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LISETTE - 7 ans - 1ère partie - RESCAPÉE DU VELD'HIV GRACE À UNE VARICELLE cover
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ENFANT DE LA SHOAH

LISETTE - 7 ans - 1ère partie - RESCAPÉE DU VELD'HIV GRACE À UNE VARICELLE

LISETTE - 7 ans - 1ère partie - RESCAPÉE DU VELD'HIV GRACE À UNE VARICELLE

14min |19/03/2025
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LISETTE - 7 ans - 1ère partie - RESCAPÉE DU VELD'HIV GRACE À UNE VARICELLE

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Description


«  On monte dans les bus…moi je suis toute contente, je vais me promener. Mais je ne comprends pas pourquoi ma mère en face de moi pleure… et on arrive au Veld’Hiv »


Lisette nait en octobre 1935 à Paris et vit avec ses parents et sa soeur dans un petit appartement au pied de la Butte Montmartre.

Son père, tailleur de métier, y a installé tout près un atelier où il travaille sans relâche pour subvenir aux besoins de sa famille.


Mais pour comprendre son histoire, il faut remonter bien plus loin, en Pologne, où tout a commencé.


Le père de Lisette, né en 1898, quitte sa terre natale pour s’installer à Hanovre, en Allemagne. C’est là qu’il se marie et devient père d’une petite fille, Margot.

Mais en 1933, avec l’ascension du nazisme, sa vie bascule. Veuf et sans avenir en Allemagne, il fuit avec sa fille vers Paris, espérant y trouver refuge.


De son côté, Rachel, née elle aussi en Pologne, quitte sa terre natale avec sa maman et ses sœurs Frida et Anna.

Leur père ayant été tué par des cosaques durant la Première Guerre mondiale.

Elles arrivent en France dans l’espoir d’une vie meilleure. Là, Rachel rencontre le père de Lisette et ils fondent une famille.

Ensemble, ils vivent une vie paisible, jusqu’à ce que la guerre vienne briser leur quotidien en 1939.


Voici  le témoignage de Lisette, 7 ans, enfant de la Shoah


NE PERDONS PAS L'HISTOIRE, PARTAGEONS-LA… Ensemble, gardons vivantes ces voix, ces visages, ces vies, pour que jamais on n’oublie.

🎙️ Le témoignage, au-delà des faits qu’il aborde et qui permettent de lier la « petite » et la « grande histoire », associe mémoire et histoire.  Les témoignages ici mis en ligne ne prétendent pas à l’exhaustivité ni à la parfaite exactitude historique, pour autant, à un moment où les derniers survivants de la période disparaissent, leur volonté de transmettre, l’incroyable force de caractère et la force des récits qu’ils proposent en font des outils d’une importance majeure pour la compréhension de ce qu’il s’est produit en Europe et tout particulièrement en France il y a un peu plus de 80 ans.

Un grand merci à Alexandre Bande pour son expertise et sa validation des contenus historiques de ces témoignages



🙏 Un immense merci à la CLAIMS CONFERENCE et à la DILCRAH pour leur précieux soutien. Grâce à eux, ce travail de mémoire peut continuer d’exister et de toucher de nouveaux publics.

----

❤️ Vous AUSSI, pouvez m’aider à préserver la mémoire des enfants cachés en faisant un don sur https://www.allodons.fr/enfantdelashoah

Chaque contribution permet de continuer ce travail essentiel.

#Mémoire #Shoah #HistoireVraie #Enfant #Shoah #War #Témoignage #Holocaust #Genocide #NeverAgainIsNow #WW2 #Juif


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    On monte dans un autobus et là je me revois dans le bus, assise en face de ma mère. Moi je suis toute contente, je vais me promener et prendre le bus, ça ne nous arrivait pas souvent. Donc je suis toute contente, mais je ne comprends pas pourquoi ma mère en face de moi pleure.

  • Speaker #1

    La Shoah, mot hébreu qui signifie catastrophe. désigne la mise à mort de près de 6 millions de juifs d'Europe par l'Allemagne nazie et ses collaborateurs pendant la Seconde Guerre mondiale. En France, plus de 25% de la population juive totale sera décimée. Les enfants ne seront pas épargnés. Lisette naît en octobre 1935 à Paris et vit avec ses parents et sa sœur dans un petit appartement au pied de la butte Montmartre. Son père, tailleur de métier, y a installé tout près un atelier, où il travaille sans relâche pour subvenir aux besoins de sa famille. Mais pour comprendre son histoire, il faut remonter bien plus loin, en Pologne, là où tout a commencé. Le père de Lisette, né en 1898, quitte sa terre natale pour s'installer à Hannover, en Allemagne. C'est là qu'il se marie et devient papa d'une petite fille, Margot. Mais en 1933, avec l'ascension du nazisme, Sa vie bascule. Vœuf est sans avenir en Allemagne. Il fuit avec sa fille vers Paris, espérant y trouver refuge. De son côté, Rachel, née elle aussi en Pologne, quitte sa terre natale avec sa maman et ses sœurs, Frida et Anna, leurs pères ayant été tués par des Cosaques durant la Première Guerre mondiale. Elles arrivent en France dans l'espoir d'une vie meilleure. Là, Rachel rencontre le père de Lisette et ils fondent une famille. Ensemble, ils vivent une vie paisible jusqu'à ce que la guerre vienne briser leur quotidien en 1939. Voici le témoignage de Lisette, 7 ans, enfant de la Shoah.

