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Enfance en nature par Claire Velly

#35 Rentrée 2024 : état des lieux de l'éducation en plein air en France, avec Laura Nicolas, enseignante chercheure

#35 Rentrée 2024 : état des lieux de l'éducation en plein air en France, avec Laura Nicolas, enseignante chercheure

1h15 |19/09/2024
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Enfance en nature par Claire Velly

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1h15 |19/09/2024
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Description

Pour démarrer cette nouvelle saison, je vous propose d'écouter Laura Nicolas, enseignante, formatrice et chercheure en sciences de l'éducation.


Après plusieurs années à accompagner des enfants dehors, Laura partage ici son expérience et son approche de l'éducation par la nature ainsi que son regard en tant que chercheure sur le paysage actuel français de l'éducation en plein air.


Un échange passionnant qui donnera envie, je l'espère, à tou.te.s les curieux.ses de l'éducation par la nature d'accompagner toujours plus d'enfants dehors !


Pour retrouver toutes les références de Laura, rendez-vous sur : https://pedagogieduvivant.fr/


Très belle écoute


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue sur le podcast Enfance en Nature, le podcast qui parle d'éducation en plein air. Je m'appelle Claire et chaque semaine, je reçois ici un ou une pédagogue qui nous partage son expérience en matière d'éducation hors des murs. Famille, professeur des écoles, éducateur, animatrice... Ces conversations... ont pour but de transmettre et diffuser des pratiques diverses et variées qui tendent toutes vers un objectif, permettre aux enfants de passer un maximum de temps en extérieur et plus particulièrement au contact de la nature. Si vous souhaitez soutenir le podcast, n'hésitez pas à laisser un avis ou 5 étoiles sur votre plateforme d'écoute et surtout, surtout, à le partager autour de vous pour disséminer les graines de l'éducation en plein air. Je vous souhaite une très belle écoute. Quel plaisir les amis de ressortir mon micro du tiroir et de le rebrancher pour vous retrouver pour cette nouvelle saison d'Enfance en Nature. J'espère que vous avez passé un très bel été. Ici, il a été ressourçant et je suis prête. pour repartir sur plusieurs mois de podcast en opérant quand même un petit changement sur la fréquence des épisodes puisque l'année dernière, j'étais à un épisode par semaine. Là, pour cette année, j'ai pris la décision de passer à un épisode toutes les deux semaines mais sans faire de pause pendant les petites vacances scolaires. Ce sera normalement en continu jusqu'au début de l'été prochain. Mais pour être totalement transparente avec vous, j'ai fait ce choix parce que comme je l'ai souvent partagé sur les réseaux, que ce soit sur le compte Instagram Enfance en Nature ou sur mon compte professionnel Pédagogie du Vivant, j'ai créé et j'anime ce podcast toute seule. Ça me demande énormément de travail. Or, le podcast est totalement indépendant. Il n'est pas sponsorisé, donc je ne touche aucune rémunération pour ce podcast et je suis complètement... ok avec ça parce que je le fais avec grand plaisir. Mais du coup, entre mes différents projets professionnels, associatifs et personnels, je suis obligée d'opérer des choix parce que mon temps n'est pas illimité malheureusement. Et donc pour pouvoir tenir sur la longueur, j'ai préféré diminuer la fréquence de sortie des épisodes plutôt que de me mettre une pression de dingue pour absolument en sortir un chaque semaine. Je préfère la qualité à la quantité. Ça ne m'empêchera pas peut-être ponctuellement, si j'en ai envie, que j'en ai le temps de poster un épisode en plus, comme ça, un épisode bonus. Mais je préfère que ce soit dans ce sens-là que dans l'autre sens. J'espère que vous serez au rendez-vous et que les invités que je recevrai sur cette nouvelle année vous passionneront toujours autant. En tout cas, je vous remercie encore pour tout... toute la présence et tout le soutien que vous m'avez montré l'an dernier. Et voilà, on continue, on repart pour une nouvelle saison qui démarre fort parce que l'invité que je reçois aujourd'hui est absolument passionnante. Il s'agit de Laura Nicolas qui est enseignante, chercheure, formatrice et animatrice dans le cadre d'une association. Donc elle cumule plein de casquettes. Ça fait plusieurs années qu'elle pratique, qu'elle étudie l'éducation par la nature et elle a un regard aiguisé sur cette éducation par la nature, quelle que soit la forme qu'elle prend en France. Mais au-delà de ce regard, elle a aussi une pratique qu'elle partage dans cet épisode. On balaye vraiment à la fois le paysage de l'éducation par la nature en France et puis son expérience à elle. Moi, je l'ai écoutée pendant une heure. J'ai bu ses paroles. Je me suis régalée. Ça m'a fait vraiment plaisir de démarrer cette nouvelle saison avec Laura. Donc, j'espère que vous allez prendre autant de plaisir et que ça va vous envoyer plein de bonnes ondes pour démarrer cette nouvelle année scolaire. Voilà. Sur ce, je vous souhaite une très belle écoute.

  • Speaker #1

    Bonjour Laura. Bonjour Claire.

  • Speaker #0

    Bienvenue sur le podcast Enfance en Nature, podcast qui fait sa deuxième rentrée cette année. Et c'est avec toi que j'inaugure cette nouvelle saison, donc je suis ravie de te recevoir ici aujourd'hui. Alors, on va parler dans quelques minutes de ton parcours, mais rapidement, pour que les auditeurs et les auditrices identifient qui tu es, est-ce que tu veux bien nous dire dans quelle région tu es installée et, en quelques mots pour le moment, ce que tu fais dans la vie ?

  • Speaker #1

    Oui, alors je suis installée en région centre-Val-de-Loire et plus particulièrement en région de Sologne, une région forestière. Je suis partagée entre deux activités. La première, c'est mon poste, j'allais dire officiel, c'est celui de maître de conférence en sciences de l'éducation et en sciences du langage. Et je suis ainsi à l'université Paris-Est-Créteil, donc ça c'est ma casquette urbaine. Et ma deuxième casquette, c'est celle de bénévole formatrice au sein de l'association Solonia Nature et Culture que j'ai créée il y a maintenant quelques années. Formatrice d'éducateurs, d'éducatrices, d'enseignants, d'enseignantes en éducation par la nature. Et ceci en Solonia.

  • Speaker #0

    On va avoir de la matière pour discuter alors.

  • Speaker #1

    Je pense.

  • Speaker #0

    Alors ? Il y a une question rituelle que je pose toujours pour démarrer la discussion et qui est une question à laquelle je tiens beaucoup. Le podcast s'appelle Enfance en nature et justement Laura, quels sont tes souvenirs d'enfance en nature ? Est-ce que tu veux bien nous raconter le rapport que tu avais avec elle durant ton enfance ?

  • Speaker #1

    Alors vaste question, tellement tellement précieuse, je te remercie beaucoup de la poser. Mon rapport à la nature, c'est d'abord un rapport à la forêt d'une part et aux animaux d'autre part. Je me revois enfant avec la bande de cousins à explorer la forêt. Donc c'est d'abord un rapport d'exploration et de jeu, de jeu libre hors temps scolaire dans une forêt qu'on appelait la forêt inconnue avec des imaginaires, des découvertes, des... cow-boys et des indiens, des aventures incroyables dans ce petit bois de forêt, ce petit bois de Sologne. Et le deuxième, c'est celui du rapport très constant aux animaux, alors plutôt animaux de compagnie, des chiens, des chats, des hamsters, des chevaux, qui peuplaient, pas seulement mon imaginaire, mais ma vie d'enfant de manière très très proche. Donc c'est ces deux rapports-là que j'ai eus en tant qu'enfant à la nature. et rapports qui ne m'ont jamais quitté. Hum,

  • Speaker #0

    trop chouette ! Pour en savoir davantage sur toi, justement, et comprendre les projets dans lesquels tu t'impliques aujourd'hui, et notamment toutes les casquettes que tu portes, est-ce que tu veux bien nous raconter ton parcours professionnel ?

  • Speaker #1

    Oui, alors, pour faire bref, je dirais que j'ai commencé en tant qu'enseignante dans une toute petite école qui était en milieu rural. Et on avait une grande grande cour qui était un espace arboré. On n'avait pas de cours de récréation bétonnés, comme on peut le voir dans d'autres écoles. Ce n'était pas une configuration classique. Et déjà, j'aimais bien emmener les enfants, les élèves dehors pour ce qui se faisait le plus facilement. La lecture, l'EPS, l'activité physique et sportive. J'avais absolument aucune connaissance ni de compétences particulières dans le domaine. de l'éducation par la nature, et puis on parle d'un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître, donc toutes ces choses-là, on en parlait peu en France à l'époque, et ça s'est arrêté là pour mes expériences d'éducation en nature à l'époque, et puis mon parcours m'a emmenée de vers le monde, à travers le monde, je me suis spécialisée dans l'enseignement des langues étrangères, avec un master en... L'enseignement de l'anglais et de l'espagnol, j'ai vécu au Mexique, aux Etats-Unis, j'ai vu pas mal de configurations éducatives très intéressantes en zone rurale comme en zone urbaine. Et puis ce parcours a fini par me faire arriver à Paris où j'ai entamé une thèse en sciences du langage qui portait sur les dynamiques éducatives, le discours des enseignants en classe de langue étrangère, bref j'ai beaucoup voyagé aussi dans ma classe. Jusqu'à ce que j'ai un poste dans ce domaine-là à l'université de Créteil. Et déjà, j'étais assez focalisée sur de l'apprentissage hors les murs. J'organisais pas mal de choses en milieu urbain, visites culturelles avec les étudiants de français comme langue étrangère. Je me suis beaucoup intéressée aux relations interculturelles, mais aussi à la puissance de l'apprentissage de la langue en immersion, dans la cité finalement, au contact du réel. Ce n'était pas forcément des parcs, il n'y avait pas encore la notion de nature. telle que je l'entends aujourd'hui, mais c'était déjà une ouverture hors les murs, je dirais qu'il y avait déjà quelque chose. Et puis au niveau familial, j'ai ensuite fait l'acquisition d'une petite maison à retaper en Solone qui m'a amenée à revenir, à quitter Paris un peu plus souvent pour finalement m'y installer et dans cet espace beaucoup plus forestier, tout d'un coup, progressivement plutôt, je me suis dit mais c'est fou ! Ce silence, ces chants d'oiseaux, ces bruits de nature, ce serait fou si on en faisait un espace d'apprentissage beaucoup plus régulier et qui ne s'arrêterait pas aux seuls enfants, mais explorer un petit peu ces potentiels du vivant finalement, autre qu'humain, autant qu'humain, dans ces espaces forestiers. J'étais déjà en Sologne à ce moment-là, et je parle de ça d'il y a à peu près 6-7 ans. Et pour explorer ce potentiel, j'ai créé l'association Solonia Nature & Culture, loi 1900, une petite association sans ambition aucune qui visait à ouvrir ces espaces éducatifs avec de l'accueil péri-extra-scolaire et ce qu'on appelle un petit peu une forest school ou une école forêt ou de la forêt. Moi, j'aime bien le dire en français parce qu'on l'adapte à la culture française aussi. On fait les choses peut-être différemment de ce qu'on fait. en Scandinavie ou en pays anglo-saxon. Bref, on a mené ces ateliers avec des personnes qui étaient spécialistes en éducation à l'environnement. J'ai loin de là l'idée de faire tout tout seul. On a beaucoup travaillé avec des personnes qui avaient ces métiers du bois, les personnes qui étaient spécialistes des milieux aquatiques. Et puis, on a vu que les enfants, ils étaient absolument fascinés. Et puis, très vite... via ces petites actions éducatives et le lancement aussi d'un site ressources, Ma Petite Forêt, où je condensais un peu ces expériences-là pour donner envie à d'autres personnes. J'ai très vite eu des demandes de formation, parce qu'à la base, mon métier, c'est quand même de la formation d'adultes, formation d'enseignants aussi à l'université, je faisais ça, je fais ça encore. Et là, je me suis dit, c'est vrai que si ça pouvait donner envie à des enseignants, à des éducateurs petite enfance. les éducateurs et éducatrices spécialisés, à mener les enfants dehors beaucoup plus fréquemment, eh bien allons-y. Et donc j'ai créé cette formation qui est hybride, il y a une partie en ligne pour toutes les bases un petit peu pédagogiques, théoriques, parce que c'est un mouvement, ce mouvement de l'école dehors, de l'éducation par la nature, qui est ancien et qui est très appuyé au niveau théorique, en sciences de l'éducation tout du moins. et une partie en présentiel qu'on appelle nos stages pratiques école du dehors qui connaissent un succès qui en dit long sur les besoins des personnels de l'éducation. Et j'en suis là aujourd'hui, c'est-à-dire que j'ai à la fois mon poste à l'université où j'emmène le plus possible les étudiants dehors, mais où la majorité de mon temps, je suis à travailler pour cette association. accueillir des groupes d'enfants, accueillir des écoles, accueillir des crèches et puis faire de la formation des enseignants et d'autres personnels éducatifs à l'éducation par la nature. Voilà, désolée, j'étais un petit peu longue, mais j'essayais de condenser cette expérience de rapport à l'éducation par la nature.

  • Speaker #0

    Mais je t'en prie, développe, développe, on a tout le temps, c'est un temps de parole qui est libre, donc n'hésite surtout pas. à partager le plus possible. On est là pour ça. Donc, c'est avec grand plaisir. Pour préciser un petit peu, par rapport aux étudiants que tu formes à l'université, est-ce que du coup, tu profites de cet espace de formation pour les initier au sujet de l'école du dehors ? Ou est-ce que la formation, du coup, tu la fais vraiment uniquement pour les enseignants ? à l'extérieur de l'université et qui font la démarche d'eux-mêmes de venir se former ?

  • Speaker #1

    Alors c'est une question absolument essentielle, je te remercie vraiment beaucoup de la poser parce qu'elle me tient beaucoup à cœur. Et la réponse c'est non. L'une des raisons pour lesquelles j'ai créé la formation en ligne avec la casquette associative, c'est justement parce que nos maquettes de formation, en formation initiale d'enseignants, pour le moment, on va parler de l'INSPE, qui peut changer de nom au fur et à mesure, mais l'Institut de formation des enseignants, pour le moment, il y a quelques petites places selon les institutions, selon les endroits, pour des approches un petit peu encore dites. alternative, mais globalement on est beaucoup plus sur des approches disciplinaires, en particulier les maths et le français, que sur de la pédagogie transversale. Je pense que les politiques éducatives font des choix, de fait, et posent des choix qui sont plus sur des apprentissages didactiques, donc des contenus à enseigner qui prennent beaucoup de temps, davantage que des ouvertures sur des modes pédagogiques alternatifs. Et je n'ai pas encore réussi, parce que je ne suis pas en temps plein à l'INSPE, je suis au département de français langue étrangère, donc je viens soutenir les collègues sur des besoins qu'ils peuvent avoir, mais moi, mon poste n'est pas à l'INSPE, donc j'interviens ponctuellement plutôt sur des enseignements en lien en master MEF, donc le master de formation, plutôt sur des enseignements en lien avec les langues et cultures. Même s'il y a des créations de master intéressantes qui tendent vers l'intérêt de la formation à l'écologie, à l'environnement, et j'ai la chance de pouvoir y intervenir sur un ou deux enseignements, et bien oui, je ne laisse pas passer l'opportunité de parler de l'école dehors et de l'éducation par la nature, mais c'est très anecdotique pour répondre à ta question. Ce n'est pas institué et ce n'est pas un cas isolé. Je connais d'autres personnes qui sont passionnées, passionnantes. sur ces questions-là, qui sont à des postes équivalents et qui n'ont pas encore non plus la possibilité d'aborder, imaginons, un module qui soit spécifiquement dédié à la chose. Ce serait évidemment mon rêve, mais pour le moment, ce n'est pas encore le cas. Donc je me dis, eh bien, ce n'est pas grave, ce sont les enseignants avec au moins un ou deux ans, une ou deux années d'exercice du métier, qui, selon ce qu'ils me racontent, ont besoin d'un bol d'air. On a des personnes au bout de 20 ans d'enseignement qui rejoignent les programmes de formation à l'éducation par la nature, mais ce sera plutôt, en ce qui me concerne, en formation continue ou via l'association, qui vont trouver leur bonheur et la possibilité de le faire, même si on observe de plus en plus d'offres de l'éducation nationale en formation continue, en interne aussi, sur ces questions de classe dehors, et je m'en réjouis beaucoup. mais en formation initiale pour clôturer sur ta question. Voilà, on a encore très très peu de place pour cette question-là. C'est un chantier immense à travailler, à mon sens, parce qu'il est primordial. Voilà, il faut lentement mais sûrement, on va dire.

  • Speaker #0

    Alors, aujourd'hui en France, il y a quand même de plus en plus de structures qui s'ouvrent vers l'extérieur en intégrant dans leurs projets éducatifs et pédagogiques l'accès. des enfants à l'extérieur, que ce soit des écoles publiques, privées, des crèches, des structures extrascolaires ou périscolaires. Ça amène à se dessiner un paysage très varié de l'éducation en plein air, avec probablement autant d'approches différentes que de personnes qui la pratiquent. Toi qui la pratiques justement et qui... étudie cette éducation par la nature en tant que chercheur, est-ce qu'il y a des éléments, des points communs, qu'on retrouve toujours dans ces approches, quel que soit le terme employé pour les désigner ? Parce que c'est pas toujours évident pour les personnes non initiées à ce sujet de l'éducation par la nature. On entend plein de termes différents, les forest schools, l'école de la forêt, l'école de la nature, la classe dehors, l'éducation à l'environnement. Et ce n'est pas toujours si simple de s'y retrouver. Donc, est-ce qu'il y a des similitudes, quel que soit le nom qu'on donne à ces approches ?

  • Speaker #1

    Oui, effectivement, on a une galaxie devant nous. C'est une galaxie qui est... On a des constellations, des étoiles, des petites étoiles qui... pop-up un petit peu de partout. Et la première chose que tu disais, à laquelle je souscris, c'est effectivement que quand on emmène des enfants dehors, j'aime bien utiliser ce terme, emmener des enfants dehors, parce que finalement, l'intention pédagogique derrière, elle appartient vraiment à la personne, à l'adulte. qui mène ce projet-là. Elle lui ressemble. Et c'est là où je te rejoins dans le fait que la couleur, la texture de notre projet d'emmener les enfants dehors, il va nous ressembler. Ça va être très compliqué d'appliquer un protocole. Pourquoi ? Parce que l'une des bases, à mon sens, et c'est peut-être l'un des points communs qu'on va retrouver entre ces différentes approches, ces différentes petites étoiles de l'éducation par la nature, c'est que c'est la liberté et le plaisir. C'est-à-dire qu'il y a beaucoup de... Il y a presque quelque chose qui relève du développement personnel et professionnel dans, je parle pour l'adulte, dans ce souhait d'emmener les enfants dehors. Il y a une réalisation et puis des fois, on va avoir une transformation des pratiques individuelles. C'est pour ça que... Quand on emmène des enfants dehors, on répond d'abord à un besoin, à un plaisir qu'on identifie soit chez les enfants, soit chez nous-mêmes. On parle beaucoup de bol d'air, enfin moi les enseignants en particulier que j'accompagne, parlent beaucoup de bol d'air, de soif, de faire autre chose. Donc on a un rapport très corporel à ce besoin, à ce désir. Et donc la première chose que tu soulevais, c'est celle-ci. Ça va avoir l'identité, ça va porter l'identité de la personne qui emmène les enfants dehors. On peut avoir des personnes passionnées d'oiseaux. Eh bien, leurs séances, elles vont tourner peut-être plus autour de la passion des oiseaux que chez quelqu'un d'autre, ça va être le bois, le bricolage, ça peut être les insectes, ça peut être les mammifères, ça peut être la photo, le dessin, les arts plastiques. En fait, on peut aborder la question de l'éducation par la nature, ne serait-ce que sous l'angle de la personne qui accompagne. Donc je dirais que la... La première caractéristique commune, ça va être la réalisation d'un projet qui apporte du bien-être à la personne qui accompagne. Alors, ça va peut-être te paraître étrange parce que les enseignants, les éducateurs qui emmènent les enfants dehors vont tout de suite convoquer les enfants. Ça leur fait du bien. Et c'est une autre caractéristique. On emmène les enfants dehors parce que ça fait du bien aux enfants. Oui. Mais sous cette couche-là, il est important de redonner le pouvoir d'agir aux adultes qui font cette démarche. Et je trouve ça très important de dire souvent, on fait classe dehors, on monte une forest school pour les enfants, des fois les siens, mais derrière ça, il y a une volonté de faire autrement, une volonté de bien-être. Donc voilà, ça, ça me semble un des piliers de ces initiatives-là. Une autre caractéristique, ça va être, comment dire, dans cette réponse au projet de l'adulte, des voix différentes. Prenons le contexte scolaire pour donner un exemple. On prend le contexte scolaire, on va avoir un incontournable qui est la question de la réalisation en temps et en heure d'un programme. Ce programme-là... quand on fait de la formation à l'école dehors, on ne peut pas le laisser de côté. Ça va être un incontournable. Ça veut dire que la séance classe dehors, elle va être articulée autour de cet incontournable. incontournable qu'est le programme scolaire. Ça ne veut pas dire qu'on ne peut pas faire de pédagogie par la nature concrètement. Ça ne veut pas dire qu'on ne peut pas faire du jeu libre qui est quelque chose de un des piliers de l'éducation ou de la pédagogie par la nature de laisser ces temps où les enfants découvrent par eux-mêmes. Dans la majorité des séances de Forest School, qui sont du péri ou extrascolaire pour la plupart, on n'a que ça à faire, finalement, le jeu libre ou l'approche par la liberté. C'est Christelle Ferjou qui parle, qui est conseillère pédagogique et qui est une des pionnières de l'école dehors. On discutait récemment et elle me parlait d'approche par la liberté plutôt que simplement le jeu libre. Cette approche par la liberté va être fondamentale, qu'on soit en péri, en extrascolaire ou en scolaire. Quand on est en forest school, en accueil collectif de mineurs, en forêt, on peut faire que de l'approche par la liberté, on peut être uniquement dans le jeu libre, parce qu'on n'a pas de contraintes institutionnelles autres. La caractéristique du milieu scolaire, c'est qu'à un moment donné ou à un autre, ne serait-ce que parce que l'enseignant l'a en tête, Cette question du programme scolaire, elle doit être répondue. Elle demande à ce que l'éducation par la nature, la pédagogie par la nature, bricole, parce que c'est du bricolage in situ, c'est du bricolage dans le contexte, que ce bricolage ait lieu. Et souvent... L'engrenage se fait assez vite, c'est qu'au début les enseignants peuvent se dire Ah là, comment je vais faire le programme scolaire dehors ? Ils vont tester une ou deux activités, poser une évaluation des acquis assez rapide sur la chose et finalement, clac, clac, clac, clac, clac, clac, la connexion entre programme et dehors, programme et nature va pouvoir se faire, avec des contraintes selon les cycles, bien évidemment. Mais cette est une caractéristique qui me semblait importante de développer, c'était que dans cette grande galaxie, on va avoir des contraintes institutionnelles qui obligent à des compromis. Je dis tout simplement que, par exemple, une séance d'école dehors va sans doute, ça dépend des enseignants, mais va, les trois quarts du temps, demander à ce que l'enseignant propose, si ce n'est impose, une activité un petit peu dirigée, qui va venir en rupture de la sensation de liberté que la pédagogie par la nature aime, veut absolument insuffler. Ce n'est pas pour autant pas de l'éducation par la nature. C'est de l'éducation, de la pédagogie par la nature adaptée, bricolée avec les contraintes institutionnelles. Voilà un exemple un petit peu de caractéristiques liées au contexte. Ce qui va être commun. Et ce qui, à mon sens, je ne veux pas. Je ne veux pas du tout être sur la déontologie, être sur du prescriptif. Mais il y a quand même une chose qui me semble importante, et je trouve que le réseau de pédagogie par la nature l'a très bien synthétisé avec ses piliers. qui sont irrités de l'approche anglo-saxonne et scandinave, les piliers de ce jeu libre, les piliers de cette immersion sensorielle répétée, de cette régularité, de cette fréquence, de cet apprentissage du risque, de se laisser faire l'enfant au lieu de le faire soi-même, tout cet apprentissage qu'on va appeler finalement très socio-constructiviste, en recherche on va nommer ça de manière socio-constructiviste, c'est-à-dire qu'on part du déjà-là chez l'enfant pour lui laisser une libre expression et que l'adulte va venir en étayage, en appui à ce déjà-là qui s'exprime en nature, pour moi ces piliers-là, ils me semblent incontournables. Alors bien sûr, on va les adapter en fonction du temps qu'on a, en fonction du nombre d'enfants, mais ces piliers, ils sont pour moi absolument essentiels. Quel que soit le contexte, laisser les enfants libres sur les trois... quarts de la séance au moins, faire feu de tout bois, sans mauvais jeu de mots, en forêt, laisser les enfants aller vers ce qui les intéresse, venir répondre à leurs besoins, c'est des mots très jargon pédagogique, mais les éducateurs verront bien concrètement ce que ça veut dire. Toutes ces choses-là, laisser la place à l'imprévu, laisser la place à ce qui émerge, le passage d'un animal, le vol d'un oiseau, d'un animal, pardon. Le vol d'un oiseau, ces choses-là, c'est des choses qui attirent les enfants et leur laissent toute leur place. Pour moi, c'est ça le socle de l'éducation par la nature. Ça, c'est une des caractéristiques fortes, c'est se laisser faire à l'instant. Une autre caractéristique... pour moi, ou un autre point d'attention peut-être qui serait transversal à toute la galaxie, c'est l'importance de se former. Alors, je le dis parce que c'est ce qu'on me renvoie. Il y a une première posture qui serait de se dire, on est déjà enseignant, on est déjà éducateur, on est déjà animateur nature, voilà, on n'a pas besoin d'en savoir beaucoup plus. Mais en fait l'éducation, la pédagogie par la nature, ça va au-delà d'apprendre une approche naturaliste, le nom des animaux, ça va au-delà de faire le programme scolaire. en temps et en heure. On est vraiment sur une approche qui vient rompre avec les cases. Quand on dit l'approche hors les murs et en nature, on sort des cases. On va venir, de fait, j'aime bien le mot bricolage, décidément, mais bricoler le programme. On va venir faire autrement avec le terrain. Et de fait, ce qu'on va y gagner, ça va être une indépendance dans le métier, une sorte de gain en termes de pouvoir d'agir, parce que cette expertise avec le faire feu de tout bois, on ne nous l'apprend pas forcément en formation. Et donc, moi, ce que j'ai souvent comme demande en tant que formatrice, c'est, c'est bon, je sais emmener une classe, visiter un musée, ou alors je suis animateur nature, j'aimerais savoir faire avec. Ce dehors, mais différemment. Et c'est là où je pense que la formation, quel que soit le type de formation qui soit donnée, on a par exemple les organismes d'éducation à l'environnement tels que le FREN, le GREN.

  • Speaker #0

    Ce sont des organismes qui vont avoir des mini-formations classe dehors pour y être intervenus dans certaines d'entre elles. Ce qui est génial, c'est qu'on a le point de vue d'animateurs confirmés, animateurs nature, et des gens qui vont être plus spécialistes de l'univers scolaire, par exemple. Et ça, on apprend énormément. Mais se mettre dans l'état d'esprit de l'éducation par la nature, hors les murs... Ça demande quand même de sortir de ces cases professionnelles. Et moi, j'ai dû sortir des cases de l'enseignement recherche. Et je ne fais plus jamais cours avec les étudiants de la même manière que ce que je faisais avant. Jamais. Je ne fais plus du tout cours de la même manière. Même si je reste dans la classe, même si je ne sors pas pendant ma séance, je vais avoir une attitude vis-à-vis... de l'émergence de besoins, de l'expression des étudiants qui est complètement différente, qui est beaucoup plus décrispée. Bref, je termine avec ça pour la question des caractéristiques transversales, si je dois récapituler. Une approche par la liberté et des autres piliers de la pédagogie par la nature, le jeu libre, la liberté, l'éducation au risque, la nécessité de la formation, même si elle est minime, pour basculer, faire le lien avec le dehors. Et puis ce fait que, quoi qu'il arrive, notre séance, elle ressemblera à nous. Et donc il y a quand même quelque chose de très personnel dans cette tenue de séance. Voilà, j'ai essayé de faire un petit peu le tour, je suis sûre que j'ai oublié plein de choses, mais c'est ce qui m'est venu en tête sur ta question des caractéristiques dans ces différentes modalités de hors les murs et en nature.

  • Speaker #1

    Et toi, du coup, c'est... quoi ton approche de l'éducation par la nature ? Quelles sont tes valeurs fortes, les choses qui sont importantes pour toi ? Quelle est ta posture en tant que pédagogue quand tu es avec les enfants en extérieur ?

  • Speaker #0

    Alors, je te remercie, ça me donne l'occasion de parler de mon pilier. Je n'en ai pas parlé en réponse à la question que tu m'as posée, parce que je ne souhaite pas que ce soit, tu vois, une sorte d'imposition, point de vue, comme quelque chose que tout le monde devrait faire. Mais là, puisque tu me parles d'expérience personnelle, je vais pouvoir partager ce qui est un petit peu mon bébé à moi, un peu la marque de fabrique que j'ai impulsée à l'association. Je suis loin d'être la seule à pratiquer. Moi, j'ai une attention. extrêmement vigilante, portée à tout ce qui vit, à tout ce qui respire, à tout ce qui est sentient, à tout ce qui potentiellement peut être endommagé dans le vivant, que ce soit dans le cadre de la classe dehors, de l'éducation par la nature, ou dans d'autres contextes qui n'ont rien à voir. Alors, très brièvement pour expliquer pourquoi. Cette approche, c'est plus qu'une approche, c'est vraiment quelque chose qui fait partie de moi. Après, je donnerai des exemples très concrets dans la tenue des séances. Je suis par ailleurs membre du conseil scientifique de L214 éducation. Et la branche éducative de L214 n'a rien à voir avec ce pourquoi L214 est connue. Donc, je rappelle, c'est une association qui tente d'impulser des changements sociétaux dans le rapport. rapport à l'animal d'élevage, à l'animal que l'on mange, donc ça c'est L214, il y a des vidéos chocs, ils font pas mal de reportages, la branche éducative est beaucoup plus soft, j'allais dire, elle s'adresse aux éducateurs et aux enfants, et elle ouvre, cette section de L214, elle ouvre un monde de connaissances propres aux animaux, et c'est pas seulement les animaux d'élevage d'ailleurs. Et moi je suis passionnée de ça, puis j'interviens. dans le regard, dans la lecture, la pré-lecture du journal, mon journal animal, qu'ils offrent gratuitement à la communauté éducative. On peut le télécharger, le recevoir, bref. Et donc, cette casquette-là, elle m'a amenée à prendre très à cœur la question du respect. Et nous en avons même fait une formation, on a appelé... La formation Respecter les animaux à l'école, avec quelques collègues qui sont des pionniers de l'éducation au respect des animaux, on a fabriqué cette formation qu'on donne librement, gratuitement, c'est une formation en ligne. Via ces rencontres avec ces acteurs du monde du respect des animaux, je fais classe dehors, je forme les enseignants et les personnels éducatifs et moi-même je mène les enfants dehors avec... En tête, le projet de minimiser au maximum l'impact de notre séance sur les autres habitants du lieu et en même temps toujours avoir cette double balance, me dire qu'est-ce que je peux mettre au service de l'apprentissage des enfants, d'une sensibilité. Je ne parle même pas de sensibilité écologique ou à l'environnement parce que pour moi on est vraiment sur des grandes catégories. On apprend de plus en plus à l'école. Je ne suis même pas sur les histoires de trier les déchets, l'équilibre alimentaire, ce genre de choses qui ont leur grande importance. Mais moi, je suis avec des petits, enfin des petits, on fait du 3 à 12 ans, donc on a quand même la marge, on a quand même une hétérogénéité des profils chez les enfants et des âges et des préoccupations. J'essaye toujours de me dire, quand je vais impulser une activité ou que je les regarde faire en jeu libre, comment ? Je peux aménager la situation de manière à ce que ces deux piliers, le respect des animaux et des végétaux, parce que je parlais des animaux, mais le respect des végétaux me tient également à cœur. Ce respect et en même temps l'apprentissage des enfants. Un exemple très concret que je peux te donner dans ma pratique, alors moi je fais vraiment l'approche par la liberté telle que le RPPN va le conseiller, c'est-à-dire que... je sors en école forêt, donc on a une petite structure d'accueil qui est toute modeste, avec un petit sentier pieds nus, quelques instruments de musique déposés dans les arbres, un petit bac à sable bricolé, quelques arbres... retomber, sécuriser sur lesquelles ils peuvent grimper, grosso modo ça s'arrête là. Et puis les enfants sont en liberté là-dedans et viennent proposer des activités. De temps en temps, moi je bricole quelque chose dans un coin et les enfants vont commencer à s'y intéresser et ça se transforme en activité. Parfois je commence à lire une petite histoire et les enfants se rassemblent ou je propose et ils me disent non on ne le fait pas puis on le fait après. Voilà, je suis vraiment plutôt dans ce contexte-là. Je rappelle que... que je suis en milieu périscolaire. Là, ce n'est pas quand je le fais en milieu scolaire. Donc, dans ce type de choses-là, on va avoir par exemple un cours d'eau. Une des choses qui va passionner les enfants, d'ailleurs cours d'eau ou pas cours d'eau, ça va être l'observation des animaux, y compris des insectes. Ce que je faisais au début, c'était d'utiliser des boîtes loupe pour collecter les insectes, pour pouvoir bien les regarder. Je l'ai fait une ou deux fois seulement et j'ai très très rapidement arrêté. Parce que si tu veux, il y a des oublis. Des oublis d'insectes dans les boîtes loupes. Laissé au soleil, l'insecte grille. Quel est le but profond, moi en tant que pédagogue, d'organiser cette proximité des enfants pour la sensibilisation aux vivants si ne serait-ce qu'un insecte dans la séance est soumis à une mort atroce ? Quelle est moi ma cohérence pédagogique avec ça ? Donc tu vois, il y a eu un cheminement. Ce qui fait qu'aujourd'hui j'ai trouvé un super compromis qui était un autre type de boîte qu'on appliquait simplement. Donc tu sais, ça existe. on n'emmène pas l'insecte, on l'applique, on regarde, on repart avec notre petite loupe, et on le fait à l'ombre. Donc on n'a pas de risque de manipulation d'insectes qui ensuite sont abîmés, souffrants, voire mourants, et on n'a pas d'oubli. d'insectes qui ensuite meurent. C'est juste pour te donner un exemple de comment une grande démarche peut s'actualiser sur des petits gestes très concrets. On va être dans une région, pour un dernier exemple contextuel, on est dans une région qui est extrêmement chassée. Ça pose des problèmes de sécurité, ça pose des questions de compromis avec le voisinage, etc. Donc en fait, on navigue entre les coups de feu du matin au soir, du soir au matin, en Sologne. C'est la situation dans laquelle on est. dans laquelle on est, et on a des enfants qui viennent, qui sont habitués déjà à 4 ans, qui sont habitués à la chasse, par exemple. Eh bien, mon bonheur, c'est quand d'eux-mêmes, ils viennent re-questionner la question d'enlever la vie à un vivant, parce que tout d'un coup, on croise le chemin d'un petit animal mort. De quoi il est mort ? On va susciter ce débat. On va susciter la question du droit à la vie. On va susciter la question de l'alimentation quand les enfants en parlent, mais je ne vais jamais venir avec un discours prêt à porter. Bref, tu vois, c'est des petits exemples pour montrer que moi, si un enfant peut ressortir d'une séance avec une expérience profonde, viscérale, sensorielle, expérimentale du vivant, d'une respiration, d'un moment partagé avec un animal ou un végétal qui va rester ancré, Pour moi, l'approche, elle a réussi. Même si ça ne se fait pas tout de suite, même s'il n'y a pas du discours autour. Voilà, c'est un peu mon approche. Et puis, autour de tout ça, beaucoup de rire. Pour moi, une séance où on est bien, c'est une séance où on prend des fous rires à répétition, ce qui est généralement le cas pour moi, c'est l'éducation par la nature. On rit énormément, c'est normal. On reconnecte avec l'essence même de ce qu'il fait l'humain. Dans l'éducation par la nature, l'humain est intrinsèquement nature. Donc, on reconnecte avec ce qui est l'humain. Forcément, on se reconnecte avec les émotions, donc on se reconnecte aussi beaucoup avec le rire. Et nous, avec les enfants, on prend des faux rires à chaque fois. Donc, mon approche, c'est à la fois le point d'attention au respect, que les enfants découvrent des choses sans endommager les autres vivants, et ça dans la notion de plaisir, de rire, de passer des bons moments. Et je terminerai en disant que des fois, passer des bons moments, c'est aussi rentrer. C'est parfois rentrer à l'intérieur. Nous, on a une sorte d'abri, chalet, type chalet. Donc c'est génial parce qu'on reste dans l'école forêt, mais on a les portes ouvertes sur le dehors. On est dans la nature. Et en même temps, on peut être abrité en cas de très très forte pluie ou si un enfant a vraiment froid parce qu'il n'a pas eu le bon équipement, etc. Voilà, c'est prendre soin de soi aussi, même s'il faut. Mais rentrer, ce n'est pas pour autant qu'on ne fait pas d'éducation hors les murs et par la nature, dans l'esprit. Je terminerai là-dessus, toujours dans l'articulation, mais jamais dans l'opposition, avec les possibilités du lieu, les besoins des enfants, et le respect des autres vivants et des autres habitants du lieu. Voilà pour la synthèse de mon approche.

