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Enfance en nature par Claire Velly

#36 Approche sensible et approche par la connaissance : une complémentarité essentielle, avec François Lenormand, vice-président de la FCPN

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53min |02/10/2024
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Enfance en nature par Claire Velly

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53min |02/10/2024
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Description

Approche sensible et approche par la connaissance : une complémentarité essentielle, avec François Lenormand, vice-président de la FCPN

Aujourd'hui, je vous invite à découvrir un échange passionnant avec François Lenormand, vice-président de la Fédération pour Connaître et Protéger la Nature (FCPN). Fort de 40 ans d’engagement au sein de cette organisation, François nous raconte son histoire, sa raison d'être et nous partage dans un même temps son expérience de l'animation nature.


Ensemble, nous explorons l’approche sensible, celle qui favorise la connexion à la nature, et l’approche par la connaissance, qui permet à tout.e.s de mettre des noms sur le vivant qui nous entoure. François nous explique la complémentarité et la richesse de ces deux approches dans l’éducation à la nature.


Que vous soyez enseignant, pédagogue par la nature, animateur ou éducateur à l’environnement, cet épisode vous offrira des pistes concrètes pour enrichir votre façon d’accompagner les enfants dans leur découverte du vivant.


Très belle écoute 🌱


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue sur le podcast Enfance en Nature, le podcast qui parle d'éducation en plein air. Je m'appelle Claire et chaque semaine, je reçois ici un ou une pédagogue qui nous partage son expérience en matière d'éducation hors des murs. Famille, professeur des écoles, éducateur, animatrice, ces conversations... ont pour but de transmettre et diffuser des pratiques diverses et variées qui tendent toutes vers un objectif, permettre aux enfants de passer un maximum de temps en extérieur et plus particulièrement au contact de la nature. Si vous souhaitez soutenir le podcast, n'hésitez pas à laisser un avis ou 5 étoiles sur votre plateforme d'écoute et surtout, surtout à le partager autour de vous pour disséminer les graines de l'éducation en plein air. Je vous souhaite une très belle écoute. Aujourd'hui, je vous propose un échange avec François, vice-président de la FCPN, la Fédération pour connaître et protéger la nature. C'est la deuxième fois que nous parlons de la FCPN dans le podcast, puisqu'à l'automne dernier, Cécile, du club Métébote, était venue nous raconter... l'histoire de son club nature et nous expliquer qui peut en créer un et comment cela fonctionne. Mais aujourd'hui, dans cet épisode, nous parlons avec François plus largement de la FCPN et de tous les projets qu'elle porte. François connaît bien cette fédération puisque ça fait maintenant 30 ans qu'il y est adhérent et qu'il s'y investit. Il nous parle ainsi du club nature qu'il a créé. Mais c'est surtout de la diversité des approches dans l'éducation par la nature dont nous avons parlé. Approche sensible et approche par la connaissance, François a pris le temps de présenter leurs particularités, leurs intérêts et surtout leur complémentarité. Quel que soit le cadre dans lequel vous accompagnez des enfants dehors, que vous soyez enseignante, animateur, pédagogue par la nature, éducatrice à l'environnement. Je vous conseille d'écouter cet épisode jusqu'au bout parce que l'expérience et les réflexions amenées par François vous permettront, j'en suis certaine, de questionner et d'enrichir votre approche. Je vous souhaite une très belle écoute. Bonjour François.

  • Speaker #1

    Bonjour Claire.

  • Speaker #0

    Bienvenue sur le podcast, je suis ravie de t'accueillir aujourd'hui. Alors pour tout te dire, quand je t'ai envoyé l'invitation à venir au micro d'Enfance en Nature, j'associais surtout ton nom à la Fédération, à la FCPN, la Fédération pour connaître et protéger la nature. Et puis en faisant mes recherches, j'ai découvert qu'en fait tu t'investis dans plein d'autres projets, dans d'autres structures. Bon, pour les personnes qui nous écoutent, pour qu'elles aient un aperçu des sujets qu'on va pouvoir balayer ensemble aujourd'hui, Est-ce que tu peux nous présenter en quelques mots les différentes casquettes que tu portes aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Oui, très bien. Ce n'est pas forcément le plus facile, mais en effet, mon nom peut être associé à la Fédération des CPN. Pour une bonne raison, c'est que j'ai coutume à dire que les CPN sont un peu mon ADN, c'est-à-dire ce qui m'a... construit depuis très très longtemps et j'y trouve, j'y puise des valeurs, des énergies, des méthodes, mais c'est presque une raison d'être et je ne suis pas le seul à partager ça. Les gens qui s'investissent dans les CPN assez rapidement incarnent un état d'esprit et un projet. Alors l'état d'esprit... Moi, je l'ai découvert assez jeune, tout simplement en lisant la petite revue que tout le monde connaît qui s'appelle La Hulotte, rédigée par Pierre Déhomme depuis les Ardennes. Et quand j'ai découvert cette revue, j'ai découvert que c'était à la fois très humain, très malin, scientifique, rigoureux, mais surtout, c'était marrant. Et c'est peut-être ce qui m'a séduit. C'est un peu cette posture d'être sérieux, mais de ne pas se prendre au sérieux. Et j'ai découvert en lisant La Hulotte que ça pouvait constituer un projet de construire les enfants en y intégrant la nature, mais la nature qui les entoure, la nature qui leur est quotidienne, mais qui ne leur est pas forcément familière. Et j'ai découvert dans La Hulotte le grand intérêt de mettre des noms sur ce qui nous entoure. Et beaucoup plus tard... J'ai compris l'intérêt de mettre des noms sur ce qui nous entoure. Donc, en effet, j'ai un investissement auprès de la Fédération des clubs CPN dans la région Normandie où j'habite, où nous avons créé un réseau régional des clubs CPN. Et très localement, dans le village où j'habite, j'anime depuis plus de 40 ans mon club qui s'appelle La Citelle.

  • Speaker #0

    Ok, merci pour cette... petite présentation. Pour revenir quelques années encore en arrière, tu m'as dit que tu avais eu l'occasion déjà d'écouter quelques épisodes du podcast. Tu connais peut-être la question rituelle que j'aime bien poser au début de chaque échange. François, c'était quoi ton rapport à la nature quand tu étais enfant ? Quels sont tes plus beaux souvenirs ?

  • Speaker #1

    Alors... Bizarrement, je n'en ai pas tant que ça, mais comme je fais faire ce même exercice à plein de gens quand on fait des stages de formation, bien sûr, je me suis interrogé. Et je me revois à l'âge de 10-12 ans, en vacances, à courir après les papillons. Et courir après les papillons... Ça voulait dire que je m'écartais de mon père et ma mère qui se reposaient dans la campagne ou dans la montagne. Et je partais tout seul. Et je me retrouvais seul dans la nature à chercher les papillons. Alors, à cette époque, je dois le confesser, les pauvres papillons finissaient dans des boîtes. Alors, j'ai un peu honte, mais j'assume parce que... C'est peut-être le premier livre que j'ai acheté, un guide d'identification des papillons. Et je prenais soin de faire des petites étiquettes. Et j'ai toujours d'ailleurs ces quelques papillons. Je n'ai jamais fait une grande collection, mais j'ai toujours ces papillons. Ils sont toujours là. Et donc, j'ai vraiment ce souvenir d'être au contact de la nature, seul, et avec dans mon sac... Beaucoup de curiosité, un appétit, envie de savoir, envie de connaître les noms de ces papillons et de les observer longuement parce que c'était beau. J'étais un peu fasciné et comme quoi on peut être fasciné et en même temps fermer les peaux aux papillons sur des épingles, c'était cruel. Et c'est là que, quelques années après, quand j'étais jeune homme, j'ai découvert la hulotte et plus jamais. Je n'ai réussi à tuer un animal ou le faire souffrir. Peut-être que mon deuxième souvenir ne remonte pas à l'enfance, mais comme je l'ai dit tout à l'heure, c'est la lecture de la huote, qui m'a véritablement fait basculer et qui a créé chez moi, peut-être, si j'emploie des grands mots, je dirais un projet de vie. d'éduquer les enfants à la nature, de leur montrer la nature, de leur donner le goût de la nature, et d'élever le plus haut possible leur niveau de connaissance et leurs compétences pour agir en faveur de la nature.

  • Speaker #0

    Et ça a été quoi du coup après ton parcours, puisque tu t'investis aujourd'hui de façon bénévole au sein de la FCPN ? Et donc à partir de ce moment, de cette lecture de la hulotte, quels sont les chemins que tu as pris dans cette animation nature et cet accompagnement des enfants ?

  • Speaker #1

    Eh bien, ce sont mariés chez moi deux convictions. La première, c'est que notre lien à la nature, notre rapport à la nature, il est fondamental. Donc je l'ai dit, merci à Pierre Déhomme et à la hulotte. Mais j'avais une deuxième conviction. c'est que l'éducation populaire est quelque chose de prioritaire dans l'éducation. Et donc, j'ai été formé par un grand organisme d'éducation populaire que certains connaissent, qui s'appelle les Franca, où j'ai puisé à la fois les valeurs que porte l'éducation populaire, le partage, l'égalité pour tous, le développement, l'épanouissement personnel, la solidarité. J'ai développé tout ça et ensuite, professionnellement, j'ai été maître d'école, comme j'aime à le dire. Et j'ai appliqué exactement tout ce que j'avais appris qui m'a formé à l'éducation populaire. En fait, je l'ai appliqué à mon métier d'instituteur. Plus tard, j'ai rencontré une association qui naissait à Rouen qui s'appelle Carder. Et donc, avec cet ami qui montait cette association, nous avons mis sur les rails ce... J'ai arrêté d'être maître d'école, mais je mettais au profit de Carder mes compétences de maître d'école, c'est-à-dire ma connaissance du monde de l'enseignement, des programmes, des méthodes. Ce qui fait que Carder est devenu très rapidement, autour de Rouen, puis ensuite sur les deux départements, Seine-Maritime et Or, un acteur majeur de l'éducation à la nature et de l'éducation à l'environnement. Dans mon parcours, j'ai connu. J'ai connu cette évolution qu'on cite parfois, à savoir que dans les années 80, on était tous des animateurs nature. Dans les années 90 sont arrivées toutes les problématiques environnementales et le terme d'éducation à la nature a été un peu mis de côté au profit de l'éducation à l'environnement. Et assez rapidement, on s'est aperçu également que ce qu'il fallait faire pour transformer un peu les gens, c'était... les initier au geste. Et nous avons au geste qui protège la planète. Et on a formé d'ailleurs le terme d'éco-citoyenneté, auquel personnellement je souscris complètement. Puis est arrivé le concept de développement durable. Aujourd'hui, la transition écologique. Et d'aucuns disent que si toutes ces évolutions sont nécessaires, parce qu'on le sait, ça n'est pas un scoop, la planète ne tourne pas très rond. Enfin, si, elle tourne rond, mais... La nature, en tout cas, et la biodiversité sont extrêmement malmenées et ça ne s'arrange pas. Et donc, toutes ces évolutions de l'éducation à la nature jusqu'à l'éducation à la transition sont nécessaires, bien évidemment. Mais d'aucuns disent que l'éducation à la nature est restée un peu sur le bord du chemin. C'est ce qui nous a valu en Normandie de créer un collectif qui s'appelle le collectif Éduquer à la nature. Alors là, c'est donc un rassemblement d'acteurs de l'éducation à la nature. Et même si, bien sûr, nous savons qu'il est absolument nécessaire et urgent de travailler sur les thèmes du climat, de l'alimentation, de la santé, de la mobilité, il faudrait vraiment mettre en équilibre tous les programmes d'action, les programmes budgétaires, les programmes politiques qui éduquent à la nature. Donc en Normandie, nous avons une action majeure en ce sens et j'ai l'honneur d'animer ce collectif. Et pour tout te dire, Claire, j'ai l'impression que nous remportons des petites victoires et qu'on marque quelques points. Peut-être y reviendrons-nous une autre fois si tu le souhaites.

  • Speaker #0

    Oui, avec grand plaisir, oui. Oui, oui, on développera davantage pour... expliquer un petit peu aux personnes qui nous écoutent. On s'est dit qu'on avait beaucoup, beaucoup de sujets à aborder et qu'il serait chouette de prendre le temps sur certains d'entre eux parce que ça mérite d'être développé. Et donc, on fera un nouvel échange pour approfondir tout ça avec grand plaisir. Alors, écoute, pour revenir pour le moment sur la FCPN, tu le disais, ça fait... 40 ans maintenant que tu t'investis, donc tu as quand même une bonne partie de l'histoire, tu fais partie de l'histoire de la FCPN. On avait déjà un petit peu abordé sur le podcast ce qu'était cette fédération avec Cécile du club Mettez Botte qui est installé sur Lille, à Lille. Mais pour rafraîchir les mémoires ou pour les personnes qui n'ont pas encore écouté l'épisode en question, est-ce que tu veux bien présenter la FCPN ? Tu as évoqué le magazine La Hulotte, mais du coup il n'y a pas que ça. Il y a d'autres projets, mais surtout la raison d'être du coup de la FCPN.

  • Speaker #1

    Mais oui, mais volontiers. Peut-être qu'on peut, pour situer dans le paysage français, situer un peu les clubs qui sont aux alentours de 500. Mais il y a aussi des familles CPN, c'est-à-dire là, c'est au sein de la famille qu'on adhère à la fédération. Et il y a aussi des individus, n'importe qui peut adhérer individuellement à la FCPN et se connecter à cette fédération. Alors cette fédération, elle a quelques spécificités et quelques caractéristiques, notamment qu'elle est très ancienne. On a fêté nos 50 ans l'année dernière, ce qui veut dire qu'il y a de l'expérience derrière la fédération et il y a un capital d'outils qui est là au service de tous les éducateurs à la nature, qu'ils soient enseignants, animateurs, animateurs professionnels, animateurs bénévoles ou parents. Donc il y a une énorme quantité d'outils. sous la forme de cahiers techniques qui aident ce que nous appelons nous des passeurs de nature. Et une des spécificités des clubs CPN, c'est que n'importe qui peut créer son club. N'importe qui, qui a pour envie de donner le goût de la nature à d'autres, bon, la plupart du temps des enfants, soyons clairs, eh bien, tout un chacun peut ouvrir son club CPN. À partir de là, il y a une raison d'être qui est annoncée, et celui qui ouvre son club CPN va évidemment adhérer à l'idée que je vais développer, parce qu'on a bien défini la raison d'être des CPN, je vais y revenir. Mais à partir du moment où quelqu'un ou plusieurs personnes ouvrent leur club, nous avons coutume de dire qu'il fait ce qu'il veut, comme il veut, quand il veut, où il veut, avec qui il veut. Nous attachons de l'importance. à laisser une grande liberté et une grande simplicité à la recette. C'est peut-être d'ailleurs pour ça qu'elle marche assez bien, cette recette. Donc, c'est à la fois cadré par cette raison d'être, mais en même temps, nous souhaitons laisser une grande liberté pour que ça puisse s'adapter à tous les cadres, que ce soit une école, un enseignant peut créer son club, que ce soit... un individu dans son village qui aime la nature et qui réunit autour de lui 5, 6, 10, 12, 20 enfants, ou que ce soit un animateur dans une structure socioculturelle, ou un animateur professionnel dans une structure d'éducation à l'environnement. Du coup, le club CPN s'adapte à toutes ces situations-là. C'est ce qui le rend intéressant, selon nous. Après, évidemment, on ne fait quand même pas n'importe quoi dans un club CPN. Il y a un cadre qui est décrit dans une charte qu'on retrouve sur le site internet de la FCPN. Mais je vais bien m'arrêter quelques instants sur la raison d'être. On dit parfois ce qui n'est rien d'autre qu'un projet pédagogique. Et ce projet pédagogique, il repose sur deux piliers. Parfois, on parle de deux jambes. Parce que nous avons pointé qu'outiller les enfants, les ados, les adultes, pour qu'ils deviennent... respectueux et qu'ils vivent en harmonie avec la nature, il y a deux grandes conditions. La première, c'est qu'ils se sentent reliés à la nature. Ce fameux concept de connexion à la nature que l'on manipule parfois avec précaution. En tout cas, nous disons que la première des choses est certainement à donner le goût de la nature, Faire que les enfants soient sensibles à la nature, qu'ils se sentent connectés. Personnellement, je n'ai pas peur de le dire, parce que ce terme de connexion, il a quand même quelques intérêts. En tout cas, nous disons que dans la proposition CPN, par moment, il faut travailler ce lien sensible à la nature par des activités sensorielles. par du jeu libre, par des activités, où on va générer de l'émotion, où la nature va pénétrer dans l'intériorité de l'enfant et de la personne, où on va le faire s'exprimer, on va lui faire ressentir des choses. Tout ce que l'on sait aujourd'hui sur la manière de faire comprendre aux enfants et aux adultes aussi, que nous sommes des personnes humaines liées à la nature. Ça, c'est le premier volet. Et le deuxième volet, que par respect d'égalité, je vais décrire dans le même nombre de secondes, c'est le volet de la connaissance. Car nous sommes les héritiers de la hulotte, nous sommes les enfants de la hulotte. Et si dans la hulotte, on retrouve vraiment cette idée de se connecter à la nature et ce lien sensible, il y a également le volet de la connaissance. Et nous disons que... Oui, il est important, voire essentiel, de connaître la nature, de mettre des noms sur les êtres non humains qui nous entourent. Oui, ça comporte un véritable intérêt dans l'épanouissement de la personne et dans la construction de la conscience écologique, de savoir nommer les papillons qui volent dans le jardin, de mettre des noms sur les arbres du chemin de l'école. de repérer l'arrivée des hirondelles au printemps, et de repérer les coccinelles qui sont dans la pelouse, etc. Et nous nous appuyons sur quelques éléments de recherche, des études qui ont été faites, qui démontrent qu'il y a, oui, il y a un lien direct entre le sentiment d'être connecté à la nature et la conscience écologique. Il existe également un lien direct entre le niveau de connaissance et la conscience écologique et la capacité à agir. Là-dessus, on a surtout des données sur l'érosion de la connaissance. Et là, il conviendrait de mettre en parallèle l'érosion de la biodiversité, qui ne fait plus aucun doute aujourd'hui, et une forme d'érosion de la connaissance. Je vois dans mon entourage la difficulté des personnes, quelles qu'elles soient, à mettre des noms, mais même sur des papillons. Les papillons, ils sont présents, ils sont dans notre quotidien. Et au mieux, on les voit et on ne sait pas les nommer. Au pire, on ne les voit pas. Donc, oui, nommer Hubert Reeves dit, il est temps de faire sortir la nature de l'anonymat. Ou il dit aussi, nommer les êtres vivants qui nous entourent, c'est les faire exister. Et nous souscrivons à cette idée. Chez les CPN, les programmes, les propositions, même les petits concours que propose la FCPN sont toujours équilibrés, à la fois sur l'aspect connexion, donner le goût de la nature, créer le lien à la nature, et apporter de la connaissance. Et j'aimerais même évoquer l'hypothèse que la connaissance, ça peut faire du bien. Nous faisons même l'hypothèse d'une forme de connaissance intime. La connaissance qui me transforme, la connaissance qui me fait du bien, si tu vois ce que je veux dire. Et alors après, il faudrait détailler un peu ce qu'on met derrière connaissance, et j'avoue, je ne l'ai pas fait. Connaître, ce n'est pas forcément mettre des mots, ce n'est pas forcément mettre des noms. Oui, c'est utile, mais la connaissance, c'est aussi la connaissance par l'expérience, savoir. fabriquer un petit quelque chose avec une feuille de ceci ou une petite cordelette avec l'ortie. C'est aussi savoir se fabriquer un petit jouet. C'est aussi manipuler la terre. C'est aussi connaître, savoir ce qu'on faisait autrefois de cette plante ou de cet animal. La connaissance, elle est multiforme, mais on reste quand même sur de la connaissance. Voilà un peu résumé ce que nous visons. à la FCPN et voilà un peu comment nous pensons l'éducation à la nature. Et puis j'ajouterai encore une fois, je vais faire référence à la hulotte, mais après, promis, j'arrête. Tous les lecteurs qui lisent la hulotte disent Mais quel plaisir quand je reçois un nouveau numéro, je l'avale d'un trait ! Car oui, oui, le plaisir d'apprendre, ça existe. Et les enfants que j'ai dans mon club pourraient en témoigner. Ils aiment apprendre. Et apprendre, ce n'est pas forcément barbant. Malheureusement, je connais quelques sphères dans lesquelles apprendre n'est pas très plaisant. Et c'est vraiment dommage parce que les enfants qui viennent au club, les adultes qu'on a dans nos sorties, prennent plaisir à découvrir le piquant de l'ortie, à voir de près les yeux d'une libellule ou tous ces p... petits détails qui associent. le plaisir et l'apprentissage. Et peut-être, Claire, si tu veux bien, pour terminer, car oui, j'aime bien faire l'apologie de la connaissance, si on pense que nos concitoyens ont leur part à faire pour préserver la nature, eh bien, il faut savoir agir en connaissance de cause, dit-on. C'est-à-dire que... On peut aussi faire des bêtises. Agir en faveur de la nature demande quand même quelques compétences et il faut savoir comment la nature fonctionne et il faut connaître les espèces vivantes pour ne pas faire de bêtises. Donc, améliorer son niveau de connaissance, c'est aussi améliorer sa capacité à agir et à agir de façon pertinente. Et peut-être que pour terminer... la boucle de ce raisonnement, cette sensibilité à la nature, alors là je reviens sur la première jambe qui nous fait avancer dans la construction de notre rapport à la nature, être sensible à la nature et être outillé par de la connaissance nous rend capable d'agir et permet de prendre part au débat public, car aujourd'hui en France on regrette que la question de l'écologie et de l'environnement. Si dans certains sondages, à le vent en poupe, dans la réalité, on n'y est pas complètement. Et on a besoin de former des personnes capables de s'engager et de prendre part au débat public pour dire que la nature doit reprendre sa place dans l'aménagement des territoires, dans les programmes. dans les priorités, il est temps que les citoyens portent leurs paroles. Et pour ça, ils doivent être outillés et ils doivent être sensibles à la nature.

