- Speaker #0
Au travers d'interviews de plongeurs en apnée et en scaphandre, En Profondeur vous fait plonger au cœur de votre être. Vous allez ainsi découvrir ce qu'il se passe à l'intérieur de mes invités, quelles pensées, quelles émotions, quels ressentis, lorsqu'ils plongent et lorsqu'ils explorent leurs propres limites. Je m'appelle Sylvie Poulikin et je suis fondatrice d'Hypnée, à la fois praticienne en hypnose, préparatrice mentale et éducatrice sportive en plongée subaquatique. J'ai une foi. indéfectibles dans la capacité de chaque être humain à accéder à ses plus belles ressources intérieures. Alors, je vous emmène plonger avec moi au cœur de l'humain, le temps d'une écoute. Pour cette cinquième interview de En profondeur by Yifne, j'ai rencontré Sébastien Lobby. Sébastien est policier au sein de l'Académie de police et l'apnée s'est révélée pour lui très réparatrice suite à un drame personnel et familial puisque son épouse a subi une chute à cheval la laissant paralysé à plus de 80% avec deux enfants en bas âge. Alors je vous invite à plonger avec Sébastien dans son univers et sa propre vision de l'apnée qui lui a permis dans un premier temps de s'échapper de ce quotidien terrible pour se reconstruire progressivement en apprenant à accueillir son stress et réguler ses émotions. Je vous souhaite une très belle écoute.
- Speaker #1
Ça te tombe vraiment comme une douche froide et tu dois... Tu dois faire face à un tas de choses, réorganiser ta vie, permettre aux enfants de poursuivre, toujours rester dans l'espoir de récupérer la femme que tu as connue, gérer aussi la lourdeur administrative auxquelles tu dois faire face.
- Speaker #0
Est-ce qu'on peut retrouver la personne qu'on a connue après tel épisode ?
- Speaker #1
Non, justement après un traumatisme crânien sévère. Plus d'un mois de coma et plus d'un an et demi de rééducation, je ne l'ai pas retrouvé. Et durant toute cette période où tu te bats, il y avait... Alors très jeune, j'avais pratiqué l'apnée. Le monde sous-marin m'avait toujours attiré, certainement dû par le commandant Cousteau, ces super films que je voyais enfant. Et puis un jour, j'avais vu... le record de Jacques Mayol qui descendait à 100 mètres de profondeur, la première fois qu'un homme descendait à cette profondeur en apnée. Et mon corps, dans les moments intimes où j'étais seul, où tu te retrouves finalement, où tu te rassembles avec toi-même, je sentais que mon corps, il me disait, retourne vers l'apnée. Il y avait cet en... comme un... Une demande viscérale, c'était une résonance, une vibrance, où le corps te dit, retourne vers quelque chose qui te détend, vers l'apnée. Et j'avais aussi besoin de retourner dans l'eau, finalement, dans le monde aquatique.
- Speaker #0
Actuellement, tu as 53 ans, tu es policier, mais à l'académie de... police et progressivement, tu as complètement reconfiguré ta vie. Tu t'es formée au top, c'est-à-dire aux techniques d'optimisation du potentiel, à une approche neurocognitive et comportementale et actuellement, tu poursuis ton parcours en approfondissant les techniques de respiration. On y reviendra probablement à la fin de l'épisode, mais pour l'heure, on va plonger surtout à l'intérieur pour laisser un peu de côté l'extérieur et tu as déjà évoqué ce premier contact avec... Cette envie viscérale de revenir à la mer, à l'apnée. On peut peut-être commencer par aborder justement cette envie d'océan, cette envie de mer. Qu'est-ce que tu pourrais nous dire par rapport à ça ?
