- Speaker #0
Au travers d'interviews de plongeurs en apnée et en scaphandre, et d'épisodes solos consacrés à l'hypnose, à l'auto-hypnose et plus généralement à la préparation mentale, En Profondeur vous fait plonger au cœur de votre être. Vous allez ainsi découvrir ce qu'il se passe à l'intérieur de mes invités. Quelles pensées, quelles émotions, quels ressentis, lorsqu'ils plongent et lorsqu'ils explorent leurs propres limites. Je m'appelle Sylvie Poulikin et je suis fondatrice d'Hypnée, à la fois praticienne en hypnose, Préparatrice mentale et éducatrice sportive en plongée subaquatique, j'ai une foi indéfectible en la capacité de chaque être humain à accéder à ses plus belles ressources intérieures. Alors je vous emmène plonger avec moi, au cœur de l'humain, le temps d'une écoute. Aujourd'hui, je vous emmène à la découverte d'un apnéiste absolument unique, Nox Diving. Si vous ne le connaissez pas encore, je vous encourage vivement à jeter un oeil à ses vidéos sur YouTube et Instagram avant d'écouter cet épisode. Vous comprendrez alors pourquoi son univers est aussi fascinant que vertigineux. J'ai eu la chance de le rencontrer au Salon de la Plongée 2025, où nous avons pris le temps d'échanger sur sa pratique exceptionnelle. Ancien triathlète de haut niveau, Nox explore les profondeurs sans bouteille, en apnée pure, atteignant parfois plus de 80 mètres de profondeur. et repoussant les limites du possible, de jour comme de nuit. Il plonge sur des épaves, seul, dans des conditions extrêmes, ce qu'il réalise est tout simplement inédit. Depuis plus de dix ans, il partage ses images spectaculaires, non pas pour la compétition ou la gloire, mais par passion, et pour sensibiliser à la pollution et à la dégradation de la Méditerranée, un environnement qui lui tient particulièrement à cœur. Alors, préparez-vous à une immersion hors normes. Plongeons ensemble dans l'esprit de Nox Diving. Alors bonjour et bienvenue sur cet épisode un peu spécial de En Profondeur by Hypnée puisque je suis actuellement sur le salon de la plongée 2025 et j'ai la chance d'avoir devant moi un apnéiste exceptionnel. Donc bonjour Nox.
- Speaker #1
Bonjour à toi Sylvie, merci beaucoup de m'inviter. C'est un plaisir de te rencontrer sur ce salon 2025 qui apparemment se passe super bien. J'espère que tu vas pouvoir interviewer d'autres personnes que moi. Je suis ravi de partager ce moment avec toi.
- Speaker #0
C'est moi qui suis vraiment ravi, merci. Je sais que tu n'as pas encore eu la chance d'écouter mon podcast en profondeur. Je vais démarrer tout de suite avec ma première question qui est Nox, est-ce que tu veux bien nous dire quel serait ton pire souvenir en apnée ?
- Speaker #1
Effectivement, je suis désolé, je ne connais pas ton podcast. Tu attaques par une question assez forte parce que tu sais que je fais de l'apnée qui est relativement extrême. et assez décrié d'ailleurs à ce niveau-là parce que je prends pour certains des risques inconsidérés alors que tout est calculé si tu veux. Mais quand on ne voit pas le travail en arrière-plan, on a vite fait de se faire une idée un petit peu qui est fausse. Donc là, tu me poses une question à laquelle je vais répondre, il n'y a pas de problème. Alors quel a été mon pire cauchemar en apnée ? Mon pire cauchemar en apnée a été de faire une épave de nuit sur 50 mètres de profondeur. Et en fait, de nuit, on perd tous ses repères. C'est déjà compliqué de se retrouver en pleine mer, déjà tout seul à la surface. Alors quand il faut descendre en apnée à 50 mètres de profondeur, qui plus est, aller voir une épave, c'est assez compliqué. Et pour la petite histoire, comme je fais de l'image sous-marine, comme tu le sais, j'emporte avec moi une caméra. Et quand tu descends dans l'obscurité pour aller faire une épave à 50 mètres et que tu as une caméra, tu es obligé de prendre avec toi des phares assez puissants. pour pouvoir m'éclairer et voir un petit peu ce qui se passe. Et il s'avère donc que je fais mon apnée, j'arrive donc sur cette épave, et n'ayant pas eu assez de décharge d'adrénaline, j'ai décidé de rentrer à l'intérieur de cette épave. Or, ce qu'il faut savoir, c'est que quand tu rentres à l'intérieur d'une épave, pour sortir de cette épave, tu as toujours les rayons du soleil, si tu veux, qui passent au travers les différentes ouvertures de cette épave, et tu as toujours un point visuel en disant, bon ben, pour sortir, C'est là. La difficulté là, c'est qu'on est en pleine nuit, par moins 50 mètres de fond en apnée, donc c'est déjà assez difficile de descendre à cette profondeur en apnée. Tu rentres à l'intérieur de l'épave et là, quand tu décides du coup de sortir de l'épave, eh bien en fait, les orifices de sortie, tu ne les vois pas. Et si tu as la chance d'en trouver un, quand tu rentres dans cet orifice, tu ne sais pas si tu rentres encore dans une partie plus profonde de l'épave ou si tu en sors. Et pour... accentuer cette difficulté. Tu as des phares qui sont excessivement puissants dans ton dos. Donc, quand tu te retournes pour faire demi-tour, tu as cet éclairage qui te vient en plein milieu des yeux et ça te rend totalement aveugle. Et là, je peux te garantir qu'en étant introduit à l'intérieur de l'épave et en ayant slalomé à travers les différents topstops qu'il y avait, quand j'ai voulu faire demi-tour, je me suis rendu compte que j'étais complètement perdu, que comme c'était beaucoup de surface sombre, si tu veux, je ne reconnais plus du tout l'endroit où j'étais alors que je connaissais l'épave par cœur. Et là, j'ai eu un grand moment de solitude en me disant « putain, je suis à 50 mètres, je commence à avoir envie de respirer et la sortie, je ne sais pas du tout où elle est » . J'ai eu de la chance. Je suis arrivé dans un orifice que j'ai plus ou moins reconnu. Je me suis dit, allez, tant pis, je tente, machin. Et en fait, il s'est avéré que c'était la sortie. Mais je ne te cache pas que pour moi, ça a été assez traumatisant, ce moment-là. Et que pour après retourner dans une épave, dans la pénombre comme ça, voire de nuit. Ça a été très compliqué parce que du coup, je n'osais plus rentrer en me disant « il va m'arriver la même chose que la dernière fois » . Donc ça a été un petit peu un traumatisme assez difficile à surmonter. Aujourd'hui, ça va mieux, mais je suis énormément plus vigilant, si tu veux, suite à cette expérience.