  • Speaker #0

    Écoute, je rebondis sur cette question d'outils, sur cette première jambe qui est la connexion à la nature par l'approche sensible. On voit la connaissance, connaître la nature. Pour une personne qui a un club CPN, qui souhaite en ouvrir un, j'imagine qu'elle trouve dans les gazettes techniques plein d'informations pour partager, transmettre cette connaissance-là. Comment est-ce que la FCPN sensibilise les personnes à la connexion à la nature ? Parce que quand soi-même en tant qu'adulte, soit on n'a pas connu une enfance... très proche de la nature, où on s'est complètement déconnecté de la nature. Comment est-ce que ces personnes-là, par quel biais vous les amenez à ce... Est-ce qu'il y a des outils que la FCPN met en place, propose ? Est-ce qu'il y a des formations pour amener vers cette connexion à la nature qui est effectivement très personnelle et qui est, je trouve, d'un point de vue matériel, qui se trans... Ça se vit, la connexion à la nature. Alors comment est-ce que la FCPN amène ses adhérents à eux-mêmes vivre et partager cette connexion à la nature, amener les enfants à se connecter à la nature au sein des clubs ?

  • Speaker #1

    Je comprends bien ta question. Que ce soit sur le sentiment de connexion ou que ce soit sur le niveau de connaissance, nous avons affaire aujourd'hui à une société qui est défaillante dans les deux axes. On parle bien d'extinction d'expérience de nature, on parle bien d'érosion de connaissances, et donc comment faire dans cette société où les adultes, les éducateurs, sont de moins en moins connectés à la nature et connaissent de moins en moins la nature ? Nous avons besoin d'inverser une tendance. Alors évidemment, ce n'est pas facile, mais à la FCPN, on a à notre actif des outils. un outillage qui aide précisément toutes ces personnes qui s'engagent dans la création d'un club. On a repéré que...

  • Speaker #0

    Donc globalement, c'est un peu schématique, mais ça marche quand même un peu. Globalement, il y a deux tendances chez les personnes qui créent un club. Il y a les personnes qui connaissent un peu la nature, qui sont un peu des amateurs de nature et qui disent que c'est important de montrer la nature aux enfants. Il y a la deuxième catégorie de personnes qui sont plutôt des éducateurs. Les éducateurs qui comprennent le projet pédagogique de remettre les enfants dans la nature. Et alors, les premiers qui connaissent bien la nature ne sont pas forcément pédagogues. Les deuxièmes qui sont pédagogues ne s'y connaissent peut-être pas forcément bien en nature. Et donc, il faut outiller les deux. Et c'est là la spécificité des cahiers techniques des CPN, car ils sont rédigés, grosso modo, 50%. de l'apport naturaliste, 50% de l'apport pédagogique. Ce qui fait que tout le monde s'y retrouve et en lisant un cahier technique sur toutes les thématiques qui sont parues depuis, mais évidemment, on n'a pas brossé tous les taxons, ni tous les groupes, mais en partant des araignées, en passant par les escargots jusqu'aux graines, jusqu'aux plantes à fleurs, un cahier technique... procure aux responsables de club ou aux enseignants, ou même des fois aux animateurs nature professionnelle, un peu de bagage de connaissances, comme ça on sait ce qu'il faut transmettre. Et en même temps, des jeux, des idées d'activité, comme ça on sait comment le transmettre. Pour la connexion à la nature, l'AFCPN a édité un cahier technique sur ce thème-là, qui s'appelle l'approche sensible, et où là on donne également des pistes. pour mettre les enfants dans certaines situations qui sont propices à ce que les enfants ressentent leur lien à la nature. Le président de l'association dans laquelle je travaille m'avait dit il y a très longtemps, mais il était en train de comprendre un peu tous ces aspects de l'éducation à la nature, il prenait conscience que les gens n'allaient plus dans la nature, et il me dit, alors François, si je comprends bien... éduquer à la nature, ça n'est plus naturel. En effet, il évoquait le fait qu'autrefois, on vivait au contact de la nature. Alex Koskia, dans ses ouvrages, par exemple, explique ça très bien, entre autres. Et il est vrai que les gens, autrefois, il y a quelques dizaines d'années, étaient beaucoup plus en expérience de nature. Connaissaient-ils la nature ? Ce n'est pas très sûr. Ils pouvaient faire des erreurs en nommant les espèces. Mais en tout cas, ils avaient une forme de connaissance. une familiarisation avec la nature qu'aujourd'hui nous n'avons plus. Et ces gens-là étaient certainement très sensibles à la nature. Ils savaient bien au loin, quand ils entendaient un oiseau, ils savaient qu'il se passait quelque chose. Ils étaient liés aux événements de la nature. Ça n'est plus le cas aujourd'hui. Alors, on a identifié des activités que les animateurs nature mettent en place. eux-mêmes, pour mettre les enfants dans des conditions où ils vont développer leur sens, ils vont vivre des émotions. On les connaît tous, par exemple, toucher avec ses mains des objets sans la vue, ou focaliser son attention sur un champ d'oiseaux, ou fermer les yeux et rester seul dans la nature et approcher de l'état de méditation. des activités qui sont propices à ce que l'enfant vive quelque chose, ressente quelque chose et identifie son lien à la nature. Voilà un exemple de cahier technique qui préconise comment on peut organiser ces expériences de nature avec un groupe d'enfants. C'est un des cahiers techniques édités dernièrement par la FCPN et que je recommande à vos auditeurs.

  • Speaker #1

    Et c'est vrai que tu parlais tout à l'heure de l'évolution, de l'approche et des noms qu'on a pu mettre, éducation à l'environnement, développement durable, etc. Je me souviens, il y a quelques années, j'avais été frappée en feuilletant un livre jeunesse sur la planète, comment protéger la planète, voilà. toutes les espèces qui étaient évoquées, présentées. sont des espèces qui vivent très loin de nous. Et c'est souvent, pendant longtemps, et encore aujourd'hui, on le retrouve toujours dans les livres jeunesse, l'angle qui est donné, les exemples qui sont montrés, c'est l'ours polaire sur sa banquise qui va mal. Et la connexion, là, elle est impossible, parce que le seul endroit où les enfants... peuvent éventuellement rencontrer ces animaux, ce sont dans des zoos, dans des parcs animaliers. Mais au quotidien, il ne rencontrera pas ces espèces-là. Et c'est là où je trouve qu'effectivement, la FCPN propose quelque chose qui favorise cette connexion-là, parce qu'on s'ouvre à ce qui est tout proche de nous. Et je considère que c'est par là, je suis persuadée que c'est par là que ça commence, avant d'aller... regarder et se demander ce qui se passe à l'autre bout de la planète, où c'est souvent là qu'on perd les jeunes. Quand tu parlais des gestes à faire pour protéger cette nature, on a du mal à voir le lien entre le moment où je vais faire tel geste et ce qui va se passer à des milliers et des milliers de kilomètres de moi. Et c'est vrai que cette articulation du coup entre la connaissance toute proche de la nature qui nous entoure, vraiment. Et cette connexion, elle se fait bien là. Je trouve que c'est une histoire de ressenti, mais...

  • Speaker #0

    Il est vrai que les jeunes enfants, ça, ça marche à 100%, sont fascinés. Il y a un pouvoir de fascination du lion, de la girafe, du guépard, soit par... Il faut bien avouer que ces espèces-là dégagent quelque chose. On ne peut pas le nier. Et donc, c'est beau, ou c'est mignon, ou c'est fascinant, ou ça fait peur. Et donc, ça réveille quand même quelque chose chez l'enfant. On ne peut pas le nier. Et c'est plus facile, sans doute, à faire dans des ouvrages de jeunesse, et ça se vend mieux, certainement, quand on traite ce type d'animaux que la limace, l'araignée, ou la chauve-souris, ou d'autres espèces, ou la mouche. Or, nous, nous le savons, il y a autant de merveilleux dans une mouche que dans une girafe. Ça peut paraître bizarre, mais oui, en effet, nous accordons davantage de valeur à connaître la nature qui nous entoure, la nature vraiment de proximité, et en la fréquentant, en la fréquentant souvent, en allant souvent dans cette nature. En apprenant à connaître les espèces végétales et animales comme on connaît les gens de notre famille, la nature devient familière et on le sait qu'un lien affectif se développe. Et il est intéressant ce lien affectif parce qu'il révèle chez l'enfant une forme d'appartenance à la nature. Ce qui nous permet de parfois un peu prendre un contre-pied. certains arguments qui disent, oui, mais en nommant la nature, vous distinguez l'homme et la nature. Non, non, non, non. Enfin, oui, on peut, oui, c'est une manière de voir les choses, mais il y a une autre manière qui consisterait à dire qu'en la fréquentant, en la connaissant, en l'appréciant, on développe un lien qui devient une forme d'appartenance à la nature. Et j'ajoute qu'avec cette... Bivalence, comprendre son lien et connaître la nature. Quand on va en milieu naturel, on voit se développer une forme de qualité de présence à la nature. J'en ai vraiment fait l'expérience les premières fois où je suis allé dans la Garigue, par exemple. La Garigue qui est complètement étrangère. Alors là, j'étais complètement perdu. J'étais mal, je n'étais pas très bien. Tous ces arbustes là qui... qui ne ressemblaient à rien, en tout cas que je n'avais jamais vu, et dont je ne savais rien, je ne savais rien d'eux, sans doute ne savaient rien de moi non plus. Et donc, il m'a fallu un temps pour me familiariser, et j'ai vraiment ressenti à la fois le plaisir d'apprendre des choses sur ces espèces, j'ai fait connaissance avec elles, et ensuite, quand je retournais dans la garigue, je m'apercevais que je les reconnaissais. Et du coup, je me sentais bien, je me sentais lié à ces espèces. La connaissance débouche sur une forme de lien. Et je ne vais pas dire que je me sentais chez moi, mais je me sentais mieux du fait de les connaître parce que j'y suis allé quand même un certain nombre de fois et j'avais quand même un certain nombre d'informations sur ces espèces animales et végétales. Et je ressentais une autre qualité de présence à la nature qui m'entourait. Et j'aimerais bien... que tout un chacun, mon voisin, les gens de ma famille, les enfants de mon club, les enfants de l'école de mon village, j'aimerais qu'ils ressentent ça et qu'ils puissent évaluer cette qualité de présence à la nature. C'est pour moi fondamental. C'est d'autant fondamental que ceci débouche sur la prise en compte que ça existe, sur la prise en compte que, comme on l'a dit tout à l'heure, tout ne tourne pas rond et que je peux faire ma part. Et donc, je peux devenir actif en faveur de cette nature parce que j'y suis lié, parce que j'en fais partie. C'est un peu de moi-même. Et donc, naturellement, je dois prendre soin de cette nature dont je fais partie. Autrement dit, développer son lien à la nature, associer à de la connaissance, ça débouche naturellement sur... une capacité à agir et sur ce sentiment d'être responsable de la qualité de la nature qui est autour de moi.

  • Speaker #1

    Je te remercie de partager cette anecdote parce que parmi les freins parfois qu'on entend des personnes qui ont envie d'amener des enfants en nature, qui sentent qu'il y a quelque chose qui les attire là-dedans, mais qui n'osent pas parce qu'elles se... parce qu'elles disent, elles expriment le fait qu'elles n'ont pas de connaissances naturalistes, qu'elles n'ont pas appris tout ça. Là, tu le dis, tu es arrivé dans un environnement, dans un milieu naturel, dans la gare avec laquelle tu n'étais pas familière. Et ça peut effectivement créer peut-être un inconfort, peut-être on peut être intimidé aussi quand on se retrouve, je pense notamment en forêt, ça peut être intimidant. Mais la connaissance, elle peut venir, déjà, elle vient du terrain et elle peut venir petit à petit. Et c'est à force de côtoyer cette nature. Il y a un truc qui se crée où plus on en apprend, plus on a envie d'en apprendre. Et on tire le fil comme ça. Et du coup, je te remercie de partager cette anecdote. Parce que moi, en tout cas, de ce que j'ai pu entendre, et les personnes qui sont venues sur le podcast ont été plusieurs à exprimer que... Pendant longtemps, elles se sont empêchées de sortir avec des enfants, d'emmener des enfants dehors, parce qu'elles se disaient qu'elles connaissaient très peu le monde qui nous entourait.

  • Speaker #0

    Mais si tu veux bien, il faudrait ajouter une autre donnée. C'est qu'aujourd'hui, sans doute à cause des conditions de vie qu'on a aujourd'hui, les rythmes infernaux, la technologisation... le virtuel qui s'installe dans nos vies. On ne fait plus attention à la nature. Et il est aujourd'hui démontré que les capacités attentionnelles sont un outil de mesure de l'environnement et les capacités attentionnelles sont les premiers maillons de cette chaîne de la connexion. Aujourd'hui, on prête de moins en moins attention à la nature qui nous entoure. Et là, la bonne nouvelle, c'est que la capacité attentionnelle, elle s'éduque. Elle s'éduque par des jeux, des activités, de lecture, des exercices sensoriels, par de la fréquentation longue et récurrente. notre capacité d'attention à la nature, elle s'éduque. Et ça, c'est bien de le savoir parce que tout le monde peut le faire. Là, il n'y a pas besoin d'être un naturaliste pour ça. Et tout le monde peut emmener des enfants en nature. Des grands-parents, des enseignants, des animateurs, moi avec mon petit voisin. La simple attention portée à la nature est un premier pas vers la connexion. Et ça fait l'objet. dans nos animations nature, d'exercice, enfin quand je dis exercice, entendons-nous, simplement parfois en demandant aux gens de... simplement d'écouter. Oh, vous avez entendu ? Les gens disent Non, quoi ? Et on leur fait remarquer un oiseau qui est perché et qui chante, ils disent Ah oui, en effet ! Et le simple fait de faire ça, après, à penser qu'une autre fois, les gens porteront attention à ce chant d'oiseau. Et c'est extrêmement important. Et dans tout ce qu'on propose au public, il faut penser à développer leur concentration et leur capacité à poser leur attention sur ce qui se passe, les mouvements, les transformations, ou ce qui est beau, ce qui touche, ou au contraire, ce qui fait réagir. C'est aussi une partie des activités CPN, développer l'attention.

  • Speaker #1

    Alors, le temps avance. Je te propose en… Pour terminer cet échange, après avoir fait le… après avoir diffusé l'épisode avec Cécile, il y a des personnes qui m'ont envoyé un petit message pour me dire Ah, mais du coup, j'ai découvert l'existence des clubs CPN et ça me donne envie d'en créer un. Et donc, qui se sont lancés ? Disait la CITEL à quelques années maintenant, j'ai vu qu'elle avait son propre site internet et que du coup, c'est un club CPN, mais il y a aussi d'autres activités. Est-ce que… ça inspire, ça donne des idées aux gens. Est-ce que tu peux, est-ce que tu veux bien nous dire un petit peu ce qui s'y passe à la CITEL ? Quelles sont les différentes activités que vous proposez ?

  • Speaker #0

    Oui, très volontiers. Donc, historiquement, la CITEL, c'est un club CPL. Connaître et protéger la nature, la CITEL, voilà. C'est vraiment le démarrage et qui a été l'activité unique de la CITEL. Mais les parents des enfants, venaient régulièrement se plaindre en disant Oui, il paraît que vous êtes allés voir les orchidées sur les talus de la commune d'à côté et nous, on ne sait même pas qu'ils sont là, on voudrait bien, nous aussi, profiter des activités comme les enfants. Alors, nous avons répondu Très bien, pas de problème et nous avons créé la CITEL adulte. On n'est pas très nombreux, on est entre 60 et 80 adhérents. Et à l'Assemblée Générale, nous constituons un programme de sortie d'activités, d'ateliers, et tout au long de l'année, entre adultes. Alors, c'est famille, en fait, les adultes viennent avec leurs enfants, et donc nous faisons des activités d'initiation au chant des oiseaux au printemps, ou d'entretien. d'un petit terrain dont nous avons la jouissance, où on fait des décos naturels pour Noël, ou des recettes de cuisine sauvage. Donc au Club CPN s'est ajoutée la cité à l'adulte. Et puis, il y a quelque temps, j'ai eu le privilège de rencontrer des acteurs majeurs du RPPN, du Réseau de la Pédagogie par la Nature. J'ai fait un stage avec eux et... Ma culture CPN s'est trouvée un peu secouée, a vacillé sur ses bases, mais je te rassure, elles se sont vite recentrées. Mais j'ai découvert les propositions du RPPN et j'ai été extrêmement séduit. J'ai trouvé ça très malin, pertinent, dans l'air du temps. Et c'est différent de la proposition CPN, mais pas tant que ça. Mais c'est quand même différent. Or... Sur le terrain dont je parlais il y a quelques instants, j'ai trouvé adapté de monter une forest school. Et donc, avec quelques amis, nous avons créé une forest school, qui s'appelle la forest cool de la CITEL. Et donc, une troisième activité, c'est greffer à la CITEL. Nous accueillons des enfants à la journée, en mode feu, initiation au couteau, cabane, grimper dans les arbres, avec une posture très différente de l'animateur. de la Forest School, de l'animateur du club CPN. Et je me suis vu encadrer la Forest School le matin, très inspiré des méthodes RPPN, et l'après-midi, accueillir d'autres enfants au club CPN et changer de posture. Et ça me va très bien, car les deux sont véritablement intéressants. Avec des enfants d'ailleurs qui venaient de la Forest School et qui sont passés au club CPN, et inversement, des enfants du club CPN qui sont passés à la Forest School. Comme quoi, les deux répondent à une attente et correspondent bien au développement de l'enfant. Voilà, et puis après, par le passé, c'est vrai que... un parent amenant leurs enfants au club cpn avec des tout petits ne savait pas quoi faire quoi en faire alors mathilde à la citel a proposé d'accueillir des 0,3 ans et nous avons créé la micro citel et puis les animatrices qui encadrent la forest school aujourd'hui ont remarqué que on n'avait pas de proposition pour les adolescents alors nous avons créé la citel ado donc de greffe en greffe C'est vrai que la cité, elle a grossi, n'est plus un club CPN, mais est une école de la nature. Je passe l'école de jardinier, je passe l'école d'apiculture naturelle. Et par contre, je m'arrêterai bien sur notre dernière invention, parce que dans notre bande, certains sont devenus papy et mamie. Et on dit, mais nous, en tant que CPN, nos petits-enfants. on va avoir à cœur de leur apprendre la nature. Et on s'est dit, mais il y a certainement d'autres papis et mamies qui aimeraient bien aussi mettre leurs petits-enfants dans la nature. Mais revenu, le titre de ce merveilleux ouvrage de Frédéric Lisac, édition Plume de Carotte, qui s'appelle Au secours, mes petits-enfants débarquent Et donc, nous avons décidé de créer une école pour former les grands-parents. pour qu'ils accueillent leurs petits-enfants en vacances, en week-end, le soir ou je ne sais quoi, en mettant la nature au cœur de leurs activités. Voilà, c'est notre dernière trouvaille. Je crois qu'on va appeler ce club Au secours, mes petits-enfants débarquent Et je suis sûr que les éditions Plume de Carotte nous épargneront un procès. Voilà, Claire, les activités. Mais c'est normal, on est dans un territoire qui est propice, il y a une attente. une attente du public, il y a une attente des parents, il y a même là une attente des collectivités territoriales, et c'est dans l'air du temps, et nous croyons dur comme fer que si nous ne procédons pas à des actions massives d'éducation à la nature, nous allons vers de graves ennuis. Donc, nous essayons d'apporter notre part chaque mercredi, chaque week-end, pendant les vacances.

  • Speaker #1

    Et c'est très inspirant. Ben écoute, justement sur cette dynamique locale, ce que je te propose c'est qu'on se donne rendez-vous à un autre moment pour approfondir ça, pour parler aussi de Carder du coup, puisqu'on n'a pas eu l'occasion de l'évoquer plus en détail, qui est la structure dans laquelle tu travailles. Et voilà, on aura d'autres questions à aborder, à soulever, à approfondir. Je te remercie infiniment d'avoir partagé ça et je te dis à bientôt du coup.

  • Speaker #0

    Très volontiers. Merci Claire.

  • Speaker #1

    Avec plaisir. Merci à toutes et à tous pour votre écoute. J'espère que cette discussion vous a plu et qu'elle éveille en vous une certaine curiosité pour l'éducation en plein air, voire même peut-être une envie de militer pour qu'elle se répande davantage. Pour en savoir plus sur mon invité du jour, je vous invite à vous rendre sur le site pédagogieduvivant.fr. Vous y trouverez toutes les infos à son sujet ainsi que ses recommandations. Sur ce, je vous donne rendez-vous la semaine prochaine pour un nouvel épisode. Et d'ici là, n'oubliez pas, sortir, ça ne doit être que du kiff ! Allez, ciao ciao, à bientôt !

