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#16 Marie Danielle: témoignage hautement conseillé pour changer de regard sur la vieillesse !

#16 Marie Danielle: témoignage hautement conseillé pour changer de regard sur la vieillesse !

33min |17/04/2024
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#16 Marie Danielle: témoignage hautement conseillé pour changer de regard sur la vieillesse !

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33min |17/04/2024
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Description

Marie Danielle Koechlin, alias MDK, se présente comme une artiste visuelle et de la conscience. Sans aucune retenue, elle partage son parcours artistique, sa reconstruction en tant que femme, et les trésors que la vieillesse lui révèle chaque jour.

Dans ce récit sans filtre, l'amour, l'humour et l'authenticité s'entremêlent pour offrir un témoignage saisissant.


Dans cet épisode, nous avons parlé de:


🥰 Sexualité et rencontre amoureuse à +75 ans

🤝 L'importance de la transmission

👀 Chercher ses rôles models et le devenir


Ses informations

son site internet avec ses oeuvres et agenda

son compte instagram


Ses actualités

Le travail de Marie Danielle Koechlin sera exposé du 18 au 30 avril à la galerie de Geneviève Bonieux au 32 rue de lappe, paris 11.

👉Venez la rencontrer, ainsi que les nombreuses artistes féminines qui exposeront leurs oeuvres sur le thème de "l'identité, sexualité et maternité"


Bonne écoute 💫


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Oh là là, me décrire en quelques mots. Je suis une artiste, une vieille artiste. Voilà, j'aime bien. Le mot vieux, parce que je vois pas pourquoi il serait déprécié. J'aime bien dire que je suis vieille, je suis pas une personne âgée, je suis pas...

  • Speaker #1

    Bonjour à toutes et tous, bienvenue dans le podcast encore qui dépoussière les idées reçues de la vieillesse. Et aujourd'hui j'ai l'immense plaisir de recevoir Marie-Daniel, une femme artiste qui se présente comme une artiste visuelle et de la conscience. Je vous laisserai découvrir dans l'épisode ce que ça veut dire en détail. et vous allez voir que Marie-Daniel sans aucune retenue elle va nous partager son parcours artistique mais aussi sa construction en tant que femme et les trésors que la vieillesse lui révèle chaque jour c'est un témoignage rempli d'humour d'authenticité, d'amour comme on adore chez Encore je vous laisse découvrir l'épisode bonne écoute Bonjour Marie-Daniel.

  • Speaker #0

    Bonjour Claire.

  • Speaker #1

    Merci infiniment d'avoir accepté mon invitation au micro d'Encore, le podcast qui dépoussière les idées reçues de la vieillesse. Et aujourd'hui, on va parler de vous, Marie-Daniel. Vous pouvez peut-être déjà vous décrire en quelques mots et après, je tenterai un nouvel exercice avec vous.

  • Speaker #0

    Me décrire en quelques mots. Je suis une artiste, une vieille artiste. Voilà, j'aime bien. Le mot vieux, parce que je vois pas pourquoi il serait déprécié. J'aime bien dire que je suis vieille, je suis pas une personne âgée.

  • Speaker #1

    Vous l'avez bien dit, âgée.

  • Speaker #0

    Toutes les circonlocutions. Non, je suis vieille. Et voilà, et c'est bien. On dit bien... Un vieux meuble, un vieux bois, c'est beau. Moi, je suis une belle vieille.

  • Speaker #1

    C'est vrai. D'ailleurs, je vous l'ai dit tout à l'heure en vous rencontrant, vous êtes le sosie de Meryl Streep. Et elle est quand même très belle.

  • Speaker #0

    Oui, enfin, quand j'étais jeune.

  • Speaker #1

    Non, encore moins. Allez, je commence avec les petites questions un peu pour vous surprendre. On verra. Donc, vous êtes artiste. J'ai envie de parler de la vieillesse avec cet angle-là. Et pour apprendre un peu plus à vous connaître, si Marie-Daniel, vous étiez une sculpture, vous seriez laquelle ?

  • Speaker #0

    Eh bien, je ne sais pas, comme je suis sculpteur de formation, c'est difficile de me dire une. Je pourrais être... Un rodin.

  • Speaker #1

    Si vous étiez une couleur ?

  • Speaker #0

    Alors, je suis bleu.

  • Speaker #1

    Ah, pourquoi ?

  • Speaker #0

    Parce que, je ne sais pas, c'est ma couleur, le bleu. J'aime bien le violet aussi, mais peut-être le violet, ça serait encore mieux.

  • Speaker #1

    C'est une signification, les couleurs, pour vous ? Oui,

  • Speaker #0

    bien sûr. Je suis peintre, alors forcément. Le bleu et le rouge, c'est la passion. Je suis encore passionnée. Et le bleu parce que c'est ma couleur, j'ai les yeux bleus. Voilà.

  • Speaker #1

    Très bien. Et la dernière, c'est si vous étiez une matière, vous seriez laquelle ?

  • Speaker #0

    Je serais de la terre glaise.

  • Speaker #1

    Ok. Parfait, on a une petite vision de Marie-Daniel sous l'angle de la sculpture de la couleur et de la matière. Vous avez tout de suite parlé de vous quand je vous ai posé la question de vous présenter en quelques mots. Vous avez utilisé le mot vieille. Ça, vous le dites depuis quand que vous êtes vieille ?

  • Speaker #0

    J'ai de la peine à dire depuis quand, mais depuis plusieurs années.

  • Speaker #1

    On peut vous demander votre âge ?

  • Speaker #0

    Oui, oui, oui, j'ai 87 ans. Quelque chose qui m'a fait beaucoup de bien, j'ai une amie qui est mésiériste kiné. Je suis allée parce que j'avais un problème au cou. Je lui disais oui, j'ai l'impression que je me sens vieille. Ce n'est pas d'être vieille, c'est de se sentir vieille. Difficile. Elle m'a dit, c'est une étape maintenant. Une fois que tu l'auras passée, tu auras jusqu'à 94. C'est tous les 7 ans, les étapes.

  • Speaker #1

    D'accord. C'est de savoir qu'il y avait... Donc des passages, en fait il y a des passages tous les 7 ans et à partir d'un certain moment quand on vieillit, on comprend mieux ces 7 ans et ces phases de 7 ans qui arrivent. D'accord, ok. Donc là vous êtes dans une autre phase. Alors qu'est-ce que ça veut dire pour vous la vieillesse et qu'est-ce que ça veut dire pour vous vieillir en France aujourd'hui, si on prend un peu de recul ?

  • Speaker #0

    Qu'est-ce que c'est vieillir ? Ben c'est un peu perdre des choses mais... je pense qu'on en gagne aussi. On gagne de la considération. Alors ça, c'est pas mal.

  • Speaker #1

    C'est-à-dire ?

  • Speaker #0

    L'idéal, ça serait que les gens vous disent Ah, grand-mère, toi qui sais tant de choses, toi qui es sage. C'est pas vraiment comme ça. On est plus patient. On sait beaucoup de choses. On sait un petit peu ce qui va se passer. Je m'intéresse plus trop à la politique parce que de toute façon, l'être humain... est méchant et donc il y a des guerres. L'homme est un loup pour l'homme. Donc ça ne m'intéresse pas beaucoup. Il faut dire que je cause.

  • Speaker #1

    C'est parfait, c'est le but du podcast de causer.

  • Speaker #0

    Quand j'étais petite, on était à Vaucresson. Il y avait la guerre, évidemment. C'était dans les années 40, entre 39 et 44. Voilà. Eh bien, oui, il y avait les nazis, les boches, comme on disait, qui étaient là, tout près de notre maison, qui emmenaient des gens. On ne savait pas pourquoi. Après, on a su que c'est parce qu'ils étaient juifs. Maman, mais je ne le savais pas, maman était juive, mais on s'est bien gardé de nous le dire. Et comme on a un nom suisse... Personne ne s'est douté que maman pouvait être juive.

  • Speaker #1

    Ça, vous l'avez appris. Ah oui,

  • Speaker #0

    bien sûr. Elle était juive. Alors ça, c'est extraordinaire. Quand j'étais fiancée, j'ai annoncé à ma mère que j'allais me marier. Elle m'a dit, est-ce que tu as parlé à Jacques ? Je lui ai dit, oui, ben oui. Est-ce que tu lui as dit ? Est-ce que je lui ai dit quoi ? Eh ben, que je suis juive, parce que la nounne a été juive. Première nouvelle, j'avais 23 ans. Ah bon ?

  • Speaker #1

    Vous l'appreniez à cet âge-là ? Oui. Et ça vous a fait quoi du coup ?

  • Speaker #0

    Rien n'affiche. Oui. Oui, oui. Ben oui, c'est plutôt sympa, il y a tellement de gens bien qui sont juifs.

  • Speaker #1

    Parlez de votre mère, quand on regarde un petit peu votre travail et qu'on observe, le rôle de votre mère a été hyper important dans votre construction. De femme et d'artiste ?

  • Speaker #0

    Je pense bien qu'elle m'ait peu aimée, peu désirée. J'étais la quatrième. Encore une fille, elle-même avait souffert d'être une fille. Elle avait un seul fils et tout était pour mon frère. Et au fond, ce que j'ai gagné de maman... C'est héréditaire. Et c'est ce qu'elle m'a transmis involontairement.

  • Speaker #1

    Et c'est quoi cette notion d'hérédité ?

  • Speaker #0

    Ah ben c'est... Traduit comment ? D'être une sacrée bonne femme.

  • Speaker #1

    Donc c'est une belle chose qu'elle vous ait transmise.

  • Speaker #0

    C'est une belle chose qu'elle m'a transmise.

  • Speaker #1

    Et c'est quoi être une sacrée bonne femme alors ? C'est quoi sur le point de vue de la santé ? C'est quoi ces...

  • Speaker #0

    Ah ben oui. Elle a vécu jusqu'à 103 ans. Elle a toujours voulu... Bon, la pauvre maman. Elle a... Toujours voulu être romancière, on ne lui a jamais permis. Elle a écrit plein de choses, mais qui n'ont jamais été publiées. Finalement, c'est la seule chose qu'elle a réussi à accomplir dans sa vie, à part ses quatre enfants. C'est qu'elle a fondé des foyers pour les prisonniers lorsqu'ils sortaient de prison.

  • Speaker #1

    Donc elle s'investit dans le social très tôt ?

  • Speaker #0

    Non, tard, après avoir essayé. Élever ses enfants, soutenir son mari, etc. Tout d'un coup, elles étaient...

  • Speaker #1

    À quel âge elle a commencé à créer ses foyers ?

  • Speaker #0

    Je ne sais pas, à 50 ans, quelque chose comme ça. Oui, mais tard, tard. Mais elle a créé des foyers pour détenus libérés. Et alors, du coup, comme ce n'était pas pour elle... Elle a pu complètement s'y investir.

  • Speaker #1

    Vous avez eu un bel exemple aussi de réalisation.

  • Speaker #0

    C'est assez fort. C'est pour les prisonniers sortant de prison.

  • Speaker #1

    Oui, c'était hyper novateur pour l'époque.

  • Speaker #0

    Je crois qu'il y en avait, en tout cas en Suisse, il n'y en avait pas.

  • Speaker #1

    Parce qu'il n'y a pas de prison en Suisse.

  • Speaker #2

    En Suisse,

  • Speaker #0

    oui, oui, oui.

  • Speaker #1

    Et donc, votre construction en tant que femme, parce que c'est vrai que j'aimerais bien revenir aussi avec vous sur la féminité, parce que votre art, et d'ailleurs, on va revenir aussi sur un point. Parce que dans votre... Sur votre site, à un moment, vous dites Pour moi, être artiste, c'est faire le lien entre le monde et le néant, le vivant et le rien, c'est-à-dire ce qui est mort. Ça, j'aimerais bien que vous en parliez un petit peu, parce que qu'est-ce qui vous a amené à penser ça et qu'est-ce qui vous a amené aussi à être artiste ?

  • Speaker #0

    J'ai toujours voulu être artiste, depuis toute petite. Mais voilà, maman, papa, il n'était jamais là. Et maman, elle disait Non, non, mais... Pour être artiste, il faut avoir du talent. J'ai voulu faire les beaux-arts. Ma mère a dit, mais il faut du talent pour faire les beaux-arts. Donc, c'est quand je me suis mariée que mon mari m'a dit, t'as envie de faire les beaux-arts ? Et bien, vas-y. Donc, voilà, il m'a permis, il m'a soutenu. tout au long de ma formation de sculpteur. Maman, ce qu'elle m'a donné, par contre, pour revenir à la féminité, depuis toute petite, elle m'a trouvé jolie. Elle me l'a toujours dit. J'étais blonde alors qu'elle était noire et frisée. Moi, j'étais blonde et j'avais des beaux cheveux lisses, ce qui me faisait mon désespoir. Et j'avais les yeux bleus alors qu'elle avait les yeux noirs. Elle était convaincue qu'elle était laine. et que j'étais ravissante. C'est le meilleur cadeau qu'elle m'a fait. parce que quand j'ai eu 16 ans et que j'ai commencé à m'intéresser aux garçons, maman, elle était d'accord. Elle n'a jamais été contre. Et plus j'avais de bons amis, de bonnes amies, comme on disait à l'époque, plus elle était fière. Elle disait, c'était une petite séductrice.

  • Speaker #1

    C'était valorisé.

  • Speaker #0

    Oui, complètement.

  • Speaker #1

    Un atout de séduction chez vous.

  • Speaker #0

    Oui, oui. elle était enchantée de ça parce qu'elle,

  • Speaker #1

    ce l'était complètement interdit et justement pour en revenir au sujet de la vieillesse on parle souvent aussi de à travers ce podcast j'essaye souvent de mettre en avant la notion de transmission, la notion de rôle modèle là votre mère a eu un rôle hyper important dans la construction de vous en tant qu'artiste même si elle vous a dit très tôt tu n'as pas de talent et donc elle vous a un peu brimé mais c'est ce qui vous êtes construit de cette colère et vous l'avez transformé en quelque chose et vous dites bah non en fait je le serai Il y a la notion de féminité avec ses attributs féminins et la séduction qu'elle mettait en avant chez vous. Est-ce qu'il y a d'autres personnes ou d'autres choses qui vous ont aidé à vous construire en tant qu'artiste et en tant qu'artiste qui vieillit ?

  • Speaker #0

    Je me suis construite aussi avec les mères d'autres copines.

  • Speaker #1

    C'est intéressant. Elles vous apportaient des choses en particulier ?

  • Speaker #0

    Je pense à Maddy Favre, la mère de René Favre. Elle m'a beaucoup apporté. Je ne sais pas, elle était compréhensive, je pouvais parler avec elle, discuter de tout.

  • Speaker #1

    Et du coup, vous la considérez aujourd'hui comme quelqu'un qui a été un rôle modèle pour vous aider à grandir ? Oui, oui,

  • Speaker #0

    honnêtement.

  • Speaker #1

    Est-ce que c'est important aujourd'hui pour vieillir, pour passer les âges, d'avoir des rôles modèles ?

  • Speaker #0

    D'avoir des modèles, oui, c'est capital. Oui, on ne peut pas grandir sans modèle. Un enfant se forme par ses parents, avec ses parents. Ou les gens qui s'occupent de lui, si c'est un orphelin. Si on n'a pas un bon contact avec eux, on se trouve d'autres parents, d'autres modèles. Moi, je me suis trouvé d'autres modèles.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'aujourd'hui, vous êtes le modèle d'autres personnes ?

  • Speaker #0

    Oui, je pense aussi pour des copines. Oui, c'est sûr.

  • Speaker #1

    Vous avez des relations amicales aujourd'hui avec des personnes qui n'ont pas votre âge ? Alors,

  • Speaker #0

    oui, je suis peut-être la plus vieille, moi. Mais mes amies, je pense Alice, Annette, elles ont dix ans de moins que moi. Elisabeth, elle a...

  • Speaker #1

    17 ans le moins que moi Ingrid elle a 17 ans le moins que moi oui oui certainement et dans vos petits enfants parce que aussi on a votre travail aussi a comme une suite logique avec une de vos petites filles qui a repris pas le flambeau mais qui à qui vous avez servi aussi j'imagine de modèle puisqu'elle est elle même artiste et sculptrice je sais pas si j'ai servi de modèle elle est là

  • Speaker #0

    toujours voulu être artiste.

  • Speaker #1

    Est-ce que vous ne pensez pas que vous l'avez inspiré ?

  • Speaker #0

    Peut-être qu'on va lui demander.

  • Speaker #1

    Je ne sais pas. Est-ce que la transmission, vous avez participé d'ailleurs à un documentaire Petite fille et grand-mère, avec Marie, votre petite fille. Et vous dites, dans le documentaire, c'était comment se passe la transmission rarement verbalisée, voire inconsciente, des intérêts, des combats et des idées. Et ça m'intéresse du coup d'avoir votre retour.

  • Speaker #0

    C'est sûr que Marie Et Juliette, sa sœur, elles sont venues souvent en vacances ici. Ben oui, je me souviens qu'elles dormaient dans l'atelier toutes les deux et Marie, elle construisait des... Je leur donnais de quoi jouer, de quoi dessiner, de quoi faire du modelage, des cartons, de la colle. Oui, oui.

  • Speaker #1

    Vous avez suscité un intérêt.

  • Speaker #0

    C'est clair.

  • Speaker #1

    Et c'est ça, du coup, la puissance de la transmission.

  • Speaker #0

    La permissivité, l'encouragement. Oui, le fait que je trouvais ça très bien.

  • Speaker #1

    J'ai même déjà entendu une personne au micro d'Encore dire... En fait, c'est montrer l'exemple. parce que pour revenir aussi à la vieille être bien dans sa peau en tant que personne qui vieillit c'est aussi montrer l'exemple aux autres que c'est possible ça ça fait beaucoup de pression il y a aussi un point que j'aimerais bien revenir avec vous c'est vous dites aussi dans certaines de vos présentations que vous êtes donc une artiste visuelle et une artiste de la conscience c'est quoi une artiste de la conscience ?