- Speaker #0
Merci pour ta franchise déjà et pour ce partage, c'est passionnant en fait. Moi, j'étais dans les paves avec toi. C'était il y a combien de temps ?
- Speaker #1
Alors, c'était il y a deux ans. J'avais fait ça, j'étais accompagné par un groupe de plongeurs en recycleur, un recycleur c'est en circuit fermé, donc des plongeurs professionnels, et eux ils étaient dans une partie, ils m'ont dit allez viens faire une épave avec nous de nuit, donc j'y suis allé avec eux, donc il y avait quand même une sécurité qui était assez lointaine, mais le problème c'est que là où je me trouvais, le temps qu'ils me retrouvent et le temps qu'ils voient que je suis en galère, c'était trop tard quoi, donc oui ça a été un petit peu difficile, là maintenant depuis deux ans j'ai fait un gros travail sur moi si tu veux, d'appréhension parce que l'apnée, ça se passe 70% dans la tête. Donc forcément, quand tu vas dans un endroit comme ça et que tu es très contrarié par ce qui t'est arrivé au niveau expérience, c'est dur à franchir de nouveau cette barrière. Il faut avoir les bonnes clés pour le faire.
- Speaker #0
Je comprends de ce que tu nous dis que ça va mieux. Tu as pu y retourner. Mais est-ce que tu veux bien nous dire comment tu as fait pour retrouver cette sérénité ? En tout cas, cette capacité à y retourner sans flipper, soyons clairs.
- Speaker #1
Alors, la grande difficulté, c'est que d'une part, il y a ce côté obscur que tu dois de nouveau affronter, re-rentrer dans une épave, mais en plus de la difficulté de la nuit, donc de trouver la sortie, c'est que la nuit, heureusement, il y a beaucoup d'habitants de cette épave qui sortent, parce que ce sont des prédateurs de la nuit, notamment. Les murelles, les congres énormes, c'est généralement des poissons que tu vois qui sont cachés la journée, mais la nuit, ils sont en plein eau. Donc, en plus de devoir réaffronter, si tu veux, ce phénomène, il y a aussi la gestion de... Tiens, c'est bizarre, il y a un tronc d'arbre là. Et puis, en fait, quand on éclaire, ce n'est pas un tronc d'arbre, c'est un congre énorme qui est en plein eau, si tu veux. Donc, voilà. Alors, oui, j'ai dû prendre un travail sur moi. C'est-à-dire qu'au lieu de rentrer à fond comme je le faisais à l'époque, Cette fois-ci, j'ai avancé 50 cm, je me retournais, la sortie est là, j'avance un peu plus. Et ce que je fais maintenant, j'ai récupéré un flasheur. Un flasheur, c'est une espèce de phare qui clignote très fort. Ce qui veut dire que même si je suis assez loin dans l'épave, j'arrive à voir au loin ce clignotement que j'ai mis juste au niveau de la sortie. Et du coup, ça, ça me rassure énormément. Alors quand j'avance dans l'épave, je me retourne, je vois qu'il y a le flasheur qui est en visuel et quelque part... Je sais que je n'ai rien à craindre, sauf s'il y a un petit malin qui passe à ce moment-là et qui me déplace le flasheur. Mais en général, en apnée à ces profondeurs-là, déjà, il n'y a pas grand monde. Mais en plus, la nuit, je crois que je n'ai jamais vu personne faire ça. Donc, de ce côté-là, je suis un petit peu tranquille.
- Speaker #0
Juste pour revenir un tout petit peu sur ce que tu disais, tu dis j'y suis allée progressivement, vraiment en douceur. Est-ce que tu saurais dire, au moment où tu fais ça sous l'eau, est-ce que tu penses à quelque chose ? Est-ce que tu ressens quelque chose, genre de la peur, où tout est vraiment en pleine conscience ? Enfin, dis-nous un peu.
- Speaker #1
Alors, je vais te donner un petit peu un comparatif, comme avec le vertige, tu sais. Tu peux combattre le vertige, on te dit surtout ne regarde pas en bas, tu sais. Donc, tu sais que t'es haut, tu sais que t'es en équilibre, mais tu regardes quand même un petit peu en bas. Eh bien là, c'est exactement la même chose. J'avançais, je... J'étais pas serein, on me dit « Oh le... » Je me retournais, je voyais le flasheur. Tu vois, ça retombait en disant ça va, il n'est pas loin. Je continue à avancer en me disant oh putain, j'ai de nouveau le vertige. Et comme je dis, je regarde un petit peu derrière. Ah, ça va, il va, si tu veux. Et c'est comme ça, tout doucement, que j'ai réappris, si tu veux, à re-rentrer dans les épaves. Mais comme tu dis, ça a pris de mes erreurs. Parce que ce que je fais, c'est unique au monde. Il n'y a personne qui a, enfin à ma connaissance, il n'y a personne qui rentre dans les épaves à 50 mètres de nuit. Donc si tu veux. Ce sont des gestes de sécurité que tu mets en place, malheureusement, après une mauvaise expérience. Parce qu'à aucun moment, tu te dis dans ta tête, tiens, je vais y aller et je vais me perdre. Parce que comme c'est une épave que je fais très régulièrement et que je connais par cœur de jour, avant de se rendre compte que de nuit, c'est une atmosphère qui change complètement, il faut y aller. Et quand il faut y aller, tu n'as peut-être pas pensé à ce genre de détails. Donc, tu apprends de tes erreurs et comme malheureusement, il n'y a personne avant moi qui ait fait ça. je mets en place des systèmes de sécurité dédiés à l'activité que je fais. Et malheureusement, c'est compliqué parce que, comme je te dis, je suis obligé d'inventer. À chaque fois que je fais quelque chose, je suis obligé d'inventer ça.
- Speaker #0
Et alors, on peut les voir ces images quelque part ?
- Speaker #1
Bien sûr, tu peux voir toutes mes images. Notamment, j'ai fait d'ailleurs une conférence au salon de la plongée en parlant de cette anecdote. D'ailleurs, lorsque je regardais un petit peu les gens voir ce qui se passait en images, ils étaient tous accrochés à leur siège. presque avec la goutte de sueur sur le front, parce que ce sont des images qui sont immersives. Donc oui, tu peux retrouver absolument toutes ces images sur YouTube, Facebook, Instagram, bref, tous les réseaux sociaux qui existent. Et comme je fais ça tout à fait gratuitement, c'est accessible à tout le monde, même si vous n'êtes pas forcément en amie avec moi, vous avez accès à cette bande de données.
