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En Profondeur by Hypnée

#3 En Profondeur avec Marine Grosjean

#3 En Profondeur avec Marine Grosjean

34min |28/01/2025
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En Profondeur by Hypnée

#3 En Profondeur avec Marine Grosjean

#3 En Profondeur avec Marine Grosjean

34min |28/01/2025
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Description

« Pour moi l’eau, l’élément eau, et plus particulièrement l’océan, c’est le miroir de notre intérieur » Marine Grosjean

 

Dans cette 3e interview du podcast, découvrez le parcours exceptionnel de Marine Grosjean, championne du monde de monopalme, et actuellement installée à Tahiti pour enseigner l’apnée.

 

Elle nous y dévoile ses secrets de préparation mentale et finalement comment elle en est arrivée à se tourner avec une forme d’apnée sans souffrance.

 

Je ne vous en dis pas plus, je vous invite à découvrir Marine en écoutant l’interview !

 

Pour retrouver toutes les infos, voici le lien vers son site Web : https://www.marinegrosjean.com/

 

Et son site Instagram sur le quel elle est très active :

https://www.instagram.com/marine.grosjean/

 

Un grand merci d'avoir écouté cet épisode 🙏. S'il vous a plu, surtout parlez-en autour de vous et donnez-lui une note ⭐⭐⭐⭐⭐ sur vos plateformes d'écoutes préférées.

Je vous invite à me suggérer des invités ou des thématiques que vous intéressent pour les épisodes solo sur l'hypnose, l'autohypnose et la préparation mentale. Pour cela c'est très simple, écrivez-moi à ✉️ contact@hypnee.com


A très bientôt pour le prochain épisode,


Sylvie 🌀


En Profondeur, une production Hypnée

Créatrice et animatrice du podcast : Sylvie Pouliquen


Crédits musique :

Titre:  Light

Auteur: Idyllic

Source: https://soundcloud.com/noctt

Licence: https://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0/deed.fr

Téléchargement: https://www.auboutdufil.com


Titre:  Days Past

Auteur: In Closing

Source: https://www.facebook.com/inclosing/

Licence: https://creativecommons.org/licenses/by/3.0/deed.fr

Téléchargement: https://www.auboutdufil.com


Visuel : Lucie Clavelloux - Compte Insta : https://www.instagram.com/lucie_clavelloux/

Montage : Philippe Istria


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Au travers d'interviews de plongeurs en apnée et en scaphandre, En Profondeur vous fait plonger au cœur de votre être. Vous allez ainsi découvrir ce qu'il se passe à l'intérieur de mes invités, quelles pensées, quelles émotions, quels ressentis, lorsqu'ils plongent et lorsqu'ils explorent leurs propres limites. Je m'appelle Sylvie Poulikin et je suis fondatrice d'Hypnée. A la fois praticienne en hypnose, préparatrice mentale et éducatrice sportive en plongée subaquatique, j'ai une foi. indéfectibles dans la capacité de chaque être humain à accéder à ses plus belles ressources intérieures. Alors, je vous emmène plonger avec moi au cœur de l'humain, le temps d'une écoute. Alors Marine, un grand merci d'être venue enregistrer un de ces tout premiers épisodes en profondeur. C'est vraiment sympa à toi. Donc, je vais te décrire, je vais te présenter et puis on va partir sur notre interview en profondeur sur ton site. Marine Grosjean qui est ta marque aussi tu te décris comme une sirène alors déjà j'adore amoureuse de l'océan tu as un pédigré juste incroyable puisque tu es ancienne championne du monde enfin on dit pas ancienne en fait tu es championne du monde de monopalme le titre se garde ouais 2007 6 km c'est en mer c'est ça mais tu n'es pas que ça tu es bien plus que ça évidemment puisque tu es maître nageur éducateur sportif instructeur monopalme instructeur apnée, etc. Mermaid aussi, SSI, j'ai vu, j'adore. On ne le dit pas, peut-être. Et puis, tu as été coordinatrice sur le brevet d'État. Donc, déjà, ça, c'est ce qu'on met sur la carte de visite. Mais c'est vrai que ce qu'on va explorer aussi, c'est Marine, en fait. Marine, apnéiste, notamment. Marine aussi, championne du monde, parce que tu as cette double approche qui est le côté performance. On ne peut pas le nier, n'est-ce pas ? Et puis surtout, ce vers quoi tu es allée après ton titre, justement, c'est peut-être quelque chose de beaucoup plus doux, de beaucoup plus axé sur le bien-être, si je ne me trompe pas.

  • Speaker #1

    C'est exactement ça.

  • Speaker #0

    Et donc, c'est vrai que j'aime bien cette double approche, puisque avec ma progression sur hypnée, en tant que préparatrice mentale, j'ai quand même... observer que l'un ne va pas sans l'autre en fait. La performance elle va avec le bien-être et vice versa. Donc toi, je pense que tu l'enseignes au quotidien dans ton école d'apnée aussi. On va aller voir ça. Ce que je voulais te demander c'est peut-être justement comment tu es venue, cette passion de l'eau, de la mer ?

  • Speaker #1

    Moi j'ai eu la chance de grandir en Bretagne. près de la mer avec un papy qui avait un bateau et qui adorait faire du voilier ou aller pêcher et tout ça et mes parents travaillent dans la restauration n'ayant pas beaucoup de temps je passais beaucoup de week-end chez eux et de vacances chez mes grands parents et c'est mon papy qui m'a transmis cette passion de l'eau du calme sur l'eau pas dans l'eau littéralement sur l'eau et puis aussi ce respect de la mer ok on y est bien mais attention quand même il faut regarder les conditions météo, tout de suite, ça m'a donné un espèce d'énorme respect pour cette masse d'eau. Et puis, ma maman m'a appelée Marine pour que je baigne dans l'eau. C'était son souhait.

  • Speaker #0

    C'est marrant ce que tu dis parce que j'ai du mal à associer le calme sur l'eau avec la Bretagne.

  • Speaker #1

    Oui. L'été, oui, c'était dans la baie de la forêt Fuenant. C'est des zones assez… réserver des vents et des grosses fagues.

  • Speaker #0

    Ah oui, c'est vrai. Ah non, c'est tellement beau là-bas. Mais donc, tu étais sur l'eau. Alors, comment tu as fait pour rentrer en dessous ?

  • Speaker #1

    Alors, j'ai eu un peu les deux. Ça, c'était pour l'approche de l'océan. Voilà, c'est ce qui m'a captivée un petit peu. Et par contre, depuis petite, ma mère m'a mis au bébé nageur, au cours de natation. Et c'était un milieu dans lequel je me sentais très, très bien. Et donc, j'ai grandi en nageant en piscine, mais en ayant peur du fond de la mer. Ah oui. Je n'aimais pas me baigner dans le bleu. Je n'aimais vraiment pas ça. Et voilà, puis j'ai quand même pris goût à être sur l'eau et dans l'eau, mais en piscine. Et le point d'union de ces deux univers a été la découverte de l'apnée, mais très tardivement, j'avais 22 ans.

  • Speaker #0

    Eh oui, très tardivement. Je crois qu'il y a des gens qui découvrent l'apnée encore plus tard. Oui, c'est vrai,

  • Speaker #1

    mais comme j'ai baigné dans l'eau depuis un an, entre les... Oui !

  • Speaker #0

    Donc, tu découvres l'apnée. Comment t'es arrivée à l'apnée ? Parce que finalement, t'étais au-dessus, tu nageais beaucoup, et puis tu faisais de la voile. Mais qu'est-ce qui t'a amené à aller en dessous ? En plus, tu avais peur de la profondeur, un petit peu, ce que tu viens de dire. Oui. Et qu'est-ce qui t'a amené à l'apnée alors ?

  • Speaker #1

    Moi, j'ai fait du sport de haut niveau, un monopalme. Ce n'est pas très connu. Ce sport n'est pas très connu. Dans le milieu de l'apnée, on le connaît bien. Et donc, je suis partie en sport études sur Antibes, au Pôle France. De là, j'ai gagné des compétitions internationales, dont mon titre de championne du monde en mer. Donc, j'avais peur en nageant et je nageais en pleurant, pour vous dire.

  • Speaker #0

    C'est incroyable. Comment on peut arracher un titre de championne du monde en pleurant ? C'est fou. C'est incroyable.

  • Speaker #1

    Bon, si tu veux, on pourra en parler tout à l'heure.

  • Speaker #0

    Oui, peut-être. D'ailleurs, c'est possible qu'on l'aborde.

  • Speaker #1

    Et à ça, à cette expérience dans le haut niveau, j'ai arrêté de nager d'un coup puisque je me suis dégoûtée moi-même du sport et de l'eau en y allant trop, en me faisant mal, en me blessant. Et la tête ne suivait plus. J'ai voulu forcer. Donc, j'ai eu après un rejet complet pour l'eau. Et pendant trois ans, à peu près, je n'ai pas pu mettre les pieds à la mer ni me baigner. Et je ne voulais plus faire de sport. Et je me suis dit, bon Marine, il va quand même falloir remédier à ça, parce que c'est la seule chose qui te rend heureuse, entre guillemets. Il y a d'autres choses qui me rendent heureuse, mais ce qui me remplit, c'était ça. Donc je me suis dit, j'ai envie de passer de l'autre côté de la barrière, pour protéger ces jeunes aussi qui font du sport de haut niveau. Ça, ça n'arrive pas, parce que je trouve que c'est pas normal de ne pas être accompagnée sur ce plan-là. Et donc je me suis dit, je vais être éducateur sportif. Sportive. J'ai fait un premier diplôme pour être enseignante, coach sportif dans la musculation, pour avoir les bonnes bases de l'anatomie, la physio. Je n'étais pas encore prête à aller dans l'eau. Mon plan, c'était l'année d'après de faire le brevet d'état de maître nageur. Tout petit, ça m'a remis un pied dans l'eau, mais de l'autre côté pour enseigner.

  • Speaker #0

    C'est ça, l'autre côté. Ce n'était pas sous l'eau, c'était d'abord en surface. C'est drôle.

  • Speaker #1

    Lors de ce diplôme, j'ai rencontré Christian Vogler.

  • Speaker #0

    Ah, connaissance commune, n'est-ce pas ?

  • Speaker #1

    Il faisait une intervention sur l'apnée dans le brevet d'État. Et ça m'a plu. Et puis, j'ai bien connecté avec lui. Et il me dit, mais tu devrais faire de la compète, tu devrais faire de l'apnée, tu serais forte, puisque j'ondule et pas trop mal.

  • Speaker #0

    Ça l'a un peu agacé,

  • Speaker #1

    d'ailleurs. Et voilà, il me dit, mais fais de l'apnée. Franchement, ça serait... top, tu pourrais même peut-être te lancer dans la compétition. Et je lui dis, alors là, non, la compétition, c'est terminé, je ne veux plus en faire. Et puis, on a gardé contact, voilà, puis il m'a montré que l'apnée, ça pouvait être autre chose, quelque chose de beaucoup plus doux. Et c'est grâce à l'apnée que j'ai renoué avec l'eau, avec l'océan, le fait de pouvoir aller dessous. Et voilà.

  • Speaker #0

    Génial. Et donc, là, t'avais quel âge à peu près ? Ça a mis combien de temps ?

  • Speaker #1

    21 ans, 22 ans.

  • Speaker #0

    Donc, un joli parcours avec quand même une césure, avec l'eau, avec l'amour de l'eau. Ça tombe bien parce que ça va peut-être bien passer avec ma prochaine question, qui est la suivante. Quel serait justement ton pire souvenir en apnée ? Mais peut-être que là, ça va dériver sur la nage avec Balm en mer, j'en sais rien.

  • Speaker #1

    Mon pire souvenir en apnée, honnêtement, là, j'allais te répondre, je n'en ai pas. Parce que je me préserve énormément et je ne m'entraîne pas en apnée. Je ne pousse pas mon corps à la souffrance ou à la peur. Par contre, quand j'ai commencé l'apnée, j'ai donc fait un stage. J'ai économisé pendant deux ans pour faire un stage avec Christian en Grèce, un stage d'apnée. Et il y avait des apnées déjà confirmées. Moi, je n'en avais jamais fait en profondeur. Et donc, on part sur notre première sortie. Je m'étais équipée, j'avais investi dans du matériel qui évidemment n'était pas le bon. Je m'étais équipée. Rien à l'air. Mais ce n'est pas grave. Et Christian nous lance, nous dit, là, allez-y, petite exploration, plongée dans l'eau. Et je vois tout le monde qui descend et moi, impossible de descendre. Mes oreilles ne passaient pas, je ne savais pas faire et je me sentis hyper frustrée. Et il faut me dire, mais regarde, c'est simple, détends-toi.

  • Speaker #0

    J'adore. Ça, c'est la phrase type. Allez, vas-y, détends-toi. Oui, Si ça suffisait, ça se ferait. Ah oui, tout ça.

  • Speaker #1

    Et du coup, cette frustration qui a duré une petite heure dans l'eau, elle s'est en fait prolongée sur la semaine parce que j'étais incapable de descendre.

  • Speaker #0

    Du tout ?

  • Speaker #1

    Non, je devais descendre d'un mètre, dans un mètre de profondeur et en descendant en diagonale, en nageant.

  • Speaker #0

    Oui, oui. Donc un mètre, tu ne compenses pas. Ça passe encore au niveau des tympans. Oui,

  • Speaker #1

    j'avais vite la douleur et c'est tout.

  • Speaker #0

    Ah oui, ça, c'est un sacré pire souvenir, ça. Oui, effectivement, c'est très frustrant, en fait. Ouais. Et comment t'as dépassé ça, alors ? Parce que t'as quand même continué l'apnée, je pense.

  • Speaker #1

    Bon, alors, je suis un peu pas tordue, mais j'étais beaucoup dans la performance avant. Je voulais être là. la meilleure, sans vouloir écraser les autres, mais je voulais être la meilleure. Du coup, quand j'ai commencé l'apnée avec Christian, j'étais venue avec ma femme de compète en Grèce et je me suis dit moi je descends, c'est sûr. Oui,

  • Speaker #0

    facile.

  • Speaker #1

    Ouais, voilà, je sais nager, ça voilà. Et du coup, j'y étais avec des notions et des restes de performance. Je voulais descendre. Et ce stage... Ça m'a foutu une grosse claque, mais j'ai compris qu'il fallait que j'arrête de penser comme ça et il fallait que je vois les choses différemment.

  • Speaker #0

    Prise de conscience.

  • Speaker #1

    Ouais, dure, mais prise de conscience. Et je savais que c'était un problème en moi d'être toujours dans la performance parce que ça me jouait des tours dans mes relations humaines, même dans mon bien-être perso. Parce que quand on est satisfait, moi, ça m'amenait aussi beaucoup d'insatisfaction personnelle et je n'en pouvais plus de ça.

  • Speaker #0

    C'est épuisant et un côté épuisant. Parce que ce n'est pas possible de rester... le meilleur tout le temps.

  • Speaker #1

    Oui, et puis on n'est jamais serein, tranquille, on ne se lâche pas la grappe, on ne s'autorise pas d'être moins bon. Donc j'avais décidé de me lâcher la grappe dessus et j'avais compris que l'apnée pouvait m'aider.

  • Speaker #0

    Là, c'est clair. Là, c'est l'école de l'humilité. De toute façon, l'apnée, c'est incroyable. Donc là, c'est plus un cheminement finalement dans ta tête. Tu t'es dit… C'est ce que je recherchais, finalement, l'idée de comment je lâche par rapport à la performance. Tu as eu le cadeau de cette semaine un peu pas facile, un peu... Ce n'est pas de l'humiliation, mais ça ne doit pas être facile pour une championne du monde de se retrouver, tout le monde descend, et toi, tu es là avec ton 1 mètre.

  • Speaker #1

    Ce que je me souviens, c'est les gens avec les yeux, tu sais, grand ouvert. C'était fou, c'était fou. Et toi, tu n'as juste pas pu descendre. Tu as de la colère. Ça me souvient d'avoir eu de la colère et de la frustration. Moi aussi, je veux toucher ça du doigt.

  • Speaker #0

    J'espère, en tout cas, j'imagine que depuis, tu as fait ce chemin pour y arriver. Est-ce qu'il y a quelque chose, ton plus beau souvenir, ce qui t'a émerveillée, peut-être, avec l'apnée ? Ça a été quand ? C'était quoi ?

  • Speaker #1

    Moi, j'en ai plusieurs, je n'en ai pas forcément un en particulier. C'est la rencontre avec les animaux marins en mer, mais pas une rencontre programmée. La rencontre inattendue, mais même d'un tout petit poisson. J'ai le souvenir d'une sèche qui est venue devant moi et qui, avec ses petites tentacules, venait frotter mon masque et me regarder droit dans les yeux. À Lanzarote, une remobula, ce qui est très rare, qui est venue nager avec moi. pendant 20-30 minutes avec moi 30 minutes ouais et ça c'est fou et c'était pas profond les deux petits souvenirs de cette de cette sèche et et de cette raie c'était dans 5 mètres d'eau ça

  • Speaker #0

    fait quoi même dans ton corps dans ta tête dans ton coeur ça fait quoi toutes ces ces rencontres on se sent hyper privilégié ouais et hyper vivant ouais

  • Speaker #1

    Et en même temps, rien. Oui, vivant. C'est vraiment le mot, je pense, c'était de se sentir vivant. Oui, c'est ce que j'ai ressenti.

  • Speaker #0

    J'adore. Oui. Merci. C'est ça, en fait. C'est ça, parce que tu es vivante, parce que tu te connectes à l'autre être vivant qu'est la raie ou la sèche.

  • Speaker #1

    Oui. Oui, puis on ne se connaît pas, on ne parle pas la même langue, on n'a pas les mêmes codes, je ne sais pas ce qui se passe dans leur tête, mais de pouvoir connecter comme ça avec ces animaux, c'est fou. Oui.

  • Speaker #0

    Ah oui, c'est... C'est incroyable. Et donc ça, c'est vraiment les meilleurs souvenirs. C'est quand il y a des rencontres fortuites, parce que tu as peut-être vécu aussi des expériences où tu savais que tu allais voir des requins ou des dauphins. Je n'en sais rien, je dis des requins, mais...

  • Speaker #1

    Et j'étais un peu déçue de ces rencontres, effectivement, où c'était programmé, parce que mon cœur ne bat pas plus fort que s'ils n'étaient pas là. Chaque fois, j'ai une déception. Je me dis, ah ouais, ça ne me fait rien.

  • Speaker #0

    C'est vrai ? Ah ouais, ce que tu aimes, c'est la rencontre.

  • Speaker #1

    Oui, ça me fait penser à un voyage que j'avais fait. Je change un peu si tu me dis si je m'égare trop. J'ai parti au Vietnam et j'avais vu le film Indochine plus jeune et je rêvais de voir la baie d'Along.

  • Speaker #0

    Oui, c'est clair. C'est tellement beau.

  • Speaker #1

    J'en avais pleuré dans le film et je m'étais dit que je voulais trop le voir. Et quand j'y suis allée et que je l'ai vu, je n'ai rien eu.

  • Speaker #0

    Il y avait peut-être un milliard de touristes avec toi.

  • Speaker #1

    Oui, voilà, c'est ça.

  • Speaker #0

    Voilà. Ça ne fait pas le même effet.

  • Speaker #1

    Et ça m'a fait un peu cette déception quand j'ai vu ces animaux marins et que c'était programmé dans des endroits où on sait qu'ils sont. C'est beau, mais ce n'est pas ce que je recherche.

  • Speaker #0

    C'est vrai qu'il y a un instant d'éternité quand c'est totalement inattendu. Et alors, quand tu fais ces rencontres-là avec ta sèche, avec ta remobula, justement, est-ce qu'il y a quelque chose que tu mets en place, puisque tu es aussi quand même une experte en prépa mental, en bien-être aussi, pour garder ça à l'intérieur de toi ? Est-ce que tu as une façon de faire pour te dire, non, mais ça, je veux le garder en moi toute ma vie ? Est-ce que tu y repenses ? Comment tu nourris ça, en fait ?