  • Speaker #1

    Eh bien, je te remercie pour ce partage. Je me reconnais beaucoup dans ce que tu dis là, puisque... Le contact avec le vivant, le rapport, l'amour même du vivant, c'est quelque chose qui moi-même me porte énormément, qui occupe une place importante dans ma pratique. Et avant de parler de pratique dans ma vie, depuis toute petite, la sensibilité que j'ai avec le monde qui nous entoure, elle est très forte et du coup j'ai aussi développé ça et ça prend... une place essentielle dans ces moments que je partage avec les enfants. Donc voilà, je te remercie parce que tu mets des mots sur ma propre pratique, ma propre posture. Puisqu'on parle des moments que tu vis avec les enfants dans le cadre de l'association Solonia Nature & Culture, est-ce que tu veux bien nous raconter l'histoire de cette association ? Et les missions que vous vous donnez, parce qu'au-delà des ateliers de l'école forêt que vous proposez aux enfants, il y a plein d'autres choses que vous mettez en place.

  • Speaker #0

    Oui, effectivement. Et puis là, on échange et je parle en jeu. Effectivement, dès qu'on va étendre la question à Solonia, qui est la petite association, ont parce que Solonia elle tient uniquement par des bénévoles on n'a pas de salariés, on intervient tous en tant que bénévoles bien sûr avec des prestations de spécialistes de tel ou tel domaine très ponctuel on travaille en collaboration avec le Grenz-Sanval de Loire par exemple on fait des choses superbes ensemble en formation d'enseignants, en animation nature, on est très en complémentarité pour en revenir donc avec ce ont en tête, parce que je ne suis pas toute seule, même si je suis la formatrice principale et l'animatrice principale, mais je ne suis pas la seule. On peut revenir au niveau chronologique, parce qu'effectivement, l'une des premières missions que s'était donnée Solonia, c'était de fédérer les acteurs concernés par la mise en lien entre la nature, on va dire nature ou le vivant, végétal, animaux et le petit humain, le petit d'humain. C'était un petit peu cette grande mission et on s'est dit il y a beaucoup de choses, nous on est dans une région très rurale, donc culturellement peu de propositions. On est vraiment à une heure, une heure et demie d'une grande ville de tous les côtés. Donc la première idée qui nous est venue c'était de se dire on va créer une université populaire. L'université populaire de Sologne, donc elle a été créée dès le début de l'association avec des thématiques comme enfants et forêts. enfants et nature, etc. Et des séances, donc c'était des cycles mensuels, avec des conférences, des débats, des interventions de professionnels de la forêt ou de l'éducation qui intervenaient. Et en fait, cette université populaire, elle a très vite donné lieu à ce qu'a été notre plus grande réalisation. C'est un exemple de ce côté fédérateur que veut porter l'association. Ça a été l'organisation d'un colloque international entre l'université de Créteil, l'université de Montpellier et Solonia. Ce qui fait qu'on a organisé un colloque qui n'est jamais vu. jamais été fait ailleurs, c'était un colloque international, donc il y avait des chercheurs, des enseignants, des éducateurs, des artistes, on s'est retrouvés pendant cinq jours de colloque, en pleine nature, dans un parc, avec un parc animalier autour, qui était en préservation de la faune sauvage, avec une buvette. associative, très très petite buvette, une petite guirlande, on s'est tous retrouvés dans une ambiance extrêmement conviviale, on a accueilli plus de 100 personnes et on a tenu des événements, conférences, communications très classiques du type recherche mais dans ce cadre là et je trouve, j'en parle ici parce que c'était en 2022 et j'en parle ici parce que pour moi c'est le C'est la mission même de Solonia, c'est se faire rencontrer les mondes. Il y a des organismes d'éducation à l'environnement qui sont excellents dans ce qu'ils font. Il y a des écoles qui sont excellentes dans ce qu'elles font. Imaginez quand elles se rencontrent. Imaginez cette espèce d'interaction qu'il peut y avoir entre ces mondes-là. Et ça a été un peu le point de départ de Solonia, mais évidemment, ce n'était pas la seule mission. Il y a très rapidement eu l'ouverture de l'école forêt, dont on a déjà parlé, les mercredis, les samedis avec l'accueil d'enfants. Et en parallèle, on a commencé à accueillir, parce qu'on nous en a parlé, parce qu'on nous a demandé, on a commencé à accueillir des animaux maltraités. Donc là, on retrouve un petit peu la casquette L214 qui pointe le bout de son nez. Donc des chevaux et aussi beaucoup de chats. intéressant parce qu'on rencontre aussi les mondes à ce moment-là. Le chat étant l'un des prédateurs en termes de biodiversité qui peut être extrêmement critiqué. Donc voilà, trouver ces marques, faire dialoguer les acteurs du monde de la protection des animaux avec ceux de la protection de l'environnement qui évoluent dans des éthiques parfois différentes, dans des déontologies différentes. Voilà, ça donnait lieu à des choses intéressantes. C'est un embryon de refuge parce que la problématique est financière. L'accueil d'équidés est extrêmement coûteuse, donc on s'est restreint à peu d'individus. Mais voilà, c'est important pour nous de garder ce micro-refuge parce que c'est aussi une des marques, un des ancrages de Solonia dans la question animale. On a enfin, et c'est peut-être là ce qui fait le plus la marque de fabrique de Solonia aujourd'hui, la dimension formation. Très rapidement, on a eu des demandes de formation de personnel éducatif à... l'éducation par la nature, ce qui nous a amené à devenir organisme de formation. Donc on a aujourd'hui la marque qualité, ce qui est, vraiment on est très très content parce que c'est une marque de qualité dans la formation. Et on est toute une équipe de co-formatrices et on a des stages de formation donc à l'école du dehors, à l'éducation par la nature, deux ou trois fois par an. plus des interventions dans les établissements également. C'est majoritairement moi qui les dispense, souvent en collaboration avec une équipe de personnes formées en éducation par la nature qui sont elles-mêmes de tous les horizons, enseignantes, spécialistes petite enfance, etc. et aujourd'hui la dimension formation elle est très prégnante chez Solonia et c'est quelque chose que je trouve génial pour donner les chiffres aujourd'hui on a formé plus de 500 personnes 500 éducateurs et éducatrices à la fois dans la formation en ligne et en présentiel ce qui nous fait grosso modo j'ai dû faire les statistiques pour l'habilitation de la charte qualité mais ce qui nous fait à peu près Aujourd'hui, plus de 12 000 enfants ayant pu bénéficier de séances en nature, par la nature, au bout de 4 années, de former les éducateurs et éducatrices. Donc c'est quelque chose dont on peut être fier. Je me le dis des fois quand je suis fatiguée, je me dis mais c'est quand même absolument super de donner cette énergie pour ça. Parce que c'est vrai que... accueillir des enfants en nature, c'est quelque chose qui me... Je trouve ça absolument génial, c'est mes respirations, c'est vraiment des moments de bonheur. Mais je me dis aussi, former à cette pédagogie-là, c'est faire d'une pierre quinze coups, parce qu'on démultiplie. On est dans la transmission, on est dans l'héritage qui va ensuite, on voit les enseignants qui sont formés, ils vont former leurs collègues, ils vont emmener, ils vont embarquer leur direction là-dedans, puis l'école d'à côté va dire Ah oui, c'est génial, on va faire comme eux ! Donc en fait, c'est vraiment une boule de neige, un effet boule de neige qui fonctionne bien. Et je me dis qu'aujourd'hui, le rôle de Solonia, c'est d'impulser, en fédérant toujours des acteurs de différents milieux, c'est d'impulser cette dynamique éducation par la nature, tout contexte confondu, après les gens l'incorporent, et après ils créent eux-mêmes leur propre expérience. Mais voilà, si je dois résumer après ce petit chemin de Solonia, dire aujourd'hui ce que c'est, et bien voilà, c'est cette sorte d'impulser les envies, les projets et la dynamique école du dehors, et je terminerai évidemment en disant qu'aujourd'hui, Solonia déménage dans un lieu un petit peu plus grand, toujours en Sologne, près de Romorantin-Lantenay. avec un champ des possibles qui s'élargit, puisqu'on a maintenant plus d'espace, plus d'accueil, et également des espaces étants et mards, et ça c'est une belle richesse de biodiversité, et on tient bien à la fois à la préserver, et en même temps à en faire bénéficier les enfants et les éducateurs qui les accompagnent. Voilà un petit peu pour cette petite synthèse des activités. Merci.

  • Speaker #1

    Puisque tu parles des formations, il y a effectivement beaucoup de professionnels qui passent par Solonia. Toi, tu commences par quoi tes formations ? C'est quoi les premières heures ? Qu'est-ce que tu proposes aux enseignants durant les premières heures de formation ? Parce que, étant donné que ce sont des enseignants qui font la démarche de se former, ils sont déjà initiés au moins à la notion... de l'école du dehors alors qu'est-ce que tu leur fais vivre qu'est-ce que tu leur transmets pour démarrer ces temps de formation d'école du dehors dans l'esprit dans l'approche dont je parlais tout à l'heure

  • Speaker #0

    le premier élément et on y passe une journée de formation complète sur les cinq jours de stage. Je prends pour exemple les stages pratiques parce que c'est là où on a le plus de temps, les personnes avec nous. Quand je dis nous, c'est l'équipe de formation. Mais dans la formation en ligne, je fais un module. Le premier module, c'est aussi la même démarche. Et globalement, La première chose qu'on fait, c'est mettre les personnes adultes, ce que j'appelle avec les lunettes d'enfants. C'est-à-dire qu'on va proposer des immersions en forêt. en tentant d'être au plus près de l'expérience enfantine, de réveiller, évidemment, d'aller vers tout ce qui va être du sensoriel. On va essayer de court-circuiter un maximum la dimension analytique. ultra cognitive, ultra cérébrale. Et pour juste donner un petit truc qu'on fait, que j'adore faire, c'est génial, on aime beaucoup rigoler à Solonia, donc on a tout un tas de déguisements. Là aussi, c'est l'esprit enfantin, faire la fête, s'amuser, rire de tout et n'importe quoi. J'ai des espèces de petites lunettes de fête. Ça, c'est la lunette des enfants. Et on a une autre paire de lunettes, c'est la lunette du pédagogue. Et aujourd'hui, ce que j'aimerais, c'est que la lunette de pédagogue, elle reste au placard. Et puis, de temps en temps, on va la faire ressurgir en disant, voilà, vous avez vu cette activité, vous l'avez vécue. Qu'est-ce qu'on peut en faire, nous, dans notre situation, toute personnelle, avec les enfants qu'on accompagne ? Mais ça, c'est dans un deuxième temps. La première approche. Pour tout te dire, qu'est-ce qu'on va faire ? On va construire une cabane ensemble en forêt. Quoi de mieux pour se découvrir les uns les autres ? Quoi de mieux pour faire groupe ? Ou pour reprendre les mots d'Hervé Brugnot, qui est un animateur nature que j'apprécie énormément, qui est un excellent formateur en plus, faire tribu. Faisons tribu, faisons territoire, comme il aime à dire aussi, rien de tel que de se construire un chez-soi. On est donc dans l'approche immersive, sensorielle, on se reconnecte à ça, même si ça doit nous prendre une journée pour couper court des mails, du téléphone, de la vie de famille, des soucis, des tracas, des courses, du métro, boulot, dodo, la première chose ça va être cette immersion. Et honnêtement je regrette qu'elle ne dure qu'une journée, même moi j'aurais besoin de deux ou trois jours, ce qui se fait aussi dans d'autres espaces de formation, il y a plus long dans ces immersions. Et nous, Et nous, on va commencer par ça. On va se remettre. dans cette approche de la matière, dans cette approche du sensoriel. Et ensuite, on va peu à peu tirer vers la professionnalité. On va peu à peu venir faire des mises en situation, jeux libres, etc. On va passer aussi par le théâtre forum pour la résolution de problèmes. Donc, c'est des jeux de rôle pour venir déchanter les peurs, les freins. Mais tout ça va quand même rester très ancré sur le... sur le sensoriel, ce qui parle au cœur, le viscéral. Et puis après, on fait intervenir les grilles d'analyse, l'observation des enfants, la construction d'une séance pédagogique. Alors si on est enseignant, on va prendre son programme scolaire et puis on va bricoler avec. Si on a envie de proposer que du jeu libre, comment est-ce qu'on va aller fabriquer une cuisine debout, combien de sable il nous faut, les notions de sécurité, et j'en passe, tout au mieux. corps, tout le corps pédagogique et logistique de l'éducation par la nature. Mais c'est vrai que je suis convaincue que la première étape c'est celle du redevenir enfant, et c'est aussi pour ça qu'on fait un petit peu comme la question que tu m'as posée, on va essayer de se réancrer dans ce souvenir d'enfance. On va prendre un peu cette dynamique-là. Et pour moi, ça c'est incontournable. Sinon, L'école dehors, l'éducation par la nature, va devenir simplement un projet de plus ou une contrainte de plus dans laquelle on va s'embarquer avec des grilles d'analyse, des objectifs, un programme. à la fin duquel il faudra qu'on puisse cocher toutes les cases de l'autonomie de l'enfant, etc. Pour moi, ce n'est pas ça le but, ni de l'école dehors, ni de la Forest School. Pour moi, c'est vraiment revenir à l'ancrage matériel, au sens matière, à l'ancrage sensoriel. Et donc, c'est la raison pour laquelle on commence toujours par ça en formation d'adulte.

  • Speaker #1

    Oui, et puis c'est ramené une notion de plaisir aussi dans ce moment partagé avec les enfants. Moi personnellement, je n'éprouve pas la même joie et le même... plaisir quand j'observe les enfants jouer que quand je joue avec eux ou à côté d'eux. Et ça, vraiment, ça décuple moi ma joie. Et c'est d'ailleurs... Moi, je me suis formée avec le réseau de pédagogie par la nature et c'est le même déroulé. Les trois premiers jours de formation sont dédiés aux jeux et sont faits pour... Amener les adultes à reconnecter avec cette part d'enfant et à apprendre à nouveau à jouer et à retrouver ce plaisir-là, ce qui n'est pas si simple pour tout le monde. Mais quand on reconnecte avec cette part d'enfant, moi je trouve que vraiment, du coup, les moments derrière, passer avec les enfants, le plaisir est décuplé, la relation avec les enfants est différente. Et le temps passe beaucoup plus vite. Et de manière générale, je trouve que quand on joue avec eux, quand on met ses lunettes d'enfant, du coup, ça change toute la dynamique du groupe. Et on part sur autre chose que quand on est dans une posture de pédagogue, un petit peu en retrait, à prendre ce recul, à penser objectif. C'est pas du tout la même dynamique. qui est lancée au sein du groupe, qu'il y ait des adultes ou des enfants de manière générale.

  • Speaker #0

    Moi, je suis tout à fait d'accord avec ça. Je suis complètement le réseau Pédagogie par la nature dans cette grande dynamique qu'ils ont impulsée. L'immersion sensorielle et la notion de plaisir et de jeu, moi, je sais que quand je disais que c'est un bol d'air pour moi de faire les... les séances avec les enfants, c'est vraiment parce que j'ai plaisir à jouer. Vraiment, vraiment, c'est ce plaisir à rire avec eux, à jouer. Et j'ai redécouvert le jeu grâce à l'école Foyer. Vraiment, c'est une dimension très forte. Et ça m'amène à quelque chose qui peut aussi donner du corps à ce dont on est en train de parler, c'est... que ce n'est pas une expérience individuelle. Là, tu la partages avec moi, et là, c'est en miroir complet de mon expérience personnelle. Mais j'ai récemment mené une étude auprès de 88 répondants. C'était un questionnaire. Là, c'était dans vraiment le domaine recherche, tu vois. 88 enseignants en France, l'école primaire. L'une des grandes caractéristiques qu'ils ont fait ressortir, mais c'est le chiffre, je ne l'ai plus en tête, mais c'est autour de 90% des répondants, ça a été ce plaisir retrouvé, la notion de jeu, et la notion d'interaction améliorée avec leurs élèves, de la confiance et du bien-être qu'ils en ont ressenti. eux-mêmes de ces séances-là. Donc, ce n'est pas des cas isolés, on est vraiment sur l'une des grandes caractéristiques et on peut reboucler la boucle de ta première question sur ces caractéristiques. L'une des grandes caractéristiques, ça va être cette question de plaisir, de rire et de bien-être. Ce qui ne vient pas occulter, on travaille beaucoup autour de ces freins-là, une gestion des émotions qui parfois est chaotique parce que dès qu'on va... favoriser la reconnexion à sa propre nature en même temps que la reconnexion aux autres vivants, si on est vraiment dans une approche holistique où on va pas séparer l'humain des autres animaux, eh bien on va avoir cette reconnexion avec les émotions en particulier, qu'on a trop souvent mis de côté, je suis la première à reconnaître cette rupture, eh bien C'est à nos risques et périls. J'ai vu des enfants, en particulier dans des classes, première sortie, des enfants soit avec des difficultés relationnelles à la base préalables, je parle, ou des enfants avec des troubles autistiques, des enfants en crise complète face aux autres vivants. Et cette gestion des émotions, elle va nous demander d'être créatifs. par instauration de petits coins de parole, des petits coins de libération de l'émotion, de la violence. Et en fait, par, j'allais dire, effet de miroir, ce qui est fascinant, c'est que je vois maintenant des enseignants qui réinvestissent des techniques qu'on utilise, de gestion d'émotion je parle, en école dehors, ils l'utilisent pour le dedans. Et c'est peut-être la dernière grande caractéristique, c'est que ce qu'on va se tester en école dehors, on va s'apercevoir. Là, je reviens sur le milieu scolaire parce que c'est celui qui est le plus balisé, donc c'est là où ça se voit le plus. Mais c'est pareil en centre de loisirs, en école dehors ou en crèche, en centre de loisirs éducatifs en nature. Mais ce qu'on va découvrir en dehors... Parce qu'on est obligé d'être inventif, puisque c'est des cadres, des contextes qu'on connaît moins, eh bien on va le récupérer, on va le réintroduire pour la gestion du dedans, de manière encore plus créative. Et ça, je trouve ça fascinant, c'est ne pas opposer le dedans et le dehors. Il y a beaucoup d'enseignants qui me disent, bah oui, mais moi je ne peux pas sortir parce que j'ai une cour bétonnée, et qu'on est en pleine ville et qu'il n'y a pas de parc. Mais par contre, leur classe, je suis allée voir, leur classe, c'est le... Je ne sais pas, c'est le jardin des plantes dans leur classe. Il y a énormément de choses. Donc, il y a un esprit qui est là. Donc, progressivement, ils vont apprendre à faire des premiers pas dans le dehors, même si c'est la cour bétonnée dans un premier temps. Mais il y a aussi beaucoup dans cette articulation dedans-dehors. Moi, j'y crois beaucoup. J'y crois beaucoup, d'autant plus dans le milieu scolaire où c'est compliqué d'être… Il n'y a pas de structure scolaire 100% dehors, en tout cas dans les contextes que je connais. Voilà. Tout ça pour dire que… La gestion des émotions comme d'autres éléments de la classe dehors peuvent être soit facilitées en extérieur, soit être plus compliquées, mais la créativité qu'on va mettre à trouver des solutions, d'une manière très biomimétique, comme le font le reste du vivant, essais-erreurs, on va chercher toutes ces choses-là, et bien ça nous transfère une créativité qu'on va pouvoir... Donner aussi dedans. Et ça aussi c'était un des résultats de l'étude auprès des enseignants. C'était bien sorti également.

  • Speaker #1

    Toi qui prends part au débat public dès que c'est possible, que ce soit avec ta casquette de chercheur, d'enseignante ou de formatrice. Tu dirais qu'on en est où aujourd'hui en France sur ce chemin de l'éducation par la nature ?

  • Speaker #0

    C'est un peu difficile pour moi de répondre à on en est où si je n'ai pas de point de comparaison. Tu vois, si je dis on en est où par rapport à des contextes qui semblent beaucoup plus avancés, du moins d'extérieur, tels que les pays scandinaves. Je travaille pas mal avec le Québec, par exemple. Ils ont des choses aussi plus implantées que... que la France peut-être, ou les pays anglo-saxons de manière générale. On a presque l'impression que dans la famille Forest School, les Scandinaves étaient les parents, les grands-parents, les anglo-saxons les parents, puis que nous on est les enfants et on rame un petit peu. Ce serait méconnaître aussi une grande partie de notre histoire éducative. Là, je renvoie vraiment à l'ouvrage L'école du dehors j'ai pu le titre, mais de Sylvain Wagnon et de Corinne Martel, qui fait justement cet historique, L'école dehors Et ils montrent aussi que c'est des zones grises, c'est constamment des zones grises. Il y a eu des grandes inspirations, ne serait-ce que les balades hors les murs, type balade mathématique à la Freinet, la pédagogie de Crowley, par exemple. qui est belge, mais je parle de la francophonie d'Europe de l'Ouest, tous ces pédagogues suisses également qui ont travaillé sur la mise en lien en extérieur, même si c'était d'un point de vue hygiéniste, même si ce n'était pas exactement ce qu'on entend aujourd'hui par les Forest School, qui sont à mon avis un cran plus loin, il y a quand même toujours eu ce besoin de faire autrement, ce besoin d'être au plus près du vivant. Selon les époques, bien sûr, mais il y a toujours eu ce besoin. Aujourd'hui, on en est ouf. Aujourd'hui, moi, ce que je peux observer, c'est une très forte demande du terrain. Au niveau des enseignants en particulier et de la petite enfance, voire de la toute petite enfance. Les non-marcheurs, on observe aussi une grosse demande. En face, il y a quoi ? En face, on a les organismes d'éducation à l'environnement. qui de plus en plus se forment pour accompagner ces structures-là. Et ça, je trouve ça génial, de mon point de vue, parce que qui est plus qualifié qu'eux pour faire cet accompagnement ? Ce sont des gens qui connaissent très bien le vivant, qui ont déjà une formation d'éducateur. Donc finalement, ils ne leur manquent, et c'est ce qu'ils font plus qu'à se former à l'accompagnement ou à la formation d'autres adultes, pour être... j'allais dire, en fonction des personnes, bien sûr, il y a des tas de gens que ça n'intéresse pas, mais en fonction des volontaires, pour être extrêmement qualifiés dans cet accompagnement, des écoles, des centres de loisirs, pour répondre à cette demande de terrain. On a aussi beaucoup d'enseignants qui souhaitent aller plus loin, organiser des échanges de pratiques avec d'autres collègues. Donc ça, c'est des gens qui prennent un peu le lead sur ces choses-là. On a également la sphère très riche. impulsée en grande partie par le réseau Pédagogie par la Nature, de la sphère associative, voire école privée hors contrat. Moi, je ne fais aucune différence dans mes accompagnements sur les différentes casquettes, des parents en IEF qui se lancent, qui viennent dans les forest schools, donc IEF, instruction en famille, peut-être pour les personnes qui ne connaîtraient pas, donc l'école à la maison. Et ça m'est arrivé, et c'était très amusant, de faire de la formation à l'AGEM, qui est l'association des profs de maternelle dans le public, le même jour où je recevais les parents en IEF sur le même terrain. Donc c'était génial parce qu'on a deux mondes qui ne se rencontrent pas, qui se rencontrent. Donc où on en est ? Et bien finalement, on a cette demande qui émerge de tous les côtés, avec des personnes ressources, je pense au réseau RPPN par exemple, qui est très... qui peut être une excellente ressource du côté des Forest School, etc., qui a même outillé et impulsé énormément d'initiatives. On va avoir cette proposition des animateurs nature, on va avoir un peu cette galaxie. Je pense qu'aujourd'hui, il y a beaucoup de demandes, mais qu'il y a beaucoup de réponses aussi. Maintenant, du côté de l'éducation nationale, parce que c'est quand même quelque chose qui m'occupe beaucoup, et je me dis, un petit peu comme la fabrique des communs, pédagogique qui a impulsé l'année dernière les rencontres internationales de la classe dehors, je me dis évidemment que si l'éducation nationale est dans la partie, c'est gagné. Parce qu'ils vont avoir de la proposition de formation, ils vont avoir une facilitation donnée aux collègues de l'éducation nationale qui veulent se lancer en classe dehors, superbe. Je mettrais un point d'attention. Sur le fait, parce que c'est normal, puisqu'à partir du moment où on est gouvernant, on gouverne. Donc avec la possibilité donnée de faire classe dehors, il va peut-être y avoir aussi un cadre qui va être posé. Et comme ça a été le cas dans le passé avec d'autres initiatives, le point d'attention que j'aurais, c'est qu'on ne tente pas institutionnellement de trop vouloir cadrer l'école dehors. Parce qu'à partir du moment où on veut trop faire rentrer dans des cases une initiative, un mouvement qui se veut sortir du cadre, on va avoir une contradiction. On va avoir trop de compromis à faire. Donc mon idée... Mon souhait, vraiment ce que j'appelle de mes voeux, c'est qu'une facilitation de l'institution, on parlait de l'INSPE en tout début, de formation initiale, on aimerait bien avoir un petit peu de place pour pouvoir divulguer ces approches pédagogiques, mais pas être obligé de les normer, pas obligé d'être dans le protocolaire, dans l'obligation. Parce que ça risque d'avoir l'effet inverse de personnes qui souhaiteraient se lancer mais qui n'ont pas envie de rentrer dans un cadre supplémentaire. Donc voilà, le point d'attention que j'aurais vis-à-vis des politiques publiques, des personnes qui... veulent absolument faire entrer dans l'institution toutes ces démarches d'école dehors ou autres, mais en même temps les cadrer, s'il vous plaît, ne coupez pas l'espace de liberté pédagogique donnée à cette école du dehors, pour parler du milieu scolaire, parce que sinon, on l'a dénature. Et c'est vraiment l'inverse qu'on souhaite faire. C'est vraiment donner cette approche par la liberté, telle que Christelle Ferjou, conseillère pédagogique à l'éducation nationale, qui impulse ce souffle de liberté en étant dans l'institution. Donc pour moi, c'est vraiment une posture d'équilibre dans laquelle je souhaite m'inscrire. C'est vraiment garder cette liberté tout en facilitant les choses. C'est un challenge quand même pour l'institution. Mais je dirais qu'on en est où pour finir à répondre à cette question ? On en est où ? On a toutes les possibilités. Attention à ne pas enfermer ce qui demande à être justement très ouvert. Voilà, je terminerai là-dessus.

  • Speaker #1

    Écoute, on arrive à la fin de notre échange. On est tout début septembre, un moment de l'année fort pour les enseignants qui ont plusieurs mois devant eux avec leur classe pour se lancer dans de nouveaux projets et peut-être parmi eux l'école dehors. Est-ce que tu aurais un message à leur faire passer ? qui soient déjà lancés, qui aient envie de se lancer. Voilà, un petit message plein de bonnes ondes, plein de motivation pour booster en ce début d'année.

  • Speaker #0

    Oui, le premier message sera de dire, d'expérience, qu'on est un petit peu comme des messieurs et madame Jourdain qui faisons déjà classe dehors sans le savoir. En fait, là je m'adresse vraiment aux collègues qui sont en... Dans le cadre du métier d'enseignant ou d'enseignante, c'est vraiment, vous avez déjà toutes les compétences. La gestion de groupe, check. L'accompagnement, même en extérieur, check. Vous l'avez déjà fait, une sortie scolaire, c'est déjà fait. Je ne dis pas que c'est la même chose que l'école dehors, mais je dis que c'est des éléments facilitants. Vous l'avez déjà fait, le programme scolaire, vous le connaissez par cœur, check. Les supports, vous savez en fabriquer, vous savez déjà tout faire. En fait, le métier d'enseignant est déjà tellement polyfocalisé que vous avez déjà 90% des compétences, même 99% des compétences pour faire classe dehors, c'est déjà là. Le 1% qui reste, c'est le premier pas sécurisé et sympathique. Et ces choses-là, ça s'apprend très vite, mais rien de nouveau. Le premier pas, l'expérience et oser se lancer. En toute confiance, donc n'hésitez surtout pas à faire de 2024-2025 votre première expérience en classe dehors en cette rentrée.

  • Speaker #1

    Eh bien, un grand merci Laura pour cette heure passée avec toi. J'ai bu tes paroles, voilà, je t'ai écouté attentivement et c'était hyper intéressant de t'entendre partager ton expérience avec toutes les casquettes que tu as. Et je crois que je peux aussi te souhaiter une bonne rentrée puisque je suppose que tu vas retrouver le chemin de l'université et retrouver tes étudiants pour une nouvelle année de formation. Donc voilà, une très belle rentrée et à très bientôt !

  • Speaker #0

    C'est parti ! Merci beaucoup Claire pour... pour cet échange et cette opportunité que tu m'as donnée. C'était très, très agréable, un vrai plaisir.

  • Speaker #1

    Avec grand plaisir. Bye bye !

  • Speaker #0

    À bientôt !

  • Speaker #1

    Merci à toutes et à tous pour votre écoute. J'espère que cette discussion vous a plu et qu'elle éveille en vous une certaine curiosité pour l'éducation en plein air, voire même, peut-être, une envie de militer pour qu'elle se répande davantage. Pour en savoir plus sur mon invité du jour, je vous invite à vous rendre sur le site pedagogieduvivant.fr. Vous y trouverez toutes les infos à son sujet, ainsi que ses recommandations. Sur ce, je vous donne rendez-vous la semaine prochaine pour un nouvel épisode. Et d'ici là, n'oubliez pas, sortir, ça ne doit être que du kiff ! Allez, ciao ciao, à bientôt !

