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FRANIA - 13 ans - 1ère partie - "Le ZYKLON B SE DÉCLENCHAIT ET LES EXTERMINAIT DANS LE CAMION" cover
FRANIA - 13 ans - 1ère partie - "Le ZYKLON B SE DÉCLENCHAIT ET LES EXTERMINAIT DANS LE CAMION" cover
ENFANT DE LA SHOAH

FRANIA - 13 ans - 1ère partie - "Le ZYKLON B SE DÉCLENCHAIT ET LES EXTERMINAIT DANS LE CAMION"

FRANIA - 13 ans - 1ère partie - "Le ZYKLON B SE DÉCLENCHAIT ET LES EXTERMINAIT DANS LE CAMION"

13min |28/05/2025
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13min |28/05/2025
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Description

FRANIA naît le 1er mars 1926 à Tarnów, une ville située au sud-est de la Pologne, à environ 80 km de Cracovie.


Tarnów abrite alors une importante communauté juive d’environ 25 000 personnes, soit 40 à 50 % de la population.


Son père est un chef d'orchestre symphonique renommé, et sa mère, pianiste dans les cinémas de la ville, accompagne au piano les films muets. Frania a deux frères, l'un cadet et l'autre aîné, tous deux également musiciens.


C’est une petite fille pleine de joie, qui grandit au sein d’une famille juive laïque, dans un univers d’insouciance, de bonheur et de sécurité, malgré les prémices d’un antisémitisme qui se fait déjà sentir à Tarnow, comme dans toute la Pologne.


Les choses se compliquent en 1938, lorsque des Juifs allemands d’origine polonaise, chassés d’Allemagne, arrivent en ville. Mais le véritable coup de tonnerre survient le 1er septembre 1939 : la première bombe allemande s'abat sur la gare de Tarnów.


Frania s'en souvient avec précision : l’horloge de la chambre marquait minuit pile.


S’ensuivent huit jours de bombardements incessants, de jour comme de nuit.


Le 7 septembre 1939, l’armée allemande entre dans Tarnów.


Presque immédiatement, les répressions contre les Juifs polonais commencent : rafles, déportations, assassinats arbitraires...


Des affiches fleurissent sur les murs, interdisant aux Juifs d'aller à l'école, à la banque et imposant un couvre-feu strict.

En un mois, toutes les synagogues et les quarante maisons de prière juives sont incendiées ou dynamitées.


Le père de Frania, immédiatement traqué, décide de fuir.

Ses frères sont arrêtés dans la rue pour des travaux forcés, tandis que Frania reste seule avec sa mère.


Pendant plus d’un an, sa maman la cache de cave en grenier pour la protéger des Allemands. Une vie clandestine terrible pour une enfant de 13 ans, qui assiste en secret à des humiliations publiques suivies d’exécutions brutales.


Frania traverse parfois des rues jonchées de corps inertes, abandonnés par les nazis.


VOICI la première des 4 parties du témoignage de Frania 13 ans, Enfant de la Shoah


NE PERDONS PAS L'HISTOIRE, PARTAGEONS-LA…


suivez moi sur les réseaux ici 👉 https://linktr.ee/EnfantDeLaShoah




🙏 Un immense merci à la CLAIMS CONFERENCE et à la DILCRAH pour leur précieux soutien. Grâce à eux, ce travail de mémoire peut continuer d’exister et de toucher de nouveaux publics.


Ensemble, gardons vivantes ces voix, ces visages, ces vies, pour que jamais on n’oublie.


Merci de votre écoute…


----

❤️ Vous AUSSI, pouvez m’aider à préserver la mémoire des enfants cachés en faisant un don sur https://www.allodons.fr/enfantdelashoah

Chaque contribution permet de continuer ce travail essentiel. #Mémoire #Shoah #HistoireVraie


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Ils ont fermé un quartier avec des barrières en bois. Ils nous ont expulsés de nos maisons et ils nous ont enfermés dans ce ghetto.

  • Speaker #1

    La Shoah, mot hébreu qui signifie catastrophe, désigne la mise à mort de près de 6 millions de Juifs d'Europe par l'Allemagne nazie et ses collaborateurs pendant la Seconde Guerre mondiale. En France, plus de 25% de la population juive totale sera décimée. Les enfants ne seront pas épargnés. 11 000 d'entre eux ne reviendront pas des centres de mise à mort et des milliers d'autres, les plus chanceux, seront séparés de leurs parents, cachés à la campagne sous de fausses identités, mis à l'écart du monde extérieur, parfois même dénoncés et emprisonnés. Ne pas dire qu'ils sont juifs, jamais. Se taire, affronter la peur, la solitude. Le danger. Oui, chanceux, car malgré tout, ces enfants survivront à cette période terrible. Ces enfants ont grandi. Ils ont 80, 90 ans et plus. Ils sont la mémoire de la guerre. Ils sont les enfants de la Shoah. Ils replongent pour nous dans leurs souvenirs d'enfants. Frania, né le 1er mars 1926 à Tarnow, une ville située au sud-est de la Pologne, à environ 80 km de Cracovie. Tarnow abrite alors une importante communauté juive. d'environ 25 000 personnes, soit 40 à 50 % de la population. Son père est un chef d'orchestre symphonique renommé et sa mère, pianiste dans les cinémas de la ville, accompagne au piano les films muets. Frania a deux frères, l'un cadet, l'autre aîné, tous deux également musiciens. C'est une petite fille pleine de joie qui grandit au sein d'une famille juive laïque, dans un univers d'insouciance, de bonheur, de sécurité, malgré les prémices d'un antisémitisme qui se fait déjà sentir à Tarnow. Comme dans toute la Pologne. Les choses se compliquent en 1938, lorsque des Juifs allemands d'origine polonaise, chassés d'Allemagne, arrivent en ville. Mais le véritable coup de tonnerre survient le 1er septembre 1939. La première bombe allemande s'abat sur la gare de Tarnow. S'en suivent huit jours de bombardements incessants, de jour comme de nuit. Le 7 septembre 1939, l'armée allemande entre dans Tarnow. Presque immédiatement, les répressions contre les Juifs polonais commencent. Rafles, déportations, assassinats arbitraires. Des affiches fleurissent sur les murs interdisant aux Juifs d'aller à l'école, à la banque et imposant un couvre-feu. En un mois, toutes les synagogues et les 40 maisons de prière juives sont incendiées ou dynamitées. Le père de Frania, immédiatement traqué, décide de fuir. Ses frères sont arrêtés dans la rue pour des travaux forcés, tandis que Frania reste seule avec sa mère. Pendant plus d'un an, sa maman la cache de cave en grenier pour la protéger des Allemands, une vie clandestine terrible pour une enfant de 13 ans, qui assiste en secret à des humiliations publiques suivies d'exécutions brutales. Frania traverse parfois des rues jonchées de corps inertes abandonnés par les nazis.