- Speaker #1
Je te veux, la représentation du monde aérien, pour moi, elle a été synonyme de douleur et de souffrance. Et du coup, le corps et l'esprit avaient besoin d'un échappatoire. Et cet échappatoire, je l'ai trouvé dans le monde sous-marin, le monde subaquatique. Et je me souviendrai de ma première séance d'apnée que j'ai faite en piscine. Donc, il n'y a rien d'extraordinaire. Chacun dirait, ouais, tu vas regarder des carreaux au fond de la piscine. Mais c'est quand je m'équipe, déjà, et que je me passe l'eau sur le visage et que j'enfile mon masque, que je place mon masque sur le visage. Et je me laisse glisser dans l'eau. Et là, c'est comme si... Toutes les préoccupations, tous les tracas restaient à la surface dans ce monde aérien, un peu comme une tâche d'huile qui va rester à la surface de l'eau. Quand je suis complètement immergé sous la surface, je découvre le bleu de la piscine, ce monde aquatique. Un apaisement, ça c'était une chose qui m'a frappé, c'est l'apaisement que ça m'a procuré, tant sur le plan physique que sur le plan émotionnel et psychologique. C'est comme si tu disais à ton cerveau, stop, vas-y là, tu te relâches. Et comme tu te relâches au niveau psychologique, le corps se relâche, pour mon cas je parle. le corps se relâche également physiquement.
- Speaker #0
Et c'était il y a combien de temps alors cette première séance d'apnée, suite au drame justement, suite à l'accident ?
- Speaker #1
Septembre 2013. L'accident, c'était février 2013. Donc il y a eu tout un temps finalement d'écoute de soi et de reprise d'apnée comme ça à sec finalement, et qui déjà me procurait du bien-être. Et là, en septembre 2013, quand j'ai cherché un club autour de chez moi et qu'on m'a dit « là c'est bon, il y a de la place » parce que maintenant les clubs d'apnée sont de plus en plus saturés en demandes de stagiaires, là ça a été un premier pas de franchi. Et du coup, c'est une libération. Quelque part, ça a été une libération.
- Speaker #0
Est-ce qu'on pourrait prononcer le mot de guérison ?
- Speaker #1
Alors, c'était en voix. Ça a été l'ouverture vers la guérison, je pense. Pour moi, l'apnée, ça a été dans un premier temps une thérapie. Après, quand tu comprends un peu les mécanismes de la ventilation, de la respiration, tout ça, c'est... Oui, je comprends mieux pourquoi. Et le fait de basculer d'un univers à un autre, d'un univers aérien à un univers marin, parce qu'ensuite... Quand tu évolues en apnée, en pleine mer ou en lac, il y a une part qui est de toi qui s'unit à la nature. Et ce que j'aime beaucoup, c'est ne pas lutter contre l'élément eau, c'est vraiment faire corps avec, que tu sentes que tu baignes dedans, tu es un peu à l'origine, tu es un peu un corps étranger, si je peux m'exprimer ainsi. Mais en laissant faire, en lâchant prise, comme on dit, tu as une dimension presque spirituelle dans tout ça. Tu ne fais plus qu'un. Tu vis en harmonie avec la nature, finalement, et avec ce qu'elle t'offre.
- Speaker #0
Et alors, justement, allons plonger un peu plus dans l'apnée. Ça fait plus de dix ans maintenant que tu pratiques l'apnée régulièrement. Quel est ton... pire souvenir en apnée ? Vers quoi ça t'a amené, justement ? Au départ, tu l'as pris comme une thérapie, mais j'imagine que tu as dû vivre des moments pas forcément faciles, parce que ça fait partie du parcours.
