous l'eau et surtout à déconnecter et à être vraiment hyper relax. Et c'est ce que mon instructeur disait au départ, c'est « Waouh, t'es vraiment très très détendu, ça se voit » et puis ça se ressentait aussi sur les profondeurs. profondeur à laquelle j'allais en même pas trois jours. Je dois dire aussi que je suis passé par la case pompiers de Paris et j'ai été sauveteur aquatique en Seine. Donc pendant plus de deux ans je plongeais aussi en Seine dans une eau parfois à 3-4 degrés qui était nuit noire. Donc quand je suis arrivé à Bali, je peux dire que ça a tout de suite matché parce que j'avais l'habitude de plonger dans des eaux. un peu plus hostile, on va dire.

  • Speaker #0

    Ah oui, et même quand tu plongeais en Seine, justement, tu arrivais à te détendre et à rester zen et calme ?

  • Speaker #1

    C'était une autre approche, en fait, parce qu'avec les pompiers, c'était, je travaille dans l'urgence, on était appelés le jour, la nuit, pour aller chercher des gens. On ne plongeait vraiment, on n'était pas du tout dans la recherche de plaisir, de confort. Et ça n'existait pas à ce moment-là. Mais vu que j'ai eu l'habitude de plonger dans ces cas assez extrêmes, quand il a fallu que je me ressente sur moi et que je déconnecte, ça a été assez facile, j'ai trouvé.

  • Speaker #0

    Oui, par contraste aussi. C'est le contraste total entre le noir, le froid. Avec des exigences de stress face à la détente et au relâchement.

  • Speaker #1

    À Bali, j'y suis allé, mais j'étais encore chez les pompiers. C'était pendant un voyage. Je suis revenu à Paris. Et là, je me suis dit, j'ai envie que ma vie toute entière tourne autour de l'apnée. Donc, j'ai quitté les pompiers de Paris. J'ai rendu ma maison. En fait, j'ai vraiment tout lâché de ce que j'avais en France. pour ensuite partir aux Philippines. Et là, le but, c'était d'aller aux Philippines, de me former, de devenir instructeur et d'enseigner l'apnée dans un pays des tropiques.

  • Speaker #0

    Mais qu'est-ce qui s'est passé alors ? Parce que tu n'es pas au tropique. Tu n'es pas sous les tropiques.

  • Speaker #1

    Non, mais depuis, je suis revenu. Cette aventure, elle a duré quand même pendant trois ans. Pendant trois ans, j'allais passer la moitié de l'année là-bas. L'hiver français, je partais aux Philippines. Et quand c'était l'été, je revenais en France pour travailler sur les plages en tant que sauveteur. Et disons qu'à un moment donné, cette vie, c'était super, mais j'avais besoin d'autre chose, j'avais besoin d'un peu plus de stabilité, j'avais besoin de vie, de vie, ça m'intéressait. Voilà, donc j'ai décidé de revenir en France. Et là, j'ai changé un petit peu ma manière de voyager. Donc, j'étais vraiment installé en France et je partais pour un mois, deux mois, trois mois. Et puis ensuite, je revenais chez moi.

  • Speaker #0

    Donc, plus de voyage, plus d'aller-retour.

  • Speaker #1

    Oui, un peu plus d'aller-retour sur des périodes un peu plus courtes, mais avec une base fixe en France où j'avais besoin d'avoir des racines ici, proches des miens. Et de savoir… d'avoir un petit peu de sécurité et de stabilité quand je revenais parce que en fait je faisais des allers-retours mais quand j'étais aux Philippines, j'étais vraiment dans un sac à dos quoi. Et j'avais besoin de construire cette stabilité en plus.

  • Speaker #0

    Et finalement c'est en construisant ta stabilité que tu as pu devenir à ce niveau en apnée ?

  • Speaker #1

    Oui, ça en a fait partie effectivement. J'avais besoin de ça et c'est ce qui m'a aussi consolidé dans mes performances et dans mon bien-être général.

  • Speaker #0

    Alors, on va plonger encore plus à l'intérieur de toi en démarrant avec peut-être ton pire souvenir en apnée. Alors, je le mets entre guillemets, le mot pire souvenir. Tu as peut-être réfléchi à ça.

  • Speaker #1

    Ce n'est pas facile cette question que tu me poses parce que ça me ramène à un événement que j'ai connu quand j'étais en fait safety. Avant d'être compétiteur, j'étais aussi safety dans des compétitions. Et j'ai été sur une compétition où on a eu un accident. Ce pire souvenir, ce n'est pas moi proprement parlé qui l'ai vécu, mais je l'ai vécu indirectement parce que je faisais partie de l'équipe de sécu et qu'on a eu un gros accident sur cette compétition. Je ne vais pas dire le nom de la personne, mais en gros, on a une personne qui est restée bloquée en bas, à 30 mètres de profondeur, et qui a été victime d'une syncope. À cause d'une piqûre de méduse, elle a fait un choc anaphylactique. Et après, il y a eu de nombreuses réactions en cascade qui ont eu lieu. Et c'est moi, en fait, qui l'ai remontée des 30 mètres. Et ensuite, on a dû... On a dû faire un massage cardiaque à cette personne. Donc elle n'est vraiment pas passée loin de la mort et on l'a réanimée. Pour moi, ça a été une expérience assez douloureuse. Ça aurait pu être bien plus grave, mais on a réussi à la sauver. Ça m'a fait revenir un petit peu à mes expériences de pompier, mais sauf que là, cette fois-ci, c'était quelqu'un que je connaissais. C'était une amie, ça l'est toujours d'ailleurs. Mais quand on a affaire à ce genre de situation et que c'est des gens qui nous sont proches, c'est toujours très différent l'impact émotionnel que ça peut nous donner. Mais je assure toutes les personnes qui nous écoutent, aujourd'hui, elle fait toujours de l'apnée, elle est en pleine santé, il n'y a aucune séquelle, elle va très très bien. Mais ça a été une passade assez difficile. dans ma carrière.

  • Speaker #0

    Merci de partager ça avec nous. J'entends que ça reste un souvenir encore fort.

  • Speaker #1

    Oui, c'est fort.

  • Speaker #0

    Et toi, en tant que safety, justement, pour ceux qui nous écoutent et qui ne connaissent pas encore trop bien l'apnée, c'est vraiment assurer la sécurité de l'apnéiste. Donc là, on voit à quel point ça a été utile et efficace. Oui. Au moment où tu allais la chercher, tu allais la chercher parce qu'elle restait statique à 30 mètres ou parce que tu allais faire ta rencontre ? Ça s'est passé comment ?

  • Speaker #1

    Non, en fait, je suis parti parce qu'on m'a appelé. En fait, sur cette sécula, je ne devais pas plonger. Mais en fait, le safety d'avant moi, il n'avait pas pu descendre. Et il a attendu dans les 15 mètres. et il ne la voyait pas remonter. Du coup, il est remonté à pleine vitesse à la surface et il m'a dit « Mathieu, vas-y, descend tout de suite » . Je n'ai pas cherché à comprendre. J'ai pris une inspiration et j'ai sprinté à 30 mètres. Là, je l'ai vu en bas et je l'ai remonté. C'est aussi pour ça qu'aujourd'hui, quand je suis sur une compétition d'apnée, je connais l'importance et le rôle des apnéistes parce que je suis passé aussi par là et que je sais que… Sans les apnées de sécurité, l'athlète n'est pas grand-chose finalement.

  • Speaker #0

    C'est un travail d'équipe ?

  • Speaker #1

    C'est un sport d'équipe, bien sûr. Quand on dit que l'apnée, c'est un sport individuel, je ne suis pas du tout d'accord avec ça. On a besoin des uns des autres pour être en sécurité sous l'eau. Et puis même aussi à la surface, il y a une grosse forme d'entraide. besoin du collectif. C'est un sport, je trouve, qui est très beau de ce point de vue-là, parce que sur une compétition, on ne voit pas trop cette animosité entre les athlètes. Il y a vraiment une espèce de... de communion où on partage, on s'entraide, on s'écoute, on s'encourage. Et je trouve que c'est ce qui fait partie de la beauté de notre sport.

  • Speaker #0

    C'est vrai. Tous les apnéistes disent ça. En tout cas, tous les compétiteurs le disent. J'entends qu'il y a encore des petites marques. Et en même temps, comment tu as réussi à dépasser ça ? J'imagine que tu n'y penses pas non plus à chaque fois que tu descends. Comment ça se passe pour toi alors ?

  • Speaker #1

    Disons que le temps efface les plaies, on va dire. Non, très honnêtement, j'y pense très rarement, voire jamais, parce que je pense que j'ai réussi à passer à autre chose. et que la personne en question va bien. Si ça n'avait pas été le cas, je pense que la suite aurait été un peu différente. C'est ce qui fait que j'ai réussi à passer à autre chose aussi.

  • Speaker #0

    C'était en

  • Speaker #1

    2015. Oui,

  • Speaker #0

    c'était il y a une dizaine d'années. Et l'eau aussi, est-ce que le fait de... Est-ce que tu crois que le fait... de t'immerger, ça vient de nettoyer aussi les blessures et les plaies, justement, émotionnelles.

  • Speaker #1

    Ah, c'est joliment dit. J'aime beaucoup la métaphore. Je n'avais jamais vraiment pensé à ça, mais peut-être, je ne sais pas.

  • Speaker #0

    En balance, on va aller sur ton plus beau souvenir en apnée, Mathieu, si tu vas bien.

  • Speaker #1

    Mon meilleur souvenir en apnée, je pense que c'est les Philippines qui me reviennent encore. C'est marrant parce que c'était l'une des premières plongées que je faisais en apnée là-bas. Et après avoir fini la session sur le câble, on était en pleine mer, on a un requin-baleine qui s'approche de nous, qui sort de nulle part, mais un requin-baleine immense. Il devait faire une dizaine de mètres. Et moi, à l'époque, je rêvais de voir un requin-baleine. Je me suis dit, ça a l'air tellement beau, c'est tellement gracieux. Les caches blanches, là. Donc voilà, moi, c'était vraiment un poisson que je voulais voir. Et là, il débarque de nulle part, immense. Et ça m'a vraiment scotché parce que je sais que c'est un poisson qui est inoffensif. Mais en même temps, ça m'a vraiment remis à ma place. Et je me suis senti vraiment tout petit. Et puis, la beauté de l'espèce. Donc, ça m'a vraiment... Et à cet instant-là, je me suis dit, en fait, je suis vraiment à ma place ici aux Philippines. C'est ici que je dois être parce qu'il y avait toutes les étoiles qui étaient en train de s'aligner. Et puis, je me dis, en fait, sous l'eau, j'étais trop bien face à ce requin-baleine. Et à un moment donné, quand il passe, après, j'essaie de le suivre. J'étais avec des palmes et il a mis deux, trois coups d'aileron et puis il a disparu. C'était vraiment impressionnant de voir passer cette...

  • Speaker #0

    Cette masse ?

  • Speaker #1

    Cette masse dans l'eau qui était vraiment énorme. Et puis, je te dis, tu te sens vraiment tout petit.

  • Speaker #0

    Ça doit être magique. Moi, c'est un de mes rêves aussi. Je n'ai toujours pas vu de requin-baleine. Est-ce que tu as vu son œil, son regard ? Il paraît que c'est incroyable.

  • Speaker #1

    Oui, tu ressens vraiment la vie à l'intérieur. C'est assez fort. Et si je peux te donner un deuxième souvenir sympa, c'était en Dominique cette fois, où là, je l'ai... Je n'ai pas vu, mais j'ai entendu le chant des baleines quand j'étais sous l'eau. En fait, le chant avec la dispersion dans l'eau, ça part de très loin. Je crois qu'ils étaient à 3 ou 4 kilomètres. J'ai senti que ça me transperçait la poitrine. Très, très, très fort. Et je suis remonté, j'avais les larmes aux yeux. Non,

  • Speaker #0

    mais il y a une vibration. C'est incroyable. J'utilise beaucoup, en hypnose, j'utilise des musiques avec des chants de baleine qui sont intégrés dedans. C'est incroyable. Et il paraît, d'ailleurs, j'en suis persuadée que c'est thérapeutique. En fait, les chants...

  • Speaker #1

    Ah ouais, c'est hyper frustrant.

  • Speaker #0

    Ça apaise. Et puis, quand ça vibre, ça rentre dans tout le... corps, c'est comme un reset en fait, on a l'impression que ça vibre à l'intérieur, c'est incroyable. Merci d'avoir partagé ça. Et alors, justement, ces bons souvenirs, ces moments-là, est-ce que... Tu as consciemment, en tout cas, cherché à les garder à l'intérieur ? On ne peut pas que tout est en permanence, mais à garder cette saveur, est-ce que tu as eu l'impression que tu pouvais l'intégrer et t'en servir même après pour tes performances, pour aller plus profondément dans l'eau ?

  • Speaker #1

    Alors, ces souvenirs-là, pas spécifiquement, mais si on parle de performance, c'est plutôt des souvenirs liés à la performance que je me sers pour... pour faire mes visualisations et pour créer tout ce schéma mental. C'est vraiment quelque chose qui va s'apparenter à ce que je vais faire.

  • Speaker #0

    D'accord. Tu ne te nourris pas forcément, en tout cas pas consciemment, parce qu'il se passe beaucoup de choses dans l'inconscient, mais tu ne te nourris pas forcément consciemment de toute cette beauté, de toutes ces sensations avec la mer. Tu dissocies finalement l'aspect performance de l'aspect loisir, plaisir.

  • Speaker #1

    Oui. Oui, tout à fait. En fait, ça ne me vient pas naturellement de repenser à ces souvenirs. Quand je veux me mettre en mode perf, je me mets en mode perf de A à Z et tout ce que je vais intégrer, c'est des choses que j'ai vécues, des choses qui sont propres à la performance.

  • Speaker #0

    Quand tu te prépares, quand tu es en surface, à quoi tu te connectes ? Est-ce que tu as des pensées ou est-ce que tu coupes tout ? Comment tu fais ?

  • Speaker #1

    En fait, quand je prépare une… une grosse plongée, une grosse perf, j'ai pour habitude de dire que je la prépare 24 heures avant. Donc ça va beaucoup plus loin qu'une heure avant. Je suis dans un conditionnement, 24 heures avant je pense à ma plongée, j'ai vraiment un rituel de pensée, un rituel que je vais faire aussi dans mon habitude alimentaire, de préparation. 24 heures avant, si tu veux, je vais visualiser ma plongée au moins deux ou trois fois. Je vais me coucher très tôt, je vais préparer mon matériel, etc. Et puis après, au petit matin, j'ai aussi mon rituel où je vais faire mon stretching, je vais faire tel stretching, je vais faire tel style de respiration jusqu'à arriver sur la ligne. Et au moment où je suis sur la ligne, j'ai encore un autre style de respiration. Et après, les pensées, je n'ai pas vraiment des... Beaucoup, beaucoup de pensée, si tu veux. Au contraire, j'essaie surtout de me concentrer sur moi, sur ma relaxation et sur ma respiration. J'essaie d'être vraiment centré sur le sensoriel, sur la respiration. Je me focalise sur ralentir le rythme cardiaque, essayer de faire vraiment le moins de mouvements possible, être vraiment en mode économe le plus possible. Et puis après, quand je suis sur la ligne, là, je n'ai plus aucune pensée. Je suis hyper connecté. Et dès que je mets la tête sous l'eau, c'est encore plus fort.

  • Speaker #0

    Il se passe quoi à ce moment-là ?

  • Speaker #1

    Quand je mets la tête sous l'eau ? Souvent, on me pose la question, on me demande à quoi est-ce que je pense. En fait, je ne pense à rien.

  • Speaker #0

    C'est sûr.

  • Speaker #1

    Parce qu'en fait, ça demande un tel état de concentration. On sait que la plongée en profondeur… La pnée en profondeur, c'est surtout la compensation des oreilles qui va nous permettre de descendre. Et aux profondeurs auxquelles je vais, il y a vraiment énormément de technique et de finesse, si tu veux, à apporter dans le geste. Et ça, ça demande vraiment une concentration de chaque instant. Et c'est cette concentration-là qui fait que j'ai presque plus de place pour penser à autre chose.