  • Speaker #0

    Quand les Allemands sont rentrés dans ma ville, les premiers exterminés... C'était mon oncle, sa femme et leur petite fille de 5 ans. Elle s'appelait Perle et elle était d'une intelligence… Je me souviens avoir été chez eux. Elle était au piano et il y avait un élève qui était là, qui avait à peu près 12 ans. elle s'adressait à lui en lui disant "monsieur que voulez-vous qu'on joue une sonate au clair de lune ou autre chose ? " Et quand les allemands sont rentrés les premiers assassinés c'était elle avec ses parents. Un jour je me trouve chez des amis de mes parents, où leur fille était une petite amie à moi, et ce monsieur, il était militaire de carrière, et il faisait partie de l'orchestre, et la Gestapo est venue le chercher. Donc, je les vois arriver, ils étaient quatre, la même coupe de cheveux "à la Hitler". En un quart d'heure, tout était bousculé, les armoires vidées et ils ont demandé qui je suis à Mme Ablaizer. Elle a dit que je suis l'enfant des amis. Elle n'a pas donné de nom. Mais j'ai vu comment l'arrestation par la Gestapo s'est passée. Et M. Ablaizer, quand ils sont arrivés, il faisait des exercices sur son violon. Et quand il partaient, ils lui ont dit de venir avec eux, Il était toujours avec son violon. Et ils s'adressent à lui en lui disant, en allemand, « Sie kennen dem Geige mitnehmen » « Vous pouvez amener votre violon. » Et on regarde par la fenêtre et on le voit partir avec M. Ablaiser. Et M. Ablaiser faisait partie, je crois que c'était un... commando de 450 personnes, les premiers arrivaient à Auschwitz. Je me souviens parce que ils étaient vraiment sadiques. Il y avait dans la rue un gamin qui a perdu la tête. Il était un peu dérangé. et les allemands s'amusaient avec lui et je me suis cachée dans une porte cochère et j'ai observé et quand ils ont fini de s'amuser de ce gamin, ils lui ont mis une balle dans la tête. Je suis rentrée chez moi, mais ce n'était pas la sécurité. Un jour, au bout de ma rue, il y avait un camion Croix-Rouge. Donc Croix-Rouge, vous êtes un peu confiant. Alors, les grandes affiches, "achtung, achtung, vous devez avoir la fenêtre avec les rideaux tirés, mais les portes ouvertes". Parce que ça leur permettait de rentrer dans la maison. Alors ils prenaient les enfants et des personnes âgées, ils les mettaient dans ce camion, et ce camion, quand il démarrait, le Zyklon B se déclenchait et les exterminait dans le camion de la Croix-Rouge. C'était pour tromper le monde. C'était pas la Croix-Rouge. C'était pour faire croire aux gens, pour qu'ils soient confiants. Voilà la première déportation. Et ça, c'était une trouvaille de femmes nazies qui se sont installées dans ma ville et qui ont organisé ça. Pour moi, mes parents m'ont cachée au grenier de la maison, en attendant que ça se passe. Alors ça, c'était très curieux parce que j'étais cachée aux yeux de la Gestapo. Mon père avait un ami qui gérait un atelier de confection. Des uniformes pour Allemands. Il y avait des balles de tissu et j'étais cachée dans ces balles de tissu. Et ça, c'était vraiment au voisinage du siège de la Gestapo.

  • Speaker #1

    En mars 1941,un ghetto est créé à Tarnow. C'est l'un des premiers ghettos juifs établis en Pologne occupée. Un ghetto de grande importance, bien que moins connu que ceux de Varsovie. ou de Lodz. Un conseil juif, le Judenrat, est formé, chargé d'organiser la vie dans le ghetto. Des surveillants juifs, appelés OD, pour "Ordnungstienst", ou service d'ordre, sont également nommés. Ces derniers, connus pour leur dureté, imposent une discipline sévère. Pendant ce temps, les Allemands poursuivent les exécutions massives, fusillant à tour de bras dans les rues, sur le marché, dans le cimetière et dans les bois environnants. Plus de 10 000 prisonniers sont déportés vers les camps d'extermination de Belzec et d'Auschwitz. Au total, près de 40 000 Juifs de Tarnow et des régions voisines sont regroupés dans le ghetto, plongés dans une atmosphère de peur permanente, rythmée par les coups. Les cris, les brutalités. Le ghetto est divisé en deux parties distinctes. D'un côté, les personnes invalides, les enfants, les bébés, les personnes âgées, laissées sans ressources et condamnées à mourir de faim. De l'autre, les personnes valides, contraintes de travailler dans les usines et ateliers environnants pour alimenter l'industrie de guerre allemande. Au début, Frania se trouve avec sa mère, dans la partie réservée aux invalides, un espace où règne la précarité et la souffrance.

  • Speaker #0

    Quand il y avait le premier ghetto, j'étais avec ma mère. On était les enfants avec des personnes âgées, mais pour eux, on était toujours trop nombreux. Je me souviens que, comme on savait qu'ils ne nous laisseraient pas là, ma mère m'a cachée dans une cave. Et dans une cave, il y a la fenêtre qui donne sur le trottoir avec des barreaux, et là, on pouvait voir les Allemands. Et dans cette cachette, il y avait une femme qui avait un nouveau-né. Et un nouveau-né, ça pleure. Alors, quand on a vu dehors les bottes des Allemands, et le bébé s'est mis à pleurer, qu'est-ce qu'elle a fait ? y avait un banc quand on soulevait le couvercle elle a caché le bébé dedans et comme le bébé pleurait, elle a mis un oreiller… voilà … et on ne savait pas encore que le pire allait arriver

  • Speaker #1

    En 1943, le SS-Hundertsturmführer Amon Goeth arrive à Cracovie pour superviser la construction du camp de concentration de Plaschow. Après la liquidation du ghetto de Cracovie, c'est au tour de celui de Tarnow d'être détruit en septembre 1943. Incapable de déporter l'ensemble des habitants, les nazis fusillent 10 000 juifs sur place. 10 000 autres sont déportés, 7 000 à Auschwitz, les plus vulnérables, et 3 000 à Auschwitz. vers les camps de travaux forcés de Zebni et de Plaszow, fraîchement construits. Jugée apte au travail, Frania est transférée au camp de Plaszow après un trajet éprouvant de 75 km dans des wagons plombés, sans ravitaillement, sans eau et sans possibilité d'accéder aux toilettes. Elle y restera huit mois. Elle ne reverra plus sa maman. Dans le prochain épisode, Frania nous racontera l'horreur du camp de Plaszow et la folie meurtrière de son chef, Amon Goeth. Merci infiniment, chère Frania, pour votre témoignage, votre douceur et votre gentillesse. Merci à vous d'avoir écouté cette première partie du récit de Frania. Partager ses mémoires est essentiel à notre mémoire collective. Transmettons ces récits de vie, car les rescapés qui nous parlent aujourd'hui sont les derniers à pouvoir le faire. Ne laissons pas cette histoire se perdre. On se retrouve très vite pour le deuxième épisode du témoignage de Frania. C'était Enfant de la Shoah, un podcast de Catherine Benmaor. Allez, salut !

