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#29 La pédagogie par la nature en Finlande : regard croisé d’une enseignante expatriée, avec Muriel (@enseignerdanslanatureenfinlande) cover
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Enfance en nature par Pédagogie du vivant

#29 La pédagogie par la nature en Finlande : regard croisé d’une enseignante expatriée, avec Muriel (@enseignerdanslanatureenfinlande)

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1h03 |15/05/2024
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Enfance en nature par Pédagogie du vivant

#29 La pédagogie par la nature en Finlande : regard croisé d’une enseignante expatriée, avec Muriel (@enseignerdanslanatureenfinlande)

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1h03 |15/05/2024
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Description

Aujourd'hui, je vous propose un échange avec Muriel qui après 25 ans d'enseignement en France a fait le choix de s'expatrier en Finlande où elle vit depuis maintenant 9 ans. 


Si elle enseigne au sein d'une école française, la culture finlandaise, et notamment le regard qu'elle porte sur l'enfance, a profondément bouleversé sa posture et son approche pédagogique. Entre un rythme scolaire allégé, des temps réguliers passés en extérieur et une notion des apprentissages différente, Muriel a retrouvé un bien-être qu'elle avait perdu lors de ses dernières années d'enseignement en France, pressée par les exigences et le manque de temps. 


Dans cet échange, elle nous partage son quotidien, ses observations, sa pratique de la pédagogie par la nature à travers des anecdotes qui nous plongent directement dans sa classe. 


Mais je dois vous prévenir : ce que vous allez entendre risque fort de vous donner l'envie de boucler votre sac et de partir vous immerger dans un pays où les forêts sont reines...! 


Pour retrouver toutes les infos et les recommandations de Muriel, rendez-vous sur www.pedagogieduvivant.fr


Très belle écoute ! 🌿


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue sur le podcast Enfants sans nature, le podcast qui parle d'éducation en plein air. Je m'appelle Claire et chaque semaine, je reçois ici un ou une pédagogue qui nous partage son expérience en matière d'éducation hors des murs. Famille, professeurs des écoles, éducateurs, animatrices, ces conversations ont pour but de transmettre et diffuser des pratiques diverses et variées qui tendent toutes vers un objectif, permettre aux enfants de passer un maximum de temps en extérieur et plus particulièrement au contact de la nature. Si vous souhaitez soutenir le podcast, n'hésitez pas à laisser un avis ou 5 étoiles sur votre plateforme d'écoute et surtout, surtout... à le partager autour de vous pour disséminer les graines de l'éducation en plein air. Je vous souhaite une très belle écoute. Aujourd'hui, je vous propose un échange avec Muriel, qui après 25 ans d'enseignement en France, a fait le choix de s'expatrier en Finlande, où elle vit depuis maintenant 9 ans. Si elle enseigne au sein d'une école française, la culture finlandaise, et notamment le regard qu'elle porte sur l'enfance, a profondément bouleversé sa posture et son approche pédagogique. Entre un rythme scolaire allégé, des temps réguliers passés en extérieur et une notion des apprentissages différentes, Muriel a retrouvé un bien-être qu'elle avait perdu lors de ses dernières années d'enseignement en France, pressée par les exigences et le manque de temps. Dans cet échange, elle nous partage son quotidien, ses observations, sa pratique de la pédagogie par la nature, à travers des anecdotes qui nous plongent directement dans sa classe. Mais je dois vous prévenir, ce que vous allez entendre risque fort de vous donner l'envie de boucler votre sac et de partir vous immerger dans un pays où les forêts sont reines. Bonjour Muriel !

  • Speaker #1

    Bonjour !

  • Speaker #0

    Bienvenue sur le podcast, je suis très contente de t'accueillir aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Moi aussi.

  • Speaker #0

    Alors écoute, pour commencer, est-ce que tu peux nous dire dans quel coin tu vis et en quelques mots, pour le moment, ce que tu fais dans la vie ?

  • Speaker #1

    Alors j'habite et je travaille en Finlande. Voilà, je suis professeure des écoles, enfin j'étais institutrice, dans mon cœur je suis toujours institutrice, mais officiellement je suis professeure des écoles. Et je travaille dans une école française en Finlande depuis 9 ans maintenant. Sinon je suis prof depuis 35 ans.

  • Speaker #0

    Tu vas nous raconter un petit peu ce parcours. Bon, c'est vrai que du coup, il y a quelques kilomètres qui nous séparent. Tu es pour le moment l'invité la plus loin que j'ai pu recevoir sur le podcast. Mais c'est chouette parce que justement, on va croiser un petit peu les expériences, les approches, les cultures. Avant qu'on aborde ton expérience en tant qu'enseignante en France et en Finlande, est-ce que tu veux bien nous dire quels sont tes souvenirs d'enfance en nature ? Qu'est-ce qui ressort ? Est-ce que tu étais une enfant qui passait beaucoup de temps dehors ? Est-ce que c'est venu plus tard ?

  • Speaker #1

    Alors, mes souvenirs en nature, ils sont... très marqué parce que en fait c'était une échappatoire voilà j'étais pas bien chez moi et en fait j'attendais avec impatience les moments où on pouvait aller se promener notamment dans la forêt de Fontainebleau et j'en garde vraiment des souvenirs très très forts de respiration, de bouffe et d'oxygène ça me faisait beaucoup de bien dans cette enfance qui était un peu compliquée donc c'est vraiment un souvenir très tendre et très... salvateur quelque part, la nature, c'était important. Je ne mesurais pas beaucoup à l'époque, mais en l'appendissant, je me suis rendue compte à quel point ça m'avait vraiment beaucoup aidée.

  • Speaker #0

    Alors après, en grandissant, du coup là tu as dit que ça faisait 35 ans que tu enseignais. Est-ce que tu veux bien revenir sur ce parcours de professeur des écoles jusqu'à aujourd'hui où tu enseignes en Finlande ?

  • Speaker #1

    C'était une vocation depuis toute petite. Comme beaucoup de petites filles, je disais que je voulais être maîtresse quand je serai grande. J'ai toujours gardé ça en tête, ce cap de devenir maîtresse. J'ai réussi à le faire, donc j'étais très heureuse. J'ai commencé en région parisienne. Et puis rapidement j'ai obtenu ma mutation pour la Lausère, donc je suis partie 14 ans en Lausère. Donc c'était déjà bien la nature, la campagne, ça m'a fait beaucoup de bien après la région parisienne. Et puis j'avais déjà en tête de demander une expatriation, mais bon c'était pas trop possible avec ma vie de famille. Voilà, c'était pas, comment dire, un souhait conjoint. Donc, j'ai attendu, attendu, je l'ai gardé dans un coin de ma tête, que j'avais vraiment envie quand même d'aller voir ailleurs, découvrir d'autres façons de faire, d'autres gens. Et puis, après la Lauserre, je suis partie sur Clermont-Ferrand, et là j'ai demandé, j'ai fait un dossier auprès de la Mission laïque française. pour demander une expatriation. Alors j'avais fait quelques voeux, ça n'a pas abouti. Et puis j'ai eu de la chance, fin juin, on m'a appelée pour me proposer une création de poste en Finlande. Donc je n'avais pas du tout imaginé, je ne m'étais pas projetée spécialement en Finlande. Mais voilà, j'ai saisi l'occasion, j'ai regardé où c'était sur la carte, parce que je savais vaguement. Comme pas mal de gens finalement, on sait que c'est tout à fait au nord de l'Europe, mais exactement. J'ai regardé, j'ai dit, allez, pourquoi pas, je tente. Et donc, c'était un petit peu le fruit du hasard, concernant en tout cas le choix de la Finlande.

  • Speaker #0

    A priori tu t'y sens bien si ça fait 9 ans que t'es là-bas finalement ce choix qui s'est présenté à toi avait l'air d'être plutôt bon

  • Speaker #1

    C'est ça, je pense aussi j'ai retrouvé, j'ai découvert un pays très nature donc ça m'a bien rappelé la Lauser et ça fait beaucoup de bien comme tu dis si j'y suis encore c'est que j'y trouve mon compte et que je m'y sens bien Merci

  • Speaker #0

    Et bien justement, est-ce que tu veux bien nous raconter ton installation en Finlande, notamment en tant que professeur des écoles, tous les changements que ça a amené, comment est-ce que tu t'es acclimaté à ce nouvel environnement ?

  • Speaker #1

    Alors la Finlande c'est ce qu'on pourrait appeler une expatriation assez facile parce que bon ça reste l'Europe, tu changes pas de monnaie, tu continues à rouler à droite en voiture, enfin tu vois c'est tous ces petits trucs qui font que là-dessus ça te dépayse pas beaucoup. Après, c'est un pays qui n'a même pas 6 millions d'habitants, donc vraiment très peu peuplé. Ça fait une qualité de vie vraiment extraordinaire parce que tu ne connais plus les embouteillages, tu ne fais plus la queue au supermarché. C'est tranquille, c'est un pays qui est facile à vivre. pas de pression, c'est le calme, la sécurité aussi, tu te sens tout à fait en sécurité, et puis après les Finlandais, ils sont très gentils, après ils sont un peu difficiles d'accès, Ils ne vont pas venir vers toi spontanément comme ça, ils vont te laisser tranquille. Si tu as besoin d'aide et que tu leur demandes de l'aide, il n'y a pas de souci, ils t'aideront avec plaisir. Mais ils ont un caractère assez introverti. et ça se traduit quand même tu vois, tu les croises dans la rue il ne va pas y avoir d'échange de regard voire même ils vont détourner le regard ils sont une espèce d'un peu de timidité de réserve au premier abord ça des fois c'est un peu compliqué et puis il y a la barrière de la langue ça parle le chinois c'est compliqué là je tente bien de l'apprendre mais C'est compliqué, c'est difficile même si ça fait 9 ans que j'y suis, je ne parle pas. En plus, on a beaucoup de chance parce que tout le monde parle anglais. Les enfants, les adultes, les personnes âgées, quand on est dans un magasin, on arrive à switcher en anglais directement, TD. Donc c'est assez facile du coup de communiquer.

  • Speaker #0

    Et oui, c'est sûr que ça t'oblige pas à parler. apprendre la langue et c'est finalement plus confortable mais bon c'est vrai que les quelques fois où j'ai pu voir des mots en finnois c'est quand même pas ça n'a pas l'air si facile que ça quoi c'est pas une langue qu'on connait c'est

  • Speaker #1

    le hongrois qui se rapprocherait le plus donc le hongrois personnellement je ne parle pas non c'est très particulier comme langue

  • Speaker #0

    Et donc, du coup, tu disais que tu es installée dans une école française. Est-ce que tu peux nous parler un petit peu de cette école ? Depuis quand est-ce qu'elle existe ? Comment ? Combien de classes ? Etc.

  • Speaker #1

    Alors, c'est une école... Déjà, je me trouve à Aoma. C'est sur la côte ouest de la Finlande face à la Suède. Donc, c'est en bord de mer. et comme la Finlande c'est aussi beaucoup de forêts, beaucoup de lacs, du coup j'ai la chance immense d'avoir à la fois la mer, la forêt, les lacs, le paysage il est assez chouette. Pour l'école, elle existe depuis 2005. C'est une école française qui est uniquement ouverte aux Français. Donc c'est aussi la difficulté pour s'intégrer dans le pays. C'est que je travaille dans un milieu francophone toute la journée avec des collègues français, des collègues aussi étrangers, mais surtout des collègues français. Et voilà, il y avait quatre classes, je crois, quand je suis arrivée. Elle est ouverte pour des familles d'ingénieurs français qui travaillent là-bas. Et donc elle est vouée aussi à fermer quand le chantier sera terminé. Et c'est possible que ce soit l'année prochaine. Donc c'est une école où les effectifs se réduisent au fur et à mesure. Et donc là maintenant, aujourd'hui il y a trois classes, l'année prochaine il n'y en aura plus que deux.

  • Speaker #0

    D'accord, c'est une école temporaire en fait.

  • Speaker #1

    C'est ça.

  • Speaker #0

    Alors, du coup, dans cette école, est-ce qu'on est l'approche pédagogique, la manière d'enseigner ? Est-ce qu'on se rapproche vraiment de ce qui se fait en France ou est-ce qu'il y a quand même des inspirations ? Déjà, est-ce qu'il y a une conception différente de l'enseignement en Finlande ? Est-ce que toi, tu l'as ressenti même si tu travailles dans une école française ? Et du coup, comment est-ce que dans cette école ? Quelle est l'approche pédagogique, le projet pédagogique de l'école ?

  • Speaker #1

    C'est une école française qui applique les programmes français. Le but, c'est vraiment de permettre aux enfants qui sont scolarisés de pouvoir éventuellement retourner demain en France et s'intégrer facilement dans l'école française dans laquelle ils seront. Donc là dessus ça ressemble beaucoup à ce que l'on peut trouver en France. Maintenant les enseignants ont leur approche spécifique, chacun met un petit peu de sa patte, et quand tu vis en Finlande, forcément tu es imprégné de ce que tu vois autour de toi. et ça se ressent dans la classe. En tout cas, moi, c'est comme ça que je vois l'expertisation, c'est-à-dire, ce n'est pas de rester dans sa bulle française, de reproduire tout à l'identique à la française, mais essayer de s'enrichir de ce qui se fait dans le pays, de ce qu'il y a de bien, pour l'appliquer soi-même dans la classe, ou hors de la classe, justement. Concernant l'enseignement finlandais, oui, il y a quand même beaucoup de différences. Et c'est vrai que c'est intéressant de découvrir ça, de voir ce qui fonctionne. Et ce qui est assez flagrant, c'est la bienveillance. Maintenant, quand même, en France, c'est quand même... comment dire, une notion qui est fondamentale dans les écoles, en tout cas j'espère que ça se fait partout, mais il y a un moment quand même qu'on sait qu'il faut quand même permettre à l'enfant de se sentir bien, le bien-être dans la classe, dans la tête de l'enfant, pour lui permettre justement d'acquérir les apprentissages. Mais en Finlande, c'est vraiment plus que central, c'est le maître mot, et c'est de permettre aussi à l'enfant d'aller à son rythme, Il n'y a pas la pression comme en France, je trouve, dans les écoles finlandaises. Alors déjà, tu vois, ça commence dès la naissance, le congé parental. Il existe pendant 14 mois pour les deux parents. Chaque parent peut prendre 14 mois de congé parental. C'est déjà énorme. Il y a très peu d'enfants qui sont gardés bébés par des nounous ou à la crèche. C'est les parents qui gardent les enfants. C'est une politique du pays, en fait. Et ensuite, tu n'as pas d'école maternelle. Tu n'as que la crèche jusqu'à 7 ans. C'est vrai que ça questionne beaucoup les Finlandais de voir que nous on scolarise les enfants dès 3 ans avec vraiment des règles, enfin je dis le système à la française quoi, c'est pas nous particulièrement, voire même ça les choque de voir que les enfants doivent suivre un rythme quand même assez cadré dès 3 ans. Pour eux la crèche c'est quand même une garderie. Et on propose bien sûr des activités aux enfants, mais enfin, vraiment, chacun choisit de faire, de ne pas faire. Il n'y a absolument rien d'obligatoire, on respecte le rythme des enfants. Et voilà, on pourrait dire l'enfant est roi jusqu'à 7 ans. Vraiment, c'est très détendu, aucune pression, aucune attente particulière. Alors à 7 ans, c'est l'école qui commence, donc ça pourrait correspondre à notre CP. Donc nous, 7 ans, c'est le C1. Ce qui veut dire que les enfants apprennent à lire l'équivalent du CE1 pour nous, un an plus tard. Donc, sept ans, c'est l'école. Et leur école, elle regroupe notre école élémentaire plus le collège. Pendant neuf ans. Neuf ans, c'est l'école. Et toutes les connaissances qui se passent durant l'école. en fait les connaissances sont plus des connaissances de base, enfin comment dire en quantité il y a beaucoup moins de choses c'est beaucoup plus réduit qu'en France toujours une histoire de pression aussi tu vois chacun à son rythme, tranquillement et par contre il favorise beaucoup le travail en petits groupes, donc forcément si tu as des effectifs réduits tu fais du meilleur travail c'est évident Donc beaucoup d'heures de classe en petits groupes et beaucoup d'aides individualisées, de soutien, vraiment, vraiment beaucoup. Et ce qui fait qu'ils sont très forts pour... Ils réduisent énormément les inégalités sociales comme ça.

  • Speaker #0

    Et du coup, ça veut dire que côté adulte, il y a des petits groupes et est-ce qu'il y a plusieurs enseignants de classe ? Comment ça se passe ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. Il y a plus d'enseignants qu'en France. Oui, plus d'enseignants, moins d'élèves. Même la journée de classe qui se déroule, les différentes finissent très tôt la journée. Vers 14 heures, c'est terminé la classe. Nous, on finit à 14h45 et je crois qu'on finit plus tard que les Finlandais. Oui. les journées c'est différent, vraiment tout est différent parce que un cours n'excède pas 45 minutes c'est 45 minutes et 15 minutes en récréation dehors à chaque fois ok tu vois déjà ce rapport à l'extérieur à la nature il est là dès l'enseignement À la crèche, à l'école, il y a déjà ce rapport assez fort avec la nature. Les enfants sortent toutes les 45 minutes, ils peuvent se débourdir, ils peuvent aller prendre l'air. Il y a beaucoup d'autonomie, de confiance, de liberté dans les écoles. Par exemple, les récréations ne sont pas surveillées, les enfants. Dans le sens de l'école française, où tu vas avoir deux adultes dans la cour. Là, non, tu vois, on peut regarder par la vitre ce qui se passe dehors, mais pas sortir. Pour nous, ce n'est pas ce qu'on trouve dans notre école. Mais là, je te dis vraiment ce qui se passe dans les écoles finlandaises.

  • Speaker #0

    Et elles ressemblent à quoi, du coup ? Enfin, les espaces extérieurs des écoles finlandaises, ça ressemble à quoi ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est intéressant parce que ce n'est pas fermé. Toutes les cours de récréation sont ouvertes. Alors soit il n'y a pas du tout de clôture, de mur, de délimitation. Soit il n'y en a pas du tout, soit s'il y en a, ce n'est pas fermé à clé. Donc n'importe qui peut entrer dans la cour et sortir n'importe quelle heure du jour ou de la nuit. C'est un espace public, la cour de récréation.

  • Speaker #0

    C'est vraiment une manière, une toute autre manière de penser le lieu de l'école.

  • Speaker #1

    Oui, oui, oui. Je pense que ça va au-delà de l'école dans ce pays. C'est vraiment dès la naissance de l'enfant, pour toute la vie, c'est une façon d'être comme ça chez eux. Les apprentissages, les enfants continuent à avancer à leur rythme. Donc, ce n'est pas un problème. Il n'y a pas à être en retard. Tout ça, ce n'est pas un souci. On ne le fait pas ressentir comme ça aux enfants. D'ailleurs, avant, je crois que c'est 12 ans, ils ne sont pas notés, les enfants, à l'école. Il n'y a pas de compétition. On ne se compare pas les uns aux autres. Ils ont un peu de devoir aussi à la maison. Et puis quand ils ont fini leur journée à 14h ou 15h, ils sont autonomes, donc ce ne sont pas les parents qui vont venir les récupérer à la sortie. D'ailleurs, ils viennent aussi le matin seuls, donc ça peut être à pied, à vélo. Dès 7 ans, on voit des petits bouts à vélo un peu partout, ou en bus scolaire si c'est un petit peu éloigné, le domicile. Et puis là, ils vont faire des activités sportives, manuelles, musicales, beaucoup de choses qui sont proposées par les villes. Donc, ils ont un grand choix d'activités après l'école.

  • Speaker #0

    Écoute, merci pour ce portrait qui, de toute façon, même sans partir aussi loin, parce que c'est vrai qu'on parle souvent des pays du nord de l'Europe qui accordent une place à l'enfant qui est... tout autre que celle que nous on accorde en France, mais même sans partir, nos pays voisins ont déjà des rythmes différents. Je crois qu'en Suisse, c'est pareil, l'école obligatoire commence qu'à 5 ou 6 ans. En Allemagne, les journées sont plus courtes. Il y a quelques exemples comme ça. En France, on est beaucoup plus dans la contrainte très tôt pour les enfants. Et c'est vrai que, ben voilà, quand tu vois des petits bouts de deux ans et demi, trois ans qui entrent à l'école, qui se font du 8h, 16h30, c'est lourd de soi. Du coup, Muriel, si je te reçois aujourd'hui sur le podcast, c'est parce que tu passes du temps dehors avec les enfants que t'accompagnes. Avant de t'installer en Finlande, est-ce que tu enseignais déjà en extérieur ?

  • Speaker #1

    Non, pas du tout. Pas du tout. Disons que j'ai passé beaucoup d'années où j'étais stressée par les programmes que je ne maîtrisais pas encore. Tu changes de niveau, alors à nouveau, c'est des nouveaux programmes que tu dois appréhender. Et je me sentais sous pression, tu vois. Je parle beaucoup de pression parce qu'en fait, vraiment, la Finlande, ça m'a aidée à ça, quoi. Ça m'a aidée à respirer, à me tranquilliser, à prendre mon temps. Et en France, je me sentais vraiment tout le temps sous pression. Il faut vite finir les programmes. comment je vais faire, ceux-là ils n'arrivent pas à suivre, comment je vais pouvoir les aider, mais en même temps je vois que les autres ils avancent, enfin je ne sais pas si c'est pour tout le monde pareil, mais en tout cas moi je me sentais vraiment sous pression tout le temps, et pas du tout du coup ouverte à d'autres pédagogies, j'étais déjà débordée par ce que j'avais à faire, et ça ne me laissait pas de place pour m'ouvrir sur d'autres choses. Et en arrivant en Finlande et en voyant les enfants dehors, on croise facilement. De la fenêtre de ma classe, j'ai eu la chance d'avoir un parc, un petit bois. Je vois souvent des groupes classes qui viennent là et tu commences à t'interroger, à te dire ah oui, ils sortent souvent et puis avoir envie de savoir qu'est-ce qu'ils font, pourquoi ils font ça. Et en fait, il y a eu tout un ensemble de choses qui a fait que, avec des lectures, j'avais lu un article sur le syndrome du manque de nature, ça m'a eu beaucoup d'air. ...intéressé, l'un de Richard Louvre qui avait fait connaître ça. d'autres lectures j'avais lu des conversations de Louis Espinassou laisser les grimper aux arbres ça ça m'avait beaucoup plu et ah oui l'envoyé spécial que j'avais vu aussi je crois que c'est en 2018 quelque chose comme ça je sais pas si tu as vu ça mais ça s'appelait comment les enfants deviennent accros aux écrans ou sont devenus accros aux écrans quelque chose comme ça ça m'avait marqué et en fait tout s'est mis en connexion dans ma tête et je me suis dit mais oui Mais il y a quelque chose à faire en fait, il faut réagir. En fait, quelque part, je me suis dit, c'est notre rôle aussi, les enseignants, de... D'essayer de réussir par rapport à tous ces problèmes et de faire quelque chose. Et bon, après, j'ai eu beaucoup de chance. C'est que j'ai pu être en contact avec une éducatrice, je ne sais pas s'ils appellent ça professeur dans les crèches en Finlande, mais qui avait un groupe d'enfants de dernière année de crèche, donc 6 à 7 ans, et qui, elle, fait vraiment classe toute la semaine. Qui accueille les enfants dehors toute la semaine. Les enfants arrivent à la crèche à 7h, 7h30, 8h. Jusqu'à 9h, ils restent à l'intérieur de la crèche. Et à 9h, ils sortent et ils restent jusqu'à 13h dehors tous les jours, toute la nuit. Et voilà, je me disais, mais comment elle fait ? En fait, je sentais que j'avais envie, mais je ne me sentais pas capable. Et on a demandé si c'était possible de venir, de venir voir. Et donc, j'ai arrivé avec ma classe. Elle m'a accueillie plusieurs fois. Ensuite, je l'ai accueillie aussi plusieurs fois. Et puis, voilà, ça a été le déclic, en fait, qui m'a permis de me lancer, de ne plus avoir peur et de me lancer. parce que je sentais que c'est ce qu'il fallait faire, mais je ne savais pas comment m'y prendre. Et en plus, je n'ai pas du tout de connaissances naturalistes, je n'y connais rien. Donc voilà, depuis que je fais ça, j'apprends au fur et à mesure, je découvre avec les enfants, je me renseigne, je leur montre aussi que je ne sais pas tout et j'aime bien cette idée-là d'être plus accompagnatrice que la personne qui dispense le savoir. Donc c'est vraiment une posture qui me plaît beaucoup et je trouve vraiment très intéressante avec les enfants. J'ai pu voir comment elles s'y prenaient. Ils mangent dehors tous les jours, ils se font livrer, c'est assez hallucinant, ils se font livrer les repas sur une petite charrette qui tire comme ça à la monte, la petite carriole qui arrive, et puis il y a une petite maison où ils allument le feu dedans, ils appellent ça une cota. C'est une toute petite maison octogonale. Tu as vraiment le feu au centre et les enfants se mettent tout autour. Ils se mettent au chaud, ils prennent le repas à l'intérieur. Ensuite, ils retournent dehors jusqu'à 13h. À 13h, ils rentrent dans les locaux de la crèche. Là, c'est vraiment une classe. Ce n'est pas toute la crèche qui est dehors. En fait c'est surtout ça en Finlande, c'est que tu as beaucoup beaucoup beaucoup d'enseignants qui font des activités dehors mais pas forcément toute la semaine du matin au soir quoi.

  • Speaker #0

    D'accord, et du coup toi tu as commencé par quoi quand tu t'es dit j'ai aussi envie, ça me donne envie de sortir est-ce que...

  • Speaker #1

    Je me suis renseignée en fait j'ai beaucoup lu de choses et donc j'ai vu qu'il fallait partir sur quelque chose de récurrent un rendez-vous qui revient toutes les semaines donc j'ai instauré le lundi après-midi Donc le lundi après-midi, depuis des années maintenant, après la cantine, on sort midi et quart, on s'habille, on sort jusqu'à 14h45, ça fait deux heures et demie. Et donc voilà, un rendez-vous qui revient chaque semaine. Et c'est marrant, c'était vraiment chouette parce que ce rendez-vous régulier m'a permis moi de me lancer. Et j'ai vu l'évolution des enfants qui n'étaient pas habitués, qui ne connaissaient pas ça. Donc tu vois les enfants, tu les lâches la première fois. ça crie, ça hurle même, ça court partout. Puis alors moi, je m'étais mise en apnée. Je les vois commencer à partir dans tous les sens. C'était trop là, là, là, là. Secours ! Est-ce qu'on va les récupérer tous ? Est-ce qu'il va se passer quelque chose ? Est-ce qu'il va y avoir un accident ? Enfin, tu vois, toutes les interrogations légitimes d'un professeur qui n'est jamais sorti ou presque, et puis qui a peur, quoi. C'est normal, hein ? Il faut lâcher plus en fait. Et donc ce rendez-vous, le fait qu'il soit régulier, au fur et à mesure des semaines, j'ai vu les enfants se calmer. Il n'y avait plus cette urgence de profiter. C'était, on sait maintenant qu'on va faire des choses aujourd'hui, et puis si on n'a pas le temps de faire tout, ce n'est pas grave parce que ça va recommencer la semaine prochaine. Il y avait quelque chose de cet ordre-là.

  • Speaker #0

    c'était chouette à voir et du coup sur ces 2h45 c'est ça ? 2h30 sur ces 2h30 est-ce que il y a des rituels que vous avez mis en place justement des choses qui reviennent tous les lundis ?