- Speaker #0
Merci Nox. Non, mais c'était surtout cette plongée-là, en fait. Oui, mais en fait, je mettrai tous les liens en bas de l'épisode, évidemment. On va rentrer un peu plus soft maintenant. Une fois qu'on a parlé de ce qui fait peur, je vais te demander quelle est ta plus belle expérience en apnée, Nox, s'il te plaît.
- Speaker #1
Alors, ma plus belle expérience en apnée, c'est d'arriver un jour, toujours les mêmes épaves, l'épave du Donator, parce qu'en fait, chez moi, c'est là où je m'entraîne. C'est une épave qui est sublime. Et un jour, je suis arrivé sur cette épave. J'étais au fond. Je sors donc du coup de cette épave parce que j'étais en immersion à l'intérieur. Et en sortant, j'ai eu la visite d'un dauphin qui était là, qui passait par hasard. Et ce dauphin m'a toujours dit, il ne faut pas nager avec eux et compagnie. Mais il s'avère que ce dauphin, pendant quatre heures où je suis resté à faire de l'apnée sur cette épave, il ne m'a pas lâché d'une seconde. J'ai pu nager, évoluer avec lui à l'intérieur de l'épave, à l'extérieur. Il me sautait par-dessus, il venait, il se frottait contre moi et tout. Et je me suis dit, mais... A tous les coups, si je mets ce genre d'image, je vais me faire engueuler parce qu'on me dit « oui, t'as nagé avec les dauphins et tout » . Et là, en fait, ce n'est pas moi qui ai nagé avec lui, c'est lui qui est venu me chercher pour nager avec moi. Et je crois que ça fait maintenant 15 ans que je fais ça. C'est mon plus beau souvenir parce que j'ai vraiment eu un dauphin, entre guillemets, à moi, comme si c'était mon animal domestique. Et on a eu une communion ensemble. On m'a toujours dit aux endroits, si jamais j'avais la chance de rencontrer un joueur endophin, où est-ce qu'il fallait que je m'agrippe à lui s'il voulait m'emmener. En fait, c'est sur le rostre, vraiment toucher le rostre et surtout pas l'aileron parce que ça lui déchire son tertilage. Et il est venu vers moi et c'est lui qui me prenait la main comme ça avec son museau. Du coup, je m'accrochais à son museau et il m'a emmené en balade et comme on m'a dit. et surtout il a détecté qu'il avait une possibilité de m'emmener un peu plus loin que la fois où il avait rencontré. Et je me suis retrouvé à des profondeurs de 50-60 mètres avec lui, à jouer comme ça dans la pleine eau et tout. C'était un moment magique, inoubliable. Je souhaite vraiment à tout le monde un jour d'avoir la chance de partager ce moment-là, parce que c'est vraiment un animal remarquable, d'une douceur, mais sa peau, elle est lisse, elle est hyper douce. Et d'avoir un dauphin pour soi tout seul, sans aucun public autour, et à vraiment avoir une communion avec lui comme ça, c'est juste magnifique. C'est lui qui venait me chercher, il attendait que je me ventile en surface. Quand il voyait que j'étais prêt, il venait me chercher, on partait ensemble. Franchement, ça a été la plus belle expérience de toute ma vie.
- Speaker #0
J'ai des frissons partout. Merci Noc, c'est génial. Évidemment, tu l'as filmé ou pas ?
- Speaker #1
Oui, j'ai eu la chance. Il m'a laissé le filmer, mais pas tout le temps. À un moment donné, quand j'ai la caméra avec moi, je ne suis pas aussi libre que quand j'ai une caméra dans la main. Donc, j'ai filmé une grosse séquence avec lui. Mais après, j'ai posé la caméra et j'ai dit, allez, je me fais en égoïste, un truc tout seul, rien qu'avec lui, lui et moi, et voilà. Donc oui, il y a des images avec lui que je te mettrai les liens où tu pourras retrouver tout ça.
- Speaker #0
Ensuite, j'aimerais bien qu'on parte ensemble dans ta tête. en apnée, que tu puisses nous dire un peu, voilà, comment tu, dans quelles conditions d'esprit tu te mets quand tu es à la surface pour te préparer ? Et puis après, on plongera ensemble dans ta tête, mais sous l'eau, mais déjà à la surface.
- Speaker #1
Alors, comme tu le sais, je fais de la vidéo et en fait, je suis énormément concentré sur tous les détails parce que j'emmène avec moi des petits propulseurs, si tu veux. Donc, il y a beaucoup de détails qui sont importants. Savoir si la caméra va bien, si l'éclairage est bien, si les propulseurs fonctionnent, si autour de moi, je ne suis pas en danger avec des bateaux qui passent et compagnie. Il est à la mer, s'il y a du courant, le froid, si tu veux. Donc, je suis dans un état d'analyse avant quoi que ce soit. Il y a énormément de paramètres qui rentrent en jeu parce que je ne fais rien au hasard. On sait que la moindre erreur est impardonnable et la sanction est immédiate, définitive. donc dans mon cas Il y a une énorme préparation de concentration de tous ces détails. Et c'est vrai que j'évite de plonger avec beaucoup de monde parce qu'il y a tellement de paramètres auxquels je dois être concentré avant la plongée pour éviter tout accident. Parce que les accidents, on ne les gère pas au moment où ils arrivent. L'accident, quand il est arrivé, c'est qu'on a merdé un truc quelque part. Donc généralement, je me fais toujours violence pour justement éviter de me mettre dans une zone à danger. Et la zone pour ne pas se mettre en danger. C'est tous les préparatifs qu'il y a avant. Donc avant d'aller dans l'eau, je suis vraiment dans un état de sentiment, le moindre détail ne m'échappe pas. Les palmes aussi, même si j'ai les propulseurs, les propulseurs c'est quelque chose qui a été fabriqué par l'homme, c'est pas infaillible, ça peut tomber en palme. Voir si l'état de mes palmes, comme je me balade beaucoup dans les palmes, si elles ne sont pas abîmées, si elles ne sont pas craquelées, parce que ce n'est pas au moment. ou je vais en avoir besoin de me rendre compte que mon matériel est défectueux. Tu vois, c'est tout ce genre de paramètres. La caméra, si elle a bien été emballée dans son caisson, parce que ça m'est arrivé plusieurs fois de partir un petit peu à la va-vite, parce que je voulais filmer vite, et le caisson était mal fermé, noyé les caméras, ou les phares mal chargés, il y en a un qui ne s'allumait plus. Tu vois, c'est tout ce genre de petits détails qui me demandent énormément de concentration. Donc du coup, je ne suis pas encore en phase apnée, je suis en phase... préparatif de voir s'il ne manque absolument rien et si tout est bien réglé, nickel.