Description

FRANIA naît le 1er mars 1926 à Tarnów, une ville située au sud-est de la Pologne, à environ 80 km de Cracovie.


Tarnów abrite alors une importante communauté juive d’environ 25 000 personnes, soit 40 à 50 % de la population.


Son père est un chef d'orchestre symphonique renommé, et sa mère, pianiste dans les cinémas de la ville, accompagne au piano les films muets. Frania a deux frères, l'un cadet et l'autre aîné, tous deux également musiciens.


C’est une petite fille pleine de joie, qui grandit au sein d’une famille juive laïque, dans un univers d’insouciance, de bonheur et de sécurité, malgré les prémices d’un antisémitisme qui se fait déjà sentir à Tarnow, comme dans toute la Pologne.


Les choses se compliquent en 1938, lorsque des Juifs allemands d’origine polonaise, chassés d’Allemagne, arrivent en ville. Mais le véritable coup de tonnerre survient le 1er septembre 1939 : la première bombe allemande s'abat sur la gare de Tarnów.


Frania s'en souvient avec précision : l’horloge de la chambre marquait minuit pile.


S’ensuivent huit jours de bombardements incessants, de jour comme de nuit.


Le 7 septembre 1939, l’armée allemande entre dans Tarnów.


Presque immédiatement, les répressions contre les Juifs polonais commencent : rafles, déportations, assassinats arbitraires...


Des affiches fleurissent sur les murs, interdisant aux Juifs d'aller à l'école, à la banque et imposant un couvre-feu strict.

En un mois, toutes les synagogues et les quarante maisons de prière juives sont incendiées ou dynamitées.


Le père de Frania, immédiatement traqué, décide de fuir.

Ses frères sont arrêtés dans la rue pour des travaux forcés, tandis que Frania reste seule avec sa mère.


Pendant plus d’un an, sa maman la cache de cave en grenier pour la protéger des Allemands. Une vie clandestine terrible pour une enfant de 13 ans, qui assiste en secret à des humiliations publiques suivies d’exécutions brutales.


Frania traverse parfois des rues jonchées de corps inertes, abandonnés par les nazis.


VOICI la première des 4 parties du témoignage de Frania 13 ans, Enfant de la Shoah


NE PERDONS PAS L'HISTOIRE, PARTAGEONS-LA…


suivez moi sur les réseaux ici 👉 https://linktr.ee/EnfantDeLaShoah




🙏 Un immense merci à la CLAIMS CONFERENCE et à la DILCRAH pour leur précieux soutien. Grâce à eux, ce travail de mémoire peut continuer d’exister et de toucher de nouveaux publics.


Ensemble, gardons vivantes ces voix, ces visages, ces vies, pour que jamais on n’oublie.


Merci de votre écoute…


----

❤️ Vous AUSSI, pouvez m’aider à préserver la mémoire des enfants cachés en faisant un don sur https://www.allodons.fr/enfantdelashoah

Chaque contribution permet de continuer ce travail essentiel. #Mémoire #Shoah #HistoireVraie


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Ils ont fermé un quartier avec des barrières en bois. Ils nous ont expulsés de nos maisons et ils nous ont enfermés dans ce ghetto.

  • Speaker #1

    La Shoah, mot hébreu qui signifie catastrophe, désigne la mise à mort de près de 6 millions de Juifs d'Europe par l'Allemagne nazie et ses collaborateurs pendant la Seconde Guerre mondiale. En France, plus de 25% de la population juive totale sera décimée. Les enfants ne seront pas épargnés. 11 000 d'entre eux ne reviendront pas des centres de mise à mort et des milliers d'autres, les plus chanceux, seront séparés de leurs parents, cachés à la campagne sous de fausses identités, mis à l'écart du monde extérieur, parfois même dénoncés et emprisonnés. Ne pas dire qu'ils sont juifs, jamais. Se taire, affronter la peur, la solitude. Le danger. Oui, chanceux, car malgré tout, ces enfants survivront à cette période terrible. Ces enfants ont grandi. Ils ont 80, 90 ans et plus. Ils sont la mémoire de la guerre. Ils sont les enfants de la Shoah. Ils replongent pour nous dans leurs souvenirs d'enfants. Frania, né le 1er mars 1926 à Tarnow, une ville située au sud-est de la Pologne, à environ 80 km de Cracovie. Tarnow abrite alors une importante communauté juive. d'environ 25 000 personnes, soit 40 à 50 % de la population. Son père est un chef d'orchestre symphonique renommé et sa mère, pianiste dans les cinémas de la ville, accompagne au piano les films muets. Frania a deux frères, l'un cadet, l'autre aîné, tous deux également musiciens. C'est une petite fille pleine de joie qui grandit au sein d'une famille juive laïque, dans un univers d'insouciance, de bonheur, de sécurité, malgré les prémices d'un antisémitisme qui se fait déjà sentir à Tarnow. Comme dans toute la Pologne. Les choses se compliquent en 1938, lorsque des Juifs allemands d'origine polonaise, chassés d'Allemagne, arrivent en ville. Mais le véritable coup de tonnerre survient le 1er septembre 1939. La première bombe allemande s'abat sur la gare de Tarnow. S'en suivent huit jours de bombardements incessants, de jour comme de nuit. Le 7 septembre 1939, l'armée allemande entre dans Tarnow. Presque immédiatement, les répressions contre les Juifs polonais commencent. Rafles, déportations, assassinats arbitraires. Des affiches fleurissent sur les murs interdisant aux Juifs d'aller à l'école, à la banque et imposant un couvre-feu. En un mois, toutes les synagogues et les 40 maisons de prière juives sont incendiées ou dynamitées. Le père de Frania, immédiatement traqué, décide de fuir. Ses frères sont arrêtés dans la rue pour des travaux forcés, tandis que Frania reste seule avec sa mère. Pendant plus d'un an, sa maman la cache de cave en grenier pour la protéger des Allemands, une vie clandestine terrible pour une enfant de 13 ans, qui assiste en secret à des humiliations publiques suivies d'exécutions brutales. Frania traverse parfois des rues jonchées de corps inertes abandonnés par les nazis.

