Speaker #0Totti, Capitaine Totti je pense que c'est le joueur avec qui j'ai le plus joué dans ma carrière, il parle du premier tournoi où moi j'avais 16 ans, donc j'étais dans la génération d'en dessous J'ai été surclassé pour rejoindre les KD parce qu'il y avait une blessure. Mon histoire avec ce groupe-là a commencé à ce moment-là. Un tournoi à Ténérife, comme il dit, on s'en souvient très bien. C'était top pour un premier tournoi d'être à Ténérife. Notre histoire a commencé là. On a gagné nos premiers titres avec l'équipe de France et depuis, on ne s'est pas lâchés. Pour la petite histoire aussi, c'est que TOTYS a toujours été mon capitaine en équipe de France depuis que j'ai 16 ans. Ça fait presque 20 ans que c'est mon capitaine. Le jeune Erwin qui arrive en équipe de France Senior, il a la dalle, il a l'écrou. Peut-être des fois un peu trop même. Moi quand j'arrive, j'ai envie de casser la baraque, j'ai envie de jouer tout de suite, j'ai envie d'être le meilleur, j'ai envie de tout gagner. Très impatient, mais je suis très sûr de moi. J'arrive avec cette rage-là de me dire que je suis le meilleur, que j'ai envie d'être le meilleur et que j'ai envie de jouer tout de suite. Donc au début, la transition avec les plus anciens, elle a été compliquée, tu vois. Parce que nous, on arrive en tant que rookies, petits jeunes, 18 ans. On vient de tout gagner pratiquement avec les équipes jeunes. Donc on arrive un peu... C'est pas en étant hautain, mais c'est en étant avec... On arrive avec beaucoup de certitude sur le fait qu'on va vite pousser les vieux à la sortie, en fait. Tu vois, c'est comme ça qu'on arrive. Après, pour moi, c'est pas forcément un défaut. Mais j'arrive à comprendre que ça a gêné, ça a dérangé et tout. Aujourd'hui j'ai 34 ans, donc j'ai beaucoup évolué, beaucoup changé, mais c'est vrai que j'étais vraiment une tête dure, une tête brûlée quand je suis arrivé, et l'enfant terrible il est sorti à ce moment-là. Et je pense que tellement ça a été mis en avant ce truc-là, finalement je pense que ça m'a même servi, et ça a toujours été une source de motivation de fou, parce que ça me faisait chier en fait, ça me faisait chier que... qu'il y ait des gens qui me voient un peu comme un mec mal éduqué, tu vois, toutes ces choses-là qui ont pu être dites, donc... En vrai, ça m'embêtait surtout pour ma mère. C'est surtout elle. Parce que mon père, pas du tout, il en avait rien à faire, moi pareil, mon frère pareil, mais ma mère, ça l'a touché, tu vois, puis comme en plus... Elle était un peu nouvelle dans le truc de les journaux, les médias, Facebook à l'époque, machin, elle lisait tous les commentaires, les trucs, tu vois, donc... C'était compliqué pour elle, et c'est ça qui me faisait plus chier, moi... C'était tranquille. J'ai grandi avec ma maman. Mes parents se sont séparés tôt, mon papa bougeait beaucoup. C'est ma maman qui a pris la première licence de voler, c'est elle qui faisait la route. Aujourd'hui, je pense que c'est important qu'elle soit près de moi tout le temps parce que je suis fils d'Eric Ngapek, un ancien joueur, un ancien entraîneur. Je suis beaucoup assimilé à mon papa, tout le temps. Alors qu'au début, c'est beaucoup ma maman qui faisait tout, en vrai. Donc c'est pour ça que je lui donne la place qu'elle mérite, mais déjà c'est ma maman. Elle doit avoir tout le temps cette place, mais encore plus là, quand t'es sous le feu des projecteurs et que les gens, des fois, ils ont un peu tendance à oublier. Les gens, c'est tout le temps, c'est logique, t'es le fils d'Eric N'Gapel, il t'a mis au volet, t'as joué, il t'a entraîné, mais c'est pas ça la vraie vérité. La vérité, c'est que papa, il était pas forcément là, et maman, elle prenait la voiture, elle bossait, elle faisait tout avec mon petit frère, donc c'était pas toujours simple. Et aujourd'hui que maintenant, on est là-haut, c'est aussi important de... qu'elle soit là et qu'entre guillemets, les gens voient qu'elle a été là et que c'est aussi beaucoup grâce à elle si je suis arrivé là. Quand on parle d'enfant terrible et tout, mine de rien, on a bossé avec mes équipes, avec les trucs pour un peu aussi enlever cette image, tu vois ce que je veux dire ? Parce que finalement, à chaque fois que je faisais des interviews, à chaque fois que je faisais des sorties médias, des trucs, c'était que des questions sur... C'était ça, tu vois, l'enfant terrible, machin. Pendant trois ans, moi, je n'ai pas parlé