  • Speaker #0

    non ça c'est tout le même on ouvre le volet moi je me suis rendu compte de Au fond, quand j'ai divorcé de mon mari, ou quand lui a divorcé de moi plus exactement, quand on s'est séparés, on s'est séparés parce qu'on se rendait compte que ça n'allait plus. Après dix ans de mariage et deux enfants, je me suis rendu compte, c'était une époque, il faut dire, c'était dans les années 70. Toutes mes copines, j'avais vraiment des très bonnes copines. En fait, on ne parlait que de psychologie. Moi, j'ai commencé une psychanalyse parce que c'était la seule chose qu'on connaissait à l'époque. Ça ne m'a pas du tout convenu. J'avais un psychanalyse qui ne disait pas un mot. Moi, je ne disais pas un mot non plus. Voilà.

  • Speaker #1

    Deux chiens de faïence.

  • Speaker #0

    Voilà, deux chiens de faïence, oui. Et puis après, j'ai découvert tout ce qu'on a fait à l'époque, les groupes de rencontres, toutes les disciplines qu'on enseignait à l'époque, le travail en groupe, toutes les psychothérapies variées qu'il y avait dans les années 70. Ça m'a énormément apporté. À partir de ce moment-là, j'ai découvert un truc qui s'appelait à l'époque Le co-conseil, qu'on appelle maintenant la co-écoute, qui existe encore, et j'ai découvert qu'on pouvait décharger toutes les mauvaises choses qu'on avait emmagasinées. C'est-à-dire qu'on pouvait pleurer, trembler, crier, avoir des réactions émotionnelles par rapport aux émotions que l'éducation nous avait appris à rentrer. et donc j'ai immédiatement adhéré à ce mouvement le co-conseil qui était un mouvement international très très vivace à l'époque et j'ai fait partie je suis devenue formatrice en co-conseil et puis au bout de dix ans je me suis dit ça y est ma thérapie est finie je suis devenue formatrice en dialogue intérieur et je reçois encore maintenant des personnes qui viennent faire une séance de dialogue.

  • Speaker #1

    Et le fait de le lier à l'art, c'est-à-dire ?

  • Speaker #0

    Alors, l'art a une place dans le dialogue intérieur. Si on a une partie artiste qui a envie de se développer, eh bien, on fait parler cette partie. En fait, le dialogue, ça consiste à ne pas admettre qu'on est un seul bloc, mais qu'on est constitué de différentes énergies. Et on peut avoir une énergie critique, on peut avoir une énergie enfantine, on peut avoir une énergie de parent, on peut avoir une énergie de vieille, de bébé. On a toutes sortes d'énergies différentes. Et quand on apprend à les différencier, ça va beaucoup mieux.

  • Speaker #1

    Là, par exemple, aujourd'hui, vous êtes en capacité de me dire, j'ai telles énergies qui... qui sont visibles ? Ce seraient lesquelles, par exemple ?

  • Speaker #0

    Il y a, bien sûr, mon artiste. Celle qui est visible maintenant, ici, c'est... Je ne sais pas, c'est celle qui aime parler d'elle-même. Celle qui est un peu exhibitionniste. Mais je crois que quand on est artiste, on est forcément un peu exhibitionniste.

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr. Moi, c'est intéressant, je trouve, d'essayer de comprendre... ce qui vous anime vous aujourd'hui en tant que femme artiste et qui a développé tout au long de votre vie vous avez développé énormément de choses vous êtes formée à plein de choses qui vous paraissaient utiles pour peut-être traverser vous-même des épreuves de votre vie et vous êtes encore dans la transmission parce que moi à travers ce podcast aussi je mets beaucoup l'accent sur ce qu'on peut transmettre parce que est-ce que quand on est artiste et qu'on crée tout au long de sa vie parce que Vous n'avez jamais arrêté et j'imagine que vous ne souhaitez jamais arrêter. Il n'y a pas de retraite.

  • Speaker #0

    Non, je ne vais pas arrêter.

  • Speaker #1

    Est-ce que le fait de vieillir apporte des changements dans votre façon de créer, dans votre façon de sculpter, dans votre façon de voir les choses ?

  • Speaker #0

    J'ai plus de recul, j'ai moins d'énergie, ça c'est sûr. Oui, j'ai moins d'énergie, ça c'est l'âge. J'ai plus de sagesse, j'ai plus de recul, j'ai moins d'appétit. Ah, c'est curieux, ça c'est vraiment... il y a les deux. J'ai moins d'appétit et en même temps, je me dis non, ça ne va pas. Cette année, il ne suffit pas juste de fabriquer des trucs, il faut les montrer. Et puis, qu'est-ce qu'ils vont faire, ma descendance, quand je vais mourir ? Ah oui, c'est ça. En fait, en arrivant à 87 ans, je me suis dit, ah oui, voyons, au mieux ! Si je vis encore bien, je peux vivre encore 10 ans, 12 ans, mais pas plus. Donc, 12 ans, oui, mais il y a 12 ans, je m'en souviens très bien, c'était hier. Ah ! Au secours ! C'est demain. Donc, je ne peux pas garder tout ça chez moi. Qu'est-ce qu'ils vont faire ? Quand je serai morte, qu'est-ce qu'ils vont faire ? ben voilà, chacun prendra une toile et puis tout le reste ça ira à la décharge quand même ça m'embête un petit peu donc vous avez cette volonté parce que vous projetez

  • Speaker #1

    12 ans imaginons ou en tout cas ce cycle des 7 ans déjà donc vous avez dit 94 tout à l'heure vous avez envie de léguer de votre vivant des choses à votre entourage ou en tout cas faire connaître davantage encore plus votre travail comment dire quand on fait quelque chose et qu'on y met tout ce qu'on a son coeur,

  • Speaker #0

    son âme son intelligence on n'a pas envie que ça parte à la décharge bien sûr pas croyante je crois pas je crois pas qu'il y a une vie après la vie non faut bien accepter l'idée que je suis comme une fourmi quand je serai morte je serai comme une fourmi morte voilà c'est votre animal totem la fourmi j'aime bien les fourmis oui ah oui Picasso j'ai mort Qu'est-ce que ça peut bien lui foutre ? Qu'il y a un musée Picasso, mais il s'en fout, il est mort. Il ne peut même pas en profiter, il ne sait pas. Donc moi, je serai morte. Donc je m'en ficherai bien que mes choses soient jetées. Mais aujourd'hui, j'ai de la peine à l'accepter. Mais oui,

  • Speaker #1

    mais oui. Mais est-ce que ce ne serait pas justement l'énergie, une des énergies que vous avez décrites tout à l'heure, cette énergie d'être visible ? Cette énergie ? d'exhiber votre travail et de le faire connaître. Est-ce que ce n'est pas finalement la volonté d'un artiste tout au long de sa vie d'être reconnu et d'être connu ?

  • Speaker #0

    Absolument. Alors, moi j'ai eu une retraite parce que j'ai travaillé comme restauratrice d'objets d'art pendant 15 ans. J'ai gagné très bien ma vie en Suisse et maintenant j'ai une retraite confortable. Donc, je n'ai pas de soucis d'argent. Je ne suis pas riche, mais je n'ai pas de soucis d'argent. Donc, je ne dois pas vendre mes œuvres.

  • Speaker #1

    Il n'y a pas d'obligation pécuniaire.

  • Speaker #0

    Il n'y a pas d'obligation pécuniaire, mais je serais contente de les distribuer. seulement on ne peut pas faire ça parce que si on fait ça on enlève leur valeur si vous donnez quelque chose à quelqu'un ça lui enlève sa valeur donc là on fait un appel aux galeristes qui écoutent le podcast pour

  • Speaker #1

    rendre visible là j'ai vu récemment j'ai oublié le nom d'une artiste américaine qui vient de décéder et qui a connu à l'âge de 88 ans une... un intérêt très fort sur son art et elle a eu de 88 à 95 ans je crois à l'âge de sa mort une visibilité extraordinaire elle a toujours dit je sais qu'un jour je serai reconnue et je vais vous retrouver le nom on en parlera est-ce que c'est plus dur quand on est artiste et qu'on a un certain âge c'est plus dur d'émerger par rapport à des artistes qui sont plus jeunes Est-ce qu'il y a une différence de traitement ?

  • Speaker #0

    Mais j'ai été regarder un petit peu les galeries en ligne. Bouf, je n'aime pas trop. Je trouve que ça manque. C'est un peu décoratif.

  • Speaker #1

    Et qu'est-ce que vous pourriez dire aux jeunes auditeurs, ou même peut-être aux vieux, qui ont cette peur de vieillir et qui refusent déjà de prononcer le mot vieillesse et refusent d'être dans le vieillissement ? Qu'est-ce que vous avez vu de leur dire ?

  • Speaker #0

    C'est ce qu'on appelle le dépréciatif qui est mauvais.

  • Speaker #1

    Il ne faut pas avoir peur de vieillir, finalement.

  • Speaker #0

    Il ne faut pas avoir Si on ne prend pas bien soin, il faut régler des choses, s'occuper de sa propre vie. On n'en a qu'une et il faut la soigner. C'est ça, en fait. C'est pour ça que je fais du dialogue, l'art de la conscience. C'est ça. Ce que j'ai fait du co-conseil, c'était pour prendre soin de moi. Il faut, pour finir... La seule chose dont on doit vraiment prendre soin, c'est soi-même. Si chacun prend bien soin de lui-même, on arrivera à s'entendre.

  • Speaker #1

    C'est bientôt le mot de la fin. Il y a un angle que j'aime aborder, un sujet que j'aime aborder, pardon. C'est le sujet des rêves et des désirs. Parce que voilà, moi j'aborde le sujet de la vieillesse au long du présent et du futur. Et donc j'ai envie de demander, Marie-Daniel, quels sont vos rêves et vos désirs ?

  • Speaker #0

    J'aimerais dire encore des choses parce que je n'ai pas parlé.

  • Speaker #1

    Ben allez-y.

  • Speaker #0

    Avant d'aborder.

  • Speaker #1

    Bien sûr,

  • Speaker #0

    allez-y. Parce qu'à propos du désir, moi j'ai rencontré, et c'était vraiment par hasard, un hasard complet, je me rendais à Londres pour un anniversaire et j'attendais l'heure, j'étais à l'aéroport, j'attendais l'embarquement et... Il y a un monsieur qui est venu près de moi et qui s'est mis dans la file et qui m'a demandé si on avait le même billet ou je ne sais quoi. On a commencé à discuter et puis on s'est assis l'un à côté de l'autre dans l'avion et puis on ne s'est plus quitté depuis. Ça a l'air d'une histoire...

  • Speaker #1

    C'est un coup de foudre ?

  • Speaker #0

    Presque, oui, on peut dire. Et maintenant, c'est mon compagnon. Il vivait en Angleterre, mais grâce au Covid, il n'a pas pu y rentrer. Donc, il vit ici. Il retourne régulièrement en Angleterre pour son boulot. Mais c'est un compagnon exceptionnel.

  • Speaker #1

    merveilleux et ça fait combien de temps que vous l'avez rencontré ?

  • Speaker #0

    ça fait 12 ans,

  • Speaker #1

    c'est important parce qu'entre votre divorce et la rencontre de votre compagnon beaucoup beaucoup d'histoires d'amour de liaison durable parfois et là vous aviez donc il y a une dizaine d'années vous étiez dans l'approche des 70 ans et vous aviez envie de vous poser c'était un désir pour vous d'être plutôt sur quelque chose de non pas du tout ça vous est tombé dessus comme ça ?

  • Speaker #0

    oui

  • Speaker #1

    donc je voulais en parler quand même c'est important c'est vrai que dans les choses qu'on peut parfois entendre un peu biaisées sur la vieillesse c'est les vieux ou les vieilles ne font plus l'amour,

  • Speaker #0

    ils ne séduisent plus ils ne s'aiment plus c'est faux il y a encore du désir il y a de l'amour il y a du désir bien sûr c'est pas le désir de quand on a 20 ans mais c'est un désir beaucoup plus harmonieux, je dirais. Et plus philosophe. On s'en fout. Ça marche, ça marche pas.

  • Speaker #1

    Ça, il n'y a pas de pression.

  • Speaker #0

    Oui, il n'y a aucune pression. C'est génial. Et ça marche très bien.

  • Speaker #1

    Et vous avez le regard qui pétille quand vous pensez à lui.

  • Speaker #0

    Oui, oui,

  • Speaker #1

    c'est vrai. C'est beau. C'est une très belle ode à l'amour, j'ai envie de dire.

  • Speaker #0

    C'est beau.

  • Speaker #1

    Est-ce que je peux me permettre cette phrase que vous êtes une... Marie-Daniel, vous êtes une vieille amoureuse ? C'est possible de dire ça ?

  • Speaker #0

    Oui. Oui, oui.

  • Speaker #1

    On peut le dire avec toute bienveillance parce qu'on a envie, toutes les deux, je pense, de réenchanter la vieillesse, finalement. Est-ce qu'il y a d'autres sujets que vous souhaiteriez aborder sur la vieillesse et auxquels on n'aurait pas pensé ?

  • Speaker #0

    Eh bien, la nourriture. Je pense que c'est très important ce qu'on mange. Pour finir, on devient notre chair, devient ce qu'on a mangé. Et il ne faut pas manger des trucs dégueulasses. Il faut vraiment manger sainement. Des légumes, beaucoup de légumes. Des protéines, beaucoup de protéines saines. Qu'on soit végé ou pas, c'est égal, mais il faut manger des protéines. Un peu de céréales aussi. pas trop de la graisse enfin faut être équilibré faut faire attention à ce qu'on mange on mange beaucoup moins quand on est vieux alors autant se payer des bons trucs plutôt que s'empiffrer

  • Speaker #1

    de pizza de machin tout ça vous avez un médecin qui vous accompagne ou c'est vous même vous avez fait vos recherches moi j'ai fait mes recherches

  • Speaker #0

    Et puis comme mon compagnon est lui-même chimiste, il connaît ça très bien.

  • Speaker #1

    Il fait les petites potions à la maison.

  • Speaker #0

    Oui, oui.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'on peut revenir sur la question des rêves et des désirs ? Ah oui. J'aime bien l'aborder ce thème-là. Quels seraient vos rêves et vos désirs, Marie-Danielle ?

  • Speaker #0

    Mes rêves et mes désirs, je suis un peu triste de penser que je m'en vais dans une période aussi enflammée par les guerres. C'est mieux quand même les périodes de paix. Donc je souhaite que l'humanité retrouve un peu de la paix. Mon rêve, ça serait aussi que ça se fait, mais quand même que toute la panoplie des moyens qu'on a aujourd'hui pour aller mieux psychiquement, et bien que ça se répande. Ça, j'aimerais vraiment beaucoup.

  • Speaker #1

    On le voit, il y a de plus en plus d'initiatives sur le bien-être, la santé mentale. Il y a des festivals, Pop-Epsy, je pense à Pop-Epsy. Il y a des nouveaux podcasts aussi qui sortent. Folie douce de Lorraine Bastide. On voit qu'il y a des choses qui sont...

  • Speaker #0

    Oui, ça passe dans les mœurs.

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr. Et tant mieux.

  • Speaker #0

    Mais j'aimerais que ça se développe encore plus.

  • Speaker #1

    Ça, c'est un beau rêve, un beau désir. En plus, c'est très humaniste, puisque c'est pas... C'est quelque chose que vous souhaitez pour tout un chacun. Tout habitant de la planète ?

  • Speaker #0

    Ah oui, oui, tout à fait.

  • Speaker #1

    Et peut-être plus de féminin aussi ?

  • Speaker #0

    Les femmes, c'est magnifique, on a pris quand même notre place et qu'on continue à la prendre.

  • Speaker #1

    Je mettrai en lien, vous avez une participation, une exhibition dans le cadre d'une exposition dans la galerie de Geneviève qui a eu son épisode il n'y a pas longtemps. Je la remettrai en lien, c'est en avril, ça s'appelle La seconde moitié du ciel qui met en avant le travail de plusieurs artistes féminines. avec ce thème-là. Et en plus, vous serez avec votre petite-fille Marie. Et on aura l'occasion, je pense, de vous avoir toutes les deux au micro. Et j'ai vraiment hâte d'avoir ce duo parce qu'on met l'accent sur la transmission. Et c'est hyper important. Parce qu'il n'y aura pas de vieillesse réenchantée sans une jeunesse qui prend part aussi à ce mouvement.

  • Speaker #0

    Ah oui,

  • Speaker #1

    absolument.

  • Speaker #0

    Et vous êtes un bel exemple.

  • Speaker #1

    Ah c'est gentil. On crée le lien ensemble. On ne peut pas être tout seul à vouloir des choses.

  • Speaker #0

    On ne peut pas être tout seul.

  • Speaker #1

    Ce qui compte c'est de se donner la main et d'avancer ensemble. C'est beau ça, mais on n'a pas terminé une dernière chose. Le podcast s'appelle Encore. Qu'est-ce que ça vous évoque ce mot ?

  • Speaker #0

    Encore ! Encore, c'est l'appétit. Je pense tout de suite à un petit enfant qui dit encore, qui tient sa cuillère comme ça, qui dit encore, encore, j'en veux encore. Tant qu'on est en vie, on en veut encore. Mais ce dont je parlais il y a trois minutes, c'est encore plus de justice, plus d'humanité, plus de bonté, encore plus d'appétit aussi, plus de soif de vivre, encore plus de vie, d'amour, d'attention pour l'autre. C'est ça en fait, l'amour, c'est l'attention. s'intéresser d'intérêt pour les autres.