- Speaker #1
Oui. Alors, le pire souvenir, tu vois, ça s'est passé l'an dernier, finalement. C'est te mettre uniquement dans une recherche de résultats en oubliant le plaisir. Ça, ça a été une des plus belles leçons qu'a pu m'apprendre l'apnée, justement. Au cours des entraînements, tu vas toujours plus loin. Et l'an dernier, j'avais réussi à faire, à parcourir une distance, les 100 mètres, en dynamique. Et je voulais aller, je sentais que je pouvais aller plus loin. Donc du coup, quand la saison suivante s'enchaîne, je construis mon entraînement autour de ça. Et j'en oublie le plaisir. Et quand on oublie le plaisir, il n'y a plus de motivation. Du coup, tu brûles ta motivation. Et c'est comment je reviens au plaisir. Et ça a été... En fait, dans le pire, finalement, tu as toujours du bon. Donc, c'est un retour aux sources. Et paf, allez, tiens, je te mets une petite claque et tu reviens à l'essentiel, reprends du plaisir. Peu importe la performance que tu vas faire. L'idéal et l'essentiel vraiment, c'est de conserver ce plaisir dans tout ce que tu fais. Même si ce que tu fais, ce n'est pas toujours très fun.
- Speaker #0
Est-ce que tu as le souvenir justement d'une apnée en particulier qui t'a fait prendre conscience que justement tu avais perdu cette dimension du plaisir ?
- Speaker #1
Alors des fois en fin d'entraînement, je réalisais une distance pour tester un petit peu si l'entraînement que je fais, il est bien. Et ça a bien mis en relation pensée, émotion, comportement, ce fameux triangle de Beck en fait. Et là, ça a été flagrant. Donc, je commençais à me préparer. Mes pensées, elles n'étaient pas là. Tu vas encore en balai pour faire ton 75 mètres, tes retournements. Tu sais que si tu les loupes, ça va te bouffer de l'énergie, mais aussi bien physique que mentale. Du coup, l'émotion, elle n'était pas super top. Le comportement, je ne t'explique même pas la ventilation. Elle était ce qu'on peut qualifier de pourri. Je m'en rends compte et je me dis, mais qu'est-ce que tu es en train de faire, Sébastien ? Là, tu pars en vrille, tu fais n'importe quoi. Surtout que ces distances, tu les maîtrises, tu les connais. Donc, qu'est-ce que tu es en train de faire ? Donc, hop, on rembobine. Et pour pouvoir se réguler, je commence à mieux me ventiler. Du coup, tout s'apaise. C'est un peu l'océan qui se déchaîne et d'un seul coup, qui vient se calmer. Les émotions sont là, donc c'est, je pense, plaisir. Et donc les pensées, c'est je me visualise, du coup je me projette dans la réalisation de ma distance, avec mes retournements que j'effectue bien. Donc c'est un peu une préparation mentale à la réussite, quelque part, très flash. Et puis quand je suis prêt, je pars et je fais ma distance, je réalise ma distance, mais alors en étant bien. Et je sors. Et je sors et je suis bien et je suis content.
- Speaker #0
Est-ce que le chiffre devient important à ce moment-là ?
- Speaker #1
Non, parce que ton résultat, finalement, il est carrément secondaire. Tu reviens à une motivation primaire. Donc, ma motivation primaire, c'est la prise de plaisir et sentir cette fluidité dans l'eau. Tu vois, c'est l'eau qui va glisser entre tes doigts, par exemple. Sentir l'eau sur ton visage, essayer de percevoir la position de ton corps dans l'eau pour être le plus hydrodynamique possible. C'est prendre du plaisir dans cet effort finalement, qui n'en devient plus un puisque tu deviens beaucoup plus fluide.
- Speaker #0
La dimension plaisir, elle est fondamentale. surtout en apnée, j'imagine dans toutes les disciplines. Et dès qu'on l'oublie, tu passes dans une autre dimension performative qui fonctionne moins bien.
- Speaker #1
Tu passes dans une forme de contrainte qui est liée à cette obligation à toujours vouloir obtenir ça. Mais finalement, non. Ce qu'il faut obtenir, c'est le plaisir. ta distance ou autre, elle est complètement secondaire. Et même du coup, si tu ne la réalises pas, elle ne vient pas t'obséder ou te blesser, si je peux dire. Pour certaines personnes, ça peut être blessant.