aux médias, à personne. C'était les années où je jouais en Russie et je parlais plus parce que j'avais peur en fait. C'est pas parce que le truc, c'est que j'avais peur. Et puis après ça a changé. Je pense qu'aujourd'hui, au bout de toutes ces années, on a un peu réussi à nettoyer cette image-là. Et je pense qu'il y a beaucoup de gens qui ont aussi appris à me connaître, mais à travers aussi l'équipe de France, à travers plein de choses. Et on a réussi à enlever cette image-là. Aujourd'hui, j'ai une image de petit ange moi. Je veux dire... Ce qui me rend le plus fier dans ma carrière, c'est les deux médailles d'Eurolympique. La première à Tokyo, elle était incroyable, mais très différente de la deuxième à Paris, forcément. C'était pendant le Covid, on était loin, les salles étaient vides. C'était peut-être plus beau dans le sens où on a fêté ça, du coup, avec les handballeurs, et c'était top. On avait joué tard, on avait joué à 21h tous les deux, et on arrive à minuit au self. Et il y a plein de gens qui jouent encore des finales le lendemain, des trucs. Et nous, on arrive, on a la pure à la foot. On est champion olympique, l'enceinte, tout le monde. On traverse le village, le bordel. Le bordel, en plus, sport collectif, on était énormément. Là, on était une bonne trentaine à foutre le bordel. Donc, il n'y a personne qui osait trop nous dire. Donc, on a foutu un peu le boxon. Et pour la petite anecdote, c'est que les filles du handball jouaient leur finale le lendemain. C'était pas très content. Et finalement, après, on a respecté. On est descendu du bâtiment. On est parti plus loin pour faire la teuf. Mais non, je pense que les retrouvailles avec les handballeurs au self en rentrant du match, c'était ouf. Pour les Jeux à Tokyo, en fait, on a fait une préparation de malade. On ne s'était jamais préparé comme ça. Tous les matchs amicaux, on gagne 3-0. On fait même des 7 en plus. On gagne 4-0, 5-0. On arrive là-bas, on est sûr de notre karaté. Et premier match, douche froide, on prend une raclée contre les Etats-Unis. On avait battu deux semaines avant ou trois semaines avant à tour 3-0. On s'était bien préparé, mais je pense qu'on s'était mis un peu la pression en mode c'est pour nous, on est prêt, ça y est, c'est pour nous. Et derrière, on tombe un peu dans les doutes. C'est le sport quand tu commences à douter, que tu vois que tout le monde commence à douter, que même les mecs qui d'habitude ne doutent pas trop. Comment ça doutait ? Ça devient compliqué. Donc là, on a ramé, ramé, ramé, ramé. J'avais fait mes valises. Après l'Argentine, on perd le troisième match de poule, il me semble, contre l'Argentine. Il nous reste la Russie et le Brésil à jouer. Je me dis, dans deux jours, on est parti. Donc j'avais commencé à faire les valises et tout. Je te jure, c'était ouf. Et finalement, au pointe à vérage, on passe. Et puis, il y a une discussion entre nous. en disant que les gars, on sort des enfers, machin, et puis que finalement, c'est le meilleur résultat d'une équipe française dans l'histoire des Jeux au niveau du volet. Donc en fait, on arrive sur le terrain, on n'a plus rien à perdre. On n'a plus rien à perdre et on retrouve notre jeu comme ça, en commençant à reprendre du plaisir, en commençant à déconner et tout, et puis la pression et le doute, ils ont changé de camp très rapidement dans le match. Et quand on a sorti les Polonais, après... On a retrouvé un peu ce truc-là qui nous anime toujours, tu vois, de prendre du plaisir, d'avoir peur de personne. Et sur un peu le jeu à la française, nous, c'est ce qu'on aime dire. Beaucoup défendre, agacer l'adversaire, énerver l'adversaire, épuiser l'adversaire. Et puis c'est passé alors qu'une semaine avant, on était à deux doigts de rentrer à la maison. Après, c'était fou parce que tu regardes dans les tribunes, c'est vide. Tu cherches un peu ta famille, t'as des réflexes. Après les trophées, t'as des réflexes. Il n'y a personne dans les tribunes. C'était un sentiment, c'était très très frustrant. Et finalement, c'était aussi encore plus beau, parce qu'on est restés tous comme ça pendant deux jours derrière. On a vraiment fêté ce titre ensemble. Mais ouais, il y a le sentiment d'avoir accompli une mission. Et puis après, tout de suite, on sait qu'il y a Paris qui arrive dans trois ans. Et finalement, tu te... on s'est projeté très vite je suis pas quelqu'un qui ressent particulièrement la pression ou quoi mais je me suis rendu