  • Speaker #1

    oui alors déjà les premières fois tu vois j'ai fait le Comme ce n'est pas clôturé, ce n'est pas fermé les espaces, j'ai fait un peu le tour avec eux de l'espace justement qu'on avait à disposition. En premier, je suis allée du coup dans le petit parc que je te disais que je voyais de la fenêtre de ma classe, donc vraiment tout près de l'école. donc c'est un bois il y a une partie plate fait parc quoi et puis des rochers et un bois donc c'est extraordinaire et donc avec les enfants on a exploré en fait le périmètre et puis j'ai déterminé avec eux les limites qui sont pas physiques mais mais voilà en disant bon bah là vous voyez à partir de là il faut vous arrêter en fait on n'allait pas plus loin là il y a la route donc non interdit enfin on a fait un peu le le tour pour voir ce qui était permis, ce qui n'était pas. Et puis, quelques règles de sécurité, mais pas beaucoup au départ, parce qu'en fait, ça s'est construit au fur et à mesure des séances, plutôt les règles de sécurité. Donc, on s'est aperçu que, voilà, quand on sortait sous la pluie, grimper sur les rochers avec les bottes en caoutchouc, c'était dangereux, ça glissait. Donc, voilà, ça, ça a été une règle qui est vite arrivée. Et bon, quand on sort et qu'il pleut, je leur demande de rappeler les règles qu'il faut appliquer ce jour-là avec la pluie. Ça revient vite. Et puis, ce sont des règles qui ne sont pas transgressées, parce qu'ils se rendent compte que sinon, ils vont glisser, ils vont tomber, ils vont se faire mal aux fesses. Tout bêtement, ce ne sont pas des règles pour contraindre, mais ce sont des règles pour les mettre en sécurité. voilà donc c'était plus ça on a fait un peu tout ça et puis j'ai un petit peu tâté le terrain, c'est le cas de le dire voir un petit peu ce qu'on avait à disposition et surtout je me suis lancée dans des activités où je me sentais à l'aise, voilà parce que au départ tu te dis, mais qu'est-ce que je peux faire dehors alors apparemment on peut tout faire dehors, mais moi qu'est-ce que je vais pouvoir faire donc en fait il ne faut pas non plus se mettre de pression puis il faut se dire voilà, si je suis plus à l'aise, je ne sais pas, en sciences, ou je dis n'importe quoi, je vais chercher des activités qui concernent spécialement, spécifiquement les sciences, et puis pour le reste, ça viendra au fur et à mesure. Au départ, je préparais beaucoup trop, beaucoup, beaucoup trop de choses. C'est toujours cette peur de l'enseignant qui doit tout avoir préparé. Enfin, moi, je l'ai entendu plein de fois de la part d'inspecteurs, vraiment, tout doit être préparé au millimètre près, il n'y a pas de place pour l'imprévu. Et là en fait c'est tout le contraire cette philosophie de la pédagogie par la nature. C'est vraiment qu'il faut apprendre, il faut préparer des choses, mais il faut aussi apprendre à lâcher prise et à se permettre de saisir les opportunités, les opportunités que la nature va te proposer ou simplement... Les enfants, à chaque fois, ils ont une découverte, quelque chose, ils vont ramener quelque chose qu'ils ont trouvé, ou ils ont observé quelque chose, ils vont poser des questions et rebondir dessus, et ça va apporter des connaissances, et ça va permettre aux enfants d'expérimenter des choses. et de mémoriser à long terme parce que clairement je me suis bien aperçue que tout ce qu'ils apprennent dehors, ils l'apprennent et ils l'ont en tête pour toujours, c'est impressionnant. Quand tu vois un petit oiseau, qu'on peut l'observer, qu'ils le dessinent, qu'on cherche ce que c'est comme oiseau, ou sinon si toi tu es en classe et que tu projettes l'image de l'oiseau et tu dis ça c'est une maison charbonnière, franchement ça ne fait pas du tout le même effet. ils s'en souviennent quand ils l'ont vu dehors, qu'ils l'ont dessiné, qu'ils l'ont écouté, qu'ils le revoient, qu'ils l'observent. Ça n'a rien à voir, quoi.

  • Speaker #0

    Et oui, on dit bien... En pédagogie par la nature, c'est l'expérience. Et puis nous-mêmes, même adultes sans être enfants, ce qu'on va vivre vraiment, ce qu'on va rencontrer dans notre quotidien va bien plus nous marquer que ce qu'on va pouvoir lire dans des livres. Et d'ailleurs, avec le recul, tout ce qu'on a pu apprendre par cœur à l'école, on ne s'en souvient pas du tout.

  • Speaker #1

    Parce que ça n'a pas de sens, en fait, si on te la porte comme ça. quand c'est toi dans ta vie qui va rencontrer quelque chose et bien que t'as envie de comprendre quelque chose ben là tu vas t'en souvenir, ça a du sens quand on te le... on te le donne comme ça, servi sur un plateau. Alors si, il y en a qui retiennent. Je ne dis pas que ça ne fonctionne pas pour tout le monde. Mais disons que tu touches plus d'enfants s'ils l'ont vécu eux-mêmes par l'expérience dehors.

  • Speaker #0

    Et puis dehors en plus maintenant les neurosciences l'ont bien montré être en extérieur ça favorise le mouvement et être en mouvement ça favorise les apprentissages et du coup non seulement l'expérience va marquer mais en plus le fait de bouger, de se déplacer ça va vraiment les ancrer et ça c'est vrai que quand on est assis sur une chaise Derrière une table, c'est tout de suite plus difficile de faire rentrer quelque chose dans le cerveau.

  • Speaker #1

    Oui. Et puis, évidemment, la gestion des émotions qui, dehors, est beaucoup plus facile. Un enfant qui est en colère pour une raison X ou Y, dehors, il va pouvoir s'isoler, il va pouvoir aller courir pour se dépenser physiquement, il va pouvoir aller se calmer en s'appuyant contre un arbre, en s'asseyant par terre et en attendant de se sentir mieux. Enfin, vraiment, c'est très important pour les enfants d'avoir cette possibilité-là. Il y a autre chose aussi qui m'avait frappé, c'est le niveau sonore. Je ne sais pas pour quelle raison, mais je n'arrivais pas à croire que c'était plus facile d'enseigner dehors qu'à l'intérieur par rapport au niveau sonore. Mais en fait, oui, c'est évident. Le fait d'être enfermé entre quatre murs, tous les sons se répercutent sur les murs, ils reviennent dans ta tête. C'est vite un brouhaha, c'est vite insupportable. Et dehors, c'est complètement différent. On pourrait penser que les enfants captent moins leur attention dehors, mais ce n'est pas vrai. En tout cas, moi, je ne pense pas.

  • Speaker #0

    Oui, et puis je crois qu'on a aussi cette idée que quand ils sont dehors, ça va continuer à faire beaucoup de bruit parce qu'en France, on a des cours de récré qui sont bitumés, entourés de murs. Donc, il y a une espèce de caisse de résonance qui se fait et qui fait que même quand ils sont dehors, il y a un brouhaha énorme qui ne change pas de quand ils sont à l'intérieur. Alors que quand tu es dans un espace de nature, le son... Déjà, ils ne résonnent pas de la même manière, surtout quand tu es dans des espaces où il y a des arbres qui sont verdurés. Le son ne tape pas contre les murs et au contraire, il s'échappe. Et donc c'est vrai que même s'ils peuvent par moments crier et tout ça, toi tu ne le ressens pas de la même manière. Et c'est vrai que du coup... Quand tu interpelles les enfants, ils vont t'entendre davantage que quand tu es dans une salle de classe ou dans une cour de récré où là, il faut hurler pour se faire entendre.

  • Speaker #1

    Oui, oui. Et au niveau de la concentration aussi, moi j'ai été très étonnée de voir des enfants qui avaient des difficultés de concentration dans la classe, capables de rester assis de longues minutes, à observer, alors on a de la chance aussi, on a des conditions extraordinaires, mais d'observer des écureuils qui sautaient d'arbre en arbre. et ça durait des minutes et j'avais le silence les enfants n'en avaient pas un qui avait envie de rigoler, de parler à son voisin non tout le monde était concentré à observer les écureuils et c'est impressionnant, les enfants t'aurais pas imaginé qu'ils auraient été capables de se concentrer aussi longtemps et bien c'est possible quand ils ont envie ils sont concentrés sur les animaux c'était très chouette Tu me disais pour la séance, les rituels, je commence toujours par un moment de regroupement, une chanson, quelque chose en musique, un petit jeu pour réveiller le corps physique, quelque chose pour se dégourdir un peu, se réveiller un peu, donc on commence toujours par quelque chose comme ça en commun. Après je vais présenter l'activité que j'ai préparée. Cette activité est souvent en lien avec quelque chose qu'on a fait dans la semaine, que je me suis dit ah bah tiens, ça on pourrait transposer dehors et faire cette expérience-là ou alors complètement différemment, complètement autre chose par rapport aux saisons, à la saison par exemple. J'ai eu une idée qui est venue d'expérimenter quelque chose dehors. Et puis du coup on fait cette activité et après ils ont toujours un moment de temps libre, de jeu libre, où il se passe toujours quelque chose en fait. Il y a toujours quelque chose qui est observé, trouvé par les enfants, où ils viennent poser une question et que du coup ça fait penser à autre chose. de résoudre le problème, s'il y a un problème. Donc, un moment de jeu libre qui permet aussi l'entrée de la coopération entre les enfants. Ça soude beaucoup le groupe classe, en fait, de sortir comme ça chaque semaine dehors. Je trouve qu'il y a... une très bonne ambiance entre les enfants, qui sont vraiment gentils entre eux. Après, voilà, je sais aussi que j'ai des conditions particulières. Je n'ai pas des enfants qui sont hyper difficiles, avec des gros problèmes de comportement dans ma classe. Mais quand même, je trouve que le fait de jouer ensemble et de créer des jeux, c'est un peu de... de discuter entre eux. Ils vont résoudre des problèmes, des petits conflits, des choses comme ça qu'il peut y avoir en discutant. Et je trouve que ça fait vraiment une bonne ambiance de classe. Mais des conflits, il y en a quand même beaucoup moins qu'en classe parce qu'ils jouent souvent avec des bâtons, des choses comme ça, des pierres. ils font des dessins dans le sol des jeux comme ça et là la nature on ne veut pas se disputer pour un bâton parce qu'il y en a plein partout donc il y a moins de conflits aussi entre eux et ce que je ne t'ai pas expliqué c'est que dans la chance que j'ai d'être en Finlande maintenant on ne reste plus dans le parc à côté de l'école et on prend les vélos et une semaine on va à la plage et une semaine on va dans la forêt vraiment dans la forêt Donc ça, c'est encore une grande chance. Ça permet de voir des choses différentes au niveau de la nature et de faire des activités un peu différentes. Et ils se régalent. Vraiment, ils attendent ces rendez-vous avec beaucoup d'impatience. Ça va être difficile de pouvoir faire la même chose en France, mais pour le moment, je profite de la chance que j'ai.

  • Speaker #0

    Là, c'est sûr que d'avoir une richesse d'un point de vue environnement comme ça, qui te permet de varier. Les lieux, c'est vraiment des écosystèmes qui sont différents et clairement d'un point de vue découverte, c'est hyper riche pour les enfants, c'est fou.

  • Speaker #1

    Je suis contente de ne pas être passée à côté de ça, tu vois, et d'avoir découvert ça, cette pédagogie par la nature qui m'a permis vraiment d'explorer tout ça. Parce que ça aurait été tellement dommage d'être en Finlande et de rester dans la classe de mon école française, voilà quoi.

  • Speaker #0

    Et du coup, dans l'école, est-ce que tu as été la première enseignante à te lancer sur des demi-journées comme ça en extérieur ? Oui. Et donc, est-ce qu'il y en a qui ont suivi derrière ou tu restes la seule dans l'école ?

  • Speaker #1

    J'ai une collègue qui avait des plus petits que moi. Moi, j'ai beaucoup de, comment dire, un peu le cycle 2. Enfin, c'est multiniveau tout le temps dans ma classe. J'ai eu de la moyenne section jusqu'au CE2, soit double niveau, triple niveau ou quadruple niveau. Ça, c'est intéressant aussi d'avoir des âges différents. Et l'année prochaine, j'aurai aussi CM1. Donc voilà, j'ai toujours eu des cours multiples et j'avais une collègue maternelle, avec vraiment les petits, qui a essayé un petit peu mais c'était pas régulier. Et puis elle osait pas quoi, vraiment lâcher prise. C'était quand même sous haute surveillance j'irais tu vois. C'était vraiment un espace plat où je continue à voir tous mes élèves en vue. Bon, elle a fait des choses en extérieur, alors c'est bien. Dès qu'on sort les enfants, de toute façon, c'est bien. Après, ça n'a pas été régulier. Et après, il n'y a pas d'autres collègues qui ont testé ça.

  • Speaker #0

    Alors, une des grosses différences... Par rapport à la France, c'est au niveau du climat. Tu vois, il y a encore dix jours, lors d'une rencontre avec le réseau de pédagogie par la nature sur le secteur sud-est, il y avait des collègues qui disaient qu'ils en venaient à envisager de faire une trêve hivernale parce que c'est vraiment compliqué de mobiliser les familles pour sortir quand il fait froid. C'est sans parler de la neige, là on était dans un coin, on était en... Dans la Drôme, où il y a peu, il y a quelques jours de neige, mais pas plus que ça, et il disait que juste le froid empêchait les gens de sortir. Moi j'habite à la montagne, donc les gens sont davantage équipés, mais ça demande quand même, malgré tout, beaucoup de communication et de pédagogie auprès des familles pour expliquer que si, les enfants peuvent très bien passer trois heures en extérieur. J'avais vu, il y a peut-être, donc là on est mi-avril, il y a encore trois ou quatre semaines, tu avais partagé sur ton compte Instagram une photo où il y avait de la neige. Comment est-ce que toi déjà, tu t'es acclimatée à ces hivers qui sont, je pense, en termes de ressenti plus longs que ce qu'on connaît en France ? Et comment ça se passe du coup avec les enfants ?

  • Speaker #1

    Alors, contrairement à ce qu'on peut imaginer, la neige, ce n'est pas le pire, parce que quand il neige, il fait assez doux, en fait. Et puis la neige, pour être dehors, c'est chouette, les enfants, ils adorent, ils en raffolent, donc ce n'est pas le plus compliqué. Ce qui est plus compliqué, c'est l'humidité, par exemple. Je peux comprendre qu'en France, au bord de la mer, en Bretagne, l'humidité, c'est compliqué de rester dehors, mais il faut s'équiper, il n'y a pas de secret. Et j'ai cette chance aussi, c'est que en fin d'an, tu peux trouver tout ce qu'il faut forcément pour les enfants. Donc ils sont l'hiver en combinaison de ski, avec des chaussures, des bottes étanches. Ils ont les gants imperméables, la veste imperméable. ou le pantalon de pluie à bretelles. Ils ont tout ce qu'il faut. Et donc moi, je demande en début d'année une tenue complète pour sortir sous la pluie, qui reste à l'école. Donc ils viennent avec leur manteau ou leur combinaison le matin. Et puis en fait, selon la météo, comment ça tourne dans la journée, on adapte et on a tout ce qu'il faut sur place pour les protéger. mouillé en fait, puisque c'est ce qui est le plus difficile. Si tu as les pieds mouillés au bout de cinq minutes, tu ne peux pas rester trois heures dehors, c'est insupportable. Donc on a cette chance qu'ils sont bien équipés. et justement je pensais à l'après à mon retour en France et tout et du coup j'achète d'occasion des tonnes de bottes de pantalons de pluie, de vestes de pluie des chaussettes en laine pour mettre dans les bottes en caoutchouc parce que sinon ça fait un peu mal aux pieds voilà donc j'ai un gros gros stock c'est assez impressionnant pour préparer le retour, parce que je me doute bien que quand il faut équiper 20, 25 élèves ou 30 élèves, c'est compliqué, si tu attends que tout le monde soit équipé, tu ne peux pas sortir. Je comprends très bien ce que tu dis, des profs pensent à une trêve hivernale, mais après quand tu es bien couvert, ça va, si tu as un bonnet, surtout quelque chose sur la tête, pour ne pas perdre la chaleur du corps. et puis des vêtements imperméables pour ne pas prendre l'eau. Ça se fait bien quand les enfants sont dehors, ils courent, ils bougent, ils ne ressentent pas le froid. La limite, c'est plus nous les adultes, au bout d'un moment, on va bouger un peu, parce que si on reste trop statique, on va avoir froid, mais les enfants n'ont pas froid.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'il y a des choses, alors tu en as déjà dit, tu parlais notamment du fait que ça te faisait beaucoup de bien de ressentir moins de pression que ce que tu avais pu ressentir au niveau de ton travail durant tes années d'enseignement en France. En dehors de ça, est-ce qu'il y a des choses que tu as pu vivre, que tu as pu observer en Finlande, que tu aimerais particulièrement voir se mettre en place dans les écoles en France ? Est-ce qu'il y a des choses que toi, tu veux importer ? en disant que tu fais ton petit stock de vêtements, je comprends bien que tu envisages de faire classe en extérieur en revenant en France.

  • Speaker #1

    C'est impossible de revenir en arrière, je crois. Quand tu fais ça régulièrement et que tu vois tous les bénéfices auprès des enfants, je ne sais pas si c'est que moi, mais je ne suis pas une panne plus emmenée dehors. Ce n'est pas possible. Alors, ce que tu me demandes, en fait, c'est lié aussi à la pression, à faire baisser la pression. Je dirais, c'est prendre le temps. Ce n'est pas tout à fait la même chose. Mais prendre le temps, permettre aux enfants de prendre leur temps. Ça, c'est quelque chose que j'essaie d'appliquer. Alors, je pense que ce n'est pas toujours... encore un automatisme parce que voilà on est formaté on est tout le temps à les presser en fait pour tout tu vois il faut vite finir le travail l'exercice parce qu'il y a encore autre chose derrière parce qu'il faut sortir en récréation à l'heure parce qu'il faut alors je comprends il y a des contraintes et on peut pas y échapper mais quand c'est possible de leur laisser le temps voilà parce qu'en plus voilà chacun avance à son rythme Tout le monde ne fonctionne pas de la même manière et donc permettre aux enfants de prendre leur temps, c'est vraiment une grande richesse. C'est un cadeau pour eux, leur permettre ça. Et ça, je pense que si on pouvait permettre d'aller moins vite, tranquille.

  • Speaker #0

    je ne l'explique pas non mais c'est vrai qu'il suffit de le voir mais tu vois même sans parler de l'école à la maison tu t'en rends compte moi je trouve que les moments où on presse le plus les enfants c'est le matin notamment quand il faut se préparer pour aller à la crèche, pour aller à l'école et on sent bien qu'on n'est pas du tout sur le même rythme que eux qui ont besoin de temps pour s'habiller, qui ont besoin de moments de jeu entre le petit déjeuner et le moment où on met les bottes. Et ça, c'est quelque chose qui dure longtemps. Et nous, adultes, on le sent bien aussi. Quand on est stressé, le quotidien à toute vitesse, ça nous stresse.

  • Speaker #1

    Oui, oui, oui. Et il y a autre chose aussi que m'a apporté la Finlande, alors c'est peut-être pas spécifiquement la Finlande, mais en tout cas moi depuis que j'y suis, c'est avec ce climat, tu vois, de donner beaucoup de liberté aux enfants, d'autonomie, de conscience et tout. C'est aussi de toujours me demander quand un enfant me pose une question et que j'ai envie de lui dire non. c'est toujours me demander pourquoi j'ai envie de lui répondre non. Est-ce que c'est justifié, en fait ? Est-ce que ce n'est pas un automatisme ? Toujours cette histoire de formatage de prof. Est-ce que finalement, c'est embêtant si je lui dis oui ? Enfin, tu vois ce que je veux dire ? Et là, ça, c'est une position que je n'avais pas du tout avant de partir travailler en Finlande. Et tu vois, je me rends compte que j'ai évolué par rapport quelquefois à des remarques de collègues. Je pense notamment à quelque chose, mes élèves, comme ils ont du coup l'habitude de jouer dehors et tout ça, dans la cour de récréation, ils ont envie aussi de jouer avec des bâtons, et j'ai un collègue qui était de service de récré, qui revient me voir et qui me dit, je leur ai dit non pour les bâtons, parce qu'ils vont se battre, ils vont se faire mal et tout. Et en fait, je lui dis Oui, mais on peut en discuter parce que moi, je leur permets de jouer avec des bâtons. Après, il y a des règles. Évidemment, on ne se tape pas dessus avec les bâtons. Il y a une règle, c'est la taille du bâton. Si le bâton est plus haut que moi, je n'ai pas le droit de le porter dans la main. Je le tire derrière moi pour ne pas éborner quelqu'un en me retournant. Enfin, des petites règles comme ça. Mais ce n'est pas parce qu'il y a des règles que je vais interdire de jouer avec des bâtons. et du coup voilà j'en ai discuté avec lui par rapport à ça et il y a eu autre chose aussi qui avait été sujet de discussion c'est que toujours mes élèves j'en donne peut-être des mauvaises habitudes mais moi dans la cour de récréation en fait nous allions en terre en herbe en terre la cour on n'avait pas un bitumé on a aussi cette chance et du coup ils creusaient des rigoles dans la terre tu vois, donc ils pèlent des seaux pour le bac à sable mais ils les utilisaient pour aller creuser dans la terre et jouer pas dans le bac à sable et creuser des rigoles et du coup évidemment ça fait des trous un collègue me dit non mais moi j'aurais dit de reboucher ça d'arrêter et je lui dis ouais mais pourquoi il n'y a pas grand chose à faire dans la cour il n'y a pas beaucoup de jeux si leur jeu c'est de creuser des rigoles de faire passer de l'eau dans les trous enfin je sais pas, de construire des poutres et tout tu veux dire non en fait il risque de tomber je lui dis si il tombe c'est pas grave il va se prendre le pied dans le trou et la prochaine fois il regardera où il met ses pieds mais il n'y a rien de grave il ne peut pas se faire mal en fait et c'est toujours ce truc de se dire j'ai envie de dire non mais est-ce que ça sert vraiment à quelque chose est-ce que c'est justifié pourquoi pas quoi c'est assez merci C'est nouveau. En tout cas, avant la fin d'an, je ne réfléchissais pas comme ça. Je pense que c'est bon pour les enfants aussi, de réfléchir aux limites qu'on leur met.

  • Speaker #0

    Mais probablement que le fait que les enfants occupent une place centrale dans le quotidien des gens, des familles, qu'ils soient considérés à leur juste valeur. Nous, c'est vrai que dans notre culture française, on a plutôt tendance à écarter les enfants de tout, de l'espace public. on ne les écoute pas plus que ça, etc. Et du coup, quand tu replaces l'enfant au centre et que tu lui donnes sa place vraiment, tu vas l'écouter comme tu écoutes un adulte. Et tu vas faire preuve de plus d'empathie, tu vas essayer de comprendre pourquoi est-ce que lui, il a ce besoin-là, pourquoi est-ce qu'il s'exprime de cette manière. Et je pense que du coup, ça modifie, ça t'amène à faire un pas de côté et à réfléchir pourquoi est-ce qu'effectivement... Toi, tu peux dire non et tu peux l'empêcher de faire telle ou telle chose, qui sont des réflexes qu'on a.

  • Speaker #1

    et lui donner de la liberté d'action, des choses comme ça ça ne veut pas dire que tu ne le protèges pas parce que je l'observe et je vois s'il y a quelque chose à corriger dans sa posture qui risquerait de le mettre en danger je vais lui dire mais je ne vais pas être à côté à tendre les bras pour le rattraper des fois qu'il tombe il y a l'expérience l'histoire de les faire grimper aux arbres mais tu les verrais comment ils sont heureux ils sont trop fiers quelquefois ils montent à 50 cm du sol mais c'est un premier pas ils commencent à prendre confiance en eux à se lancer, à essayer de faire des choses qu'ils ne sont pas habitués à faire et on ne leur laisse pas la possibilité de le faire parce qu'on a peur pour eux ou alors tu vois moi je dis éplucher des bâtons avec des couteaux, je ne sais pas si on dit éplucher tu vois l'idée J'ai des petits couteaux et jamais personne ne s'est blessé. Alors après, je n'en mets pas 20, je ne les lâche pas à 20 dans la forêt avec 20 couteaux. Toujours pareil, il y a des règles. donc voilà c'est toujours assis par terre à côté de moi je regarde le geste toujours le couteau qui dans le sens du couteau vers le sol tu vois qui est plus vers le sol pas vers le visage tu corriges le mouvement mais tu ne vas pas empêcher de faire et tu ne vas pas lui dire attention attention parce que c'est hyper stressant et ils sont trop fiers de la conscience que tu leur accordes et cette relation en fait elle change du coup entre l'enseignant et l'enfant. Cette relation de confiance, tu l'as en classe aussi après. Et cette confiance que j'ai réussi à leur accorder en lâchant prise dehors, eh bien aussi ça se répercute en classe, quand eux ils ont des envies particulières, c'est-à-dire que je leur demande de lire un texte pour répondre à des questions après par exemple, est-ce que je peux aller dans le couloir le lire ? Eh bien oui si tu veux, si ça te fait plaisir, si ça te permet de le lire plus tranquillement. voilà pourquoi pas en fait c'est pourquoi pas je me dis toujours quand on me demande quelque chose qui peut me paraître un peu incongru ou pas nécessaire pourquoi pas en fait s'il me le demande que ça ne met pas en danger que ça ne gêne personne, pourquoi pas

  • Speaker #0

    Et les enfants, en fait, ils te remercient en contrepartie de cette conscience, de cette liberté, cette autonomie que tu leur accordes. Dans leur comportement, tu vois, ça fait une chouette ambiance.

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait. Muriel, on arrive à la fin de notre échange, mais avant de nous quitter... J'avais envie de te poser une question relative à tes projets, puisque tu disais tout à l'heure que l'école dans laquelle tu es actuellement va probablement fermer d'ici un an. Du coup, quels sont tes projets ? Est-ce que tu envisages de poursuivre dans l'enseignement ? Est-ce que tu envisages un éventuel retour en France ?

  • Speaker #0

    Alors oui, j'envisage le retour en France. J'avoue que je stresse un petit peu parce que les conditions de travail, je les connais en France. Je ne suis pas hyper ravie à l'idée de retourner enseigner. comme j'enseignais avant, mais en fait, je ne vais plus enseigner comme j'enseignais avant. Donc, c'est aussi ce que je me dis pour me rassurer, tu vois. Mais bon, c'est les conditions de travail qui sont quand même assez compliquées en France. Donc, voilà, je garde en tête, évidemment, que je continuerai à faire la pédagogie par la nature. C'est indispensable, ce n'est pas envisageable d'arrêter ça. Mais j'ai en tête aussi d'ouvrir une école de la forêt ou quelque chose, une structure en tout cas en extérieur. J'ai ça en tête depuis plusieurs années. C'est aussi pour ça que j'ai fait le compte Instagram. C'est pour montrer un peu ce qu'il est possible de faire et pour éventuellement convaincre d'autres personnes à se joindre à moi pour monter un projet. J'aimerais bien monter quelque chose sur un terrain boisé, proposer un accueil en extérieur, soit type école, mais si c'est trop compliqué, au moins l'accueil de famille, des accueils de classe ou de crèche, de structure pour des enfants handicapés, des EHPAD, enfin tu vois, d'accueillir du public. pour leur faire découvrir les bienfaits d'être dehors, de profiter de la nature, de faire des activités en extérieur. C'est un peu mon objectif.

  • Speaker #1

    Trop chouette ! Je te remercie infiniment pour cet échange. Le fait que tu sois baignée dans une autre culture avec une approche de l'éducation en général différente de celle qu'on a en France. C'est hyper riche et ça apporte vraiment un éclairage différent et lors des prochaines rencontres du RPPN, quand tu seras de retour, tu auras plein de choses à nous partager, à nous apporter. Et tu vois, moi, c'est évidemment des pays que je regarde beaucoup, dont je suis l'actualité, parce qu'ils font les choses autrement et que ça a l'air quand même de bien fonctionner. Et je parle surtout d'un point de vue de l'épanouissement des familles, des enfants et des professionnels. et là à t'entendre ça me donne encore plus envie d'aller explorer de ce côté là tout comme toi pour le moment j'ai des contraintes mais je l'ai dans un coin de ma tête et peut-être qu'un jour je

  • Speaker #0

    ferai le pas d'aller explorer de ce côté là j'espère si ça peut donner envie c'est chouette faut pas hésiter en fait faut pas avoir peur c'est surtout ça pour Si on a envie, il faut y aller. Tout se met en place au fur et à mesure, tranquillement, petit à petit. Et on ne voit que des bénéfices, des bienfaits pour tout le monde, pour les enseignants comme pour les élèves. Donc, il ne faut pas s'en priver.

  • Speaker #1

    Oui, c'est clair. et ben merci beaucoup je crois que tu es en vacances actuellement et ben je te souhaite de bonnes vacances et à très bientôt merci

  • Speaker #2

    à toi pour tout ce que tu fais merci à toutes et à tous pour votre écoute j'espère que cette discussion vous a plu et qu'elle éveille en vous une certaine curiosité pour l'éducation en plein air voire même, peut-être, une envie de militer pour qu'elle se répande davantage. Pour en savoir plus sur mon invité du jour, je vous invite à vous rendre sur le site pédagogieduvivant.fr. Vous y trouverez toutes les infos à son sujet, ainsi que ses recommandations. Sur ce, je vous donne rendez-vous la semaine prochaine pour un nouvel épisode. Et d'ici là, n'oubliez pas, sortir, ça ne doit être que du kiff ! Allez, ciao ciao, à bientôt !

