- Speaker #0
Vous écoutez En Substance, un podcast d'Addiction France.
- Speaker #1
Bonjour, vous êtes en relation avec le répondeur téléphonique du centre 414, antenne XAPA de l'association Addiction France.
- Speaker #0
Bonjour à toutes et à tous, bienvenue dans ce sixième épisode d'En Substance, le dernier de cette première saison. Et aujourd'hui, on va parler de l'espoir. Comment cultiver l'espoir ? Ces échanges abordent des sujets parfois sensibles, donc si vous cherchez des réels ou plus d'informations, vous trouverez des liens utiles en description. Bonne écoute ! Teste,
- Speaker #2
teste,
- Speaker #3
c'est bon ?
- Speaker #1
C'est bon.
- Speaker #0
On va faire déjà un petit tour de table. Je commence par ma gauche.
- Speaker #1
Bonjour, je suis Sylvie. J'ai eu 70 ans le 16 juin 2024 et je commence à m'en remettre. Je suis peut-être la doyenne de cette session. Et puis je vais être grand-mère. Donc c'est génial. Enfin, je dirais, et c'est une bonne raison peut-être... pour prendre de bonnes résolutions. Mon métier, c'était chanteuse. Enfin, voilà, c'est mon métier. Maintenant, je suis nounou. Donc, j'ai intérêt à faire attention. Il y a plus de responsabilités.
- Speaker #2
Bonjour, alors moi, c'est Charlotte. J'ai 26 ans. J'ai entamé un parcours de soins en juin 2023, que j'ai arrêté en octobre 2024. Ça m'a énormément appris sur moi. sur mes consommations et mon addiction en particulier, mes problèmes que j'avais, mon rapport au cannabis.
- Speaker #3
Bonjour, je suis Fabrice, 63 ans, retraité. J'ai été dans l'alcool pendant des années et je suis maintenant patient expert, soigné et abstinent depuis 9 ans.
- Speaker #0
Tu peux définir rapidement ?
- Speaker #3
Patient expert, j'ai suivi une formation d'un an et demi avec l'APOA, Association des patients experts en éthiologie. Et cette formation me sert à aider les gens qui ont besoin d'une passerelle entre les soignants et les malades.
- Speaker #4
Bonjour, Laurent, 35 ans, addict à l'alcool. J'étais suivi au centre il y a 10 ans et j'y suis revenu il y a un an, un an et demi. Voilà, c'est tout. Ça me fait très ravi aussi. Au revoir.
- Speaker #0
Et bien on a encore différentes générations, différents types, différentes façons d'aborder tout ça, donc c'est super intéressant. On va aborder cette question de l'espoir. Quels sont les moments clés qui ont marqué votre parcours de rétablissement ? notamment peut-être au déclic ? À quel moment vous vous êtes dit je vais entamer quelque chose, je vais entamer un parcours et je vais casser l'addiction ? En tout cas, je vais essayer de le faire.
- Speaker #2
Moi, je sais que le déclic, pour ma part, il a eu lieu en novembre 2022. Parce que j'allais à la fac en scooter, j'étais en retard pour un de mes oraux que j'avais encore une fois révisé et travaillé très en retard à cause de mes consommations excessives. Et j'ai conduit trop vite, du coup j'ai eu un accident, fracture du plateau de Sibière et j'ai été alitée pendant plusieurs mois. Et en fait cette condition m'a limite rendue folle et je me suis rendue compte que là j'étais limite obligée de m'enfermer dans l'addiction et qu'il était temps de faire quelque chose parce que j'avais l'occasion de ne plus rien faire d'autre. J'avais du mal à aller aux toilettes, à me déplacer, à me laver. Donc je ne pensais plus qu'à ça, j'en étais folle. Et en fait, je me suis rendue compte que c'était beaucoup trop important et nécessaire que ça s'arrête.
- Speaker #4
C'est précis.
- Speaker #2
Je m'étais déjà posé la question.
- Speaker #3
J'ai consommé l'âge de mon adolescence jusqu'à à peu près 9 ans, maintenant je suis abstinent. Cette consommation, l'alcool, je dirais, a pris les clés de mon corps. J'étais locataire de cet alcool et c'est la médecine du travail qui m'a décelé, je dirais, m'a aidé à faire ces passerelles pour aller en cure. Donc, de là, j'ai commencé à entamer des aides et surtout dialoguer et communiquer avec les gens à l'extérieur pour qu'on me fasse vraiment reconnaître mon alcoolisme. Le déclic, c'est que tout le monde ne me voyait plus. Je faisais énormément d'erreurs et je devenais le voyou de la rue et je commençais à vivre dans la rue. Et je profitais des jours, des choses, d'autres... J'étais très dur avec moi et très dur avec les autres.
- Speaker #0
Et donc quel a été le déclic pour aider les autres ? C'est-à-dire devenir, comme tu dis, patient et expert.
- Speaker #3
J'ai eu plusieurs personnes qui m'ont aidé dans les danses. Et pour les remercier, j'ai décidé d'aider les autres. C'est-à-dire qu'ils me prêtaient de l'argent, ils m'habillaient, ils me nourrissaient. Et je leur ai juré sur certaines personnes qui étaient décédées depuis peu que j'allais aider jusqu'à la fin de ma vie.
- Speaker #0
Super, bravo à toi.
- Speaker #3
Merci bien.