- Speaker #0
Génial, mais peut-être d'ailleurs que ça t'aide finalement pour te préparer, parce que quand tu focalises et que tu mets toute ton attention sur chaque petit détail, c'est ta survie qui est en jeu. Donc, cette attention focalisée, nous, en hypnose, on appelle ça une induction. En fait, c'est une façon de rentrer dans une sorte d'hyper focus. Donc, quelque part, c'est peut-être déjà une préparation mentale, en fait. Pas forcément conscientisée, mais le fait. De répéter tout le temps le même geste, ça te met dans un état de conscience particulier qui te sort de comment tu es là, par exemple, au salon.
- Speaker #1
Effectivement, d'être en état d'éveil comme ça, très concentré et surtout vraiment à l'affût du moindre détail. Parce que là, j'étais parlé de l'équipement, mais quand je laisse le bateau, savoir si le bateau est bien amarré, si le temps n'est pas en train de se gâter. Donc, si tu veux, tu es hyper concentré, tu es hyper à l'affût de tout. et du coup Ça m'aide beaucoup parce que le moindre détail, même si ça ne concerne pas la plongée, va me mettre en alerte. Donc mon corps, avant même de plonger, il a, si tu veux, une recherche intérieure, si tu veux, est-ce que tout est nickel et tout est parfait ? Et du coup, ça me met dans un état de concentration, si tu veux, où une personne normale va devoir, enfin une personne normale, j'ai l'impression de me considérer, non, mais je veux dire pour une personne qui doit faire que de l'apnée, si tu veux. elle va être obligée de se mettre dans un état un petit peu d'hypnose d'elle-même pour analyser elle-même son centre au niveau de sa condition physique. Elle n'a pas tous ces détails à gérer. Donc du coup, comme elle n'a pas l'habitude de gérer tous ces détails, elle est obligée de se forcer pour accentuer cette concentration. Moi, cette concentration, elle vient naturellement. Et le fait, c'est comme tout, où tu as un entraînement régulier de toute cette concentration, avant ma préparation, du coup, je n'ai pas besoin parce que je suis déjà habitué à me mettre dans cet état de... de concentration, si tu veux. Alors qu'une personne qui arrive, par exemple, qui est emmenée en bateau et qui a juste à gérer sa plongée, elle a du mal à se concentrer sur elle-même. Elle a du mal, si tu veux, à se rendre. Et moi, j'ai un gros avantage à ça. Alors, c'est sûr, c'est hyper épuisant parce que d'être à l'affût pour tout comme ça, avant même de plonger, des fois, je suis fatigué avant même de rentrer dans l'eau parce que cette concentration qui est tellement importante, si tu veux, une fois dans l'eau, il me faut un petit peu de temps pour redescendre.
- Speaker #0
Donc, cette préparation te met dans une espèce d'attention hyper focale. Est-ce que tu fais quelque chose en plus ? Tu n'as pas besoin de visualiser quelque chose, de faire un ancrage particulier ?
- Speaker #1
En fait, je ne peux pas visualiser autre chose. Il ne faut pas que je trouve un élément extérieur qui me sorte de cette concentration. En revanche, ça m'apporte énormément parce que quand je sais que tout ce check-up... il est prêt et que je me mets dans l'eau, j'ai un relâchement qui fait que ça y est, c'est fini. Je vais pouvoir, je sais que tout est nickel. Donc, rassuré, tu vois, c'est comme s'il y a quelqu'un qui me prenait par la main en disant c'est bon mon gars, lâche-toi maintenant, tout est nickel, tu vas pouvoir aller. Donc, cette pression qui s'en va au niveau de l'équipement, ça me détend d'autant plus. Et du coup, ça me prépare involontairement, si tu veux, en me disant je suis tellement relâché, tellement cette pression qui s'en va que maintenant, Maintenant, c'est la récompense. Tu vois, la récompense, je vais aller me faire plaisir. Je suis détendu, je peux y aller.
- Speaker #0
Et donc là, tu prends une inspiration qui va t'emmener loin et longtemps, mais profonde inspiration. Tu passes la tête sous l'eau. Est-ce que tu veux bien nous donner un peu ton parcours, mais à la fois de tes sensations physiques et ce qui se passe dans ta tête éventuellement ?
- Speaker #1
Alors... Tu sais, moi je suis un petit peu atypique dans ma façon de plonger. Moi je plonge comme une brute. Pour moi avant tout l'apnée c'est le cardio, la performance physique au niveau de ton corps. Moi c'est une préparation mentale de malade mais au niveau corporel. Je me fais ultra violence au niveau des entraînements. Donc si tu veux, je n'ai pas de préparation type. Je sais que quand j'ai ce relâchement qui s'en va en me disant C'est bon, je vais pouvoir y aller. Je fais tellement de sport au niveau, si tu veux, que mon corps de lui-même, si tu veux, il se relâche. Mes battements cardiaques, je regarde parce que j'ai le cardio fréquence mètre sur la montre, tu sais, qui me dit si je peux y aller ou pas. Je descends tout de suite à 40 pulsations par minute. Tu vois, je suis dans une zénitude, mais totale. Et ça, tu arrives à l'avoir justement quand au niveau cardio, tu bosses énormément ton cardio, ton corps pour récupérer de ces performances que tu fais en cardio. s'optimise un maximum pour pouvoir récupérer rapidement et te détendre rapidement. Chose que ne peuvent pas avoir accès les personnes, si tu veux, qui ne se font pas violence cardio. Quand je parle violence cardio, c'est vraiment des entraînements intensifs journaliers, parce que le cardio, tu le perds très vite. Donc, tout le monde n'a pas la chance et la possibilité de pouvoir recevoir ce genre d'entraînement. Donc, il doit avoir avant la plongée, si tu veux, un autre système afin de pouvoir se détendre, ce relâchement. Quand tu es un sportif de très haut niveau, parce que là, on parle de très haut niveau, tous ces réflexes viennent automatiquement grâce au sport. Si tu n'as pas accès à ça, tu dois pouvoir avoir accès à ce genre de relâchement et parfois te faire aider par des gens tels que toi qui apportent les clés. Parce que ce n'est qu'une histoire d'avoir des clés. Comment connaître parfaitement son corps ? Comment pouvoir lui dire, tiens, à tel moment, relâche tes battements cardiaques, détends-toi. et respire lentement, travaille avec ton ventre, tout ça, ce sont des choses auxquelles tu as accès quand tu fais du sport de haut niveau. Parce que respirer avec son ventre, ce n'est pas inné. Mais quand tu mets ton corps en souffrance, en détresse, si tu veux respiratoire, volontaire, dû au sport, de lui-même, il va commencer à aller chercher et optimiser ses performances. Donc, tu vas apprendre à travailler au niveau de ton ventre et ça va venir tout seul. Mais si tu n'as pas la possibilité d'accéder à ce niveau de performance, tu es obligé d'avoir un recours à des gens tels que toi qui donnent les clés et permettent de pouvoir avoir accès à cette maîtrise du corps.
