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ISAAC - 19 ANS - ÉPISODE 2 - LES FAUSSES LETTRES DE DAVID cover
ISAAC - 19 ANS - ÉPISODE 2 - LES FAUSSES LETTRES DE DAVID cover
ENFANT DE LA SHOAH

ISAAC - 19 ANS - ÉPISODE 2 - LES FAUSSES LETTRES DE DAVID

ISAAC - 19 ANS - ÉPISODE 2 - LES FAUSSES LETTRES DE DAVID

10min |07/02/2024
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10min |07/02/2024
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Description

Dans l’épisode précédent, je vous ai présenté Isaac, né en 1924 à Smyrne en Turquie.


Isaac et sa famille, ses parents, ses sœurs, Rebecca et Judith, et son frère David, mènent une vie simple mais heureuse dans le quartier de l’Estaque à Marseille.


Leur bonheur se brise quand la gestapo arrete David pour l’envoyer à Drancy, puis vers une destination plus sinistre encore, en Allemagne, dont le lieu exact demeure un mystère, surtout dans ce coin reculé de marseille ou le temps parait suspendu.


Dans un acte de défi ultime, David lance une dernière lettre par la fenêtre du train, lettre que par un acte d’humanité, une âme courageuse récupèrera et transmettra aux parents.


Pendant des semaines, endurant l’angoisse et l’incertitude concernant son frère, afin épargner le cœur de sa mère, Issac prendra la plume sous le regard complice de son père, et rédigera de fausses lettres rassurantes, y tissant avec soin l’illusion que son frère se porte bien.


Voici l’histoire d’Isaac, 19 ans, Enfant de la Shoah.

 

à la fin de la guerre, destiné à une carrière de médecin, Isaac devra renoncer à son rêve pour assumer son rôle de  pilier familial, et porter sur ses épaules son devoir de chef de famille. Un sacrifice partagé par beaucoup de jeunes adultes au sortir de la guerre.


Isaac travaillera d'abord dans le magasin de son père, en ouvrira un second, puis quittera l’Estaque pour le cœur de Marseille, devenant représentant de commerce.

 

Il fondera une famille, élèvera deux filles, et jusqu’à aujourd’hui, il ne cessera de transmettre son témoignage, visitant écoles et collèges pour partager son histoire.

 

❤️❤️ 💯 ANS ❤️❤️


La semaine prochaine, le 15 février, ISAAC FÊTERA SES 100 ANS


Alors pour honorer sa bonté et sa résilience, je lui dédie ces épisodes de mon podcast en guise de présent.


MERCI ISAAC, pour votre générosité et pour les récits poignants que vous avez partagés. ET MERCI NÉO VERRIEST, pour m'avoir permis cette rencontre incroyable !!!


Merci à vous, auditeurs, de faire vivre ces mémoires, celles d'Isaac, de Marcel, de Félix, de Francine... Ces voix de l'enfance en guerre sont précieuses. Partagez-les, pour que la jeune génération comprenne. Soutenez ce travail de mémoire : abonnez-vous, partagez avec vos proches. Merci À bientôt pour un nouvel épisode.


🙏 Un immense merci à la CLAIMS CONFERENCE et à la DILCRAH pour leur précieux soutien. Grâce à eux, ce travail de mémoire peut continuer d’exister et de toucher de nouveaux publics.

Ensemble, gardons vivantes ces voix, ces visages, ces vies, pour que jamais on n’oublie.

Merci de votre écoute… NE PERDONS PAS L'HISTOIRE, PARTAGEONS-LA…


----

❤️❤️❤️ Vous AUSSI, pouvez m’aider à préserver la mémoire de la Shoah en faisant un don sur https://www.allodons.fr/enfantdelashoah

Chaque contribution permet de continuer ce travail essentiel. #Mémoire #Shoah #HistoireVraie


--------

NE PERDONS PAS L'HISTOIRE, PARTAGEONS-LA…



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Mon père et ma mère ne savaient pas lire. J'ai donc moi qui ai lu. Mais je l'ai lu à mon père, pas à ma mère. Et avec mon père, on a décidé de le cacher à ma mère. Et pendant des mois, j'ai écrit de fausses lettres que je lisais à ma mère. Pendant que mon père... Ça, c'était la déportation de mon frère.

  • Speaker #1

    La Shoah, mot hébreu qui signifie catastrophe, désigne la mise à mort de près de 6 millions de Juifs d'Europe par l'Allemagne nazie et ses collaborateurs pendant la Seconde Guerre mondiale. En France, plus de 25% de la population juive totale sera décimée. Les enfants ne seront pas épargnés. Dans l'épisode précédent, je vous ai présenté Isaac, né en 1924 à Smyrne, en Turquie. Isaac et sa famille, ses parents, ses sœurs, Rebecca et Judith, et son frère David, mènent une vie simple mais heureuse dans le quartier de l'Estac, à Marseille. Leur bonheur se brise quand la Gestapo arrête David pour l'envoyer à Drancy, puis vers une destination plus sinistre encore, en Allemagne, dont le lieu exact demeure un mystère, surtout dans ce coin reculé de Marseille où le temps paraît suspendu. Dans un acte de défi ultime, David lance une dernière lettre par la fenêtre du train. Lettre que, par un acte d'humanité, une âme courageuse récupérera et transmettra aux parents. Pendant des semaines, endurant l'angoisse et l'incertitude concernant son frère, et afin d'épargner le cœur de sa mère, Isaac prendra la plume sous le regard complice de son père et rédigera de fausses lettres rassurantes, y tissant avec soin l'illusion que son frère se porte bien. Voici la seconde partie de l'histoire d'Isaac, 19 ans, enfant de la Shoah.

