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LISETTE - 7 ans - 2ème partie - "PERSONNE N'EST REVENU" cover
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ENFANT DE LA SHOAH

LISETTE - 7 ans - 2ème partie - "PERSONNE N'EST REVENU"

LISETTE - 7 ans - 2ème partie - "PERSONNE N'EST REVENU"

11min |02/04/2025
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LISETTE - 7 ans - 2ème partie - "PERSONNE N'EST REVENU"

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11min |02/04/2025
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Description

Dans le premier épisode, Lisette est revenue sur l’un des moments les plus sombres de son histoire : la rafle du Veld'Hiv, en juillet 1942, au cours de laquelle elle fut arrêtée avec sa maman, sa sœur, sa tante et ses cousins. Elle parviendra pourtant à s’échapper grâce à une varicelle, qui la mènera à l’hôpital Rothschild.


Lisette fera ainsi partie des 26 enfants sauvés par l’hopital Rotschild lors de cette rafle.


Sa maman, sa demi-sœur, sa tante et ses cousins, eux, n’auront pas cette chance.


Transférés de Drancy à Beaune-la-Rolande, les adultes seront rapidement déportés vers Auschwitz.


Restés seuls dans le camp, Marcel, et sa petite sœur tenteront un ultime appel au secours : une lettre poignante adressée à une voisine, Madame Louise. Mais,tout  comme celle envoyée quelques semaines plus tôt par leur maman, elle restera sans réponse. Les deux enfants connaîtront le même destin tragique que le reste de la famile : l’internement à Auschwitz


Voici la suite et fin du témoignage de Lisette. 7 ans, enfant de la Shoah


NE PERDONS PAS L'HISTOIRE, PARTAGEONS-LA… Ensemble, gardons vivantes ces voix, ces visages, ces vies, pour que jamais on n’oublie.

🎙️ Le témoignage, au-delà des faits qu’il aborde et qui permettent de lier la « petite » et la « grande histoire », associe mémoire et histoire.  Les témoignages ici mis en ligne ne prétendent pas à l’exhaustivité ni à la parfaite exactitude historique, pour autant, à un moment où les derniers survivants de la période disparaissent, leur volonté de transmettre, l’incroyable force de caractère et la force des récits qu’ils proposent en font des outils d’une importance majeure pour la compréhension de ce qu’il s’est produit en Europe et tout particulièrement en France il y a un peu plus de 80 ans.

Un grand merci à Alexandre Bande pour son expertise et sa validation des contenus historiques de ces témoignages



🙏 Un immense merci à la CLAIMS CONFERENCE et à la DILCRAH pour leur précieux soutien. Grâce à eux, ce travail de mémoire peut continuer d’exister et de toucher de nouveaux publics.

----

❤️ Vous AUSSI, pouvez m’aider à préserver la mémoire des enfants cachés en faisant un don sur https://www.allodons.fr/enfantdelashoah

Chaque contribution permet de continuer ce travail essentiel.


#Mémoire #Shoah #HistoireVraie #Enfant #Shoah #War #Témoignage #Holocaust #Genocide #NeverAgainIsNow #WW2 #Juif


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    J'ai un mot de ma mère, mais écrit en yiddish, donc je l'ai fait traduire. Elle l'écrit à Anna et Joseph, sa sœur et son mari, à Bonn-la-Rolande. Et alors c'est très curieux les termes qu'elle utilise. Elle ne m'appelle nulle part dans la lettre, à croire qu'elle ne voulait pas risquer de compromettre.

  • Speaker #1

    Une femme qui a quitté le camp a pris votre adresse. Elle vous racontera tout sur notre triste situation. Margot est à l'infirmerie et souffre d'une grippe. Je ne peux recevoir ici aucune nouvelle de l'enfant, elle. De toute façon, je suis heureuse de ne pas voir mon enfant souffrir. C'est déjà terrible pour les adultes et encore plus pour des petits-enfants. On ne peut malheureusement même pas céder soi-même. On nous a emprisonnés comme des chiens et installés comme des cochons. La souffrance des enfants est impossible à décrire. Il y a des enfants âgés de deux ans qui sont arrêtés comme les adultes. Si c'est possible, que Madame Louise nous envoie une lettre par un gardien. J'aimerais beaucoup savoir comment va Joseph. Comment va l'enfant L ? Que pense-t-il faire ? Avez-vous reçu des nouvelles au sujet de l'enfant L ? Je n'ai pas la patience pour écrire plus. Soyez en bonne santé. Je vous embrasse. Dans le premier épisode, Lisette est revenue sur l'un des moments les plus sombres de son histoire. La rafle du Veldiv, en juillet 1942, au cours de laquelle elle fut arrêtée avec sa maman, sa sœur, sa tante, ses cousins. Elle parviendra pourtant à en échapper grâce à une varicelle qui la mènera à l'hôpital Rothschild. Lisette fait partie des 26 enfants sauvés par l'hôpital Rothschild lors de la rafle du Veldiv. Sa maman, sa demi-sœur, sa tante, ses cousins n'auront pas cette chance. Transférés de Drancy à Bonne-la-Rolande, les adultes seront rapidement déportés vers Auschwitz. Restés seuls dans le camp, Marcel et sa petite sœur tenteront un ultime appel au secours. Une lettre poignante adressée à une voisine, Madame Louise. Mais tout comme celle envoyée quelques semaines plus tôt par la maman de Lisette, elle restera sans réponse. Les deux enfants connaîtront le même destin tragique. que le reste de la famille, le départ pour Auschwitz. Revenons un peu en arrière. Avant que Lisette ne soit évacuée vers l'hôpital Rothschild, apprenant qu'elle et sa maman sont détenues à Drancy, son papa tentera l'impossible pour les ramener à la maison. Il connaît bien les policiers. Leur appartement est situé juste au-dessus du commissariat. Il pense être protégé. Voici la suite et fin. Du témoignage de Lisette, 7 ans, enfant de la Shoah.