  • Speaker #1

    C'est très beau. Ce sera mon nouveau slogan. Je ne peux pas dire mieux. Merci infiniment, Marie-Daniel, pour cet échange aujourd'hui. C'était un plaisir d'aborder une part de votre vie et surtout de voir la très belle place qu'a l'humanité pour vous dans votre cœur et dans votre manière d'exprimer les choses dans votre art. Et on a besoin de gens comme vous. merci à bientôt Marie-Daniel à bientôt merci d'avoir écouté cet épisode j'espère qu'il vous a plu si c'est le cas gratifiez-le d'un maximum d'étoiles sur votre plateforme d'écoute préférée et surtout parlez-en autour de vous et pour suivre les coulisses retrouvez encore sur Instagram à bientôt

Description

Marie Danielle Koechlin, alias MDK, se présente comme une artiste visuelle et de la conscience. Sans aucune retenue, elle partage son parcours artistique, sa reconstruction en tant que femme, et les trésors que la vieillesse lui révèle chaque jour.

Dans ce récit sans filtre, l'amour, l'humour et l'authenticité s'entremêlent pour offrir un témoignage saisissant.


Dans cet épisode, nous avons parlé de:


🥰 Sexualité et rencontre amoureuse à +75 ans

🤝 L'importance de la transmission

👀 Chercher ses rôles models et le devenir


Ses informations

son site internet avec ses oeuvres et agenda

son compte instagram


Ses actualités

Le travail de Marie Danielle Koechlin sera exposé du 18 au 30 avril à la galerie de Geneviève Bonieux au 32 rue de lappe, paris 11.

👉Venez la rencontrer, ainsi que les nombreuses artistes féminines qui exposeront leurs oeuvres sur le thème de "l'identité, sexualité et maternité"


Bonne écoute 💫


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Oh là là, me décrire en quelques mots. Je suis une artiste, une vieille artiste. Voilà, j'aime bien. Le mot vieux, parce que je vois pas pourquoi il serait déprécié. J'aime bien dire que je suis vieille, je suis pas une personne âgée, je suis pas...

  • Speaker #1

    Bonjour à toutes et tous, bienvenue dans le podcast encore qui dépoussière les idées reçues de la vieillesse. Et aujourd'hui j'ai l'immense plaisir de recevoir Marie-Daniel, une femme artiste qui se présente comme une artiste visuelle et de la conscience. Je vous laisserai découvrir dans l'épisode ce que ça veut dire en détail. et vous allez voir que Marie-Daniel sans aucune retenue elle va nous partager son parcours artistique mais aussi sa construction en tant que femme et les trésors que la vieillesse lui révèle chaque jour c'est un témoignage rempli d'humour d'authenticité, d'amour comme on adore chez Encore je vous laisse découvrir l'épisode bonne écoute Bonjour Marie-Daniel.

  • Speaker #0

    Bonjour Claire.

  • Speaker #1

    Merci infiniment d'avoir accepté mon invitation au micro d'Encore, le podcast qui dépoussière les idées reçues de la vieillesse. Et aujourd'hui, on va parler de vous, Marie-Daniel. Vous pouvez peut-être déjà vous décrire en quelques mots et après, je tenterai un nouvel exercice avec vous.

  • Speaker #0

    Me décrire en quelques mots. Je suis une artiste, une vieille artiste. Voilà, j'aime bien. Le mot vieux, parce que je vois pas pourquoi il serait déprécié. J'aime bien dire que je suis vieille, je suis pas une personne âgée.

  • Speaker #1

    Vous l'avez bien dit, âgée.

  • Speaker #0

    Toutes les circonlocutions. Non, je suis vieille. Et voilà, et c'est bien. On dit bien... Un vieux meuble, un vieux bois, c'est beau. Moi, je suis une belle vieille.

  • Speaker #1

    C'est vrai. D'ailleurs, je vous l'ai dit tout à l'heure en vous rencontrant, vous êtes le sosie de Meryl Streep. Et elle est quand même très belle.

  • Speaker #0

    Oui, enfin, quand j'étais jeune.

  • Speaker #1

    Non, encore moins. Allez, je commence avec les petites questions un peu pour vous surprendre. On verra. Donc, vous êtes artiste. J'ai envie de parler de la vieillesse avec cet angle-là. Et pour apprendre un peu plus à vous connaître, si Marie-Daniel, vous étiez une sculpture, vous seriez laquelle ?

  • Speaker #0

    Eh bien, je ne sais pas, comme je suis sculpteur de formation, c'est difficile de me dire une. Je pourrais être... Un rodin.

  • Speaker #1

    Si vous étiez une couleur ?

  • Speaker #0

    Alors, je suis bleu.

  • Speaker #1

    Ah, pourquoi ?

  • Speaker #0

    Parce que, je ne sais pas, c'est ma couleur, le bleu. J'aime bien le violet aussi, mais peut-être le violet, ça serait encore mieux.

  • Speaker #1

    C'est une signification, les couleurs, pour vous ? Oui,

  • Speaker #0

    bien sûr. Je suis peintre, alors forcément. Le bleu et le rouge, c'est la passion. Je suis encore passionnée. Et le bleu parce que c'est ma couleur, j'ai les yeux bleus. Voilà.

  • Speaker #1

    Très bien. Et la dernière, c'est si vous étiez une matière, vous seriez laquelle ?

  • Speaker #0

    Je serais de la terre glaise.

  • Speaker #1

    Ok. Parfait, on a une petite vision de Marie-Daniel sous l'angle de la sculpture de la couleur et de la matière. Vous avez tout de suite parlé de vous quand je vous ai posé la question de vous présenter en quelques mots. Vous avez utilisé le mot vieille. Ça, vous le dites depuis quand que vous êtes vieille ?

  • Speaker #0

    J'ai de la peine à dire depuis quand, mais depuis plusieurs années.

  • Speaker #1

    On peut vous demander votre âge ?

  • Speaker #0

    Oui, oui, oui, j'ai 87 ans. Quelque chose qui m'a fait beaucoup de bien, j'ai une amie qui est mésiériste kiné. Je suis allée parce que j'avais un problème au cou. Je lui disais oui, j'ai l'impression que je me sens vieille. Ce n'est pas d'être vieille, c'est de se sentir vieille. Difficile. Elle m'a dit, c'est une étape maintenant. Une fois que tu l'auras passée, tu auras jusqu'à 94. C'est tous les 7 ans, les étapes.

  • Speaker #1

    D'accord. C'est de savoir qu'il y avait... Donc des passages, en fait il y a des passages tous les 7 ans et à partir d'un certain moment quand on vieillit, on comprend mieux ces 7 ans et ces phases de 7 ans qui arrivent. D'accord, ok. Donc là vous êtes dans une autre phase. Alors qu'est-ce que ça veut dire pour vous la vieillesse et qu'est-ce que ça veut dire pour vous vieillir en France aujourd'hui, si on prend un peu de recul ?

  • Speaker #0

    Qu'est-ce que c'est vieillir ? Ben c'est un peu perdre des choses mais... je pense qu'on en gagne aussi. On gagne de la considération. Alors ça, c'est pas mal.

  • Speaker #1

    C'est-à-dire ?

  • Speaker #0

    L'idéal, ça serait que les gens vous disent Ah, grand-mère, toi qui sais tant de choses, toi qui es sage. C'est pas vraiment comme ça. On est plus patient. On sait beaucoup de choses. On sait un petit peu ce qui va se passer. Je m'intéresse plus trop à la politique parce que de toute façon, l'être humain... est méchant et donc il y a des guerres. L'homme est un loup pour l'homme. Donc ça ne m'intéresse pas beaucoup. Il faut dire que je cause.

  • Speaker #1

    C'est parfait, c'est le but du podcast de causer.

  • Speaker #0

    Quand j'étais petite, on était à Vaucresson. Il y avait la guerre, évidemment. C'était dans les années 40, entre 39 et 44. Voilà. Eh bien, oui, il y avait les nazis, les boches, comme on disait, qui étaient là, tout près de notre maison, qui emmenaient des gens. On ne savait pas pourquoi. Après, on a su que c'est parce qu'ils étaient juifs. Maman, mais je ne le savais pas, maman était juive, mais on s'est bien gardé de nous le dire. Et comme on a un nom suisse... Personne ne s'est douté que maman pouvait être juive.

  • Speaker #1

    Ça, vous l'avez appris. Ah oui,

  • Speaker #0

    bien sûr. Elle était juive. Alors ça, c'est extraordinaire. Quand j'étais fiancée, j'ai annoncé à ma mère que j'allais me marier. Elle m'a dit, est-ce que tu as parlé à Jacques ? Je lui ai dit, oui, ben oui. Est-ce que tu lui as dit ? Est-ce que je lui ai dit quoi ? Eh ben, que je suis juive, parce que la nounne a été juive. Première nouvelle, j'avais 23 ans. Ah bon ?

  • Speaker #1

    Vous l'appreniez à cet âge-là ? Oui. Et ça vous a fait quoi du coup ?

  • Speaker #0

    Rien n'affiche. Oui. Oui, oui. Ben oui, c'est plutôt sympa, il y a tellement de gens bien qui sont juifs.

  • Speaker #1

    Parlez de votre mère, quand on regarde un petit peu votre travail et qu'on observe, le rôle de votre mère a été hyper important dans votre construction. De femme et d'artiste ?

  • Speaker #0

    Je pense bien qu'elle m'ait peu aimée, peu désirée. J'étais la quatrième. Encore une fille, elle-même avait souffert d'être une fille. Elle avait un seul fils et tout était pour mon frère. Et au fond, ce que j'ai gagné de maman... C'est héréditaire. Et c'est ce qu'elle m'a transmis involontairement.

  • Speaker #1

    Et c'est quoi cette notion d'hérédité ?

  • Speaker #0

    Ah ben c'est... Traduit comment ? D'être une sacrée bonne femme.

  • Speaker #1

    Donc c'est une belle chose qu'elle vous ait transmise.

  • Speaker #0

    C'est une belle chose qu'elle m'a transmise.

  • Speaker #1

    Et c'est quoi être une sacrée bonne femme alors ? C'est quoi sur le point de vue de la santé ? C'est quoi ces...

  • Speaker #0

    Ah ben oui. Elle a vécu jusqu'à 103 ans. Elle a toujours voulu... Bon, la pauvre maman. Elle a... Toujours voulu être romancière, on ne lui a jamais permis. Elle a écrit plein de choses, mais qui n'ont jamais été publiées. Finalement, c'est la seule chose qu'elle a réussi à accomplir dans sa vie, à part ses quatre enfants. C'est qu'elle a fondé des foyers pour les prisonniers lorsqu'ils sortaient de prison.

  • Speaker #1

    Donc elle s'investit dans le social très tôt ?

  • Speaker #0

    Non, tard, après avoir essayé. Élever ses enfants, soutenir son mari, etc. Tout d'un coup, elles étaient...

  • Speaker #1

    À quel âge elle a commencé à créer ses foyers ?

  • Speaker #0

    Je ne sais pas, à 50 ans, quelque chose comme ça. Oui, mais tard, tard. Mais elle a créé des foyers pour détenus libérés. Et alors, du coup, comme ce n'était pas pour elle... Elle a pu complètement s'y investir.

  • Speaker #1

    Vous avez eu un bel exemple aussi de réalisation.

  • Speaker #0

    C'est assez fort. C'est pour les prisonniers sortant de prison.

  • Speaker #1

    Oui, c'était hyper novateur pour l'époque.

  • Speaker #0

    Je crois qu'il y en avait, en tout cas en Suisse, il n'y en avait pas.

  • Speaker #1

    Parce qu'il n'y a pas de prison en Suisse.

  • Speaker #2

    En Suisse,

  • Speaker #0

    oui, oui, oui.

  • Speaker #1

    Et donc, votre construction en tant que femme, parce que c'est vrai que j'aimerais bien revenir aussi avec vous sur la féminité, parce que votre art, et d'ailleurs, on va revenir aussi sur un point. Parce que dans votre... Sur votre site, à un moment, vous dites Pour moi, être artiste, c'est faire le lien entre le monde et le néant, le vivant et le rien, c'est-à-dire ce qui est mort. Ça, j'aimerais bien que vous en parliez un petit peu, parce que qu'est-ce qui vous a amené à penser ça et qu'est-ce qui vous a amené aussi à être artiste ?

  • Speaker #0

    J'ai toujours voulu être artiste, depuis toute petite. Mais voilà, maman, papa, il n'était jamais là. Et maman, elle disait Non, non, mais... Pour être artiste, il faut avoir du talent. J'ai voulu faire les beaux-arts. Ma mère a dit, mais il faut du talent pour faire les beaux-arts. Donc, c'est quand je me suis mariée que mon mari m'a dit, t'as envie de faire les beaux-arts ? Et bien, vas-y. Donc, voilà, il m'a permis, il m'a soutenu. tout au long de ma formation de sculpteur. Maman, ce qu'elle m'a donné, par contre, pour revenir à la féminité, depuis toute petite, elle m'a trouvé jolie. Elle me l'a toujours dit. J'étais blonde alors qu'elle était noire et frisée. Moi, j'étais blonde et j'avais des beaux cheveux lisses, ce qui me faisait mon désespoir. Et j'avais les yeux bleus alors qu'elle avait les yeux noirs. Elle était convaincue qu'elle était laine. et que j'étais ravissante. C'est le meilleur cadeau qu'elle m'a fait. parce que quand j'ai eu 16 ans et que j'ai commencé à m'intéresser aux garçons, maman, elle était d'accord. Elle n'a jamais été contre. Et plus j'avais de bons amis, de bonnes amies, comme on disait à l'époque, plus elle était fière. Elle disait, c'était une petite séductrice.

  • Speaker #1

    C'était valorisé.

  • Speaker #0

    Oui, complètement.

  • Speaker #1

    Un atout de séduction chez vous.

  • Speaker #0

    Oui, oui. elle était enchantée de ça parce qu'elle,

  • Speaker #1

    ce l'était complètement interdit et justement pour en revenir au sujet de la vieillesse on parle souvent aussi de à travers ce podcast j'essaye souvent de mettre en avant la notion de transmission, la notion de rôle modèle là votre mère a eu un rôle hyper important dans la construction de vous en tant qu'artiste même si elle vous a dit très tôt tu n'as pas de talent et donc elle vous a un peu brimé mais c'est ce qui vous êtes construit de cette colère et vous l'avez transformé en quelque chose et vous dites bah non en fait je le serai Il y a la notion de féminité avec ses attributs féminins et la séduction qu'elle mettait en avant chez vous. Est-ce qu'il y a d'autres personnes ou d'autres choses qui vous ont aidé à vous construire en tant qu'artiste et en tant qu'artiste qui vieillit ?

  • Speaker #0

    Je me suis construite aussi avec les mères d'autres copines.

  • Speaker #1

    C'est intéressant. Elles vous apportaient des choses en particulier ?

  • Speaker #0

    Je pense à Maddy Favre, la mère de René Favre. Elle m'a beaucoup apporté. Je ne sais pas, elle était compréhensive, je pouvais parler avec elle, discuter de tout.

  • Speaker #1

    Et du coup, vous la considérez aujourd'hui comme quelqu'un qui a été un rôle modèle pour vous aider à grandir ? Oui, oui,

  • Speaker #0

    honnêtement.

  • Speaker #1

    Est-ce que c'est important aujourd'hui pour vieillir, pour passer les âges, d'avoir des rôles modèles ?

  • Speaker #0

    D'avoir des modèles, oui, c'est capital. Oui, on ne peut pas grandir sans modèle. Un enfant se forme par ses parents, avec ses parents. Ou les gens qui s'occupent de lui, si c'est un orphelin. Si on n'a pas un bon contact avec eux, on se trouve d'autres parents, d'autres modèles. Moi, je me suis trouvé d'autres modèles.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'aujourd'hui, vous êtes le modèle d'autres personnes ?

  • Speaker #0

    Oui, je pense aussi pour des copines. Oui, c'est sûr.

  • Speaker #1

    Vous avez des relations amicales aujourd'hui avec des personnes qui n'ont pas votre âge ? Alors,

  • Speaker #0

    oui, je suis peut-être la plus vieille, moi. Mais mes amies, je pense Alice, Annette, elles ont dix ans de moins que moi. Elisabeth, elle a...

  • Speaker #1

    17 ans le moins que moi Ingrid elle a 17 ans le moins que moi oui oui certainement et dans vos petits enfants parce que aussi on a votre travail aussi a comme une suite logique avec une de vos petites filles qui a repris pas le flambeau mais qui à qui vous avez servi aussi j'imagine de modèle puisqu'elle est elle même artiste et sculptrice je sais pas si j'ai servi de modèle elle est là

  • Speaker #0

    toujours voulu être artiste.

  • Speaker #1

    Est-ce que vous ne pensez pas que vous l'avez inspiré ?

  • Speaker #0

    Peut-être qu'on va lui demander.

  • Speaker #1

    Je ne sais pas. Est-ce que la transmission, vous avez participé d'ailleurs à un documentaire Petite fille et grand-mère, avec Marie, votre petite fille. Et vous dites, dans le documentaire, c'était comment se passe la transmission rarement verbalisée, voire inconsciente, des intérêts, des combats et des idées. Et ça m'intéresse du coup d'avoir votre retour.

  • Speaker #0

    C'est sûr que Marie Et Juliette, sa sœur, elles sont venues souvent en vacances ici. Ben oui, je me souviens qu'elles dormaient dans l'atelier toutes les deux et Marie, elle construisait des... Je leur donnais de quoi jouer, de quoi dessiner, de quoi faire du modelage, des cartons, de la colle. Oui, oui.

  • Speaker #1

    Vous avez suscité un intérêt.

  • Speaker #0

    C'est clair.

  • Speaker #1

    Et c'est ça, du coup, la puissance de la transmission.

  • Speaker #0

    La permissivité, l'encouragement. Oui, le fait que je trouvais ça très bien.

  • Speaker #1

    J'ai même déjà entendu une personne au micro d'Encore dire... En fait, c'est montrer l'exemple. parce que pour revenir aussi à la vieille être bien dans sa peau en tant que personne qui vieillit c'est aussi montrer l'exemple aux autres que c'est possible ça ça fait beaucoup de pression il y a aussi un point que j'aimerais bien revenir avec vous c'est vous dites aussi dans certaines de vos présentations que vous êtes donc une artiste visuelle et une artiste de la conscience c'est quoi une artiste de la conscience ?