  • Speaker #1

    En fait, l'émotion à l'intérieur, elle était tellement forte que je pense que je l'ai imprégnée avec cette image de l'animal. Et dès que je revois cette scène en visualisation, j'ai tout de suite les émotions qui reviennent de l'intérieur. Mais je pense que je suis très forte avec la visualisation parce que je l'ai beaucoup fait dans le sport de haut niveau, dans la projection aussi pour mes podiums. Je me suis vu gagner et j'ai pu le faire, je pense, parce que je me permettais de voir plus loin. Il doit être bien ancré dans ma tête. Maintenant, je n'ai plus qu'à revoir une image et tout de suite,

  • Speaker #0

    je repasse. C'est une technique pour entrer en état d'hypnose, en fait, et plonger dans les souvenirs. Oui. OK, génial. Alors, maintenant, tu fais de l'apnée. Alors, tu enseignes beaucoup. Est-ce que tu fais de l'apnée pour toi un peu quand même de temps en temps ?

  • Speaker #1

    J'essaye, mais c'est difficile.

  • Speaker #0

    Moins facile, mais j'aimerais bien quand même, si tu peux te reconnecter à tes… à tes apnées, à toi. Qu'est-ce que finalement, quand tu sais que tu vas, voilà, que tu es à un endroit où tu es prêt, tu vas pouvoir profiter un petit peu du site. Dans quelles conditions tu te mets juste avant de descendre déjà, avant de parler de ce qui se passe quand tu es au fond, mais voilà, quand tu es à la surface, que tu te prépares finalement, tu penses à quoi ?

  • Speaker #1

    Bah, j'essaye déjà d'être dans l'eau. Rapidement, je ne pense plus à rien. Ah ouais,

  • Speaker #0

    alors tu coupe les pensées.

  • Speaker #1

    Ouais, exactement. Génial.

  • Speaker #0

    Donc, tu n'es plus dans tes sensations corporelles.

  • Speaker #1

    Et pour ça, je m'aide beaucoup de la visualisation, enfin de la vue aussi. Dès que je suis dans l'eau, je vais regarder les rayons de lumière qui passent sous la surface ou je vais mettre mon attention sur la nature. Les rythmes dans l'eau, les rues du sable, les mouvements d'eau avec les courants ou les vagues. Et rien qu'en regardant ça, tout de suite, mon cerveau se coupe des pensées extérieures. Et donc, je ne fais focus que ce que... Pardon, je fais un focus uniquement sur ce qu'il y a sous la surface.

  • Speaker #0

    Oui. Donc, tu te prépares avec ton masque, en fait, et ton tuba. Oui. Oui, tu ne te prépares pas sur le dos.

  • Speaker #1

    Non. Oui.

  • Speaker #0

    Non.

  • Speaker #1

    Je me prépare en surface. Alors, du coup, là, tu me parles des descentes au câble, j'imagine.

  • Speaker #0

    Parce que moi, je ne peux pas... Pas forcément, non. Non, si tu fais de l'explos aussi, tu peux te préparer avec une petite bouée. Tu peux te mettre un peu aussi en...

  • Speaker #1

    Sur le dos,

  • Speaker #0

    oui. Sur le dos, oui. Il y en a qui le font.

  • Speaker #1

    Non, moi, je regarde sous l'eau. Et bon, après, techniquement, oui, je rallonge mes expirations pour faire descendre un peu plus ma fréquence cardiaque. Et je me laisse bercer par les mouvements de l'eau, les courants, les lumières. Et puis quand je sens que c'est le bon moment...

  • Speaker #0

    Oui, et le bon moment, c'est juste intuitif.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Après, la question, c'est... Quand tu descends et que tu pars en explot, est-ce que tu es totalement focalisée sur l'environnement ? Tu t'oublies, tu oublies ton corps ou finalement, tu es aussi dans tes sensations ?

  • Speaker #1

    Alors, en exploration, je ne suis focus que sur l'environnement. Et ça me va plutôt bien parce que je peux descendre plus profond en explot qu'au câble. Parce que je regarde ce qui se passe et je suis curieuse d'aller voir sous tel rocher, d'aller voir telle lumière qui passe. imaginer qu'un poisson pourrait se cacher par là. Alors que quand je suis au câble, je suis très sur moi. Là, c'est plus compliqué pour moi.

  • Speaker #0

    Mais tu n'as jamais fait de compétition en apnée, finalement ?

  • Speaker #1

    Non, non, non.

  • Speaker #0

    Non, mais tu aurais pu en faire en dynamique. Là, par contre, en piscine, tu n'avais plus envie de ça.

  • Speaker #1

    Je n'ai plus envie. Dès que mon corps est un peu en souffrance physique, souffrance, c'est peut-être un grand mot, mais dès que je ressens un peu de douleur, Je sors de l'eau. En fait, je ne veux plus m'autoriser à sentir ça.

  • Speaker #0

    Oui, c'est intéressant parce que ça montre que toutes les approches sont possibles. Il y a des personnes, mais aussi parce qu'ils n'ont pas vécu aussi de sportifs de haut niveau, où on se fait mal beaucoup, beaucoup, beaucoup, beaucoup. Mais qu'on peut vraiment avoir la richesse de faire de l'apnée, de partager une passion sans souffrance. C'est de l'apnée, ton souffrance.

  • Speaker #1

    Oui, exactement.

  • Speaker #0

    Et à côté de ça, il y a beaucoup de... Et c'est normal, il y a des compétiteurs finalement qui acceptent une petite dose de souffrance parce qu'ils s'y habituent progressivement aussi. Oui.

  • Speaker #1

    Je pense que si on ne l'a pas eu en amont, comme moi je l'ai eu dans le sport de haut niveau, c'est quand même une zone qui est assez plaisante à aller chercher parce qu'on vient chercher ses limites. Sauf que moi, je pense que je les connais, mes limites, et je n'ai que besoin d'aller les suivre.

  • Speaker #0

    C'est ça, on finit par les connaître. Donc là, tu pars, tu descends, tu ne fais plus attention à ton corps. Tu es vraiment en train d'observer. Est-ce que tu es juste les images ? ... Tu vas chercher les bruits, les sons sous l'eau aussi ?

  • Speaker #1

    Moi, j'adore la lumière. J'adore les ambiances sous l'eau, passer de l'ombre à la lumière derrière un rocher ou derrière des algues. Et donc, je n'écoute plus trop mon corps. Enfin, je ne l'écoute plus, ce n'est pas le bon mot, mais je ne suis plus focus sur lui. Par contre, je vais regarder les rythmes sous l'eau pour être un peu dans le mimétisme, descendre et longer les roches, pour me fondre un peu dans la masse. Ou suivre les rythmes des poissons.

  • Speaker #0

    Oui, c'est vrai que tu parles de ça sur ton site des rythmes. J'ai bien aimé ce mot rythme par rapport à l'eau, puisque on ne peut pas faire plus que le rythme naturel. C'est ça. Et c'est vrai que dès qu'on se met à l'eau, c'est tout de suite un autre rythme, déjà le cœur ralenti.

  • Speaker #1

    Dans mes clients, quand ils viennent avec moi dans l'eau, au bout d'une demi-journée ou une journée, Une personne va ressortir de l'eau et les autres stagiaires vont dire Mais c'était trop beau ! Il n'y avait peut-être pas de poisson, mais juste la personne était en harmonie avec ce qui se passait sous l'eau. Et c'est ça qui est beau pour moi dans l'apnée, c'est cette harmonie de l'humain dans un milieu qui n'est pas le nôtre et réussir à être focus sur ce qui se passe dans l'eau, plus sur nous, pas penser à cette technique de palmage, à la limite là on s'en fout, juste d'être fluide. Pour ça, il faut observer.

  • Speaker #0

    Donc, tu n'as plus rien en tête, en fait, quand tu es sous l'eau. Tu n'as plus rien. Ça y est, c'est coupé. Tu étais juste en harmonie avec le reste. Il n'y a plus de pensée.

  • Speaker #1

    Moi et l'environnement. Et j'observe. C'est un peu comme un jeu. Je trouve ça très ludique, surtout les explorations, d'être curieux, d'aller voir ce qui se passe. Et je remonte parce qu'à un moment donné, oui, j'ai l'envie de respirer, mais ce n'est pas un spasme qui vient me réveiller.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu dirais que le fait d'avoir vécu des émotions très intenses au très haut niveau font que maintenant tu t'accordes justement des émotions peut-être très intenses en douceur et en tranquillité, comme si ça faisait une polarité en fait ?

  • Speaker #1

    C'est possible, oui. Oui, c'est possible. Mais voilà, en respectant mon corps et ma tête.

  • Speaker #0

    Le respect, c'est ça. C'est toute cette... Même si on veut dépasser ses limites, il y a toujours cette nécessité de devoir se respecter. Ce n'est pas toujours évident, surtout quand on est compétiteur, de savoir à quel moment on n'en peut vraiment plus.

  • Speaker #1

    Alors, pour moi, les compétiteurs... C'est dur de mettre une limite et la limite, c'est la blessure.

  • Speaker #0

    Oui, c'est le corps qui la donne en fait. Oui,

  • Speaker #1

    c'est la tête, elle le veut, mais le corps à un moment donné finit par dire non, stop.

  • Speaker #0

    Toi, tu as vécu des blessures ? Oui, tu disais je me faisais mal.

  • Speaker #1

    Oui, je me suis déchiré les abdos plusieurs fois en nageant.

  • Speaker #0

    Incroyable, je n'ai jamais entendu ça. Je ne savais même pas que c'était possible. Ça ne risque pas de m'arriver.

  • Speaker #1

    en immersion on nage avec des bouteilles en scaph donc on nage avec une bouteille d'air comprimée comme en plongée bouteille et qu'on vient placer devant la tête et on nage en flèche et sur un entraînement enfin sur deux entraînements ça me l'a fait j'entends on entend le mus qui se déchire et je ne pouvais plus bouger donc j'attendais au fond de la piscine que quelqu'un vienne me chercher bon j'avais de l'air dans la bouche oui ça devait être pas très agréable quand même non

  • Speaker #0

    Ce n'est pas l'image qu'on veut véhiculer de l'eau, de la mer. Non. Mais ça fait partie de la réalité. Du sport de haut niveau. Oui. De toute façon, à un moment donné, tu vois, les athlètes, forcément, ils font des… Il y a une forme… Alors, le mot n'est peut-être pas juste. Sacrifice. Tu dirais que tu as fait des sacrifices ?

  • Speaker #1

    Alors, moi, oui. Je pense qu'aujourd'hui, le sport de haut niveau, ce n'est pas le sport de haut niveau qu'on a eu il y a 20 ans non plus. Il y a plus peut-être raisonné, encadré, il y a de la prépa mentale. Avant, il y en avait beaucoup au moins. Moi, oui, c'était des sacrifices, c'est sûr, de famille, d'amis. Entre une fois par an ou deux fois par an, dans l'année, on avait 16 ou 17 ans. mais j'aimais tellement ce que je faisais que je ne le voyais pas comme un sacrifice. Voilà,

  • Speaker #0

    c'est ça. Donc, ce n'est pas le bon mot. C'est une quête, en fait. Une quête de quelque chose. Avec le recul, tu dirais, qu'est-ce que tu cherchais à ce moment-là ?

  • Speaker #1

    Moi, je voulais me prouver que j'étais capable de...

  • Speaker #0

    C'est de la confiance, de l'estime de toi ?

  • Speaker #1

    Sûrement, oui. La reconnaissance.

  • Speaker #0

    La reconnaissance. Mais c'est ce qui est totalement légitime, surtout quand on est jeune en particulier. généralement, il y en a beaucoup qui cherchent ça. C'est sûr.

  • Speaker #1

    Mais j'ai compris aussi que ce n'est pas le titre et d'être sportive de niveau qui allait m'apporter tout ça.

  • Speaker #0

    Mais c'est un chemin pour y parvenir. C'est un chemin. Oui, puis tu ne serais pas qui tu es actuellement si tu n'avais pas vécu tout ça.

  • Speaker #1

    Mais ce n'est aucun regret. C'était aussi les meilleures années de ma vie.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça.

  • Speaker #1

    L'après a été difficile, mais quelle chance à 17 ans de pouvoir faire de ta passion ton quotidien. que tout est possible.

  • Speaker #0

    Tu dis les meilleures années de ta vie, mais ne fais-tu pas de ta passion ton quotidien maintenant, Marine ? Si,

  • Speaker #1

    c'est vrai que ma vie est plutôt cool.

  • Speaker #0

    Non,

  • Speaker #1

    mais je dirais que c'est des années déclics et je suis très contente de les avoir vécues.

  • Speaker #0

    Non, mais c'est important, c'est ce qui te nourrit aussi, ton quotidien d'ailleurs, peut-être avec moins d'intensité, d'émotion, mais c'est vrai que quand on... passent de l'autre côté, comme tu dis, de la barrière et qu'on transmet, on se retrouve à avoir les mêmes émotions parce qu'on les voit, on les vit à travers les personnes qu'on guide en fait. Et justement, tu dirais, ça peut être une raison d'être tout le temps dans l'eau aussi parce que maintenant, c'est vraiment ton quotidien pour le coup. Qu'est-ce qui fait que tu arrives à y retourner tous les jours ?

  • Speaker #1

    Ce qui me pousse à y aller, c'est que j'en ai besoin. J'ai eu un souci de santé il y a quelques années, c'est pour ça que je suis venue habiter aussi à Lanzarote. Et avant de... partir sur Lanzarote, je m'étais fait une liste qu'est-ce qu'il me faut dans mon quotidien pour être heureuse. J'avais compris que la tête avait une grosse incidence sur notre physique et donc être dans l'eau faisait partie de ma liste.

  • Speaker #0

    Et donc ça y est, ça tu l'as fait ?

  • Speaker #1

    Ouais.

  • Speaker #0

    Tu voudrais partager d'autres choses qu'il y avait sur cette liste ? Est-ce que tu as réussi à cocher tous les items de la liste ?

  • Speaker #1

    Ouais, les basiques. Alors, aller dans l'eau tous les jours, avoir la possibilité d'aller dans l'eau tous les jours de l'année, ça excluait un peu les eaux froides. Vivre en short et claquettes. Lanzarote s'y prêtait plutôt bien.

  • Speaker #0

    Oui, et puis tu continues, puisque là, actuellement, tu es à Beaulieu-sur-Mer et puis tu pars dans des belles contrées bientôt. Donc, qu'est-ce qui te pousse à y retourner ? C'est le besoin, en fait. Tu sens que tu en as besoin.

  • Speaker #1

    Il y a quelque chose qui… Il y a un côté un peu… égoïste qui dit que j'en ai besoin moi donc ça me nourrit moi et de transmettre aux gens là le contact avec les gens et la transmission c'est quelque chose qui me nourrit aussi énormément alors

  • Speaker #0

    est ce que c'est égoïste que d'écouter ses besoins franchement j'ai envie de donner mon avis si c'est au détriment des autres peut-être que c'est égoïste mais finalement quand on est bien soi-même parce qu'on s'écoute et qu'on écoute ses besoins est-ce qu'on n'est pas déjà un modèle pour les autres et de fait on est justement plus à même d'être à leur écoute et de leur apporter quelque chose si tu ne le faisais pas et que tu bossais dans un bureau par exemple pas dans l'eau toute la journée je l'ai fait ça parce qu'avant de rejoindre Lanzarote j'ai

  • Speaker #1

    travaillé chez Décathlon, c'est une super entreprise on va faire pour Décathlon, ils en ont pas besoin mais pour faire un peu comme tout le monde avoir un CDI, avoir la possibilité d'acheter une maison, j'ai travaillé chez eux et j'étais pas heureuse, je me suis cachée ça pendant 3 ans après j'ai eu une tumeur au ventre assez conséquente je pense que je me la suis aussi créée parce que je me suis pas écoutée aussi dans mes stages j'incite les gens à s'écouter à écouter leur intuition, leur petite voix et de y aller parce que la vie elle est trop courte.

  • Speaker #0

    L'apnée c'est exactement cette école là en fait. On peut pas ne pas s'écouter.

  • Speaker #1

    On n'a pas le choix, c'est un miroir. Pour moi l'eau, l'élément de l'eau, et plus particulièrement l'océan, c'est le miroir de notre intérieur.

  • Speaker #0

    Si on est triste, en colère, anxieux, on aura beau le cacher sur terre, dans l'eau, ce n'est pas possible.

  • Speaker #1

    D'autant plus que l'eau, c'est le symbole des émotions. C'est vraiment l'eau. C'est l'élément qui représente les émotions. On va bientôt terminer cette interview. Je voulais te demander s'il y a une technique de prépa mentale pour l'apnée. Toi, tu fais beaucoup de visualisation. J'entends. Il y a peut-être une autre astuce ? Alors, astuce ? C'est jamais de l'astuce qu'on se le dit. Souvent, c'est beaucoup de répétition et de préparation, mais une astuce à répéter.

  • Speaker #0

    J'en ai une qui me fait sourire, mais qui marche très bien pour moi. A voir si ça marche pour les autres. Je suis beaucoup dans la visualisation, tu l'as bien compris. Oui. Donc, c'est vrai qu'avant une apnée, même sur terre, j'essaye vraiment de m'imprégner d'un bon moment que j'ai passé. Ça peut être avec des amis ou quelque chose qui me donne le sourire. Et je vais le faire avec des respirations calmantes, les yeux fermés, dans un moment à moi où je vais y penser très fort jusqu'à ce que ce petit sourire vienne s'esquisser sur mon visage et que je le ressente pour me l'imprégner. Comme ça, je vais être dans l'eau avant de partir. Si j'ai un petit coup de stress, là, beaucoup pour le câble pour moi parce que c'est quelque chose qui me tend un peu plus. Je me replonge dans ce moment jusqu'à ce que j'ai le petit sourire qui arrive et là, tout mon corps se détend. Ça me fait beaucoup de bien pour descendre, ça m'aide beaucoup. Ça, c'est la première. Et la deuxième, en apnée au cap, quand je rentre dans une zone que je n'aime pas trop, avant d'y arriver, je vais me répéter quelque chose de très simple, plusieurs fois, mais quelque chose qui me fait plaisir. Alors moi, ça va être, par exemple, ce soir, je m'entraîne en mer ou en piscine ? Et je me répète en mer ou en piscine ? Je vais en mer ou je vais à la piscine ? Oui, mais la mer ou peut-être la piscine.

  • Speaker #1

    Ah, j'adore ! Oui, un truc qui peut un peu buguer, c'est tellement simple que... Oui, puis ça n'a pas beaucoup de sens, on est d'accord ? Je croyais que tu allais me dire un truc comme glace à la fraise. Ah,

  • Speaker #0

    mais ça peut être ça aussi. Là, j'ai une cliente, elle m'a fait banane chocolat. Je lui ai dit, trouve un truc simple que tu aimes bien. C'est banane ou chocolat ? Chocolat ou banane ? Hé,

  • Speaker #1

    j'aime bien, j'aime bien.

  • Speaker #0

    Et elle a débloqué le palier des 30 mètres très facilement, sans penser à sa compense, sans penser à sa charge.

  • Speaker #1

    Ah, super astuce. Et cette petite, ce petit, enfin, ce n'est même pas un mantra, pour le coup, cette petite phrase, tu la prépares avant de descendre ou tu la découvres quand tu es au moment de la zone, justement ?

  • Speaker #0

    Non, je la prépare avant, oui.

  • Speaker #1

    Comme ça, tu l'as avec toi, tu descends avec.

  • Speaker #0

    Oui, et j'essaye de la faire avant de sentir l'inconfort dans la descente. Oui. Comme ça, c'est fait. Je n'ai plus qu'à me le répéter. Cette phase d'inconfort, elle n'existe plus. Elle a disparu après.

  • Speaker #1

    Génial. J'adore. Je suis preneuse. Vous qui nous avez écoutés jusqu'au bout, voici votre récompense. Très bien. Avant qu'on conclue, est-ce que tu veux bien nous partager ton site Internet ? Où est-ce qu'on peut te retrouver ? Je crois que tu es assez active sur les réseaux sociaux. Dis-nous tout.

  • Speaker #0

    Vous pouvez me retrouver principalement sur Instagram. et sur mon site internet à savoir que sur Instagram je donne beaucoup de tips pour la nage avec palme la nage en monopalme et les explorations donc

  • Speaker #1

    il faut en profiter merci en tout cas d'avoir accepté de partager en profondeur ce que tu avais à l'intérieur de toi et à bientôt merci Sylvie je vous remercie infiniment d'avoir écouté cet épisode jusqu'au bout. Alors, s'il vous a plu, n'hésitez pas à lui donner une note 5 étoiles sur vos plateformes d'écoute et de le partager autour de vous pour le faire connaître. Et si vous souhaitez participer au podcast et vous faire interviewer ou si vous connaissez quelqu'un que vous aimeriez entendre, dites-le moi en m'écrivant à l'adresse contact at hypne.com h-y-p-n-e-e.com Merci à vous et à très bientôt pour le prochain épisode de En Profondeur.