  • Speaker #0

    Alors il ne se cache pas. Et le pire c'est ça. Non seulement il ne se cache pas, il croit ce qu'on lui dit. Et c'est volontairement qu'il va au commissariat pour essayer, pense-t-il, d'obtenir qu'on arrive à les faire sortir de Drancy. Mais il y a Bellurette qui sont... que personne n'est plus à Drancy. et on l'a mené en bateau jusqu'au 7 janvier. On a dû lui faire croire des tas de choses, et puis un beau jour le 7 janvier, il est au commissariat, on lui dit qu'il ne repartira pas, et on l'envoie à Drancy, comme ça. Il fait Drancy, et là-bas, le... Auschwitz. Alors moi, quand on me sort de l'hôpital Rothschild, ma tante et mon père reprennent contact avec la famille Dupont. C'est les paysans que mes parents avaient connus pendant l'exode. Donc un contact est repris avec la famille Dupont qui accepte de m'accueillir avec Minou, la femme de ménage, avec Minou et son mari qui travaillaient donc à la SNCF et qui tenaient... pas du tout à risquer d'être envoyé quelque part, prisonnier ou quoi. Donc la famille Dupont accepte de nous voir arriver à Troyes, puisqu'il fallait déjà quelqu'un pour me convoyer. Et là, je passe les deux années de la guerre, à l'abri des malheurs que tout le monde rencontre un peu partout en France. Alors je ne dis pas que les deux Sèvres n'ont pas été épargnés, mais ça n'était pas une zone de combat. Il y a eu un peu de résistance, il y a eu des Allemands qui ont stationné dans la commune de la Ferrière, où je me trouvais. mais on peut dire que je suis allé à l'école avec le fils dupont vivi on a fait des tas de bêtises ensemble on a gardé les vaches on a allé à l'école ensemble puis et puis un jour on a effectivement en sortant de l'école qui se trouvait dans le village à peu près à près de deux kilomètres de la ferme qui était isolée on a été pris dans une fusillade Mais les gens de la commune ont vu ça et nous ont enlevé de la route nationale pour nous mettre à l'abri. C'est le seul incident, si je puis dire. Mais sinon, j'ai vécu comme Vivi, j'allais à l'école et alors j'allais à la messe le dimanche. Mais je n'allais pas au catéchisme. On n'a pas changé mon nom et tout le monde savait que j'étais la petite juive. l'explication que j'ai parce qu'il en faut quand même une j'ai rarement vu des gens d'une telle gentillesse d'une telle bonté que la samy dupont on peut dire que ces gens-là n'avaient pas un seul ennemi personne n'a pu songer à leur faire du mal personne c'était vraiment une famille exemplaire En 1944, la libération, ma tante vient dans les Deux-Sèvres pour me rechercher. La tante Anna, qui, elle, a pu échapper à tout ça, elle et ses enfants, ils ont passé tous les trois cette deuxième partie de la guerre à Rodez. Elle m'amène avec elle à Rodez. Nous nous restons pendant une année. Là, je vais à l'école, je vais dans une colonie de vacances tenue par des catholiques, des prêtres, et puis la guerre se termine, et là, nous remontons à Paris. En 1945, on prend la grande photo de famille, mes parents, ma sœur et moi, on découpe les têtes et on va à l'hôtel Lutetia pour essayer de voir s'ils allaient revenir, si quelqu'un les connaissait, si quelqu'un avait des souvenirs. Personne n'est revenu.

  • Speaker #1

    À partir de là, Lisette récupère l'appartement de ses parents, qu'elle retrouve inhabité, et s'y installe avec sa tante et ses cousins. Ces derniers ne parlant pas français, c'est sur ses petites épaules, à seulement dix ans, que repose toute la charge des démarches administratives. Comme tant d'enfants devenus orphelins après la guerre, Lisette doit tirer un trait sur l'insouciance de son âge et se projeter brutalement dans une vie d'adulte. Mais dans ce ciel bien sombre, une éclaircie. La famille Dupont, qu'il avait recueillie dans les Deux-Sèvres. Une famille à laquelle Lisette restera profondément attachée.

  • Speaker #0

    Et alors après, pendant toutes les années, pour les vacances scolaires, ma tante m'envoyait dans les Deux-Sèvres. L'été, j'allais souvent passer des vacances là-bas, chez les Duponts. Je me marie, je vais présenter mon mari à la famille Dupont. J'ai mon enfant, un fils, je vais le présenter. Et puis après toutes les vacances, il allait souvent passer quelques jours là-bas en vacances. bref moi dans mon dans mon idée ma reconnaissance était tout simplement là puisque j'étais toujours avec eux c'était a toujours été pour moi tonton et tatin bon voilà moi ma reconnaissance elle était là dans la vie de tous les jours mais j'ai quand même un jour pris conscience que ça devait pas suffire et en je suis allé chercher les papiers pour préparer une demande je m'y suis attelé j'ai bien fait tout ce qu'il fallait j'ai bien rempli tout ce qu'il fallait remplir et on m'avait dit ben vous savez quand la dernière personne a pris le dossier en me disant bon ben il est complet c'est bon mais vous savez il faut compter deux trois ans il était si bien complet qu'au bout d'un an ça a été accordé

  • Speaker #1

    Oups. Grâce à la persévérance de Lisette, la médaille des Justes a été attribuée à la famille Dupont. Les Justes parmi les nations sont des personnes non-juives qui ont risqué leur vie pour sauver des Juifs pendant la Shoah. Remise par l'État d'Israël à travers Yad Vashem, cette distinction a été décernée à ce jour à plus de 27 000 hommes et femmes à travers le monde, en hommage à leur courage et à leur humanité. Merci de tout cœur, chère Lisette, d'avoir accepté de partager votre histoire. Merci. Du haut de ses 90 ans dans quelques mois, Lisette est une femme d'une énergie et d'un courage incroyables. Merci aussi à vous qui m'écoutez. Comme toujours, partagez ce podcast, ces témoignages sont essentiels pour comprendre notre histoire commune. Merci à la Clems Conférence et à la DILCRA de soutenir ce travail de mémoire. Je tiens également à exprimer ma profonde gratitude à Alexandre Bande pour son précieux regard et la validation historique de ses récits. Si vous souhaitez vous aussi m'aider à poursuivre cette mission, vous pouvez faire un don à l'association Enfants de la Shoah. Chaque don m'aide et me permet de recueillir d'autres témoignages pour les partager avec vous. Vous trouverez le lien en description de cet épisode. Merci du fond du cœur et à très vite pour un nouvel épisode. Allez, salut ! C'était Enfants de la Shoah, un podcast de Catherine Benmaor.