- Speaker #4
Je pense qu'il aurait pu en avoir des dizaines et des dizaines des moments clés et des déclics que je n'ai pas saisis, que je n'ai pas voulu saisir. Ça a été très récent, ça a été il y a six mois. C'était une rupture, une rupture amoureuse. Il y a cinq mois même. Je pense que ça a été le... Même si je ne m'en suis pas forcément rendu compte tout de suite. que c'était ça. Ça a été le déclic qui a fait, qui a changé beaucoup, beaucoup de choses. Et que j'ai vraiment pris au sérieux, en fait, ma relation avec l'alcool. En fait, c'était ça le déclic. Parce que j'ai toujours su que j'avais un problème avec l'alcool. C'était toujours dans l'excès, que je l'utilisais pour répondre à des millions de... à des problèmes qui étaient réels et qui étaient déjà là. Mais là, ça m'a fait prendre conscience de la relation négative que j'avais avec l'alcool. Donc du coup, ne plus boire du tout. Parce que j'ai toujours été suivi. Depuis que j'ai 15 ans, je suis allé, j'ai fait des centres, j'en ai fait plein. Enfin voilà, il y a toujours eu des allers-retours avec l'alcool. Mais vis-à-vis de moi-même, je n'avais jamais accepté de perdre ce combat en fait. Ça a toujours été un combat. Je suis plus fort que l'alcool. Les soucis sont ailleurs. Je bois parce que j'ai les soucis. Et je différenciais toujours les deux. Et voilà, bon du coup, ce qui s'est passé, donc le déclic, ça a été vraiment la grande différence qu'il y a eu. Ça a été la séparation. séparation amoureuse il y a peu, il n'y a même pas six mois qui m'a fait prendre conscience de ma relation négative avec quelqu'un.
- Speaker #0
Et donc de commencer l'abstinence ?
- Speaker #4
Ouais tout à fait, complet. Alors pas depuis six mois, c'est le déclic qui est intervenu mais le temps que les choses se mettent en place et de débroussailler un peu tout ça, ça fait un peu plus de trois mois qui est l'abstinence complète.
- Speaker #0
Donc voilà pour ma part. On arrive au rechemin. Chacun ses combats.
- Speaker #1
Alors moi, en fait, c'était bien avant le Covid, la date, au moins 6 ou 7 ans. Et puis, je n'ai pas eu envie que ça marche. Donc j'ai arrêté, je suis revenue là depuis 8-10 mois. Ah ouais, presque un an en vrai. Et je ne suis pas sortie d'affaires, mais c'est en bonne voie. Le déclic, le déclic, c'est que je n'ai pas envie de mourir, quoi. Surtout que je vais être grand-mère et que j'ai vraiment envie de vivre ça. Et donc, voilà, ralentissement, ralentissement pour l'instant. Peut-être plus si affinité avec la bonne santé, mais je pense que j'ai des affinités, finalement. Qu'est-ce que je peux dire ? Après,
- Speaker #0
il n'y a pas forcément de déclic. Ça peut être aussi un long chemin.
- Speaker #1
Oui, c'est ça.
- Speaker #0
Je mets dans le bûcher. Je pense que c'est plus souvent ça que comme dans les films américains.
- Speaker #1
Oui, c'est ça.
- Speaker #0
Le déclic, tout va. Et justement, dans ce chemin, parfois tortueux, qu'est-ce qui vous aide à garder le cap ? Est-ce que vous avez des... Des petits trucs à vous ?
- Speaker #3
Moi, ce qui m'a beaucoup aidé, c'est la nature. Et la nature m'a beaucoup apporté. Parce que j'ai parlé à la nature, j'ai crié avec elle. Et il s'avère qu'en fait, ces bruits que j'entendais, ça m'a donné en fait une force à me créer mon ange gardien. Et il ne m'a jamais quitté. C'est quelque chose d'important. Et puis, c'est surtout que je ne me sens pas seul. Parce que j'ai besoin de communiquer. Avec un groupe, on dessine aussi sur les arbres avec de la peinture à l'eau. On fait nos petites fêtes. Et voilà, on se connaît peu. Et à la fin, on se connaît tous. Et il y a beaucoup de jeunes qui passent, qui s'intègrent dans le groupe, et on fait beaucoup de choses, et on s'aperçoit qu'à un moment donné, on peut être 5 et se retrouver à 30. C'est super. Donc c'est la communication, et on parle d'alcool, de drogue, quoi que ce soit. Il n'y a pas de tapou, on peut très bien être un ouvrier, se retourner, c'est un avocat ou un magistrat, on en rigole beaucoup, et on se fait beaucoup d'amis. Ce déclic, c'est de dire maintenant, j'ai perdu 20 ans, 25 ans de ma vie, j'ai beaucoup à donner. Merci.
- Speaker #0
Merci à toi de redonner.
- Speaker #2
Personnellement, je dirais que pour une personne addict, si elle veut vraiment s'en sortir, il y a pour moi deux solutions. Les objectifs qu'il faut maintenir, qui sont essentiels. Les personnes qui nous aiment, je ne sais pas, savoir si on a envie de voyager autour du monde, essayer de se donner les moyens pour y arriver, essayer de trouver un petit job parce que ça ne va pas arriver comme ça. Et en fait, c'est ça qui nous permet de maintenir ce cap et de se dire, ce n'est pas maintenant que je vais tergiverser ou que je vais craquer sur mon craving, justement. Parce que justement, il y a ça qui me maintient. Et autre chose qui me paraît essentielle, parce que sinon, on ne peut pas s'en sortir, ça va être les petits processus ou rituels qu'on va appliquer au quotidien, qu'on peut notamment apprendre dans des hôpitaux de jour, dans des cures, ou même aujourd'hui, il y a une multitude de plateformes qui proposent des services comme celui-ci, que ce soit des podcasts ou même des vidéos YouTube. pour cadrer une journée en faisant ce qu'on aime, en ritualisant heure par heure, à la limite, tout ce qu'on doit faire et tout ce qu'on aime faire, afin que notre esprit et nos pensées ne puissent même pas tourner autour de l'envie, en fait. Et au fur et à mesure, le craving descend, et en fait, c'est un peu ça qui permet de nous maintenir.
- Speaker #0
C'est ce qui vous aide à garder le cap ? à maintenir le cap.