compte de ça qu'avant les gros rendez-vous j'ai envie d'écrire et donc j'écris très souvent à ces moments là j'ai écrit à Tokyo et à Paris j'ai écrit avant parce qu'on s'était dit que si à Paris on était champion olympique avec mon équipe on sortait un album et il nous manquait un morceau et c'était un featuring c'est un featuring avec le Juice Et il me tenait grave à cœur, tu vois. Il me tenait grave à cœur, ce morceau. Et donc, du coup, on se retrouve au studio. On était en stage au Château des Tourelles, à Saint-Nazaire. Et je me retrouve au studio, alors qu'il y a entraînement le lendemain après-midi. Je me retrouve au studio à Paris, de nuit, séance de nuit, avec le Juice. Et donc, du coup, c'est un son à plus qui bouge, tu vois. Donc, on était énormément dans le studio. Et les gens, ils étaient choqués, parce qu'ils disaient, mais... T'as pas les jeux toi dans deux semaines, truc, machin ? Et je dis ouais mais si on gagne on sort l'album et moi je veux que ce morceau il soit dans l'album donc tu vois c'était assez drôle mais la musique c'est mon truc un peu pour m'évader tu vois pour faire autre chose, penser à autre chose je fais du son depuis très très longtemps ça m'a jamais lâché même quand j'étais à l'étranger et que c'était un peu compliqué il y avait le Covid, il y avait le fait d'avoir le studio, de me faire mon petit home studio à la maison de faire mes maquettes et tout ça m'a beaucoup aidé tu vois donc Et puis tout ce qui est... Maintenant, moi, je m'intéresse beaucoup à tout ce qui est studio, tout ce qui est production, édition, tu vois. Donc il y a plein de choses qui... C'est carrément... Je suis même à l'école, en vrai, quand je vais au stud, parce que j'apprends des métiers, tu vois. Il y a des choses qui m'intéressent de fou et moi, ça me fait du bien. Et puis voilà, ça m'aide beaucoup de faire du son, de pouvoir dire des choses que le sportif, il peut pas forcément dire, tu vois. Mais sous la casquette du rappeur, tu peux le faire. C'est aujourd'hui le rap, si je leur parle de voler et de... Julien Grémenikoff a fait une manchette et ils n'en ont rien à carrer, ils veulent entendre autre chose. Alors à Paris, aux Jeux Olympiques, nous on s'était préparé mentalement beaucoup, beaucoup, beaucoup pour rester dans notre compétition. On s'était dit qu'on ne pouvait pas rater la cérémonie d'ouverture, donc on y allait. On n'y est pas allé jusqu'au bout. On a fait tout le trajet, mais après, il y avait encore quelque chose. À ce moment-là, on est rentrés. Mais après, on s'est enfermés dans les appartements. Parce qu'en fait, il y a tellement de choses qui se passent, que ce soit dans le village, tu vois. Nous, on a vécu l'expérience à Rio. On est partis à Rio, personne n'avait jamais fait les jeux. Les joueurs comme le staff, à part Laurent Tilly. Mais on était dispersés, chacun les bouffait quand il voulait. les trois n'étaient pas en équipe. Il y a des mecs qui cherchaient des places pour aller voir les américains jouer au basket, d'autres qui voulaient aller là, là, fin été, c'était... Et on s'est perdus, tu vois. Et on arrive à Rio, au bout d'une semaine, on est rentrés à la maison. À Tokyo, c'était plus simple parce que c'était le Covid et que de toute façon, c'était clôturé. Il y avait des tests tous les jours et tout, donc si t'attrapais le Covid, t'étais dehors, donc il n'y avait pas le choix. Mais à Paris, c'était pas comme ça. Et en plus on était à la maison, donc t'as les journalistes, t'as les familles. T'as les copains, et puis t'es à Paris. Donc il y avait plein de choses qu'ils pouvaient faire qu'on sorte de la compète. Et donc nous, finalement, à part la cérémonie d'ouverture et le Club France à la fin, quand on a eu la médaille, on a vu nos chambres et le self et la salle d'entraînement. C'est Antoine qui disait ça bien avant la compète. Les gars, on va se faire chier, mais on va se faire chier ensemble. Et on se fait chier, mais on était ensemble, on discutait, on parlait des matchs. Et finalement, tu restes dans ton truc de compète, tu vois. Et je pense que ça, c'est super important. Je ne te dis pas, on aurait croisé Lebron James, Steph Curry. Mais je ne suis même pas sûr, parce que dans le mood où on était, je ne suis même pas sûr qu'il y ait un mec de l'équipe qui aurait fait la queue et qui aurait attendu une heure pour faire sa photo, tu vois. On était tellement en mission, focus sur le truc, que je ne suis même pas sûr. Moi, l'émotion