  • Speaker #0

    non ça c'est tout le même on ouvre le volet moi je me suis rendu compte de Au fond, quand j'ai divorcé de mon mari, ou quand lui a divorcé de moi plus exactement, quand on s'est séparés, on s'est séparés parce qu'on se rendait compte que ça n'allait plus. Après dix ans de mariage et deux enfants, je me suis rendu compte, c'était une époque, il faut dire, c'était dans les années 70. Toutes mes copines, j'avais vraiment des très bonnes copines. En fait, on ne parlait que de psychologie. Moi, j'ai commencé une psychanalyse parce que c'était la seule chose qu'on connaissait à l'époque. Ça ne m'a pas du tout convenu. J'avais un psychanalyse qui ne disait pas un mot. Moi, je ne disais pas un mot non plus. Voilà.

  • Speaker #1

    Deux chiens de faïence.

  • Speaker #0

    Voilà, deux chiens de faïence, oui. Et puis après, j'ai découvert tout ce qu'on a fait à l'époque, les groupes de rencontres, toutes les disciplines qu'on enseignait à l'époque, le travail en groupe, toutes les psychothérapies variées qu'il y avait dans les années 70. Ça m'a énormément apporté. À partir de ce moment-là, j'ai découvert un truc qui s'appelait à l'époque Le co-conseil, qu'on appelle maintenant la co-écoute, qui existe encore, et j'ai découvert qu'on pouvait décharger toutes les mauvaises choses qu'on avait emmagasinées. C'est-à-dire qu'on pouvait pleurer, trembler, crier, avoir des réactions émotionnelles par rapport aux émotions que l'éducation nous avait appris à rentrer. et donc j'ai immédiatement adhéré à ce mouvement le co-conseil qui était un mouvement international très très vivace à l'époque et j'ai fait partie je suis devenue formatrice en co-conseil et puis au bout de dix ans je me suis dit ça y est ma thérapie est finie je suis devenue formatrice en dialogue intérieur et je reçois encore maintenant des personnes qui viennent faire une séance de dialogue.

  • Speaker #1

    Et le fait de le lier à l'art, c'est-à-dire ?

  • Speaker #0

    Alors, l'art a une place dans le dialogue intérieur. Si on a une partie artiste qui a envie de se développer, eh bien, on fait parler cette partie. En fait, le dialogue, ça consiste à ne pas admettre qu'on est un seul bloc, mais qu'on est constitué de différentes énergies. Et on peut avoir une énergie critique, on peut avoir une énergie enfantine, on peut avoir une énergie de parent, on peut avoir une énergie de vieille, de bébé. On a toutes sortes d'énergies différentes. Et quand on apprend à les différencier, ça va beaucoup mieux.

  • Speaker #1

    Là, par exemple, aujourd'hui, vous êtes en capacité de me dire, j'ai telles énergies qui... qui sont visibles ? Ce seraient lesquelles, par exemple ?

  • Speaker #0

    Il y a, bien sûr, mon artiste. Celle qui est visible maintenant, ici, c'est... Je ne sais pas, c'est celle qui aime parler d'elle-même. Celle qui est un peu exhibitionniste. Mais je crois que quand on est artiste, on est forcément un peu exhibitionniste.

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr. Moi, c'est intéressant, je trouve, d'essayer de comprendre... ce qui vous anime vous aujourd'hui en tant que femme artiste et qui a développé tout au long de votre vie vous avez développé énormément de choses vous êtes formée à plein de choses qui vous paraissaient utiles pour peut-être traverser vous-même des épreuves de votre vie et vous êtes encore dans la transmission parce que moi à travers ce podcast aussi je mets beaucoup l'accent sur ce qu'on peut transmettre parce que est-ce que quand on est artiste et qu'on crée tout au long de sa vie parce que Vous n'avez jamais arrêté et j'imagine que vous ne souhaitez jamais arrêter. Il n'y a pas de retraite.

  • Speaker #0

    Non, je ne vais pas arrêter.

  • Speaker #1

    Est-ce que le fait de vieillir apporte des changements dans votre façon de créer, dans votre façon de sculpter, dans votre façon de voir les choses ?

  • Speaker #0

    J'ai plus de recul, j'ai moins d'énergie, ça c'est sûr. Oui, j'ai moins d'énergie, ça c'est l'âge. J'ai plus de sagesse, j'ai plus de recul, j'ai moins d'appétit. Ah, c'est curieux, ça c'est vraiment... il y a les deux. J'ai moins d'appétit et en même temps, je me dis non, ça ne va pas. Cette année, il ne suffit pas juste de fabriquer des trucs, il faut les montrer. Et puis, qu'est-ce qu'ils vont faire, ma descendance, quand je vais mourir ? Ah oui, c'est ça. En fait, en arrivant à 87 ans, je me suis dit, ah oui, voyons, au mieux ! Si je vis encore bien, je peux vivre encore 10 ans, 12 ans, mais pas plus. Donc, 12 ans, oui, mais il y a 12 ans, je m'en souviens très bien, c'était hier. Ah ! Au secours ! C'est demain. Donc, je ne peux pas garder tout ça chez moi. Qu'est-ce qu'ils vont faire ? Quand je serai morte, qu'est-ce qu'ils vont faire ? ben voilà, chacun prendra une toile et puis tout le reste ça ira à la décharge quand même ça m'embête un petit peu donc vous avez cette volonté parce que vous projetez

  • Speaker #1

    12 ans imaginons ou en tout cas ce cycle des 7 ans déjà donc vous avez dit 94 tout à l'heure vous avez envie de léguer de votre vivant des choses à votre entourage ou en tout cas faire connaître davantage encore plus votre travail comment dire quand on fait quelque chose et qu'on y met tout ce qu'on a son coeur,

  • Speaker #0

    son âme son intelligence on n'a pas envie que ça parte à la décharge bien sûr pas croyante je crois pas je crois pas qu'il y a une vie après la vie non faut bien accepter l'idée que je suis comme une fourmi quand je serai morte je serai comme une fourmi morte voilà c'est votre animal totem la fourmi j'aime bien les fourmis oui ah oui Picasso j'ai mort Qu'est-ce que ça peut bien lui foutre ? Qu'il y a un musée Picasso, mais il s'en fout, il est mort. Il ne peut même pas en profiter, il ne sait pas. Donc moi, je serai morte. Donc je m'en ficherai bien que mes choses soient jetées. Mais aujourd'hui, j'ai de la peine à l'accepter. Mais oui,

  • Speaker #1

    mais oui. Mais est-ce que ce ne serait pas justement l'énergie, une des énergies que vous avez décrites tout à l'heure, cette énergie d'être visible ? Cette énergie ? d'exhiber votre travail et de le faire connaître. Est-ce que ce n'est pas finalement la volonté d'un artiste tout au long de sa vie d'être reconnu et d'être connu ?

  • Speaker #0

    Absolument. Alors, moi j'ai eu une retraite parce que j'ai travaillé comme restauratrice d'objets d'art pendant 15 ans. J'ai gagné très bien ma vie en Suisse et maintenant j'ai une retraite confortable. Donc, je n'ai pas de soucis d'argent. Je ne suis pas riche, mais je n'ai pas de soucis d'argent. Donc, je ne dois pas vendre mes œuvres.

  • Speaker #1

    Il n'y a pas d'obligation pécuniaire.

  • Speaker #0

    Il n'y a pas d'obligation pécuniaire, mais je serais contente de les distribuer. seulement on ne peut pas faire ça parce que si on fait ça on enlève leur valeur si vous donnez quelque chose à quelqu'un ça lui enlève sa valeur donc là on fait un appel aux galeristes qui écoutent le podcast pour

  • Speaker #1

    rendre visible là j'ai vu récemment j'ai oublié le nom d'une artiste américaine qui vient de décéder et qui a connu à l'âge de 88 ans une... un intérêt très fort sur son art et elle a eu de 88 à 95 ans je crois à l'âge de sa mort une visibilité extraordinaire elle a toujours dit je sais qu'un jour je serai reconnue et je vais vous retrouver le nom on en parlera est-ce que c'est plus dur quand on est artiste et qu'on a un certain âge c'est plus dur d'émerger par rapport à des artistes qui sont plus jeunes Est-ce qu'il y a une différence de traitement ?

  • Speaker #0

    Mais j'ai été regarder un petit peu les galeries en ligne. Bouf, je n'aime pas trop. Je trouve que ça manque. C'est un peu décoratif.

  • Speaker #1

    Et qu'est-ce que vous pourriez dire aux jeunes auditeurs, ou même peut-être aux vieux, qui ont cette peur de vieillir et qui refusent déjà de prononcer le mot vieillesse et refusent d'être dans le vieillissement ? Qu'est-ce que vous avez vu de leur dire ?

  • Speaker #0

    C'est ce qu'on appelle le dépréciatif qui est mauvais.

  • Speaker #1

    Il ne faut pas avoir peur de vieillir, finalement.

  • Speaker #0

    Il ne faut pas avoir Si on ne prend pas bien soin, il faut régler des choses, s'occuper de sa propre vie. On n'en a qu'une et il faut la soigner. C'est ça, en fait. C'est pour ça que je fais du dialogue, l'art de la conscience. C'est ça. Ce que j'ai fait du co-conseil, c'était pour prendre soin de moi. Il faut, pour finir... La seule chose dont on doit vraiment prendre soin, c'est soi-même. Si chacun prend bien soin de lui-même, on arrivera à s'entendre.

  • Speaker #1

    C'est bientôt le mot de la fin. Il y a un angle que j'aime aborder, un sujet que j'aime aborder, pardon. C'est le sujet des rêves et des désirs. Parce que voilà, moi j'aborde le sujet de la vieillesse au long du présent et du futur. Et donc j'ai envie de demander, Marie-Daniel, quels sont vos rêves et vos désirs ?

  • Speaker #0

    J'aimerais dire encore des choses parce que je n'ai pas parlé.

  • Speaker #1

    Ben allez-y.

  • Speaker #0

    Avant d'aborder.

  • Speaker #1

    Bien sûr,

  • Speaker #0

    allez-y. Parce qu'à propos du désir, moi j'ai rencontré, et c'était vraiment par hasard, un hasard complet, je me rendais à Londres pour un anniversaire et j'attendais l'heure, j'étais à l'aéroport, j'attendais l'embarquement et... Il y a un monsieur qui est venu près de moi et qui s'est mis dans la file et qui m'a demandé si on avait le même billet ou je ne sais quoi. On a commencé à discuter et puis on s'est assis l'un à côté de l'autre dans l'avion et puis on ne s'est plus quitté depuis. Ça a l'air d'une histoire...

  • Speaker #1

    C'est un coup de foudre ?

  • Speaker #0

    Presque, oui, on peut dire. Et maintenant, c'est mon compagnon. Il vivait en Angleterre, mais grâce au Covid, il n'a pas pu y rentrer. Donc, il vit ici. Il retourne régulièrement en Angleterre pour son boulot. Mais c'est un compagnon exceptionnel.

  • Speaker #1

    merveilleux et ça fait combien de temps que vous l'avez rencontré ?

  • Speaker #0

    ça fait 12 ans,

  • Speaker #1

    c'est important parce qu'entre votre divorce et la rencontre de votre compagnon beaucoup beaucoup d'histoires d'amour de liaison durable parfois et là vous aviez donc il y a une dizaine d'années vous étiez dans l'approche des 70 ans et vous aviez envie de vous poser c'était un désir pour vous d'être plutôt sur quelque chose de non pas du tout ça vous est tombé dessus comme ça ?

  • Speaker #0

    oui

  • Speaker #1

    donc je voulais en parler quand même c'est important c'est vrai que dans les choses qu'on peut parfois entendre un peu biaisées sur la vieillesse c'est les vieux ou les vieilles ne font plus l'amour,

  • Speaker #0

    ils ne séduisent plus ils ne s'aiment plus c'est faux il y a encore du désir il y a de l'amour il y a du désir bien sûr c'est pas le désir de quand on a 20 ans mais c'est un désir beaucoup plus harmonieux, je dirais. Et plus philosophe. On s'en fout. Ça marche, ça marche pas.

  • Speaker #1

    Ça, il n'y a pas de pression.

  • Speaker #0

    Oui, il n'y a aucune pression. C'est génial. Et ça marche très bien.

  • Speaker #1

    Et vous avez le regard qui pétille quand vous pensez à lui.

  • Speaker #0

    Oui, oui,

  • Speaker #1

    c'est vrai. C'est beau. C'est une très belle ode à l'amour, j'ai envie de dire.

  • Speaker #0

    C'est beau.

  • Speaker #1

    Est-ce que je peux me permettre cette phrase que vous êtes une... Marie-Daniel, vous êtes une vieille amoureuse ? C'est possible de dire ça ?

  • Speaker #0

    Oui. Oui, oui.

  • Speaker #1

    On peut le dire avec toute bienveillance parce qu'on a envie, toutes les deux, je pense, de réenchanter la vieillesse, finalement. Est-ce qu'il y a d'autres sujets que vous souhaiteriez aborder sur la vieillesse et auxquels on n'aurait pas pensé ?

  • Speaker #0

    Eh bien, la nourriture. Je pense que c'est très important ce qu'on mange. Pour finir, on devient notre chair, devient ce qu'on a mangé. Et il ne faut pas manger des trucs dégueulasses. Il faut vraiment manger sainement. Des légumes, beaucoup de légumes. Des protéines, beaucoup de protéines saines. Qu'on soit végé ou pas, c'est égal, mais il faut manger des protéines. Un peu de céréales aussi. pas trop de la graisse enfin faut être équilibré faut faire attention à ce qu'on mange on mange beaucoup moins quand on est vieux alors autant se payer des bons trucs plutôt que s'empiffrer

  • Speaker #1

    de pizza de machin tout ça vous avez un médecin qui vous accompagne ou c'est vous même vous avez fait vos recherches moi j'ai fait mes recherches

  • Speaker #0

    Et puis comme mon compagnon est lui-même chimiste, il connaît ça très bien.

  • Speaker #1

    Il fait les petites potions à la maison.

  • Speaker #0

    Oui, oui.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'on peut revenir sur la question des rêves et des désirs ? Ah oui. J'aime bien l'aborder ce thème-là. Quels seraient vos rêves et vos désirs, Marie-Danielle ?

  • Speaker #0

    Mes rêves et mes désirs, je suis un peu triste de penser que je m'en vais dans une période aussi enflammée par les guerres. C'est mieux quand même les périodes de paix. Donc je souhaite que l'humanité retrouve un peu de la paix. Mon rêve, ça serait aussi que ça se fait, mais quand même que toute la panoplie des moyens qu'on a aujourd'hui pour aller mieux psychiquement, et bien que ça se répande. Ça, j'aimerais vraiment beaucoup.

  • Speaker #1

    On le voit, il y a de plus en plus d'initiatives sur le bien-être, la santé mentale. Il y a des festivals, Pop-Epsy, je pense à Pop-Epsy. Il y a des nouveaux podcasts aussi qui sortent. Folie douce de Lorraine Bastide. On voit qu'il y a des choses qui sont...

  • Speaker #0

    Oui, ça passe dans les mœurs.

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr. Et tant mieux.

  • Speaker #0

    Mais j'aimerais que ça se développe encore plus.

  • Speaker #1

    Ça, c'est un beau rêve, un beau désir. En plus, c'est très humaniste, puisque c'est pas... C'est quelque chose que vous souhaitez pour tout un chacun. Tout habitant de la planète ?

  • Speaker #0

    Ah oui, oui, tout à fait.

  • Speaker #1

    Et peut-être plus de féminin aussi ?

  • Speaker #0

    Les femmes, c'est magnifique, on a pris quand même notre place et qu'on continue à la prendre.

  • Speaker #1

    Je mettrai en lien, vous avez une participation, une exhibition dans le cadre d'une exposition dans la galerie de Geneviève qui a eu son épisode il n'y a pas longtemps. Je la remettrai en lien, c'est en avril, ça s'appelle La seconde moitié du ciel qui met en avant le travail de plusieurs artistes féminines. avec ce thème-là. Et en plus, vous serez avec votre petite-fille Marie. Et on aura l'occasion, je pense, de vous avoir toutes les deux au micro. Et j'ai vraiment hâte d'avoir ce duo parce qu'on met l'accent sur la transmission. Et c'est hyper important. Parce qu'il n'y aura pas de vieillesse réenchantée sans une jeunesse qui prend part aussi à ce mouvement.

  • Speaker #0

    Ah oui,

  • Speaker #1

    absolument.

  • Speaker #0

    Et vous êtes un bel exemple.

  • Speaker #1

    Ah c'est gentil. On crée le lien ensemble. On ne peut pas être tout seul à vouloir des choses.

  • Speaker #0

    On ne peut pas être tout seul.

  • Speaker #1

    Ce qui compte c'est de se donner la main et d'avancer ensemble. C'est beau ça, mais on n'a pas terminé une dernière chose. Le podcast s'appelle Encore. Qu'est-ce que ça vous évoque ce mot ?

  • Speaker #0

    Encore ! Encore, c'est l'appétit. Je pense tout de suite à un petit enfant qui dit encore, qui tient sa cuillère comme ça, qui dit encore, encore, j'en veux encore. Tant qu'on est en vie, on en veut encore. Mais ce dont je parlais il y a trois minutes, c'est encore plus de justice, plus d'humanité, plus de bonté, encore plus d'appétit aussi, plus de soif de vivre, encore plus de vie, d'amour, d'attention pour l'autre. C'est ça en fait, l'amour, c'est l'attention. s'intéresser d'intérêt pour les autres.

  • Speaker #1

    C'est très beau. Ce sera mon nouveau slogan. Je ne peux pas dire mieux. Merci infiniment, Marie-Daniel, pour cet échange aujourd'hui. C'était un plaisir d'aborder une part de votre vie et surtout de voir la très belle place qu'a l'humanité pour vous dans votre cœur et dans votre manière d'exprimer les choses dans votre art. Et on a besoin de gens comme vous. merci à bientôt Marie-Daniel à bientôt merci d'avoir écouté cet épisode j'espère qu'il vous a plu si c'est le cas gratifiez-le d'un maximum d'étoiles sur votre plateforme d'écoute préférée et surtout parlez-en autour de vous et pour suivre les coulisses retrouvez encore sur Instagram à bientôt

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Description

Marie Danielle Koechlin, alias MDK, se présente comme une artiste visuelle et de la conscience. Sans aucune retenue, elle partage son parcours artistique, sa reconstruction en tant que femme, et les trésors que la vieillesse lui révèle chaque jour.