  • Speaker #0

    Non, il ne faut pas penser à autre chose. Et quand même, est-ce que tu profites ? À partir du moment où tu arrives au free fall, tu n'es pas que dans la technique. Il y a quand même un moment où tu es dans les sensations. Est-ce qu'il y a du plaisir ? On est d'accord ?

  • Speaker #1

    Oui, évidemment. D'ailleurs, je dis toujours que le plaisir est le catalyseur de performance. Tu ne peux pas chercher la performance sans avoir du plaisir, de la passion et de l'amour pour ce que tu fais. Ça doit être au cœur de la performance, c'est ça. Ce n'est pas juste aller chercher du chiffre pour chercher du chiffre.

  • Speaker #0

    Ton freefall, il démarre à quelle profondeur pour toi ?

  • Speaker #1

    Si on parle d'une apnée à 110 mètres, je vais commencer le freefall aux alentours de 40 mètres. Jusqu'à 40 mètres, je vais être dans de la technique de nage vraiment… le plus smooth possible, vraiment essayer de faire des mouvements les plus calmes et les plus économes possibles avec la concentration des oreilles en même temps. Et là, quand j'arrive à 40 mètres, je passe vraiment en mode sous-marin. J'ai les yeux qui se ferment, je suis à l'intérieur de moi, concentré sur mes sensations, sur l'eau qui glisse, sur le visage, sur les mains, sur les jambes. Il y a tout le positionnement que je recalibre aussi, où j'essaie vraiment de ne faire qu'un, de prendre le moins de place possible dans la mer et de faire... Comme si j'étais une petite goutte d'eau parmi l'océan.

  • Speaker #0

    Oui, ce que tu es d'ailleurs. Et j'aime bien quand tu dis « j'ai les yeux qui se ferment » . « Je ferme les yeux » , c'est « les yeux qui se ferment » . C'est vraiment une technique d'hypnose, en fait. C'est de laisser les yeux se fermer plutôt que de… Donc, est-ce que tu dirais, tu rentres en état de conscience un peu différent ? On est d'accord ?

  • Speaker #1

    Oui, je ne sais pas si on peut parler de conscience modifiée, mais il y a vraiment cet état de… de déconnexion que je ne vis absolument nulle part ailleurs que dans ma plongée, que dans la free fall. Et il y a une telle déconnexion que le temps, j'ai aussi une modification du temps, de la perception du temps dans laquelle la plongée est dure. Je m'explique, j'ai l'impression que quand je… plonge, j'ai l'impression que le temps est multiplié par trois, que tout va beaucoup plus lentement, que tout s'arrête. Et quand je reviens à la surface, il y a vraiment cette notion de voyage parce que j'ai l'impression d'être parti pendant très longtemps.

  • Speaker #0

    Pendant trois semaines. Ça confirme qu'il y a un état de conscience modifié, puisque l'effet de distorsion du temps, il est lié à l'hypnose ou à l'état d'hypnose. Alors, ça peut être une forme soit d'hypnose dissociée ou d'hypnose en expansion de conscience. Par exemple, Parce que quand tu dis que tu fais... Oui, pardon.

  • Speaker #1

    Oui, en fait, ce qui se passe aussi dans l'apnée en profondeur, c'est qu'il y a la narcose. Donc, il y a vraiment cette... On se sent vraiment dissous dans le liquide. On a parfois des visions, parfois on voit des choses, on entend des choses. C'est aussi très perturbant. Mais il faut rester hyper concentré. Et ça, ça peut, tu peux vite aussi perdre un petit peu le fil au niveau de la technique, le rythme de la nage, etc. Donc, c'est important d'être vraiment à l'écoute et d'intégrer ces narcos dans la visualisation. Je n'arrive pas encore à programmer mes narcos, mais j'arrive à programmer le fait qu'elle va arriver. C'est un petit peu ce que je dis aussi par rapport à l'envie de respirer. On n'est pas des poissons, on sait qu'à un moment donné, on va avoir des contractions, on va avoir envie de respirer. Et ça, inévitablement, on va l'avoir. Et c'est vraiment cette forme d'acceptation qu'on programme. On se dit, bon, ben voilà, ça va arriver, je vais avoir envie de respirer. Je vais avoir une narcose qui va commencer. Mais il ne faut pas que je la maîtrise, il faut simplement que je la laisse venir à moi et que je l'accepte et qu'elle fasse partie de ma plongée. Il y a vraiment ce gros travail aussi de... d'acceptation qui fait partie de la programmation à la surface.

  • Speaker #0

    Et la narcose, elle arrive déjà à la descente ?

  • Speaker #1

    Oui, je l'ai déjà ressenti à la descente, mais c'est très rare. Dans mon cas, c'est surtout au moment de la remontée, après le virage, dans les dix premiers mètres, où ça va commencer à monter, à monter, à monter. Et moi, j'ai des narcoses qui sont assez fortes. et qui me font aussi perdre un petit peu la mémoire. En général, je me rappelle difficilement des 10, 15, 20 derniers mètres. Et même l'année dernière au championnat de France, quand j'arrive à la surface, je fais mon protocole, je le fais vraiment automatiquement. Et quelques dizaines de secondes encore après, j'étais encore marcosé. C'était assez violent, ça a duré longtemps. Et en fait, il y a des facteurs qui font que la narcose est un peu plus forte, comme le froid, comme l'obscurité, le stress, la fatigue. Tout ça, c'est des facteurs qui augmentent la narcose.

  • Speaker #0

    Et ta performance a été validée ?

  • Speaker #1

    Oui, j'ai validé.

  • Speaker #0

    Ça ne se voyait pas ?

  • Speaker #1

    En fait, j'ai lâché et le juge qui me tend le carton blanc, j'ai dit « Ah ouais, du coup j'ai réussi. »

  • Speaker #0

    Sous-titrage Société Radio-Can C'est pour dire à quel point aussi, tu vois, le protocole à la sortie, il est ancré.

  • Speaker #1

    C'est de la préparation, c'est de la répétition de la préparation. Et évidemment, il faut l'intégrer dans ta préparation, en fait, pour que ça devienne un automatisme. Ça devient inconscient, comme tout ce qu'on apprend. Et tu parlais de vision et tu entendais des choses quand tu étais narcosé. Alors, tu veux bien nous… pas de nous donner un exemple ?

  • Speaker #0

    Ouais, j'ai plusieurs anecdotes. Souvent, à une époque, je voyais en fait la dernière personne avec laquelle je parlais sur le bateau. C'était un safety, un apnéiste, peu importe en fait, ça m'est arrivé moins cinq ou six fois où sous l'eau, je vois cette personne. Je la voyais vraiment comme si on était encore sur le bateau. Et puis, des fois, j'ai entendu des voix aussi. Et l'année dernière, au championnat du monde, quand je fais mon virage, je commence à remonter. Et là, je vois mes deux petites nièces qui sont assises sur leur canapé en train de me regarder à la télé, en train de remonter à la surface. Et là, je me prends conscience que c'est une vision, que je suis dans ma narcose. Mais je prends aussi conscience que c'est... probablement vrai parce que je sais qu'elle me suive, qu'elle me regarde avec le dive-eye, etc. Et là, je me fais la réflexion, je remonte les bras au-dessus de la tête, je me dis, bon, là, mon coco, il ne va pas falloir déconner.

  • Speaker #1

    Génial ! C'est incroyable. En même temps, ça, c'est une vision aidante. Par contre, la dernière personne que tu vois avant de partir, il ne faut pas se planter.

  • Speaker #0

    Oui, c'est clair.

  • Speaker #1

    Si tu la retrouves après dans ton apnée, il faut que ce soit quelqu'un que... qui soit agréable pour toi quelqu'un de sympa c'est incroyable et les voix ça serait quoi ? quelqu'un qui te parle ou c'est toi-même ?

  • Speaker #0

    non après c'est pas forcément très clair très limpide quand je parle de voix ça peut être aussi des bruits un peu sourds des voix un petit peu comme si tu entendais quelque chose au loin euh Je me suis même vu, moi, en face de la ligne.

  • Speaker #1

    C'est flippant ?

  • Speaker #0

    Non, en fait, ça ne m'a jamais vraiment fait flipper parce que j'ai toujours intégré le fait que ça peut arriver. Alors, tu n'es pas préparé à te voir, à te dédoubler ou entendre quelqu'un, mais tu es prêt à ce phénomène. Et quand tu connais un petit peu tous les effets, on en parle entre nous, entre apnéistes, machin. Moi, j'ai vu ça, moi, j'ai entendu ça. Aujourd'hui, je t'ai pété, machin. T'es prêt, en fait. T'es prêt à vivre quelque chose un petit peu paranormal.

  • Speaker #1

    Oui, c'est de la dissociation. C'est vraiment des états de conscience. Si tu te vois de l'extérieur, c'est que tu es dissocié, tout simplement. C'est de l'hypnose. C'est une forme d'hypnose. Ça, c'est un peu ce que tu vois, ce que tu entends. Est-ce que dans ton... Alors, à l'intérieur, physiquement, j'imagine qu'avec la pression tout au fond, ça doit être assez fort ou finalement, tu l'as tellement intégré que tu ne t'en rends même plus compte ?

  • Speaker #0

    Alors, la pression, je ne la ressens pas. En tout cas, je ne ressens pas une oppression sur la cage, je ne ressens pas mes poumons se rétrécir, etc. Ça, souvent, les gens me demandent, mais ça doit être hyper douloureux parce que quand tu parles de 10, 11, 12 barres de pression, je me dis, mais c'est quoi ? C'est un peu maso. En fait, pas du tout. On ne ressent pas cette pression. On a vraiment l'impression d'être enveloppé. On se sent un petit peu comme dans du coton. C'est une bulle qui nous entoure et qui nous permet de descendre. C'est dans l'acceptation, encore une fois, qu'on arrive à descendre. Parce que si on commence à se rédire, à se contracter, etc., en profondeur, on ne va pas aller très loin. Il y a vraiment cette notion de lâcher prise qui est hyper importante, d'acceptation, encore une fois, à la fois physique et mentale. C'est vraiment, on s'en remet à l'océan. On fait vraiment plus qu'un. Il y a quelque chose de vraiment très, très fort. Et puis, on sait que l'eau, on a tous… Le patrimoine génétique avec l'eau qui est très fort, qui date depuis très longtemps, il y a ça aussi qui compte.

  • Speaker #1

    Oui, je crois que dans le liquide lymphatique, c'est plus de 80% d'éléments communs entre l'eau de mer et l'eau qui circule dans notre corps. C'est juste incroyable.

  • Speaker #0

    C'est un retour aussi à l'état fétal. Dans le ventre de ta maman, il y a beaucoup de connotations auxquelles on ne fait pas forcément attention. Mais l'eau est un vecteur d'énergie extraordinaire. Quand on parlait du chant des baleines qui se projettent avec le son sous l'eau, c'est pareil. L'eau est un élément hyper puissant.

  • Speaker #1

    C'est la grande matrice. Forcément, si je te demande à partir de tout ça, qu'est-ce qui fait que tu vas retourner, que tu y retournes ? Parce que ça demande, on n'a pas vraiment parlé des efforts que ça demande. Mais toi, tu vis en région parisienne, en plus, tu n'as pas accès à ce monde marin H24. Et pour y aller et pour y retourner, toi aussi, tu t'entraînes en plus tous les jours, quasiment tous les jours, en salle de sport, cardio, muscu, piscine, alors qu'en plus, ce n'est pas ce que tu préfères, si j'ai bien compris. Donc, qu'est-ce qui fait que finalement, tu vas y retourner ? C'est-à-dire que non seulement tu vas retourner à l'entraînement, et puis après, tu vas retourner en bord de mer. et recommencer parce que retrouver tes sensations en profondeur, etc. Qu'est-ce qui fait que tu y retournes ?

  • Speaker #0

    Le fait de vivre en région parisienne, ça a un inconvénient, mais ça a aussi beaucoup d'avantages. Le fait d'être loin de la mer fait que je cultive une espèce de forme de manque, de frustration entre guillemets, qui fait que pendant plusieurs mois, je ne vais pas pouvoir plonger. de ma situation géographique. Et ça, en fait, ça a un impact énorme sur mon envie, sur ma motivation quand je retourne à la mer parce qu'il y a vraiment ce manque qui a été créé et qui a été un petit peu aussi cultivé. Cultiver le manque crée une motivation extrême quand je reviens à l'eau. Donc après, voilà, moi, je me prépare. Pendant 5-6 mois, je vais être hors de hausse allée, mais je vais aller à la piscine pour répéter des gammes, pour travailler la technique, pour travailler l'hypoxie, l'hypercapnie, je ne sais trop quoi. Et ça, ça fait vraiment partie intégrante du plan. C'est comme un architecte qui monte un mur, qui monte une maison. Il faut que je passe par les fondations, et les fondations, ça va être… la piscine, ça va être la muscu, ça va être aller courir, aller faire du vélo, etc. Et tout ça, en fait, quand j'arrive en saison de profondeur, chaque brique vient s'intégrer naturellement et à son importance et à sa place.

  • Speaker #1

    C'est une véritable stratégie, de toute façon, que tu as mis en place.

  • Speaker #0

    C'est un plan, on ne fait plus un plan, on ne fait pas les choses comme ça. Et puis après, on va essayer d'aller plonger profond en espérant que ça se passe bien. Après, ça fait plus de 10 ans que je fais ça. J'ai pu analyser, sortir des datas, voir ce qui fonctionne, ce qui fonctionne moins bien, quels sont mes points forts, quels sont mes points faibles, et comment les améliorer d'année après année. Il y a vraiment cette recherche-là aussi. Je me demande pourquoi est-ce que je retourne. Il y a toujours cette quête de faire mieux, de s'améliorer. d'être toujours meilleur, meilleur et d'aller chercher la meilleure version de soi-même.

  • Speaker #1

    Une envie de dépassement.

  • Speaker #0

    Ah, de dépassement de soi, ça fait partie du jeu, c'est un vrai jeu en fait.

  • Speaker #1

    C'est pour ça que tu dis, c'est génial parce que tu boucles la boucle. Quand tu disais je me suis rapidement pris au jeu, pour toi c'est un jeu.

  • Speaker #0

    Ouais, carrément, il faut que ce soit un jeu. Si tu fais les choses par contrainte, juste pour aller gagner quelques mètres. être meilleur que ton voisin ou que le comité je vois pas trop l'intérêt quoi moi ça moi c'est un kiff quoi c'est le kiff plongée je kiffe descendre je kiffe remonter je kiffe les sensations j'adore tout dans ce sport en fait et puis c'est un sport qui me fait voyager qui fait rencontrer des belles personnes il ya tout un Un écosystème qui gravite autour de la compétition. Il ne faut pas juste le voir comme la compétition et on essaie d'aller plus profond et on se revoit l'année prochaine. Il y a bien plus que ça.

  • Speaker #1

    Cette frustration devient ton moteur, c'est génial. au lieu de te plaindre et de dire oh mon dieu je suis loin de la mer etc au contraire je m'en sers comme une force avant de conclure et merci en tout cas pour tous ces partages est-ce que tu veux bien partager avec les auditeurs une technique de préparation mentale que tu utilises j'aimerais si tu veux bien partager un conseil plus qu'une technique

  • Speaker #0

    En tout cas, un conseil qui m'a beaucoup aidé et qui m'a beaucoup servi dans la progression en apnée. Après, je pourrais te partager un outil. Mais déjà, un conseil, ce serait en apnée, si tu veux progresser, il faut toujours garder le sens et le pourquoi tu fais ça. Et ne pas trop se laisser happer par les chiffres. Et c'est difficile en fait en apnée parce que... on pratique un sport où la métrique est partout. On parle de temps, on parle de distance, on parle de profondeur, on parle de personal best, de machin, de truc. On est tous là avec notre montre à prendre des photos et à aller poster ça sur les réseaux. Donc, il y a vraiment cette notion de métrique qui est ultra présente et qui, selon moi, a tendance un petit peu à prendre le dessus sur les émotions, sur les sensations et sur, finalement, le pourquoi. Moi-même, j'ai fait l'erreur à une période, c'était de tomber un petit peu dans cet engrenage du record personnel, un jour, deux jours, trois jours, et puis tu continues. En fait, il n'y a plus que ça qui compte, aller emmener ta montre toujours un petit peu plus profond. Donc, ce qui devait donner un conseil, c'est vraiment essayer de mettre la montre au placard de temps en temps. et de se recentrer vraiment sur les sensations, sur les émotions et le pourquoi on fait ça.