  • Speaker #0

    Il a fallu à la libération que l'oncle Isaac, il a dit, il ne faut plus raconter d'histoire, il a dit la vérité à son père. Elle a appris que son fils aîné avait disparu. Il ne reviendra plus. Il y a eu l'arrestation de David. Bon après, on a eu peur, les parents ont voulu nous cacher, cacher les enfants. On nous a envoyé à Greux-les-Bains, nous les enfants avec ma mère, et Moïse qui habitait à côté de chez nous, a envoyé aussi sa femme et ses enfants à Greux-les-Bains. Jusqu'en octobre où il fallait changer les cartes d'alimentation. Et Agrox et Ben nous ont dit « Ah, comme on avait le tampon juif, vous êtes juif, il faut vous déclarer comme juif ici. » Alors on est retourné à Marseille, parce que juif là-bas, ou juif à Marseille, c'était pareil. En avril 1944, mon père est à Marseille pour faire des courses. Arrivent deux hommes, Guessapos. Où est votre père ? Il n'est pas là. Bon, on monte dans la chambre, ils fouillent. Sous le lit de la chambre, il y avait la valise qui était le coffre-fort de mon père, dans lequel il y avait tout ce margeant depuis des années et des années. Ah, trafic, marché noir, on va revenir. Ils repartent avec la valise. Ce n'était pas la Gestapo, c'était des Français qui étaient venus nous voler. Des Français. Donc quand mon père revient, il dit « Vous vous êtes fait voler, vous êtes… » Il est allé au commissariat de police, il a déposé plainte. Ils ont été arrêtés à la libération. On est venu me dire « Est-ce que vous le reconnaissez ? » Moi je ne l'ai plus reconnu. On me dit « Ne vous inquiétez pas, ils ont fait des conneries, ils seront punis. » Mais à la libération, les archives du commissariat ont disparu. Le 8 juillet, lorsque je rentre du travail, le soir, j'ai un copain qui m'attend à la gare et qui me dit « on vient d'arrêter tes parents » . Sauf Judith. Lorsque la gué-sapo est venue, mon père a crié « fouillete, fouillete » en espagnol. On avait une cour commune avec le bar voisin. Et Judith s'est enfuie par cette cour, elle est allée au bar voisin, où un copain, Honorat, l'a récupérée, l'a cachée. Donc on a arrêté mon père, ma mère et Rebecca. Ils sont partis ensemble à Drancy, mais mon père est parti avant ma mère. dans le convoi 77 du 31 juillet. Le convoi est arrivé à Drancy, Drancy-Auschwitz. Ma mère, qui a eu la chance d'être dans le dernier convoi parti de Marseille, a pu être libérée au maquis. Parce que qu'est-ce qui s'était passé ? Le convoi qui était parti de Marseille, c'était le dernier convoi dans lequel il y avait ma mère et ma soeur, des juifs et des résistants. et la résistance française a déjoué le train qui devait aller à Drancy et l'a emmené à Annonay où le maquis a libéré le train. Le miracle ! Alors, mon père était vivant, je l'ai su par un déporté qui était avec lui, qui à la libération nous a envoyé, j'avais reçu une lettre. En octobre, il a été affecté au ravitaillement de femmes. En octobre, il était en bonne santé. Mais je pense que comme il était en bonne santé lorsqu'il y a eu la libération du camp, les Allemands ont évacué le camp, évacué tout ce qui était en bonne santé. Et mon père a dû faire la marche de la mort. C'était l'hiver, donc il a dû mourir dans la marche de la mort. à la libération. On était sûrs que nos parents allaient revenir, que mon père et que mon frère allaient revenir. J'ai donc passé un examen en trois mois. Je suis rentré à la faculté de médecine. J'ai pendant un an été persuadé que mon père allait revenir. Alors, je m'occupais un peu du magasin pendant que je faisais mes séances à l'hôpital ou à la faculté. Puis, bon, j'ai vu que j'aboutirais à rien. Ce n'était pas la peine. Il fallait nourrir la famille, reprendre le magasin. malheureusement et quand finalement on a vu que je n'étais pas déporté je suis devenu chef de famille, j'avais ma mère et deux soeurs à nourrir j'ai abandonné l'étude de médecine et j'ai repris le magasin de mon père destiné

  • Speaker #1

    à une carrière de médecin Isaac devra ainsi renoncer à son rêve, pour assumer son rôle de pilier familial et porter sur ses épaules son devoir de chef de famille. Un sacrifice partagé par beaucoup de jeunes adultes au sortir de la guerre. Isaac travaillera d'abord dans le magasin de son père, en ouvrira un second, puis quittera l'Estac pour le cœur de Marseille, devenant représentant de commerce. Il fondera une famille, élèvera deux filles, et jusqu'à aujourd'hui... Isaac ne cessera de transmettre son témoignage, visitant écoles et collèges pour partager son histoire. La semaine prochaine, le 15 février, Isaac fêtera ses 100 ans. Alors pour honorer sa bonté et sa résilience, je lui dédie avec joie ces épisodes de mon podcast en guise de présent. Merci Isaac pour votre générosité et pour les récits poignants que vous nous avez partagés. Merci à vous, chers auditeurs, de faire vivre ces mémoires, celles d'Isaac, mais aussi celles de Marcel, de Félix, de Francine. Ces voix de l'enfance en guerre sont précieuses. Alors partagez-les pour que la jeune génération comprenne. Soutenez ce travail de mémoire. Abonnez-vous, partagez avec vos proches. Merci. On se retrouve bientôt pour un prochain épisode. Allez, salut ! C'était Catherine Benmaor pour Enfants de la Shoah.