- Speaker #0
Merci. En fait, c'est hyper intéressant. C'est un surentraînement, on pourrait dire. On est vraiment là-dedans. Ce surentraînement fait que la connexion corps-esprit, elle est totale, elle est ouverte. On pourrait dire que tu dois être BTV en compensation. Je comprends de ce que tu dis. Il y a un lien qui s'écrit avec ce surentraînement, cette façon de s'entraîner tous les jours, tous les jours, tous les jours. C'est des heures de cardio que tu fais tous les jours. Le lien entre l'esprit et le corps est instantané. Comme on pourrait dire, pour quelqu'un qui compense sans avoir besoin de faire une manœuvre quelconque, avec l'air qui vient compenser les oreilles naturellement, qu'on appelle BTV, le lien est permanent et tout le temps. Donc, tu n'as même pas besoin d'y réfléchir. En fait, c'est automatique. Tu as ce relâchement qui se met en place parce que ton corps... connaît tout par cœur.
- Speaker #1
Effectivement. Tu sais, c'est comme si tu n'avais jamais marché de ta vie. Tu ne sais pas te servir tes membres inférieurs et que du jour au lendemain, tu découvres que tu peux marcher. Au début, tes gestes, tu te dis, je ne savais même pas que je pouvais faire ça avec mes jambes. Tu vois, au début. Et puis, plus tu vas t'entraîner, plus tu vas te... J'arrive à me baisser aussi. Tiens, j'arrive à ramasser des trucs. Et puis, j'arrive même à courir. J'arrive à sauter. Si tu veux, Mais au départ, tu ne savais même pas que tu pouvais marcher sur tes jambes. Donc c'est devenu quelque chose tellement de naturel chez moi que j'accède à des fonctions de mon corps. qui, si on ne t'apprend pas à t'en servir, tu ne sais même pas que tu peux faire ça. Tu me parlais de BTV. Moi, je suis en full BTV, de zéro jusqu'à moins 125 mètres. Et il y a beaucoup de gens qui me disent, quand ils voient au travers de mes plongées, mais tu ne te pinces pas le nez pour équilibrer tes oreilles et tout. Je dis, je connais tellement parfaitement mon corps que volontairement, j'arrive à communiquer entre ma trompe de stache et mes oreilles et mes poumons sans aucun problème. Et pour l'expliquer, moi, je sais le faire, mais je suis incapable. de l'expliquer. C'est pour ça que des gens tels que toi qui poussent justement à ce genre de choses, tu peux te permettre de donner des clés aux gens au niveau pédagogique, comment le faire, alors que moi au niveau pédagogie pour expliquer la BTV, je dis plus ou moins, mais ça reste un petit peu abstrait, même si je suis instructeur d'apnée, si tu veux. Je dis quelles sont les méthodes que tu peux faire pour y arriver, mais je pense que j'aurais des mots moins forts et moins explicites que les tiens.
- Speaker #0
Merci de dire ça, mais c'est vrai que c'est devenu conscient tellement tu l'as travaillé. Tu conscientises des choses, mais tu ne sais pas exactement comment tu fais, mais tu sais le faire. C'est ça, c'est complètement naturel. OK, génial. Quand tu arrives, tout se met en place finalement assez simplement, c'est automatique. Ton corps sait, tu sais ce qui se passe. Tu arrives sur ton épave, tu as tes caméras, tu as tes phares. Comment tu le vis, cette plongée, ce moment-là où tu sais que tu filmes, tu sais que tu... Tu progresses dans les épaves, etc. Tu veux bien partager ça ?
- Speaker #1
Comme tu le dis, le mot partage, ça prend tout son sens ici. Parce que je sais que quand j'ai ma caméra avec moi, je sais que c'est pour emmener des images et faire rêver les gens. Parce qu'aux endroits où je vais, malheureusement, tout le monde ne peut pas y aller. Et que c'est vrai qu'au travers de mes images, je peux les emmener voyager, prendre connaissance de ce qui peut se passer sous l'eau et d'émerveiller les gens et apporter un petit peu de... douceur entre guillemets dans ce monde de brut, c'est vrai que quand je descends, je pense aux images qui vont sortir de cette caméra, si tu veux que j'emmène avec moi, et je me dis, ce moment est tellement intense, il faut vraiment que je me mette dans une position pour partager ce moment intense. Et du coup, comme je suis focalisé sur cette prise de vue, sur ce moment auquel j'ai envie de faire partager aux gens, j'en oublie mon apnée, si tu veux. Et souvent, je suis obligé de mettre des alarmes sur ma montre. Parce que je vis tellement des moments d'émerveillement, de trucs où c'est engagé, et là je me dis, c'est trop bon, c'est en train de filmer, les gens vont halluciner avec cette prise de vue. Je vais les faire rêver à mort que des fois ça sonne en disant, mon gars il faudrait que tu remontes parce que ça fait 4 minutes que t'es en bas, t'es à 50 mètres, même si tu ressens pas le besoin de respirer. Comme je me mets une marge d'erreur si tu veux qui est énorme, je garde 30% toujours de mes capacités, je fais partie des rares personnes à faire des apnées de 5 minutes. et arriver, crever la surface, et avoir une discussion instantanée avec les personnes qui sont autour. Et souvent, on m'a dit, mais attends, ça fait cinq minutes qu'il était parti, tu nous tiens un dialogue comme si tu étais parti 20 secondes. Comment tu fais ? Je dis, je ne vais pas au-delà de mes possibilités physiques, parce que moi, je ne suis pas, encore une fois, dans la performance. Je ne suis pas là pour prouver quoi que ce soit. Moi, je suis là avant tout pour me faire plaisir, emmener les gens avec moi, et en aucune manière, je suis là pour pousser mes apnées au maximum et voir jusqu'où je peux aller. Ce n'est pas mon domaine. Je laisse ça dans le domaine de la compétition pour les gens qui font ça très bien et bien mieux que moi. Et puis surtout, je me dis que moi, comme je pars du point A, si tu veux, et que je remonte 100 ou 150 mètres plus loin, s'il m'arrive un truc en bas, je n'ai personne qui va venir me chercher. Je ne suis pas accroché à un câble. Donc, je ne peux pas me permettre, dans n'importe quel domaine, de me mettre en danger à ce niveau-là parce que moi, je sais que je travaille sans filet. Je n'ai pas le droit à l'erreur, si tu veux. Donc, ce fait de se sentir, si tu veux, sans filet, au lieu de pousser tes apnées à 80 ou 90 %, moi, je les pousse qu'à 70 %. Comme ça, je sais que si jamais j'ai n'importe quel problème à gérer, je gère ce problème sans me mettre en danger.