- Speaker #0
Si tu es compétiteur, oui, je peux le comprendre. Oui, oui, après, on peut se fixer des objectifs, justement, et être tellement obsédé par l'objectif qu'on en oublie. Tout à fait, oui. Ce pourquoi on est là.
- Speaker #1
Tout à fait, oui.
- Speaker #0
Et ton meilleur souvenir, est-ce que c'est en piscine ou est-ce que c'est en milieu naturel ?
- Speaker #1
C'est en milieu naturel. Il y en a plusieurs. Quand j'ai accompagné l'équipe pédagogique nationale plongée de la police, de la police nationale justement, où on a travaillé sur le stress. le sommeil, la vigilance, tout ce qui touche aussi aux stratégies de coping, comment faire face au stress, qu'est-ce qu'on met en place. Donc ça, ça a été un accompagnement avec eux. Et ça s'est passé à Porquerolles, parce que là, ils pouvaient engager des plongées très profondes. Et moi, à côté de ça, je pouvais faire de l'apnée aussi. Et c'est quand tu as tous les poissons qui viennent avec toi. Tu as comme une communion avec la nature qui est là. La nature, elle t'offre... des choses et si tu les encres en toi, c'est un peu comme si tu t'alimentais ton frigo. Donc le jour où tu ne vas pas bien, quand tu as faim, tu viens ouvrir la porte de ton frigo et tu manges un aliment qui te fait plaisir. Et bien là, quand tu ne vas pas bien, tu vas ouvrir la porte de ton frigo intérieur et tu vas chercher, piocher un souvenir qui te fait du bien.
- Speaker #0
Tu n'es pas le premier à faire l'analogie de la peinture et de l'apnée. Je vous envoie vers l'épisode numéro 2 avec Gaïane de Brabantère, où elle fait un peu un comparatif, justement. Mais ce n'est pas exactement la même chose, donc ça apporte une autre nuance. Merci. Sébastien, mais c'est ça, de quoi tu te nourris finalement ? De quoi tu vas nourrir ton intériorité ?
- Speaker #1
De sensations. de ce que je peux voir, de ce que je peux ressentir.
- Speaker #0
Il y a eu une rencontre particulière, une rencontre aquatique avec un animal en particulier ou un banc de quelque chose ?
- Speaker #1
Un truc flagrant qui s'est passé là à Porquerolles. Moi, je n'étais pas trop dauphin. Parce que les dauphins, tout le monde, les dauphins, depuis le Grand Bleu, tu sais, animal exceptionnel. Je suis plutôt orque ou requin. Et j'ai vu un banc de dauphins à Porquerolles. Et en fait, ça m'a émerveillé. Je vais presque dire médusé. Tu as de la magie. Tu as de la magie et tu as cette grâce. Tu as cette fluidité. J'étais stupéfait de voir comment ils évoluaient dans ce milieu avec une telle aisance, avec une telle fluidité. Tu n'as pas une vague. Ils sortent de l'eau, ils replongent et tu n'as pas une onde.
- Speaker #0
Et tu étais sur le bateau à ce moment-là ou tu étais dans l'eau ?
- Speaker #1
Sur le bateau, mais ils n'étaient pas très loin. En fait, j'avais pu les filmer. Ça, c'est un instant magique. Ça, c'est un cadeau de la nature, mais c'est somptueux.
- Speaker #0
C'est magnifique, les dauphins. C'est vrai. Une vraie quête pour ceux qui me connaissent. Je passe mon temps à vouloir voir des dauphins. Et plus je veux en voir, moins j'en vois. Pas de souci. Ça marche bien comme ça. Maintenant, j'ai envie de te demander, en plus tu travailles vraiment aussi ta préparation mentale, tu t'intéresses beaucoup à ça aussi dans ton cadre professionnel. Quand tu sais que tu vas faire une plongée engagée, que ce soit en piscine ou en mer ou en lac, qu'est-ce que tu mets en place ? Et puis quand tu es sous l'eau, qu'est-ce que tu ressens ? Qu'est-ce que tu vis ?
