Speaker #0Bienvenue dans Enquête d'Endurance, le journal d'un sportif amateur en quête de profondeur, d'effort et de longue distance. Ici, je vous partage ma progression, mes doutes, mes réussites et tout ce que l'endurance m'apprend sur le corps, le mental et la discipline. Chaque semaine, je documente mon chemin, pas à pas, pour devenir un athlète plus complet et un humain plus solide. Bienvenue dans cette quête. Aujourd'hui, j'avais envie d'aborder un sujet qui me touche vraiment. Un sujet dont on parle beaucoup, mais qu'on vit souvent seul, le stress au travail. La charge mentale des journées intenses, des projets à délivrer, et comment, à un moment, l'endurance est devenue ma manière de respirer. Pas de fuir, pas d'éviter, juste de remettre de l'ordre dans ma tête. J'ai toujours été quelqu'un d'investi dans mon travail, vraiment investi, mais investi au point de m'oublier. En gros, j'ai trop souvent mis mes missions au-dessus de mon bien-être physique, et disons-le, de mon bien-être mental. Quand je travaillais en grande distribution, c'était simple, les journées ne s'arrêtaient jamais, beaucoup de pression, beaucoup d'heures et zéro prise de recul. C'est arrivé tellement souvent sur des semaines de rush de ne pas couper de la semaine, avec seulement une demi-journée ou deux maximum de pauses dans la semaine. Mais à cette époque, j'étais neuf sur le marché du travail et je voulais faire mes preuves, et je pensais que la quantité était la manière d'y arriver. Et je pense d'ailleurs que c'est un mal un peu majeur dans le monde du travail. on est trop souvent jugé sur le volume de temps passé acharbonné plus que sur les succès. Si on fait le parallèle avec le sport, c'est comme si on viendrait valoriser plus la tête qui fait 50 compétitions par an sans aucun résultat majeur versus celui qui va en faire 10 avec des podiums et des victoires. Dit comme ça, c'est impensable, du moins de mon point de vue. Mais à cette époque, j'avais aucune structure de vie, si ce n'est la routine du travail, et autant dire que le sport n'existait pas du tout dans l'équation. Au fil des années, il a commencé à apparaître via la course à pied, mais c'était toujours à l'arrache, productivité oblige, il fallait se dégager une heure le midi pour courir, puis se doucher et enfin manger. Enfin on va le dire plutôt gober tellement le temps manquait après ça. Et puis je me reconvertis dans le digital, nouvelle ville, nouveau métier, puis nouveau stress. Les premières années j'étais à fond, j'apprenais, je voulais être meilleur, je voulais réussir. C'était du travail le matin, du travail le soir, du travail les week-ends même parfois. et un cerveau qui était sous tension permanente. Au niveau sport, on était sur quelques séances par semaine à la salle, mais une nouvelle fois, le temps manque pour vraiment être investi. Et ce qui est drôle à cette époque, c'est que je me perçois de ne pas être un trop mauvais coureur à pied, mais sans avoir vraiment le temps de m'entraîner de manière structurée. Et puis je suis devenu indépendant, et là le stress a totalement changé de forme. C'était plus un manager, une équipe ou une direction, c'était moi. Parce que quand on est indépendant, tout repose sur soi. C'est ce point invisible que tous les freelances connaissent, cette sensation de devoir être partout, cette peur de ne pas en faire assez ou de louper quelque chose si t'arrêtes. En quelque sorte, on vient quitter une hiérarchie pour en créer une nouvelle dans sa propre tête. J'étais dans un tunnel du lundi matin au vendredi soir, je prenais presque pas de pause, je bossais tard et même quand j'allais faire du sport, j'étais incapable de couper. Je pensais à mes mails, à un client, à un projet et même aux deadlines que je m'imposais moi-même. Le sport à cette époque, c'était p****. pas du tout une soupape, c'était juste un rendez-vous de plus dans mon agenda, une case à cocher et parfois même une contrainte. C'est fou de le dire aujourd'hui, mais en fait j'allais à la salle pour ensuite retourner travailler, la tête encore plus pleine. J'étais dans une sédentarité mentale totale, même si je bougeais un peu physiquement. Et puis un jour, sans vraiment y réfléchir, j'ai coupé ma journée pour aller courir. C'était un