  • Speaker #0

    Je revois à travers la fenêtre, je revois des éclairs dans le ciel, je revois des flammes. Ça, c'est quelque chose qui m'est resté. Là-dessus, c'est l'Exode. On part. Dans quelles conditions, je n'en sais rien. Je n'ai le souvenir de rien. Je n'ai qu'une chose. C'est des photos qui montrent que mes parents se sont arrêtés dans les Deux-Sèvres. Ce que je ne comprends pas d'ailleurs, c'est que j'ai des photos où on voit ma mère, mon père et moi avec la famille Dupont qui va m'accueillir plus tard. avec la famille Dupont, et je ne vois pas ma sœur. Elle n'est sur aucune photo. Je ne sais pas où elle est passée. Bref, l'exode, on reste dans les Deux-Sèvres, dans une commune à la Ferrière, entre Poitiers et Partenay. Et là, on ne reste pas très longtemps, puisque dès que Pétain signe l'armistice, les gens qui sont partis en exode, ils refluent et remontent dans leur... retrouvent leur foyer habituel. Donc mes parents remontent à Paris, tout simplement. Et là, les choses évoluent tout simplement jusqu'en 1942. Je pense que mon père devait faire des travaux de couture pour le commissaire, je ne sais trop qui, bref. Il a dû être prévenu de la rafle. C'est ce que je suppute. En tout cas, il est prévenu. Et donc le résultat, c'est qu'il va se cacher avec mon oncle, c'est-à-dire le mari de la deuxième sœur, Frida. Parce que ma tante Anna, avant la guerre, perd son mari qui est malade. Elle reste seule avec ses deux enfants et elle a obtenu la nationalité française, ce qui change tout. Donc, mon père décide avec mon oncle Fernand de se cacher. Et ils choisissent pour le faire des combles dans l'immeuble où habite mon oncle, rue Marcadet. Le 16 juillet, ils sont tous les deux là-haut, quand mon oncle voit de sa cachette sa femme et ses deux enfants emmenés par la police. À ce moment-là, mon père court à la maison, mais il arrive trop tard, on est déjà partis. Et il va aussitôt au commissariat où on lui recommande d'attendre, on va s'occuper de tout et d'attendre, voilà. Donc nous, le 16 juillet, la police est arrivée et puis on nous a dit de nous préparer et on sort. Et on descend les deux étages. J'ai le souvenir qu'en descendant, je revois le regard de la concierge. Et puis il y avait une fleuriste au rez de chaussé. Je revois le regard de ces deux femmes et que je qualifie de pas bienveillants. Un souvenir, un éclair, quelque chose. Et puis de là, on part à pied. Et on va rejoindre, ça c'est ce que j'ai comme souvenir, on va rejoindre un endroit, et que je situe rue de la Chapelle, où nous attendent les bus. On monte dans un autobus, et là je me revois dans le bus. assise en face ma mère moi je suis toute contente je vais me promener et prendre le bus ça ne nous arrivait pas souvent donc je suis toute contente mais je comprends pas pourquoi ma mère en face de moi pleure et on arrive au veldiv alors le Veld'Hiv C'est quelque chose de monstrueux, un brouillard, tout est dans une espèce de brume. Et à partir de là, je ne me souviens de rien du tout. Mais rien, de rien, de rien. Par les informations que j'ai pu avoir de différentes sources, j'ai dû rester au moins quatre ou cinq jours au Veld'Hiv. Une lettre est envoyée par l'association des israélites qui tenait un stand en bas avec la croix rouge et qui prévient ma tante Anna, puisqu'on sait qu'elle est française, qui prévient ma tante Anna que je suis hospitalisée à l'hôpital Rothschild. Pourquoi ? J'ai attrapé la varicelle. Et ça, ça se situe... au 20 juillet. Donc, ma tante est prévenue et mon père évidemment a repris tout de suite contact avec ma tante puisque sa belle-sœur était la seule qui était là. Donc, tous les deux viennent à l'hôpital Rothschild, rencontrent le médecin du service où je suis et le médecin accepte de me faire sortir. de me laisser sortir. Et ça, ma tante, elle, me l'a raconté, au lendemain de la guerre. Le médecin était prêt à me laisser sortir, mais pas l'infirmière. Elle voulait absolument qu'on me renvoie au Veld'Hiv, comme je devais le faire. Mais le médecin, c'est lui qui a décidé. Et donc, on m'a laissé sortir de l'hôpital. Et voilà, pour moi, la rafle, le 20 juillet. Je suis entre les mains de mon père et de ma tante. Ma maman et ma sœur, elles se retrouvent à Beaune-la-Rolande, avec ma tante Frida et ses deux enfants, Marcel qui a 14 ans et Claire qui a 10 ans, et le père. Ils sont tous les quatre, eux. à Beaune-la-Rolande, et ma mère est à Bonne-la-Rolande avec sa fille. Les promesses qu'on a dû faire à mon père, évidemment, n'ont jamais été tenues, si bien que de Bonne-la-Rolande, tout le monde a fini par partir pour Auschwitz. Alors, ce qui peut être consolant, vous trouvez ça pour se consoler, mes deux cousins, Marcel et Claire, ont pu faire le voyage ensemble. Ils sont partis ensemble de Beaune-la-Rolande. Ma mère est partie avec ma sœur. Par contre, ma tante Frida et son mari, tous les deux se sont retrouvés séparés, tous les deux. J'ai entre les mains une lettre faite par mon cousin Marcel. Il envoie une lettre à une amie de leur famille, une française, à qui il décrit les conditions dans lesquelles il se trouve à Beaune-la-Rolande et dans lesquelles il lui demande de faire tout ce qui est en son pouvoir pour les faire sortir de là-bas et si elle ne peut pas les deux, qu'elle sorte au moins sa sœur.

  • Speaker #1

    Peut-être n'avez-vous pas reçu les deux lettres précédentes, faites par maman. En ce cas, je vous dirai en quelques mots où nous en sommes. Claire et moi, nous sommes seuls maintenant. Papa et maman sont partis la semaine dernière pour Metz et de là plus loin. La vie ici pour nous deux est devenue intenable. Nous sommes en but à la méchanceté de certaines femmes qui profitent de ce que nous sommes sans défense. Les ordres et les contre-ordres... se succèdent à une cadence ininterrompue. Nous avons en plus perdu notre savon, et en plus de ça, on veut dans le camp même me séparer de Claire. Maintenant, on parle de nouveau départ, dans très peu de jours. « Samedi, dit-on. Alors je vous demande de faire tout ce qui sera en votre possibilité pour nous sortir de là tous les deux, ou sinon ma sœur. Ne vous arrêtez pas une minute. » tant que vous n'aurez pas la certitude que votre demande est agréée. Faites vite, d'abord parce qu'il reste peut-être peu de temps, et ensuite parce que nous sommes si malheureux. Je fais sortir ma lettre par une infirmière. Vous-même, Madame Louise, essayez de nous faire parvenir quelques nouvelles pour nous redonner du courage, c'est-à-dire pour nous faire savoir que vous faites quelque chose pour nous ou que vous allez le faire. Si vous pouvez aussi, mettez-nous un petit colis avec des fruits, du pain azime et un petit peu de beurre, presque rien, et aussi de la confiture. Tout le reste est défendu. Je ne vous en mets pas plus, ne sachant quoi vous dire sur notre malheur. Je vous embrasse bien fort ainsi que Claire en vous suppliant encore une fois de penser à nous.

  • Speaker #0

    Voilà la lettre de mon cousin. Alors là, cette lettre, ça fait vraiment mal au ventre.

  • Speaker #1

    Les 16 et 17 juillet 1942, la rafle du Vélodrome d'hiver à Paris conduira à l'arrestation de plus de 13 000 Juifs, dont environ 4 115 enfants. Bien que leur déportation ne fut pas prévue au départ, ces enfants, arrachés à leur famille, se retrouveront entassés dans des conditions inhumaines. Du 19 au 22 juillet, les familles seront transférées dans les camps du Loiret, Bonne-la-Rolande et Pitiviers. Les adultes et les adolescents seront déportés en priorité, tandis que plus de 3000 enfants en bas âge seront brutalement séparés de leurs parents et abandonnés dans une détresse insupportable. À leur tour, ces enfants seront envoyés vers des camps de transit, principalement Drancy, avant d'être déportés vers des centres de mise à mort nazis comme Auschwitz. Très peu d'entre eux survivront. La rafle du Veldiv demeure un symbole tragique de la collaboration de l'État français, sous le régime de Vichy, avec l'Allemagne nazie. Merci de votre écoute. Dans le prochain épisode, vous entendrez la suite et fin du récit de Lisette. Ces témoignages sont essentiels pour transmettre la mémoire et comprendre notre histoire. Alors n'hésitez pas à les partager autour de vous pour que ces voix ne s'éteignent jamais. Merci. Allez, salut. C'était Enfant de la Shoah, un podcast de Catherine Benmaor.