- Speaker #1
Quand je sais que je vais faire quelque chose d'engagé, je prépare à l'avance finalement chaque étape. de la façon dont ça doit se dérouler. Et je m'accorde toujours une souplesse. Tu vois, dire, si ça ne fonctionne pas, ok, ça ne fonctionnera pas. Pour ne pas que ça vienne vraiment m'impacter psychologiquement. C'est intégrer quelque part, intégrer le risque d'échec. Ça ne veut pas dire que je pense déjà à l'échec. Non, c'est vraiment intégrer ce risque d'échec. Et quand je fais ça, j'ai remarqué que ça retire une strata de stress quelque part. Parce que je m'accorde le droit à ne pas y arriver. Et finalement, ce n'est pas si dramatique que ça. Je pourrais toujours refaire ou recommencer, analyser pourquoi et puis recommencer. Avant de préparer, de faire ma prépa mentale, ça je me l'accorde et je le mets de côté. C'est comme si je le mettais dans une pièce dans mon cerveau finalement. Tiens, toi, tu restes là. Mais si tu peux éviter de sortir, c'est bien aussi.
- Speaker #0
J'adore.
- Speaker #1
Et du coup, après, tu réfléchis. Moi, c'est ce que je fais. Je me visualise. Je me mets déjà en état de relax. Ça commence par les respirations. Après, je fais ma relaxation. Parfois, un body scan, mais très court. Et ensuite, je me vois évoluer sur ma performance, entre guillemets, sur ce que je veux faire, sur l'objectif que je me suis fixé.
- Speaker #0
Et là, tu t'immerges quand tu te sens prêt ?
- Speaker #1
Alors, ça, c'est ce que je vais m'imaginer bien avant ma séance de piscine.
- Speaker #0
Donc là, tu n'es pas dans l'eau ?
- Speaker #1
Je ne suis pas du tout dans l'eau. Je peux être chez moi un jour avant, deux jours avant, une semaine avant. Et je me reprogramme en quelque sorte cet objectif. Je le vis comme si je venais de le réussir, mais de le vivre de façon émotionnelle, avec tout ce que ça peut produire en toi, le plaisir que ça peut produire en toi, les émotions positives, le discours positif aussi que tu peux avoir ensuite. Et quand je suis... Quand j'arrive à ma séance d'apnée et que je veux faire, que je veux remplir cet objectif, donc j'ai mes échauffements, ma séance. Et après, quand je me prépare pour ça, oui, je me replonge dans cette projection mentale de la réussite. Et à un moment donné, tu sens le corps qui te dit « Allez, c'est bon, t'as activé, tu pars » .
- Speaker #0
Tu arrêtes de penser à ce moment-là ?
- Speaker #1
Oui, là, j'arrête de penser. Je suis quasiment que sur de la sensation. Vient ensuite ta partie inconfortable de l'apnée, parce que la partie plaisir, elle est aimée, on va dire. Et du coup, là, je mets en place une image un peu plus dynamisante pour dire, OK, tu acceptes cet inconfort. Là je suis sur l'inconfort donc pour moi cet inconfort il est symbolisé par la nage d'un requin blanc. Le truc il est hyper puissant et par contre tu le vois évoluer et tu as l'impression qu'il ne fait aucun mouvement le machin. Il évolue sans effort. C'est le truc de la magie des animaux ça. Et après quand vient la phase de lutte, là je pense quand tu as les contractions du diaphragme et tout ça tu commences à avoir les jambes qui se chargent. Le mental qui aurait tendance un petit peu à s'emballer, c'est surtout lui qu'il va falloir apaiser. Je me dis, là, c'est un dialogue interne. Calme-toi, détends-toi, relâche-toi, scanne ton corps. Où as-tu les contractions ? Ah tiens, les épaules, relâche. Voilà, c'est vraiment accueil. C'est même pas dans accepte, c'est plutôt dans accueil, ce diaphragme. C'est juste, il te dit que... Tu as le CO2 qui monte, mais tu as encore de la marge. Par contre, reste conscient et lucide pour ne pas aller trop loin. Et ça, c'est difficile.
