- Speaker #0
Vous écoutez En Substance, un podcast d'Addiction France.
- Speaker #1
Bonjour, vous êtes en relation avec le répondeur téléphonique du centre Cap-Torz, antenne XAPA de l'association Addiction France.
- Speaker #0
pour faire un petit test pour toi.
- Speaker #1
Oui, alors, 1, 2, 1, 2, ça va C'est bon
- Speaker #0
Eh bien, nous sommes ensemble pour un troisième épisode qui s'appelle Nous, parents. Donc la position d'être dans une situation d'addiction en tant que parents. Et je suis en compagnie de Marie, JP, Époc, déjà. Est-ce que vous pouvez vous présenter rapidement en quelques mots
- Speaker #2
J'ai 38 ans, papa d'une fille de 15 ans. J'ai travaillé pendant près de 20 ans dans la restauration. Et actuellement, j'ai changé de métier. Reconversion professionnelle, afin de s'éloigner des addictions ou du moins des démons. mon voilà pour l'instant je m'appelle jean pierre
- Speaker #3
48 ans bientôt je les vis très mal deux enfants 20 21 et 18 pareil j'ai jamais vu j'ai rien vu passer et je suis informaticien administrateur système
- Speaker #0
Et on termine avec Marie.
- Speaker #1
Bonjour Marie, j'ai 68 ans, j'ai 4 fils, dans la trentaine pour les 3 premiers, et un petit dernier de 26 ans, et j'ai maintenant depuis quelques jours 7 petits-enfants. Et j'étais cadre sub dans une très grosse entreprise.
- Speaker #0
Les présentations sont faites, on va pouvoir commencer. Comment est-ce que vous avez vécu votre rôle de parent, tout en faisant face à vos propres difficultés, avec l'addiction
- Speaker #1
Mal, mal. Enfin, j'étais pas tout le temps dans l'addiction, donc dans ces moments-là, ça allait très bien. Sinon... J'étais un parent défaillant, je me rendais compte, donc j'étais pleine de culpabilité, de remords. Il y a eu des tas d'épisodes avec, sans, je l'ai très mal vécu, logique.
- Speaker #0
Et maintenant
- Speaker #1
Alors maintenant, il faut savoir que je consomme toujours un peu, modérément. Mais la question d'alcool est toujours extrêmement aiguë pour mes fils, c'est-à-dire qu'ils sont très vigilants sur cette consommation. Il faut vraiment qu'elle demeure très raisonnable, ou pas du tout, ce qui est encore mieux. Et ils arrivent à repérer des signes. imperceptible dès que je dépasse un tout petit peu la norme. Donc je fais vraiment attention quand ils sont là, avec moi.
- Speaker #0
Les autres, c'est une question assez large, mais...
- Speaker #3
J'ai toujours eu plusieurs addictions. Cannabis, alcool, tabac, voilà. Donc parfois j'avais le droit de fumer dans l'appartement, parfois non, jamais dans la voiture, avec les enfants, tout ça, ça se gérait. Globalement, le cannabis, je le cachais. Donc c'était un truc caché. Et l'alcool, ben... Alors la maman est aussi un petit peu défaillante, et c'était quand même moi qui assurais plus ou moins, donc j'ai pas l'impression d'avoir été forcément défaillant, malgré mes addictions. J'aurais plutôt tendance à dire que c'était quelque chose qui m'aidait à tenir... ce que je devais faire, perdre de famille, ramener de l'argent, assurer les défaillances de la maman, t'es où, tu fais quoi, je m'en sors pas, et moi il fallait tout le temps que j'assure. Et depuis que je suis séparé, en grande partie à cause de l'alcool, c'est beaucoup plus compliqué avec les enfants.
- Speaker #1
Je voudrais juste rajouter une chose, c'est que même adolescents et encore plus adultes, Je vois qu'ils sont tous les quatre bien dans leur peau, heureux, équilibrés, qu'ils ont trouvé tout ce qu'il fallait à leur bonheur. Donc peut-être que je n'ai pas été si défaillante que ça.
- Speaker #0
Et tout à l'heure, tu vas d'ailleurs aller garder tes petits-enfants.
- Speaker #1
Oui, oui, oui. Donc ils ont confiance.
- Speaker #0
Donc il n'y a pas eu de rupture Non. Il y a toujours de l'amour tendresse entre vous Oui.