Description


«  On monte dans les bus…moi je suis toute contente, je vais me promener. Mais je ne comprends pas pourquoi ma mère en face de moi pleure… et on arrive au Veld’Hiv »


Lisette nait en octobre 1935 à Paris et vit avec ses parents et sa soeur dans un petit appartement au pied de la Butte Montmartre.

Son père, tailleur de métier, y a installé tout près un atelier où il travaille sans relâche pour subvenir aux besoins de sa famille.


Mais pour comprendre son histoire, il faut remonter bien plus loin, en Pologne, où tout a commencé.


Le père de Lisette, né en 1898, quitte sa terre natale pour s’installer à Hanovre, en Allemagne. C’est là qu’il se marie et devient père d’une petite fille, Margot.

Mais en 1933, avec l’ascension du nazisme, sa vie bascule. Veuf et sans avenir en Allemagne, il fuit avec sa fille vers Paris, espérant y trouver refuge.


De son côté, Rachel, née elle aussi en Pologne, quitte sa terre natale avec sa maman et ses sœurs Frida et Anna.

Leur père ayant été tué par des cosaques durant la Première Guerre mondiale.

Elles arrivent en France dans l’espoir d’une vie meilleure. Là, Rachel rencontre le père de Lisette et ils fondent une famille.

Ensemble, ils vivent une vie paisible, jusqu’à ce que la guerre vienne briser leur quotidien en 1939.


Voici  le témoignage de Lisette, 7 ans, enfant de la Shoah


NE PERDONS PAS L'HISTOIRE, PARTAGEONS-LA… Ensemble, gardons vivantes ces voix, ces visages, ces vies, pour que jamais on n’oublie.

🎙️ Le témoignage, au-delà des faits qu’il aborde et qui permettent de lier la « petite » et la « grande histoire », associe mémoire et histoire.  Les témoignages ici mis en ligne ne prétendent pas à l’exhaustivité ni à la parfaite exactitude historique, pour autant, à un moment où les derniers survivants de la période disparaissent, leur volonté de transmettre, l’incroyable force de caractère et la force des récits qu’ils proposent en font des outils d’une importance majeure pour la compréhension de ce qu’il s’est produit en Europe et tout particulièrement en France il y a un peu plus de 80 ans.

Un grand merci à Alexandre Bande pour son expertise et sa validation des contenus historiques de ces témoignages



🙏 Un immense merci à la CLAIMS CONFERENCE et à la DILCRAH pour leur précieux soutien. Grâce à eux, ce travail de mémoire peut continuer d’exister et de toucher de nouveaux publics.

----

❤️ Vous AUSSI, pouvez m’aider à préserver la mémoire des enfants cachés en faisant un don sur https://www.allodons.fr/enfantdelashoah

Chaque contribution permet de continuer ce travail essentiel.

#Mémoire #Shoah #HistoireVraie #Enfant #Shoah #War #Témoignage #Holocaust #Genocide #NeverAgainIsNow #WW2 #Juif


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    On monte dans un autobus et là je me revois dans le bus, assise en face de ma mère. Moi je suis toute contente, je vais me promener et prendre le bus, ça ne nous arrivait pas souvent. Donc je suis toute contente, mais je ne comprends pas pourquoi ma mère en face de moi pleure.

  • Speaker #1

    La Shoah, mot hébreu qui signifie catastrophe. désigne la mise à mort de près de 6 millions de juifs d'Europe par l'Allemagne nazie et ses collaborateurs pendant la Seconde Guerre mondiale. En France, plus de 25% de la population juive totale sera décimée. Les enfants ne seront pas épargnés. Lisette naît en octobre 1935 à Paris et vit avec ses parents et sa sœur dans un petit appartement au pied de la butte Montmartre. Son père, tailleur de métier, y a installé tout près un atelier, où il travaille sans relâche pour subvenir aux besoins de sa famille. Mais pour comprendre son histoire, il faut remonter bien plus loin, en Pologne, là où tout a commencé. Le père de Lisette, né en 1898, quitte sa terre natale pour s'installer à Hannover, en Allemagne. C'est là qu'il se marie et devient papa d'une petite fille, Margot. Mais en 1933, avec l'ascension du nazisme, Sa vie bascule. Vœuf est sans avenir en Allemagne. Il fuit avec sa fille vers Paris, espérant y trouver refuge. De son côté, Rachel, née elle aussi en Pologne, quitte sa terre natale avec sa maman et ses sœurs, Frida et Anna, leurs pères ayant été tués par des Cosaques durant la Première Guerre mondiale. Elles arrivent en France dans l'espoir d'une vie meilleure. Là, Rachel rencontre le père de Lisette et ils fondent une famille. Ensemble, ils vivent une vie paisible jusqu'à ce que la guerre vienne briser leur quotidien en 1939. Voici le témoignage de Lisette, 7 ans, enfant de la Shoah.