Description

« Pour moi l’eau, l’élément eau, et plus particulièrement l’océan, c’est le miroir de notre intérieur » Marine Grosjean

 

Dans cette 3e interview du podcast, découvrez le parcours exceptionnel de Marine Grosjean, championne du monde de monopalme, et actuellement installée à Tahiti pour enseigner l’apnée.

 

Elle nous y dévoile ses secrets de préparation mentale et finalement comment elle en est arrivée à se tourner avec une forme d’apnée sans souffrance.

 

Je ne vous en dis pas plus, je vous invite à découvrir Marine en écoutant l’interview !

 

Pour retrouver toutes les infos, voici le lien vers son site Web : https://www.marinegrosjean.com/

 

Et son site Instagram sur le quel elle est très active :

https://www.instagram.com/marine.grosjean/

 

Un grand merci d'avoir écouté cet épisode 🙏. S'il vous a plu, surtout parlez-en autour de vous et donnez-lui une note ⭐⭐⭐⭐⭐ sur vos plateformes d'écoutes préférées.

Je vous invite à me suggérer des invités ou des thématiques que vous intéressent pour les épisodes solo sur l'hypnose, l'autohypnose et la préparation mentale. Pour cela c'est très simple, écrivez-moi à ✉️ contact@hypnee.com


A très bientôt pour le prochain épisode,


Sylvie 🌀


En Profondeur, une production Hypnée

Créatrice et animatrice du podcast : Sylvie Pouliquen


Crédits musique :

Titre:  Light

Auteur: Idyllic

Source: https://soundcloud.com/noctt

Licence: https://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0/deed.fr

Téléchargement: https://www.auboutdufil.com


Titre:  Days Past

Auteur: In Closing

Source: https://www.facebook.com/inclosing/

Licence: https://creativecommons.org/licenses/by/3.0/deed.fr

Téléchargement: https://www.auboutdufil.com


Visuel : Lucie Clavelloux - Compte Insta : https://www.instagram.com/lucie_clavelloux/

Montage : Philippe Istria


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Au travers d'interviews de plongeurs en apnée et en scaphandre, En Profondeur vous fait plonger au cœur de votre être. Vous allez ainsi découvrir ce qu'il se passe à l'intérieur de mes invités, quelles pensées, quelles émotions, quels ressentis, lorsqu'ils plongent et lorsqu'ils explorent leurs propres limites. Je m'appelle Sylvie Poulikin et je suis fondatrice d'Hypnée. A la fois praticienne en hypnose, préparatrice mentale et éducatrice sportive en plongée subaquatique, j'ai une foi. indéfectibles dans la capacité de chaque être humain à accéder à ses plus belles ressources intérieures. Alors, je vous emmène plonger avec moi au cœur de l'humain, le temps d'une écoute. Alors Marine, un grand merci d'être venue enregistrer un de ces tout premiers épisodes en profondeur. C'est vraiment sympa à toi. Donc, je vais te décrire, je vais te présenter et puis on va partir sur notre interview en profondeur sur ton site. Marine Grosjean qui est ta marque aussi tu te décris comme une sirène alors déjà j'adore amoureuse de l'océan tu as un pédigré juste incroyable puisque tu es ancienne championne du monde enfin on dit pas ancienne en fait tu es championne du monde de monopalme le titre se garde ouais 2007 6 km c'est en mer c'est ça mais tu n'es pas que ça tu es bien plus que ça évidemment puisque tu es maître nageur éducateur sportif instructeur monopalme instructeur apnée, etc. Mermaid aussi, SSI, j'ai vu, j'adore. On ne le dit pas, peut-être. Et puis, tu as été coordinatrice sur le brevet d'État. Donc, déjà, ça, c'est ce qu'on met sur la carte de visite. Mais c'est vrai que ce qu'on va explorer aussi, c'est Marine, en fait. Marine, apnéiste, notamment. Marine aussi, championne du monde, parce que tu as cette double approche qui est le côté performance. On ne peut pas le nier, n'est-ce pas ? Et puis surtout, ce vers quoi tu es allée après ton titre, justement, c'est peut-être quelque chose de beaucoup plus doux, de beaucoup plus axé sur le bien-être, si je ne me trompe pas.

  • Speaker #1

    C'est exactement ça.

  • Speaker #0

    Et donc, c'est vrai que j'aime bien cette double approche, puisque avec ma progression sur hypnée, en tant que préparatrice mentale, j'ai quand même... observer que l'un ne va pas sans l'autre en fait. La performance elle va avec le bien-être et vice versa. Donc toi, je pense que tu l'enseignes au quotidien dans ton école d'apnée aussi. On va aller voir ça. Ce que je voulais te demander c'est peut-être justement comment tu es venue, cette passion de l'eau, de la mer ?

  • Speaker #1

    Moi j'ai eu la chance de grandir en Bretagne. près de la mer avec un papy qui avait un bateau et qui adorait faire du voilier ou aller pêcher et tout ça et mes parents travaillent dans la restauration n'ayant pas beaucoup de temps je passais beaucoup de week-end chez eux et de vacances chez mes grands parents et c'est mon papy qui m'a transmis cette passion de l'eau du calme sur l'eau pas dans l'eau littéralement sur l'eau et puis aussi ce respect de la mer ok on y est bien mais attention quand même il faut regarder les conditions météo, tout de suite, ça m'a donné un espèce d'énorme respect pour cette masse d'eau. Et puis, ma maman m'a appelée Marine pour que je baigne dans l'eau. C'était son souhait.

  • Speaker #0

    C'est marrant ce que tu dis parce que j'ai du mal à associer le calme sur l'eau avec la Bretagne.

  • Speaker #1

    Oui. L'été, oui, c'était dans la baie de la forêt Fuenant. C'est des zones assez… réserver des vents et des grosses fagues.

  • Speaker #0

    Ah oui, c'est vrai. Ah non, c'est tellement beau là-bas. Mais donc, tu étais sur l'eau. Alors, comment tu as fait pour rentrer en dessous ?

  • Speaker #1

    Alors, j'ai eu un peu les deux. Ça, c'était pour l'approche de l'océan. Voilà, c'est ce qui m'a captivée un petit peu. Et par contre, depuis petite, ma mère m'a mis au bébé nageur, au cours de natation. Et c'était un milieu dans lequel je me sentais très, très bien. Et donc, j'ai grandi en nageant en piscine, mais en ayant peur du fond de la mer. Ah oui. Je n'aimais pas me baigner dans le bleu. Je n'aimais vraiment pas ça. Et voilà, puis j'ai quand même pris goût à être sur l'eau et dans l'eau, mais en piscine. Et le point d'union de ces deux univers a été la découverte de l'apnée, mais très tardivement, j'avais 22 ans.

  • Speaker #0

    Eh oui, très tardivement. Je crois qu'il y a des gens qui découvrent l'apnée encore plus tard. Oui, c'est vrai,

  • Speaker #1

    mais comme j'ai baigné dans l'eau depuis un an, entre les... Oui !

  • Speaker #0

    Donc, tu découvres l'apnée. Comment t'es arrivée à l'apnée ? Parce que finalement, t'étais au-dessus, tu nageais beaucoup, et puis tu faisais de la voile. Mais qu'est-ce qui t'a amené à aller en dessous ? En plus, tu avais peur de la profondeur, un petit peu, ce que tu viens de dire. Oui. Et qu'est-ce qui t'a amené à l'apnée alors ?

  • Speaker #1

    Moi, j'ai fait du sport de haut niveau, un monopalme. Ce n'est pas très connu. Ce sport n'est pas très connu. Dans le milieu de l'apnée, on le connaît bien. Et donc, je suis partie en sport études sur Antibes, au Pôle France. De là, j'ai gagné des compétitions internationales, dont mon titre de championne du monde en mer. Donc, j'avais peur en nageant et je nageais en pleurant, pour vous dire.

  • Speaker #0

    C'est incroyable. Comment on peut arracher un titre de championne du monde en pleurant ? C'est fou. C'est incroyable.

  • Speaker #1

    Bon, si tu veux, on pourra en parler tout à l'heure.

  • Speaker #0

    Oui, peut-être. D'ailleurs, c'est possible qu'on l'aborde.

  • Speaker #1

    Et à ça, à cette expérience dans le haut niveau, j'ai arrêté de nager d'un coup puisque je me suis dégoûtée moi-même du sport et de l'eau en y allant trop, en me faisant mal, en me blessant. Et la tête ne suivait plus. J'ai voulu forcer. Donc, j'ai eu après un rejet complet pour l'eau. Et pendant trois ans, à peu près, je n'ai pas pu mettre les pieds à la mer ni me baigner. Et je ne voulais plus faire de sport. Et je me suis dit, bon Marine, il va quand même falloir remédier à ça, parce que c'est la seule chose qui te rend heureuse, entre guillemets. Il y a d'autres choses qui me rendent heureuse, mais ce qui me remplit, c'était ça. Donc je me suis dit, j'ai envie de passer de l'autre côté de la barrière, pour protéger ces jeunes aussi qui font du sport de haut niveau. Ça, ça n'arrive pas, parce que je trouve que c'est pas normal de ne pas être accompagnée sur ce plan-là. Et donc je me suis dit, je vais être éducateur sportif. Sportive. J'ai fait un premier diplôme pour être enseignante, coach sportif dans la musculation, pour avoir les bonnes bases de l'anatomie, la physio. Je n'étais pas encore prête à aller dans l'eau. Mon plan, c'était l'année d'après de faire le brevet d'état de maître nageur. Tout petit, ça m'a remis un pied dans l'eau, mais de l'autre côté pour enseigner.

  • Speaker #0

    C'est ça, l'autre côté. Ce n'était pas sous l'eau, c'était d'abord en surface. C'est drôle.

  • Speaker #1

    Lors de ce diplôme, j'ai rencontré Christian Vogler.

  • Speaker #0

    Ah, connaissance commune, n'est-ce pas ?

  • Speaker #1

    Il faisait une intervention sur l'apnée dans le brevet d'État. Et ça m'a plu. Et puis, j'ai bien connecté avec lui. Et il me dit, mais tu devrais faire de la compète, tu devrais faire de l'apnée, tu serais forte, puisque j'ondule et pas trop mal.

  • Speaker #0

    Ça l'a un peu agacé,

  • Speaker #1

    d'ailleurs. Et voilà, il me dit, mais fais de l'apnée. Franchement, ça serait... top, tu pourrais même peut-être te lancer dans la compétition. Et je lui dis, alors là, non, la compétition, c'est terminé, je ne veux plus en faire. Et puis, on a gardé contact, voilà, puis il m'a montré que l'apnée, ça pouvait être autre chose, quelque chose de beaucoup plus doux. Et c'est grâce à l'apnée que j'ai renoué avec l'eau, avec l'océan, le fait de pouvoir aller dessous. Et voilà.

  • Speaker #0

    Génial. Et donc, là, t'avais quel âge à peu près ? Ça a mis combien de temps ?

  • Speaker #1

    21 ans, 22 ans.

  • Speaker #0

    Donc, un joli parcours avec quand même une césure, avec l'eau, avec l'amour de l'eau. Ça tombe bien parce que ça va peut-être bien passer avec ma prochaine question, qui est la suivante. Quel serait justement ton pire souvenir en apnée ? Mais peut-être que là, ça va dériver sur la nage avec Balm en mer, j'en sais rien.

  • Speaker #1

    Mon pire souvenir en apnée, honnêtement, là, j'allais te répondre, je n'en ai pas. Parce que je me préserve énormément et je ne m'entraîne pas en apnée. Je ne pousse pas mon corps à la souffrance ou à la peur. Par contre, quand j'ai commencé l'apnée, j'ai donc fait un stage. J'ai économisé pendant deux ans pour faire un stage avec Christian en Grèce, un stage d'apnée. Et il y avait des apnées déjà confirmées. Moi, je n'en avais jamais fait en profondeur. Et donc, on part sur notre première sortie. Je m'étais équipée, j'avais investi dans du matériel qui évidemment n'était pas le bon. Je m'étais équipée. Rien à l'air. Mais ce n'est pas grave. Et Christian nous lance, nous dit, là, allez-y, petite exploration, plongée dans l'eau. Et je vois tout le monde qui descend et moi, impossible de descendre. Mes oreilles ne passaient pas, je ne savais pas faire et je me sentis hyper frustrée. Et il faut me dire, mais regarde, c'est simple, détends-toi.

  • Speaker #0

    J'adore. Ça, c'est la phrase type. Allez, vas-y, détends-toi. Oui, Si ça suffisait, ça se ferait. Ah oui, tout ça.

  • Speaker #1

    Et du coup, cette frustration qui a duré une petite heure dans l'eau, elle s'est en fait prolongée sur la semaine parce que j'étais incapable de descendre.

  • Speaker #0

    Du tout ?

  • Speaker #1

    Non, je devais descendre d'un mètre, dans un mètre de profondeur et en descendant en diagonale, en nageant.

  • Speaker #0

    Oui, oui. Donc un mètre, tu ne compenses pas. Ça passe encore au niveau des tympans. Oui,

  • Speaker #1

    j'avais vite la douleur et c'est tout.

  • Speaker #0

    Ah oui, ça, c'est un sacré pire souvenir, ça. Oui, effectivement, c'est très frustrant, en fait. Ouais. Et comment t'as dépassé ça, alors ? Parce que t'as quand même continué l'apnée, je pense.

  • Speaker #1

    Bon, alors, je suis un peu pas tordue, mais j'étais beaucoup dans la performance avant. Je voulais être là. la meilleure, sans vouloir écraser les autres, mais je voulais être la meilleure. Du coup, quand j'ai commencé l'apnée avec Christian, j'étais venue avec ma femme de compète en Grèce et je me suis dit moi je descends, c'est sûr. Oui,

  • Speaker #0

    facile.

  • Speaker #1

    Ouais, voilà, je sais nager, ça voilà. Et du coup, j'y étais avec des notions et des restes de performance. Je voulais descendre. Et ce stage... Ça m'a foutu une grosse claque, mais j'ai compris qu'il fallait que j'arrête de penser comme ça et il fallait que je vois les choses différemment.

  • Speaker #0

    Prise de conscience.

  • Speaker #1

    Ouais, dure, mais prise de conscience. Et je savais que c'était un problème en moi d'être toujours dans la performance parce que ça me jouait des tours dans mes relations humaines, même dans mon bien-être perso. Parce que quand on est satisfait, moi, ça m'amenait aussi beaucoup d'insatisfaction personnelle et je n'en pouvais plus de ça.

  • Speaker #0

    C'est épuisant et un côté épuisant. Parce que ce n'est pas possible de rester... le meilleur tout le temps.

  • Speaker #1

    Oui, et puis on n'est jamais serein, tranquille, on ne se lâche pas la grappe, on ne s'autorise pas d'être moins bon. Donc j'avais décidé de me lâcher la grappe dessus et j'avais compris que l'apnée pouvait m'aider.

  • Speaker #0

    Là, c'est clair. Là, c'est l'école de l'humilité. De toute façon, l'apnée, c'est incroyable. Donc là, c'est plus un cheminement finalement dans ta tête. Tu t'es dit… C'est ce que je recherchais, finalement, l'idée de comment je lâche par rapport à la performance. Tu as eu le cadeau de cette semaine un peu pas facile, un peu... Ce n'est pas de l'humiliation, mais ça ne doit pas être facile pour une championne du monde de se retrouver, tout le monde descend, et toi, tu es là avec ton 1 mètre.

  • Speaker #1

    Ce que je me souviens, c'est les gens avec les yeux, tu sais, grand ouvert. C'était fou, c'était fou. Et toi, tu n'as juste pas pu descendre. Tu as de la colère. Ça me souvient d'avoir eu de la colère et de la frustration. Moi aussi, je veux toucher ça du doigt.

  • Speaker #0

    J'espère, en tout cas, j'imagine que depuis, tu as fait ce chemin pour y arriver. Est-ce qu'il y a quelque chose, ton plus beau souvenir, ce qui t'a émerveillée, peut-être, avec l'apnée ? Ça a été quand ? C'était quoi ?

  • Speaker #1

    Moi, j'en ai plusieurs, je n'en ai pas forcément un en particulier. C'est la rencontre avec les animaux marins en mer, mais pas une rencontre programmée. La rencontre inattendue, mais même d'un tout petit poisson. J'ai le souvenir d'une sèche qui est venue devant moi et qui, avec ses petites tentacules, venait frotter mon masque et me regarder droit dans les yeux. À Lanzarote, une remobula, ce qui est très rare, qui est venue nager avec moi. pendant 20-30 minutes avec moi 30 minutes ouais et ça c'est fou et c'était pas profond les deux petits souvenirs de cette de cette sèche et et de cette raie c'était dans 5 mètres d'eau ça

  • Speaker #0

    fait quoi même dans ton corps dans ta tête dans ton coeur ça fait quoi toutes ces ces rencontres on se sent hyper privilégié ouais et hyper vivant ouais

  • Speaker #1

    Et en même temps, rien. Oui, vivant. C'est vraiment le mot, je pense, c'était de se sentir vivant. Oui, c'est ce que j'ai ressenti.

  • Speaker #0

    J'adore. Oui. Merci. C'est ça, en fait. C'est ça, parce que tu es vivante, parce que tu te connectes à l'autre être vivant qu'est la raie ou la sèche.

  • Speaker #1

    Oui. Oui, puis on ne se connaît pas, on ne parle pas la même langue, on n'a pas les mêmes codes, je ne sais pas ce qui se passe dans leur tête, mais de pouvoir connecter comme ça avec ces animaux, c'est fou. Oui.

  • Speaker #0

    Ah oui, c'est... C'est incroyable. Et donc ça, c'est vraiment les meilleurs souvenirs. C'est quand il y a des rencontres fortuites, parce que tu as peut-être vécu aussi des expériences où tu savais que tu allais voir des requins ou des dauphins. Je n'en sais rien, je dis des requins, mais...

  • Speaker #1

    Et j'étais un peu déçue de ces rencontres, effectivement, où c'était programmé, parce que mon cœur ne bat pas plus fort que s'ils n'étaient pas là. Chaque fois, j'ai une déception. Je me dis, ah ouais, ça ne me fait rien.

  • Speaker #0

    C'est vrai ? Ah ouais, ce que tu aimes, c'est la rencontre.

  • Speaker #1

    Oui, ça me fait penser à un voyage que j'avais fait. Je change un peu si tu me dis si je m'égare trop. J'ai parti au Vietnam et j'avais vu le film Indochine plus jeune et je rêvais de voir la baie d'Along.

  • Speaker #0

    Oui, c'est clair. C'est tellement beau.

  • Speaker #1

    J'en avais pleuré dans le film et je m'étais dit que je voulais trop le voir. Et quand j'y suis allée et que je l'ai vu, je n'ai rien eu.

  • Speaker #0

    Il y avait peut-être un milliard de touristes avec toi.

  • Speaker #1

    Oui, voilà, c'est ça.

  • Speaker #0

    Voilà. Ça ne fait pas le même effet.

  • Speaker #1

    Et ça m'a fait un peu cette déception quand j'ai vu ces animaux marins et que c'était programmé dans des endroits où on sait qu'ils sont. C'est beau, mais ce n'est pas ce que je recherche.

  • Speaker #0

    C'est vrai qu'il y a un instant d'éternité quand c'est totalement inattendu. Et alors, quand tu fais ces rencontres-là avec ta sèche, avec ta remobula, justement, est-ce qu'il y a quelque chose que tu mets en place, puisque tu es aussi quand même une experte en prépa mental, en bien-être aussi, pour garder ça à l'intérieur de toi ? Est-ce que tu as une façon de faire pour te dire, non, mais ça, je veux le garder en moi toute ma vie ? Est-ce que tu y repenses ? Comment tu nourris ça, en fait ?