- Speaker #3
Et c'est pareil, il y en a un qui fait ingénieur des chaussées, ils sont très bien, ils n'ont jamais posé de problème, ils sont très bien dans leur peau, ils ont des copines, ils ont des copains. Malgré ce qu'on est, les miens ne sont pas si grands.
- Speaker #0
Bravo à vous et à eux. C'est des parcours complexes et difficiles. La parentalité en tant que telle, j'imagine, je ne suis pas parent, mais ce que j'en ai vu, y compris, je sais que c'est dur. En plus de combattre une addiction, il y a quand même deux luttes en même temps. Franck, est-ce que tu veux développer un peu
- Speaker #2
J'ai commencé à boire à un moment de la séparation avec la mère de la petite, il y a quand même presque 13 ans maintenant. La séparation a fait que la façon dont ça s'est passé par la suite... Moi j'avais pas envie de rentrer chez moi parce que il y avait un vide, il n'y avait pas ma fille. Et ensuite il y a eu aussi après, bon bah, autant des séparations qui peuvent bien se passer et d'autres qui peuvent être douloureuses. Ou les échanges entre les parents séparés, c'est compliqué quoi. Donc du coup ça m'a pas aidé, j'ai commencé à prendre de mauvaises habitudes. quotidienne, jusqu'à ce que l'addiction de l'alcool soit bien ancrée, soit fixée, et qu'ensuite, dans un premier temps, j'étais dans une maîtrise, et ce n'était pas forcément le cas, c'était l'idée que je m'en faisais. Mais la famille qui s'inquiète du coup déjà, la famille, l'entourage, l'enfant est petit, même si je m'en occupais, je la prenais toutes les semaines. Je travaillais 12 à 14 heures par jour, je dormais 4 heures par nuit. Dans le reste du temps, je buvais. Je suis plus réadict aussi au cannabis. Et c'est vrai que les suivis en amont psychologiques m'ont permis de penser certaines blessures ou d'adopter certains protocoles permettant d'avancer. Et il y a eu pas mal de ratés. Il y a eu des actes manqués, des paroles manquées concernant ma fille. Qui est actuellement, bien gré et mal gré, la situation et tout ce qui a pu arriver, je la vois tous les jours. Elle a rencontré mon docteur addictologue, mon psychiatre addictologue, parce que ça faisait partie du process, parce que ça a été compliqué, la culpabilité, les actes manqués, les paroles manquées, même si je l'ai alcoolisé, je l'ai frappé, je l'ai giflé. J'ai été condamné pour ça, à un euro symbolique, parce que j'avais reconnu. Mais sur le coup, on ne se rend pas compte. Et puis là, les regrets, les remords, c'est quelque chose que moi, je ne me pardonne pas. Je ne m'excuse pas, du moins peut-être pas au-delà du pardon, mais je ne me l'excuse pas. Je comprends la situation, pourquoi j'en suis arrivé là, qu'est-ce qui m'a fait déborder. Mais ce n'est pas une raison. C'est vrai qu'il a fallu que je prenne beaucoup de responsabilités. beaucoup de choses, même si pour certains dans les jugements, moi je suis juste alcoolique, je ne suis pas juste alcoolique, il y a d'autres flèches à mon arc.
- Speaker #3
c'est bien là déjà c'est pas mal ça me parle beaucoup on a beaucoup de parallèles y compris dans les addictions et dans les effets qu'on regrette avec les enfants moi aussi j'étais condamné moi aussi j'ai tapé mon fils et je le regrette
- Speaker #0
C'est la prochaine question un peu, les moments vraiment difficiles que vous avez traversés avec votre enfant, quelles difficultés ça a apporté dans votre relation et comment vous avez pu les résoudre,
- Speaker #2
si c'est le cas Quand c'est arrivé il y a trois ans, ça c'est il y a trois ans, jusqu'à présent, je l'avais toujours éduqué déjà comme une personne, à part entière, un être humain. et que je lui avais bien précisé depuis toute petite que nul n'avait le droit de la toucher y compris ses parents et qui que ce soit et donc ce jour là c'était vraiment j'ai repris mes esprits très rapidement ensuite parce que choqué par mon acte, je lui ai présenté mes excuses, je lui ai réitéré ses leçons que je lui avais dit que personne ne te touche elle me dit même moi elle me dit je sais, Merci
- Speaker #0
C'est les autres là-dessus, sur les difficultés que vous avez rencontrées, les phrases marquantes et comment vous avez réussi à...