Description

Pour démarrer cette nouvelle saison, je vous propose d'écouter Laura Nicolas, enseignante, formatrice et chercheure en sciences de l'éducation.


Après plusieurs années à accompagner des enfants dehors, Laura partage ici son expérience et son approche de l'éducation par la nature ainsi que son regard en tant que chercheure sur le paysage actuel français de l'éducation en plein air.


Un échange passionnant qui donnera envie, je l'espère, à tou.te.s les curieux.ses de l'éducation par la nature d'accompagner toujours plus d'enfants dehors !


Pour retrouver toutes les références de Laura, rendez-vous sur : https://pedagogieduvivant.fr/


Très belle écoute


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue sur le podcast Enfance en Nature, le podcast qui parle d'éducation en plein air. Je m'appelle Claire et chaque semaine, je reçois ici un ou une pédagogue qui nous partage son expérience en matière d'éducation hors des murs. Famille, professeur des écoles, éducateur, animatrice... Ces conversations... ont pour but de transmettre et diffuser des pratiques diverses et variées qui tendent toutes vers un objectif, permettre aux enfants de passer un maximum de temps en extérieur et plus particulièrement au contact de la nature. Si vous souhaitez soutenir le podcast, n'hésitez pas à laisser un avis ou 5 étoiles sur votre plateforme d'écoute et surtout, surtout, à le partager autour de vous pour disséminer les graines de l'éducation en plein air. Je vous souhaite une très belle écoute. Quel plaisir les amis de ressortir mon micro du tiroir et de le rebrancher pour vous retrouver pour cette nouvelle saison d'Enfance en Nature. J'espère que vous avez passé un très bel été. Ici, il a été ressourçant et je suis prête. pour repartir sur plusieurs mois de podcast en opérant quand même un petit changement sur la fréquence des épisodes puisque l'année dernière, j'étais à un épisode par semaine. Là, pour cette année, j'ai pris la décision de passer à un épisode toutes les deux semaines mais sans faire de pause pendant les petites vacances scolaires. Ce sera normalement en continu jusqu'au début de l'été prochain. Mais pour être totalement transparente avec vous, j'ai fait ce choix parce que comme je l'ai souvent partagé sur les réseaux, que ce soit sur le compte Instagram Enfance en Nature ou sur mon compte professionnel Pédagogie du Vivant, j'ai créé et j'anime ce podcast toute seule. Ça me demande énormément de travail. Or, le podcast est totalement indépendant. Il n'est pas sponsorisé, donc je ne touche aucune rémunération pour ce podcast et je suis complètement... ok avec ça parce que je le fais avec grand plaisir. Mais du coup, entre mes différents projets professionnels, associatifs et personnels, je suis obligée d'opérer des choix parce que mon temps n'est pas illimité malheureusement. Et donc pour pouvoir tenir sur la longueur, j'ai préféré diminuer la fréquence de sortie des épisodes plutôt que de me mettre une pression de dingue pour absolument en sortir un chaque semaine. Je préfère la qualité à la quantité. Ça ne m'empêchera pas peut-être ponctuellement, si j'en ai envie, que j'en ai le temps de poster un épisode en plus, comme ça, un épisode bonus. Mais je préfère que ce soit dans ce sens-là que dans l'autre sens. J'espère que vous serez au rendez-vous et que les invités que je recevrai sur cette nouvelle année vous passionneront toujours autant. En tout cas, je vous remercie encore pour tout... toute la présence et tout le soutien que vous m'avez montré l'an dernier. Et voilà, on continue, on repart pour une nouvelle saison qui démarre fort parce que l'invité que je reçois aujourd'hui est absolument passionnante. Il s'agit de Laura Nicolas qui est enseignante, chercheure, formatrice et animatrice dans le cadre d'une association. Donc elle cumule plein de casquettes. Ça fait plusieurs années qu'elle pratique, qu'elle étudie l'éducation par la nature et elle a un regard aiguisé sur cette éducation par la nature, quelle que soit la forme qu'elle prend en France. Mais au-delà de ce regard, elle a aussi une pratique qu'elle partage dans cet épisode. On balaye vraiment à la fois le paysage de l'éducation par la nature en France et puis son expérience à elle. Moi, je l'ai écoutée pendant une heure. J'ai bu ses paroles. Je me suis régalée. Ça m'a fait vraiment plaisir de démarrer cette nouvelle saison avec Laura. Donc, j'espère que vous allez prendre autant de plaisir et que ça va vous envoyer plein de bonnes ondes pour démarrer cette nouvelle année scolaire. Voilà. Sur ce, je vous souhaite une très belle écoute.

  • Speaker #1

    Bonjour Laura. Bonjour Claire.

  • Speaker #0

    Bienvenue sur le podcast Enfance en Nature, podcast qui fait sa deuxième rentrée cette année. Et c'est avec toi que j'inaugure cette nouvelle saison, donc je suis ravie de te recevoir ici aujourd'hui. Alors, on va parler dans quelques minutes de ton parcours, mais rapidement, pour que les auditeurs et les auditrices identifient qui tu es, est-ce que tu veux bien nous dire dans quelle région tu es installée et, en quelques mots pour le moment, ce que tu fais dans la vie ?

  • Speaker #1

    Oui, alors je suis installée en région centre-Val-de-Loire et plus particulièrement en région de Sologne, une région forestière. Je suis partagée entre deux activités. La première, c'est mon poste, j'allais dire officiel, c'est celui de maître de conférence en sciences de l'éducation et en sciences du langage. Et je suis ainsi à l'université Paris-Est-Créteil, donc ça c'est ma casquette urbaine. Et ma deuxième casquette, c'est celle de bénévole formatrice au sein de l'association Solonia Nature et Culture que j'ai créée il y a maintenant quelques années. Formatrice d'éducateurs, d'éducatrices, d'enseignants, d'enseignantes en éducation par la nature. Et ceci en Solonia.

  • Speaker #0

    On va avoir de la matière pour discuter alors.

  • Speaker #1

    Je pense.

  • Speaker #0

    Alors ? Il y a une question rituelle que je pose toujours pour démarrer la discussion et qui est une question à laquelle je tiens beaucoup. Le podcast s'appelle Enfance en nature et justement Laura, quels sont tes souvenirs d'enfance en nature ? Est-ce que tu veux bien nous raconter le rapport que tu avais avec elle durant ton enfance ?

  • Speaker #1

    Alors vaste question, tellement tellement précieuse, je te remercie beaucoup de la poser. Mon rapport à la nature, c'est d'abord un rapport à la forêt d'une part et aux animaux d'autre part. Je me revois enfant avec la bande de cousins à explorer la forêt. Donc c'est d'abord un rapport d'exploration et de jeu, de jeu libre hors temps scolaire dans une forêt qu'on appelait la forêt inconnue avec des imaginaires, des découvertes, des... cow-boys et des indiens, des aventures incroyables dans ce petit bois de forêt, ce petit bois de Sologne. Et le deuxième, c'est celui du rapport très constant aux animaux, alors plutôt animaux de compagnie, des chiens, des chats, des hamsters, des chevaux, qui peuplaient, pas seulement mon imaginaire, mais ma vie d'enfant de manière très très proche. Donc c'est ces deux rapports-là que j'ai eus en tant qu'enfant à la nature. et rapports qui ne m'ont jamais quitté. Hum,

  • Speaker #0

    trop chouette ! Pour en savoir davantage sur toi, justement, et comprendre les projets dans lesquels tu t'impliques aujourd'hui, et notamment toutes les casquettes que tu portes, est-ce que tu veux bien nous raconter ton parcours professionnel ?

  • Speaker #1

    Oui, alors, pour faire bref, je dirais que j'ai commencé en tant qu'enseignante dans une toute petite école qui était en milieu rural. Et on avait une grande grande cour qui était un espace arboré. On n'avait pas de cours de récréation bétonnés, comme on peut le voir dans d'autres écoles. Ce n'était pas une configuration classique. Et déjà, j'aimais bien emmener les enfants, les élèves dehors pour ce qui se faisait le plus facilement. La lecture, l'EPS, l'activité physique et sportive. J'avais absolument aucune connaissance ni de compétences particulières dans le domaine. de l'éducation par la nature, et puis on parle d'un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître, donc toutes ces choses-là, on en parlait peu en France à l'époque, et ça s'est arrêté là pour mes expériences d'éducation en nature à l'époque, et puis mon parcours m'a emmenée de vers le monde, à travers le monde, je me suis spécialisée dans l'enseignement des langues étrangères, avec un master en... L'enseignement de l'anglais et de l'espagnol, j'ai vécu au Mexique, aux Etats-Unis, j'ai vu pas mal de configurations éducatives très intéressantes en zone rurale comme en zone urbaine. Et puis ce parcours a fini par me faire arriver à Paris où j'ai entamé une thèse en sciences du langage qui portait sur les dynamiques éducatives, le discours des enseignants en classe de langue étrangère, bref j'ai beaucoup voyagé aussi dans ma classe. Jusqu'à ce que j'ai un poste dans ce domaine-là à l'université de Créteil. Et déjà, j'étais assez focalisée sur de l'apprentissage hors les murs. J'organisais pas mal de choses en milieu urbain, visites culturelles avec les étudiants de français comme langue étrangère. Je me suis beaucoup intéressée aux relations interculturelles, mais aussi à la puissance de l'apprentissage de la langue en immersion, dans la cité finalement, au contact du réel. Ce n'était pas forcément des parcs, il n'y avait pas encore la notion de nature. telle que je l'entends aujourd'hui, mais c'était déjà une ouverture hors les murs, je dirais qu'il y avait déjà quelque chose. Et puis au niveau familial, j'ai ensuite fait l'acquisition d'une petite maison à retaper en Solone qui m'a amenée à revenir, à quitter Paris un peu plus souvent pour finalement m'y installer et dans cet espace beaucoup plus forestier, tout d'un coup, progressivement plutôt, je me suis dit mais c'est fou ! Ce silence, ces chants d'oiseaux, ces bruits de nature, ce serait fou si on en faisait un espace d'apprentissage beaucoup plus régulier et qui ne s'arrêterait pas aux seuls enfants, mais explorer un petit peu ces potentiels du vivant finalement, autre qu'humain, autant qu'humain, dans ces espaces forestiers. J'étais déjà en Sologne à ce moment-là, et je parle de ça d'il y a à peu près 6-7 ans. Et pour explorer ce potentiel, j'ai créé l'association Solonia Nature & Culture, loi 1900, une petite association sans ambition aucune qui visait à ouvrir ces espaces éducatifs avec de l'accueil péri-extra-scolaire et ce qu'on appelle un petit peu une forest school ou une école forêt ou de la forêt. Moi, j'aime bien le dire en français parce qu'on l'adapte à la culture française aussi. On fait les choses peut-être différemment de ce qu'on fait. en Scandinavie ou en pays anglo-saxon. Bref, on a mené ces ateliers avec des personnes qui étaient spécialistes en éducation à l'environnement. J'ai loin de là l'idée de faire tout tout seul. On a beaucoup travaillé avec des personnes qui avaient ces métiers du bois, les personnes qui étaient spécialistes des milieux aquatiques. Et puis, on a vu que les enfants, ils étaient absolument fascinés. Et puis, très vite... via ces petites actions éducatives et le lancement aussi d'un site ressources, Ma Petite Forêt, où je condensais un peu ces expériences-là pour donner envie à d'autres personnes. J'ai très vite eu des demandes de formation, parce qu'à la base, mon métier, c'est quand même de la formation d'adultes, formation d'enseignants aussi à l'université, je faisais ça, je fais ça encore. Et là, je me suis dit, c'est vrai que si ça pouvait donner envie à des enseignants, à des éducateurs petite enfance. les éducateurs et éducatrices spécialisés, à mener les enfants dehors beaucoup plus fréquemment, eh bien allons-y. Et donc j'ai créé cette formation qui est hybride, il y a une partie en ligne pour toutes les bases un petit peu pédagogiques, théoriques, parce que c'est un mouvement, ce mouvement de l'école dehors, de l'éducation par la nature, qui est ancien et qui est très appuyé au niveau théorique, en sciences de l'éducation tout du moins. et une partie en présentiel qu'on appelle nos stages pratiques école du dehors qui connaissent un succès qui en dit long sur les besoins des personnels de l'éducation. Et j'en suis là aujourd'hui, c'est-à-dire que j'ai à la fois mon poste à l'université où j'emmène le plus possible les étudiants dehors, mais où la majorité de mon temps, je suis à travailler pour cette association. accueillir des groupes d'enfants, accueillir des écoles, accueillir des crèches et puis faire de la formation des enseignants et d'autres personnels éducatifs à l'éducation par la nature. Voilà, désolée, j'étais un petit peu longue, mais j'essayais de condenser cette expérience de rapport à l'éducation par la nature.

  • Speaker #0

    Mais je t'en prie, développe, développe, on a tout le temps, c'est un temps de parole qui est libre, donc n'hésite surtout pas. à partager le plus possible. On est là pour ça. Donc, c'est avec grand plaisir. Pour préciser un petit peu, par rapport aux étudiants que tu formes à l'université, est-ce que du coup, tu profites de cet espace de formation pour les initier au sujet de l'école du dehors ? Ou est-ce que la formation, du coup, tu la fais vraiment uniquement pour les enseignants ? à l'extérieur de l'université et qui font la démarche d'eux-mêmes de venir se former ?

  • Speaker #1

    Alors c'est une question absolument essentielle, je te remercie vraiment beaucoup de la poser parce qu'elle me tient beaucoup à cœur. Et la réponse c'est non. L'une des raisons pour lesquelles j'ai créé la formation en ligne avec la casquette associative, c'est justement parce que nos maquettes de formation, en formation initiale d'enseignants, pour le moment, on va parler de l'INSPE, qui peut changer de nom au fur et à mesure, mais l'Institut de formation des enseignants, pour le moment, il y a quelques petites places selon les institutions, selon les endroits, pour des approches un petit peu encore dites. alternative, mais globalement on est beaucoup plus sur des approches disciplinaires, en particulier les maths et le français, que sur de la pédagogie transversale. Je pense que les politiques éducatives font des choix, de fait, et posent des choix qui sont plus sur des apprentissages didactiques, donc des contenus à enseigner qui prennent beaucoup de temps, davantage que des ouvertures sur des modes pédagogiques alternatifs. Et je n'ai pas encore réussi, parce que je ne suis pas en temps plein à l'INSPE, je suis au département de français langue étrangère, donc je viens soutenir les collègues sur des besoins qu'ils peuvent avoir, mais moi, mon poste n'est pas à l'INSPE, donc j'interviens ponctuellement plutôt sur des enseignements en lien en master MEF, donc le master de formation, plutôt sur des enseignements en lien avec les langues et cultures. Même s'il y a des créations de master intéressantes qui tendent vers l'intérêt de la formation à l'écologie, à l'environnement, et j'ai la chance de pouvoir y intervenir sur un ou deux enseignements, et bien oui, je ne laisse pas passer l'opportunité de parler de l'école dehors et de l'éducation par la nature, mais c'est très anecdotique pour répondre à ta question. Ce n'est pas institué et ce n'est pas un cas isolé. Je connais d'autres personnes qui sont passionnées, passionnantes. sur ces questions-là, qui sont à des postes équivalents et qui n'ont pas encore non plus la possibilité d'aborder, imaginons, un module qui soit spécifiquement dédié à la chose. Ce serait évidemment mon rêve, mais pour le moment, ce n'est pas encore le cas. Donc je me dis, eh bien, ce n'est pas grave, ce sont les enseignants avec au moins un ou deux ans, une ou deux années d'exercice du métier, qui, selon ce qu'ils me racontent, ont besoin d'un bol d'air. On a des personnes au bout de 20 ans d'enseignement qui rejoignent les programmes de formation à l'éducation par la nature, mais ce sera plutôt, en ce qui me concerne, en formation continue ou via l'association, qui vont trouver leur bonheur et la possibilité de le faire, même si on observe de plus en plus d'offres de l'éducation nationale en formation continue, en interne aussi, sur ces questions de classe dehors, et je m'en réjouis beaucoup. mais en formation initiale pour clôturer sur ta question. Voilà, on a encore très très peu de place pour cette question-là. C'est un chantier immense à travailler, à mon sens, parce qu'il est primordial. Voilà, il faut lentement mais sûrement, on va dire.

  • Speaker #0

    Alors, aujourd'hui en France, il y a quand même de plus en plus de structures qui s'ouvrent vers l'extérieur en intégrant dans leurs projets éducatifs et pédagogiques l'accès. des enfants à l'extérieur, que ce soit des écoles publiques, privées, des crèches, des structures extrascolaires ou périscolaires. Ça amène à se dessiner un paysage très varié de l'éducation en plein air, avec probablement autant d'approches différentes que de personnes qui la pratiquent. Toi qui la pratiques justement et qui... étudie cette éducation par la nature en tant que chercheur, est-ce qu'il y a des éléments, des points communs, qu'on retrouve toujours dans ces approches, quel que soit le terme employé pour les désigner ? Parce que c'est pas toujours évident pour les personnes non initiées à ce sujet de l'éducation par la nature. On entend plein de termes différents, les forest schools, l'école de la forêt, l'école de la nature, la classe dehors, l'éducation à l'environnement. Et ce n'est pas toujours si simple de s'y retrouver. Donc, est-ce qu'il y a des similitudes, quel que soit le nom qu'on donne à ces approches ?

  • Speaker #1

    Oui, effectivement, on a une galaxie devant nous. C'est une galaxie qui est... On a des constellations, des étoiles, des petites étoiles qui... pop-up un petit peu de partout. Et la première chose que tu disais, à laquelle je souscris, c'est effectivement que quand on emmène des enfants dehors, j'aime bien utiliser ce terme, emmener des enfants dehors, parce que finalement, l'intention pédagogique derrière, elle appartient vraiment à la personne, à l'adulte. qui mène ce projet-là. Elle lui ressemble. Et c'est là où je te rejoins dans le fait que la couleur, la texture de notre projet d'emmener les enfants dehors, il va nous ressembler. Ça va être très compliqué d'appliquer un protocole. Pourquoi ? Parce que l'une des bases, à mon sens, et c'est peut-être l'un des points communs qu'on va retrouver entre ces différentes approches, ces différentes petites étoiles de l'éducation par la nature, c'est que c'est la liberté et le plaisir. C'est-à-dire qu'il y a beaucoup de... Il y a presque quelque chose qui relève du développement personnel et professionnel dans, je parle pour l'adulte, dans ce souhait d'emmener les enfants dehors. Il y a une réalisation et puis des fois, on va avoir une transformation des pratiques individuelles. C'est pour ça que... Quand on emmène des enfants dehors, on répond d'abord à un besoin, à un plaisir qu'on identifie soit chez les enfants, soit chez nous-mêmes. On parle beaucoup de bol d'air, enfin moi les enseignants en particulier que j'accompagne, parlent beaucoup de bol d'air, de soif, de faire autre chose. Donc on a un rapport très corporel à ce besoin, à ce désir. Et donc la première chose que tu soulevais, c'est celle-ci. Ça va avoir l'identité, ça va porter l'identité de la personne qui emmène les enfants dehors. On peut avoir des personnes passionnées d'oiseaux. Eh bien, leurs séances, elles vont tourner peut-être plus autour de la passion des oiseaux que chez quelqu'un d'autre, ça va être le bois, le bricolage, ça peut être les insectes, ça peut être les mammifères, ça peut être la photo, le dessin, les arts plastiques. En fait, on peut aborder la question de l'éducation par la nature, ne serait-ce que sous l'angle de la personne qui accompagne. Donc je dirais que la... La première caractéristique commune, ça va être la réalisation d'un projet qui apporte du bien-être à la personne qui accompagne. Alors, ça va peut-être te paraître étrange parce que les enseignants, les éducateurs qui emmènent les enfants dehors vont tout de suite convoquer les enfants. Ça leur fait du bien. Et c'est une autre caractéristique. On emmène les enfants dehors parce que ça fait du bien aux enfants. Oui. Mais sous cette couche-là, il est important de redonner le pouvoir d'agir aux adultes qui font cette démarche. Et je trouve ça très important de dire souvent, on fait classe dehors, on monte une forest school pour les enfants, des fois les siens, mais derrière ça, il y a une volonté de faire autrement, une volonté de bien-être. Donc voilà, ça, ça me semble un des piliers de ces initiatives-là. Une autre caractéristique, ça va être, comment dire, dans cette réponse au projet de l'adulte, des voix différentes. Prenons le contexte scolaire pour donner un exemple. On prend le contexte scolaire, on va avoir un incontournable qui est la question de la réalisation en temps et en heure d'un programme. Ce programme-là... quand on fait de la formation à l'école dehors, on ne peut pas le laisser de côté. Ça va être un incontournable. Ça veut dire que la séance classe dehors, elle va être articulée autour de cet incontournable. incontournable qu'est le programme scolaire. Ça ne veut pas dire qu'on ne peut pas faire de pédagogie par la nature concrètement. Ça ne veut pas dire qu'on ne peut pas faire du jeu libre qui est quelque chose de un des piliers de l'éducation ou de la pédagogie par la nature de laisser ces temps où les enfants découvrent par eux-mêmes. Dans la majorité des séances de Forest School, qui sont du péri ou extrascolaire pour la plupart, on n'a que ça à faire, finalement, le jeu libre ou l'approche par la liberté. C'est Christelle Ferjou qui parle, qui est conseillère pédagogique et qui est une des pionnières de l'école dehors. On discutait récemment et elle me parlait d'approche par la liberté plutôt que simplement le jeu libre. Cette approche par la liberté va être fondamentale, qu'on soit en péri, en extrascolaire ou en scolaire. Quand on est en forest school, en accueil collectif de mineurs, en forêt, on peut faire que de l'approche par la liberté, on peut être uniquement dans le jeu libre, parce qu'on n'a pas de contraintes institutionnelles autres. La caractéristique du milieu scolaire, c'est qu'à un moment donné ou à un autre, ne serait-ce que parce que l'enseignant l'a en tête, Cette question du programme scolaire, elle doit être répondue. Elle demande à ce que l'éducation par la nature, la pédagogie par la nature, bricole, parce que c'est du bricolage in situ, c'est du bricolage dans le contexte, que ce bricolage ait lieu. Et souvent... L'engrenage se fait assez vite, c'est qu'au début les enseignants peuvent se dire Ah là, comment je vais faire le programme scolaire dehors ? Ils vont tester une ou deux activités, poser une évaluation des acquis assez rapide sur la chose et finalement, clac, clac, clac, clac, clac, clac, la connexion entre programme et dehors, programme et nature va pouvoir se faire, avec des contraintes selon les cycles, bien évidemment. Mais cette est une caractéristique qui me semblait importante de développer, c'était que dans cette grande galaxie, on va avoir des contraintes institutionnelles qui obligent à des compromis. Je dis tout simplement que, par exemple, une séance d'école dehors va sans doute, ça dépend des enseignants, mais va, les trois quarts du temps, demander à ce que l'enseignant propose, si ce n'est impose, une activité un petit peu dirigée, qui va venir en rupture de la sensation de liberté que la pédagogie par la nature aime, veut absolument insuffler. Ce n'est pas pour autant pas de l'éducation par la nature. C'est de l'éducation, de la pédagogie par la nature adaptée, bricolée avec les contraintes institutionnelles. Voilà un exemple un petit peu de caractéristiques liées au contexte. Ce qui va être commun. Et ce qui, à mon sens, je ne veux pas. Je ne veux pas du tout être sur la déontologie, être sur du prescriptif. Mais il y a quand même une chose qui me semble importante, et je trouve que le réseau de pédagogie par la nature l'a très bien synthétisé avec ses piliers. qui sont irrités de l'approche anglo-saxonne et scandinave, les piliers de ce jeu libre, les piliers de cette immersion sensorielle répétée, de cette régularité, de cette fréquence, de cet apprentissage du risque, de se laisser faire l'enfant au lieu de le faire soi-même, tout cet apprentissage qu'on va appeler finalement très socio-constructiviste, en recherche on va nommer ça de manière socio-constructiviste, c'est-à-dire qu'on part du déjà-là chez l'enfant pour lui laisser une libre expression et que l'adulte va venir en étayage, en appui à ce déjà-là qui s'exprime en nature, pour moi ces piliers-là, ils me semblent incontournables. Alors bien sûr, on va les adapter en fonction du temps qu'on a, en fonction du nombre d'enfants, mais ces piliers, ils sont pour moi absolument essentiels. Quel que soit le contexte, laisser les enfants libres sur les trois... quarts de la séance au moins, faire feu de tout bois, sans mauvais jeu de mots, en forêt, laisser les enfants aller vers ce qui les intéresse, venir répondre à leurs besoins, c'est des mots très jargon pédagogique, mais les éducateurs verront bien concrètement ce que ça veut dire. Toutes ces choses-là, laisser la place à l'imprévu, laisser la place à ce qui émerge, le passage d'un animal, le vol d'un oiseau, d'un animal, pardon. Le vol d'un oiseau, ces choses-là, c'est des choses qui attirent les enfants et leur laissent toute leur place. Pour moi, c'est ça le socle de l'éducation par la nature. Ça, c'est une des caractéristiques fortes, c'est se laisser faire à l'instant. Une autre caractéristique... pour moi, ou un autre point d'attention peut-être qui serait transversal à toute la galaxie, c'est l'importance de se former. Alors, je le dis parce que c'est ce qu'on me renvoie. Il y a une première posture qui serait de se dire, on est déjà enseignant, on est déjà éducateur, on est déjà animateur nature, voilà, on n'a pas besoin d'en savoir beaucoup plus. Mais en fait l'éducation, la pédagogie par la nature, ça va au-delà d'apprendre une approche naturaliste, le nom des animaux, ça va au-delà de faire le programme scolaire. en temps et en heure. On est vraiment sur une approche qui vient rompre avec les cases. Quand on dit l'approche hors les murs et en nature, on sort des cases. On va venir, de fait, j'aime bien le mot bricolage, décidément, mais bricoler le programme. On va venir faire autrement avec le terrain. Et de fait, ce qu'on va y gagner, ça va être une indépendance dans le métier, une sorte de gain en termes de pouvoir d'agir, parce que cette expertise avec le faire feu de tout bois, on ne nous l'apprend pas forcément en formation. Et donc, moi, ce que j'ai souvent comme demande en tant que formatrice, c'est, c'est bon, je sais emmener une classe, visiter un musée, ou alors je suis animateur nature, j'aimerais savoir faire avec. Ce dehors, mais différemment. Et c'est là où je pense que la formation, quel que soit le type de formation qui soit donnée, on a par exemple les organismes d'éducation à l'environnement tels que le FREN, le GREN.

  • Speaker #0

    Ce sont des organismes qui vont avoir des mini-formations classe dehors pour y être intervenus dans certaines d'entre elles. Ce qui est génial, c'est qu'on a le point de vue d'animateurs confirmés, animateurs nature, et des gens qui vont être plus spécialistes de l'univers scolaire, par exemple. Et ça, on apprend énormément. Mais se mettre dans l'état d'esprit de l'éducation par la nature, hors les murs... Ça demande quand même de sortir de ces cases professionnelles. Et moi, j'ai dû sortir des cases de l'enseignement recherche. Et je ne fais plus jamais cours avec les étudiants de la même manière que ce que je faisais avant. Jamais. Je ne fais plus du tout cours de la même manière. Même si je reste dans la classe, même si je ne sors pas pendant ma séance, je vais avoir une attitude vis-à-vis... de l'émergence de besoins, de l'expression des étudiants qui est complètement différente, qui est beaucoup plus décrispée. Bref, je termine avec ça pour la question des caractéristiques transversales, si je dois récapituler. Une approche par la liberté et des autres piliers de la pédagogie par la nature, le jeu libre, la liberté, l'éducation au risque, la nécessité de la formation, même si elle est minime, pour basculer, faire le lien avec le dehors. Et puis ce fait que, quoi qu'il arrive, notre séance, elle ressemblera à nous. Et donc il y a quand même quelque chose de très personnel dans cette tenue de séance. Voilà, j'ai essayé de faire un petit peu le tour, je suis sûre que j'ai oublié plein de choses, mais c'est ce qui m'est venu en tête sur ta question des caractéristiques dans ces différentes modalités de hors les murs et en nature.

  • Speaker #1

    Et toi, du coup, c'est... quoi ton approche de l'éducation par la nature ? Quelles sont tes valeurs fortes, les choses qui sont importantes pour toi ? Quelle est ta posture en tant que pédagogue quand tu es avec les enfants en extérieur ?

  • Speaker #0

    Alors, je te remercie, ça me donne l'occasion de parler de mon pilier. Je n'en ai pas parlé en réponse à la question que tu m'as posée, parce que je ne souhaite pas que ce soit, tu vois, une sorte d'imposition, point de vue, comme quelque chose que tout le monde devrait faire. Mais là, puisque tu me parles d'expérience personnelle, je vais pouvoir partager ce qui est un petit peu mon bébé à moi, un peu la marque de fabrique que j'ai impulsée à l'association. Je suis loin d'être la seule à pratiquer. Moi, j'ai une attention. extrêmement vigilante, portée à tout ce qui vit, à tout ce qui respire, à tout ce qui est sentient, à tout ce qui potentiellement peut être endommagé dans le vivant, que ce soit dans le cadre de la classe dehors, de l'éducation par la nature, ou dans d'autres contextes qui n'ont rien à voir. Alors, très brièvement pour expliquer pourquoi. Cette approche, c'est plus qu'une approche, c'est vraiment quelque chose qui fait partie de moi. Après, je donnerai des exemples très concrets dans la tenue des séances. Je suis par ailleurs membre du conseil scientifique de L214 éducation. Et la branche éducative de L214 n'a rien à voir avec ce pourquoi L214 est connue. Donc, je rappelle, c'est une association qui tente d'impulser des changements sociétaux dans le rapport. rapport à l'animal d'élevage, à l'animal que l'on mange, donc ça c'est L214, il y a des vidéos chocs, ils font pas mal de reportages, la branche éducative est beaucoup plus soft, j'allais dire, elle s'adresse aux éducateurs et aux enfants, et elle ouvre, cette section de L214, elle ouvre un monde de connaissances propres aux animaux, et c'est pas seulement les animaux d'élevage d'ailleurs. Et moi je suis passionnée de ça, puis j'interviens. dans le regard, dans la lecture, la pré-lecture du journal, mon journal animal, qu'ils offrent gratuitement à la communauté éducative. On peut le télécharger, le recevoir, bref. Et donc, cette casquette-là, elle m'a amenée à prendre très à cœur la question du respect. Et nous en avons même fait une formation, on a appelé... La formation Respecter les animaux à l'école, avec quelques collègues qui sont des pionniers de l'éducation au respect des animaux, on a fabriqué cette formation qu'on donne librement, gratuitement, c'est une formation en ligne. Via ces rencontres avec ces acteurs du monde du respect des animaux, je fais classe dehors, je forme les enseignants et les personnels éducatifs et moi-même je mène les enfants dehors avec... En tête, le projet de minimiser au maximum l'impact de notre séance sur les autres habitants du lieu et en même temps toujours avoir cette double balance, me dire qu'est-ce que je peux mettre au service de l'apprentissage des enfants, d'une sensibilité. Je ne parle même pas de sensibilité écologique ou à l'environnement parce que pour moi on est vraiment sur des grandes catégories. On apprend de plus en plus à l'école. Je ne suis même pas sur les histoires de trier les déchets, l'équilibre alimentaire, ce genre de choses qui ont leur grande importance. Mais moi, je suis avec des petits, enfin des petits, on fait du 3 à 12 ans, donc on a quand même la marge, on a quand même une hétérogénéité des profils chez les enfants et des âges et des préoccupations. J'essaye toujours de me dire, quand je vais impulser une activité ou que je les regarde faire en jeu libre, comment ? Je peux aménager la situation de manière à ce que ces deux piliers, le respect des animaux et des végétaux, parce que je parlais des animaux, mais le respect des végétaux me tient également à cœur. Ce respect et en même temps l'apprentissage des enfants. Un exemple très concret que je peux te donner dans ma pratique, alors moi je fais vraiment l'approche par la liberté telle que le RPPN va le conseiller, c'est-à-dire que... je sors en école forêt, donc on a une petite structure d'accueil qui est toute modeste, avec un petit sentier pieds nus, quelques instruments de musique déposés dans les arbres, un petit bac à sable bricolé, quelques arbres... retomber, sécuriser sur lesquelles ils peuvent grimper, grosso modo ça s'arrête là. Et puis les enfants sont en liberté là-dedans et viennent proposer des activités. De temps en temps, moi je bricole quelque chose dans un coin et les enfants vont commencer à s'y intéresser et ça se transforme en activité. Parfois je commence à lire une petite histoire et les enfants se rassemblent ou je propose et ils me disent non on ne le fait pas puis on le fait après. Voilà, je suis vraiment plutôt dans ce contexte-là. Je rappelle que... que je suis en milieu périscolaire. Là, ce n'est pas quand je le fais en milieu scolaire. Donc, dans ce type de choses-là, on va avoir par exemple un cours d'eau. Une des choses qui va passionner les enfants, d'ailleurs cours d'eau ou pas cours d'eau, ça va être l'observation des animaux, y compris des insectes. Ce que je faisais au début, c'était d'utiliser des boîtes loupe pour collecter les insectes, pour pouvoir bien les regarder. Je l'ai fait une ou deux fois seulement et j'ai très très rapidement arrêté. Parce que si tu veux, il y a des oublis. Des oublis d'insectes dans les boîtes loupes. Laissé au soleil, l'insecte grille. Quel est le but profond, moi en tant que pédagogue, d'organiser cette proximité des enfants pour la sensibilisation aux vivants si ne serait-ce qu'un insecte dans la séance est soumis à une mort atroce ? Quelle est moi ma cohérence pédagogique avec ça ? Donc tu vois, il y a eu un cheminement. Ce qui fait qu'aujourd'hui j'ai trouvé un super compromis qui était un autre type de boîte qu'on appliquait simplement. Donc tu sais, ça existe. on n'emmène pas l'insecte, on l'applique, on regarde, on repart avec notre petite loupe, et on le fait à l'ombre. Donc on n'a pas de risque de manipulation d'insectes qui ensuite sont abîmés, souffrants, voire mourants, et on n'a pas d'oubli. d'insectes qui ensuite meurent. C'est juste pour te donner un exemple de comment une grande démarche peut s'actualiser sur des petits gestes très concrets. On va être dans une région, pour un dernier exemple contextuel, on est dans une région qui est extrêmement chassée. Ça pose des problèmes de sécurité, ça pose des questions de compromis avec le voisinage, etc. Donc en fait, on navigue entre les coups de feu du matin au soir, du soir au matin, en Sologne. C'est la situation dans laquelle on est. dans laquelle on est, et on a des enfants qui viennent, qui sont habitués déjà à 4 ans, qui sont habitués à la chasse, par exemple. Eh bien, mon bonheur, c'est quand d'eux-mêmes, ils viennent re-questionner la question d'enlever la vie à un vivant, parce que tout d'un coup, on croise le chemin d'un petit animal mort. De quoi il est mort ? On va susciter ce débat. On va susciter la question du droit à la vie. On va susciter la question de l'alimentation quand les enfants en parlent, mais je ne vais jamais venir avec un discours prêt à porter. Bref, tu vois, c'est des petits exemples pour montrer que moi, si un enfant peut ressortir d'une séance avec une expérience profonde, viscérale, sensorielle, expérimentale du vivant, d'une respiration, d'un moment partagé avec un animal ou un végétal qui va rester ancré, Pour moi, l'approche, elle a réussi. Même si ça ne se fait pas tout de suite, même s'il n'y a pas du discours autour. Voilà, c'est un peu mon approche. Et puis, autour de tout ça, beaucoup de rire. Pour moi, une séance où on est bien, c'est une séance où on prend des fous rires à répétition, ce qui est généralement le cas pour moi, c'est l'éducation par la nature. On rit énormément, c'est normal. On reconnecte avec l'essence même de ce qu'il fait l'humain. Dans l'éducation par la nature, l'humain est intrinsèquement nature. Donc, on reconnecte avec ce qui est l'humain. Forcément, on se reconnecte avec les émotions, donc on se reconnecte aussi beaucoup avec le rire. Et nous, avec les enfants, on prend des faux rires à chaque fois. Donc, mon approche, c'est à la fois le point d'attention au respect, que les enfants découvrent des choses sans endommager les autres vivants, et ça dans la notion de plaisir, de rire, de passer des bons moments. Et je terminerai en disant que des fois, passer des bons moments, c'est aussi rentrer. C'est parfois rentrer à l'intérieur. Nous, on a une sorte d'abri, chalet, type chalet. Donc c'est génial parce qu'on reste dans l'école forêt, mais on a les portes ouvertes sur le dehors. On est dans la nature. Et en même temps, on peut être abrité en cas de très très forte pluie ou si un enfant a vraiment froid parce qu'il n'a pas eu le bon équipement, etc. Voilà, c'est prendre soin de soi aussi, même s'il faut. Mais rentrer, ce n'est pas pour autant qu'on ne fait pas d'éducation hors les murs et par la nature, dans l'esprit. Je terminerai là-dessus, toujours dans l'articulation, mais jamais dans l'opposition, avec les possibilités du lieu, les besoins des enfants, et le respect des autres vivants et des autres habitants du lieu. Voilà pour la synthèse de mon approche.