  • Speaker #0

    Je revois à travers la fenêtre, je revois des éclairs dans le ciel, je revois des flammes. Ça, c'est quelque chose qui m'est resté. Là-dessus, c'est l'Exode. On part. Dans quelles conditions, je n'en sais rien. Je n'ai le souvenir de rien. Je n'ai qu'une chose. C'est des photos qui montrent que mes parents se sont arrêtés dans les Deux-Sèvres. Ce que je ne comprends pas d'ailleurs, c'est que j'ai des photos où on voit ma mère, mon père et moi avec la famille Dupont qui va m'accueillir plus tard. avec la famille Dupont, et je ne vois pas ma sœur. Elle n'est sur aucune photo. Je ne sais pas où elle est passée. Bref, l'exode, on reste dans les Deux-Sèvres, dans une commune à la Ferrière, entre Poitiers et Partenay. Et là, on ne reste pas très longtemps, puisque dès que Pétain signe l'armistice, les gens qui sont partis en exode, ils refluent et remontent dans leur... retrouvent leur foyer habituel. Donc mes parents remontent à Paris, tout simplement. Et là, les choses évoluent tout simplement jusqu'en 1942. Je pense que mon père devait faire des travaux de couture pour le commissaire, je ne sais trop qui, bref. Il a dû être prévenu de la rafle. C'est ce que je suppute. En tout cas, il est prévenu. Et donc le résultat, c'est qu'il va se cacher avec mon oncle, c'est-à-dire le mari de la deuxième sœur, Frida. Parce que ma tante Anna, avant la guerre, perd son mari qui est malade. Elle reste seule avec ses deux enfants et elle a obtenu la nationalité française, ce qui change tout. Donc, mon père décide avec mon oncle Fernand de se cacher. Et ils choisissent pour le faire des combles dans l'immeuble où habite mon oncle, rue Marcadet. Le 16 juillet, ils sont tous les deux là-haut, quand mon oncle voit de sa cachette sa femme et ses deux enfants emmenés par la police. À ce moment-là, mon père court à la maison, mais il arrive trop tard, on est déjà partis. Et il va aussitôt au commissariat où on lui recommande d'attendre, on va s'occuper de tout et d'attendre, voilà. Donc nous, le 16 juillet, la police est arrivée et puis on nous a dit de nous préparer et on sort. Et on descend les deux étages. J'ai le souvenir qu'en descendant, je revois le regard de la concierge. Et puis il y avait une fleuriste au rez de chaussé. Je revois le regard de ces deux femmes et que je qualifie de pas bienveillants. Un souvenir, un éclair, quelque chose. Et puis de là, on part à pied. Et on va rejoindre, ça c'est ce que j'ai comme souvenir, on va rejoindre un endroit, et que je situe rue de la Chapelle, où nous attendent les bus. On monte dans un autobus, et là je me revois dans le bus. assise en face ma mère moi je suis toute contente je vais me promener et prendre le bus ça ne nous arrivait pas souvent donc je suis toute contente mais je comprends pas pourquoi ma mère en face de moi pleure et on arrive au veldiv alors le Veld'Hiv C'est quelque chose de monstrueux, un brouillard, tout est dans une espèce de brume. Et à partir de là, je ne me souviens de rien du tout. Mais rien, de rien, de rien. Par les informations que j'ai pu avoir de différentes sources, j'ai dû rester au moins quatre ou cinq jours au Veld'Hiv. Une lettre est envoyée par l'association des israélites qui tenait un stand en bas avec la croix rouge et qui prévient ma tante Anna, puisqu'on sait qu'elle est française, qui prévient ma tante Anna que je suis hospitalisée à l'hôpital Rothschild. Pourquoi ? J'ai attrapé la varicelle. Et ça, ça se situe... au 20 juillet. Donc, ma tante est prévenue et mon père évidemment a repris tout de suite contact avec ma tante puisque sa belle-sœur était la seule qui était là. Donc, tous les deux viennent à l'hôpital Rothschild, rencontrent le médecin du service où je suis et le médecin accepte de me faire sortir. de me laisser sortir. Et ça, ma tante, elle, me l'a raconté, au lendemain de la guerre. Le médecin était prêt à me laisser sortir, mais pas l'infirmière. Elle voulait absolument qu'on me renvoie au Veld'Hiv, comme je devais le faire. Mais le médecin, c'est lui qui a décidé. Et donc, on m'a laissé sortir de l'hôpital. Et voilà, pour moi, la rafle, le 20 juillet. Je suis entre les mains de mon père et de ma tante. Ma maman et ma sœur, elles se retrouvent à Beaune-la-Rolande, avec ma tante Frida et ses deux enfants, Marcel qui a 14 ans et Claire qui a 10 ans, et le père. Ils sont tous les quatre, eux. à Beaune-la-Rolande, et ma mère est à Bonne-la-Rolande avec sa fille. Les promesses qu'on a dû faire à mon père, évidemment, n'ont jamais été tenues, si bien que de Bonne-la-Rolande, tout le monde a fini par partir pour Auschwitz. Alors, ce qui peut être consolant, vous trouvez ça pour se consoler, mes deux cousins, Marcel et Claire, ont pu faire le voyage ensemble. Ils sont partis ensemble de Beaune-la-Rolande. Ma mère est partie avec ma sœur. Par contre, ma tante Frida et son mari, tous les deux se sont retrouvés séparés, tous les deux. J'ai entre les mains une lettre faite par mon cousin Marcel. Il envoie une lettre à une amie de leur famille, une française, à qui il décrit les conditions dans lesquelles il se trouve à Beaune-la-Rolande et dans lesquelles il lui demande de faire tout ce qui est en son pouvoir pour les faire sortir de là-bas et si elle ne peut pas les deux, qu'elle sorte au moins sa sœur.

  • Speaker #1

    Peut-être n'avez-vous pas reçu les deux lettres précédentes, faites par maman. En ce cas, je vous dirai en quelques mots où nous en sommes. Claire et moi, nous sommes seuls maintenant. Papa et maman sont partis la semaine dernière pour Metz et de là plus loin. La vie ici pour nous deux est devenue intenable. Nous sommes en but à la méchanceté de certaines femmes qui profitent de ce que nous sommes sans défense. Les ordres et les contre-ordres... se succèdent à une cadence ininterrompue. Nous avons en plus perdu notre savon, et en plus de ça, on veut dans le camp même me séparer de Claire. Maintenant, on parle de nouveau départ, dans très peu de jours. « Samedi, dit-on. Alors je vous demande de faire tout ce qui sera en votre possibilité pour nous sortir de là tous les deux, ou sinon ma sœur. Ne vous arrêtez pas une minute. » tant que vous n'aurez pas la certitude que votre demande est agréée. Faites vite, d'abord parce qu'il reste peut-être peu de temps, et ensuite parce que nous sommes si malheureux. Je fais sortir ma lettre par une infirmière. Vous-même, Madame Louise, essayez de nous faire parvenir quelques nouvelles pour nous redonner du courage, c'est-à-dire pour nous faire savoir que vous faites quelque chose pour nous ou que vous allez le faire. Si vous pouvez aussi, mettez-nous un petit colis avec des fruits, du pain azime et un petit peu de beurre, presque rien, et aussi de la confiture. Tout le reste est défendu. Je ne vous en mets pas plus, ne sachant quoi vous dire sur notre malheur. Je vous embrasse bien fort ainsi que Claire en vous suppliant encore une fois de penser à nous.

  • Speaker #0

    Voilà la lettre de mon cousin. Alors là, cette lettre, ça fait vraiment mal au ventre.

  • Speaker #1

    Les 16 et 17 juillet 1942, la rafle du Vélodrome d'hiver à Paris conduira à l'arrestation de plus de 13 000 Juifs, dont environ 4 115 enfants. Bien que leur déportation ne fut pas prévue au départ, ces enfants, arrachés à leur famille, se retrouveront entassés dans des conditions inhumaines. Du 19 au 22 juillet, les familles seront transférées dans les camps du Loiret, Bonne-la-Rolande et Pitiviers. Les adultes et les adolescents seront déportés en priorité, tandis que plus de 3000 enfants en bas âge seront brutalement séparés de leurs parents et abandonnés dans une détresse insupportable. À leur tour, ces enfants seront envoyés vers des camps de transit, principalement Drancy, avant d'être déportés vers des centres de mise à mort nazis comme Auschwitz. Très peu d'entre eux survivront. La rafle du Veldiv demeure un symbole tragique de la collaboration de l'État français, sous le régime de Vichy, avec l'Allemagne nazie. Merci de votre écoute. Dans le prochain épisode, vous entendrez la suite et fin du récit de Lisette. Ces témoignages sont essentiels pour transmettre la mémoire et comprendre notre histoire. Alors n'hésitez pas à les partager autour de vous pour que ces voix ne s'éteignent jamais. Merci. Allez, salut. C'était Enfant de la Shoah, un podcast de Catherine Benmaor.