- Speaker #1
Le moment le plus dur pour moi dans cette période, on était en vacances dans une ville là, le dernier des quatre était un bébé et la veille au soir j'avais beaucoup consommé. Et dans la nuit, mon mari a décidé d'emmener les enfants ailleurs. Et le matin, au petit matin, je me souviens très bien, il chargeait la voiture et j'avais le bébé dans mes bras. Et il s'est approché de moi pour le prendre, la voiture était déjà pleine avec les autres. Et j'ai eu l'impression d'un arrachement physique. Quand... il a pris le bébé et ça, ça a été terrible et je m'en souviens comme si c'était hier. Ça a été horrible. C'était la conséquence de mes actes.
- Speaker #2
Ça me parle... Le vol.
- Speaker #1
Il n'était pas à moi.
- Speaker #2
L'important, c'est les enfants, mais le vol de la parentalité.
- Speaker #1
Oui.
- Speaker #2
Moi, si je devais donner un conseil à quelqu'un... aujourd'hui qui se séparent et que c'est dur et que c'est dans les conflits, je dis malgré tout, fais ton mieux pour être le père que tu devrais être à ce moment-là. Parce que ça fait mal, ça fait mal, c'est terrible, c'est une douleur. Je buvais, je buvais pour l'oublier cette douleur, ou pour faire autre chose, mais c'est vrai que... Après, c'est pas radio-artificiel. Parce que c'est le vol. Un vol. Moi, j'ai ressenti ça comme un vol.
- Speaker #0
De ta paternité
- Speaker #2
Mon enfant. Passer les droits d'une séparation à l'amiable. Toutes les choses, des faits, des mots, de vouloir parler à son enfant, la personne au téléphone, la mère ou le père nous dit Non, raccroche tu ne lui parleras pas. Ça déclenche en la personne, moi ça me déclenchait des pulsions d'avoir envie d'aller boire.
- Speaker #3
Moi, c'est la séparation aussi. Il y en a, ce que je disais tout à l'heure, il y en a avant et après la séparation dans la relation avec mes enfants. Et du jour au lendemain, je suis passé de papa idéal, malgré mes addictions, parce que je pipelais quand même. Parfois, après un repas, je pouvais empêcher pendant trois heures. Mais j'assurais quand même le papa. J'allais me taper les dimanches au judo, les trucs, la danse le mercredi, l'école tous les matins, l'école parce que c'était moi qui devais me réveiller et aller amener tous les enfants tous les matins, tous les matins. A partir du moment où on s'est séparés, va des rétros satanasses, quand on veut se séparer de son chien on dit qu'il a la rage, est-elle droguée, alcoolique, papa il est défaillant, il y a des choses qui rentrent, on te prend ton truc, on te vire de chez toi, on te prend ton argent, on te prend tes trucs, on te prend tout, et puis on te dit ouais vas-y va te soigner et puis après on en reparle. Non c'est pas comme ça que ça marche. Et ce qui s'est passé avec mon fils, c'est qu'il a pris, il défendait un peu sa mère, normal, ce qui est normal. Et qu'à un moment donné, il a pris tout ce que je voulais renvoyer à sa mère et à son beau-père. Et c'est lui qui a pris. Et j'en suis pas fier. Et c'est un de mes grands traumatismes.
- Speaker #0
Vous arrivez à en parler
- Speaker #3
Non. Alors, j'ai déjà parlé de la thérapie familiale ici. Mes enfants, j'ai déjà parlé, ils ne sont pas contre. Moi, je n'arrive pas à en parler. Je sais que, notamment mon fils qui s'est pris le coup, il est en attente de... Je me suis excusé, évidemment, dès le lendemain. J'ai été condamné, j'ai payé plus qu'un euro. Il m'a quand même vachement défendu, malgré tout. Mais on n'en a jamais parlé. On n'en a jamais vraiment parlé. Et je sais qu'il aimerait bien qu'on en parle, mais moi, je ne sais pas comment en parler.
- Speaker #0
C'est pour ça qu'il y a des équipes. J'imagine que toi, ça t'a aidé, cet accompagnement.