Description

Dans le premier épisode, Lisette est revenue sur l’un des moments les plus sombres de son histoire : la rafle du Veld'Hiv, en juillet 1942, au cours de laquelle elle fut arrêtée avec sa maman, sa sœur, sa tante et ses cousins. Elle parviendra pourtant à s’échapper grâce à une varicelle, qui la mènera à l’hôpital Rothschild.


Lisette fera ainsi partie des 26 enfants sauvés par l’hopital Rotschild lors de cette rafle.


Sa maman, sa demi-sœur, sa tante et ses cousins, eux, n’auront pas cette chance.


Transférés de Drancy à Beaune-la-Rolande, les adultes seront rapidement déportés vers Auschwitz.


Restés seuls dans le camp, Marcel, et sa petite sœur tenteront un ultime appel au secours : une lettre poignante adressée à une voisine, Madame Louise. Mais,tout  comme celle envoyée quelques semaines plus tôt par leur maman, elle restera sans réponse. Les deux enfants connaîtront le même destin tragique que le reste de la famile : l’internement à Auschwitz


Voici la suite et fin du témoignage de Lisette. 7 ans, enfant de la Shoah


NE PERDONS PAS L'HISTOIRE, PARTAGEONS-LA… Ensemble, gardons vivantes ces voix, ces visages, ces vies, pour que jamais on n’oublie.

🎙️ Le témoignage, au-delà des faits qu’il aborde et qui permettent de lier la « petite » et la « grande histoire », associe mémoire et histoire.  Les témoignages ici mis en ligne ne prétendent pas à l’exhaustivité ni à la parfaite exactitude historique, pour autant, à un moment où les derniers survivants de la période disparaissent, leur volonté de transmettre, l’incroyable force de caractère et la force des récits qu’ils proposent en font des outils d’une importance majeure pour la compréhension de ce qu’il s’est produit en Europe et tout particulièrement en France il y a un peu plus de 80 ans.

Un grand merci à Alexandre Bande pour son expertise et sa validation des contenus historiques de ces témoignages



🙏 Un immense merci à la CLAIMS CONFERENCE et à la DILCRAH pour leur précieux soutien. Grâce à eux, ce travail de mémoire peut continuer d’exister et de toucher de nouveaux publics.

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❤️ Vous AUSSI, pouvez m’aider à préserver la mémoire des enfants cachés en faisant un don sur https://www.allodons.fr/enfantdelashoah

Chaque contribution permet de continuer ce travail essentiel.


#Mémoire #Shoah #HistoireVraie #Enfant #Shoah #War #Témoignage #Holocaust #Genocide #NeverAgainIsNow #WW2 #Juif


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    J'ai un mot de ma mère, mais écrit en yiddish, donc je l'ai fait traduire. Elle l'écrit à Anna et Joseph, sa sœur et son mari, à Bonn-la-Rolande. Et alors c'est très curieux les termes qu'elle utilise. Elle ne m'appelle nulle part dans la lettre, à croire qu'elle ne voulait pas risquer de compromettre.

  • Speaker #1

    Une femme qui a quitté le camp a pris votre adresse. Elle vous racontera tout sur notre triste situation. Margot est à l'infirmerie et souffre d'une grippe. Je ne peux recevoir ici aucune nouvelle de l'enfant, elle. De toute façon, je suis heureuse de ne pas voir mon enfant souffrir. C'est déjà terrible pour les adultes et encore plus pour des petits-enfants. On ne peut malheureusement même pas céder soi-même. On nous a emprisonnés comme des chiens et installés comme des cochons. La souffrance des enfants est impossible à décrire. Il y a des enfants âgés de deux ans qui sont arrêtés comme les adultes. Si c'est possible, que Madame Louise nous envoie une lettre par un gardien. J'aimerais beaucoup savoir comment va Joseph. Comment va l'enfant L ? Que pense-t-il faire ? Avez-vous reçu des nouvelles au sujet de l'enfant L ? Je n'ai pas la patience pour écrire plus. Soyez en bonne santé. Je vous embrasse. Dans le premier épisode, Lisette est revenue sur l'un des moments les plus sombres de son histoire. La rafle du Veldiv, en juillet 1942, au cours de laquelle elle fut arrêtée avec sa maman, sa sœur, sa tante, ses cousins. Elle parviendra pourtant à en échapper grâce à une varicelle qui la mènera à l'hôpital Rothschild. Lisette fait partie des 26 enfants sauvés par l'hôpital Rothschild lors de la rafle du Veldiv. Sa maman, sa demi-sœur, sa tante, ses cousins n'auront pas cette chance. Transférés de Drancy à Bonne-la-Rolande, les adultes seront rapidement déportés vers Auschwitz. Restés seuls dans le camp, Marcel et sa petite sœur tenteront un ultime appel au secours. Une lettre poignante adressée à une voisine, Madame Louise. Mais tout comme celle envoyée quelques semaines plus tôt par la maman de Lisette, elle restera sans réponse. Les deux enfants connaîtront le même destin tragique. que le reste de la famille, le départ pour Auschwitz. Revenons un peu en arrière. Avant que Lisette ne soit évacuée vers l'hôpital Rothschild, apprenant qu'elle et sa maman sont détenues à Drancy, son papa tentera l'impossible pour les ramener à la maison. Il connaît bien les policiers. Leur appartement est situé juste au-dessus du commissariat. Il pense être protégé. Voici la suite et fin. Du témoignage de Lisette, 7 ans, enfant de la Shoah.