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«  On monte dans les bus…moi je suis toute contente, je vais me promener. Mais je ne comprends pas pourquoi ma mère en face de moi pleure… et on arrive au Veld’Hiv »


Lisette nait en octobre 1935 à Paris et vit avec ses parents et sa soeur dans un petit appartement au pied de la Butte Montmartre.

Son père, tailleur de métier, y a installé tout près un atelier où il travaille sans relâche pour subvenir aux besoins de sa famille.


Mais pour comprendre son histoire, il faut remonter bien plus loin, en Pologne, où tout a commencé.


Le père de Lisette, né en 1898, quitte sa terre natale pour s’installer à Hanovre, en Allemagne. C’est là qu’il se marie et devient père d’une petite fille, Margot.

Mais en 1933, avec l’ascension du nazisme, sa vie bascule. Veuf et sans avenir en Allemagne, il fuit avec sa fille vers Paris, espérant y trouver refuge.


De son côté, Rachel, née elle aussi en Pologne, quitte sa terre natale avec sa maman et ses sœurs Frida et Anna.

Leur père ayant été tué par des cosaques durant la Première Guerre mondiale.

Elles arrivent en France dans l’espoir d’une vie meilleure. Là, Rachel rencontre le père de Lisette et ils fondent une famille.

Ensemble, ils vivent une vie paisible, jusqu’à ce que la guerre vienne briser leur quotidien en 1939.


Voici  le témoignage de Lisette, 7 ans, enfant de la Shoah


NE PERDONS PAS L'HISTOIRE, PARTAGEONS-LA… Ensemble, gardons vivantes ces voix, ces visages, ces vies, pour que jamais on n’oublie.

🎙️ Le témoignage, au-delà des faits qu’il aborde et qui permettent de lier la « petite » et la « grande histoire », associe mémoire et histoire.  Les témoignages ici mis en ligne ne prétendent pas à l’exhaustivité ni à la parfaite exactitude historique, pour autant, à un moment où les derniers survivants de la période disparaissent, leur volonté de transmettre, l’incroyable force de caractère et la force des récits qu’ils proposent en font des outils d’une importance majeure pour la compréhension de ce qu’il s’est produit en Europe et tout particulièrement en France il y a un peu plus de 80 ans.

Un grand merci à Alexandre Bande pour son expertise et sa validation des contenus historiques de ces témoignages



🙏 Un immense merci à la CLAIMS CONFERENCE et à la DILCRAH pour leur précieux soutien. Grâce à eux, ce travail de mémoire peut continuer d’exister et de toucher de nouveaux publics.

----

❤️ Vous AUSSI, pouvez m’aider à préserver la mémoire des enfants cachés en faisant un don sur https://www.allodons.fr/enfantdelashoah

Chaque contribution permet de continuer ce travail essentiel.

#Mémoire #Shoah #HistoireVraie #Enfant #Shoah #War #Témoignage #Holocaust #Genocide #NeverAgainIsNow #WW2 #Juif


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    On monte dans un autobus et là je me revois dans le bus, assise en face de ma mère. Moi je suis toute contente, je vais me promener et prendre le bus, ça ne nous arrivait pas souvent. Donc je suis toute contente, mais je ne comprends pas pourquoi ma mère en face de moi pleure.

  • Speaker #1

    La Shoah, mot hébreu qui signifie catastrophe. désigne la mise à mort de près de 6 millions de juifs d'Europe par l'Allemagne nazie et ses collaborateurs pendant la Seconde Guerre mondiale. En France, plus de 25% de la population juive totale sera décimée. Les enfants ne seront pas épargnés. Lisette naît en octobre 1935 à Paris et vit avec ses parents et sa sœur dans un petit appartement au pied de la butte Montmartre. Son père, tailleur de métier, y a installé tout près un atelier, où il travaille sans relâche pour subvenir aux besoins de sa famille. Mais pour comprendre son histoire, il faut remonter bien plus loin, en Pologne, là où tout a commencé. Le père de Lisette, né en 1898, quitte sa terre natale pour s'installer à Hannover, en Allemagne. C'est là qu'il se marie et devient papa d'une petite fille, Margot. Mais en 1933, avec l'ascension du nazisme, Sa vie bascule. Vœuf est sans avenir en Allemagne. Il fuit avec sa fille vers Paris, espérant y trouver refuge. De son côté, Rachel, née elle aussi en Pologne, quitte sa terre natale avec sa maman et ses sœurs, Frida et Anna, leurs pères ayant été tués par des Cosaques durant la Première Guerre mondiale. Elles arrivent en France dans l'espoir d'une vie meilleure. Là, Rachel rencontre le père de Lisette et ils fondent une famille. Ensemble, ils vivent une vie paisible jusqu'à ce que la guerre vienne briser leur quotidien en 1939. Voici le témoignage de Lisette, 7 ans, enfant de la Shoah.