- Speaker #2
Ouais, ça m'a aidé, puis ça me touche énormément, parce que c'est le moment où j'ai pu l'évoquer en thérapie familiale. C'est vrai que c'était un grand moment. Moi, j'étais beaucoup dans l'émotion à ce moment-là. C'était aussi un rendez-vous qui était très instructif, mais à la fois pour moi, mais aussi pour ma fille. Parce qu'à ce moment-là, c'était les questions, le patient, enfin, c'était elle, c'était pas moi. C'est vrai que le fait qu'il y ait un tiers, et qu'il lui ait posé des questions, mais toi comment, qu'est-ce que tu penses, qu'est-ce que tu ressens Ça m'a permis aussi d'aller, de faire au mieux quoi, parce que le combat c'est un jour à la fois, on fait de notre mieux, le passé c'est le passé, il y a des choses qu'on ne pourra pas réparer. Maintenant j'ai envie de lui apporter de la prévention sur tous les risques à venir, j'arrive à parler avec elle d'une certaine manière parce que c'est ma personnalité, je suis comme ça, on va dire que je ne vais pas mentir.
- Speaker #1
À l'âge adulte, je leur ai demandé à chacun s'ils souhaitaient qu'on en parle de mes problèmes d'addiction, des difficultés qu'ils avaient eues dans leur enfance et leur adolescence. Et tous m'ont répondu non, on ne veut pas. Mais je remarque que chacun réagit différemment. Il est arrivé par exemple que je... que je consomme, mettons, on était à l'étranger, je prenne trois ponches, ce qui est beaucoup trop aux yeux, et puis après, de l'eau au repas. L'un de mes fils a piqué une colère, mais noire. Il a explosé. Et le lendemain, il est venu s'excuser. en disant Maman, j'aurais pas dû réagir dans ces proportions-là. Je me suis excusée à mon tour. Bon, on a fini en s'embrassant. Mais chacun a réagi à sa manière. Ce qu'il y a de bien, c'est qu'on a... Comme on disait tout à l'heure, on n'a jamais rompu le dialogue. On a quand même toujours parlé, même si ce n'est pas précisément de cette addiction. Je me suis toujours intéressée à leur vie.
- Speaker #2
Excusez-moi, est-ce que vous leur mentiez
- Speaker #1
Ah non. Ah non.
- Speaker #2
Parce que moi, ma fille, je ne lui mens pas non plus. Et donc du coup, le dialogue, c'est peut-être pour ça qu'il n'est pas rompu. Oui. C'est parce que vous avez été honnête avec eux.
- Speaker #1
Ah oui. Oui.
- Speaker #2
Je pense que, parce que tout à l'heure vous parliez de l'amour.
- Speaker #1
Ils le sentent.
- Speaker #2
Je pense que c'est ça qui fait que ça maintient un truc. Je pense que c'est l'amour. Même si on est défaillant, ils sentent qu'on les aime et qu'on fait de notre mieux. Et si on leur ment pas, c'est une preuve d'amour.
- Speaker #0
Cette question-là d'honnêteté, de dialogue, est-ce que ça vous parle Oui. Peut-être avec la thérapie ou pas. Qu'est-ce que ça a pu vous apporter Non,
- Speaker #1
même avant la thérapie. Enfin, je... je pense que je suis quelqu'un qui ne ment pas et en plus je crois que les enfants ont un sixième sens pour ça et ils détectent très vite et les non-dits et les mal-dits on
- Speaker #0
peut pas trop leur mentir ça marche pas moi ils me disaient rien mais
- Speaker #3
Alors ils sont plus jeunes, ils sont plus jeunes, tu vois, ils sont... Elle vient d'avoir 18 ans, l'autre il a 21 ans, ils ont besoin des parents. Ah oui, la tienne aussi a 15 ans. Mais voilà, moi ils me prennent pas trop la tête là-dessus. Ils aiment pas, ils savent et ils aiment pas, mais...
- Speaker #1
Je voudrais rajouter une chose, c'est que j'ai eu... On a été longtemps séparés de mon mari, lui avait la garde des enfants, il y a eu beaucoup de conflits avec mon mari. Mais... Il a toujours tenu, enfin on était séparés de corps, il n'a jamais voulu accepter un divorce, parce qu'il avait toujours en tête qu'un jour on reformerait un couple et éventuellement une famille. Et il a toujours tenu à expliquer aux enfants que c'était une maladie. Et ça, vraiment, je lui tire mon chapeau. Parce que ce n'est pas évident de faire ça, d'avoir cette attitude. Bravo.