- Speaker #4
Avec sa vie, les autres, moi beaucoup, les autres, le fait d'être bien avec moi-même, j'en ai besoin pour pouvoir être bien avec les autres, des gens que j'aime et que j'aimerais. Il n'y a pas que ça, il y a tout. Tout ce qui me plaît dans la vie. Je ne sais pas, il y en a plein des choses. Pouvoir en profiter tranquillement, sans prendre la tête. Sans avoir des soucis derrière, ou des questionnements farfelus. Il y a plein de choses. Les gens, le sport, la musique, les voyages, la mer, le soleil. Je ne sais pas moi. Tout. Donc non, il n'y a pas de choses en particulier qui me font tenir. à part Si, à part... Ça va être un grand mot, mais à part l'amour, en fait. Dans le partage. Les autres. J'ai besoin des autres. J'ai besoin de donner. J'ai pas assez donné aussi, c'est pour ça que j'insiste. Et j'ai besoin aussi de recevoir. C'est là où, disons que... C'est là où, pour moi, c'est le plus puissant. C'est là où tout ça sert à... C'est là où, voilà. C'est là où il est le plus puissant, c'est quand il donne et quand il reçoit. Voilà. à la prochaine, à bientôt chacun ses couleurs, c'est beau voilà.
- Speaker #3
Comme tu disais Charlotte c'est ça, c'est impressionnant de se faire je dirais un programme de dire ok le craving je sais le gérer mais la victoire c'est d'être déjà se mettre les pieds à terre en disant je suis là
- Speaker #1
Pardon, je suis désolée je sais pas ce que ça veut dire craving, en vrai dans ce qu'est-ce que ça veut dire ?
- Speaker #2
C'est l'envie irrésistible de consommer en anglais
- Speaker #0
C'est le manque, quoi.
- Speaker #1
Le manque. Ok. Le craving. D'accord.
- Speaker #2
Ce que j'ajouterais sur les cravings, c'est que certes, ils peuvent durer 10 minutes, mais qu'à contrario, s'ils sont entretenus par des pensées permissives, ils peuvent durer plusieurs heures, voire plusieurs jours. Parce qu'en fait, on a beau se dire, je ne vais pas consommer, je vais décaler la consommation, si on fait qu'y penser, c'est foutu. Il faut essayer de faire quelque chose d'autre qui nous fasse du bien et penser à autre chose.
- Speaker #1
Bravo. Bravo.
- Speaker #3
Bravo.
- Speaker #1
Bon. Ah ouais, c'est clair. Très bien. Mais en fait, moi, déjà le projet, enfin le projet, l'idée et la perspective d'avoir un petit bébé, que ma fille ait un bébé, déjà, c'est fabuleux. Je suis tellement contente. Et puis... disons que chaque fois que je viens ici je vois une affiche sur laquelle est marqué je suis plus libre je ne sais pas arrêter de fumer il y a une formule qui dit c'est ça la liberté le fait de ne plus fumer et c'est vrai que je suis en train de le ressentir parce que J'ai de moins en moins de souffle. Donc, bon, je ne chante plus tellement, donc ça va. Mais je ne sais pas. Je n'ai pas encore le déclic. Je crois toujours que c'est un miracle, mais il n'y a pas de miracle. C'est nous-mêmes qui créons le miracle.
- Speaker #4
N'existe pas les déclics. Quand tout à l'heure, on en parlait, c'est suite, un long, long, long. Et là, il y a un truc qui intervient à ce moment-là. C'est un déclic, mais s'il n'y a pas tout ce qu'il y a avant, il n'y a pas de déclic. C'est le docteur ici, sans citer son nom, qui me disait « Le soin n'est jamais linéaire. »
- Speaker #1
Oui.
- Speaker #4
Tu vois ? Tu peux avoir l'impression de ne pas du tout, pas du tout avancer et d'un coup, comme ça...
- Speaker #1
Oui. C'est ça.
- Speaker #4
C'est dans ce sens-là. Donc le déclic...
- Speaker #3
Je me demande si on peut se fabriquer des déclics pour intervenir. Ça, je pense que oui. Sur des actions.
- Speaker #4
Forcément. Ça, oui.
- Speaker #3
Pour pouvoir s'en sortir, se dire « Ok, je suis encore là. » Oui. C'est un déclic.
- Speaker #0
et après tu sens à un moment précis le rendre signifiant et oui c'est bien ça,
- Speaker #1
c'est que moi je suis encore j'ai une âme d'enfant encore, je crois toujours au miracle des contes de fées mais ça n'existe pas ça n'existe plus surtout à mon âge et donc c'est moi qui dois oui comme tu disais se mettre, comme disait Charlotte se pousser soi-même c'est un peu ce que tu disais c'est un peu l'histoire du jeu Merci.
- Speaker #3
J'étais, je suis, je serais, en fait c'est les trois paliers, j'étais, admettons, alcoolique, je suis, je dirais abstinent depuis 9 ans, et je serais maintenant sur mes projets et sur mes actions. Donc qu'avant, il y a 9 ans, je n'aurais jamais pensé que je serais ici avec tout. Et que je n'aurais pas récupéré, par exemple, mon fils que je n'ai pas vu depuis 20 ans, et que j'ai une petite fille de 5 ans qui s'appelle là-bas. Oui, c'est quelque chose que je n'aurais jamais imaginé il y a 24 ans, quand j'étais dehors.
- Speaker #0
Bravo.
- Speaker #1
Merci.
- Speaker #0
Merci à nos grands-parents, à la table. Et au contraire, est-ce qu'il y a des choses qui vous bloquent la route ou qui ne vous aident pas ? Des choses comme ça, récurrentes, précises, qui vous rappellent et que vous avez réussi à mettre de côté ?
- Speaker #3
Il n'y a plus beaucoup de bruit qui me font peur ou quoi que ce soit. Les seules choses qui me font fermer les canards de mon cerveau sur l'alcool ou drogue ou quoi que ce soit, c'est deux verres en cristal qui se touchent. Et là, j'ai le cerveau qui vibre. Mais rien ne s'ouvre. Je ne sais qu'aucune chose. Et la seconde chose, c'est le jus d'orange pressé. Et c'est l'odeur.
- Speaker #4
Tu veux des mimosas ?
- Speaker #3
En fait, je me faisais, comme telle à moi-même, je faisais le vodka et je mettais du jus de fruits pour me rassurer. Je me rassurais en faisant mes jus de fruits. Quand je fais des jus d'orange à ma petite-fille, je pense à des choses. Je vois ma petite-fille, je fais non, c'est pas possible. Adios.