Description

Approche sensible et approche par la connaissance : une complémentarité essentielle, avec François Lenormand, vice-président de la FCPN

Aujourd'hui, je vous invite à découvrir un échange passionnant avec François Lenormand, vice-président de la Fédération pour Connaître et Protéger la Nature (FCPN). Fort de 40 ans d’engagement au sein de cette organisation, François nous raconte son histoire, sa raison d'être et nous partage dans un même temps son expérience de l'animation nature.


Ensemble, nous explorons l’approche sensible, celle qui favorise la connexion à la nature, et l’approche par la connaissance, qui permet à tout.e.s de mettre des noms sur le vivant qui nous entoure. François nous explique la complémentarité et la richesse de ces deux approches dans l’éducation à la nature.


Que vous soyez enseignant, pédagogue par la nature, animateur ou éducateur à l’environnement, cet épisode vous offrira des pistes concrètes pour enrichir votre façon d’accompagner les enfants dans leur découverte du vivant.


Très belle écoute 🌱


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue sur le podcast Enfance en Nature, le podcast qui parle d'éducation en plein air. Je m'appelle Claire et chaque semaine, je reçois ici un ou une pédagogue qui nous partage son expérience en matière d'éducation hors des murs. Famille, professeur des écoles, éducateur, animatrice, ces conversations... ont pour but de transmettre et diffuser des pratiques diverses et variées qui tendent toutes vers un objectif, permettre aux enfants de passer un maximum de temps en extérieur et plus particulièrement au contact de la nature. Si vous souhaitez soutenir le podcast, n'hésitez pas à laisser un avis ou 5 étoiles sur votre plateforme d'écoute et surtout, surtout à le partager autour de vous pour disséminer les graines de l'éducation en plein air. Je vous souhaite une très belle écoute. Aujourd'hui, je vous propose un échange avec François, vice-président de la FCPN, la Fédération pour connaître et protéger la nature. C'est la deuxième fois que nous parlons de la FCPN dans le podcast, puisqu'à l'automne dernier, Cécile, du club Métébote, était venue nous raconter... l'histoire de son club nature et nous expliquer qui peut en créer un et comment cela fonctionne. Mais aujourd'hui, dans cet épisode, nous parlons avec François plus largement de la FCPN et de tous les projets qu'elle porte. François connaît bien cette fédération puisque ça fait maintenant 30 ans qu'il y est adhérent et qu'il s'y investit. Il nous parle ainsi du club nature qu'il a créé. Mais c'est surtout de la diversité des approches dans l'éducation par la nature dont nous avons parlé. Approche sensible et approche par la connaissance, François a pris le temps de présenter leurs particularités, leurs intérêts et surtout leur complémentarité. Quel que soit le cadre dans lequel vous accompagnez des enfants dehors, que vous soyez enseignante, animateur, pédagogue par la nature, éducatrice à l'environnement. Je vous conseille d'écouter cet épisode jusqu'au bout parce que l'expérience et les réflexions amenées par François vous permettront, j'en suis certaine, de questionner et d'enrichir votre approche. Je vous souhaite une très belle écoute. Bonjour François.

  • Speaker #1

    Bonjour Claire.

  • Speaker #0

    Bienvenue sur le podcast, je suis ravie de t'accueillir aujourd'hui. Alors pour tout te dire, quand je t'ai envoyé l'invitation à venir au micro d'Enfance en Nature, j'associais surtout ton nom à la Fédération, à la FCPN, la Fédération pour connaître et protéger la nature. Et puis en faisant mes recherches, j'ai découvert qu'en fait tu t'investis dans plein d'autres projets, dans d'autres structures. Bon, pour les personnes qui nous écoutent, pour qu'elles aient un aperçu des sujets qu'on va pouvoir balayer ensemble aujourd'hui, Est-ce que tu peux nous présenter en quelques mots les différentes casquettes que tu portes aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Oui, très bien. Ce n'est pas forcément le plus facile, mais en effet, mon nom peut être associé à la Fédération des CPN. Pour une bonne raison, c'est que j'ai coutume à dire que les CPN sont un peu mon ADN, c'est-à-dire ce qui m'a... construit depuis très très longtemps et j'y trouve, j'y puise des valeurs, des énergies, des méthodes, mais c'est presque une raison d'être et je ne suis pas le seul à partager ça. Les gens qui s'investissent dans les CPN assez rapidement incarnent un état d'esprit et un projet. Alors l'état d'esprit... Moi, je l'ai découvert assez jeune, tout simplement en lisant la petite revue que tout le monde connaît qui s'appelle La Hulotte, rédigée par Pierre Déhomme depuis les Ardennes. Et quand j'ai découvert cette revue, j'ai découvert que c'était à la fois très humain, très malin, scientifique, rigoureux, mais surtout, c'était marrant. Et c'est peut-être ce qui m'a séduit. C'est un peu cette posture d'être sérieux, mais de ne pas se prendre au sérieux. Et j'ai découvert en lisant La Hulotte que ça pouvait constituer un projet de construire les enfants en y intégrant la nature, mais la nature qui les entoure, la nature qui leur est quotidienne, mais qui ne leur est pas forcément familière. Et j'ai découvert dans La Hulotte le grand intérêt de mettre des noms sur ce qui nous entoure. Et beaucoup plus tard... J'ai compris l'intérêt de mettre des noms sur ce qui nous entoure. Donc, en effet, j'ai un investissement auprès de la Fédération des clubs CPN dans la région Normandie où j'habite, où nous avons créé un réseau régional des clubs CPN. Et très localement, dans le village où j'habite, j'anime depuis plus de 40 ans mon club qui s'appelle La Citelle.

  • Speaker #0

    Ok, merci pour cette... petite présentation. Pour revenir quelques années encore en arrière, tu m'as dit que tu avais eu l'occasion déjà d'écouter quelques épisodes du podcast. Tu connais peut-être la question rituelle que j'aime bien poser au début de chaque échange. François, c'était quoi ton rapport à la nature quand tu étais enfant ? Quels sont tes plus beaux souvenirs ?

  • Speaker #1

    Alors... Bizarrement, je n'en ai pas tant que ça, mais comme je fais faire ce même exercice à plein de gens quand on fait des stages de formation, bien sûr, je me suis interrogé. Et je me revois à l'âge de 10-12 ans, en vacances, à courir après les papillons. Et courir après les papillons... Ça voulait dire que je m'écartais de mon père et ma mère qui se reposaient dans la campagne ou dans la montagne. Et je partais tout seul. Et je me retrouvais seul dans la nature à chercher les papillons. Alors, à cette époque, je dois le confesser, les pauvres papillons finissaient dans des boîtes. Alors, j'ai un peu honte, mais j'assume parce que... C'est peut-être le premier livre que j'ai acheté, un guide d'identification des papillons. Et je prenais soin de faire des petites étiquettes. Et j'ai toujours d'ailleurs ces quelques papillons. Je n'ai jamais fait une grande collection, mais j'ai toujours ces papillons. Ils sont toujours là. Et donc, j'ai vraiment ce souvenir d'être au contact de la nature, seul, et avec dans mon sac... Beaucoup de curiosité, un appétit, envie de savoir, envie de connaître les noms de ces papillons et de les observer longuement parce que c'était beau. J'étais un peu fasciné et comme quoi on peut être fasciné et en même temps fermer les peaux aux papillons sur des épingles, c'était cruel. Et c'est là que, quelques années après, quand j'étais jeune homme, j'ai découvert la hulotte et plus jamais. Je n'ai réussi à tuer un animal ou le faire souffrir. Peut-être que mon deuxième souvenir ne remonte pas à l'enfance, mais comme je l'ai dit tout à l'heure, c'est la lecture de la huote, qui m'a véritablement fait basculer et qui a créé chez moi, peut-être, si j'emploie des grands mots, je dirais un projet de vie. d'éduquer les enfants à la nature, de leur montrer la nature, de leur donner le goût de la nature, et d'élever le plus haut possible leur niveau de connaissance et leurs compétences pour agir en faveur de la nature.

  • Speaker #0

    Et ça a été quoi du coup après ton parcours, puisque tu t'investis aujourd'hui de façon bénévole au sein de la FCPN ? Et donc à partir de ce moment, de cette lecture de la hulotte, quels sont les chemins que tu as pris dans cette animation nature et cet accompagnement des enfants ?

  • Speaker #1

    Eh bien, ce sont mariés chez moi deux convictions. La première, c'est que notre lien à la nature, notre rapport à la nature, il est fondamental. Donc je l'ai dit, merci à Pierre Déhomme et à la hulotte. Mais j'avais une deuxième conviction. c'est que l'éducation populaire est quelque chose de prioritaire dans l'éducation. Et donc, j'ai été formé par un grand organisme d'éducation populaire que certains connaissent, qui s'appelle les Franca, où j'ai puisé à la fois les valeurs que porte l'éducation populaire, le partage, l'égalité pour tous, le développement, l'épanouissement personnel, la solidarité. J'ai développé tout ça et ensuite, professionnellement, j'ai été maître d'école, comme j'aime à le dire. Et j'ai appliqué exactement tout ce que j'avais appris qui m'a formé à l'éducation populaire. En fait, je l'ai appliqué à mon métier d'instituteur. Plus tard, j'ai rencontré une association qui naissait à Rouen qui s'appelle Carder. Et donc, avec cet ami qui montait cette association, nous avons mis sur les rails ce... J'ai arrêté d'être maître d'école, mais je mettais au profit de Carder mes compétences de maître d'école, c'est-à-dire ma connaissance du monde de l'enseignement, des programmes, des méthodes. Ce qui fait que Carder est devenu très rapidement, autour de Rouen, puis ensuite sur les deux départements, Seine-Maritime et Or, un acteur majeur de l'éducation à la nature et de l'éducation à l'environnement. Dans mon parcours, j'ai connu. J'ai connu cette évolution qu'on cite parfois, à savoir que dans les années 80, on était tous des animateurs nature. Dans les années 90 sont arrivées toutes les problématiques environnementales et le terme d'éducation à la nature a été un peu mis de côté au profit de l'éducation à l'environnement. Et assez rapidement, on s'est aperçu également que ce qu'il fallait faire pour transformer un peu les gens, c'était... les initier au geste. Et nous avons au geste qui protège la planète. Et on a formé d'ailleurs le terme d'éco-citoyenneté, auquel personnellement je souscris complètement. Puis est arrivé le concept de développement durable. Aujourd'hui, la transition écologique. Et d'aucuns disent que si toutes ces évolutions sont nécessaires, parce qu'on le sait, ça n'est pas un scoop, la planète ne tourne pas très rond. Enfin, si, elle tourne rond, mais... La nature, en tout cas, et la biodiversité sont extrêmement malmenées et ça ne s'arrange pas. Et donc, toutes ces évolutions de l'éducation à la nature jusqu'à l'éducation à la transition sont nécessaires, bien évidemment. Mais d'aucuns disent que l'éducation à la nature est restée un peu sur le bord du chemin. C'est ce qui nous a valu en Normandie de créer un collectif qui s'appelle le collectif Éduquer à la nature. Alors là, c'est donc un rassemblement d'acteurs de l'éducation à la nature. Et même si, bien sûr, nous savons qu'il est absolument nécessaire et urgent de travailler sur les thèmes du climat, de l'alimentation, de la santé, de la mobilité, il faudrait vraiment mettre en équilibre tous les programmes d'action, les programmes budgétaires, les programmes politiques qui éduquent à la nature. Donc en Normandie, nous avons une action majeure en ce sens et j'ai l'honneur d'animer ce collectif. Et pour tout te dire, Claire, j'ai l'impression que nous remportons des petites victoires et qu'on marque quelques points. Peut-être y reviendrons-nous une autre fois si tu le souhaites.

  • Speaker #0

    Oui, avec grand plaisir, oui. Oui, oui, on développera davantage pour... expliquer un petit peu aux personnes qui nous écoutent. On s'est dit qu'on avait beaucoup, beaucoup de sujets à aborder et qu'il serait chouette de prendre le temps sur certains d'entre eux parce que ça mérite d'être développé. Et donc, on fera un nouvel échange pour approfondir tout ça avec grand plaisir. Alors, écoute, pour revenir pour le moment sur la FCPN, tu le disais, ça fait... 40 ans maintenant que tu t'investis, donc tu as quand même une bonne partie de l'histoire, tu fais partie de l'histoire de la FCPN. On avait déjà un petit peu abordé sur le podcast ce qu'était cette fédération avec Cécile du club Mettez Botte qui est installé sur Lille, à Lille. Mais pour rafraîchir les mémoires ou pour les personnes qui n'ont pas encore écouté l'épisode en question, est-ce que tu veux bien présenter la FCPN ? Tu as évoqué le magazine La Hulotte, mais du coup il n'y a pas que ça. Il y a d'autres projets, mais surtout la raison d'être du coup de la FCPN.

  • Speaker #1

    Mais oui, mais volontiers. Peut-être qu'on peut, pour situer dans le paysage français, situer un peu les clubs qui sont aux alentours de 500. Mais il y a aussi des familles CPN, c'est-à-dire là, c'est au sein de la famille qu'on adhère à la fédération. Et il y a aussi des individus, n'importe qui peut adhérer individuellement à la FCPN et se connecter à cette fédération. Alors cette fédération, elle a quelques spécificités et quelques caractéristiques, notamment qu'elle est très ancienne. On a fêté nos 50 ans l'année dernière, ce qui veut dire qu'il y a de l'expérience derrière la fédération et il y a un capital d'outils qui est là au service de tous les éducateurs à la nature, qu'ils soient enseignants, animateurs, animateurs professionnels, animateurs bénévoles ou parents. Donc il y a une énorme quantité d'outils. sous la forme de cahiers techniques qui aident ce que nous appelons nous des passeurs de nature. Et une des spécificités des clubs CPN, c'est que n'importe qui peut créer son club. N'importe qui, qui a pour envie de donner le goût de la nature à d'autres, bon, la plupart du temps des enfants, soyons clairs, eh bien, tout un chacun peut ouvrir son club CPN. À partir de là, il y a une raison d'être qui est annoncée, et celui qui ouvre son club CPN va évidemment adhérer à l'idée que je vais développer, parce qu'on a bien défini la raison d'être des CPN, je vais y revenir. Mais à partir du moment où quelqu'un ou plusieurs personnes ouvrent leur club, nous avons coutume de dire qu'il fait ce qu'il veut, comme il veut, quand il veut, où il veut, avec qui il veut. Nous attachons de l'importance. à laisser une grande liberté et une grande simplicité à la recette. C'est peut-être d'ailleurs pour ça qu'elle marche assez bien, cette recette. Donc, c'est à la fois cadré par cette raison d'être, mais en même temps, nous souhaitons laisser une grande liberté pour que ça puisse s'adapter à tous les cadres, que ce soit une école, un enseignant peut créer son club, que ce soit... un individu dans son village qui aime la nature et qui réunit autour de lui 5, 6, 10, 12, 20 enfants, ou que ce soit un animateur dans une structure socioculturelle, ou un animateur professionnel dans une structure d'éducation à l'environnement. Du coup, le club CPN s'adapte à toutes ces situations-là. C'est ce qui le rend intéressant, selon nous. Après, évidemment, on ne fait quand même pas n'importe quoi dans un club CPN. Il y a un cadre qui est décrit dans une charte qu'on retrouve sur le site internet de la FCPN. Mais je vais bien m'arrêter quelques instants sur la raison d'être. On dit parfois ce qui n'est rien d'autre qu'un projet pédagogique. Et ce projet pédagogique, il repose sur deux piliers. Parfois, on parle de deux jambes. Parce que nous avons pointé qu'outiller les enfants, les ados, les adultes, pour qu'ils deviennent... respectueux et qu'ils vivent en harmonie avec la nature, il y a deux grandes conditions. La première, c'est qu'ils se sentent reliés à la nature. Ce fameux concept de connexion à la nature que l'on manipule parfois avec précaution. En tout cas, nous disons que la première des choses est certainement à donner le goût de la nature, Faire que les enfants soient sensibles à la nature, qu'ils se sentent connectés. Personnellement, je n'ai pas peur de le dire, parce que ce terme de connexion, il a quand même quelques intérêts. En tout cas, nous disons que dans la proposition CPN, par moment, il faut travailler ce lien sensible à la nature par des activités sensorielles. par du jeu libre, par des activités, où on va générer de l'émotion, où la nature va pénétrer dans l'intériorité de l'enfant et de la personne, où on va le faire s'exprimer, on va lui faire ressentir des choses. Tout ce que l'on sait aujourd'hui sur la manière de faire comprendre aux enfants et aux adultes aussi, que nous sommes des personnes humaines liées à la nature. Ça, c'est le premier volet. Et le deuxième volet, que par respect d'égalité, je vais décrire dans le même nombre de secondes, c'est le volet de la connaissance. Car nous sommes les héritiers de la hulotte, nous sommes les enfants de la hulotte. Et si dans la hulotte, on retrouve vraiment cette idée de se connecter à la nature et ce lien sensible, il y a également le volet de la connaissance. Et nous disons que... Oui, il est important, voire essentiel, de connaître la nature, de mettre des noms sur les êtres non humains qui nous entourent. Oui, ça comporte un véritable intérêt dans l'épanouissement de la personne et dans la construction de la conscience écologique, de savoir nommer les papillons qui volent dans le jardin, de mettre des noms sur les arbres du chemin de l'école. de repérer l'arrivée des hirondelles au printemps, et de repérer les coccinelles qui sont dans la pelouse, etc. Et nous nous appuyons sur quelques éléments de recherche, des études qui ont été faites, qui démontrent qu'il y a, oui, il y a un lien direct entre le sentiment d'être connecté à la nature et la conscience écologique. Il existe également un lien direct entre le niveau de connaissance et la conscience écologique et la capacité à agir. Là-dessus, on a surtout des données sur l'érosion de la connaissance. Et là, il conviendrait de mettre en parallèle l'érosion de la biodiversité, qui ne fait plus aucun doute aujourd'hui, et une forme d'érosion de la connaissance. Je vois dans mon entourage la difficulté des personnes, quelles qu'elles soient, à mettre des noms, mais même sur des papillons. Les papillons, ils sont présents, ils sont dans notre quotidien. Et au mieux, on les voit et on ne sait pas les nommer. Au pire, on ne les voit pas. Donc, oui, nommer Hubert Reeves dit, il est temps de faire sortir la nature de l'anonymat. Ou il dit aussi, nommer les êtres vivants qui nous entourent, c'est les faire exister. Et nous souscrivons à cette idée. Chez les CPN, les programmes, les propositions, même les petits concours que propose la FCPN sont toujours équilibrés, à la fois sur l'aspect connexion, donner le goût de la nature, créer le lien à la nature, et apporter de la connaissance. Et j'aimerais même évoquer l'hypothèse que la connaissance, ça peut faire du bien. Nous faisons même l'hypothèse d'une forme de connaissance intime. La connaissance qui me transforme, la connaissance qui me fait du bien, si tu vois ce que je veux dire. Et alors après, il faudrait détailler un peu ce qu'on met derrière connaissance, et j'avoue, je ne l'ai pas fait. Connaître, ce n'est pas forcément mettre des mots, ce n'est pas forcément mettre des noms. Oui, c'est utile, mais la connaissance, c'est aussi la connaissance par l'expérience, savoir. fabriquer un petit quelque chose avec une feuille de ceci ou une petite cordelette avec l'ortie. C'est aussi savoir se fabriquer un petit jouet. C'est aussi manipuler la terre. C'est aussi connaître, savoir ce qu'on faisait autrefois de cette plante ou de cet animal. La connaissance, elle est multiforme, mais on reste quand même sur de la connaissance. Voilà un peu résumé ce que nous visons. à la FCPN et voilà un peu comment nous pensons l'éducation à la nature. Et puis j'ajouterai encore une fois, je vais faire référence à la hulotte, mais après, promis, j'arrête. Tous les lecteurs qui lisent la hulotte disent Mais quel plaisir quand je reçois un nouveau numéro, je l'avale d'un trait ! Car oui, oui, le plaisir d'apprendre, ça existe. Et les enfants que j'ai dans mon club pourraient en témoigner. Ils aiment apprendre. Et apprendre, ce n'est pas forcément barbant. Malheureusement, je connais quelques sphères dans lesquelles apprendre n'est pas très plaisant. Et c'est vraiment dommage parce que les enfants qui viennent au club, les adultes qu'on a dans nos sorties, prennent plaisir à découvrir le piquant de l'ortie, à voir de près les yeux d'une libellule ou tous ces p... petits détails qui associent. le plaisir et l'apprentissage. Et peut-être, Claire, si tu veux bien, pour terminer, car oui, j'aime bien faire l'apologie de la connaissance, si on pense que nos concitoyens ont leur part à faire pour préserver la nature, eh bien, il faut savoir agir en connaissance de cause, dit-on. C'est-à-dire que... On peut aussi faire des bêtises. Agir en faveur de la nature demande quand même quelques compétences et il faut savoir comment la nature fonctionne et il faut connaître les espèces vivantes pour ne pas faire de bêtises. Donc, améliorer son niveau de connaissance, c'est aussi améliorer sa capacité à agir et à agir de façon pertinente. Et peut-être que pour terminer... la boucle de ce raisonnement, cette sensibilité à la nature, alors là je reviens sur la première jambe qui nous fait avancer dans la construction de notre rapport à la nature, être sensible à la nature et être outillé par de la connaissance nous rend capable d'agir et permet de prendre part au débat public, car aujourd'hui en France on regrette que la question de l'écologie et de l'environnement. Si dans certains sondages, à le vent en poupe, dans la réalité, on n'y est pas complètement. Et on a besoin de former des personnes capables de s'engager et de prendre part au débat public pour dire que la nature doit reprendre sa place dans l'aménagement des territoires, dans les programmes. dans les priorités, il est temps que les citoyens portent leurs paroles. Et pour ça, ils doivent être outillés et ils doivent être sensibles à la nature.