  • Speaker #0

    Je revois à travers la fenêtre, je revois des éclairs dans le ciel, je revois des flammes. Ça, c'est quelque chose qui m'est resté. Là-dessus, c'est l'Exode. On part. Dans quelles conditions, je n'en sais rien. Je n'ai le souvenir de rien. Je n'ai qu'une chose. C'est des photos qui montrent que mes parents se sont arrêtés dans les Deux-Sèvres. Ce que je ne comprends pas d'ailleurs, c'est que j'ai des photos où on voit ma mère, mon père et moi avec la famille Dupont qui va m'accueillir plus tard. avec la famille Dupont, et je ne vois pas ma sœur. Elle n'est sur aucune photo. Je ne sais pas où elle est passée. Bref, l'exode, on reste dans les Deux-Sèvres, dans une commune à la Ferrière, entre Poitiers et Partenay. Et là, on ne reste pas très longtemps, puisque dès que Pétain signe l'armistice, les gens qui sont partis en exode, ils refluent et remontent dans leur... retrouvent leur foyer habituel. Donc mes parents remontent à Paris, tout simplement. Et là, les choses évoluent tout simplement jusqu'en 1942. Je pense que mon père devait faire des travaux de couture pour le commissaire, je ne sais trop qui, bref. Il a dû être prévenu de la rafle. C'est ce que je suppute. En tout cas, il est prévenu. Et donc le résultat, c'est qu'il va se cacher avec mon oncle, c'est-à-dire le mari de la deuxième sœur, Frida. Parce que ma tante Anna, avant la guerre, perd son mari qui est malade. Elle reste seule avec ses deux enfants et elle a obtenu la nationalité française, ce qui change tout. Donc, mon père décide avec mon oncle Fernand de se cacher. Et ils choisissent pour le faire des combles dans l'immeuble où habite mon oncle, rue Marcadet. Le 16 juillet, ils sont tous les deux là-haut, quand mon oncle voit de sa cachette sa femme et ses deux enfants emmenés par la police. À ce moment-là, mon père court à la maison, mais il arrive trop tard, on est déjà partis. Et il va aussitôt au commissariat où on lui recommande d'attendre, on va s'occuper de tout et d'attendre, voilà. Donc nous, le 16 juillet, la police est arrivée et puis on nous a dit de nous préparer et on sort. Et on descend les deux étages. J'ai le souvenir qu'en descendant, je revois le regard de la concierge. Et puis il y avait une fleuriste au rez de chaussé. Je revois le regard de ces deux femmes et que je qualifie de pas bienveillants. Un souvenir, un éclair, quelque chose. Et puis de là, on part à pied. Et on va rejoindre, ça c'est ce que j'ai comme souvenir, on va rejoindre un endroit, et que je situe rue de la Chapelle, où nous attendent les bus. On monte dans un autobus, et là je me revois dans le bus. assise en face ma mère moi je suis toute contente je vais me promener et prendre le bus ça ne nous arrivait pas souvent donc je suis toute contente mais je comprends pas pourquoi ma mère en face de moi pleure et on arrive au veldiv alors le Veld'Hiv C'est quelque chose de monstrueux, un brouillard, tout est dans une espèce de brume. Et à partir de là, je ne me souviens de rien du tout. Mais rien, de rien, de rien. Par les informations que j'ai pu avoir de différentes sources, j'ai dû rester au moins quatre ou cinq jours au Veld'Hiv. Une lettre est envoyée par l'association des israélites qui tenait un stand en bas avec la croix rouge et qui prévient ma tante Anna, puisqu'on sait qu'elle est française, qui prévient ma tante Anna que je suis hospitalisée à l'hôpital Rothschild. Pourquoi ? J'ai attrapé la varicelle. Et ça, ça se situe... au 20 juillet. Donc, ma tante est prévenue et mon père évidemment a repris tout de suite contact avec ma tante puisque sa belle-sœur était la seule qui était là. Donc, tous les deux viennent à l'hôpital Rothschild, rencontrent le médecin du service où je suis et le médecin accepte de me faire sortir. de me laisser sortir. Et ça, ma tante, elle, me l'a raconté, au lendemain de la guerre. Le médecin était prêt à me laisser sortir, mais pas l'infirmière. Elle voulait absolument qu'on me renvoie au Veld'Hiv, comme je devais le faire. Mais le médecin, c'est lui qui a décidé. Et donc, on m'a laissé sortir de l'hôpital. Et voilà, pour moi, la rafle, le 20 juillet. Je suis entre les mains de mon père et de ma tante. Ma maman et ma sœur, elles se retrouvent à Beaune-la-Rolande, avec ma tante Frida et ses deux enfants, Marcel qui a 14 ans et Claire qui a 10 ans, et le père. Ils sont tous les quatre, eux. à Beaune-la-Rolande, et ma mère est à Bonne-la-Rolande avec sa fille. Les promesses qu'on a dû faire à mon père, évidemment, n'ont jamais été tenues, si bien que de Bonne-la-Rolande, tout le monde a fini par partir pour Auschwitz. Alors, ce qui peut être consolant, vous trouvez ça pour se consoler, mes deux cousins, Marcel et Claire, ont pu faire le voyage ensemble. Ils sont partis ensemble de Beaune-la-Rolande. Ma mère est partie avec ma sœur. Par contre, ma tante Frida et son mari, tous les deux se sont retrouvés séparés, tous les deux. J'ai entre les mains une lettre faite par mon cousin Marcel. Il envoie une lettre à une amie de leur famille, une française, à qui il décrit les conditions dans lesquelles il se trouve à Beaune-la-Rolande et dans lesquelles il lui demande de faire tout ce qui est en son pouvoir pour les faire sortir de là-bas et si elle ne peut pas les deux, qu'elle sorte au moins sa sœur.

  • Speaker #1

    Peut-être n'avez-vous pas reçu les deux lettres précédentes, faites par maman. En ce cas, je vous dirai en quelques mots où nous en sommes. Claire et moi, nous sommes seuls maintenant. Papa et maman sont partis la semaine dernière pour Metz et de là plus loin. La vie ici pour nous deux est devenue intenable. Nous sommes en but à la méchanceté de certaines femmes qui profitent de ce que nous sommes sans défense. Les ordres et les contre-ordres... se succèdent à une cadence ininterrompue. Nous avons en plus perdu notre savon, et en plus de ça, on veut dans le camp même me séparer de Claire. Maintenant, on parle de nouveau départ, dans très peu de jours. « Samedi, dit-on. Alors je vous demande de faire tout ce qui sera en votre possibilité pour nous sortir de là tous les deux, ou sinon ma sœur. Ne vous arrêtez pas une minute. » tant que vous n'aurez pas la certitude que votre demande est agréée. Faites vite, d'abord parce qu'il reste peut-être peu de temps, et ensuite parce que nous sommes si malheureux. Je fais sortir ma lettre par une infirmière. Vous-même, Madame Louise, essayez de nous faire parvenir quelques nouvelles pour nous redonner du courage, c'est-à-dire pour nous faire savoir que vous faites quelque chose pour nous ou que vous allez le faire. Si vous pouvez aussi, mettez-nous un petit colis avec des fruits, du pain azime et un petit peu de beurre, presque rien, et aussi de la confiture. Tout le reste est défendu. Je ne vous en mets pas plus, ne sachant quoi vous dire sur notre malheur. Je vous embrasse bien fort ainsi que Claire en vous suppliant encore une fois de penser à nous.

  • Speaker #0

    Voilà la lettre de mon cousin. Alors là, cette lettre, ça fait vraiment mal au ventre.

  • Speaker #1

    Les 16 et 17 juillet 1942, la rafle du Vélodrome d'hiver à Paris conduira à l'arrestation de plus de 13 000 Juifs, dont environ 4 115 enfants. Bien que leur déportation ne fut pas prévue au départ, ces enfants, arrachés à leur famille, se retrouveront entassés dans des conditions inhumaines. Du 19 au 22 juillet, les familles seront transférées dans les camps du Loiret, Bonne-la-Rolande et Pitiviers. Les adultes et les adolescents seront déportés en priorité, tandis que plus de 3000 enfants en bas âge seront brutalement séparés de leurs parents et abandonnés dans une détresse insupportable. À leur tour, ces enfants seront envoyés vers des camps de transit, principalement Drancy, avant d'être déportés vers des centres de mise à mort nazis comme Auschwitz. Très peu d'entre eux survivront. La rafle du Veldiv demeure un symbole tragique de la collaboration de l'État français, sous le régime de Vichy, avec l'Allemagne nazie. Merci de votre écoute. Dans le prochain épisode, vous entendrez la suite et fin du récit de Lisette. Ces témoignages sont essentiels pour transmettre la mémoire et comprendre notre histoire. Alors n'hésitez pas à les partager autour de vous pour que ces voix ne s'éteignent jamais. Merci. Allez, salut. C'était Enfant de la Shoah, un podcast de Catherine Benmaor.