- Speaker #0
Donc, si quelqu'un veut te faire plaisir en te servant un verre de jus parce que tu ne bois pas.
- Speaker #3
Ça ne me dérange pas. Au contraire, je vais dans des soirées où il y a de la coco. Je bois du jus de fruits, je ne quitte jamais mon verre, bien sûr. Il faut toujours le tenir en main. Mais c'est cette odeur, cette pulpe, qui me fait rappeler un souvenir il y a longtemps.
- Speaker #0
C'est souvent par l'odeur d'ailleurs, les souvenirs qui s'accrochent comme ça par l'odeur.
- Speaker #3
D'ailleurs, je fais des tests, des ateliers sur l'odorat. C'est très, très, très, très, très bien. Et ça fait beaucoup bouger le corps et l'esprit. C'est très intéressant.
- Speaker #0
Toi, tu fais tous les ateliers. J'ai beaucoup de choses, oui. C'est bien ?
- Speaker #1
Je peux en finir ? Vas-y, vas-y. Moi, ce qui m'empêche, c'est le côté plaisant de boire un verre. Après, je me dis, oui, on peut boire un verre, mais un verre, quoi. Je me rassure. L'idée d'arrêter complètement pour l'instant, totalement, c'est-à-dire d'être abstinente, ce n'est pas dans mon projet immédiat. Et je pense, mais voilà, j'y vais. Je suis de plus en plus, je ne trouve pas le mot, prudente. Et c'est vrai que j'aime bien boire un verre de temps en temps, le côté, ou avec des copains, ou tout ça. Et puis, ça, j'ai du mal à me dire, ben non, c'est pas grave si tu ne bois plus. Voilà, il y a des jus de fruits, il y a des bières sans alcool. Voilà, je crois que c'est ça qui me freine.
- Speaker #0
Après, il y a des gens qui arrivent sans être abstinents. J'ai l'impression qu'il y a des gens qui arrivent à... À gérer ?
- Speaker #1
Oui. Oui, ils en comptent plein.
- Speaker #0
Je ne dis pas que c'est facile, c'est hyper complexe aussi.
- Speaker #1
Oui.
- Speaker #0
Mais peut-être que ton objectif, ce n'est pas forcément... L'absidence aussi, je ne sais pas. Ce n'est pas à moi de dire ça, je ne suis pas du tout médecin.
- Speaker #1
C'est vrai que, ce que je disais au docteur tout à l'heure, je disais, j'ai eu l'occasion de boire un verre hier, et puis j'ai eu cette moue. En fait, je n'avais pas envie. J'avais mon verre de vin et je n'avais pas envie. Donc, ça peut arriver aussi. Et c'est super, je suis contente, et ça ne me frustre pas, et je dors bien quand même. Mais c'est difficile. Pour moi, c'est difficile de... Coupé net, voilà.
- Speaker #0
Surtout l'aspect social, j'imagine, avec des gens ?
- Speaker #1
Ouais, mais moi maintenant, parce que je me dis que je peux prendre un verre de quoi que ce soit d'autre, non, ça va, c'est mon plaisir gustatif, quoi. Ouais.
- Speaker #4
Non, ouais. Non, mais moi, c'est trop récent. Je le découvrirai, je vous en parlerai l'année prochaine. Des choses se passent. Voilà,
- Speaker #0
saison 2,
- Speaker #4
saison 3.
- Speaker #0
Qui c'est ? Charlotte ?
- Speaker #2
Je ne sais pas trop comment formuler ça, mais je dirais que quand on entame un parcours de soins, on est très vulnérable et fragile, émotionnellement parlant. On a encore du mal à se gérer et à se comprendre. Donc du coup, il me paraît dangereux, et je le dis par expérience, d'entamer toute relation affectives ou amoureuses avec quelqu'un, parce que ça peut nuire à ce processus. Et en fait, à partir du moment où il y a un grain de sable qui rentre dans notre mécanisme de guérison, c'est compliqué. Et du coup, à partir du moment où avec cette personne-là, homme ou femme, si ça se passe mal, on va remettre en question notre convalescence et notre envie d'aller mieux. Et donc du coup, ça peut totalement faire vriller nos envies et nos consommations. Et là, refaire partir tout jusqu'à la case départ. Et ce serait un peu trop con de tout abandonner pour ça. Donc, pour l'avoir vécu, j'estime qu'il est nécessaire d'apprendre à se connaître soi. Et de, justement, s'aimer. Parce que comment on veut aimer quelqu'un et être à l'aise avec lui si on n'apprend pas à s'aimer soi-même ? Ça paraît pourtant évident. Mais c'est vrai qu'après l'avoir vécu, c'est que là où on a justement le fameux déclic dont on parlait tout à l'heure.
- Speaker #0
Tu parles bien des moments de la rupture où t'aurais envie de te plonger dans les produits. ou de suivre la consommation de quinquere d'autres ?
- Speaker #2
Non, de manière générale, à partir du moment où il y a quelque chose qui ne se passe pas bien avec quelqu'un, ça peut être un mensonge, une embrouille, quelque chose qui va nous affecter, parce qu'on est d'autant plus fragiles et sensibles au quotidien avec notre addiction. Et là, c'est décuplé. Un petit problème, un petit quoi, un petit grain de sable va devenir un tsunami. Et nous faire repartir dans les consos à tir l'arigot, c'est nul.
- Speaker #0
Donc t'as du conseil de le faire une fois ?
- Speaker #2
D'une fois qu'on est bien bien guéri, ouais. Et d'avoir appris à se recentrer et se comprendre surtout. Savoir si on est prêt en fait.
- Speaker #4
Ça, ça marche pour tout le monde. Même ceux qui ne sont pas addicts ou quoi que ce soit. C'est vrai que quand t'es pas bien avec toi-même, c'est compliqué d'être bien avec l'autre. C'est juste pour faire une parenthèse. Que ça fonctionne pour tout le monde.