  • Speaker #0

    Écoute, je rebondis sur cette question d'outils, sur cette première jambe qui est la connexion à la nature par l'approche sensible. On voit la connaissance, connaître la nature. Pour une personne qui a un club CPN, qui souhaite en ouvrir un, j'imagine qu'elle trouve dans les gazettes techniques plein d'informations pour partager, transmettre cette connaissance-là. Comment est-ce que la FCPN sensibilise les personnes à la connexion à la nature ? Parce que quand soi-même en tant qu'adulte, soit on n'a pas connu une enfance... très proche de la nature, où on s'est complètement déconnecté de la nature. Comment est-ce que ces personnes-là, par quel biais vous les amenez à ce... Est-ce qu'il y a des outils que la FCPN met en place, propose ? Est-ce qu'il y a des formations pour amener vers cette connexion à la nature qui est effectivement très personnelle et qui est, je trouve, d'un point de vue matériel, qui se trans... Ça se vit, la connexion à la nature. Alors comment est-ce que la FCPN amène ses adhérents à eux-mêmes vivre et partager cette connexion à la nature, amener les enfants à se connecter à la nature au sein des clubs ?

  • Speaker #1

    Je comprends bien ta question. Que ce soit sur le sentiment de connexion ou que ce soit sur le niveau de connaissance, nous avons affaire aujourd'hui à une société qui est défaillante dans les deux axes. On parle bien d'extinction d'expérience de nature, on parle bien d'érosion de connaissances, et donc comment faire dans cette société où les adultes, les éducateurs, sont de moins en moins connectés à la nature et connaissent de moins en moins la nature ? Nous avons besoin d'inverser une tendance. Alors évidemment, ce n'est pas facile, mais à la FCPN, on a à notre actif des outils. un outillage qui aide précisément toutes ces personnes qui s'engagent dans la création d'un club. On a repéré que...

  • Speaker #0

    Donc globalement, c'est un peu schématique, mais ça marche quand même un peu. Globalement, il y a deux tendances chez les personnes qui créent un club. Il y a les personnes qui connaissent un peu la nature, qui sont un peu des amateurs de nature et qui disent que c'est important de montrer la nature aux enfants. Il y a la deuxième catégorie de personnes qui sont plutôt des éducateurs. Les éducateurs qui comprennent le projet pédagogique de remettre les enfants dans la nature. Et alors, les premiers qui connaissent bien la nature ne sont pas forcément pédagogues. Les deuxièmes qui sont pédagogues ne s'y connaissent peut-être pas forcément bien en nature. Et donc, il faut outiller les deux. Et c'est là la spécificité des cahiers techniques des CPN, car ils sont rédigés, grosso modo, 50%. de l'apport naturaliste, 50% de l'apport pédagogique. Ce qui fait que tout le monde s'y retrouve et en lisant un cahier technique sur toutes les thématiques qui sont parues depuis, mais évidemment, on n'a pas brossé tous les taxons, ni tous les groupes, mais en partant des araignées, en passant par les escargots jusqu'aux graines, jusqu'aux plantes à fleurs, un cahier technique... procure aux responsables de club ou aux enseignants, ou même des fois aux animateurs nature professionnelle, un peu de bagage de connaissances, comme ça on sait ce qu'il faut transmettre. Et en même temps, des jeux, des idées d'activité, comme ça on sait comment le transmettre. Pour la connexion à la nature, l'AFCPN a édité un cahier technique sur ce thème-là, qui s'appelle l'approche sensible, et où là on donne également des pistes. pour mettre les enfants dans certaines situations qui sont propices à ce que les enfants ressentent leur lien à la nature. Le président de l'association dans laquelle je travaille m'avait dit il y a très longtemps, mais il était en train de comprendre un peu tous ces aspects de l'éducation à la nature, il prenait conscience que les gens n'allaient plus dans la nature, et il me dit, alors François, si je comprends bien... éduquer à la nature, ça n'est plus naturel. En effet, il évoquait le fait qu'autrefois, on vivait au contact de la nature. Alex Koskia, dans ses ouvrages, par exemple, explique ça très bien, entre autres. Et il est vrai que les gens, autrefois, il y a quelques dizaines d'années, étaient beaucoup plus en expérience de nature. Connaissaient-ils la nature ? Ce n'est pas très sûr. Ils pouvaient faire des erreurs en nommant les espèces. Mais en tout cas, ils avaient une forme de connaissance. une familiarisation avec la nature qu'aujourd'hui nous n'avons plus. Et ces gens-là étaient certainement très sensibles à la nature. Ils savaient bien au loin, quand ils entendaient un oiseau, ils savaient qu'il se passait quelque chose. Ils étaient liés aux événements de la nature. Ça n'est plus le cas aujourd'hui. Alors, on a identifié des activités que les animateurs nature mettent en place. eux-mêmes, pour mettre les enfants dans des conditions où ils vont développer leur sens, ils vont vivre des émotions. On les connaît tous, par exemple, toucher avec ses mains des objets sans la vue, ou focaliser son attention sur un champ d'oiseaux, ou fermer les yeux et rester seul dans la nature et approcher de l'état de méditation. des activités qui sont propices à ce que l'enfant vive quelque chose, ressente quelque chose et identifie son lien à la nature. Voilà un exemple de cahier technique qui préconise comment on peut organiser ces expériences de nature avec un groupe d'enfants. C'est un des cahiers techniques édités dernièrement par la FCPN et que je recommande à vos auditeurs.

  • Speaker #1

    Et c'est vrai que tu parlais tout à l'heure de l'évolution, de l'approche et des noms qu'on a pu mettre, éducation à l'environnement, développement durable, etc. Je me souviens, il y a quelques années, j'avais été frappée en feuilletant un livre jeunesse sur la planète, comment protéger la planète, voilà. toutes les espèces qui étaient évoquées, présentées. sont des espèces qui vivent très loin de nous. Et c'est souvent, pendant longtemps, et encore aujourd'hui, on le retrouve toujours dans les livres jeunesse, l'angle qui est donné, les exemples qui sont montrés, c'est l'ours polaire sur sa banquise qui va mal. Et la connexion, là, elle est impossible, parce que le seul endroit où les enfants... peuvent éventuellement rencontrer ces animaux, ce sont dans des zoos, dans des parcs animaliers. Mais au quotidien, il ne rencontrera pas ces espèces-là. Et c'est là où je trouve qu'effectivement, la FCPN propose quelque chose qui favorise cette connexion-là, parce qu'on s'ouvre à ce qui est tout proche de nous. Et je considère que c'est par là, je suis persuadée que c'est par là que ça commence, avant d'aller... regarder et se demander ce qui se passe à l'autre bout de la planète, où c'est souvent là qu'on perd les jeunes. Quand tu parlais des gestes à faire pour protéger cette nature, on a du mal à voir le lien entre le moment où je vais faire tel geste et ce qui va se passer à des milliers et des milliers de kilomètres de moi. Et c'est vrai que cette articulation du coup entre la connaissance toute proche de la nature qui nous entoure, vraiment. Et cette connexion, elle se fait bien là. Je trouve que c'est une histoire de ressenti, mais...

  • Speaker #0

    Il est vrai que les jeunes enfants, ça, ça marche à 100%, sont fascinés. Il y a un pouvoir de fascination du lion, de la girafe, du guépard, soit par... Il faut bien avouer que ces espèces-là dégagent quelque chose. On ne peut pas le nier. Et donc, c'est beau, ou c'est mignon, ou c'est fascinant, ou ça fait peur. Et donc, ça réveille quand même quelque chose chez l'enfant. On ne peut pas le nier. Et c'est plus facile, sans doute, à faire dans des ouvrages de jeunesse, et ça se vend mieux, certainement, quand on traite ce type d'animaux que la limace, l'araignée, ou la chauve-souris, ou d'autres espèces, ou la mouche. Or, nous, nous le savons, il y a autant de merveilleux dans une mouche que dans une girafe. Ça peut paraître bizarre, mais oui, en effet, nous accordons davantage de valeur à connaître la nature qui nous entoure, la nature vraiment de proximité, et en la fréquentant, en la fréquentant souvent, en allant souvent dans cette nature. En apprenant à connaître les espèces végétales et animales comme on connaît les gens de notre famille, la nature devient familière et on le sait qu'un lien affectif se développe. Et il est intéressant ce lien affectif parce qu'il révèle chez l'enfant une forme d'appartenance à la nature. Ce qui nous permet de parfois un peu prendre un contre-pied. certains arguments qui disent, oui, mais en nommant la nature, vous distinguez l'homme et la nature. Non, non, non, non. Enfin, oui, on peut, oui, c'est une manière de voir les choses, mais il y a une autre manière qui consisterait à dire qu'en la fréquentant, en la connaissant, en l'appréciant, on développe un lien qui devient une forme d'appartenance à la nature. Et j'ajoute qu'avec cette... Bivalence, comprendre son lien et connaître la nature. Quand on va en milieu naturel, on voit se développer une forme de qualité de présence à la nature. J'en ai vraiment fait l'expérience les premières fois où je suis allé dans la Garigue, par exemple. La Garigue qui est complètement étrangère. Alors là, j'étais complètement perdu. J'étais mal, je n'étais pas très bien. Tous ces arbustes là qui... qui ne ressemblaient à rien, en tout cas que je n'avais jamais vu, et dont je ne savais rien, je ne savais rien d'eux, sans doute ne savaient rien de moi non plus. Et donc, il m'a fallu un temps pour me familiariser, et j'ai vraiment ressenti à la fois le plaisir d'apprendre des choses sur ces espèces, j'ai fait connaissance avec elles, et ensuite, quand je retournais dans la garigue, je m'apercevais que je les reconnaissais. Et du coup, je me sentais bien, je me sentais lié à ces espèces. La connaissance débouche sur une forme de lien. Et je ne vais pas dire que je me sentais chez moi, mais je me sentais mieux du fait de les connaître parce que j'y suis allé quand même un certain nombre de fois et j'avais quand même un certain nombre d'informations sur ces espèces animales et végétales. Et je ressentais une autre qualité de présence à la nature qui m'entourait. Et j'aimerais bien... que tout un chacun, mon voisin, les gens de ma famille, les enfants de mon club, les enfants de l'école de mon village, j'aimerais qu'ils ressentent ça et qu'ils puissent évaluer cette qualité de présence à la nature. C'est pour moi fondamental. C'est d'autant fondamental que ceci débouche sur la prise en compte que ça existe, sur la prise en compte que, comme on l'a dit tout à l'heure, tout ne tourne pas rond et que je peux faire ma part. Et donc, je peux devenir actif en faveur de cette nature parce que j'y suis lié, parce que j'en fais partie. C'est un peu de moi-même. Et donc, naturellement, je dois prendre soin de cette nature dont je fais partie. Autrement dit, développer son lien à la nature, associer à de la connaissance, ça débouche naturellement sur... une capacité à agir et sur ce sentiment d'être responsable de la qualité de la nature qui est autour de moi.

  • Speaker #1

    Je te remercie de partager cette anecdote parce que parmi les freins parfois qu'on entend des personnes qui ont envie d'amener des enfants en nature, qui sentent qu'il y a quelque chose qui les attire là-dedans, mais qui n'osent pas parce qu'elles se... parce qu'elles disent, elles expriment le fait qu'elles n'ont pas de connaissances naturalistes, qu'elles n'ont pas appris tout ça. Là, tu le dis, tu es arrivé dans un environnement, dans un milieu naturel, dans la gare avec laquelle tu n'étais pas familière. Et ça peut effectivement créer peut-être un inconfort, peut-être on peut être intimidé aussi quand on se retrouve, je pense notamment en forêt, ça peut être intimidant. Mais la connaissance, elle peut venir, déjà, elle vient du terrain et elle peut venir petit à petit. Et c'est à force de côtoyer cette nature. Il y a un truc qui se crée où plus on en apprend, plus on a envie d'en apprendre. Et on tire le fil comme ça. Et du coup, je te remercie de partager cette anecdote. Parce que moi, en tout cas, de ce que j'ai pu entendre, et les personnes qui sont venues sur le podcast ont été plusieurs à exprimer que... Pendant longtemps, elles se sont empêchées de sortir avec des enfants, d'emmener des enfants dehors, parce qu'elles se disaient qu'elles connaissaient très peu le monde qui nous entourait.

  • Speaker #0

    Mais si tu veux bien, il faudrait ajouter une autre donnée. C'est qu'aujourd'hui, sans doute à cause des conditions de vie qu'on a aujourd'hui, les rythmes infernaux, la technologisation... le virtuel qui s'installe dans nos vies. On ne fait plus attention à la nature. Et il est aujourd'hui démontré que les capacités attentionnelles sont un outil de mesure de l'environnement et les capacités attentionnelles sont les premiers maillons de cette chaîne de la connexion. Aujourd'hui, on prête de moins en moins attention à la nature qui nous entoure. Et là, la bonne nouvelle, c'est que la capacité attentionnelle, elle s'éduque. Elle s'éduque par des jeux, des activités, de lecture, des exercices sensoriels, par de la fréquentation longue et récurrente. notre capacité d'attention à la nature, elle s'éduque. Et ça, c'est bien de le savoir parce que tout le monde peut le faire. Là, il n'y a pas besoin d'être un naturaliste pour ça. Et tout le monde peut emmener des enfants en nature. Des grands-parents, des enseignants, des animateurs, moi avec mon petit voisin. La simple attention portée à la nature est un premier pas vers la connexion. Et ça fait l'objet. dans nos animations nature, d'exercice, enfin quand je dis exercice, entendons-nous, simplement parfois en demandant aux gens de... simplement d'écouter. Oh, vous avez entendu ? Les gens disent Non, quoi ? Et on leur fait remarquer un oiseau qui est perché et qui chante, ils disent Ah oui, en effet ! Et le simple fait de faire ça, après, à penser qu'une autre fois, les gens porteront attention à ce chant d'oiseau. Et c'est extrêmement important. Et dans tout ce qu'on propose au public, il faut penser à développer leur concentration et leur capacité à poser leur attention sur ce qui se passe, les mouvements, les transformations, ou ce qui est beau, ce qui touche, ou au contraire, ce qui fait réagir. C'est aussi une partie des activités CPN, développer l'attention.

  • Speaker #1

    Alors, le temps avance. Je te propose en… Pour terminer cet échange, après avoir fait le… après avoir diffusé l'épisode avec Cécile, il y a des personnes qui m'ont envoyé un petit message pour me dire Ah, mais du coup, j'ai découvert l'existence des clubs CPN et ça me donne envie d'en créer un. Et donc, qui se sont lancés ? Disait la CITEL à quelques années maintenant, j'ai vu qu'elle avait son propre site internet et que du coup, c'est un club CPN, mais il y a aussi d'autres activités. Est-ce que… ça inspire, ça donne des idées aux gens. Est-ce que tu peux, est-ce que tu veux bien nous dire un petit peu ce qui s'y passe à la CITEL ? Quelles sont les différentes activités que vous proposez ?

  • Speaker #0

    Oui, très volontiers. Donc, historiquement, la CITEL, c'est un club CPL. Connaître et protéger la nature, la CITEL, voilà. C'est vraiment le démarrage et qui a été l'activité unique de la CITEL. Mais les parents des enfants, venaient régulièrement se plaindre en disant Oui, il paraît que vous êtes allés voir les orchidées sur les talus de la commune d'à côté et nous, on ne sait même pas qu'ils sont là, on voudrait bien, nous aussi, profiter des activités comme les enfants. Alors, nous avons répondu Très bien, pas de problème et nous avons créé la CITEL adulte. On n'est pas très nombreux, on est entre 60 et 80 adhérents. Et à l'Assemblée Générale, nous constituons un programme de sortie d'activités, d'ateliers, et tout au long de l'année, entre adultes. Alors, c'est famille, en fait, les adultes viennent avec leurs enfants, et donc nous faisons des activités d'initiation au chant des oiseaux au printemps, ou d'entretien. d'un petit terrain dont nous avons la jouissance, où on fait des décos naturels pour Noël, ou des recettes de cuisine sauvage. Donc au Club CPN s'est ajoutée la cité à l'adulte. Et puis, il y a quelque temps, j'ai eu le privilège de rencontrer des acteurs majeurs du RPPN, du Réseau de la Pédagogie par la Nature. J'ai fait un stage avec eux et... Ma culture CPN s'est trouvée un peu secouée, a vacillé sur ses bases, mais je te rassure, elles se sont vite recentrées. Mais j'ai découvert les propositions du RPPN et j'ai été extrêmement séduit. J'ai trouvé ça très malin, pertinent, dans l'air du temps. Et c'est différent de la proposition CPN, mais pas tant que ça. Mais c'est quand même différent. Or... Sur le terrain dont je parlais il y a quelques instants, j'ai trouvé adapté de monter une forest school. Et donc, avec quelques amis, nous avons créé une forest school, qui s'appelle la forest cool de la CITEL. Et donc, une troisième activité, c'est greffer à la CITEL. Nous accueillons des enfants à la journée, en mode feu, initiation au couteau, cabane, grimper dans les arbres, avec une posture très différente de l'animateur. de la Forest School, de l'animateur du club CPN. Et je me suis vu encadrer la Forest School le matin, très inspiré des méthodes RPPN, et l'après-midi, accueillir d'autres enfants au club CPN et changer de posture. Et ça me va très bien, car les deux sont véritablement intéressants. Avec des enfants d'ailleurs qui venaient de la Forest School et qui sont passés au club CPN, et inversement, des enfants du club CPN qui sont passés à la Forest School. Comme quoi, les deux répondent à une attente et correspondent bien au développement de l'enfant. Voilà, et puis après, par le passé, c'est vrai que... un parent amenant leurs enfants au club cpn avec des tout petits ne savait pas quoi faire quoi en faire alors mathilde à la citel a proposé d'accueillir des 0,3 ans et nous avons créé la micro citel et puis les animatrices qui encadrent la forest school aujourd'hui ont remarqué que on n'avait pas de proposition pour les adolescents alors nous avons créé la citel ado donc de greffe en greffe C'est vrai que la cité, elle a grossi, n'est plus un club CPN, mais est une école de la nature. Je passe l'école de jardinier, je passe l'école d'apiculture naturelle. Et par contre, je m'arrêterai bien sur notre dernière invention, parce que dans notre bande, certains sont devenus papy et mamie. Et on dit, mais nous, en tant que CPN, nos petits-enfants. on va avoir à cœur de leur apprendre la nature. Et on s'est dit, mais il y a certainement d'autres papis et mamies qui aimeraient bien aussi mettre leurs petits-enfants dans la nature. Mais revenu, le titre de ce merveilleux ouvrage de Frédéric Lisac, édition Plume de Carotte, qui s'appelle Au secours, mes petits-enfants débarquent Et donc, nous avons décidé de créer une école pour former les grands-parents. pour qu'ils accueillent leurs petits-enfants en vacances, en week-end, le soir ou je ne sais quoi, en mettant la nature au cœur de leurs activités. Voilà, c'est notre dernière trouvaille. Je crois qu'on va appeler ce club Au secours, mes petits-enfants débarquent Et je suis sûr que les éditions Plume de Carotte nous épargneront un procès. Voilà, Claire, les activités. Mais c'est normal, on est dans un territoire qui est propice, il y a une attente. une attente du public, il y a une attente des parents, il y a même là une attente des collectivités territoriales, et c'est dans l'air du temps, et nous croyons dur comme fer que si nous ne procédons pas à des actions massives d'éducation à la nature, nous allons vers de graves ennuis. Donc, nous essayons d'apporter notre part chaque mercredi, chaque week-end, pendant les vacances.

  • Speaker #1

    Et c'est très inspirant. Ben écoute, justement sur cette dynamique locale, ce que je te propose c'est qu'on se donne rendez-vous à un autre moment pour approfondir ça, pour parler aussi de Carder du coup, puisqu'on n'a pas eu l'occasion de l'évoquer plus en détail, qui est la structure dans laquelle tu travailles. Et voilà, on aura d'autres questions à aborder, à soulever, à approfondir. Je te remercie infiniment d'avoir partagé ça et je te dis à bientôt du coup.

  • Speaker #0

    Très volontiers. Merci Claire.

  • Speaker #1

    Avec plaisir. Merci à toutes et à tous pour votre écoute. J'espère que cette discussion vous a plu et qu'elle éveille en vous une certaine curiosité pour l'éducation en plein air, voire même peut-être une envie de militer pour qu'elle se répande davantage. Pour en savoir plus sur mon invité du jour, je vous invite à vous rendre sur le site pédagogieduvivant.fr. Vous y trouverez toutes les infos à son sujet ainsi que ses recommandations. Sur ce, je vous donne rendez-vous la semaine prochaine pour un nouvel épisode. Et d'ici là, n'oubliez pas, sortir, ça ne doit être que du kiff ! Allez, ciao ciao, à bientôt !