Chapters

  • Introduction

    01:10

  • Présentations

    02:17

  • Souvenirs d'enfance

    03:27

  • Parcours professionnel

    04:41

  • Installation en Finlande

    07:24

  • Portrait d'école

    10:37

  • L'enseignement en Finlance

    12:36

  • Aménagements extérieurs des écoles

    19:17

  • Démarrage de la classe dehors

    22:17

  • Rituels et pratiques

    29:54

  • Le climat

    43:37

  • Changement de regards sur l'enfance

    47:48

  • Retour en France

    58:05

  • Remerciements

    01:00:25

Description

Aujourd'hui, je vous propose un échange avec Muriel qui après 25 ans d'enseignement en France a fait le choix de s'expatrier en Finlande où elle vit depuis maintenant 9 ans. 


Si elle enseigne au sein d'une école française, la culture finlandaise, et notamment le regard qu'elle porte sur l'enfance, a profondément bouleversé sa posture et son approche pédagogique. Entre un rythme scolaire allégé, des temps réguliers passés en extérieur et une notion des apprentissages différente, Muriel a retrouvé un bien-être qu'elle avait perdu lors de ses dernières années d'enseignement en France, pressée par les exigences et le manque de temps. 


Dans cet échange, elle nous partage son quotidien, ses observations, sa pratique de la pédagogie par la nature à travers des anecdotes qui nous plongent directement dans sa classe. 


Mais je dois vous prévenir : ce que vous allez entendre risque fort de vous donner l'envie de boucler votre sac et de partir vous immerger dans un pays où les forêts sont reines...! 


Pour retrouver toutes les infos et les recommandations de Muriel, rendez-vous sur www.pedagogieduvivant.fr


Très belle écoute ! 🌿


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue sur le podcast Enfants sans nature, le podcast qui parle d'éducation en plein air. Je m'appelle Claire et chaque semaine, je reçois ici un ou une pédagogue qui nous partage son expérience en matière d'éducation hors des murs. Famille, professeurs des écoles, éducateurs, animatrices, ces conversations ont pour but de transmettre et diffuser des pratiques diverses et variées qui tendent toutes vers un objectif, permettre aux enfants de passer un maximum de temps en extérieur et plus particulièrement au contact de la nature. Si vous souhaitez soutenir le podcast, n'hésitez pas à laisser un avis ou 5 étoiles sur votre plateforme d'écoute et surtout, surtout... à le partager autour de vous pour disséminer les graines de l'éducation en plein air. Je vous souhaite une très belle écoute. Aujourd'hui, je vous propose un échange avec Muriel, qui après 25 ans d'enseignement en France, a fait le choix de s'expatrier en Finlande, où elle vit depuis maintenant 9 ans. Si elle enseigne au sein d'une école française, la culture finlandaise, et notamment le regard qu'elle porte sur l'enfance, a profondément bouleversé sa posture et son approche pédagogique. Entre un rythme scolaire allégé, des temps réguliers passés en extérieur et une notion des apprentissages différentes, Muriel a retrouvé un bien-être qu'elle avait perdu lors de ses dernières années d'enseignement en France, pressée par les exigences et le manque de temps. Dans cet échange, elle nous partage son quotidien, ses observations, sa pratique de la pédagogie par la nature, à travers des anecdotes qui nous plongent directement dans sa classe. Mais je dois vous prévenir, ce que vous allez entendre risque fort de vous donner l'envie de boucler votre sac et de partir vous immerger dans un pays où les forêts sont reines. Bonjour Muriel !

  • Speaker #1

    Bonjour !

  • Speaker #0

    Bienvenue sur le podcast, je suis très contente de t'accueillir aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Moi aussi.

  • Speaker #0

    Alors écoute, pour commencer, est-ce que tu peux nous dire dans quel coin tu vis et en quelques mots, pour le moment, ce que tu fais dans la vie ?

  • Speaker #1

    Alors j'habite et je travaille en Finlande. Voilà, je suis professeure des écoles, enfin j'étais institutrice, dans mon cœur je suis toujours institutrice, mais officiellement je suis professeure des écoles. Et je travaille dans une école française en Finlande depuis 9 ans maintenant. Sinon je suis prof depuis 35 ans.

  • Speaker #0

    Tu vas nous raconter un petit peu ce parcours. Bon, c'est vrai que du coup, il y a quelques kilomètres qui nous séparent. Tu es pour le moment l'invité la plus loin que j'ai pu recevoir sur le podcast. Mais c'est chouette parce que justement, on va croiser un petit peu les expériences, les approches, les cultures. Avant qu'on aborde ton expérience en tant qu'enseignante en France et en Finlande, est-ce que tu veux bien nous dire quels sont tes souvenirs d'enfance en nature ? Qu'est-ce qui ressort ? Est-ce que tu étais une enfant qui passait beaucoup de temps dehors ? Est-ce que c'est venu plus tard ?

  • Speaker #1

    Alors, mes souvenirs en nature, ils sont... très marqué parce que en fait c'était une échappatoire voilà j'étais pas bien chez moi et en fait j'attendais avec impatience les moments où on pouvait aller se promener notamment dans la forêt de Fontainebleau et j'en garde vraiment des souvenirs très très forts de respiration, de bouffe et d'oxygène ça me faisait beaucoup de bien dans cette enfance qui était un peu compliquée donc c'est vraiment un souvenir très tendre et très... salvateur quelque part, la nature, c'était important. Je ne mesurais pas beaucoup à l'époque, mais en l'appendissant, je me suis rendue compte à quel point ça m'avait vraiment beaucoup aidée.

  • Speaker #0

    Alors après, en grandissant, du coup là tu as dit que ça faisait 35 ans que tu enseignais. Est-ce que tu veux bien revenir sur ce parcours de professeur des écoles jusqu'à aujourd'hui où tu enseignes en Finlande ?

  • Speaker #1

    C'était une vocation depuis toute petite. Comme beaucoup de petites filles, je disais que je voulais être maîtresse quand je serai grande. J'ai toujours gardé ça en tête, ce cap de devenir maîtresse. J'ai réussi à le faire, donc j'étais très heureuse. J'ai commencé en région parisienne. Et puis rapidement j'ai obtenu ma mutation pour la Lausère, donc je suis partie 14 ans en Lausère. Donc c'était déjà bien la nature, la campagne, ça m'a fait beaucoup de bien après la région parisienne. Et puis j'avais déjà en tête de demander une expatriation, mais bon c'était pas trop possible avec ma vie de famille. Voilà, c'était pas, comment dire, un souhait conjoint. Donc, j'ai attendu, attendu, je l'ai gardé dans un coin de ma tête, que j'avais vraiment envie quand même d'aller voir ailleurs, découvrir d'autres façons de faire, d'autres gens. Et puis, après la Lauserre, je suis partie sur Clermont-Ferrand, et là j'ai demandé, j'ai fait un dossier auprès de la Mission laïque française. pour demander une expatriation. Alors j'avais fait quelques voeux, ça n'a pas abouti. Et puis j'ai eu de la chance, fin juin, on m'a appelée pour me proposer une création de poste en Finlande. Donc je n'avais pas du tout imaginé, je ne m'étais pas projetée spécialement en Finlande. Mais voilà, j'ai saisi l'occasion, j'ai regardé où c'était sur la carte, parce que je savais vaguement. Comme pas mal de gens finalement, on sait que c'est tout à fait au nord de l'Europe, mais exactement. J'ai regardé, j'ai dit, allez, pourquoi pas, je tente. Et donc, c'était un petit peu le fruit du hasard, concernant en tout cas le choix de la Finlande.

  • Speaker #0

    A priori tu t'y sens bien si ça fait 9 ans que t'es là-bas finalement ce choix qui s'est présenté à toi avait l'air d'être plutôt bon

  • Speaker #1

    C'est ça, je pense aussi j'ai retrouvé, j'ai découvert un pays très nature donc ça m'a bien rappelé la Lauser et ça fait beaucoup de bien comme tu dis si j'y suis encore c'est que j'y trouve mon compte et que je m'y sens bien Merci

  • Speaker #0

    Et bien justement, est-ce que tu veux bien nous raconter ton installation en Finlande, notamment en tant que professeur des écoles, tous les changements que ça a amené, comment est-ce que tu t'es acclimaté à ce nouvel environnement ?

  • Speaker #1

    Alors la Finlande c'est ce qu'on pourrait appeler une expatriation assez facile parce que bon ça reste l'Europe, tu changes pas de monnaie, tu continues à rouler à droite en voiture, enfin tu vois c'est tous ces petits trucs qui font que là-dessus ça te dépayse pas beaucoup. Après, c'est un pays qui n'a même pas 6 millions d'habitants, donc vraiment très peu peuplé. Ça fait une qualité de vie vraiment extraordinaire parce que tu ne connais plus les embouteillages, tu ne fais plus la queue au supermarché. C'est tranquille, c'est un pays qui est facile à vivre. pas de pression, c'est le calme, la sécurité aussi, tu te sens tout à fait en sécurité, et puis après les Finlandais, ils sont très gentils, après ils sont un peu difficiles d'accès, Ils ne vont pas venir vers toi spontanément comme ça, ils vont te laisser tranquille. Si tu as besoin d'aide et que tu leur demandes de l'aide, il n'y a pas de souci, ils t'aideront avec plaisir. Mais ils ont un caractère assez introverti. et ça se traduit quand même tu vois, tu les croises dans la rue il ne va pas y avoir d'échange de regard voire même ils vont détourner le regard ils sont une espèce d'un peu de timidité de réserve au premier abord ça des fois c'est un peu compliqué et puis il y a la barrière de la langue ça parle le chinois c'est compliqué là je tente bien de l'apprendre mais C'est compliqué, c'est difficile même si ça fait 9 ans que j'y suis, je ne parle pas. En plus, on a beaucoup de chance parce que tout le monde parle anglais. Les enfants, les adultes, les personnes âgées, quand on est dans un magasin, on arrive à switcher en anglais directement, TD. Donc c'est assez facile du coup de communiquer.

  • Speaker #0

    Et oui, c'est sûr que ça t'oblige pas à parler. apprendre la langue et c'est finalement plus confortable mais bon c'est vrai que les quelques fois où j'ai pu voir des mots en finnois c'est quand même pas ça n'a pas l'air si facile que ça quoi c'est pas une langue qu'on connait c'est

  • Speaker #1

    le hongrois qui se rapprocherait le plus donc le hongrois personnellement je ne parle pas non c'est très particulier comme langue

  • Speaker #0

    Et donc, du coup, tu disais que tu es installée dans une école française. Est-ce que tu peux nous parler un petit peu de cette école ? Depuis quand est-ce qu'elle existe ? Comment ? Combien de classes ? Etc.

  • Speaker #1

    Alors, c'est une école... Déjà, je me trouve à Aoma. C'est sur la côte ouest de la Finlande face à la Suède. Donc, c'est en bord de mer. et comme la Finlande c'est aussi beaucoup de forêts, beaucoup de lacs, du coup j'ai la chance immense d'avoir à la fois la mer, la forêt, les lacs, le paysage il est assez chouette. Pour l'école, elle existe depuis 2005. C'est une école française qui est uniquement ouverte aux Français. Donc c'est aussi la difficulté pour s'intégrer dans le pays. C'est que je travaille dans un milieu francophone toute la journée avec des collègues français, des collègues aussi étrangers, mais surtout des collègues français. Et voilà, il y avait quatre classes, je crois, quand je suis arrivée. Elle est ouverte pour des familles d'ingénieurs français qui travaillent là-bas. Et donc elle est vouée aussi à fermer quand le chantier sera terminé. Et c'est possible que ce soit l'année prochaine. Donc c'est une école où les effectifs se réduisent au fur et à mesure. Et donc là maintenant, aujourd'hui il y a trois classes, l'année prochaine il n'y en aura plus que deux.

  • Speaker #0

    D'accord, c'est une école temporaire en fait.

  • Speaker #1

    C'est ça.

  • Speaker #0

    Alors, du coup, dans cette école, est-ce qu'on est l'approche pédagogique, la manière d'enseigner ? Est-ce qu'on se rapproche vraiment de ce qui se fait en France ou est-ce qu'il y a quand même des inspirations ? Déjà, est-ce qu'il y a une conception différente de l'enseignement en Finlande ? Est-ce que toi, tu l'as ressenti même si tu travailles dans une école française ? Et du coup, comment est-ce que dans cette école ? Quelle est l'approche pédagogique, le projet pédagogique de l'école ?

  • Speaker #1

    C'est une école française qui applique les programmes français. Le but, c'est vraiment de permettre aux enfants qui sont scolarisés de pouvoir éventuellement retourner demain en France et s'intégrer facilement dans l'école française dans laquelle ils seront. Donc là dessus ça ressemble beaucoup à ce que l'on peut trouver en France. Maintenant les enseignants ont leur approche spécifique, chacun met un petit peu de sa patte, et quand tu vis en Finlande, forcément tu es imprégné de ce que tu vois autour de toi. et ça se ressent dans la classe. En tout cas, moi, c'est comme ça que je vois l'expertisation, c'est-à-dire, ce n'est pas de rester dans sa bulle française, de reproduire tout à l'identique à la française, mais essayer de s'enrichir de ce qui se fait dans le pays, de ce qu'il y a de bien, pour l'appliquer soi-même dans la classe, ou hors de la classe, justement. Concernant l'enseignement finlandais, oui, il y a quand même beaucoup de différences. Et c'est vrai que c'est intéressant de découvrir ça, de voir ce qui fonctionne. Et ce qui est assez flagrant, c'est la bienveillance. Maintenant, quand même, en France, c'est quand même... comment dire, une notion qui est fondamentale dans les écoles, en tout cas j'espère que ça se fait partout, mais il y a un moment quand même qu'on sait qu'il faut quand même permettre à l'enfant de se sentir bien, le bien-être dans la classe, dans la tête de l'enfant, pour lui permettre justement d'acquérir les apprentissages. Mais en Finlande, c'est vraiment plus que central, c'est le maître mot, et c'est de permettre aussi à l'enfant d'aller à son rythme, Il n'y a pas la pression comme en France, je trouve, dans les écoles finlandaises. Alors déjà, tu vois, ça commence dès la naissance, le congé parental. Il existe pendant 14 mois pour les deux parents. Chaque parent peut prendre 14 mois de congé parental. C'est déjà énorme. Il y a très peu d'enfants qui sont gardés bébés par des nounous ou à la crèche. C'est les parents qui gardent les enfants. C'est une politique du pays, en fait. Et ensuite, tu n'as pas d'école maternelle. Tu n'as que la crèche jusqu'à 7 ans. C'est vrai que ça questionne beaucoup les Finlandais de voir que nous on scolarise les enfants dès 3 ans avec vraiment des règles, enfin je dis le système à la française quoi, c'est pas nous particulièrement, voire même ça les choque de voir que les enfants doivent suivre un rythme quand même assez cadré dès 3 ans. Pour eux la crèche c'est quand même une garderie. Et on propose bien sûr des activités aux enfants, mais enfin, vraiment, chacun choisit de faire, de ne pas faire. Il n'y a absolument rien d'obligatoire, on respecte le rythme des enfants. Et voilà, on pourrait dire l'enfant est roi jusqu'à 7 ans. Vraiment, c'est très détendu, aucune pression, aucune attente particulière. Alors à 7 ans, c'est l'école qui commence, donc ça pourrait correspondre à notre CP. Donc nous, 7 ans, c'est le C1. Ce qui veut dire que les enfants apprennent à lire l'équivalent du CE1 pour nous, un an plus tard. Donc, sept ans, c'est l'école. Et leur école, elle regroupe notre école élémentaire plus le collège. Pendant neuf ans. Neuf ans, c'est l'école. Et toutes les connaissances qui se passent durant l'école. en fait les connaissances sont plus des connaissances de base, enfin comment dire en quantité il y a beaucoup moins de choses c'est beaucoup plus réduit qu'en France toujours une histoire de pression aussi tu vois chacun à son rythme, tranquillement et par contre il favorise beaucoup le travail en petits groupes, donc forcément si tu as des effectifs réduits tu fais du meilleur travail c'est évident Donc beaucoup d'heures de classe en petits groupes et beaucoup d'aides individualisées, de soutien, vraiment, vraiment beaucoup. Et ce qui fait qu'ils sont très forts pour... Ils réduisent énormément les inégalités sociales comme ça.

  • Speaker #0

    Et du coup, ça veut dire que côté adulte, il y a des petits groupes et est-ce qu'il y a plusieurs enseignants de classe ? Comment ça se passe ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. Il y a plus d'enseignants qu'en France. Oui, plus d'enseignants, moins d'élèves. Même la journée de classe qui se déroule, les différentes finissent très tôt la journée. Vers 14 heures, c'est terminé la classe. Nous, on finit à 14h45 et je crois qu'on finit plus tard que les Finlandais. Oui. les journées c'est différent, vraiment tout est différent parce que un cours n'excède pas 45 minutes c'est 45 minutes et 15 minutes en récréation dehors à chaque fois ok tu vois déjà ce rapport à l'extérieur à la nature il est là dès l'enseignement À la crèche, à l'école, il y a déjà ce rapport assez fort avec la nature. Les enfants sortent toutes les 45 minutes, ils peuvent se débourdir, ils peuvent aller prendre l'air. Il y a beaucoup d'autonomie, de confiance, de liberté dans les écoles. Par exemple, les récréations ne sont pas surveillées, les enfants. Dans le sens de l'école française, où tu vas avoir deux adultes dans la cour. Là, non, tu vois, on peut regarder par la vitre ce qui se passe dehors, mais pas sortir. Pour nous, ce n'est pas ce qu'on trouve dans notre école. Mais là, je te dis vraiment ce qui se passe dans les écoles finlandaises.

  • Speaker #0

    Et elles ressemblent à quoi, du coup ? Enfin, les espaces extérieurs des écoles finlandaises, ça ressemble à quoi ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est intéressant parce que ce n'est pas fermé. Toutes les cours de récréation sont ouvertes. Alors soit il n'y a pas du tout de clôture, de mur, de délimitation. Soit il n'y en a pas du tout, soit s'il y en a, ce n'est pas fermé à clé. Donc n'importe qui peut entrer dans la cour et sortir n'importe quelle heure du jour ou de la nuit. C'est un espace public, la cour de récréation.

  • Speaker #0

    C'est vraiment une manière, une toute autre manière de penser le lieu de l'école.

  • Speaker #1

    Oui, oui, oui. Je pense que ça va au-delà de l'école dans ce pays. C'est vraiment dès la naissance de l'enfant, pour toute la vie, c'est une façon d'être comme ça chez eux. Les apprentissages, les enfants continuent à avancer à leur rythme. Donc, ce n'est pas un problème. Il n'y a pas à être en retard. Tout ça, ce n'est pas un souci. On ne le fait pas ressentir comme ça aux enfants. D'ailleurs, avant, je crois que c'est 12 ans, ils ne sont pas notés, les enfants, à l'école. Il n'y a pas de compétition. On ne se compare pas les uns aux autres. Ils ont un peu de devoir aussi à la maison. Et puis quand ils ont fini leur journée à 14h ou 15h, ils sont autonomes, donc ce ne sont pas les parents qui vont venir les récupérer à la sortie. D'ailleurs, ils viennent aussi le matin seuls, donc ça peut être à pied, à vélo. Dès 7 ans, on voit des petits bouts à vélo un peu partout, ou en bus scolaire si c'est un petit peu éloigné, le domicile. Et puis là, ils vont faire des activités sportives, manuelles, musicales, beaucoup de choses qui sont proposées par les villes. Donc, ils ont un grand choix d'activités après l'école.

  • Speaker #0

    Écoute, merci pour ce portrait qui, de toute façon, même sans partir aussi loin, parce que c'est vrai qu'on parle souvent des pays du nord de l'Europe qui accordent une place à l'enfant qui est... tout autre que celle que nous on accorde en France, mais même sans partir, nos pays voisins ont déjà des rythmes différents. Je crois qu'en Suisse, c'est pareil, l'école obligatoire commence qu'à 5 ou 6 ans. En Allemagne, les journées sont plus courtes. Il y a quelques exemples comme ça. En France, on est beaucoup plus dans la contrainte très tôt pour les enfants. Et c'est vrai que, ben voilà, quand tu vois des petits bouts de deux ans et demi, trois ans qui entrent à l'école, qui se font du 8h, 16h30, c'est lourd de soi. Du coup, Muriel, si je te reçois aujourd'hui sur le podcast, c'est parce que tu passes du temps dehors avec les enfants que t'accompagnes. Avant de t'installer en Finlande, est-ce que tu enseignais déjà en extérieur ?

  • Speaker #1

    Non, pas du tout. Pas du tout. Disons que j'ai passé beaucoup d'années où j'étais stressée par les programmes que je ne maîtrisais pas encore. Tu changes de niveau, alors à nouveau, c'est des nouveaux programmes que tu dois appréhender. Et je me sentais sous pression, tu vois. Je parle beaucoup de pression parce qu'en fait, vraiment, la Finlande, ça m'a aidée à ça, quoi. Ça m'a aidée à respirer, à me tranquilliser, à prendre mon temps. Et en France, je me sentais vraiment tout le temps sous pression. Il faut vite finir les programmes. comment je vais faire, ceux-là ils n'arrivent pas à suivre, comment je vais pouvoir les aider, mais en même temps je vois que les autres ils avancent, enfin je ne sais pas si c'est pour tout le monde pareil, mais en tout cas moi je me sentais vraiment sous pression tout le temps, et pas du tout du coup ouverte à d'autres pédagogies, j'étais déjà débordée par ce que j'avais à faire, et ça ne me laissait pas de place pour m'ouvrir sur d'autres choses. Et en arrivant en Finlande et en voyant les enfants dehors, on croise facilement. De la fenêtre de ma classe, j'ai eu la chance d'avoir un parc, un petit bois. Je vois souvent des groupes classes qui viennent là et tu commences à t'interroger, à te dire ah oui, ils sortent souvent et puis avoir envie de savoir qu'est-ce qu'ils font, pourquoi ils font ça. Et en fait, il y a eu tout un ensemble de choses qui a fait que, avec des lectures, j'avais lu un article sur le syndrome du manque de nature, ça m'a eu beaucoup d'air. ...intéressé, l'un de Richard Louvre qui avait fait connaître ça. d'autres lectures j'avais lu des conversations de Louis Espinassou laisser les grimper aux arbres ça ça m'avait beaucoup plu et ah oui l'envoyé spécial que j'avais vu aussi je crois que c'est en 2018 quelque chose comme ça je sais pas si tu as vu ça mais ça s'appelait comment les enfants deviennent accros aux écrans ou sont devenus accros aux écrans quelque chose comme ça ça m'avait marqué et en fait tout s'est mis en connexion dans ma tête et je me suis dit mais oui Mais il y a quelque chose à faire en fait, il faut réagir. En fait, quelque part, je me suis dit, c'est notre rôle aussi, les enseignants, de... D'essayer de réussir par rapport à tous ces problèmes et de faire quelque chose. Et bon, après, j'ai eu beaucoup de chance. C'est que j'ai pu être en contact avec une éducatrice, je ne sais pas s'ils appellent ça professeur dans les crèches en Finlande, mais qui avait un groupe d'enfants de dernière année de crèche, donc 6 à 7 ans, et qui, elle, fait vraiment classe toute la semaine. Qui accueille les enfants dehors toute la semaine. Les enfants arrivent à la crèche à 7h, 7h30, 8h. Jusqu'à 9h, ils restent à l'intérieur de la crèche. Et à 9h, ils sortent et ils restent jusqu'à 13h dehors tous les jours, toute la nuit. Et voilà, je me disais, mais comment elle fait ? En fait, je sentais que j'avais envie, mais je ne me sentais pas capable. Et on a demandé si c'était possible de venir, de venir voir. Et donc, j'ai arrivé avec ma classe. Elle m'a accueillie plusieurs fois. Ensuite, je l'ai accueillie aussi plusieurs fois. Et puis, voilà, ça a été le déclic, en fait, qui m'a permis de me lancer, de ne plus avoir peur et de me lancer. parce que je sentais que c'est ce qu'il fallait faire, mais je ne savais pas comment m'y prendre. Et en plus, je n'ai pas du tout de connaissances naturalistes, je n'y connais rien. Donc voilà, depuis que je fais ça, j'apprends au fur et à mesure, je découvre avec les enfants, je me renseigne, je leur montre aussi que je ne sais pas tout et j'aime bien cette idée-là d'être plus accompagnatrice que la personne qui dispense le savoir. Donc c'est vraiment une posture qui me plaît beaucoup et je trouve vraiment très intéressante avec les enfants. J'ai pu voir comment elles s'y prenaient. Ils mangent dehors tous les jours, ils se font livrer, c'est assez hallucinant, ils se font livrer les repas sur une petite charrette qui tire comme ça à la monte, la petite carriole qui arrive, et puis il y a une petite maison où ils allument le feu dedans, ils appellent ça une cota. C'est une toute petite maison octogonale. Tu as vraiment le feu au centre et les enfants se mettent tout autour. Ils se mettent au chaud, ils prennent le repas à l'intérieur. Ensuite, ils retournent dehors jusqu'à 13h. À 13h, ils rentrent dans les locaux de la crèche. Là, c'est vraiment une classe. Ce n'est pas toute la crèche qui est dehors. En fait c'est surtout ça en Finlande, c'est que tu as beaucoup beaucoup beaucoup d'enseignants qui font des activités dehors mais pas forcément toute la semaine du matin au soir quoi.

  • Speaker #0

    D'accord, et du coup toi tu as commencé par quoi quand tu t'es dit j'ai aussi envie, ça me donne envie de sortir est-ce que...

  • Speaker #1

    Je me suis renseignée en fait j'ai beaucoup lu de choses et donc j'ai vu qu'il fallait partir sur quelque chose de récurrent un rendez-vous qui revient toutes les semaines donc j'ai instauré le lundi après-midi Donc le lundi après-midi, depuis des années maintenant, après la cantine, on sort midi et quart, on s'habille, on sort jusqu'à 14h45, ça fait deux heures et demie. Et donc voilà, un rendez-vous qui revient chaque semaine. Et c'est marrant, c'était vraiment chouette parce que ce rendez-vous régulier m'a permis moi de me lancer. Et j'ai vu l'évolution des enfants qui n'étaient pas habitués, qui ne connaissaient pas ça. Donc tu vois les enfants, tu les lâches la première fois. ça crie, ça hurle même, ça court partout. Puis alors moi, je m'étais mise en apnée. Je les vois commencer à partir dans tous les sens. C'était trop là, là, là, là. Secours ! Est-ce qu'on va les récupérer tous ? Est-ce qu'il va se passer quelque chose ? Est-ce qu'il va y avoir un accident ? Enfin, tu vois, toutes les interrogations légitimes d'un professeur qui n'est jamais sorti ou presque, et puis qui a peur, quoi. C'est normal, hein ? Il faut lâcher plus en fait. Et donc ce rendez-vous, le fait qu'il soit régulier, au fur et à mesure des semaines, j'ai vu les enfants se calmer. Il n'y avait plus cette urgence de profiter. C'était, on sait maintenant qu'on va faire des choses aujourd'hui, et puis si on n'a pas le temps de faire tout, ce n'est pas grave parce que ça va recommencer la semaine prochaine. Il y avait quelque chose de cet ordre-là.

  • Speaker #0

    c'était chouette à voir et du coup sur ces 2h45 c'est ça ? 2h30 sur ces 2h30 est-ce que il y a des rituels que vous avez mis en place justement des choses qui reviennent tous les lundis ?