mercredi, je crois, une journée qui est souvent assez chargée, en plein milieu de la journée, mais je sentais que j'en avais vraiment besoin. Et je me souviens surtout d'un truc, la culpabilité. Le fameux « je suis sur mes heures de travail » . Comme si en tant qu'indépendant, je devais reproduire les horaires d'un salarié. Comme si j'avais des comptes à rendre à quelqu'un, alors que je suis seul, avec comme réel et seul objectif de remplir ma mission auprès de mes clients et non pas passer X heures par jour pour valoriser la quantité. Pourtant, ce schéma, il est assez compliqué d'en sortir, et cette culpabilité m'a suivi pendant des mois. Tu devrais bosser, tu perds du temps, tu pourrais délivrer plus vite. Plein de phrases qui me tournaient dans la tête. Et puis quand je suis rentré de cette séance, j'ai ressenti un truc que je n'avais jamais ressenti auparavant. Déjà, je me sentais bien, mais vraiment bien, mentalement léger, présent et surtout disponible pour mes heures de travail qui ont suivi. J'ai travaillé mieux, plus vite, avec plus de recul. C'est un peu comme si le sport avait agi comme un reset, comme si on avait vidé la rame de mon cerveau. C'est à ce moment-là que j'ai compris un truc. Le sport, il me prenait... pas du temps dans la journée. Ils m'ont donné. En fait, c'est comme si j'avais investi dans ma séance pour récolter des dividendes de productivité. Ce que j'ai réalisé ensuite... C'est qu'il existe plusieurs façons de se vider la tête avec le sport, et selon ce qu'on va faire, ça va apporter des sensations différentes, et puis ces séances-là, elles vont passer plus ou moins vite selon la difficulté. On a tout d'abord les séances très intenses. Donc ça va être tout le travail d'intervalle, de fractionner, où on va travailler à allure ou puissance très haute durant des laps de temps donnés. C'est typiquement ce type de séance où t'as zéro espace mental, tu penses à rien d'autre qu'à survivre à l'intervalle en cours, et puis dès que celui-ci est terminé, on se projette. uniquement sur le prochain. On est focus uniquement sur l'intensité de l'effort. Ça déjà, c'est une première forme de libération. Honnêtement, même si ces séances font ultra mal, en réalité, à la fin, elles font énormément de bien. On va avoir également les longues sorties à des rythmes plutôt d'effort dit fondamental ou de seuil par moment en fonction du travail souhaité. En ce moment, c'est typiquement le vélo le matin, dans le froid durant l'hiver. Les sorties de 2h, 3h qui vont permettre de se connecter aux environnements qu'on traverse. Pour moi, ça peut être également la course à pied tôt le matin avant que tout le monde se réveille. Un départ à 6h, 6h15 à la frontale. Il y a une énergie ultra spéciale à cette heure-là que je ne vais pas retrouver la journée. C'est ce type de séance où tu regardes autour de toi, notamment les moments où tu es seul, avec personne d'autre, il n'y a pas de voiture, tu t'entends respirer, tu sens ton corps se mettre en mouvement. Et là, on ressent vraiment autre chose. vrai espace mental, une vraie déconnexion, ou une sorte de connexion en fait, mais à l'instant présent. Je me suis rendu compte que l'endurance, que ce soit une séance tranquille ou une séance ultra difficile, ça me sort de la tête les 10 000 choses qui se passent par jour, notamment liées au travail, que ça me ramène dans mon corps, dans le moment présent. Et si on prend du recul, combien de temps dans la journée on est focus à 100% sur l'instant présent ? Sans distraction, sans écran ? Je pense qu'assez peu au final. En tout cas, moi, si je parle pour moi, c'est quelques moments dans la journée. Ces séances de sport, notamment les sorties longues, elles me connectent à mon environnement et elles me déconnectent à tant de choses. Et c'est là que l'endurance a commencé à jouer un rôle que je n'avais pas anticipé. Elle est devenue ma manière de remettre de l'ordre mental. Alors parfois, je n'ai pas le choix. Quand le temps, il est vraiment trop hostile, typiquement une grosse pluie battante, je vais plutôt privilégier l'option entraîneur. Aucun souci pour moi d'y rester deux ou trois heures, ce qui n'est pas le cas pour tout le monde. Mais par contre, ça va amener beaucoup moins de déconnexions. Je