Dans ce récit sans filtre, l'amour, l'humour et l'authenticité s'entremêlent pour offrir un témoignage saisissant.


Dans cet épisode, nous avons parlé de:


🥰 Sexualité et rencontre amoureuse à +75 ans

🤝 L'importance de la transmission

👀 Chercher ses rôles models et le devenir


Ses informations

son site internet avec ses oeuvres et agenda

son compte instagram


Ses actualités

Le travail de Marie Danielle Koechlin sera exposé du 18 au 30 avril à la galerie de Geneviève Bonieux au 32 rue de lappe, paris 11.

👉Venez la rencontrer, ainsi que les nombreuses artistes féminines qui exposeront leurs oeuvres sur le thème de "l'identité, sexualité et maternité"


Bonne écoute 💫


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Oh là là, me décrire en quelques mots. Je suis une artiste, une vieille artiste. Voilà, j'aime bien. Le mot vieux, parce que je vois pas pourquoi il serait déprécié. J'aime bien dire que je suis vieille, je suis pas une personne âgée, je suis pas...

  • Speaker #1

    Bonjour à toutes et tous, bienvenue dans le podcast encore qui dépoussière les idées reçues de la vieillesse. Et aujourd'hui j'ai l'immense plaisir de recevoir Marie-Daniel, une femme artiste qui se présente comme une artiste visuelle et de la conscience. Je vous laisserai découvrir dans l'épisode ce que ça veut dire en détail. et vous allez voir que Marie-Daniel sans aucune retenue elle va nous partager son parcours artistique mais aussi sa construction en tant que femme et les trésors que la vieillesse lui révèle chaque jour c'est un témoignage rempli d'humour d'authenticité, d'amour comme on adore chez Encore je vous laisse découvrir l'épisode bonne écoute Bonjour Marie-Daniel.

  • Speaker #0

    Bonjour Claire.

  • Speaker #1

    Merci infiniment d'avoir accepté mon invitation au micro d'Encore, le podcast qui dépoussière les idées reçues de la vieillesse. Et aujourd'hui, on va parler de vous, Marie-Daniel. Vous pouvez peut-être déjà vous décrire en quelques mots et après, je tenterai un nouvel exercice avec vous.

  • Speaker #0

    Me décrire en quelques mots. Je suis une artiste, une vieille artiste. Voilà, j'aime bien. Le mot vieux, parce que je vois pas pourquoi il serait déprécié. J'aime bien dire que je suis vieille, je suis pas une personne âgée.

  • Speaker #1

    Vous l'avez bien dit, âgée.

  • Speaker #0

    Toutes les circonlocutions. Non, je suis vieille. Et voilà, et c'est bien. On dit bien... Un vieux meuble, un vieux bois, c'est beau. Moi, je suis une belle vieille.

  • Speaker #1

    C'est vrai. D'ailleurs, je vous l'ai dit tout à l'heure en vous rencontrant, vous êtes le sosie de Meryl Streep. Et elle est quand même très belle.

  • Speaker #0

    Oui, enfin, quand j'étais jeune.

  • Speaker #1

    Non, encore moins. Allez, je commence avec les petites questions un peu pour vous surprendre. On verra. Donc, vous êtes artiste. J'ai envie de parler de la vieillesse avec cet angle-là. Et pour apprendre un peu plus à vous connaître, si Marie-Daniel, vous étiez une sculpture, vous seriez laquelle ?

  • Speaker #0

    Eh bien, je ne sais pas, comme je suis sculpteur de formation, c'est difficile de me dire une. Je pourrais être... Un rodin.

  • Speaker #1

    Si vous étiez une couleur ?

  • Speaker #0

    Alors, je suis bleu.

  • Speaker #1

    Ah, pourquoi ?

  • Speaker #0

    Parce que, je ne sais pas, c'est ma couleur, le bleu. J'aime bien le violet aussi, mais peut-être le violet, ça serait encore mieux.

  • Speaker #1

    C'est une signification, les couleurs, pour vous ? Oui,

  • Speaker #0

    bien sûr. Je suis peintre, alors forcément. Le bleu et le rouge, c'est la passion. Je suis encore passionnée. Et le bleu parce que c'est ma couleur, j'ai les yeux bleus. Voilà.

  • Speaker #1

    Très bien. Et la dernière, c'est si vous étiez une matière, vous seriez laquelle ?

  • Speaker #0

    Je serais de la terre glaise.

  • Speaker #1

    Ok. Parfait, on a une petite vision de Marie-Daniel sous l'angle de la sculpture de la couleur et de la matière. Vous avez tout de suite parlé de vous quand je vous ai posé la question de vous présenter en quelques mots. Vous avez utilisé le mot vieille. Ça, vous le dites depuis quand que vous êtes vieille ?

  • Speaker #0

    J'ai de la peine à dire depuis quand, mais depuis plusieurs années.

  • Speaker #1

    On peut vous demander votre âge ?

  • Speaker #0

    Oui, oui, oui, j'ai 87 ans. Quelque chose qui m'a fait beaucoup de bien, j'ai une amie qui est mésiériste kiné. Je suis allée parce que j'avais un problème au cou. Je lui disais oui, j'ai l'impression que je me sens vieille. Ce n'est pas d'être vieille, c'est de se sentir vieille. Difficile. Elle m'a dit, c'est une étape maintenant. Une fois que tu l'auras passée, tu auras jusqu'à 94. C'est tous les 7 ans, les étapes.

  • Speaker #1

    D'accord. C'est de savoir qu'il y avait... Donc des passages, en fait il y a des passages tous les 7 ans et à partir d'un certain moment quand on vieillit, on comprend mieux ces 7 ans et ces phases de 7 ans qui arrivent. D'accord, ok. Donc là vous êtes dans une autre phase. Alors qu'est-ce que ça veut dire pour vous la vieillesse et qu'est-ce que ça veut dire pour vous vieillir en France aujourd'hui, si on prend un peu de recul ?

  • Speaker #0

    Qu'est-ce que c'est vieillir ? Ben c'est un peu perdre des choses mais... je pense qu'on en gagne aussi. On gagne de la considération. Alors ça, c'est pas mal.

  • Speaker #1

    C'est-à-dire ?

  • Speaker #0

    L'idéal, ça serait que les gens vous disent Ah, grand-mère, toi qui sais tant de choses, toi qui es sage. C'est pas vraiment comme ça. On est plus patient. On sait beaucoup de choses. On sait un petit peu ce qui va se passer. Je m'intéresse plus trop à la politique parce que de toute façon, l'être humain... est méchant et donc il y a des guerres. L'homme est un loup pour l'homme. Donc ça ne m'intéresse pas beaucoup. Il faut dire que je cause.

  • Speaker #1

    C'est parfait, c'est le but du podcast de causer.

  • Speaker #0

    Quand j'étais petite, on était à Vaucresson. Il y avait la guerre, évidemment. C'était dans les années 40, entre 39 et 44. Voilà. Eh bien, oui, il y avait les nazis, les boches, comme on disait, qui étaient là, tout près de notre maison, qui emmenaient des gens. On ne savait pas pourquoi. Après, on a su que c'est parce qu'ils étaient juifs. Maman, mais je ne le savais pas, maman était juive, mais on s'est bien gardé de nous le dire. Et comme on a un nom suisse... Personne ne s'est douté que maman pouvait être juive.

  • Speaker #1

    Ça, vous l'avez appris. Ah oui,

  • Speaker #0

    bien sûr. Elle était juive. Alors ça, c'est extraordinaire. Quand j'étais fiancée, j'ai annoncé à ma mère que j'allais me marier. Elle m'a dit, est-ce que tu as parlé à Jacques ? Je lui ai dit, oui, ben oui. Est-ce que tu lui as dit ? Est-ce que je lui ai dit quoi ? Eh ben, que je suis juive, parce que la nounne a été juive. Première nouvelle, j'avais 23 ans. Ah bon ?

  • Speaker #1

    Vous l'appreniez à cet âge-là ? Oui. Et ça vous a fait quoi du coup ?

  • Speaker #0

    Rien n'affiche. Oui. Oui, oui. Ben oui, c'est plutôt sympa, il y a tellement de gens bien qui sont juifs.

  • Speaker #1

    Parlez de votre mère, quand on regarde un petit peu votre travail et qu'on observe, le rôle de votre mère a été hyper important dans votre construction. De femme et d'artiste ?

  • Speaker #0

    Je pense bien qu'elle m'ait peu aimée, peu désirée. J'étais la quatrième. Encore une fille, elle-même avait souffert d'être une fille. Elle avait un seul fils et tout était pour mon frère. Et au fond, ce que j'ai gagné de maman... C'est héréditaire. Et c'est ce qu'elle m'a transmis involontairement.

  • Speaker #1

    Et c'est quoi cette notion d'hérédité ?

  • Speaker #0

    Ah ben c'est... Traduit comment ? D'être une sacrée bonne femme.

  • Speaker #1

    Donc c'est une belle chose qu'elle vous ait transmise.

  • Speaker #0

    C'est une belle chose qu'elle m'a transmise.

  • Speaker #1

    Et c'est quoi être une sacrée bonne femme alors ? C'est quoi sur le point de vue de la santé ? C'est quoi ces...

  • Speaker #0

    Ah ben oui. Elle a vécu jusqu'à 103 ans. Elle a toujours voulu... Bon, la pauvre maman. Elle a... Toujours voulu être romancière, on ne lui a jamais permis. Elle a écrit plein de choses, mais qui n'ont jamais été publiées. Finalement, c'est la seule chose qu'elle a réussi à accomplir dans sa vie, à part ses quatre enfants. C'est qu'elle a fondé des foyers pour les prisonniers lorsqu'ils sortaient de prison.

  • Speaker #1

    Donc elle s'investit dans le social très tôt ?

  • Speaker #0

    Non, tard, après avoir essayé. Élever ses enfants, soutenir son mari, etc. Tout d'un coup, elles étaient...

  • Speaker #1

    À quel âge elle a commencé à créer ses foyers ?

  • Speaker #0

    Je ne sais pas, à 50 ans, quelque chose comme ça. Oui, mais tard, tard. Mais elle a créé des foyers pour détenus libérés. Et alors, du coup, comme ce n'était pas pour elle... Elle a pu complètement s'y investir.

  • Speaker #1

    Vous avez eu un bel exemple aussi de réalisation.

  • Speaker #0

    C'est assez fort. C'est pour les prisonniers sortant de prison.

  • Speaker #1

    Oui, c'était hyper novateur pour l'époque.

  • Speaker #0

    Je crois qu'il y en avait, en tout cas en Suisse, il n'y en avait pas.

  • Speaker #1

    Parce qu'il n'y a pas de prison en Suisse.

  • Speaker #2

    En Suisse,

  • Speaker #0

    oui, oui, oui.

  • Speaker #1

    Et donc, votre construction en tant que femme, parce que c'est vrai que j'aimerais bien revenir aussi avec vous sur la féminité, parce que votre art, et d'ailleurs, on va revenir aussi sur un point. Parce que dans votre... Sur votre site, à un moment, vous dites Pour moi, être artiste, c'est faire le lien entre le monde et le néant, le vivant et le rien, c'est-à-dire ce qui est mort. Ça, j'aimerais bien que vous en parliez un petit peu, parce que qu'est-ce qui vous a amené à penser ça et qu'est-ce qui vous a amené aussi à être artiste ?

  • Speaker #0

    J'ai toujours voulu être artiste, depuis toute petite. Mais voilà, maman, papa, il n'était jamais là. Et maman, elle disait Non, non, mais... Pour être artiste, il faut avoir du talent. J'ai voulu faire les beaux-arts. Ma mère a dit, mais il faut du talent pour faire les beaux-arts. Donc, c'est quand je me suis mariée que mon mari m'a dit, t'as envie de faire les beaux-arts ? Et bien, vas-y. Donc, voilà, il m'a permis, il m'a soutenu. tout au long de ma formation de sculpteur. Maman, ce qu'elle m'a donné, par contre, pour revenir à la féminité, depuis toute petite, elle m'a trouvé jolie. Elle me l'a toujours dit. J'étais blonde alors qu'elle était noire et frisée. Moi, j'étais blonde et j'avais des beaux cheveux lisses, ce qui me faisait mon désespoir. Et j'avais les yeux bleus alors qu'elle avait les yeux noirs. Elle était convaincue qu'elle était laine. et que j'étais ravissante. C'est le meilleur cadeau qu'elle m'a fait. parce que quand j'ai eu 16 ans et que j'ai commencé à m'intéresser aux garçons, maman, elle était d'accord. Elle n'a jamais été contre. Et plus j'avais de bons amis, de bonnes amies, comme on disait à l'époque, plus elle était fière. Elle disait, c'était une petite séductrice.

  • Speaker #1

    C'était valorisé.

  • Speaker #0

    Oui, complètement.

  • Speaker #1

    Un atout de séduction chez vous.

  • Speaker #0

    Oui, oui. elle était enchantée de ça parce qu'elle,

  • Speaker #1

    ce l'était complètement interdit et justement pour en revenir au sujet de la vieillesse on parle souvent aussi de à travers ce podcast j'essaye souvent de mettre en avant la notion de transmission, la notion de rôle modèle là votre mère a eu un rôle hyper important dans la construction de vous en tant qu'artiste même si elle vous a dit très tôt tu n'as pas de talent et donc elle vous a un peu brimé mais c'est ce qui vous êtes construit de cette colère et vous l'avez transformé en quelque chose et vous dites bah non en fait je le serai Il y a la notion de féminité avec ses attributs féminins et la séduction qu'elle mettait en avant chez vous. Est-ce qu'il y a d'autres personnes ou d'autres choses qui vous ont aidé à vous construire en tant qu'artiste et en tant qu'artiste qui vieillit ?

  • Speaker #0

    Je me suis construite aussi avec les mères d'autres copines.

  • Speaker #1

    C'est intéressant. Elles vous apportaient des choses en particulier ?

  • Speaker #0

    Je pense à Maddy Favre, la mère de René Favre. Elle m'a beaucoup apporté. Je ne sais pas, elle était compréhensive, je pouvais parler avec elle, discuter de tout.

  • Speaker #1

    Et du coup, vous la considérez aujourd'hui comme quelqu'un qui a été un rôle modèle pour vous aider à grandir ? Oui, oui,

  • Speaker #0

    honnêtement.

  • Speaker #1

    Est-ce que c'est important aujourd'hui pour vieillir, pour passer les âges, d'avoir des rôles modèles ?

  • Speaker #0

    D'avoir des modèles, oui, c'est capital. Oui, on ne peut pas grandir sans modèle. Un enfant se forme par ses parents, avec ses parents. Ou les gens qui s'occupent de lui, si c'est un orphelin. Si on n'a pas un bon contact avec eux, on se trouve d'autres parents, d'autres modèles. Moi, je me suis trouvé d'autres modèles.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'aujourd'hui, vous êtes le modèle d'autres personnes ?

  • Speaker #0

    Oui, je pense aussi pour des copines. Oui, c'est sûr.

  • Speaker #1

    Vous avez des relations amicales aujourd'hui avec des personnes qui n'ont pas votre âge ? Alors,

  • Speaker #0

    oui, je suis peut-être la plus vieille, moi. Mais mes amies, je pense Alice, Annette, elles ont dix ans de moins que moi. Elisabeth, elle a...

  • Speaker #1

    17 ans le moins que moi Ingrid elle a 17 ans le moins que moi oui oui certainement et dans vos petits enfants parce que aussi on a votre travail aussi a comme une suite logique avec une de vos petites filles qui a repris pas le flambeau mais qui à qui vous avez servi aussi j'imagine de modèle puisqu'elle est elle même artiste et sculptrice je sais pas si j'ai servi de modèle elle est là

  • Speaker #0

    toujours voulu être artiste.

  • Speaker #1

    Est-ce que vous ne pensez pas que vous l'avez inspiré ?

  • Speaker #0

    Peut-être qu'on va lui demander.

  • Speaker #1

    Je ne sais pas. Est-ce que la transmission, vous avez participé d'ailleurs à un documentaire Petite fille et grand-mère, avec Marie, votre petite fille. Et vous dites, dans le documentaire, c'était comment se passe la transmission rarement verbalisée, voire inconsciente, des intérêts, des combats et des idées. Et ça m'intéresse du coup d'avoir votre retour.

  • Speaker #0

    C'est sûr que Marie Et Juliette, sa sœur, elles sont venues souvent en vacances ici. Ben oui, je me souviens qu'elles dormaient dans l'atelier toutes les deux et Marie, elle construisait des... Je leur donnais de quoi jouer, de quoi dessiner, de quoi faire du modelage, des cartons, de la colle. Oui, oui.

  • Speaker #1

    Vous avez suscité un intérêt.

  • Speaker #0

    C'est clair.

  • Speaker #1

    Et c'est ça, du coup, la puissance de la transmission.

  • Speaker #0

    La permissivité, l'encouragement. Oui, le fait que je trouvais ça très bien.

  • Speaker #1

    J'ai même déjà entendu une personne au micro d'Encore dire... En fait, c'est montrer l'exemple. parce que pour revenir aussi à la vieille être bien dans sa peau en tant que personne qui vieillit c'est aussi montrer l'exemple aux autres que c'est possible ça ça fait beaucoup de pression il y a aussi un point que j'aimerais bien revenir avec vous c'est vous dites aussi dans certaines de vos présentations que vous êtes donc une artiste visuelle et une artiste de la conscience c'est quoi une artiste de la conscience ?