  • Speaker #1

    oui alors déjà les premières fois tu vois j'ai fait le Comme ce n'est pas clôturé, ce n'est pas fermé les espaces, j'ai fait un peu le tour avec eux de l'espace justement qu'on avait à disposition. En premier, je suis allée du coup dans le petit parc que je te disais que je voyais de la fenêtre de ma classe, donc vraiment tout près de l'école. donc c'est un bois il y a une partie plate fait parc quoi et puis des rochers et un bois donc c'est extraordinaire et donc avec les enfants on a exploré en fait le périmètre et puis j'ai déterminé avec eux les limites qui sont pas physiques mais mais voilà en disant bon bah là vous voyez à partir de là il faut vous arrêter en fait on n'allait pas plus loin là il y a la route donc non interdit enfin on a fait un peu le le tour pour voir ce qui était permis, ce qui n'était pas. Et puis, quelques règles de sécurité, mais pas beaucoup au départ, parce qu'en fait, ça s'est construit au fur et à mesure des séances, plutôt les règles de sécurité. Donc, on s'est aperçu que, voilà, quand on sortait sous la pluie, grimper sur les rochers avec les bottes en caoutchouc, c'était dangereux, ça glissait. Donc, voilà, ça, ça a été une règle qui est vite arrivée. Et bon, quand on sort et qu'il pleut, je leur demande de rappeler les règles qu'il faut appliquer ce jour-là avec la pluie. Ça revient vite. Et puis, ce sont des règles qui ne sont pas transgressées, parce qu'ils se rendent compte que sinon, ils vont glisser, ils vont tomber, ils vont se faire mal aux fesses. Tout bêtement, ce ne sont pas des règles pour contraindre, mais ce sont des règles pour les mettre en sécurité. voilà donc c'était plus ça on a fait un peu tout ça et puis j'ai un petit peu tâté le terrain, c'est le cas de le dire voir un petit peu ce qu'on avait à disposition et surtout je me suis lancée dans des activités où je me sentais à l'aise, voilà parce que au départ tu te dis, mais qu'est-ce que je peux faire dehors alors apparemment on peut tout faire dehors, mais moi qu'est-ce que je vais pouvoir faire donc en fait il ne faut pas non plus se mettre de pression puis il faut se dire voilà, si je suis plus à l'aise, je ne sais pas, en sciences, ou je dis n'importe quoi, je vais chercher des activités qui concernent spécialement, spécifiquement les sciences, et puis pour le reste, ça viendra au fur et à mesure. Au départ, je préparais beaucoup trop, beaucoup, beaucoup trop de choses. C'est toujours cette peur de l'enseignant qui doit tout avoir préparé. Enfin, moi, je l'ai entendu plein de fois de la part d'inspecteurs, vraiment, tout doit être préparé au millimètre près, il n'y a pas de place pour l'imprévu. Et là en fait c'est tout le contraire cette philosophie de la pédagogie par la nature. C'est vraiment qu'il faut apprendre, il faut préparer des choses, mais il faut aussi apprendre à lâcher prise et à se permettre de saisir les opportunités, les opportunités que la nature va te proposer ou simplement... Les enfants, à chaque fois, ils ont une découverte, quelque chose, ils vont ramener quelque chose qu'ils ont trouvé, ou ils ont observé quelque chose, ils vont poser des questions et rebondir dessus, et ça va apporter des connaissances, et ça va permettre aux enfants d'expérimenter des choses. et de mémoriser à long terme parce que clairement je me suis bien aperçue que tout ce qu'ils apprennent dehors, ils l'apprennent et ils l'ont en tête pour toujours, c'est impressionnant. Quand tu vois un petit oiseau, qu'on peut l'observer, qu'ils le dessinent, qu'on cherche ce que c'est comme oiseau, ou sinon si toi tu es en classe et que tu projettes l'image de l'oiseau et tu dis ça c'est une maison charbonnière, franchement ça ne fait pas du tout le même effet. ils s'en souviennent quand ils l'ont vu dehors, qu'ils l'ont dessiné, qu'ils l'ont écouté, qu'ils le revoient, qu'ils l'observent. Ça n'a rien à voir, quoi.

  • Speaker #0

    Et oui, on dit bien... En pédagogie par la nature, c'est l'expérience. Et puis nous-mêmes, même adultes sans être enfants, ce qu'on va vivre vraiment, ce qu'on va rencontrer dans notre quotidien va bien plus nous marquer que ce qu'on va pouvoir lire dans des livres. Et d'ailleurs, avec le recul, tout ce qu'on a pu apprendre par cœur à l'école, on ne s'en souvient pas du tout.

  • Speaker #1

    Parce que ça n'a pas de sens, en fait, si on te la porte comme ça. quand c'est toi dans ta vie qui va rencontrer quelque chose et bien que t'as envie de comprendre quelque chose ben là tu vas t'en souvenir, ça a du sens quand on te le... on te le donne comme ça, servi sur un plateau. Alors si, il y en a qui retiennent. Je ne dis pas que ça ne fonctionne pas pour tout le monde. Mais disons que tu touches plus d'enfants s'ils l'ont vécu eux-mêmes par l'expérience dehors.

  • Speaker #0

    Et puis dehors en plus maintenant les neurosciences l'ont bien montré être en extérieur ça favorise le mouvement et être en mouvement ça favorise les apprentissages et du coup non seulement l'expérience va marquer mais en plus le fait de bouger, de se déplacer ça va vraiment les ancrer et ça c'est vrai que quand on est assis sur une chaise Derrière une table, c'est tout de suite plus difficile de faire rentrer quelque chose dans le cerveau.

  • Speaker #1

    Oui. Et puis, évidemment, la gestion des émotions qui, dehors, est beaucoup plus facile. Un enfant qui est en colère pour une raison X ou Y, dehors, il va pouvoir s'isoler, il va pouvoir aller courir pour se dépenser physiquement, il va pouvoir aller se calmer en s'appuyant contre un arbre, en s'asseyant par terre et en attendant de se sentir mieux. Enfin, vraiment, c'est très important pour les enfants d'avoir cette possibilité-là. Il y a autre chose aussi qui m'avait frappé, c'est le niveau sonore. Je ne sais pas pour quelle raison, mais je n'arrivais pas à croire que c'était plus facile d'enseigner dehors qu'à l'intérieur par rapport au niveau sonore. Mais en fait, oui, c'est évident. Le fait d'être enfermé entre quatre murs, tous les sons se répercutent sur les murs, ils reviennent dans ta tête. C'est vite un brouhaha, c'est vite insupportable. Et dehors, c'est complètement différent. On pourrait penser que les enfants captent moins leur attention dehors, mais ce n'est pas vrai. En tout cas, moi, je ne pense pas.

  • Speaker #0

    Oui, et puis je crois qu'on a aussi cette idée que quand ils sont dehors, ça va continuer à faire beaucoup de bruit parce qu'en France, on a des cours de récré qui sont bitumés, entourés de murs. Donc, il y a une espèce de caisse de résonance qui se fait et qui fait que même quand ils sont dehors, il y a un brouhaha énorme qui ne change pas de quand ils sont à l'intérieur. Alors que quand tu es dans un espace de nature, le son... Déjà, ils ne résonnent pas de la même manière, surtout quand tu es dans des espaces où il y a des arbres qui sont verdurés. Le son ne tape pas contre les murs et au contraire, il s'échappe. Et donc c'est vrai que même s'ils peuvent par moments crier et tout ça, toi tu ne le ressens pas de la même manière. Et c'est vrai que du coup... Quand tu interpelles les enfants, ils vont t'entendre davantage que quand tu es dans une salle de classe ou dans une cour de récré où là, il faut hurler pour se faire entendre.

  • Speaker #1

    Oui, oui. Et au niveau de la concentration aussi, moi j'ai été très étonnée de voir des enfants qui avaient des difficultés de concentration dans la classe, capables de rester assis de longues minutes, à observer, alors on a de la chance aussi, on a des conditions extraordinaires, mais d'observer des écureuils qui sautaient d'arbre en arbre. et ça durait des minutes et j'avais le silence les enfants n'en avaient pas un qui avait envie de rigoler, de parler à son voisin non tout le monde était concentré à observer les écureuils et c'est impressionnant, les enfants t'aurais pas imaginé qu'ils auraient été capables de se concentrer aussi longtemps et bien c'est possible quand ils ont envie ils sont concentrés sur les animaux c'était très chouette Tu me disais pour la séance, les rituels, je commence toujours par un moment de regroupement, une chanson, quelque chose en musique, un petit jeu pour réveiller le corps physique, quelque chose pour se dégourdir un peu, se réveiller un peu, donc on commence toujours par quelque chose comme ça en commun. Après je vais présenter l'activité que j'ai préparée. Cette activité est souvent en lien avec quelque chose qu'on a fait dans la semaine, que je me suis dit ah bah tiens, ça on pourrait transposer dehors et faire cette expérience-là ou alors complètement différemment, complètement autre chose par rapport aux saisons, à la saison par exemple. J'ai eu une idée qui est venue d'expérimenter quelque chose dehors. Et puis du coup on fait cette activité et après ils ont toujours un moment de temps libre, de jeu libre, où il se passe toujours quelque chose en fait. Il y a toujours quelque chose qui est observé, trouvé par les enfants, où ils viennent poser une question et que du coup ça fait penser à autre chose. de résoudre le problème, s'il y a un problème. Donc, un moment de jeu libre qui permet aussi l'entrée de la coopération entre les enfants. Ça soude beaucoup le groupe classe, en fait, de sortir comme ça chaque semaine dehors. Je trouve qu'il y a... une très bonne ambiance entre les enfants, qui sont vraiment gentils entre eux. Après, voilà, je sais aussi que j'ai des conditions particulières. Je n'ai pas des enfants qui sont hyper difficiles, avec des gros problèmes de comportement dans ma classe. Mais quand même, je trouve que le fait de jouer ensemble et de créer des jeux, c'est un peu de... de discuter entre eux. Ils vont résoudre des problèmes, des petits conflits, des choses comme ça qu'il peut y avoir en discutant. Et je trouve que ça fait vraiment une bonne ambiance de classe. Mais des conflits, il y en a quand même beaucoup moins qu'en classe parce qu'ils jouent souvent avec des bâtons, des choses comme ça, des pierres. ils font des dessins dans le sol des jeux comme ça et là la nature on ne veut pas se disputer pour un bâton parce qu'il y en a plein partout donc il y a moins de conflits aussi entre eux et ce que je ne t'ai pas expliqué c'est que dans la chance que j'ai d'être en Finlande maintenant on ne reste plus dans le parc à côté de l'école et on prend les vélos et une semaine on va à la plage et une semaine on va dans la forêt vraiment dans la forêt Donc ça, c'est encore une grande chance. Ça permet de voir des choses différentes au niveau de la nature et de faire des activités un peu différentes. Et ils se régalent. Vraiment, ils attendent ces rendez-vous avec beaucoup d'impatience. Ça va être difficile de pouvoir faire la même chose en France, mais pour le moment, je profite de la chance que j'ai.

  • Speaker #0

    Là, c'est sûr que d'avoir une richesse d'un point de vue environnement comme ça, qui te permet de varier. Les lieux, c'est vraiment des écosystèmes qui sont différents et clairement d'un point de vue découverte, c'est hyper riche pour les enfants, c'est fou.

  • Speaker #1

    Je suis contente de ne pas être passée à côté de ça, tu vois, et d'avoir découvert ça, cette pédagogie par la nature qui m'a permis vraiment d'explorer tout ça. Parce que ça aurait été tellement dommage d'être en Finlande et de rester dans la classe de mon école française, voilà quoi.

  • Speaker #0

    Et du coup, dans l'école, est-ce que tu as été la première enseignante à te lancer sur des demi-journées comme ça en extérieur ? Oui. Et donc, est-ce qu'il y en a qui ont suivi derrière ou tu restes la seule dans l'école ?

  • Speaker #1

    J'ai une collègue qui avait des plus petits que moi. Moi, j'ai beaucoup de, comment dire, un peu le cycle 2. Enfin, c'est multiniveau tout le temps dans ma classe. J'ai eu de la moyenne section jusqu'au CE2, soit double niveau, triple niveau ou quadruple niveau. Ça, c'est intéressant aussi d'avoir des âges différents. Et l'année prochaine, j'aurai aussi CM1. Donc voilà, j'ai toujours eu des cours multiples et j'avais une collègue maternelle, avec vraiment les petits, qui a essayé un petit peu mais c'était pas régulier. Et puis elle osait pas quoi, vraiment lâcher prise. C'était quand même sous haute surveillance j'irais tu vois. C'était vraiment un espace plat où je continue à voir tous mes élèves en vue. Bon, elle a fait des choses en extérieur, alors c'est bien. Dès qu'on sort les enfants, de toute façon, c'est bien. Après, ça n'a pas été régulier. Et après, il n'y a pas d'autres collègues qui ont testé ça.

  • Speaker #0

    Alors, une des grosses différences... Par rapport à la France, c'est au niveau du climat. Tu vois, il y a encore dix jours, lors d'une rencontre avec le réseau de pédagogie par la nature sur le secteur sud-est, il y avait des collègues qui disaient qu'ils en venaient à envisager de faire une trêve hivernale parce que c'est vraiment compliqué de mobiliser les familles pour sortir quand il fait froid. C'est sans parler de la neige, là on était dans un coin, on était en... Dans la Drôme, où il y a peu, il y a quelques jours de neige, mais pas plus que ça, et il disait que juste le froid empêchait les gens de sortir. Moi j'habite à la montagne, donc les gens sont davantage équipés, mais ça demande quand même, malgré tout, beaucoup de communication et de pédagogie auprès des familles pour expliquer que si, les enfants peuvent très bien passer trois heures en extérieur. J'avais vu, il y a peut-être, donc là on est mi-avril, il y a encore trois ou quatre semaines, tu avais partagé sur ton compte Instagram une photo où il y avait de la neige. Comment est-ce que toi déjà, tu t'es acclimatée à ces hivers qui sont, je pense, en termes de ressenti plus longs que ce qu'on connaît en France ? Et comment ça se passe du coup avec les enfants ?

  • Speaker #1

    Alors, contrairement à ce qu'on peut imaginer, la neige, ce n'est pas le pire, parce que quand il neige, il fait assez doux, en fait. Et puis la neige, pour être dehors, c'est chouette, les enfants, ils adorent, ils en raffolent, donc ce n'est pas le plus compliqué. Ce qui est plus compliqué, c'est l'humidité, par exemple. Je peux comprendre qu'en France, au bord de la mer, en Bretagne, l'humidité, c'est compliqué de rester dehors, mais il faut s'équiper, il n'y a pas de secret. Et j'ai cette chance aussi, c'est que en fin d'an, tu peux trouver tout ce qu'il faut forcément pour les enfants. Donc ils sont l'hiver en combinaison de ski, avec des chaussures, des bottes étanches. Ils ont les gants imperméables, la veste imperméable. ou le pantalon de pluie à bretelles. Ils ont tout ce qu'il faut. Et donc moi, je demande en début d'année une tenue complète pour sortir sous la pluie, qui reste à l'école. Donc ils viennent avec leur manteau ou leur combinaison le matin. Et puis en fait, selon la météo, comment ça tourne dans la journée, on adapte et on a tout ce qu'il faut sur place pour les protéger. mouillé en fait, puisque c'est ce qui est le plus difficile. Si tu as les pieds mouillés au bout de cinq minutes, tu ne peux pas rester trois heures dehors, c'est insupportable. Donc on a cette chance qu'ils sont bien équipés. et justement je pensais à l'après à mon retour en France et tout et du coup j'achète d'occasion des tonnes de bottes de pantalons de pluie, de vestes de pluie des chaussettes en laine pour mettre dans les bottes en caoutchouc parce que sinon ça fait un peu mal aux pieds voilà donc j'ai un gros gros stock c'est assez impressionnant pour préparer le retour, parce que je me doute bien que quand il faut équiper 20, 25 élèves ou 30 élèves, c'est compliqué, si tu attends que tout le monde soit équipé, tu ne peux pas sortir. Je comprends très bien ce que tu dis, des profs pensent à une trêve hivernale, mais après quand tu es bien couvert, ça va, si tu as un bonnet, surtout quelque chose sur la tête, pour ne pas perdre la chaleur du corps. et puis des vêtements imperméables pour ne pas prendre l'eau. Ça se fait bien quand les enfants sont dehors, ils courent, ils bougent, ils ne ressentent pas le froid. La limite, c'est plus nous les adultes, au bout d'un moment, on va bouger un peu, parce que si on reste trop statique, on va avoir froid, mais les enfants n'ont pas froid.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'il y a des choses, alors tu en as déjà dit, tu parlais notamment du fait que ça te faisait beaucoup de bien de ressentir moins de pression que ce que tu avais pu ressentir au niveau de ton travail durant tes années d'enseignement en France. En dehors de ça, est-ce qu'il y a des choses que tu as pu vivre, que tu as pu observer en Finlande, que tu aimerais particulièrement voir se mettre en place dans les écoles en France ? Est-ce qu'il y a des choses que toi, tu veux importer ? en disant que tu fais ton petit stock de vêtements, je comprends bien que tu envisages de faire classe en extérieur en revenant en France.

  • Speaker #1

    C'est impossible de revenir en arrière, je crois. Quand tu fais ça régulièrement et que tu vois tous les bénéfices auprès des enfants, je ne sais pas si c'est que moi, mais je ne suis pas une panne plus emmenée dehors. Ce n'est pas possible. Alors, ce que tu me demandes, en fait, c'est lié aussi à la pression, à faire baisser la pression. Je dirais, c'est prendre le temps. Ce n'est pas tout à fait la même chose. Mais prendre le temps, permettre aux enfants de prendre leur temps. Ça, c'est quelque chose que j'essaie d'appliquer. Alors, je pense que ce n'est pas toujours... encore un automatisme parce que voilà on est formaté on est tout le temps à les presser en fait pour tout tu vois il faut vite finir le travail l'exercice parce qu'il y a encore autre chose derrière parce qu'il faut sortir en récréation à l'heure parce qu'il faut alors je comprends il y a des contraintes et on peut pas y échapper mais quand c'est possible de leur laisser le temps voilà parce qu'en plus voilà chacun avance à son rythme Tout le monde ne fonctionne pas de la même manière et donc permettre aux enfants de prendre leur temps, c'est vraiment une grande richesse. C'est un cadeau pour eux, leur permettre ça. Et ça, je pense que si on pouvait permettre d'aller moins vite, tranquille.

  • Speaker #0

    je ne l'explique pas non mais c'est vrai qu'il suffit de le voir mais tu vois même sans parler de l'école à la maison tu t'en rends compte moi je trouve que les moments où on presse le plus les enfants c'est le matin notamment quand il faut se préparer pour aller à la crèche, pour aller à l'école et on sent bien qu'on n'est pas du tout sur le même rythme que eux qui ont besoin de temps pour s'habiller, qui ont besoin de moments de jeu entre le petit déjeuner et le moment où on met les bottes. Et ça, c'est quelque chose qui dure longtemps. Et nous, adultes, on le sent bien aussi. Quand on est stressé, le quotidien à toute vitesse, ça nous stresse.

  • Speaker #1

    Oui, oui, oui. Et il y a autre chose aussi que m'a apporté la Finlande, alors c'est peut-être pas spécifiquement la Finlande, mais en tout cas moi depuis que j'y suis, c'est avec ce climat, tu vois, de donner beaucoup de liberté aux enfants, d'autonomie, de conscience et tout. C'est aussi de toujours me demander quand un enfant me pose une question et que j'ai envie de lui dire non. c'est toujours me demander pourquoi j'ai envie de lui répondre non. Est-ce que c'est justifié, en fait ? Est-ce que ce n'est pas un automatisme ? Toujours cette histoire de formatage de prof. Est-ce que finalement, c'est embêtant si je lui dis oui ? Enfin, tu vois ce que je veux dire ? Et là, ça, c'est une position que je n'avais pas du tout avant de partir travailler en Finlande. Et tu vois, je me rends compte que j'ai évolué par rapport quelquefois à des remarques de collègues. Je pense notamment à quelque chose, mes élèves, comme ils ont du coup l'habitude de jouer dehors et tout ça, dans la cour de récréation, ils ont envie aussi de jouer avec des bâtons, et j'ai un collègue qui était de service de récré, qui revient me voir et qui me dit, je leur ai dit non pour les bâtons, parce qu'ils vont se battre, ils vont se faire mal et tout. Et en fait, je lui dis Oui, mais on peut en discuter parce que moi, je leur permets de jouer avec des bâtons. Après, il y a des règles. Évidemment, on ne se tape pas dessus avec les bâtons. Il y a une règle, c'est la taille du bâton. Si le bâton est plus haut que moi, je n'ai pas le droit de le porter dans la main. Je le tire derrière moi pour ne pas éborner quelqu'un en me retournant. Enfin, des petites règles comme ça. Mais ce n'est pas parce qu'il y a des règles que je vais interdire de jouer avec des bâtons. et du coup voilà j'en ai discuté avec lui par rapport à ça et il y a eu autre chose aussi qui avait été sujet de discussion c'est que toujours mes élèves j'en donne peut-être des mauvaises habitudes mais moi dans la cour de récréation en fait nous allions en terre en herbe en terre la cour on n'avait pas un bitumé on a aussi cette chance et du coup ils creusaient des rigoles dans la terre tu vois, donc ils pèlent des seaux pour le bac à sable mais ils les utilisaient pour aller creuser dans la terre et jouer pas dans le bac à sable et creuser des rigoles et du coup évidemment ça fait des trous un collègue me dit non mais moi j'aurais dit de reboucher ça d'arrêter et je lui dis ouais mais pourquoi il n'y a pas grand chose à faire dans la cour il n'y a pas beaucoup de jeux si leur jeu c'est de creuser des rigoles de faire passer de l'eau dans les trous enfin je sais pas, de construire des poutres et tout tu veux dire non en fait il risque de tomber je lui dis si il tombe c'est pas grave il va se prendre le pied dans le trou et la prochaine fois il regardera où il met ses pieds mais il n'y a rien de grave il ne peut pas se faire mal en fait et c'est toujours ce truc de se dire j'ai envie de dire non mais est-ce que ça sert vraiment à quelque chose est-ce que c'est justifié pourquoi pas quoi c'est assez merci C'est nouveau. En tout cas, avant la fin d'an, je ne réfléchissais pas comme ça. Je pense que c'est bon pour les enfants aussi, de réfléchir aux limites qu'on leur met.

  • Speaker #0

    Mais probablement que le fait que les enfants occupent une place centrale dans le quotidien des gens, des familles, qu'ils soient considérés à leur juste valeur. Nous, c'est vrai que dans notre culture française, on a plutôt tendance à écarter les enfants de tout, de l'espace public. on ne les écoute pas plus que ça, etc. Et du coup, quand tu replaces l'enfant au centre et que tu lui donnes sa place vraiment, tu vas l'écouter comme tu écoutes un adulte. Et tu vas faire preuve de plus d'empathie, tu vas essayer de comprendre pourquoi est-ce que lui, il a ce besoin-là, pourquoi est-ce qu'il s'exprime de cette manière. Et je pense que du coup, ça modifie, ça t'amène à faire un pas de côté et à réfléchir pourquoi est-ce qu'effectivement... Toi, tu peux dire non et tu peux l'empêcher de faire telle ou telle chose, qui sont des réflexes qu'on a.

  • Speaker #1

    et lui donner de la liberté d'action, des choses comme ça ça ne veut pas dire que tu ne le protèges pas parce que je l'observe et je vois s'il y a quelque chose à corriger dans sa posture qui risquerait de le mettre en danger je vais lui dire mais je ne vais pas être à côté à tendre les bras pour le rattraper des fois qu'il tombe il y a l'expérience l'histoire de les faire grimper aux arbres mais tu les verrais comment ils sont heureux ils sont trop fiers quelquefois ils montent à 50 cm du sol mais c'est un premier pas ils commencent à prendre confiance en eux à se lancer, à essayer de faire des choses qu'ils ne sont pas habitués à faire et on ne leur laisse pas la possibilité de le faire parce qu'on a peur pour eux ou alors tu vois moi je dis éplucher des bâtons avec des couteaux, je ne sais pas si on dit éplucher tu vois l'idée J'ai des petits couteaux et jamais personne ne s'est blessé. Alors après, je n'en mets pas 20, je ne les lâche pas à 20 dans la forêt avec 20 couteaux. Toujours pareil, il y a des règles. donc voilà c'est toujours assis par terre à côté de moi je regarde le geste toujours le couteau qui dans le sens du couteau vers le sol tu vois qui est plus vers le sol pas vers le visage tu corriges le mouvement mais tu ne vas pas empêcher de faire et tu ne vas pas lui dire attention attention parce que c'est hyper stressant et ils sont trop fiers de la conscience que tu leur accordes et cette relation en fait elle change du coup entre l'enseignant et l'enfant. Cette relation de confiance, tu l'as en classe aussi après. Et cette confiance que j'ai réussi à leur accorder en lâchant prise dehors, eh bien aussi ça se répercute en classe, quand eux ils ont des envies particulières, c'est-à-dire que je leur demande de lire un texte pour répondre à des questions après par exemple, est-ce que je peux aller dans le couloir le lire ? Eh bien oui si tu veux, si ça te fait plaisir, si ça te permet de le lire plus tranquillement. voilà pourquoi pas en fait c'est pourquoi pas je me dis toujours quand on me demande quelque chose qui peut me paraître un peu incongru ou pas nécessaire pourquoi pas en fait s'il me le demande que ça ne met pas en danger que ça ne gêne personne, pourquoi pas

  • Speaker #0

    Et les enfants, en fait, ils te remercient en contrepartie de cette conscience, de cette liberté, cette autonomie que tu leur accordes. Dans leur comportement, tu vois, ça fait une chouette ambiance.

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait. Muriel, on arrive à la fin de notre échange, mais avant de nous quitter... J'avais envie de te poser une question relative à tes projets, puisque tu disais tout à l'heure que l'école dans laquelle tu es actuellement va probablement fermer d'ici un an. Du coup, quels sont tes projets ? Est-ce que tu envisages de poursuivre dans l'enseignement ? Est-ce que tu envisages un éventuel retour en France ?

  • Speaker #0

    Alors oui, j'envisage le retour en France. J'avoue que je stresse un petit peu parce que les conditions de travail, je les connais en France. Je ne suis pas hyper ravie à l'idée de retourner enseigner. comme j'enseignais avant, mais en fait, je ne vais plus enseigner comme j'enseignais avant. Donc, c'est aussi ce que je me dis pour me rassurer, tu vois. Mais bon, c'est les conditions de travail qui sont quand même assez compliquées en France. Donc, voilà, je garde en tête, évidemment, que je continuerai à faire la pédagogie par la nature. C'est indispensable, ce n'est pas envisageable d'arrêter ça. Mais j'ai en tête aussi d'ouvrir une école de la forêt ou quelque chose, une structure en tout cas en extérieur. J'ai ça en tête depuis plusieurs années. C'est aussi pour ça que j'ai fait le compte Instagram. C'est pour montrer un peu ce qu'il est possible de faire et pour éventuellement convaincre d'autres personnes à se joindre à moi pour monter un projet. J'aimerais bien monter quelque chose sur un terrain boisé, proposer un accueil en extérieur, soit type école, mais si c'est trop compliqué, au moins l'accueil de famille, des accueils de classe ou de crèche, de structure pour des enfants handicapés, des EHPAD, enfin tu vois, d'accueillir du public. pour leur faire découvrir les bienfaits d'être dehors, de profiter de la nature, de faire des activités en extérieur. C'est un peu mon objectif.

  • Speaker #1

    Trop chouette ! Je te remercie infiniment pour cet échange. Le fait que tu sois baignée dans une autre culture avec une approche de l'éducation en général différente de celle qu'on a en France. C'est hyper riche et ça apporte vraiment un éclairage différent et lors des prochaines rencontres du RPPN, quand tu seras de retour, tu auras plein de choses à nous partager, à nous apporter. Et tu vois, moi, c'est évidemment des pays que je regarde beaucoup, dont je suis l'actualité, parce qu'ils font les choses autrement et que ça a l'air quand même de bien fonctionner. Et je parle surtout d'un point de vue de l'épanouissement des familles, des enfants et des professionnels. et là à t'entendre ça me donne encore plus envie d'aller explorer de ce côté là tout comme toi pour le moment j'ai des contraintes mais je l'ai dans un coin de ma tête et peut-être qu'un jour je

  • Speaker #0

    ferai le pas d'aller explorer de ce côté là j'espère si ça peut donner envie c'est chouette faut pas hésiter en fait faut pas avoir peur c'est surtout ça pour Si on a envie, il faut y aller. Tout se met en place au fur et à mesure, tranquillement, petit à petit. Et on ne voit que des bénéfices, des bienfaits pour tout le monde, pour les enseignants comme pour les élèves. Donc, il ne faut pas s'en priver.

  • Speaker #1

    Oui, c'est clair. et ben merci beaucoup je crois que tu es en vacances actuellement et ben je te souhaite de bonnes vacances et à très bientôt merci

  • Speaker #2

    à toi pour tout ce que tu fais merci à toutes et à tous pour votre écoute j'espère que cette discussion vous a plu et qu'elle éveille en vous une certaine curiosité pour l'éducation en plein air voire même, peut-être, une envie de militer pour qu'elle se répande davantage. Pour en savoir plus sur mon invité du jour, je vous invite à vous rendre sur le site pédagogieduvivant.fr. Vous y trouverez toutes les infos à son sujet, ainsi que ses recommandations. Sur ce, je vous donne rendez-vous la semaine prochaine pour un nouvel épisode. Et d'ici là, n'oubliez pas, sortir, ça ne doit être que du kiff ! Allez, ciao ciao, à bientôt !