- Speaker #0
Oui, il y a une grosse marge de sécurité. C'est super intéressant parce que sur la même question, tu parles de vraiment une espèce de plaisir de partager un truc tellement intense que tu n'es plus là quelque part. Il y a comme si une facette de toi qui n'était pas là, tu étais en état d'hyper-conscience. Mais ce qui permet ça, c'est toujours cette prise de risque aussi en même temps, qui te permet d'avoir une telle intensité de plaisir, je pense, sous l'eau. Est-ce que tu vois un lien entre les deux ?
- Speaker #1
Absolument. Tu sais, c'est comme si tu disais à un pilote de Formule 1 qui a l'habitude de rouler sur un circuit à 400 km heure, qu'est-ce qui se passe quand tu conduis à 120 km heure sur l'auto ?
- Speaker #0
Le mec, il dit, putain, moi, je me sens en paix, je me sens hyper zen. À aucun moment, je suis en danger parce que j'ai l'habitude de rouler à 400 km heure. Pour moi, j'ai l'impression d'être en balade. C'est exactement ce qui se passe au niveau de mes plongées. Je suis tellement préparé pour des profondeurs qui sont bien au-delà, avec des temps qui sont bien au-delà, que finalement, pour moi, les apnées que je fais, c'est comme si quelqu'un descendait à 5-10 mètres, si tu veux, évoluer dans un milieu qu'il ne voit jamais et qu'il est là totalement émerveillé. Et qu'il n'y ait pas son corps qui le rappelle en disant, au coco Tu es super profond, on remonte. Tu vois, moi, je ne suis pas soumis à ça. Et c'est pour ça que je suis obligé de me mettre des alarmes, si tu veux, pour me dire, attention, tu vas rentrer dans un timing où ça veut... Si jamais il y a un problème, tu risques de te mettre en danger. Et du coup, je déclenche la remontée en me disant, merde, je serais bien resté un peu plus, tu vois. Et d'où la phrase, on est bien mieux au fond, porte tout à fait son sens parce que moi, à aucun moment, quand je suis en bas, je suis en souffrance. Moi, je suis tellement détendu et tellement au-delà de ce que je peux faire que c'est une une promenade et que je savoure chaque moment, chaque instant et qu'à chaque fois que je vois m'arracher du fond, je me dis merde, je serais bien resté un peu plus. Mais après, la raison vient de oui, ok, tu serais bien resté un peu plus mais là, si ça fait 15 ans que tu fais ça, ça fait 15 ans que les gens me traitent de malade parce que pour eux, de ce que je fais, la première truc, c'est mais t'es complètement malade. Ben oui, mais si ça fait 15 ans que je suis là et que je gère ça de cette façon, ça veut dire que je suis peut-être... être pas si inconscient que ça et que pour moi, je reste dans des normes acceptables. Après, le risque zéro, malheureusement, n'existe pas. Tu peux sortir de chez toi et te faire râper par un bus, comme tu peux très bien en apnée, et quitte à arriver à une boulette. Donc, il faut bien garder à l'esprit que le risque zéro n'existe pas, mais de faire le maximum pour éviter de te mettre en danger. Surtout, comme je te dis, ça fait 15 ans aujourd'hui que je fais ça, et je pense que j'ai prouvé au monde entier que finalement, ce que je faisais, Merci. n'était pas si déraisonnable. Et il y a beaucoup de gens qui aujourd'hui, on dit peut-être que finalement, Nox, il n'est peut-être pas aussi taré que ça et que plutôt que de le décrier, de dire que ce qu'il fait, c'est n'importe quoi, c'est hyper dangereux, peut-être qu'on va aller un petit peu à la rencontre de ce personnage pour qu'il nous explique un petit peu sa façon de voir les choses et on va peut-être en apprendre. Et finalement, les gens, tu sais, je crois que j'avais une vision de toi qui était totalement faussée et le fait de te rencontrer, de pouvoir échanger avec toi, Aujourd'hui, j'ai une autre image. Tu vois, tu aurais dû commencer par ça, parce qu'il y a beaucoup de gens aujourd'hui qui ont une vision de moi, sans même être venu me parler et échanger un petit peu avec moi. Et c'est un petit peu dommage, parce qu'ils apprennent au fil du temps que si on avait été voir Nox un peu plus, peut-être qu'on n'aurait pas eu cet accident, parce que lui, il avait déjà une longueur d'avance par rapport à eux.
- Speaker #1
Il n'y a que toi qui fais ça pour l'instant. Peut-être que plus tard, d'autres pourront le faire, mais sous réserve de s'entraîner. 7 heures par jour. Et d'ailleurs, quand on s'est rencontrés il y a deux ans, la première chose que tu m'as dit, moi, Nox, je suis un chasseur d'images. J'avais beaucoup aimé ton expression. Est-ce que tu veux commenter ?