  • Speaker #1

    Très important, merci beaucoup pour ce conseil. Après, tu peux aussi partager une technique si tu veux, dis-nous, mais tu n'es pas obligé, ce conseil est déjà excellent.

  • Speaker #0

    Oui, une technique, qu'est-ce que je pourrais vous partager ? Je pense que les techniques de respiration sont fondamentales dans un sport où on arrête de respirer. Mais pour arrêter de respirer, il faut avant tout bien respirer. Et ça, je l'ai compris assez rapidement. Et je pense avoir toujours été vraiment fasciné par le monde de la respiration. Concentrez-vous sur votre respiration, essayez de conscientiser au maximum, d'avoir toujours une petite intention sur votre respiration, la manière dont vous respirez, comment est-ce que vous le ressentez. C'est vraiment primordial et c'est la porte d'entrée à l'apnée et au bien-être de tous les jours, sans parler forcément de performance. Je pense que la respiration aujourd'hui est vraiment un catalyseur de performance, de bien-être avant tout, que ce soit en apnée, en sport, au travail, et ça peut aider dans beaucoup de gestion émotionnelle. Je le vois aujourd'hui quand j'interviens en entreprise pour coacher les gens sur leur respiration. 90% des gens ne savent pas comment ils respirent, ils ne savent pas combien de fois par minute ils respirent, ils ne savent pas s'ils respirent par le nez ou par la bouche. Qu'est-ce que c'est qu'une bonne respiration ? Vraiment, intéressez-vous à la respiration. Je vais recommander aussi un ouvrage qui s'appelle Respire. de James Nestor, qui est un ouvrage fabuleux, fantastique, c'est une mine d'informations. Si vous voulez en connaître un peu plus sur la respiration, achetez-le et lisez-le, c'est super intéressant.

  • Speaker #1

    J'imagine que tu n'as pas d'action sur ce livre ?

  • Speaker #0

    Pas du tout, non.

  • Speaker #1

    On est d'accord.

  • Speaker #0

    Peut-être.

  • Speaker #1

    Très bien, merci beaucoup pour ta générosité. Et pour terminer l'interview, on va partager des informations te concernant, pour ceux qui veulent te suivre. Alors, tu as un site internet avec un blog et puis un compte Facebook, un compte Instagram. Est-ce que tu veux nous donner des références, un sponsor aussi ?

  • Speaker #0

    Oui, tous les réseaux, vous pouvez me retrouver un peu partout. J'ai LinkedIn aussi sur lequel je suis assez présent. J'essaie de poster en général au moins une fois par semaine. Et un sponsor, oui, j'ai un nouveau partenaire qui s'appelle Apnea. qui est une plateforme sur laquelle on peut retrouver une gamme de matériel d'apnée et de yoga. Ils sont à Nice, ils servent la France et maintenant l'Europe, il me semble. Je suis très heureux d'être leur ambassadeur parce qu'ils sont tout nouveaux et ils ont fait appel à moi pour promouvoir un petit peu leur marque. et je suis vraiment très heureux parce qu'ils font vraiment du super matos et si vous ne voulez pas laisser une commande j'ai un code qui est MAT10 avec lequel vous pouvez avoir

  • Speaker #1

    10% de réduction il fallait écouter le podcast jusqu'au bout pour avoir le cadeau Merci beaucoup Mathieu d'avoir accepté l'invitation. Je suis persuadée que c'était très intéressant pour tous nos auditeurs. Je te souhaite évidemment une très belle saison. Là, on est parti dans l'hiver, donc d'entraînement et de retrouver des ressources et de la motivation. Et puis, il lui manque de la mer aussi.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça. Un peu de filtration.

  • Speaker #1

    Un peu de filtration.

  • Speaker #0

    C'est pour la bonne cause.

  • Speaker #1

    Oui. Donc, belle saison. Tu as encore de belles années devant toi pour continuer ta passion. Je te souhaite évidemment une belle réussite. Et puis de te hisser là où tu veux aller, jusqu'où tu veux aller. Et aussi de faire ces belles rencontres sous l'eau. Je pense que c'est ça qui nourrit aussi les rencontres avec les requins-baleines et autres.

  • Speaker #0

    Et le chant des baleines.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Merci à toi, Sylvie. Vraiment, merci pour ton temps. C'était un grand plaisir.

  • Speaker #1

    Je vous remercie infiniment d'avoir écouté cet épisode jusqu'au bout. Alors, s'il vous a plu, n'hésitez pas à lui donner une note 5 étoiles sur vos plateformes d'écoute et de le partager autour de vous pour le faire connaître. Et si vous souhaitez participer au podcast et vous faire interviewer, ou si vous connaissez quelqu'un que vous aimeriez entendre, dites-le-moi en m'écrivant à l'adresse contact.hypne.com. Merci à vous et... A très bientôt pour le prochain épisode de En Profondeur.

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Description

Dans ce nouvel épisode d’En profondeur by Hypnée, je vous emmène à la rencontre de Mathieu Maraio, un apnéiste d’exception qui a choisi de s’engager à 100% dans cette discipline fascinante. 


Son dévouement l’a mené au plus haut niveau, atteignant récemment le Top 6 mondial en apnée en profondeur et intégrant la Team Abyss, une équipe de 5 champions faisant partie du TOP 8 mondial dans leur discipline et fondée par Christian Vogler.


Dans cet épisode, vous découvrirez :

🌊 Son expérience en tant que safety diver, garant de la sécurité des plongeurs.
🦈 Sa rencontre inoubliable avec des requins-baleines.
😵‍💫 Son témoignage captivant sur la narcose, cet état altéré de conscience ressenti en plongée profonde.


Et restez bien jusqu'à la fin… Une surprise vous attend 🎁, et je ne parle pas seulement des conseils précieux que Mathieu partage avec nous !


📌 Pour aller plus loin :
📖 Téléchargez son e-book sur son site web
📲 Retrouvez Mathieu sur Instagram et LinkedIn


Un grand merci d'avoir écouté cet épisode 🙏


S'il vous a plu, parlez-en autour de vous et donnez-lui une note ⭐⭐⭐⭐⭐ sur vos plateformes d'écoutes préférées.

Pour me suggérer des invités ou des thématiques que vous intéressent pour les épisodes solo sur l'hypnose, l'autohypnose et la préparation mentale, écrivez-moi à ✉️ contact@hypnee.com


A très bientôt pour le prochain épisode,


Sylvie 🌀


En Profondeur, une production Hypnée

Créatrice et animatrice du podcast : Sylvie Pouliquen


Crédits musique :

Titre:  Light

Auteur: Idyllic

Source: https://soundcloud.com/noctt

Licence: https://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0/deed.fr

Téléchargement: https://www.auboutdufil.com


Titre:  Days Past

Auteur: In Closing

Source: https://www.facebook.com/inclosing/

Licence: https://creativecommons.org/licenses/by/3.0/deed.fr

Téléchargement: https://www.auboutdufil.com


Visuel : Lucie Clavelloux - Insta : https://www.instagram.com/lucie_clavelloux/

Montage : Philippe Istria


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Au travers d'interviews de plongeurs en apnée et en scaphandre, En Profondeur vous fait plonger au cœur de votre être. Vous allez ainsi découvrir ce qu'il se passe à l'intérieur de mes invités, quelles pensées, quelles émotions, quels ressentis, lorsqu'ils plongent et lorsqu'ils explorent leurs propres limites. Je m'appelle Sylvie Poulikin et je suis fondatrice d'Hypnée. A la fois praticienne en hypnose, préparatrice mentale et éducatrice sportive en plongée subaquatique, j'ai une foi. indéfectible dans la capacité de chaque être humain à accéder à ses plus belles ressources intérieures. Alors, je vous emmène plonger avec moi au cœur de l'humain, le temps d'une écoute. Alors, bonjour Mathieu, je te remercie infiniment d'avoir accepté mon invitation en profondeur.

  • Speaker #1

    Bonjour Sylvie, c'est un plaisir, merci de m'accueillir.

  • Speaker #0

    Avec plaisir. Donc, je vais d'abord te présenter, puis bien sûr, nous allons rentrer un peu en profondeur à l'intérieur de tout. de toi, de ton cerveau et de tes émotions. Donc Mathieu, tu t'appelles Mathieu Maraio, tu es apnéiste de haut niveau, membre de l'équipe de France AIDA. Tu es dans le top 10 depuis plusieurs années, tu as été même jusqu'à sixième mondiale. Et puis cette année, tu as fait vice-champion de France, double vice-champion de France, donc dans deux disciplines, avec un record au championnat du monde à 110 mètres de profondeur. Donc, tu es plutôt un profondiste, comme on dit.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. Je suis un poisson d'eau salée. C'est pas trop mon truc.

  • Speaker #0

    Et pourtant, tu y vas.

  • Speaker #1

    Et pourtant, j'y vais. Je n'ai pas trop le choix.

  • Speaker #0

    Tu es passionné de plonger depuis ton plus jeune âge. Alors ça, tu nous diras. Et tu as découvert l'apnée il y a plusieurs années et tu t'es rapidement pris au jeu. Alors, j'aime bien l'expression. On en reparlera aussi. Tu as commencé à t'entraîner intensivement. Alors ça, on ne sait pas quand. Tu vas nous le dire. pour améliorer ta technique et tes performances. Tes efforts ont payé, on vient de le voir. Et en plus de tout cela, évidemment, parce que dans ce monde qui nécessite beaucoup de polyvalence, tu es également coach, conférencier, préparateur mental et tu proposes évidemment des stages d'apnée. Je crois comprendre que ton angle, c'est d'aborder la gestion du stress avec la respiration essentiellement.

  • Speaker #1

    Exactement, oui, c'est ça.

  • Speaker #0

    Génial. Alors c'est bien, si tu es d'accord avec tout ça, tu veux peut-être compléter ?

  • Speaker #1

    J'aimerais bien repartir un petit peu du début, où on va dire que mon rapport à l'eau, il a toujours été assez fort. Depuis que je suis gamin, l'eau ça a toujours été mon élément, et comme tu le disais, j'ai commencé par la plongée sous-marine, la plongée en bouteille, et j'ai fait mon baptême, je crois que j'avais 8 ans, donc très très jeune. Et je me rappelle, avant de plonger, je demandais aux instructeurs à quelle profondeur on allait aller. J'ai toujours eu cet engouement, cette passion et cette intrigue auprès des profondeurs. Ça m'a toujours attiré, en fait. Et puis, vraiment, depuis très, très jeune, c'est un petit peu par là que ça a commencé. Et après, j'ai fait aussi beaucoup de natation. J'ai appris à nager très, très tôt. J'ai fait plus de dix ans de natation avec des compétitions. L'esprit de compétition, je l'ai eu aussi très jeune.

  • Speaker #0

    Tu avais quel âge exactement ? Et puis où, en fait, cette envie d'aller en profondeur ? Tu es originaire de Bordemer ?

  • Speaker #1

    Non, pas du tout. C'est ça un peu ma particularité. C'est que moi, j'ai grandi en Ile-de-France, au nord de Paris. Et du coup, j'ai appris à nager. Et j'avais trouvé... trois ans. Et en fait, c'est le maître nageur qui est venu voir ma mère en me disant, en me voyant sauter dans le grand bain alors que je ne savais pas nager, il dit, ouais, il faudrait peut-être commencer à lui apprendre à nager parce que là, il commence à être dangereux pour lui. Donc voilà, c'est dans les piscines que j'ai commencé à faire mes armes. Mais après, l'apnée, comme je la pratique aujourd'hui, c'est venu bien plus tard. Parce qu'à cette époque, c'était pas... pas développé comme aujourd'hui. Après, moi, j'ai beaucoup voyagé aussi. J'ai eu la chance d'aller plusieurs fois en Asie. Et quand j'allais en Asie, en fait, je faisais de la plongée sous-marine parce qu'il n'y avait pas de club d'apnée à cette époque. Et un jour, j'ai fini par en trouver un. Et c'était à Bali en 2012, il me semble. Et depuis lors, j'ai jamais arrêté.

  • Speaker #0

    Ah oui, ça fait 12 ans. Tu as réussi à te viser au top niveau mondial en 12 ans.

  • Speaker #1

    Ouais, c'est à peu près ça.

  • Speaker #0

    C'est un joli parcours. Donc, tu faisais de la plongée bouteille, tu as arrêté ?

  • Speaker #1

    Ouais, en fait, dès que j'ai commencé l'apnée, je n'ai quasiment plus jamais refait de plongée bouteille.

  • Speaker #0

    Tu voulais faire de l'apnée ?

  • Speaker #1

    Ouais, je pense que c'était vraiment ça que je voulais faire. À la base, je voulais devenir prof de plongée bouteille. Mais quand j'ai découvert l'apnée, je me suis dit que c'est ça qui me pose, c'est ça qui me rend super bien. C'est vraiment l'apnée mon truc.

  • Speaker #0

    Qui te pose, qui te rend super bien. Tu as eu les sensations dès tes premières apnées, un peu encadrées comme ça ?

  • Speaker #1

    Oui, tout de suite, quand j'ai mis la tête sous l'eau, je suis rapidement descendu. Je crois qu'en trois jours, je descendais à une trentaine de mètres.

  • Speaker #0

    Ah oui !

  • Speaker #1

    Mais ce qui m'a permis aussi de descendre assez rapidement dans ces profondeurs, c'est que j'avais cette facilité à me sentir bien sous l'eau et surtout à déconnecter et à être vraiment hyper relax. Et c'est ce que mon instructeur disait au départ, c'est « Waouh, t'es vraiment très très détendu, ça se voit » et puis ça se ressentait aussi sur les profondeurs. profondeur à laquelle j'allais en même pas trois jours. Je dois dire aussi que je suis passé par la case pompiers de Paris et j'ai été sauveteur aquatique en Seine. Donc pendant plus de deux ans je plongeais aussi en Seine dans une eau parfois à 3-4 degrés qui était nuit noire. Donc quand je suis arrivé à Bali, je peux dire que ça a tout de suite matché parce que j'avais l'habitude de plonger dans des eaux. un peu plus hostile, on va dire.

  • Speaker #0

    Ah oui, et même quand tu plongeais en Seine, justement, tu arrivais à te détendre et à rester zen et calme ?

  • Speaker #1

    C'était une autre approche, en fait, parce qu'avec les pompiers, c'était, je travaille dans l'urgence, on était appelés le jour, la nuit, pour aller chercher des gens. On ne plongeait vraiment, on n'était pas du tout dans la recherche de plaisir, de confort. Et ça n'existait pas à ce moment-là. Mais vu que j'ai eu l'habitude de plonger dans ces cas assez extrêmes, quand il a fallu que je me ressente sur moi et que je déconnecte, ça a été assez facile, j'ai trouvé.

  • Speaker #0

    Oui, par contraste aussi. C'est le contraste total entre le noir, le froid. Avec des exigences de stress face à la détente et au relâchement.

  • Speaker #1

    À Bali, j'y suis allé, mais j'étais encore chez les pompiers. C'était pendant un voyage. Je suis revenu à Paris. Et là, je me suis dit, j'ai envie que ma vie toute entière tourne autour de l'apnée. Donc, j'ai quitté les pompiers de Paris. J'ai rendu ma maison. En fait, j'ai vraiment tout lâché de ce que j'avais en France. pour ensuite partir aux Philippines. Et là, le but, c'était d'aller aux Philippines, de me former, de devenir instructeur et d'enseigner l'apnée dans un pays des tropiques.

  • Speaker #0

    Mais qu'est-ce qui s'est passé alors ? Parce que tu n'es pas au tropique. Tu n'es pas sous les tropiques.