- Speaker #0
J'aime bien la nuance entre accepter et accueillir. Ce n'est pas exactement la même chose. Tu as raison parce qu'accepter, c'est un peu décalé puisque c'est accepter l'inacceptable, c'est-à-dire accepter... quelque chose qui est un réflexe automatique de vouloir respirer, de vouloir être vivant. Finalement, c'est juste évident. Donc, il vaut mieux accueillir. Effectivement, c'est intéressant comme nuance. Ça, c'est en mer ou c'est en piscine, finalement, ce que tu décris ?
- Speaker #1
En piscine. En mer, je suis juste en plaisir. J'ai pas fait de... J'aimerais faire un stage de profondeur. pour aller plus loin, ressentir les choses. Le corps aussi, comment il réagit au-delà de 30 mètres, ressentir ça. Déjà, quand tu descends à cette profondeur, ce que j'aime, moi, c'est vraiment, tu te laisses tomber, en fait, comme une feuille, comme une plume. À partir des 12 mètres, par là, tu n'as plus de palmage, tu n'as plus rien. tu te laisses aller et puis c'est toute cette sensation, toutes les sensations qui sont liées, tu as une espèce de légèreté mais cette gravité qui va t'attirer au fond, tu sens le corps un petit peu qui commence déjà à avoir quelques petits changements, enfin moi c'est quelque chose qui m'interpelle beaucoup.
- Speaker #0
Oui je crois que ça interpelle beaucoup les profondistes. Et alors, si on revenait à ta vie, justement, le parallèle entre l'apnée et ta vie, puisque tu disais que l'apnée, ça avait été ta thérapie. Est-ce que c'est toujours ta thérapie ? Est-ce que tu es capable de voir un peu les points de correspondance entre ton parcours d'apnéiste et finalement ta réparation par rapport à ce qui t'est arrivé ?
- Speaker #1
Tu as tout ce qui va te toucher, je pense, à la gestion du stress. En profondeur, parfois tu vas avoir les pensées qui vont s'emballer. Là, il faut que tu reviennes sur du calme pour te permettre de poursuivre. et de remonter. Et dans la vie, à côté justement, c'est parfois tu vas avoir l'impression que tout s'accélère, que tu n'arrives plus à maîtriser les choses, à ne plus savoir comment tu vas t'organiser. Et le fait de te dire, ok, là je me calme, je marque un temps de pause, je prends le temps de respirer, de me réoxygéner le cerveau, du coup. ça te permet ensuite de pouvoir te replanifier aussi des choses que tu dois faire également. Et ça, dans la vie aérienne, je veux dire dans ta vie de tous les jours, en termes de gestion de stress, je trouvais que c'était intéressant.
- Speaker #0
J'imagine qu'au départ, tu étais débutant en apnée, où tu t'es dit tu me remets, et comment tu as évolué dans ton parcours d'apnéiste ? Et de voir, je ne sais pas, ta femme aller mieux, tes enfants aller mieux, etc. De voir s'il y a un parallèle finalement entre l'approfondissement que tu as pu avoir en poursuivant l'apnée et de voir comment ta vie se reconstruisait, se modifiait à côté.
- Speaker #1
Ça commence déjà par toi, du coup. Si moi j'arrive à être solide, grâce à ce que m'a apporté l'apnée dans le fait de ma reconstruction. Je serai solide aussi dans ma vie quotidienne pour mes enfants et pour soutenir mon épouse dans cette difficulté. Parce que pour elle, elle a tout perdu. C'est ce qu'elle ressent.