  • Speaker #0

    non ça c'est tout le même on ouvre le volet moi je me suis rendu compte de Au fond, quand j'ai divorcé de mon mari, ou quand lui a divorcé de moi plus exactement, quand on s'est séparés, on s'est séparés parce qu'on se rendait compte que ça n'allait plus. Après dix ans de mariage et deux enfants, je me suis rendu compte, c'était une époque, il faut dire, c'était dans les années 70. Toutes mes copines, j'avais vraiment des très bonnes copines. En fait, on ne parlait que de psychologie. Moi, j'ai commencé une psychanalyse parce que c'était la seule chose qu'on connaissait à l'époque. Ça ne m'a pas du tout convenu. J'avais un psychanalyse qui ne disait pas un mot. Moi, je ne disais pas un mot non plus. Voilà.

  • Speaker #1

    Deux chiens de faïence.

  • Speaker #0

    Voilà, deux chiens de faïence, oui. Et puis après, j'ai découvert tout ce qu'on a fait à l'époque, les groupes de rencontres, toutes les disciplines qu'on enseignait à l'époque, le travail en groupe, toutes les psychothérapies variées qu'il y avait dans les années 70. Ça m'a énormément apporté. À partir de ce moment-là, j'ai découvert un truc qui s'appelait à l'époque Le co-conseil, qu'on appelle maintenant la co-écoute, qui existe encore, et j'ai découvert qu'on pouvait décharger toutes les mauvaises choses qu'on avait emmagasinées. C'est-à-dire qu'on pouvait pleurer, trembler, crier, avoir des réactions émotionnelles par rapport aux émotions que l'éducation nous avait appris à rentrer. et donc j'ai immédiatement adhéré à ce mouvement le co-conseil qui était un mouvement international très très vivace à l'époque et j'ai fait partie je suis devenue formatrice en co-conseil et puis au bout de dix ans je me suis dit ça y est ma thérapie est finie je suis devenue formatrice en dialogue intérieur et je reçois encore maintenant des personnes qui viennent faire une séance de dialogue.

  • Speaker #1

    Et le fait de le lier à l'art, c'est-à-dire ?

  • Speaker #0

    Alors, l'art a une place dans le dialogue intérieur. Si on a une partie artiste qui a envie de se développer, eh bien, on fait parler cette partie. En fait, le dialogue, ça consiste à ne pas admettre qu'on est un seul bloc, mais qu'on est constitué de différentes énergies. Et on peut avoir une énergie critique, on peut avoir une énergie enfantine, on peut avoir une énergie de parent, on peut avoir une énergie de vieille, de bébé. On a toutes sortes d'énergies différentes. Et quand on apprend à les différencier, ça va beaucoup mieux.

  • Speaker #1

    Là, par exemple, aujourd'hui, vous êtes en capacité de me dire, j'ai telles énergies qui... qui sont visibles ? Ce seraient lesquelles, par exemple ?

  • Speaker #0

    Il y a, bien sûr, mon artiste. Celle qui est visible maintenant, ici, c'est... Je ne sais pas, c'est celle qui aime parler d'elle-même. Celle qui est un peu exhibitionniste. Mais je crois que quand on est artiste, on est forcément un peu exhibitionniste.

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr. Moi, c'est intéressant, je trouve, d'essayer de comprendre... ce qui vous anime vous aujourd'hui en tant que femme artiste et qui a développé tout au long de votre vie vous avez développé énormément de choses vous êtes formée à plein de choses qui vous paraissaient utiles pour peut-être traverser vous-même des épreuves de votre vie et vous êtes encore dans la transmission parce que moi à travers ce podcast aussi je mets beaucoup l'accent sur ce qu'on peut transmettre parce que est-ce que quand on est artiste et qu'on crée tout au long de sa vie parce que Vous n'avez jamais arrêté et j'imagine que vous ne souhaitez jamais arrêter. Il n'y a pas de retraite.

  • Speaker #0

    Non, je ne vais pas arrêter.

  • Speaker #1

    Est-ce que le fait de vieillir apporte des changements dans votre façon de créer, dans votre façon de sculpter, dans votre façon de voir les choses ?

  • Speaker #0

    J'ai plus de recul, j'ai moins d'énergie, ça c'est sûr. Oui, j'ai moins d'énergie, ça c'est l'âge. J'ai plus de sagesse, j'ai plus de recul, j'ai moins d'appétit. Ah, c'est curieux, ça c'est vraiment... il y a les deux. J'ai moins d'appétit et en même temps, je me dis non, ça ne va pas. Cette année, il ne suffit pas juste de fabriquer des trucs, il faut les montrer. Et puis, qu'est-ce qu'ils vont faire, ma descendance, quand je vais mourir ? Ah oui, c'est ça. En fait, en arrivant à 87 ans, je me suis dit, ah oui, voyons, au mieux ! Si je vis encore bien, je peux vivre encore 10 ans, 12 ans, mais pas plus. Donc, 12 ans, oui, mais il y a 12 ans, je m'en souviens très bien, c'était hier. Ah ! Au secours ! C'est demain. Donc, je ne peux pas garder tout ça chez moi. Qu'est-ce qu'ils vont faire ? Quand je serai morte, qu'est-ce qu'ils vont faire ? ben voilà, chacun prendra une toile et puis tout le reste ça ira à la décharge quand même ça m'embête un petit peu donc vous avez cette volonté parce que vous projetez

  • Speaker #1

    12 ans imaginons ou en tout cas ce cycle des 7 ans déjà donc vous avez dit 94 tout à l'heure vous avez envie de léguer de votre vivant des choses à votre entourage ou en tout cas faire connaître davantage encore plus votre travail comment dire quand on fait quelque chose et qu'on y met tout ce qu'on a son coeur,

  • Speaker #0

    son âme son intelligence on n'a pas envie que ça parte à la décharge bien sûr pas croyante je crois pas je crois pas qu'il y a une vie après la vie non faut bien accepter l'idée que je suis comme une fourmi quand je serai morte je serai comme une fourmi morte voilà c'est votre animal totem la fourmi j'aime bien les fourmis oui ah oui Picasso j'ai mort Qu'est-ce que ça peut bien lui foutre ? Qu'il y a un musée Picasso, mais il s'en fout, il est mort. Il ne peut même pas en profiter, il ne sait pas. Donc moi, je serai morte. Donc je m'en ficherai bien que mes choses soient jetées. Mais aujourd'hui, j'ai de la peine à l'accepter. Mais oui,

  • Speaker #1

    mais oui. Mais est-ce que ce ne serait pas justement l'énergie, une des énergies que vous avez décrites tout à l'heure, cette énergie d'être visible ? Cette énergie ? d'exhiber votre travail et de le faire connaître. Est-ce que ce n'est pas finalement la volonté d'un artiste tout au long de sa vie d'être reconnu et d'être connu ?

  • Speaker #0

    Absolument. Alors, moi j'ai eu une retraite parce que j'ai travaillé comme restauratrice d'objets d'art pendant 15 ans. J'ai gagné très bien ma vie en Suisse et maintenant j'ai une retraite confortable. Donc, je n'ai pas de soucis d'argent. Je ne suis pas riche, mais je n'ai pas de soucis d'argent. Donc, je ne dois pas vendre mes œuvres.

  • Speaker #1

    Il n'y a pas d'obligation pécuniaire.

  • Speaker #0

    Il n'y a pas d'obligation pécuniaire, mais je serais contente de les distribuer. seulement on ne peut pas faire ça parce que si on fait ça on enlève leur valeur si vous donnez quelque chose à quelqu'un ça lui enlève sa valeur donc là on fait un appel aux galeristes qui écoutent le podcast pour

  • Speaker #1

    rendre visible là j'ai vu récemment j'ai oublié le nom d'une artiste américaine qui vient de décéder et qui a connu à l'âge de 88 ans une... un intérêt très fort sur son art et elle a eu de 88 à 95 ans je crois à l'âge de sa mort une visibilité extraordinaire elle a toujours dit je sais qu'un jour je serai reconnue et je vais vous retrouver le nom on en parlera est-ce que c'est plus dur quand on est artiste et qu'on a un certain âge c'est plus dur d'émerger par rapport à des artistes qui sont plus jeunes Est-ce qu'il y a une différence de traitement ?

  • Speaker #0

    Mais j'ai été regarder un petit peu les galeries en ligne. Bouf, je n'aime pas trop. Je trouve que ça manque. C'est un peu décoratif.

  • Speaker #1

    Et qu'est-ce que vous pourriez dire aux jeunes auditeurs, ou même peut-être aux vieux, qui ont cette peur de vieillir et qui refusent déjà de prononcer le mot vieillesse et refusent d'être dans le vieillissement ? Qu'est-ce que vous avez vu de leur dire ?

  • Speaker #0

    C'est ce qu'on appelle le dépréciatif qui est mauvais.

  • Speaker #1

    Il ne faut pas avoir peur de vieillir, finalement.

  • Speaker #0

    Il ne faut pas avoir Si on ne prend pas bien soin, il faut régler des choses, s'occuper de sa propre vie. On n'en a qu'une et il faut la soigner. C'est ça, en fait. C'est pour ça que je fais du dialogue, l'art de la conscience. C'est ça. Ce que j'ai fait du co-conseil, c'était pour prendre soin de moi. Il faut, pour finir... La seule chose dont on doit vraiment prendre soin, c'est soi-même. Si chacun prend bien soin de lui-même, on arrivera à s'entendre.

  • Speaker #1

    C'est bientôt le mot de la fin. Il y a un angle que j'aime aborder, un sujet que j'aime aborder, pardon. C'est le sujet des rêves et des désirs. Parce que voilà, moi j'aborde le sujet de la vieillesse au long du présent et du futur. Et donc j'ai envie de demander, Marie-Daniel, quels sont vos rêves et vos désirs ?

  • Speaker #0

    J'aimerais dire encore des choses parce que je n'ai pas parlé.

  • Speaker #1

    Ben allez-y.

  • Speaker #0

    Avant d'aborder.

  • Speaker #1

    Bien sûr,

  • Speaker #0

    allez-y. Parce qu'à propos du désir, moi j'ai rencontré, et c'était vraiment par hasard, un hasard complet, je me rendais à Londres pour un anniversaire et j'attendais l'heure, j'étais à l'aéroport, j'attendais l'embarquement et... Il y a un monsieur qui est venu près de moi et qui s'est mis dans la file et qui m'a demandé si on avait le même billet ou je ne sais quoi. On a commencé à discuter et puis on s'est assis l'un à côté de l'autre dans l'avion et puis on ne s'est plus quitté depuis. Ça a l'air d'une histoire...

  • Speaker #1

    C'est un coup de foudre ?

  • Speaker #0

    Presque, oui, on peut dire. Et maintenant, c'est mon compagnon. Il vivait en Angleterre, mais grâce au Covid, il n'a pas pu y rentrer. Donc, il vit ici. Il retourne régulièrement en Angleterre pour son boulot. Mais c'est un compagnon exceptionnel.

  • Speaker #1

    merveilleux et ça fait combien de temps que vous l'avez rencontré ?

  • Speaker #0

    ça fait 12 ans,

  • Speaker #1

    c'est important parce qu'entre votre divorce et la rencontre de votre compagnon beaucoup beaucoup d'histoires d'amour de liaison durable parfois et là vous aviez donc il y a une dizaine d'années vous étiez dans l'approche des 70 ans et vous aviez envie de vous poser c'était un désir pour vous d'être plutôt sur quelque chose de non pas du tout ça vous est tombé dessus comme ça ?

  • Speaker #0

    oui

  • Speaker #1

    donc je voulais en parler quand même c'est important c'est vrai que dans les choses qu'on peut parfois entendre un peu biaisées sur la vieillesse c'est les vieux ou les vieilles ne font plus l'amour,

  • Speaker #0

    ils ne séduisent plus ils ne s'aiment plus c'est faux il y a encore du désir il y a de l'amour il y a du désir bien sûr c'est pas le désir de quand on a 20 ans mais c'est un désir beaucoup plus harmonieux, je dirais. Et plus philosophe. On s'en fout. Ça marche, ça marche pas.

  • Speaker #1

    Ça, il n'y a pas de pression.

  • Speaker #0

    Oui, il n'y a aucune pression. C'est génial. Et ça marche très bien.

  • Speaker #1

    Et vous avez le regard qui pétille quand vous pensez à lui.

  • Speaker #0

    Oui, oui,

  • Speaker #1

    c'est vrai. C'est beau. C'est une très belle ode à l'amour, j'ai envie de dire.

  • Speaker #0

    C'est beau.

  • Speaker #1

    Est-ce que je peux me permettre cette phrase que vous êtes une... Marie-Daniel, vous êtes une vieille amoureuse ? C'est possible de dire ça ?

  • Speaker #0

    Oui. Oui, oui.

  • Speaker #1

    On peut le dire avec toute bienveillance parce qu'on a envie, toutes les deux, je pense, de réenchanter la vieillesse, finalement. Est-ce qu'il y a d'autres sujets que vous souhaiteriez aborder sur la vieillesse et auxquels on n'aurait pas pensé ?

  • Speaker #0

    Eh bien, la nourriture. Je pense que c'est très important ce qu'on mange. Pour finir, on devient notre chair, devient ce qu'on a mangé. Et il ne faut pas manger des trucs dégueulasses. Il faut vraiment manger sainement. Des légumes, beaucoup de légumes. Des protéines, beaucoup de protéines saines. Qu'on soit végé ou pas, c'est égal, mais il faut manger des protéines. Un peu de céréales aussi. pas trop de la graisse enfin faut être équilibré faut faire attention à ce qu'on mange on mange beaucoup moins quand on est vieux alors autant se payer des bons trucs plutôt que s'empiffrer

  • Speaker #1

    de pizza de machin tout ça vous avez un médecin qui vous accompagne ou c'est vous même vous avez fait vos recherches moi j'ai fait mes recherches

  • Speaker #0

    Et puis comme mon compagnon est lui-même chimiste, il connaît ça très bien.

  • Speaker #1

    Il fait les petites potions à la maison.

  • Speaker #0

    Oui, oui.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'on peut revenir sur la question des rêves et des désirs ? Ah oui. J'aime bien l'aborder ce thème-là. Quels seraient vos rêves et vos désirs, Marie-Danielle ?

  • Speaker #0

    Mes rêves et mes désirs, je suis un peu triste de penser que je m'en vais dans une période aussi enflammée par les guerres. C'est mieux quand même les périodes de paix. Donc je souhaite que l'humanité retrouve un peu de la paix. Mon rêve, ça serait aussi que ça se fait, mais quand même que toute la panoplie des moyens qu'on a aujourd'hui pour aller mieux psychiquement, et bien que ça se répande. Ça, j'aimerais vraiment beaucoup.

  • Speaker #1

    On le voit, il y a de plus en plus d'initiatives sur le bien-être, la santé mentale. Il y a des festivals, Pop-Epsy, je pense à Pop-Epsy. Il y a des nouveaux podcasts aussi qui sortent. Folie douce de Lorraine Bastide. On voit qu'il y a des choses qui sont...

  • Speaker #0

    Oui, ça passe dans les mœurs.

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr. Et tant mieux.

  • Speaker #0

    Mais j'aimerais que ça se développe encore plus.

  • Speaker #1

    Ça, c'est un beau rêve, un beau désir. En plus, c'est très humaniste, puisque c'est pas... C'est quelque chose que vous souhaitez pour tout un chacun. Tout habitant de la planète ?

  • Speaker #0

    Ah oui, oui, tout à fait.

  • Speaker #1

    Et peut-être plus de féminin aussi ?

  • Speaker #0

    Les femmes, c'est magnifique, on a pris quand même notre place et qu'on continue à la prendre.

  • Speaker #1

    Je mettrai en lien, vous avez une participation, une exhibition dans le cadre d'une exposition dans la galerie de Geneviève qui a eu son épisode il n'y a pas longtemps. Je la remettrai en lien, c'est en avril, ça s'appelle La seconde moitié du ciel qui met en avant le travail de plusieurs artistes féminines. avec ce thème-là. Et en plus, vous serez avec votre petite-fille Marie. Et on aura l'occasion, je pense, de vous avoir toutes les deux au micro. Et j'ai vraiment hâte d'avoir ce duo parce qu'on met l'accent sur la transmission. Et c'est hyper important. Parce qu'il n'y aura pas de vieillesse réenchantée sans une jeunesse qui prend part aussi à ce mouvement.

  • Speaker #0

    Ah oui,

  • Speaker #1

    absolument.

  • Speaker #0

    Et vous êtes un bel exemple.

  • Speaker #1

    Ah c'est gentil. On crée le lien ensemble. On ne peut pas être tout seul à vouloir des choses.

  • Speaker #0

    On ne peut pas être tout seul.

  • Speaker #1

    Ce qui compte c'est de se donner la main et d'avancer ensemble. C'est beau ça, mais on n'a pas terminé une dernière chose. Le podcast s'appelle Encore. Qu'est-ce que ça vous évoque ce mot ?

  • Speaker #0

    Encore ! Encore, c'est l'appétit. Je pense tout de suite à un petit enfant qui dit encore, qui tient sa cuillère comme ça, qui dit encore, encore, j'en veux encore. Tant qu'on est en vie, on en veut encore. Mais ce dont je parlais il y a trois minutes, c'est encore plus de justice, plus d'humanité, plus de bonté, encore plus d'appétit aussi, plus de soif de vivre, encore plus de vie, d'amour, d'attention pour l'autre. C'est ça en fait, l'amour, c'est l'attention. s'intéresser d'intérêt pour les autres.

  • Speaker #1

    C'est très beau. Ce sera mon nouveau slogan. Je ne peux pas dire mieux. Merci infiniment, Marie-Daniel, pour cet échange aujourd'hui. C'était un plaisir d'aborder une part de votre vie et surtout de voir la très belle place qu'a l'humanité pour vous dans votre cœur et dans votre manière d'exprimer les choses dans votre art. Et on a besoin de gens comme vous. merci à bientôt Marie-Daniel à bientôt merci d'avoir écouté cet épisode j'espère qu'il vous a plu si c'est le cas gratifiez-le d'un maximum d'étoiles sur votre plateforme d'écoute préférée et surtout parlez-en autour de vous et pour suivre les coulisses retrouvez encore sur Instagram à bientôt

Description

Marie Danielle Koechlin, alias MDK, se présente comme une artiste visuelle et de la conscience. Sans aucune retenue, elle partage son parcours artistique, sa reconstruction en tant que femme, et les trésors que la vieillesse lui révèle chaque jour.