  • Speaker #1

    Non, mais depuis, je suis revenu. Cette aventure, elle a duré quand même pendant trois ans. Pendant trois ans, j'allais passer la moitié de l'année là-bas. L'hiver français, je partais aux Philippines. Et quand c'était l'été, je revenais en France pour travailler sur les plages en tant que sauveteur. Et disons qu'à un moment donné, cette vie, c'était super, mais j'avais besoin d'autre chose, j'avais besoin d'un peu plus de stabilité, j'avais besoin de vie, de vie, ça m'intéressait. Voilà, donc j'ai décidé de revenir en France. Et là, j'ai changé un petit peu ma manière de voyager. Donc, j'étais vraiment installé en France et je partais pour un mois, deux mois, trois mois. Et puis ensuite, je revenais chez moi.

  • Speaker #0

    Donc, plus de voyage, plus d'aller-retour.

  • Speaker #1

    Oui, un peu plus d'aller-retour sur des périodes un peu plus courtes, mais avec une base fixe en France où j'avais besoin d'avoir des racines ici, proches des miens. Et de savoir… d'avoir un petit peu de sécurité et de stabilité quand je revenais parce que en fait je faisais des allers-retours mais quand j'étais aux Philippines, j'étais vraiment dans un sac à dos quoi. Et j'avais besoin de construire cette stabilité en plus.

  • Speaker #0

    Et finalement c'est en construisant ta stabilité que tu as pu devenir à ce niveau en apnée ?

  • Speaker #1

    Oui, ça en a fait partie effectivement. J'avais besoin de ça et c'est ce qui m'a aussi consolidé dans mes performances et dans mon bien-être général.

  • Speaker #0

    Alors, on va plonger encore plus à l'intérieur de toi en démarrant avec peut-être ton pire souvenir en apnée. Alors, je le mets entre guillemets, le mot pire souvenir. Tu as peut-être réfléchi à ça.

  • Speaker #1

    Ce n'est pas facile cette question que tu me poses parce que ça me ramène à un événement que j'ai connu quand j'étais en fait safety. Avant d'être compétiteur, j'étais aussi safety dans des compétitions. Et j'ai été sur une compétition où on a eu un accident. Ce pire souvenir, ce n'est pas moi proprement parlé qui l'ai vécu, mais je l'ai vécu indirectement parce que je faisais partie de l'équipe de sécu et qu'on a eu un gros accident sur cette compétition. Je ne vais pas dire le nom de la personne, mais en gros, on a une personne qui est restée bloquée en bas, à 30 mètres de profondeur, et qui a été victime d'une syncope. À cause d'une piqûre de méduse, elle a fait un choc anaphylactique. Et après, il y a eu de nombreuses réactions en cascade qui ont eu lieu. Et c'est moi, en fait, qui l'ai remontée des 30 mètres. Et ensuite, on a dû... On a dû faire un massage cardiaque à cette personne. Donc elle n'est vraiment pas passée loin de la mort et on l'a réanimée. Pour moi, ça a été une expérience assez douloureuse. Ça aurait pu être bien plus grave, mais on a réussi à la sauver. Ça m'a fait revenir un petit peu à mes expériences de pompier, mais sauf que là, cette fois-ci, c'était quelqu'un que je connaissais. C'était une amie, ça l'est toujours d'ailleurs. Mais quand on a affaire à ce genre de situation et que c'est des gens qui nous sont proches, c'est toujours très différent l'impact émotionnel que ça peut nous donner. Mais je assure toutes les personnes qui nous écoutent, aujourd'hui, elle fait toujours de l'apnée, elle est en pleine santé, il n'y a aucune séquelle, elle va très très bien. Mais ça a été une passade assez difficile. dans ma carrière.

  • Speaker #0

    Merci de partager ça avec nous. J'entends que ça reste un souvenir encore fort.

  • Speaker #1

    Oui, c'est fort.

  • Speaker #0

    Et toi, en tant que safety, justement, pour ceux qui nous écoutent et qui ne connaissent pas encore trop bien l'apnée, c'est vraiment assurer la sécurité de l'apnéiste. Donc là, on voit à quel point ça a été utile et efficace. Oui. Au moment où tu allais la chercher, tu allais la chercher parce qu'elle restait statique à 30 mètres ou parce que tu allais faire ta rencontre ? Ça s'est passé comment ?

  • Speaker #1

    Non, en fait, je suis parti parce qu'on m'a appelé. En fait, sur cette sécula, je ne devais pas plonger. Mais en fait, le safety d'avant moi, il n'avait pas pu descendre. Et il a attendu dans les 15 mètres. et il ne la voyait pas remonter. Du coup, il est remonté à pleine vitesse à la surface et il m'a dit « Mathieu, vas-y, descend tout de suite » . Je n'ai pas cherché à comprendre. J'ai pris une inspiration et j'ai sprinté à 30 mètres. Là, je l'ai vu en bas et je l'ai remonté. C'est aussi pour ça qu'aujourd'hui, quand je suis sur une compétition d'apnée, je connais l'importance et le rôle des apnéistes parce que je suis passé aussi par là et que je sais que… Sans les apnées de sécurité, l'athlète n'est pas grand-chose finalement.

  • Speaker #0

    C'est un travail d'équipe ?

  • Speaker #1

    C'est un sport d'équipe, bien sûr. Quand on dit que l'apnée, c'est un sport individuel, je ne suis pas du tout d'accord avec ça. On a besoin des uns des autres pour être en sécurité sous l'eau. Et puis même aussi à la surface, il y a une grosse forme d'entraide. besoin du collectif. C'est un sport, je trouve, qui est très beau de ce point de vue-là, parce que sur une compétition, on ne voit pas trop cette animosité entre les athlètes. Il y a vraiment une espèce de... de communion où on partage, on s'entraide, on s'écoute, on s'encourage. Et je trouve que c'est ce qui fait partie de la beauté de notre sport.

  • Speaker #0

    C'est vrai. Tous les apnéistes disent ça. En tout cas, tous les compétiteurs le disent. J'entends qu'il y a encore des petites marques. Et en même temps, comment tu as réussi à dépasser ça ? J'imagine que tu n'y penses pas non plus à chaque fois que tu descends. Comment ça se passe pour toi alors ?

  • Speaker #1

    Disons que le temps efface les plaies, on va dire. Non, très honnêtement, j'y pense très rarement, voire jamais, parce que je pense que j'ai réussi à passer à autre chose. et que la personne en question va bien. Si ça n'avait pas été le cas, je pense que la suite aurait été un peu différente. C'est ce qui fait que j'ai réussi à passer à autre chose aussi.

  • Speaker #0

    C'était en

  • Speaker #1

    2015. Oui,

  • Speaker #0

    c'était il y a une dizaine d'années. Et l'eau aussi, est-ce que le fait de... Est-ce que tu crois que le fait... de t'immerger, ça vient de nettoyer aussi les blessures et les plaies, justement, émotionnelles.

  • Speaker #1

    Ah, c'est joliment dit. J'aime beaucoup la métaphore. Je n'avais jamais vraiment pensé à ça, mais peut-être, je ne sais pas.

  • Speaker #0

    En balance, on va aller sur ton plus beau souvenir en apnée, Mathieu, si tu vas bien.

  • Speaker #1

    Mon meilleur souvenir en apnée, je pense que c'est les Philippines qui me reviennent encore. C'est marrant parce que c'était l'une des premières plongées que je faisais en apnée là-bas. Et après avoir fini la session sur le câble, on était en pleine mer, on a un requin-baleine qui s'approche de nous, qui sort de nulle part, mais un requin-baleine immense. Il devait faire une dizaine de mètres. Et moi, à l'époque, je rêvais de voir un requin-baleine. Je me suis dit, ça a l'air tellement beau, c'est tellement gracieux. Les caches blanches, là. Donc voilà, moi, c'était vraiment un poisson que je voulais voir. Et là, il débarque de nulle part, immense. Et ça m'a vraiment scotché parce que je sais que c'est un poisson qui est inoffensif. Mais en même temps, ça m'a vraiment remis à ma place. Et je me suis senti vraiment tout petit. Et puis, la beauté de l'espèce. Donc, ça m'a vraiment... Et à cet instant-là, je me suis dit, en fait, je suis vraiment à ma place ici aux Philippines. C'est ici que je dois être parce qu'il y avait toutes les étoiles qui étaient en train de s'aligner. Et puis, je me dis, en fait, sous l'eau, j'étais trop bien face à ce requin-baleine. Et à un moment donné, quand il passe, après, j'essaie de le suivre. J'étais avec des palmes et il a mis deux, trois coups d'aileron et puis il a disparu. C'était vraiment impressionnant de voir passer cette...

  • Speaker #0

    Cette masse ?

  • Speaker #1

    Cette masse dans l'eau qui était vraiment énorme. Et puis, je te dis, tu te sens vraiment tout petit.

  • Speaker #0

    Ça doit être magique. Moi, c'est un de mes rêves aussi. Je n'ai toujours pas vu de requin-baleine. Est-ce que tu as vu son œil, son regard ? Il paraît que c'est incroyable.

  • Speaker #1

    Oui, tu ressens vraiment la vie à l'intérieur. C'est assez fort. Et si je peux te donner un deuxième souvenir sympa, c'était en Dominique cette fois, où là, je l'ai... Je n'ai pas vu, mais j'ai entendu le chant des baleines quand j'étais sous l'eau. En fait, le chant avec la dispersion dans l'eau, ça part de très loin. Je crois qu'ils étaient à 3 ou 4 kilomètres. J'ai senti que ça me transperçait la poitrine. Très, très, très fort. Et je suis remonté, j'avais les larmes aux yeux. Non,

  • Speaker #0

    mais il y a une vibration. C'est incroyable. J'utilise beaucoup, en hypnose, j'utilise des musiques avec des chants de baleine qui sont intégrés dedans. C'est incroyable. Et il paraît, d'ailleurs, j'en suis persuadée que c'est thérapeutique. En fait, les chants...

  • Speaker #1

    Ah ouais, c'est hyper frustrant.

  • Speaker #0

    Ça apaise. Et puis, quand ça vibre, ça rentre dans tout le... corps, c'est comme un reset en fait, on a l'impression que ça vibre à l'intérieur, c'est incroyable. Merci d'avoir partagé ça. Et alors, justement, ces bons souvenirs, ces moments-là, est-ce que... Tu as consciemment, en tout cas, cherché à les garder à l'intérieur ? On ne peut pas que tout est en permanence, mais à garder cette saveur, est-ce que tu as eu l'impression que tu pouvais l'intégrer et t'en servir même après pour tes performances, pour aller plus profondément dans l'eau ?

  • Speaker #1

    Alors, ces souvenirs-là, pas spécifiquement, mais si on parle de performance, c'est plutôt des souvenirs liés à la performance que je me sers pour... pour faire mes visualisations et pour créer tout ce schéma mental. C'est vraiment quelque chose qui va s'apparenter à ce que je vais faire.

  • Speaker #0

    D'accord. Tu ne te nourris pas forcément, en tout cas pas consciemment, parce qu'il se passe beaucoup de choses dans l'inconscient, mais tu ne te nourris pas forcément consciemment de toute cette beauté, de toutes ces sensations avec la mer. Tu dissocies finalement l'aspect performance de l'aspect loisir, plaisir.

  • Speaker #1

    Oui. Oui, tout à fait. En fait, ça ne me vient pas naturellement de repenser à ces souvenirs. Quand je veux me mettre en mode perf, je me mets en mode perf de A à Z et tout ce que je vais intégrer, c'est des choses que j'ai vécues, des choses qui sont propres à la performance.

  • Speaker #0

    Quand tu te prépares, quand tu es en surface, à quoi tu te connectes ? Est-ce que tu as des pensées ou est-ce que tu coupes tout ? Comment tu fais ?

  • Speaker #1

    En fait, quand je prépare une… une grosse plongée, une grosse perf, j'ai pour habitude de dire que je la prépare 24 heures avant. Donc ça va beaucoup plus loin qu'une heure avant. Je suis dans un conditionnement, 24 heures avant je pense à ma plongée, j'ai vraiment un rituel de pensée, un rituel que je vais faire aussi dans mon habitude alimentaire, de préparation. 24 heures avant, si tu veux, je vais visualiser ma plongée au moins deux ou trois fois. Je vais me coucher très tôt, je vais préparer mon matériel, etc. Et puis après, au petit matin, j'ai aussi mon rituel où je vais faire mon stretching, je vais faire tel stretching, je vais faire tel style de respiration jusqu'à arriver sur la ligne. Et au moment où je suis sur la ligne, j'ai encore un autre style de respiration. Et après, les pensées, je n'ai pas vraiment des... Beaucoup, beaucoup de pensée, si tu veux. Au contraire, j'essaie surtout de me concentrer sur moi, sur ma relaxation et sur ma respiration. J'essaie d'être vraiment centré sur le sensoriel, sur la respiration. Je me focalise sur ralentir le rythme cardiaque, essayer de faire vraiment le moins de mouvements possible, être vraiment en mode économe le plus possible. Et puis après, quand je suis sur la ligne, là, je n'ai plus aucune pensée. Je suis hyper connecté. Et dès que je mets la tête sous l'eau, c'est encore plus fort.

  • Speaker #0

    Il se passe quoi à ce moment-là ?

  • Speaker #1

    Quand je mets la tête sous l'eau ? Souvent, on me pose la question, on me demande à quoi est-ce que je pense. En fait, je ne pense à rien.

  • Speaker #0

    C'est sûr.

  • Speaker #1

    Parce qu'en fait, ça demande un tel état de concentration. On sait que la plongée en profondeur… La pnée en profondeur, c'est surtout la compensation des oreilles qui va nous permettre de descendre. Et aux profondeurs auxquelles je vais, il y a vraiment énormément de technique et de finesse, si tu veux, à apporter dans le geste. Et ça, ça demande vraiment une concentration de chaque instant. Et c'est cette concentration-là qui fait que j'ai presque plus de place pour penser à autre chose.

  • Speaker #0

    Non, il ne faut pas penser à autre chose. Et quand même, est-ce que tu profites ? À partir du moment où tu arrives au free fall, tu n'es pas que dans la technique. Il y a quand même un moment où tu es dans les sensations. Est-ce qu'il y a du plaisir ? On est d'accord ?

  • Speaker #1

    Oui, évidemment. D'ailleurs, je dis toujours que le plaisir est le catalyseur de performance. Tu ne peux pas chercher la performance sans avoir du plaisir, de la passion et de l'amour pour ce que tu fais. Ça doit être au cœur de la performance, c'est ça. Ce n'est pas juste aller chercher du chiffre pour chercher du chiffre.

  • Speaker #0

    Ton freefall, il démarre à quelle profondeur pour toi ?

  • Speaker #1

    Si on parle d'une apnée à 110 mètres, je vais commencer le freefall aux alentours de 40 mètres. Jusqu'à 40 mètres, je vais être dans de la technique de nage vraiment… le plus smooth possible, vraiment essayer de faire des mouvements les plus calmes et les plus économes possibles avec la concentration des oreilles en même temps. Et là, quand j'arrive à 40 mètres, je passe vraiment en mode sous-marin. J'ai les yeux qui se ferment, je suis à l'intérieur de moi, concentré sur mes sensations, sur l'eau qui glisse, sur le visage, sur les mains, sur les jambes. Il y a tout le positionnement que je recalibre aussi, où j'essaie vraiment de ne faire qu'un, de prendre le moins de place possible dans la mer et de faire... Comme si j'étais une petite goutte d'eau parmi l'océan.

  • Speaker #0

    Oui, ce que tu es d'ailleurs. Et j'aime bien quand tu dis « j'ai les yeux qui se ferment » . « Je ferme les yeux » , c'est « les yeux qui se ferment » . C'est vraiment une technique d'hypnose, en fait. C'est de laisser les yeux se fermer plutôt que de… Donc, est-ce que tu dirais, tu rentres en état de conscience un peu différent ? On est d'accord ?

  • Speaker #1

    Oui, je ne sais pas si on peut parler de conscience modifiée, mais il y a vraiment cet état de… de déconnexion que je ne vis absolument nulle part ailleurs que dans ma plongée, que dans la free fall. Et il y a une telle déconnexion que le temps, j'ai aussi une modification du temps, de la perception du temps dans laquelle la plongée est dure. Je m'explique, j'ai l'impression que quand je… plonge, j'ai l'impression que le temps est multiplié par trois, que tout va beaucoup plus lentement, que tout s'arrête. Et quand je reviens à la surface, il y a vraiment cette notion de voyage parce que j'ai l'impression d'être parti pendant très longtemps.