Chapters

  • Introduction

    01:10

  • Présentations

    02:17

  • Souvenirs d'enfance

    03:27

  • Parcours professionnel

    04:41

  • Installation en Finlande

    07:24

  • Portrait d'école

    10:37

  • L'enseignement en Finlance

    12:36

  • Aménagements extérieurs des écoles

    19:17

  • Démarrage de la classe dehors

    22:17

  • Rituels et pratiques

    29:54

  • Le climat

    43:37

  • Changement de regards sur l'enfance

    47:48

  • Retour en France

    58:05

  • Remerciements

    01:00:25

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Description

Aujourd'hui, je vous propose un échange avec Muriel qui après 25 ans d'enseignement en France a fait le choix de s'expatrier en Finlande où elle vit depuis maintenant 9 ans. 


Si elle enseigne au sein d'une école française, la culture finlandaise, et notamment le regard qu'elle porte sur l'enfance, a profondément bouleversé sa posture et son approche pédagogique. Entre un rythme scolaire allégé, des temps réguliers passés en extérieur et une notion des apprentissages différente, Muriel a retrouvé un bien-être qu'elle avait perdu lors de ses dernières années d'enseignement en France, pressée par les exigences et le manque de temps. 


Dans cet échange, elle nous partage son quotidien, ses observations, sa pratique de la pédagogie par la nature à travers des anecdotes qui nous plongent directement dans sa classe. 


Mais je dois vous prévenir : ce que vous allez entendre risque fort de vous donner l'envie de boucler votre sac et de partir vous immerger dans un pays où les forêts sont reines...! 


Pour retrouver toutes les infos et les recommandations de Muriel, rendez-vous sur www.pedagogieduvivant.fr


Très belle écoute ! 🌿


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue sur le podcast Enfants sans nature, le podcast qui parle d'éducation en plein air. Je m'appelle Claire et chaque semaine, je reçois ici un ou une pédagogue qui nous partage son expérience en matière d'éducation hors des murs. Famille, professeurs des écoles, éducateurs, animatrices, ces conversations ont pour but de transmettre et diffuser des pratiques diverses et variées qui tendent toutes vers un objectif, permettre aux enfants de passer un maximum de temps en extérieur et plus particulièrement au contact de la nature. Si vous souhaitez soutenir le podcast, n'hésitez pas à laisser un avis ou 5 étoiles sur votre plateforme d'écoute et surtout, surtout... à le partager autour de vous pour disséminer les graines de l'éducation en plein air. Je vous souhaite une très belle écoute. Aujourd'hui, je vous propose un échange avec Muriel, qui après 25 ans d'enseignement en France, a fait le choix de s'expatrier en Finlande, où elle vit depuis maintenant 9 ans. Si elle enseigne au sein d'une école française, la culture finlandaise, et notamment le regard qu'elle porte sur l'enfance, a profondément bouleversé sa posture et son approche pédagogique. Entre un rythme scolaire allégé, des temps réguliers passés en extérieur et une notion des apprentissages différentes, Muriel a retrouvé un bien-être qu'elle avait perdu lors de ses dernières années d'enseignement en France, pressée par les exigences et le manque de temps. Dans cet échange, elle nous partage son quotidien, ses observations, sa pratique de la pédagogie par la nature, à travers des anecdotes qui nous plongent directement dans sa classe. Mais je dois vous prévenir, ce que vous allez entendre risque fort de vous donner l'envie de boucler votre sac et de partir vous immerger dans un pays où les forêts sont reines. Bonjour Muriel !

  • Speaker #1

    Bonjour !

  • Speaker #0

    Bienvenue sur le podcast, je suis très contente de t'accueillir aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Moi aussi.

  • Speaker #0

    Alors écoute, pour commencer, est-ce que tu peux nous dire dans quel coin tu vis et en quelques mots, pour le moment, ce que tu fais dans la vie ?

  • Speaker #1

    Alors j'habite et je travaille en Finlande. Voilà, je suis professeure des écoles, enfin j'étais institutrice, dans mon cœur je suis toujours institutrice, mais officiellement je suis professeure des écoles. Et je travaille dans une école française en Finlande depuis 9 ans maintenant. Sinon je suis prof depuis 35 ans.

  • Speaker #0

    Tu vas nous raconter un petit peu ce parcours. Bon, c'est vrai que du coup, il y a quelques kilomètres qui nous séparent. Tu es pour le moment l'invité la plus loin que j'ai pu recevoir sur le podcast. Mais c'est chouette parce que justement, on va croiser un petit peu les expériences, les approches, les cultures. Avant qu'on aborde ton expérience en tant qu'enseignante en France et en Finlande, est-ce que tu veux bien nous dire quels sont tes souvenirs d'enfance en nature ? Qu'est-ce qui ressort ? Est-ce que tu étais une enfant qui passait beaucoup de temps dehors ? Est-ce que c'est venu plus tard ?

  • Speaker #1

    Alors, mes souvenirs en nature, ils sont... très marqué parce que en fait c'était une échappatoire voilà j'étais pas bien chez moi et en fait j'attendais avec impatience les moments où on pouvait aller se promener notamment dans la forêt de Fontainebleau et j'en garde vraiment des souvenirs très très forts de respiration, de bouffe et d'oxygène ça me faisait beaucoup de bien dans cette enfance qui était un peu compliquée donc c'est vraiment un souvenir très tendre et très... salvateur quelque part, la nature, c'était important. Je ne mesurais pas beaucoup à l'époque, mais en l'appendissant, je me suis rendue compte à quel point ça m'avait vraiment beaucoup aidée.

  • Speaker #0

    Alors après, en grandissant, du coup là tu as dit que ça faisait 35 ans que tu enseignais. Est-ce que tu veux bien revenir sur ce parcours de professeur des écoles jusqu'à aujourd'hui où tu enseignes en Finlande ?

  • Speaker #1

    C'était une vocation depuis toute petite. Comme beaucoup de petites filles, je disais que je voulais être maîtresse quand je serai grande. J'ai toujours gardé ça en tête, ce cap de devenir maîtresse. J'ai réussi à le faire, donc j'étais très heureuse. J'ai commencé en région parisienne. Et puis rapidement j'ai obtenu ma mutation pour la Lausère, donc je suis partie 14 ans en Lausère. Donc c'était déjà bien la nature, la campagne, ça m'a fait beaucoup de bien après la région parisienne. Et puis j'avais déjà en tête de demander une expatriation, mais bon c'était pas trop possible avec ma vie de famille. Voilà, c'était pas, comment dire, un souhait conjoint. Donc, j'ai attendu, attendu, je l'ai gardé dans un coin de ma tête, que j'avais vraiment envie quand même d'aller voir ailleurs, découvrir d'autres façons de faire, d'autres gens. Et puis, après la Lauserre, je suis partie sur Clermont-Ferrand, et là j'ai demandé, j'ai fait un dossier auprès de la Mission laïque française. pour demander une expatriation. Alors j'avais fait quelques voeux, ça n'a pas abouti. Et puis j'ai eu de la chance, fin juin, on m'a appelée pour me proposer une création de poste en Finlande. Donc je n'avais pas du tout imaginé, je ne m'étais pas projetée spécialement en Finlande. Mais voilà, j'ai saisi l'occasion, j'ai regardé où c'était sur la carte, parce que je savais vaguement. Comme pas mal de gens finalement, on sait que c'est tout à fait au nord de l'Europe, mais exactement. J'ai regardé, j'ai dit, allez, pourquoi pas, je tente. Et donc, c'était un petit peu le fruit du hasard, concernant en tout cas le choix de la Finlande.

  • Speaker #0

    A priori tu t'y sens bien si ça fait 9 ans que t'es là-bas finalement ce choix qui s'est présenté à toi avait l'air d'être plutôt bon

  • Speaker #1

    C'est ça, je pense aussi j'ai retrouvé, j'ai découvert un pays très nature donc ça m'a bien rappelé la Lauser et ça fait beaucoup de bien comme tu dis si j'y suis encore c'est que j'y trouve mon compte et que je m'y sens bien Merci

  • Speaker #0

    Et bien justement, est-ce que tu veux bien nous raconter ton installation en Finlande, notamment en tant que professeur des écoles, tous les changements que ça a amené, comment est-ce que tu t'es acclimaté à ce nouvel environnement ?

  • Speaker #1

    Alors la Finlande c'est ce qu'on pourrait appeler une expatriation assez facile parce que bon ça reste l'Europe, tu changes pas de monnaie, tu continues à rouler à droite en voiture, enfin tu vois c'est tous ces petits trucs qui font que là-dessus ça te dépayse pas beaucoup. Après, c'est un pays qui n'a même pas 6 millions d'habitants, donc vraiment très peu peuplé. Ça fait une qualité de vie vraiment extraordinaire parce que tu ne connais plus les embouteillages, tu ne fais plus la queue au supermarché. C'est tranquille, c'est un pays qui est facile à vivre. pas de pression, c'est le calme, la sécurité aussi, tu te sens tout à fait en sécurité, et puis après les Finlandais, ils sont très gentils, après ils sont un peu difficiles d'accès, Ils ne vont pas venir vers toi spontanément comme ça, ils vont te laisser tranquille. Si tu as besoin d'aide et que tu leur demandes de l'aide, il n'y a pas de souci, ils t'aideront avec plaisir. Mais ils ont un caractère assez introverti. et ça se traduit quand même tu vois, tu les croises dans la rue il ne va pas y avoir d'échange de regard voire même ils vont détourner le regard ils sont une espèce d'un peu de timidité de réserve au premier abord ça des fois c'est un peu compliqué et puis il y a la barrière de la langue ça parle le chinois c'est compliqué là je tente bien de l'apprendre mais C'est compliqué, c'est difficile même si ça fait 9 ans que j'y suis, je ne parle pas. En plus, on a beaucoup de chance parce que tout le monde parle anglais. Les enfants, les adultes, les personnes âgées, quand on est dans un magasin, on arrive à switcher en anglais directement, TD. Donc c'est assez facile du coup de communiquer.

  • Speaker #0

    Et oui, c'est sûr que ça t'oblige pas à parler. apprendre la langue et c'est finalement plus confortable mais bon c'est vrai que les quelques fois où j'ai pu voir des mots en finnois c'est quand même pas ça n'a pas l'air si facile que ça quoi c'est pas une langue qu'on connait c'est

  • Speaker #1

    le hongrois qui se rapprocherait le plus donc le hongrois personnellement je ne parle pas non c'est très particulier comme langue

  • Speaker #0

    Et donc, du coup, tu disais que tu es installée dans une école française. Est-ce que tu peux nous parler un petit peu de cette école ? Depuis quand est-ce qu'elle existe ? Comment ? Combien de classes ? Etc.

  • Speaker #1

    Alors, c'est une école... Déjà, je me trouve à Aoma. C'est sur la côte ouest de la Finlande face à la Suède. Donc, c'est en bord de mer. et comme la Finlande c'est aussi beaucoup de forêts, beaucoup de lacs, du coup j'ai la chance immense d'avoir à la fois la mer, la forêt, les lacs, le paysage il est assez chouette. Pour l'école, elle existe depuis 2005. C'est une école française qui est uniquement ouverte aux Français. Donc c'est aussi la difficulté pour s'intégrer dans le pays. C'est que je travaille dans un milieu francophone toute la journée avec des collègues français, des collègues aussi étrangers, mais surtout des collègues français. Et voilà, il y avait quatre classes, je crois, quand je suis arrivée. Elle est ouverte pour des familles d'ingénieurs français qui travaillent là-bas. Et donc elle est vouée aussi à fermer quand le chantier sera terminé. Et c'est possible que ce soit l'année prochaine. Donc c'est une école où les effectifs se réduisent au fur et à mesure. Et donc là maintenant, aujourd'hui il y a trois classes, l'année prochaine il n'y en aura plus que deux.

  • Speaker #0

    D'accord, c'est une école temporaire en fait.

  • Speaker #1

    C'est ça.

  • Speaker #0

    Alors, du coup, dans cette école, est-ce qu'on est l'approche pédagogique, la manière d'enseigner ? Est-ce qu'on se rapproche vraiment de ce qui se fait en France ou est-ce qu'il y a quand même des inspirations ? Déjà, est-ce qu'il y a une conception différente de l'enseignement en Finlande ? Est-ce que toi, tu l'as ressenti même si tu travailles dans une école française ? Et du coup, comment est-ce que dans cette école ? Quelle est l'approche pédagogique, le projet pédagogique de l'école ?

  • Speaker #1

    C'est une école française qui applique les programmes français. Le but, c'est vraiment de permettre aux enfants qui sont scolarisés de pouvoir éventuellement retourner demain en France et s'intégrer facilement dans l'école française dans laquelle ils seront. Donc là dessus ça ressemble beaucoup à ce que l'on peut trouver en France. Maintenant les enseignants ont leur approche spécifique, chacun met un petit peu de sa patte, et quand tu vis en Finlande, forcément tu es imprégné de ce que tu vois autour de toi. et ça se ressent dans la classe. En tout cas, moi, c'est comme ça que je vois l'expertisation, c'est-à-dire, ce n'est pas de rester dans sa bulle française, de reproduire tout à l'identique à la française, mais essayer de s'enrichir de ce qui se fait dans le pays, de ce qu'il y a de bien, pour l'appliquer soi-même dans la classe, ou hors de la classe, justement. Concernant l'enseignement finlandais, oui, il y a quand même beaucoup de différences. Et c'est vrai que c'est intéressant de découvrir ça, de voir ce qui fonctionne. Et ce qui est assez flagrant, c'est la bienveillance. Maintenant, quand même, en France, c'est quand même... comment dire, une notion qui est fondamentale dans les écoles, en tout cas j'espère que ça se fait partout, mais il y a un moment quand même qu'on sait qu'il faut quand même permettre à l'enfant de se sentir bien, le bien-être dans la classe, dans la tête de l'enfant, pour lui permettre justement d'acquérir les apprentissages. Mais en Finlande, c'est vraiment plus que central, c'est le maître mot, et c'est de permettre aussi à l'enfant d'aller à son rythme, Il n'y a pas la pression comme en France, je trouve, dans les écoles finlandaises. Alors déjà, tu vois, ça commence dès la naissance, le congé parental. Il existe pendant 14 mois pour les deux parents. Chaque parent peut prendre 14 mois de congé parental. C'est déjà énorme. Il y a très peu d'enfants qui sont gardés bébés par des nounous ou à la crèche. C'est les parents qui gardent les enfants. C'est une politique du pays, en fait. Et ensuite, tu n'as pas d'école maternelle. Tu n'as que la crèche jusqu'à 7 ans. C'est vrai que ça questionne beaucoup les Finlandais de voir que nous on scolarise les enfants dès 3 ans avec vraiment des règles, enfin je dis le système à la française quoi, c'est pas nous particulièrement, voire même ça les choque de voir que les enfants doivent suivre un rythme quand même assez cadré dès 3 ans. Pour eux la crèche c'est quand même une garderie. Et on propose bien sûr des activités aux enfants, mais enfin, vraiment, chacun choisit de faire, de ne pas faire. Il n'y a absolument rien d'obligatoire, on respecte le rythme des enfants. Et voilà, on pourrait dire l'enfant est roi jusqu'à 7 ans. Vraiment, c'est très détendu, aucune pression, aucune attente particulière. Alors à 7 ans, c'est l'école qui commence, donc ça pourrait correspondre à notre CP. Donc nous, 7 ans, c'est le C1. Ce qui veut dire que les enfants apprennent à lire l'équivalent du CE1 pour nous, un an plus tard. Donc, sept ans, c'est l'école. Et leur école, elle regroupe notre école élémentaire plus le collège. Pendant neuf ans. Neuf ans, c'est l'école. Et toutes les connaissances qui se passent durant l'école. en fait les connaissances sont plus des connaissances de base, enfin comment dire en quantité il y a beaucoup moins de choses c'est beaucoup plus réduit qu'en France toujours une histoire de pression aussi tu vois chacun à son rythme, tranquillement et par contre il favorise beaucoup le travail en petits groupes, donc forcément si tu as des effectifs réduits tu fais du meilleur travail c'est évident Donc beaucoup d'heures de classe en petits groupes et beaucoup d'aides individualisées, de soutien, vraiment, vraiment beaucoup. Et ce qui fait qu'ils sont très forts pour... Ils réduisent énormément les inégalités sociales comme ça.

  • Speaker #0

    Et du coup, ça veut dire que côté adulte, il y a des petits groupes et est-ce qu'il y a plusieurs enseignants de classe ? Comment ça se passe ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. Il y a plus d'enseignants qu'en France. Oui, plus d'enseignants, moins d'élèves. Même la journée de classe qui se déroule, les différentes finissent très tôt la journée. Vers 14 heures, c'est terminé la classe. Nous, on finit à 14h45 et je crois qu'on finit plus tard que les Finlandais. Oui. les journées c'est différent, vraiment tout est différent parce que un cours n'excède pas 45 minutes c'est 45 minutes et 15 minutes en récréation dehors à chaque fois ok tu vois déjà ce rapport à l'extérieur à la nature il est là dès l'enseignement À la crèche, à l'école, il y a déjà ce rapport assez fort avec la nature. Les enfants sortent toutes les 45 minutes, ils peuvent se débourdir, ils peuvent aller prendre l'air. Il y a beaucoup d'autonomie, de confiance, de liberté dans les écoles. Par exemple, les récréations ne sont pas surveillées, les enfants. Dans le sens de l'école française, où tu vas avoir deux adultes dans la cour. Là, non, tu vois, on peut regarder par la vitre ce qui se passe dehors, mais pas sortir. Pour nous, ce n'est pas ce qu'on trouve dans notre école. Mais là, je te dis vraiment ce qui se passe dans les écoles finlandaises.

  • Speaker #0

    Et elles ressemblent à quoi, du coup ? Enfin, les espaces extérieurs des écoles finlandaises, ça ressemble à quoi ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est intéressant parce que ce n'est pas fermé. Toutes les cours de récréation sont ouvertes. Alors soit il n'y a pas du tout de clôture, de mur, de délimitation. Soit il n'y en a pas du tout, soit s'il y en a, ce n'est pas fermé à clé. Donc n'importe qui peut entrer dans la cour et sortir n'importe quelle heure du jour ou de la nuit. C'est un espace public, la cour de récréation.

  • Speaker #0

    C'est vraiment une manière, une toute autre manière de penser le lieu de l'école.

  • Speaker #1

    Oui, oui, oui. Je pense que ça va au-delà de l'école dans ce pays. C'est vraiment dès la naissance de l'enfant, pour toute la vie, c'est une façon d'être comme ça chez eux. Les apprentissages, les enfants continuent à avancer à leur rythme. Donc, ce n'est pas un problème. Il n'y a pas à être en retard. Tout ça, ce n'est pas un souci. On ne le fait pas ressentir comme ça aux enfants. D'ailleurs, avant, je crois que c'est 12 ans, ils ne sont pas notés, les enfants, à l'école. Il n'y a pas de compétition. On ne se compare pas les uns aux autres. Ils ont un peu de devoir aussi à la maison. Et puis quand ils ont fini leur journée à 14h ou 15h, ils sont autonomes, donc ce ne sont pas les parents qui vont venir les récupérer à la sortie. D'ailleurs, ils viennent aussi le matin seuls, donc ça peut être à pied, à vélo. Dès 7 ans, on voit des petits bouts à vélo un peu partout, ou en bus scolaire si c'est un petit peu éloigné, le domicile. Et puis là, ils vont faire des activités sportives, manuelles, musicales, beaucoup de choses qui sont proposées par les villes. Donc, ils ont un grand choix d'activités après l'école.

  • Speaker #0

    Écoute, merci pour ce portrait qui, de toute façon, même sans partir aussi loin, parce que c'est vrai qu'on parle souvent des pays du nord de l'Europe qui accordent une place à l'enfant qui est... tout autre que celle que nous on accorde en France, mais même sans partir, nos pays voisins ont déjà des rythmes différents. Je crois qu'en Suisse, c'est pareil, l'école obligatoire commence qu'à 5 ou 6 ans. En Allemagne, les journées sont plus courtes. Il y a quelques exemples comme ça. En France, on est beaucoup plus dans la contrainte très tôt pour les enfants. Et c'est vrai que, ben voilà, quand tu vois des petits bouts de deux ans et demi, trois ans qui entrent à l'école, qui se font du 8h, 16h30, c'est lourd de soi. Du coup, Muriel, si je te reçois aujourd'hui sur le podcast, c'est parce que tu passes du temps dehors avec les enfants que t'accompagnes. Avant de t'installer en Finlande, est-ce que tu enseignais déjà en extérieur ?

  • Speaker #1

    Non, pas du tout. Pas du tout. Disons que j'ai passé beaucoup d'années où j'étais stressée par les programmes que je ne maîtrisais pas encore. Tu changes de niveau, alors à nouveau, c'est des nouveaux programmes que tu dois appréhender. Et je me sentais sous pression, tu vois. Je parle beaucoup de pression parce qu'en fait, vraiment, la Finlande, ça m'a aidée à ça, quoi. Ça m'a aidée à respirer, à me tranquilliser, à prendre mon temps. Et en France, je me sentais vraiment tout le temps sous pression. Il faut vite finir les programmes. comment je vais faire, ceux-là ils n'arrivent pas à suivre, comment je vais pouvoir les aider, mais en même temps je vois que les autres ils avancent, enfin je ne sais pas si c'est pour tout le monde pareil, mais en tout cas moi je me sentais vraiment sous pression tout le temps, et pas du tout du coup ouverte à d'autres pédagogies, j'étais déjà débordée par ce que j'avais à faire, et ça ne me laissait pas de place pour m'ouvrir sur d'autres choses. Et en arrivant en Finlande et en voyant les enfants dehors, on croise facilement. De la fenêtre de ma classe, j'ai eu la chance d'avoir un parc, un petit bois. Je vois souvent des groupes classes qui viennent là et tu commences à t'interroger, à te dire ah oui, ils sortent souvent et puis avoir envie de savoir qu'est-ce qu'ils font, pourquoi ils font ça. Et en fait, il y a eu tout un ensemble de choses qui a fait que, avec des lectures, j'avais lu un article sur le syndrome du manque de nature, ça m'a eu beaucoup d'air. ...intéressé, l'un de Richard Louvre qui avait fait connaître ça. d'autres lectures j'avais lu des conversations de Louis Espinassou laisser les grimper aux arbres ça ça m'avait beaucoup plu et ah oui l'envoyé spécial que j'avais vu aussi je crois que c'est en 2018 quelque chose comme ça je sais pas si tu as vu ça mais ça s'appelait comment les enfants deviennent accros aux écrans ou sont devenus accros aux écrans quelque chose comme ça ça m'avait marqué et en fait tout s'est mis en connexion dans ma tête et je me suis dit mais oui Mais il y a quelque chose à faire en fait, il faut réagir. En fait, quelque part, je me suis dit, c'est notre rôle aussi, les enseignants, de... D'essayer de réussir par rapport à tous ces problèmes et de faire quelque chose. Et bon, après, j'ai eu beaucoup de chance. C'est que j'ai pu être en contact avec une éducatrice, je ne sais pas s'ils appellent ça professeur dans les crèches en Finlande, mais qui avait un groupe d'enfants de dernière année de crèche, donc 6 à 7 ans, et qui, elle, fait vraiment classe toute la semaine. Qui accueille les enfants dehors toute la semaine. Les enfants arrivent à la crèche à 7h, 7h30, 8h. Jusqu'à 9h, ils restent à l'intérieur de la crèche. Et à 9h, ils sortent et ils restent jusqu'à 13h dehors tous les jours, toute la nuit. Et voilà, je me disais, mais comment elle fait ? En fait, je sentais que j'avais envie, mais je ne me sentais pas capable. Et on a demandé si c'était possible de venir, de venir voir. Et donc, j'ai arrivé avec ma classe. Elle m'a accueillie plusieurs fois. Ensuite, je l'ai accueillie aussi plusieurs fois. Et puis, voilà, ça a été le déclic, en fait, qui m'a permis de me lancer, de ne plus avoir peur et de me lancer. parce que je sentais que c'est ce qu'il fallait faire, mais je ne savais pas comment m'y prendre. Et en plus, je n'ai pas du tout de connaissances naturalistes, je n'y connais rien. Donc voilà, depuis que je fais ça, j'apprends au fur et à mesure, je découvre avec les enfants, je me renseigne, je leur montre aussi que je ne sais pas tout et j'aime bien cette idée-là d'être plus accompagnatrice que la personne qui dispense le savoir. Donc c'est vraiment une posture qui me plaît beaucoup et je trouve vraiment très intéressante avec les enfants. J'ai pu voir comment elles s'y prenaient. Ils mangent dehors tous les jours, ils se font livrer, c'est assez hallucinant, ils se font livrer les repas sur une petite charrette qui tire comme ça à la monte, la petite carriole qui arrive, et puis il y a une petite maison où ils allument le feu dedans, ils appellent ça une cota. C'est une toute petite maison octogonale. Tu as vraiment le feu au centre et les enfants se mettent tout autour. Ils se mettent au chaud, ils prennent le repas à l'intérieur. Ensuite, ils retournent dehors jusqu'à 13h. À 13h, ils rentrent dans les locaux de la crèche. Là, c'est vraiment une classe. Ce n'est pas toute la crèche qui est dehors. En fait c'est surtout ça en Finlande, c'est que tu as beaucoup beaucoup beaucoup d'enseignants qui font des activités dehors mais pas forcément toute la semaine du matin au soir quoi.

  • Speaker #0

    D'accord, et du coup toi tu as commencé par quoi quand tu t'es dit j'ai aussi envie, ça me donne envie de sortir est-ce que...

  • Speaker #1

    Je me suis renseignée en fait j'ai beaucoup lu de choses et donc j'ai vu qu'il fallait partir sur quelque chose de récurrent un rendez-vous qui revient toutes les semaines donc j'ai instauré le lundi après-midi Donc le lundi après-midi, depuis des années maintenant, après la cantine, on sort midi et quart, on s'habille, on sort jusqu'à 14h45, ça fait deux heures et demie. Et donc voilà, un rendez-vous qui revient chaque semaine. Et c'est marrant, c'était vraiment chouette parce que ce rendez-vous régulier m'a permis moi de me lancer. Et j'ai vu l'évolution des enfants qui n'étaient pas habitués, qui ne connaissaient pas ça. Donc tu vois les enfants, tu les lâches la première fois. ça crie, ça hurle même, ça court partout. Puis alors moi, je m'étais mise en apnée. Je les vois commencer à partir dans tous les sens. C'était trop là, là, là, là. Secours ! Est-ce qu'on va les récupérer tous ? Est-ce qu'il va se passer quelque chose ? Est-ce qu'il va y avoir un accident ? Enfin, tu vois, toutes les interrogations légitimes d'un professeur qui n'est jamais sorti ou presque, et puis qui a peur, quoi. C'est normal, hein ? Il faut lâcher plus en fait. Et donc ce rendez-vous, le fait qu'il soit régulier, au fur et à mesure des semaines, j'ai vu les enfants se calmer. Il n'y avait plus cette urgence de profiter. C'était, on sait maintenant qu'on va faire des choses aujourd'hui, et puis si on n'a pas le temps de faire tout, ce n'est pas grave parce que ça va recommencer la semaine prochaine. Il y avait quelque chose de cet ordre-là.

  • Speaker #0

    c'était chouette à voir et du coup sur ces 2h45 c'est ça ? 2h30 sur ces 2h30 est-ce que il y a des rituels que vous avez mis en place justement des choses qui reviennent tous les lundis ?