  • Speaker #0

    Alors il ne se cache pas. Et le pire c'est ça. Non seulement il ne se cache pas, il croit ce qu'on lui dit. Et c'est volontairement qu'il va au commissariat pour essayer, pense-t-il, d'obtenir qu'on arrive à les faire sortir de Drancy. Mais il y a Bellurette qui sont... que personne n'est plus à Drancy. et on l'a mené en bateau jusqu'au 7 janvier. On a dû lui faire croire des tas de choses, et puis un beau jour le 7 janvier, il est au commissariat, on lui dit qu'il ne repartira pas, et on l'envoie à Drancy, comme ça. Il fait Drancy, et là-bas, le... Auschwitz. Alors moi, quand on me sort de l'hôpital Rothschild, ma tante et mon père reprennent contact avec la famille Dupont. C'est les paysans que mes parents avaient connus pendant l'exode. Donc un contact est repris avec la famille Dupont qui accepte de m'accueillir avec Minou, la femme de ménage, avec Minou et son mari qui travaillaient donc à la SNCF et qui tenaient... pas du tout à risquer d'être envoyé quelque part, prisonnier ou quoi. Donc la famille Dupont accepte de nous voir arriver à Troyes, puisqu'il fallait déjà quelqu'un pour me convoyer. Et là, je passe les deux années de la guerre, à l'abri des malheurs que tout le monde rencontre un peu partout en France. Alors je ne dis pas que les deux Sèvres n'ont pas été épargnés, mais ça n'était pas une zone de combat. Il y a eu un peu de résistance, il y a eu des Allemands qui ont stationné dans la commune de la Ferrière, où je me trouvais. mais on peut dire que je suis allé à l'école avec le fils dupont vivi on a fait des tas de bêtises ensemble on a gardé les vaches on a allé à l'école ensemble puis et puis un jour on a effectivement en sortant de l'école qui se trouvait dans le village à peu près à près de deux kilomètres de la ferme qui était isolée on a été pris dans une fusillade Mais les gens de la commune ont vu ça et nous ont enlevé de la route nationale pour nous mettre à l'abri. C'est le seul incident, si je puis dire. Mais sinon, j'ai vécu comme Vivi, j'allais à l'école et alors j'allais à la messe le dimanche. Mais je n'allais pas au catéchisme. On n'a pas changé mon nom et tout le monde savait que j'étais la petite juive. l'explication que j'ai parce qu'il en faut quand même une j'ai rarement vu des gens d'une telle gentillesse d'une telle bonté que la samy dupont on peut dire que ces gens-là n'avaient pas un seul ennemi personne n'a pu songer à leur faire du mal personne c'était vraiment une famille exemplaire En 1944, la libération, ma tante vient dans les Deux-Sèvres pour me rechercher. La tante Anna, qui, elle, a pu échapper à tout ça, elle et ses enfants, ils ont passé tous les trois cette deuxième partie de la guerre à Rodez. Elle m'amène avec elle à Rodez. Nous nous restons pendant une année. Là, je vais à l'école, je vais dans une colonie de vacances tenue par des catholiques, des prêtres, et puis la guerre se termine, et là, nous remontons à Paris. En 1945, on prend la grande photo de famille, mes parents, ma sœur et moi, on découpe les têtes et on va à l'hôtel Lutetia pour essayer de voir s'ils allaient revenir, si quelqu'un les connaissait, si quelqu'un avait des souvenirs. Personne n'est revenu.

  • Speaker #1

    À partir de là, Lisette récupère l'appartement de ses parents, qu'elle retrouve inhabité, et s'y installe avec sa tante et ses cousins. Ces derniers ne parlant pas français, c'est sur ses petites épaules, à seulement dix ans, que repose toute la charge des démarches administratives. Comme tant d'enfants devenus orphelins après la guerre, Lisette doit tirer un trait sur l'insouciance de son âge et se projeter brutalement dans une vie d'adulte. Mais dans ce ciel bien sombre, une éclaircie. La famille Dupont, qu'il avait recueillie dans les Deux-Sèvres. Une famille à laquelle Lisette restera profondément attachée.

  • Speaker #0

    Et alors après, pendant toutes les années, pour les vacances scolaires, ma tante m'envoyait dans les Deux-Sèvres. L'été, j'allais souvent passer des vacances là-bas, chez les Duponts. Je me marie, je vais présenter mon mari à la famille Dupont. J'ai mon enfant, un fils, je vais le présenter. Et puis après toutes les vacances, il allait souvent passer quelques jours là-bas en vacances. bref moi dans mon dans mon idée ma reconnaissance était tout simplement là puisque j'étais toujours avec eux c'était a toujours été pour moi tonton et tatin bon voilà moi ma reconnaissance elle était là dans la vie de tous les jours mais j'ai quand même un jour pris conscience que ça devait pas suffire et en je suis allé chercher les papiers pour préparer une demande je m'y suis attelé j'ai bien fait tout ce qu'il fallait j'ai bien rempli tout ce qu'il fallait remplir et on m'avait dit ben vous savez quand la dernière personne a pris le dossier en me disant bon ben il est complet c'est bon mais vous savez il faut compter deux trois ans il était si bien complet qu'au bout d'un an ça a été accordé

  • Speaker #1

    Oups. Grâce à la persévérance de Lisette, la médaille des Justes a été attribuée à la famille Dupont. Les Justes parmi les nations sont des personnes non-juives qui ont risqué leur vie pour sauver des Juifs pendant la Shoah. Remise par l'État d'Israël à travers Yad Vashem, cette distinction a été décernée à ce jour à plus de 27 000 hommes et femmes à travers le monde, en hommage à leur courage et à leur humanité. Merci de tout cœur, chère Lisette, d'avoir accepté de partager votre histoire. Merci. Du haut de ses 90 ans dans quelques mois, Lisette est une femme d'une énergie et d'un courage incroyables. Merci aussi à vous qui m'écoutez. Comme toujours, partagez ce podcast, ces témoignages sont essentiels pour comprendre notre histoire commune. Merci à la Clems Conférence et à la DILCRA de soutenir ce travail de mémoire. Je tiens également à exprimer ma profonde gratitude à Alexandre Bande pour son précieux regard et la validation historique de ses récits. Si vous souhaitez vous aussi m'aider à poursuivre cette mission, vous pouvez faire un don à l'association Enfants de la Shoah. Chaque don m'aide et me permet de recueillir d'autres témoignages pour les partager avec vous. Vous trouverez le lien en description de cet épisode. Merci du fond du cœur et à très vite pour un nouvel épisode. Allez, salut ! C'était Enfants de la Shoah, un podcast de Catherine Benmaor.