  • Speaker #0

    Pendant trois semaines. Ça confirme qu'il y a un état de conscience modifié, puisque l'effet de distorsion du temps, il est lié à l'hypnose ou à l'état d'hypnose. Alors, ça peut être une forme soit d'hypnose dissociée ou d'hypnose en expansion de conscience. Par exemple, Parce que quand tu dis que tu fais... Oui, pardon.

  • Speaker #1

    Oui, en fait, ce qui se passe aussi dans l'apnée en profondeur, c'est qu'il y a la narcose. Donc, il y a vraiment cette... On se sent vraiment dissous dans le liquide. On a parfois des visions, parfois on voit des choses, on entend des choses. C'est aussi très perturbant. Mais il faut rester hyper concentré. Et ça, ça peut, tu peux vite aussi perdre un petit peu le fil au niveau de la technique, le rythme de la nage, etc. Donc, c'est important d'être vraiment à l'écoute et d'intégrer ces narcos dans la visualisation. Je n'arrive pas encore à programmer mes narcos, mais j'arrive à programmer le fait qu'elle va arriver. C'est un petit peu ce que je dis aussi par rapport à l'envie de respirer. On n'est pas des poissons, on sait qu'à un moment donné, on va avoir des contractions, on va avoir envie de respirer. Et ça, inévitablement, on va l'avoir. Et c'est vraiment cette forme d'acceptation qu'on programme. On se dit, bon, ben voilà, ça va arriver, je vais avoir envie de respirer. Je vais avoir une narcose qui va commencer. Mais il ne faut pas que je la maîtrise, il faut simplement que je la laisse venir à moi et que je l'accepte et qu'elle fasse partie de ma plongée. Il y a vraiment ce gros travail aussi de... d'acceptation qui fait partie de la programmation à la surface.

  • Speaker #0

    Et la narcose, elle arrive déjà à la descente ?

  • Speaker #1

    Oui, je l'ai déjà ressenti à la descente, mais c'est très rare. Dans mon cas, c'est surtout au moment de la remontée, après le virage, dans les dix premiers mètres, où ça va commencer à monter, à monter, à monter. Et moi, j'ai des narcoses qui sont assez fortes. et qui me font aussi perdre un petit peu la mémoire. En général, je me rappelle difficilement des 10, 15, 20 derniers mètres. Et même l'année dernière au championnat de France, quand j'arrive à la surface, je fais mon protocole, je le fais vraiment automatiquement. Et quelques dizaines de secondes encore après, j'étais encore marcosé. C'était assez violent, ça a duré longtemps. Et en fait, il y a des facteurs qui font que la narcose est un peu plus forte, comme le froid, comme l'obscurité, le stress, la fatigue. Tout ça, c'est des facteurs qui augmentent la narcose.

  • Speaker #0

    Et ta performance a été validée ?

  • Speaker #1

    Oui, j'ai validé.

  • Speaker #0

    Ça ne se voyait pas ?

  • Speaker #1

    En fait, j'ai lâché et le juge qui me tend le carton blanc, j'ai dit « Ah ouais, du coup j'ai réussi. »

  • Speaker #0

    Sous-titrage Société Radio-Can C'est pour dire à quel point aussi, tu vois, le protocole à la sortie, il est ancré.

  • Speaker #1

    C'est de la préparation, c'est de la répétition de la préparation. Et évidemment, il faut l'intégrer dans ta préparation, en fait, pour que ça devienne un automatisme. Ça devient inconscient, comme tout ce qu'on apprend. Et tu parlais de vision et tu entendais des choses quand tu étais narcosé. Alors, tu veux bien nous… pas de nous donner un exemple ?

  • Speaker #0

    Ouais, j'ai plusieurs anecdotes. Souvent, à une époque, je voyais en fait la dernière personne avec laquelle je parlais sur le bateau. C'était un safety, un apnéiste, peu importe en fait, ça m'est arrivé moins cinq ou six fois où sous l'eau, je vois cette personne. Je la voyais vraiment comme si on était encore sur le bateau. Et puis, des fois, j'ai entendu des voix aussi. Et l'année dernière, au championnat du monde, quand je fais mon virage, je commence à remonter. Et là, je vois mes deux petites nièces qui sont assises sur leur canapé en train de me regarder à la télé, en train de remonter à la surface. Et là, je me prends conscience que c'est une vision, que je suis dans ma narcose. Mais je prends aussi conscience que c'est... probablement vrai parce que je sais qu'elle me suive, qu'elle me regarde avec le dive-eye, etc. Et là, je me fais la réflexion, je remonte les bras au-dessus de la tête, je me dis, bon, là, mon coco, il ne va pas falloir déconner.

  • Speaker #1

    Génial ! C'est incroyable. En même temps, ça, c'est une vision aidante. Par contre, la dernière personne que tu vois avant de partir, il ne faut pas se planter.

  • Speaker #0

    Oui, c'est clair.

  • Speaker #1

    Si tu la retrouves après dans ton apnée, il faut que ce soit quelqu'un que... qui soit agréable pour toi quelqu'un de sympa c'est incroyable et les voix ça serait quoi ? quelqu'un qui te parle ou c'est toi-même ?

  • Speaker #0

    non après c'est pas forcément très clair très limpide quand je parle de voix ça peut être aussi des bruits un peu sourds des voix un petit peu comme si tu entendais quelque chose au loin euh Je me suis même vu, moi, en face de la ligne.

  • Speaker #1

    C'est flippant ?

  • Speaker #0

    Non, en fait, ça ne m'a jamais vraiment fait flipper parce que j'ai toujours intégré le fait que ça peut arriver. Alors, tu n'es pas préparé à te voir, à te dédoubler ou entendre quelqu'un, mais tu es prêt à ce phénomène. Et quand tu connais un petit peu tous les effets, on en parle entre nous, entre apnéistes, machin. Moi, j'ai vu ça, moi, j'ai entendu ça. Aujourd'hui, je t'ai pété, machin. T'es prêt, en fait. T'es prêt à vivre quelque chose un petit peu paranormal.

  • Speaker #1

    Oui, c'est de la dissociation. C'est vraiment des états de conscience. Si tu te vois de l'extérieur, c'est que tu es dissocié, tout simplement. C'est de l'hypnose. C'est une forme d'hypnose. Ça, c'est un peu ce que tu vois, ce que tu entends. Est-ce que dans ton... Alors, à l'intérieur, physiquement, j'imagine qu'avec la pression tout au fond, ça doit être assez fort ou finalement, tu l'as tellement intégré que tu ne t'en rends même plus compte ?

  • Speaker #0

    Alors, la pression, je ne la ressens pas. En tout cas, je ne ressens pas une oppression sur la cage, je ne ressens pas mes poumons se rétrécir, etc. Ça, souvent, les gens me demandent, mais ça doit être hyper douloureux parce que quand tu parles de 10, 11, 12 barres de pression, je me dis, mais c'est quoi ? C'est un peu maso. En fait, pas du tout. On ne ressent pas cette pression. On a vraiment l'impression d'être enveloppé. On se sent un petit peu comme dans du coton. C'est une bulle qui nous entoure et qui nous permet de descendre. C'est dans l'acceptation, encore une fois, qu'on arrive à descendre. Parce que si on commence à se rédire, à se contracter, etc., en profondeur, on ne va pas aller très loin. Il y a vraiment cette notion de lâcher prise qui est hyper importante, d'acceptation, encore une fois, à la fois physique et mentale. C'est vraiment, on s'en remet à l'océan. On fait vraiment plus qu'un. Il y a quelque chose de vraiment très, très fort. Et puis, on sait que l'eau, on a tous… Le patrimoine génétique avec l'eau qui est très fort, qui date depuis très longtemps, il y a ça aussi qui compte.

  • Speaker #1

    Oui, je crois que dans le liquide lymphatique, c'est plus de 80% d'éléments communs entre l'eau de mer et l'eau qui circule dans notre corps. C'est juste incroyable.

  • Speaker #0

    C'est un retour aussi à l'état fétal. Dans le ventre de ta maman, il y a beaucoup de connotations auxquelles on ne fait pas forcément attention. Mais l'eau est un vecteur d'énergie extraordinaire. Quand on parlait du chant des baleines qui se projettent avec le son sous l'eau, c'est pareil. L'eau est un élément hyper puissant.

  • Speaker #1

    C'est la grande matrice. Forcément, si je te demande à partir de tout ça, qu'est-ce qui fait que tu vas retourner, que tu y retournes ? Parce que ça demande, on n'a pas vraiment parlé des efforts que ça demande. Mais toi, tu vis en région parisienne, en plus, tu n'as pas accès à ce monde marin H24. Et pour y aller et pour y retourner, toi aussi, tu t'entraînes en plus tous les jours, quasiment tous les jours, en salle de sport, cardio, muscu, piscine, alors qu'en plus, ce n'est pas ce que tu préfères, si j'ai bien compris. Donc, qu'est-ce qui fait que finalement, tu vas y retourner ? C'est-à-dire que non seulement tu vas retourner à l'entraînement, et puis après, tu vas retourner en bord de mer. et recommencer parce que retrouver tes sensations en profondeur, etc. Qu'est-ce qui fait que tu y retournes ?

  • Speaker #0

    Le fait de vivre en région parisienne, ça a un inconvénient, mais ça a aussi beaucoup d'avantages. Le fait d'être loin de la mer fait que je cultive une espèce de forme de manque, de frustration entre guillemets, qui fait que pendant plusieurs mois, je ne vais pas pouvoir plonger. de ma situation géographique. Et ça, en fait, ça a un impact énorme sur mon envie, sur ma motivation quand je retourne à la mer parce qu'il y a vraiment ce manque qui a été créé et qui a été un petit peu aussi cultivé. Cultiver le manque crée une motivation extrême quand je reviens à l'eau. Donc après, voilà, moi, je me prépare. Pendant 5-6 mois, je vais être hors de hausse allée, mais je vais aller à la piscine pour répéter des gammes, pour travailler la technique, pour travailler l'hypoxie, l'hypercapnie, je ne sais trop quoi. Et ça, ça fait vraiment partie intégrante du plan. C'est comme un architecte qui monte un mur, qui monte une maison. Il faut que je passe par les fondations, et les fondations, ça va être… la piscine, ça va être la muscu, ça va être aller courir, aller faire du vélo, etc. Et tout ça, en fait, quand j'arrive en saison de profondeur, chaque brique vient s'intégrer naturellement et à son importance et à sa place.

  • Speaker #1

    C'est une véritable stratégie, de toute façon, que tu as mis en place.

  • Speaker #0

    C'est un plan, on ne fait plus un plan, on ne fait pas les choses comme ça. Et puis après, on va essayer d'aller plonger profond en espérant que ça se passe bien. Après, ça fait plus de 10 ans que je fais ça. J'ai pu analyser, sortir des datas, voir ce qui fonctionne, ce qui fonctionne moins bien, quels sont mes points forts, quels sont mes points faibles, et comment les améliorer d'année après année. Il y a vraiment cette recherche-là aussi. Je me demande pourquoi est-ce que je retourne. Il y a toujours cette quête de faire mieux, de s'améliorer. d'être toujours meilleur, meilleur et d'aller chercher la meilleure version de soi-même.

  • Speaker #1

    Une envie de dépassement.

  • Speaker #0

    Ah, de dépassement de soi, ça fait partie du jeu, c'est un vrai jeu en fait.

  • Speaker #1

    C'est pour ça que tu dis, c'est génial parce que tu boucles la boucle. Quand tu disais je me suis rapidement pris au jeu, pour toi c'est un jeu.

  • Speaker #0

    Ouais, carrément, il faut que ce soit un jeu. Si tu fais les choses par contrainte, juste pour aller gagner quelques mètres. être meilleur que ton voisin ou que le comité je vois pas trop l'intérêt quoi moi ça moi c'est un kiff quoi c'est le kiff plongée je kiffe descendre je kiffe remonter je kiffe les sensations j'adore tout dans ce sport en fait et puis c'est un sport qui me fait voyager qui fait rencontrer des belles personnes il ya tout un Un écosystème qui gravite autour de la compétition. Il ne faut pas juste le voir comme la compétition et on essaie d'aller plus profond et on se revoit l'année prochaine. Il y a bien plus que ça.

  • Speaker #1

    Cette frustration devient ton moteur, c'est génial. au lieu de te plaindre et de dire oh mon dieu je suis loin de la mer etc au contraire je m'en sers comme une force avant de conclure et merci en tout cas pour tous ces partages est-ce que tu veux bien partager avec les auditeurs une technique de préparation mentale que tu utilises j'aimerais si tu veux bien partager un conseil plus qu'une technique

  • Speaker #0

    En tout cas, un conseil qui m'a beaucoup aidé et qui m'a beaucoup servi dans la progression en apnée. Après, je pourrais te partager un outil. Mais déjà, un conseil, ce serait en apnée, si tu veux progresser, il faut toujours garder le sens et le pourquoi tu fais ça. Et ne pas trop se laisser happer par les chiffres. Et c'est difficile en fait en apnée parce que... on pratique un sport où la métrique est partout. On parle de temps, on parle de distance, on parle de profondeur, on parle de personal best, de machin, de truc. On est tous là avec notre montre à prendre des photos et à aller poster ça sur les réseaux. Donc, il y a vraiment cette notion de métrique qui est ultra présente et qui, selon moi, a tendance un petit peu à prendre le dessus sur les émotions, sur les sensations et sur, finalement, le pourquoi. Moi-même, j'ai fait l'erreur à une période, c'était de tomber un petit peu dans cet engrenage du record personnel, un jour, deux jours, trois jours, et puis tu continues. En fait, il n'y a plus que ça qui compte, aller emmener ta montre toujours un petit peu plus profond. Donc, ce qui devait donner un conseil, c'est vraiment essayer de mettre la montre au placard de temps en temps. et de se recentrer vraiment sur les sensations, sur les émotions et le pourquoi on fait ça.

  • Speaker #1

    Très important, merci beaucoup pour ce conseil. Après, tu peux aussi partager une technique si tu veux, dis-nous, mais tu n'es pas obligé, ce conseil est déjà excellent.

  • Speaker #0

    Oui, une technique, qu'est-ce que je pourrais vous partager ? Je pense que les techniques de respiration sont fondamentales dans un sport où on arrête de respirer. Mais pour arrêter de respirer, il faut avant tout bien respirer. Et ça, je l'ai compris assez rapidement. Et je pense avoir toujours été vraiment fasciné par le monde de la respiration. Concentrez-vous sur votre respiration, essayez de conscientiser au maximum, d'avoir toujours une petite intention sur votre respiration, la manière dont vous respirez, comment est-ce que vous le ressentez. C'est vraiment primordial et c'est la porte d'entrée à l'apnée et au bien-être de tous les jours, sans parler forcément de performance. Je pense que la respiration aujourd'hui est vraiment un catalyseur de performance, de bien-être avant tout, que ce soit en apnée, en sport, au travail, et ça peut aider dans beaucoup de gestion émotionnelle. Je le vois aujourd'hui quand j'interviens en entreprise pour coacher les gens sur leur respiration. 90% des gens ne savent pas comment ils respirent, ils ne savent pas combien de fois par minute ils respirent, ils ne savent pas s'ils respirent par le nez ou par la bouche. Qu'est-ce que c'est qu'une bonne respiration ? Vraiment, intéressez-vous à la respiration. Je vais recommander aussi un ouvrage qui s'appelle Respire. de James Nestor, qui est un ouvrage fabuleux, fantastique, c'est une mine d'informations. Si vous voulez en connaître un peu plus sur la respiration, achetez-le et lisez-le, c'est super intéressant.

  • Speaker #1

    J'imagine que tu n'as pas d'action sur ce livre ?

  • Speaker #0

    Pas du tout, non.

  • Speaker #1

    On est d'accord.

  • Speaker #0

    Peut-être.

  • Speaker #1

    Très bien, merci beaucoup pour ta générosité. Et pour terminer l'interview, on va partager des informations te concernant, pour ceux qui veulent te suivre. Alors, tu as un site internet avec un blog et puis un compte Facebook, un compte Instagram. Est-ce que tu veux nous donner des références, un sponsor aussi ?