  • Speaker #1

    En fait, l'émotion à l'intérieur, elle était tellement forte que je pense que je l'ai imprégnée avec cette image de l'animal. Et dès que je revois cette scène en visualisation, j'ai tout de suite les émotions qui reviennent de l'intérieur. Mais je pense que je suis très forte avec la visualisation parce que je l'ai beaucoup fait dans le sport de haut niveau, dans la projection aussi pour mes podiums. Je me suis vu gagner et j'ai pu le faire, je pense, parce que je me permettais de voir plus loin. Il doit être bien ancré dans ma tête. Maintenant, je n'ai plus qu'à revoir une image et tout de suite,

  • Speaker #0

    je repasse. C'est une technique pour entrer en état d'hypnose, en fait, et plonger dans les souvenirs. Oui. OK, génial. Alors, maintenant, tu fais de l'apnée. Alors, tu enseignes beaucoup. Est-ce que tu fais de l'apnée pour toi un peu quand même de temps en temps ?

  • Speaker #1

    J'essaye, mais c'est difficile.

  • Speaker #0

    Moins facile, mais j'aimerais bien quand même, si tu peux te reconnecter à tes… à tes apnées, à toi. Qu'est-ce que finalement, quand tu sais que tu vas, voilà, que tu es à un endroit où tu es prêt, tu vas pouvoir profiter un petit peu du site. Dans quelles conditions tu te mets juste avant de descendre déjà, avant de parler de ce qui se passe quand tu es au fond, mais voilà, quand tu es à la surface, que tu te prépares finalement, tu penses à quoi ?

  • Speaker #1

    Bah, j'essaye déjà d'être dans l'eau. Rapidement, je ne pense plus à rien. Ah ouais,

  • Speaker #0

    alors tu coupe les pensées.

  • Speaker #1

    Ouais, exactement. Génial.

  • Speaker #0

    Donc, tu n'es plus dans tes sensations corporelles.

  • Speaker #1

    Et pour ça, je m'aide beaucoup de la visualisation, enfin de la vue aussi. Dès que je suis dans l'eau, je vais regarder les rayons de lumière qui passent sous la surface ou je vais mettre mon attention sur la nature. Les rythmes dans l'eau, les rues du sable, les mouvements d'eau avec les courants ou les vagues. Et rien qu'en regardant ça, tout de suite, mon cerveau se coupe des pensées extérieures. Et donc, je ne fais focus que ce que... Pardon, je fais un focus uniquement sur ce qu'il y a sous la surface.

  • Speaker #0

    Oui. Donc, tu te prépares avec ton masque, en fait, et ton tuba. Oui. Oui, tu ne te prépares pas sur le dos.

  • Speaker #1

    Non. Oui.

  • Speaker #0

    Non.

  • Speaker #1

    Je me prépare en surface. Alors, du coup, là, tu me parles des descentes au câble, j'imagine.

  • Speaker #0

    Parce que moi, je ne peux pas... Pas forcément, non. Non, si tu fais de l'explos aussi, tu peux te préparer avec une petite bouée. Tu peux te mettre un peu aussi en...

  • Speaker #1

    Sur le dos,

  • Speaker #0

    oui. Sur le dos, oui. Il y en a qui le font.

  • Speaker #1

    Non, moi, je regarde sous l'eau. Et bon, après, techniquement, oui, je rallonge mes expirations pour faire descendre un peu plus ma fréquence cardiaque. Et je me laisse bercer par les mouvements de l'eau, les courants, les lumières. Et puis quand je sens que c'est le bon moment...

  • Speaker #0

    Oui, et le bon moment, c'est juste intuitif.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Après, la question, c'est... Quand tu descends et que tu pars en explot, est-ce que tu es totalement focalisée sur l'environnement ? Tu t'oublies, tu oublies ton corps ou finalement, tu es aussi dans tes sensations ?

  • Speaker #1

    Alors, en exploration, je ne suis focus que sur l'environnement. Et ça me va plutôt bien parce que je peux descendre plus profond en explot qu'au câble. Parce que je regarde ce qui se passe et je suis curieuse d'aller voir sous tel rocher, d'aller voir telle lumière qui passe. imaginer qu'un poisson pourrait se cacher par là. Alors que quand je suis au câble, je suis très sur moi. Là, c'est plus compliqué pour moi.

  • Speaker #0

    Mais tu n'as jamais fait de compétition en apnée, finalement ?

  • Speaker #1

    Non, non, non.

  • Speaker #0

    Non, mais tu aurais pu en faire en dynamique. Là, par contre, en piscine, tu n'avais plus envie de ça.

  • Speaker #1

    Je n'ai plus envie. Dès que mon corps est un peu en souffrance physique, souffrance, c'est peut-être un grand mot, mais dès que je ressens un peu de douleur, Je sors de l'eau. En fait, je ne veux plus m'autoriser à sentir ça.

  • Speaker #0

    Oui, c'est intéressant parce que ça montre que toutes les approches sont possibles. Il y a des personnes, mais aussi parce qu'ils n'ont pas vécu aussi de sportifs de haut niveau, où on se fait mal beaucoup, beaucoup, beaucoup, beaucoup. Mais qu'on peut vraiment avoir la richesse de faire de l'apnée, de partager une passion sans souffrance. C'est de l'apnée, ton souffrance.

  • Speaker #1

    Oui, exactement.

  • Speaker #0

    Et à côté de ça, il y a beaucoup de... Et c'est normal, il y a des compétiteurs finalement qui acceptent une petite dose de souffrance parce qu'ils s'y habituent progressivement aussi. Oui.

  • Speaker #1

    Je pense que si on ne l'a pas eu en amont, comme moi je l'ai eu dans le sport de haut niveau, c'est quand même une zone qui est assez plaisante à aller chercher parce qu'on vient chercher ses limites. Sauf que moi, je pense que je les connais, mes limites, et je n'ai que besoin d'aller les suivre.

  • Speaker #0

    C'est ça, on finit par les connaître. Donc là, tu pars, tu descends, tu ne fais plus attention à ton corps. Tu es vraiment en train d'observer. Est-ce que tu es juste les images ? ... Tu vas chercher les bruits, les sons sous l'eau aussi ?

  • Speaker #1

    Moi, j'adore la lumière. J'adore les ambiances sous l'eau, passer de l'ombre à la lumière derrière un rocher ou derrière des algues. Et donc, je n'écoute plus trop mon corps. Enfin, je ne l'écoute plus, ce n'est pas le bon mot, mais je ne suis plus focus sur lui. Par contre, je vais regarder les rythmes sous l'eau pour être un peu dans le mimétisme, descendre et longer les roches, pour me fondre un peu dans la masse. Ou suivre les rythmes des poissons.

  • Speaker #0

    Oui, c'est vrai que tu parles de ça sur ton site des rythmes. J'ai bien aimé ce mot rythme par rapport à l'eau, puisque on ne peut pas faire plus que le rythme naturel. C'est ça. Et c'est vrai que dès qu'on se met à l'eau, c'est tout de suite un autre rythme, déjà le cœur ralenti.

  • Speaker #1

    Dans mes clients, quand ils viennent avec moi dans l'eau, au bout d'une demi-journée ou une journée, Une personne va ressortir de l'eau et les autres stagiaires vont dire Mais c'était trop beau ! Il n'y avait peut-être pas de poisson, mais juste la personne était en harmonie avec ce qui se passait sous l'eau. Et c'est ça qui est beau pour moi dans l'apnée, c'est cette harmonie de l'humain dans un milieu qui n'est pas le nôtre et réussir à être focus sur ce qui se passe dans l'eau, plus sur nous, pas penser à cette technique de palmage, à la limite là on s'en fout, juste d'être fluide. Pour ça, il faut observer.

  • Speaker #0

    Donc, tu n'as plus rien en tête, en fait, quand tu es sous l'eau. Tu n'as plus rien. Ça y est, c'est coupé. Tu étais juste en harmonie avec le reste. Il n'y a plus de pensée.

  • Speaker #1

    Moi et l'environnement. Et j'observe. C'est un peu comme un jeu. Je trouve ça très ludique, surtout les explorations, d'être curieux, d'aller voir ce qui se passe. Et je remonte parce qu'à un moment donné, oui, j'ai l'envie de respirer, mais ce n'est pas un spasme qui vient me réveiller.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu dirais que le fait d'avoir vécu des émotions très intenses au très haut niveau font que maintenant tu t'accordes justement des émotions peut-être très intenses en douceur et en tranquillité, comme si ça faisait une polarité en fait ?

  • Speaker #1

    C'est possible, oui. Oui, c'est possible. Mais voilà, en respectant mon corps et ma tête.

  • Speaker #0

    Le respect, c'est ça. C'est toute cette... Même si on veut dépasser ses limites, il y a toujours cette nécessité de devoir se respecter. Ce n'est pas toujours évident, surtout quand on est compétiteur, de savoir à quel moment on n'en peut vraiment plus.

  • Speaker #1

    Alors, pour moi, les compétiteurs... C'est dur de mettre une limite et la limite, c'est la blessure.

  • Speaker #0

    Oui, c'est le corps qui la donne en fait. Oui,

  • Speaker #1

    c'est la tête, elle le veut, mais le corps à un moment donné finit par dire non, stop.

  • Speaker #0

    Toi, tu as vécu des blessures ? Oui, tu disais je me faisais mal.

  • Speaker #1

    Oui, je me suis déchiré les abdos plusieurs fois en nageant.

  • Speaker #0

    Incroyable, je n'ai jamais entendu ça. Je ne savais même pas que c'était possible. Ça ne risque pas de m'arriver.

  • Speaker #1

    en immersion on nage avec des bouteilles en scaph donc on nage avec une bouteille d'air comprimée comme en plongée bouteille et qu'on vient placer devant la tête et on nage en flèche et sur un entraînement enfin sur deux entraînements ça me l'a fait j'entends on entend le mus qui se déchire et je ne pouvais plus bouger donc j'attendais au fond de la piscine que quelqu'un vienne me chercher bon j'avais de l'air dans la bouche oui ça devait être pas très agréable quand même non

  • Speaker #0

    Ce n'est pas l'image qu'on veut véhiculer de l'eau, de la mer. Non. Mais ça fait partie de la réalité. Du sport de haut niveau. Oui. De toute façon, à un moment donné, tu vois, les athlètes, forcément, ils font des… Il y a une forme… Alors, le mot n'est peut-être pas juste. Sacrifice. Tu dirais que tu as fait des sacrifices ?

  • Speaker #1

    Alors, moi, oui. Je pense qu'aujourd'hui, le sport de haut niveau, ce n'est pas le sport de haut niveau qu'on a eu il y a 20 ans non plus. Il y a plus peut-être raisonné, encadré, il y a de la prépa mentale. Avant, il y en avait beaucoup au moins. Moi, oui, c'était des sacrifices, c'est sûr, de famille, d'amis. Entre une fois par an ou deux fois par an, dans l'année, on avait 16 ou 17 ans. mais j'aimais tellement ce que je faisais que je ne le voyais pas comme un sacrifice. Voilà,

  • Speaker #0

    c'est ça. Donc, ce n'est pas le bon mot. C'est une quête, en fait. Une quête de quelque chose. Avec le recul, tu dirais, qu'est-ce que tu cherchais à ce moment-là ?

  • Speaker #1

    Moi, je voulais me prouver que j'étais capable de...

  • Speaker #0

    C'est de la confiance, de l'estime de toi ?

  • Speaker #1

    Sûrement, oui. La reconnaissance.

  • Speaker #0

    La reconnaissance. Mais c'est ce qui est totalement légitime, surtout quand on est jeune en particulier. généralement, il y en a beaucoup qui cherchent ça. C'est sûr.

  • Speaker #1

    Mais j'ai compris aussi que ce n'est pas le titre et d'être sportive de niveau qui allait m'apporter tout ça.

  • Speaker #0

    Mais c'est un chemin pour y parvenir. C'est un chemin. Oui, puis tu ne serais pas qui tu es actuellement si tu n'avais pas vécu tout ça.

  • Speaker #1

    Mais ce n'est aucun regret. C'était aussi les meilleures années de ma vie.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça.

  • Speaker #1

    L'après a été difficile, mais quelle chance à 17 ans de pouvoir faire de ta passion ton quotidien. que tout est possible.

  • Speaker #0

    Tu dis les meilleures années de ta vie, mais ne fais-tu pas de ta passion ton quotidien maintenant, Marine ? Si,

  • Speaker #1

    c'est vrai que ma vie est plutôt cool.

  • Speaker #0

    Non,

  • Speaker #1

    mais je dirais que c'est des années déclics et je suis très contente de les avoir vécues.

  • Speaker #0

    Non, mais c'est important, c'est ce qui te nourrit aussi, ton quotidien d'ailleurs, peut-être avec moins d'intensité, d'émotion, mais c'est vrai que quand on... passent de l'autre côté, comme tu dis, de la barrière et qu'on transmet, on se retrouve à avoir les mêmes émotions parce qu'on les voit, on les vit à travers les personnes qu'on guide en fait. Et justement, tu dirais, ça peut être une raison d'être tout le temps dans l'eau aussi parce que maintenant, c'est vraiment ton quotidien pour le coup. Qu'est-ce qui fait que tu arrives à y retourner tous les jours ?

  • Speaker #1

    Ce qui me pousse à y aller, c'est que j'en ai besoin. J'ai eu un souci de santé il y a quelques années, c'est pour ça que je suis venue habiter aussi à Lanzarote. Et avant de... partir sur Lanzarote, je m'étais fait une liste qu'est-ce qu'il me faut dans mon quotidien pour être heureuse. J'avais compris que la tête avait une grosse incidence sur notre physique et donc être dans l'eau faisait partie de ma liste.

  • Speaker #0

    Et donc ça y est, ça tu l'as fait ?

  • Speaker #1

    Ouais.

  • Speaker #0

    Tu voudrais partager d'autres choses qu'il y avait sur cette liste ? Est-ce que tu as réussi à cocher tous les items de la liste ?

  • Speaker #1

    Ouais, les basiques. Alors, aller dans l'eau tous les jours, avoir la possibilité d'aller dans l'eau tous les jours de l'année, ça excluait un peu les eaux froides. Vivre en short et claquettes. Lanzarote s'y prêtait plutôt bien.

  • Speaker #0

    Oui, et puis tu continues, puisque là, actuellement, tu es à Beaulieu-sur-Mer et puis tu pars dans des belles contrées bientôt. Donc, qu'est-ce qui te pousse à y retourner ? C'est le besoin, en fait. Tu sens que tu en as besoin.

  • Speaker #1

    Il y a quelque chose qui… Il y a un côté un peu… égoïste qui dit que j'en ai besoin moi donc ça me nourrit moi et de transmettre aux gens là le contact avec les gens et la transmission c'est quelque chose qui me nourrit aussi énormément alors

  • Speaker #0

    est ce que c'est égoïste que d'écouter ses besoins franchement j'ai envie de donner mon avis si c'est au détriment des autres peut-être que c'est égoïste mais finalement quand on est bien soi-même parce qu'on s'écoute et qu'on écoute ses besoins est-ce qu'on n'est pas déjà un modèle pour les autres et de fait on est justement plus à même d'être à leur écoute et de leur apporter quelque chose si tu ne le faisais pas et que tu bossais dans un bureau par exemple pas dans l'eau toute la journée je l'ai fait ça parce qu'avant de rejoindre Lanzarote j'ai

  • Speaker #1

    travaillé chez Décathlon, c'est une super entreprise on va faire pour Décathlon, ils en ont pas besoin mais pour faire un peu comme tout le monde avoir un CDI, avoir la possibilité d'acheter une maison, j'ai travaillé chez eux et j'étais pas heureuse, je me suis cachée ça pendant 3 ans après j'ai eu une tumeur au ventre assez conséquente je pense que je me la suis aussi créée parce que je me suis pas écoutée aussi dans mes stages j'incite les gens à s'écouter à écouter leur intuition, leur petite voix et de y aller parce que la vie elle est trop courte.

  • Speaker #0

    L'apnée c'est exactement cette école là en fait. On peut pas ne pas s'écouter.

  • Speaker #1

    On n'a pas le choix, c'est un miroir. Pour moi l'eau, l'élément de l'eau, et plus particulièrement l'océan, c'est le miroir de notre intérieur.

  • Speaker #0

    Si on est triste, en colère, anxieux, on aura beau le cacher sur terre, dans l'eau, ce n'est pas possible.

  • Speaker #1

    D'autant plus que l'eau, c'est le symbole des émotions. C'est vraiment l'eau. C'est l'élément qui représente les émotions. On va bientôt terminer cette interview. Je voulais te demander s'il y a une technique de prépa mentale pour l'apnée. Toi, tu fais beaucoup de visualisation. J'entends. Il y a peut-être une autre astuce ? Alors, astuce ? C'est jamais de l'astuce qu'on se le dit. Souvent, c'est beaucoup de répétition et de préparation, mais une astuce à répéter.

  • Speaker #0

    J'en ai une qui me fait sourire, mais qui marche très bien pour moi. A voir si ça marche pour les autres. Je suis beaucoup dans la visualisation, tu l'as bien compris. Oui. Donc, c'est vrai qu'avant une apnée, même sur terre, j'essaye vraiment de m'imprégner d'un bon moment que j'ai passé. Ça peut être avec des amis ou quelque chose qui me donne le sourire. Et je vais le faire avec des respirations calmantes, les yeux fermés, dans un moment à moi où je vais y penser très fort jusqu'à ce que ce petit sourire vienne s'esquisser sur mon visage et que je le ressente pour me l'imprégner. Comme ça, je vais être dans l'eau avant de partir. Si j'ai un petit coup de stress, là, beaucoup pour le câble pour moi parce que c'est quelque chose qui me tend un peu plus. Je me replonge dans ce moment jusqu'à ce que j'ai le petit sourire qui arrive et là, tout mon corps se détend. Ça me fait beaucoup de bien pour descendre, ça m'aide beaucoup. Ça, c'est la première. Et la deuxième, en apnée au cap, quand je rentre dans une zone que je n'aime pas trop, avant d'y arriver, je vais me répéter quelque chose de très simple, plusieurs fois, mais quelque chose qui me fait plaisir. Alors moi, ça va être, par exemple, ce soir, je m'entraîne en mer ou en piscine ? Et je me répète en mer ou en piscine ? Je vais en mer ou je vais à la piscine ? Oui, mais la mer ou peut-être la piscine.

  • Speaker #1

    Ah, j'adore ! Oui, un truc qui peut un peu buguer, c'est tellement simple que... Oui, puis ça n'a pas beaucoup de sens, on est d'accord ? Je croyais que tu allais me dire un truc comme glace à la fraise. Ah,

  • Speaker #0

    mais ça peut être ça aussi. Là, j'ai une cliente, elle m'a fait banane chocolat. Je lui ai dit, trouve un truc simple que tu aimes bien. C'est banane ou chocolat ? Chocolat ou banane ? Hé,

  • Speaker #1

    j'aime bien, j'aime bien.

  • Speaker #0

    Et elle a débloqué le palier des 30 mètres très facilement, sans penser à sa compense, sans penser à sa charge.

  • Speaker #1

    Ah, super astuce. Et cette petite, ce petit, enfin, ce n'est même pas un mantra, pour le coup, cette petite phrase, tu la prépares avant de descendre ou tu la découvres quand tu es au moment de la zone, justement ?

  • Speaker #0

    Non, je la prépare avant, oui.

  • Speaker #1

    Comme ça, tu l'as avec toi, tu descends avec.

  • Speaker #0

    Oui, et j'essaye de la faire avant de sentir l'inconfort dans la descente. Oui. Comme ça, c'est fait. Je n'ai plus qu'à me le répéter. Cette phase d'inconfort, elle n'existe plus. Elle a disparu après.

  • Speaker #1

    Génial. J'adore. Je suis preneuse. Vous qui nous avez écoutés jusqu'au bout, voici votre récompense. Très bien. Avant qu'on conclue, est-ce que tu veux bien nous partager ton site Internet ? Où est-ce qu'on peut te retrouver ? Je crois que tu es assez active sur les réseaux sociaux. Dis-nous tout.

  • Speaker #0

    Vous pouvez me retrouver principalement sur Instagram. et sur mon site internet à savoir que sur Instagram je donne beaucoup de tips pour la nage avec palme la nage en monopalme et les explorations donc

  • Speaker #1

    il faut en profiter merci en tout cas d'avoir accepté de partager en profondeur ce que tu avais à l'intérieur de toi et à bientôt merci Sylvie je vous remercie infiniment d'avoir écouté cet épisode jusqu'au bout. Alors, s'il vous a plu, n'hésitez pas à lui donner une note 5 étoiles sur vos plateformes d'écoute et de le partager autour de vous pour le faire connaître. Et si vous souhaitez participer au podcast et vous faire interviewer ou si vous connaissez quelqu'un que vous aimeriez entendre, dites-le moi en m'écrivant à l'adresse contact at hypne.com h-y-p-n-e-e.com Merci à vous et à très bientôt pour le prochain épisode de En Profondeur.