- Speaker #0
Comment votre perception de l'avenir a-t-elle évolué ? Votre façon d'aborder la vie ?
- Speaker #2
Justement, je dirais que comme le titre du podcast, on recommence à avoir de l'espoir et qu'on devient un peu des super-héros du quotidien. Parce qu'à force de décrypter, d'analyser tous nos sentiments, nos émotions, on commence un petit peu plus à comprendre celles des autres. Et donc du coup, on n'est plus à même à être ouvert ou à l'aise dans des sujets de conversation qui peuvent paraître difficiles, parce qu'en étant addict, on s'est mis dans des états pitoyables et on a vécu des hontes et des humiliations à très grand nombre. Donc je me dis qu'on n'est plus à même à comprendre et à accepter les autres tels qu'ils sont et pouvoir les aider.
- Speaker #4
Moi, je dirais juste que tout est possible, du coup. Tout est possible, socialement, amoureusement, professionnellement. Tout est possible.
- Speaker #0
Une sorte d'optimisme un peu. Oui,
- Speaker #4
complètement même. Oui, mais optimisme concret, avec un côté pragmatique.
- Speaker #3
Oui, moi j'ai quelque chose à dire. Suite à une cure, donc il y a eu 9 ans, j'ai réappris à me reconstruire. C'est-à-dire qu'ils m'ont expliqué à cette cure que... À l'extérieur de ce centre, il y avait de la lumière, une nouvelle lumière. Et donc, on m'a appris à remanger, à m'habiller, etc. Et j'ai récupéré mon travail. J'ai perdu des amis, volontairement ou involontairement, des amis qui m'ont quitté. Et j'ai récupéré, comme j'expliquais tout à l'heure, mon ex-femme, mon fils et ma petite-fille. Et j'ai découvert des nouvelles sensations de la vie que je ne connaissais pas avant. Surtout des odeurs et des nouveaux personnages. que j'avais oublié ou que je ne pensais pas ?
- Speaker #2
Quand on soit en début de parcours ou en fin de parcours, c'est qu'on se rend compte de la même chose, c'est que la seule limite, c'est nous-mêmes, et que c'est nous qui les avons fixés inconsciemment, et que si on veut vraiment progresser et avancer, c'est simplement à nous de bouger, en fait.
- Speaker #1
En fait, moi, je suis... Ce mot « espoir » , là, du... Pardon. Du... Du podcast. Je ne sais pas comment dire, quoi. J'ai du mal à considérer... À avoir de l'espoir, voilà. Et pourtant, j'en ai besoin. J'en ai besoin. Et je me dis, mais ce serait trop beau. C'est comme un compte de feuilles. Ce serait trop beau que j'arrête de boire, de fumer. Mais je vais pouvoir en faire du jogging. Ou enfin, autre chose. Et puis... Voilà quoi, je mange, je ne pense pas à la cigarette que je vais aller prendre, je ne pense pas au verre de vin que je vais boire. Enfin, je précise quand même que je ne bois que le soir, quand je bois. Voilà, je n'ai jamais bu la journée. Ça, j'en tire un peu de fierté, parce que je n'avais pas envie, mais bon. Mais je me dis, mais comment je vais faire si je n'ai pas tout ça ? J'ai l'espoir, mais en même temps, je considère le manque, quoi. Mais seulement qu'il est nul, parce que... Je ne sais pas comment dire. Je me perds un peu, là.
- Speaker #0
Non, mais c'est une question très existentielle, quoi.
- Speaker #1
Bah oui.
- Speaker #4
Tu ne trouves pas vraiment d'intérêt, quoi, en fait, au final.
- Speaker #1
Je me dis, sans... Une petite cigarette de temps en temps, un petit verre de temps en temps... C'est nul, la vie, quoi. Je me dis vraiment ça. Alors que non, c'est le contraire. C'est magnifique, plutôt. De ne pas fumer, de ne pas boire. C'est ce que je disais tout à l'heure sur la pub qui est affichée. C'est ça la vraie liberté. C'est là qu'on se sent libre. De respirer.
- Speaker #3
Je rencontre des personnes dans l'association, ils me disent « comment tu as fait pour te faire soigner ? Comment ça se fait que tu es abstinent ? Comment tu as fait ? » Je dirais là une étoile.
- Speaker #0
Une étoile ?
- Speaker #3
Oui, une étoile. Parce que je fonctionne beaucoup avec les événements, les étoiles ou quoi que ce soit. Tous les matins, bien sûr, je fais une prière ou quoi que ce soit. Et je me dis aujourd'hui, je vais gagner plein d'étoiles. Voilà, donc c'est un peu ça. Et quand on parlait de l'espoir, je haïssais les blouses blanches, par exemple. Mais à la fin, ce sont été mes étoiles. C'est eux qui m'ont sauvé la vie. Donc maintenant, j'explique bien des patients, des âgés malades ou... malheureusement la dernière fois fin de vie qu'ils sont là aussi pour nous aider donc c'est un espoir c'est clair il y a un truc qui me tient je suis désolée j'ai
- Speaker #1
un peu le comportement d'une petite fille de temps en temps à mon âge mais C'est comme si... Mais si, vous allez bien ! Oui, vous rechutez une fois ou deux comme ça de temps en temps, mais vous allez bien ! Ça y est, vous avez pris conscience ! Et ça me fait envie de pleurer, quoi. Parce que... Je...
- Speaker #0
Mis à part ma fille, et mon futur, ou ma future, enfin un petit enfant, et mes amis, j'ai envie de dire, vous avez vu, j'ai réussi, voilà. C'est un peu infantile, mais j'assume, parce qu'il n'y a pas de jugement, parce qu'en fait ce qu'il me dit c'est positif, voilà. Et c'est vachement beau.
- Speaker #1
C'est la relation thérapeutique de confiance que vous avez ?
- Speaker #0
Oui, bien sûr.
- Speaker #2
Il est témoin, il suit tout ton parcours depuis le début aussi.
- Speaker #0
Oui.
- Speaker #2
Il connaît ça. Oui. Donc il est témoin de...