  • Speaker #0

    Quand les Allemands sont rentrés dans ma ville, les premiers exterminés... C'était mon oncle, sa femme et leur petite fille de 5 ans. Elle s'appelait Perle et elle était d'une intelligence… Je me souviens avoir été chez eux. Elle était au piano et il y avait un élève qui était là, qui avait à peu près 12 ans. elle s'adressait à lui en lui disant "monsieur que voulez-vous qu'on joue une sonate au clair de lune ou autre chose ? " Et quand les allemands sont rentrés les premiers assassinés c'était elle avec ses parents. Un jour je me trouve chez des amis de mes parents, où leur fille était une petite amie à moi, et ce monsieur, il était militaire de carrière, et il faisait partie de l'orchestre, et la Gestapo est venue le chercher. Donc, je les vois arriver, ils étaient quatre, la même coupe de cheveux "à la Hitler". En un quart d'heure, tout était bousculé, les armoires vidées et ils ont demandé qui je suis à Mme Ablaizer. Elle a dit que je suis l'enfant des amis. Elle n'a pas donné de nom. Mais j'ai vu comment l'arrestation par la Gestapo s'est passée. Et M. Ablaizer, quand ils sont arrivés, il faisait des exercices sur son violon. Et quand il partaient, ils lui ont dit de venir avec eux, Il était toujours avec son violon. Et ils s'adressent à lui en lui disant, en allemand, « Sie kennen dem Geige mitnehmen » « Vous pouvez amener votre violon. » Et on regarde par la fenêtre et on le voit partir avec M. Ablaiser. Et M. Ablaiser faisait partie, je crois que c'était un... commando de 450 personnes, les premiers arrivaient à Auschwitz. Je me souviens parce que ils étaient vraiment sadiques. Il y avait dans la rue un gamin qui a perdu la tête. Il était un peu dérangé. et les allemands s'amusaient avec lui et je me suis cachée dans une porte cochère et j'ai observé et quand ils ont fini de s'amuser de ce gamin, ils lui ont mis une balle dans la tête. Je suis rentrée chez moi, mais ce n'était pas la sécurité. Un jour, au bout de ma rue, il y avait un camion Croix-Rouge. Donc Croix-Rouge, vous êtes un peu confiant. Alors, les grandes affiches, "achtung, achtung, vous devez avoir la fenêtre avec les rideaux tirés, mais les portes ouvertes". Parce que ça leur permettait de rentrer dans la maison. Alors ils prenaient les enfants et des personnes âgées, ils les mettaient dans ce camion, et ce camion, quand il démarrait, le Zyklon B se déclenchait et les exterminait dans le camion de la Croix-Rouge. C'était pour tromper le monde. C'était pas la Croix-Rouge. C'était pour faire croire aux gens, pour qu'ils soient confiants. Voilà la première déportation. Et ça, c'était une trouvaille de femmes nazies qui se sont installées dans ma ville et qui ont organisé ça. Pour moi, mes parents m'ont cachée au grenier de la maison, en attendant que ça se passe. Alors ça, c'était très curieux parce que j'étais cachée aux yeux de la Gestapo. Mon père avait un ami qui gérait un atelier de confection. Des uniformes pour Allemands. Il y avait des balles de tissu et j'étais cachée dans ces balles de tissu. Et ça, c'était vraiment au voisinage du siège de la Gestapo.

  • Speaker #1

    En mars 1941,un ghetto est créé à Tarnow. C'est l'un des premiers ghettos juifs établis en Pologne occupée. Un ghetto de grande importance, bien que moins connu que ceux de Varsovie. ou de Lodz. Un conseil juif, le Judenrat, est formé, chargé d'organiser la vie dans le ghetto. Des surveillants juifs, appelés OD, pour "Ordnungstienst", ou service d'ordre, sont également nommés. Ces derniers, connus pour leur dureté, imposent une discipline sévère. Pendant ce temps, les Allemands poursuivent les exécutions massives, fusillant à tour de bras dans les rues, sur le marché, dans le cimetière et dans les bois environnants. Plus de 10 000 prisonniers sont déportés vers les camps d'extermination de Belzec et d'Auschwitz. Au total, près de 40 000 Juifs de Tarnow et des régions voisines sont regroupés dans le ghetto, plongés dans une atmosphère de peur permanente, rythmée par les coups. Les cris, les brutalités. Le ghetto est divisé en deux parties distinctes. D'un côté, les personnes invalides, les enfants, les bébés, les personnes âgées, laissées sans ressources et condamnées à mourir de faim. De l'autre, les personnes valides, contraintes de travailler dans les usines et ateliers environnants pour alimenter l'industrie de guerre allemande. Au début, Frania se trouve avec sa mère, dans la partie réservée aux invalides, un espace où règne la précarité et la souffrance.

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    Quand il y avait le premier ghetto, j'étais avec ma mère. On était les enfants avec des personnes âgées, mais pour eux, on était toujours trop nombreux. Je me souviens que, comme on savait qu'ils ne nous laisseraient pas là, ma mère m'a cachée dans une cave. Et dans une cave, il y a la fenêtre qui donne sur le trottoir avec des barreaux, et là, on pouvait voir les Allemands. Et dans cette cachette, il y avait une femme qui avait un nouveau-né. Et un nouveau-né, ça pleure. Alors, quand on a vu dehors les bottes des Allemands, et le bébé s'est mis à pleurer, qu'est-ce qu'elle a fait ? y avait un banc quand on soulevait le couvercle elle a caché le bébé dedans et comme le bébé pleurait, elle a mis un oreiller… voilà … et on ne savait pas encore que le pire allait arriver

  • Speaker #1

    En 1943, le SS-Hundertsturmführer Amon Goeth arrive à Cracovie pour superviser la construction du camp de concentration de Plaschow. Après la liquidation du ghetto de Cracovie, c'est au tour de celui de Tarnow d'être détruit en septembre 1943. Incapable de déporter l'ensemble des habitants, les nazis fusillent 10 000 juifs sur place. 10 000 autres sont déportés, 7 000 à Auschwitz, les plus vulnérables, et 3 000 à Auschwitz. vers les camps de travaux forcés de Zebni et de Plaszow, fraîchement construits. Jugée apte au travail, Frania est transférée au camp de Plaszow après un trajet éprouvant de 75 km dans des wagons plombés, sans ravitaillement, sans eau et sans possibilité d'accéder aux toilettes. Elle y restera huit mois. Elle ne reverra plus sa maman. Dans le prochain épisode, Frania nous racontera l'horreur du camp de Plaszow et la folie meurtrière de son chef, Amon Goeth. Merci infiniment, chère Frania, pour votre témoignage, votre douceur et votre gentillesse. Merci à vous d'avoir écouté cette première partie du récit de Frania. Partager ses mémoires est essentiel à notre mémoire collective. Transmettons ces récits de vie, car les rescapés qui nous parlent aujourd'hui sont les derniers à pouvoir le faire. Ne laissons pas cette histoire se perdre. On se retrouve très vite pour le deuxième épisode du témoignage de Frania. C'était Enfant de la Shoah, un podcast de Catherine Benmaor. Allez, salut !