- Speaker #0
Justement, tu parlais de cette question de maladie. Est-ce que ça résonne pour vous Est-ce que vous l'utilisez Et est-ce que vos enfants l'utilisent Le terme maladie, est-ce qu'ils le considèrent comme tel
- Speaker #1
Je pense qu'ils ont été élevés, si je puis dire, dans cette notion-là. Je n'aurais jamais posé la question directement, est-ce que vous considérez que ça a été une maladie Mais je crois qu'ils répondraient oui, parce que c'est ce que leur a transmis leur père, et c'est ce que j'ai essayé de leur transmettre. Mais à une époque, j'avais du mal à en parler. Je sais que c'est une maladie, mais j'hésite un peu aussi entre le... Ça va paraître bête à ce... qui cette notion n'existe pas, entre maladie et péché.
- Speaker #0
Tu peux développer un peu
- Speaker #1
On loue beaucoup de choses en étant sous alcool. Donc on n'use pas du tout toutes les potentialités qu'on nous a données. Donc on récuse un peu les dons qu'on a reçus. On ne s'en sert pas. Et en ça, je considère que c'est plutôt pour moi qui suis croyante de la notion du péché. Mais je pense que j'ai tort.
- Speaker #0
Non, je pense que ça résonne. Je lisais un texte de Deleuze, qu'il a pas mal écrit sur l'alcool, et il disait qu'il s'est arrêté de boire le moment où ça l'empêchait de créer des concepts, de créer de la fin, de faire de... son travail de philosophe, parce qu'à un moment il avait l'illusion que ça l'aidait à créer, et lorsqu'il s'est vraiment rendu compte que c'était un blocage, il a réussi à arrêter. Il y a une vidéo d'ailleurs de l'ABCDR de Deleuze, à la lettre B. Boisson. Oui, il théorise son rapport à la boisson de manière assez philosophique. Enfin, très philosophique. Assez intéressante, je veux dire. Ah non, c'est intéressant cette notion de péché. C'était quelque chose que tu avais théorisé en amont
- Speaker #1
Non, que j'ai... Petit à petit, théoriser dans la mesure où je n'ai pas utilisé tous les dons que j'aurais pu développer. J'essaye de me rattraper maintenant.
- Speaker #0
Bah oui, tu vas aller garder ton taille.
- Speaker #1
Oui, oui, oui, et plein de choses riches à côté.
- Speaker #0
J'imagine, vous êtes tous des personnes très riches. Avant de nous quitter, est-ce que tu aurais un conseil à donner
- Speaker #1
Communiquer, dire la vérité. être affectueuse le plus possible, maintenir ce lien d'affection. Et quand je vois la manière dont mes fils se comportent avec moi, je pense que l'affection est restaurée.
- Speaker #0
On dirait. Bravo pour ça. Merci beaucoup Marie pour ta présence et ton témoignage. On continue donc cette discussion avec JP et Franck. Et maintenant, est-ce que vous arrivez à explorer vos différents talents, peut-être avec vos enfants, tout seul C'est-à-dire décaler un peu l'énergie que vous avez pu mettre ou perdre dans les addictions
- Speaker #2
Pour ma part, de mieux en mieux, mais le chemin est encore long. Mais ça fait partie de ça, des sorties du week-end culturel, d'un point de vue éducatif, de soutien moral, psychologique. Mais c'est-à-dire que maintenant, j'ai plus l'impression de contrôler ça parce que je le décide et que je commence à caresser ou à toucher vraiment mon rôle de père. Auparavant, je survolais le truc, j'étais hors sol. C'est à court à gauche, à droite, on ne se rend pas compte. Il y a des gens qui, c'est leur quotidien, ils ne consomment pas, mais ça ne veut pas dire que ça ne les esquinde pas pour autant.
- Speaker #0
Il y a des gens qui passent à côté d'un tas de choses,
- Speaker #2
même sans consommer, parce que la vie ne fait que quoi.
- Speaker #0
Tu veux réagir ou...
- Speaker #3
Mais moi je suis un hyperactif, tout le monde m'a toujours pris pour un dingue, depuis que je suis tout petit, tout le monde me prend pour un dingue, je me faisais virer, je me suis fait virer de partout, donc maintenant on dit, c'est parce qu'il est alcoolique, c'est parce qu'il a bu, etc.
- Speaker #0
Donc c'était déjà le cas même avant de boire Oui,
- Speaker #3
j'étais déjà surexcité à être soit hyperactif, soit TDAH, soit ZEB maintenant, je ne sais plus comment on appelle ça.
- Speaker #0
Vous avez vraiment un TDAH, du coup tu as essayé de faire un...