  • Speaker #1

    oui alors déjà les premières fois tu vois j'ai fait le Comme ce n'est pas clôturé, ce n'est pas fermé les espaces, j'ai fait un peu le tour avec eux de l'espace justement qu'on avait à disposition. En premier, je suis allée du coup dans le petit parc que je te disais que je voyais de la fenêtre de ma classe, donc vraiment tout près de l'école. donc c'est un bois il y a une partie plate fait parc quoi et puis des rochers et un bois donc c'est extraordinaire et donc avec les enfants on a exploré en fait le périmètre et puis j'ai déterminé avec eux les limites qui sont pas physiques mais mais voilà en disant bon bah là vous voyez à partir de là il faut vous arrêter en fait on n'allait pas plus loin là il y a la route donc non interdit enfin on a fait un peu le le tour pour voir ce qui était permis, ce qui n'était pas. Et puis, quelques règles de sécurité, mais pas beaucoup au départ, parce qu'en fait, ça s'est construit au fur et à mesure des séances, plutôt les règles de sécurité. Donc, on s'est aperçu que, voilà, quand on sortait sous la pluie, grimper sur les rochers avec les bottes en caoutchouc, c'était dangereux, ça glissait. Donc, voilà, ça, ça a été une règle qui est vite arrivée. Et bon, quand on sort et qu'il pleut, je leur demande de rappeler les règles qu'il faut appliquer ce jour-là avec la pluie. Ça revient vite. Et puis, ce sont des règles qui ne sont pas transgressées, parce qu'ils se rendent compte que sinon, ils vont glisser, ils vont tomber, ils vont se faire mal aux fesses. Tout bêtement, ce ne sont pas des règles pour contraindre, mais ce sont des règles pour les mettre en sécurité. voilà donc c'était plus ça on a fait un peu tout ça et puis j'ai un petit peu tâté le terrain, c'est le cas de le dire voir un petit peu ce qu'on avait à disposition et surtout je me suis lancée dans des activités où je me sentais à l'aise, voilà parce que au départ tu te dis, mais qu'est-ce que je peux faire dehors alors apparemment on peut tout faire dehors, mais moi qu'est-ce que je vais pouvoir faire donc en fait il ne faut pas non plus se mettre de pression puis il faut se dire voilà, si je suis plus à l'aise, je ne sais pas, en sciences, ou je dis n'importe quoi, je vais chercher des activités qui concernent spécialement, spécifiquement les sciences, et puis pour le reste, ça viendra au fur et à mesure. Au départ, je préparais beaucoup trop, beaucoup, beaucoup trop de choses. C'est toujours cette peur de l'enseignant qui doit tout avoir préparé. Enfin, moi, je l'ai entendu plein de fois de la part d'inspecteurs, vraiment, tout doit être préparé au millimètre près, il n'y a pas de place pour l'imprévu. Et là en fait c'est tout le contraire cette philosophie de la pédagogie par la nature. C'est vraiment qu'il faut apprendre, il faut préparer des choses, mais il faut aussi apprendre à lâcher prise et à se permettre de saisir les opportunités, les opportunités que la nature va te proposer ou simplement... Les enfants, à chaque fois, ils ont une découverte, quelque chose, ils vont ramener quelque chose qu'ils ont trouvé, ou ils ont observé quelque chose, ils vont poser des questions et rebondir dessus, et ça va apporter des connaissances, et ça va permettre aux enfants d'expérimenter des choses. et de mémoriser à long terme parce que clairement je me suis bien aperçue que tout ce qu'ils apprennent dehors, ils l'apprennent et ils l'ont en tête pour toujours, c'est impressionnant. Quand tu vois un petit oiseau, qu'on peut l'observer, qu'ils le dessinent, qu'on cherche ce que c'est comme oiseau, ou sinon si toi tu es en classe et que tu projettes l'image de l'oiseau et tu dis ça c'est une maison charbonnière, franchement ça ne fait pas du tout le même effet. ils s'en souviennent quand ils l'ont vu dehors, qu'ils l'ont dessiné, qu'ils l'ont écouté, qu'ils le revoient, qu'ils l'observent. Ça n'a rien à voir, quoi.

  • Speaker #0

    Et oui, on dit bien... En pédagogie par la nature, c'est l'expérience. Et puis nous-mêmes, même adultes sans être enfants, ce qu'on va vivre vraiment, ce qu'on va rencontrer dans notre quotidien va bien plus nous marquer que ce qu'on va pouvoir lire dans des livres. Et d'ailleurs, avec le recul, tout ce qu'on a pu apprendre par cœur à l'école, on ne s'en souvient pas du tout.

  • Speaker #1

    Parce que ça n'a pas de sens, en fait, si on te la porte comme ça. quand c'est toi dans ta vie qui va rencontrer quelque chose et bien que t'as envie de comprendre quelque chose ben là tu vas t'en souvenir, ça a du sens quand on te le... on te le donne comme ça, servi sur un plateau. Alors si, il y en a qui retiennent. Je ne dis pas que ça ne fonctionne pas pour tout le monde. Mais disons que tu touches plus d'enfants s'ils l'ont vécu eux-mêmes par l'expérience dehors.

  • Speaker #0

    Et puis dehors en plus maintenant les neurosciences l'ont bien montré être en extérieur ça favorise le mouvement et être en mouvement ça favorise les apprentissages et du coup non seulement l'expérience va marquer mais en plus le fait de bouger, de se déplacer ça va vraiment les ancrer et ça c'est vrai que quand on est assis sur une chaise Derrière une table, c'est tout de suite plus difficile de faire rentrer quelque chose dans le cerveau.

  • Speaker #1

    Oui. Et puis, évidemment, la gestion des émotions qui, dehors, est beaucoup plus facile. Un enfant qui est en colère pour une raison X ou Y, dehors, il va pouvoir s'isoler, il va pouvoir aller courir pour se dépenser physiquement, il va pouvoir aller se calmer en s'appuyant contre un arbre, en s'asseyant par terre et en attendant de se sentir mieux. Enfin, vraiment, c'est très important pour les enfants d'avoir cette possibilité-là. Il y a autre chose aussi qui m'avait frappé, c'est le niveau sonore. Je ne sais pas pour quelle raison, mais je n'arrivais pas à croire que c'était plus facile d'enseigner dehors qu'à l'intérieur par rapport au niveau sonore. Mais en fait, oui, c'est évident. Le fait d'être enfermé entre quatre murs, tous les sons se répercutent sur les murs, ils reviennent dans ta tête. C'est vite un brouhaha, c'est vite insupportable. Et dehors, c'est complètement différent. On pourrait penser que les enfants captent moins leur attention dehors, mais ce n'est pas vrai. En tout cas, moi, je ne pense pas.

  • Speaker #0

    Oui, et puis je crois qu'on a aussi cette idée que quand ils sont dehors, ça va continuer à faire beaucoup de bruit parce qu'en France, on a des cours de récré qui sont bitumés, entourés de murs. Donc, il y a une espèce de caisse de résonance qui se fait et qui fait que même quand ils sont dehors, il y a un brouhaha énorme qui ne change pas de quand ils sont à l'intérieur. Alors que quand tu es dans un espace de nature, le son... Déjà, ils ne résonnent pas de la même manière, surtout quand tu es dans des espaces où il y a des arbres qui sont verdurés. Le son ne tape pas contre les murs et au contraire, il s'échappe. Et donc c'est vrai que même s'ils peuvent par moments crier et tout ça, toi tu ne le ressens pas de la même manière. Et c'est vrai que du coup... Quand tu interpelles les enfants, ils vont t'entendre davantage que quand tu es dans une salle de classe ou dans une cour de récré où là, il faut hurler pour se faire entendre.

  • Speaker #1

    Oui, oui. Et au niveau de la concentration aussi, moi j'ai été très étonnée de voir des enfants qui avaient des difficultés de concentration dans la classe, capables de rester assis de longues minutes, à observer, alors on a de la chance aussi, on a des conditions extraordinaires, mais d'observer des écureuils qui sautaient d'arbre en arbre. et ça durait des minutes et j'avais le silence les enfants n'en avaient pas un qui avait envie de rigoler, de parler à son voisin non tout le monde était concentré à observer les écureuils et c'est impressionnant, les enfants t'aurais pas imaginé qu'ils auraient été capables de se concentrer aussi longtemps et bien c'est possible quand ils ont envie ils sont concentrés sur les animaux c'était très chouette Tu me disais pour la séance, les rituels, je commence toujours par un moment de regroupement, une chanson, quelque chose en musique, un petit jeu pour réveiller le corps physique, quelque chose pour se dégourdir un peu, se réveiller un peu, donc on commence toujours par quelque chose comme ça en commun. Après je vais présenter l'activité que j'ai préparée. Cette activité est souvent en lien avec quelque chose qu'on a fait dans la semaine, que je me suis dit ah bah tiens, ça on pourrait transposer dehors et faire cette expérience-là ou alors complètement différemment, complètement autre chose par rapport aux saisons, à la saison par exemple. J'ai eu une idée qui est venue d'expérimenter quelque chose dehors. Et puis du coup on fait cette activité et après ils ont toujours un moment de temps libre, de jeu libre, où il se passe toujours quelque chose en fait. Il y a toujours quelque chose qui est observé, trouvé par les enfants, où ils viennent poser une question et que du coup ça fait penser à autre chose. de résoudre le problème, s'il y a un problème. Donc, un moment de jeu libre qui permet aussi l'entrée de la coopération entre les enfants. Ça soude beaucoup le groupe classe, en fait, de sortir comme ça chaque semaine dehors. Je trouve qu'il y a... une très bonne ambiance entre les enfants, qui sont vraiment gentils entre eux. Après, voilà, je sais aussi que j'ai des conditions particulières. Je n'ai pas des enfants qui sont hyper difficiles, avec des gros problèmes de comportement dans ma classe. Mais quand même, je trouve que le fait de jouer ensemble et de créer des jeux, c'est un peu de... de discuter entre eux. Ils vont résoudre des problèmes, des petits conflits, des choses comme ça qu'il peut y avoir en discutant. Et je trouve que ça fait vraiment une bonne ambiance de classe. Mais des conflits, il y en a quand même beaucoup moins qu'en classe parce qu'ils jouent souvent avec des bâtons, des choses comme ça, des pierres. ils font des dessins dans le sol des jeux comme ça et là la nature on ne veut pas se disputer pour un bâton parce qu'il y en a plein partout donc il y a moins de conflits aussi entre eux et ce que je ne t'ai pas expliqué c'est que dans la chance que j'ai d'être en Finlande maintenant on ne reste plus dans le parc à côté de l'école et on prend les vélos et une semaine on va à la plage et une semaine on va dans la forêt vraiment dans la forêt Donc ça, c'est encore une grande chance. Ça permet de voir des choses différentes au niveau de la nature et de faire des activités un peu différentes. Et ils se régalent. Vraiment, ils attendent ces rendez-vous avec beaucoup d'impatience. Ça va être difficile de pouvoir faire la même chose en France, mais pour le moment, je profite de la chance que j'ai.

  • Speaker #0

    Là, c'est sûr que d'avoir une richesse d'un point de vue environnement comme ça, qui te permet de varier. Les lieux, c'est vraiment des écosystèmes qui sont différents et clairement d'un point de vue découverte, c'est hyper riche pour les enfants, c'est fou.

  • Speaker #1

    Je suis contente de ne pas être passée à côté de ça, tu vois, et d'avoir découvert ça, cette pédagogie par la nature qui m'a permis vraiment d'explorer tout ça. Parce que ça aurait été tellement dommage d'être en Finlande et de rester dans la classe de mon école française, voilà quoi.

  • Speaker #0

    Et du coup, dans l'école, est-ce que tu as été la première enseignante à te lancer sur des demi-journées comme ça en extérieur ? Oui. Et donc, est-ce qu'il y en a qui ont suivi derrière ou tu restes la seule dans l'école ?

  • Speaker #1

    J'ai une collègue qui avait des plus petits que moi. Moi, j'ai beaucoup de, comment dire, un peu le cycle 2. Enfin, c'est multiniveau tout le temps dans ma classe. J'ai eu de la moyenne section jusqu'au CE2, soit double niveau, triple niveau ou quadruple niveau. Ça, c'est intéressant aussi d'avoir des âges différents. Et l'année prochaine, j'aurai aussi CM1. Donc voilà, j'ai toujours eu des cours multiples et j'avais une collègue maternelle, avec vraiment les petits, qui a essayé un petit peu mais c'était pas régulier. Et puis elle osait pas quoi, vraiment lâcher prise. C'était quand même sous haute surveillance j'irais tu vois. C'était vraiment un espace plat où je continue à voir tous mes élèves en vue. Bon, elle a fait des choses en extérieur, alors c'est bien. Dès qu'on sort les enfants, de toute façon, c'est bien. Après, ça n'a pas été régulier. Et après, il n'y a pas d'autres collègues qui ont testé ça.

  • Speaker #0

    Alors, une des grosses différences... Par rapport à la France, c'est au niveau du climat. Tu vois, il y a encore dix jours, lors d'une rencontre avec le réseau de pédagogie par la nature sur le secteur sud-est, il y avait des collègues qui disaient qu'ils en venaient à envisager de faire une trêve hivernale parce que c'est vraiment compliqué de mobiliser les familles pour sortir quand il fait froid. C'est sans parler de la neige, là on était dans un coin, on était en... Dans la Drôme, où il y a peu, il y a quelques jours de neige, mais pas plus que ça, et il disait que juste le froid empêchait les gens de sortir. Moi j'habite à la montagne, donc les gens sont davantage équipés, mais ça demande quand même, malgré tout, beaucoup de communication et de pédagogie auprès des familles pour expliquer que si, les enfants peuvent très bien passer trois heures en extérieur. J'avais vu, il y a peut-être, donc là on est mi-avril, il y a encore trois ou quatre semaines, tu avais partagé sur ton compte Instagram une photo où il y avait de la neige. Comment est-ce que toi déjà, tu t'es acclimatée à ces hivers qui sont, je pense, en termes de ressenti plus longs que ce qu'on connaît en France ? Et comment ça se passe du coup avec les enfants ?

  • Speaker #1

    Alors, contrairement à ce qu'on peut imaginer, la neige, ce n'est pas le pire, parce que quand il neige, il fait assez doux, en fait. Et puis la neige, pour être dehors, c'est chouette, les enfants, ils adorent, ils en raffolent, donc ce n'est pas le plus compliqué. Ce qui est plus compliqué, c'est l'humidité, par exemple. Je peux comprendre qu'en France, au bord de la mer, en Bretagne, l'humidité, c'est compliqué de rester dehors, mais il faut s'équiper, il n'y a pas de secret. Et j'ai cette chance aussi, c'est que en fin d'an, tu peux trouver tout ce qu'il faut forcément pour les enfants. Donc ils sont l'hiver en combinaison de ski, avec des chaussures, des bottes étanches. Ils ont les gants imperméables, la veste imperméable. ou le pantalon de pluie à bretelles. Ils ont tout ce qu'il faut. Et donc moi, je demande en début d'année une tenue complète pour sortir sous la pluie, qui reste à l'école. Donc ils viennent avec leur manteau ou leur combinaison le matin. Et puis en fait, selon la météo, comment ça tourne dans la journée, on adapte et on a tout ce qu'il faut sur place pour les protéger. mouillé en fait, puisque c'est ce qui est le plus difficile. Si tu as les pieds mouillés au bout de cinq minutes, tu ne peux pas rester trois heures dehors, c'est insupportable. Donc on a cette chance qu'ils sont bien équipés. et justement je pensais à l'après à mon retour en France et tout et du coup j'achète d'occasion des tonnes de bottes de pantalons de pluie, de vestes de pluie des chaussettes en laine pour mettre dans les bottes en caoutchouc parce que sinon ça fait un peu mal aux pieds voilà donc j'ai un gros gros stock c'est assez impressionnant pour préparer le retour, parce que je me doute bien que quand il faut équiper 20, 25 élèves ou 30 élèves, c'est compliqué, si tu attends que tout le monde soit équipé, tu ne peux pas sortir. Je comprends très bien ce que tu dis, des profs pensent à une trêve hivernale, mais après quand tu es bien couvert, ça va, si tu as un bonnet, surtout quelque chose sur la tête, pour ne pas perdre la chaleur du corps. et puis des vêtements imperméables pour ne pas prendre l'eau. Ça se fait bien quand les enfants sont dehors, ils courent, ils bougent, ils ne ressentent pas le froid. La limite, c'est plus nous les adultes, au bout d'un moment, on va bouger un peu, parce que si on reste trop statique, on va avoir froid, mais les enfants n'ont pas froid.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'il y a des choses, alors tu en as déjà dit, tu parlais notamment du fait que ça te faisait beaucoup de bien de ressentir moins de pression que ce que tu avais pu ressentir au niveau de ton travail durant tes années d'enseignement en France. En dehors de ça, est-ce qu'il y a des choses que tu as pu vivre, que tu as pu observer en Finlande, que tu aimerais particulièrement voir se mettre en place dans les écoles en France ? Est-ce qu'il y a des choses que toi, tu veux importer ? en disant que tu fais ton petit stock de vêtements, je comprends bien que tu envisages de faire classe en extérieur en revenant en France.

  • Speaker #1

    C'est impossible de revenir en arrière, je crois. Quand tu fais ça régulièrement et que tu vois tous les bénéfices auprès des enfants, je ne sais pas si c'est que moi, mais je ne suis pas une panne plus emmenée dehors. Ce n'est pas possible. Alors, ce que tu me demandes, en fait, c'est lié aussi à la pression, à faire baisser la pression. Je dirais, c'est prendre le temps. Ce n'est pas tout à fait la même chose. Mais prendre le temps, permettre aux enfants de prendre leur temps. Ça, c'est quelque chose que j'essaie d'appliquer. Alors, je pense que ce n'est pas toujours... encore un automatisme parce que voilà on est formaté on est tout le temps à les presser en fait pour tout tu vois il faut vite finir le travail l'exercice parce qu'il y a encore autre chose derrière parce qu'il faut sortir en récréation à l'heure parce qu'il faut alors je comprends il y a des contraintes et on peut pas y échapper mais quand c'est possible de leur laisser le temps voilà parce qu'en plus voilà chacun avance à son rythme Tout le monde ne fonctionne pas de la même manière et donc permettre aux enfants de prendre leur temps, c'est vraiment une grande richesse. C'est un cadeau pour eux, leur permettre ça. Et ça, je pense que si on pouvait permettre d'aller moins vite, tranquille.

  • Speaker #0

    je ne l'explique pas non mais c'est vrai qu'il suffit de le voir mais tu vois même sans parler de l'école à la maison tu t'en rends compte moi je trouve que les moments où on presse le plus les enfants c'est le matin notamment quand il faut se préparer pour aller à la crèche, pour aller à l'école et on sent bien qu'on n'est pas du tout sur le même rythme que eux qui ont besoin de temps pour s'habiller, qui ont besoin de moments de jeu entre le petit déjeuner et le moment où on met les bottes. Et ça, c'est quelque chose qui dure longtemps. Et nous, adultes, on le sent bien aussi. Quand on est stressé, le quotidien à toute vitesse, ça nous stresse.

  • Speaker #1

    Oui, oui, oui. Et il y a autre chose aussi que m'a apporté la Finlande, alors c'est peut-être pas spécifiquement la Finlande, mais en tout cas moi depuis que j'y suis, c'est avec ce climat, tu vois, de donner beaucoup de liberté aux enfants, d'autonomie, de conscience et tout. C'est aussi de toujours me demander quand un enfant me pose une question et que j'ai envie de lui dire non. c'est toujours me demander pourquoi j'ai envie de lui répondre non. Est-ce que c'est justifié, en fait ? Est-ce que ce n'est pas un automatisme ? Toujours cette histoire de formatage de prof. Est-ce que finalement, c'est embêtant si je lui dis oui ? Enfin, tu vois ce que je veux dire ? Et là, ça, c'est une position que je n'avais pas du tout avant de partir travailler en Finlande. Et tu vois, je me rends compte que j'ai évolué par rapport quelquefois à des remarques de collègues. Je pense notamment à quelque chose, mes élèves, comme ils ont du coup l'habitude de jouer dehors et tout ça, dans la cour de récréation, ils ont envie aussi de jouer avec des bâtons, et j'ai un collègue qui était de service de récré, qui revient me voir et qui me dit, je leur ai dit non pour les bâtons, parce qu'ils vont se battre, ils vont se faire mal et tout. Et en fait, je lui dis Oui, mais on peut en discuter parce que moi, je leur permets de jouer avec des bâtons. Après, il y a des règles. Évidemment, on ne se tape pas dessus avec les bâtons. Il y a une règle, c'est la taille du bâton. Si le bâton est plus haut que moi, je n'ai pas le droit de le porter dans la main. Je le tire derrière moi pour ne pas éborner quelqu'un en me retournant. Enfin, des petites règles comme ça. Mais ce n'est pas parce qu'il y a des règles que je vais interdire de jouer avec des bâtons. et du coup voilà j'en ai discuté avec lui par rapport à ça et il y a eu autre chose aussi qui avait été sujet de discussion c'est que toujours mes élèves j'en donne peut-être des mauvaises habitudes mais moi dans la cour de récréation en fait nous allions en terre en herbe en terre la cour on n'avait pas un bitumé on a aussi cette chance et du coup ils creusaient des rigoles dans la terre tu vois, donc ils pèlent des seaux pour le bac à sable mais ils les utilisaient pour aller creuser dans la terre et jouer pas dans le bac à sable et creuser des rigoles et du coup évidemment ça fait des trous un collègue me dit non mais moi j'aurais dit de reboucher ça d'arrêter et je lui dis ouais mais pourquoi il n'y a pas grand chose à faire dans la cour il n'y a pas beaucoup de jeux si leur jeu c'est de creuser des rigoles de faire passer de l'eau dans les trous enfin je sais pas, de construire des poutres et tout tu veux dire non en fait il risque de tomber je lui dis si il tombe c'est pas grave il va se prendre le pied dans le trou et la prochaine fois il regardera où il met ses pieds mais il n'y a rien de grave il ne peut pas se faire mal en fait et c'est toujours ce truc de se dire j'ai envie de dire non mais est-ce que ça sert vraiment à quelque chose est-ce que c'est justifié pourquoi pas quoi c'est assez merci C'est nouveau. En tout cas, avant la fin d'an, je ne réfléchissais pas comme ça. Je pense que c'est bon pour les enfants aussi, de réfléchir aux limites qu'on leur met.

  • Speaker #0

    Mais probablement que le fait que les enfants occupent une place centrale dans le quotidien des gens, des familles, qu'ils soient considérés à leur juste valeur. Nous, c'est vrai que dans notre culture française, on a plutôt tendance à écarter les enfants de tout, de l'espace public. on ne les écoute pas plus que ça, etc. Et du coup, quand tu replaces l'enfant au centre et que tu lui donnes sa place vraiment, tu vas l'écouter comme tu écoutes un adulte. Et tu vas faire preuve de plus d'empathie, tu vas essayer de comprendre pourquoi est-ce que lui, il a ce besoin-là, pourquoi est-ce qu'il s'exprime de cette manière. Et je pense que du coup, ça modifie, ça t'amène à faire un pas de côté et à réfléchir pourquoi est-ce qu'effectivement... Toi, tu peux dire non et tu peux l'empêcher de faire telle ou telle chose, qui sont des réflexes qu'on a.

  • Speaker #1

    et lui donner de la liberté d'action, des choses comme ça ça ne veut pas dire que tu ne le protèges pas parce que je l'observe et je vois s'il y a quelque chose à corriger dans sa posture qui risquerait de le mettre en danger je vais lui dire mais je ne vais pas être à côté à tendre les bras pour le rattraper des fois qu'il tombe il y a l'expérience l'histoire de les faire grimper aux arbres mais tu les verrais comment ils sont heureux ils sont trop fiers quelquefois ils montent à 50 cm du sol mais c'est un premier pas ils commencent à prendre confiance en eux à se lancer, à essayer de faire des choses qu'ils ne sont pas habitués à faire et on ne leur laisse pas la possibilité de le faire parce qu'on a peur pour eux ou alors tu vois moi je dis éplucher des bâtons avec des couteaux, je ne sais pas si on dit éplucher tu vois l'idée J'ai des petits couteaux et jamais personne ne s'est blessé. Alors après, je n'en mets pas 20, je ne les lâche pas à 20 dans la forêt avec 20 couteaux. Toujours pareil, il y a des règles. donc voilà c'est toujours assis par terre à côté de moi je regarde le geste toujours le couteau qui dans le sens du couteau vers le sol tu vois qui est plus vers le sol pas vers le visage tu corriges le mouvement mais tu ne vas pas empêcher de faire et tu ne vas pas lui dire attention attention parce que c'est hyper stressant et ils sont trop fiers de la conscience que tu leur accordes et cette relation en fait elle change du coup entre l'enseignant et l'enfant. Cette relation de confiance, tu l'as en classe aussi après. Et cette confiance que j'ai réussi à leur accorder en lâchant prise dehors, eh bien aussi ça se répercute en classe, quand eux ils ont des envies particulières, c'est-à-dire que je leur demande de lire un texte pour répondre à des questions après par exemple, est-ce que je peux aller dans le couloir le lire ? Eh bien oui si tu veux, si ça te fait plaisir, si ça te permet de le lire plus tranquillement. voilà pourquoi pas en fait c'est pourquoi pas je me dis toujours quand on me demande quelque chose qui peut me paraître un peu incongru ou pas nécessaire pourquoi pas en fait s'il me le demande que ça ne met pas en danger que ça ne gêne personne, pourquoi pas

  • Speaker #0

    Et les enfants, en fait, ils te remercient en contrepartie de cette conscience, de cette liberté, cette autonomie que tu leur accordes. Dans leur comportement, tu vois, ça fait une chouette ambiance.

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait. Muriel, on arrive à la fin de notre échange, mais avant de nous quitter... J'avais envie de te poser une question relative à tes projets, puisque tu disais tout à l'heure que l'école dans laquelle tu es actuellement va probablement fermer d'ici un an. Du coup, quels sont tes projets ? Est-ce que tu envisages de poursuivre dans l'enseignement ? Est-ce que tu envisages un éventuel retour en France ?

  • Speaker #0

    Alors oui, j'envisage le retour en France. J'avoue que je stresse un petit peu parce que les conditions de travail, je les connais en France. Je ne suis pas hyper ravie à l'idée de retourner enseigner. comme j'enseignais avant, mais en fait, je ne vais plus enseigner comme j'enseignais avant. Donc, c'est aussi ce que je me dis pour me rassurer, tu vois. Mais bon, c'est les conditions de travail qui sont quand même assez compliquées en France. Donc, voilà, je garde en tête, évidemment, que je continuerai à faire la pédagogie par la nature. C'est indispensable, ce n'est pas envisageable d'arrêter ça. Mais j'ai en tête aussi d'ouvrir une école de la forêt ou quelque chose, une structure en tout cas en extérieur. J'ai ça en tête depuis plusieurs années. C'est aussi pour ça que j'ai fait le compte Instagram. C'est pour montrer un peu ce qu'il est possible de faire et pour éventuellement convaincre d'autres personnes à se joindre à moi pour monter un projet. J'aimerais bien monter quelque chose sur un terrain boisé, proposer un accueil en extérieur, soit type école, mais si c'est trop compliqué, au moins l'accueil de famille, des accueils de classe ou de crèche, de structure pour des enfants handicapés, des EHPAD, enfin tu vois, d'accueillir du public. pour leur faire découvrir les bienfaits d'être dehors, de profiter de la nature, de faire des activités en extérieur. C'est un peu mon objectif.

  • Speaker #1

    Trop chouette ! Je te remercie infiniment pour cet échange. Le fait que tu sois baignée dans une autre culture avec une approche de l'éducation en général différente de celle qu'on a en France. C'est hyper riche et ça apporte vraiment un éclairage différent et lors des prochaines rencontres du RPPN, quand tu seras de retour, tu auras plein de choses à nous partager, à nous apporter. Et tu vois, moi, c'est évidemment des pays que je regarde beaucoup, dont je suis l'actualité, parce qu'ils font les choses autrement et que ça a l'air quand même de bien fonctionner. Et je parle surtout d'un point de vue de l'épanouissement des familles, des enfants et des professionnels. et là à t'entendre ça me donne encore plus envie d'aller explorer de ce côté là tout comme toi pour le moment j'ai des contraintes mais je l'ai dans un coin de ma tête et peut-être qu'un jour je

  • Speaker #0

    ferai le pas d'aller explorer de ce côté là j'espère si ça peut donner envie c'est chouette faut pas hésiter en fait faut pas avoir peur c'est surtout ça pour Si on a envie, il faut y aller. Tout se met en place au fur et à mesure, tranquillement, petit à petit. Et on ne voit que des bénéfices, des bienfaits pour tout le monde, pour les enseignants comme pour les élèves. Donc, il ne faut pas s'en priver.

  • Speaker #1

    Oui, c'est clair. et ben merci beaucoup je crois que tu es en vacances actuellement et ben je te souhaite de bonnes vacances et à très bientôt merci

  • Speaker #2

    à toi pour tout ce que tu fais merci à toutes et à tous pour votre écoute j'espère que cette discussion vous a plu et qu'elle éveille en vous une certaine curiosité pour l'éducation en plein air voire même, peut-être, une envie de militer pour qu'elle se répande davantage. Pour en savoir plus sur mon invité du jour, je vous invite à vous rendre sur le site pédagogieduvivant.fr. Vous y trouverez toutes les infos à son sujet, ainsi que ses recommandations. Sur ce, je vous donne rendez-vous la semaine prochaine pour un nouvel épisode. Et d'ici là, n'oubliez pas, sortir, ça ne doit être que du kiff ! Allez, ciao ciao, à bientôt !

Chapters

  • Introduction

    01:10

  • Présentations

    02:17

  • Souvenirs d'enfance

    03:27

  • Parcours professionnel

    04:41

  • Installation en Finlande

    07:24

  • Portrait d'école

    10:37

  • L'enseignement en Finlance

    12:36

  • Aménagements extérieurs des écoles

    19:17

  • Démarrage de la classe dehors

    22:17

  • Rituels et pratiques

    29:54

  • Le climat

    43:37

  • Changement de regards sur l'enfance

    47:48

  • Retour en France

    58:05

  • Remerciements

    01:00:25

Description

Aujourd'hui, je vous propose un échange avec Muriel qui après 25 ans d'enseignement en France a fait le choix de s'expatrier en Finlande où elle vit depuis maintenant 9 ans. 