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FRANIA naît le 1er mars 1926 à Tarnów, une ville située au sud-est de la Pologne, à environ 80 km de Cracovie.


Tarnów abrite alors une importante communauté juive d’environ 25 000 personnes, soit 40 à 50 % de la population.


Son père est un chef d'orchestre symphonique renommé, et sa mère, pianiste dans les cinémas de la ville, accompagne au piano les films muets. Frania a deux frères, l'un cadet et l'autre aîné, tous deux également musiciens.


C’est une petite fille pleine de joie, qui grandit au sein d’une famille juive laïque, dans un univers d’insouciance, de bonheur et de sécurité, malgré les prémices d’un antisémitisme qui se fait déjà sentir à Tarnow, comme dans toute la Pologne.


Les choses se compliquent en 1938, lorsque des Juifs allemands d’origine polonaise, chassés d’Allemagne, arrivent en ville. Mais le véritable coup de tonnerre survient le 1er septembre 1939 : la première bombe allemande s'abat sur la gare de Tarnów.


Frania s'en souvient avec précision : l’horloge de la chambre marquait minuit pile.


S’ensuivent huit jours de bombardements incessants, de jour comme de nuit.


Le 7 septembre 1939, l’armée allemande entre dans Tarnów.


Presque immédiatement, les répressions contre les Juifs polonais commencent : rafles, déportations, assassinats arbitraires...


Des affiches fleurissent sur les murs, interdisant aux Juifs d'aller à l'école, à la banque et imposant un couvre-feu strict.

En un mois, toutes les synagogues et les quarante maisons de prière juives sont incendiées ou dynamitées.


Le père de Frania, immédiatement traqué, décide de fuir.

Ses frères sont arrêtés dans la rue pour des travaux forcés, tandis que Frania reste seule avec sa mère.


Pendant plus d’un an, sa maman la cache de cave en grenier pour la protéger des Allemands. Une vie clandestine terrible pour une enfant de 13 ans, qui assiste en secret à des humiliations publiques suivies d’exécutions brutales.


Frania traverse parfois des rues jonchées de corps inertes, abandonnés par les nazis.


VOICI la première des 4 parties du témoignage de Frania 13 ans, Enfant de la Shoah


NE PERDONS PAS L'HISTOIRE, PARTAGEONS-LA…


suivez moi sur les réseaux ici 👉 https://linktr.ee/EnfantDeLaShoah




🙏 Un immense merci à la CLAIMS CONFERENCE et à la DILCRAH pour leur précieux soutien. Grâce à eux, ce travail de mémoire peut continuer d’exister et de toucher de nouveaux publics.


Ensemble, gardons vivantes ces voix, ces visages, ces vies, pour que jamais on n’oublie.


Merci de votre écoute…


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❤️ Vous AUSSI, pouvez m’aider à préserver la mémoire des enfants cachés en faisant un don sur https://www.allodons.fr/enfantdelashoah

Chaque contribution permet de continuer ce travail essentiel. #Mémoire #Shoah #HistoireVraie


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Ils ont fermé un quartier avec des barrières en bois. Ils nous ont expulsés de nos maisons et ils nous ont enfermés dans ce ghetto.

  • Speaker #1

    La Shoah, mot hébreu qui signifie catastrophe, désigne la mise à mort de près de 6 millions de Juifs d'Europe par l'Allemagne nazie et ses collaborateurs pendant la Seconde Guerre mondiale. En France, plus de 25% de la population juive totale sera décimée. Les enfants ne seront pas épargnés. 11 000 d'entre eux ne reviendront pas des centres de mise à mort et des milliers d'autres, les plus chanceux, seront séparés de leurs parents, cachés à la campagne sous de fausses identités, mis à l'écart du monde extérieur, parfois même dénoncés et emprisonnés. Ne pas dire qu'ils sont juifs, jamais. Se taire, affronter la peur, la solitude. Le danger. Oui, chanceux, car malgré tout, ces enfants survivront à cette période terrible. Ces enfants ont grandi. Ils ont 80, 90 ans et plus. Ils sont la mémoire de la guerre. Ils sont les enfants de la Shoah. Ils replongent pour nous dans leurs souvenirs d'enfants. Frania, né le 1er mars 1926 à Tarnow, une ville située au sud-est de la Pologne, à environ 80 km de Cracovie. Tarnow abrite alors une importante communauté juive. d'environ 25 000 personnes, soit 40 à 50 % de la population. Son père est un chef d'orchestre symphonique renommé et sa mère, pianiste dans les cinémas de la ville, accompagne au piano les films muets. Frania a deux frères, l'un cadet, l'autre aîné, tous deux également musiciens. C'est une petite fille pleine de joie qui grandit au sein d'une famille juive laïque, dans un univers d'insouciance, de bonheur, de sécurité, malgré les prémices d'un antisémitisme qui se fait déjà sentir à Tarnow. Comme dans toute la Pologne. Les choses se compliquent en 1938, lorsque des Juifs allemands d'origine polonaise, chassés d'Allemagne, arrivent en ville. Mais le véritable coup de tonnerre survient le 1er septembre 1939. La première bombe allemande s'abat sur la gare de Tarnow. S'en suivent huit jours de bombardements incessants, de jour comme de nuit. Le 7 septembre 1939, l'armée allemande entre dans Tarnow. Presque immédiatement, les répressions contre les Juifs polonais commencent. Rafles, déportations, assassinats arbitraires. Des affiches fleurissent sur les murs interdisant aux Juifs d'aller à l'école, à la banque et imposant un couvre-feu. En un mois, toutes les synagogues et les 40 maisons de prière juives sont incendiées ou dynamitées. Le père de Frania, immédiatement traqué, décide de fuir. Ses frères sont arrêtés dans la rue pour des travaux forcés, tandis que Frania reste seule avec sa mère. Pendant plus d'un an, sa maman la cache de cave en grenier pour la protéger des Allemands, une vie clandestine terrible pour une enfant de 13 ans, qui assiste en secret à des humiliations publiques suivies d'exécutions brutales. Frania traverse parfois des rues jonchées de corps inertes abandonnés par les nazis.