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Dans le premier épisode, Lisette est revenue sur l’un des moments les plus sombres de son histoire : la rafle du Veld'Hiv, en juillet 1942, au cours de laquelle elle fut arrêtée avec sa maman, sa sœur, sa tante et ses cousins. Elle parviendra pourtant à s’échapper grâce à une varicelle, qui la mènera à l’hôpital Rothschild.


Lisette fera ainsi partie des 26 enfants sauvés par l’hopital Rotschild lors de cette rafle.


Sa maman, sa demi-sœur, sa tante et ses cousins, eux, n’auront pas cette chance.


Transférés de Drancy à Beaune-la-Rolande, les adultes seront rapidement déportés vers Auschwitz.


Restés seuls dans le camp, Marcel, et sa petite sœur tenteront un ultime appel au secours : une lettre poignante adressée à une voisine, Madame Louise. Mais,tout  comme celle envoyée quelques semaines plus tôt par leur maman, elle restera sans réponse. Les deux enfants connaîtront le même destin tragique que le reste de la famile : l’internement à Auschwitz


Voici la suite et fin du témoignage de Lisette. 7 ans, enfant de la Shoah


NE PERDONS PAS L'HISTOIRE, PARTAGEONS-LA… Ensemble, gardons vivantes ces voix, ces visages, ces vies, pour que jamais on n’oublie.

🎙️ Le témoignage, au-delà des faits qu’il aborde et qui permettent de lier la « petite » et la « grande histoire », associe mémoire et histoire.  Les témoignages ici mis en ligne ne prétendent pas à l’exhaustivité ni à la parfaite exactitude historique, pour autant, à un moment où les derniers survivants de la période disparaissent, leur volonté de transmettre, l’incroyable force de caractère et la force des récits qu’ils proposent en font des outils d’une importance majeure pour la compréhension de ce qu’il s’est produit en Europe et tout particulièrement en France il y a un peu plus de 80 ans.

Un grand merci à Alexandre Bande pour son expertise et sa validation des contenus historiques de ces témoignages



🙏 Un immense merci à la CLAIMS CONFERENCE et à la DILCRAH pour leur précieux soutien. Grâce à eux, ce travail de mémoire peut continuer d’exister et de toucher de nouveaux publics.

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❤️ Vous AUSSI, pouvez m’aider à préserver la mémoire des enfants cachés en faisant un don sur https://www.allodons.fr/enfantdelashoah

Chaque contribution permet de continuer ce travail essentiel.


#Mémoire #Shoah #HistoireVraie #Enfant #Shoah #War #Témoignage #Holocaust #Genocide #NeverAgainIsNow #WW2 #Juif


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

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  • Speaker #0

    J'ai un mot de ma mère, mais écrit en yiddish, donc je l'ai fait traduire. Elle l'écrit à Anna et Joseph, sa sœur et son mari, à Bonn-la-Rolande. Et alors c'est très curieux les termes qu'elle utilise. Elle ne m'appelle nulle part dans la lettre, à croire qu'elle ne voulait pas risquer de compromettre.

  • Speaker #1

    Une femme qui a quitté le camp a pris votre adresse. Elle vous racontera tout sur notre triste situation. Margot est à l'infirmerie et souffre d'une grippe. Je ne peux recevoir ici aucune nouvelle de l'enfant, elle. De toute façon, je suis heureuse de ne pas voir mon enfant souffrir. C'est déjà terrible pour les adultes et encore plus pour des petits-enfants. On ne peut malheureusement même pas céder soi-même. On nous a emprisonnés comme des chiens et installés comme des cochons. La souffrance des enfants est impossible à décrire. Il y a des enfants âgés de deux ans qui sont arrêtés comme les adultes. Si c'est possible, que Madame Louise nous envoie une lettre par un gardien. J'aimerais beaucoup savoir comment va Joseph. Comment va l'enfant L ? Que pense-t-il faire ? Avez-vous reçu des nouvelles au sujet de l'enfant L ? Je n'ai pas la patience pour écrire plus. Soyez en bonne santé. Je vous embrasse. Dans le premier épisode, Lisette est revenue sur l'un des moments les plus sombres de son histoire. La rafle du Veldiv, en juillet 1942, au cours de laquelle elle fut arrêtée avec sa maman, sa sœur, sa tante, ses cousins. Elle parviendra pourtant à en échapper grâce à une varicelle qui la mènera à l'hôpital Rothschild. Lisette fait partie des 26 enfants sauvés par l'hôpital Rothschild lors de la rafle du Veldiv. Sa maman, sa demi-sœur, sa tante, ses cousins n'auront pas cette chance. Transférés de Drancy à Bonne-la-Rolande, les adultes seront rapidement déportés vers Auschwitz. Restés seuls dans le camp, Marcel et sa petite sœur tenteront un ultime appel au secours. Une lettre poignante adressée à une voisine, Madame Louise. Mais tout comme celle envoyée quelques semaines plus tôt par la maman de Lisette, elle restera sans réponse. Les deux enfants connaîtront le même destin tragique. que le reste de la famille, le départ pour Auschwitz. Revenons un peu en arrière. Avant que Lisette ne soit évacuée vers l'hôpital Rothschild, apprenant qu'elle et sa maman sont détenues à Drancy, son papa tentera l'impossible pour les ramener à la maison. Il connaît bien les policiers. Leur appartement est situé juste au-dessus du commissariat. Il pense être protégé. Voici la suite et fin. Du témoignage de Lisette, 7 ans, enfant de la Shoah.