  • Speaker #0

    Oui, tous les réseaux, vous pouvez me retrouver un peu partout. J'ai LinkedIn aussi sur lequel je suis assez présent. J'essaie de poster en général au moins une fois par semaine. Et un sponsor, oui, j'ai un nouveau partenaire qui s'appelle Apnea. qui est une plateforme sur laquelle on peut retrouver une gamme de matériel d'apnée et de yoga. Ils sont à Nice, ils servent la France et maintenant l'Europe, il me semble. Je suis très heureux d'être leur ambassadeur parce qu'ils sont tout nouveaux et ils ont fait appel à moi pour promouvoir un petit peu leur marque. et je suis vraiment très heureux parce qu'ils font vraiment du super matos et si vous ne voulez pas laisser une commande j'ai un code qui est MAT10 avec lequel vous pouvez avoir

  • Speaker #1

    10% de réduction il fallait écouter le podcast jusqu'au bout pour avoir le cadeau Merci beaucoup Mathieu d'avoir accepté l'invitation. Je suis persuadée que c'était très intéressant pour tous nos auditeurs. Je te souhaite évidemment une très belle saison. Là, on est parti dans l'hiver, donc d'entraînement et de retrouver des ressources et de la motivation. Et puis, il lui manque de la mer aussi.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça. Un peu de filtration.

  • Speaker #1

    Un peu de filtration.

  • Speaker #0

    C'est pour la bonne cause.

  • Speaker #1

    Oui. Donc, belle saison. Tu as encore de belles années devant toi pour continuer ta passion. Je te souhaite évidemment une belle réussite. Et puis de te hisser là où tu veux aller, jusqu'où tu veux aller. Et aussi de faire ces belles rencontres sous l'eau. Je pense que c'est ça qui nourrit aussi les rencontres avec les requins-baleines et autres.

  • Speaker #0

    Et le chant des baleines.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Merci à toi, Sylvie. Vraiment, merci pour ton temps. C'était un grand plaisir.

  • Speaker #1

    Je vous remercie infiniment d'avoir écouté cet épisode jusqu'au bout. Alors, s'il vous a plu, n'hésitez pas à lui donner une note 5 étoiles sur vos plateformes d'écoute et de le partager autour de vous pour le faire connaître. Et si vous souhaitez participer au podcast et vous faire interviewer, ou si vous connaissez quelqu'un que vous aimeriez entendre, dites-le-moi en m'écrivant à l'adresse contact.hypne.com. Merci à vous et... A très bientôt pour le prochain épisode de En Profondeur.

Description

Dans ce nouvel épisode d’En profondeur by Hypnée, je vous emmène à la rencontre de Mathieu Maraio, un apnéiste d’exception qui a choisi de s’engager à 100% dans cette discipline fascinante. 


Son dévouement l’a mené au plus haut niveau, atteignant récemment le Top 6 mondial en apnée en profondeur et intégrant la Team Abyss, une équipe de 5 champions faisant partie du TOP 8 mondial dans leur discipline et fondée par Christian Vogler.


Dans cet épisode, vous découvrirez :

🌊 Son expérience en tant que safety diver, garant de la sécurité des plongeurs.
🦈 Sa rencontre inoubliable avec des requins-baleines.
😵‍💫 Son témoignage captivant sur la narcose, cet état altéré de conscience ressenti en plongée profonde.


Et restez bien jusqu'à la fin… Une surprise vous attend 🎁, et je ne parle pas seulement des conseils précieux que Mathieu partage avec nous !


📌 Pour aller plus loin :
📖 Téléchargez son e-book sur son site web
📲 Retrouvez Mathieu sur Instagram et LinkedIn


Un grand merci d'avoir écouté cet épisode 🙏


S'il vous a plu, parlez-en autour de vous et donnez-lui une note ⭐⭐⭐⭐⭐ sur vos plateformes d'écoutes préférées.

Pour me suggérer des invités ou des thématiques que vous intéressent pour les épisodes solo sur l'hypnose, l'autohypnose et la préparation mentale, écrivez-moi à ✉️ contact@hypnee.com


A très bientôt pour le prochain épisode,


Sylvie 🌀


En Profondeur, une production Hypnée

Créatrice et animatrice du podcast : Sylvie Pouliquen


Crédits musique :

Titre:  Light

Auteur: Idyllic

Source: https://soundcloud.com/noctt

Licence: https://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0/deed.fr

Téléchargement: https://www.auboutdufil.com


Titre:  Days Past

Auteur: In Closing

Source: https://www.facebook.com/inclosing/

Licence: https://creativecommons.org/licenses/by/3.0/deed.fr

Téléchargement: https://www.auboutdufil.com


Visuel : Lucie Clavelloux - Insta : https://www.instagram.com/lucie_clavelloux/

Montage : Philippe Istria


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Au travers d'interviews de plongeurs en apnée et en scaphandre, En Profondeur vous fait plonger au cœur de votre être. Vous allez ainsi découvrir ce qu'il se passe à l'intérieur de mes invités, quelles pensées, quelles émotions, quels ressentis, lorsqu'ils plongent et lorsqu'ils explorent leurs propres limites. Je m'appelle Sylvie Poulikin et je suis fondatrice d'Hypnée. A la fois praticienne en hypnose, préparatrice mentale et éducatrice sportive en plongée subaquatique, j'ai une foi. indéfectible dans la capacité de chaque être humain à accéder à ses plus belles ressources intérieures. Alors, je vous emmène plonger avec moi au cœur de l'humain, le temps d'une écoute. Alors, bonjour Mathieu, je te remercie infiniment d'avoir accepté mon invitation en profondeur.

  • Speaker #1

    Bonjour Sylvie, c'est un plaisir, merci de m'accueillir.

  • Speaker #0

    Avec plaisir. Donc, je vais d'abord te présenter, puis bien sûr, nous allons rentrer un peu en profondeur à l'intérieur de tout. de toi, de ton cerveau et de tes émotions. Donc Mathieu, tu t'appelles Mathieu Maraio, tu es apnéiste de haut niveau, membre de l'équipe de France AIDA. Tu es dans le top 10 depuis plusieurs années, tu as été même jusqu'à sixième mondiale. Et puis cette année, tu as fait vice-champion de France, double vice-champion de France, donc dans deux disciplines, avec un record au championnat du monde à 110 mètres de profondeur. Donc, tu es plutôt un profondiste, comme on dit.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. Je suis un poisson d'eau salée. C'est pas trop mon truc.

  • Speaker #0

    Et pourtant, tu y vas.

  • Speaker #1

    Et pourtant, j'y vais. Je n'ai pas trop le choix.

  • Speaker #0

    Tu es passionné de plonger depuis ton plus jeune âge. Alors ça, tu nous diras. Et tu as découvert l'apnée il y a plusieurs années et tu t'es rapidement pris au jeu. Alors, j'aime bien l'expression. On en reparlera aussi. Tu as commencé à t'entraîner intensivement. Alors ça, on ne sait pas quand. Tu vas nous le dire. pour améliorer ta technique et tes performances. Tes efforts ont payé, on vient de le voir. Et en plus de tout cela, évidemment, parce que dans ce monde qui nécessite beaucoup de polyvalence, tu es également coach, conférencier, préparateur mental et tu proposes évidemment des stages d'apnée. Je crois comprendre que ton angle, c'est d'aborder la gestion du stress avec la respiration essentiellement.

  • Speaker #1

    Exactement, oui, c'est ça.

  • Speaker #0

    Génial. Alors c'est bien, si tu es d'accord avec tout ça, tu veux peut-être compléter ?

  • Speaker #1

    J'aimerais bien repartir un petit peu du début, où on va dire que mon rapport à l'eau, il a toujours été assez fort. Depuis que je suis gamin, l'eau ça a toujours été mon élément, et comme tu le disais, j'ai commencé par la plongée sous-marine, la plongée en bouteille, et j'ai fait mon baptême, je crois que j'avais 8 ans, donc très très jeune. Et je me rappelle, avant de plonger, je demandais aux instructeurs à quelle profondeur on allait aller. J'ai toujours eu cet engouement, cette passion et cette intrigue auprès des profondeurs. Ça m'a toujours attiré, en fait. Et puis, vraiment, depuis très, très jeune, c'est un petit peu par là que ça a commencé. Et après, j'ai fait aussi beaucoup de natation. J'ai appris à nager très, très tôt. J'ai fait plus de dix ans de natation avec des compétitions. L'esprit de compétition, je l'ai eu aussi très jeune.

  • Speaker #0

    Tu avais quel âge exactement ? Et puis où, en fait, cette envie d'aller en profondeur ? Tu es originaire de Bordemer ?

  • Speaker #1

    Non, pas du tout. C'est ça un peu ma particularité. C'est que moi, j'ai grandi en Ile-de-France, au nord de Paris. Et du coup, j'ai appris à nager. Et j'avais trouvé... trois ans. Et en fait, c'est le maître nageur qui est venu voir ma mère en me disant, en me voyant sauter dans le grand bain alors que je ne savais pas nager, il dit, ouais, il faudrait peut-être commencer à lui apprendre à nager parce que là, il commence à être dangereux pour lui. Donc voilà, c'est dans les piscines que j'ai commencé à faire mes armes. Mais après, l'apnée, comme je la pratique aujourd'hui, c'est venu bien plus tard. Parce qu'à cette époque, c'était pas... pas développé comme aujourd'hui. Après, moi, j'ai beaucoup voyagé aussi. J'ai eu la chance d'aller plusieurs fois en Asie. Et quand j'allais en Asie, en fait, je faisais de la plongée sous-marine parce qu'il n'y avait pas de club d'apnée à cette époque. Et un jour, j'ai fini par en trouver un. Et c'était à Bali en 2012, il me semble. Et depuis lors, j'ai jamais arrêté.

  • Speaker #0

    Ah oui, ça fait 12 ans. Tu as réussi à te viser au top niveau mondial en 12 ans.

  • Speaker #1

    Ouais, c'est à peu près ça.

  • Speaker #0

    C'est un joli parcours. Donc, tu faisais de la plongée bouteille, tu as arrêté ?

  • Speaker #1

    Ouais, en fait, dès que j'ai commencé l'apnée, je n'ai quasiment plus jamais refait de plongée bouteille.

  • Speaker #0

    Tu voulais faire de l'apnée ?

  • Speaker #1

    Ouais, je pense que c'était vraiment ça que je voulais faire. À la base, je voulais devenir prof de plongée bouteille. Mais quand j'ai découvert l'apnée, je me suis dit que c'est ça qui me pose, c'est ça qui me rend super bien. C'est vraiment l'apnée mon truc.

  • Speaker #0

    Qui te pose, qui te rend super bien. Tu as eu les sensations dès tes premières apnées, un peu encadrées comme ça ?

  • Speaker #1

    Oui, tout de suite, quand j'ai mis la tête sous l'eau, je suis rapidement descendu. Je crois qu'en trois jours, je descendais à une trentaine de mètres.

  • Speaker #0

    Ah oui !

  • Speaker #1

    Mais ce qui m'a permis aussi de descendre assez rapidement dans ces profondeurs, c'est que j'avais cette facilité à me sentir bien sous l'eau et surtout à déconnecter et à être vraiment hyper relax. Et c'est ce que mon instructeur disait au départ, c'est « Waouh, t'es vraiment très très détendu, ça se voit » et puis ça se ressentait aussi sur les profondeurs. profondeur à laquelle j'allais en même pas trois jours. Je dois dire aussi que je suis passé par la case pompiers de Paris et j'ai été sauveteur aquatique en Seine. Donc pendant plus de deux ans je plongeais aussi en Seine dans une eau parfois à 3-4 degrés qui était nuit noire. Donc quand je suis arrivé à Bali, je peux dire que ça a tout de suite matché parce que j'avais l'habitude de plonger dans des eaux. un peu plus hostile, on va dire.

  • Speaker #0

    Ah oui, et même quand tu plongeais en Seine, justement, tu arrivais à te détendre et à rester zen et calme ?

  • Speaker #1

    C'était une autre approche, en fait, parce qu'avec les pompiers, c'était, je travaille dans l'urgence, on était appelés le jour, la nuit, pour aller chercher des gens. On ne plongeait vraiment, on n'était pas du tout dans la recherche de plaisir, de confort. Et ça n'existait pas à ce moment-là. Mais vu que j'ai eu l'habitude de plonger dans ces cas assez extrêmes, quand il a fallu que je me ressente sur moi et que je déconnecte, ça a été assez facile, j'ai trouvé.

  • Speaker #0

    Oui, par contraste aussi. C'est le contraste total entre le noir, le froid. Avec des exigences de stress face à la détente et au relâchement.

  • Speaker #1

    À Bali, j'y suis allé, mais j'étais encore chez les pompiers. C'était pendant un voyage. Je suis revenu à Paris. Et là, je me suis dit, j'ai envie que ma vie toute entière tourne autour de l'apnée. Donc, j'ai quitté les pompiers de Paris. J'ai rendu ma maison. En fait, j'ai vraiment tout lâché de ce que j'avais en France. pour ensuite partir aux Philippines. Et là, le but, c'était d'aller aux Philippines, de me former, de devenir instructeur et d'enseigner l'apnée dans un pays des tropiques.

  • Speaker #0

    Mais qu'est-ce qui s'est passé alors ? Parce que tu n'es pas au tropique. Tu n'es pas sous les tropiques.

  • Speaker #1

    Non, mais depuis, je suis revenu. Cette aventure, elle a duré quand même pendant trois ans. Pendant trois ans, j'allais passer la moitié de l'année là-bas. L'hiver français, je partais aux Philippines. Et quand c'était l'été, je revenais en France pour travailler sur les plages en tant que sauveteur. Et disons qu'à un moment donné, cette vie, c'était super, mais j'avais besoin d'autre chose, j'avais besoin d'un peu plus de stabilité, j'avais besoin de vie, de vie, ça m'intéressait. Voilà, donc j'ai décidé de revenir en France. Et là, j'ai changé un petit peu ma manière de voyager. Donc, j'étais vraiment installé en France et je partais pour un mois, deux mois, trois mois. Et puis ensuite, je revenais chez moi.

  • Speaker #0

    Donc, plus de voyage, plus d'aller-retour.

  • Speaker #1

    Oui, un peu plus d'aller-retour sur des périodes un peu plus courtes, mais avec une base fixe en France où j'avais besoin d'avoir des racines ici, proches des miens. Et de savoir… d'avoir un petit peu de sécurité et de stabilité quand je revenais parce que en fait je faisais des allers-retours mais quand j'étais aux Philippines, j'étais vraiment dans un sac à dos quoi. Et j'avais besoin de construire cette stabilité en plus.

  • Speaker #0

    Et finalement c'est en construisant ta stabilité que tu as pu devenir à ce niveau en apnée ?

  • Speaker #1

    Oui, ça en a fait partie effectivement. J'avais besoin de ça et c'est ce qui m'a aussi consolidé dans mes performances et dans mon bien-être général.

  • Speaker #0

    Alors, on va plonger encore plus à l'intérieur de toi en démarrant avec peut-être ton pire souvenir en apnée. Alors, je le mets entre guillemets, le mot pire souvenir. Tu as peut-être réfléchi à ça.

  • Speaker #1

    Ce n'est pas facile cette question que tu me poses parce que ça me ramène à un événement que j'ai connu quand j'étais en fait safety. Avant d'être compétiteur, j'étais aussi safety dans des compétitions. Et j'ai été sur une compétition où on a eu un accident. Ce pire souvenir, ce n'est pas moi proprement parlé qui l'ai vécu, mais je l'ai vécu indirectement parce que je faisais partie de l'équipe de sécu et qu'on a eu un gros accident sur cette compétition. Je ne vais pas dire le nom de la personne, mais en gros, on a une personne qui est restée bloquée en bas, à 30 mètres de profondeur, et qui a été victime d'une syncope. À cause d'une piqûre de méduse, elle a fait un choc anaphylactique. Et après, il y a eu de nombreuses réactions en cascade qui ont eu lieu. Et c'est moi, en fait, qui l'ai remontée des 30 mètres. Et ensuite, on a dû... On a dû faire un massage cardiaque à cette personne. Donc elle n'est vraiment pas passée loin de la mort et on l'a réanimée. Pour moi, ça a été une expérience assez douloureuse. Ça aurait pu être bien plus grave, mais on a réussi à la sauver. Ça m'a fait revenir un petit peu à mes expériences de pompier, mais sauf que là, cette fois-ci, c'était quelqu'un que je connaissais. C'était une amie, ça l'est toujours d'ailleurs. Mais quand on a affaire à ce genre de situation et que c'est des gens qui nous sont proches, c'est toujours très différent l'impact émotionnel que ça peut nous donner. Mais je assure toutes les personnes qui nous écoutent, aujourd'hui, elle fait toujours de l'apnée, elle est en pleine santé, il n'y a aucune séquelle, elle va très très bien. Mais ça a été une passade assez difficile. dans ma carrière.