vais lancer Zwift, une série en parallèle, alors je m'évade un peu, mais je reste connecté à deux écrans, alors qu'à l'extérieur, avec tous les éléments autour, le vent, le froid, la chaleur, la nuit ou le silence, ou à l'inverse, même le bruit de la nature quand on choisit les bons spots, c'est vraiment incomparable. Et au final, tout ce que je vis, ça correspond parfaitement à ce que montre la littérature scientifique, parce que d'après la Haute Autorité de la Santé, l'activité physique régulière elle va réduire l'anxiété, elle améliore le sommeil, elle renforce la concentration, et elle agit comme un facteur protecteur face au stress et au syndrome dépressif. Et j'ai un exemple hyper récent, c'est il y a quelques jours, je suis actuellement en Alsace avec mon épouse, on a décidé de bosser ailleurs qu'à la maison, on est bien paumé dans la campagne, dans une maison ultra chaleureuse, mais ce cadre, il ne suffit pas. Il y a un matin où j'ai reçu pas mal de mails, pas mal d'urgences à traiter, je me mets en mode machine, je traite au maximum, puis à un moment donné... Je sens que j'ai besoin de couper. Je m'étais préparé une trace GPX sur ma monte, un peu plus de 20 km, avec un mix de forêt, de petits sentiers, un peu de dénivelé. J'enfile mes baskets, il faisait ultra brumeux, un froid assez sec. Je suis parti avec les jambes lourdes, la tête pleine. Mais au fil des kilomètres, et même des tout premiers, il y a toutes ces sensations qui m'ont quitté. Et je me suis connecté avec mon environnement et l'effort que je m'étais fixé. Je suis revenu de cette séance avec la sensation opposée, comme si tout s'était aéré. En fait, le sport s'est devenu mon antidote à ma charge mentale. Et puis récemment, j'ai découvert un nouveau hack, le yoga. Deux séances par semaine, un doux et un plus intense, qu'on appelle le vinyasa, et ça, ça a ajouté une nouvelle brique à mon équilibre. Alors, le yoga pour moi, c'est des étirements dont j'ai clairement besoin avec tout le volume d'endurance, parce que, comme beaucoup, je néglige totalement cette partie. une amélioration de ma mobilité, une manière de détendre des zones que je contracte beaucoup en travaillant au quotidien, et puis surtout un moment de relaxation en fin de journée avec une partie méditation. Là on est au cœur de l'hiver, il n'y a rien de mieux que de terminer par une dizaine de minutes où on se déconnecte totalement. De manière évidente, c'est hyper différent de l'endurance. Je ne sors pas du tout vidé par l'effort, je me sens totalement détendu, limite dans un demi-sommeil. Mon système nerveux redescend, notamment après une journée de travail. La séance se termine par cette méditation guidée. C'est littéralement un moment où je peux faire le vide. Je n'ai aucun but de performance, aucun programme à suivre. sauf quand même celui que dit la professeure durant les 45 minutes. Et d'ailleurs, le yoga, c'est reconnu par la Haute Autorité de la Santé comme une pratique efficace pour diminuer le stress, apaiser le système nerveux et améliorer la qualité du sommeil. Donc en fait, entre le sport intense, les séances un peu plus longues à rythme endurance fondamentale et le yoga, on a le combo parfait pour se détendre et pour relâcher les tensions mentales de la journée. L'endurance, c'est mon moment pour me dépasser, me surpasser même parfois, et puis respirer. Puis le yoga, c'est mon moment pour me relâcher, ralentir, et me connecter totalement à mon corps. Les deux ensemble, ça forme un combo assez incroyable contre le stress au travail, parce que je bouge, je respire, je décharge, je m'étire, et surtout je me recentre. Donc si je commence à calculer avec tout ça mon temps d'activité sportive par semaine, j'atteins facilement les 15 à 20 heures. Le paradoxe avec tout ça, c'est qu'avec le sport, j'ai donc moins de temps pour travailler, mais j'ai beaucoup plus d'efficacité. C'est là que j'ai compris un truc que personne ne m'avait expliqué avant ça. Le cerveau immeuble le temps qu'on lui donne. Si tu as 10 heures devant toi pour bosser, tu vas remplir 10 heures, même si tu n'es pas efficace, même si tu es épuisé. Et d'ailleurs, parfois, tu commences ta journée, tu te dis, « Ah, aujourd'hui, ça va, je n'ai que ça, ça et ça à faire. » La