  • Speaker #2

    Bonne nuit.

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Dans l’épisode précédent, je vous ai présenté Isaac, né en 1924 à Smyrne en Turquie.


Isaac et sa famille, ses parents, ses sœurs, Rebecca et Judith, et son frère David, mènent une vie simple mais heureuse dans le quartier de l’Estaque à Marseille.


Leur bonheur se brise quand la gestapo arrete David pour l’envoyer à Drancy, puis vers une destination plus sinistre encore, en Allemagne, dont le lieu exact demeure un mystère, surtout dans ce coin reculé de marseille ou le temps parait suspendu.


Dans un acte de défi ultime, David lance une dernière lettre par la fenêtre du train, lettre que par un acte d’humanité, une âme courageuse récupèrera et transmettra aux parents.


Pendant des semaines, endurant l’angoisse et l’incertitude concernant son frère, afin épargner le cœur de sa mère, Issac prendra la plume sous le regard complice de son père, et rédigera de fausses lettres rassurantes, y tissant avec soin l’illusion que son frère se porte bien.


Voici l’histoire d’Isaac, 19 ans, Enfant de la Shoah.

 

à la fin de la guerre, destiné à une carrière de médecin, Isaac devra renoncer à son rêve pour assumer son rôle de  pilier familial, et porter sur ses épaules son devoir de chef de famille. Un sacrifice partagé par beaucoup de jeunes adultes au sortir de la guerre.


Isaac travaillera d'abord dans le magasin de son père, en ouvrira un second, puis quittera l’Estaque pour le cœur de Marseille, devenant représentant de commerce.

 

Il fondera une famille, élèvera deux filles, et jusqu’à aujourd’hui, il ne cessera de transmettre son témoignage, visitant écoles et collèges pour partager son histoire.

 

❤️❤️ 💯 ANS ❤️❤️


La semaine prochaine, le 15 février, ISAAC FÊTERA SES 100 ANS


Alors pour honorer sa bonté et sa résilience, je lui dédie ces épisodes de mon podcast en guise de présent.


MERCI ISAAC, pour votre générosité et pour les récits poignants que vous avez partagés. ET MERCI NÉO VERRIEST, pour m'avoir permis cette rencontre incroyable !!!


Merci à vous, auditeurs, de faire vivre ces mémoires, celles d'Isaac, de Marcel, de Félix, de Francine... Ces voix de l'enfance en guerre sont précieuses. Partagez-les, pour que la jeune génération comprenne. Soutenez ce travail de mémoire : abonnez-vous, partagez avec vos proches. Merci À bientôt pour un nouvel épisode.


🙏 Un immense merci à la CLAIMS CONFERENCE et à la DILCRAH pour leur précieux soutien. Grâce à eux, ce travail de mémoire peut continuer d’exister et de toucher de nouveaux publics.

Ensemble, gardons vivantes ces voix, ces visages, ces vies, pour que jamais on n’oublie.

Merci de votre écoute… NE PERDONS PAS L'HISTOIRE, PARTAGEONS-LA…


----

❤️❤️❤️ Vous AUSSI, pouvez m’aider à préserver la mémoire de la Shoah en faisant un don sur https://www.allodons.fr/enfantdelashoah

Chaque contribution permet de continuer ce travail essentiel. #Mémoire #Shoah #HistoireVraie


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NE PERDONS PAS L'HISTOIRE, PARTAGEONS-LA…



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Mon père et ma mère ne savaient pas lire. J'ai donc moi qui ai lu. Mais je l'ai lu à mon père, pas à ma mère. Et avec mon père, on a décidé de le cacher à ma mère. Et pendant des mois, j'ai écrit de fausses lettres que je lisais à ma mère. Pendant que mon père... Ça, c'était la déportation de mon frère.

  • Speaker #1

    La Shoah, mot hébreu qui signifie catastrophe, désigne la mise à mort de près de 6 millions de Juifs d'Europe par l'Allemagne nazie et ses collaborateurs pendant la Seconde Guerre mondiale. En France, plus de 25% de la population juive totale sera décimée. Les enfants ne seront pas épargnés. Dans l'épisode précédent, je vous ai présenté Isaac, né en 1924 à Smyrne, en Turquie. Isaac et sa famille, ses parents, ses sœurs, Rebecca et Judith, et son frère David, mènent une vie simple mais heureuse dans le quartier de l'Estac, à Marseille. Leur bonheur se brise quand la Gestapo arrête David pour l'envoyer à Drancy, puis vers une destination plus sinistre encore, en Allemagne, dont le lieu exact demeure un mystère, surtout dans ce coin reculé de Marseille où le temps paraît suspendu. Dans un acte de défi ultime, David lance une dernière lettre par la fenêtre du train. Lettre que, par un acte d'humanité, une âme courageuse récupérera et transmettra aux parents. Pendant des semaines, endurant l'angoisse et l'incertitude concernant son frère, et afin d'épargner le cœur de sa mère, Isaac prendra la plume sous le regard complice de son père et rédigera de fausses lettres rassurantes, y tissant avec soin l'illusion que son frère se porte bien. Voici la seconde partie de l'histoire d'Isaac, 19 ans, enfant de la Shoah.