Dans ce récit sans filtre, l'amour, l'humour et l'authenticité s'entremêlent pour offrir un témoignage saisissant.


Dans cet épisode, nous avons parlé de:


🥰 Sexualité et rencontre amoureuse à +75 ans

🤝 L'importance de la transmission

👀 Chercher ses rôles models et le devenir


Ses informations

son site internet avec ses oeuvres et agenda

son compte instagram


Ses actualités

Le travail de Marie Danielle Koechlin sera exposé du 18 au 30 avril à la galerie de Geneviève Bonieux au 32 rue de lappe, paris 11.

👉Venez la rencontrer, ainsi que les nombreuses artistes féminines qui exposeront leurs oeuvres sur le thème de "l'identité, sexualité et maternité"


Bonne écoute 💫


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Oh là là, me décrire en quelques mots. Je suis une artiste, une vieille artiste. Voilà, j'aime bien. Le mot vieux, parce que je vois pas pourquoi il serait déprécié. J'aime bien dire que je suis vieille, je suis pas une personne âgée, je suis pas...

  • Speaker #1

    Bonjour à toutes et tous, bienvenue dans le podcast encore qui dépoussière les idées reçues de la vieillesse. Et aujourd'hui j'ai l'immense plaisir de recevoir Marie-Daniel, une femme artiste qui se présente comme une artiste visuelle et de la conscience. Je vous laisserai découvrir dans l'épisode ce que ça veut dire en détail. et vous allez voir que Marie-Daniel sans aucune retenue elle va nous partager son parcours artistique mais aussi sa construction en tant que femme et les trésors que la vieillesse lui révèle chaque jour c'est un témoignage rempli d'humour d'authenticité, d'amour comme on adore chez Encore je vous laisse découvrir l'épisode bonne écoute Bonjour Marie-Daniel.

  • Speaker #0

    Bonjour Claire.

  • Speaker #1

    Merci infiniment d'avoir accepté mon invitation au micro d'Encore, le podcast qui dépoussière les idées reçues de la vieillesse. Et aujourd'hui, on va parler de vous, Marie-Daniel. Vous pouvez peut-être déjà vous décrire en quelques mots et après, je tenterai un nouvel exercice avec vous.

  • Speaker #0

    Me décrire en quelques mots. Je suis une artiste, une vieille artiste. Voilà, j'aime bien. Le mot vieux, parce que je vois pas pourquoi il serait déprécié. J'aime bien dire que je suis vieille, je suis pas une personne âgée.

  • Speaker #1

    Vous l'avez bien dit, âgée.

  • Speaker #0

    Toutes les circonlocutions. Non, je suis vieille. Et voilà, et c'est bien. On dit bien... Un vieux meuble, un vieux bois, c'est beau. Moi, je suis une belle vieille.

  • Speaker #1

    C'est vrai. D'ailleurs, je vous l'ai dit tout à l'heure en vous rencontrant, vous êtes le sosie de Meryl Streep. Et elle est quand même très belle.

  • Speaker #0

    Oui, enfin, quand j'étais jeune.

  • Speaker #1

    Non, encore moins. Allez, je commence avec les petites questions un peu pour vous surprendre. On verra. Donc, vous êtes artiste. J'ai envie de parler de la vieillesse avec cet angle-là. Et pour apprendre un peu plus à vous connaître, si Marie-Daniel, vous étiez une sculpture, vous seriez laquelle ?

  • Speaker #0

    Eh bien, je ne sais pas, comme je suis sculpteur de formation, c'est difficile de me dire une. Je pourrais être... Un rodin.

  • Speaker #1

    Si vous étiez une couleur ?

  • Speaker #0

    Alors, je suis bleu.

  • Speaker #1

    Ah, pourquoi ?

  • Speaker #0

    Parce que, je ne sais pas, c'est ma couleur, le bleu. J'aime bien le violet aussi, mais peut-être le violet, ça serait encore mieux.

  • Speaker #1

    C'est une signification, les couleurs, pour vous ? Oui,

  • Speaker #0

    bien sûr. Je suis peintre, alors forcément. Le bleu et le rouge, c'est la passion. Je suis encore passionnée. Et le bleu parce que c'est ma couleur, j'ai les yeux bleus. Voilà.

  • Speaker #1

    Très bien. Et la dernière, c'est si vous étiez une matière, vous seriez laquelle ?

  • Speaker #0

    Je serais de la terre glaise.

  • Speaker #1

    Ok. Parfait, on a une petite vision de Marie-Daniel sous l'angle de la sculpture de la couleur et de la matière. Vous avez tout de suite parlé de vous quand je vous ai posé la question de vous présenter en quelques mots. Vous avez utilisé le mot vieille. Ça, vous le dites depuis quand que vous êtes vieille ?

  • Speaker #0

    J'ai de la peine à dire depuis quand, mais depuis plusieurs années.

  • Speaker #1

    On peut vous demander votre âge ?

  • Speaker #0

    Oui, oui, oui, j'ai 87 ans. Quelque chose qui m'a fait beaucoup de bien, j'ai une amie qui est mésiériste kiné. Je suis allée parce que j'avais un problème au cou. Je lui disais oui, j'ai l'impression que je me sens vieille. Ce n'est pas d'être vieille, c'est de se sentir vieille. Difficile. Elle m'a dit, c'est une étape maintenant. Une fois que tu l'auras passée, tu auras jusqu'à 94. C'est tous les 7 ans, les étapes.

  • Speaker #1

    D'accord. C'est de savoir qu'il y avait... Donc des passages, en fait il y a des passages tous les 7 ans et à partir d'un certain moment quand on vieillit, on comprend mieux ces 7 ans et ces phases de 7 ans qui arrivent. D'accord, ok. Donc là vous êtes dans une autre phase. Alors qu'est-ce que ça veut dire pour vous la vieillesse et qu'est-ce que ça veut dire pour vous vieillir en France aujourd'hui, si on prend un peu de recul ?

  • Speaker #0

    Qu'est-ce que c'est vieillir ? Ben c'est un peu perdre des choses mais... je pense qu'on en gagne aussi. On gagne de la considération. Alors ça, c'est pas mal.

  • Speaker #1

    C'est-à-dire ?

  • Speaker #0

    L'idéal, ça serait que les gens vous disent Ah, grand-mère, toi qui sais tant de choses, toi qui es sage. C'est pas vraiment comme ça. On est plus patient. On sait beaucoup de choses. On sait un petit peu ce qui va se passer. Je m'intéresse plus trop à la politique parce que de toute façon, l'être humain... est méchant et donc il y a des guerres. L'homme est un loup pour l'homme. Donc ça ne m'intéresse pas beaucoup. Il faut dire que je cause.

  • Speaker #1

    C'est parfait, c'est le but du podcast de causer.

  • Speaker #0

    Quand j'étais petite, on était à Vaucresson. Il y avait la guerre, évidemment. C'était dans les années 40, entre 39 et 44. Voilà. Eh bien, oui, il y avait les nazis, les boches, comme on disait, qui étaient là, tout près de notre maison, qui emmenaient des gens. On ne savait pas pourquoi. Après, on a su que c'est parce qu'ils étaient juifs. Maman, mais je ne le savais pas, maman était juive, mais on s'est bien gardé de nous le dire. Et comme on a un nom suisse... Personne ne s'est douté que maman pouvait être juive.

  • Speaker #1

    Ça, vous l'avez appris. Ah oui,

  • Speaker #0

    bien sûr. Elle était juive. Alors ça, c'est extraordinaire. Quand j'étais fiancée, j'ai annoncé à ma mère que j'allais me marier. Elle m'a dit, est-ce que tu as parlé à Jacques ? Je lui ai dit, oui, ben oui. Est-ce que tu lui as dit ? Est-ce que je lui ai dit quoi ? Eh ben, que je suis juive, parce que la nounne a été juive. Première nouvelle, j'avais 23 ans. Ah bon ?

  • Speaker #1

    Vous l'appreniez à cet âge-là ? Oui. Et ça vous a fait quoi du coup ?

  • Speaker #0

    Rien n'affiche. Oui. Oui, oui. Ben oui, c'est plutôt sympa, il y a tellement de gens bien qui sont juifs.

  • Speaker #1

    Parlez de votre mère, quand on regarde un petit peu votre travail et qu'on observe, le rôle de votre mère a été hyper important dans votre construction. De femme et d'artiste ?

  • Speaker #0

    Je pense bien qu'elle m'ait peu aimée, peu désirée. J'étais la quatrième. Encore une fille, elle-même avait souffert d'être une fille. Elle avait un seul fils et tout était pour mon frère. Et au fond, ce que j'ai gagné de maman... C'est héréditaire. Et c'est ce qu'elle m'a transmis involontairement.

  • Speaker #1

    Et c'est quoi cette notion d'hérédité ?

  • Speaker #0

    Ah ben c'est... Traduit comment ? D'être une sacrée bonne femme.

  • Speaker #1

    Donc c'est une belle chose qu'elle vous ait transmise.

  • Speaker #0

    C'est une belle chose qu'elle m'a transmise.

  • Speaker #1

    Et c'est quoi être une sacrée bonne femme alors ? C'est quoi sur le point de vue de la santé ? C'est quoi ces...

  • Speaker #0

    Ah ben oui. Elle a vécu jusqu'à 103 ans. Elle a toujours voulu... Bon, la pauvre maman. Elle a... Toujours voulu être romancière, on ne lui a jamais permis. Elle a écrit plein de choses, mais qui n'ont jamais été publiées. Finalement, c'est la seule chose qu'elle a réussi à accomplir dans sa vie, à part ses quatre enfants. C'est qu'elle a fondé des foyers pour les prisonniers lorsqu'ils sortaient de prison.

  • Speaker #1

    Donc elle s'investit dans le social très tôt ?

  • Speaker #0

    Non, tard, après avoir essayé. Élever ses enfants, soutenir son mari, etc. Tout d'un coup, elles étaient...

  • Speaker #1

    À quel âge elle a commencé à créer ses foyers ?

  • Speaker #0

    Je ne sais pas, à 50 ans, quelque chose comme ça. Oui, mais tard, tard. Mais elle a créé des foyers pour détenus libérés. Et alors, du coup, comme ce n'était pas pour elle... Elle a pu complètement s'y investir.

  • Speaker #1

    Vous avez eu un bel exemple aussi de réalisation.

  • Speaker #0

    C'est assez fort. C'est pour les prisonniers sortant de prison.

  • Speaker #1

    Oui, c'était hyper novateur pour l'époque.

  • Speaker #0

    Je crois qu'il y en avait, en tout cas en Suisse, il n'y en avait pas.

  • Speaker #1

    Parce qu'il n'y a pas de prison en Suisse.

  • Speaker #2

    En Suisse,

  • Speaker #0

    oui, oui, oui.

  • Speaker #1

    Et donc, votre construction en tant que femme, parce que c'est vrai que j'aimerais bien revenir aussi avec vous sur la féminité, parce que votre art, et d'ailleurs, on va revenir aussi sur un point. Parce que dans votre... Sur votre site, à un moment, vous dites Pour moi, être artiste, c'est faire le lien entre le monde et le néant, le vivant et le rien, c'est-à-dire ce qui est mort. Ça, j'aimerais bien que vous en parliez un petit peu, parce que qu'est-ce qui vous a amené à penser ça et qu'est-ce qui vous a amené aussi à être artiste ?

  • Speaker #0

    J'ai toujours voulu être artiste, depuis toute petite. Mais voilà, maman, papa, il n'était jamais là. Et maman, elle disait Non, non, mais... Pour être artiste, il faut avoir du talent. J'ai voulu faire les beaux-arts. Ma mère a dit, mais il faut du talent pour faire les beaux-arts. Donc, c'est quand je me suis mariée que mon mari m'a dit, t'as envie de faire les beaux-arts ? Et bien, vas-y. Donc, voilà, il m'a permis, il m'a soutenu. tout au long de ma formation de sculpteur. Maman, ce qu'elle m'a donné, par contre, pour revenir à la féminité, depuis toute petite, elle m'a trouvé jolie. Elle me l'a toujours dit. J'étais blonde alors qu'elle était noire et frisée. Moi, j'étais blonde et j'avais des beaux cheveux lisses, ce qui me faisait mon désespoir. Et j'avais les yeux bleus alors qu'elle avait les yeux noirs. Elle était convaincue qu'elle était laine. et que j'étais ravissante. C'est le meilleur cadeau qu'elle m'a fait. parce que quand j'ai eu 16 ans et que j'ai commencé à m'intéresser aux garçons, maman, elle était d'accord. Elle n'a jamais été contre. Et plus j'avais de bons amis, de bonnes amies, comme on disait à l'époque, plus elle était fière. Elle disait, c'était une petite séductrice.

  • Speaker #1

    C'était valorisé.

  • Speaker #0

    Oui, complètement.

  • Speaker #1

    Un atout de séduction chez vous.

  • Speaker #0

    Oui, oui. elle était enchantée de ça parce qu'elle,

  • Speaker #1

    ce l'était complètement interdit et justement pour en revenir au sujet de la vieillesse on parle souvent aussi de à travers ce podcast j'essaye souvent de mettre en avant la notion de transmission, la notion de rôle modèle là votre mère a eu un rôle hyper important dans la construction de vous en tant qu'artiste même si elle vous a dit très tôt tu n'as pas de talent et donc elle vous a un peu brimé mais c'est ce qui vous êtes construit de cette colère et vous l'avez transformé en quelque chose et vous dites bah non en fait je le serai Il y a la notion de féminité avec ses attributs féminins et la séduction qu'elle mettait en avant chez vous. Est-ce qu'il y a d'autres personnes ou d'autres choses qui vous ont aidé à vous construire en tant qu'artiste et en tant qu'artiste qui vieillit ?

  • Speaker #0

    Je me suis construite aussi avec les mères d'autres copines.

  • Speaker #1

    C'est intéressant. Elles vous apportaient des choses en particulier ?

  • Speaker #0

    Je pense à Maddy Favre, la mère de René Favre. Elle m'a beaucoup apporté. Je ne sais pas, elle était compréhensive, je pouvais parler avec elle, discuter de tout.

  • Speaker #1

    Et du coup, vous la considérez aujourd'hui comme quelqu'un qui a été un rôle modèle pour vous aider à grandir ? Oui, oui,

  • Speaker #0

    honnêtement.

  • Speaker #1

    Est-ce que c'est important aujourd'hui pour vieillir, pour passer les âges, d'avoir des rôles modèles ?

  • Speaker #0

    D'avoir des modèles, oui, c'est capital. Oui, on ne peut pas grandir sans modèle. Un enfant se forme par ses parents, avec ses parents. Ou les gens qui s'occupent de lui, si c'est un orphelin. Si on n'a pas un bon contact avec eux, on se trouve d'autres parents, d'autres modèles. Moi, je me suis trouvé d'autres modèles.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'aujourd'hui, vous êtes le modèle d'autres personnes ?

  • Speaker #0

    Oui, je pense aussi pour des copines. Oui, c'est sûr.

  • Speaker #1

    Vous avez des relations amicales aujourd'hui avec des personnes qui n'ont pas votre âge ? Alors,

  • Speaker #0

    oui, je suis peut-être la plus vieille, moi. Mais mes amies, je pense Alice, Annette, elles ont dix ans de moins que moi. Elisabeth, elle a...

  • Speaker #1

    17 ans le moins que moi Ingrid elle a 17 ans le moins que moi oui oui certainement et dans vos petits enfants parce que aussi on a votre travail aussi a comme une suite logique avec une de vos petites filles qui a repris pas le flambeau mais qui à qui vous avez servi aussi j'imagine de modèle puisqu'elle est elle même artiste et sculptrice je sais pas si j'ai servi de modèle elle est là

  • Speaker #0

    toujours voulu être artiste.

  • Speaker #1

    Est-ce que vous ne pensez pas que vous l'avez inspiré ?

  • Speaker #0

    Peut-être qu'on va lui demander.

  • Speaker #1

    Je ne sais pas. Est-ce que la transmission, vous avez participé d'ailleurs à un documentaire Petite fille et grand-mère, avec Marie, votre petite fille. Et vous dites, dans le documentaire, c'était comment se passe la transmission rarement verbalisée, voire inconsciente, des intérêts, des combats et des idées. Et ça m'intéresse du coup d'avoir votre retour.

  • Speaker #0

    C'est sûr que Marie Et Juliette, sa sœur, elles sont venues souvent en vacances ici. Ben oui, je me souviens qu'elles dormaient dans l'atelier toutes les deux et Marie, elle construisait des... Je leur donnais de quoi jouer, de quoi dessiner, de quoi faire du modelage, des cartons, de la colle. Oui, oui.

  • Speaker #1

    Vous avez suscité un intérêt.

  • Speaker #0

    C'est clair.

  • Speaker #1

    Et c'est ça, du coup, la puissance de la transmission.

  • Speaker #0

    La permissivité, l'encouragement. Oui, le fait que je trouvais ça très bien.

  • Speaker #1

    J'ai même déjà entendu une personne au micro d'Encore dire... En fait, c'est montrer l'exemple. parce que pour revenir aussi à la vieille être bien dans sa peau en tant que personne qui vieillit c'est aussi montrer l'exemple aux autres que c'est possible ça ça fait beaucoup de pression il y a aussi un point que j'aimerais bien revenir avec vous c'est vous dites aussi dans certaines de vos présentations que vous êtes donc une artiste visuelle et une artiste de la conscience c'est quoi une artiste de la conscience ?