la plus forte, elle a été en demi. Parce que, tu sais, moi, je me suis blessé. J'en ai chié pour revenir, pour faire les jeux. J'ai failli pas faire les jeux et tout. Le staff, il m'a fait confiance. Il a cru en moi. Je me suis arraché et tout. Et quand tu gagnes ta demi et que tu sais que t'as l'or ou l'argent... En fait, toute la pression, tout le stress que j'accumulais depuis un mois et demi, c'est tout sorti. Et finalement, la finale, c'était que du bonus. Je l'ai pris comme ça, un peu que du bonus. Et donc, quand on gagne la finale, je suis super heureux. Mais l'émotion la plus forte que j'ai ressentie, c'était après la demi, quand je savais que dans deux jours, soit on a l'or, soit on a l'argent, c'est bon. On peut être double champion olympique et se faire recaler deux boîtes. Ouais, de ouf, mais ça, c'est pas de ma faute. On était un peu... Non mais en fait, pour la petite histoire, c'est Teddy Rainer. Teddy Rainer, il dit, alors c'est le dernier soir, on va faire la fête là-bas. Il donne le nom d'une boîte. Sauf que moi, nous, on se dit, ok, tac, tac, tac, on arrive devant la boîte, je pense qu'on est 1500 dehors, la boîte a une capacité de 600 personnes, et dedans, ils doivent être 1200. C'est-à-dire que tu pouvais plus rentrer, juste que dans les escaliers. Donc c'est pas qu'ils nous ont recalés vraiment, c'est qu'ils ont dit « Regarde, c'est juste qu'il n'y a plus de place, on peut pas rentrer » . J'ai même pas tenté de rentrer, j'étais de l'autre côté de la route, c'était fou, il y avait une queue de 1 km. Et tout le monde était avec des médailles, parce qu'il n'y avait pas que des Français en fait. Il y avait des étrangers, tout le monde était avec des médailles, donc tu pouvais pas dire ouais on passe devant vous c'était non négociable On était aussi avec nos femmes, il y en avait, ils étaient avec moi, j'étais avec mes parents, tu vois, donc il fallait quand même qu'on puisse, on voulait pas passer une soirée comme ça. Et c'est à ce moment-là, devant cette fameuse boîte, du coup, qu'on se... chacun se disperse en fait, chacun part avec ses potes, fait ses plans, truc, truc, truc. Et après, tout le monde est rentré chez soi, donc finalement, tu vois, entre équipes, on n'a pas vraiment fait la fête entre nous, quoi. C'est de la faute de TG, ça c'est clair. Franchement, pour être honnête, après les Jeux à Paris, je suis tellement lessivé. Et moi, je n'ai pas signé parce qu'en fait, j'aurais dû rester dans mon club où j'étais en Cara. Finalement, ça ne s'est pas fait. Et puis la prépa des Jeux a commencé rapidement. Et donc, je me suis dit, je ne m'en occupe pas, je m'en occuperai après. Là, je suis dans mes Jeux. Et donc, les Jeux se passent et tout. Et les Jeux se finissent. On a gagné. Et je n'ai pas envie d'appeler mon agent. j'ai pas envie de parler avec avec avec mon agent pour parler de club, parler de voler, on fait quoi ? Là j'ai juste envie de partir en vacances. Et donc je prends toute la famille, on part en Guadeloupe. Et on part en Guadeloupe deux semaines, trois semaines, et puis moi je réponds à personne. Je suis en mode champion olympique, ne me parlez plus de voler, là je suis en vacances, tu vois. Et puis au bout d'un moment je regarde quand même le téléphone et puis je dis il faudrait quand même trouver un club. Donc je rentre chez moi à Poitiers avec ma famille et je parle avec Junior. que je connais depuis des années maintenant. On a grandi ensemble à Poitiers. Il m'a toujours suivi, on s'est toujours suivis. Il était dans les tribunes au jeu avec tout le monde, toute ma famille. Je parle avec Junior et il me dit « Au pire, tu signes en France jusqu'à décembre et puis après tu vois, tu vois. » Et de là, j'envoie de cette discussion avec lui, deux minutes après, je parle à ma femme et je dis « T'as entendu ce qu'il a dit ? Ce serait pas un truc de ouf ? » Elle me dit « Ouais, vas-y. » J'envoie un message au manager de Poitiers que je connais très très bien. Et let's go, quoi. Vas-y, c'est parti. Et donc, en fait, finalement, ça s'est fait comme ça, tu vois, sans trop réfléchir. Et on n'était pas prêts, forcément. On savait que ça allait faire du bruit, mais on n'était pas prêts à ce que ça allait créer autour du volet en France. Et donc, ça s'est fait comme ça. Et puis, on a rempli toutes les salles à Poitiers, même quand on allait jouer à l'extérieur. C'était un truc de malade. Ça a été une folie pendant 3-4 mois, mais c'était top.