  • Speaker #0

    Il a fallu à la libération que l'oncle Isaac, il a dit, il ne faut plus raconter d'histoire, il a dit la vérité à son père. Elle a appris que son fils aîné avait disparu. Il ne reviendra plus. Il y a eu l'arrestation de David. Bon après, on a eu peur, les parents ont voulu nous cacher, cacher les enfants. On nous a envoyé à Greux-les-Bains, nous les enfants avec ma mère, et Moïse qui habitait à côté de chez nous, a envoyé aussi sa femme et ses enfants à Greux-les-Bains. Jusqu'en octobre où il fallait changer les cartes d'alimentation. Et Agrox et Ben nous ont dit « Ah, comme on avait le tampon juif, vous êtes juif, il faut vous déclarer comme juif ici. » Alors on est retourné à Marseille, parce que juif là-bas, ou juif à Marseille, c'était pareil. En avril 1944, mon père est à Marseille pour faire des courses. Arrivent deux hommes, Guessapos. Où est votre père ? Il n'est pas là. Bon, on monte dans la chambre, ils fouillent. Sous le lit de la chambre, il y avait la valise qui était le coffre-fort de mon père, dans lequel il y avait tout ce margeant depuis des années et des années. Ah, trafic, marché noir, on va revenir. Ils repartent avec la valise. Ce n'était pas la Gestapo, c'était des Français qui étaient venus nous voler. Des Français. Donc quand mon père revient, il dit « Vous vous êtes fait voler, vous êtes… » Il est allé au commissariat de police, il a déposé plainte. Ils ont été arrêtés à la libération. On est venu me dire « Est-ce que vous le reconnaissez ? » Moi je ne l'ai plus reconnu. On me dit « Ne vous inquiétez pas, ils ont fait des conneries, ils seront punis. » Mais à la libération, les archives du commissariat ont disparu. Le 8 juillet, lorsque je rentre du travail, le soir, j'ai un copain qui m'attend à la gare et qui me dit « on vient d'arrêter tes parents » . Sauf Judith. Lorsque la gué-sapo est venue, mon père a crié « fouillete, fouillete » en espagnol. On avait une cour commune avec le bar voisin. Et Judith s'est enfuie par cette cour, elle est allée au bar voisin, où un copain, Honorat, l'a récupérée, l'a cachée. Donc on a arrêté mon père, ma mère et Rebecca. Ils sont partis ensemble à Drancy, mais mon père est parti avant ma mère. dans le convoi 77 du 31 juillet. Le convoi est arrivé à Drancy, Drancy-Auschwitz. Ma mère, qui a eu la chance d'être dans le dernier convoi parti de Marseille, a pu être libérée au maquis. Parce que qu'est-ce qui s'était passé ? Le convoi qui était parti de Marseille, c'était le dernier convoi dans lequel il y avait ma mère et ma soeur, des juifs et des résistants. et la résistance française a déjoué le train qui devait aller à Drancy et l'a emmené à Annonay où le maquis a libéré le train. Le miracle ! Alors, mon père était vivant, je l'ai su par un déporté qui était avec lui, qui à la libération nous a envoyé, j'avais reçu une lettre. En octobre, il a été affecté au ravitaillement de femmes. En octobre, il était en bonne santé. Mais je pense que comme il était en bonne santé lorsqu'il y a eu la libération du camp, les Allemands ont évacué le camp, évacué tout ce qui était en bonne santé. Et mon père a dû faire la marche de la mort. C'était l'hiver, donc il a dû mourir dans la marche de la mort. à la libération. On était sûrs que nos parents allaient revenir, que mon père et que mon frère allaient revenir. J'ai donc passé un examen en trois mois. Je suis rentré à la faculté de médecine. J'ai pendant un an été persuadé que mon père allait revenir. Alors, je m'occupais un peu du magasin pendant que je faisais mes séances à l'hôpital ou à la faculté. Puis, bon, j'ai vu que j'aboutirais à rien. Ce n'était pas la peine. Il fallait nourrir la famille, reprendre le magasin. malheureusement et quand finalement on a vu que je n'étais pas déporté je suis devenu chef de famille, j'avais ma mère et deux soeurs à nourrir j'ai abandonné l'étude de médecine et j'ai repris le magasin de mon père destiné

  • Speaker #1

    à une carrière de médecin Isaac devra ainsi renoncer à son rêve, pour assumer son rôle de pilier familial et porter sur ses épaules son devoir de chef de famille. Un sacrifice partagé par beaucoup de jeunes adultes au sortir de la guerre. Isaac travaillera d'abord dans le magasin de son père, en ouvrira un second, puis quittera l'Estac pour le cœur de Marseille, devenant représentant de commerce. Il fondera une famille, élèvera deux filles, et jusqu'à aujourd'hui... Isaac ne cessera de transmettre son témoignage, visitant écoles et collèges pour partager son histoire. La semaine prochaine, le 15 février, Isaac fêtera ses 100 ans. Alors pour honorer sa bonté et sa résilience, je lui dédie avec joie ces épisodes de mon podcast en guise de présent. Merci Isaac pour votre générosité et pour les récits poignants que vous nous avez partagés. Merci à vous, chers auditeurs, de faire vivre ces mémoires, celles d'Isaac, mais aussi celles de Marcel, de Félix, de Francine. Ces voix de l'enfance en guerre sont précieuses. Alors partagez-les pour que la jeune génération comprenne. Soutenez ce travail de mémoire. Abonnez-vous, partagez avec vos proches. Merci. On se retrouve bientôt pour un prochain épisode. Allez, salut ! C'était Catherine Benmaor pour Enfants de la Shoah.