- Speaker #0
Mais est-ce qu'il y a un parallèle ? Je creuse.
- Speaker #1
Oui, vas-y.
- Speaker #0
Où tu dis, par exemple, tel jour, j'ai passé, je ne sais pas, un niveau d'apnée où j'ai réussi... telle performance et comme par hasard en même moment dans ma vie il s'est passé quelque chose ou quelque chose s'est débloqué en fait je pense que oui c'est à dire que tu peux transposer certaines choses ou certaines réussites d'un côté ou de l'autre je
- Speaker #1
pense qu'en fait c'est pas c'est pas sens unique tu as un double sens ce que tu vas vivre dans ta vie quotidienne il y aura forcément une incidence, je pense, sur ton apnée. Et de même que si ton apnée arrive à bien t'apaiser, te relâcher, ça aura une incidence aussi sur ta vie quotidienne. C'est-à-dire que tu vas aborder le problème en étant beaucoup plus serein. Si l'apnée, en fait, a une espèce de porosité. C'est comme ça que je l'ai perçu. C'est, tiens, il n'y a pas plus tard qu'hier, du coup. Là, avec la formation que je suis en train de faire, c'est comme partout, même en entraînement sportif, tu as ce côté, tu montes, tu évolues, puis d'un seul coup, tu chutes un peu. Et là, je n'en pouvais plus. Je disais, je ne vais pas y arriver. Ressources. Hier soir, je me fais ma séance d'apnée. Plaisir. Et donc, du coup, ça rebooste complètement. Et je dis, je profite de... de ce booster en quelque sorte. Et donc, j'ai refait mes exercices. Et là, ça a été beaucoup mieux. Beaucoup mieux. Et l'inverse est vrai aussi.
- Speaker #0
Là, tu dirais maintenant que tu te sens réparé ?
- Speaker #1
Je dirais qu'en fait, j'ai des cicatrices. Et quand je regarde mes cicatrices, elles me rappellent à quel point j'ai été fort. La cicatrice, elle est là pour te dire, ce n'est pas un stigmate qui va te dire, voilà, tu as perdu ou quoi que ce soit. Non, la cicatrice, elle est là, elle me dit, là, tu as été fort et ça, c'est une victoire.
- Speaker #0
C'est à travers la brèche que passe la lumière, n'est-ce pas ?
- Speaker #1
Oui, c'est moi aussi. C'est une autre image, mais oui, tout à fait.
- Speaker #0
Merci beaucoup, Sébastien. On arrive vers la fin de... De cet épisode, tu as déjà partagé pas mal de techniques de prépa mentale finalement. Est-ce qu'il y a une autre que tu utilises et que tu n'aurais pas encore évoquée, que tu pourrais partager avec les auditeurs ?
- Speaker #1
Pour moi, le point essentiel, c'est vraiment...
- Speaker #0
acquérir le bon geste au niveau de la ventilation, ressentir ce que la respiration, en variant les temps, en mettant des temps d'apnée, des trucs de dingue, quelques secondes, ce que ça fait sur moi, au niveau physiologique, au niveau émotionnel et au niveau des pensées, ça c'est un des premiers points, je pense. Et c'est aussi de développer Tout ce qui touche le visuel, l'auditif, le kinesthésique, l'olfactif et le gustatif, et aussi l'interoception pour mieux se connaître. C'est être très sensible à tous ces sens du monde que l'on perçoit, mais à travers d'autres sens. Et c'est aussi faire, selon les situations, sa météo interne également, comment je suis face à cette situation. Tout ça, c'est lié. Je pense que si tu arrives à maîtriser ton WACOG, ta météo interne et mettre en place des techniques de respiration, le reste, ça sera du bonus. Mais pour moi, c'est la base.