Si elle enseigne au sein d'une école française, la culture finlandaise, et notamment le regard qu'elle porte sur l'enfance, a profondément bouleversé sa posture et son approche pédagogique. Entre un rythme scolaire allégé, des temps réguliers passés en extérieur et une notion des apprentissages différente, Muriel a retrouvé un bien-être qu'elle avait perdu lors de ses dernières années d'enseignement en France, pressée par les exigences et le manque de temps. 


Dans cet échange, elle nous partage son quotidien, ses observations, sa pratique de la pédagogie par la nature à travers des anecdotes qui nous plongent directement dans sa classe. 


Mais je dois vous prévenir : ce que vous allez entendre risque fort de vous donner l'envie de boucler votre sac et de partir vous immerger dans un pays où les forêts sont reines...! 


Pour retrouver toutes les infos et les recommandations de Muriel, rendez-vous sur www.pedagogieduvivant.fr


Très belle écoute ! 🌿


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue sur le podcast Enfants sans nature, le podcast qui parle d'éducation en plein air. Je m'appelle Claire et chaque semaine, je reçois ici un ou une pédagogue qui nous partage son expérience en matière d'éducation hors des murs. Famille, professeurs des écoles, éducateurs, animatrices, ces conversations ont pour but de transmettre et diffuser des pratiques diverses et variées qui tendent toutes vers un objectif, permettre aux enfants de passer un maximum de temps en extérieur et plus particulièrement au contact de la nature. Si vous souhaitez soutenir le podcast, n'hésitez pas à laisser un avis ou 5 étoiles sur votre plateforme d'écoute et surtout, surtout... à le partager autour de vous pour disséminer les graines de l'éducation en plein air. Je vous souhaite une très belle écoute. Aujourd'hui, je vous propose un échange avec Muriel, qui après 25 ans d'enseignement en France, a fait le choix de s'expatrier en Finlande, où elle vit depuis maintenant 9 ans. Si elle enseigne au sein d'une école française, la culture finlandaise, et notamment le regard qu'elle porte sur l'enfance, a profondément bouleversé sa posture et son approche pédagogique. Entre un rythme scolaire allégé, des temps réguliers passés en extérieur et une notion des apprentissages différentes, Muriel a retrouvé un bien-être qu'elle avait perdu lors de ses dernières années d'enseignement en France, pressée par les exigences et le manque de temps. Dans cet échange, elle nous partage son quotidien, ses observations, sa pratique de la pédagogie par la nature, à travers des anecdotes qui nous plongent directement dans sa classe. Mais je dois vous prévenir, ce que vous allez entendre risque fort de vous donner l'envie de boucler votre sac et de partir vous immerger dans un pays où les forêts sont reines. Bonjour Muriel !

  • Speaker #1

    Bonjour !

  • Speaker #0

    Bienvenue sur le podcast, je suis très contente de t'accueillir aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Moi aussi.

  • Speaker #0

    Alors écoute, pour commencer, est-ce que tu peux nous dire dans quel coin tu vis et en quelques mots, pour le moment, ce que tu fais dans la vie ?

  • Speaker #1

    Alors j'habite et je travaille en Finlande. Voilà, je suis professeure des écoles, enfin j'étais institutrice, dans mon cœur je suis toujours institutrice, mais officiellement je suis professeure des écoles. Et je travaille dans une école française en Finlande depuis 9 ans maintenant. Sinon je suis prof depuis 35 ans.

  • Speaker #0

    Tu vas nous raconter un petit peu ce parcours. Bon, c'est vrai que du coup, il y a quelques kilomètres qui nous séparent. Tu es pour le moment l'invité la plus loin que j'ai pu recevoir sur le podcast. Mais c'est chouette parce que justement, on va croiser un petit peu les expériences, les approches, les cultures. Avant qu'on aborde ton expérience en tant qu'enseignante en France et en Finlande, est-ce que tu veux bien nous dire quels sont tes souvenirs d'enfance en nature ? Qu'est-ce qui ressort ? Est-ce que tu étais une enfant qui passait beaucoup de temps dehors ? Est-ce que c'est venu plus tard ?

  • Speaker #1

    Alors, mes souvenirs en nature, ils sont... très marqué parce que en fait c'était une échappatoire voilà j'étais pas bien chez moi et en fait j'attendais avec impatience les moments où on pouvait aller se promener notamment dans la forêt de Fontainebleau et j'en garde vraiment des souvenirs très très forts de respiration, de bouffe et d'oxygène ça me faisait beaucoup de bien dans cette enfance qui était un peu compliquée donc c'est vraiment un souvenir très tendre et très... salvateur quelque part, la nature, c'était important. Je ne mesurais pas beaucoup à l'époque, mais en l'appendissant, je me suis rendue compte à quel point ça m'avait vraiment beaucoup aidée.

  • Speaker #0

    Alors après, en grandissant, du coup là tu as dit que ça faisait 35 ans que tu enseignais. Est-ce que tu veux bien revenir sur ce parcours de professeur des écoles jusqu'à aujourd'hui où tu enseignes en Finlande ?

  • Speaker #1

    C'était une vocation depuis toute petite. Comme beaucoup de petites filles, je disais que je voulais être maîtresse quand je serai grande. J'ai toujours gardé ça en tête, ce cap de devenir maîtresse. J'ai réussi à le faire, donc j'étais très heureuse. J'ai commencé en région parisienne. Et puis rapidement j'ai obtenu ma mutation pour la Lausère, donc je suis partie 14 ans en Lausère. Donc c'était déjà bien la nature, la campagne, ça m'a fait beaucoup de bien après la région parisienne. Et puis j'avais déjà en tête de demander une expatriation, mais bon c'était pas trop possible avec ma vie de famille. Voilà, c'était pas, comment dire, un souhait conjoint. Donc, j'ai attendu, attendu, je l'ai gardé dans un coin de ma tête, que j'avais vraiment envie quand même d'aller voir ailleurs, découvrir d'autres façons de faire, d'autres gens. Et puis, après la Lauserre, je suis partie sur Clermont-Ferrand, et là j'ai demandé, j'ai fait un dossier auprès de la Mission laïque française. pour demander une expatriation. Alors j'avais fait quelques voeux, ça n'a pas abouti. Et puis j'ai eu de la chance, fin juin, on m'a appelée pour me proposer une création de poste en Finlande. Donc je n'avais pas du tout imaginé, je ne m'étais pas projetée spécialement en Finlande. Mais voilà, j'ai saisi l'occasion, j'ai regardé où c'était sur la carte, parce que je savais vaguement. Comme pas mal de gens finalement, on sait que c'est tout à fait au nord de l'Europe, mais exactement. J'ai regardé, j'ai dit, allez, pourquoi pas, je tente. Et donc, c'était un petit peu le fruit du hasard, concernant en tout cas le choix de la Finlande.

  • Speaker #0

    A priori tu t'y sens bien si ça fait 9 ans que t'es là-bas finalement ce choix qui s'est présenté à toi avait l'air d'être plutôt bon

  • Speaker #1

    C'est ça, je pense aussi j'ai retrouvé, j'ai découvert un pays très nature donc ça m'a bien rappelé la Lauser et ça fait beaucoup de bien comme tu dis si j'y suis encore c'est que j'y trouve mon compte et que je m'y sens bien Merci

  • Speaker #0

    Et bien justement, est-ce que tu veux bien nous raconter ton installation en Finlande, notamment en tant que professeur des écoles, tous les changements que ça a amené, comment est-ce que tu t'es acclimaté à ce nouvel environnement ?

  • Speaker #1

    Alors la Finlande c'est ce qu'on pourrait appeler une expatriation assez facile parce que bon ça reste l'Europe, tu changes pas de monnaie, tu continues à rouler à droite en voiture, enfin tu vois c'est tous ces petits trucs qui font que là-dessus ça te dépayse pas beaucoup. Après, c'est un pays qui n'a même pas 6 millions d'habitants, donc vraiment très peu peuplé. Ça fait une qualité de vie vraiment extraordinaire parce que tu ne connais plus les embouteillages, tu ne fais plus la queue au supermarché. C'est tranquille, c'est un pays qui est facile à vivre. pas de pression, c'est le calme, la sécurité aussi, tu te sens tout à fait en sécurité, et puis après les Finlandais, ils sont très gentils, après ils sont un peu difficiles d'accès, Ils ne vont pas venir vers toi spontanément comme ça, ils vont te laisser tranquille. Si tu as besoin d'aide et que tu leur demandes de l'aide, il n'y a pas de souci, ils t'aideront avec plaisir. Mais ils ont un caractère assez introverti. et ça se traduit quand même tu vois, tu les croises dans la rue il ne va pas y avoir d'échange de regard voire même ils vont détourner le regard ils sont une espèce d'un peu de timidité de réserve au premier abord ça des fois c'est un peu compliqué et puis il y a la barrière de la langue ça parle le chinois c'est compliqué là je tente bien de l'apprendre mais C'est compliqué, c'est difficile même si ça fait 9 ans que j'y suis, je ne parle pas. En plus, on a beaucoup de chance parce que tout le monde parle anglais. Les enfants, les adultes, les personnes âgées, quand on est dans un magasin, on arrive à switcher en anglais directement, TD. Donc c'est assez facile du coup de communiquer.

  • Speaker #0

    Et oui, c'est sûr que ça t'oblige pas à parler. apprendre la langue et c'est finalement plus confortable mais bon c'est vrai que les quelques fois où j'ai pu voir des mots en finnois c'est quand même pas ça n'a pas l'air si facile que ça quoi c'est pas une langue qu'on connait c'est

  • Speaker #1

    le hongrois qui se rapprocherait le plus donc le hongrois personnellement je ne parle pas non c'est très particulier comme langue

  • Speaker #0

    Et donc, du coup, tu disais que tu es installée dans une école française. Est-ce que tu peux nous parler un petit peu de cette école ? Depuis quand est-ce qu'elle existe ? Comment ? Combien de classes ? Etc.

  • Speaker #1

    Alors, c'est une école... Déjà, je me trouve à Aoma. C'est sur la côte ouest de la Finlande face à la Suède. Donc, c'est en bord de mer. et comme la Finlande c'est aussi beaucoup de forêts, beaucoup de lacs, du coup j'ai la chance immense d'avoir à la fois la mer, la forêt, les lacs, le paysage il est assez chouette. Pour l'école, elle existe depuis 2005. C'est une école française qui est uniquement ouverte aux Français. Donc c'est aussi la difficulté pour s'intégrer dans le pays. C'est que je travaille dans un milieu francophone toute la journée avec des collègues français, des collègues aussi étrangers, mais surtout des collègues français. Et voilà, il y avait quatre classes, je crois, quand je suis arrivée. Elle est ouverte pour des familles d'ingénieurs français qui travaillent là-bas. Et donc elle est vouée aussi à fermer quand le chantier sera terminé. Et c'est possible que ce soit l'année prochaine. Donc c'est une école où les effectifs se réduisent au fur et à mesure. Et donc là maintenant, aujourd'hui il y a trois classes, l'année prochaine il n'y en aura plus que deux.

  • Speaker #0

    D'accord, c'est une école temporaire en fait.

  • Speaker #1

    C'est ça.

  • Speaker #0

    Alors, du coup, dans cette école, est-ce qu'on est l'approche pédagogique, la manière d'enseigner ? Est-ce qu'on se rapproche vraiment de ce qui se fait en France ou est-ce qu'il y a quand même des inspirations ? Déjà, est-ce qu'il y a une conception différente de l'enseignement en Finlande ? Est-ce que toi, tu l'as ressenti même si tu travailles dans une école française ? Et du coup, comment est-ce que dans cette école ? Quelle est l'approche pédagogique, le projet pédagogique de l'école ?

  • Speaker #1

    C'est une école française qui applique les programmes français. Le but, c'est vraiment de permettre aux enfants qui sont scolarisés de pouvoir éventuellement retourner demain en France et s'intégrer facilement dans l'école française dans laquelle ils seront. Donc là dessus ça ressemble beaucoup à ce que l'on peut trouver en France. Maintenant les enseignants ont leur approche spécifique, chacun met un petit peu de sa patte, et quand tu vis en Finlande, forcément tu es imprégné de ce que tu vois autour de toi. et ça se ressent dans la classe. En tout cas, moi, c'est comme ça que je vois l'expertisation, c'est-à-dire, ce n'est pas de rester dans sa bulle française, de reproduire tout à l'identique à la française, mais essayer de s'enrichir de ce qui se fait dans le pays, de ce qu'il y a de bien, pour l'appliquer soi-même dans la classe, ou hors de la classe, justement. Concernant l'enseignement finlandais, oui, il y a quand même beaucoup de différences. Et c'est vrai que c'est intéressant de découvrir ça, de voir ce qui fonctionne. Et ce qui est assez flagrant, c'est la bienveillance. Maintenant, quand même, en France, c'est quand même... comment dire, une notion qui est fondamentale dans les écoles, en tout cas j'espère que ça se fait partout, mais il y a un moment quand même qu'on sait qu'il faut quand même permettre à l'enfant de se sentir bien, le bien-être dans la classe, dans la tête de l'enfant, pour lui permettre justement d'acquérir les apprentissages. Mais en Finlande, c'est vraiment plus que central, c'est le maître mot, et c'est de permettre aussi à l'enfant d'aller à son rythme, Il n'y a pas la pression comme en France, je trouve, dans les écoles finlandaises. Alors déjà, tu vois, ça commence dès la naissance, le congé parental. Il existe pendant 14 mois pour les deux parents. Chaque parent peut prendre 14 mois de congé parental. C'est déjà énorme. Il y a très peu d'enfants qui sont gardés bébés par des nounous ou à la crèche. C'est les parents qui gardent les enfants. C'est une politique du pays, en fait. Et ensuite, tu n'as pas d'école maternelle. Tu n'as que la crèche jusqu'à 7 ans. C'est vrai que ça questionne beaucoup les Finlandais de voir que nous on scolarise les enfants dès 3 ans avec vraiment des règles, enfin je dis le système à la française quoi, c'est pas nous particulièrement, voire même ça les choque de voir que les enfants doivent suivre un rythme quand même assez cadré dès 3 ans. Pour eux la crèche c'est quand même une garderie. Et on propose bien sûr des activités aux enfants, mais enfin, vraiment, chacun choisit de faire, de ne pas faire. Il n'y a absolument rien d'obligatoire, on respecte le rythme des enfants. Et voilà, on pourrait dire l'enfant est roi jusqu'à 7 ans. Vraiment, c'est très détendu, aucune pression, aucune attente particulière. Alors à 7 ans, c'est l'école qui commence, donc ça pourrait correspondre à notre CP. Donc nous, 7 ans, c'est le C1. Ce qui veut dire que les enfants apprennent à lire l'équivalent du CE1 pour nous, un an plus tard. Donc, sept ans, c'est l'école. Et leur école, elle regroupe notre école élémentaire plus le collège. Pendant neuf ans. Neuf ans, c'est l'école. Et toutes les connaissances qui se passent durant l'école. en fait les connaissances sont plus des connaissances de base, enfin comment dire en quantité il y a beaucoup moins de choses c'est beaucoup plus réduit qu'en France toujours une histoire de pression aussi tu vois chacun à son rythme, tranquillement et par contre il favorise beaucoup le travail en petits groupes, donc forcément si tu as des effectifs réduits tu fais du meilleur travail c'est évident Donc beaucoup d'heures de classe en petits groupes et beaucoup d'aides individualisées, de soutien, vraiment, vraiment beaucoup. Et ce qui fait qu'ils sont très forts pour... Ils réduisent énormément les inégalités sociales comme ça.

  • Speaker #0

    Et du coup, ça veut dire que côté adulte, il y a des petits groupes et est-ce qu'il y a plusieurs enseignants de classe ? Comment ça se passe ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. Il y a plus d'enseignants qu'en France. Oui, plus d'enseignants, moins d'élèves. Même la journée de classe qui se déroule, les différentes finissent très tôt la journée. Vers 14 heures, c'est terminé la classe. Nous, on finit à 14h45 et je crois qu'on finit plus tard que les Finlandais. Oui. les journées c'est différent, vraiment tout est différent parce que un cours n'excède pas 45 minutes c'est 45 minutes et 15 minutes en récréation dehors à chaque fois ok tu vois déjà ce rapport à l'extérieur à la nature il est là dès l'enseignement À la crèche, à l'école, il y a déjà ce rapport assez fort avec la nature. Les enfants sortent toutes les 45 minutes, ils peuvent se débourdir, ils peuvent aller prendre l'air. Il y a beaucoup d'autonomie, de confiance, de liberté dans les écoles. Par exemple, les récréations ne sont pas surveillées, les enfants. Dans le sens de l'école française, où tu vas avoir deux adultes dans la cour. Là, non, tu vois, on peut regarder par la vitre ce qui se passe dehors, mais pas sortir. Pour nous, ce n'est pas ce qu'on trouve dans notre école. Mais là, je te dis vraiment ce qui se passe dans les écoles finlandaises.

  • Speaker #0

    Et elles ressemblent à quoi, du coup ? Enfin, les espaces extérieurs des écoles finlandaises, ça ressemble à quoi ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est intéressant parce que ce n'est pas fermé. Toutes les cours de récréation sont ouvertes. Alors soit il n'y a pas du tout de clôture, de mur, de délimitation. Soit il n'y en a pas du tout, soit s'il y en a, ce n'est pas fermé à clé. Donc n'importe qui peut entrer dans la cour et sortir n'importe quelle heure du jour ou de la nuit. C'est un espace public, la cour de récréation.

  • Speaker #0

    C'est vraiment une manière, une toute autre manière de penser le lieu de l'école.

  • Speaker #1

    Oui, oui, oui. Je pense que ça va au-delà de l'école dans ce pays. C'est vraiment dès la naissance de l'enfant, pour toute la vie, c'est une façon d'être comme ça chez eux. Les apprentissages, les enfants continuent à avancer à leur rythme. Donc, ce n'est pas un problème. Il n'y a pas à être en retard. Tout ça, ce n'est pas un souci. On ne le fait pas ressentir comme ça aux enfants. D'ailleurs, avant, je crois que c'est 12 ans, ils ne sont pas notés, les enfants, à l'école. Il n'y a pas de compétition. On ne se compare pas les uns aux autres. Ils ont un peu de devoir aussi à la maison. Et puis quand ils ont fini leur journée à 14h ou 15h, ils sont autonomes, donc ce ne sont pas les parents qui vont venir les récupérer à la sortie. D'ailleurs, ils viennent aussi le matin seuls, donc ça peut être à pied, à vélo. Dès 7 ans, on voit des petits bouts à vélo un peu partout, ou en bus scolaire si c'est un petit peu éloigné, le domicile. Et puis là, ils vont faire des activités sportives, manuelles, musicales, beaucoup de choses qui sont proposées par les villes. Donc, ils ont un grand choix d'activités après l'école.

  • Speaker #0

    Écoute, merci pour ce portrait qui, de toute façon, même sans partir aussi loin, parce que c'est vrai qu'on parle souvent des pays du nord de l'Europe qui accordent une place à l'enfant qui est... tout autre que celle que nous on accorde en France, mais même sans partir, nos pays voisins ont déjà des rythmes différents. Je crois qu'en Suisse, c'est pareil, l'école obligatoire commence qu'à 5 ou 6 ans. En Allemagne, les journées sont plus courtes. Il y a quelques exemples comme ça. En France, on est beaucoup plus dans la contrainte très tôt pour les enfants. Et c'est vrai que, ben voilà, quand tu vois des petits bouts de deux ans et demi, trois ans qui entrent à l'école, qui se font du 8h, 16h30, c'est lourd de soi. Du coup, Muriel, si je te reçois aujourd'hui sur le podcast, c'est parce que tu passes du temps dehors avec les enfants que t'accompagnes. Avant de t'installer en Finlande, est-ce que tu enseignais déjà en extérieur ?

  • Speaker #1

    Non, pas du tout. Pas du tout. Disons que j'ai passé beaucoup d'années où j'étais stressée par les programmes que je ne maîtrisais pas encore. Tu changes de niveau, alors à nouveau, c'est des nouveaux programmes que tu dois appréhender. Et je me sentais sous pression, tu vois. Je parle beaucoup de pression parce qu'en fait, vraiment, la Finlande, ça m'a aidée à ça, quoi. Ça m'a aidée à respirer, à me tranquilliser, à prendre mon temps. Et en France, je me sentais vraiment tout le temps sous pression. Il faut vite finir les programmes. comment je vais faire, ceux-là ils n'arrivent pas à suivre, comment je vais pouvoir les aider, mais en même temps je vois que les autres ils avancent, enfin je ne sais pas si c'est pour tout le monde pareil, mais en tout cas moi je me sentais vraiment sous pression tout le temps, et pas du tout du coup ouverte à d'autres pédagogies, j'étais déjà débordée par ce que j'avais à faire, et ça ne me laissait pas de place pour m'ouvrir sur d'autres choses. Et en arrivant en Finlande et en voyant les enfants dehors, on croise facilement. De la fenêtre de ma classe, j'ai eu la chance d'avoir un parc, un petit bois. Je vois souvent des groupes classes qui viennent là et tu commences à t'interroger, à te dire ah oui, ils sortent souvent et puis avoir envie de savoir qu'est-ce qu'ils font, pourquoi ils font ça. Et en fait, il y a eu tout un ensemble de choses qui a fait que, avec des lectures, j'avais lu un article sur le syndrome du manque de nature, ça m'a eu beaucoup d'air. ...intéressé, l'un de Richard Louvre qui avait fait connaître ça. d'autres lectures j'avais lu des conversations de Louis Espinassou laisser les grimper aux arbres ça ça m'avait beaucoup plu et ah oui l'envoyé spécial que j'avais vu aussi je crois que c'est en 2018 quelque chose comme ça je sais pas si tu as vu ça mais ça s'appelait comment les enfants deviennent accros aux écrans ou sont devenus accros aux écrans quelque chose comme ça ça m'avait marqué et en fait tout s'est mis en connexion dans ma tête et je me suis dit mais oui Mais il y a quelque chose à faire en fait, il faut réagir. En fait, quelque part, je me suis dit, c'est notre rôle aussi, les enseignants, de... D'essayer de réussir par rapport à tous ces problèmes et de faire quelque chose. Et bon, après, j'ai eu beaucoup de chance. C'est que j'ai pu être en contact avec une éducatrice, je ne sais pas s'ils appellent ça professeur dans les crèches en Finlande, mais qui avait un groupe d'enfants de dernière année de crèche, donc 6 à 7 ans, et qui, elle, fait vraiment classe toute la semaine. Qui accueille les enfants dehors toute la semaine. Les enfants arrivent à la crèche à 7h, 7h30, 8h. Jusqu'à 9h, ils restent à l'intérieur de la crèche. Et à 9h, ils sortent et ils restent jusqu'à 13h dehors tous les jours, toute la nuit. Et voilà, je me disais, mais comment elle fait ? En fait, je sentais que j'avais envie, mais je ne me sentais pas capable. Et on a demandé si c'était possible de venir, de venir voir. Et donc, j'ai arrivé avec ma classe. Elle m'a accueillie plusieurs fois. Ensuite, je l'ai accueillie aussi plusieurs fois. Et puis, voilà, ça a été le déclic, en fait, qui m'a permis de me lancer, de ne plus avoir peur et de me lancer. parce que je sentais que c'est ce qu'il fallait faire, mais je ne savais pas comment m'y prendre. Et en plus, je n'ai pas du tout de connaissances naturalistes, je n'y connais rien. Donc voilà, depuis que je fais ça, j'apprends au fur et à mesure, je découvre avec les enfants, je me renseigne, je leur montre aussi que je ne sais pas tout et j'aime bien cette idée-là d'être plus accompagnatrice que la personne qui dispense le savoir. Donc c'est vraiment une posture qui me plaît beaucoup et je trouve vraiment très intéressante avec les enfants. J'ai pu voir comment elles s'y prenaient. Ils mangent dehors tous les jours, ils se font livrer, c'est assez hallucinant, ils se font livrer les repas sur une petite charrette qui tire comme ça à la monte, la petite carriole qui arrive, et puis il y a une petite maison où ils allument le feu dedans, ils appellent ça une cota. C'est une toute petite maison octogonale. Tu as vraiment le feu au centre et les enfants se mettent tout autour. Ils se mettent au chaud, ils prennent le repas à l'intérieur. Ensuite, ils retournent dehors jusqu'à 13h. À 13h, ils rentrent dans les locaux de la crèche. Là, c'est vraiment une classe. Ce n'est pas toute la crèche qui est dehors. En fait c'est surtout ça en Finlande, c'est que tu as beaucoup beaucoup beaucoup d'enseignants qui font des activités dehors mais pas forcément toute la semaine du matin au soir quoi.

  • Speaker #0

    D'accord, et du coup toi tu as commencé par quoi quand tu t'es dit j'ai aussi envie, ça me donne envie de sortir est-ce que...

  • Speaker #1

    Je me suis renseignée en fait j'ai beaucoup lu de choses et donc j'ai vu qu'il fallait partir sur quelque chose de récurrent un rendez-vous qui revient toutes les semaines donc j'ai instauré le lundi après-midi Donc le lundi après-midi, depuis des années maintenant, après la cantine, on sort midi et quart, on s'habille, on sort jusqu'à 14h45, ça fait deux heures et demie. Et donc voilà, un rendez-vous qui revient chaque semaine. Et c'est marrant, c'était vraiment chouette parce que ce rendez-vous régulier m'a permis moi de me lancer. Et j'ai vu l'évolution des enfants qui n'étaient pas habitués, qui ne connaissaient pas ça. Donc tu vois les enfants, tu les lâches la première fois. ça crie, ça hurle même, ça court partout. Puis alors moi, je m'étais mise en apnée. Je les vois commencer à partir dans tous les sens. C'était trop là, là, là, là. Secours ! Est-ce qu'on va les récupérer tous ? Est-ce qu'il va se passer quelque chose ? Est-ce qu'il va y avoir un accident ? Enfin, tu vois, toutes les interrogations légitimes d'un professeur qui n'est jamais sorti ou presque, et puis qui a peur, quoi. C'est normal, hein ? Il faut lâcher plus en fait. Et donc ce rendez-vous, le fait qu'il soit régulier, au fur et à mesure des semaines, j'ai vu les enfants se calmer. Il n'y avait plus cette urgence de profiter. C'était, on sait maintenant qu'on va faire des choses aujourd'hui, et puis si on n'a pas le temps de faire tout, ce n'est pas grave parce que ça va recommencer la semaine prochaine. Il y avait quelque chose de cet ordre-là.

  • Speaker #0

    c'était chouette à voir et du coup sur ces 2h45 c'est ça ? 2h30 sur ces 2h30 est-ce que il y a des rituels que vous avez mis en place justement des choses qui reviennent tous les lundis ?