  • Speaker #1

    Eh bien, je te remercie pour ce partage. Je me reconnais beaucoup dans ce que tu dis là, puisque... Le contact avec le vivant, le rapport, l'amour même du vivant, c'est quelque chose qui moi-même me porte énormément, qui occupe une place importante dans ma pratique. Et avant de parler de pratique dans ma vie, depuis toute petite, la sensibilité que j'ai avec le monde qui nous entoure, elle est très forte et du coup j'ai aussi développé ça et ça prend... une place essentielle dans ces moments que je partage avec les enfants. Donc voilà, je te remercie parce que tu mets des mots sur ma propre pratique, ma propre posture. Puisqu'on parle des moments que tu vis avec les enfants dans le cadre de l'association Solonia Nature & Culture, est-ce que tu veux bien nous raconter l'histoire de cette association ? Et les missions que vous vous donnez, parce qu'au-delà des ateliers de l'école forêt que vous proposez aux enfants, il y a plein d'autres choses que vous mettez en place.

  • Speaker #0

    Oui, effectivement. Et puis là, on échange et je parle en jeu. Effectivement, dès qu'on va étendre la question à Solonia, qui est la petite association, ont parce que Solonia elle tient uniquement par des bénévoles on n'a pas de salariés, on intervient tous en tant que bénévoles bien sûr avec des prestations de spécialistes de tel ou tel domaine très ponctuel on travaille en collaboration avec le Grenz-Sanval de Loire par exemple on fait des choses superbes ensemble en formation d'enseignants, en animation nature, on est très en complémentarité pour en revenir donc avec ce ont en tête, parce que je ne suis pas toute seule, même si je suis la formatrice principale et l'animatrice principale, mais je ne suis pas la seule. On peut revenir au niveau chronologique, parce qu'effectivement, l'une des premières missions que s'était donnée Solonia, c'était de fédérer les acteurs concernés par la mise en lien entre la nature, on va dire nature ou le vivant, végétal, animaux et le petit humain, le petit d'humain. C'était un petit peu cette grande mission et on s'est dit il y a beaucoup de choses, nous on est dans une région très rurale, donc culturellement peu de propositions. On est vraiment à une heure, une heure et demie d'une grande ville de tous les côtés. Donc la première idée qui nous est venue c'était de se dire on va créer une université populaire. L'université populaire de Sologne, donc elle a été créée dès le début de l'association avec des thématiques comme enfants et forêts. enfants et nature, etc. Et des séances, donc c'était des cycles mensuels, avec des conférences, des débats, des interventions de professionnels de la forêt ou de l'éducation qui intervenaient. Et en fait, cette université populaire, elle a très vite donné lieu à ce qu'a été notre plus grande réalisation. C'est un exemple de ce côté fédérateur que veut porter l'association. Ça a été l'organisation d'un colloque international entre l'université de Créteil, l'université de Montpellier et Solonia. Ce qui fait qu'on a organisé un colloque qui n'est jamais vu. jamais été fait ailleurs, c'était un colloque international, donc il y avait des chercheurs, des enseignants, des éducateurs, des artistes, on s'est retrouvés pendant cinq jours de colloque, en pleine nature, dans un parc, avec un parc animalier autour, qui était en préservation de la faune sauvage, avec une buvette. associative, très très petite buvette, une petite guirlande, on s'est tous retrouvés dans une ambiance extrêmement conviviale, on a accueilli plus de 100 personnes et on a tenu des événements, conférences, communications très classiques du type recherche mais dans ce cadre là et je trouve, j'en parle ici parce que c'était en 2022 et j'en parle ici parce que pour moi c'est le C'est la mission même de Solonia, c'est se faire rencontrer les mondes. Il y a des organismes d'éducation à l'environnement qui sont excellents dans ce qu'ils font. Il y a des écoles qui sont excellentes dans ce qu'elles font. Imaginez quand elles se rencontrent. Imaginez cette espèce d'interaction qu'il peut y avoir entre ces mondes-là. Et ça a été un peu le point de départ de Solonia, mais évidemment, ce n'était pas la seule mission. Il y a très rapidement eu l'ouverture de l'école forêt, dont on a déjà parlé, les mercredis, les samedis avec l'accueil d'enfants. Et en parallèle, on a commencé à accueillir, parce qu'on nous en a parlé, parce qu'on nous a demandé, on a commencé à accueillir des animaux maltraités. Donc là, on retrouve un petit peu la casquette L214 qui pointe le bout de son nez. Donc des chevaux et aussi beaucoup de chats. intéressant parce qu'on rencontre aussi les mondes à ce moment-là. Le chat étant l'un des prédateurs en termes de biodiversité qui peut être extrêmement critiqué. Donc voilà, trouver ces marques, faire dialoguer les acteurs du monde de la protection des animaux avec ceux de la protection de l'environnement qui évoluent dans des éthiques parfois différentes, dans des déontologies différentes. Voilà, ça donnait lieu à des choses intéressantes. C'est un embryon de refuge parce que la problématique est financière. L'accueil d'équidés est extrêmement coûteuse, donc on s'est restreint à peu d'individus. Mais voilà, c'est important pour nous de garder ce micro-refuge parce que c'est aussi une des marques, un des ancrages de Solonia dans la question animale. On a enfin, et c'est peut-être là ce qui fait le plus la marque de fabrique de Solonia aujourd'hui, la dimension formation. Très rapidement, on a eu des demandes de formation de personnel éducatif à... l'éducation par la nature, ce qui nous a amené à devenir organisme de formation. Donc on a aujourd'hui la marque qualité, ce qui est, vraiment on est très très content parce que c'est une marque de qualité dans la formation. Et on est toute une équipe de co-formatrices et on a des stages de formation donc à l'école du dehors, à l'éducation par la nature, deux ou trois fois par an. plus des interventions dans les établissements également. C'est majoritairement moi qui les dispense, souvent en collaboration avec une équipe de personnes formées en éducation par la nature qui sont elles-mêmes de tous les horizons, enseignantes, spécialistes petite enfance, etc. et aujourd'hui la dimension formation elle est très prégnante chez Solonia et c'est quelque chose que je trouve génial pour donner les chiffres aujourd'hui on a formé plus de 500 personnes 500 éducateurs et éducatrices à la fois dans la formation en ligne et en présentiel ce qui nous fait grosso modo j'ai dû faire les statistiques pour l'habilitation de la charte qualité mais ce qui nous fait à peu près Aujourd'hui, plus de 12 000 enfants ayant pu bénéficier de séances en nature, par la nature, au bout de 4 années, de former les éducateurs et éducatrices. Donc c'est quelque chose dont on peut être fier. Je me le dis des fois quand je suis fatiguée, je me dis mais c'est quand même absolument super de donner cette énergie pour ça. Parce que c'est vrai que... accueillir des enfants en nature, c'est quelque chose qui me... Je trouve ça absolument génial, c'est mes respirations, c'est vraiment des moments de bonheur. Mais je me dis aussi, former à cette pédagogie-là, c'est faire d'une pierre quinze coups, parce qu'on démultiplie. On est dans la transmission, on est dans l'héritage qui va ensuite, on voit les enseignants qui sont formés, ils vont former leurs collègues, ils vont emmener, ils vont embarquer leur direction là-dedans, puis l'école d'à côté va dire Ah oui, c'est génial, on va faire comme eux ! Donc en fait, c'est vraiment une boule de neige, un effet boule de neige qui fonctionne bien. Et je me dis qu'aujourd'hui, le rôle de Solonia, c'est d'impulser, en fédérant toujours des acteurs de différents milieux, c'est d'impulser cette dynamique éducation par la nature, tout contexte confondu, après les gens l'incorporent, et après ils créent eux-mêmes leur propre expérience. Mais voilà, si je dois résumer après ce petit chemin de Solonia, dire aujourd'hui ce que c'est, et bien voilà, c'est cette sorte d'impulser les envies, les projets et la dynamique école du dehors, et je terminerai évidemment en disant qu'aujourd'hui, Solonia déménage dans un lieu un petit peu plus grand, toujours en Sologne, près de Romorantin-Lantenay. avec un champ des possibles qui s'élargit, puisqu'on a maintenant plus d'espace, plus d'accueil, et également des espaces étants et mards, et ça c'est une belle richesse de biodiversité, et on tient bien à la fois à la préserver, et en même temps à en faire bénéficier les enfants et les éducateurs qui les accompagnent. Voilà un petit peu pour cette petite synthèse des activités. Merci.

  • Speaker #1

    Puisque tu parles des formations, il y a effectivement beaucoup de professionnels qui passent par Solonia. Toi, tu commences par quoi tes formations ? C'est quoi les premières heures ? Qu'est-ce que tu proposes aux enseignants durant les premières heures de formation ? Parce que, étant donné que ce sont des enseignants qui font la démarche de se former, ils sont déjà initiés au moins à la notion... de l'école du dehors alors qu'est-ce que tu leur fais vivre qu'est-ce que tu leur transmets pour démarrer ces temps de formation d'école du dehors dans l'esprit dans l'approche dont je parlais tout à l'heure

  • Speaker #0

    le premier élément et on y passe une journée de formation complète sur les cinq jours de stage. Je prends pour exemple les stages pratiques parce que c'est là où on a le plus de temps, les personnes avec nous. Quand je dis nous, c'est l'équipe de formation. Mais dans la formation en ligne, je fais un module. Le premier module, c'est aussi la même démarche. Et globalement, La première chose qu'on fait, c'est mettre les personnes adultes, ce que j'appelle avec les lunettes d'enfants. C'est-à-dire qu'on va proposer des immersions en forêt. en tentant d'être au plus près de l'expérience enfantine, de réveiller, évidemment, d'aller vers tout ce qui va être du sensoriel. On va essayer de court-circuiter un maximum la dimension analytique. ultra cognitive, ultra cérébrale. Et pour juste donner un petit truc qu'on fait, que j'adore faire, c'est génial, on aime beaucoup rigoler à Solonia, donc on a tout un tas de déguisements. Là aussi, c'est l'esprit enfantin, faire la fête, s'amuser, rire de tout et n'importe quoi. J'ai des espèces de petites lunettes de fête. Ça, c'est la lunette des enfants. Et on a une autre paire de lunettes, c'est la lunette du pédagogue. Et aujourd'hui, ce que j'aimerais, c'est que la lunette de pédagogue, elle reste au placard. Et puis, de temps en temps, on va la faire ressurgir en disant, voilà, vous avez vu cette activité, vous l'avez vécue. Qu'est-ce qu'on peut en faire, nous, dans notre situation, toute personnelle, avec les enfants qu'on accompagne ? Mais ça, c'est dans un deuxième temps. La première approche. Pour tout te dire, qu'est-ce qu'on va faire ? On va construire une cabane ensemble en forêt. Quoi de mieux pour se découvrir les uns les autres ? Quoi de mieux pour faire groupe ? Ou pour reprendre les mots d'Hervé Brugnot, qui est un animateur nature que j'apprécie énormément, qui est un excellent formateur en plus, faire tribu. Faisons tribu, faisons territoire, comme il aime à dire aussi, rien de tel que de se construire un chez-soi. On est donc dans l'approche immersive, sensorielle, on se reconnecte à ça, même si ça doit nous prendre une journée pour couper court des mails, du téléphone, de la vie de famille, des soucis, des tracas, des courses, du métro, boulot, dodo, la première chose ça va être cette immersion. Et honnêtement je regrette qu'elle ne dure qu'une journée, même moi j'aurais besoin de deux ou trois jours, ce qui se fait aussi dans d'autres espaces de formation, il y a plus long dans ces immersions. Et nous, Et nous, on va commencer par ça. On va se remettre. dans cette approche de la matière, dans cette approche du sensoriel. Et ensuite, on va peu à peu tirer vers la professionnalité. On va peu à peu venir faire des mises en situation, jeux libres, etc. On va passer aussi par le théâtre forum pour la résolution de problèmes. Donc, c'est des jeux de rôle pour venir déchanter les peurs, les freins. Mais tout ça va quand même rester très ancré sur le... sur le sensoriel, ce qui parle au cœur, le viscéral. Et puis après, on fait intervenir les grilles d'analyse, l'observation des enfants, la construction d'une séance pédagogique. Alors si on est enseignant, on va prendre son programme scolaire et puis on va bricoler avec. Si on a envie de proposer que du jeu libre, comment est-ce qu'on va aller fabriquer une cuisine debout, combien de sable il nous faut, les notions de sécurité, et j'en passe, tout au mieux. corps, tout le corps pédagogique et logistique de l'éducation par la nature. Mais c'est vrai que je suis convaincue que la première étape c'est celle du redevenir enfant, et c'est aussi pour ça qu'on fait un petit peu comme la question que tu m'as posée, on va essayer de se réancrer dans ce souvenir d'enfance. On va prendre un peu cette dynamique-là. Et pour moi, ça c'est incontournable. Sinon, L'école dehors, l'éducation par la nature, va devenir simplement un projet de plus ou une contrainte de plus dans laquelle on va s'embarquer avec des grilles d'analyse, des objectifs, un programme. à la fin duquel il faudra qu'on puisse cocher toutes les cases de l'autonomie de l'enfant, etc. Pour moi, ce n'est pas ça le but, ni de l'école dehors, ni de la Forest School. Pour moi, c'est vraiment revenir à l'ancrage matériel, au sens matière, à l'ancrage sensoriel. Et donc, c'est la raison pour laquelle on commence toujours par ça en formation d'adulte.

  • Speaker #1

    Oui, et puis c'est ramené une notion de plaisir aussi dans ce moment partagé avec les enfants. Moi personnellement, je n'éprouve pas la même joie et le même... plaisir quand j'observe les enfants jouer que quand je joue avec eux ou à côté d'eux. Et ça, vraiment, ça décuple moi ma joie. Et c'est d'ailleurs... Moi, je me suis formée avec le réseau de pédagogie par la nature et c'est le même déroulé. Les trois premiers jours de formation sont dédiés aux jeux et sont faits pour... Amener les adultes à reconnecter avec cette part d'enfant et à apprendre à nouveau à jouer et à retrouver ce plaisir-là, ce qui n'est pas si simple pour tout le monde. Mais quand on reconnecte avec cette part d'enfant, moi je trouve que vraiment, du coup, les moments derrière, passer avec les enfants, le plaisir est décuplé, la relation avec les enfants est différente. Et le temps passe beaucoup plus vite. Et de manière générale, je trouve que quand on joue avec eux, quand on met ses lunettes d'enfant, du coup, ça change toute la dynamique du groupe. Et on part sur autre chose que quand on est dans une posture de pédagogue, un petit peu en retrait, à prendre ce recul, à penser objectif. C'est pas du tout la même dynamique. qui est lancée au sein du groupe, qu'il y ait des adultes ou des enfants de manière générale.

  • Speaker #0

    Moi, je suis tout à fait d'accord avec ça. Je suis complètement le réseau Pédagogie par la nature dans cette grande dynamique qu'ils ont impulsée. L'immersion sensorielle et la notion de plaisir et de jeu, moi, je sais que quand je disais que c'est un bol d'air pour moi de faire les... les séances avec les enfants, c'est vraiment parce que j'ai plaisir à jouer. Vraiment, vraiment, c'est ce plaisir à rire avec eux, à jouer. Et j'ai redécouvert le jeu grâce à l'école Foyer. Vraiment, c'est une dimension très forte. Et ça m'amène à quelque chose qui peut aussi donner du corps à ce dont on est en train de parler, c'est... que ce n'est pas une expérience individuelle. Là, tu la partages avec moi, et là, c'est en miroir complet de mon expérience personnelle. Mais j'ai récemment mené une étude auprès de 88 répondants. C'était un questionnaire. Là, c'était dans vraiment le domaine recherche, tu vois. 88 enseignants en France, l'école primaire. L'une des grandes caractéristiques qu'ils ont fait ressortir, mais c'est le chiffre, je ne l'ai plus en tête, mais c'est autour de 90% des répondants, ça a été ce plaisir retrouvé, la notion de jeu, et la notion d'interaction améliorée avec leurs élèves, de la confiance et du bien-être qu'ils en ont ressenti. eux-mêmes de ces séances-là. Donc, ce n'est pas des cas isolés, on est vraiment sur l'une des grandes caractéristiques et on peut reboucler la boucle de ta première question sur ces caractéristiques. L'une des grandes caractéristiques, ça va être cette question de plaisir, de rire et de bien-être. Ce qui ne vient pas occulter, on travaille beaucoup autour de ces freins-là, une gestion des émotions qui parfois est chaotique parce que dès qu'on va... favoriser la reconnexion à sa propre nature en même temps que la reconnexion aux autres vivants, si on est vraiment dans une approche holistique où on va pas séparer l'humain des autres animaux, eh bien on va avoir cette reconnexion avec les émotions en particulier, qu'on a trop souvent mis de côté, je suis la première à reconnaître cette rupture, eh bien C'est à nos risques et périls. J'ai vu des enfants, en particulier dans des classes, première sortie, des enfants soit avec des difficultés relationnelles à la base préalables, je parle, ou des enfants avec des troubles autistiques, des enfants en crise complète face aux autres vivants. Et cette gestion des émotions, elle va nous demander d'être créatifs. par instauration de petits coins de parole, des petits coins de libération de l'émotion, de la violence. Et en fait, par, j'allais dire, effet de miroir, ce qui est fascinant, c'est que je vois maintenant des enseignants qui réinvestissent des techniques qu'on utilise, de gestion d'émotion je parle, en école dehors, ils l'utilisent pour le dedans. Et c'est peut-être la dernière grande caractéristique, c'est que ce qu'on va se tester en école dehors, on va s'apercevoir. Là, je reviens sur le milieu scolaire parce que c'est celui qui est le plus balisé, donc c'est là où ça se voit le plus. Mais c'est pareil en centre de loisirs, en école dehors ou en crèche, en centre de loisirs éducatifs en nature. Mais ce qu'on va découvrir en dehors... Parce qu'on est obligé d'être inventif, puisque c'est des cadres, des contextes qu'on connaît moins, eh bien on va le récupérer, on va le réintroduire pour la gestion du dedans, de manière encore plus créative. Et ça, je trouve ça fascinant, c'est ne pas opposer le dedans et le dehors. Il y a beaucoup d'enseignants qui me disent, bah oui, mais moi je ne peux pas sortir parce que j'ai une cour bétonnée, et qu'on est en pleine ville et qu'il n'y a pas de parc. Mais par contre, leur classe, je suis allée voir, leur classe, c'est le... Je ne sais pas, c'est le jardin des plantes dans leur classe. Il y a énormément de choses. Donc, il y a un esprit qui est là. Donc, progressivement, ils vont apprendre à faire des premiers pas dans le dehors, même si c'est la cour bétonnée dans un premier temps. Mais il y a aussi beaucoup dans cette articulation dedans-dehors. Moi, j'y crois beaucoup. J'y crois beaucoup, d'autant plus dans le milieu scolaire où c'est compliqué d'être… Il n'y a pas de structure scolaire 100% dehors, en tout cas dans les contextes que je connais. Voilà. Tout ça pour dire que… La gestion des émotions comme d'autres éléments de la classe dehors peuvent être soit facilitées en extérieur, soit être plus compliquées, mais la créativité qu'on va mettre à trouver des solutions, d'une manière très biomimétique, comme le font le reste du vivant, essais-erreurs, on va chercher toutes ces choses-là, et bien ça nous transfère une créativité qu'on va pouvoir... Donner aussi dedans. Et ça aussi c'était un des résultats de l'étude auprès des enseignants. C'était bien sorti également.

  • Speaker #1

    Toi qui prends part au débat public dès que c'est possible, que ce soit avec ta casquette de chercheur, d'enseignante ou de formatrice. Tu dirais qu'on en est où aujourd'hui en France sur ce chemin de l'éducation par la nature ?

  • Speaker #0

    C'est un peu difficile pour moi de répondre à on en est où si je n'ai pas de point de comparaison. Tu vois, si je dis on en est où par rapport à des contextes qui semblent beaucoup plus avancés, du moins d'extérieur, tels que les pays scandinaves. Je travaille pas mal avec le Québec, par exemple. Ils ont des choses aussi plus implantées que... que la France peut-être, ou les pays anglo-saxons de manière générale. On a presque l'impression que dans la famille Forest School, les Scandinaves étaient les parents, les grands-parents, les anglo-saxons les parents, puis que nous on est les enfants et on rame un petit peu. Ce serait méconnaître aussi une grande partie de notre histoire éducative. Là, je renvoie vraiment à l'ouvrage L'école du dehors j'ai pu le titre, mais de Sylvain Wagnon et de Corinne Martel, qui fait justement cet historique, L'école dehors Et ils montrent aussi que c'est des zones grises, c'est constamment des zones grises. Il y a eu des grandes inspirations, ne serait-ce que les balades hors les murs, type balade mathématique à la Freinet, la pédagogie de Crowley, par exemple. qui est belge, mais je parle de la francophonie d'Europe de l'Ouest, tous ces pédagogues suisses également qui ont travaillé sur la mise en lien en extérieur, même si c'était d'un point de vue hygiéniste, même si ce n'était pas exactement ce qu'on entend aujourd'hui par les Forest School, qui sont à mon avis un cran plus loin, il y a quand même toujours eu ce besoin de faire autrement, ce besoin d'être au plus près du vivant. Selon les époques, bien sûr, mais il y a toujours eu ce besoin. Aujourd'hui, on en est ouf. Aujourd'hui, moi, ce que je peux observer, c'est une très forte demande du terrain. Au niveau des enseignants en particulier et de la petite enfance, voire de la toute petite enfance. Les non-marcheurs, on observe aussi une grosse demande. En face, il y a quoi ? En face, on a les organismes d'éducation à l'environnement. qui de plus en plus se forment pour accompagner ces structures-là. Et ça, je trouve ça génial, de mon point de vue, parce que qui est plus qualifié qu'eux pour faire cet accompagnement ? Ce sont des gens qui connaissent très bien le vivant, qui ont déjà une formation d'éducateur. Donc finalement, ils ne leur manquent, et c'est ce qu'ils font plus qu'à se former à l'accompagnement ou à la formation d'autres adultes, pour être... j'allais dire, en fonction des personnes, bien sûr, il y a des tas de gens que ça n'intéresse pas, mais en fonction des volontaires, pour être extrêmement qualifiés dans cet accompagnement, des écoles, des centres de loisirs, pour répondre à cette demande de terrain. On a aussi beaucoup d'enseignants qui souhaitent aller plus loin, organiser des échanges de pratiques avec d'autres collègues. Donc ça, c'est des gens qui prennent un peu le lead sur ces choses-là. On a également la sphère très riche. impulsée en grande partie par le réseau Pédagogie par la Nature, de la sphère associative, voire école privée hors contrat. Moi, je ne fais aucune différence dans mes accompagnements sur les différentes casquettes, des parents en IEF qui se lancent, qui viennent dans les forest schools, donc IEF, instruction en famille, peut-être pour les personnes qui ne connaîtraient pas, donc l'école à la maison. Et ça m'est arrivé, et c'était très amusant, de faire de la formation à l'AGEM, qui est l'association des profs de maternelle dans le public, le même jour où je recevais les parents en IEF sur le même terrain. Donc c'était génial parce qu'on a deux mondes qui ne se rencontrent pas, qui se rencontrent. Donc où on en est ? Et bien finalement, on a cette demande qui émerge de tous les côtés, avec des personnes ressources, je pense au réseau RPPN par exemple, qui est très... qui peut être une excellente ressource du côté des Forest School, etc., qui a même outillé et impulsé énormément d'initiatives. On va avoir cette proposition des animateurs nature, on va avoir un peu cette galaxie. Je pense qu'aujourd'hui, il y a beaucoup de demandes, mais qu'il y a beaucoup de réponses aussi. Maintenant, du côté de l'éducation nationale, parce que c'est quand même quelque chose qui m'occupe beaucoup, et je me dis, un petit peu comme la fabrique des communs, pédagogique qui a impulsé l'année dernière les rencontres internationales de la classe dehors, je me dis évidemment que si l'éducation nationale est dans la partie, c'est gagné. Parce qu'ils vont avoir de la proposition de formation, ils vont avoir une facilitation donnée aux collègues de l'éducation nationale qui veulent se lancer en classe dehors, superbe. Je mettrais un point d'attention. Sur le fait, parce que c'est normal, puisqu'à partir du moment où on est gouvernant, on gouverne. Donc avec la possibilité donnée de faire classe dehors, il va peut-être y avoir aussi un cadre qui va être posé. Et comme ça a été le cas dans le passé avec d'autres initiatives, le point d'attention que j'aurais, c'est qu'on ne tente pas institutionnellement de trop vouloir cadrer l'école dehors. Parce qu'à partir du moment où on veut trop faire rentrer dans des cases une initiative, un mouvement qui se veut sortir du cadre, on va avoir une contradiction. On va avoir trop de compromis à faire. Donc mon idée... Mon souhait, vraiment ce que j'appelle de mes voeux, c'est qu'une facilitation de l'institution, on parlait de l'INSPE en tout début, de formation initiale, on aimerait bien avoir un petit peu de place pour pouvoir divulguer ces approches pédagogiques, mais pas être obligé de les normer, pas obligé d'être dans le protocolaire, dans l'obligation. Parce que ça risque d'avoir l'effet inverse de personnes qui souhaiteraient se lancer mais qui n'ont pas envie de rentrer dans un cadre supplémentaire. Donc voilà, le point d'attention que j'aurais vis-à-vis des politiques publiques, des personnes qui... veulent absolument faire entrer dans l'institution toutes ces démarches d'école dehors ou autres, mais en même temps les cadrer, s'il vous plaît, ne coupez pas l'espace de liberté pédagogique donnée à cette école du dehors, pour parler du milieu scolaire, parce que sinon, on l'a dénature. Et c'est vraiment l'inverse qu'on souhaite faire. C'est vraiment donner cette approche par la liberté, telle que Christelle Ferjou, conseillère pédagogique à l'éducation nationale, qui impulse ce souffle de liberté en étant dans l'institution. Donc pour moi, c'est vraiment une posture d'équilibre dans laquelle je souhaite m'inscrire. C'est vraiment garder cette liberté tout en facilitant les choses. C'est un challenge quand même pour l'institution. Mais je dirais qu'on en est où pour finir à répondre à cette question ? On en est où ? On a toutes les possibilités. Attention à ne pas enfermer ce qui demande à être justement très ouvert. Voilà, je terminerai là-dessus.

  • Speaker #1

    Écoute, on arrive à la fin de notre échange. On est tout début septembre, un moment de l'année fort pour les enseignants qui ont plusieurs mois devant eux avec leur classe pour se lancer dans de nouveaux projets et peut-être parmi eux l'école dehors. Est-ce que tu aurais un message à leur faire passer ? qui soient déjà lancés, qui aient envie de se lancer. Voilà, un petit message plein de bonnes ondes, plein de motivation pour booster en ce début d'année.

  • Speaker #0

    Oui, le premier message sera de dire, d'expérience, qu'on est un petit peu comme des messieurs et madame Jourdain qui faisons déjà classe dehors sans le savoir. En fait, là je m'adresse vraiment aux collègues qui sont en... Dans le cadre du métier d'enseignant ou d'enseignante, c'est vraiment, vous avez déjà toutes les compétences. La gestion de groupe, check. L'accompagnement, même en extérieur, check. Vous l'avez déjà fait, une sortie scolaire, c'est déjà fait. Je ne dis pas que c'est la même chose que l'école dehors, mais je dis que c'est des éléments facilitants. Vous l'avez déjà fait, le programme scolaire, vous le connaissez par cœur, check. Les supports, vous savez en fabriquer, vous savez déjà tout faire. En fait, le métier d'enseignant est déjà tellement polyfocalisé que vous avez déjà 90% des compétences, même 99% des compétences pour faire classe dehors, c'est déjà là. Le 1% qui reste, c'est le premier pas sécurisé et sympathique. Et ces choses-là, ça s'apprend très vite, mais rien de nouveau. Le premier pas, l'expérience et oser se lancer. En toute confiance, donc n'hésitez surtout pas à faire de 2024-2025 votre première expérience en classe dehors en cette rentrée.

  • Speaker #1

    Eh bien, un grand merci Laura pour cette heure passée avec toi. J'ai bu tes paroles, voilà, je t'ai écouté attentivement et c'était hyper intéressant de t'entendre partager ton expérience avec toutes les casquettes que tu as. Et je crois que je peux aussi te souhaiter une bonne rentrée puisque je suppose que tu vas retrouver le chemin de l'université et retrouver tes étudiants pour une nouvelle année de formation. Donc voilà, une très belle rentrée et à très bientôt !

  • Speaker #0

    C'est parti ! Merci beaucoup Claire pour... pour cet échange et cette opportunité que tu m'as donnée. C'était très, très agréable, un vrai plaisir.

  • Speaker #1

    Avec grand plaisir. Bye bye !

  • Speaker #0

    À bientôt !

  • Speaker #1

    Merci à toutes et à tous pour votre écoute. J'espère que cette discussion vous a plu et qu'elle éveille en vous une certaine curiosité pour l'éducation en plein air, voire même, peut-être, une envie de militer pour qu'elle se répande davantage. Pour en savoir plus sur mon invité du jour, je vous invite à vous rendre sur le site pedagogieduvivant.fr. Vous y trouverez toutes les infos à son sujet, ainsi que ses recommandations. Sur ce, je vous donne rendez-vous la semaine prochaine pour un nouvel épisode. Et d'ici là, n'oubliez pas, sortir, ça ne doit être que du kiff ! Allez, ciao ciao, à bientôt !