  • Speaker #0

    Alors il ne se cache pas. Et le pire c'est ça. Non seulement il ne se cache pas, il croit ce qu'on lui dit. Et c'est volontairement qu'il va au commissariat pour essayer, pense-t-il, d'obtenir qu'on arrive à les faire sortir de Drancy. Mais il y a Bellurette qui sont... que personne n'est plus à Drancy. et on l'a mené en bateau jusqu'au 7 janvier. On a dû lui faire croire des tas de choses, et puis un beau jour le 7 janvier, il est au commissariat, on lui dit qu'il ne repartira pas, et on l'envoie à Drancy, comme ça. Il fait Drancy, et là-bas, le... Auschwitz. Alors moi, quand on me sort de l'hôpital Rothschild, ma tante et mon père reprennent contact avec la famille Dupont. C'est les paysans que mes parents avaient connus pendant l'exode. Donc un contact est repris avec la famille Dupont qui accepte de m'accueillir avec Minou, la femme de ménage, avec Minou et son mari qui travaillaient donc à la SNCF et qui tenaient... pas du tout à risquer d'être envoyé quelque part, prisonnier ou quoi. Donc la famille Dupont accepte de nous voir arriver à Troyes, puisqu'il fallait déjà quelqu'un pour me convoyer. Et là, je passe les deux années de la guerre, à l'abri des malheurs que tout le monde rencontre un peu partout en France. Alors je ne dis pas que les deux Sèvres n'ont pas été épargnés, mais ça n'était pas une zone de combat. Il y a eu un peu de résistance, il y a eu des Allemands qui ont stationné dans la commune de la Ferrière, où je me trouvais. mais on peut dire que je suis allé à l'école avec le fils dupont vivi on a fait des tas de bêtises ensemble on a gardé les vaches on a allé à l'école ensemble puis et puis un jour on a effectivement en sortant de l'école qui se trouvait dans le village à peu près à près de deux kilomètres de la ferme qui était isolée on a été pris dans une fusillade Mais les gens de la commune ont vu ça et nous ont enlevé de la route nationale pour nous mettre à l'abri. C'est le seul incident, si je puis dire. Mais sinon, j'ai vécu comme Vivi, j'allais à l'école et alors j'allais à la messe le dimanche. Mais je n'allais pas au catéchisme. On n'a pas changé mon nom et tout le monde savait que j'étais la petite juive. l'explication que j'ai parce qu'il en faut quand même une j'ai rarement vu des gens d'une telle gentillesse d'une telle bonté que la samy dupont on peut dire que ces gens-là n'avaient pas un seul ennemi personne n'a pu songer à leur faire du mal personne c'était vraiment une famille exemplaire En 1944, la libération, ma tante vient dans les Deux-Sèvres pour me rechercher. La tante Anna, qui, elle, a pu échapper à tout ça, elle et ses enfants, ils ont passé tous les trois cette deuxième partie de la guerre à Rodez. Elle m'amène avec elle à Rodez. Nous nous restons pendant une année. Là, je vais à l'école, je vais dans une colonie de vacances tenue par des catholiques, des prêtres, et puis la guerre se termine, et là, nous remontons à Paris. En 1945, on prend la grande photo de famille, mes parents, ma sœur et moi, on découpe les têtes et on va à l'hôtel Lutetia pour essayer de voir s'ils allaient revenir, si quelqu'un les connaissait, si quelqu'un avait des souvenirs. Personne n'est revenu.

  • Speaker #1

    À partir de là, Lisette récupère l'appartement de ses parents, qu'elle retrouve inhabité, et s'y installe avec sa tante et ses cousins. Ces derniers ne parlant pas français, c'est sur ses petites épaules, à seulement dix ans, que repose toute la charge des démarches administratives. Comme tant d'enfants devenus orphelins après la guerre, Lisette doit tirer un trait sur l'insouciance de son âge et se projeter brutalement dans une vie d'adulte. Mais dans ce ciel bien sombre, une éclaircie. La famille Dupont, qu'il avait recueillie dans les Deux-Sèvres. Une famille à laquelle Lisette restera profondément attachée.

  • Speaker #0

    Et alors après, pendant toutes les années, pour les vacances scolaires, ma tante m'envoyait dans les Deux-Sèvres. L'été, j'allais souvent passer des vacances là-bas, chez les Duponts. Je me marie, je vais présenter mon mari à la famille Dupont. J'ai mon enfant, un fils, je vais le présenter. Et puis après toutes les vacances, il allait souvent passer quelques jours là-bas en vacances. bref moi dans mon dans mon idée ma reconnaissance était tout simplement là puisque j'étais toujours avec eux c'était a toujours été pour moi tonton et tatin bon voilà moi ma reconnaissance elle était là dans la vie de tous les jours mais j'ai quand même un jour pris conscience que ça devait pas suffire et en je suis allé chercher les papiers pour préparer une demande je m'y suis attelé j'ai bien fait tout ce qu'il fallait j'ai bien rempli tout ce qu'il fallait remplir et on m'avait dit ben vous savez quand la dernière personne a pris le dossier en me disant bon ben il est complet c'est bon mais vous savez il faut compter deux trois ans il était si bien complet qu'au bout d'un an ça a été accordé

  • Speaker #1

    Oups. Grâce à la persévérance de Lisette, la médaille des Justes a été attribuée à la famille Dupont. Les Justes parmi les nations sont des personnes non-juives qui ont risqué leur vie pour sauver des Juifs pendant la Shoah. Remise par l'État d'Israël à travers Yad Vashem, cette distinction a été décernée à ce jour à plus de 27 000 hommes et femmes à travers le monde, en hommage à leur courage et à leur humanité. Merci de tout cœur, chère Lisette, d'avoir accepté de partager votre histoire. Merci. Du haut de ses 90 ans dans quelques mois, Lisette est une femme d'une énergie et d'un courage incroyables. Merci aussi à vous qui m'écoutez. Comme toujours, partagez ce podcast, ces témoignages sont essentiels pour comprendre notre histoire commune. Merci à la Clems Conférence et à la DILCRA de soutenir ce travail de mémoire. Je tiens également à exprimer ma profonde gratitude à Alexandre Bande pour son précieux regard et la validation historique de ses récits. Si vous souhaitez vous aussi m'aider à poursuivre cette mission, vous pouvez faire un don à l'association Enfants de la Shoah. Chaque don m'aide et me permet de recueillir d'autres témoignages pour les partager avec vous. Vous trouverez le lien en description de cet épisode. Merci du fond du cœur et à très vite pour un nouvel épisode. Allez, salut ! C'était Enfants de la Shoah, un podcast de Catherine Benmaor.