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Description

Approche sensible et approche par la connaissance : une complémentarité essentielle, avec François Lenormand, vice-président de la FCPN

Aujourd'hui, je vous invite à découvrir un échange passionnant avec François Lenormand, vice-président de la Fédération pour Connaître et Protéger la Nature (FCPN). Fort de 40 ans d’engagement au sein de cette organisation, François nous raconte son histoire, sa raison d'être et nous partage dans un même temps son expérience de l'animation nature.


Ensemble, nous explorons l’approche sensible, celle qui favorise la connexion à la nature, et l’approche par la connaissance, qui permet à tout.e.s de mettre des noms sur le vivant qui nous entoure. François nous explique la complémentarité et la richesse de ces deux approches dans l’éducation à la nature.


Que vous soyez enseignant, pédagogue par la nature, animateur ou éducateur à l’environnement, cet épisode vous offrira des pistes concrètes pour enrichir votre façon d’accompagner les enfants dans leur découverte du vivant.


Très belle écoute 🌱


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue sur le podcast Enfance en Nature, le podcast qui parle d'éducation en plein air. Je m'appelle Claire et chaque semaine, je reçois ici un ou une pédagogue qui nous partage son expérience en matière d'éducation hors des murs. Famille, professeur des écoles, éducateur, animatrice, ces conversations... ont pour but de transmettre et diffuser des pratiques diverses et variées qui tendent toutes vers un objectif, permettre aux enfants de passer un maximum de temps en extérieur et plus particulièrement au contact de la nature. Si vous souhaitez soutenir le podcast, n'hésitez pas à laisser un avis ou 5 étoiles sur votre plateforme d'écoute et surtout, surtout à le partager autour de vous pour disséminer les graines de l'éducation en plein air. Je vous souhaite une très belle écoute. Aujourd'hui, je vous propose un échange avec François, vice-président de la FCPN, la Fédération pour connaître et protéger la nature. C'est la deuxième fois que nous parlons de la FCPN dans le podcast, puisqu'à l'automne dernier, Cécile, du club Métébote, était venue nous raconter... l'histoire de son club nature et nous expliquer qui peut en créer un et comment cela fonctionne. Mais aujourd'hui, dans cet épisode, nous parlons avec François plus largement de la FCPN et de tous les projets qu'elle porte. François connaît bien cette fédération puisque ça fait maintenant 30 ans qu'il y est adhérent et qu'il s'y investit. Il nous parle ainsi du club nature qu'il a créé. Mais c'est surtout de la diversité des approches dans l'éducation par la nature dont nous avons parlé. Approche sensible et approche par la connaissance, François a pris le temps de présenter leurs particularités, leurs intérêts et surtout leur complémentarité. Quel que soit le cadre dans lequel vous accompagnez des enfants dehors, que vous soyez enseignante, animateur, pédagogue par la nature, éducatrice à l'environnement. Je vous conseille d'écouter cet épisode jusqu'au bout parce que l'expérience et les réflexions amenées par François vous permettront, j'en suis certaine, de questionner et d'enrichir votre approche. Je vous souhaite une très belle écoute. Bonjour François.

  • Speaker #1

    Bonjour Claire.

  • Speaker #0

    Bienvenue sur le podcast, je suis ravie de t'accueillir aujourd'hui. Alors pour tout te dire, quand je t'ai envoyé l'invitation à venir au micro d'Enfance en Nature, j'associais surtout ton nom à la Fédération, à la FCPN, la Fédération pour connaître et protéger la nature. Et puis en faisant mes recherches, j'ai découvert qu'en fait tu t'investis dans plein d'autres projets, dans d'autres structures. Bon, pour les personnes qui nous écoutent, pour qu'elles aient un aperçu des sujets qu'on va pouvoir balayer ensemble aujourd'hui, Est-ce que tu peux nous présenter en quelques mots les différentes casquettes que tu portes aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Oui, très bien. Ce n'est pas forcément le plus facile, mais en effet, mon nom peut être associé à la Fédération des CPN. Pour une bonne raison, c'est que j'ai coutume à dire que les CPN sont un peu mon ADN, c'est-à-dire ce qui m'a... construit depuis très très longtemps et j'y trouve, j'y puise des valeurs, des énergies, des méthodes, mais c'est presque une raison d'être et je ne suis pas le seul à partager ça. Les gens qui s'investissent dans les CPN assez rapidement incarnent un état d'esprit et un projet. Alors l'état d'esprit... Moi, je l'ai découvert assez jeune, tout simplement en lisant la petite revue que tout le monde connaît qui s'appelle La Hulotte, rédigée par Pierre Déhomme depuis les Ardennes. Et quand j'ai découvert cette revue, j'ai découvert que c'était à la fois très humain, très malin, scientifique, rigoureux, mais surtout, c'était marrant. Et c'est peut-être ce qui m'a séduit. C'est un peu cette posture d'être sérieux, mais de ne pas se prendre au sérieux. Et j'ai découvert en lisant La Hulotte que ça pouvait constituer un projet de construire les enfants en y intégrant la nature, mais la nature qui les entoure, la nature qui leur est quotidienne, mais qui ne leur est pas forcément familière. Et j'ai découvert dans La Hulotte le grand intérêt de mettre des noms sur ce qui nous entoure. Et beaucoup plus tard... J'ai compris l'intérêt de mettre des noms sur ce qui nous entoure. Donc, en effet, j'ai un investissement auprès de la Fédération des clubs CPN dans la région Normandie où j'habite, où nous avons créé un réseau régional des clubs CPN. Et très localement, dans le village où j'habite, j'anime depuis plus de 40 ans mon club qui s'appelle La Citelle.

  • Speaker #0

    Ok, merci pour cette... petite présentation. Pour revenir quelques années encore en arrière, tu m'as dit que tu avais eu l'occasion déjà d'écouter quelques épisodes du podcast. Tu connais peut-être la question rituelle que j'aime bien poser au début de chaque échange. François, c'était quoi ton rapport à la nature quand tu étais enfant ? Quels sont tes plus beaux souvenirs ?

  • Speaker #1

    Alors... Bizarrement, je n'en ai pas tant que ça, mais comme je fais faire ce même exercice à plein de gens quand on fait des stages de formation, bien sûr, je me suis interrogé. Et je me revois à l'âge de 10-12 ans, en vacances, à courir après les papillons. Et courir après les papillons... Ça voulait dire que je m'écartais de mon père et ma mère qui se reposaient dans la campagne ou dans la montagne. Et je partais tout seul. Et je me retrouvais seul dans la nature à chercher les papillons. Alors, à cette époque, je dois le confesser, les pauvres papillons finissaient dans des boîtes. Alors, j'ai un peu honte, mais j'assume parce que... C'est peut-être le premier livre que j'ai acheté, un guide d'identification des papillons. Et je prenais soin de faire des petites étiquettes. Et j'ai toujours d'ailleurs ces quelques papillons. Je n'ai jamais fait une grande collection, mais j'ai toujours ces papillons. Ils sont toujours là. Et donc, j'ai vraiment ce souvenir d'être au contact de la nature, seul, et avec dans mon sac... Beaucoup de curiosité, un appétit, envie de savoir, envie de connaître les noms de ces papillons et de les observer longuement parce que c'était beau. J'étais un peu fasciné et comme quoi on peut être fasciné et en même temps fermer les peaux aux papillons sur des épingles, c'était cruel. Et c'est là que, quelques années après, quand j'étais jeune homme, j'ai découvert la hulotte et plus jamais. Je n'ai réussi à tuer un animal ou le faire souffrir. Peut-être que mon deuxième souvenir ne remonte pas à l'enfance, mais comme je l'ai dit tout à l'heure, c'est la lecture de la huote, qui m'a véritablement fait basculer et qui a créé chez moi, peut-être, si j'emploie des grands mots, je dirais un projet de vie. d'éduquer les enfants à la nature, de leur montrer la nature, de leur donner le goût de la nature, et d'élever le plus haut possible leur niveau de connaissance et leurs compétences pour agir en faveur de la nature.

  • Speaker #0

    Et ça a été quoi du coup après ton parcours, puisque tu t'investis aujourd'hui de façon bénévole au sein de la FCPN ? Et donc à partir de ce moment, de cette lecture de la hulotte, quels sont les chemins que tu as pris dans cette animation nature et cet accompagnement des enfants ?

  • Speaker #1

    Eh bien, ce sont mariés chez moi deux convictions. La première, c'est que notre lien à la nature, notre rapport à la nature, il est fondamental. Donc je l'ai dit, merci à Pierre Déhomme et à la hulotte. Mais j'avais une deuxième conviction. c'est que l'éducation populaire est quelque chose de prioritaire dans l'éducation. Et donc, j'ai été formé par un grand organisme d'éducation populaire que certains connaissent, qui s'appelle les Franca, où j'ai puisé à la fois les valeurs que porte l'éducation populaire, le partage, l'égalité pour tous, le développement, l'épanouissement personnel, la solidarité. J'ai développé tout ça et ensuite, professionnellement, j'ai été maître d'école, comme j'aime à le dire. Et j'ai appliqué exactement tout ce que j'avais appris qui m'a formé à l'éducation populaire. En fait, je l'ai appliqué à mon métier d'instituteur. Plus tard, j'ai rencontré une association qui naissait à Rouen qui s'appelle Carder. Et donc, avec cet ami qui montait cette association, nous avons mis sur les rails ce... J'ai arrêté d'être maître d'école, mais je mettais au profit de Carder mes compétences de maître d'école, c'est-à-dire ma connaissance du monde de l'enseignement, des programmes, des méthodes. Ce qui fait que Carder est devenu très rapidement, autour de Rouen, puis ensuite sur les deux départements, Seine-Maritime et Or, un acteur majeur de l'éducation à la nature et de l'éducation à l'environnement. Dans mon parcours, j'ai connu. J'ai connu cette évolution qu'on cite parfois, à savoir que dans les années 80, on était tous des animateurs nature. Dans les années 90 sont arrivées toutes les problématiques environnementales et le terme d'éducation à la nature a été un peu mis de côté au profit de l'éducation à l'environnement. Et assez rapidement, on s'est aperçu également que ce qu'il fallait faire pour transformer un peu les gens, c'était... les initier au geste. Et nous avons au geste qui protège la planète. Et on a formé d'ailleurs le terme d'éco-citoyenneté, auquel personnellement je souscris complètement. Puis est arrivé le concept de développement durable. Aujourd'hui, la transition écologique. Et d'aucuns disent que si toutes ces évolutions sont nécessaires, parce qu'on le sait, ça n'est pas un scoop, la planète ne tourne pas très rond. Enfin, si, elle tourne rond, mais... La nature, en tout cas, et la biodiversité sont extrêmement malmenées et ça ne s'arrange pas. Et donc, toutes ces évolutions de l'éducation à la nature jusqu'à l'éducation à la transition sont nécessaires, bien évidemment. Mais d'aucuns disent que l'éducation à la nature est restée un peu sur le bord du chemin. C'est ce qui nous a valu en Normandie de créer un collectif qui s'appelle le collectif Éduquer à la nature. Alors là, c'est donc un rassemblement d'acteurs de l'éducation à la nature. Et même si, bien sûr, nous savons qu'il est absolument nécessaire et urgent de travailler sur les thèmes du climat, de l'alimentation, de la santé, de la mobilité, il faudrait vraiment mettre en équilibre tous les programmes d'action, les programmes budgétaires, les programmes politiques qui éduquent à la nature. Donc en Normandie, nous avons une action majeure en ce sens et j'ai l'honneur d'animer ce collectif. Et pour tout te dire, Claire, j'ai l'impression que nous remportons des petites victoires et qu'on marque quelques points. Peut-être y reviendrons-nous une autre fois si tu le souhaites.

  • Speaker #0

    Oui, avec grand plaisir, oui. Oui, oui, on développera davantage pour... expliquer un petit peu aux personnes qui nous écoutent. On s'est dit qu'on avait beaucoup, beaucoup de sujets à aborder et qu'il serait chouette de prendre le temps sur certains d'entre eux parce que ça mérite d'être développé. Et donc, on fera un nouvel échange pour approfondir tout ça avec grand plaisir. Alors, écoute, pour revenir pour le moment sur la FCPN, tu le disais, ça fait... 40 ans maintenant que tu t'investis, donc tu as quand même une bonne partie de l'histoire, tu fais partie de l'histoire de la FCPN. On avait déjà un petit peu abordé sur le podcast ce qu'était cette fédération avec Cécile du club Mettez Botte qui est installé sur Lille, à Lille. Mais pour rafraîchir les mémoires ou pour les personnes qui n'ont pas encore écouté l'épisode en question, est-ce que tu veux bien présenter la FCPN ? Tu as évoqué le magazine La Hulotte, mais du coup il n'y a pas que ça. Il y a d'autres projets, mais surtout la raison d'être du coup de la FCPN.

  • Speaker #1

    Mais oui, mais volontiers. Peut-être qu'on peut, pour situer dans le paysage français, situer un peu les clubs qui sont aux alentours de 500. Mais il y a aussi des familles CPN, c'est-à-dire là, c'est au sein de la famille qu'on adhère à la fédération. Et il y a aussi des individus, n'importe qui peut adhérer individuellement à la FCPN et se connecter à cette fédération. Alors cette fédération, elle a quelques spécificités et quelques caractéristiques, notamment qu'elle est très ancienne. On a fêté nos 50 ans l'année dernière, ce qui veut dire qu'il y a de l'expérience derrière la fédération et il y a un capital d'outils qui est là au service de tous les éducateurs à la nature, qu'ils soient enseignants, animateurs, animateurs professionnels, animateurs bénévoles ou parents. Donc il y a une énorme quantité d'outils. sous la forme de cahiers techniques qui aident ce que nous appelons nous des passeurs de nature. Et une des spécificités des clubs CPN, c'est que n'importe qui peut créer son club. N'importe qui, qui a pour envie de donner le goût de la nature à d'autres, bon, la plupart du temps des enfants, soyons clairs, eh bien, tout un chacun peut ouvrir son club CPN. À partir de là, il y a une raison d'être qui est annoncée, et celui qui ouvre son club CPN va évidemment adhérer à l'idée que je vais développer, parce qu'on a bien défini la raison d'être des CPN, je vais y revenir. Mais à partir du moment où quelqu'un ou plusieurs personnes ouvrent leur club, nous avons coutume de dire qu'il fait ce qu'il veut, comme il veut, quand il veut, où il veut, avec qui il veut. Nous attachons de l'importance. à laisser une grande liberté et une grande simplicité à la recette. C'est peut-être d'ailleurs pour ça qu'elle marche assez bien, cette recette. Donc, c'est à la fois cadré par cette raison d'être, mais en même temps, nous souhaitons laisser une grande liberté pour que ça puisse s'adapter à tous les cadres, que ce soit une école, un enseignant peut créer son club, que ce soit... un individu dans son village qui aime la nature et qui réunit autour de lui 5, 6, 10, 12, 20 enfants, ou que ce soit un animateur dans une structure socioculturelle, ou un animateur professionnel dans une structure d'éducation à l'environnement. Du coup, le club CPN s'adapte à toutes ces situations-là. C'est ce qui le rend intéressant, selon nous. Après, évidemment, on ne fait quand même pas n'importe quoi dans un club CPN. Il y a un cadre qui est décrit dans une charte qu'on retrouve sur le site internet de la FCPN. Mais je vais bien m'arrêter quelques instants sur la raison d'être. On dit parfois ce qui n'est rien d'autre qu'un projet pédagogique. Et ce projet pédagogique, il repose sur deux piliers. Parfois, on parle de deux jambes. Parce que nous avons pointé qu'outiller les enfants, les ados, les adultes, pour qu'ils deviennent... respectueux et qu'ils vivent en harmonie avec la nature, il y a deux grandes conditions. La première, c'est qu'ils se sentent reliés à la nature. Ce fameux concept de connexion à la nature que l'on manipule parfois avec précaution. En tout cas, nous disons que la première des choses est certainement à donner le goût de la nature, Faire que les enfants soient sensibles à la nature, qu'ils se sentent connectés. Personnellement, je n'ai pas peur de le dire, parce que ce terme de connexion, il a quand même quelques intérêts. En tout cas, nous disons que dans la proposition CPN, par moment, il faut travailler ce lien sensible à la nature par des activités sensorielles. par du jeu libre, par des activités, où on va générer de l'émotion, où la nature va pénétrer dans l'intériorité de l'enfant et de la personne, où on va le faire s'exprimer, on va lui faire ressentir des choses. Tout ce que l'on sait aujourd'hui sur la manière de faire comprendre aux enfants et aux adultes aussi, que nous sommes des personnes humaines liées à la nature. Ça, c'est le premier volet. Et le deuxième volet, que par respect d'égalité, je vais décrire dans le même nombre de secondes, c'est le volet de la connaissance. Car nous sommes les héritiers de la hulotte, nous sommes les enfants de la hulotte. Et si dans la hulotte, on retrouve vraiment cette idée de se connecter à la nature et ce lien sensible, il y a également le volet de la connaissance. Et nous disons que... Oui, il est important, voire essentiel, de connaître la nature, de mettre des noms sur les êtres non humains qui nous entourent. Oui, ça comporte un véritable intérêt dans l'épanouissement de la personne et dans la construction de la conscience écologique, de savoir nommer les papillons qui volent dans le jardin, de mettre des noms sur les arbres du chemin de l'école. de repérer l'arrivée des hirondelles au printemps, et de repérer les coccinelles qui sont dans la pelouse, etc. Et nous nous appuyons sur quelques éléments de recherche, des études qui ont été faites, qui démontrent qu'il y a, oui, il y a un lien direct entre le sentiment d'être connecté à la nature et la conscience écologique. Il existe également un lien direct entre le niveau de connaissance et la conscience écologique et la capacité à agir. Là-dessus, on a surtout des données sur l'érosion de la connaissance. Et là, il conviendrait de mettre en parallèle l'érosion de la biodiversité, qui ne fait plus aucun doute aujourd'hui, et une forme d'érosion de la connaissance. Je vois dans mon entourage la difficulté des personnes, quelles qu'elles soient, à mettre des noms, mais même sur des papillons. Les papillons, ils sont présents, ils sont dans notre quotidien. Et au mieux, on les voit et on ne sait pas les nommer. Au pire, on ne les voit pas. Donc, oui, nommer Hubert Reeves dit, il est temps de faire sortir la nature de l'anonymat. Ou il dit aussi, nommer les êtres vivants qui nous entourent, c'est les faire exister. Et nous souscrivons à cette idée. Chez les CPN, les programmes, les propositions, même les petits concours que propose la FCPN sont toujours équilibrés, à la fois sur l'aspect connexion, donner le goût de la nature, créer le lien à la nature, et apporter de la connaissance. Et j'aimerais même évoquer l'hypothèse que la connaissance, ça peut faire du bien. Nous faisons même l'hypothèse d'une forme de connaissance intime. La connaissance qui me transforme, la connaissance qui me fait du bien, si tu vois ce que je veux dire. Et alors après, il faudrait détailler un peu ce qu'on met derrière connaissance, et j'avoue, je ne l'ai pas fait. Connaître, ce n'est pas forcément mettre des mots, ce n'est pas forcément mettre des noms. Oui, c'est utile, mais la connaissance, c'est aussi la connaissance par l'expérience, savoir. fabriquer un petit quelque chose avec une feuille de ceci ou une petite cordelette avec l'ortie. C'est aussi savoir se fabriquer un petit jouet. C'est aussi manipuler la terre. C'est aussi connaître, savoir ce qu'on faisait autrefois de cette plante ou de cet animal. La connaissance, elle est multiforme, mais on reste quand même sur de la connaissance. Voilà un peu résumé ce que nous visons. à la FCPN et voilà un peu comment nous pensons l'éducation à la nature. Et puis j'ajouterai encore une fois, je vais faire référence à la hulotte, mais après, promis, j'arrête. Tous les lecteurs qui lisent la hulotte disent Mais quel plaisir quand je reçois un nouveau numéro, je l'avale d'un trait ! Car oui, oui, le plaisir d'apprendre, ça existe. Et les enfants que j'ai dans mon club pourraient en témoigner. Ils aiment apprendre. Et apprendre, ce n'est pas forcément barbant. Malheureusement, je connais quelques sphères dans lesquelles apprendre n'est pas très plaisant. Et c'est vraiment dommage parce que les enfants qui viennent au club, les adultes qu'on a dans nos sorties, prennent plaisir à découvrir le piquant de l'ortie, à voir de près les yeux d'une libellule ou tous ces p... petits détails qui associent. le plaisir et l'apprentissage. Et peut-être, Claire, si tu veux bien, pour terminer, car oui, j'aime bien faire l'apologie de la connaissance, si on pense que nos concitoyens ont leur part à faire pour préserver la nature, eh bien, il faut savoir agir en connaissance de cause, dit-on. C'est-à-dire que... On peut aussi faire des bêtises. Agir en faveur de la nature demande quand même quelques compétences et il faut savoir comment la nature fonctionne et il faut connaître les espèces vivantes pour ne pas faire de bêtises. Donc, améliorer son niveau de connaissance, c'est aussi améliorer sa capacité à agir et à agir de façon pertinente. Et peut-être que pour terminer... la boucle de ce raisonnement, cette sensibilité à la nature, alors là je reviens sur la première jambe qui nous fait avancer dans la construction de notre rapport à la nature, être sensible à la nature et être outillé par de la connaissance nous rend capable d'agir et permet de prendre part au débat public, car aujourd'hui en France on regrette que la question de l'écologie et de l'environnement. Si dans certains sondages, à le vent en poupe, dans la réalité, on n'y est pas complètement. Et on a besoin de former des personnes capables de s'engager et de prendre part au débat public pour dire que la nature doit reprendre sa place dans l'aménagement des territoires, dans les programmes. dans les priorités, il est temps que les citoyens portent leurs paroles. Et pour ça, ils doivent être outillés et ils doivent être sensibles à la nature.