- Speaker #0
Bien sûr, tu sais, chasseur d'images, parce qu'aujourd'hui, on a des images d'apnées qui sont comme je le fais moi. C'est-à-dire qu'on me voit moi en gros plan, mais on voit surtout ce qui se passe de la scène derrière. Il n'y en a pas, ça n'existe pas. Et moi, chasseur d'images, c'est ça, c'est immortaliser chaque moment, chaque poisson que je vois. Alors, il y en a beaucoup qui, on parle de chasse sous-marine, qui sont là pour aller capturer le poisson. Mais une fois que le poisson, tu l'as capturé, il n'est plus là. Alors que moi, je sais que sur certains sites de plongée, à chaque fois que je retourne, je revois les mêmes. Et plus ça m'a, plus ils me reconnaissent et plus on a une complicité, si tu veux, qui fait qu'il est extraordinaire. Donc chasseur d'images, c'est « putain, j'ai pas eu cette image avec lui, je vais aller la... » prendre, je ne vais pas lui voler parce qu'il est en complicité avec moi, mais chasseur d'images, chasseur encore de l'instant magique pour pouvoir faire rêver les gens. Et j'en reviens un petit peu à ce que tu disais il y a deux secondes, tu me dis que je suis le seul à faire ça et que peut-être qu'il y aurait d'autres personnes un jour qui s'y mettraient, mais je dis mais grand bien leur face parce qu'aujourd'hui, tu sais ce qui fait avancer les gens, c'est d'être entre guillemets en compétition et si un jour j'ai la possibilité de voir quelque chose, quelqu'un qui fait la même chose que moi, je dis il a trouvé ça comme procès. Ce n'est pas con. Je vais me servir de lui pour faire évoluer. Parce que là, finalement, je rentre dans un système où je suis dans ma zone de confort, entre guillemets. Et comme il n'y a personne qui fait comme moi, chaque fois que c'est quelque chose de nouveau, je ne me remets jamais en question. Je ne me dis pas, tiens, je pourrais faire autre chose parce que je n'y pense pas forcément. Je n'ai pas la science infuse, si tu veux. Et si un jour, il y a quelqu'un qui décide de faire un petit peu comme moi, qui a le même amour de l'image et de la performance comme moi, je dis, mais putain, ce serait génial. Sauf que malheureusement, Ce n'est pas le cas aujourd'hui. Et c'est vrai que quand tu fais un petit peu le tour de tout ce que je fais, c'est-à-dire qu'il faut avoir les performances physiques, il faut avoir le côté artistique, parce que quand tu fais une vidéo, c'est un côté artistique. Il faut trouver la bonne musique, il faut trouver les bons plans, les bons angles, la bonne situation, le bon endroit pour le faire. Nous, on a la chance, enfin j'ai la chance d'être dans le sud de la France avec des épaves qui sont reconnues mondialement au niveau de leur richesse, de leur faune, de leur flore. Et ça, ce n'est pas donné à tout le monde. En plus, on est en mer Méditerranée, il n'y a pas de marée. Il y a beaucoup moins de courant qu'en Atlantique. La visibilité, il y a toujours 30 mètres de visibilité. Donc, c'est sûr qu'à ce niveau-là, au niveau de la vidéo, ça aide énormément. Maintenant, un mec qui, par exemple, n'a pas le chance, habite en Atlantique, du côté de Biarritz ou un truc comme ça, s'il veut aller faire de la vidéo, ça va être vite compliqué. Parce que visibilité 3 mètres, même si tu fais un site qui est extraordinaire, quand il va regarder les images, il va dire, il y avait quoi ? J'ai vu des ombres, mais je n'ai pas vu grand-chose. toutes ces accumulations de choses qui font ce que je suis aujourd'hui. Donc, je pense que si un jour, il y a quelqu'un qui fait quelque chose, ce sera forcément dans des conditions à peu près similaires. Mais c'est vrai que ça demande pas mal d'organisation et pas mal de chances de pouvoir faire ce qu'on fait. Oui,
- Speaker #1
c'est vrai. Il y a toute cette dimension-là. Tu fais bien de le rappeler aussi, d'être capable de capter la bonne prise. C'est vrai qu'il y a des couleurs incroyables. Tu arrives à restituer des couleurs couleurs dingues alors qu'évidemment il fait assez sombre et même de nuit donc très chouette merci beaucoup tout à l'heure on parlait de quand tu es au fond on parlait ben voilà cette envie de partager où tu es en fait et à la fois là évidemment tu es en apnée en train de capter des images et en même temps tu es avec les gens vous faites tu es en train de penser à eux si éventuellement tu pourrais Avec tes propres mots, comment tu te sens ? Dans quel état de conscience tu te sens quand tu fais ça ? À ce moment-là, en plus, tu n'as aucun spasme, tu n'as même pas envie de respirer, tu es trop bien.
- Speaker #0
Tu sais, il y a une grande particularité en ce qui me concerne, c'est que je n'oublie pas d'où je viens. Si aujourd'hui j'ai une... telle notoriété si je suis monté aussi haut sans jamais avoir fait une seule compétition de ma vie, parce que moi, la compétition, je n'associe pas ça avec l'apnée, parce que c'est aller au-delà de ses limites, et ça finit bien souvent en drame, comme dans le film Le Grand Bleu. Donc je n'oublie pas d'où je viens. Et si tu veux, là où on m'a permis d'arriver aujourd'hui, c'est grâce aux gens qui m'ont soutenu, qui m'ont donné envie. Et si tu veux, c'est devenu un petit peu comme une drogue. Et à chaque fois que je vais dans l'eau, je pense à tous ces gens à qui je remplis de bonheur quand je viens au salon tu peux le voir je suis constamment interloqué tous les gens me disent ouais c'est super ce que tu fais tu continues et compagnie et en fait je pense que mon moteur aujourd'hui c'est ça c'est que j'en reviens presque à plus faire de l'apnée pour moi mais pour tout ce que ça apporte derrière alors ça paraît un petit peu de l'ego en disant attends le mec il fait ça pour les autres mais c'est tellement agréable de dire de voir des gens en disant tu sais je fais pas de plongée j'ai grand mal mais tes vidéos elles me... transporte c'est moi c'est magnifique je mets ça à ma fille ça la calme c'est elle me demande souvent des vidéos de diving parce qu'elle voit des trucs fantastiques et tout est en fait c'est tout ce que je peux apporter ce bonheur aux gens parce qu'on vit vraiment dans un monde de débiles je me dis si je peux apporter un peu de sagesse si tu veux un peu de voilà et puis de faire prendre conscience aux gens que la méditerranée c'est aussi un endroit merveilleux qui est sensible qui est fragile et qui souffre aujourd'hui. pour former les futurs protecteurs de demain. Je pense à tout ça et ça me donne une force incroyable. J'ai envie de continuer. Vous m'apportez tellement de bonheur dans tout ça que j'ai envie de vous faire plaisir. J'ai envie de vous faire plaisir, c'est d'aller faire d'autres trucs encore plus dingues. Vous emmener avec moi et vous donner des paillettes plein les yeux.