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Description

Pour démarrer cette nouvelle saison, je vous propose d'écouter Laura Nicolas, enseignante, formatrice et chercheure en sciences de l'éducation.


Après plusieurs années à accompagner des enfants dehors, Laura partage ici son expérience et son approche de l'éducation par la nature ainsi que son regard en tant que chercheure sur le paysage actuel français de l'éducation en plein air.


Un échange passionnant qui donnera envie, je l'espère, à tou.te.s les curieux.ses de l'éducation par la nature d'accompagner toujours plus d'enfants dehors !


Pour retrouver toutes les références de Laura, rendez-vous sur : https://pedagogieduvivant.fr/


Très belle écoute


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue sur le podcast Enfance en Nature, le podcast qui parle d'éducation en plein air. Je m'appelle Claire et chaque semaine, je reçois ici un ou une pédagogue qui nous partage son expérience en matière d'éducation hors des murs. Famille, professeur des écoles, éducateur, animatrice... Ces conversations... ont pour but de transmettre et diffuser des pratiques diverses et variées qui tendent toutes vers un objectif, permettre aux enfants de passer un maximum de temps en extérieur et plus particulièrement au contact de la nature. Si vous souhaitez soutenir le podcast, n'hésitez pas à laisser un avis ou 5 étoiles sur votre plateforme d'écoute et surtout, surtout, à le partager autour de vous pour disséminer les graines de l'éducation en plein air. Je vous souhaite une très belle écoute. Quel plaisir les amis de ressortir mon micro du tiroir et de le rebrancher pour vous retrouver pour cette nouvelle saison d'Enfance en Nature. J'espère que vous avez passé un très bel été. Ici, il a été ressourçant et je suis prête. pour repartir sur plusieurs mois de podcast en opérant quand même un petit changement sur la fréquence des épisodes puisque l'année dernière, j'étais à un épisode par semaine. Là, pour cette année, j'ai pris la décision de passer à un épisode toutes les deux semaines mais sans faire de pause pendant les petites vacances scolaires. Ce sera normalement en continu jusqu'au début de l'été prochain. Mais pour être totalement transparente avec vous, j'ai fait ce choix parce que comme je l'ai souvent partagé sur les réseaux, que ce soit sur le compte Instagram Enfance en Nature ou sur mon compte professionnel Pédagogie du Vivant, j'ai créé et j'anime ce podcast toute seule. Ça me demande énormément de travail. Or, le podcast est totalement indépendant. Il n'est pas sponsorisé, donc je ne touche aucune rémunération pour ce podcast et je suis complètement... ok avec ça parce que je le fais avec grand plaisir. Mais du coup, entre mes différents projets professionnels, associatifs et personnels, je suis obligée d'opérer des choix parce que mon temps n'est pas illimité malheureusement. Et donc pour pouvoir tenir sur la longueur, j'ai préféré diminuer la fréquence de sortie des épisodes plutôt que de me mettre une pression de dingue pour absolument en sortir un chaque semaine. Je préfère la qualité à la quantité. Ça ne m'empêchera pas peut-être ponctuellement, si j'en ai envie, que j'en ai le temps de poster un épisode en plus, comme ça, un épisode bonus. Mais je préfère que ce soit dans ce sens-là que dans l'autre sens. J'espère que vous serez au rendez-vous et que les invités que je recevrai sur cette nouvelle année vous passionneront toujours autant. En tout cas, je vous remercie encore pour tout... toute la présence et tout le soutien que vous m'avez montré l'an dernier. Et voilà, on continue, on repart pour une nouvelle saison qui démarre fort parce que l'invité que je reçois aujourd'hui est absolument passionnante. Il s'agit de Laura Nicolas qui est enseignante, chercheure, formatrice et animatrice dans le cadre d'une association. Donc elle cumule plein de casquettes. Ça fait plusieurs années qu'elle pratique, qu'elle étudie l'éducation par la nature et elle a un regard aiguisé sur cette éducation par la nature, quelle que soit la forme qu'elle prend en France. Mais au-delà de ce regard, elle a aussi une pratique qu'elle partage dans cet épisode. On balaye vraiment à la fois le paysage de l'éducation par la nature en France et puis son expérience à elle. Moi, je l'ai écoutée pendant une heure. J'ai bu ses paroles. Je me suis régalée. Ça m'a fait vraiment plaisir de démarrer cette nouvelle saison avec Laura. Donc, j'espère que vous allez prendre autant de plaisir et que ça va vous envoyer plein de bonnes ondes pour démarrer cette nouvelle année scolaire. Voilà. Sur ce, je vous souhaite une très belle écoute.

  • Speaker #1

    Bonjour Laura. Bonjour Claire.

  • Speaker #0

    Bienvenue sur le podcast Enfance en Nature, podcast qui fait sa deuxième rentrée cette année. Et c'est avec toi que j'inaugure cette nouvelle saison, donc je suis ravie de te recevoir ici aujourd'hui. Alors, on va parler dans quelques minutes de ton parcours, mais rapidement, pour que les auditeurs et les auditrices identifient qui tu es, est-ce que tu veux bien nous dire dans quelle région tu es installée et, en quelques mots pour le moment, ce que tu fais dans la vie ?

  • Speaker #1

    Oui, alors je suis installée en région centre-Val-de-Loire et plus particulièrement en région de Sologne, une région forestière. Je suis partagée entre deux activités. La première, c'est mon poste, j'allais dire officiel, c'est celui de maître de conférence en sciences de l'éducation et en sciences du langage. Et je suis ainsi à l'université Paris-Est-Créteil, donc ça c'est ma casquette urbaine. Et ma deuxième casquette, c'est celle de bénévole formatrice au sein de l'association Solonia Nature et Culture que j'ai créée il y a maintenant quelques années. Formatrice d'éducateurs, d'éducatrices, d'enseignants, d'enseignantes en éducation par la nature. Et ceci en Solonia.

  • Speaker #0

    On va avoir de la matière pour discuter alors.

  • Speaker #1

    Je pense.

  • Speaker #0

    Alors ? Il y a une question rituelle que je pose toujours pour démarrer la discussion et qui est une question à laquelle je tiens beaucoup. Le podcast s'appelle Enfance en nature et justement Laura, quels sont tes souvenirs d'enfance en nature ? Est-ce que tu veux bien nous raconter le rapport que tu avais avec elle durant ton enfance ?

  • Speaker #1

    Alors vaste question, tellement tellement précieuse, je te remercie beaucoup de la poser. Mon rapport à la nature, c'est d'abord un rapport à la forêt d'une part et aux animaux d'autre part. Je me revois enfant avec la bande de cousins à explorer la forêt. Donc c'est d'abord un rapport d'exploration et de jeu, de jeu libre hors temps scolaire dans une forêt qu'on appelait la forêt inconnue avec des imaginaires, des découvertes, des... cow-boys et des indiens, des aventures incroyables dans ce petit bois de forêt, ce petit bois de Sologne. Et le deuxième, c'est celui du rapport très constant aux animaux, alors plutôt animaux de compagnie, des chiens, des chats, des hamsters, des chevaux, qui peuplaient, pas seulement mon imaginaire, mais ma vie d'enfant de manière très très proche. Donc c'est ces deux rapports-là que j'ai eus en tant qu'enfant à la nature. et rapports qui ne m'ont jamais quitté. Hum,

  • Speaker #0

    trop chouette ! Pour en savoir davantage sur toi, justement, et comprendre les projets dans lesquels tu t'impliques aujourd'hui, et notamment toutes les casquettes que tu portes, est-ce que tu veux bien nous raconter ton parcours professionnel ?

  • Speaker #1

    Oui, alors, pour faire bref, je dirais que j'ai commencé en tant qu'enseignante dans une toute petite école qui était en milieu rural. Et on avait une grande grande cour qui était un espace arboré. On n'avait pas de cours de récréation bétonnés, comme on peut le voir dans d'autres écoles. Ce n'était pas une configuration classique. Et déjà, j'aimais bien emmener les enfants, les élèves dehors pour ce qui se faisait le plus facilement. La lecture, l'EPS, l'activité physique et sportive. J'avais absolument aucune connaissance ni de compétences particulières dans le domaine. de l'éducation par la nature, et puis on parle d'un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître, donc toutes ces choses-là, on en parlait peu en France à l'époque, et ça s'est arrêté là pour mes expériences d'éducation en nature à l'époque, et puis mon parcours m'a emmenée de vers le monde, à travers le monde, je me suis spécialisée dans l'enseignement des langues étrangères, avec un master en... L'enseignement de l'anglais et de l'espagnol, j'ai vécu au Mexique, aux Etats-Unis, j'ai vu pas mal de configurations éducatives très intéressantes en zone rurale comme en zone urbaine. Et puis ce parcours a fini par me faire arriver à Paris où j'ai entamé une thèse en sciences du langage qui portait sur les dynamiques éducatives, le discours des enseignants en classe de langue étrangère, bref j'ai beaucoup voyagé aussi dans ma classe. Jusqu'à ce que j'ai un poste dans ce domaine-là à l'université de Créteil. Et déjà, j'étais assez focalisée sur de l'apprentissage hors les murs. J'organisais pas mal de choses en milieu urbain, visites culturelles avec les étudiants de français comme langue étrangère. Je me suis beaucoup intéressée aux relations interculturelles, mais aussi à la puissance de l'apprentissage de la langue en immersion, dans la cité finalement, au contact du réel. Ce n'était pas forcément des parcs, il n'y avait pas encore la notion de nature. telle que je l'entends aujourd'hui, mais c'était déjà une ouverture hors les murs, je dirais qu'il y avait déjà quelque chose. Et puis au niveau familial, j'ai ensuite fait l'acquisition d'une petite maison à retaper en Solone qui m'a amenée à revenir, à quitter Paris un peu plus souvent pour finalement m'y installer et dans cet espace beaucoup plus forestier, tout d'un coup, progressivement plutôt, je me suis dit mais c'est fou ! Ce silence, ces chants d'oiseaux, ces bruits de nature, ce serait fou si on en faisait un espace d'apprentissage beaucoup plus régulier et qui ne s'arrêterait pas aux seuls enfants, mais explorer un petit peu ces potentiels du vivant finalement, autre qu'humain, autant qu'humain, dans ces espaces forestiers. J'étais déjà en Sologne à ce moment-là, et je parle de ça d'il y a à peu près 6-7 ans. Et pour explorer ce potentiel, j'ai créé l'association Solonia Nature & Culture, loi 1900, une petite association sans ambition aucune qui visait à ouvrir ces espaces éducatifs avec de l'accueil péri-extra-scolaire et ce qu'on appelle un petit peu une forest school ou une école forêt ou de la forêt. Moi, j'aime bien le dire en français parce qu'on l'adapte à la culture française aussi. On fait les choses peut-être différemment de ce qu'on fait. en Scandinavie ou en pays anglo-saxon. Bref, on a mené ces ateliers avec des personnes qui étaient spécialistes en éducation à l'environnement. J'ai loin de là l'idée de faire tout tout seul. On a beaucoup travaillé avec des personnes qui avaient ces métiers du bois, les personnes qui étaient spécialistes des milieux aquatiques. Et puis, on a vu que les enfants, ils étaient absolument fascinés. Et puis, très vite... via ces petites actions éducatives et le lancement aussi d'un site ressources, Ma Petite Forêt, où je condensais un peu ces expériences-là pour donner envie à d'autres personnes. J'ai très vite eu des demandes de formation, parce qu'à la base, mon métier, c'est quand même de la formation d'adultes, formation d'enseignants aussi à l'université, je faisais ça, je fais ça encore. Et là, je me suis dit, c'est vrai que si ça pouvait donner envie à des enseignants, à des éducateurs petite enfance. les éducateurs et éducatrices spécialisés, à mener les enfants dehors beaucoup plus fréquemment, eh bien allons-y. Et donc j'ai créé cette formation qui est hybride, il y a une partie en ligne pour toutes les bases un petit peu pédagogiques, théoriques, parce que c'est un mouvement, ce mouvement de l'école dehors, de l'éducation par la nature, qui est ancien et qui est très appuyé au niveau théorique, en sciences de l'éducation tout du moins. et une partie en présentiel qu'on appelle nos stages pratiques école du dehors qui connaissent un succès qui en dit long sur les besoins des personnels de l'éducation. Et j'en suis là aujourd'hui, c'est-à-dire que j'ai à la fois mon poste à l'université où j'emmène le plus possible les étudiants dehors, mais où la majorité de mon temps, je suis à travailler pour cette association. accueillir des groupes d'enfants, accueillir des écoles, accueillir des crèches et puis faire de la formation des enseignants et d'autres personnels éducatifs à l'éducation par la nature. Voilà, désolée, j'étais un petit peu longue, mais j'essayais de condenser cette expérience de rapport à l'éducation par la nature.

  • Speaker #0

    Mais je t'en prie, développe, développe, on a tout le temps, c'est un temps de parole qui est libre, donc n'hésite surtout pas. à partager le plus possible. On est là pour ça. Donc, c'est avec grand plaisir. Pour préciser un petit peu, par rapport aux étudiants que tu formes à l'université, est-ce que du coup, tu profites de cet espace de formation pour les initier au sujet de l'école du dehors ? Ou est-ce que la formation, du coup, tu la fais vraiment uniquement pour les enseignants ? à l'extérieur de l'université et qui font la démarche d'eux-mêmes de venir se former ?

  • Speaker #1

    Alors c'est une question absolument essentielle, je te remercie vraiment beaucoup de la poser parce qu'elle me tient beaucoup à cœur. Et la réponse c'est non. L'une des raisons pour lesquelles j'ai créé la formation en ligne avec la casquette associative, c'est justement parce que nos maquettes de formation, en formation initiale d'enseignants, pour le moment, on va parler de l'INSPE, qui peut changer de nom au fur et à mesure, mais l'Institut de formation des enseignants, pour le moment, il y a quelques petites places selon les institutions, selon les endroits, pour des approches un petit peu encore dites. alternative, mais globalement on est beaucoup plus sur des approches disciplinaires, en particulier les maths et le français, que sur de la pédagogie transversale. Je pense que les politiques éducatives font des choix, de fait, et posent des choix qui sont plus sur des apprentissages didactiques, donc des contenus à enseigner qui prennent beaucoup de temps, davantage que des ouvertures sur des modes pédagogiques alternatifs. Et je n'ai pas encore réussi, parce que je ne suis pas en temps plein à l'INSPE, je suis au département de français langue étrangère, donc je viens soutenir les collègues sur des besoins qu'ils peuvent avoir, mais moi, mon poste n'est pas à l'INSPE, donc j'interviens ponctuellement plutôt sur des enseignements en lien en master MEF, donc le master de formation, plutôt sur des enseignements en lien avec les langues et cultures. Même s'il y a des créations de master intéressantes qui tendent vers l'intérêt de la formation à l'écologie, à l'environnement, et j'ai la chance de pouvoir y intervenir sur un ou deux enseignements, et bien oui, je ne laisse pas passer l'opportunité de parler de l'école dehors et de l'éducation par la nature, mais c'est très anecdotique pour répondre à ta question. Ce n'est pas institué et ce n'est pas un cas isolé. Je connais d'autres personnes qui sont passionnées, passionnantes. sur ces questions-là, qui sont à des postes équivalents et qui n'ont pas encore non plus la possibilité d'aborder, imaginons, un module qui soit spécifiquement dédié à la chose. Ce serait évidemment mon rêve, mais pour le moment, ce n'est pas encore le cas. Donc je me dis, eh bien, ce n'est pas grave, ce sont les enseignants avec au moins un ou deux ans, une ou deux années d'exercice du métier, qui, selon ce qu'ils me racontent, ont besoin d'un bol d'air. On a des personnes au bout de 20 ans d'enseignement qui rejoignent les programmes de formation à l'éducation par la nature, mais ce sera plutôt, en ce qui me concerne, en formation continue ou via l'association, qui vont trouver leur bonheur et la possibilité de le faire, même si on observe de plus en plus d'offres de l'éducation nationale en formation continue, en interne aussi, sur ces questions de classe dehors, et je m'en réjouis beaucoup. mais en formation initiale pour clôturer sur ta question. Voilà, on a encore très très peu de place pour cette question-là. C'est un chantier immense à travailler, à mon sens, parce qu'il est primordial. Voilà, il faut lentement mais sûrement, on va dire.

  • Speaker #0

    Alors, aujourd'hui en France, il y a quand même de plus en plus de structures qui s'ouvrent vers l'extérieur en intégrant dans leurs projets éducatifs et pédagogiques l'accès. des enfants à l'extérieur, que ce soit des écoles publiques, privées, des crèches, des structures extrascolaires ou périscolaires. Ça amène à se dessiner un paysage très varié de l'éducation en plein air, avec probablement autant d'approches différentes que de personnes qui la pratiquent. Toi qui la pratiques justement et qui... étudie cette éducation par la nature en tant que chercheur, est-ce qu'il y a des éléments, des points communs, qu'on retrouve toujours dans ces approches, quel que soit le terme employé pour les désigner ? Parce que c'est pas toujours évident pour les personnes non initiées à ce sujet de l'éducation par la nature. On entend plein de termes différents, les forest schools, l'école de la forêt, l'école de la nature, la classe dehors, l'éducation à l'environnement. Et ce n'est pas toujours si simple de s'y retrouver. Donc, est-ce qu'il y a des similitudes, quel que soit le nom qu'on donne à ces approches ?

  • Speaker #1

    Oui, effectivement, on a une galaxie devant nous. C'est une galaxie qui est... On a des constellations, des étoiles, des petites étoiles qui... pop-up un petit peu de partout. Et la première chose que tu disais, à laquelle je souscris, c'est effectivement que quand on emmène des enfants dehors, j'aime bien utiliser ce terme, emmener des enfants dehors, parce que finalement, l'intention pédagogique derrière, elle appartient vraiment à la personne, à l'adulte. qui mène ce projet-là. Elle lui ressemble. Et c'est là où je te rejoins dans le fait que la couleur, la texture de notre projet d'emmener les enfants dehors, il va nous ressembler. Ça va être très compliqué d'appliquer un protocole. Pourquoi ? Parce que l'une des bases, à mon sens, et c'est peut-être l'un des points communs qu'on va retrouver entre ces différentes approches, ces différentes petites étoiles de l'éducation par la nature, c'est que c'est la liberté et le plaisir. C'est-à-dire qu'il y a beaucoup de... Il y a presque quelque chose qui relève du développement personnel et professionnel dans, je parle pour l'adulte, dans ce souhait d'emmener les enfants dehors. Il y a une réalisation et puis des fois, on va avoir une transformation des pratiques individuelles. C'est pour ça que... Quand on emmène des enfants dehors, on répond d'abord à un besoin, à un plaisir qu'on identifie soit chez les enfants, soit chez nous-mêmes. On parle beaucoup de bol d'air, enfin moi les enseignants en particulier que j'accompagne, parlent beaucoup de bol d'air, de soif, de faire autre chose. Donc on a un rapport très corporel à ce besoin, à ce désir. Et donc la première chose que tu soulevais, c'est celle-ci. Ça va avoir l'identité, ça va porter l'identité de la personne qui emmène les enfants dehors. On peut avoir des personnes passionnées d'oiseaux. Eh bien, leurs séances, elles vont tourner peut-être plus autour de la passion des oiseaux que chez quelqu'un d'autre, ça va être le bois, le bricolage, ça peut être les insectes, ça peut être les mammifères, ça peut être la photo, le dessin, les arts plastiques. En fait, on peut aborder la question de l'éducation par la nature, ne serait-ce que sous l'angle de la personne qui accompagne. Donc je dirais que la... La première caractéristique commune, ça va être la réalisation d'un projet qui apporte du bien-être à la personne qui accompagne. Alors, ça va peut-être te paraître étrange parce que les enseignants, les éducateurs qui emmènent les enfants dehors vont tout de suite convoquer les enfants. Ça leur fait du bien. Et c'est une autre caractéristique. On emmène les enfants dehors parce que ça fait du bien aux enfants. Oui. Mais sous cette couche-là, il est important de redonner le pouvoir d'agir aux adultes qui font cette démarche. Et je trouve ça très important de dire souvent, on fait classe dehors, on monte une forest school pour les enfants, des fois les siens, mais derrière ça, il y a une volonté de faire autrement, une volonté de bien-être. Donc voilà, ça, ça me semble un des piliers de ces initiatives-là. Une autre caractéristique, ça va être, comment dire, dans cette réponse au projet de l'adulte, des voix différentes. Prenons le contexte scolaire pour donner un exemple. On prend le contexte scolaire, on va avoir un incontournable qui est la question de la réalisation en temps et en heure d'un programme. Ce programme-là... quand on fait de la formation à l'école dehors, on ne peut pas le laisser de côté. Ça va être un incontournable. Ça veut dire que la séance classe dehors, elle va être articulée autour de cet incontournable. incontournable qu'est le programme scolaire. Ça ne veut pas dire qu'on ne peut pas faire de pédagogie par la nature concrètement. Ça ne veut pas dire qu'on ne peut pas faire du jeu libre qui est quelque chose de un des piliers de l'éducation ou de la pédagogie par la nature de laisser ces temps où les enfants découvrent par eux-mêmes. Dans la majorité des séances de Forest School, qui sont du péri ou extrascolaire pour la plupart, on n'a que ça à faire, finalement, le jeu libre ou l'approche par la liberté. C'est Christelle Ferjou qui parle, qui est conseillère pédagogique et qui est une des pionnières de l'école dehors. On discutait récemment et elle me parlait d'approche par la liberté plutôt que simplement le jeu libre. Cette approche par la liberté va être fondamentale, qu'on soit en péri, en extrascolaire ou en scolaire. Quand on est en forest school, en accueil collectif de mineurs, en forêt, on peut faire que de l'approche par la liberté, on peut être uniquement dans le jeu libre, parce qu'on n'a pas de contraintes institutionnelles autres. La caractéristique du milieu scolaire, c'est qu'à un moment donné ou à un autre, ne serait-ce que parce que l'enseignant l'a en tête, Cette question du programme scolaire, elle doit être répondue. Elle demande à ce que l'éducation par la nature, la pédagogie par la nature, bricole, parce que c'est du bricolage in situ, c'est du bricolage dans le contexte, que ce bricolage ait lieu. Et souvent... L'engrenage se fait assez vite, c'est qu'au début les enseignants peuvent se dire Ah là, comment je vais faire le programme scolaire dehors ? Ils vont tester une ou deux activités, poser une évaluation des acquis assez rapide sur la chose et finalement, clac, clac, clac, clac, clac, clac, la connexion entre programme et dehors, programme et nature va pouvoir se faire, avec des contraintes selon les cycles, bien évidemment. Mais cette est une caractéristique qui me semblait importante de développer, c'était que dans cette grande galaxie, on va avoir des contraintes institutionnelles qui obligent à des compromis. Je dis tout simplement que, par exemple, une séance d'école dehors va sans doute, ça dépend des enseignants, mais va, les trois quarts du temps, demander à ce que l'enseignant propose, si ce n'est impose, une activité un petit peu dirigée, qui va venir en rupture de la sensation de liberté que la pédagogie par la nature aime, veut absolument insuffler. Ce n'est pas pour autant pas de l'éducation par la nature. C'est de l'éducation, de la pédagogie par la nature adaptée, bricolée avec les contraintes institutionnelles. Voilà un exemple un petit peu de caractéristiques liées au contexte. Ce qui va être commun. Et ce qui, à mon sens, je ne veux pas. Je ne veux pas du tout être sur la déontologie, être sur du prescriptif. Mais il y a quand même une chose qui me semble importante, et je trouve que le réseau de pédagogie par la nature l'a très bien synthétisé avec ses piliers. qui sont irrités de l'approche anglo-saxonne et scandinave, les piliers de ce jeu libre, les piliers de cette immersion sensorielle répétée, de cette régularité, de cette fréquence, de cet apprentissage du risque, de se laisser faire l'enfant au lieu de le faire soi-même, tout cet apprentissage qu'on va appeler finalement très socio-constructiviste, en recherche on va nommer ça de manière socio-constructiviste, c'est-à-dire qu'on part du déjà-là chez l'enfant pour lui laisser une libre expression et que l'adulte va venir en étayage, en appui à ce déjà-là qui s'exprime en nature, pour moi ces piliers-là, ils me semblent incontournables. Alors bien sûr, on va les adapter en fonction du temps qu'on a, en fonction du nombre d'enfants, mais ces piliers, ils sont pour moi absolument essentiels. Quel que soit le contexte, laisser les enfants libres sur les trois... quarts de la séance au moins, faire feu de tout bois, sans mauvais jeu de mots, en forêt, laisser les enfants aller vers ce qui les intéresse, venir répondre à leurs besoins, c'est des mots très jargon pédagogique, mais les éducateurs verront bien concrètement ce que ça veut dire. Toutes ces choses-là, laisser la place à l'imprévu, laisser la place à ce qui émerge, le passage d'un animal, le vol d'un oiseau, d'un animal, pardon. Le vol d'un oiseau, ces choses-là, c'est des choses qui attirent les enfants et leur laissent toute leur place. Pour moi, c'est ça le socle de l'éducation par la nature. Ça, c'est une des caractéristiques fortes, c'est se laisser faire à l'instant. Une autre caractéristique... pour moi, ou un autre point d'attention peut-être qui serait transversal à toute la galaxie, c'est l'importance de se former. Alors, je le dis parce que c'est ce qu'on me renvoie. Il y a une première posture qui serait de se dire, on est déjà enseignant, on est déjà éducateur, on est déjà animateur nature, voilà, on n'a pas besoin d'en savoir beaucoup plus. Mais en fait l'éducation, la pédagogie par la nature, ça va au-delà d'apprendre une approche naturaliste, le nom des animaux, ça va au-delà de faire le programme scolaire. en temps et en heure. On est vraiment sur une approche qui vient rompre avec les cases. Quand on dit l'approche hors les murs et en nature, on sort des cases. On va venir, de fait, j'aime bien le mot bricolage, décidément, mais bricoler le programme. On va venir faire autrement avec le terrain. Et de fait, ce qu'on va y gagner, ça va être une indépendance dans le métier, une sorte de gain en termes de pouvoir d'agir, parce que cette expertise avec le faire feu de tout bois, on ne nous l'apprend pas forcément en formation. Et donc, moi, ce que j'ai souvent comme demande en tant que formatrice, c'est, c'est bon, je sais emmener une classe, visiter un musée, ou alors je suis animateur nature, j'aimerais savoir faire avec. Ce dehors, mais différemment. Et c'est là où je pense que la formation, quel que soit le type de formation qui soit donnée, on a par exemple les organismes d'éducation à l'environnement tels que le FREN, le GREN.

  • Speaker #0

    Ce sont des organismes qui vont avoir des mini-formations classe dehors pour y être intervenus dans certaines d'entre elles. Ce qui est génial, c'est qu'on a le point de vue d'animateurs confirmés, animateurs nature, et des gens qui vont être plus spécialistes de l'univers scolaire, par exemple. Et ça, on apprend énormément. Mais se mettre dans l'état d'esprit de l'éducation par la nature, hors les murs... Ça demande quand même de sortir de ces cases professionnelles. Et moi, j'ai dû sortir des cases de l'enseignement recherche. Et je ne fais plus jamais cours avec les étudiants de la même manière que ce que je faisais avant. Jamais. Je ne fais plus du tout cours de la même manière. Même si je reste dans la classe, même si je ne sors pas pendant ma séance, je vais avoir une attitude vis-à-vis... de l'émergence de besoins, de l'expression des étudiants qui est complètement différente, qui est beaucoup plus décrispée. Bref, je termine avec ça pour la question des caractéristiques transversales, si je dois récapituler. Une approche par la liberté et des autres piliers de la pédagogie par la nature, le jeu libre, la liberté, l'éducation au risque, la nécessité de la formation, même si elle est minime, pour basculer, faire le lien avec le dehors. Et puis ce fait que, quoi qu'il arrive, notre séance, elle ressemblera à nous. Et donc il y a quand même quelque chose de très personnel dans cette tenue de séance. Voilà, j'ai essayé de faire un petit peu le tour, je suis sûre que j'ai oublié plein de choses, mais c'est ce qui m'est venu en tête sur ta question des caractéristiques dans ces différentes modalités de hors les murs et en nature.

  • Speaker #1

    Et toi, du coup, c'est... quoi ton approche de l'éducation par la nature ? Quelles sont tes valeurs fortes, les choses qui sont importantes pour toi ? Quelle est ta posture en tant que pédagogue quand tu es avec les enfants en extérieur ?

  • Speaker #0

    Alors, je te remercie, ça me donne l'occasion de parler de mon pilier. Je n'en ai pas parlé en réponse à la question que tu m'as posée, parce que je ne souhaite pas que ce soit, tu vois, une sorte d'imposition, point de vue, comme quelque chose que tout le monde devrait faire. Mais là, puisque tu me parles d'expérience personnelle, je vais pouvoir partager ce qui est un petit peu mon bébé à moi, un peu la marque de fabrique que j'ai impulsée à l'association. Je suis loin d'être la seule à pratiquer. Moi, j'ai une attention. extrêmement vigilante, portée à tout ce qui vit, à tout ce qui respire, à tout ce qui est sentient, à tout ce qui potentiellement peut être endommagé dans le vivant, que ce soit dans le cadre de la classe dehors, de l'éducation par la nature, ou dans d'autres contextes qui n'ont rien à voir. Alors, très brièvement pour expliquer pourquoi. Cette approche, c'est plus qu'une approche, c'est vraiment quelque chose qui fait partie de moi. Après, je donnerai des exemples très concrets dans la tenue des séances. Je suis par ailleurs membre du conseil scientifique de L214 éducation. Et la branche éducative de L214 n'a rien à voir avec ce pourquoi L214 est connue. Donc, je rappelle, c'est une association qui tente d'impulser des changements sociétaux dans le rapport. rapport à l'animal d'élevage, à l'animal que l'on mange, donc ça c'est L214, il y a des vidéos chocs, ils font pas mal de reportages, la branche éducative est beaucoup plus soft, j'allais dire, elle s'adresse aux éducateurs et aux enfants, et elle ouvre, cette section de L214, elle ouvre un monde de connaissances propres aux animaux, et c'est pas seulement les animaux d'élevage d'ailleurs. Et moi je suis passionnée de ça, puis j'interviens. dans le regard, dans la lecture, la pré-lecture du journal, mon journal animal, qu'ils offrent gratuitement à la communauté éducative. On peut le télécharger, le recevoir, bref. Et donc, cette casquette-là, elle m'a amenée à prendre très à cœur la question du respect. Et nous en avons même fait une formation, on a appelé... La formation Respecter les animaux à l'école, avec quelques collègues qui sont des pionniers de l'éducation au respect des animaux, on a fabriqué cette formation qu'on donne librement, gratuitement, c'est une formation en ligne. Via ces rencontres avec ces acteurs du monde du respect des animaux, je fais classe dehors, je forme les enseignants et les personnels éducatifs et moi-même je mène les enfants dehors avec... En tête, le projet de minimiser au maximum l'impact de notre séance sur les autres habitants du lieu et en même temps toujours avoir cette double balance, me dire qu'est-ce que je peux mettre au service de l'apprentissage des enfants, d'une sensibilité. Je ne parle même pas de sensibilité écologique ou à l'environnement parce que pour moi on est vraiment sur des grandes catégories. On apprend de plus en plus à l'école. Je ne suis même pas sur les histoires de trier les déchets, l'équilibre alimentaire, ce genre de choses qui ont leur grande importance. Mais moi, je suis avec des petits, enfin des petits, on fait du 3 à 12 ans, donc on a quand même la marge, on a quand même une hétérogénéité des profils chez les enfants et des âges et des préoccupations. J'essaye toujours de me dire, quand je vais impulser une activité ou que je les regarde faire en jeu libre, comment ? Je peux aménager la situation de manière à ce que ces deux piliers, le respect des animaux et des végétaux, parce que je parlais des animaux, mais le respect des végétaux me tient également à cœur. Ce respect et en même temps l'apprentissage des enfants. Un exemple très concret que je peux te donner dans ma pratique, alors moi je fais vraiment l'approche par la liberté telle que le RPPN va le conseiller, c'est-à-dire que... je sors en école forêt, donc on a une petite structure d'accueil qui est toute modeste, avec un petit sentier pieds nus, quelques instruments de musique déposés dans les arbres, un petit bac à sable bricolé, quelques arbres... retomber, sécuriser sur lesquelles ils peuvent grimper, grosso modo ça s'arrête là. Et puis les enfants sont en liberté là-dedans et viennent proposer des activités. De temps en temps, moi je bricole quelque chose dans un coin et les enfants vont commencer à s'y intéresser et ça se transforme en activité. Parfois je commence à lire une petite histoire et les enfants se rassemblent ou je propose et ils me disent non on ne le fait pas puis on le fait après. Voilà, je suis vraiment plutôt dans ce contexte-là. Je rappelle que... que je suis en milieu périscolaire. Là, ce n'est pas quand je le fais en milieu scolaire. Donc, dans ce type de choses-là, on va avoir par exemple un cours d'eau. Une des choses qui va passionner les enfants, d'ailleurs cours d'eau ou pas cours d'eau, ça va être l'observation des animaux, y compris des insectes. Ce que je faisais au début, c'était d'utiliser des boîtes loupe pour collecter les insectes, pour pouvoir bien les regarder. Je l'ai fait une ou deux fois seulement et j'ai très très rapidement arrêté. Parce que si tu veux, il y a des oublis. Des oublis d'insectes dans les boîtes loupes. Laissé au soleil, l'insecte grille. Quel est le but profond, moi en tant que pédagogue, d'organiser cette proximité des enfants pour la sensibilisation aux vivants si ne serait-ce qu'un insecte dans la séance est soumis à une mort atroce ? Quelle est moi ma cohérence pédagogique avec ça ? Donc tu vois, il y a eu un cheminement. Ce qui fait qu'aujourd'hui j'ai trouvé un super compromis qui était un autre type de boîte qu'on appliquait simplement. Donc tu sais, ça existe. on n'emmène pas l'insecte, on l'applique, on regarde, on repart avec notre petite loupe, et on le fait à l'ombre. Donc on n'a pas de risque de manipulation d'insectes qui ensuite sont abîmés, souffrants, voire mourants, et on n'a pas d'oubli. d'insectes qui ensuite meurent. C'est juste pour te donner un exemple de comment une grande démarche peut s'actualiser sur des petits gestes très concrets. On va être dans une région, pour un dernier exemple contextuel, on est dans une région qui est extrêmement chassée. Ça pose des problèmes de sécurité, ça pose des questions de compromis avec le voisinage, etc. Donc en fait, on navigue entre les coups de feu du matin au soir, du soir au matin, en Sologne. C'est la situation dans laquelle on est. dans laquelle on est, et on a des enfants qui viennent, qui sont habitués déjà à 4 ans, qui sont habitués à la chasse, par exemple. Eh bien, mon bonheur, c'est quand d'eux-mêmes, ils viennent re-questionner la question d'enlever la vie à un vivant, parce que tout d'un coup, on croise le chemin d'un petit animal mort. De quoi il est mort ? On va susciter ce débat. On va susciter la question du droit à la vie. On va susciter la question de l'alimentation quand les enfants en parlent, mais je ne vais jamais venir avec un discours prêt à porter. Bref, tu vois, c'est des petits exemples pour montrer que moi, si un enfant peut ressortir d'une séance avec une expérience profonde, viscérale, sensorielle, expérimentale du vivant, d'une respiration, d'un moment partagé avec un animal ou un végétal qui va rester ancré, Pour moi, l'approche, elle a réussi. Même si ça ne se fait pas tout de suite, même s'il n'y a pas du discours autour. Voilà, c'est un peu mon approche. Et puis, autour de tout ça, beaucoup de rire. Pour moi, une séance où on est bien, c'est une séance où on prend des fous rires à répétition, ce qui est généralement le cas pour moi, c'est l'éducation par la nature. On rit énormément, c'est normal. On reconnecte avec l'essence même de ce qu'il fait l'humain. Dans l'éducation par la nature, l'humain est intrinsèquement nature. Donc, on reconnecte avec ce qui est l'humain. Forcément, on se reconnecte avec les émotions, donc on se reconnecte aussi beaucoup avec le rire. Et nous, avec les enfants, on prend des faux rires à chaque fois. Donc, mon approche, c'est à la fois le point d'attention au respect, que les enfants découvrent des choses sans endommager les autres vivants, et ça dans la notion de plaisir, de rire, de passer des bons moments. Et je terminerai en disant que des fois, passer des bons moments, c'est aussi rentrer. C'est parfois rentrer à l'intérieur. Nous, on a une sorte d'abri, chalet, type chalet. Donc c'est génial parce qu'on reste dans l'école forêt, mais on a les portes ouvertes sur le dehors. On est dans la nature. Et en même temps, on peut être abrité en cas de très très forte pluie ou si un enfant a vraiment froid parce qu'il n'a pas eu le bon équipement, etc. Voilà, c'est prendre soin de soi aussi, même s'il faut. Mais rentrer, ce n'est pas pour autant qu'on ne fait pas d'éducation hors les murs et par la nature, dans l'esprit. Je terminerai là-dessus, toujours dans l'articulation, mais jamais dans l'opposition, avec les possibilités du lieu, les besoins des enfants, et le respect des autres vivants et des autres habitants du lieu. Voilà pour la synthèse de mon approche.