- Speaker #0
Oui, oui, voilà, de l'évolution.
- Speaker #2
Malgré que tu as envie de le faire, c'est normal.
- Speaker #0
Voilà. J'ai envie d'être fière aussi pour lui. Ouais. Enfin, voilà.
- Speaker #1
C'est essentiel, quoi. C'est au moins cette confiance qui puisse cultiver l'espoir, comme on dit. Après, comme tu dis, l'espoir en tant que tel, ça ne veut pas dire grand-chose. C'est à la fois être très grandiloquent. puis avoir quelque chose de religieux ou mystique. Et quand on n'est pas du tout totalement athée, ça peut aussi faire peur. La lumière, tout ça. Moi, vu de l'extérieur, j'y vais un peu reculons. Alors qu'en fait, on a besoin de ça. Mais chacun trouve sa définition et sa version, plutôt.
- Speaker #3
Moi, je parle de fierté, c'est-à-dire en gros, moi, je suis fier d'être comme je suis. On me le dit des fois à l'extérieur, des anciens amis qui sont partis parce qu'ils sont partis d'être amis avec moi, parce qu'ils avaient peur de moi. Ils reviennent vers moi en disant, ils me parlent différemment. Mais ma fierté, c'est de dire, ok, j'ai encore les pieds sur terre, et de dire, j'ai encore tant de temps à vivre, mais je peux encore apporter à quelqu'un. Là où, aujourd'hui, je suis content et fier d'être avec vous. Par exemple. C'est pas grand-chose, mais c'est fort.
- Speaker #0
C'est beaucoup.
- Speaker #3
C'est pas grand-chose.
- Speaker #0
Non, c'est beaucoup.
- Speaker #1
Moi aussi, je suis fier de vous. Je suis fier d'être là aussi. C'est le dernier épisode, d'ailleurs. Ça va me manquer aussi.
- Speaker #0
Je me dis que c'est vrai que j'ai eu plein de fois, à chaque fois qu'on a fait l'atelier d'écriture, tout ça. Je me dis, je regarde les gens, tous super sympathiques, des textes que j'adore, magnifiques, ça m'a beaucoup apporté aussi d'écrire, ça c'est sûr. Et je me dis, mais ils n'ont pas la gueule de l'emploi quand même. Mais c'est ça, tu vois, parce que moi, je me dis, ouais, mais ride mon temps. Mais non, j'ai 70 ans quand même, on a des rides à 70 ans. Mais je me dis, mais... Je les trouve beaux tous et toutes. Et je me dis, voilà quoi. Ils n'ont pas des têtes d'ivrogne, alors peut-être que je n'en ai pas non plus. Il y a vachement le physique. C'est vrai qu'on le voit dans la rue. Quand ils ont des trognes, on le voit. Parce qu'ils vivent dans la rue et qu'il n'y a pas d'autres issues. Mais je me dis, je peux les croiser là, n'importe où. Ça ne se voit pas. C'est vrai, je suis assez effarée de ça quand même.
- Speaker #1
Et c'est ce qu'on fait aussi dans ce podcast, de déstigmatiser, de déconstruire un peu tous ces stigmas autour de ça, de libérer la parole et d'aider les gens qui cherchent de l'aide ou ceux qui veulent en donner, comme vous le faites aussi.
- Speaker #3
On donne et on recevoit.
- Speaker #0
On donne et on recevoit.
- Speaker #3
Et oui. Et puis des fois, écouter les autres et ne pas prendre la parole, c'est aussi enrichissant.
- Speaker #0
Oui. Bien sûr.
- Speaker #3
Regarder dans la rue, des fois, je suis heureux, moi.
- Speaker #0
Ah oui.
- Speaker #3
Ça me va très bien.
- Speaker #1
Je voulais parler de ça, justement, ce rapport à la parole. C'est ce qu'on fait ici dans ce podcast, moi je vous écoute, vous m'écoutez, on s'écoute ensemble. Ici vous le faites souvent, tu parlais d'ateliers d'écriture, donc il y a ce rapport à la langue, et la thérapie ça passe évidemment par la parole. Est-ce que votre rapport à la langue a un peu changé depuis que vous faites ce travail de soins ?
- Speaker #0
Moi, ça m'a illuminée, cet atelier d'écriture. C'est-à-dire que je n'ai pas une grande estime de moi, en général. Et au niveau de l'écriture, moi j'ai toujours eu envie d'écrire des chansons, etc. Mais je me suis toujours dit, je n'en suis pas capable. J'ai plein de copines qui sont parolières et qui écrivent vachement bien. Et on m'a toujours dit... Je disais, je n'ai pas d'imagination. Non, on a tous de l'imagination. Et j'ai remercié le docteur tout à l'heure, en entretien, je lui ai dit, ça m'a sauvé, déjà, ça m'a sauvé de ma mésestime, quoi. Et de me dire que je n'avais pas d'imagination, et j'écris. Donc il y a eu un atelier depuis le mois de septembre, tous les quinze jours, avec l'ABCDR, enfin, avec plein de beaux. Et ça me paraissait, mais, une montagne. Et en fait, je me suis rendue compte que je pouvais écrire. avec des mots qui m'étaient étrangers, avec des mots... Et youpi ! C'est tout ce que je peux dire. Je suis hyper contente au niveau de la parole, de ce que ça a débloqué. Je vais pas écrire des bouquins, je vais déjà juste écrire des choses, peut-être des petites chansons, je sais pas. Pourquoi petites d'ailleurs ? C'est des chansons, pas de chansons. Mais c'est dans ce sens-là que tu peux poser la question. Moi je me trouve que ça m'a libérée ça.
- Speaker #1
Les autres, peut-être, si ça vous parle.