  • Speaker #2

    Bonne nuit.

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Dans l’épisode précédent, je vous ai présenté Isaac, né en 1924 à Smyrne en Turquie.


Isaac et sa famille, ses parents, ses sœurs, Rebecca et Judith, et son frère David, mènent une vie simple mais heureuse dans le quartier de l’Estaque à Marseille.


Leur bonheur se brise quand la gestapo arrete David pour l’envoyer à Drancy, puis vers une destination plus sinistre encore, en Allemagne, dont le lieu exact demeure un mystère, surtout dans ce coin reculé de marseille ou le temps parait suspendu.


Dans un acte de défi ultime, David lance une dernière lettre par la fenêtre du train, lettre que par un acte d’humanité, une âme courageuse récupèrera et transmettra aux parents.


Pendant des semaines, endurant l’angoisse et l’incertitude concernant son frère, afin épargner le cœur de sa mère, Issac prendra la plume sous le regard complice de son père, et rédigera de fausses lettres rassurantes, y tissant avec soin l’illusion que son frère se porte bien.


Voici l’histoire d’Isaac, 19 ans, Enfant de la Shoah.

 

à la fin de la guerre, destiné à une carrière de médecin, Isaac devra renoncer à son rêve pour assumer son rôle de  pilier familial, et porter sur ses épaules son devoir de chef de famille. Un sacrifice partagé par beaucoup de jeunes adultes au sortir de la guerre.


Isaac travaillera d'abord dans le magasin de son père, en ouvrira un second, puis quittera l’Estaque pour le cœur de Marseille, devenant représentant de commerce.

 

Il fondera une famille, élèvera deux filles, et jusqu’à aujourd’hui, il ne cessera de transmettre son témoignage, visitant écoles et collèges pour partager son histoire.

 

❤️❤️ 💯 ANS ❤️❤️


La semaine prochaine, le 15 février, ISAAC FÊTERA SES 100 ANS


Alors pour honorer sa bonté et sa résilience, je lui dédie ces épisodes de mon podcast en guise de présent.


MERCI ISAAC, pour votre générosité et pour les récits poignants que vous avez partagés. ET MERCI NÉO VERRIEST, pour m'avoir permis cette rencontre incroyable !!!


Merci à vous, auditeurs, de faire vivre ces mémoires, celles d'Isaac, de Marcel, de Félix, de Francine... Ces voix de l'enfance en guerre sont précieuses. Partagez-les, pour que la jeune génération comprenne. Soutenez ce travail de mémoire : abonnez-vous, partagez avec vos proches. Merci À bientôt pour un nouvel épisode.


🙏 Un immense merci à la CLAIMS CONFERENCE et à la DILCRAH pour leur précieux soutien. Grâce à eux, ce travail de mémoire peut continuer d’exister et de toucher de nouveaux publics.

Ensemble, gardons vivantes ces voix, ces visages, ces vies, pour que jamais on n’oublie.

Merci de votre écoute… NE PERDONS PAS L'HISTOIRE, PARTAGEONS-LA…


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  • Speaker #0

    Mon père et ma mère ne savaient pas lire. J'ai donc moi qui ai lu. Mais je l'ai lu à mon père, pas à ma mère. Et avec mon père, on a décidé de le cacher à ma mère. Et pendant des mois, j'ai écrit de fausses lettres que je lisais à ma mère. Pendant que mon père... Ça, c'était la déportation de mon frère.

  • Speaker #1

    La Shoah, mot hébreu qui signifie catastrophe, désigne la mise à mort de près de 6 millions de Juifs d'Europe par l'Allemagne nazie et ses collaborateurs pendant la Seconde Guerre mondiale. En France, plus de 25% de la population juive totale sera décimée. Les enfants ne seront pas épargnés. Dans l'épisode précédent, je vous ai présenté Isaac, né en 1924 à Smyrne, en Turquie. Isaac et sa famille, ses parents, ses sœurs, Rebecca et Judith, et son frère David, mènent une vie simple mais heureuse dans le quartier de l'Estac, à Marseille. Leur bonheur se brise quand la Gestapo arrête David pour l'envoyer à Drancy, puis vers une destination plus sinistre encore, en Allemagne, dont le lieu exact demeure un mystère, surtout dans ce coin reculé de Marseille où le temps paraît suspendu. Dans un acte de défi ultime, David lance une dernière lettre par la fenêtre du train. Lettre que, par un acte d'humanité, une âme courageuse récupérera et transmettra aux parents. Pendant des semaines, endurant l'angoisse et l'incertitude concernant son frère, et afin d'épargner le cœur de sa mère, Isaac prendra la plume sous le regard complice de son père et rédigera de fausses lettres rassurantes, y tissant avec soin l'illusion que son frère se porte bien. Voici la seconde partie de l'histoire d'Isaac, 19 ans, enfant de la Shoah.