  • Speaker #1

    Eh bien, je te remercie pour ce partage. Je me reconnais beaucoup dans ce que tu dis là, puisque... Le contact avec le vivant, le rapport, l'amour même du vivant, c'est quelque chose qui moi-même me porte énormément, qui occupe une place importante dans ma pratique. Et avant de parler de pratique dans ma vie, depuis toute petite, la sensibilité que j'ai avec le monde qui nous entoure, elle est très forte et du coup j'ai aussi développé ça et ça prend... une place essentielle dans ces moments que je partage avec les enfants. Donc voilà, je te remercie parce que tu mets des mots sur ma propre pratique, ma propre posture. Puisqu'on parle des moments que tu vis avec les enfants dans le cadre de l'association Solonia Nature & Culture, est-ce que tu veux bien nous raconter l'histoire de cette association ? Et les missions que vous vous donnez, parce qu'au-delà des ateliers de l'école forêt que vous proposez aux enfants, il y a plein d'autres choses que vous mettez en place.

  • Speaker #0

    Oui, effectivement. Et puis là, on échange et je parle en jeu. Effectivement, dès qu'on va étendre la question à Solonia, qui est la petite association, ont parce que Solonia elle tient uniquement par des bénévoles on n'a pas de salariés, on intervient tous en tant que bénévoles bien sûr avec des prestations de spécialistes de tel ou tel domaine très ponctuel on travaille en collaboration avec le Grenz-Sanval de Loire par exemple on fait des choses superbes ensemble en formation d'enseignants, en animation nature, on est très en complémentarité pour en revenir donc avec ce ont en tête, parce que je ne suis pas toute seule, même si je suis la formatrice principale et l'animatrice principale, mais je ne suis pas la seule. On peut revenir au niveau chronologique, parce qu'effectivement, l'une des premières missions que s'était donnée Solonia, c'était de fédérer les acteurs concernés par la mise en lien entre la nature, on va dire nature ou le vivant, végétal, animaux et le petit humain, le petit d'humain. C'était un petit peu cette grande mission et on s'est dit il y a beaucoup de choses, nous on est dans une région très rurale, donc culturellement peu de propositions. On est vraiment à une heure, une heure et demie d'une grande ville de tous les côtés. Donc la première idée qui nous est venue c'était de se dire on va créer une université populaire. L'université populaire de Sologne, donc elle a été créée dès le début de l'association avec des thématiques comme enfants et forêts. enfants et nature, etc. Et des séances, donc c'était des cycles mensuels, avec des conférences, des débats, des interventions de professionnels de la forêt ou de l'éducation qui intervenaient. Et en fait, cette université populaire, elle a très vite donné lieu à ce qu'a été notre plus grande réalisation. C'est un exemple de ce côté fédérateur que veut porter l'association. Ça a été l'organisation d'un colloque international entre l'université de Créteil, l'université de Montpellier et Solonia. Ce qui fait qu'on a organisé un colloque qui n'est jamais vu. jamais été fait ailleurs, c'était un colloque international, donc il y avait des chercheurs, des enseignants, des éducateurs, des artistes, on s'est retrouvés pendant cinq jours de colloque, en pleine nature, dans un parc, avec un parc animalier autour, qui était en préservation de la faune sauvage, avec une buvette. associative, très très petite buvette, une petite guirlande, on s'est tous retrouvés dans une ambiance extrêmement conviviale, on a accueilli plus de 100 personnes et on a tenu des événements, conférences, communications très classiques du type recherche mais dans ce cadre là et je trouve, j'en parle ici parce que c'était en 2022 et j'en parle ici parce que pour moi c'est le C'est la mission même de Solonia, c'est se faire rencontrer les mondes. Il y a des organismes d'éducation à l'environnement qui sont excellents dans ce qu'ils font. Il y a des écoles qui sont excellentes dans ce qu'elles font. Imaginez quand elles se rencontrent. Imaginez cette espèce d'interaction qu'il peut y avoir entre ces mondes-là. Et ça a été un peu le point de départ de Solonia, mais évidemment, ce n'était pas la seule mission. Il y a très rapidement eu l'ouverture de l'école forêt, dont on a déjà parlé, les mercredis, les samedis avec l'accueil d'enfants. Et en parallèle, on a commencé à accueillir, parce qu'on nous en a parlé, parce qu'on nous a demandé, on a commencé à accueillir des animaux maltraités. Donc là, on retrouve un petit peu la casquette L214 qui pointe le bout de son nez. Donc des chevaux et aussi beaucoup de chats. intéressant parce qu'on rencontre aussi les mondes à ce moment-là. Le chat étant l'un des prédateurs en termes de biodiversité qui peut être extrêmement critiqué. Donc voilà, trouver ces marques, faire dialoguer les acteurs du monde de la protection des animaux avec ceux de la protection de l'environnement qui évoluent dans des éthiques parfois différentes, dans des déontologies différentes. Voilà, ça donnait lieu à des choses intéressantes. C'est un embryon de refuge parce que la problématique est financière. L'accueil d'équidés est extrêmement coûteuse, donc on s'est restreint à peu d'individus. Mais voilà, c'est important pour nous de garder ce micro-refuge parce que c'est aussi une des marques, un des ancrages de Solonia dans la question animale. On a enfin, et c'est peut-être là ce qui fait le plus la marque de fabrique de Solonia aujourd'hui, la dimension formation. Très rapidement, on a eu des demandes de formation de personnel éducatif à... l'éducation par la nature, ce qui nous a amené à devenir organisme de formation. Donc on a aujourd'hui la marque qualité, ce qui est, vraiment on est très très content parce que c'est une marque de qualité dans la formation. Et on est toute une équipe de co-formatrices et on a des stages de formation donc à l'école du dehors, à l'éducation par la nature, deux ou trois fois par an. plus des interventions dans les établissements également. C'est majoritairement moi qui les dispense, souvent en collaboration avec une équipe de personnes formées en éducation par la nature qui sont elles-mêmes de tous les horizons, enseignantes, spécialistes petite enfance, etc. et aujourd'hui la dimension formation elle est très prégnante chez Solonia et c'est quelque chose que je trouve génial pour donner les chiffres aujourd'hui on a formé plus de 500 personnes 500 éducateurs et éducatrices à la fois dans la formation en ligne et en présentiel ce qui nous fait grosso modo j'ai dû faire les statistiques pour l'habilitation de la charte qualité mais ce qui nous fait à peu près Aujourd'hui, plus de 12 000 enfants ayant pu bénéficier de séances en nature, par la nature, au bout de 4 années, de former les éducateurs et éducatrices. Donc c'est quelque chose dont on peut être fier. Je me le dis des fois quand je suis fatiguée, je me dis mais c'est quand même absolument super de donner cette énergie pour ça. Parce que c'est vrai que... accueillir des enfants en nature, c'est quelque chose qui me... Je trouve ça absolument génial, c'est mes respirations, c'est vraiment des moments de bonheur. Mais je me dis aussi, former à cette pédagogie-là, c'est faire d'une pierre quinze coups, parce qu'on démultiplie. On est dans la transmission, on est dans l'héritage qui va ensuite, on voit les enseignants qui sont formés, ils vont former leurs collègues, ils vont emmener, ils vont embarquer leur direction là-dedans, puis l'école d'à côté va dire Ah oui, c'est génial, on va faire comme eux ! Donc en fait, c'est vraiment une boule de neige, un effet boule de neige qui fonctionne bien. Et je me dis qu'aujourd'hui, le rôle de Solonia, c'est d'impulser, en fédérant toujours des acteurs de différents milieux, c'est d'impulser cette dynamique éducation par la nature, tout contexte confondu, après les gens l'incorporent, et après ils créent eux-mêmes leur propre expérience. Mais voilà, si je dois résumer après ce petit chemin de Solonia, dire aujourd'hui ce que c'est, et bien voilà, c'est cette sorte d'impulser les envies, les projets et la dynamique école du dehors, et je terminerai évidemment en disant qu'aujourd'hui, Solonia déménage dans un lieu un petit peu plus grand, toujours en Sologne, près de Romorantin-Lantenay. avec un champ des possibles qui s'élargit, puisqu'on a maintenant plus d'espace, plus d'accueil, et également des espaces étants et mards, et ça c'est une belle richesse de biodiversité, et on tient bien à la fois à la préserver, et en même temps à en faire bénéficier les enfants et les éducateurs qui les accompagnent. Voilà un petit peu pour cette petite synthèse des activités. Merci.

  • Speaker #1

    Puisque tu parles des formations, il y a effectivement beaucoup de professionnels qui passent par Solonia. Toi, tu commences par quoi tes formations ? C'est quoi les premières heures ? Qu'est-ce que tu proposes aux enseignants durant les premières heures de formation ? Parce que, étant donné que ce sont des enseignants qui font la démarche de se former, ils sont déjà initiés au moins à la notion... de l'école du dehors alors qu'est-ce que tu leur fais vivre qu'est-ce que tu leur transmets pour démarrer ces temps de formation d'école du dehors dans l'esprit dans l'approche dont je parlais tout à l'heure

  • Speaker #0

    le premier élément et on y passe une journée de formation complète sur les cinq jours de stage. Je prends pour exemple les stages pratiques parce que c'est là où on a le plus de temps, les personnes avec nous. Quand je dis nous, c'est l'équipe de formation. Mais dans la formation en ligne, je fais un module. Le premier module, c'est aussi la même démarche. Et globalement, La première chose qu'on fait, c'est mettre les personnes adultes, ce que j'appelle avec les lunettes d'enfants. C'est-à-dire qu'on va proposer des immersions en forêt. en tentant d'être au plus près de l'expérience enfantine, de réveiller, évidemment, d'aller vers tout ce qui va être du sensoriel. On va essayer de court-circuiter un maximum la dimension analytique. ultra cognitive, ultra cérébrale. Et pour juste donner un petit truc qu'on fait, que j'adore faire, c'est génial, on aime beaucoup rigoler à Solonia, donc on a tout un tas de déguisements. Là aussi, c'est l'esprit enfantin, faire la fête, s'amuser, rire de tout et n'importe quoi. J'ai des espèces de petites lunettes de fête. Ça, c'est la lunette des enfants. Et on a une autre paire de lunettes, c'est la lunette du pédagogue. Et aujourd'hui, ce que j'aimerais, c'est que la lunette de pédagogue, elle reste au placard. Et puis, de temps en temps, on va la faire ressurgir en disant, voilà, vous avez vu cette activité, vous l'avez vécue. Qu'est-ce qu'on peut en faire, nous, dans notre situation, toute personnelle, avec les enfants qu'on accompagne ? Mais ça, c'est dans un deuxième temps. La première approche. Pour tout te dire, qu'est-ce qu'on va faire ? On va construire une cabane ensemble en forêt. Quoi de mieux pour se découvrir les uns les autres ? Quoi de mieux pour faire groupe ? Ou pour reprendre les mots d'Hervé Brugnot, qui est un animateur nature que j'apprécie énormément, qui est un excellent formateur en plus, faire tribu. Faisons tribu, faisons territoire, comme il aime à dire aussi, rien de tel que de se construire un chez-soi. On est donc dans l'approche immersive, sensorielle, on se reconnecte à ça, même si ça doit nous prendre une journée pour couper court des mails, du téléphone, de la vie de famille, des soucis, des tracas, des courses, du métro, boulot, dodo, la première chose ça va être cette immersion. Et honnêtement je regrette qu'elle ne dure qu'une journée, même moi j'aurais besoin de deux ou trois jours, ce qui se fait aussi dans d'autres espaces de formation, il y a plus long dans ces immersions. Et nous, Et nous, on va commencer par ça. On va se remettre. dans cette approche de la matière, dans cette approche du sensoriel. Et ensuite, on va peu à peu tirer vers la professionnalité. On va peu à peu venir faire des mises en situation, jeux libres, etc. On va passer aussi par le théâtre forum pour la résolution de problèmes. Donc, c'est des jeux de rôle pour venir déchanter les peurs, les freins. Mais tout ça va quand même rester très ancré sur le... sur le sensoriel, ce qui parle au cœur, le viscéral. Et puis après, on fait intervenir les grilles d'analyse, l'observation des enfants, la construction d'une séance pédagogique. Alors si on est enseignant, on va prendre son programme scolaire et puis on va bricoler avec. Si on a envie de proposer que du jeu libre, comment est-ce qu'on va aller fabriquer une cuisine debout, combien de sable il nous faut, les notions de sécurité, et j'en passe, tout au mieux. corps, tout le corps pédagogique et logistique de l'éducation par la nature. Mais c'est vrai que je suis convaincue que la première étape c'est celle du redevenir enfant, et c'est aussi pour ça qu'on fait un petit peu comme la question que tu m'as posée, on va essayer de se réancrer dans ce souvenir d'enfance. On va prendre un peu cette dynamique-là. Et pour moi, ça c'est incontournable. Sinon, L'école dehors, l'éducation par la nature, va devenir simplement un projet de plus ou une contrainte de plus dans laquelle on va s'embarquer avec des grilles d'analyse, des objectifs, un programme. à la fin duquel il faudra qu'on puisse cocher toutes les cases de l'autonomie de l'enfant, etc. Pour moi, ce n'est pas ça le but, ni de l'école dehors, ni de la Forest School. Pour moi, c'est vraiment revenir à l'ancrage matériel, au sens matière, à l'ancrage sensoriel. Et donc, c'est la raison pour laquelle on commence toujours par ça en formation d'adulte.

  • Speaker #1

    Oui, et puis c'est ramené une notion de plaisir aussi dans ce moment partagé avec les enfants. Moi personnellement, je n'éprouve pas la même joie et le même... plaisir quand j'observe les enfants jouer que quand je joue avec eux ou à côté d'eux. Et ça, vraiment, ça décuple moi ma joie. Et c'est d'ailleurs... Moi, je me suis formée avec le réseau de pédagogie par la nature et c'est le même déroulé. Les trois premiers jours de formation sont dédiés aux jeux et sont faits pour... Amener les adultes à reconnecter avec cette part d'enfant et à apprendre à nouveau à jouer et à retrouver ce plaisir-là, ce qui n'est pas si simple pour tout le monde. Mais quand on reconnecte avec cette part d'enfant, moi je trouve que vraiment, du coup, les moments derrière, passer avec les enfants, le plaisir est décuplé, la relation avec les enfants est différente. Et le temps passe beaucoup plus vite. Et de manière générale, je trouve que quand on joue avec eux, quand on met ses lunettes d'enfant, du coup, ça change toute la dynamique du groupe. Et on part sur autre chose que quand on est dans une posture de pédagogue, un petit peu en retrait, à prendre ce recul, à penser objectif. C'est pas du tout la même dynamique. qui est lancée au sein du groupe, qu'il y ait des adultes ou des enfants de manière générale.

  • Speaker #0

    Moi, je suis tout à fait d'accord avec ça. Je suis complètement le réseau Pédagogie par la nature dans cette grande dynamique qu'ils ont impulsée. L'immersion sensorielle et la notion de plaisir et de jeu, moi, je sais que quand je disais que c'est un bol d'air pour moi de faire les... les séances avec les enfants, c'est vraiment parce que j'ai plaisir à jouer. Vraiment, vraiment, c'est ce plaisir à rire avec eux, à jouer. Et j'ai redécouvert le jeu grâce à l'école Foyer. Vraiment, c'est une dimension très forte. Et ça m'amène à quelque chose qui peut aussi donner du corps à ce dont on est en train de parler, c'est... que ce n'est pas une expérience individuelle. Là, tu la partages avec moi, et là, c'est en miroir complet de mon expérience personnelle. Mais j'ai récemment mené une étude auprès de 88 répondants. C'était un questionnaire. Là, c'était dans vraiment le domaine recherche, tu vois. 88 enseignants en France, l'école primaire. L'une des grandes caractéristiques qu'ils ont fait ressortir, mais c'est le chiffre, je ne l'ai plus en tête, mais c'est autour de 90% des répondants, ça a été ce plaisir retrouvé, la notion de jeu, et la notion d'interaction améliorée avec leurs élèves, de la confiance et du bien-être qu'ils en ont ressenti. eux-mêmes de ces séances-là. Donc, ce n'est pas des cas isolés, on est vraiment sur l'une des grandes caractéristiques et on peut reboucler la boucle de ta première question sur ces caractéristiques. L'une des grandes caractéristiques, ça va être cette question de plaisir, de rire et de bien-être. Ce qui ne vient pas occulter, on travaille beaucoup autour de ces freins-là, une gestion des émotions qui parfois est chaotique parce que dès qu'on va... favoriser la reconnexion à sa propre nature en même temps que la reconnexion aux autres vivants, si on est vraiment dans une approche holistique où on va pas séparer l'humain des autres animaux, eh bien on va avoir cette reconnexion avec les émotions en particulier, qu'on a trop souvent mis de côté, je suis la première à reconnaître cette rupture, eh bien C'est à nos risques et périls. J'ai vu des enfants, en particulier dans des classes, première sortie, des enfants soit avec des difficultés relationnelles à la base préalables, je parle, ou des enfants avec des troubles autistiques, des enfants en crise complète face aux autres vivants. Et cette gestion des émotions, elle va nous demander d'être créatifs. par instauration de petits coins de parole, des petits coins de libération de l'émotion, de la violence. Et en fait, par, j'allais dire, effet de miroir, ce qui est fascinant, c'est que je vois maintenant des enseignants qui réinvestissent des techniques qu'on utilise, de gestion d'émotion je parle, en école dehors, ils l'utilisent pour le dedans. Et c'est peut-être la dernière grande caractéristique, c'est que ce qu'on va se tester en école dehors, on va s'apercevoir. Là, je reviens sur le milieu scolaire parce que c'est celui qui est le plus balisé, donc c'est là où ça se voit le plus. Mais c'est pareil en centre de loisirs, en école dehors ou en crèche, en centre de loisirs éducatifs en nature. Mais ce qu'on va découvrir en dehors... Parce qu'on est obligé d'être inventif, puisque c'est des cadres, des contextes qu'on connaît moins, eh bien on va le récupérer, on va le réintroduire pour la gestion du dedans, de manière encore plus créative. Et ça, je trouve ça fascinant, c'est ne pas opposer le dedans et le dehors. Il y a beaucoup d'enseignants qui me disent, bah oui, mais moi je ne peux pas sortir parce que j'ai une cour bétonnée, et qu'on est en pleine ville et qu'il n'y a pas de parc. Mais par contre, leur classe, je suis allée voir, leur classe, c'est le... Je ne sais pas, c'est le jardin des plantes dans leur classe. Il y a énormément de choses. Donc, il y a un esprit qui est là. Donc, progressivement, ils vont apprendre à faire des premiers pas dans le dehors, même si c'est la cour bétonnée dans un premier temps. Mais il y a aussi beaucoup dans cette articulation dedans-dehors. Moi, j'y crois beaucoup. J'y crois beaucoup, d'autant plus dans le milieu scolaire où c'est compliqué d'être… Il n'y a pas de structure scolaire 100% dehors, en tout cas dans les contextes que je connais. Voilà. Tout ça pour dire que… La gestion des émotions comme d'autres éléments de la classe dehors peuvent être soit facilitées en extérieur, soit être plus compliquées, mais la créativité qu'on va mettre à trouver des solutions, d'une manière très biomimétique, comme le font le reste du vivant, essais-erreurs, on va chercher toutes ces choses-là, et bien ça nous transfère une créativité qu'on va pouvoir... Donner aussi dedans. Et ça aussi c'était un des résultats de l'étude auprès des enseignants. C'était bien sorti également.

  • Speaker #1

    Toi qui prends part au débat public dès que c'est possible, que ce soit avec ta casquette de chercheur, d'enseignante ou de formatrice. Tu dirais qu'on en est où aujourd'hui en France sur ce chemin de l'éducation par la nature ?

  • Speaker #0

    C'est un peu difficile pour moi de répondre à on en est où si je n'ai pas de point de comparaison. Tu vois, si je dis on en est où par rapport à des contextes qui semblent beaucoup plus avancés, du moins d'extérieur, tels que les pays scandinaves. Je travaille pas mal avec le Québec, par exemple. Ils ont des choses aussi plus implantées que... que la France peut-être, ou les pays anglo-saxons de manière générale. On a presque l'impression que dans la famille Forest School, les Scandinaves étaient les parents, les grands-parents, les anglo-saxons les parents, puis que nous on est les enfants et on rame un petit peu. Ce serait méconnaître aussi une grande partie de notre histoire éducative. Là, je renvoie vraiment à l'ouvrage L'école du dehors j'ai pu le titre, mais de Sylvain Wagnon et de Corinne Martel, qui fait justement cet historique, L'école dehors Et ils montrent aussi que c'est des zones grises, c'est constamment des zones grises. Il y a eu des grandes inspirations, ne serait-ce que les balades hors les murs, type balade mathématique à la Freinet, la pédagogie de Crowley, par exemple. qui est belge, mais je parle de la francophonie d'Europe de l'Ouest, tous ces pédagogues suisses également qui ont travaillé sur la mise en lien en extérieur, même si c'était d'un point de vue hygiéniste, même si ce n'était pas exactement ce qu'on entend aujourd'hui par les Forest School, qui sont à mon avis un cran plus loin, il y a quand même toujours eu ce besoin de faire autrement, ce besoin d'être au plus près du vivant. Selon les époques, bien sûr, mais il y a toujours eu ce besoin. Aujourd'hui, on en est ouf. Aujourd'hui, moi, ce que je peux observer, c'est une très forte demande du terrain. Au niveau des enseignants en particulier et de la petite enfance, voire de la toute petite enfance. Les non-marcheurs, on observe aussi une grosse demande. En face, il y a quoi ? En face, on a les organismes d'éducation à l'environnement. qui de plus en plus se forment pour accompagner ces structures-là. Et ça, je trouve ça génial, de mon point de vue, parce que qui est plus qualifié qu'eux pour faire cet accompagnement ? Ce sont des gens qui connaissent très bien le vivant, qui ont déjà une formation d'éducateur. Donc finalement, ils ne leur manquent, et c'est ce qu'ils font plus qu'à se former à l'accompagnement ou à la formation d'autres adultes, pour être... j'allais dire, en fonction des personnes, bien sûr, il y a des tas de gens que ça n'intéresse pas, mais en fonction des volontaires, pour être extrêmement qualifiés dans cet accompagnement, des écoles, des centres de loisirs, pour répondre à cette demande de terrain. On a aussi beaucoup d'enseignants qui souhaitent aller plus loin, organiser des échanges de pratiques avec d'autres collègues. Donc ça, c'est des gens qui prennent un peu le lead sur ces choses-là. On a également la sphère très riche. impulsée en grande partie par le réseau Pédagogie par la Nature, de la sphère associative, voire école privée hors contrat. Moi, je ne fais aucune différence dans mes accompagnements sur les différentes casquettes, des parents en IEF qui se lancent, qui viennent dans les forest schools, donc IEF, instruction en famille, peut-être pour les personnes qui ne connaîtraient pas, donc l'école à la maison. Et ça m'est arrivé, et c'était très amusant, de faire de la formation à l'AGEM, qui est l'association des profs de maternelle dans le public, le même jour où je recevais les parents en IEF sur le même terrain. Donc c'était génial parce qu'on a deux mondes qui ne se rencontrent pas, qui se rencontrent. Donc où on en est ? Et bien finalement, on a cette demande qui émerge de tous les côtés, avec des personnes ressources, je pense au réseau RPPN par exemple, qui est très... qui peut être une excellente ressource du côté des Forest School, etc., qui a même outillé et impulsé énormément d'initiatives. On va avoir cette proposition des animateurs nature, on va avoir un peu cette galaxie. Je pense qu'aujourd'hui, il y a beaucoup de demandes, mais qu'il y a beaucoup de réponses aussi. Maintenant, du côté de l'éducation nationale, parce que c'est quand même quelque chose qui m'occupe beaucoup, et je me dis, un petit peu comme la fabrique des communs, pédagogique qui a impulsé l'année dernière les rencontres internationales de la classe dehors, je me dis évidemment que si l'éducation nationale est dans la partie, c'est gagné. Parce qu'ils vont avoir de la proposition de formation, ils vont avoir une facilitation donnée aux collègues de l'éducation nationale qui veulent se lancer en classe dehors, superbe. Je mettrais un point d'attention. Sur le fait, parce que c'est normal, puisqu'à partir du moment où on est gouvernant, on gouverne. Donc avec la possibilité donnée de faire classe dehors, il va peut-être y avoir aussi un cadre qui va être posé. Et comme ça a été le cas dans le passé avec d'autres initiatives, le point d'attention que j'aurais, c'est qu'on ne tente pas institutionnellement de trop vouloir cadrer l'école dehors. Parce qu'à partir du moment où on veut trop faire rentrer dans des cases une initiative, un mouvement qui se veut sortir du cadre, on va avoir une contradiction. On va avoir trop de compromis à faire. Donc mon idée... Mon souhait, vraiment ce que j'appelle de mes voeux, c'est qu'une facilitation de l'institution, on parlait de l'INSPE en tout début, de formation initiale, on aimerait bien avoir un petit peu de place pour pouvoir divulguer ces approches pédagogiques, mais pas être obligé de les normer, pas obligé d'être dans le protocolaire, dans l'obligation. Parce que ça risque d'avoir l'effet inverse de personnes qui souhaiteraient se lancer mais qui n'ont pas envie de rentrer dans un cadre supplémentaire. Donc voilà, le point d'attention que j'aurais vis-à-vis des politiques publiques, des personnes qui... veulent absolument faire entrer dans l'institution toutes ces démarches d'école dehors ou autres, mais en même temps les cadrer, s'il vous plaît, ne coupez pas l'espace de liberté pédagogique donnée à cette école du dehors, pour parler du milieu scolaire, parce que sinon, on l'a dénature. Et c'est vraiment l'inverse qu'on souhaite faire. C'est vraiment donner cette approche par la liberté, telle que Christelle Ferjou, conseillère pédagogique à l'éducation nationale, qui impulse ce souffle de liberté en étant dans l'institution. Donc pour moi, c'est vraiment une posture d'équilibre dans laquelle je souhaite m'inscrire. C'est vraiment garder cette liberté tout en facilitant les choses. C'est un challenge quand même pour l'institution. Mais je dirais qu'on en est où pour finir à répondre à cette question ? On en est où ? On a toutes les possibilités. Attention à ne pas enfermer ce qui demande à être justement très ouvert. Voilà, je terminerai là-dessus.

  • Speaker #1

    Écoute, on arrive à la fin de notre échange. On est tout début septembre, un moment de l'année fort pour les enseignants qui ont plusieurs mois devant eux avec leur classe pour se lancer dans de nouveaux projets et peut-être parmi eux l'école dehors. Est-ce que tu aurais un message à leur faire passer ? qui soient déjà lancés, qui aient envie de se lancer. Voilà, un petit message plein de bonnes ondes, plein de motivation pour booster en ce début d'année.

  • Speaker #0

    Oui, le premier message sera de dire, d'expérience, qu'on est un petit peu comme des messieurs et madame Jourdain qui faisons déjà classe dehors sans le savoir. En fait, là je m'adresse vraiment aux collègues qui sont en... Dans le cadre du métier d'enseignant ou d'enseignante, c'est vraiment, vous avez déjà toutes les compétences. La gestion de groupe, check. L'accompagnement, même en extérieur, check. Vous l'avez déjà fait, une sortie scolaire, c'est déjà fait. Je ne dis pas que c'est la même chose que l'école dehors, mais je dis que c'est des éléments facilitants. Vous l'avez déjà fait, le programme scolaire, vous le connaissez par cœur, check. Les supports, vous savez en fabriquer, vous savez déjà tout faire. En fait, le métier d'enseignant est déjà tellement polyfocalisé que vous avez déjà 90% des compétences, même 99% des compétences pour faire classe dehors, c'est déjà là. Le 1% qui reste, c'est le premier pas sécurisé et sympathique. Et ces choses-là, ça s'apprend très vite, mais rien de nouveau. Le premier pas, l'expérience et oser se lancer. En toute confiance, donc n'hésitez surtout pas à faire de 2024-2025 votre première expérience en classe dehors en cette rentrée.

  • Speaker #1

    Eh bien, un grand merci Laura pour cette heure passée avec toi. J'ai bu tes paroles, voilà, je t'ai écouté attentivement et c'était hyper intéressant de t'entendre partager ton expérience avec toutes les casquettes que tu as. Et je crois que je peux aussi te souhaiter une bonne rentrée puisque je suppose que tu vas retrouver le chemin de l'université et retrouver tes étudiants pour une nouvelle année de formation. Donc voilà, une très belle rentrée et à très bientôt !

  • Speaker #0

    C'est parti ! Merci beaucoup Claire pour... pour cet échange et cette opportunité que tu m'as donnée. C'était très, très agréable, un vrai plaisir.

  • Speaker #1

    Avec grand plaisir. Bye bye !

  • Speaker #0

    À bientôt !

  • Speaker #1

    Merci à toutes et à tous pour votre écoute. J'espère que cette discussion vous a plu et qu'elle éveille en vous une certaine curiosité pour l'éducation en plein air, voire même, peut-être, une envie de militer pour qu'elle se répande davantage. Pour en savoir plus sur mon invité du jour, je vous invite à vous rendre sur le site pedagogieduvivant.fr. Vous y trouverez toutes les infos à son sujet, ainsi que ses recommandations. Sur ce, je vous donne rendez-vous la semaine prochaine pour un nouvel épisode. Et d'ici là, n'oubliez pas, sortir, ça ne doit être que du kiff ! Allez, ciao ciao, à bientôt !