Description

Dans le premier épisode, Lisette est revenue sur l’un des moments les plus sombres de son histoire : la rafle du Veld'Hiv, en juillet 1942, au cours de laquelle elle fut arrêtée avec sa maman, sa sœur, sa tante et ses cousins. Elle parviendra pourtant à s’échapper grâce à une varicelle, qui la mènera à l’hôpital Rothschild.


Lisette fera ainsi partie des 26 enfants sauvés par l’hopital Rotschild lors de cette rafle.


Sa maman, sa demi-sœur, sa tante et ses cousins, eux, n’auront pas cette chance.


Transférés de Drancy à Beaune-la-Rolande, les adultes seront rapidement déportés vers Auschwitz.


Restés seuls dans le camp, Marcel, et sa petite sœur tenteront un ultime appel au secours : une lettre poignante adressée à une voisine, Madame Louise. Mais,tout  comme celle envoyée quelques semaines plus tôt par leur maman, elle restera sans réponse. Les deux enfants connaîtront le même destin tragique que le reste de la famile : l’internement à Auschwitz


Voici la suite et fin du témoignage de Lisette. 7 ans, enfant de la Shoah


NE PERDONS PAS L'HISTOIRE, PARTAGEONS-LA… Ensemble, gardons vivantes ces voix, ces visages, ces vies, pour que jamais on n’oublie.

🎙️ Le témoignage, au-delà des faits qu’il aborde et qui permettent de lier la « petite » et la « grande histoire », associe mémoire et histoire.  Les témoignages ici mis en ligne ne prétendent pas à l’exhaustivité ni à la parfaite exactitude historique, pour autant, à un moment où les derniers survivants de la période disparaissent, leur volonté de transmettre, l’incroyable force de caractère et la force des récits qu’ils proposent en font des outils d’une importance majeure pour la compréhension de ce qu’il s’est produit en Europe et tout particulièrement en France il y a un peu plus de 80 ans.

Un grand merci à Alexandre Bande pour son expertise et sa validation des contenus historiques de ces témoignages



🙏 Un immense merci à la CLAIMS CONFERENCE et à la DILCRAH pour leur précieux soutien. Grâce à eux, ce travail de mémoire peut continuer d’exister et de toucher de nouveaux publics.

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❤️ Vous AUSSI, pouvez m’aider à préserver la mémoire des enfants cachés en faisant un don sur https://www.allodons.fr/enfantdelashoah

Chaque contribution permet de continuer ce travail essentiel.


#Mémoire #Shoah #HistoireVraie #Enfant #Shoah #War #Témoignage #Holocaust #Genocide #NeverAgainIsNow #WW2 #Juif


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    J'ai un mot de ma mère, mais écrit en yiddish, donc je l'ai fait traduire. Elle l'écrit à Anna et Joseph, sa sœur et son mari, à Bonn-la-Rolande. Et alors c'est très curieux les termes qu'elle utilise. Elle ne m'appelle nulle part dans la lettre, à croire qu'elle ne voulait pas risquer de compromettre.

  • Speaker #1

    Une femme qui a quitté le camp a pris votre adresse. Elle vous racontera tout sur notre triste situation. Margot est à l'infirmerie et souffre d'une grippe. Je ne peux recevoir ici aucune nouvelle de l'enfant, elle. De toute façon, je suis heureuse de ne pas voir mon enfant souffrir. C'est déjà terrible pour les adultes et encore plus pour des petits-enfants. On ne peut malheureusement même pas céder soi-même. On nous a emprisonnés comme des chiens et installés comme des cochons. La souffrance des enfants est impossible à décrire. Il y a des enfants âgés de deux ans qui sont arrêtés comme les adultes. Si c'est possible, que Madame Louise nous envoie une lettre par un gardien. J'aimerais beaucoup savoir comment va Joseph. Comment va l'enfant L ? Que pense-t-il faire ? Avez-vous reçu des nouvelles au sujet de l'enfant L ? Je n'ai pas la patience pour écrire plus. Soyez en bonne santé. Je vous embrasse. Dans le premier épisode, Lisette est revenue sur l'un des moments les plus sombres de son histoire. La rafle du Veldiv, en juillet 1942, au cours de laquelle elle fut arrêtée avec sa maman, sa sœur, sa tante, ses cousins. Elle parviendra pourtant à en échapper grâce à une varicelle qui la mènera à l'hôpital Rothschild. Lisette fait partie des 26 enfants sauvés par l'hôpital Rothschild lors de la rafle du Veldiv. Sa maman, sa demi-sœur, sa tante, ses cousins n'auront pas cette chance. Transférés de Drancy à Bonne-la-Rolande, les adultes seront rapidement déportés vers Auschwitz. Restés seuls dans le camp, Marcel et sa petite sœur tenteront un ultime appel au secours. Une lettre poignante adressée à une voisine, Madame Louise. Mais tout comme celle envoyée quelques semaines plus tôt par la maman de Lisette, elle restera sans réponse. Les deux enfants connaîtront le même destin tragique. que le reste de la famille, le départ pour Auschwitz. Revenons un peu en arrière. Avant que Lisette ne soit évacuée vers l'hôpital Rothschild, apprenant qu'elle et sa maman sont détenues à Drancy, son papa tentera l'impossible pour les ramener à la maison. Il connaît bien les policiers. Leur appartement est situé juste au-dessus du commissariat. Il pense être protégé. Voici la suite et fin. Du témoignage de Lisette, 7 ans, enfant de la Shoah.