  • Speaker #0

    Merci de partager ça avec nous. J'entends que ça reste un souvenir encore fort.

  • Speaker #1

    Oui, c'est fort.

  • Speaker #0

    Et toi, en tant que safety, justement, pour ceux qui nous écoutent et qui ne connaissent pas encore trop bien l'apnée, c'est vraiment assurer la sécurité de l'apnéiste. Donc là, on voit à quel point ça a été utile et efficace. Oui. Au moment où tu allais la chercher, tu allais la chercher parce qu'elle restait statique à 30 mètres ou parce que tu allais faire ta rencontre ? Ça s'est passé comment ?

  • Speaker #1

    Non, en fait, je suis parti parce qu'on m'a appelé. En fait, sur cette sécula, je ne devais pas plonger. Mais en fait, le safety d'avant moi, il n'avait pas pu descendre. Et il a attendu dans les 15 mètres. et il ne la voyait pas remonter. Du coup, il est remonté à pleine vitesse à la surface et il m'a dit « Mathieu, vas-y, descend tout de suite » . Je n'ai pas cherché à comprendre. J'ai pris une inspiration et j'ai sprinté à 30 mètres. Là, je l'ai vu en bas et je l'ai remonté. C'est aussi pour ça qu'aujourd'hui, quand je suis sur une compétition d'apnée, je connais l'importance et le rôle des apnéistes parce que je suis passé aussi par là et que je sais que… Sans les apnées de sécurité, l'athlète n'est pas grand-chose finalement.

  • Speaker #0

    C'est un travail d'équipe ?

  • Speaker #1

    C'est un sport d'équipe, bien sûr. Quand on dit que l'apnée, c'est un sport individuel, je ne suis pas du tout d'accord avec ça. On a besoin des uns des autres pour être en sécurité sous l'eau. Et puis même aussi à la surface, il y a une grosse forme d'entraide. besoin du collectif. C'est un sport, je trouve, qui est très beau de ce point de vue-là, parce que sur une compétition, on ne voit pas trop cette animosité entre les athlètes. Il y a vraiment une espèce de... de communion où on partage, on s'entraide, on s'écoute, on s'encourage. Et je trouve que c'est ce qui fait partie de la beauté de notre sport.

  • Speaker #0

    C'est vrai. Tous les apnéistes disent ça. En tout cas, tous les compétiteurs le disent. J'entends qu'il y a encore des petites marques. Et en même temps, comment tu as réussi à dépasser ça ? J'imagine que tu n'y penses pas non plus à chaque fois que tu descends. Comment ça se passe pour toi alors ?

  • Speaker #1

    Disons que le temps efface les plaies, on va dire. Non, très honnêtement, j'y pense très rarement, voire jamais, parce que je pense que j'ai réussi à passer à autre chose. et que la personne en question va bien. Si ça n'avait pas été le cas, je pense que la suite aurait été un peu différente. C'est ce qui fait que j'ai réussi à passer à autre chose aussi.

  • Speaker #0

    C'était en

  • Speaker #1

    2015. Oui,

  • Speaker #0

    c'était il y a une dizaine d'années. Et l'eau aussi, est-ce que le fait de... Est-ce que tu crois que le fait... de t'immerger, ça vient de nettoyer aussi les blessures et les plaies, justement, émotionnelles.

  • Speaker #1

    Ah, c'est joliment dit. J'aime beaucoup la métaphore. Je n'avais jamais vraiment pensé à ça, mais peut-être, je ne sais pas.

  • Speaker #0

    En balance, on va aller sur ton plus beau souvenir en apnée, Mathieu, si tu vas bien.

  • Speaker #1

    Mon meilleur souvenir en apnée, je pense que c'est les Philippines qui me reviennent encore. C'est marrant parce que c'était l'une des premières plongées que je faisais en apnée là-bas. Et après avoir fini la session sur le câble, on était en pleine mer, on a un requin-baleine qui s'approche de nous, qui sort de nulle part, mais un requin-baleine immense. Il devait faire une dizaine de mètres. Et moi, à l'époque, je rêvais de voir un requin-baleine. Je me suis dit, ça a l'air tellement beau, c'est tellement gracieux. Les caches blanches, là. Donc voilà, moi, c'était vraiment un poisson que je voulais voir. Et là, il débarque de nulle part, immense. Et ça m'a vraiment scotché parce que je sais que c'est un poisson qui est inoffensif. Mais en même temps, ça m'a vraiment remis à ma place. Et je me suis senti vraiment tout petit. Et puis, la beauté de l'espèce. Donc, ça m'a vraiment... Et à cet instant-là, je me suis dit, en fait, je suis vraiment à ma place ici aux Philippines. C'est ici que je dois être parce qu'il y avait toutes les étoiles qui étaient en train de s'aligner. Et puis, je me dis, en fait, sous l'eau, j'étais trop bien face à ce requin-baleine. Et à un moment donné, quand il passe, après, j'essaie de le suivre. J'étais avec des palmes et il a mis deux, trois coups d'aileron et puis il a disparu. C'était vraiment impressionnant de voir passer cette...

  • Speaker #0

    Cette masse ?

  • Speaker #1

    Cette masse dans l'eau qui était vraiment énorme. Et puis, je te dis, tu te sens vraiment tout petit.

  • Speaker #0

    Ça doit être magique. Moi, c'est un de mes rêves aussi. Je n'ai toujours pas vu de requin-baleine. Est-ce que tu as vu son œil, son regard ? Il paraît que c'est incroyable.

  • Speaker #1

    Oui, tu ressens vraiment la vie à l'intérieur. C'est assez fort. Et si je peux te donner un deuxième souvenir sympa, c'était en Dominique cette fois, où là, je l'ai... Je n'ai pas vu, mais j'ai entendu le chant des baleines quand j'étais sous l'eau. En fait, le chant avec la dispersion dans l'eau, ça part de très loin. Je crois qu'ils étaient à 3 ou 4 kilomètres. J'ai senti que ça me transperçait la poitrine. Très, très, très fort. Et je suis remonté, j'avais les larmes aux yeux. Non,

  • Speaker #0

    mais il y a une vibration. C'est incroyable. J'utilise beaucoup, en hypnose, j'utilise des musiques avec des chants de baleine qui sont intégrés dedans. C'est incroyable. Et il paraît, d'ailleurs, j'en suis persuadée que c'est thérapeutique. En fait, les chants...

  • Speaker #1

    Ah ouais, c'est hyper frustrant.

  • Speaker #0

    Ça apaise. Et puis, quand ça vibre, ça rentre dans tout le... corps, c'est comme un reset en fait, on a l'impression que ça vibre à l'intérieur, c'est incroyable. Merci d'avoir partagé ça. Et alors, justement, ces bons souvenirs, ces moments-là, est-ce que... Tu as consciemment, en tout cas, cherché à les garder à l'intérieur ? On ne peut pas que tout est en permanence, mais à garder cette saveur, est-ce que tu as eu l'impression que tu pouvais l'intégrer et t'en servir même après pour tes performances, pour aller plus profondément dans l'eau ?

  • Speaker #1

    Alors, ces souvenirs-là, pas spécifiquement, mais si on parle de performance, c'est plutôt des souvenirs liés à la performance que je me sers pour... pour faire mes visualisations et pour créer tout ce schéma mental. C'est vraiment quelque chose qui va s'apparenter à ce que je vais faire.

  • Speaker #0

    D'accord. Tu ne te nourris pas forcément, en tout cas pas consciemment, parce qu'il se passe beaucoup de choses dans l'inconscient, mais tu ne te nourris pas forcément consciemment de toute cette beauté, de toutes ces sensations avec la mer. Tu dissocies finalement l'aspect performance de l'aspect loisir, plaisir.

  • Speaker #1

    Oui. Oui, tout à fait. En fait, ça ne me vient pas naturellement de repenser à ces souvenirs. Quand je veux me mettre en mode perf, je me mets en mode perf de A à Z et tout ce que je vais intégrer, c'est des choses que j'ai vécues, des choses qui sont propres à la performance.

  • Speaker #0

    Quand tu te prépares, quand tu es en surface, à quoi tu te connectes ? Est-ce que tu as des pensées ou est-ce que tu coupes tout ? Comment tu fais ?

  • Speaker #1

    En fait, quand je prépare une… une grosse plongée, une grosse perf, j'ai pour habitude de dire que je la prépare 24 heures avant. Donc ça va beaucoup plus loin qu'une heure avant. Je suis dans un conditionnement, 24 heures avant je pense à ma plongée, j'ai vraiment un rituel de pensée, un rituel que je vais faire aussi dans mon habitude alimentaire, de préparation. 24 heures avant, si tu veux, je vais visualiser ma plongée au moins deux ou trois fois. Je vais me coucher très tôt, je vais préparer mon matériel, etc. Et puis après, au petit matin, j'ai aussi mon rituel où je vais faire mon stretching, je vais faire tel stretching, je vais faire tel style de respiration jusqu'à arriver sur la ligne. Et au moment où je suis sur la ligne, j'ai encore un autre style de respiration. Et après, les pensées, je n'ai pas vraiment des... Beaucoup, beaucoup de pensée, si tu veux. Au contraire, j'essaie surtout de me concentrer sur moi, sur ma relaxation et sur ma respiration. J'essaie d'être vraiment centré sur le sensoriel, sur la respiration. Je me focalise sur ralentir le rythme cardiaque, essayer de faire vraiment le moins de mouvements possible, être vraiment en mode économe le plus possible. Et puis après, quand je suis sur la ligne, là, je n'ai plus aucune pensée. Je suis hyper connecté. Et dès que je mets la tête sous l'eau, c'est encore plus fort.

  • Speaker #0

    Il se passe quoi à ce moment-là ?

  • Speaker #1

    Quand je mets la tête sous l'eau ? Souvent, on me pose la question, on me demande à quoi est-ce que je pense. En fait, je ne pense à rien.

  • Speaker #0

    C'est sûr.

  • Speaker #1

    Parce qu'en fait, ça demande un tel état de concentration. On sait que la plongée en profondeur… La pnée en profondeur, c'est surtout la compensation des oreilles qui va nous permettre de descendre. Et aux profondeurs auxquelles je vais, il y a vraiment énormément de technique et de finesse, si tu veux, à apporter dans le geste. Et ça, ça demande vraiment une concentration de chaque instant. Et c'est cette concentration-là qui fait que j'ai presque plus de place pour penser à autre chose.

  • Speaker #0

    Non, il ne faut pas penser à autre chose. Et quand même, est-ce que tu profites ? À partir du moment où tu arrives au free fall, tu n'es pas que dans la technique. Il y a quand même un moment où tu es dans les sensations. Est-ce qu'il y a du plaisir ? On est d'accord ?

  • Speaker #1

    Oui, évidemment. D'ailleurs, je dis toujours que le plaisir est le catalyseur de performance. Tu ne peux pas chercher la performance sans avoir du plaisir, de la passion et de l'amour pour ce que tu fais. Ça doit être au cœur de la performance, c'est ça. Ce n'est pas juste aller chercher du chiffre pour chercher du chiffre.

  • Speaker #0

    Ton freefall, il démarre à quelle profondeur pour toi ?

  • Speaker #1

    Si on parle d'une apnée à 110 mètres, je vais commencer le freefall aux alentours de 40 mètres. Jusqu'à 40 mètres, je vais être dans de la technique de nage vraiment… le plus smooth possible, vraiment essayer de faire des mouvements les plus calmes et les plus économes possibles avec la concentration des oreilles en même temps. Et là, quand j'arrive à 40 mètres, je passe vraiment en mode sous-marin. J'ai les yeux qui se ferment, je suis à l'intérieur de moi, concentré sur mes sensations, sur l'eau qui glisse, sur le visage, sur les mains, sur les jambes. Il y a tout le positionnement que je recalibre aussi, où j'essaie vraiment de ne faire qu'un, de prendre le moins de place possible dans la mer et de faire... Comme si j'étais une petite goutte d'eau parmi l'océan.

  • Speaker #0

    Oui, ce que tu es d'ailleurs. Et j'aime bien quand tu dis « j'ai les yeux qui se ferment » . « Je ferme les yeux » , c'est « les yeux qui se ferment » . C'est vraiment une technique d'hypnose, en fait. C'est de laisser les yeux se fermer plutôt que de… Donc, est-ce que tu dirais, tu rentres en état de conscience un peu différent ? On est d'accord ?

  • Speaker #1

    Oui, je ne sais pas si on peut parler de conscience modifiée, mais il y a vraiment cet état de… de déconnexion que je ne vis absolument nulle part ailleurs que dans ma plongée, que dans la free fall. Et il y a une telle déconnexion que le temps, j'ai aussi une modification du temps, de la perception du temps dans laquelle la plongée est dure. Je m'explique, j'ai l'impression que quand je… plonge, j'ai l'impression que le temps est multiplié par trois, que tout va beaucoup plus lentement, que tout s'arrête. Et quand je reviens à la surface, il y a vraiment cette notion de voyage parce que j'ai l'impression d'être parti pendant très longtemps.

  • Speaker #0

    Pendant trois semaines. Ça confirme qu'il y a un état de conscience modifié, puisque l'effet de distorsion du temps, il est lié à l'hypnose ou à l'état d'hypnose. Alors, ça peut être une forme soit d'hypnose dissociée ou d'hypnose en expansion de conscience. Par exemple, Parce que quand tu dis que tu fais... Oui, pardon.

  • Speaker #1

    Oui, en fait, ce qui se passe aussi dans l'apnée en profondeur, c'est qu'il y a la narcose. Donc, il y a vraiment cette... On se sent vraiment dissous dans le liquide. On a parfois des visions, parfois on voit des choses, on entend des choses. C'est aussi très perturbant. Mais il faut rester hyper concentré. Et ça, ça peut, tu peux vite aussi perdre un petit peu le fil au niveau de la technique, le rythme de la nage, etc. Donc, c'est important d'être vraiment à l'écoute et d'intégrer ces narcos dans la visualisation. Je n'arrive pas encore à programmer mes narcos, mais j'arrive à programmer le fait qu'elle va arriver. C'est un petit peu ce que je dis aussi par rapport à l'envie de respirer. On n'est pas des poissons, on sait qu'à un moment donné, on va avoir des contractions, on va avoir envie de respirer. Et ça, inévitablement, on va l'avoir. Et c'est vraiment cette forme d'acceptation qu'on programme. On se dit, bon, ben voilà, ça va arriver, je vais avoir envie de respirer. Je vais avoir une narcose qui va commencer. Mais il ne faut pas que je la maîtrise, il faut simplement que je la laisse venir à moi et que je l'accepte et qu'elle fasse partie de ma plongée. Il y a vraiment ce gros travail aussi de... d'acceptation qui fait partie de la programmation à la surface.

  • Speaker #0

    Et la narcose, elle arrive déjà à la descente ?

  • Speaker #1

    Oui, je l'ai déjà ressenti à la descente, mais c'est très rare. Dans mon cas, c'est surtout au moment de la remontée, après le virage, dans les dix premiers mètres, où ça va commencer à monter, à monter, à monter. Et moi, j'ai des narcoses qui sont assez fortes. et qui me font aussi perdre un petit peu la mémoire. En général, je me rappelle difficilement des 10, 15, 20 derniers mètres. Et même l'année dernière au championnat de France, quand j'arrive à la surface, je fais mon protocole, je le fais vraiment automatiquement. Et quelques dizaines de secondes encore après, j'étais encore marcosé. C'était assez violent, ça a duré longtemps. Et en fait, il y a des facteurs qui font que la narcose est un peu plus forte, comme le froid, comme l'obscurité, le stress, la fatigue. Tout ça, c'est des facteurs qui augmentent la narcose.