- Speaker #3
Oui, j'ai fait 10 ans de CMP, de trucs, j'ai tout fait. Maintenant, avec mes enfants, tout le temps qu'on était en couple, ça ne se voyait pas, j'étais le papa idéal, je faisais tout. encore une fois, mais depuis qu'on est séparés c'est stigmatisé alors que Ils savent très bien que je ne suis pas normal que je suis un gamin, et que même si j'ai bientôt 50 ans, j'en ai 15 dans ma tête, et que je peux faire des trucs de fou, ça n'a rien à voir avec l'alcool. Mais on fait des assimilations, parfois, je ne dis pas que l'alcool... Je ne sais pas que c'est bien, et parfois l'alcool accentue, amplifie. Donc moi je suis l'excentrique, alcoolisé ou pas. Mais j'ai toujours été un peu bizarre, donc ça accentue peut-être les choses, mais je pense que je n'ai pas que ça. Et mes enfants, il y a toujours eu beaucoup d'amour, malgré ce que j'ai fait. Moi, je vais péter le nez. Il y a toujours eu beaucoup d'amour et ils m'ont toujours défendu, même devant la police. Il y a beaucoup d'amour.
- Speaker #0
Et c'est des choses que tu apprends à régler petit à petit avec le temps Même au week. Je dis ça parce que...
- Speaker #3
Mon fils, il est comme moi.
- Speaker #2
Je pense qu'il y a un terrain. Je pense qu'après, on est comme on est.
- Speaker #3
Ça me parle beaucoup.
- Speaker #0
Et le produit vient par-dessus.
- Speaker #2
Je pense qu'après, il y a la personne qu'on est. Déjà, je sors de chez moi le matin, ça y est, c'est une aventure.
- Speaker #3
Moi aussi.
- Speaker #2
Et ça, sans alcool. Oui. Ça va être une aventure. dans le métro, dans le RER, je vais rencontrer les gens, dans mon travail, il y a un truc où il y a un truc je pense très émotionnel, très sensible, voilà. Donc il y a les produits, il y a l'addiction, et ensuite il y a aussi, enfin avant tout, il y a la personne qu'on est quoi. Moi je pense que c'est pas évident dans la famille, même pour les enfants, quand l'oncle, la tante, la grand-mère, enfin qu'importe quoi, tous ceux qui tournent autour de l'enfant et selon les mots qu'ils vont avoir, les propos qu'ils vont tenir, l'enfant il sait que son parent est défaillant, il n'a pas besoin de personne pour lui dire. Il le connaît à jeun, il le connaît après avoir consommé, il voit bien que c'est pas la même personne. Donc c'est là où il commence le conflit de loyauté dans différentes choses.
- Speaker #0
Tu voulais réagir
- Speaker #3
Parce que moi mes enfants, oui, les enfants 21 et 18, j'ai les deux, et alcool et cannabis. Eux tu veux dire Ouais, pour eux. Ils savent très bien que je consomme les deux. A priori, le premier est plutôt sage et tout, il fait des bonnes études. Mais sa sœur, elle me dit, un jour je suis rentré, il était à 3h du mat sur la cuvette du WC, en train de boire, à cause de l'alcool. Et elle, elle est beaucoup plus un peu freestyle, elle sort beaucoup plus, elle est plus fêtarde que son frère. Et quand elle avait déjà 15 ans, donc là elle en a 18, quand elle avait 15 ans... Il y avait les parents qui ont fait toute une histoire parce qu'à 5, ils avaient été chopper une bouteille d'alcool avec l'accord de quelqu'un qui avait plus de 10 ans. Bref, elle fume et elle boit aussi. Et dans les soirées mondaines, parisiennes, je ne sais pas si c'est partout pareil, mais dans les soirées mondaines, parisiennes, où ils vont, ça consomme.
- Speaker #0
Ah bah oui, c'est omniprésent. En tout cas, l'alcool...
- Speaker #3
Et ils ont plutôt tendance à ne pas consommer à cause de mes addictions.
- Speaker #0
Avec toi tu veux dire
- Speaker #3
Ah non, avec moi de toute façon même, il n'a pas le droit de fumer, de clope, ils n'ont rien le droit de prendre avec moi. Mais en même temps je ne suis pas très crédible pour leur... ils savent que... ils le savent. Parce que t'es crédible, pardon. Oui mais je ne peux pas leur dire qu'il ne faut pas le faire alors qu'ils savent très bien que je le fais alors que j'ai 48 ans. Mais je n'ai pas le même âge, je n'ai pas le même... j'ai un boulot... Ils sont confrontés à ça aussi nos enfants. Moi, de mon point de vue, oui, c'est compliqué.