Description


«  On monte dans les bus…moi je suis toute contente, je vais me promener. Mais je ne comprends pas pourquoi ma mère en face de moi pleure… et on arrive au Veld’Hiv »


Lisette nait en octobre 1935 à Paris et vit avec ses parents et sa soeur dans un petit appartement au pied de la Butte Montmartre.

Son père, tailleur de métier, y a installé tout près un atelier où il travaille sans relâche pour subvenir aux besoins de sa famille.


Mais pour comprendre son histoire, il faut remonter bien plus loin, en Pologne, où tout a commencé.


Le père de Lisette, né en 1898, quitte sa terre natale pour s’installer à Hanovre, en Allemagne. C’est là qu’il se marie et devient père d’une petite fille, Margot.

Mais en 1933, avec l’ascension du nazisme, sa vie bascule. Veuf et sans avenir en Allemagne, il fuit avec sa fille vers Paris, espérant y trouver refuge.


De son côté, Rachel, née elle aussi en Pologne, quitte sa terre natale avec sa maman et ses sœurs Frida et Anna.

Leur père ayant été tué par des cosaques durant la Première Guerre mondiale.

Elles arrivent en France dans l’espoir d’une vie meilleure. Là, Rachel rencontre le père de Lisette et ils fondent une famille.

Ensemble, ils vivent une vie paisible, jusqu’à ce que la guerre vienne briser leur quotidien en 1939.


Voici  le témoignage de Lisette, 7 ans, enfant de la Shoah


NE PERDONS PAS L'HISTOIRE, PARTAGEONS-LA… Ensemble, gardons vivantes ces voix, ces visages, ces vies, pour que jamais on n’oublie.

🎙️ Le témoignage, au-delà des faits qu’il aborde et qui permettent de lier la « petite » et la « grande histoire », associe mémoire et histoire.  Les témoignages ici mis en ligne ne prétendent pas à l’exhaustivité ni à la parfaite exactitude historique, pour autant, à un moment où les derniers survivants de la période disparaissent, leur volonté de transmettre, l’incroyable force de caractère et la force des récits qu’ils proposent en font des outils d’une importance majeure pour la compréhension de ce qu’il s’est produit en Europe et tout particulièrement en France il y a un peu plus de 80 ans.

Un grand merci à Alexandre Bande pour son expertise et sa validation des contenus historiques de ces témoignages



🙏 Un immense merci à la CLAIMS CONFERENCE et à la DILCRAH pour leur précieux soutien. Grâce à eux, ce travail de mémoire peut continuer d’exister et de toucher de nouveaux publics.

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❤️ Vous AUSSI, pouvez m’aider à préserver la mémoire des enfants cachés en faisant un don sur https://www.allodons.fr/enfantdelashoah

Chaque contribution permet de continuer ce travail essentiel.

#Mémoire #Shoah #HistoireVraie #Enfant #Shoah #War #Témoignage #Holocaust #Genocide #NeverAgainIsNow #WW2 #Juif


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    On monte dans un autobus et là je me revois dans le bus, assise en face de ma mère. Moi je suis toute contente, je vais me promener et prendre le bus, ça ne nous arrivait pas souvent. Donc je suis toute contente, mais je ne comprends pas pourquoi ma mère en face de moi pleure.

  • Speaker #1

    La Shoah, mot hébreu qui signifie catastrophe. désigne la mise à mort de près de 6 millions de juifs d'Europe par l'Allemagne nazie et ses collaborateurs pendant la Seconde Guerre mondiale. En France, plus de 25% de la population juive totale sera décimée. Les enfants ne seront pas épargnés. Lisette naît en octobre 1935 à Paris et vit avec ses parents et sa sœur dans un petit appartement au pied de la butte Montmartre. Son père, tailleur de métier, y a installé tout près un atelier, où il travaille sans relâche pour subvenir aux besoins de sa famille. Mais pour comprendre son histoire, il faut remonter bien plus loin, en Pologne, là où tout a commencé. Le père de Lisette, né en 1898, quitte sa terre natale pour s'installer à Hannover, en Allemagne. C'est là qu'il se marie et devient papa d'une petite fille, Margot. Mais en 1933, avec l'ascension du nazisme, Sa vie bascule. Vœuf est sans avenir en Allemagne. Il fuit avec sa fille vers Paris, espérant y trouver refuge. De son côté, Rachel, née elle aussi en Pologne, quitte sa terre natale avec sa maman et ses sœurs, Frida et Anna, leurs pères ayant été tués par des Cosaques durant la Première Guerre mondiale. Elles arrivent en France dans l'espoir d'une vie meilleure. Là, Rachel rencontre le père de Lisette et ils fondent une famille. Ensemble, ils vivent une vie paisible jusqu'à ce que la guerre vienne briser leur quotidien en 1939. Voici le témoignage de Lisette, 7 ans, enfant de la Shoah.