  • Speaker #0

    Écoute, je rebondis sur cette question d'outils, sur cette première jambe qui est la connexion à la nature par l'approche sensible. On voit la connaissance, connaître la nature. Pour une personne qui a un club CPN, qui souhaite en ouvrir un, j'imagine qu'elle trouve dans les gazettes techniques plein d'informations pour partager, transmettre cette connaissance-là. Comment est-ce que la FCPN sensibilise les personnes à la connexion à la nature ? Parce que quand soi-même en tant qu'adulte, soit on n'a pas connu une enfance... très proche de la nature, où on s'est complètement déconnecté de la nature. Comment est-ce que ces personnes-là, par quel biais vous les amenez à ce... Est-ce qu'il y a des outils que la FCPN met en place, propose ? Est-ce qu'il y a des formations pour amener vers cette connexion à la nature qui est effectivement très personnelle et qui est, je trouve, d'un point de vue matériel, qui se trans... Ça se vit, la connexion à la nature. Alors comment est-ce que la FCPN amène ses adhérents à eux-mêmes vivre et partager cette connexion à la nature, amener les enfants à se connecter à la nature au sein des clubs ?

  • Speaker #1

    Je comprends bien ta question. Que ce soit sur le sentiment de connexion ou que ce soit sur le niveau de connaissance, nous avons affaire aujourd'hui à une société qui est défaillante dans les deux axes. On parle bien d'extinction d'expérience de nature, on parle bien d'érosion de connaissances, et donc comment faire dans cette société où les adultes, les éducateurs, sont de moins en moins connectés à la nature et connaissent de moins en moins la nature ? Nous avons besoin d'inverser une tendance. Alors évidemment, ce n'est pas facile, mais à la FCPN, on a à notre actif des outils. un outillage qui aide précisément toutes ces personnes qui s'engagent dans la création d'un club. On a repéré que...

  • Speaker #0

    Donc globalement, c'est un peu schématique, mais ça marche quand même un peu. Globalement, il y a deux tendances chez les personnes qui créent un club. Il y a les personnes qui connaissent un peu la nature, qui sont un peu des amateurs de nature et qui disent que c'est important de montrer la nature aux enfants. Il y a la deuxième catégorie de personnes qui sont plutôt des éducateurs. Les éducateurs qui comprennent le projet pédagogique de remettre les enfants dans la nature. Et alors, les premiers qui connaissent bien la nature ne sont pas forcément pédagogues. Les deuxièmes qui sont pédagogues ne s'y connaissent peut-être pas forcément bien en nature. Et donc, il faut outiller les deux. Et c'est là la spécificité des cahiers techniques des CPN, car ils sont rédigés, grosso modo, 50%. de l'apport naturaliste, 50% de l'apport pédagogique. Ce qui fait que tout le monde s'y retrouve et en lisant un cahier technique sur toutes les thématiques qui sont parues depuis, mais évidemment, on n'a pas brossé tous les taxons, ni tous les groupes, mais en partant des araignées, en passant par les escargots jusqu'aux graines, jusqu'aux plantes à fleurs, un cahier technique... procure aux responsables de club ou aux enseignants, ou même des fois aux animateurs nature professionnelle, un peu de bagage de connaissances, comme ça on sait ce qu'il faut transmettre. Et en même temps, des jeux, des idées d'activité, comme ça on sait comment le transmettre. Pour la connexion à la nature, l'AFCPN a édité un cahier technique sur ce thème-là, qui s'appelle l'approche sensible, et où là on donne également des pistes. pour mettre les enfants dans certaines situations qui sont propices à ce que les enfants ressentent leur lien à la nature. Le président de l'association dans laquelle je travaille m'avait dit il y a très longtemps, mais il était en train de comprendre un peu tous ces aspects de l'éducation à la nature, il prenait conscience que les gens n'allaient plus dans la nature, et il me dit, alors François, si je comprends bien... éduquer à la nature, ça n'est plus naturel. En effet, il évoquait le fait qu'autrefois, on vivait au contact de la nature. Alex Koskia, dans ses ouvrages, par exemple, explique ça très bien, entre autres. Et il est vrai que les gens, autrefois, il y a quelques dizaines d'années, étaient beaucoup plus en expérience de nature. Connaissaient-ils la nature ? Ce n'est pas très sûr. Ils pouvaient faire des erreurs en nommant les espèces. Mais en tout cas, ils avaient une forme de connaissance. une familiarisation avec la nature qu'aujourd'hui nous n'avons plus. Et ces gens-là étaient certainement très sensibles à la nature. Ils savaient bien au loin, quand ils entendaient un oiseau, ils savaient qu'il se passait quelque chose. Ils étaient liés aux événements de la nature. Ça n'est plus le cas aujourd'hui. Alors, on a identifié des activités que les animateurs nature mettent en place. eux-mêmes, pour mettre les enfants dans des conditions où ils vont développer leur sens, ils vont vivre des émotions. On les connaît tous, par exemple, toucher avec ses mains des objets sans la vue, ou focaliser son attention sur un champ d'oiseaux, ou fermer les yeux et rester seul dans la nature et approcher de l'état de méditation. des activités qui sont propices à ce que l'enfant vive quelque chose, ressente quelque chose et identifie son lien à la nature. Voilà un exemple de cahier technique qui préconise comment on peut organiser ces expériences de nature avec un groupe d'enfants. C'est un des cahiers techniques édités dernièrement par la FCPN et que je recommande à vos auditeurs.

  • Speaker #1

    Et c'est vrai que tu parlais tout à l'heure de l'évolution, de l'approche et des noms qu'on a pu mettre, éducation à l'environnement, développement durable, etc. Je me souviens, il y a quelques années, j'avais été frappée en feuilletant un livre jeunesse sur la planète, comment protéger la planète, voilà. toutes les espèces qui étaient évoquées, présentées. sont des espèces qui vivent très loin de nous. Et c'est souvent, pendant longtemps, et encore aujourd'hui, on le retrouve toujours dans les livres jeunesse, l'angle qui est donné, les exemples qui sont montrés, c'est l'ours polaire sur sa banquise qui va mal. Et la connexion, là, elle est impossible, parce que le seul endroit où les enfants... peuvent éventuellement rencontrer ces animaux, ce sont dans des zoos, dans des parcs animaliers. Mais au quotidien, il ne rencontrera pas ces espèces-là. Et c'est là où je trouve qu'effectivement, la FCPN propose quelque chose qui favorise cette connexion-là, parce qu'on s'ouvre à ce qui est tout proche de nous. Et je considère que c'est par là, je suis persuadée que c'est par là que ça commence, avant d'aller... regarder et se demander ce qui se passe à l'autre bout de la planète, où c'est souvent là qu'on perd les jeunes. Quand tu parlais des gestes à faire pour protéger cette nature, on a du mal à voir le lien entre le moment où je vais faire tel geste et ce qui va se passer à des milliers et des milliers de kilomètres de moi. Et c'est vrai que cette articulation du coup entre la connaissance toute proche de la nature qui nous entoure, vraiment. Et cette connexion, elle se fait bien là. Je trouve que c'est une histoire de ressenti, mais...

  • Speaker #0

    Il est vrai que les jeunes enfants, ça, ça marche à 100%, sont fascinés. Il y a un pouvoir de fascination du lion, de la girafe, du guépard, soit par... Il faut bien avouer que ces espèces-là dégagent quelque chose. On ne peut pas le nier. Et donc, c'est beau, ou c'est mignon, ou c'est fascinant, ou ça fait peur. Et donc, ça réveille quand même quelque chose chez l'enfant. On ne peut pas le nier. Et c'est plus facile, sans doute, à faire dans des ouvrages de jeunesse, et ça se vend mieux, certainement, quand on traite ce type d'animaux que la limace, l'araignée, ou la chauve-souris, ou d'autres espèces, ou la mouche. Or, nous, nous le savons, il y a autant de merveilleux dans une mouche que dans une girafe. Ça peut paraître bizarre, mais oui, en effet, nous accordons davantage de valeur à connaître la nature qui nous entoure, la nature vraiment de proximité, et en la fréquentant, en la fréquentant souvent, en allant souvent dans cette nature. En apprenant à connaître les espèces végétales et animales comme on connaît les gens de notre famille, la nature devient familière et on le sait qu'un lien affectif se développe. Et il est intéressant ce lien affectif parce qu'il révèle chez l'enfant une forme d'appartenance à la nature. Ce qui nous permet de parfois un peu prendre un contre-pied. certains arguments qui disent, oui, mais en nommant la nature, vous distinguez l'homme et la nature. Non, non, non, non. Enfin, oui, on peut, oui, c'est une manière de voir les choses, mais il y a une autre manière qui consisterait à dire qu'en la fréquentant, en la connaissant, en l'appréciant, on développe un lien qui devient une forme d'appartenance à la nature. Et j'ajoute qu'avec cette... Bivalence, comprendre son lien et connaître la nature. Quand on va en milieu naturel, on voit se développer une forme de qualité de présence à la nature. J'en ai vraiment fait l'expérience les premières fois où je suis allé dans la Garigue, par exemple. La Garigue qui est complètement étrangère. Alors là, j'étais complètement perdu. J'étais mal, je n'étais pas très bien. Tous ces arbustes là qui... qui ne ressemblaient à rien, en tout cas que je n'avais jamais vu, et dont je ne savais rien, je ne savais rien d'eux, sans doute ne savaient rien de moi non plus. Et donc, il m'a fallu un temps pour me familiariser, et j'ai vraiment ressenti à la fois le plaisir d'apprendre des choses sur ces espèces, j'ai fait connaissance avec elles, et ensuite, quand je retournais dans la garigue, je m'apercevais que je les reconnaissais. Et du coup, je me sentais bien, je me sentais lié à ces espèces. La connaissance débouche sur une forme de lien. Et je ne vais pas dire que je me sentais chez moi, mais je me sentais mieux du fait de les connaître parce que j'y suis allé quand même un certain nombre de fois et j'avais quand même un certain nombre d'informations sur ces espèces animales et végétales. Et je ressentais une autre qualité de présence à la nature qui m'entourait. Et j'aimerais bien... que tout un chacun, mon voisin, les gens de ma famille, les enfants de mon club, les enfants de l'école de mon village, j'aimerais qu'ils ressentent ça et qu'ils puissent évaluer cette qualité de présence à la nature. C'est pour moi fondamental. C'est d'autant fondamental que ceci débouche sur la prise en compte que ça existe, sur la prise en compte que, comme on l'a dit tout à l'heure, tout ne tourne pas rond et que je peux faire ma part. Et donc, je peux devenir actif en faveur de cette nature parce que j'y suis lié, parce que j'en fais partie. C'est un peu de moi-même. Et donc, naturellement, je dois prendre soin de cette nature dont je fais partie. Autrement dit, développer son lien à la nature, associer à de la connaissance, ça débouche naturellement sur... une capacité à agir et sur ce sentiment d'être responsable de la qualité de la nature qui est autour de moi.

  • Speaker #1

    Je te remercie de partager cette anecdote parce que parmi les freins parfois qu'on entend des personnes qui ont envie d'amener des enfants en nature, qui sentent qu'il y a quelque chose qui les attire là-dedans, mais qui n'osent pas parce qu'elles se... parce qu'elles disent, elles expriment le fait qu'elles n'ont pas de connaissances naturalistes, qu'elles n'ont pas appris tout ça. Là, tu le dis, tu es arrivé dans un environnement, dans un milieu naturel, dans la gare avec laquelle tu n'étais pas familière. Et ça peut effectivement créer peut-être un inconfort, peut-être on peut être intimidé aussi quand on se retrouve, je pense notamment en forêt, ça peut être intimidant. Mais la connaissance, elle peut venir, déjà, elle vient du terrain et elle peut venir petit à petit. Et c'est à force de côtoyer cette nature. Il y a un truc qui se crée où plus on en apprend, plus on a envie d'en apprendre. Et on tire le fil comme ça. Et du coup, je te remercie de partager cette anecdote. Parce que moi, en tout cas, de ce que j'ai pu entendre, et les personnes qui sont venues sur le podcast ont été plusieurs à exprimer que... Pendant longtemps, elles se sont empêchées de sortir avec des enfants, d'emmener des enfants dehors, parce qu'elles se disaient qu'elles connaissaient très peu le monde qui nous entourait.

  • Speaker #0

    Mais si tu veux bien, il faudrait ajouter une autre donnée. C'est qu'aujourd'hui, sans doute à cause des conditions de vie qu'on a aujourd'hui, les rythmes infernaux, la technologisation... le virtuel qui s'installe dans nos vies. On ne fait plus attention à la nature. Et il est aujourd'hui démontré que les capacités attentionnelles sont un outil de mesure de l'environnement et les capacités attentionnelles sont les premiers maillons de cette chaîne de la connexion. Aujourd'hui, on prête de moins en moins attention à la nature qui nous entoure. Et là, la bonne nouvelle, c'est que la capacité attentionnelle, elle s'éduque. Elle s'éduque par des jeux, des activités, de lecture, des exercices sensoriels, par de la fréquentation longue et récurrente. notre capacité d'attention à la nature, elle s'éduque. Et ça, c'est bien de le savoir parce que tout le monde peut le faire. Là, il n'y a pas besoin d'être un naturaliste pour ça. Et tout le monde peut emmener des enfants en nature. Des grands-parents, des enseignants, des animateurs, moi avec mon petit voisin. La simple attention portée à la nature est un premier pas vers la connexion. Et ça fait l'objet. dans nos animations nature, d'exercice, enfin quand je dis exercice, entendons-nous, simplement parfois en demandant aux gens de... simplement d'écouter. Oh, vous avez entendu ? Les gens disent Non, quoi ? Et on leur fait remarquer un oiseau qui est perché et qui chante, ils disent Ah oui, en effet ! Et le simple fait de faire ça, après, à penser qu'une autre fois, les gens porteront attention à ce chant d'oiseau. Et c'est extrêmement important. Et dans tout ce qu'on propose au public, il faut penser à développer leur concentration et leur capacité à poser leur attention sur ce qui se passe, les mouvements, les transformations, ou ce qui est beau, ce qui touche, ou au contraire, ce qui fait réagir. C'est aussi une partie des activités CPN, développer l'attention.

  • Speaker #1

    Alors, le temps avance. Je te propose en… Pour terminer cet échange, après avoir fait le… après avoir diffusé l'épisode avec Cécile, il y a des personnes qui m'ont envoyé un petit message pour me dire Ah, mais du coup, j'ai découvert l'existence des clubs CPN et ça me donne envie d'en créer un. Et donc, qui se sont lancés ? Disait la CITEL à quelques années maintenant, j'ai vu qu'elle avait son propre site internet et que du coup, c'est un club CPN, mais il y a aussi d'autres activités. Est-ce que… ça inspire, ça donne des idées aux gens. Est-ce que tu peux, est-ce que tu veux bien nous dire un petit peu ce qui s'y passe à la CITEL ? Quelles sont les différentes activités que vous proposez ?

  • Speaker #0

    Oui, très volontiers. Donc, historiquement, la CITEL, c'est un club CPL. Connaître et protéger la nature, la CITEL, voilà. C'est vraiment le démarrage et qui a été l'activité unique de la CITEL. Mais les parents des enfants, venaient régulièrement se plaindre en disant Oui, il paraît que vous êtes allés voir les orchidées sur les talus de la commune d'à côté et nous, on ne sait même pas qu'ils sont là, on voudrait bien, nous aussi, profiter des activités comme les enfants. Alors, nous avons répondu Très bien, pas de problème et nous avons créé la CITEL adulte. On n'est pas très nombreux, on est entre 60 et 80 adhérents. Et à l'Assemblée Générale, nous constituons un programme de sortie d'activités, d'ateliers, et tout au long de l'année, entre adultes. Alors, c'est famille, en fait, les adultes viennent avec leurs enfants, et donc nous faisons des activités d'initiation au chant des oiseaux au printemps, ou d'entretien. d'un petit terrain dont nous avons la jouissance, où on fait des décos naturels pour Noël, ou des recettes de cuisine sauvage. Donc au Club CPN s'est ajoutée la cité à l'adulte. Et puis, il y a quelque temps, j'ai eu le privilège de rencontrer des acteurs majeurs du RPPN, du Réseau de la Pédagogie par la Nature. J'ai fait un stage avec eux et... Ma culture CPN s'est trouvée un peu secouée, a vacillé sur ses bases, mais je te rassure, elles se sont vite recentrées. Mais j'ai découvert les propositions du RPPN et j'ai été extrêmement séduit. J'ai trouvé ça très malin, pertinent, dans l'air du temps. Et c'est différent de la proposition CPN, mais pas tant que ça. Mais c'est quand même différent. Or... Sur le terrain dont je parlais il y a quelques instants, j'ai trouvé adapté de monter une forest school. Et donc, avec quelques amis, nous avons créé une forest school, qui s'appelle la forest cool de la CITEL. Et donc, une troisième activité, c'est greffer à la CITEL. Nous accueillons des enfants à la journée, en mode feu, initiation au couteau, cabane, grimper dans les arbres, avec une posture très différente de l'animateur. de la Forest School, de l'animateur du club CPN. Et je me suis vu encadrer la Forest School le matin, très inspiré des méthodes RPPN, et l'après-midi, accueillir d'autres enfants au club CPN et changer de posture. Et ça me va très bien, car les deux sont véritablement intéressants. Avec des enfants d'ailleurs qui venaient de la Forest School et qui sont passés au club CPN, et inversement, des enfants du club CPN qui sont passés à la Forest School. Comme quoi, les deux répondent à une attente et correspondent bien au développement de l'enfant. Voilà, et puis après, par le passé, c'est vrai que... un parent amenant leurs enfants au club cpn avec des tout petits ne savait pas quoi faire quoi en faire alors mathilde à la citel a proposé d'accueillir des 0,3 ans et nous avons créé la micro citel et puis les animatrices qui encadrent la forest school aujourd'hui ont remarqué que on n'avait pas de proposition pour les adolescents alors nous avons créé la citel ado donc de greffe en greffe C'est vrai que la cité, elle a grossi, n'est plus un club CPN, mais est une école de la nature. Je passe l'école de jardinier, je passe l'école d'apiculture naturelle. Et par contre, je m'arrêterai bien sur notre dernière invention, parce que dans notre bande, certains sont devenus papy et mamie. Et on dit, mais nous, en tant que CPN, nos petits-enfants. on va avoir à cœur de leur apprendre la nature. Et on s'est dit, mais il y a certainement d'autres papis et mamies qui aimeraient bien aussi mettre leurs petits-enfants dans la nature. Mais revenu, le titre de ce merveilleux ouvrage de Frédéric Lisac, édition Plume de Carotte, qui s'appelle Au secours, mes petits-enfants débarquent Et donc, nous avons décidé de créer une école pour former les grands-parents. pour qu'ils accueillent leurs petits-enfants en vacances, en week-end, le soir ou je ne sais quoi, en mettant la nature au cœur de leurs activités. Voilà, c'est notre dernière trouvaille. Je crois qu'on va appeler ce club Au secours, mes petits-enfants débarquent Et je suis sûr que les éditions Plume de Carotte nous épargneront un procès. Voilà, Claire, les activités. Mais c'est normal, on est dans un territoire qui est propice, il y a une attente. une attente du public, il y a une attente des parents, il y a même là une attente des collectivités territoriales, et c'est dans l'air du temps, et nous croyons dur comme fer que si nous ne procédons pas à des actions massives d'éducation à la nature, nous allons vers de graves ennuis. Donc, nous essayons d'apporter notre part chaque mercredi, chaque week-end, pendant les vacances.

  • Speaker #1

    Et c'est très inspirant. Ben écoute, justement sur cette dynamique locale, ce que je te propose c'est qu'on se donne rendez-vous à un autre moment pour approfondir ça, pour parler aussi de Carder du coup, puisqu'on n'a pas eu l'occasion de l'évoquer plus en détail, qui est la structure dans laquelle tu travailles. Et voilà, on aura d'autres questions à aborder, à soulever, à approfondir. Je te remercie infiniment d'avoir partagé ça et je te dis à bientôt du coup.

  • Speaker #0

    Très volontiers. Merci Claire.

  • Speaker #1

    Avec plaisir. Merci à toutes et à tous pour votre écoute. J'espère que cette discussion vous a plu et qu'elle éveille en vous une certaine curiosité pour l'éducation en plein air, voire même peut-être une envie de militer pour qu'elle se répande davantage. Pour en savoir plus sur mon invité du jour, je vous invite à vous rendre sur le site pédagogieduvivant.fr. Vous y trouverez toutes les infos à son sujet ainsi que ses recommandations. Sur ce, je vous donne rendez-vous la semaine prochaine pour un nouvel épisode. Et d'ici là, n'oubliez pas, sortir, ça ne doit être que du kiff ! Allez, ciao ciao, à bientôt !