- Speaker #0
Est-ce que toi tu leur parles de ton parcours de soins ou d'ici Non.
- Speaker #1
Non Alors je leur ai déjà dit que c'était possible de venir ici, ils sont d'accord, mais non je leur parle pas de mon parcours de soins, non.
- Speaker #0
je pense qu'on va peut-être terminer peut-être sur une partie conseils ou des ressources qui vous ont aidé ou des conseils que vous pouvez donner à des parents qui font face à ce genre de problématiques
- Speaker #1
il faut pas qu'on le juge ici on ne juge pas même quand ma maman est venue il y a mes enfants qui vont venir j'espère On ne juge pas, même quand tu loupes les rendez-vous, même quand tu arrives alcoolisé, on ne juge pas. Et c'est important, je pense, de ne pas être jugé. C'est aussi important de faire une démarche. Il ne faut pas rester tout seul, je pense. Il ne faut pas rester tout seul parce qu'on s'enfonce. Tu es obligé de te ramener à quelque chose de concret. Un travail, tu es enfant, c'est pareil, tu ne veux pas te retrouver. bourré devant tes enfants parce que quand je suis bourré je les vois pas mes enfants je sais pas si c'est des conseils il faut être entouré quoi ma maman m'a fait penser à ça tout à l'heure je sais plus quoi même quand elle me dit Jean-Pierre tu sens l'alcool et tout t'as encore bu tu sens la clope je supporte plus Je suis là, maman, putain, bah oui, je fume, je bois, tu le sais, voilà, j'ai 50 ans. Ok, mais bon, voilà, il y a quand même quelqu'un qui prend soin de toi et qui te dit, ah ouais...
- Speaker #0
Elle te juge pas, mais elle te dit, elle te rappelle un peu.
- Speaker #1
Oui, c'est pas un jugement, oui. Oui, parce que, oui, c'est pas un jugement. Ouais. Mais c'est, voilà, c'est... Faudrait que tu fasses un effort, quoi.
- Speaker #0
Ouais, c'est des rappels d'ancrage, quoi. Des moments où t'habites sur cette planète, t'as des gens qui... Ouais. qui sont responsables, toi t'es responsable de...
- Speaker #1
T'es pas le plus malheureux du monde, t'es pas le B1... Ouais, ouais.
- Speaker #0
Non mais je pense que c'est super important cette question-là, de se rappeler aussi quelle place tu prends dans un environnement.
- Speaker #1
Bah oui, c'est ça, je sais, oui.
- Speaker #0
T'es pas le plus humble,
- Speaker #1
tu vois. Ouais, t'as quelque chose à manger dans ton assiette, t'as un truc, t'as un boulot, t'habites en France, t'es pas à Gaza, t'es pas... Bon, t'es pas... Et malgré tout, on a nos addictions.
- Speaker #0
C'est en travail en cours,
- Speaker #1
comme on dit.
- Speaker #0
Working progress.
- Speaker #2
Il y a le film Les Héroïques qu'on a vu ici en atelier, qui est très bien, avec Richard Boranger, Clotilde Couraud, qui ne sont pas forcément les deux rôles principaux. Mais ouais, qui est très bien, qui est très beau. Ensuite, en lecture, non, moi j'aime beaucoup la philosophie.
- Speaker #0
Quel genre de...
- Speaker #2
Dernièrement, il y avait du Sénèque. Donc voilà, sur la fin du...
- Speaker #0
C'est des choses qui te servent...
- Speaker #2
Ouais, carrément, ça, déjà, c'est des choses qui me parlent pour les mots, les mots au quotidien, MAUX, les mots du monde. Et je vois qu'on en parle déjà depuis plus de 2000 ans. Donc c'est dingue.
- Speaker #0
Pas tout seul et on est pas... il y a des gens avant nous.