  • Speaker #0

    Il a fallu à la libération que l'oncle Isaac, il a dit, il ne faut plus raconter d'histoire, il a dit la vérité à son père. Elle a appris que son fils aîné avait disparu. Il ne reviendra plus. Il y a eu l'arrestation de David. Bon après, on a eu peur, les parents ont voulu nous cacher, cacher les enfants. On nous a envoyé à Greux-les-Bains, nous les enfants avec ma mère, et Moïse qui habitait à côté de chez nous, a envoyé aussi sa femme et ses enfants à Greux-les-Bains. Jusqu'en octobre où il fallait changer les cartes d'alimentation. Et Agrox et Ben nous ont dit « Ah, comme on avait le tampon juif, vous êtes juif, il faut vous déclarer comme juif ici. » Alors on est retourné à Marseille, parce que juif là-bas, ou juif à Marseille, c'était pareil. En avril 1944, mon père est à Marseille pour faire des courses. Arrivent deux hommes, Guessapos. Où est votre père ? Il n'est pas là. Bon, on monte dans la chambre, ils fouillent. Sous le lit de la chambre, il y avait la valise qui était le coffre-fort de mon père, dans lequel il y avait tout ce margeant depuis des années et des années. Ah, trafic, marché noir, on va revenir. Ils repartent avec la valise. Ce n'était pas la Gestapo, c'était des Français qui étaient venus nous voler. Des Français. Donc quand mon père revient, il dit « Vous vous êtes fait voler, vous êtes… » Il est allé au commissariat de police, il a déposé plainte. Ils ont été arrêtés à la libération. On est venu me dire « Est-ce que vous le reconnaissez ? » Moi je ne l'ai plus reconnu. On me dit « Ne vous inquiétez pas, ils ont fait des conneries, ils seront punis. » Mais à la libération, les archives du commissariat ont disparu. Le 8 juillet, lorsque je rentre du travail, le soir, j'ai un copain qui m'attend à la gare et qui me dit « on vient d'arrêter tes parents » . Sauf Judith. Lorsque la gué-sapo est venue, mon père a crié « fouillete, fouillete » en espagnol. On avait une cour commune avec le bar voisin. Et Judith s'est enfuie par cette cour, elle est allée au bar voisin, où un copain, Honorat, l'a récupérée, l'a cachée. Donc on a arrêté mon père, ma mère et Rebecca. Ils sont partis ensemble à Drancy, mais mon père est parti avant ma mère. dans le convoi 77 du 31 juillet. Le convoi est arrivé à Drancy, Drancy-Auschwitz. Ma mère, qui a eu la chance d'être dans le dernier convoi parti de Marseille, a pu être libérée au maquis. Parce que qu'est-ce qui s'était passé ? Le convoi qui était parti de Marseille, c'était le dernier convoi dans lequel il y avait ma mère et ma soeur, des juifs et des résistants. et la résistance française a déjoué le train qui devait aller à Drancy et l'a emmené à Annonay où le maquis a libéré le train. Le miracle ! Alors, mon père était vivant, je l'ai su par un déporté qui était avec lui, qui à la libération nous a envoyé, j'avais reçu une lettre. En octobre, il a été affecté au ravitaillement de femmes. En octobre, il était en bonne santé. Mais je pense que comme il était en bonne santé lorsqu'il y a eu la libération du camp, les Allemands ont évacué le camp, évacué tout ce qui était en bonne santé. Et mon père a dû faire la marche de la mort. C'était l'hiver, donc il a dû mourir dans la marche de la mort. à la libération. On était sûrs que nos parents allaient revenir, que mon père et que mon frère allaient revenir. J'ai donc passé un examen en trois mois. Je suis rentré à la faculté de médecine. J'ai pendant un an été persuadé que mon père allait revenir. Alors, je m'occupais un peu du magasin pendant que je faisais mes séances à l'hôpital ou à la faculté. Puis, bon, j'ai vu que j'aboutirais à rien. Ce n'était pas la peine. Il fallait nourrir la famille, reprendre le magasin. malheureusement et quand finalement on a vu que je n'étais pas déporté je suis devenu chef de famille, j'avais ma mère et deux soeurs à nourrir j'ai abandonné l'étude de médecine et j'ai repris le magasin de mon père destiné

  • Speaker #1

    à une carrière de médecin Isaac devra ainsi renoncer à son rêve, pour assumer son rôle de pilier familial et porter sur ses épaules son devoir de chef de famille. Un sacrifice partagé par beaucoup de jeunes adultes au sortir de la guerre. Isaac travaillera d'abord dans le magasin de son père, en ouvrira un second, puis quittera l'Estac pour le cœur de Marseille, devenant représentant de commerce. Il fondera une famille, élèvera deux filles, et jusqu'à aujourd'hui... Isaac ne cessera de transmettre son témoignage, visitant écoles et collèges pour partager son histoire. La semaine prochaine, le 15 février, Isaac fêtera ses 100 ans. Alors pour honorer sa bonté et sa résilience, je lui dédie avec joie ces épisodes de mon podcast en guise de présent. Merci Isaac pour votre générosité et pour les récits poignants que vous nous avez partagés. Merci à vous, chers auditeurs, de faire vivre ces mémoires, celles d'Isaac, mais aussi celles de Marcel, de Félix, de Francine. Ces voix de l'enfance en guerre sont précieuses. Alors partagez-les pour que la jeune génération comprenne. Soutenez ce travail de mémoire. Abonnez-vous, partagez avec vos proches. Merci. On se retrouve bientôt pour un prochain épisode. Allez, salut ! C'était Catherine Benmaor pour Enfants de la Shoah.