  • Speaker #0

    Quand les Allemands sont rentrés dans ma ville, les premiers exterminés... C'était mon oncle, sa femme et leur petite fille de 5 ans. Elle s'appelait Perle et elle était d'une intelligence… Je me souviens avoir été chez eux. Elle était au piano et il y avait un élève qui était là, qui avait à peu près 12 ans. elle s'adressait à lui en lui disant "monsieur que voulez-vous qu'on joue une sonate au clair de lune ou autre chose ? " Et quand les allemands sont rentrés les premiers assassinés c'était elle avec ses parents. Un jour je me trouve chez des amis de mes parents, où leur fille était une petite amie à moi, et ce monsieur, il était militaire de carrière, et il faisait partie de l'orchestre, et la Gestapo est venue le chercher. Donc, je les vois arriver, ils étaient quatre, la même coupe de cheveux "à la Hitler". En un quart d'heure, tout était bousculé, les armoires vidées et ils ont demandé qui je suis à Mme Ablaizer. Elle a dit que je suis l'enfant des amis. Elle n'a pas donné de nom. Mais j'ai vu comment l'arrestation par la Gestapo s'est passée. Et M. Ablaizer, quand ils sont arrivés, il faisait des exercices sur son violon. Et quand il partaient, ils lui ont dit de venir avec eux, Il était toujours avec son violon. Et ils s'adressent à lui en lui disant, en allemand, « Sie kennen dem Geige mitnehmen » « Vous pouvez amener votre violon. » Et on regarde par la fenêtre et on le voit partir avec M. Ablaiser. Et M. Ablaiser faisait partie, je crois que c'était un... commando de 450 personnes, les premiers arrivaient à Auschwitz. Je me souviens parce que ils étaient vraiment sadiques. Il y avait dans la rue un gamin qui a perdu la tête. Il était un peu dérangé. et les allemands s'amusaient avec lui et je me suis cachée dans une porte cochère et j'ai observé et quand ils ont fini de s'amuser de ce gamin, ils lui ont mis une balle dans la tête. Je suis rentrée chez moi, mais ce n'était pas la sécurité. Un jour, au bout de ma rue, il y avait un camion Croix-Rouge. Donc Croix-Rouge, vous êtes un peu confiant. Alors, les grandes affiches, "achtung, achtung, vous devez avoir la fenêtre avec les rideaux tirés, mais les portes ouvertes". Parce que ça leur permettait de rentrer dans la maison. Alors ils prenaient les enfants et des personnes âgées, ils les mettaient dans ce camion, et ce camion, quand il démarrait, le Zyklon B se déclenchait et les exterminait dans le camion de la Croix-Rouge. C'était pour tromper le monde. C'était pas la Croix-Rouge. C'était pour faire croire aux gens, pour qu'ils soient confiants. Voilà la première déportation. Et ça, c'était une trouvaille de femmes nazies qui se sont installées dans ma ville et qui ont organisé ça. Pour moi, mes parents m'ont cachée au grenier de la maison, en attendant que ça se passe. Alors ça, c'était très curieux parce que j'étais cachée aux yeux de la Gestapo. Mon père avait un ami qui gérait un atelier de confection. Des uniformes pour Allemands. Il y avait des balles de tissu et j'étais cachée dans ces balles de tissu. Et ça, c'était vraiment au voisinage du siège de la Gestapo.

  • Speaker #1

    En mars 1941,un ghetto est créé à Tarnow. C'est l'un des premiers ghettos juifs établis en Pologne occupée. Un ghetto de grande importance, bien que moins connu que ceux de Varsovie. ou de Lodz. Un conseil juif, le Judenrat, est formé, chargé d'organiser la vie dans le ghetto. Des surveillants juifs, appelés OD, pour "Ordnungstienst", ou service d'ordre, sont également nommés. Ces derniers, connus pour leur dureté, imposent une discipline sévère. Pendant ce temps, les Allemands poursuivent les exécutions massives, fusillant à tour de bras dans les rues, sur le marché, dans le cimetière et dans les bois environnants. Plus de 10 000 prisonniers sont déportés vers les camps d'extermination de Belzec et d'Auschwitz. Au total, près de 40 000 Juifs de Tarnow et des régions voisines sont regroupés dans le ghetto, plongés dans une atmosphère de peur permanente, rythmée par les coups. Les cris, les brutalités. Le ghetto est divisé en deux parties distinctes. D'un côté, les personnes invalides, les enfants, les bébés, les personnes âgées, laissées sans ressources et condamnées à mourir de faim. De l'autre, les personnes valides, contraintes de travailler dans les usines et ateliers environnants pour alimenter l'industrie de guerre allemande. Au début, Frania se trouve avec sa mère, dans la partie réservée aux invalides, un espace où règne la précarité et la souffrance.

  • Speaker #0

    Quand il y avait le premier ghetto, j'étais avec ma mère. On était les enfants avec des personnes âgées, mais pour eux, on était toujours trop nombreux. Je me souviens que, comme on savait qu'ils ne nous laisseraient pas là, ma mère m'a cachée dans une cave. Et dans une cave, il y a la fenêtre qui donne sur le trottoir avec des barreaux, et là, on pouvait voir les Allemands. Et dans cette cachette, il y avait une femme qui avait un nouveau-né. Et un nouveau-né, ça pleure. Alors, quand on a vu dehors les bottes des Allemands, et le bébé s'est mis à pleurer, qu'est-ce qu'elle a fait ? y avait un banc quand on soulevait le couvercle elle a caché le bébé dedans et comme le bébé pleurait, elle a mis un oreiller… voilà … et on ne savait pas encore que le pire allait arriver

  • Speaker #1

    En 1943, le SS-Hundertsturmführer Amon Goeth arrive à Cracovie pour superviser la construction du camp de concentration de Plaschow. Après la liquidation du ghetto de Cracovie, c'est au tour de celui de Tarnow d'être détruit en septembre 1943. Incapable de déporter l'ensemble des habitants, les nazis fusillent 10 000 juifs sur place. 10 000 autres sont déportés, 7 000 à Auschwitz, les plus vulnérables, et 3 000 à Auschwitz. vers les camps de travaux forcés de Zebni et de Plaszow, fraîchement construits. Jugée apte au travail, Frania est transférée au camp de Plaszow après un trajet éprouvant de 75 km dans des wagons plombés, sans ravitaillement, sans eau et sans possibilité d'accéder aux toilettes. Elle y restera huit mois. Elle ne reverra plus sa maman. Dans le prochain épisode, Frania nous racontera l'horreur du camp de Plaszow et la folie meurtrière de son chef, Amon Goeth. Merci infiniment, chère Frania, pour votre témoignage, votre douceur et votre gentillesse. Merci à vous d'avoir écouté cette première partie du récit de Frania. Partager ses mémoires est essentiel à notre mémoire collective. Transmettons ces récits de vie, car les rescapés qui nous parlent aujourd'hui sont les derniers à pouvoir le faire. Ne laissons pas cette histoire se perdre. On se retrouve très vite pour le deuxième épisode du témoignage de Frania. C'était Enfant de la Shoah, un podcast de Catherine Benmaor. Allez, salut !