  • Speaker #0

    Alors il ne se cache pas. Et le pire c'est ça. Non seulement il ne se cache pas, il croit ce qu'on lui dit. Et c'est volontairement qu'il va au commissariat pour essayer, pense-t-il, d'obtenir qu'on arrive à les faire sortir de Drancy. Mais il y a Bellurette qui sont... que personne n'est plus à Drancy. et on l'a mené en bateau jusqu'au 7 janvier. On a dû lui faire croire des tas de choses, et puis un beau jour le 7 janvier, il est au commissariat, on lui dit qu'il ne repartira pas, et on l'envoie à Drancy, comme ça. Il fait Drancy, et là-bas, le... Auschwitz. Alors moi, quand on me sort de l'hôpital Rothschild, ma tante et mon père reprennent contact avec la famille Dupont. C'est les paysans que mes parents avaient connus pendant l'exode. Donc un contact est repris avec la famille Dupont qui accepte de m'accueillir avec Minou, la femme de ménage, avec Minou et son mari qui travaillaient donc à la SNCF et qui tenaient... pas du tout à risquer d'être envoyé quelque part, prisonnier ou quoi. Donc la famille Dupont accepte de nous voir arriver à Troyes, puisqu'il fallait déjà quelqu'un pour me convoyer. Et là, je passe les deux années de la guerre, à l'abri des malheurs que tout le monde rencontre un peu partout en France. Alors je ne dis pas que les deux Sèvres n'ont pas été épargnés, mais ça n'était pas une zone de combat. Il y a eu un peu de résistance, il y a eu des Allemands qui ont stationné dans la commune de la Ferrière, où je me trouvais. mais on peut dire que je suis allé à l'école avec le fils dupont vivi on a fait des tas de bêtises ensemble on a gardé les vaches on a allé à l'école ensemble puis et puis un jour on a effectivement en sortant de l'école qui se trouvait dans le village à peu près à près de deux kilomètres de la ferme qui était isolée on a été pris dans une fusillade Mais les gens de la commune ont vu ça et nous ont enlevé de la route nationale pour nous mettre à l'abri. C'est le seul incident, si je puis dire. Mais sinon, j'ai vécu comme Vivi, j'allais à l'école et alors j'allais à la messe le dimanche. Mais je n'allais pas au catéchisme. On n'a pas changé mon nom et tout le monde savait que j'étais la petite juive. l'explication que j'ai parce qu'il en faut quand même une j'ai rarement vu des gens d'une telle gentillesse d'une telle bonté que la samy dupont on peut dire que ces gens-là n'avaient pas un seul ennemi personne n'a pu songer à leur faire du mal personne c'était vraiment une famille exemplaire En 1944, la libération, ma tante vient dans les Deux-Sèvres pour me rechercher. La tante Anna, qui, elle, a pu échapper à tout ça, elle et ses enfants, ils ont passé tous les trois cette deuxième partie de la guerre à Rodez. Elle m'amène avec elle à Rodez. Nous nous restons pendant une année. Là, je vais à l'école, je vais dans une colonie de vacances tenue par des catholiques, des prêtres, et puis la guerre se termine, et là, nous remontons à Paris. En 1945, on prend la grande photo de famille, mes parents, ma sœur et moi, on découpe les têtes et on va à l'hôtel Lutetia pour essayer de voir s'ils allaient revenir, si quelqu'un les connaissait, si quelqu'un avait des souvenirs. Personne n'est revenu.

  • Speaker #1

    À partir de là, Lisette récupère l'appartement de ses parents, qu'elle retrouve inhabité, et s'y installe avec sa tante et ses cousins. Ces derniers ne parlant pas français, c'est sur ses petites épaules, à seulement dix ans, que repose toute la charge des démarches administratives. Comme tant d'enfants devenus orphelins après la guerre, Lisette doit tirer un trait sur l'insouciance de son âge et se projeter brutalement dans une vie d'adulte. Mais dans ce ciel bien sombre, une éclaircie. La famille Dupont, qu'il avait recueillie dans les Deux-Sèvres. Une famille à laquelle Lisette restera profondément attachée.

  • Speaker #0

    Et alors après, pendant toutes les années, pour les vacances scolaires, ma tante m'envoyait dans les Deux-Sèvres. L'été, j'allais souvent passer des vacances là-bas, chez les Duponts. Je me marie, je vais présenter mon mari à la famille Dupont. J'ai mon enfant, un fils, je vais le présenter. Et puis après toutes les vacances, il allait souvent passer quelques jours là-bas en vacances. bref moi dans mon dans mon idée ma reconnaissance était tout simplement là puisque j'étais toujours avec eux c'était a toujours été pour moi tonton et tatin bon voilà moi ma reconnaissance elle était là dans la vie de tous les jours mais j'ai quand même un jour pris conscience que ça devait pas suffire et en je suis allé chercher les papiers pour préparer une demande je m'y suis attelé j'ai bien fait tout ce qu'il fallait j'ai bien rempli tout ce qu'il fallait remplir et on m'avait dit ben vous savez quand la dernière personne a pris le dossier en me disant bon ben il est complet c'est bon mais vous savez il faut compter deux trois ans il était si bien complet qu'au bout d'un an ça a été accordé

  • Speaker #1

    Oups. Grâce à la persévérance de Lisette, la médaille des Justes a été attribuée à la famille Dupont. Les Justes parmi les nations sont des personnes non-juives qui ont risqué leur vie pour sauver des Juifs pendant la Shoah. Remise par l'État d'Israël à travers Yad Vashem, cette distinction a été décernée à ce jour à plus de 27 000 hommes et femmes à travers le monde, en hommage à leur courage et à leur humanité. Merci de tout cœur, chère Lisette, d'avoir accepté de partager votre histoire. Merci. Du haut de ses 90 ans dans quelques mois, Lisette est une femme d'une énergie et d'un courage incroyables. Merci aussi à vous qui m'écoutez. Comme toujours, partagez ce podcast, ces témoignages sont essentiels pour comprendre notre histoire commune. Merci à la Clems Conférence et à la DILCRA de soutenir ce travail de mémoire. Je tiens également à exprimer ma profonde gratitude à Alexandre Bande pour son précieux regard et la validation historique de ses récits. Si vous souhaitez vous aussi m'aider à poursuivre cette mission, vous pouvez faire un don à l'association Enfants de la Shoah. Chaque don m'aide et me permet de recueillir d'autres témoignages pour les partager avec vous. Vous trouverez le lien en description de cet épisode. Merci du fond du cœur et à très vite pour un nouvel épisode. Allez, salut ! C'était Enfants de la Shoah, un podcast de Catherine Benmaor.

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