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Description

« Pour moi l’eau, l’élément eau, et plus particulièrement l’océan, c’est le miroir de notre intérieur » Marine Grosjean

 

Dans cette 3e interview du podcast, découvrez le parcours exceptionnel de Marine Grosjean, championne du monde de monopalme, et actuellement installée à Tahiti pour enseigner l’apnée.

 

Elle nous y dévoile ses secrets de préparation mentale et finalement comment elle en est arrivée à se tourner avec une forme d’apnée sans souffrance.

 

Je ne vous en dis pas plus, je vous invite à découvrir Marine en écoutant l’interview !

 

Pour retrouver toutes les infos, voici le lien vers son site Web : https://www.marinegrosjean.com/

 

Et son site Instagram sur le quel elle est très active :

https://www.instagram.com/marine.grosjean/

 

Un grand merci d'avoir écouté cet épisode 🙏. S'il vous a plu, surtout parlez-en autour de vous et donnez-lui une note ⭐⭐⭐⭐⭐ sur vos plateformes d'écoutes préférées.

Je vous invite à me suggérer des invités ou des thématiques que vous intéressent pour les épisodes solo sur l'hypnose, l'autohypnose et la préparation mentale. Pour cela c'est très simple, écrivez-moi à ✉️ contact@hypnee.com


A très bientôt pour le prochain épisode,


Sylvie 🌀


En Profondeur, une production Hypnée

Créatrice et animatrice du podcast : Sylvie Pouliquen


Crédits musique :

Titre:  Light

Auteur: Idyllic

Source: https://soundcloud.com/noctt

Licence: https://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0/deed.fr

Téléchargement: https://www.auboutdufil.com


Titre:  Days Past

Auteur: In Closing

Source: https://www.facebook.com/inclosing/

Licence: https://creativecommons.org/licenses/by/3.0/deed.fr

Téléchargement: https://www.auboutdufil.com


Visuel : Lucie Clavelloux - Compte Insta : https://www.instagram.com/lucie_clavelloux/

Montage : Philippe Istria


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Au travers d'interviews de plongeurs en apnée et en scaphandre, En Profondeur vous fait plonger au cœur de votre être. Vous allez ainsi découvrir ce qu'il se passe à l'intérieur de mes invités, quelles pensées, quelles émotions, quels ressentis, lorsqu'ils plongent et lorsqu'ils explorent leurs propres limites. Je m'appelle Sylvie Poulikin et je suis fondatrice d'Hypnée. A la fois praticienne en hypnose, préparatrice mentale et éducatrice sportive en plongée subaquatique, j'ai une foi. indéfectibles dans la capacité de chaque être humain à accéder à ses plus belles ressources intérieures. Alors, je vous emmène plonger avec moi au cœur de l'humain, le temps d'une écoute. Alors Marine, un grand merci d'être venue enregistrer un de ces tout premiers épisodes en profondeur. C'est vraiment sympa à toi. Donc, je vais te décrire, je vais te présenter et puis on va partir sur notre interview en profondeur sur ton site. Marine Grosjean qui est ta marque aussi tu te décris comme une sirène alors déjà j'adore amoureuse de l'océan tu as un pédigré juste incroyable puisque tu es ancienne championne du monde enfin on dit pas ancienne en fait tu es championne du monde de monopalme le titre se garde ouais 2007 6 km c'est en mer c'est ça mais tu n'es pas que ça tu es bien plus que ça évidemment puisque tu es maître nageur éducateur sportif instructeur monopalme instructeur apnée, etc. Mermaid aussi, SSI, j'ai vu, j'adore. On ne le dit pas, peut-être. Et puis, tu as été coordinatrice sur le brevet d'État. Donc, déjà, ça, c'est ce qu'on met sur la carte de visite. Mais c'est vrai que ce qu'on va explorer aussi, c'est Marine, en fait. Marine, apnéiste, notamment. Marine aussi, championne du monde, parce que tu as cette double approche qui est le côté performance. On ne peut pas le nier, n'est-ce pas ? Et puis surtout, ce vers quoi tu es allée après ton titre, justement, c'est peut-être quelque chose de beaucoup plus doux, de beaucoup plus axé sur le bien-être, si je ne me trompe pas.

  • Speaker #1

    C'est exactement ça.

  • Speaker #0

    Et donc, c'est vrai que j'aime bien cette double approche, puisque avec ma progression sur hypnée, en tant que préparatrice mentale, j'ai quand même... observer que l'un ne va pas sans l'autre en fait. La performance elle va avec le bien-être et vice versa. Donc toi, je pense que tu l'enseignes au quotidien dans ton école d'apnée aussi. On va aller voir ça. Ce que je voulais te demander c'est peut-être justement comment tu es venue, cette passion de l'eau, de la mer ?

  • Speaker #1

    Moi j'ai eu la chance de grandir en Bretagne. près de la mer avec un papy qui avait un bateau et qui adorait faire du voilier ou aller pêcher et tout ça et mes parents travaillent dans la restauration n'ayant pas beaucoup de temps je passais beaucoup de week-end chez eux et de vacances chez mes grands parents et c'est mon papy qui m'a transmis cette passion de l'eau du calme sur l'eau pas dans l'eau littéralement sur l'eau et puis aussi ce respect de la mer ok on y est bien mais attention quand même il faut regarder les conditions météo, tout de suite, ça m'a donné un espèce d'énorme respect pour cette masse d'eau. Et puis, ma maman m'a appelée Marine pour que je baigne dans l'eau. C'était son souhait.

  • Speaker #0

    C'est marrant ce que tu dis parce que j'ai du mal à associer le calme sur l'eau avec la Bretagne.

  • Speaker #1

    Oui. L'été, oui, c'était dans la baie de la forêt Fuenant. C'est des zones assez… réserver des vents et des grosses fagues.

  • Speaker #0

    Ah oui, c'est vrai. Ah non, c'est tellement beau là-bas. Mais donc, tu étais sur l'eau. Alors, comment tu as fait pour rentrer en dessous ?

  • Speaker #1

    Alors, j'ai eu un peu les deux. Ça, c'était pour l'approche de l'océan. Voilà, c'est ce qui m'a captivée un petit peu. Et par contre, depuis petite, ma mère m'a mis au bébé nageur, au cours de natation. Et c'était un milieu dans lequel je me sentais très, très bien. Et donc, j'ai grandi en nageant en piscine, mais en ayant peur du fond de la mer. Ah oui. Je n'aimais pas me baigner dans le bleu. Je n'aimais vraiment pas ça. Et voilà, puis j'ai quand même pris goût à être sur l'eau et dans l'eau, mais en piscine. Et le point d'union de ces deux univers a été la découverte de l'apnée, mais très tardivement, j'avais 22 ans.

  • Speaker #0

    Eh oui, très tardivement. Je crois qu'il y a des gens qui découvrent l'apnée encore plus tard. Oui, c'est vrai,

  • Speaker #1

    mais comme j'ai baigné dans l'eau depuis un an, entre les... Oui !

  • Speaker #0

    Donc, tu découvres l'apnée. Comment t'es arrivée à l'apnée ? Parce que finalement, t'étais au-dessus, tu nageais beaucoup, et puis tu faisais de la voile. Mais qu'est-ce qui t'a amené à aller en dessous ? En plus, tu avais peur de la profondeur, un petit peu, ce que tu viens de dire. Oui. Et qu'est-ce qui t'a amené à l'apnée alors ?

  • Speaker #1

    Moi, j'ai fait du sport de haut niveau, un monopalme. Ce n'est pas très connu. Ce sport n'est pas très connu. Dans le milieu de l'apnée, on le connaît bien. Et donc, je suis partie en sport études sur Antibes, au Pôle France. De là, j'ai gagné des compétitions internationales, dont mon titre de championne du monde en mer. Donc, j'avais peur en nageant et je nageais en pleurant, pour vous dire.

  • Speaker #0

    C'est incroyable. Comment on peut arracher un titre de championne du monde en pleurant ? C'est fou. C'est incroyable.

  • Speaker #1

    Bon, si tu veux, on pourra en parler tout à l'heure.

  • Speaker #0

    Oui, peut-être. D'ailleurs, c'est possible qu'on l'aborde.

  • Speaker #1

    Et à ça, à cette expérience dans le haut niveau, j'ai arrêté de nager d'un coup puisque je me suis dégoûtée moi-même du sport et de l'eau en y allant trop, en me faisant mal, en me blessant. Et la tête ne suivait plus. J'ai voulu forcer. Donc, j'ai eu après un rejet complet pour l'eau. Et pendant trois ans, à peu près, je n'ai pas pu mettre les pieds à la mer ni me baigner. Et je ne voulais plus faire de sport. Et je me suis dit, bon Marine, il va quand même falloir remédier à ça, parce que c'est la seule chose qui te rend heureuse, entre guillemets. Il y a d'autres choses qui me rendent heureuse, mais ce qui me remplit, c'était ça. Donc je me suis dit, j'ai envie de passer de l'autre côté de la barrière, pour protéger ces jeunes aussi qui font du sport de haut niveau. Ça, ça n'arrive pas, parce que je trouve que c'est pas normal de ne pas être accompagnée sur ce plan-là. Et donc je me suis dit, je vais être éducateur sportif. Sportive. J'ai fait un premier diplôme pour être enseignante, coach sportif dans la musculation, pour avoir les bonnes bases de l'anatomie, la physio. Je n'étais pas encore prête à aller dans l'eau. Mon plan, c'était l'année d'après de faire le brevet d'état de maître nageur. Tout petit, ça m'a remis un pied dans l'eau, mais de l'autre côté pour enseigner.

  • Speaker #0

    C'est ça, l'autre côté. Ce n'était pas sous l'eau, c'était d'abord en surface. C'est drôle.

  • Speaker #1

    Lors de ce diplôme, j'ai rencontré Christian Vogler.

  • Speaker #0

    Ah, connaissance commune, n'est-ce pas ?

  • Speaker #1

    Il faisait une intervention sur l'apnée dans le brevet d'État. Et ça m'a plu. Et puis, j'ai bien connecté avec lui. Et il me dit, mais tu devrais faire de la compète, tu devrais faire de l'apnée, tu serais forte, puisque j'ondule et pas trop mal.

  • Speaker #0

    Ça l'a un peu agacé,

  • Speaker #1

    d'ailleurs. Et voilà, il me dit, mais fais de l'apnée. Franchement, ça serait... top, tu pourrais même peut-être te lancer dans la compétition. Et je lui dis, alors là, non, la compétition, c'est terminé, je ne veux plus en faire. Et puis, on a gardé contact, voilà, puis il m'a montré que l'apnée, ça pouvait être autre chose, quelque chose de beaucoup plus doux. Et c'est grâce à l'apnée que j'ai renoué avec l'eau, avec l'océan, le fait de pouvoir aller dessous. Et voilà.

  • Speaker #0

    Génial. Et donc, là, t'avais quel âge à peu près ? Ça a mis combien de temps ?

  • Speaker #1

    21 ans, 22 ans.

  • Speaker #0

    Donc, un joli parcours avec quand même une césure, avec l'eau, avec l'amour de l'eau. Ça tombe bien parce que ça va peut-être bien passer avec ma prochaine question, qui est la suivante. Quel serait justement ton pire souvenir en apnée ? Mais peut-être que là, ça va dériver sur la nage avec Balm en mer, j'en sais rien.

  • Speaker #1

    Mon pire souvenir en apnée, honnêtement, là, j'allais te répondre, je n'en ai pas. Parce que je me préserve énormément et je ne m'entraîne pas en apnée. Je ne pousse pas mon corps à la souffrance ou à la peur. Par contre, quand j'ai commencé l'apnée, j'ai donc fait un stage. J'ai économisé pendant deux ans pour faire un stage avec Christian en Grèce, un stage d'apnée. Et il y avait des apnées déjà confirmées. Moi, je n'en avais jamais fait en profondeur. Et donc, on part sur notre première sortie. Je m'étais équipée, j'avais investi dans du matériel qui évidemment n'était pas le bon. Je m'étais équipée. Rien à l'air. Mais ce n'est pas grave. Et Christian nous lance, nous dit, là, allez-y, petite exploration, plongée dans l'eau. Et je vois tout le monde qui descend et moi, impossible de descendre. Mes oreilles ne passaient pas, je ne savais pas faire et je me sentis hyper frustrée. Et il faut me dire, mais regarde, c'est simple, détends-toi.

  • Speaker #0

    J'adore. Ça, c'est la phrase type. Allez, vas-y, détends-toi. Oui, Si ça suffisait, ça se ferait. Ah oui, tout ça.

  • Speaker #1

    Et du coup, cette frustration qui a duré une petite heure dans l'eau, elle s'est en fait prolongée sur la semaine parce que j'étais incapable de descendre.

  • Speaker #0

    Du tout ?

  • Speaker #1

    Non, je devais descendre d'un mètre, dans un mètre de profondeur et en descendant en diagonale, en nageant.

  • Speaker #0

    Oui, oui. Donc un mètre, tu ne compenses pas. Ça passe encore au niveau des tympans. Oui,

  • Speaker #1

    j'avais vite la douleur et c'est tout.

  • Speaker #0

    Ah oui, ça, c'est un sacré pire souvenir, ça. Oui, effectivement, c'est très frustrant, en fait. Ouais. Et comment t'as dépassé ça, alors ? Parce que t'as quand même continué l'apnée, je pense.

  • Speaker #1

    Bon, alors, je suis un peu pas tordue, mais j'étais beaucoup dans la performance avant. Je voulais être là. la meilleure, sans vouloir écraser les autres, mais je voulais être la meilleure. Du coup, quand j'ai commencé l'apnée avec Christian, j'étais venue avec ma femme de compète en Grèce et je me suis dit moi je descends, c'est sûr. Oui,

  • Speaker #0

    facile.

  • Speaker #1

    Ouais, voilà, je sais nager, ça voilà. Et du coup, j'y étais avec des notions et des restes de performance. Je voulais descendre. Et ce stage... Ça m'a foutu une grosse claque, mais j'ai compris qu'il fallait que j'arrête de penser comme ça et il fallait que je vois les choses différemment.

  • Speaker #0

    Prise de conscience.

  • Speaker #1

    Ouais, dure, mais prise de conscience. Et je savais que c'était un problème en moi d'être toujours dans la performance parce que ça me jouait des tours dans mes relations humaines, même dans mon bien-être perso. Parce que quand on est satisfait, moi, ça m'amenait aussi beaucoup d'insatisfaction personnelle et je n'en pouvais plus de ça.

  • Speaker #0

    C'est épuisant et un côté épuisant. Parce que ce n'est pas possible de rester... le meilleur tout le temps.

  • Speaker #1

    Oui, et puis on n'est jamais serein, tranquille, on ne se lâche pas la grappe, on ne s'autorise pas d'être moins bon. Donc j'avais décidé de me lâcher la grappe dessus et j'avais compris que l'apnée pouvait m'aider.

  • Speaker #0

    Là, c'est clair. Là, c'est l'école de l'humilité. De toute façon, l'apnée, c'est incroyable. Donc là, c'est plus un cheminement finalement dans ta tête. Tu t'es dit… C'est ce que je recherchais, finalement, l'idée de comment je lâche par rapport à la performance. Tu as eu le cadeau de cette semaine un peu pas facile, un peu... Ce n'est pas de l'humiliation, mais ça ne doit pas être facile pour une championne du monde de se retrouver, tout le monde descend, et toi, tu es là avec ton 1 mètre.

  • Speaker #1

    Ce que je me souviens, c'est les gens avec les yeux, tu sais, grand ouvert. C'était fou, c'était fou. Et toi, tu n'as juste pas pu descendre. Tu as de la colère. Ça me souvient d'avoir eu de la colère et de la frustration. Moi aussi, je veux toucher ça du doigt.

  • Speaker #0

    J'espère, en tout cas, j'imagine que depuis, tu as fait ce chemin pour y arriver. Est-ce qu'il y a quelque chose, ton plus beau souvenir, ce qui t'a émerveillée, peut-être, avec l'apnée ? Ça a été quand ? C'était quoi ?

  • Speaker #1

    Moi, j'en ai plusieurs, je n'en ai pas forcément un en particulier. C'est la rencontre avec les animaux marins en mer, mais pas une rencontre programmée. La rencontre inattendue, mais même d'un tout petit poisson. J'ai le souvenir d'une sèche qui est venue devant moi et qui, avec ses petites tentacules, venait frotter mon masque et me regarder droit dans les yeux. À Lanzarote, une remobula, ce qui est très rare, qui est venue nager avec moi. pendant 20-30 minutes avec moi 30 minutes ouais et ça c'est fou et c'était pas profond les deux petits souvenirs de cette de cette sèche et et de cette raie c'était dans 5 mètres d'eau ça

  • Speaker #0

    fait quoi même dans ton corps dans ta tête dans ton coeur ça fait quoi toutes ces ces rencontres on se sent hyper privilégié ouais et hyper vivant ouais

  • Speaker #1

    Et en même temps, rien. Oui, vivant. C'est vraiment le mot, je pense, c'était de se sentir vivant. Oui, c'est ce que j'ai ressenti.

  • Speaker #0

    J'adore. Oui. Merci. C'est ça, en fait. C'est ça, parce que tu es vivante, parce que tu te connectes à l'autre être vivant qu'est la raie ou la sèche.

  • Speaker #1

    Oui. Oui, puis on ne se connaît pas, on ne parle pas la même langue, on n'a pas les mêmes codes, je ne sais pas ce qui se passe dans leur tête, mais de pouvoir connecter comme ça avec ces animaux, c'est fou. Oui.

  • Speaker #0

    Ah oui, c'est... C'est incroyable. Et donc ça, c'est vraiment les meilleurs souvenirs. C'est quand il y a des rencontres fortuites, parce que tu as peut-être vécu aussi des expériences où tu savais que tu allais voir des requins ou des dauphins. Je n'en sais rien, je dis des requins, mais...

  • Speaker #1

    Et j'étais un peu déçue de ces rencontres, effectivement, où c'était programmé, parce que mon cœur ne bat pas plus fort que s'ils n'étaient pas là. Chaque fois, j'ai une déception. Je me dis, ah ouais, ça ne me fait rien.

  • Speaker #0

    C'est vrai ? Ah ouais, ce que tu aimes, c'est la rencontre.

  • Speaker #1

    Oui, ça me fait penser à un voyage que j'avais fait. Je change un peu si tu me dis si je m'égare trop. J'ai parti au Vietnam et j'avais vu le film Indochine plus jeune et je rêvais de voir la baie d'Along.

  • Speaker #0

    Oui, c'est clair. C'est tellement beau.

  • Speaker #1

    J'en avais pleuré dans le film et je m'étais dit que je voulais trop le voir. Et quand j'y suis allée et que je l'ai vu, je n'ai rien eu.

  • Speaker #0

    Il y avait peut-être un milliard de touristes avec toi.

  • Speaker #1

    Oui, voilà, c'est ça.

  • Speaker #0

    Voilà. Ça ne fait pas le même effet.

  • Speaker #1

    Et ça m'a fait un peu cette déception quand j'ai vu ces animaux marins et que c'était programmé dans des endroits où on sait qu'ils sont. C'est beau, mais ce n'est pas ce que je recherche.

  • Speaker #0

    C'est vrai qu'il y a un instant d'éternité quand c'est totalement inattendu. Et alors, quand tu fais ces rencontres-là avec ta sèche, avec ta remobula, justement, est-ce qu'il y a quelque chose que tu mets en place, puisque tu es aussi quand même une experte en prépa mental, en bien-être aussi, pour garder ça à l'intérieur de toi ? Est-ce que tu as une façon de faire pour te dire, non, mais ça, je veux le garder en moi toute ma vie ? Est-ce que tu y repenses ? Comment tu nourris ça, en fait ?

  • Speaker #1

    En fait, l'émotion à l'intérieur, elle était tellement forte que je pense que je l'ai imprégnée avec cette image de l'animal. Et dès que je revois cette scène en visualisation, j'ai tout de suite les émotions qui reviennent de l'intérieur. Mais je pense que je suis très forte avec la visualisation parce que je l'ai beaucoup fait dans le sport de haut niveau, dans la projection aussi pour mes podiums. Je me suis vu gagner et j'ai pu le faire, je pense, parce que je me permettais de voir plus loin. Il doit être bien ancré dans ma tête. Maintenant, je n'ai plus qu'à revoir une image et tout de suite,

  • Speaker #0

    je repasse. C'est une technique pour entrer en état d'hypnose, en fait, et plonger dans les souvenirs. Oui. OK, génial. Alors, maintenant, tu fais de l'apnée. Alors, tu enseignes beaucoup. Est-ce que tu fais de l'apnée pour toi un peu quand même de temps en temps ?