Description

FRANIA naît le 1er mars 1926 à Tarnów, une ville située au sud-est de la Pologne, à environ 80 km de Cracovie.


Tarnów abrite alors une importante communauté juive d’environ 25 000 personnes, soit 40 à 50 % de la population.


Son père est un chef d'orchestre symphonique renommé, et sa mère, pianiste dans les cinémas de la ville, accompagne au piano les films muets. Frania a deux frères, l'un cadet et l'autre aîné, tous deux également musiciens.


C’est une petite fille pleine de joie, qui grandit au sein d’une famille juive laïque, dans un univers d’insouciance, de bonheur et de sécurité, malgré les prémices d’un antisémitisme qui se fait déjà sentir à Tarnow, comme dans toute la Pologne.


Les choses se compliquent en 1938, lorsque des Juifs allemands d’origine polonaise, chassés d’Allemagne, arrivent en ville. Mais le véritable coup de tonnerre survient le 1er septembre 1939 : la première bombe allemande s'abat sur la gare de Tarnów.


Frania s'en souvient avec précision : l’horloge de la chambre marquait minuit pile.


S’ensuivent huit jours de bombardements incessants, de jour comme de nuit.


Le 7 septembre 1939, l’armée allemande entre dans Tarnów.


Presque immédiatement, les répressions contre les Juifs polonais commencent : rafles, déportations, assassinats arbitraires...


Des affiches fleurissent sur les murs, interdisant aux Juifs d'aller à l'école, à la banque et imposant un couvre-feu strict.

En un mois, toutes les synagogues et les quarante maisons de prière juives sont incendiées ou dynamitées.


Le père de Frania, immédiatement traqué, décide de fuir.

Ses frères sont arrêtés dans la rue pour des travaux forcés, tandis que Frania reste seule avec sa mère.


Pendant plus d’un an, sa maman la cache de cave en grenier pour la protéger des Allemands. Une vie clandestine terrible pour une enfant de 13 ans, qui assiste en secret à des humiliations publiques suivies d’exécutions brutales.


Frania traverse parfois des rues jonchées de corps inertes, abandonnés par les nazis.


VOICI la première des 4 parties du témoignage de Frania 13 ans, Enfant de la Shoah


NE PERDONS PAS L'HISTOIRE, PARTAGEONS-LA…


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Ensemble, gardons vivantes ces voix, ces visages, ces vies, pour que jamais on n’oublie.


Merci de votre écoute…


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Transcription

  • Speaker #0

    Ils ont fermé un quartier avec des barrières en bois. Ils nous ont expulsés de nos maisons et ils nous ont enfermés dans ce ghetto.

  • Speaker #1

    La Shoah, mot hébreu qui signifie catastrophe, désigne la mise à mort de près de 6 millions de Juifs d'Europe par l'Allemagne nazie et ses collaborateurs pendant la Seconde Guerre mondiale. En France, plus de 25% de la population juive totale sera décimée. Les enfants ne seront pas épargnés. 11 000 d'entre eux ne reviendront pas des centres de mise à mort et des milliers d'autres, les plus chanceux, seront séparés de leurs parents, cachés à la campagne sous de fausses identités, mis à l'écart du monde extérieur, parfois même dénoncés et emprisonnés. Ne pas dire qu'ils sont juifs, jamais. Se taire, affronter la peur, la solitude. Le danger. Oui, chanceux, car malgré tout, ces enfants survivront à cette période terrible. Ces enfants ont grandi. Ils ont 80, 90 ans et plus. Ils sont la mémoire de la guerre. Ils sont les enfants de la Shoah. Ils replongent pour nous dans leurs souvenirs d'enfants. Frania, né le 1er mars 1926 à Tarnow, une ville située au sud-est de la Pologne, à environ 80 km de Cracovie. Tarnow abrite alors une importante communauté juive. d'environ 25 000 personnes, soit 40 à 50 % de la population. Son père est un chef d'orchestre symphonique renommé et sa mère, pianiste dans les cinémas de la ville, accompagne au piano les films muets. Frania a deux frères, l'un cadet, l'autre aîné, tous deux également musiciens. C'est une petite fille pleine de joie qui grandit au sein d'une famille juive laïque, dans un univers d'insouciance, de bonheur, de sécurité, malgré les prémices d'un antisémitisme qui se fait déjà sentir à Tarnow. Comme dans toute la Pologne. Les choses se compliquent en 1938, lorsque des Juifs allemands d'origine polonaise, chassés d'Allemagne, arrivent en ville. Mais le véritable coup de tonnerre survient le 1er septembre 1939. La première bombe allemande s'abat sur la gare de Tarnow. S'en suivent huit jours de bombardements incessants, de jour comme de nuit. Le 7 septembre 1939, l'armée allemande entre dans Tarnow. Presque immédiatement, les répressions contre les Juifs polonais commencent. Rafles, déportations, assassinats arbitraires. Des affiches fleurissent sur les murs interdisant aux Juifs d'aller à l'école, à la banque et imposant un couvre-feu. En un mois, toutes les synagogues et les 40 maisons de prière juives sont incendiées ou dynamitées. Le père de Frania, immédiatement traqué, décide de fuir. Ses frères sont arrêtés dans la rue pour des travaux forcés, tandis que Frania reste seule avec sa mère. Pendant plus d'un an, sa maman la cache de cave en grenier pour la protéger des Allemands, une vie clandestine terrible pour une enfant de 13 ans, qui assiste en secret à des humiliations publiques suivies d'exécutions brutales. Frania traverse parfois des rues jonchées de corps inertes abandonnés par les nazis.