journée va être courte, ça va être tranquille. Et pourtant, ces trois petites... tâches, elles vont prendre 10 heures. Parce qu'on va prendre le temps qui a été mis à notre disposition. On va plus facilement le disperser. En tout cas, moi, c'est mon cas. Mais si t'as que 5 ou 6 heures, parce que tu coupes 2 heures pour faire du sport, bah tu deviens meilleur. T'es plus clair, t'es plus rapide. En fait, c'est contre-intuitif de base, mais pour mon cas, c'est totalement vrai. Je le vois totalement dans mes journées. Les jours où je fais pas de sport, ça va être les jours où je vais être le moins efficace. Le cerveau, il tourne. tourne, il tourne, je m'éparpille entre LinkedIn, Strava, où je vais regarder les activités des autres parce que je vais avoir envie de sortir, donc je vais me projeter là-dedans. La priorisation des emails qui ne sont pas du tout prioritaires, et puis j'en passe. Alors que les jours où je fais deux séances, une le matin tôt, une le midi ou l'après-midi, ça va être mes meilleures journées. Parce qu'après une séance, mon cerveau déjà a été totalement aéré, le stress retombe, la pression disparaît, et puis je redeviens totalement fonctionnel. Et ce besoin de mouvement, il est totalement logique. D'après l'ONAPS, les adultes français, ils passent en moyenne 12 heures par jour assis les jours travaillés. C'est juste énorme. Et il y a seulement 5% de la population qui a un niveau d'activité suffisant pour protéger réellement sa santé. Donc je ne sais pas si on se rend compte à quel point c'est dramatique et dangereux. Aujourd'hui, moi mon corps, il a totalement intégré le mouvement. À tel point que rester une journée totalement assis derrière l'ordi comme avant, c'est presque impossible. Du moins, je dirais que ça devient totalement inconfortable. Je sens que j'ai perdu cette mauvaise habitude de rester assis pendant plusieurs heures sans me lever, rien qu'aller aux toilettes, aller me chercher un verre d'eau, me faire un café. Avant ça, c'était hors de mes réflexes. Il fallait vraiment une urgence pour me faire bouger du bureau. Avant, je pouvais passer 10 heures sans bouger, juste entrecoupé de mes pauses pour manger, où je ne bougeais pas beaucoup plus. Aujourd'hui, au bout de deux heures, j'ai besoin de me lever, de bouger, de respirer, de prendre un petit peu de recul, de marcher, en gros de vivre. En fait, c'est simple. Plus je bouge, mieux je travaille. Alors le but de tout ça, c'est pas de dire que l'endurance règle tous les problèmes. Déjà, ça serait mentir et totalement malhonnête. Mais dans mon cas, ça a tout réorganisé. Ça a mis les priorités au bon endroit. Ça a calmé ce qu'il y avait à calmer. Ça m'aide à mieux vivre mon stress, à être plus présent, plus solide physiquement, plus lucide mentalement aussi. Et puis au final, c'est assez cohérent avec les données de santé. L'OMS, elle estime qu'un adulte sur trois en Europe, il n'atteint pas les recommandations d'activité physique, alors que bouger régulièrement, ça réduit les risques de stress, de dépression et d'anxiété. Et d'ailleurs, je suis pratiquement plus malade, plus de bobos, plus de maux de dos. À mon sens, ce n'est pas un hasard. Alors forcément, tout ça, c'est conjugué avec une bonne alimentation, un sommeil suffisant. D'ailleurs, ce sera des sujets qu'on creusera dans un prochain épisode. Mais surtout, l'endurance, ça m'a appris, du moins, ça m'a rappelé. que notre corps n'est pas fait pour être assis 10 heures par jour. Ce mode de vie est assez récent, à l'échelle de l'histoire humaine, on n'a pas été programmé pour ça. Une journée coincée derrière un PC du matin au soir, c'est devenu tellement rare que je m'y sentirais comme un lion en cage. On a été programmé pour bouger, et quand je bouge, tout se réaligne. Merci d'avoir écouté Enquête d'Endurance. Si cet épisode t'a parlé, inspiré ou simplement fait réfléchir, pense à t'abonner sur ta plateforme d'écoute Spotify. Apple Podcasts ou autres pour suivre la suite du chemin. Et si tu veux soutenir le podcast, laisse-lui 5 étoiles, ça fait vraiment la différence pour la visibilité et ça va m'aider à toucher d'autres passionnés d'endurance. On se retrouve la semaine prochaine pour un nouvel épisode, et un pas de plus dans la quête du long.