  • Speaker #1

    J'essaye, mais c'est difficile.

  • Speaker #0

    Moins facile, mais j'aimerais bien quand même, si tu peux te reconnecter à tes… à tes apnées, à toi. Qu'est-ce que finalement, quand tu sais que tu vas, voilà, que tu es à un endroit où tu es prêt, tu vas pouvoir profiter un petit peu du site. Dans quelles conditions tu te mets juste avant de descendre déjà, avant de parler de ce qui se passe quand tu es au fond, mais voilà, quand tu es à la surface, que tu te prépares finalement, tu penses à quoi ?

  • Speaker #1

    Bah, j'essaye déjà d'être dans l'eau. Rapidement, je ne pense plus à rien. Ah ouais,

  • Speaker #0

    alors tu coupe les pensées.

  • Speaker #1

    Ouais, exactement. Génial.

  • Speaker #0

    Donc, tu n'es plus dans tes sensations corporelles.

  • Speaker #1

    Et pour ça, je m'aide beaucoup de la visualisation, enfin de la vue aussi. Dès que je suis dans l'eau, je vais regarder les rayons de lumière qui passent sous la surface ou je vais mettre mon attention sur la nature. Les rythmes dans l'eau, les rues du sable, les mouvements d'eau avec les courants ou les vagues. Et rien qu'en regardant ça, tout de suite, mon cerveau se coupe des pensées extérieures. Et donc, je ne fais focus que ce que... Pardon, je fais un focus uniquement sur ce qu'il y a sous la surface.

  • Speaker #0

    Oui. Donc, tu te prépares avec ton masque, en fait, et ton tuba. Oui. Oui, tu ne te prépares pas sur le dos.

  • Speaker #1

    Non. Oui.

  • Speaker #0

    Non.

  • Speaker #1

    Je me prépare en surface. Alors, du coup, là, tu me parles des descentes au câble, j'imagine.

  • Speaker #0

    Parce que moi, je ne peux pas... Pas forcément, non. Non, si tu fais de l'explos aussi, tu peux te préparer avec une petite bouée. Tu peux te mettre un peu aussi en...

  • Speaker #1

    Sur le dos,

  • Speaker #0

    oui. Sur le dos, oui. Il y en a qui le font.

  • Speaker #1

    Non, moi, je regarde sous l'eau. Et bon, après, techniquement, oui, je rallonge mes expirations pour faire descendre un peu plus ma fréquence cardiaque. Et je me laisse bercer par les mouvements de l'eau, les courants, les lumières. Et puis quand je sens que c'est le bon moment...

  • Speaker #0

    Oui, et le bon moment, c'est juste intuitif.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Après, la question, c'est... Quand tu descends et que tu pars en explot, est-ce que tu es totalement focalisée sur l'environnement ? Tu t'oublies, tu oublies ton corps ou finalement, tu es aussi dans tes sensations ?

  • Speaker #1

    Alors, en exploration, je ne suis focus que sur l'environnement. Et ça me va plutôt bien parce que je peux descendre plus profond en explot qu'au câble. Parce que je regarde ce qui se passe et je suis curieuse d'aller voir sous tel rocher, d'aller voir telle lumière qui passe. imaginer qu'un poisson pourrait se cacher par là. Alors que quand je suis au câble, je suis très sur moi. Là, c'est plus compliqué pour moi.

  • Speaker #0

    Mais tu n'as jamais fait de compétition en apnée, finalement ?

  • Speaker #1

    Non, non, non.

  • Speaker #0

    Non, mais tu aurais pu en faire en dynamique. Là, par contre, en piscine, tu n'avais plus envie de ça.

  • Speaker #1

    Je n'ai plus envie. Dès que mon corps est un peu en souffrance physique, souffrance, c'est peut-être un grand mot, mais dès que je ressens un peu de douleur, Je sors de l'eau. En fait, je ne veux plus m'autoriser à sentir ça.

  • Speaker #0

    Oui, c'est intéressant parce que ça montre que toutes les approches sont possibles. Il y a des personnes, mais aussi parce qu'ils n'ont pas vécu aussi de sportifs de haut niveau, où on se fait mal beaucoup, beaucoup, beaucoup, beaucoup. Mais qu'on peut vraiment avoir la richesse de faire de l'apnée, de partager une passion sans souffrance. C'est de l'apnée, ton souffrance.

  • Speaker #1

    Oui, exactement.

  • Speaker #0

    Et à côté de ça, il y a beaucoup de... Et c'est normal, il y a des compétiteurs finalement qui acceptent une petite dose de souffrance parce qu'ils s'y habituent progressivement aussi. Oui.

  • Speaker #1

    Je pense que si on ne l'a pas eu en amont, comme moi je l'ai eu dans le sport de haut niveau, c'est quand même une zone qui est assez plaisante à aller chercher parce qu'on vient chercher ses limites. Sauf que moi, je pense que je les connais, mes limites, et je n'ai que besoin d'aller les suivre.

  • Speaker #0

    C'est ça, on finit par les connaître. Donc là, tu pars, tu descends, tu ne fais plus attention à ton corps. Tu es vraiment en train d'observer. Est-ce que tu es juste les images ? ... Tu vas chercher les bruits, les sons sous l'eau aussi ?

  • Speaker #1

    Moi, j'adore la lumière. J'adore les ambiances sous l'eau, passer de l'ombre à la lumière derrière un rocher ou derrière des algues. Et donc, je n'écoute plus trop mon corps. Enfin, je ne l'écoute plus, ce n'est pas le bon mot, mais je ne suis plus focus sur lui. Par contre, je vais regarder les rythmes sous l'eau pour être un peu dans le mimétisme, descendre et longer les roches, pour me fondre un peu dans la masse. Ou suivre les rythmes des poissons.

  • Speaker #0

    Oui, c'est vrai que tu parles de ça sur ton site des rythmes. J'ai bien aimé ce mot rythme par rapport à l'eau, puisque on ne peut pas faire plus que le rythme naturel. C'est ça. Et c'est vrai que dès qu'on se met à l'eau, c'est tout de suite un autre rythme, déjà le cœur ralenti.

  • Speaker #1

    Dans mes clients, quand ils viennent avec moi dans l'eau, au bout d'une demi-journée ou une journée, Une personne va ressortir de l'eau et les autres stagiaires vont dire Mais c'était trop beau ! Il n'y avait peut-être pas de poisson, mais juste la personne était en harmonie avec ce qui se passait sous l'eau. Et c'est ça qui est beau pour moi dans l'apnée, c'est cette harmonie de l'humain dans un milieu qui n'est pas le nôtre et réussir à être focus sur ce qui se passe dans l'eau, plus sur nous, pas penser à cette technique de palmage, à la limite là on s'en fout, juste d'être fluide. Pour ça, il faut observer.

  • Speaker #0

    Donc, tu n'as plus rien en tête, en fait, quand tu es sous l'eau. Tu n'as plus rien. Ça y est, c'est coupé. Tu étais juste en harmonie avec le reste. Il n'y a plus de pensée.

  • Speaker #1

    Moi et l'environnement. Et j'observe. C'est un peu comme un jeu. Je trouve ça très ludique, surtout les explorations, d'être curieux, d'aller voir ce qui se passe. Et je remonte parce qu'à un moment donné, oui, j'ai l'envie de respirer, mais ce n'est pas un spasme qui vient me réveiller.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu dirais que le fait d'avoir vécu des émotions très intenses au très haut niveau font que maintenant tu t'accordes justement des émotions peut-être très intenses en douceur et en tranquillité, comme si ça faisait une polarité en fait ?

  • Speaker #1

    C'est possible, oui. Oui, c'est possible. Mais voilà, en respectant mon corps et ma tête.

  • Speaker #0

    Le respect, c'est ça. C'est toute cette... Même si on veut dépasser ses limites, il y a toujours cette nécessité de devoir se respecter. Ce n'est pas toujours évident, surtout quand on est compétiteur, de savoir à quel moment on n'en peut vraiment plus.

  • Speaker #1

    Alors, pour moi, les compétiteurs... C'est dur de mettre une limite et la limite, c'est la blessure.

  • Speaker #0

    Oui, c'est le corps qui la donne en fait. Oui,

  • Speaker #1

    c'est la tête, elle le veut, mais le corps à un moment donné finit par dire non, stop.

  • Speaker #0

    Toi, tu as vécu des blessures ? Oui, tu disais je me faisais mal.

  • Speaker #1

    Oui, je me suis déchiré les abdos plusieurs fois en nageant.

  • Speaker #0

    Incroyable, je n'ai jamais entendu ça. Je ne savais même pas que c'était possible. Ça ne risque pas de m'arriver.

  • Speaker #1

    en immersion on nage avec des bouteilles en scaph donc on nage avec une bouteille d'air comprimée comme en plongée bouteille et qu'on vient placer devant la tête et on nage en flèche et sur un entraînement enfin sur deux entraînements ça me l'a fait j'entends on entend le mus qui se déchire et je ne pouvais plus bouger donc j'attendais au fond de la piscine que quelqu'un vienne me chercher bon j'avais de l'air dans la bouche oui ça devait être pas très agréable quand même non

  • Speaker #0

    Ce n'est pas l'image qu'on veut véhiculer de l'eau, de la mer. Non. Mais ça fait partie de la réalité. Du sport de haut niveau. Oui. De toute façon, à un moment donné, tu vois, les athlètes, forcément, ils font des… Il y a une forme… Alors, le mot n'est peut-être pas juste. Sacrifice. Tu dirais que tu as fait des sacrifices ?

  • Speaker #1

    Alors, moi, oui. Je pense qu'aujourd'hui, le sport de haut niveau, ce n'est pas le sport de haut niveau qu'on a eu il y a 20 ans non plus. Il y a plus peut-être raisonné, encadré, il y a de la prépa mentale. Avant, il y en avait beaucoup au moins. Moi, oui, c'était des sacrifices, c'est sûr, de famille, d'amis. Entre une fois par an ou deux fois par an, dans l'année, on avait 16 ou 17 ans. mais j'aimais tellement ce que je faisais que je ne le voyais pas comme un sacrifice. Voilà,

  • Speaker #0

    c'est ça. Donc, ce n'est pas le bon mot. C'est une quête, en fait. Une quête de quelque chose. Avec le recul, tu dirais, qu'est-ce que tu cherchais à ce moment-là ?

  • Speaker #1

    Moi, je voulais me prouver que j'étais capable de...

  • Speaker #0

    C'est de la confiance, de l'estime de toi ?

  • Speaker #1

    Sûrement, oui. La reconnaissance.

  • Speaker #0

    La reconnaissance. Mais c'est ce qui est totalement légitime, surtout quand on est jeune en particulier. généralement, il y en a beaucoup qui cherchent ça. C'est sûr.

  • Speaker #1

    Mais j'ai compris aussi que ce n'est pas le titre et d'être sportive de niveau qui allait m'apporter tout ça.

  • Speaker #0

    Mais c'est un chemin pour y parvenir. C'est un chemin. Oui, puis tu ne serais pas qui tu es actuellement si tu n'avais pas vécu tout ça.

  • Speaker #1

    Mais ce n'est aucun regret. C'était aussi les meilleures années de ma vie.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça.

  • Speaker #1

    L'après a été difficile, mais quelle chance à 17 ans de pouvoir faire de ta passion ton quotidien. que tout est possible.

  • Speaker #0

    Tu dis les meilleures années de ta vie, mais ne fais-tu pas de ta passion ton quotidien maintenant, Marine ? Si,

  • Speaker #1

    c'est vrai que ma vie est plutôt cool.

  • Speaker #0

    Non,

  • Speaker #1

    mais je dirais que c'est des années déclics et je suis très contente de les avoir vécues.

  • Speaker #0

    Non, mais c'est important, c'est ce qui te nourrit aussi, ton quotidien d'ailleurs, peut-être avec moins d'intensité, d'émotion, mais c'est vrai que quand on... passent de l'autre côté, comme tu dis, de la barrière et qu'on transmet, on se retrouve à avoir les mêmes émotions parce qu'on les voit, on les vit à travers les personnes qu'on guide en fait. Et justement, tu dirais, ça peut être une raison d'être tout le temps dans l'eau aussi parce que maintenant, c'est vraiment ton quotidien pour le coup. Qu'est-ce qui fait que tu arrives à y retourner tous les jours ?

  • Speaker #1

    Ce qui me pousse à y aller, c'est que j'en ai besoin. J'ai eu un souci de santé il y a quelques années, c'est pour ça que je suis venue habiter aussi à Lanzarote. Et avant de... partir sur Lanzarote, je m'étais fait une liste qu'est-ce qu'il me faut dans mon quotidien pour être heureuse. J'avais compris que la tête avait une grosse incidence sur notre physique et donc être dans l'eau faisait partie de ma liste.

  • Speaker #0

    Et donc ça y est, ça tu l'as fait ?

  • Speaker #1

    Ouais.

  • Speaker #0

    Tu voudrais partager d'autres choses qu'il y avait sur cette liste ? Est-ce que tu as réussi à cocher tous les items de la liste ?

  • Speaker #1

    Ouais, les basiques. Alors, aller dans l'eau tous les jours, avoir la possibilité d'aller dans l'eau tous les jours de l'année, ça excluait un peu les eaux froides. Vivre en short et claquettes. Lanzarote s'y prêtait plutôt bien.

  • Speaker #0

    Oui, et puis tu continues, puisque là, actuellement, tu es à Beaulieu-sur-Mer et puis tu pars dans des belles contrées bientôt. Donc, qu'est-ce qui te pousse à y retourner ? C'est le besoin, en fait. Tu sens que tu en as besoin.

  • Speaker #1

    Il y a quelque chose qui… Il y a un côté un peu… égoïste qui dit que j'en ai besoin moi donc ça me nourrit moi et de transmettre aux gens là le contact avec les gens et la transmission c'est quelque chose qui me nourrit aussi énormément alors

  • Speaker #0

    est ce que c'est égoïste que d'écouter ses besoins franchement j'ai envie de donner mon avis si c'est au détriment des autres peut-être que c'est égoïste mais finalement quand on est bien soi-même parce qu'on s'écoute et qu'on écoute ses besoins est-ce qu'on n'est pas déjà un modèle pour les autres et de fait on est justement plus à même d'être à leur écoute et de leur apporter quelque chose si tu ne le faisais pas et que tu bossais dans un bureau par exemple pas dans l'eau toute la journée je l'ai fait ça parce qu'avant de rejoindre Lanzarote j'ai

  • Speaker #1

    travaillé chez Décathlon, c'est une super entreprise on va faire pour Décathlon, ils en ont pas besoin mais pour faire un peu comme tout le monde avoir un CDI, avoir la possibilité d'acheter une maison, j'ai travaillé chez eux et j'étais pas heureuse, je me suis cachée ça pendant 3 ans après j'ai eu une tumeur au ventre assez conséquente je pense que je me la suis aussi créée parce que je me suis pas écoutée aussi dans mes stages j'incite les gens à s'écouter à écouter leur intuition, leur petite voix et de y aller parce que la vie elle est trop courte.

  • Speaker #0

    L'apnée c'est exactement cette école là en fait. On peut pas ne pas s'écouter.

  • Speaker #1

    On n'a pas le choix, c'est un miroir. Pour moi l'eau, l'élément de l'eau, et plus particulièrement l'océan, c'est le miroir de notre intérieur.

  • Speaker #0

    Si on est triste, en colère, anxieux, on aura beau le cacher sur terre, dans l'eau, ce n'est pas possible.

  • Speaker #1

    D'autant plus que l'eau, c'est le symbole des émotions. C'est vraiment l'eau. C'est l'élément qui représente les émotions. On va bientôt terminer cette interview. Je voulais te demander s'il y a une technique de prépa mentale pour l'apnée. Toi, tu fais beaucoup de visualisation. J'entends. Il y a peut-être une autre astuce ? Alors, astuce ? C'est jamais de l'astuce qu'on se le dit. Souvent, c'est beaucoup de répétition et de préparation, mais une astuce à répéter.

  • Speaker #0

    J'en ai une qui me fait sourire, mais qui marche très bien pour moi. A voir si ça marche pour les autres. Je suis beaucoup dans la visualisation, tu l'as bien compris. Oui. Donc, c'est vrai qu'avant une apnée, même sur terre, j'essaye vraiment de m'imprégner d'un bon moment que j'ai passé. Ça peut être avec des amis ou quelque chose qui me donne le sourire. Et je vais le faire avec des respirations calmantes, les yeux fermés, dans un moment à moi où je vais y penser très fort jusqu'à ce que ce petit sourire vienne s'esquisser sur mon visage et que je le ressente pour me l'imprégner. Comme ça, je vais être dans l'eau avant de partir. Si j'ai un petit coup de stress, là, beaucoup pour le câble pour moi parce que c'est quelque chose qui me tend un peu plus. Je me replonge dans ce moment jusqu'à ce que j'ai le petit sourire qui arrive et là, tout mon corps se détend. Ça me fait beaucoup de bien pour descendre, ça m'aide beaucoup. Ça, c'est la première. Et la deuxième, en apnée au cap, quand je rentre dans une zone que je n'aime pas trop, avant d'y arriver, je vais me répéter quelque chose de très simple, plusieurs fois, mais quelque chose qui me fait plaisir. Alors moi, ça va être, par exemple, ce soir, je m'entraîne en mer ou en piscine ? Et je me répète en mer ou en piscine ? Je vais en mer ou je vais à la piscine ? Oui, mais la mer ou peut-être la piscine.

  • Speaker #1

    Ah, j'adore ! Oui, un truc qui peut un peu buguer, c'est tellement simple que... Oui, puis ça n'a pas beaucoup de sens, on est d'accord ? Je croyais que tu allais me dire un truc comme glace à la fraise. Ah,

  • Speaker #0

    mais ça peut être ça aussi. Là, j'ai une cliente, elle m'a fait banane chocolat. Je lui ai dit, trouve un truc simple que tu aimes bien. C'est banane ou chocolat ? Chocolat ou banane ? Hé,

  • Speaker #1

    j'aime bien, j'aime bien.

  • Speaker #0

    Et elle a débloqué le palier des 30 mètres très facilement, sans penser à sa compense, sans penser à sa charge.

  • Speaker #1

    Ah, super astuce. Et cette petite, ce petit, enfin, ce n'est même pas un mantra, pour le coup, cette petite phrase, tu la prépares avant de descendre ou tu la découvres quand tu es au moment de la zone, justement ?

  • Speaker #0

    Non, je la prépare avant, oui.

  • Speaker #1

    Comme ça, tu l'as avec toi, tu descends avec.

  • Speaker #0

    Oui, et j'essaye de la faire avant de sentir l'inconfort dans la descente. Oui. Comme ça, c'est fait. Je n'ai plus qu'à me le répéter. Cette phase d'inconfort, elle n'existe plus. Elle a disparu après.

  • Speaker #1

    Génial. J'adore. Je suis preneuse. Vous qui nous avez écoutés jusqu'au bout, voici votre récompense. Très bien. Avant qu'on conclue, est-ce que tu veux bien nous partager ton site Internet ? Où est-ce qu'on peut te retrouver ? Je crois que tu es assez active sur les réseaux sociaux. Dis-nous tout.

  • Speaker #0

    Vous pouvez me retrouver principalement sur Instagram. et sur mon site internet à savoir que sur Instagram je donne beaucoup de tips pour la nage avec palme la nage en monopalme et les explorations donc

  • Speaker #1

    il faut en profiter merci en tout cas d'avoir accepté de partager en profondeur ce que tu avais à l'intérieur de toi et à bientôt merci Sylvie je vous remercie infiniment d'avoir écouté cet épisode jusqu'au bout. Alors, s'il vous a plu, n'hésitez pas à lui donner une note 5 étoiles sur vos plateformes d'écoute et de le partager autour de vous pour le faire connaître. Et si vous souhaitez participer au podcast et vous faire interviewer ou si vous connaissez quelqu'un que vous aimeriez entendre, dites-le moi en m'écrivant à l'adresse contact at hypne.com h-y-p-n-e-e.com Merci à vous et à très bientôt pour le prochain épisode de En Profondeur.