  • Speaker #0

    non ça c'est tout le même on ouvre le volet moi je me suis rendu compte de Au fond, quand j'ai divorcé de mon mari, ou quand lui a divorcé de moi plus exactement, quand on s'est séparés, on s'est séparés parce qu'on se rendait compte que ça n'allait plus. Après dix ans de mariage et deux enfants, je me suis rendu compte, c'était une époque, il faut dire, c'était dans les années 70. Toutes mes copines, j'avais vraiment des très bonnes copines. En fait, on ne parlait que de psychologie. Moi, j'ai commencé une psychanalyse parce que c'était la seule chose qu'on connaissait à l'époque. Ça ne m'a pas du tout convenu. J'avais un psychanalyse qui ne disait pas un mot. Moi, je ne disais pas un mot non plus. Voilà.

  • Speaker #1

    Deux chiens de faïence.

  • Speaker #0

    Voilà, deux chiens de faïence, oui. Et puis après, j'ai découvert tout ce qu'on a fait à l'époque, les groupes de rencontres, toutes les disciplines qu'on enseignait à l'époque, le travail en groupe, toutes les psychothérapies variées qu'il y avait dans les années 70. Ça m'a énormément apporté. À partir de ce moment-là, j'ai découvert un truc qui s'appelait à l'époque Le co-conseil, qu'on appelle maintenant la co-écoute, qui existe encore, et j'ai découvert qu'on pouvait décharger toutes les mauvaises choses qu'on avait emmagasinées. C'est-à-dire qu'on pouvait pleurer, trembler, crier, avoir des réactions émotionnelles par rapport aux émotions que l'éducation nous avait appris à rentrer. et donc j'ai immédiatement adhéré à ce mouvement le co-conseil qui était un mouvement international très très vivace à l'époque et j'ai fait partie je suis devenue formatrice en co-conseil et puis au bout de dix ans je me suis dit ça y est ma thérapie est finie je suis devenue formatrice en dialogue intérieur et je reçois encore maintenant des personnes qui viennent faire une séance de dialogue.

  • Speaker #1

    Et le fait de le lier à l'art, c'est-à-dire ?

  • Speaker #0

    Alors, l'art a une place dans le dialogue intérieur. Si on a une partie artiste qui a envie de se développer, eh bien, on fait parler cette partie. En fait, le dialogue, ça consiste à ne pas admettre qu'on est un seul bloc, mais qu'on est constitué de différentes énergies. Et on peut avoir une énergie critique, on peut avoir une énergie enfantine, on peut avoir une énergie de parent, on peut avoir une énergie de vieille, de bébé. On a toutes sortes d'énergies différentes. Et quand on apprend à les différencier, ça va beaucoup mieux.

  • Speaker #1

    Là, par exemple, aujourd'hui, vous êtes en capacité de me dire, j'ai telles énergies qui... qui sont visibles ? Ce seraient lesquelles, par exemple ?

  • Speaker #0

    Il y a, bien sûr, mon artiste. Celle qui est visible maintenant, ici, c'est... Je ne sais pas, c'est celle qui aime parler d'elle-même. Celle qui est un peu exhibitionniste. Mais je crois que quand on est artiste, on est forcément un peu exhibitionniste.

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr. Moi, c'est intéressant, je trouve, d'essayer de comprendre... ce qui vous anime vous aujourd'hui en tant que femme artiste et qui a développé tout au long de votre vie vous avez développé énormément de choses vous êtes formée à plein de choses qui vous paraissaient utiles pour peut-être traverser vous-même des épreuves de votre vie et vous êtes encore dans la transmission parce que moi à travers ce podcast aussi je mets beaucoup l'accent sur ce qu'on peut transmettre parce que est-ce que quand on est artiste et qu'on crée tout au long de sa vie parce que Vous n'avez jamais arrêté et j'imagine que vous ne souhaitez jamais arrêter. Il n'y a pas de retraite.

  • Speaker #0

    Non, je ne vais pas arrêter.

  • Speaker #1

    Est-ce que le fait de vieillir apporte des changements dans votre façon de créer, dans votre façon de sculpter, dans votre façon de voir les choses ?

  • Speaker #0

    J'ai plus de recul, j'ai moins d'énergie, ça c'est sûr. Oui, j'ai moins d'énergie, ça c'est l'âge. J'ai plus de sagesse, j'ai plus de recul, j'ai moins d'appétit. Ah, c'est curieux, ça c'est vraiment... il y a les deux. J'ai moins d'appétit et en même temps, je me dis non, ça ne va pas. Cette année, il ne suffit pas juste de fabriquer des trucs, il faut les montrer. Et puis, qu'est-ce qu'ils vont faire, ma descendance, quand je vais mourir ? Ah oui, c'est ça. En fait, en arrivant à 87 ans, je me suis dit, ah oui, voyons, au mieux ! Si je vis encore bien, je peux vivre encore 10 ans, 12 ans, mais pas plus. Donc, 12 ans, oui, mais il y a 12 ans, je m'en souviens très bien, c'était hier. Ah ! Au secours ! C'est demain. Donc, je ne peux pas garder tout ça chez moi. Qu'est-ce qu'ils vont faire ? Quand je serai morte, qu'est-ce qu'ils vont faire ? ben voilà, chacun prendra une toile et puis tout le reste ça ira à la décharge quand même ça m'embête un petit peu donc vous avez cette volonté parce que vous projetez

  • Speaker #1

    12 ans imaginons ou en tout cas ce cycle des 7 ans déjà donc vous avez dit 94 tout à l'heure vous avez envie de léguer de votre vivant des choses à votre entourage ou en tout cas faire connaître davantage encore plus votre travail comment dire quand on fait quelque chose et qu'on y met tout ce qu'on a son coeur,

  • Speaker #0

    son âme son intelligence on n'a pas envie que ça parte à la décharge bien sûr pas croyante je crois pas je crois pas qu'il y a une vie après la vie non faut bien accepter l'idée que je suis comme une fourmi quand je serai morte je serai comme une fourmi morte voilà c'est votre animal totem la fourmi j'aime bien les fourmis oui ah oui Picasso j'ai mort Qu'est-ce que ça peut bien lui foutre ? Qu'il y a un musée Picasso, mais il s'en fout, il est mort. Il ne peut même pas en profiter, il ne sait pas. Donc moi, je serai morte. Donc je m'en ficherai bien que mes choses soient jetées. Mais aujourd'hui, j'ai de la peine à l'accepter. Mais oui,

  • Speaker #1

    mais oui. Mais est-ce que ce ne serait pas justement l'énergie, une des énergies que vous avez décrites tout à l'heure, cette énergie d'être visible ? Cette énergie ? d'exhiber votre travail et de le faire connaître. Est-ce que ce n'est pas finalement la volonté d'un artiste tout au long de sa vie d'être reconnu et d'être connu ?

  • Speaker #0

    Absolument. Alors, moi j'ai eu une retraite parce que j'ai travaillé comme restauratrice d'objets d'art pendant 15 ans. J'ai gagné très bien ma vie en Suisse et maintenant j'ai une retraite confortable. Donc, je n'ai pas de soucis d'argent. Je ne suis pas riche, mais je n'ai pas de soucis d'argent. Donc, je ne dois pas vendre mes œuvres.

  • Speaker #1

    Il n'y a pas d'obligation pécuniaire.

  • Speaker #0

    Il n'y a pas d'obligation pécuniaire, mais je serais contente de les distribuer. seulement on ne peut pas faire ça parce que si on fait ça on enlève leur valeur si vous donnez quelque chose à quelqu'un ça lui enlève sa valeur donc là on fait un appel aux galeristes qui écoutent le podcast pour

  • Speaker #1

    rendre visible là j'ai vu récemment j'ai oublié le nom d'une artiste américaine qui vient de décéder et qui a connu à l'âge de 88 ans une... un intérêt très fort sur son art et elle a eu de 88 à 95 ans je crois à l'âge de sa mort une visibilité extraordinaire elle a toujours dit je sais qu'un jour je serai reconnue et je vais vous retrouver le nom on en parlera est-ce que c'est plus dur quand on est artiste et qu'on a un certain âge c'est plus dur d'émerger par rapport à des artistes qui sont plus jeunes Est-ce qu'il y a une différence de traitement ?

  • Speaker #0

    Mais j'ai été regarder un petit peu les galeries en ligne. Bouf, je n'aime pas trop. Je trouve que ça manque. C'est un peu décoratif.

  • Speaker #1

    Et qu'est-ce que vous pourriez dire aux jeunes auditeurs, ou même peut-être aux vieux, qui ont cette peur de vieillir et qui refusent déjà de prononcer le mot vieillesse et refusent d'être dans le vieillissement ? Qu'est-ce que vous avez vu de leur dire ?

  • Speaker #0

    C'est ce qu'on appelle le dépréciatif qui est mauvais.

  • Speaker #1

    Il ne faut pas avoir peur de vieillir, finalement.

  • Speaker #0

    Il ne faut pas avoir Si on ne prend pas bien soin, il faut régler des choses, s'occuper de sa propre vie. On n'en a qu'une et il faut la soigner. C'est ça, en fait. C'est pour ça que je fais du dialogue, l'art de la conscience. C'est ça. Ce que j'ai fait du co-conseil, c'était pour prendre soin de moi. Il faut, pour finir... La seule chose dont on doit vraiment prendre soin, c'est soi-même. Si chacun prend bien soin de lui-même, on arrivera à s'entendre.

  • Speaker #1

    C'est bientôt le mot de la fin. Il y a un angle que j'aime aborder, un sujet que j'aime aborder, pardon. C'est le sujet des rêves et des désirs. Parce que voilà, moi j'aborde le sujet de la vieillesse au long du présent et du futur. Et donc j'ai envie de demander, Marie-Daniel, quels sont vos rêves et vos désirs ?

  • Speaker #0

    J'aimerais dire encore des choses parce que je n'ai pas parlé.

  • Speaker #1

    Ben allez-y.

  • Speaker #0

    Avant d'aborder.

  • Speaker #1

    Bien sûr,

  • Speaker #0

    allez-y. Parce qu'à propos du désir, moi j'ai rencontré, et c'était vraiment par hasard, un hasard complet, je me rendais à Londres pour un anniversaire et j'attendais l'heure, j'étais à l'aéroport, j'attendais l'embarquement et... Il y a un monsieur qui est venu près de moi et qui s'est mis dans la file et qui m'a demandé si on avait le même billet ou je ne sais quoi. On a commencé à discuter et puis on s'est assis l'un à côté de l'autre dans l'avion et puis on ne s'est plus quitté depuis. Ça a l'air d'une histoire...

  • Speaker #1

    C'est un coup de foudre ?

  • Speaker #0

    Presque, oui, on peut dire. Et maintenant, c'est mon compagnon. Il vivait en Angleterre, mais grâce au Covid, il n'a pas pu y rentrer. Donc, il vit ici. Il retourne régulièrement en Angleterre pour son boulot. Mais c'est un compagnon exceptionnel.

  • Speaker #1

    merveilleux et ça fait combien de temps que vous l'avez rencontré ?

  • Speaker #0

    ça fait 12 ans,

  • Speaker #1

    c'est important parce qu'entre votre divorce et la rencontre de votre compagnon beaucoup beaucoup d'histoires d'amour de liaison durable parfois et là vous aviez donc il y a une dizaine d'années vous étiez dans l'approche des 70 ans et vous aviez envie de vous poser c'était un désir pour vous d'être plutôt sur quelque chose de non pas du tout ça vous est tombé dessus comme ça ?

  • Speaker #0

    oui

  • Speaker #1

    donc je voulais en parler quand même c'est important c'est vrai que dans les choses qu'on peut parfois entendre un peu biaisées sur la vieillesse c'est les vieux ou les vieilles ne font plus l'amour,

  • Speaker #0

    ils ne séduisent plus ils ne s'aiment plus c'est faux il y a encore du désir il y a de l'amour il y a du désir bien sûr c'est pas le désir de quand on a 20 ans mais c'est un désir beaucoup plus harmonieux, je dirais. Et plus philosophe. On s'en fout. Ça marche, ça marche pas.

  • Speaker #1

    Ça, il n'y a pas de pression.

  • Speaker #0

    Oui, il n'y a aucune pression. C'est génial. Et ça marche très bien.

  • Speaker #1

    Et vous avez le regard qui pétille quand vous pensez à lui.

  • Speaker #0

    Oui, oui,

  • Speaker #1

    c'est vrai. C'est beau. C'est une très belle ode à l'amour, j'ai envie de dire.

  • Speaker #0

    C'est beau.

  • Speaker #1

    Est-ce que je peux me permettre cette phrase que vous êtes une... Marie-Daniel, vous êtes une vieille amoureuse ? C'est possible de dire ça ?

  • Speaker #0

    Oui. Oui, oui.

  • Speaker #1

    On peut le dire avec toute bienveillance parce qu'on a envie, toutes les deux, je pense, de réenchanter la vieillesse, finalement. Est-ce qu'il y a d'autres sujets que vous souhaiteriez aborder sur la vieillesse et auxquels on n'aurait pas pensé ?

  • Speaker #0

    Eh bien, la nourriture. Je pense que c'est très important ce qu'on mange. Pour finir, on devient notre chair, devient ce qu'on a mangé. Et il ne faut pas manger des trucs dégueulasses. Il faut vraiment manger sainement. Des légumes, beaucoup de légumes. Des protéines, beaucoup de protéines saines. Qu'on soit végé ou pas, c'est égal, mais il faut manger des protéines. Un peu de céréales aussi. pas trop de la graisse enfin faut être équilibré faut faire attention à ce qu'on mange on mange beaucoup moins quand on est vieux alors autant se payer des bons trucs plutôt que s'empiffrer

  • Speaker #1

    de pizza de machin tout ça vous avez un médecin qui vous accompagne ou c'est vous même vous avez fait vos recherches moi j'ai fait mes recherches

  • Speaker #0

    Et puis comme mon compagnon est lui-même chimiste, il connaît ça très bien.

  • Speaker #1

    Il fait les petites potions à la maison.

  • Speaker #0

    Oui, oui.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'on peut revenir sur la question des rêves et des désirs ? Ah oui. J'aime bien l'aborder ce thème-là. Quels seraient vos rêves et vos désirs, Marie-Danielle ?

  • Speaker #0

    Mes rêves et mes désirs, je suis un peu triste de penser que je m'en vais dans une période aussi enflammée par les guerres. C'est mieux quand même les périodes de paix. Donc je souhaite que l'humanité retrouve un peu de la paix. Mon rêve, ça serait aussi que ça se fait, mais quand même que toute la panoplie des moyens qu'on a aujourd'hui pour aller mieux psychiquement, et bien que ça se répande. Ça, j'aimerais vraiment beaucoup.

  • Speaker #1

    On le voit, il y a de plus en plus d'initiatives sur le bien-être, la santé mentale. Il y a des festivals, Pop-Epsy, je pense à Pop-Epsy. Il y a des nouveaux podcasts aussi qui sortent. Folie douce de Lorraine Bastide. On voit qu'il y a des choses qui sont...

  • Speaker #0

    Oui, ça passe dans les mœurs.

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr. Et tant mieux.

  • Speaker #0

    Mais j'aimerais que ça se développe encore plus.

  • Speaker #1

    Ça, c'est un beau rêve, un beau désir. En plus, c'est très humaniste, puisque c'est pas... C'est quelque chose que vous souhaitez pour tout un chacun. Tout habitant de la planète ?

  • Speaker #0

    Ah oui, oui, tout à fait.

  • Speaker #1

    Et peut-être plus de féminin aussi ?

  • Speaker #0

    Les femmes, c'est magnifique, on a pris quand même notre place et qu'on continue à la prendre.

  • Speaker #1

    Je mettrai en lien, vous avez une participation, une exhibition dans le cadre d'une exposition dans la galerie de Geneviève qui a eu son épisode il n'y a pas longtemps. Je la remettrai en lien, c'est en avril, ça s'appelle La seconde moitié du ciel qui met en avant le travail de plusieurs artistes féminines. avec ce thème-là. Et en plus, vous serez avec votre petite-fille Marie. Et on aura l'occasion, je pense, de vous avoir toutes les deux au micro. Et j'ai vraiment hâte d'avoir ce duo parce qu'on met l'accent sur la transmission. Et c'est hyper important. Parce qu'il n'y aura pas de vieillesse réenchantée sans une jeunesse qui prend part aussi à ce mouvement.

  • Speaker #0

    Ah oui,

  • Speaker #1

    absolument.

  • Speaker #0

    Et vous êtes un bel exemple.

  • Speaker #1

    Ah c'est gentil. On crée le lien ensemble. On ne peut pas être tout seul à vouloir des choses.

  • Speaker #0

    On ne peut pas être tout seul.

  • Speaker #1

    Ce qui compte c'est de se donner la main et d'avancer ensemble. C'est beau ça, mais on n'a pas terminé une dernière chose. Le podcast s'appelle Encore. Qu'est-ce que ça vous évoque ce mot ?

  • Speaker #0

    Encore ! Encore, c'est l'appétit. Je pense tout de suite à un petit enfant qui dit encore, qui tient sa cuillère comme ça, qui dit encore, encore, j'en veux encore. Tant qu'on est en vie, on en veut encore. Mais ce dont je parlais il y a trois minutes, c'est encore plus de justice, plus d'humanité, plus de bonté, encore plus d'appétit aussi, plus de soif de vivre, encore plus de vie, d'amour, d'attention pour l'autre. C'est ça en fait, l'amour, c'est l'attention. s'intéresser d'intérêt pour les autres.

  • Speaker #1

    C'est très beau. Ce sera mon nouveau slogan. Je ne peux pas dire mieux. Merci infiniment, Marie-Daniel, pour cet échange aujourd'hui. C'était un plaisir d'aborder une part de votre vie et surtout de voir la très belle place qu'a l'humanité pour vous dans votre cœur et dans votre manière d'exprimer les choses dans votre art. Et on a besoin de gens comme vous. merci à bientôt Marie-Daniel à bientôt merci d'avoir écouté cet épisode j'espère qu'il vous a plu si c'est le cas gratifiez-le d'un maximum d'étoiles sur votre plateforme d'écoute préférée et surtout parlez-en autour de vous et pour suivre les coulisses retrouvez encore sur Instagram à bientôt

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