  • Speaker #2

    Bonne nuit.

Description

Dans l’épisode précédent, je vous ai présenté Isaac, né en 1924 à Smyrne en Turquie.


Isaac et sa famille, ses parents, ses sœurs, Rebecca et Judith, et son frère David, mènent une vie simple mais heureuse dans le quartier de l’Estaque à Marseille.


Leur bonheur se brise quand la gestapo arrete David pour l’envoyer à Drancy, puis vers une destination plus sinistre encore, en Allemagne, dont le lieu exact demeure un mystère, surtout dans ce coin reculé de marseille ou le temps parait suspendu.


Dans un acte de défi ultime, David lance une dernière lettre par la fenêtre du train, lettre que par un acte d’humanité, une âme courageuse récupèrera et transmettra aux parents.


Pendant des semaines, endurant l’angoisse et l’incertitude concernant son frère, afin épargner le cœur de sa mère, Issac prendra la plume sous le regard complice de son père, et rédigera de fausses lettres rassurantes, y tissant avec soin l’illusion que son frère se porte bien.


Voici l’histoire d’Isaac, 19 ans, Enfant de la Shoah.

 

à la fin de la guerre, destiné à une carrière de médecin, Isaac devra renoncer à son rêve pour assumer son rôle de  pilier familial, et porter sur ses épaules son devoir de chef de famille. Un sacrifice partagé par beaucoup de jeunes adultes au sortir de la guerre.


Isaac travaillera d'abord dans le magasin de son père, en ouvrira un second, puis quittera l’Estaque pour le cœur de Marseille, devenant représentant de commerce.

 

Il fondera une famille, élèvera deux filles, et jusqu’à aujourd’hui, il ne cessera de transmettre son témoignage, visitant écoles et collèges pour partager son histoire.

 

❤️❤️ 💯 ANS ❤️❤️


La semaine prochaine, le 15 février, ISAAC FÊTERA SES 100 ANS


Alors pour honorer sa bonté et sa résilience, je lui dédie ces épisodes de mon podcast en guise de présent.


MERCI ISAAC, pour votre générosité et pour les récits poignants que vous avez partagés. ET MERCI NÉO VERRIEST, pour m'avoir permis cette rencontre incroyable !!!


Merci à vous, auditeurs, de faire vivre ces mémoires, celles d'Isaac, de Marcel, de Félix, de Francine... Ces voix de l'enfance en guerre sont précieuses. Partagez-les, pour que la jeune génération comprenne. Soutenez ce travail de mémoire : abonnez-vous, partagez avec vos proches. Merci À bientôt pour un nouvel épisode.


🙏 Un immense merci à la CLAIMS CONFERENCE et à la DILCRAH pour leur précieux soutien. Grâce à eux, ce travail de mémoire peut continuer d’exister et de toucher de nouveaux publics.

Ensemble, gardons vivantes ces voix, ces visages, ces vies, pour que jamais on n’oublie.

Merci de votre écoute… NE PERDONS PAS L'HISTOIRE, PARTAGEONS-LA…


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Chaque contribution permet de continuer ce travail essentiel. #Mémoire #Shoah #HistoireVraie


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NE PERDONS PAS L'HISTOIRE, PARTAGEONS-LA…



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Transcription

  • Speaker #0

    Mon père et ma mère ne savaient pas lire. J'ai donc moi qui ai lu. Mais je l'ai lu à mon père, pas à ma mère. Et avec mon père, on a décidé de le cacher à ma mère. Et pendant des mois, j'ai écrit de fausses lettres que je lisais à ma mère. Pendant que mon père... Ça, c'était la déportation de mon frère.

  • Speaker #1

    La Shoah, mot hébreu qui signifie catastrophe, désigne la mise à mort de près de 6 millions de Juifs d'Europe par l'Allemagne nazie et ses collaborateurs pendant la Seconde Guerre mondiale. En France, plus de 25% de la population juive totale sera décimée. Les enfants ne seront pas épargnés. Dans l'épisode précédent, je vous ai présenté Isaac, né en 1924 à Smyrne, en Turquie. Isaac et sa famille, ses parents, ses sœurs, Rebecca et Judith, et son frère David, mènent une vie simple mais heureuse dans le quartier de l'Estac, à Marseille. Leur bonheur se brise quand la Gestapo arrête David pour l'envoyer à Drancy, puis vers une destination plus sinistre encore, en Allemagne, dont le lieu exact demeure un mystère, surtout dans ce coin reculé de Marseille où le temps paraît suspendu. Dans un acte de défi ultime, David lance une dernière lettre par la fenêtre du train. Lettre que, par un acte d'humanité, une âme courageuse récupérera et transmettra aux parents. Pendant des semaines, endurant l'angoisse et l'incertitude concernant son frère, et afin d'épargner le cœur de sa mère, Isaac prendra la plume sous le regard complice de son père et rédigera de fausses lettres rassurantes, y tissant avec soin l'illusion que son frère se porte bien. Voici la seconde partie de l'histoire d'Isaac, 19 ans, enfant de la Shoah.