  • Speaker #0

    Quand les Allemands sont rentrés dans ma ville, les premiers exterminés... C'était mon oncle, sa femme et leur petite fille de 5 ans. Elle s'appelait Perle et elle était d'une intelligence… Je me souviens avoir été chez eux. Elle était au piano et il y avait un élève qui était là, qui avait à peu près 12 ans. elle s'adressait à lui en lui disant "monsieur que voulez-vous qu'on joue une sonate au clair de lune ou autre chose ? " Et quand les allemands sont rentrés les premiers assassinés c'était elle avec ses parents. Un jour je me trouve chez des amis de mes parents, où leur fille était une petite amie à moi, et ce monsieur, il était militaire de carrière, et il faisait partie de l'orchestre, et la Gestapo est venue le chercher. Donc, je les vois arriver, ils étaient quatre, la même coupe de cheveux "à la Hitler". En un quart d'heure, tout était bousculé, les armoires vidées et ils ont demandé qui je suis à Mme Ablaizer. Elle a dit que je suis l'enfant des amis. Elle n'a pas donné de nom. Mais j'ai vu comment l'arrestation par la Gestapo s'est passée. Et M. Ablaizer, quand ils sont arrivés, il faisait des exercices sur son violon. Et quand il partaient, ils lui ont dit de venir avec eux, Il était toujours avec son violon. Et ils s'adressent à lui en lui disant, en allemand, « Sie kennen dem Geige mitnehmen » « Vous pouvez amener votre violon. » Et on regarde par la fenêtre et on le voit partir avec M. Ablaiser. Et M. Ablaiser faisait partie, je crois que c'était un... commando de 450 personnes, les premiers arrivaient à Auschwitz. Je me souviens parce que ils étaient vraiment sadiques. Il y avait dans la rue un gamin qui a perdu la tête. Il était un peu dérangé. et les allemands s'amusaient avec lui et je me suis cachée dans une porte cochère et j'ai observé et quand ils ont fini de s'amuser de ce gamin, ils lui ont mis une balle dans la tête. Je suis rentrée chez moi, mais ce n'était pas la sécurité. Un jour, au bout de ma rue, il y avait un camion Croix-Rouge. Donc Croix-Rouge, vous êtes un peu confiant. Alors, les grandes affiches, "achtung, achtung, vous devez avoir la fenêtre avec les rideaux tirés, mais les portes ouvertes". Parce que ça leur permettait de rentrer dans la maison. Alors ils prenaient les enfants et des personnes âgées, ils les mettaient dans ce camion, et ce camion, quand il démarrait, le Zyklon B se déclenchait et les exterminait dans le camion de la Croix-Rouge. C'était pour tromper le monde. C'était pas la Croix-Rouge. C'était pour faire croire aux gens, pour qu'ils soient confiants. Voilà la première déportation. Et ça, c'était une trouvaille de femmes nazies qui se sont installées dans ma ville et qui ont organisé ça. Pour moi, mes parents m'ont cachée au grenier de la maison, en attendant que ça se passe. Alors ça, c'était très curieux parce que j'étais cachée aux yeux de la Gestapo. Mon père avait un ami qui gérait un atelier de confection. Des uniformes pour Allemands. Il y avait des balles de tissu et j'étais cachée dans ces balles de tissu. Et ça, c'était vraiment au voisinage du siège de la Gestapo.

  • Speaker #1

    En mars 1941,un ghetto est créé à Tarnow. C'est l'un des premiers ghettos juifs établis en Pologne occupée. Un ghetto de grande importance, bien que moins connu que ceux de Varsovie. ou de Lodz. Un conseil juif, le Judenrat, est formé, chargé d'organiser la vie dans le ghetto. Des surveillants juifs, appelés OD, pour "Ordnungstienst", ou service d'ordre, sont également nommés. Ces derniers, connus pour leur dureté, imposent une discipline sévère. Pendant ce temps, les Allemands poursuivent les exécutions massives, fusillant à tour de bras dans les rues, sur le marché, dans le cimetière et dans les bois environnants. Plus de 10 000 prisonniers sont déportés vers les camps d'extermination de Belzec et d'Auschwitz. Au total, près de 40 000 Juifs de Tarnow et des régions voisines sont regroupés dans le ghetto, plongés dans une atmosphère de peur permanente, rythmée par les coups. Les cris, les brutalités. Le ghetto est divisé en deux parties distinctes. D'un côté, les personnes invalides, les enfants, les bébés, les personnes âgées, laissées sans ressources et condamnées à mourir de faim. De l'autre, les personnes valides, contraintes de travailler dans les usines et ateliers environnants pour alimenter l'industrie de guerre allemande. Au début, Frania se trouve avec sa mère, dans la partie réservée aux invalides, un espace où règne la précarité et la souffrance.

  • Speaker #0

    Quand il y avait le premier ghetto, j'étais avec ma mère. On était les enfants avec des personnes âgées, mais pour eux, on était toujours trop nombreux. Je me souviens que, comme on savait qu'ils ne nous laisseraient pas là, ma mère m'a cachée dans une cave. Et dans une cave, il y a la fenêtre qui donne sur le trottoir avec des barreaux, et là, on pouvait voir les Allemands. Et dans cette cachette, il y avait une femme qui avait un nouveau-né. Et un nouveau-né, ça pleure. Alors, quand on a vu dehors les bottes des Allemands, et le bébé s'est mis à pleurer, qu'est-ce qu'elle a fait ? y avait un banc quand on soulevait le couvercle elle a caché le bébé dedans et comme le bébé pleurait, elle a mis un oreiller… voilà … et on ne savait pas encore que le pire allait arriver

  • Speaker #1

    En 1943, le SS-Hundertsturmführer Amon Goeth arrive à Cracovie pour superviser la construction du camp de concentration de Plaschow. Après la liquidation du ghetto de Cracovie, c'est au tour de celui de Tarnow d'être détruit en septembre 1943. Incapable de déporter l'ensemble des habitants, les nazis fusillent 10 000 juifs sur place. 10 000 autres sont déportés, 7 000 à Auschwitz, les plus vulnérables, et 3 000 à Auschwitz. vers les camps de travaux forcés de Zebni et de Plaszow, fraîchement construits. Jugée apte au travail, Frania est transférée au camp de Plaszow après un trajet éprouvant de 75 km dans des wagons plombés, sans ravitaillement, sans eau et sans possibilité d'accéder aux toilettes. Elle y restera huit mois. Elle ne reverra plus sa maman. Dans le prochain épisode, Frania nous racontera l'horreur du camp de Plaszow et la folie meurtrière de son chef, Amon Goeth. Merci infiniment, chère Frania, pour votre témoignage, votre douceur et votre gentillesse. Merci à vous d'avoir écouté cette première partie du récit de Frania. Partager ses mémoires est essentiel à notre mémoire collective. Transmettons ces récits de vie, car les rescapés qui nous parlent aujourd'hui sont les derniers à pouvoir le faire. Ne laissons pas cette histoire se perdre. On se retrouve très vite pour le deuxième épisode du témoignage de Frania. C'était Enfant de la Shoah, un podcast de Catherine Benmaor. Allez, salut !

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