  • Speaker #1

    oui alors déjà les premières fois tu vois j'ai fait le Comme ce n'est pas clôturé, ce n'est pas fermé les espaces, j'ai fait un peu le tour avec eux de l'espace justement qu'on avait à disposition. En premier, je suis allée du coup dans le petit parc que je te disais que je voyais de la fenêtre de ma classe, donc vraiment tout près de l'école. donc c'est un bois il y a une partie plate fait parc quoi et puis des rochers et un bois donc c'est extraordinaire et donc avec les enfants on a exploré en fait le périmètre et puis j'ai déterminé avec eux les limites qui sont pas physiques mais mais voilà en disant bon bah là vous voyez à partir de là il faut vous arrêter en fait on n'allait pas plus loin là il y a la route donc non interdit enfin on a fait un peu le le tour pour voir ce qui était permis, ce qui n'était pas. Et puis, quelques règles de sécurité, mais pas beaucoup au départ, parce qu'en fait, ça s'est construit au fur et à mesure des séances, plutôt les règles de sécurité. Donc, on s'est aperçu que, voilà, quand on sortait sous la pluie, grimper sur les rochers avec les bottes en caoutchouc, c'était dangereux, ça glissait. Donc, voilà, ça, ça a été une règle qui est vite arrivée. Et bon, quand on sort et qu'il pleut, je leur demande de rappeler les règles qu'il faut appliquer ce jour-là avec la pluie. Ça revient vite. Et puis, ce sont des règles qui ne sont pas transgressées, parce qu'ils se rendent compte que sinon, ils vont glisser, ils vont tomber, ils vont se faire mal aux fesses. Tout bêtement, ce ne sont pas des règles pour contraindre, mais ce sont des règles pour les mettre en sécurité. voilà donc c'était plus ça on a fait un peu tout ça et puis j'ai un petit peu tâté le terrain, c'est le cas de le dire voir un petit peu ce qu'on avait à disposition et surtout je me suis lancée dans des activités où je me sentais à l'aise, voilà parce que au départ tu te dis, mais qu'est-ce que je peux faire dehors alors apparemment on peut tout faire dehors, mais moi qu'est-ce que je vais pouvoir faire donc en fait il ne faut pas non plus se mettre de pression puis il faut se dire voilà, si je suis plus à l'aise, je ne sais pas, en sciences, ou je dis n'importe quoi, je vais chercher des activités qui concernent spécialement, spécifiquement les sciences, et puis pour le reste, ça viendra au fur et à mesure. Au départ, je préparais beaucoup trop, beaucoup, beaucoup trop de choses. C'est toujours cette peur de l'enseignant qui doit tout avoir préparé. Enfin, moi, je l'ai entendu plein de fois de la part d'inspecteurs, vraiment, tout doit être préparé au millimètre près, il n'y a pas de place pour l'imprévu. Et là en fait c'est tout le contraire cette philosophie de la pédagogie par la nature. C'est vraiment qu'il faut apprendre, il faut préparer des choses, mais il faut aussi apprendre à lâcher prise et à se permettre de saisir les opportunités, les opportunités que la nature va te proposer ou simplement... Les enfants, à chaque fois, ils ont une découverte, quelque chose, ils vont ramener quelque chose qu'ils ont trouvé, ou ils ont observé quelque chose, ils vont poser des questions et rebondir dessus, et ça va apporter des connaissances, et ça va permettre aux enfants d'expérimenter des choses. et de mémoriser à long terme parce que clairement je me suis bien aperçue que tout ce qu'ils apprennent dehors, ils l'apprennent et ils l'ont en tête pour toujours, c'est impressionnant. Quand tu vois un petit oiseau, qu'on peut l'observer, qu'ils le dessinent, qu'on cherche ce que c'est comme oiseau, ou sinon si toi tu es en classe et que tu projettes l'image de l'oiseau et tu dis ça c'est une maison charbonnière, franchement ça ne fait pas du tout le même effet. ils s'en souviennent quand ils l'ont vu dehors, qu'ils l'ont dessiné, qu'ils l'ont écouté, qu'ils le revoient, qu'ils l'observent. Ça n'a rien à voir, quoi.

  • Speaker #0

    Et oui, on dit bien... En pédagogie par la nature, c'est l'expérience. Et puis nous-mêmes, même adultes sans être enfants, ce qu'on va vivre vraiment, ce qu'on va rencontrer dans notre quotidien va bien plus nous marquer que ce qu'on va pouvoir lire dans des livres. Et d'ailleurs, avec le recul, tout ce qu'on a pu apprendre par cœur à l'école, on ne s'en souvient pas du tout.

  • Speaker #1

    Parce que ça n'a pas de sens, en fait, si on te la porte comme ça. quand c'est toi dans ta vie qui va rencontrer quelque chose et bien que t'as envie de comprendre quelque chose ben là tu vas t'en souvenir, ça a du sens quand on te le... on te le donne comme ça, servi sur un plateau. Alors si, il y en a qui retiennent. Je ne dis pas que ça ne fonctionne pas pour tout le monde. Mais disons que tu touches plus d'enfants s'ils l'ont vécu eux-mêmes par l'expérience dehors.

  • Speaker #0

    Et puis dehors en plus maintenant les neurosciences l'ont bien montré être en extérieur ça favorise le mouvement et être en mouvement ça favorise les apprentissages et du coup non seulement l'expérience va marquer mais en plus le fait de bouger, de se déplacer ça va vraiment les ancrer et ça c'est vrai que quand on est assis sur une chaise Derrière une table, c'est tout de suite plus difficile de faire rentrer quelque chose dans le cerveau.

  • Speaker #1

    Oui. Et puis, évidemment, la gestion des émotions qui, dehors, est beaucoup plus facile. Un enfant qui est en colère pour une raison X ou Y, dehors, il va pouvoir s'isoler, il va pouvoir aller courir pour se dépenser physiquement, il va pouvoir aller se calmer en s'appuyant contre un arbre, en s'asseyant par terre et en attendant de se sentir mieux. Enfin, vraiment, c'est très important pour les enfants d'avoir cette possibilité-là. Il y a autre chose aussi qui m'avait frappé, c'est le niveau sonore. Je ne sais pas pour quelle raison, mais je n'arrivais pas à croire que c'était plus facile d'enseigner dehors qu'à l'intérieur par rapport au niveau sonore. Mais en fait, oui, c'est évident. Le fait d'être enfermé entre quatre murs, tous les sons se répercutent sur les murs, ils reviennent dans ta tête. C'est vite un brouhaha, c'est vite insupportable. Et dehors, c'est complètement différent. On pourrait penser que les enfants captent moins leur attention dehors, mais ce n'est pas vrai. En tout cas, moi, je ne pense pas.

  • Speaker #0

    Oui, et puis je crois qu'on a aussi cette idée que quand ils sont dehors, ça va continuer à faire beaucoup de bruit parce qu'en France, on a des cours de récré qui sont bitumés, entourés de murs. Donc, il y a une espèce de caisse de résonance qui se fait et qui fait que même quand ils sont dehors, il y a un brouhaha énorme qui ne change pas de quand ils sont à l'intérieur. Alors que quand tu es dans un espace de nature, le son... Déjà, ils ne résonnent pas de la même manière, surtout quand tu es dans des espaces où il y a des arbres qui sont verdurés. Le son ne tape pas contre les murs et au contraire, il s'échappe. Et donc c'est vrai que même s'ils peuvent par moments crier et tout ça, toi tu ne le ressens pas de la même manière. Et c'est vrai que du coup... Quand tu interpelles les enfants, ils vont t'entendre davantage que quand tu es dans une salle de classe ou dans une cour de récré où là, il faut hurler pour se faire entendre.

  • Speaker #1

    Oui, oui. Et au niveau de la concentration aussi, moi j'ai été très étonnée de voir des enfants qui avaient des difficultés de concentration dans la classe, capables de rester assis de longues minutes, à observer, alors on a de la chance aussi, on a des conditions extraordinaires, mais d'observer des écureuils qui sautaient d'arbre en arbre. et ça durait des minutes et j'avais le silence les enfants n'en avaient pas un qui avait envie de rigoler, de parler à son voisin non tout le monde était concentré à observer les écureuils et c'est impressionnant, les enfants t'aurais pas imaginé qu'ils auraient été capables de se concentrer aussi longtemps et bien c'est possible quand ils ont envie ils sont concentrés sur les animaux c'était très chouette Tu me disais pour la séance, les rituels, je commence toujours par un moment de regroupement, une chanson, quelque chose en musique, un petit jeu pour réveiller le corps physique, quelque chose pour se dégourdir un peu, se réveiller un peu, donc on commence toujours par quelque chose comme ça en commun. Après je vais présenter l'activité que j'ai préparée. Cette activité est souvent en lien avec quelque chose qu'on a fait dans la semaine, que je me suis dit ah bah tiens, ça on pourrait transposer dehors et faire cette expérience-là ou alors complètement différemment, complètement autre chose par rapport aux saisons, à la saison par exemple. J'ai eu une idée qui est venue d'expérimenter quelque chose dehors. Et puis du coup on fait cette activité et après ils ont toujours un moment de temps libre, de jeu libre, où il se passe toujours quelque chose en fait. Il y a toujours quelque chose qui est observé, trouvé par les enfants, où ils viennent poser une question et que du coup ça fait penser à autre chose. de résoudre le problème, s'il y a un problème. Donc, un moment de jeu libre qui permet aussi l'entrée de la coopération entre les enfants. Ça soude beaucoup le groupe classe, en fait, de sortir comme ça chaque semaine dehors. Je trouve qu'il y a... une très bonne ambiance entre les enfants, qui sont vraiment gentils entre eux. Après, voilà, je sais aussi que j'ai des conditions particulières. Je n'ai pas des enfants qui sont hyper difficiles, avec des gros problèmes de comportement dans ma classe. Mais quand même, je trouve que le fait de jouer ensemble et de créer des jeux, c'est un peu de... de discuter entre eux. Ils vont résoudre des problèmes, des petits conflits, des choses comme ça qu'il peut y avoir en discutant. Et je trouve que ça fait vraiment une bonne ambiance de classe. Mais des conflits, il y en a quand même beaucoup moins qu'en classe parce qu'ils jouent souvent avec des bâtons, des choses comme ça, des pierres. ils font des dessins dans le sol des jeux comme ça et là la nature on ne veut pas se disputer pour un bâton parce qu'il y en a plein partout donc il y a moins de conflits aussi entre eux et ce que je ne t'ai pas expliqué c'est que dans la chance que j'ai d'être en Finlande maintenant on ne reste plus dans le parc à côté de l'école et on prend les vélos et une semaine on va à la plage et une semaine on va dans la forêt vraiment dans la forêt Donc ça, c'est encore une grande chance. Ça permet de voir des choses différentes au niveau de la nature et de faire des activités un peu différentes. Et ils se régalent. Vraiment, ils attendent ces rendez-vous avec beaucoup d'impatience. Ça va être difficile de pouvoir faire la même chose en France, mais pour le moment, je profite de la chance que j'ai.

  • Speaker #0

    Là, c'est sûr que d'avoir une richesse d'un point de vue environnement comme ça, qui te permet de varier. Les lieux, c'est vraiment des écosystèmes qui sont différents et clairement d'un point de vue découverte, c'est hyper riche pour les enfants, c'est fou.

  • Speaker #1

    Je suis contente de ne pas être passée à côté de ça, tu vois, et d'avoir découvert ça, cette pédagogie par la nature qui m'a permis vraiment d'explorer tout ça. Parce que ça aurait été tellement dommage d'être en Finlande et de rester dans la classe de mon école française, voilà quoi.

  • Speaker #0

    Et du coup, dans l'école, est-ce que tu as été la première enseignante à te lancer sur des demi-journées comme ça en extérieur ? Oui. Et donc, est-ce qu'il y en a qui ont suivi derrière ou tu restes la seule dans l'école ?

  • Speaker #1

    J'ai une collègue qui avait des plus petits que moi. Moi, j'ai beaucoup de, comment dire, un peu le cycle 2. Enfin, c'est multiniveau tout le temps dans ma classe. J'ai eu de la moyenne section jusqu'au CE2, soit double niveau, triple niveau ou quadruple niveau. Ça, c'est intéressant aussi d'avoir des âges différents. Et l'année prochaine, j'aurai aussi CM1. Donc voilà, j'ai toujours eu des cours multiples et j'avais une collègue maternelle, avec vraiment les petits, qui a essayé un petit peu mais c'était pas régulier. Et puis elle osait pas quoi, vraiment lâcher prise. C'était quand même sous haute surveillance j'irais tu vois. C'était vraiment un espace plat où je continue à voir tous mes élèves en vue. Bon, elle a fait des choses en extérieur, alors c'est bien. Dès qu'on sort les enfants, de toute façon, c'est bien. Après, ça n'a pas été régulier. Et après, il n'y a pas d'autres collègues qui ont testé ça.

  • Speaker #0

    Alors, une des grosses différences... Par rapport à la France, c'est au niveau du climat. Tu vois, il y a encore dix jours, lors d'une rencontre avec le réseau de pédagogie par la nature sur le secteur sud-est, il y avait des collègues qui disaient qu'ils en venaient à envisager de faire une trêve hivernale parce que c'est vraiment compliqué de mobiliser les familles pour sortir quand il fait froid. C'est sans parler de la neige, là on était dans un coin, on était en... Dans la Drôme, où il y a peu, il y a quelques jours de neige, mais pas plus que ça, et il disait que juste le froid empêchait les gens de sortir. Moi j'habite à la montagne, donc les gens sont davantage équipés, mais ça demande quand même, malgré tout, beaucoup de communication et de pédagogie auprès des familles pour expliquer que si, les enfants peuvent très bien passer trois heures en extérieur. J'avais vu, il y a peut-être, donc là on est mi-avril, il y a encore trois ou quatre semaines, tu avais partagé sur ton compte Instagram une photo où il y avait de la neige. Comment est-ce que toi déjà, tu t'es acclimatée à ces hivers qui sont, je pense, en termes de ressenti plus longs que ce qu'on connaît en France ? Et comment ça se passe du coup avec les enfants ?

  • Speaker #1

    Alors, contrairement à ce qu'on peut imaginer, la neige, ce n'est pas le pire, parce que quand il neige, il fait assez doux, en fait. Et puis la neige, pour être dehors, c'est chouette, les enfants, ils adorent, ils en raffolent, donc ce n'est pas le plus compliqué. Ce qui est plus compliqué, c'est l'humidité, par exemple. Je peux comprendre qu'en France, au bord de la mer, en Bretagne, l'humidité, c'est compliqué de rester dehors, mais il faut s'équiper, il n'y a pas de secret. Et j'ai cette chance aussi, c'est que en fin d'an, tu peux trouver tout ce qu'il faut forcément pour les enfants. Donc ils sont l'hiver en combinaison de ski, avec des chaussures, des bottes étanches. Ils ont les gants imperméables, la veste imperméable. ou le pantalon de pluie à bretelles. Ils ont tout ce qu'il faut. Et donc moi, je demande en début d'année une tenue complète pour sortir sous la pluie, qui reste à l'école. Donc ils viennent avec leur manteau ou leur combinaison le matin. Et puis en fait, selon la météo, comment ça tourne dans la journée, on adapte et on a tout ce qu'il faut sur place pour les protéger. mouillé en fait, puisque c'est ce qui est le plus difficile. Si tu as les pieds mouillés au bout de cinq minutes, tu ne peux pas rester trois heures dehors, c'est insupportable. Donc on a cette chance qu'ils sont bien équipés. et justement je pensais à l'après à mon retour en France et tout et du coup j'achète d'occasion des tonnes de bottes de pantalons de pluie, de vestes de pluie des chaussettes en laine pour mettre dans les bottes en caoutchouc parce que sinon ça fait un peu mal aux pieds voilà donc j'ai un gros gros stock c'est assez impressionnant pour préparer le retour, parce que je me doute bien que quand il faut équiper 20, 25 élèves ou 30 élèves, c'est compliqué, si tu attends que tout le monde soit équipé, tu ne peux pas sortir. Je comprends très bien ce que tu dis, des profs pensent à une trêve hivernale, mais après quand tu es bien couvert, ça va, si tu as un bonnet, surtout quelque chose sur la tête, pour ne pas perdre la chaleur du corps. et puis des vêtements imperméables pour ne pas prendre l'eau. Ça se fait bien quand les enfants sont dehors, ils courent, ils bougent, ils ne ressentent pas le froid. La limite, c'est plus nous les adultes, au bout d'un moment, on va bouger un peu, parce que si on reste trop statique, on va avoir froid, mais les enfants n'ont pas froid.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'il y a des choses, alors tu en as déjà dit, tu parlais notamment du fait que ça te faisait beaucoup de bien de ressentir moins de pression que ce que tu avais pu ressentir au niveau de ton travail durant tes années d'enseignement en France. En dehors de ça, est-ce qu'il y a des choses que tu as pu vivre, que tu as pu observer en Finlande, que tu aimerais particulièrement voir se mettre en place dans les écoles en France ? Est-ce qu'il y a des choses que toi, tu veux importer ? en disant que tu fais ton petit stock de vêtements, je comprends bien que tu envisages de faire classe en extérieur en revenant en France.

  • Speaker #1

    C'est impossible de revenir en arrière, je crois. Quand tu fais ça régulièrement et que tu vois tous les bénéfices auprès des enfants, je ne sais pas si c'est que moi, mais je ne suis pas une panne plus emmenée dehors. Ce n'est pas possible. Alors, ce que tu me demandes, en fait, c'est lié aussi à la pression, à faire baisser la pression. Je dirais, c'est prendre le temps. Ce n'est pas tout à fait la même chose. Mais prendre le temps, permettre aux enfants de prendre leur temps. Ça, c'est quelque chose que j'essaie d'appliquer. Alors, je pense que ce n'est pas toujours... encore un automatisme parce que voilà on est formaté on est tout le temps à les presser en fait pour tout tu vois il faut vite finir le travail l'exercice parce qu'il y a encore autre chose derrière parce qu'il faut sortir en récréation à l'heure parce qu'il faut alors je comprends il y a des contraintes et on peut pas y échapper mais quand c'est possible de leur laisser le temps voilà parce qu'en plus voilà chacun avance à son rythme Tout le monde ne fonctionne pas de la même manière et donc permettre aux enfants de prendre leur temps, c'est vraiment une grande richesse. C'est un cadeau pour eux, leur permettre ça. Et ça, je pense que si on pouvait permettre d'aller moins vite, tranquille.

  • Speaker #0

    je ne l'explique pas non mais c'est vrai qu'il suffit de le voir mais tu vois même sans parler de l'école à la maison tu t'en rends compte moi je trouve que les moments où on presse le plus les enfants c'est le matin notamment quand il faut se préparer pour aller à la crèche, pour aller à l'école et on sent bien qu'on n'est pas du tout sur le même rythme que eux qui ont besoin de temps pour s'habiller, qui ont besoin de moments de jeu entre le petit déjeuner et le moment où on met les bottes. Et ça, c'est quelque chose qui dure longtemps. Et nous, adultes, on le sent bien aussi. Quand on est stressé, le quotidien à toute vitesse, ça nous stresse.

  • Speaker #1

    Oui, oui, oui. Et il y a autre chose aussi que m'a apporté la Finlande, alors c'est peut-être pas spécifiquement la Finlande, mais en tout cas moi depuis que j'y suis, c'est avec ce climat, tu vois, de donner beaucoup de liberté aux enfants, d'autonomie, de conscience et tout. C'est aussi de toujours me demander quand un enfant me pose une question et que j'ai envie de lui dire non. c'est toujours me demander pourquoi j'ai envie de lui répondre non. Est-ce que c'est justifié, en fait ? Est-ce que ce n'est pas un automatisme ? Toujours cette histoire de formatage de prof. Est-ce que finalement, c'est embêtant si je lui dis oui ? Enfin, tu vois ce que je veux dire ? Et là, ça, c'est une position que je n'avais pas du tout avant de partir travailler en Finlande. Et tu vois, je me rends compte que j'ai évolué par rapport quelquefois à des remarques de collègues. Je pense notamment à quelque chose, mes élèves, comme ils ont du coup l'habitude de jouer dehors et tout ça, dans la cour de récréation, ils ont envie aussi de jouer avec des bâtons, et j'ai un collègue qui était de service de récré, qui revient me voir et qui me dit, je leur ai dit non pour les bâtons, parce qu'ils vont se battre, ils vont se faire mal et tout. Et en fait, je lui dis Oui, mais on peut en discuter parce que moi, je leur permets de jouer avec des bâtons. Après, il y a des règles. Évidemment, on ne se tape pas dessus avec les bâtons. Il y a une règle, c'est la taille du bâton. Si le bâton est plus haut que moi, je n'ai pas le droit de le porter dans la main. Je le tire derrière moi pour ne pas éborner quelqu'un en me retournant. Enfin, des petites règles comme ça. Mais ce n'est pas parce qu'il y a des règles que je vais interdire de jouer avec des bâtons. et du coup voilà j'en ai discuté avec lui par rapport à ça et il y a eu autre chose aussi qui avait été sujet de discussion c'est que toujours mes élèves j'en donne peut-être des mauvaises habitudes mais moi dans la cour de récréation en fait nous allions en terre en herbe en terre la cour on n'avait pas un bitumé on a aussi cette chance et du coup ils creusaient des rigoles dans la terre tu vois, donc ils pèlent des seaux pour le bac à sable mais ils les utilisaient pour aller creuser dans la terre et jouer pas dans le bac à sable et creuser des rigoles et du coup évidemment ça fait des trous un collègue me dit non mais moi j'aurais dit de reboucher ça d'arrêter et je lui dis ouais mais pourquoi il n'y a pas grand chose à faire dans la cour il n'y a pas beaucoup de jeux si leur jeu c'est de creuser des rigoles de faire passer de l'eau dans les trous enfin je sais pas, de construire des poutres et tout tu veux dire non en fait il risque de tomber je lui dis si il tombe c'est pas grave il va se prendre le pied dans le trou et la prochaine fois il regardera où il met ses pieds mais il n'y a rien de grave il ne peut pas se faire mal en fait et c'est toujours ce truc de se dire j'ai envie de dire non mais est-ce que ça sert vraiment à quelque chose est-ce que c'est justifié pourquoi pas quoi c'est assez merci C'est nouveau. En tout cas, avant la fin d'an, je ne réfléchissais pas comme ça. Je pense que c'est bon pour les enfants aussi, de réfléchir aux limites qu'on leur met.

  • Speaker #0

    Mais probablement que le fait que les enfants occupent une place centrale dans le quotidien des gens, des familles, qu'ils soient considérés à leur juste valeur. Nous, c'est vrai que dans notre culture française, on a plutôt tendance à écarter les enfants de tout, de l'espace public. on ne les écoute pas plus que ça, etc. Et du coup, quand tu replaces l'enfant au centre et que tu lui donnes sa place vraiment, tu vas l'écouter comme tu écoutes un adulte. Et tu vas faire preuve de plus d'empathie, tu vas essayer de comprendre pourquoi est-ce que lui, il a ce besoin-là, pourquoi est-ce qu'il s'exprime de cette manière. Et je pense que du coup, ça modifie, ça t'amène à faire un pas de côté et à réfléchir pourquoi est-ce qu'effectivement... Toi, tu peux dire non et tu peux l'empêcher de faire telle ou telle chose, qui sont des réflexes qu'on a.

  • Speaker #1

    et lui donner de la liberté d'action, des choses comme ça ça ne veut pas dire que tu ne le protèges pas parce que je l'observe et je vois s'il y a quelque chose à corriger dans sa posture qui risquerait de le mettre en danger je vais lui dire mais je ne vais pas être à côté à tendre les bras pour le rattraper des fois qu'il tombe il y a l'expérience l'histoire de les faire grimper aux arbres mais tu les verrais comment ils sont heureux ils sont trop fiers quelquefois ils montent à 50 cm du sol mais c'est un premier pas ils commencent à prendre confiance en eux à se lancer, à essayer de faire des choses qu'ils ne sont pas habitués à faire et on ne leur laisse pas la possibilité de le faire parce qu'on a peur pour eux ou alors tu vois moi je dis éplucher des bâtons avec des couteaux, je ne sais pas si on dit éplucher tu vois l'idée J'ai des petits couteaux et jamais personne ne s'est blessé. Alors après, je n'en mets pas 20, je ne les lâche pas à 20 dans la forêt avec 20 couteaux. Toujours pareil, il y a des règles. donc voilà c'est toujours assis par terre à côté de moi je regarde le geste toujours le couteau qui dans le sens du couteau vers le sol tu vois qui est plus vers le sol pas vers le visage tu corriges le mouvement mais tu ne vas pas empêcher de faire et tu ne vas pas lui dire attention attention parce que c'est hyper stressant et ils sont trop fiers de la conscience que tu leur accordes et cette relation en fait elle change du coup entre l'enseignant et l'enfant. Cette relation de confiance, tu l'as en classe aussi après. Et cette confiance que j'ai réussi à leur accorder en lâchant prise dehors, eh bien aussi ça se répercute en classe, quand eux ils ont des envies particulières, c'est-à-dire que je leur demande de lire un texte pour répondre à des questions après par exemple, est-ce que je peux aller dans le couloir le lire ? Eh bien oui si tu veux, si ça te fait plaisir, si ça te permet de le lire plus tranquillement. voilà pourquoi pas en fait c'est pourquoi pas je me dis toujours quand on me demande quelque chose qui peut me paraître un peu incongru ou pas nécessaire pourquoi pas en fait s'il me le demande que ça ne met pas en danger que ça ne gêne personne, pourquoi pas

  • Speaker #0

    Et les enfants, en fait, ils te remercient en contrepartie de cette conscience, de cette liberté, cette autonomie que tu leur accordes. Dans leur comportement, tu vois, ça fait une chouette ambiance.

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait. Muriel, on arrive à la fin de notre échange, mais avant de nous quitter... J'avais envie de te poser une question relative à tes projets, puisque tu disais tout à l'heure que l'école dans laquelle tu es actuellement va probablement fermer d'ici un an. Du coup, quels sont tes projets ? Est-ce que tu envisages de poursuivre dans l'enseignement ? Est-ce que tu envisages un éventuel retour en France ?

  • Speaker #0

    Alors oui, j'envisage le retour en France. J'avoue que je stresse un petit peu parce que les conditions de travail, je les connais en France. Je ne suis pas hyper ravie à l'idée de retourner enseigner. comme j'enseignais avant, mais en fait, je ne vais plus enseigner comme j'enseignais avant. Donc, c'est aussi ce que je me dis pour me rassurer, tu vois. Mais bon, c'est les conditions de travail qui sont quand même assez compliquées en France. Donc, voilà, je garde en tête, évidemment, que je continuerai à faire la pédagogie par la nature. C'est indispensable, ce n'est pas envisageable d'arrêter ça. Mais j'ai en tête aussi d'ouvrir une école de la forêt ou quelque chose, une structure en tout cas en extérieur. J'ai ça en tête depuis plusieurs années. C'est aussi pour ça que j'ai fait le compte Instagram. C'est pour montrer un peu ce qu'il est possible de faire et pour éventuellement convaincre d'autres personnes à se joindre à moi pour monter un projet. J'aimerais bien monter quelque chose sur un terrain boisé, proposer un accueil en extérieur, soit type école, mais si c'est trop compliqué, au moins l'accueil de famille, des accueils de classe ou de crèche, de structure pour des enfants handicapés, des EHPAD, enfin tu vois, d'accueillir du public. pour leur faire découvrir les bienfaits d'être dehors, de profiter de la nature, de faire des activités en extérieur. C'est un peu mon objectif.

  • Speaker #1

    Trop chouette ! Je te remercie infiniment pour cet échange. Le fait que tu sois baignée dans une autre culture avec une approche de l'éducation en général différente de celle qu'on a en France. C'est hyper riche et ça apporte vraiment un éclairage différent et lors des prochaines rencontres du RPPN, quand tu seras de retour, tu auras plein de choses à nous partager, à nous apporter. Et tu vois, moi, c'est évidemment des pays que je regarde beaucoup, dont je suis l'actualité, parce qu'ils font les choses autrement et que ça a l'air quand même de bien fonctionner. Et je parle surtout d'un point de vue de l'épanouissement des familles, des enfants et des professionnels. et là à t'entendre ça me donne encore plus envie d'aller explorer de ce côté là tout comme toi pour le moment j'ai des contraintes mais je l'ai dans un coin de ma tête et peut-être qu'un jour je

  • Speaker #0

    ferai le pas d'aller explorer de ce côté là j'espère si ça peut donner envie c'est chouette faut pas hésiter en fait faut pas avoir peur c'est surtout ça pour Si on a envie, il faut y aller. Tout se met en place au fur et à mesure, tranquillement, petit à petit. Et on ne voit que des bénéfices, des bienfaits pour tout le monde, pour les enseignants comme pour les élèves. Donc, il ne faut pas s'en priver.

  • Speaker #1

    Oui, c'est clair. et ben merci beaucoup je crois que tu es en vacances actuellement et ben je te souhaite de bonnes vacances et à très bientôt merci

  • Speaker #2

    à toi pour tout ce que tu fais merci à toutes et à tous pour votre écoute j'espère que cette discussion vous a plu et qu'elle éveille en vous une certaine curiosité pour l'éducation en plein air voire même, peut-être, une envie de militer pour qu'elle se répande davantage. Pour en savoir plus sur mon invité du jour, je vous invite à vous rendre sur le site pédagogieduvivant.fr. Vous y trouverez toutes les infos à son sujet, ainsi que ses recommandations. Sur ce, je vous donne rendez-vous la semaine prochaine pour un nouvel épisode. Et d'ici là, n'oubliez pas, sortir, ça ne doit être que du kiff ! Allez, ciao ciao, à bientôt !

Chapters

  • Introduction

    01:10

  • Présentations

    02:17

  • Souvenirs d'enfance

    03:27

  • Parcours professionnel

    04:41

  • Installation en Finlande

    07:24

  • Portrait d'école

    10:37

  • L'enseignement en Finlance

    12:36

  • Aménagements extérieurs des écoles

    19:17

  • Démarrage de la classe dehors

    22:17

  • Rituels et pratiques

    29:54

  • Le climat

    43:37

  • Changement de regards sur l'enfance

    47:48

  • Retour en France

    58:05

  • Remerciements

    01:00:25

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