Description

« Pour moi l’eau, l’élément eau, et plus particulièrement l’océan, c’est le miroir de notre intérieur » Marine Grosjean

 

Dans cette 3e interview du podcast, découvrez le parcours exceptionnel de Marine Grosjean, championne du monde de monopalme, et actuellement installée à Tahiti pour enseigner l’apnée.

 

Elle nous y dévoile ses secrets de préparation mentale et finalement comment elle en est arrivée à se tourner avec une forme d’apnée sans souffrance.

 

Je ne vous en dis pas plus, je vous invite à découvrir Marine en écoutant l’interview !

 

Pour retrouver toutes les infos, voici le lien vers son site Web : https://www.marinegrosjean.com/

 

Et son site Instagram sur le quel elle est très active :

https://www.instagram.com/marine.grosjean/

 

Un grand merci d'avoir écouté cet épisode 🙏. S'il vous a plu, surtout parlez-en autour de vous et donnez-lui une note ⭐⭐⭐⭐⭐ sur vos plateformes d'écoutes préférées.

Je vous invite à me suggérer des invités ou des thématiques que vous intéressent pour les épisodes solo sur l'hypnose, l'autohypnose et la préparation mentale. Pour cela c'est très simple, écrivez-moi à ✉️ contact@hypnee.com


A très bientôt pour le prochain épisode,


Sylvie 🌀


En Profondeur, une production Hypnée

Créatrice et animatrice du podcast : Sylvie Pouliquen


Crédits musique :

Titre:  Light

Auteur: Idyllic

Source: https://soundcloud.com/noctt

Licence: https://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0/deed.fr

Téléchargement: https://www.auboutdufil.com


Titre:  Days Past

Auteur: In Closing

Source: https://www.facebook.com/inclosing/

Licence: https://creativecommons.org/licenses/by/3.0/deed.fr

Téléchargement: https://www.auboutdufil.com


Visuel : Lucie Clavelloux - Compte Insta : https://www.instagram.com/lucie_clavelloux/

Montage : Philippe Istria


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Au travers d'interviews de plongeurs en apnée et en scaphandre, En Profondeur vous fait plonger au cœur de votre être. Vous allez ainsi découvrir ce qu'il se passe à l'intérieur de mes invités, quelles pensées, quelles émotions, quels ressentis, lorsqu'ils plongent et lorsqu'ils explorent leurs propres limites. Je m'appelle Sylvie Poulikin et je suis fondatrice d'Hypnée. A la fois praticienne en hypnose, préparatrice mentale et éducatrice sportive en plongée subaquatique, j'ai une foi. indéfectibles dans la capacité de chaque être humain à accéder à ses plus belles ressources intérieures. Alors, je vous emmène plonger avec moi au cœur de l'humain, le temps d'une écoute. Alors Marine, un grand merci d'être venue enregistrer un de ces tout premiers épisodes en profondeur. C'est vraiment sympa à toi. Donc, je vais te décrire, je vais te présenter et puis on va partir sur notre interview en profondeur sur ton site. Marine Grosjean qui est ta marque aussi tu te décris comme une sirène alors déjà j'adore amoureuse de l'océan tu as un pédigré juste incroyable puisque tu es ancienne championne du monde enfin on dit pas ancienne en fait tu es championne du monde de monopalme le titre se garde ouais 2007 6 km c'est en mer c'est ça mais tu n'es pas que ça tu es bien plus que ça évidemment puisque tu es maître nageur éducateur sportif instructeur monopalme instructeur apnée, etc. Mermaid aussi, SSI, j'ai vu, j'adore. On ne le dit pas, peut-être. Et puis, tu as été coordinatrice sur le brevet d'État. Donc, déjà, ça, c'est ce qu'on met sur la carte de visite. Mais c'est vrai que ce qu'on va explorer aussi, c'est Marine, en fait. Marine, apnéiste, notamment. Marine aussi, championne du monde, parce que tu as cette double approche qui est le côté performance. On ne peut pas le nier, n'est-ce pas ? Et puis surtout, ce vers quoi tu es allée après ton titre, justement, c'est peut-être quelque chose de beaucoup plus doux, de beaucoup plus axé sur le bien-être, si je ne me trompe pas.

  • Speaker #1

    C'est exactement ça.

  • Speaker #0

    Et donc, c'est vrai que j'aime bien cette double approche, puisque avec ma progression sur hypnée, en tant que préparatrice mentale, j'ai quand même... observer que l'un ne va pas sans l'autre en fait. La performance elle va avec le bien-être et vice versa. Donc toi, je pense que tu l'enseignes au quotidien dans ton école d'apnée aussi. On va aller voir ça. Ce que je voulais te demander c'est peut-être justement comment tu es venue, cette passion de l'eau, de la mer ?

  • Speaker #1

    Moi j'ai eu la chance de grandir en Bretagne. près de la mer avec un papy qui avait un bateau et qui adorait faire du voilier ou aller pêcher et tout ça et mes parents travaillent dans la restauration n'ayant pas beaucoup de temps je passais beaucoup de week-end chez eux et de vacances chez mes grands parents et c'est mon papy qui m'a transmis cette passion de l'eau du calme sur l'eau pas dans l'eau littéralement sur l'eau et puis aussi ce respect de la mer ok on y est bien mais attention quand même il faut regarder les conditions météo, tout de suite, ça m'a donné un espèce d'énorme respect pour cette masse d'eau. Et puis, ma maman m'a appelée Marine pour que je baigne dans l'eau. C'était son souhait.

  • Speaker #0

    C'est marrant ce que tu dis parce que j'ai du mal à associer le calme sur l'eau avec la Bretagne.

  • Speaker #1

    Oui. L'été, oui, c'était dans la baie de la forêt Fuenant. C'est des zones assez… réserver des vents et des grosses fagues.

  • Speaker #0

    Ah oui, c'est vrai. Ah non, c'est tellement beau là-bas. Mais donc, tu étais sur l'eau. Alors, comment tu as fait pour rentrer en dessous ?

  • Speaker #1

    Alors, j'ai eu un peu les deux. Ça, c'était pour l'approche de l'océan. Voilà, c'est ce qui m'a captivée un petit peu. Et par contre, depuis petite, ma mère m'a mis au bébé nageur, au cours de natation. Et c'était un milieu dans lequel je me sentais très, très bien. Et donc, j'ai grandi en nageant en piscine, mais en ayant peur du fond de la mer. Ah oui. Je n'aimais pas me baigner dans le bleu. Je n'aimais vraiment pas ça. Et voilà, puis j'ai quand même pris goût à être sur l'eau et dans l'eau, mais en piscine. Et le point d'union de ces deux univers a été la découverte de l'apnée, mais très tardivement, j'avais 22 ans.

  • Speaker #0

    Eh oui, très tardivement. Je crois qu'il y a des gens qui découvrent l'apnée encore plus tard. Oui, c'est vrai,

  • Speaker #1

    mais comme j'ai baigné dans l'eau depuis un an, entre les... Oui !

  • Speaker #0

    Donc, tu découvres l'apnée. Comment t'es arrivée à l'apnée ? Parce que finalement, t'étais au-dessus, tu nageais beaucoup, et puis tu faisais de la voile. Mais qu'est-ce qui t'a amené à aller en dessous ? En plus, tu avais peur de la profondeur, un petit peu, ce que tu viens de dire. Oui. Et qu'est-ce qui t'a amené à l'apnée alors ?

  • Speaker #1

    Moi, j'ai fait du sport de haut niveau, un monopalme. Ce n'est pas très connu. Ce sport n'est pas très connu. Dans le milieu de l'apnée, on le connaît bien. Et donc, je suis partie en sport études sur Antibes, au Pôle France. De là, j'ai gagné des compétitions internationales, dont mon titre de championne du monde en mer. Donc, j'avais peur en nageant et je nageais en pleurant, pour vous dire.

  • Speaker #0

    C'est incroyable. Comment on peut arracher un titre de championne du monde en pleurant ? C'est fou. C'est incroyable.

  • Speaker #1

    Bon, si tu veux, on pourra en parler tout à l'heure.

  • Speaker #0

    Oui, peut-être. D'ailleurs, c'est possible qu'on l'aborde.

  • Speaker #1

    Et à ça, à cette expérience dans le haut niveau, j'ai arrêté de nager d'un coup puisque je me suis dégoûtée moi-même du sport et de l'eau en y allant trop, en me faisant mal, en me blessant. Et la tête ne suivait plus. J'ai voulu forcer. Donc, j'ai eu après un rejet complet pour l'eau. Et pendant trois ans, à peu près, je n'ai pas pu mettre les pieds à la mer ni me baigner. Et je ne voulais plus faire de sport. Et je me suis dit, bon Marine, il va quand même falloir remédier à ça, parce que c'est la seule chose qui te rend heureuse, entre guillemets. Il y a d'autres choses qui me rendent heureuse, mais ce qui me remplit, c'était ça. Donc je me suis dit, j'ai envie de passer de l'autre côté de la barrière, pour protéger ces jeunes aussi qui font du sport de haut niveau. Ça, ça n'arrive pas, parce que je trouve que c'est pas normal de ne pas être accompagnée sur ce plan-là. Et donc je me suis dit, je vais être éducateur sportif. Sportive. J'ai fait un premier diplôme pour être enseignante, coach sportif dans la musculation, pour avoir les bonnes bases de l'anatomie, la physio. Je n'étais pas encore prête à aller dans l'eau. Mon plan, c'était l'année d'après de faire le brevet d'état de maître nageur. Tout petit, ça m'a remis un pied dans l'eau, mais de l'autre côté pour enseigner.

  • Speaker #0

    C'est ça, l'autre côté. Ce n'était pas sous l'eau, c'était d'abord en surface. C'est drôle.

  • Speaker #1

    Lors de ce diplôme, j'ai rencontré Christian Vogler.

  • Speaker #0

    Ah, connaissance commune, n'est-ce pas ?

  • Speaker #1

    Il faisait une intervention sur l'apnée dans le brevet d'État. Et ça m'a plu. Et puis, j'ai bien connecté avec lui. Et il me dit, mais tu devrais faire de la compète, tu devrais faire de l'apnée, tu serais forte, puisque j'ondule et pas trop mal.

  • Speaker #0

    Ça l'a un peu agacé,

  • Speaker #1

    d'ailleurs. Et voilà, il me dit, mais fais de l'apnée. Franchement, ça serait... top, tu pourrais même peut-être te lancer dans la compétition. Et je lui dis, alors là, non, la compétition, c'est terminé, je ne veux plus en faire. Et puis, on a gardé contact, voilà, puis il m'a montré que l'apnée, ça pouvait être autre chose, quelque chose de beaucoup plus doux. Et c'est grâce à l'apnée que j'ai renoué avec l'eau, avec l'océan, le fait de pouvoir aller dessous. Et voilà.

  • Speaker #0

    Génial. Et donc, là, t'avais quel âge à peu près ? Ça a mis combien de temps ?

  • Speaker #1

    21 ans, 22 ans.

  • Speaker #0

    Donc, un joli parcours avec quand même une césure, avec l'eau, avec l'amour de l'eau. Ça tombe bien parce que ça va peut-être bien passer avec ma prochaine question, qui est la suivante. Quel serait justement ton pire souvenir en apnée ? Mais peut-être que là, ça va dériver sur la nage avec Balm en mer, j'en sais rien.

  • Speaker #1

    Mon pire souvenir en apnée, honnêtement, là, j'allais te répondre, je n'en ai pas. Parce que je me préserve énormément et je ne m'entraîne pas en apnée. Je ne pousse pas mon corps à la souffrance ou à la peur. Par contre, quand j'ai commencé l'apnée, j'ai donc fait un stage. J'ai économisé pendant deux ans pour faire un stage avec Christian en Grèce, un stage d'apnée. Et il y avait des apnées déjà confirmées. Moi, je n'en avais jamais fait en profondeur. Et donc, on part sur notre première sortie. Je m'étais équipée, j'avais investi dans du matériel qui évidemment n'était pas le bon. Je m'étais équipée. Rien à l'air. Mais ce n'est pas grave. Et Christian nous lance, nous dit, là, allez-y, petite exploration, plongée dans l'eau. Et je vois tout le monde qui descend et moi, impossible de descendre. Mes oreilles ne passaient pas, je ne savais pas faire et je me sentis hyper frustrée. Et il faut me dire, mais regarde, c'est simple, détends-toi.

  • Speaker #0

    J'adore. Ça, c'est la phrase type. Allez, vas-y, détends-toi. Oui, Si ça suffisait, ça se ferait. Ah oui, tout ça.

  • Speaker #1

    Et du coup, cette frustration qui a duré une petite heure dans l'eau, elle s'est en fait prolongée sur la semaine parce que j'étais incapable de descendre.

  • Speaker #0

    Du tout ?

  • Speaker #1

    Non, je devais descendre d'un mètre, dans un mètre de profondeur et en descendant en diagonale, en nageant.

  • Speaker #0

    Oui, oui. Donc un mètre, tu ne compenses pas. Ça passe encore au niveau des tympans. Oui,

  • Speaker #1

    j'avais vite la douleur et c'est tout.

  • Speaker #0

    Ah oui, ça, c'est un sacré pire souvenir, ça. Oui, effectivement, c'est très frustrant, en fait. Ouais. Et comment t'as dépassé ça, alors ? Parce que t'as quand même continué l'apnée, je pense.

  • Speaker #1

    Bon, alors, je suis un peu pas tordue, mais j'étais beaucoup dans la performance avant. Je voulais être là. la meilleure, sans vouloir écraser les autres, mais je voulais être la meilleure. Du coup, quand j'ai commencé l'apnée avec Christian, j'étais venue avec ma femme de compète en Grèce et je me suis dit moi je descends, c'est sûr. Oui,

  • Speaker #0

    facile.

  • Speaker #1

    Ouais, voilà, je sais nager, ça voilà. Et du coup, j'y étais avec des notions et des restes de performance. Je voulais descendre. Et ce stage... Ça m'a foutu une grosse claque, mais j'ai compris qu'il fallait que j'arrête de penser comme ça et il fallait que je vois les choses différemment.

  • Speaker #0

    Prise de conscience.

  • Speaker #1

    Ouais, dure, mais prise de conscience. Et je savais que c'était un problème en moi d'être toujours dans la performance parce que ça me jouait des tours dans mes relations humaines, même dans mon bien-être perso. Parce que quand on est satisfait, moi, ça m'amenait aussi beaucoup d'insatisfaction personnelle et je n'en pouvais plus de ça.

  • Speaker #0

    C'est épuisant et un côté épuisant. Parce que ce n'est pas possible de rester... le meilleur tout le temps.

  • Speaker #1

    Oui, et puis on n'est jamais serein, tranquille, on ne se lâche pas la grappe, on ne s'autorise pas d'être moins bon. Donc j'avais décidé de me lâcher la grappe dessus et j'avais compris que l'apnée pouvait m'aider.

  • Speaker #0

    Là, c'est clair. Là, c'est l'école de l'humilité. De toute façon, l'apnée, c'est incroyable. Donc là, c'est plus un cheminement finalement dans ta tête. Tu t'es dit… C'est ce que je recherchais, finalement, l'idée de comment je lâche par rapport à la performance. Tu as eu le cadeau de cette semaine un peu pas facile, un peu... Ce n'est pas de l'humiliation, mais ça ne doit pas être facile pour une championne du monde de se retrouver, tout le monde descend, et toi, tu es là avec ton 1 mètre.

  • Speaker #1

    Ce que je me souviens, c'est les gens avec les yeux, tu sais, grand ouvert. C'était fou, c'était fou. Et toi, tu n'as juste pas pu descendre. Tu as de la colère. Ça me souvient d'avoir eu de la colère et de la frustration. Moi aussi, je veux toucher ça du doigt.

  • Speaker #0

    J'espère, en tout cas, j'imagine que depuis, tu as fait ce chemin pour y arriver. Est-ce qu'il y a quelque chose, ton plus beau souvenir, ce qui t'a émerveillée, peut-être, avec l'apnée ? Ça a été quand ? C'était quoi ?

  • Speaker #1

    Moi, j'en ai plusieurs, je n'en ai pas forcément un en particulier. C'est la rencontre avec les animaux marins en mer, mais pas une rencontre programmée. La rencontre inattendue, mais même d'un tout petit poisson. J'ai le souvenir d'une sèche qui est venue devant moi et qui, avec ses petites tentacules, venait frotter mon masque et me regarder droit dans les yeux. À Lanzarote, une remobula, ce qui est très rare, qui est venue nager avec moi. pendant 20-30 minutes avec moi 30 minutes ouais et ça c'est fou et c'était pas profond les deux petits souvenirs de cette de cette sèche et et de cette raie c'était dans 5 mètres d'eau ça

  • Speaker #0

    fait quoi même dans ton corps dans ta tête dans ton coeur ça fait quoi toutes ces ces rencontres on se sent hyper privilégié ouais et hyper vivant ouais

  • Speaker #1

    Et en même temps, rien. Oui, vivant. C'est vraiment le mot, je pense, c'était de se sentir vivant. Oui, c'est ce que j'ai ressenti.

  • Speaker #0

    J'adore. Oui. Merci. C'est ça, en fait. C'est ça, parce que tu es vivante, parce que tu te connectes à l'autre être vivant qu'est la raie ou la sèche.

  • Speaker #1

    Oui. Oui, puis on ne se connaît pas, on ne parle pas la même langue, on n'a pas les mêmes codes, je ne sais pas ce qui se passe dans leur tête, mais de pouvoir connecter comme ça avec ces animaux, c'est fou. Oui.

  • Speaker #0

    Ah oui, c'est... C'est incroyable. Et donc ça, c'est vraiment les meilleurs souvenirs. C'est quand il y a des rencontres fortuites, parce que tu as peut-être vécu aussi des expériences où tu savais que tu allais voir des requins ou des dauphins. Je n'en sais rien, je dis des requins, mais...

  • Speaker #1

    Et j'étais un peu déçue de ces rencontres, effectivement, où c'était programmé, parce que mon cœur ne bat pas plus fort que s'ils n'étaient pas là. Chaque fois, j'ai une déception. Je me dis, ah ouais, ça ne me fait rien.

  • Speaker #0

    C'est vrai ? Ah ouais, ce que tu aimes, c'est la rencontre.

  • Speaker #1

    Oui, ça me fait penser à un voyage que j'avais fait. Je change un peu si tu me dis si je m'égare trop. J'ai parti au Vietnam et j'avais vu le film Indochine plus jeune et je rêvais de voir la baie d'Along.

  • Speaker #0

    Oui, c'est clair. C'est tellement beau.

  • Speaker #1

    J'en avais pleuré dans le film et je m'étais dit que je voulais trop le voir. Et quand j'y suis allée et que je l'ai vu, je n'ai rien eu.

  • Speaker #0

    Il y avait peut-être un milliard de touristes avec toi.

  • Speaker #1

    Oui, voilà, c'est ça.

  • Speaker #0

    Voilà. Ça ne fait pas le même effet.

  • Speaker #1

    Et ça m'a fait un peu cette déception quand j'ai vu ces animaux marins et que c'était programmé dans des endroits où on sait qu'ils sont. C'est beau, mais ce n'est pas ce que je recherche.

  • Speaker #0

    C'est vrai qu'il y a un instant d'éternité quand c'est totalement inattendu. Et alors, quand tu fais ces rencontres-là avec ta sèche, avec ta remobula, justement, est-ce qu'il y a quelque chose que tu mets en place, puisque tu es aussi quand même une experte en prépa mental, en bien-être aussi, pour garder ça à l'intérieur de toi ? Est-ce que tu as une façon de faire pour te dire, non, mais ça, je veux le garder en moi toute ma vie ? Est-ce que tu y repenses ? Comment tu nourris ça, en fait ?

  • Speaker #1

    En fait, l'émotion à l'intérieur, elle était tellement forte que je pense que je l'ai imprégnée avec cette image de l'animal. Et dès que je revois cette scène en visualisation, j'ai tout de suite les émotions qui reviennent de l'intérieur. Mais je pense que je suis très forte avec la visualisation parce que je l'ai beaucoup fait dans le sport de haut niveau, dans la projection aussi pour mes podiums. Je me suis vu gagner et j'ai pu le faire, je pense, parce que je me permettais de voir plus loin. Il doit être bien ancré dans ma tête. Maintenant, je n'ai plus qu'à revoir une image et tout de suite,

  • Speaker #0

    je repasse. C'est une technique pour entrer en état d'hypnose, en fait, et plonger dans les souvenirs. Oui. OK, génial. Alors, maintenant, tu fais de l'apnée. Alors, tu enseignes beaucoup. Est-ce que tu fais de l'apnée pour toi un peu quand même de temps en temps ?