Description

Approche sensible et approche par la connaissance : une complémentarité essentielle, avec François Lenormand, vice-président de la FCPN

Aujourd'hui, je vous invite à découvrir un échange passionnant avec François Lenormand, vice-président de la Fédération pour Connaître et Protéger la Nature (FCPN). Fort de 40 ans d’engagement au sein de cette organisation, François nous raconte son histoire, sa raison d'être et nous partage dans un même temps son expérience de l'animation nature.


Ensemble, nous explorons l’approche sensible, celle qui favorise la connexion à la nature, et l’approche par la connaissance, qui permet à tout.e.s de mettre des noms sur le vivant qui nous entoure. François nous explique la complémentarité et la richesse de ces deux approches dans l’éducation à la nature.


Que vous soyez enseignant, pédagogue par la nature, animateur ou éducateur à l’environnement, cet épisode vous offrira des pistes concrètes pour enrichir votre façon d’accompagner les enfants dans leur découverte du vivant.


Très belle écoute 🌱


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue sur le podcast Enfance en Nature, le podcast qui parle d'éducation en plein air. Je m'appelle Claire et chaque semaine, je reçois ici un ou une pédagogue qui nous partage son expérience en matière d'éducation hors des murs. Famille, professeur des écoles, éducateur, animatrice, ces conversations... ont pour but de transmettre et diffuser des pratiques diverses et variées qui tendent toutes vers un objectif, permettre aux enfants de passer un maximum de temps en extérieur et plus particulièrement au contact de la nature. Si vous souhaitez soutenir le podcast, n'hésitez pas à laisser un avis ou 5 étoiles sur votre plateforme d'écoute et surtout, surtout à le partager autour de vous pour disséminer les graines de l'éducation en plein air. Je vous souhaite une très belle écoute. Aujourd'hui, je vous propose un échange avec François, vice-président de la FCPN, la Fédération pour connaître et protéger la nature. C'est la deuxième fois que nous parlons de la FCPN dans le podcast, puisqu'à l'automne dernier, Cécile, du club Métébote, était venue nous raconter... l'histoire de son club nature et nous expliquer qui peut en créer un et comment cela fonctionne. Mais aujourd'hui, dans cet épisode, nous parlons avec François plus largement de la FCPN et de tous les projets qu'elle porte. François connaît bien cette fédération puisque ça fait maintenant 30 ans qu'il y est adhérent et qu'il s'y investit. Il nous parle ainsi du club nature qu'il a créé. Mais c'est surtout de la diversité des approches dans l'éducation par la nature dont nous avons parlé. Approche sensible et approche par la connaissance, François a pris le temps de présenter leurs particularités, leurs intérêts et surtout leur complémentarité. Quel que soit le cadre dans lequel vous accompagnez des enfants dehors, que vous soyez enseignante, animateur, pédagogue par la nature, éducatrice à l'environnement. Je vous conseille d'écouter cet épisode jusqu'au bout parce que l'expérience et les réflexions amenées par François vous permettront, j'en suis certaine, de questionner et d'enrichir votre approche. Je vous souhaite une très belle écoute. Bonjour François.

  • Speaker #1

    Bonjour Claire.

  • Speaker #0

    Bienvenue sur le podcast, je suis ravie de t'accueillir aujourd'hui. Alors pour tout te dire, quand je t'ai envoyé l'invitation à venir au micro d'Enfance en Nature, j'associais surtout ton nom à la Fédération, à la FCPN, la Fédération pour connaître et protéger la nature. Et puis en faisant mes recherches, j'ai découvert qu'en fait tu t'investis dans plein d'autres projets, dans d'autres structures. Bon, pour les personnes qui nous écoutent, pour qu'elles aient un aperçu des sujets qu'on va pouvoir balayer ensemble aujourd'hui, Est-ce que tu peux nous présenter en quelques mots les différentes casquettes que tu portes aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Oui, très bien. Ce n'est pas forcément le plus facile, mais en effet, mon nom peut être associé à la Fédération des CPN. Pour une bonne raison, c'est que j'ai coutume à dire que les CPN sont un peu mon ADN, c'est-à-dire ce qui m'a... construit depuis très très longtemps et j'y trouve, j'y puise des valeurs, des énergies, des méthodes, mais c'est presque une raison d'être et je ne suis pas le seul à partager ça. Les gens qui s'investissent dans les CPN assez rapidement incarnent un état d'esprit et un projet. Alors l'état d'esprit... Moi, je l'ai découvert assez jeune, tout simplement en lisant la petite revue que tout le monde connaît qui s'appelle La Hulotte, rédigée par Pierre Déhomme depuis les Ardennes. Et quand j'ai découvert cette revue, j'ai découvert que c'était à la fois très humain, très malin, scientifique, rigoureux, mais surtout, c'était marrant. Et c'est peut-être ce qui m'a séduit. C'est un peu cette posture d'être sérieux, mais de ne pas se prendre au sérieux. Et j'ai découvert en lisant La Hulotte que ça pouvait constituer un projet de construire les enfants en y intégrant la nature, mais la nature qui les entoure, la nature qui leur est quotidienne, mais qui ne leur est pas forcément familière. Et j'ai découvert dans La Hulotte le grand intérêt de mettre des noms sur ce qui nous entoure. Et beaucoup plus tard... J'ai compris l'intérêt de mettre des noms sur ce qui nous entoure. Donc, en effet, j'ai un investissement auprès de la Fédération des clubs CPN dans la région Normandie où j'habite, où nous avons créé un réseau régional des clubs CPN. Et très localement, dans le village où j'habite, j'anime depuis plus de 40 ans mon club qui s'appelle La Citelle.

  • Speaker #0

    Ok, merci pour cette... petite présentation. Pour revenir quelques années encore en arrière, tu m'as dit que tu avais eu l'occasion déjà d'écouter quelques épisodes du podcast. Tu connais peut-être la question rituelle que j'aime bien poser au début de chaque échange. François, c'était quoi ton rapport à la nature quand tu étais enfant ? Quels sont tes plus beaux souvenirs ?

  • Speaker #1

    Alors... Bizarrement, je n'en ai pas tant que ça, mais comme je fais faire ce même exercice à plein de gens quand on fait des stages de formation, bien sûr, je me suis interrogé. Et je me revois à l'âge de 10-12 ans, en vacances, à courir après les papillons. Et courir après les papillons... Ça voulait dire que je m'écartais de mon père et ma mère qui se reposaient dans la campagne ou dans la montagne. Et je partais tout seul. Et je me retrouvais seul dans la nature à chercher les papillons. Alors, à cette époque, je dois le confesser, les pauvres papillons finissaient dans des boîtes. Alors, j'ai un peu honte, mais j'assume parce que... C'est peut-être le premier livre que j'ai acheté, un guide d'identification des papillons. Et je prenais soin de faire des petites étiquettes. Et j'ai toujours d'ailleurs ces quelques papillons. Je n'ai jamais fait une grande collection, mais j'ai toujours ces papillons. Ils sont toujours là. Et donc, j'ai vraiment ce souvenir d'être au contact de la nature, seul, et avec dans mon sac... Beaucoup de curiosité, un appétit, envie de savoir, envie de connaître les noms de ces papillons et de les observer longuement parce que c'était beau. J'étais un peu fasciné et comme quoi on peut être fasciné et en même temps fermer les peaux aux papillons sur des épingles, c'était cruel. Et c'est là que, quelques années après, quand j'étais jeune homme, j'ai découvert la hulotte et plus jamais. Je n'ai réussi à tuer un animal ou le faire souffrir. Peut-être que mon deuxième souvenir ne remonte pas à l'enfance, mais comme je l'ai dit tout à l'heure, c'est la lecture de la huote, qui m'a véritablement fait basculer et qui a créé chez moi, peut-être, si j'emploie des grands mots, je dirais un projet de vie. d'éduquer les enfants à la nature, de leur montrer la nature, de leur donner le goût de la nature, et d'élever le plus haut possible leur niveau de connaissance et leurs compétences pour agir en faveur de la nature.

  • Speaker #0

    Et ça a été quoi du coup après ton parcours, puisque tu t'investis aujourd'hui de façon bénévole au sein de la FCPN ? Et donc à partir de ce moment, de cette lecture de la hulotte, quels sont les chemins que tu as pris dans cette animation nature et cet accompagnement des enfants ?

  • Speaker #1

    Eh bien, ce sont mariés chez moi deux convictions. La première, c'est que notre lien à la nature, notre rapport à la nature, il est fondamental. Donc je l'ai dit, merci à Pierre Déhomme et à la hulotte. Mais j'avais une deuxième conviction. c'est que l'éducation populaire est quelque chose de prioritaire dans l'éducation. Et donc, j'ai été formé par un grand organisme d'éducation populaire que certains connaissent, qui s'appelle les Franca, où j'ai puisé à la fois les valeurs que porte l'éducation populaire, le partage, l'égalité pour tous, le développement, l'épanouissement personnel, la solidarité. J'ai développé tout ça et ensuite, professionnellement, j'ai été maître d'école, comme j'aime à le dire. Et j'ai appliqué exactement tout ce que j'avais appris qui m'a formé à l'éducation populaire. En fait, je l'ai appliqué à mon métier d'instituteur. Plus tard, j'ai rencontré une association qui naissait à Rouen qui s'appelle Carder. Et donc, avec cet ami qui montait cette association, nous avons mis sur les rails ce... J'ai arrêté d'être maître d'école, mais je mettais au profit de Carder mes compétences de maître d'école, c'est-à-dire ma connaissance du monde de l'enseignement, des programmes, des méthodes. Ce qui fait que Carder est devenu très rapidement, autour de Rouen, puis ensuite sur les deux départements, Seine-Maritime et Or, un acteur majeur de l'éducation à la nature et de l'éducation à l'environnement. Dans mon parcours, j'ai connu. J'ai connu cette évolution qu'on cite parfois, à savoir que dans les années 80, on était tous des animateurs nature. Dans les années 90 sont arrivées toutes les problématiques environnementales et le terme d'éducation à la nature a été un peu mis de côté au profit de l'éducation à l'environnement. Et assez rapidement, on s'est aperçu également que ce qu'il fallait faire pour transformer un peu les gens, c'était... les initier au geste. Et nous avons au geste qui protège la planète. Et on a formé d'ailleurs le terme d'éco-citoyenneté, auquel personnellement je souscris complètement. Puis est arrivé le concept de développement durable. Aujourd'hui, la transition écologique. Et d'aucuns disent que si toutes ces évolutions sont nécessaires, parce qu'on le sait, ça n'est pas un scoop, la planète ne tourne pas très rond. Enfin, si, elle tourne rond, mais... La nature, en tout cas, et la biodiversité sont extrêmement malmenées et ça ne s'arrange pas. Et donc, toutes ces évolutions de l'éducation à la nature jusqu'à l'éducation à la transition sont nécessaires, bien évidemment. Mais d'aucuns disent que l'éducation à la nature est restée un peu sur le bord du chemin. C'est ce qui nous a valu en Normandie de créer un collectif qui s'appelle le collectif Éduquer à la nature. Alors là, c'est donc un rassemblement d'acteurs de l'éducation à la nature. Et même si, bien sûr, nous savons qu'il est absolument nécessaire et urgent de travailler sur les thèmes du climat, de l'alimentation, de la santé, de la mobilité, il faudrait vraiment mettre en équilibre tous les programmes d'action, les programmes budgétaires, les programmes politiques qui éduquent à la nature. Donc en Normandie, nous avons une action majeure en ce sens et j'ai l'honneur d'animer ce collectif. Et pour tout te dire, Claire, j'ai l'impression que nous remportons des petites victoires et qu'on marque quelques points. Peut-être y reviendrons-nous une autre fois si tu le souhaites.

  • Speaker #0

    Oui, avec grand plaisir, oui. Oui, oui, on développera davantage pour... expliquer un petit peu aux personnes qui nous écoutent. On s'est dit qu'on avait beaucoup, beaucoup de sujets à aborder et qu'il serait chouette de prendre le temps sur certains d'entre eux parce que ça mérite d'être développé. Et donc, on fera un nouvel échange pour approfondir tout ça avec grand plaisir. Alors, écoute, pour revenir pour le moment sur la FCPN, tu le disais, ça fait... 40 ans maintenant que tu t'investis, donc tu as quand même une bonne partie de l'histoire, tu fais partie de l'histoire de la FCPN. On avait déjà un petit peu abordé sur le podcast ce qu'était cette fédération avec Cécile du club Mettez Botte qui est installé sur Lille, à Lille. Mais pour rafraîchir les mémoires ou pour les personnes qui n'ont pas encore écouté l'épisode en question, est-ce que tu veux bien présenter la FCPN ? Tu as évoqué le magazine La Hulotte, mais du coup il n'y a pas que ça. Il y a d'autres projets, mais surtout la raison d'être du coup de la FCPN.

  • Speaker #1

    Mais oui, mais volontiers. Peut-être qu'on peut, pour situer dans le paysage français, situer un peu les clubs qui sont aux alentours de 500. Mais il y a aussi des familles CPN, c'est-à-dire là, c'est au sein de la famille qu'on adhère à la fédération. Et il y a aussi des individus, n'importe qui peut adhérer individuellement à la FCPN et se connecter à cette fédération. Alors cette fédération, elle a quelques spécificités et quelques caractéristiques, notamment qu'elle est très ancienne. On a fêté nos 50 ans l'année dernière, ce qui veut dire qu'il y a de l'expérience derrière la fédération et il y a un capital d'outils qui est là au service de tous les éducateurs à la nature, qu'ils soient enseignants, animateurs, animateurs professionnels, animateurs bénévoles ou parents. Donc il y a une énorme quantité d'outils. sous la forme de cahiers techniques qui aident ce que nous appelons nous des passeurs de nature. Et une des spécificités des clubs CPN, c'est que n'importe qui peut créer son club. N'importe qui, qui a pour envie de donner le goût de la nature à d'autres, bon, la plupart du temps des enfants, soyons clairs, eh bien, tout un chacun peut ouvrir son club CPN. À partir de là, il y a une raison d'être qui est annoncée, et celui qui ouvre son club CPN va évidemment adhérer à l'idée que je vais développer, parce qu'on a bien défini la raison d'être des CPN, je vais y revenir. Mais à partir du moment où quelqu'un ou plusieurs personnes ouvrent leur club, nous avons coutume de dire qu'il fait ce qu'il veut, comme il veut, quand il veut, où il veut, avec qui il veut. Nous attachons de l'importance. à laisser une grande liberté et une grande simplicité à la recette. C'est peut-être d'ailleurs pour ça qu'elle marche assez bien, cette recette. Donc, c'est à la fois cadré par cette raison d'être, mais en même temps, nous souhaitons laisser une grande liberté pour que ça puisse s'adapter à tous les cadres, que ce soit une école, un enseignant peut créer son club, que ce soit... un individu dans son village qui aime la nature et qui réunit autour de lui 5, 6, 10, 12, 20 enfants, ou que ce soit un animateur dans une structure socioculturelle, ou un animateur professionnel dans une structure d'éducation à l'environnement. Du coup, le club CPN s'adapte à toutes ces situations-là. C'est ce qui le rend intéressant, selon nous. Après, évidemment, on ne fait quand même pas n'importe quoi dans un club CPN. Il y a un cadre qui est décrit dans une charte qu'on retrouve sur le site internet de la FCPN. Mais je vais bien m'arrêter quelques instants sur la raison d'être. On dit parfois ce qui n'est rien d'autre qu'un projet pédagogique. Et ce projet pédagogique, il repose sur deux piliers. Parfois, on parle de deux jambes. Parce que nous avons pointé qu'outiller les enfants, les ados, les adultes, pour qu'ils deviennent... respectueux et qu'ils vivent en harmonie avec la nature, il y a deux grandes conditions. La première, c'est qu'ils se sentent reliés à la nature. Ce fameux concept de connexion à la nature que l'on manipule parfois avec précaution. En tout cas, nous disons que la première des choses est certainement à donner le goût de la nature, Faire que les enfants soient sensibles à la nature, qu'ils se sentent connectés. Personnellement, je n'ai pas peur de le dire, parce que ce terme de connexion, il a quand même quelques intérêts. En tout cas, nous disons que dans la proposition CPN, par moment, il faut travailler ce lien sensible à la nature par des activités sensorielles. par du jeu libre, par des activités, où on va générer de l'émotion, où la nature va pénétrer dans l'intériorité de l'enfant et de la personne, où on va le faire s'exprimer, on va lui faire ressentir des choses. Tout ce que l'on sait aujourd'hui sur la manière de faire comprendre aux enfants et aux adultes aussi, que nous sommes des personnes humaines liées à la nature. Ça, c'est le premier volet. Et le deuxième volet, que par respect d'égalité, je vais décrire dans le même nombre de secondes, c'est le volet de la connaissance. Car nous sommes les héritiers de la hulotte, nous sommes les enfants de la hulotte. Et si dans la hulotte, on retrouve vraiment cette idée de se connecter à la nature et ce lien sensible, il y a également le volet de la connaissance. Et nous disons que... Oui, il est important, voire essentiel, de connaître la nature, de mettre des noms sur les êtres non humains qui nous entourent. Oui, ça comporte un véritable intérêt dans l'épanouissement de la personne et dans la construction de la conscience écologique, de savoir nommer les papillons qui volent dans le jardin, de mettre des noms sur les arbres du chemin de l'école. de repérer l'arrivée des hirondelles au printemps, et de repérer les coccinelles qui sont dans la pelouse, etc. Et nous nous appuyons sur quelques éléments de recherche, des études qui ont été faites, qui démontrent qu'il y a, oui, il y a un lien direct entre le sentiment d'être connecté à la nature et la conscience écologique. Il existe également un lien direct entre le niveau de connaissance et la conscience écologique et la capacité à agir. Là-dessus, on a surtout des données sur l'érosion de la connaissance. Et là, il conviendrait de mettre en parallèle l'érosion de la biodiversité, qui ne fait plus aucun doute aujourd'hui, et une forme d'érosion de la connaissance. Je vois dans mon entourage la difficulté des personnes, quelles qu'elles soient, à mettre des noms, mais même sur des papillons. Les papillons, ils sont présents, ils sont dans notre quotidien. Et au mieux, on les voit et on ne sait pas les nommer. Au pire, on ne les voit pas. Donc, oui, nommer Hubert Reeves dit, il est temps de faire sortir la nature de l'anonymat. Ou il dit aussi, nommer les êtres vivants qui nous entourent, c'est les faire exister. Et nous souscrivons à cette idée. Chez les CPN, les programmes, les propositions, même les petits concours que propose la FCPN sont toujours équilibrés, à la fois sur l'aspect connexion, donner le goût de la nature, créer le lien à la nature, et apporter de la connaissance. Et j'aimerais même évoquer l'hypothèse que la connaissance, ça peut faire du bien. Nous faisons même l'hypothèse d'une forme de connaissance intime. La connaissance qui me transforme, la connaissance qui me fait du bien, si tu vois ce que je veux dire. Et alors après, il faudrait détailler un peu ce qu'on met derrière connaissance, et j'avoue, je ne l'ai pas fait. Connaître, ce n'est pas forcément mettre des mots, ce n'est pas forcément mettre des noms. Oui, c'est utile, mais la connaissance, c'est aussi la connaissance par l'expérience, savoir. fabriquer un petit quelque chose avec une feuille de ceci ou une petite cordelette avec l'ortie. C'est aussi savoir se fabriquer un petit jouet. C'est aussi manipuler la terre. C'est aussi connaître, savoir ce qu'on faisait autrefois de cette plante ou de cet animal. La connaissance, elle est multiforme, mais on reste quand même sur de la connaissance. Voilà un peu résumé ce que nous visons. à la FCPN et voilà un peu comment nous pensons l'éducation à la nature. Et puis j'ajouterai encore une fois, je vais faire référence à la hulotte, mais après, promis, j'arrête. Tous les lecteurs qui lisent la hulotte disent Mais quel plaisir quand je reçois un nouveau numéro, je l'avale d'un trait ! Car oui, oui, le plaisir d'apprendre, ça existe. Et les enfants que j'ai dans mon club pourraient en témoigner. Ils aiment apprendre. Et apprendre, ce n'est pas forcément barbant. Malheureusement, je connais quelques sphères dans lesquelles apprendre n'est pas très plaisant. Et c'est vraiment dommage parce que les enfants qui viennent au club, les adultes qu'on a dans nos sorties, prennent plaisir à découvrir le piquant de l'ortie, à voir de près les yeux d'une libellule ou tous ces p... petits détails qui associent. le plaisir et l'apprentissage. Et peut-être, Claire, si tu veux bien, pour terminer, car oui, j'aime bien faire l'apologie de la connaissance, si on pense que nos concitoyens ont leur part à faire pour préserver la nature, eh bien, il faut savoir agir en connaissance de cause, dit-on. C'est-à-dire que... On peut aussi faire des bêtises. Agir en faveur de la nature demande quand même quelques compétences et il faut savoir comment la nature fonctionne et il faut connaître les espèces vivantes pour ne pas faire de bêtises. Donc, améliorer son niveau de connaissance, c'est aussi améliorer sa capacité à agir et à agir de façon pertinente. Et peut-être que pour terminer... la boucle de ce raisonnement, cette sensibilité à la nature, alors là je reviens sur la première jambe qui nous fait avancer dans la construction de notre rapport à la nature, être sensible à la nature et être outillé par de la connaissance nous rend capable d'agir et permet de prendre part au débat public, car aujourd'hui en France on regrette que la question de l'écologie et de l'environnement. Si dans certains sondages, à le vent en poupe, dans la réalité, on n'y est pas complètement. Et on a besoin de former des personnes capables de s'engager et de prendre part au débat public pour dire que la nature doit reprendre sa place dans l'aménagement des territoires, dans les programmes. dans les priorités, il est temps que les citoyens portent leurs paroles. Et pour ça, ils doivent être outillés et ils doivent être sensibles à la nature.