- Speaker #1
Pour les auditeurs, le WACOG, c'est une notion qui vient de la PNL, la programmation neurolinguistique, et qui fait balayer les cinq sens principaux que sont visuels pour le V. Le A, c'est auditif. Le K, kinesthésique, donc le toucher. Le O, olfactif. Et le G, gustatif. Et c'est vrai que c'est intéressant de rajouter ce que tu appelles l'interoception. C'est ce qu'il y a à l'intérieur. C'est ce qu'on peut ressentir.
- Speaker #0
Voilà, tout à fait. Être sensible à ça aussi. Au niveau de l'émotion, par exemple, j'ai une émotion. Mais l'émotion va traduire un besoin. Et quel est ce besoin ? Et comment je peux nourrir ce besoin, finalement ? La personne qui se met en colère... et qui va insulter au volant de sa voiture la personne qui lui a fait une queue de poisson. Oui, ça, c'est l'expression de la colère. Mais le besoin qui est caché derrière ça, c'est juste, excusez-moi, je voudrais que mes valeurs soient respectées, s'il vous plaît.
- Speaker #1
Oui, le grand débat. Comment arrêter de réagir aux événements et plutôt d'être dans le agir plutôt que dans la réaction automatique. Merci beaucoup, Sébastien. Alors... Qu'est-ce qui fait que tu vas y retourner toujours, à l'entraînement, avec le smile, si c'est le cas d'ailleurs ?
- Speaker #0
Le plaisir, tout simplement. La recherche du plaisir, vivre cette déconnexion de notre quotidien où on est hyper accaparé par un tas de choses, par les mails, par les smartphones, par les tracas de la vie. de tous les jours. Et ouais, c'est ça en fait. C'est le plaisir, la déconnexion, le plaisir-déconnexion en fait.
- Speaker #1
J'ai entendu parler justement du jeûne mental l'autre jour. Au lieu de faire un jeûne, de se priver de nourriture pendant cinq jours, c'est de faire un jeûne mental. C'est de se priver de pensées négatives pendant cinq jours. Et je pense que c'est un gros challenge. Je vais lancer un challenge en profondeur sur le jeûne mental. Chaque jour, chaque heure, s'assurer qu'on n'a aucune pensée parasite.
- Speaker #0
Il y a un autre jeune, c'est le jeune du smartphone aussi.
- Speaker #1
Le jeune digital, ça c'est encore une autre aventure.
- Speaker #0
Oui, celui-là marque plutôt pas mal.
- Speaker #1
Très bien. Merci beaucoup Sébastien pour ce partage et merci de m'avoir contacté pour témoigner. J'espère que... Je suis sûre que les auditeurs auront apprécié aussi, parce qu'on peut se projeter finalement dans tout ce que tu as vécu, même si on n'a pas vécu des drames comme celui que tu as vécu. J'espère que chacun peut se projeter aussi, et que ça « serve » à quelque chose.
- Speaker #0
Pas besoin d'être un super champion pour prendre du plaisir en apnée. En toute modestie, on peut se faire plaisir.
- Speaker #1
Très bien. Merci beaucoup Sébastien, je te dis à très bientôt alors.
- Speaker #0
Merci Sylvie, à très bientôt, avec plaisir.
- Speaker #1
Vous venez d'écouter l'épisode 5 de En profondeur Bayipnay avec Sébastien Lobby, avec au montage Philippe Istria.
- Speaker #2
Je vous remercie infiniment d'avoir écouté cet épisode jusqu'au bout. Alors, s'il vous a plu, n'hésitez pas à lui donner une note 5 étoiles sur vos plateformes d'écoute. et de le partager autour de vous pour le faire connaître. Et si vous souhaitez participer au podcast et vous faire interviewer, ou si vous connaissez quelqu'un que vous aimeriez entendre, dites-le moi en m'écrivant à l'adresse contact.hypné.com Merci à vous et à très bientôt pour le prochain épisode de En Profondeur.