  • Speaker #1

    J'essaye, mais c'est difficile.

  • Speaker #0

    Moins facile, mais j'aimerais bien quand même, si tu peux te reconnecter à tes… à tes apnées, à toi. Qu'est-ce que finalement, quand tu sais que tu vas, voilà, que tu es à un endroit où tu es prêt, tu vas pouvoir profiter un petit peu du site. Dans quelles conditions tu te mets juste avant de descendre déjà, avant de parler de ce qui se passe quand tu es au fond, mais voilà, quand tu es à la surface, que tu te prépares finalement, tu penses à quoi ?

  • Speaker #1

    Bah, j'essaye déjà d'être dans l'eau. Rapidement, je ne pense plus à rien. Ah ouais,

  • Speaker #0

    alors tu coupe les pensées.

  • Speaker #1

    Ouais, exactement. Génial.

  • Speaker #0

    Donc, tu n'es plus dans tes sensations corporelles.

  • Speaker #1

    Et pour ça, je m'aide beaucoup de la visualisation, enfin de la vue aussi. Dès que je suis dans l'eau, je vais regarder les rayons de lumière qui passent sous la surface ou je vais mettre mon attention sur la nature. Les rythmes dans l'eau, les rues du sable, les mouvements d'eau avec les courants ou les vagues. Et rien qu'en regardant ça, tout de suite, mon cerveau se coupe des pensées extérieures. Et donc, je ne fais focus que ce que... Pardon, je fais un focus uniquement sur ce qu'il y a sous la surface.

  • Speaker #0

    Oui. Donc, tu te prépares avec ton masque, en fait, et ton tuba. Oui. Oui, tu ne te prépares pas sur le dos.

  • Speaker #1

    Non. Oui.

  • Speaker #0

    Non.

  • Speaker #1

    Je me prépare en surface. Alors, du coup, là, tu me parles des descentes au câble, j'imagine.

  • Speaker #0

    Parce que moi, je ne peux pas... Pas forcément, non. Non, si tu fais de l'explos aussi, tu peux te préparer avec une petite bouée. Tu peux te mettre un peu aussi en...

  • Speaker #1

    Sur le dos,

  • Speaker #0

    oui. Sur le dos, oui. Il y en a qui le font.

  • Speaker #1

    Non, moi, je regarde sous l'eau. Et bon, après, techniquement, oui, je rallonge mes expirations pour faire descendre un peu plus ma fréquence cardiaque. Et je me laisse bercer par les mouvements de l'eau, les courants, les lumières. Et puis quand je sens que c'est le bon moment...

  • Speaker #0

    Oui, et le bon moment, c'est juste intuitif.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Après, la question, c'est... Quand tu descends et que tu pars en explot, est-ce que tu es totalement focalisée sur l'environnement ? Tu t'oublies, tu oublies ton corps ou finalement, tu es aussi dans tes sensations ?

  • Speaker #1

    Alors, en exploration, je ne suis focus que sur l'environnement. Et ça me va plutôt bien parce que je peux descendre plus profond en explot qu'au câble. Parce que je regarde ce qui se passe et je suis curieuse d'aller voir sous tel rocher, d'aller voir telle lumière qui passe. imaginer qu'un poisson pourrait se cacher par là. Alors que quand je suis au câble, je suis très sur moi. Là, c'est plus compliqué pour moi.

  • Speaker #0

    Mais tu n'as jamais fait de compétition en apnée, finalement ?

  • Speaker #1

    Non, non, non.

  • Speaker #0

    Non, mais tu aurais pu en faire en dynamique. Là, par contre, en piscine, tu n'avais plus envie de ça.

  • Speaker #1

    Je n'ai plus envie. Dès que mon corps est un peu en souffrance physique, souffrance, c'est peut-être un grand mot, mais dès que je ressens un peu de douleur, Je sors de l'eau. En fait, je ne veux plus m'autoriser à sentir ça.

  • Speaker #0

    Oui, c'est intéressant parce que ça montre que toutes les approches sont possibles. Il y a des personnes, mais aussi parce qu'ils n'ont pas vécu aussi de sportifs de haut niveau, où on se fait mal beaucoup, beaucoup, beaucoup, beaucoup. Mais qu'on peut vraiment avoir la richesse de faire de l'apnée, de partager une passion sans souffrance. C'est de l'apnée, ton souffrance.

  • Speaker #1

    Oui, exactement.

  • Speaker #0

    Et à côté de ça, il y a beaucoup de... Et c'est normal, il y a des compétiteurs finalement qui acceptent une petite dose de souffrance parce qu'ils s'y habituent progressivement aussi. Oui.

  • Speaker #1

    Je pense que si on ne l'a pas eu en amont, comme moi je l'ai eu dans le sport de haut niveau, c'est quand même une zone qui est assez plaisante à aller chercher parce qu'on vient chercher ses limites. Sauf que moi, je pense que je les connais, mes limites, et je n'ai que besoin d'aller les suivre.

  • Speaker #0

    C'est ça, on finit par les connaître. Donc là, tu pars, tu descends, tu ne fais plus attention à ton corps. Tu es vraiment en train d'observer. Est-ce que tu es juste les images ? ... Tu vas chercher les bruits, les sons sous l'eau aussi ?

  • Speaker #1

    Moi, j'adore la lumière. J'adore les ambiances sous l'eau, passer de l'ombre à la lumière derrière un rocher ou derrière des algues. Et donc, je n'écoute plus trop mon corps. Enfin, je ne l'écoute plus, ce n'est pas le bon mot, mais je ne suis plus focus sur lui. Par contre, je vais regarder les rythmes sous l'eau pour être un peu dans le mimétisme, descendre et longer les roches, pour me fondre un peu dans la masse. Ou suivre les rythmes des poissons.

  • Speaker #0

    Oui, c'est vrai que tu parles de ça sur ton site des rythmes. J'ai bien aimé ce mot rythme par rapport à l'eau, puisque on ne peut pas faire plus que le rythme naturel. C'est ça. Et c'est vrai que dès qu'on se met à l'eau, c'est tout de suite un autre rythme, déjà le cœur ralenti.

  • Speaker #1

    Dans mes clients, quand ils viennent avec moi dans l'eau, au bout d'une demi-journée ou une journée, Une personne va ressortir de l'eau et les autres stagiaires vont dire Mais c'était trop beau ! Il n'y avait peut-être pas de poisson, mais juste la personne était en harmonie avec ce qui se passait sous l'eau. Et c'est ça qui est beau pour moi dans l'apnée, c'est cette harmonie de l'humain dans un milieu qui n'est pas le nôtre et réussir à être focus sur ce qui se passe dans l'eau, plus sur nous, pas penser à cette technique de palmage, à la limite là on s'en fout, juste d'être fluide. Pour ça, il faut observer.

  • Speaker #0

    Donc, tu n'as plus rien en tête, en fait, quand tu es sous l'eau. Tu n'as plus rien. Ça y est, c'est coupé. Tu étais juste en harmonie avec le reste. Il n'y a plus de pensée.

  • Speaker #1

    Moi et l'environnement. Et j'observe. C'est un peu comme un jeu. Je trouve ça très ludique, surtout les explorations, d'être curieux, d'aller voir ce qui se passe. Et je remonte parce qu'à un moment donné, oui, j'ai l'envie de respirer, mais ce n'est pas un spasme qui vient me réveiller.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu dirais que le fait d'avoir vécu des émotions très intenses au très haut niveau font que maintenant tu t'accordes justement des émotions peut-être très intenses en douceur et en tranquillité, comme si ça faisait une polarité en fait ?

  • Speaker #1

    C'est possible, oui. Oui, c'est possible. Mais voilà, en respectant mon corps et ma tête.

  • Speaker #0

    Le respect, c'est ça. C'est toute cette... Même si on veut dépasser ses limites, il y a toujours cette nécessité de devoir se respecter. Ce n'est pas toujours évident, surtout quand on est compétiteur, de savoir à quel moment on n'en peut vraiment plus.

  • Speaker #1

    Alors, pour moi, les compétiteurs... C'est dur de mettre une limite et la limite, c'est la blessure.

  • Speaker #0

    Oui, c'est le corps qui la donne en fait. Oui,

  • Speaker #1

    c'est la tête, elle le veut, mais le corps à un moment donné finit par dire non, stop.

  • Speaker #0

    Toi, tu as vécu des blessures ? Oui, tu disais je me faisais mal.

  • Speaker #1

    Oui, je me suis déchiré les abdos plusieurs fois en nageant.

  • Speaker #0

    Incroyable, je n'ai jamais entendu ça. Je ne savais même pas que c'était possible. Ça ne risque pas de m'arriver.

  • Speaker #1

    en immersion on nage avec des bouteilles en scaph donc on nage avec une bouteille d'air comprimée comme en plongée bouteille et qu'on vient placer devant la tête et on nage en flèche et sur un entraînement enfin sur deux entraînements ça me l'a fait j'entends on entend le mus qui se déchire et je ne pouvais plus bouger donc j'attendais au fond de la piscine que quelqu'un vienne me chercher bon j'avais de l'air dans la bouche oui ça devait être pas très agréable quand même non

  • Speaker #0

    Ce n'est pas l'image qu'on veut véhiculer de l'eau, de la mer. Non. Mais ça fait partie de la réalité. Du sport de haut niveau. Oui. De toute façon, à un moment donné, tu vois, les athlètes, forcément, ils font des… Il y a une forme… Alors, le mot n'est peut-être pas juste. Sacrifice. Tu dirais que tu as fait des sacrifices ?

  • Speaker #1

    Alors, moi, oui. Je pense qu'aujourd'hui, le sport de haut niveau, ce n'est pas le sport de haut niveau qu'on a eu il y a 20 ans non plus. Il y a plus peut-être raisonné, encadré, il y a de la prépa mentale. Avant, il y en avait beaucoup au moins. Moi, oui, c'était des sacrifices, c'est sûr, de famille, d'amis. Entre une fois par an ou deux fois par an, dans l'année, on avait 16 ou 17 ans. mais j'aimais tellement ce que je faisais que je ne le voyais pas comme un sacrifice. Voilà,

  • Speaker #0

    c'est ça. Donc, ce n'est pas le bon mot. C'est une quête, en fait. Une quête de quelque chose. Avec le recul, tu dirais, qu'est-ce que tu cherchais à ce moment-là ?

  • Speaker #1

    Moi, je voulais me prouver que j'étais capable de...

  • Speaker #0

    C'est de la confiance, de l'estime de toi ?

  • Speaker #1

    Sûrement, oui. La reconnaissance.

  • Speaker #0

    La reconnaissance. Mais c'est ce qui est totalement légitime, surtout quand on est jeune en particulier. généralement, il y en a beaucoup qui cherchent ça. C'est sûr.

  • Speaker #1

    Mais j'ai compris aussi que ce n'est pas le titre et d'être sportive de niveau qui allait m'apporter tout ça.

  • Speaker #0

    Mais c'est un chemin pour y parvenir. C'est un chemin. Oui, puis tu ne serais pas qui tu es actuellement si tu n'avais pas vécu tout ça.

  • Speaker #1

    Mais ce n'est aucun regret. C'était aussi les meilleures années de ma vie.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça.

  • Speaker #1

    L'après a été difficile, mais quelle chance à 17 ans de pouvoir faire de ta passion ton quotidien. que tout est possible.

  • Speaker #0

    Tu dis les meilleures années de ta vie, mais ne fais-tu pas de ta passion ton quotidien maintenant, Marine ? Si,

  • Speaker #1

    c'est vrai que ma vie est plutôt cool.

  • Speaker #0

    Non,

  • Speaker #1

    mais je dirais que c'est des années déclics et je suis très contente de les avoir vécues.

  • Speaker #0

    Non, mais c'est important, c'est ce qui te nourrit aussi, ton quotidien d'ailleurs, peut-être avec moins d'intensité, d'émotion, mais c'est vrai que quand on... passent de l'autre côté, comme tu dis, de la barrière et qu'on transmet, on se retrouve à avoir les mêmes émotions parce qu'on les voit, on les vit à travers les personnes qu'on guide en fait. Et justement, tu dirais, ça peut être une raison d'être tout le temps dans l'eau aussi parce que maintenant, c'est vraiment ton quotidien pour le coup. Qu'est-ce qui fait que tu arrives à y retourner tous les jours ?

  • Speaker #1

    Ce qui me pousse à y aller, c'est que j'en ai besoin. J'ai eu un souci de santé il y a quelques années, c'est pour ça que je suis venue habiter aussi à Lanzarote. Et avant de... partir sur Lanzarote, je m'étais fait une liste qu'est-ce qu'il me faut dans mon quotidien pour être heureuse. J'avais compris que la tête avait une grosse incidence sur notre physique et donc être dans l'eau faisait partie de ma liste.

  • Speaker #0

    Et donc ça y est, ça tu l'as fait ?

  • Speaker #1

    Ouais.

  • Speaker #0

    Tu voudrais partager d'autres choses qu'il y avait sur cette liste ? Est-ce que tu as réussi à cocher tous les items de la liste ?

  • Speaker #1

    Ouais, les basiques. Alors, aller dans l'eau tous les jours, avoir la possibilité d'aller dans l'eau tous les jours de l'année, ça excluait un peu les eaux froides. Vivre en short et claquettes. Lanzarote s'y prêtait plutôt bien.

  • Speaker #0

    Oui, et puis tu continues, puisque là, actuellement, tu es à Beaulieu-sur-Mer et puis tu pars dans des belles contrées bientôt. Donc, qu'est-ce qui te pousse à y retourner ? C'est le besoin, en fait. Tu sens que tu en as besoin.

  • Speaker #1

    Il y a quelque chose qui… Il y a un côté un peu… égoïste qui dit que j'en ai besoin moi donc ça me nourrit moi et de transmettre aux gens là le contact avec les gens et la transmission c'est quelque chose qui me nourrit aussi énormément alors

  • Speaker #0

    est ce que c'est égoïste que d'écouter ses besoins franchement j'ai envie de donner mon avis si c'est au détriment des autres peut-être que c'est égoïste mais finalement quand on est bien soi-même parce qu'on s'écoute et qu'on écoute ses besoins est-ce qu'on n'est pas déjà un modèle pour les autres et de fait on est justement plus à même d'être à leur écoute et de leur apporter quelque chose si tu ne le faisais pas et que tu bossais dans un bureau par exemple pas dans l'eau toute la journée je l'ai fait ça parce qu'avant de rejoindre Lanzarote j'ai

  • Speaker #1

    travaillé chez Décathlon, c'est une super entreprise on va faire pour Décathlon, ils en ont pas besoin mais pour faire un peu comme tout le monde avoir un CDI, avoir la possibilité d'acheter une maison, j'ai travaillé chez eux et j'étais pas heureuse, je me suis cachée ça pendant 3 ans après j'ai eu une tumeur au ventre assez conséquente je pense que je me la suis aussi créée parce que je me suis pas écoutée aussi dans mes stages j'incite les gens à s'écouter à écouter leur intuition, leur petite voix et de y aller parce que la vie elle est trop courte.

  • Speaker #0

    L'apnée c'est exactement cette école là en fait. On peut pas ne pas s'écouter.

  • Speaker #1

    On n'a pas le choix, c'est un miroir. Pour moi l'eau, l'élément de l'eau, et plus particulièrement l'océan, c'est le miroir de notre intérieur.

  • Speaker #0

    Si on est triste, en colère, anxieux, on aura beau le cacher sur terre, dans l'eau, ce n'est pas possible.

  • Speaker #1

    D'autant plus que l'eau, c'est le symbole des émotions. C'est vraiment l'eau. C'est l'élément qui représente les émotions. On va bientôt terminer cette interview. Je voulais te demander s'il y a une technique de prépa mentale pour l'apnée. Toi, tu fais beaucoup de visualisation. J'entends. Il y a peut-être une autre astuce ? Alors, astuce ? C'est jamais de l'astuce qu'on se le dit. Souvent, c'est beaucoup de répétition et de préparation, mais une astuce à répéter.

  • Speaker #0

    J'en ai une qui me fait sourire, mais qui marche très bien pour moi. A voir si ça marche pour les autres. Je suis beaucoup dans la visualisation, tu l'as bien compris. Oui. Donc, c'est vrai qu'avant une apnée, même sur terre, j'essaye vraiment de m'imprégner d'un bon moment que j'ai passé. Ça peut être avec des amis ou quelque chose qui me donne le sourire. Et je vais le faire avec des respirations calmantes, les yeux fermés, dans un moment à moi où je vais y penser très fort jusqu'à ce que ce petit sourire vienne s'esquisser sur mon visage et que je le ressente pour me l'imprégner. Comme ça, je vais être dans l'eau avant de partir. Si j'ai un petit coup de stress, là, beaucoup pour le câble pour moi parce que c'est quelque chose qui me tend un peu plus. Je me replonge dans ce moment jusqu'à ce que j'ai le petit sourire qui arrive et là, tout mon corps se détend. Ça me fait beaucoup de bien pour descendre, ça m'aide beaucoup. Ça, c'est la première. Et la deuxième, en apnée au cap, quand je rentre dans une zone que je n'aime pas trop, avant d'y arriver, je vais me répéter quelque chose de très simple, plusieurs fois, mais quelque chose qui me fait plaisir. Alors moi, ça va être, par exemple, ce soir, je m'entraîne en mer ou en piscine ? Et je me répète en mer ou en piscine ? Je vais en mer ou je vais à la piscine ? Oui, mais la mer ou peut-être la piscine.

  • Speaker #1

    Ah, j'adore ! Oui, un truc qui peut un peu buguer, c'est tellement simple que... Oui, puis ça n'a pas beaucoup de sens, on est d'accord ? Je croyais que tu allais me dire un truc comme glace à la fraise. Ah,

  • Speaker #0

    mais ça peut être ça aussi. Là, j'ai une cliente, elle m'a fait banane chocolat. Je lui ai dit, trouve un truc simple que tu aimes bien. C'est banane ou chocolat ? Chocolat ou banane ? Hé,

  • Speaker #1

    j'aime bien, j'aime bien.

  • Speaker #0

    Et elle a débloqué le palier des 30 mètres très facilement, sans penser à sa compense, sans penser à sa charge.

  • Speaker #1

    Ah, super astuce. Et cette petite, ce petit, enfin, ce n'est même pas un mantra, pour le coup, cette petite phrase, tu la prépares avant de descendre ou tu la découvres quand tu es au moment de la zone, justement ?

  • Speaker #0

    Non, je la prépare avant, oui.

  • Speaker #1

    Comme ça, tu l'as avec toi, tu descends avec.

  • Speaker #0

    Oui, et j'essaye de la faire avant de sentir l'inconfort dans la descente. Oui. Comme ça, c'est fait. Je n'ai plus qu'à me le répéter. Cette phase d'inconfort, elle n'existe plus. Elle a disparu après.

  • Speaker #1

    Génial. J'adore. Je suis preneuse. Vous qui nous avez écoutés jusqu'au bout, voici votre récompense. Très bien. Avant qu'on conclue, est-ce que tu veux bien nous partager ton site Internet ? Où est-ce qu'on peut te retrouver ? Je crois que tu es assez active sur les réseaux sociaux. Dis-nous tout.

  • Speaker #0

    Vous pouvez me retrouver principalement sur Instagram. et sur mon site internet à savoir que sur Instagram je donne beaucoup de tips pour la nage avec palme la nage en monopalme et les explorations donc

  • Speaker #1

    il faut en profiter merci en tout cas d'avoir accepté de partager en profondeur ce que tu avais à l'intérieur de toi et à bientôt merci Sylvie je vous remercie infiniment d'avoir écouté cet épisode jusqu'au bout. Alors, s'il vous a plu, n'hésitez pas à lui donner une note 5 étoiles sur vos plateformes d'écoute et de le partager autour de vous pour le faire connaître. Et si vous souhaitez participer au podcast et vous faire interviewer ou si vous connaissez quelqu'un que vous aimeriez entendre, dites-le moi en m'écrivant à l'adresse contact at hypne.com h-y-p-n-e-e.com Merci à vous et à très bientôt pour le prochain épisode de En Profondeur.

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