  • Speaker #0

    Et ta performance a été validée ?

  • Speaker #1

    Oui, j'ai validé.

  • Speaker #0

    Ça ne se voyait pas ?

  • Speaker #1

    En fait, j'ai lâché et le juge qui me tend le carton blanc, j'ai dit « Ah ouais, du coup j'ai réussi. »

  • Speaker #0

    Sous-titrage Société Radio-Can C'est pour dire à quel point aussi, tu vois, le protocole à la sortie, il est ancré.

  • Speaker #1

    C'est de la préparation, c'est de la répétition de la préparation. Et évidemment, il faut l'intégrer dans ta préparation, en fait, pour que ça devienne un automatisme. Ça devient inconscient, comme tout ce qu'on apprend. Et tu parlais de vision et tu entendais des choses quand tu étais narcosé. Alors, tu veux bien nous… pas de nous donner un exemple ?

  • Speaker #0

    Ouais, j'ai plusieurs anecdotes. Souvent, à une époque, je voyais en fait la dernière personne avec laquelle je parlais sur le bateau. C'était un safety, un apnéiste, peu importe en fait, ça m'est arrivé moins cinq ou six fois où sous l'eau, je vois cette personne. Je la voyais vraiment comme si on était encore sur le bateau. Et puis, des fois, j'ai entendu des voix aussi. Et l'année dernière, au championnat du monde, quand je fais mon virage, je commence à remonter. Et là, je vois mes deux petites nièces qui sont assises sur leur canapé en train de me regarder à la télé, en train de remonter à la surface. Et là, je me prends conscience que c'est une vision, que je suis dans ma narcose. Mais je prends aussi conscience que c'est... probablement vrai parce que je sais qu'elle me suive, qu'elle me regarde avec le dive-eye, etc. Et là, je me fais la réflexion, je remonte les bras au-dessus de la tête, je me dis, bon, là, mon coco, il ne va pas falloir déconner.

  • Speaker #1

    Génial ! C'est incroyable. En même temps, ça, c'est une vision aidante. Par contre, la dernière personne que tu vois avant de partir, il ne faut pas se planter.

  • Speaker #0

    Oui, c'est clair.

  • Speaker #1

    Si tu la retrouves après dans ton apnée, il faut que ce soit quelqu'un que... qui soit agréable pour toi quelqu'un de sympa c'est incroyable et les voix ça serait quoi ? quelqu'un qui te parle ou c'est toi-même ?

  • Speaker #0

    non après c'est pas forcément très clair très limpide quand je parle de voix ça peut être aussi des bruits un peu sourds des voix un petit peu comme si tu entendais quelque chose au loin euh Je me suis même vu, moi, en face de la ligne.

  • Speaker #1

    C'est flippant ?

  • Speaker #0

    Non, en fait, ça ne m'a jamais vraiment fait flipper parce que j'ai toujours intégré le fait que ça peut arriver. Alors, tu n'es pas préparé à te voir, à te dédoubler ou entendre quelqu'un, mais tu es prêt à ce phénomène. Et quand tu connais un petit peu tous les effets, on en parle entre nous, entre apnéistes, machin. Moi, j'ai vu ça, moi, j'ai entendu ça. Aujourd'hui, je t'ai pété, machin. T'es prêt, en fait. T'es prêt à vivre quelque chose un petit peu paranormal.

  • Speaker #1

    Oui, c'est de la dissociation. C'est vraiment des états de conscience. Si tu te vois de l'extérieur, c'est que tu es dissocié, tout simplement. C'est de l'hypnose. C'est une forme d'hypnose. Ça, c'est un peu ce que tu vois, ce que tu entends. Est-ce que dans ton... Alors, à l'intérieur, physiquement, j'imagine qu'avec la pression tout au fond, ça doit être assez fort ou finalement, tu l'as tellement intégré que tu ne t'en rends même plus compte ?

  • Speaker #0

    Alors, la pression, je ne la ressens pas. En tout cas, je ne ressens pas une oppression sur la cage, je ne ressens pas mes poumons se rétrécir, etc. Ça, souvent, les gens me demandent, mais ça doit être hyper douloureux parce que quand tu parles de 10, 11, 12 barres de pression, je me dis, mais c'est quoi ? C'est un peu maso. En fait, pas du tout. On ne ressent pas cette pression. On a vraiment l'impression d'être enveloppé. On se sent un petit peu comme dans du coton. C'est une bulle qui nous entoure et qui nous permet de descendre. C'est dans l'acceptation, encore une fois, qu'on arrive à descendre. Parce que si on commence à se rédire, à se contracter, etc., en profondeur, on ne va pas aller très loin. Il y a vraiment cette notion de lâcher prise qui est hyper importante, d'acceptation, encore une fois, à la fois physique et mentale. C'est vraiment, on s'en remet à l'océan. On fait vraiment plus qu'un. Il y a quelque chose de vraiment très, très fort. Et puis, on sait que l'eau, on a tous… Le patrimoine génétique avec l'eau qui est très fort, qui date depuis très longtemps, il y a ça aussi qui compte.

  • Speaker #1

    Oui, je crois que dans le liquide lymphatique, c'est plus de 80% d'éléments communs entre l'eau de mer et l'eau qui circule dans notre corps. C'est juste incroyable.

  • Speaker #0

    C'est un retour aussi à l'état fétal. Dans le ventre de ta maman, il y a beaucoup de connotations auxquelles on ne fait pas forcément attention. Mais l'eau est un vecteur d'énergie extraordinaire. Quand on parlait du chant des baleines qui se projettent avec le son sous l'eau, c'est pareil. L'eau est un élément hyper puissant.

  • Speaker #1

    C'est la grande matrice. Forcément, si je te demande à partir de tout ça, qu'est-ce qui fait que tu vas retourner, que tu y retournes ? Parce que ça demande, on n'a pas vraiment parlé des efforts que ça demande. Mais toi, tu vis en région parisienne, en plus, tu n'as pas accès à ce monde marin H24. Et pour y aller et pour y retourner, toi aussi, tu t'entraînes en plus tous les jours, quasiment tous les jours, en salle de sport, cardio, muscu, piscine, alors qu'en plus, ce n'est pas ce que tu préfères, si j'ai bien compris. Donc, qu'est-ce qui fait que finalement, tu vas y retourner ? C'est-à-dire que non seulement tu vas retourner à l'entraînement, et puis après, tu vas retourner en bord de mer. et recommencer parce que retrouver tes sensations en profondeur, etc. Qu'est-ce qui fait que tu y retournes ?

  • Speaker #0

    Le fait de vivre en région parisienne, ça a un inconvénient, mais ça a aussi beaucoup d'avantages. Le fait d'être loin de la mer fait que je cultive une espèce de forme de manque, de frustration entre guillemets, qui fait que pendant plusieurs mois, je ne vais pas pouvoir plonger. de ma situation géographique. Et ça, en fait, ça a un impact énorme sur mon envie, sur ma motivation quand je retourne à la mer parce qu'il y a vraiment ce manque qui a été créé et qui a été un petit peu aussi cultivé. Cultiver le manque crée une motivation extrême quand je reviens à l'eau. Donc après, voilà, moi, je me prépare. Pendant 5-6 mois, je vais être hors de hausse allée, mais je vais aller à la piscine pour répéter des gammes, pour travailler la technique, pour travailler l'hypoxie, l'hypercapnie, je ne sais trop quoi. Et ça, ça fait vraiment partie intégrante du plan. C'est comme un architecte qui monte un mur, qui monte une maison. Il faut que je passe par les fondations, et les fondations, ça va être… la piscine, ça va être la muscu, ça va être aller courir, aller faire du vélo, etc. Et tout ça, en fait, quand j'arrive en saison de profondeur, chaque brique vient s'intégrer naturellement et à son importance et à sa place.

  • Speaker #1

    C'est une véritable stratégie, de toute façon, que tu as mis en place.

  • Speaker #0

    C'est un plan, on ne fait plus un plan, on ne fait pas les choses comme ça. Et puis après, on va essayer d'aller plonger profond en espérant que ça se passe bien. Après, ça fait plus de 10 ans que je fais ça. J'ai pu analyser, sortir des datas, voir ce qui fonctionne, ce qui fonctionne moins bien, quels sont mes points forts, quels sont mes points faibles, et comment les améliorer d'année après année. Il y a vraiment cette recherche-là aussi. Je me demande pourquoi est-ce que je retourne. Il y a toujours cette quête de faire mieux, de s'améliorer. d'être toujours meilleur, meilleur et d'aller chercher la meilleure version de soi-même.

  • Speaker #1

    Une envie de dépassement.

  • Speaker #0

    Ah, de dépassement de soi, ça fait partie du jeu, c'est un vrai jeu en fait.

  • Speaker #1

    C'est pour ça que tu dis, c'est génial parce que tu boucles la boucle. Quand tu disais je me suis rapidement pris au jeu, pour toi c'est un jeu.

  • Speaker #0

    Ouais, carrément, il faut que ce soit un jeu. Si tu fais les choses par contrainte, juste pour aller gagner quelques mètres. être meilleur que ton voisin ou que le comité je vois pas trop l'intérêt quoi moi ça moi c'est un kiff quoi c'est le kiff plongée je kiffe descendre je kiffe remonter je kiffe les sensations j'adore tout dans ce sport en fait et puis c'est un sport qui me fait voyager qui fait rencontrer des belles personnes il ya tout un Un écosystème qui gravite autour de la compétition. Il ne faut pas juste le voir comme la compétition et on essaie d'aller plus profond et on se revoit l'année prochaine. Il y a bien plus que ça.

  • Speaker #1

    Cette frustration devient ton moteur, c'est génial. au lieu de te plaindre et de dire oh mon dieu je suis loin de la mer etc au contraire je m'en sers comme une force avant de conclure et merci en tout cas pour tous ces partages est-ce que tu veux bien partager avec les auditeurs une technique de préparation mentale que tu utilises j'aimerais si tu veux bien partager un conseil plus qu'une technique

  • Speaker #0

    En tout cas, un conseil qui m'a beaucoup aidé et qui m'a beaucoup servi dans la progression en apnée. Après, je pourrais te partager un outil. Mais déjà, un conseil, ce serait en apnée, si tu veux progresser, il faut toujours garder le sens et le pourquoi tu fais ça. Et ne pas trop se laisser happer par les chiffres. Et c'est difficile en fait en apnée parce que... on pratique un sport où la métrique est partout. On parle de temps, on parle de distance, on parle de profondeur, on parle de personal best, de machin, de truc. On est tous là avec notre montre à prendre des photos et à aller poster ça sur les réseaux. Donc, il y a vraiment cette notion de métrique qui est ultra présente et qui, selon moi, a tendance un petit peu à prendre le dessus sur les émotions, sur les sensations et sur, finalement, le pourquoi. Moi-même, j'ai fait l'erreur à une période, c'était de tomber un petit peu dans cet engrenage du record personnel, un jour, deux jours, trois jours, et puis tu continues. En fait, il n'y a plus que ça qui compte, aller emmener ta montre toujours un petit peu plus profond. Donc, ce qui devait donner un conseil, c'est vraiment essayer de mettre la montre au placard de temps en temps. et de se recentrer vraiment sur les sensations, sur les émotions et le pourquoi on fait ça.

  • Speaker #1

    Très important, merci beaucoup pour ce conseil. Après, tu peux aussi partager une technique si tu veux, dis-nous, mais tu n'es pas obligé, ce conseil est déjà excellent.

  • Speaker #0

    Oui, une technique, qu'est-ce que je pourrais vous partager ? Je pense que les techniques de respiration sont fondamentales dans un sport où on arrête de respirer. Mais pour arrêter de respirer, il faut avant tout bien respirer. Et ça, je l'ai compris assez rapidement. Et je pense avoir toujours été vraiment fasciné par le monde de la respiration. Concentrez-vous sur votre respiration, essayez de conscientiser au maximum, d'avoir toujours une petite intention sur votre respiration, la manière dont vous respirez, comment est-ce que vous le ressentez. C'est vraiment primordial et c'est la porte d'entrée à l'apnée et au bien-être de tous les jours, sans parler forcément de performance. Je pense que la respiration aujourd'hui est vraiment un catalyseur de performance, de bien-être avant tout, que ce soit en apnée, en sport, au travail, et ça peut aider dans beaucoup de gestion émotionnelle. Je le vois aujourd'hui quand j'interviens en entreprise pour coacher les gens sur leur respiration. 90% des gens ne savent pas comment ils respirent, ils ne savent pas combien de fois par minute ils respirent, ils ne savent pas s'ils respirent par le nez ou par la bouche. Qu'est-ce que c'est qu'une bonne respiration ? Vraiment, intéressez-vous à la respiration. Je vais recommander aussi un ouvrage qui s'appelle Respire. de James Nestor, qui est un ouvrage fabuleux, fantastique, c'est une mine d'informations. Si vous voulez en connaître un peu plus sur la respiration, achetez-le et lisez-le, c'est super intéressant.

  • Speaker #1

    J'imagine que tu n'as pas d'action sur ce livre ?

  • Speaker #0

    Pas du tout, non.

  • Speaker #1

    On est d'accord.

  • Speaker #0

    Peut-être.

  • Speaker #1

    Très bien, merci beaucoup pour ta générosité. Et pour terminer l'interview, on va partager des informations te concernant, pour ceux qui veulent te suivre. Alors, tu as un site internet avec un blog et puis un compte Facebook, un compte Instagram. Est-ce que tu veux nous donner des références, un sponsor aussi ?

  • Speaker #0

    Oui, tous les réseaux, vous pouvez me retrouver un peu partout. J'ai LinkedIn aussi sur lequel je suis assez présent. J'essaie de poster en général au moins une fois par semaine. Et un sponsor, oui, j'ai un nouveau partenaire qui s'appelle Apnea. qui est une plateforme sur laquelle on peut retrouver une gamme de matériel d'apnée et de yoga. Ils sont à Nice, ils servent la France et maintenant l'Europe, il me semble. Je suis très heureux d'être leur ambassadeur parce qu'ils sont tout nouveaux et ils ont fait appel à moi pour promouvoir un petit peu leur marque. et je suis vraiment très heureux parce qu'ils font vraiment du super matos et si vous ne voulez pas laisser une commande j'ai un code qui est MAT10 avec lequel vous pouvez avoir

  • Speaker #1

    10% de réduction il fallait écouter le podcast jusqu'au bout pour avoir le cadeau Merci beaucoup Mathieu d'avoir accepté l'invitation. Je suis persuadée que c'était très intéressant pour tous nos auditeurs. Je te souhaite évidemment une très belle saison. Là, on est parti dans l'hiver, donc d'entraînement et de retrouver des ressources et de la motivation. Et puis, il lui manque de la mer aussi.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça. Un peu de filtration.

  • Speaker #1

    Un peu de filtration.

  • Speaker #0

    C'est pour la bonne cause.

  • Speaker #1

    Oui. Donc, belle saison. Tu as encore de belles années devant toi pour continuer ta passion. Je te souhaite évidemment une belle réussite. Et puis de te hisser là où tu veux aller, jusqu'où tu veux aller. Et aussi de faire ces belles rencontres sous l'eau. Je pense que c'est ça qui nourrit aussi les rencontres avec les requins-baleines et autres.

  • Speaker #0

    Et le chant des baleines.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Merci à toi, Sylvie. Vraiment, merci pour ton temps. C'était un grand plaisir.

  • Speaker #1

    Je vous remercie infiniment d'avoir écouté cet épisode jusqu'au bout. Alors, s'il vous a plu, n'hésitez pas à lui donner une note 5 étoiles sur vos plateformes d'écoute et de le partager autour de vous pour le faire connaître. Et si vous souhaitez participer au podcast et vous faire interviewer, ou si vous connaissez quelqu'un que vous aimeriez entendre, dites-le-moi en m'écrivant à l'adresse contact.hypne.com. Merci à vous et... A très bientôt pour le prochain épisode de En Profondeur.

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