  • Speaker #0

    Il a fallu à la libération que l'oncle Isaac, il a dit, il ne faut plus raconter d'histoire, il a dit la vérité à son père. Elle a appris que son fils aîné avait disparu. Il ne reviendra plus. Il y a eu l'arrestation de David. Bon après, on a eu peur, les parents ont voulu nous cacher, cacher les enfants. On nous a envoyé à Greux-les-Bains, nous les enfants avec ma mère, et Moïse qui habitait à côté de chez nous, a envoyé aussi sa femme et ses enfants à Greux-les-Bains. Jusqu'en octobre où il fallait changer les cartes d'alimentation. Et Agrox et Ben nous ont dit « Ah, comme on avait le tampon juif, vous êtes juif, il faut vous déclarer comme juif ici. » Alors on est retourné à Marseille, parce que juif là-bas, ou juif à Marseille, c'était pareil. En avril 1944, mon père est à Marseille pour faire des courses. Arrivent deux hommes, Guessapos. Où est votre père ? Il n'est pas là. Bon, on monte dans la chambre, ils fouillent. Sous le lit de la chambre, il y avait la valise qui était le coffre-fort de mon père, dans lequel il y avait tout ce margeant depuis des années et des années. Ah, trafic, marché noir, on va revenir. Ils repartent avec la valise. Ce n'était pas la Gestapo, c'était des Français qui étaient venus nous voler. Des Français. Donc quand mon père revient, il dit « Vous vous êtes fait voler, vous êtes… » Il est allé au commissariat de police, il a déposé plainte. Ils ont été arrêtés à la libération. On est venu me dire « Est-ce que vous le reconnaissez ? » Moi je ne l'ai plus reconnu. On me dit « Ne vous inquiétez pas, ils ont fait des conneries, ils seront punis. » Mais à la libération, les archives du commissariat ont disparu. Le 8 juillet, lorsque je rentre du travail, le soir, j'ai un copain qui m'attend à la gare et qui me dit « on vient d'arrêter tes parents » . Sauf Judith. Lorsque la gué-sapo est venue, mon père a crié « fouillete, fouillete » en espagnol. On avait une cour commune avec le bar voisin. Et Judith s'est enfuie par cette cour, elle est allée au bar voisin, où un copain, Honorat, l'a récupérée, l'a cachée. Donc on a arrêté mon père, ma mère et Rebecca. Ils sont partis ensemble à Drancy, mais mon père est parti avant ma mère. dans le convoi 77 du 31 juillet. Le convoi est arrivé à Drancy, Drancy-Auschwitz. Ma mère, qui a eu la chance d'être dans le dernier convoi parti de Marseille, a pu être libérée au maquis. Parce que qu'est-ce qui s'était passé ? Le convoi qui était parti de Marseille, c'était le dernier convoi dans lequel il y avait ma mère et ma soeur, des juifs et des résistants. et la résistance française a déjoué le train qui devait aller à Drancy et l'a emmené à Annonay où le maquis a libéré le train. Le miracle ! Alors, mon père était vivant, je l'ai su par un déporté qui était avec lui, qui à la libération nous a envoyé, j'avais reçu une lettre. En octobre, il a été affecté au ravitaillement de femmes. En octobre, il était en bonne santé. Mais je pense que comme il était en bonne santé lorsqu'il y a eu la libération du camp, les Allemands ont évacué le camp, évacué tout ce qui était en bonne santé. Et mon père a dû faire la marche de la mort. C'était l'hiver, donc il a dû mourir dans la marche de la mort. à la libération. On était sûrs que nos parents allaient revenir, que mon père et que mon frère allaient revenir. J'ai donc passé un examen en trois mois. Je suis rentré à la faculté de médecine. J'ai pendant un an été persuadé que mon père allait revenir. Alors, je m'occupais un peu du magasin pendant que je faisais mes séances à l'hôpital ou à la faculté. Puis, bon, j'ai vu que j'aboutirais à rien. Ce n'était pas la peine. Il fallait nourrir la famille, reprendre le magasin. malheureusement et quand finalement on a vu que je n'étais pas déporté je suis devenu chef de famille, j'avais ma mère et deux soeurs à nourrir j'ai abandonné l'étude de médecine et j'ai repris le magasin de mon père destiné

  • Speaker #1

    à une carrière de médecin Isaac devra ainsi renoncer à son rêve, pour assumer son rôle de pilier familial et porter sur ses épaules son devoir de chef de famille. Un sacrifice partagé par beaucoup de jeunes adultes au sortir de la guerre. Isaac travaillera d'abord dans le magasin de son père, en ouvrira un second, puis quittera l'Estac pour le cœur de Marseille, devenant représentant de commerce. Il fondera une famille, élèvera deux filles, et jusqu'à aujourd'hui... Isaac ne cessera de transmettre son témoignage, visitant écoles et collèges pour partager son histoire. La semaine prochaine, le 15 février, Isaac fêtera ses 100 ans. Alors pour honorer sa bonté et sa résilience, je lui dédie avec joie ces épisodes de mon podcast en guise de présent. Merci Isaac pour votre générosité et pour les récits poignants que vous nous avez partagés. Merci à vous, chers auditeurs, de faire vivre ces mémoires, celles d'Isaac, mais aussi celles de Marcel, de Félix, de Francine. Ces voix de l'enfance en guerre sont précieuses. Alors partagez-les pour que la jeune génération comprenne. Soutenez ce travail de mémoire. Abonnez-vous, partagez avec vos proches. Merci. On se retrouve bientôt pour un prochain épisode. Allez, salut ! C'était Catherine Benmaor pour Enfants de la Shoah.

  • Speaker #2

    Bonne nuit.

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