- Speaker #2
Voilà, c'est dingue. Et ensuite, il y a la méditation aussi, beaucoup. Beaucoup la méditation, la respiration, ça aide pas mal. Enfin, même beaucoup. Et ensuite, il y a des auteurs qui sont sympas à lire. Herman Hess, Edgar Poe. Il y a des trucs qui peuvent faire voyager. Dans la lecture, j'aime bien voyager. Ça permet aussi de voir les choses différemment. Et puis, le conseil, c'est de se cultiver. Le savoir est une arme. Franchement, plus j'en apprends sur l'alcool, sur l'alcool en France, dans le monde, et aux différentes époques, ça me permet de comprendre pourquoi moi j'en suis là, et ça m'a aussi permis de moins m'en vouloir et de moins en vouloir à certains. Parce que, voilà, il y a aussi peut-être... Moi, je pensais aussi à la... J'en ai voulu énormément à mon père. Je dis pas que je lui en veux plus pour certaines choses, mais en tout cas, pour l'alcool, je me suis un peu calmé quand même dessus. Parce que, voilà, quoi, c'était des générations, des époques différentes. Enfin, je pense qu'après, il faut rester humble avec soi-même et rester humble aussi avec les autres, avec les addicts, avec tout le monde. C'est dur pour tout le monde, c'est dur pour l'addict, comme pour l'enfant, comme pour l'accompagnant, comme pour... C'est dur pour tout le monde, donc ouais, être indulgent. Être indulgent avec nous-mêmes, être indulgent avec son entourage,
- Speaker #0
qui ne comprend pas. À juger aussi.
- Speaker #2
Qui ne comprennent pas, qui ont leur idée, qui ont leur croyance.
- Speaker #1
On a tous des traumatismes, personne n'est capable de juger le pourquoi du un. Ouais,
- Speaker #0
ça s'applique un peu à...
- Speaker #1
Chaque cas est unique, quoi.
- Speaker #0
La singularité
- Speaker #2
Le fameux ne pas être jugé, c'est vrai que c'est ce qu'on ressent dans un Xapa, généralement. Peut-être pas partout, mais généralement, c'est ça. Dans un Xapa, on ne se sent pas jugé, parce qu'on vient tous pour la même chose, généralement. Un problème addictif, quel qu'il soit, il y a un esprit de solidarité, que ce soit par des silences, par des regards, et c'est très réconfortant. Ça donne beaucoup de force.
- Speaker #1
Ça donne beaucoup de force.
- Speaker #2
Je repense à ce que JP venait de dire, les retards, les rendez-vous manqués, enfin un tas de trucs que je ne répéterai pas mais qui ont déjà été dit. Ou voilà, c'est dans un XAPA où on vous montre la première preuve d'indulgence en fait, je pense. Ça peut être fait ailleurs, mais dans un XAPA on vous explique l'indulgence. En tout cas, on en témoigne beaucoup. De la douceur. On nous explique que c'est...
- Speaker #1
C'est pas une merde parce que t'es addict. Ouais,
- Speaker #2
exact. T'es addict. C'est pas une merde, t'es addict. Une merde, c'est une merde. Un addict, c'est un addict. C'est deux choses différentes.
- Speaker #0
C'est pas mal pour le mot de la fin. Cool. Ouais, j'ai écrit là deux choses. Ouais, sur Deleuze, du coup, il parle du voyageur immobile en parlant de la lecture. Et ça me faisait penser un peu à ce que t'as dit, une citation là. Écrire, lire, c'est se lancer dans une aventure singulière où soudain le jeu est un autre. C'est se déterritorialiser ou suivre activement une ligne de fuite qui fait sortir aussi bien des sentiers battus que des identités constituées. Merci à vous. Merci à toi. Merci à vous.
- Speaker #1
Bonne soirée.
- Speaker #0
Merci à Marie qui est allée garder ses petits-enfants. Quel bonheur. Comme une super mamie. Magique. Salut, à bientôt.
- Speaker #1
Au revoir. Au revoir. celui de février c'est celui qu'on a fait qu'on a décalé aujourd'hui ah voilà c'est ça on l'a oui voilà c'était j'ai fini mon podcast ok là je sais pas quand j'ai fait Ok, merci beaucoup. Merci beaucoup. Je vous emprunte les toilettes. Oui, je vous emprunte les rondeurs. Merci.
- Speaker #0
C'est plus en substance. Un podcast écrit et réalisé par Sylvain Pinot avec une musique originale de Toco Verdi. L'illustration est signée Mathilde Fian et la production assurée par Addiction France. Abonnez-vous pour ne pas manquer les prochains épisodes et laissez-nous quelques étoiles ou même un commentaire si ça vous a plu, servi ou aimé. Ça nous aidera beaucoup à le faire connaître. En attendant la speed, prenez soin de vous et de vos proches et on se dit à bientôt.