  • Speaker #0

    Écoute, je rebondis sur cette question d'outils, sur cette première jambe qui est la connexion à la nature par l'approche sensible. On voit la connaissance, connaître la nature. Pour une personne qui a un club CPN, qui souhaite en ouvrir un, j'imagine qu'elle trouve dans les gazettes techniques plein d'informations pour partager, transmettre cette connaissance-là. Comment est-ce que la FCPN sensibilise les personnes à la connexion à la nature ? Parce que quand soi-même en tant qu'adulte, soit on n'a pas connu une enfance... très proche de la nature, où on s'est complètement déconnecté de la nature. Comment est-ce que ces personnes-là, par quel biais vous les amenez à ce... Est-ce qu'il y a des outils que la FCPN met en place, propose ? Est-ce qu'il y a des formations pour amener vers cette connexion à la nature qui est effectivement très personnelle et qui est, je trouve, d'un point de vue matériel, qui se trans... Ça se vit, la connexion à la nature. Alors comment est-ce que la FCPN amène ses adhérents à eux-mêmes vivre et partager cette connexion à la nature, amener les enfants à se connecter à la nature au sein des clubs ?

  • Speaker #1

    Je comprends bien ta question. Que ce soit sur le sentiment de connexion ou que ce soit sur le niveau de connaissance, nous avons affaire aujourd'hui à une société qui est défaillante dans les deux axes. On parle bien d'extinction d'expérience de nature, on parle bien d'érosion de connaissances, et donc comment faire dans cette société où les adultes, les éducateurs, sont de moins en moins connectés à la nature et connaissent de moins en moins la nature ? Nous avons besoin d'inverser une tendance. Alors évidemment, ce n'est pas facile, mais à la FCPN, on a à notre actif des outils. un outillage qui aide précisément toutes ces personnes qui s'engagent dans la création d'un club. On a repéré que...

  • Speaker #0

    Donc globalement, c'est un peu schématique, mais ça marche quand même un peu. Globalement, il y a deux tendances chez les personnes qui créent un club. Il y a les personnes qui connaissent un peu la nature, qui sont un peu des amateurs de nature et qui disent que c'est important de montrer la nature aux enfants. Il y a la deuxième catégorie de personnes qui sont plutôt des éducateurs. Les éducateurs qui comprennent le projet pédagogique de remettre les enfants dans la nature. Et alors, les premiers qui connaissent bien la nature ne sont pas forcément pédagogues. Les deuxièmes qui sont pédagogues ne s'y connaissent peut-être pas forcément bien en nature. Et donc, il faut outiller les deux. Et c'est là la spécificité des cahiers techniques des CPN, car ils sont rédigés, grosso modo, 50%. de l'apport naturaliste, 50% de l'apport pédagogique. Ce qui fait que tout le monde s'y retrouve et en lisant un cahier technique sur toutes les thématiques qui sont parues depuis, mais évidemment, on n'a pas brossé tous les taxons, ni tous les groupes, mais en partant des araignées, en passant par les escargots jusqu'aux graines, jusqu'aux plantes à fleurs, un cahier technique... procure aux responsables de club ou aux enseignants, ou même des fois aux animateurs nature professionnelle, un peu de bagage de connaissances, comme ça on sait ce qu'il faut transmettre. Et en même temps, des jeux, des idées d'activité, comme ça on sait comment le transmettre. Pour la connexion à la nature, l'AFCPN a édité un cahier technique sur ce thème-là, qui s'appelle l'approche sensible, et où là on donne également des pistes. pour mettre les enfants dans certaines situations qui sont propices à ce que les enfants ressentent leur lien à la nature. Le président de l'association dans laquelle je travaille m'avait dit il y a très longtemps, mais il était en train de comprendre un peu tous ces aspects de l'éducation à la nature, il prenait conscience que les gens n'allaient plus dans la nature, et il me dit, alors François, si je comprends bien... éduquer à la nature, ça n'est plus naturel. En effet, il évoquait le fait qu'autrefois, on vivait au contact de la nature. Alex Koskia, dans ses ouvrages, par exemple, explique ça très bien, entre autres. Et il est vrai que les gens, autrefois, il y a quelques dizaines d'années, étaient beaucoup plus en expérience de nature. Connaissaient-ils la nature ? Ce n'est pas très sûr. Ils pouvaient faire des erreurs en nommant les espèces. Mais en tout cas, ils avaient une forme de connaissance. une familiarisation avec la nature qu'aujourd'hui nous n'avons plus. Et ces gens-là étaient certainement très sensibles à la nature. Ils savaient bien au loin, quand ils entendaient un oiseau, ils savaient qu'il se passait quelque chose. Ils étaient liés aux événements de la nature. Ça n'est plus le cas aujourd'hui. Alors, on a identifié des activités que les animateurs nature mettent en place. eux-mêmes, pour mettre les enfants dans des conditions où ils vont développer leur sens, ils vont vivre des émotions. On les connaît tous, par exemple, toucher avec ses mains des objets sans la vue, ou focaliser son attention sur un champ d'oiseaux, ou fermer les yeux et rester seul dans la nature et approcher de l'état de méditation. des activités qui sont propices à ce que l'enfant vive quelque chose, ressente quelque chose et identifie son lien à la nature. Voilà un exemple de cahier technique qui préconise comment on peut organiser ces expériences de nature avec un groupe d'enfants. C'est un des cahiers techniques édités dernièrement par la FCPN et que je recommande à vos auditeurs.

  • Speaker #1

    Et c'est vrai que tu parlais tout à l'heure de l'évolution, de l'approche et des noms qu'on a pu mettre, éducation à l'environnement, développement durable, etc. Je me souviens, il y a quelques années, j'avais été frappée en feuilletant un livre jeunesse sur la planète, comment protéger la planète, voilà. toutes les espèces qui étaient évoquées, présentées. sont des espèces qui vivent très loin de nous. Et c'est souvent, pendant longtemps, et encore aujourd'hui, on le retrouve toujours dans les livres jeunesse, l'angle qui est donné, les exemples qui sont montrés, c'est l'ours polaire sur sa banquise qui va mal. Et la connexion, là, elle est impossible, parce que le seul endroit où les enfants... peuvent éventuellement rencontrer ces animaux, ce sont dans des zoos, dans des parcs animaliers. Mais au quotidien, il ne rencontrera pas ces espèces-là. Et c'est là où je trouve qu'effectivement, la FCPN propose quelque chose qui favorise cette connexion-là, parce qu'on s'ouvre à ce qui est tout proche de nous. Et je considère que c'est par là, je suis persuadée que c'est par là que ça commence, avant d'aller... regarder et se demander ce qui se passe à l'autre bout de la planète, où c'est souvent là qu'on perd les jeunes. Quand tu parlais des gestes à faire pour protéger cette nature, on a du mal à voir le lien entre le moment où je vais faire tel geste et ce qui va se passer à des milliers et des milliers de kilomètres de moi. Et c'est vrai que cette articulation du coup entre la connaissance toute proche de la nature qui nous entoure, vraiment. Et cette connexion, elle se fait bien là. Je trouve que c'est une histoire de ressenti, mais...

  • Speaker #0

    Il est vrai que les jeunes enfants, ça, ça marche à 100%, sont fascinés. Il y a un pouvoir de fascination du lion, de la girafe, du guépard, soit par... Il faut bien avouer que ces espèces-là dégagent quelque chose. On ne peut pas le nier. Et donc, c'est beau, ou c'est mignon, ou c'est fascinant, ou ça fait peur. Et donc, ça réveille quand même quelque chose chez l'enfant. On ne peut pas le nier. Et c'est plus facile, sans doute, à faire dans des ouvrages de jeunesse, et ça se vend mieux, certainement, quand on traite ce type d'animaux que la limace, l'araignée, ou la chauve-souris, ou d'autres espèces, ou la mouche. Or, nous, nous le savons, il y a autant de merveilleux dans une mouche que dans une girafe. Ça peut paraître bizarre, mais oui, en effet, nous accordons davantage de valeur à connaître la nature qui nous entoure, la nature vraiment de proximité, et en la fréquentant, en la fréquentant souvent, en allant souvent dans cette nature. En apprenant à connaître les espèces végétales et animales comme on connaît les gens de notre famille, la nature devient familière et on le sait qu'un lien affectif se développe. Et il est intéressant ce lien affectif parce qu'il révèle chez l'enfant une forme d'appartenance à la nature. Ce qui nous permet de parfois un peu prendre un contre-pied. certains arguments qui disent, oui, mais en nommant la nature, vous distinguez l'homme et la nature. Non, non, non, non. Enfin, oui, on peut, oui, c'est une manière de voir les choses, mais il y a une autre manière qui consisterait à dire qu'en la fréquentant, en la connaissant, en l'appréciant, on développe un lien qui devient une forme d'appartenance à la nature. Et j'ajoute qu'avec cette... Bivalence, comprendre son lien et connaître la nature. Quand on va en milieu naturel, on voit se développer une forme de qualité de présence à la nature. J'en ai vraiment fait l'expérience les premières fois où je suis allé dans la Garigue, par exemple. La Garigue qui est complètement étrangère. Alors là, j'étais complètement perdu. J'étais mal, je n'étais pas très bien. Tous ces arbustes là qui... qui ne ressemblaient à rien, en tout cas que je n'avais jamais vu, et dont je ne savais rien, je ne savais rien d'eux, sans doute ne savaient rien de moi non plus. Et donc, il m'a fallu un temps pour me familiariser, et j'ai vraiment ressenti à la fois le plaisir d'apprendre des choses sur ces espèces, j'ai fait connaissance avec elles, et ensuite, quand je retournais dans la garigue, je m'apercevais que je les reconnaissais. Et du coup, je me sentais bien, je me sentais lié à ces espèces. La connaissance débouche sur une forme de lien. Et je ne vais pas dire que je me sentais chez moi, mais je me sentais mieux du fait de les connaître parce que j'y suis allé quand même un certain nombre de fois et j'avais quand même un certain nombre d'informations sur ces espèces animales et végétales. Et je ressentais une autre qualité de présence à la nature qui m'entourait. Et j'aimerais bien... que tout un chacun, mon voisin, les gens de ma famille, les enfants de mon club, les enfants de l'école de mon village, j'aimerais qu'ils ressentent ça et qu'ils puissent évaluer cette qualité de présence à la nature. C'est pour moi fondamental. C'est d'autant fondamental que ceci débouche sur la prise en compte que ça existe, sur la prise en compte que, comme on l'a dit tout à l'heure, tout ne tourne pas rond et que je peux faire ma part. Et donc, je peux devenir actif en faveur de cette nature parce que j'y suis lié, parce que j'en fais partie. C'est un peu de moi-même. Et donc, naturellement, je dois prendre soin de cette nature dont je fais partie. Autrement dit, développer son lien à la nature, associer à de la connaissance, ça débouche naturellement sur... une capacité à agir et sur ce sentiment d'être responsable de la qualité de la nature qui est autour de moi.

  • Speaker #1

    Je te remercie de partager cette anecdote parce que parmi les freins parfois qu'on entend des personnes qui ont envie d'amener des enfants en nature, qui sentent qu'il y a quelque chose qui les attire là-dedans, mais qui n'osent pas parce qu'elles se... parce qu'elles disent, elles expriment le fait qu'elles n'ont pas de connaissances naturalistes, qu'elles n'ont pas appris tout ça. Là, tu le dis, tu es arrivé dans un environnement, dans un milieu naturel, dans la gare avec laquelle tu n'étais pas familière. Et ça peut effectivement créer peut-être un inconfort, peut-être on peut être intimidé aussi quand on se retrouve, je pense notamment en forêt, ça peut être intimidant. Mais la connaissance, elle peut venir, déjà, elle vient du terrain et elle peut venir petit à petit. Et c'est à force de côtoyer cette nature. Il y a un truc qui se crée où plus on en apprend, plus on a envie d'en apprendre. Et on tire le fil comme ça. Et du coup, je te remercie de partager cette anecdote. Parce que moi, en tout cas, de ce que j'ai pu entendre, et les personnes qui sont venues sur le podcast ont été plusieurs à exprimer que... Pendant longtemps, elles se sont empêchées de sortir avec des enfants, d'emmener des enfants dehors, parce qu'elles se disaient qu'elles connaissaient très peu le monde qui nous entourait.

  • Speaker #0

    Mais si tu veux bien, il faudrait ajouter une autre donnée. C'est qu'aujourd'hui, sans doute à cause des conditions de vie qu'on a aujourd'hui, les rythmes infernaux, la technologisation... le virtuel qui s'installe dans nos vies. On ne fait plus attention à la nature. Et il est aujourd'hui démontré que les capacités attentionnelles sont un outil de mesure de l'environnement et les capacités attentionnelles sont les premiers maillons de cette chaîne de la connexion. Aujourd'hui, on prête de moins en moins attention à la nature qui nous entoure. Et là, la bonne nouvelle, c'est que la capacité attentionnelle, elle s'éduque. Elle s'éduque par des jeux, des activités, de lecture, des exercices sensoriels, par de la fréquentation longue et récurrente. notre capacité d'attention à la nature, elle s'éduque. Et ça, c'est bien de le savoir parce que tout le monde peut le faire. Là, il n'y a pas besoin d'être un naturaliste pour ça. Et tout le monde peut emmener des enfants en nature. Des grands-parents, des enseignants, des animateurs, moi avec mon petit voisin. La simple attention portée à la nature est un premier pas vers la connexion. Et ça fait l'objet. dans nos animations nature, d'exercice, enfin quand je dis exercice, entendons-nous, simplement parfois en demandant aux gens de... simplement d'écouter. Oh, vous avez entendu ? Les gens disent Non, quoi ? Et on leur fait remarquer un oiseau qui est perché et qui chante, ils disent Ah oui, en effet ! Et le simple fait de faire ça, après, à penser qu'une autre fois, les gens porteront attention à ce chant d'oiseau. Et c'est extrêmement important. Et dans tout ce qu'on propose au public, il faut penser à développer leur concentration et leur capacité à poser leur attention sur ce qui se passe, les mouvements, les transformations, ou ce qui est beau, ce qui touche, ou au contraire, ce qui fait réagir. C'est aussi une partie des activités CPN, développer l'attention.

  • Speaker #1

    Alors, le temps avance. Je te propose en… Pour terminer cet échange, après avoir fait le… après avoir diffusé l'épisode avec Cécile, il y a des personnes qui m'ont envoyé un petit message pour me dire Ah, mais du coup, j'ai découvert l'existence des clubs CPN et ça me donne envie d'en créer un. Et donc, qui se sont lancés ? Disait la CITEL à quelques années maintenant, j'ai vu qu'elle avait son propre site internet et que du coup, c'est un club CPN, mais il y a aussi d'autres activités. Est-ce que… ça inspire, ça donne des idées aux gens. Est-ce que tu peux, est-ce que tu veux bien nous dire un petit peu ce qui s'y passe à la CITEL ? Quelles sont les différentes activités que vous proposez ?

  • Speaker #0

    Oui, très volontiers. Donc, historiquement, la CITEL, c'est un club CPL. Connaître et protéger la nature, la CITEL, voilà. C'est vraiment le démarrage et qui a été l'activité unique de la CITEL. Mais les parents des enfants, venaient régulièrement se plaindre en disant Oui, il paraît que vous êtes allés voir les orchidées sur les talus de la commune d'à côté et nous, on ne sait même pas qu'ils sont là, on voudrait bien, nous aussi, profiter des activités comme les enfants. Alors, nous avons répondu Très bien, pas de problème et nous avons créé la CITEL adulte. On n'est pas très nombreux, on est entre 60 et 80 adhérents. Et à l'Assemblée Générale, nous constituons un programme de sortie d'activités, d'ateliers, et tout au long de l'année, entre adultes. Alors, c'est famille, en fait, les adultes viennent avec leurs enfants, et donc nous faisons des activités d'initiation au chant des oiseaux au printemps, ou d'entretien. d'un petit terrain dont nous avons la jouissance, où on fait des décos naturels pour Noël, ou des recettes de cuisine sauvage. Donc au Club CPN s'est ajoutée la cité à l'adulte. Et puis, il y a quelque temps, j'ai eu le privilège de rencontrer des acteurs majeurs du RPPN, du Réseau de la Pédagogie par la Nature. J'ai fait un stage avec eux et... Ma culture CPN s'est trouvée un peu secouée, a vacillé sur ses bases, mais je te rassure, elles se sont vite recentrées. Mais j'ai découvert les propositions du RPPN et j'ai été extrêmement séduit. J'ai trouvé ça très malin, pertinent, dans l'air du temps. Et c'est différent de la proposition CPN, mais pas tant que ça. Mais c'est quand même différent. Or... Sur le terrain dont je parlais il y a quelques instants, j'ai trouvé adapté de monter une forest school. Et donc, avec quelques amis, nous avons créé une forest school, qui s'appelle la forest cool de la CITEL. Et donc, une troisième activité, c'est greffer à la CITEL. Nous accueillons des enfants à la journée, en mode feu, initiation au couteau, cabane, grimper dans les arbres, avec une posture très différente de l'animateur. de la Forest School, de l'animateur du club CPN. Et je me suis vu encadrer la Forest School le matin, très inspiré des méthodes RPPN, et l'après-midi, accueillir d'autres enfants au club CPN et changer de posture. Et ça me va très bien, car les deux sont véritablement intéressants. Avec des enfants d'ailleurs qui venaient de la Forest School et qui sont passés au club CPN, et inversement, des enfants du club CPN qui sont passés à la Forest School. Comme quoi, les deux répondent à une attente et correspondent bien au développement de l'enfant. Voilà, et puis après, par le passé, c'est vrai que... un parent amenant leurs enfants au club cpn avec des tout petits ne savait pas quoi faire quoi en faire alors mathilde à la citel a proposé d'accueillir des 0,3 ans et nous avons créé la micro citel et puis les animatrices qui encadrent la forest school aujourd'hui ont remarqué que on n'avait pas de proposition pour les adolescents alors nous avons créé la citel ado donc de greffe en greffe C'est vrai que la cité, elle a grossi, n'est plus un club CPN, mais est une école de la nature. Je passe l'école de jardinier, je passe l'école d'apiculture naturelle. Et par contre, je m'arrêterai bien sur notre dernière invention, parce que dans notre bande, certains sont devenus papy et mamie. Et on dit, mais nous, en tant que CPN, nos petits-enfants. on va avoir à cœur de leur apprendre la nature. Et on s'est dit, mais il y a certainement d'autres papis et mamies qui aimeraient bien aussi mettre leurs petits-enfants dans la nature. Mais revenu, le titre de ce merveilleux ouvrage de Frédéric Lisac, édition Plume de Carotte, qui s'appelle Au secours, mes petits-enfants débarquent Et donc, nous avons décidé de créer une école pour former les grands-parents. pour qu'ils accueillent leurs petits-enfants en vacances, en week-end, le soir ou je ne sais quoi, en mettant la nature au cœur de leurs activités. Voilà, c'est notre dernière trouvaille. Je crois qu'on va appeler ce club Au secours, mes petits-enfants débarquent Et je suis sûr que les éditions Plume de Carotte nous épargneront un procès. Voilà, Claire, les activités. Mais c'est normal, on est dans un territoire qui est propice, il y a une attente. une attente du public, il y a une attente des parents, il y a même là une attente des collectivités territoriales, et c'est dans l'air du temps, et nous croyons dur comme fer que si nous ne procédons pas à des actions massives d'éducation à la nature, nous allons vers de graves ennuis. Donc, nous essayons d'apporter notre part chaque mercredi, chaque week-end, pendant les vacances.

  • Speaker #1

    Et c'est très inspirant. Ben écoute, justement sur cette dynamique locale, ce que je te propose c'est qu'on se donne rendez-vous à un autre moment pour approfondir ça, pour parler aussi de Carder du coup, puisqu'on n'a pas eu l'occasion de l'évoquer plus en détail, qui est la structure dans laquelle tu travailles. Et voilà, on aura d'autres questions à aborder, à soulever, à approfondir. Je te remercie infiniment d'avoir partagé ça et je te dis à bientôt du coup.

  • Speaker #0

    Très volontiers. Merci Claire.

  • Speaker #1

    Avec plaisir. Merci à toutes et à tous pour votre écoute. J'espère que cette discussion vous a plu et qu'elle éveille en vous une certaine curiosité pour l'éducation en plein air, voire même peut-être une envie de militer pour qu'elle se répande davantage. Pour en savoir plus sur mon invité du jour, je vous invite à vous rendre sur le site pédagogieduvivant.fr. Vous y trouverez toutes les infos à son sujet ainsi que ses recommandations. Sur ce, je vous donne rendez-vous la semaine prochaine pour un nouvel épisode. Et d'ici là, n'oubliez pas, sortir, ça ne doit être que du kiff ! Allez, ciao ciao, à bientôt !

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