Description

Pour démarrer cette nouvelle saison, je vous propose d'écouter Laura Nicolas, enseignante, formatrice et chercheure en sciences de l'éducation.


Après plusieurs années à accompagner des enfants dehors, Laura partage ici son expérience et son approche de l'éducation par la nature ainsi que son regard en tant que chercheure sur le paysage actuel français de l'éducation en plein air.


Un échange passionnant qui donnera envie, je l'espère, à tou.te.s les curieux.ses de l'éducation par la nature d'accompagner toujours plus d'enfants dehors !


Pour retrouver toutes les références de Laura, rendez-vous sur : https://pedagogieduvivant.fr/


Très belle écoute


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue sur le podcast Enfance en Nature, le podcast qui parle d'éducation en plein air. Je m'appelle Claire et chaque semaine, je reçois ici un ou une pédagogue qui nous partage son expérience en matière d'éducation hors des murs. Famille, professeur des écoles, éducateur, animatrice... Ces conversations... ont pour but de transmettre et diffuser des pratiques diverses et variées qui tendent toutes vers un objectif, permettre aux enfants de passer un maximum de temps en extérieur et plus particulièrement au contact de la nature. Si vous souhaitez soutenir le podcast, n'hésitez pas à laisser un avis ou 5 étoiles sur votre plateforme d'écoute et surtout, surtout, à le partager autour de vous pour disséminer les graines de l'éducation en plein air. Je vous souhaite une très belle écoute. Quel plaisir les amis de ressortir mon micro du tiroir et de le rebrancher pour vous retrouver pour cette nouvelle saison d'Enfance en Nature. J'espère que vous avez passé un très bel été. Ici, il a été ressourçant et je suis prête. pour repartir sur plusieurs mois de podcast en opérant quand même un petit changement sur la fréquence des épisodes puisque l'année dernière, j'étais à un épisode par semaine. Là, pour cette année, j'ai pris la décision de passer à un épisode toutes les deux semaines mais sans faire de pause pendant les petites vacances scolaires. Ce sera normalement en continu jusqu'au début de l'été prochain. Mais pour être totalement transparente avec vous, j'ai fait ce choix parce que comme je l'ai souvent partagé sur les réseaux, que ce soit sur le compte Instagram Enfance en Nature ou sur mon compte professionnel Pédagogie du Vivant, j'ai créé et j'anime ce podcast toute seule. Ça me demande énormément de travail. Or, le podcast est totalement indépendant. Il n'est pas sponsorisé, donc je ne touche aucune rémunération pour ce podcast et je suis complètement... ok avec ça parce que je le fais avec grand plaisir. Mais du coup, entre mes différents projets professionnels, associatifs et personnels, je suis obligée d'opérer des choix parce que mon temps n'est pas illimité malheureusement. Et donc pour pouvoir tenir sur la longueur, j'ai préféré diminuer la fréquence de sortie des épisodes plutôt que de me mettre une pression de dingue pour absolument en sortir un chaque semaine. Je préfère la qualité à la quantité. Ça ne m'empêchera pas peut-être ponctuellement, si j'en ai envie, que j'en ai le temps de poster un épisode en plus, comme ça, un épisode bonus. Mais je préfère que ce soit dans ce sens-là que dans l'autre sens. J'espère que vous serez au rendez-vous et que les invités que je recevrai sur cette nouvelle année vous passionneront toujours autant. En tout cas, je vous remercie encore pour tout... toute la présence et tout le soutien que vous m'avez montré l'an dernier. Et voilà, on continue, on repart pour une nouvelle saison qui démarre fort parce que l'invité que je reçois aujourd'hui est absolument passionnante. Il s'agit de Laura Nicolas qui est enseignante, chercheure, formatrice et animatrice dans le cadre d'une association. Donc elle cumule plein de casquettes. Ça fait plusieurs années qu'elle pratique, qu'elle étudie l'éducation par la nature et elle a un regard aiguisé sur cette éducation par la nature, quelle que soit la forme qu'elle prend en France. Mais au-delà de ce regard, elle a aussi une pratique qu'elle partage dans cet épisode. On balaye vraiment à la fois le paysage de l'éducation par la nature en France et puis son expérience à elle. Moi, je l'ai écoutée pendant une heure. J'ai bu ses paroles. Je me suis régalée. Ça m'a fait vraiment plaisir de démarrer cette nouvelle saison avec Laura. Donc, j'espère que vous allez prendre autant de plaisir et que ça va vous envoyer plein de bonnes ondes pour démarrer cette nouvelle année scolaire. Voilà. Sur ce, je vous souhaite une très belle écoute.

  • Speaker #1

    Bonjour Laura. Bonjour Claire.

  • Speaker #0

    Bienvenue sur le podcast Enfance en Nature, podcast qui fait sa deuxième rentrée cette année. Et c'est avec toi que j'inaugure cette nouvelle saison, donc je suis ravie de te recevoir ici aujourd'hui. Alors, on va parler dans quelques minutes de ton parcours, mais rapidement, pour que les auditeurs et les auditrices identifient qui tu es, est-ce que tu veux bien nous dire dans quelle région tu es installée et, en quelques mots pour le moment, ce que tu fais dans la vie ?

  • Speaker #1

    Oui, alors je suis installée en région centre-Val-de-Loire et plus particulièrement en région de Sologne, une région forestière. Je suis partagée entre deux activités. La première, c'est mon poste, j'allais dire officiel, c'est celui de maître de conférence en sciences de l'éducation et en sciences du langage. Et je suis ainsi à l'université Paris-Est-Créteil, donc ça c'est ma casquette urbaine. Et ma deuxième casquette, c'est celle de bénévole formatrice au sein de l'association Solonia Nature et Culture que j'ai créée il y a maintenant quelques années. Formatrice d'éducateurs, d'éducatrices, d'enseignants, d'enseignantes en éducation par la nature. Et ceci en Solonia.

  • Speaker #0

    On va avoir de la matière pour discuter alors.

  • Speaker #1

    Je pense.

  • Speaker #0

    Alors ? Il y a une question rituelle que je pose toujours pour démarrer la discussion et qui est une question à laquelle je tiens beaucoup. Le podcast s'appelle Enfance en nature et justement Laura, quels sont tes souvenirs d'enfance en nature ? Est-ce que tu veux bien nous raconter le rapport que tu avais avec elle durant ton enfance ?

  • Speaker #1

    Alors vaste question, tellement tellement précieuse, je te remercie beaucoup de la poser. Mon rapport à la nature, c'est d'abord un rapport à la forêt d'une part et aux animaux d'autre part. Je me revois enfant avec la bande de cousins à explorer la forêt. Donc c'est d'abord un rapport d'exploration et de jeu, de jeu libre hors temps scolaire dans une forêt qu'on appelait la forêt inconnue avec des imaginaires, des découvertes, des... cow-boys et des indiens, des aventures incroyables dans ce petit bois de forêt, ce petit bois de Sologne. Et le deuxième, c'est celui du rapport très constant aux animaux, alors plutôt animaux de compagnie, des chiens, des chats, des hamsters, des chevaux, qui peuplaient, pas seulement mon imaginaire, mais ma vie d'enfant de manière très très proche. Donc c'est ces deux rapports-là que j'ai eus en tant qu'enfant à la nature. et rapports qui ne m'ont jamais quitté. Hum,

  • Speaker #0

    trop chouette ! Pour en savoir davantage sur toi, justement, et comprendre les projets dans lesquels tu t'impliques aujourd'hui, et notamment toutes les casquettes que tu portes, est-ce que tu veux bien nous raconter ton parcours professionnel ?

  • Speaker #1

    Oui, alors, pour faire bref, je dirais que j'ai commencé en tant qu'enseignante dans une toute petite école qui était en milieu rural. Et on avait une grande grande cour qui était un espace arboré. On n'avait pas de cours de récréation bétonnés, comme on peut le voir dans d'autres écoles. Ce n'était pas une configuration classique. Et déjà, j'aimais bien emmener les enfants, les élèves dehors pour ce qui se faisait le plus facilement. La lecture, l'EPS, l'activité physique et sportive. J'avais absolument aucune connaissance ni de compétences particulières dans le domaine. de l'éducation par la nature, et puis on parle d'un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître, donc toutes ces choses-là, on en parlait peu en France à l'époque, et ça s'est arrêté là pour mes expériences d'éducation en nature à l'époque, et puis mon parcours m'a emmenée de vers le monde, à travers le monde, je me suis spécialisée dans l'enseignement des langues étrangères, avec un master en... L'enseignement de l'anglais et de l'espagnol, j'ai vécu au Mexique, aux Etats-Unis, j'ai vu pas mal de configurations éducatives très intéressantes en zone rurale comme en zone urbaine. Et puis ce parcours a fini par me faire arriver à Paris où j'ai entamé une thèse en sciences du langage qui portait sur les dynamiques éducatives, le discours des enseignants en classe de langue étrangère, bref j'ai beaucoup voyagé aussi dans ma classe. Jusqu'à ce que j'ai un poste dans ce domaine-là à l'université de Créteil. Et déjà, j'étais assez focalisée sur de l'apprentissage hors les murs. J'organisais pas mal de choses en milieu urbain, visites culturelles avec les étudiants de français comme langue étrangère. Je me suis beaucoup intéressée aux relations interculturelles, mais aussi à la puissance de l'apprentissage de la langue en immersion, dans la cité finalement, au contact du réel. Ce n'était pas forcément des parcs, il n'y avait pas encore la notion de nature. telle que je l'entends aujourd'hui, mais c'était déjà une ouverture hors les murs, je dirais qu'il y avait déjà quelque chose. Et puis au niveau familial, j'ai ensuite fait l'acquisition d'une petite maison à retaper en Solone qui m'a amenée à revenir, à quitter Paris un peu plus souvent pour finalement m'y installer et dans cet espace beaucoup plus forestier, tout d'un coup, progressivement plutôt, je me suis dit mais c'est fou ! Ce silence, ces chants d'oiseaux, ces bruits de nature, ce serait fou si on en faisait un espace d'apprentissage beaucoup plus régulier et qui ne s'arrêterait pas aux seuls enfants, mais explorer un petit peu ces potentiels du vivant finalement, autre qu'humain, autant qu'humain, dans ces espaces forestiers. J'étais déjà en Sologne à ce moment-là, et je parle de ça d'il y a à peu près 6-7 ans. Et pour explorer ce potentiel, j'ai créé l'association Solonia Nature & Culture, loi 1900, une petite association sans ambition aucune qui visait à ouvrir ces espaces éducatifs avec de l'accueil péri-extra-scolaire et ce qu'on appelle un petit peu une forest school ou une école forêt ou de la forêt. Moi, j'aime bien le dire en français parce qu'on l'adapte à la culture française aussi. On fait les choses peut-être différemment de ce qu'on fait. en Scandinavie ou en pays anglo-saxon. Bref, on a mené ces ateliers avec des personnes qui étaient spécialistes en éducation à l'environnement. J'ai loin de là l'idée de faire tout tout seul. On a beaucoup travaillé avec des personnes qui avaient ces métiers du bois, les personnes qui étaient spécialistes des milieux aquatiques. Et puis, on a vu que les enfants, ils étaient absolument fascinés. Et puis, très vite... via ces petites actions éducatives et le lancement aussi d'un site ressources, Ma Petite Forêt, où je condensais un peu ces expériences-là pour donner envie à d'autres personnes. J'ai très vite eu des demandes de formation, parce qu'à la base, mon métier, c'est quand même de la formation d'adultes, formation d'enseignants aussi à l'université, je faisais ça, je fais ça encore. Et là, je me suis dit, c'est vrai que si ça pouvait donner envie à des enseignants, à des éducateurs petite enfance. les éducateurs et éducatrices spécialisés, à mener les enfants dehors beaucoup plus fréquemment, eh bien allons-y. Et donc j'ai créé cette formation qui est hybride, il y a une partie en ligne pour toutes les bases un petit peu pédagogiques, théoriques, parce que c'est un mouvement, ce mouvement de l'école dehors, de l'éducation par la nature, qui est ancien et qui est très appuyé au niveau théorique, en sciences de l'éducation tout du moins. et une partie en présentiel qu'on appelle nos stages pratiques école du dehors qui connaissent un succès qui en dit long sur les besoins des personnels de l'éducation. Et j'en suis là aujourd'hui, c'est-à-dire que j'ai à la fois mon poste à l'université où j'emmène le plus possible les étudiants dehors, mais où la majorité de mon temps, je suis à travailler pour cette association. accueillir des groupes d'enfants, accueillir des écoles, accueillir des crèches et puis faire de la formation des enseignants et d'autres personnels éducatifs à l'éducation par la nature. Voilà, désolée, j'étais un petit peu longue, mais j'essayais de condenser cette expérience de rapport à l'éducation par la nature.

  • Speaker #0

    Mais je t'en prie, développe, développe, on a tout le temps, c'est un temps de parole qui est libre, donc n'hésite surtout pas. à partager le plus possible. On est là pour ça. Donc, c'est avec grand plaisir. Pour préciser un petit peu, par rapport aux étudiants que tu formes à l'université, est-ce que du coup, tu profites de cet espace de formation pour les initier au sujet de l'école du dehors ? Ou est-ce que la formation, du coup, tu la fais vraiment uniquement pour les enseignants ? à l'extérieur de l'université et qui font la démarche d'eux-mêmes de venir se former ?

  • Speaker #1

    Alors c'est une question absolument essentielle, je te remercie vraiment beaucoup de la poser parce qu'elle me tient beaucoup à cœur. Et la réponse c'est non. L'une des raisons pour lesquelles j'ai créé la formation en ligne avec la casquette associative, c'est justement parce que nos maquettes de formation, en formation initiale d'enseignants, pour le moment, on va parler de l'INSPE, qui peut changer de nom au fur et à mesure, mais l'Institut de formation des enseignants, pour le moment, il y a quelques petites places selon les institutions, selon les endroits, pour des approches un petit peu encore dites. alternative, mais globalement on est beaucoup plus sur des approches disciplinaires, en particulier les maths et le français, que sur de la pédagogie transversale. Je pense que les politiques éducatives font des choix, de fait, et posent des choix qui sont plus sur des apprentissages didactiques, donc des contenus à enseigner qui prennent beaucoup de temps, davantage que des ouvertures sur des modes pédagogiques alternatifs. Et je n'ai pas encore réussi, parce que je ne suis pas en temps plein à l'INSPE, je suis au département de français langue étrangère, donc je viens soutenir les collègues sur des besoins qu'ils peuvent avoir, mais moi, mon poste n'est pas à l'INSPE, donc j'interviens ponctuellement plutôt sur des enseignements en lien en master MEF, donc le master de formation, plutôt sur des enseignements en lien avec les langues et cultures. Même s'il y a des créations de master intéressantes qui tendent vers l'intérêt de la formation à l'écologie, à l'environnement, et j'ai la chance de pouvoir y intervenir sur un ou deux enseignements, et bien oui, je ne laisse pas passer l'opportunité de parler de l'école dehors et de l'éducation par la nature, mais c'est très anecdotique pour répondre à ta question. Ce n'est pas institué et ce n'est pas un cas isolé. Je connais d'autres personnes qui sont passionnées, passionnantes. sur ces questions-là, qui sont à des postes équivalents et qui n'ont pas encore non plus la possibilité d'aborder, imaginons, un module qui soit spécifiquement dédié à la chose. Ce serait évidemment mon rêve, mais pour le moment, ce n'est pas encore le cas. Donc je me dis, eh bien, ce n'est pas grave, ce sont les enseignants avec au moins un ou deux ans, une ou deux années d'exercice du métier, qui, selon ce qu'ils me racontent, ont besoin d'un bol d'air. On a des personnes au bout de 20 ans d'enseignement qui rejoignent les programmes de formation à l'éducation par la nature, mais ce sera plutôt, en ce qui me concerne, en formation continue ou via l'association, qui vont trouver leur bonheur et la possibilité de le faire, même si on observe de plus en plus d'offres de l'éducation nationale en formation continue, en interne aussi, sur ces questions de classe dehors, et je m'en réjouis beaucoup. mais en formation initiale pour clôturer sur ta question. Voilà, on a encore très très peu de place pour cette question-là. C'est un chantier immense à travailler, à mon sens, parce qu'il est primordial. Voilà, il faut lentement mais sûrement, on va dire.

  • Speaker #0

    Alors, aujourd'hui en France, il y a quand même de plus en plus de structures qui s'ouvrent vers l'extérieur en intégrant dans leurs projets éducatifs et pédagogiques l'accès. des enfants à l'extérieur, que ce soit des écoles publiques, privées, des crèches, des structures extrascolaires ou périscolaires. Ça amène à se dessiner un paysage très varié de l'éducation en plein air, avec probablement autant d'approches différentes que de personnes qui la pratiquent. Toi qui la pratiques justement et qui... étudie cette éducation par la nature en tant que chercheur, est-ce qu'il y a des éléments, des points communs, qu'on retrouve toujours dans ces approches, quel que soit le terme employé pour les désigner ? Parce que c'est pas toujours évident pour les personnes non initiées à ce sujet de l'éducation par la nature. On entend plein de termes différents, les forest schools, l'école de la forêt, l'école de la nature, la classe dehors, l'éducation à l'environnement. Et ce n'est pas toujours si simple de s'y retrouver. Donc, est-ce qu'il y a des similitudes, quel que soit le nom qu'on donne à ces approches ?

  • Speaker #1

    Oui, effectivement, on a une galaxie devant nous. C'est une galaxie qui est... On a des constellations, des étoiles, des petites étoiles qui... pop-up un petit peu de partout. Et la première chose que tu disais, à laquelle je souscris, c'est effectivement que quand on emmène des enfants dehors, j'aime bien utiliser ce terme, emmener des enfants dehors, parce que finalement, l'intention pédagogique derrière, elle appartient vraiment à la personne, à l'adulte. qui mène ce projet-là. Elle lui ressemble. Et c'est là où je te rejoins dans le fait que la couleur, la texture de notre projet d'emmener les enfants dehors, il va nous ressembler. Ça va être très compliqué d'appliquer un protocole. Pourquoi ? Parce que l'une des bases, à mon sens, et c'est peut-être l'un des points communs qu'on va retrouver entre ces différentes approches, ces différentes petites étoiles de l'éducation par la nature, c'est que c'est la liberté et le plaisir. C'est-à-dire qu'il y a beaucoup de... Il y a presque quelque chose qui relève du développement personnel et professionnel dans, je parle pour l'adulte, dans ce souhait d'emmener les enfants dehors. Il y a une réalisation et puis des fois, on va avoir une transformation des pratiques individuelles. C'est pour ça que... Quand on emmène des enfants dehors, on répond d'abord à un besoin, à un plaisir qu'on identifie soit chez les enfants, soit chez nous-mêmes. On parle beaucoup de bol d'air, enfin moi les enseignants en particulier que j'accompagne, parlent beaucoup de bol d'air, de soif, de faire autre chose. Donc on a un rapport très corporel à ce besoin, à ce désir. Et donc la première chose que tu soulevais, c'est celle-ci. Ça va avoir l'identité, ça va porter l'identité de la personne qui emmène les enfants dehors. On peut avoir des personnes passionnées d'oiseaux. Eh bien, leurs séances, elles vont tourner peut-être plus autour de la passion des oiseaux que chez quelqu'un d'autre, ça va être le bois, le bricolage, ça peut être les insectes, ça peut être les mammifères, ça peut être la photo, le dessin, les arts plastiques. En fait, on peut aborder la question de l'éducation par la nature, ne serait-ce que sous l'angle de la personne qui accompagne. Donc je dirais que la... La première caractéristique commune, ça va être la réalisation d'un projet qui apporte du bien-être à la personne qui accompagne. Alors, ça va peut-être te paraître étrange parce que les enseignants, les éducateurs qui emmènent les enfants dehors vont tout de suite convoquer les enfants. Ça leur fait du bien. Et c'est une autre caractéristique. On emmène les enfants dehors parce que ça fait du bien aux enfants. Oui. Mais sous cette couche-là, il est important de redonner le pouvoir d'agir aux adultes qui font cette démarche. Et je trouve ça très important de dire souvent, on fait classe dehors, on monte une forest school pour les enfants, des fois les siens, mais derrière ça, il y a une volonté de faire autrement, une volonté de bien-être. Donc voilà, ça, ça me semble un des piliers de ces initiatives-là. Une autre caractéristique, ça va être, comment dire, dans cette réponse au projet de l'adulte, des voix différentes. Prenons le contexte scolaire pour donner un exemple. On prend le contexte scolaire, on va avoir un incontournable qui est la question de la réalisation en temps et en heure d'un programme. Ce programme-là... quand on fait de la formation à l'école dehors, on ne peut pas le laisser de côté. Ça va être un incontournable. Ça veut dire que la séance classe dehors, elle va être articulée autour de cet incontournable. incontournable qu'est le programme scolaire. Ça ne veut pas dire qu'on ne peut pas faire de pédagogie par la nature concrètement. Ça ne veut pas dire qu'on ne peut pas faire du jeu libre qui est quelque chose de un des piliers de l'éducation ou de la pédagogie par la nature de laisser ces temps où les enfants découvrent par eux-mêmes. Dans la majorité des séances de Forest School, qui sont du péri ou extrascolaire pour la plupart, on n'a que ça à faire, finalement, le jeu libre ou l'approche par la liberté. C'est Christelle Ferjou qui parle, qui est conseillère pédagogique et qui est une des pionnières de l'école dehors. On discutait récemment et elle me parlait d'approche par la liberté plutôt que simplement le jeu libre. Cette approche par la liberté va être fondamentale, qu'on soit en péri, en extrascolaire ou en scolaire. Quand on est en forest school, en accueil collectif de mineurs, en forêt, on peut faire que de l'approche par la liberté, on peut être uniquement dans le jeu libre, parce qu'on n'a pas de contraintes institutionnelles autres. La caractéristique du milieu scolaire, c'est qu'à un moment donné ou à un autre, ne serait-ce que parce que l'enseignant l'a en tête, Cette question du programme scolaire, elle doit être répondue. Elle demande à ce que l'éducation par la nature, la pédagogie par la nature, bricole, parce que c'est du bricolage in situ, c'est du bricolage dans le contexte, que ce bricolage ait lieu. Et souvent... L'engrenage se fait assez vite, c'est qu'au début les enseignants peuvent se dire Ah là, comment je vais faire le programme scolaire dehors ? Ils vont tester une ou deux activités, poser une évaluation des acquis assez rapide sur la chose et finalement, clac, clac, clac, clac, clac, clac, la connexion entre programme et dehors, programme et nature va pouvoir se faire, avec des contraintes selon les cycles, bien évidemment. Mais cette est une caractéristique qui me semblait importante de développer, c'était que dans cette grande galaxie, on va avoir des contraintes institutionnelles qui obligent à des compromis. Je dis tout simplement que, par exemple, une séance d'école dehors va sans doute, ça dépend des enseignants, mais va, les trois quarts du temps, demander à ce que l'enseignant propose, si ce n'est impose, une activité un petit peu dirigée, qui va venir en rupture de la sensation de liberté que la pédagogie par la nature aime, veut absolument insuffler. Ce n'est pas pour autant pas de l'éducation par la nature. C'est de l'éducation, de la pédagogie par la nature adaptée, bricolée avec les contraintes institutionnelles. Voilà un exemple un petit peu de caractéristiques liées au contexte. Ce qui va être commun. Et ce qui, à mon sens, je ne veux pas. Je ne veux pas du tout être sur la déontologie, être sur du prescriptif. Mais il y a quand même une chose qui me semble importante, et je trouve que le réseau de pédagogie par la nature l'a très bien synthétisé avec ses piliers. qui sont irrités de l'approche anglo-saxonne et scandinave, les piliers de ce jeu libre, les piliers de cette immersion sensorielle répétée, de cette régularité, de cette fréquence, de cet apprentissage du risque, de se laisser faire l'enfant au lieu de le faire soi-même, tout cet apprentissage qu'on va appeler finalement très socio-constructiviste, en recherche on va nommer ça de manière socio-constructiviste, c'est-à-dire qu'on part du déjà-là chez l'enfant pour lui laisser une libre expression et que l'adulte va venir en étayage, en appui à ce déjà-là qui s'exprime en nature, pour moi ces piliers-là, ils me semblent incontournables. Alors bien sûr, on va les adapter en fonction du temps qu'on a, en fonction du nombre d'enfants, mais ces piliers, ils sont pour moi absolument essentiels. Quel que soit le contexte, laisser les enfants libres sur les trois... quarts de la séance au moins, faire feu de tout bois, sans mauvais jeu de mots, en forêt, laisser les enfants aller vers ce qui les intéresse, venir répondre à leurs besoins, c'est des mots très jargon pédagogique, mais les éducateurs verront bien concrètement ce que ça veut dire. Toutes ces choses-là, laisser la place à l'imprévu, laisser la place à ce qui émerge, le passage d'un animal, le vol d'un oiseau, d'un animal, pardon. Le vol d'un oiseau, ces choses-là, c'est des choses qui attirent les enfants et leur laissent toute leur place. Pour moi, c'est ça le socle de l'éducation par la nature. Ça, c'est une des caractéristiques fortes, c'est se laisser faire à l'instant. Une autre caractéristique... pour moi, ou un autre point d'attention peut-être qui serait transversal à toute la galaxie, c'est l'importance de se former. Alors, je le dis parce que c'est ce qu'on me renvoie. Il y a une première posture qui serait de se dire, on est déjà enseignant, on est déjà éducateur, on est déjà animateur nature, voilà, on n'a pas besoin d'en savoir beaucoup plus. Mais en fait l'éducation, la pédagogie par la nature, ça va au-delà d'apprendre une approche naturaliste, le nom des animaux, ça va au-delà de faire le programme scolaire. en temps et en heure. On est vraiment sur une approche qui vient rompre avec les cases. Quand on dit l'approche hors les murs et en nature, on sort des cases. On va venir, de fait, j'aime bien le mot bricolage, décidément, mais bricoler le programme. On va venir faire autrement avec le terrain. Et de fait, ce qu'on va y gagner, ça va être une indépendance dans le métier, une sorte de gain en termes de pouvoir d'agir, parce que cette expertise avec le faire feu de tout bois, on ne nous l'apprend pas forcément en formation. Et donc, moi, ce que j'ai souvent comme demande en tant que formatrice, c'est, c'est bon, je sais emmener une classe, visiter un musée, ou alors je suis animateur nature, j'aimerais savoir faire avec. Ce dehors, mais différemment. Et c'est là où je pense que la formation, quel que soit le type de formation qui soit donnée, on a par exemple les organismes d'éducation à l'environnement tels que le FREN, le GREN.

  • Speaker #0

    Ce sont des organismes qui vont avoir des mini-formations classe dehors pour y être intervenus dans certaines d'entre elles. Ce qui est génial, c'est qu'on a le point de vue d'animateurs confirmés, animateurs nature, et des gens qui vont être plus spécialistes de l'univers scolaire, par exemple. Et ça, on apprend énormément. Mais se mettre dans l'état d'esprit de l'éducation par la nature, hors les murs... Ça demande quand même de sortir de ces cases professionnelles. Et moi, j'ai dû sortir des cases de l'enseignement recherche. Et je ne fais plus jamais cours avec les étudiants de la même manière que ce que je faisais avant. Jamais. Je ne fais plus du tout cours de la même manière. Même si je reste dans la classe, même si je ne sors pas pendant ma séance, je vais avoir une attitude vis-à-vis... de l'émergence de besoins, de l'expression des étudiants qui est complètement différente, qui est beaucoup plus décrispée. Bref, je termine avec ça pour la question des caractéristiques transversales, si je dois récapituler. Une approche par la liberté et des autres piliers de la pédagogie par la nature, le jeu libre, la liberté, l'éducation au risque, la nécessité de la formation, même si elle est minime, pour basculer, faire le lien avec le dehors. Et puis ce fait que, quoi qu'il arrive, notre séance, elle ressemblera à nous. Et donc il y a quand même quelque chose de très personnel dans cette tenue de séance. Voilà, j'ai essayé de faire un petit peu le tour, je suis sûre que j'ai oublié plein de choses, mais c'est ce qui m'est venu en tête sur ta question des caractéristiques dans ces différentes modalités de hors les murs et en nature.

  • Speaker #1

    Et toi, du coup, c'est... quoi ton approche de l'éducation par la nature ? Quelles sont tes valeurs fortes, les choses qui sont importantes pour toi ? Quelle est ta posture en tant que pédagogue quand tu es avec les enfants en extérieur ?

  • Speaker #0

    Alors, je te remercie, ça me donne l'occasion de parler de mon pilier. Je n'en ai pas parlé en réponse à la question que tu m'as posée, parce que je ne souhaite pas que ce soit, tu vois, une sorte d'imposition, point de vue, comme quelque chose que tout le monde devrait faire. Mais là, puisque tu me parles d'expérience personnelle, je vais pouvoir partager ce qui est un petit peu mon bébé à moi, un peu la marque de fabrique que j'ai impulsée à l'association. Je suis loin d'être la seule à pratiquer. Moi, j'ai une attention. extrêmement vigilante, portée à tout ce qui vit, à tout ce qui respire, à tout ce qui est sentient, à tout ce qui potentiellement peut être endommagé dans le vivant, que ce soit dans le cadre de la classe dehors, de l'éducation par la nature, ou dans d'autres contextes qui n'ont rien à voir. Alors, très brièvement pour expliquer pourquoi. Cette approche, c'est plus qu'une approche, c'est vraiment quelque chose qui fait partie de moi. Après, je donnerai des exemples très concrets dans la tenue des séances. Je suis par ailleurs membre du conseil scientifique de L214 éducation. Et la branche éducative de L214 n'a rien à voir avec ce pourquoi L214 est connue. Donc, je rappelle, c'est une association qui tente d'impulser des changements sociétaux dans le rapport. rapport à l'animal d'élevage, à l'animal que l'on mange, donc ça c'est L214, il y a des vidéos chocs, ils font pas mal de reportages, la branche éducative est beaucoup plus soft, j'allais dire, elle s'adresse aux éducateurs et aux enfants, et elle ouvre, cette section de L214, elle ouvre un monde de connaissances propres aux animaux, et c'est pas seulement les animaux d'élevage d'ailleurs. Et moi je suis passionnée de ça, puis j'interviens. dans le regard, dans la lecture, la pré-lecture du journal, mon journal animal, qu'ils offrent gratuitement à la communauté éducative. On peut le télécharger, le recevoir, bref. Et donc, cette casquette-là, elle m'a amenée à prendre très à cœur la question du respect. Et nous en avons même fait une formation, on a appelé... La formation Respecter les animaux à l'école, avec quelques collègues qui sont des pionniers de l'éducation au respect des animaux, on a fabriqué cette formation qu'on donne librement, gratuitement, c'est une formation en ligne. Via ces rencontres avec ces acteurs du monde du respect des animaux, je fais classe dehors, je forme les enseignants et les personnels éducatifs et moi-même je mène les enfants dehors avec... En tête, le projet de minimiser au maximum l'impact de notre séance sur les autres habitants du lieu et en même temps toujours avoir cette double balance, me dire qu'est-ce que je peux mettre au service de l'apprentissage des enfants, d'une sensibilité. Je ne parle même pas de sensibilité écologique ou à l'environnement parce que pour moi on est vraiment sur des grandes catégories. On apprend de plus en plus à l'école. Je ne suis même pas sur les histoires de trier les déchets, l'équilibre alimentaire, ce genre de choses qui ont leur grande importance. Mais moi, je suis avec des petits, enfin des petits, on fait du 3 à 12 ans, donc on a quand même la marge, on a quand même une hétérogénéité des profils chez les enfants et des âges et des préoccupations. J'essaye toujours de me dire, quand je vais impulser une activité ou que je les regarde faire en jeu libre, comment ? Je peux aménager la situation de manière à ce que ces deux piliers, le respect des animaux et des végétaux, parce que je parlais des animaux, mais le respect des végétaux me tient également à cœur. Ce respect et en même temps l'apprentissage des enfants. Un exemple très concret que je peux te donner dans ma pratique, alors moi je fais vraiment l'approche par la liberté telle que le RPPN va le conseiller, c'est-à-dire que... je sors en école forêt, donc on a une petite structure d'accueil qui est toute modeste, avec un petit sentier pieds nus, quelques instruments de musique déposés dans les arbres, un petit bac à sable bricolé, quelques arbres... retomber, sécuriser sur lesquelles ils peuvent grimper, grosso modo ça s'arrête là. Et puis les enfants sont en liberté là-dedans et viennent proposer des activités. De temps en temps, moi je bricole quelque chose dans un coin et les enfants vont commencer à s'y intéresser et ça se transforme en activité. Parfois je commence à lire une petite histoire et les enfants se rassemblent ou je propose et ils me disent non on ne le fait pas puis on le fait après. Voilà, je suis vraiment plutôt dans ce contexte-là. Je rappelle que... que je suis en milieu périscolaire. Là, ce n'est pas quand je le fais en milieu scolaire. Donc, dans ce type de choses-là, on va avoir par exemple un cours d'eau. Une des choses qui va passionner les enfants, d'ailleurs cours d'eau ou pas cours d'eau, ça va être l'observation des animaux, y compris des insectes. Ce que je faisais au début, c'était d'utiliser des boîtes loupe pour collecter les insectes, pour pouvoir bien les regarder. Je l'ai fait une ou deux fois seulement et j'ai très très rapidement arrêté. Parce que si tu veux, il y a des oublis. Des oublis d'insectes dans les boîtes loupes. Laissé au soleil, l'insecte grille. Quel est le but profond, moi en tant que pédagogue, d'organiser cette proximité des enfants pour la sensibilisation aux vivants si ne serait-ce qu'un insecte dans la séance est soumis à une mort atroce ? Quelle est moi ma cohérence pédagogique avec ça ? Donc tu vois, il y a eu un cheminement. Ce qui fait qu'aujourd'hui j'ai trouvé un super compromis qui était un autre type de boîte qu'on appliquait simplement. Donc tu sais, ça existe. on n'emmène pas l'insecte, on l'applique, on regarde, on repart avec notre petite loupe, et on le fait à l'ombre. Donc on n'a pas de risque de manipulation d'insectes qui ensuite sont abîmés, souffrants, voire mourants, et on n'a pas d'oubli. d'insectes qui ensuite meurent. C'est juste pour te donner un exemple de comment une grande démarche peut s'actualiser sur des petits gestes très concrets. On va être dans une région, pour un dernier exemple contextuel, on est dans une région qui est extrêmement chassée. Ça pose des problèmes de sécurité, ça pose des questions de compromis avec le voisinage, etc. Donc en fait, on navigue entre les coups de feu du matin au soir, du soir au matin, en Sologne. C'est la situation dans laquelle on est. dans laquelle on est, et on a des enfants qui viennent, qui sont habitués déjà à 4 ans, qui sont habitués à la chasse, par exemple. Eh bien, mon bonheur, c'est quand d'eux-mêmes, ils viennent re-questionner la question d'enlever la vie à un vivant, parce que tout d'un coup, on croise le chemin d'un petit animal mort. De quoi il est mort ? On va susciter ce débat. On va susciter la question du droit à la vie. On va susciter la question de l'alimentation quand les enfants en parlent, mais je ne vais jamais venir avec un discours prêt à porter. Bref, tu vois, c'est des petits exemples pour montrer que moi, si un enfant peut ressortir d'une séance avec une expérience profonde, viscérale, sensorielle, expérimentale du vivant, d'une respiration, d'un moment partagé avec un animal ou un végétal qui va rester ancré, Pour moi, l'approche, elle a réussi. Même si ça ne se fait pas tout de suite, même s'il n'y a pas du discours autour. Voilà, c'est un peu mon approche. Et puis, autour de tout ça, beaucoup de rire. Pour moi, une séance où on est bien, c'est une séance où on prend des fous rires à répétition, ce qui est généralement le cas pour moi, c'est l'éducation par la nature. On rit énormément, c'est normal. On reconnecte avec l'essence même de ce qu'il fait l'humain. Dans l'éducation par la nature, l'humain est intrinsèquement nature. Donc, on reconnecte avec ce qui est l'humain. Forcément, on se reconnecte avec les émotions, donc on se reconnecte aussi beaucoup avec le rire. Et nous, avec les enfants, on prend des faux rires à chaque fois. Donc, mon approche, c'est à la fois le point d'attention au respect, que les enfants découvrent des choses sans endommager les autres vivants, et ça dans la notion de plaisir, de rire, de passer des bons moments. Et je terminerai en disant que des fois, passer des bons moments, c'est aussi rentrer. C'est parfois rentrer à l'intérieur. Nous, on a une sorte d'abri, chalet, type chalet. Donc c'est génial parce qu'on reste dans l'école forêt, mais on a les portes ouvertes sur le dehors. On est dans la nature. Et en même temps, on peut être abrité en cas de très très forte pluie ou si un enfant a vraiment froid parce qu'il n'a pas eu le bon équipement, etc. Voilà, c'est prendre soin de soi aussi, même s'il faut. Mais rentrer, ce n'est pas pour autant qu'on ne fait pas d'éducation hors les murs et par la nature, dans l'esprit. Je terminerai là-dessus, toujours dans l'articulation, mais jamais dans l'opposition, avec les possibilités du lieu, les besoins des enfants, et le respect des autres vivants et des autres habitants du lieu. Voilà pour la synthèse de mon approche.