- Speaker #4
Moi aussi, j'ai participé à plusieurs ateliers d'écriture. Et je sais que la plupart du temps, les mots, ils nous sont... Comment je dirais ? En fait, ça dépendait des ateliers. Parfois, on avait plusieurs mots qui nous étaient imposés et on devait écrire un texte avec. Parfois, on avait un mot et à partir de ce mot-là, on devait en créer d'autres. Mais tout ça pour dire que, de manière générale, à partir du moment où on... On se pose des questions sur nous, notre état d'esprit, et qu'on a du mal à avoir l'esprit clair. Juste mettre les mots sur le papier, ça permet de mettre à l'évidence les problèmes qu'on se posait ou qu'on ne faisait pas forcément dire. Juste en essayant de le formuler, c'est là que le problème paraît plus clair. Forcément, il n'est pas résolu, mais il peut au moins essayer d'être entrepris, si je peux exprimer les choses ainsi. Et ça permet de mieux nous comprendre, d'apprendre à s'exprimer, d'être plus à l'aise avec soi-même, avec ses émotions. Et en plus, comme je l'ai dit tout à l'heure, quand on est à l'aise avec ses émotions, on est encore plus à même à écouter et interpréter celles des autres. Donc au final, c'est un exercice qui est bénéfique, je dirais, même pas que pour un addict, même pour une personne normale. Enfin, je suis quelqu'un de normal, mais on se comprend.
- Speaker #0
Oui, oui, c'est un exercice. Magnifique.
- Speaker #1
Un atelier d'écriture partout. Oui.
- Speaker #0
Obligatoire.
- Speaker #3
Je suis patient expert, donc j'ai été formé pendant une année et demie. Un vécu de 47 ans dans l'alcool, dont j'ai tout perdu, mon dialogue, je parlais comme la rue. J'ai tout récupéré avec les aides, la santé, les centres hospitaliers, les cures et les centres spécialisés. Mais depuis que je suis patient-expert, j'ai tout récupéré. J'anime des groupes de travail, j'anime des groupes de parole. Je fais des maraudes, quelque part, des visites extérieures dans les rues. Mais chose que je n'ai jamais parlé. Donc le dialogue, je me suis retrouvé des choses que je n'ai jamais pensé en fait. Des mots, maintenant je tiens un discours avec un médecin, un neurologue, un psychologue, ça ne me dérange pas. Avant j'avais peur de lui. Non, pas peur, une fierté. J'ai regagné quelque chose que je ne connaissais pas. Et puis peut-être, j'ai 63 ans certes, retraité oui, mais à l'intérieur de moi j'ai un gosse de 20 ans. Voilà, je suis fier.
- Speaker #0
Oui, oui.
- Speaker #2
À part là, moi, la seule personne avec qui je parle, c'est ma psy et mon addictologue. Après, je communique, je parle à mon frère ou à des amis. Mais non, j'ai pas la sensation qu'il y ait quelque chose de nouveau qui soit dégagé. Toujours l'habitude de parler, mais pas en groupe, effectivement. Donc là, oui, ce soir, c'est nouveau. Mais sur le coup, tout de suite, qu'est-ce que ça me fait ? Je le saurai après, en me posant chez moi, ou demain, ou dans deux jours. Je peux pas te répondre là, tout de suite. J'imagine que c'est thérapeutique. Je ne sais pas. Je ne sais pas. On verra.
- Speaker #3
Tu prends très bien la parole.
- Speaker #2
C'est gentil.
- Speaker #1
Mais ça a forcément un pouvoir.
- Speaker #2
Ça c'est indéniable. Mais moi je vis souvent les choses après coup. À part quand c'est une discussion comme ça, travailler, etc. J'ai pu voyager dans ma vie, j'ai pu partir, pas forcément toujours pour des bonnes raisons. Les choses assez fortes, j'ai un retour après coup. voilà alors c'est pas tout le temps heureusement sinon ça serait compliqué de vivre le moment présent mais alors je sais pas si c'est quelque chose de fort mais je sens que c'est quelque chose de nouveau et voilà c'est comme ça que j'assure les choses donc peut-être ce soir je vais me poser il y a des choses qui vont s'en égarer peut-être demain peut-être la semaine prochaine, et tout de suite je ne peux pas te répondre. Voilà, c'est comme ça que je fonctionne, malgré moi.
- Speaker #1
Est-ce que ça a fait marcher des choses chez vous ? Qu'est-ce que vous attendez de parler ici devant un micro ? Qu'est-ce que ça change ? Ou est-ce que pour vous, c'est la même chose que de parler dans un groupe habituellement ? Comme toi, tu le fais souvent Fabrice ?
- Speaker #3
Moi je le vois en groupe de travail ou en groupe de parole, rien que le fait de serrer la main à une personne, ça y est, il va prendre la parole. Je lui donne une force. Voilà, c'est un peu... Je suis ici, je suis content parce que je sais que ça va servir à quelque chose. Et j'en parlerai à des groupes parce que c'est bien.
- Speaker #1
C'est un groupe mais qui est un peu immatériel, parce qu'ensuite on ne sait pas trop qui l'écoute. Il y a des gens qui l'écoutent, chez eux, dans la voiture... Et la parole du coup, elle sort du groupe, sort de la salle ensuite.
- Speaker #2
Moi, j'ai écouté quand même deux fois 20 minutes. Moi, j'ai à peu près un podcast. Donc, c'est intéressant. Après, c'est l'histoire de vie de quelqu'un, en fait. Donc, voilà. C'est assez profond. C'est quand même assez détaillé. Mais comme j'ai une bonne discussion avec quelqu'un qui me parle et on va un peu en profondeur, on peut... Mais c'est hyper intéressant. Après, je coupe quand même parce que ça reste des sujets. Je n'ai pas forcément envie d'entendre parler d'alcool. Je dis la vérité. Pendant deux heures, voilà. Et après, pendant que tu posais la question, j'étais en train d'y réfléchir. Je trouve ça intéressant de faire ça, de parler dans un micro, de faire un podcast du coup. Parce que je pense que ça peut être entendu. Alors pas tant mieux si c'est entendu par des gens complètement extérieurs. Ça leur fait du bien, franchement. C'est gratuit, c'est que du bonus. Il n'y a pas de... Je ne fais pas ça pour être écouté. Mais même un cercle un peu plus restreint, qui peut être le mien en fait, au final. Même familial, on peut parler, il y a des choses qui sont entendues, mais ça sera forcément dit. Déjà, ce n'est pas calculé. Ça sera entendu d'une manière différente. Je pense à ça, en l'occurrence, tout de suite, maintenant que tu poses la question. Je pense que ça peut être intéressant parce que ce n'est pas calculé, ce n'est pas dirigé. Ce que je suis en train de dire, ce n'est pas dirigé. Même l'interaction qu'on peut avoir et tout. donc au final C'est-à-dire que c'est des mots que j'ai sûrement jamais utilisés. C'est dans ce sens-là où je dis ça. Qui seront entendus peut-être par des gens...