- Speaker #1
C'est marrant parce que tout à l'heure, tu disais que tu étais un peu le seul à faire ça. Mais en même temps, tu n'es vraiment pas tout seul. Il y a beaucoup de monde avec toi, c'est génial. Merci beaucoup. Et alors, une dernière question que je pose justement à mes invités sur En Profondeur by Hypnée, c'est est-ce que tu aurais un conseil en préparation mentale, quelque chose de cet ordre-là que tu pourrais donner aux apnéistes ?
- Speaker #0
Alors déjà, si j'ai un conseil à donner, c'est si vous faites quelque chose au début, ne vous occupez pas des autres. Concentrez-vous sur vous. Parce que quand on débute quelque chose, on prend un modèle, alors que ce soit moi ou quelqu'un d'autre. Et forcément, au début, on n'est peut-être pas à la hauteur de ce qu'on s'imaginait qu'on allait pouvoir faire. Mais si en plus, vous avez d'autres personnes qui vous diront, c'est bien, n'écoutez pas les autres, prenez votre temps. Tout arrive si on a un petit peu de volonté, si on a de la détermination. Ne brûlez pas les étapes. Prenez votre temps, ça va venir. Ne vous découragez pas parce que beaucoup de gens disent « Ah, ça fait un an que je fais ça, ça ne marche pas, je n'évolue pas. » Le corps humain est très long à mettre ça en place. Ne croyez pas que parce que vous avez fait un an d'apnée, vous allez pouvoir descendre à 40 mètres et être aussi à l'aise. Je veux dire, ça prend du temps. Ne vous découragez pas et surtout, ne vous laissez pas influencer par les autres. Si vous, vous aimez faire de l'apnée pour aller voir les poissons, Ne vous laissez pas influencer par le monde de la compétition qui vont vous récupérer en disant « Tiens, toi, tu as un peu de performance, je vais te faire faire du câble et compagnie. » Vous allez vous perdre. Et inversement, si vous êtes compétiteur dans l'arme et que vous voulez faire ça pour la compétition, ne vous laissez pas disturber par quelqu'un d'autre qui va dire « Attends, moi, j'ai de la science infuse, viens, on va faire comme moi. » La meilleure façon d'évoluer, c'est la façon où vous vous sentez le mieux. Ce n'est pas parce qu'un moniteur ou quelqu'un a une façon de plonger que vous devez… copiez sur lui. Faites-vous votre propre expérience. Servez-vous de ce qu'on vous donne comme conseil, comme clé, mais ne les appliquez pas bêtement parce que la technique pour une personne n'est pas universelle. La meilleure technique, c'est celle auquel vous vous sentez le mieux. Si vous avez décidé de descendre, je vais dire une connerie, la tête à l'envers, c'est-à-dire au lieu d'avoir la tête direction le fond, mais la tête en l'air parce que pour vous, vous vous sentez mieux, les oreilles ça passe, machin. faites ça il n'y a pas de stéréotypes de façon de plonger propre faites-vous votre propre expérience et si vous avez un style qui au début est décrié on vous dit ah mais non tu n'y arriveras jamais avec ça machin ne les écoutez pas si vous vous sentez bien avec ça faites-vous votre expérience et peut-être qu'un jour vous serez peut-être le futur Nux Diving génial c'est un super conseil Je pense vraiment,
- Speaker #1
mais c'est top. Je te remercie infiniment pour tout ce que tu as partagé avec nous. Je pense que justement, par rapport à ce que tu disais, ça va aider à mieux te connaître et avoir peut-être une autre vision de ton travail. Est-ce que tu veux rajouter quelque chose sans question ?
- Speaker #0
Alors, je n'ai pas vraiment de choses à rajouter. Juste que n'hésitez pas à accorder du temps à vos passions parce que je vais sortir une phrase que tout le monde doit connaître, mais je n'ai jamais vu de coffre-fort courir derrière un corbillard. Donc, pour moi, la richesse d'une personne n'est pas... qu'elle possède sur son compte en banque, mais c'est le temps qu'elle arrive à accorder à ses passions, parce que la vie passe très vite, en un claquement de doigts, et on s'aperçoit souvent quand il nous arrive un problème physique qu'on est assez âgé, en disant « Oh, putain, j'ai pas vu, j'avais tellement de projets, j'avais tellement de choses à faire que je me suis fait happer par la société, le boulot, j'ai envie de la dernière bagnole, machin, j'ai bossé comme un taré, et compagnie. » Et au final, qu'est-ce que j'emporte avec moi ? Ben, rien. Alors que si... t'as accordé énormément de temps à tes passions, que t'as été faire le tour du monde, que t'avais toujours eu envie de faire de la plongée mais que t'as pas pu, t'as remis tout ça au lendemain et qu'on m'a dit, finalement tu te dis merde, j'ai raté ça. Alors que si tu l'avais fait, tu te dis ok, j'ai passé un temps sur ma vie mais j'ai fait tout ce que je voulais, j'ai des images plein les yeux et c'est avec ça que je veux partir et non pas un compte en banque bien rempli où tous les vautours vont venir se servir quand tu vas disparaître.
- Speaker #1
Merci Nox, j'ai rien à ajouter, c'est vraiment parfait. En tout cas, très inspirant et très inspiré. Donc, à très bientôt, j'espère. Tu continues à nous donner des images.
- Speaker #0
Écoute, avec grand plaisir. Et comme je te l'ai dit, je sais d'où je viens. Donc, j'essaye de faire mon maximum quand on vient à ma rencontre. Eh bien, d'offrir ce que les gens sont venus chercher. Donc, n'hésitez pas, s'ils vont me croiser, même si je suis occupé, j'arriverai toujours à dégager un petit peu de temps pour vous parce que je n'oublie pas d'où je viens et si je suis là. C'est en grandement partie grâce à vous avant tout. Donc, n'hésitez pas à venir me rencontrer. Ce sera avec un grand plaisir.
- Speaker #1
Génial, merci. Beaucoup de disponibilité en plus. À très bientôt Nox. C'était un plaisir. Au revoir. Merci d'avoir plongé avec moi dans cet épisode de En profondeur by Hypnée. Si cette exploration vous a inspiré, n'hésitez pas à vous abonner. à laisser un commentaire ou à partager le podcast autour de vous. Et pour prolonger l'aventure, retrouvez-moi sur mes réseaux sociaux en recherchant Hypnée. Je remercie Philippe Istria qui, avec sa triple casquette d'apnéiste, de journaliste et de spécialiste du son, assure désormais le montage de chaque épisode. Et maintenant, prenez une grande inspiration, explorez vos propres profondeurs et à très bientôt pour une nouvelle immersion.