  • Speaker #1

    Eh bien, je te remercie pour ce partage. Je me reconnais beaucoup dans ce que tu dis là, puisque... Le contact avec le vivant, le rapport, l'amour même du vivant, c'est quelque chose qui moi-même me porte énormément, qui occupe une place importante dans ma pratique. Et avant de parler de pratique dans ma vie, depuis toute petite, la sensibilité que j'ai avec le monde qui nous entoure, elle est très forte et du coup j'ai aussi développé ça et ça prend... une place essentielle dans ces moments que je partage avec les enfants. Donc voilà, je te remercie parce que tu mets des mots sur ma propre pratique, ma propre posture. Puisqu'on parle des moments que tu vis avec les enfants dans le cadre de l'association Solonia Nature & Culture, est-ce que tu veux bien nous raconter l'histoire de cette association ? Et les missions que vous vous donnez, parce qu'au-delà des ateliers de l'école forêt que vous proposez aux enfants, il y a plein d'autres choses que vous mettez en place.

  • Speaker #0

    Oui, effectivement. Et puis là, on échange et je parle en jeu. Effectivement, dès qu'on va étendre la question à Solonia, qui est la petite association, ont parce que Solonia elle tient uniquement par des bénévoles on n'a pas de salariés, on intervient tous en tant que bénévoles bien sûr avec des prestations de spécialistes de tel ou tel domaine très ponctuel on travaille en collaboration avec le Grenz-Sanval de Loire par exemple on fait des choses superbes ensemble en formation d'enseignants, en animation nature, on est très en complémentarité pour en revenir donc avec ce ont en tête, parce que je ne suis pas toute seule, même si je suis la formatrice principale et l'animatrice principale, mais je ne suis pas la seule. On peut revenir au niveau chronologique, parce qu'effectivement, l'une des premières missions que s'était donnée Solonia, c'était de fédérer les acteurs concernés par la mise en lien entre la nature, on va dire nature ou le vivant, végétal, animaux et le petit humain, le petit d'humain. C'était un petit peu cette grande mission et on s'est dit il y a beaucoup de choses, nous on est dans une région très rurale, donc culturellement peu de propositions. On est vraiment à une heure, une heure et demie d'une grande ville de tous les côtés. Donc la première idée qui nous est venue c'était de se dire on va créer une université populaire. L'université populaire de Sologne, donc elle a été créée dès le début de l'association avec des thématiques comme enfants et forêts. enfants et nature, etc. Et des séances, donc c'était des cycles mensuels, avec des conférences, des débats, des interventions de professionnels de la forêt ou de l'éducation qui intervenaient. Et en fait, cette université populaire, elle a très vite donné lieu à ce qu'a été notre plus grande réalisation. C'est un exemple de ce côté fédérateur que veut porter l'association. Ça a été l'organisation d'un colloque international entre l'université de Créteil, l'université de Montpellier et Solonia. Ce qui fait qu'on a organisé un colloque qui n'est jamais vu. jamais été fait ailleurs, c'était un colloque international, donc il y avait des chercheurs, des enseignants, des éducateurs, des artistes, on s'est retrouvés pendant cinq jours de colloque, en pleine nature, dans un parc, avec un parc animalier autour, qui était en préservation de la faune sauvage, avec une buvette. associative, très très petite buvette, une petite guirlande, on s'est tous retrouvés dans une ambiance extrêmement conviviale, on a accueilli plus de 100 personnes et on a tenu des événements, conférences, communications très classiques du type recherche mais dans ce cadre là et je trouve, j'en parle ici parce que c'était en 2022 et j'en parle ici parce que pour moi c'est le C'est la mission même de Solonia, c'est se faire rencontrer les mondes. Il y a des organismes d'éducation à l'environnement qui sont excellents dans ce qu'ils font. Il y a des écoles qui sont excellentes dans ce qu'elles font. Imaginez quand elles se rencontrent. Imaginez cette espèce d'interaction qu'il peut y avoir entre ces mondes-là. Et ça a été un peu le point de départ de Solonia, mais évidemment, ce n'était pas la seule mission. Il y a très rapidement eu l'ouverture de l'école forêt, dont on a déjà parlé, les mercredis, les samedis avec l'accueil d'enfants. Et en parallèle, on a commencé à accueillir, parce qu'on nous en a parlé, parce qu'on nous a demandé, on a commencé à accueillir des animaux maltraités. Donc là, on retrouve un petit peu la casquette L214 qui pointe le bout de son nez. Donc des chevaux et aussi beaucoup de chats. intéressant parce qu'on rencontre aussi les mondes à ce moment-là. Le chat étant l'un des prédateurs en termes de biodiversité qui peut être extrêmement critiqué. Donc voilà, trouver ces marques, faire dialoguer les acteurs du monde de la protection des animaux avec ceux de la protection de l'environnement qui évoluent dans des éthiques parfois différentes, dans des déontologies différentes. Voilà, ça donnait lieu à des choses intéressantes. C'est un embryon de refuge parce que la problématique est financière. L'accueil d'équidés est extrêmement coûteuse, donc on s'est restreint à peu d'individus. Mais voilà, c'est important pour nous de garder ce micro-refuge parce que c'est aussi une des marques, un des ancrages de Solonia dans la question animale. On a enfin, et c'est peut-être là ce qui fait le plus la marque de fabrique de Solonia aujourd'hui, la dimension formation. Très rapidement, on a eu des demandes de formation de personnel éducatif à... l'éducation par la nature, ce qui nous a amené à devenir organisme de formation. Donc on a aujourd'hui la marque qualité, ce qui est, vraiment on est très très content parce que c'est une marque de qualité dans la formation. Et on est toute une équipe de co-formatrices et on a des stages de formation donc à l'école du dehors, à l'éducation par la nature, deux ou trois fois par an. plus des interventions dans les établissements également. C'est majoritairement moi qui les dispense, souvent en collaboration avec une équipe de personnes formées en éducation par la nature qui sont elles-mêmes de tous les horizons, enseignantes, spécialistes petite enfance, etc. et aujourd'hui la dimension formation elle est très prégnante chez Solonia et c'est quelque chose que je trouve génial pour donner les chiffres aujourd'hui on a formé plus de 500 personnes 500 éducateurs et éducatrices à la fois dans la formation en ligne et en présentiel ce qui nous fait grosso modo j'ai dû faire les statistiques pour l'habilitation de la charte qualité mais ce qui nous fait à peu près Aujourd'hui, plus de 12 000 enfants ayant pu bénéficier de séances en nature, par la nature, au bout de 4 années, de former les éducateurs et éducatrices. Donc c'est quelque chose dont on peut être fier. Je me le dis des fois quand je suis fatiguée, je me dis mais c'est quand même absolument super de donner cette énergie pour ça. Parce que c'est vrai que... accueillir des enfants en nature, c'est quelque chose qui me... Je trouve ça absolument génial, c'est mes respirations, c'est vraiment des moments de bonheur. Mais je me dis aussi, former à cette pédagogie-là, c'est faire d'une pierre quinze coups, parce qu'on démultiplie. On est dans la transmission, on est dans l'héritage qui va ensuite, on voit les enseignants qui sont formés, ils vont former leurs collègues, ils vont emmener, ils vont embarquer leur direction là-dedans, puis l'école d'à côté va dire Ah oui, c'est génial, on va faire comme eux ! Donc en fait, c'est vraiment une boule de neige, un effet boule de neige qui fonctionne bien. Et je me dis qu'aujourd'hui, le rôle de Solonia, c'est d'impulser, en fédérant toujours des acteurs de différents milieux, c'est d'impulser cette dynamique éducation par la nature, tout contexte confondu, après les gens l'incorporent, et après ils créent eux-mêmes leur propre expérience. Mais voilà, si je dois résumer après ce petit chemin de Solonia, dire aujourd'hui ce que c'est, et bien voilà, c'est cette sorte d'impulser les envies, les projets et la dynamique école du dehors, et je terminerai évidemment en disant qu'aujourd'hui, Solonia déménage dans un lieu un petit peu plus grand, toujours en Sologne, près de Romorantin-Lantenay. avec un champ des possibles qui s'élargit, puisqu'on a maintenant plus d'espace, plus d'accueil, et également des espaces étants et mards, et ça c'est une belle richesse de biodiversité, et on tient bien à la fois à la préserver, et en même temps à en faire bénéficier les enfants et les éducateurs qui les accompagnent. Voilà un petit peu pour cette petite synthèse des activités. Merci.

  • Speaker #1

    Puisque tu parles des formations, il y a effectivement beaucoup de professionnels qui passent par Solonia. Toi, tu commences par quoi tes formations ? C'est quoi les premières heures ? Qu'est-ce que tu proposes aux enseignants durant les premières heures de formation ? Parce que, étant donné que ce sont des enseignants qui font la démarche de se former, ils sont déjà initiés au moins à la notion... de l'école du dehors alors qu'est-ce que tu leur fais vivre qu'est-ce que tu leur transmets pour démarrer ces temps de formation d'école du dehors dans l'esprit dans l'approche dont je parlais tout à l'heure

  • Speaker #0

    le premier élément et on y passe une journée de formation complète sur les cinq jours de stage. Je prends pour exemple les stages pratiques parce que c'est là où on a le plus de temps, les personnes avec nous. Quand je dis nous, c'est l'équipe de formation. Mais dans la formation en ligne, je fais un module. Le premier module, c'est aussi la même démarche. Et globalement, La première chose qu'on fait, c'est mettre les personnes adultes, ce que j'appelle avec les lunettes d'enfants. C'est-à-dire qu'on va proposer des immersions en forêt. en tentant d'être au plus près de l'expérience enfantine, de réveiller, évidemment, d'aller vers tout ce qui va être du sensoriel. On va essayer de court-circuiter un maximum la dimension analytique. ultra cognitive, ultra cérébrale. Et pour juste donner un petit truc qu'on fait, que j'adore faire, c'est génial, on aime beaucoup rigoler à Solonia, donc on a tout un tas de déguisements. Là aussi, c'est l'esprit enfantin, faire la fête, s'amuser, rire de tout et n'importe quoi. J'ai des espèces de petites lunettes de fête. Ça, c'est la lunette des enfants. Et on a une autre paire de lunettes, c'est la lunette du pédagogue. Et aujourd'hui, ce que j'aimerais, c'est que la lunette de pédagogue, elle reste au placard. Et puis, de temps en temps, on va la faire ressurgir en disant, voilà, vous avez vu cette activité, vous l'avez vécue. Qu'est-ce qu'on peut en faire, nous, dans notre situation, toute personnelle, avec les enfants qu'on accompagne ? Mais ça, c'est dans un deuxième temps. La première approche. Pour tout te dire, qu'est-ce qu'on va faire ? On va construire une cabane ensemble en forêt. Quoi de mieux pour se découvrir les uns les autres ? Quoi de mieux pour faire groupe ? Ou pour reprendre les mots d'Hervé Brugnot, qui est un animateur nature que j'apprécie énormément, qui est un excellent formateur en plus, faire tribu. Faisons tribu, faisons territoire, comme il aime à dire aussi, rien de tel que de se construire un chez-soi. On est donc dans l'approche immersive, sensorielle, on se reconnecte à ça, même si ça doit nous prendre une journée pour couper court des mails, du téléphone, de la vie de famille, des soucis, des tracas, des courses, du métro, boulot, dodo, la première chose ça va être cette immersion. Et honnêtement je regrette qu'elle ne dure qu'une journée, même moi j'aurais besoin de deux ou trois jours, ce qui se fait aussi dans d'autres espaces de formation, il y a plus long dans ces immersions. Et nous, Et nous, on va commencer par ça. On va se remettre. dans cette approche de la matière, dans cette approche du sensoriel. Et ensuite, on va peu à peu tirer vers la professionnalité. On va peu à peu venir faire des mises en situation, jeux libres, etc. On va passer aussi par le théâtre forum pour la résolution de problèmes. Donc, c'est des jeux de rôle pour venir déchanter les peurs, les freins. Mais tout ça va quand même rester très ancré sur le... sur le sensoriel, ce qui parle au cœur, le viscéral. Et puis après, on fait intervenir les grilles d'analyse, l'observation des enfants, la construction d'une séance pédagogique. Alors si on est enseignant, on va prendre son programme scolaire et puis on va bricoler avec. Si on a envie de proposer que du jeu libre, comment est-ce qu'on va aller fabriquer une cuisine debout, combien de sable il nous faut, les notions de sécurité, et j'en passe, tout au mieux. corps, tout le corps pédagogique et logistique de l'éducation par la nature. Mais c'est vrai que je suis convaincue que la première étape c'est celle du redevenir enfant, et c'est aussi pour ça qu'on fait un petit peu comme la question que tu m'as posée, on va essayer de se réancrer dans ce souvenir d'enfance. On va prendre un peu cette dynamique-là. Et pour moi, ça c'est incontournable. Sinon, L'école dehors, l'éducation par la nature, va devenir simplement un projet de plus ou une contrainte de plus dans laquelle on va s'embarquer avec des grilles d'analyse, des objectifs, un programme. à la fin duquel il faudra qu'on puisse cocher toutes les cases de l'autonomie de l'enfant, etc. Pour moi, ce n'est pas ça le but, ni de l'école dehors, ni de la Forest School. Pour moi, c'est vraiment revenir à l'ancrage matériel, au sens matière, à l'ancrage sensoriel. Et donc, c'est la raison pour laquelle on commence toujours par ça en formation d'adulte.

  • Speaker #1

    Oui, et puis c'est ramené une notion de plaisir aussi dans ce moment partagé avec les enfants. Moi personnellement, je n'éprouve pas la même joie et le même... plaisir quand j'observe les enfants jouer que quand je joue avec eux ou à côté d'eux. Et ça, vraiment, ça décuple moi ma joie. Et c'est d'ailleurs... Moi, je me suis formée avec le réseau de pédagogie par la nature et c'est le même déroulé. Les trois premiers jours de formation sont dédiés aux jeux et sont faits pour... Amener les adultes à reconnecter avec cette part d'enfant et à apprendre à nouveau à jouer et à retrouver ce plaisir-là, ce qui n'est pas si simple pour tout le monde. Mais quand on reconnecte avec cette part d'enfant, moi je trouve que vraiment, du coup, les moments derrière, passer avec les enfants, le plaisir est décuplé, la relation avec les enfants est différente. Et le temps passe beaucoup plus vite. Et de manière générale, je trouve que quand on joue avec eux, quand on met ses lunettes d'enfant, du coup, ça change toute la dynamique du groupe. Et on part sur autre chose que quand on est dans une posture de pédagogue, un petit peu en retrait, à prendre ce recul, à penser objectif. C'est pas du tout la même dynamique. qui est lancée au sein du groupe, qu'il y ait des adultes ou des enfants de manière générale.

  • Speaker #0

    Moi, je suis tout à fait d'accord avec ça. Je suis complètement le réseau Pédagogie par la nature dans cette grande dynamique qu'ils ont impulsée. L'immersion sensorielle et la notion de plaisir et de jeu, moi, je sais que quand je disais que c'est un bol d'air pour moi de faire les... les séances avec les enfants, c'est vraiment parce que j'ai plaisir à jouer. Vraiment, vraiment, c'est ce plaisir à rire avec eux, à jouer. Et j'ai redécouvert le jeu grâce à l'école Foyer. Vraiment, c'est une dimension très forte. Et ça m'amène à quelque chose qui peut aussi donner du corps à ce dont on est en train de parler, c'est... que ce n'est pas une expérience individuelle. Là, tu la partages avec moi, et là, c'est en miroir complet de mon expérience personnelle. Mais j'ai récemment mené une étude auprès de 88 répondants. C'était un questionnaire. Là, c'était dans vraiment le domaine recherche, tu vois. 88 enseignants en France, l'école primaire. L'une des grandes caractéristiques qu'ils ont fait ressortir, mais c'est le chiffre, je ne l'ai plus en tête, mais c'est autour de 90% des répondants, ça a été ce plaisir retrouvé, la notion de jeu, et la notion d'interaction améliorée avec leurs élèves, de la confiance et du bien-être qu'ils en ont ressenti. eux-mêmes de ces séances-là. Donc, ce n'est pas des cas isolés, on est vraiment sur l'une des grandes caractéristiques et on peut reboucler la boucle de ta première question sur ces caractéristiques. L'une des grandes caractéristiques, ça va être cette question de plaisir, de rire et de bien-être. Ce qui ne vient pas occulter, on travaille beaucoup autour de ces freins-là, une gestion des émotions qui parfois est chaotique parce que dès qu'on va... favoriser la reconnexion à sa propre nature en même temps que la reconnexion aux autres vivants, si on est vraiment dans une approche holistique où on va pas séparer l'humain des autres animaux, eh bien on va avoir cette reconnexion avec les émotions en particulier, qu'on a trop souvent mis de côté, je suis la première à reconnaître cette rupture, eh bien C'est à nos risques et périls. J'ai vu des enfants, en particulier dans des classes, première sortie, des enfants soit avec des difficultés relationnelles à la base préalables, je parle, ou des enfants avec des troubles autistiques, des enfants en crise complète face aux autres vivants. Et cette gestion des émotions, elle va nous demander d'être créatifs. par instauration de petits coins de parole, des petits coins de libération de l'émotion, de la violence. Et en fait, par, j'allais dire, effet de miroir, ce qui est fascinant, c'est que je vois maintenant des enseignants qui réinvestissent des techniques qu'on utilise, de gestion d'émotion je parle, en école dehors, ils l'utilisent pour le dedans. Et c'est peut-être la dernière grande caractéristique, c'est que ce qu'on va se tester en école dehors, on va s'apercevoir. Là, je reviens sur le milieu scolaire parce que c'est celui qui est le plus balisé, donc c'est là où ça se voit le plus. Mais c'est pareil en centre de loisirs, en école dehors ou en crèche, en centre de loisirs éducatifs en nature. Mais ce qu'on va découvrir en dehors... Parce qu'on est obligé d'être inventif, puisque c'est des cadres, des contextes qu'on connaît moins, eh bien on va le récupérer, on va le réintroduire pour la gestion du dedans, de manière encore plus créative. Et ça, je trouve ça fascinant, c'est ne pas opposer le dedans et le dehors. Il y a beaucoup d'enseignants qui me disent, bah oui, mais moi je ne peux pas sortir parce que j'ai une cour bétonnée, et qu'on est en pleine ville et qu'il n'y a pas de parc. Mais par contre, leur classe, je suis allée voir, leur classe, c'est le... Je ne sais pas, c'est le jardin des plantes dans leur classe. Il y a énormément de choses. Donc, il y a un esprit qui est là. Donc, progressivement, ils vont apprendre à faire des premiers pas dans le dehors, même si c'est la cour bétonnée dans un premier temps. Mais il y a aussi beaucoup dans cette articulation dedans-dehors. Moi, j'y crois beaucoup. J'y crois beaucoup, d'autant plus dans le milieu scolaire où c'est compliqué d'être… Il n'y a pas de structure scolaire 100% dehors, en tout cas dans les contextes que je connais. Voilà. Tout ça pour dire que… La gestion des émotions comme d'autres éléments de la classe dehors peuvent être soit facilitées en extérieur, soit être plus compliquées, mais la créativité qu'on va mettre à trouver des solutions, d'une manière très biomimétique, comme le font le reste du vivant, essais-erreurs, on va chercher toutes ces choses-là, et bien ça nous transfère une créativité qu'on va pouvoir... Donner aussi dedans. Et ça aussi c'était un des résultats de l'étude auprès des enseignants. C'était bien sorti également.

  • Speaker #1

    Toi qui prends part au débat public dès que c'est possible, que ce soit avec ta casquette de chercheur, d'enseignante ou de formatrice. Tu dirais qu'on en est où aujourd'hui en France sur ce chemin de l'éducation par la nature ?

  • Speaker #0

    C'est un peu difficile pour moi de répondre à on en est où si je n'ai pas de point de comparaison. Tu vois, si je dis on en est où par rapport à des contextes qui semblent beaucoup plus avancés, du moins d'extérieur, tels que les pays scandinaves. Je travaille pas mal avec le Québec, par exemple. Ils ont des choses aussi plus implantées que... que la France peut-être, ou les pays anglo-saxons de manière générale. On a presque l'impression que dans la famille Forest School, les Scandinaves étaient les parents, les grands-parents, les anglo-saxons les parents, puis que nous on est les enfants et on rame un petit peu. Ce serait méconnaître aussi une grande partie de notre histoire éducative. Là, je renvoie vraiment à l'ouvrage L'école du dehors j'ai pu le titre, mais de Sylvain Wagnon et de Corinne Martel, qui fait justement cet historique, L'école dehors Et ils montrent aussi que c'est des zones grises, c'est constamment des zones grises. Il y a eu des grandes inspirations, ne serait-ce que les balades hors les murs, type balade mathématique à la Freinet, la pédagogie de Crowley, par exemple. qui est belge, mais je parle de la francophonie d'Europe de l'Ouest, tous ces pédagogues suisses également qui ont travaillé sur la mise en lien en extérieur, même si c'était d'un point de vue hygiéniste, même si ce n'était pas exactement ce qu'on entend aujourd'hui par les Forest School, qui sont à mon avis un cran plus loin, il y a quand même toujours eu ce besoin de faire autrement, ce besoin d'être au plus près du vivant. Selon les époques, bien sûr, mais il y a toujours eu ce besoin. Aujourd'hui, on en est ouf. Aujourd'hui, moi, ce que je peux observer, c'est une très forte demande du terrain. Au niveau des enseignants en particulier et de la petite enfance, voire de la toute petite enfance. Les non-marcheurs, on observe aussi une grosse demande. En face, il y a quoi ? En face, on a les organismes d'éducation à l'environnement. qui de plus en plus se forment pour accompagner ces structures-là. Et ça, je trouve ça génial, de mon point de vue, parce que qui est plus qualifié qu'eux pour faire cet accompagnement ? Ce sont des gens qui connaissent très bien le vivant, qui ont déjà une formation d'éducateur. Donc finalement, ils ne leur manquent, et c'est ce qu'ils font plus qu'à se former à l'accompagnement ou à la formation d'autres adultes, pour être... j'allais dire, en fonction des personnes, bien sûr, il y a des tas de gens que ça n'intéresse pas, mais en fonction des volontaires, pour être extrêmement qualifiés dans cet accompagnement, des écoles, des centres de loisirs, pour répondre à cette demande de terrain. On a aussi beaucoup d'enseignants qui souhaitent aller plus loin, organiser des échanges de pratiques avec d'autres collègues. Donc ça, c'est des gens qui prennent un peu le lead sur ces choses-là. On a également la sphère très riche. impulsée en grande partie par le réseau Pédagogie par la Nature, de la sphère associative, voire école privée hors contrat. Moi, je ne fais aucune différence dans mes accompagnements sur les différentes casquettes, des parents en IEF qui se lancent, qui viennent dans les forest schools, donc IEF, instruction en famille, peut-être pour les personnes qui ne connaîtraient pas, donc l'école à la maison. Et ça m'est arrivé, et c'était très amusant, de faire de la formation à l'AGEM, qui est l'association des profs de maternelle dans le public, le même jour où je recevais les parents en IEF sur le même terrain. Donc c'était génial parce qu'on a deux mondes qui ne se rencontrent pas, qui se rencontrent. Donc où on en est ? Et bien finalement, on a cette demande qui émerge de tous les côtés, avec des personnes ressources, je pense au réseau RPPN par exemple, qui est très... qui peut être une excellente ressource du côté des Forest School, etc., qui a même outillé et impulsé énormément d'initiatives. On va avoir cette proposition des animateurs nature, on va avoir un peu cette galaxie. Je pense qu'aujourd'hui, il y a beaucoup de demandes, mais qu'il y a beaucoup de réponses aussi. Maintenant, du côté de l'éducation nationale, parce que c'est quand même quelque chose qui m'occupe beaucoup, et je me dis, un petit peu comme la fabrique des communs, pédagogique qui a impulsé l'année dernière les rencontres internationales de la classe dehors, je me dis évidemment que si l'éducation nationale est dans la partie, c'est gagné. Parce qu'ils vont avoir de la proposition de formation, ils vont avoir une facilitation donnée aux collègues de l'éducation nationale qui veulent se lancer en classe dehors, superbe. Je mettrais un point d'attention. Sur le fait, parce que c'est normal, puisqu'à partir du moment où on est gouvernant, on gouverne. Donc avec la possibilité donnée de faire classe dehors, il va peut-être y avoir aussi un cadre qui va être posé. Et comme ça a été le cas dans le passé avec d'autres initiatives, le point d'attention que j'aurais, c'est qu'on ne tente pas institutionnellement de trop vouloir cadrer l'école dehors. Parce qu'à partir du moment où on veut trop faire rentrer dans des cases une initiative, un mouvement qui se veut sortir du cadre, on va avoir une contradiction. On va avoir trop de compromis à faire. Donc mon idée... Mon souhait, vraiment ce que j'appelle de mes voeux, c'est qu'une facilitation de l'institution, on parlait de l'INSPE en tout début, de formation initiale, on aimerait bien avoir un petit peu de place pour pouvoir divulguer ces approches pédagogiques, mais pas être obligé de les normer, pas obligé d'être dans le protocolaire, dans l'obligation. Parce que ça risque d'avoir l'effet inverse de personnes qui souhaiteraient se lancer mais qui n'ont pas envie de rentrer dans un cadre supplémentaire. Donc voilà, le point d'attention que j'aurais vis-à-vis des politiques publiques, des personnes qui... veulent absolument faire entrer dans l'institution toutes ces démarches d'école dehors ou autres, mais en même temps les cadrer, s'il vous plaît, ne coupez pas l'espace de liberté pédagogique donnée à cette école du dehors, pour parler du milieu scolaire, parce que sinon, on l'a dénature. Et c'est vraiment l'inverse qu'on souhaite faire. C'est vraiment donner cette approche par la liberté, telle que Christelle Ferjou, conseillère pédagogique à l'éducation nationale, qui impulse ce souffle de liberté en étant dans l'institution. Donc pour moi, c'est vraiment une posture d'équilibre dans laquelle je souhaite m'inscrire. C'est vraiment garder cette liberté tout en facilitant les choses. C'est un challenge quand même pour l'institution. Mais je dirais qu'on en est où pour finir à répondre à cette question ? On en est où ? On a toutes les possibilités. Attention à ne pas enfermer ce qui demande à être justement très ouvert. Voilà, je terminerai là-dessus.

  • Speaker #1

    Écoute, on arrive à la fin de notre échange. On est tout début septembre, un moment de l'année fort pour les enseignants qui ont plusieurs mois devant eux avec leur classe pour se lancer dans de nouveaux projets et peut-être parmi eux l'école dehors. Est-ce que tu aurais un message à leur faire passer ? qui soient déjà lancés, qui aient envie de se lancer. Voilà, un petit message plein de bonnes ondes, plein de motivation pour booster en ce début d'année.

  • Speaker #0

    Oui, le premier message sera de dire, d'expérience, qu'on est un petit peu comme des messieurs et madame Jourdain qui faisons déjà classe dehors sans le savoir. En fait, là je m'adresse vraiment aux collègues qui sont en... Dans le cadre du métier d'enseignant ou d'enseignante, c'est vraiment, vous avez déjà toutes les compétences. La gestion de groupe, check. L'accompagnement, même en extérieur, check. Vous l'avez déjà fait, une sortie scolaire, c'est déjà fait. Je ne dis pas que c'est la même chose que l'école dehors, mais je dis que c'est des éléments facilitants. Vous l'avez déjà fait, le programme scolaire, vous le connaissez par cœur, check. Les supports, vous savez en fabriquer, vous savez déjà tout faire. En fait, le métier d'enseignant est déjà tellement polyfocalisé que vous avez déjà 90% des compétences, même 99% des compétences pour faire classe dehors, c'est déjà là. Le 1% qui reste, c'est le premier pas sécurisé et sympathique. Et ces choses-là, ça s'apprend très vite, mais rien de nouveau. Le premier pas, l'expérience et oser se lancer. En toute confiance, donc n'hésitez surtout pas à faire de 2024-2025 votre première expérience en classe dehors en cette rentrée.

  • Speaker #1

    Eh bien, un grand merci Laura pour cette heure passée avec toi. J'ai bu tes paroles, voilà, je t'ai écouté attentivement et c'était hyper intéressant de t'entendre partager ton expérience avec toutes les casquettes que tu as. Et je crois que je peux aussi te souhaiter une bonne rentrée puisque je suppose que tu vas retrouver le chemin de l'université et retrouver tes étudiants pour une nouvelle année de formation. Donc voilà, une très belle rentrée et à très bientôt !

  • Speaker #0

    C'est parti ! Merci beaucoup Claire pour... pour cet échange et cette opportunité que tu m'as donnée. C'était très, très agréable, un vrai plaisir.

  • Speaker #1

    Avec grand plaisir. Bye bye !

  • Speaker #0

    À bientôt !

  • Speaker #1

    Merci à toutes et à tous pour votre écoute. J'espère que cette discussion vous a plu et qu'elle éveille en vous une certaine curiosité pour l'éducation en plein air, voire même, peut-être, une envie de militer pour qu'elle se répande davantage. Pour en savoir plus sur mon invité du jour, je vous invite à vous rendre sur le site pedagogieduvivant.fr. Vous y trouverez toutes les infos à son sujet, ainsi que ses recommandations. Sur ce, je vous donne rendez-vous la semaine prochaine pour un nouvel épisode. Et d'ici là, n'oubliez pas, sortir, ça ne doit être que du kiff ! Allez, ciao ciao, à bientôt !

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