- Speaker #1
Tu parles d'eux,
- Speaker #2
oui. En l'occurrence, là. Famille, amie, exactement. Tout à fait, ouais.
- Speaker #1
C'est ça qui marche.
- Speaker #2
Ça, c'est intéressant.
- Speaker #0
Je voulais pas dire mon prénom, mais finalement, je me dis, si c'est des copains ou de ma famille qui l'entendent, ils verront que... Comment je parle de ça ? Et puis finalement, on m'a tout le temps dit dans ma famille, on m'a accusé d'être alcoolique, machin. Et puis en fait, j'ai mis des années à leur dire mais c'est une addiction, c'est une maladie. Voilà. C'est rentré. Même avec ma fille, c'était la pauvre. Mais bon, elle a fini par comprendre et puis elle voit que je fais tout pour me soigner, etc. Et finalement, ça va résonner différemment dans la tête des gens, quoi. Qui croient qu'on est des alcoolos et basta, quoi. Ou des addicts à n'importe quoi, voilà. L'herbe ou le... Peu importe. Mais voilà, c'est dur.
- Speaker #1
Ils ne se rendent pas compte de tout le travail qu'il y a derrière.
- Speaker #0
Mais ouais,
- Speaker #1
c'est le travail.
- Speaker #0
Exactement.
- Speaker #1
qui est considérable. Tous les gens que j'ai croisés dans ce podcast, c'est des gens qui avaient une connaissance hyper large de ce qui se passait pour eux et pour les autres aussi. Je pense que la plupart des gens n'ont aucune idée de ce qui se passe ici, dans un centre, dans un cas pas. On reste sur le même thème. Quel message d'espoir souhaiteriez-vous transmettre à quelqu'un qui est dans la souffrance ?
- Speaker #4
T'es pas tout seul.
- Speaker #2
C'est joliment dit.
- Speaker #3
Prends soin de toi.
- Speaker #2
Lâche rien. Après, on t'en voudra pas. Fais ce que tu peux.
- Speaker #4
La persévérance, c'est la clé. Sky is the limit.
- Speaker #0
On peut en parler, on peut parler. Voilà, c'est tout ce que je peux dire. Parce que je tiens bon, machin et tout, mais ouais, c'est bien, c'est un message positif, mais ouais, il faut parler.
- Speaker #3
On peut s'en sortir. C'est surtout ça, c'est que moi, je m'en suis sorti, donc tu peux y aller.
- Speaker #4
Et aussi se dire qu'à partir du moment où on reconnaît qu'on est malade, c'est la moitié du processus. Et qu'ensuite l'autre partie, c'est de vouloir prendre soin de soi, que ce soit en consultant du personnel médical, de santé, psychiatre, psychothérapeute, psychomotricien, aller en hôpital de jour, aller en cure. Il y a plein de traitements possibles et adaptés en fonction des gens. Il suffit simplement de trouver celui qui nous correspond, mais sans oublier que si on n'a pas un minimum de persévérance, ça ne servira à rien. Il faut en avoir envie.
- Speaker #3
Oui, moi je dirais juste une chose, c'est que les soins sont larges. Il faut faire attention à soi, certes, et puis il y a aussi les assistantes sociales, les mairies ou quoi que ce soit. Il y a plein d'aidances, il y a plein d'associations. On n'est pas tout seul. Il faut faire attention, il faut communiquer, il faut se faire de nouveaux amis. Et il faut dire que maintenant, il faut avancer, le chemin, il est là. Il faut arrêter de se laisser voir.
- Speaker #4
Mais ce n'est pas si on tombe sur une personne mauvaise ou malveillante dans notre parcours que ce sera la même pour tous les autres. Il ne faut simplement pas perdre le fil et se dire que la personne d'après, ce sera la bonne, mais si ce n'est pas celle-ci, ce sera encore celle d'après. Et au final, si on met 20 personnes à la rencontrer, on aura mûri notre expérience. C'est pas limite encore mieux.
- Speaker #3
Il n'y a pas d'âge.
- Speaker #0
Il n'y a pas d'âge à bon endroit.
- Speaker #3
Il n'y a pas de couleur, il n'y a pas d'âge. Je compte dire.
- Speaker #1
Merci.
- Speaker #2
Merci. Merci beaucoup.
- Speaker #0
C'était super.
- Speaker #3
Bravo, c'était... Franchement...
- Speaker #0
Bravo à vous.
- Speaker #3
C'était un plaisir.
- Speaker #0
C'était cool. On est en confiance. La preuve. N'est-ce pas ? Merci. Bonne soirée. Bonne soirée.
- Speaker #2
Bonne soirée à tout le monde.
- Speaker #0
À bientôt.
- Speaker #2
Tu comptes bien figure ?
- Speaker #1
Non. Merci.
- Speaker #2
Merci.
- Speaker #0
Bonne soirée. Merci encore.
- Speaker #1
A bientôt. C'était Ence des Pupillons, un podcast écrit et réalisé par Sylvain Pinault avec une musique originale de Toco Verbi. L'illustration est signée Mathilde Fian et la production assurée par l'équipe de Cap 14, une antenne d'Addiction France. Pour ne pas manquer les prochains épisodes, laissez-nous quelques étoiles ou même un commentaire. Ça vous a plu ? Servi ? Ou aimé ? Ça nous aidera beaucoup à le faire connaître. Prenez soin de vous et de vos proches. Et à bientôt.