  • Speaker #0

    Je revois à travers la fenêtre, je revois des éclairs dans le ciel, je revois des flammes. Ça, c'est quelque chose qui m'est resté. Là-dessus, c'est l'Exode. On part. Dans quelles conditions, je n'en sais rien. Je n'ai le souvenir de rien. Je n'ai qu'une chose. C'est des photos qui montrent que mes parents se sont arrêtés dans les Deux-Sèvres. Ce que je ne comprends pas d'ailleurs, c'est que j'ai des photos où on voit ma mère, mon père et moi avec la famille Dupont qui va m'accueillir plus tard. avec la famille Dupont, et je ne vois pas ma sœur. Elle n'est sur aucune photo. Je ne sais pas où elle est passée. Bref, l'exode, on reste dans les Deux-Sèvres, dans une commune à la Ferrière, entre Poitiers et Partenay. Et là, on ne reste pas très longtemps, puisque dès que Pétain signe l'armistice, les gens qui sont partis en exode, ils refluent et remontent dans leur... retrouvent leur foyer habituel. Donc mes parents remontent à Paris, tout simplement. Et là, les choses évoluent tout simplement jusqu'en 1942. Je pense que mon père devait faire des travaux de couture pour le commissaire, je ne sais trop qui, bref. Il a dû être prévenu de la rafle. C'est ce que je suppute. En tout cas, il est prévenu. Et donc le résultat, c'est qu'il va se cacher avec mon oncle, c'est-à-dire le mari de la deuxième sœur, Frida. Parce que ma tante Anna, avant la guerre, perd son mari qui est malade. Elle reste seule avec ses deux enfants et elle a obtenu la nationalité française, ce qui change tout. Donc, mon père décide avec mon oncle Fernand de se cacher. Et ils choisissent pour le faire des combles dans l'immeuble où habite mon oncle, rue Marcadet. Le 16 juillet, ils sont tous les deux là-haut, quand mon oncle voit de sa cachette sa femme et ses deux enfants emmenés par la police. À ce moment-là, mon père court à la maison, mais il arrive trop tard, on est déjà partis. Et il va aussitôt au commissariat où on lui recommande d'attendre, on va s'occuper de tout et d'attendre, voilà. Donc nous, le 16 juillet, la police est arrivée et puis on nous a dit de nous préparer et on sort. Et on descend les deux étages. J'ai le souvenir qu'en descendant, je revois le regard de la concierge. Et puis il y avait une fleuriste au rez de chaussé. Je revois le regard de ces deux femmes et que je qualifie de pas bienveillants. Un souvenir, un éclair, quelque chose. Et puis de là, on part à pied. Et on va rejoindre, ça c'est ce que j'ai comme souvenir, on va rejoindre un endroit, et que je situe rue de la Chapelle, où nous attendent les bus. On monte dans un autobus, et là je me revois dans le bus. assise en face ma mère moi je suis toute contente je vais me promener et prendre le bus ça ne nous arrivait pas souvent donc je suis toute contente mais je comprends pas pourquoi ma mère en face de moi pleure et on arrive au veldiv alors le Veld'Hiv C'est quelque chose de monstrueux, un brouillard, tout est dans une espèce de brume. Et à partir de là, je ne me souviens de rien du tout. Mais rien, de rien, de rien. Par les informations que j'ai pu avoir de différentes sources, j'ai dû rester au moins quatre ou cinq jours au Veld'Hiv. Une lettre est envoyée par l'association des israélites qui tenait un stand en bas avec la croix rouge et qui prévient ma tante Anna, puisqu'on sait qu'elle est française, qui prévient ma tante Anna que je suis hospitalisée à l'hôpital Rothschild. Pourquoi ? J'ai attrapé la varicelle. Et ça, ça se situe... au 20 juillet. Donc, ma tante est prévenue et mon père évidemment a repris tout de suite contact avec ma tante puisque sa belle-sœur était la seule qui était là. Donc, tous les deux viennent à l'hôpital Rothschild, rencontrent le médecin du service où je suis et le médecin accepte de me faire sortir. de me laisser sortir. Et ça, ma tante, elle, me l'a raconté, au lendemain de la guerre. Le médecin était prêt à me laisser sortir, mais pas l'infirmière. Elle voulait absolument qu'on me renvoie au Veld'Hiv, comme je devais le faire. Mais le médecin, c'est lui qui a décidé. Et donc, on m'a laissé sortir de l'hôpital. Et voilà, pour moi, la rafle, le 20 juillet. Je suis entre les mains de mon père et de ma tante. Ma maman et ma sœur, elles se retrouvent à Beaune-la-Rolande, avec ma tante Frida et ses deux enfants, Marcel qui a 14 ans et Claire qui a 10 ans, et le père. Ils sont tous les quatre, eux. à Beaune-la-Rolande, et ma mère est à Bonne-la-Rolande avec sa fille. Les promesses qu'on a dû faire à mon père, évidemment, n'ont jamais été tenues, si bien que de Bonne-la-Rolande, tout le monde a fini par partir pour Auschwitz. Alors, ce qui peut être consolant, vous trouvez ça pour se consoler, mes deux cousins, Marcel et Claire, ont pu faire le voyage ensemble. Ils sont partis ensemble de Beaune-la-Rolande. Ma mère est partie avec ma sœur. Par contre, ma tante Frida et son mari, tous les deux se sont retrouvés séparés, tous les deux. J'ai entre les mains une lettre faite par mon cousin Marcel. Il envoie une lettre à une amie de leur famille, une française, à qui il décrit les conditions dans lesquelles il se trouve à Beaune-la-Rolande et dans lesquelles il lui demande de faire tout ce qui est en son pouvoir pour les faire sortir de là-bas et si elle ne peut pas les deux, qu'elle sorte au moins sa sœur.

  • Speaker #1

    Peut-être n'avez-vous pas reçu les deux lettres précédentes, faites par maman. En ce cas, je vous dirai en quelques mots où nous en sommes. Claire et moi, nous sommes seuls maintenant. Papa et maman sont partis la semaine dernière pour Metz et de là plus loin. La vie ici pour nous deux est devenue intenable. Nous sommes en but à la méchanceté de certaines femmes qui profitent de ce que nous sommes sans défense. Les ordres et les contre-ordres... se succèdent à une cadence ininterrompue. Nous avons en plus perdu notre savon, et en plus de ça, on veut dans le camp même me séparer de Claire. Maintenant, on parle de nouveau départ, dans très peu de jours. « Samedi, dit-on. Alors je vous demande de faire tout ce qui sera en votre possibilité pour nous sortir de là tous les deux, ou sinon ma sœur. Ne vous arrêtez pas une minute. » tant que vous n'aurez pas la certitude que votre demande est agréée. Faites vite, d'abord parce qu'il reste peut-être peu de temps, et ensuite parce que nous sommes si malheureux. Je fais sortir ma lettre par une infirmière. Vous-même, Madame Louise, essayez de nous faire parvenir quelques nouvelles pour nous redonner du courage, c'est-à-dire pour nous faire savoir que vous faites quelque chose pour nous ou que vous allez le faire. Si vous pouvez aussi, mettez-nous un petit colis avec des fruits, du pain azime et un petit peu de beurre, presque rien, et aussi de la confiture. Tout le reste est défendu. Je ne vous en mets pas plus, ne sachant quoi vous dire sur notre malheur. Je vous embrasse bien fort ainsi que Claire en vous suppliant encore une fois de penser à nous.

  • Speaker #0

    Voilà la lettre de mon cousin. Alors là, cette lettre, ça fait vraiment mal au ventre.

  • Speaker #1

    Les 16 et 17 juillet 1942, la rafle du Vélodrome d'hiver à Paris conduira à l'arrestation de plus de 13 000 Juifs, dont environ 4 115 enfants. Bien que leur déportation ne fut pas prévue au départ, ces enfants, arrachés à leur famille, se retrouveront entassés dans des conditions inhumaines. Du 19 au 22 juillet, les familles seront transférées dans les camps du Loiret, Bonne-la-Rolande et Pitiviers. Les adultes et les adolescents seront déportés en priorité, tandis que plus de 3000 enfants en bas âge seront brutalement séparés de leurs parents et abandonnés dans une détresse insupportable. À leur tour, ces enfants seront envoyés vers des camps de transit, principalement Drancy, avant d'être déportés vers des centres de mise à mort nazis comme Auschwitz. Très peu d'entre eux survivront. La rafle du Veldiv demeure un symbole tragique de la collaboration de l'État français, sous le régime de Vichy, avec l'Allemagne nazie. Merci de votre écoute. Dans le prochain épisode, vous entendrez la suite et fin du récit de Lisette. Ces témoignages sont essentiels pour transmettre la mémoire et comprendre notre histoire. Alors n'hésitez pas à les partager autour de vous pour que ces voix ne s'éteignent jamais. Merci. Allez, salut. C'était Enfant de la Shoah, un podcast de Catherine Benmaor.

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