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Jean PATRY - No Patry, no party cover
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ENSEMBLE

Jean PATRY - No Patry, no party

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20min |13/10/2025
Play
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Jean PATRY - No Patry, no party

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20min |13/10/2025
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Description

Pointu (n.m.) : Au volley, se dit de l'attaquant placé à l'opposé du passeur. 

Pointu (adj.) : D'une grande précision.

Dans le cas de Jean Patry, "pointu" fonctionne donc comme nom commun ou comme adjectif. Double champion olympique avec les Bleus, il revient dans ce podcast avec profondeur et finesse sur les joies immenses et les tourments qui accompagnent, au-delà du succès, la vie d'un champion. De ses blocages à ses triomphes, de ses doutes à ses rebonds, mais toujours avec le sourire.  


Instagram:

@ffvolley

@equipefrancevolley


TikTok:

@ffvolley.officiel


Crédits:

Production: IMSO22 Production

Coordination du projet FFVolley: Estelle Elbourg Grava


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Ensemble, ça m'évoque l'équipe de France, parce que c'est tout simplement notre cri de guerre. Ensemble, France, donc ça veut tout dire. Ensemble, c'est l'équipe, c'est nous, c'est les mecs, c'est l'équipe sur le terrain, l'équipe en dehors. Et c'est aussi parce que ça se passe en dehors que sur le terrain, on est très forts, parce qu'on est ensemble en toutes les occasions. C'est vraiment l'identité de cette équipe. Souvent, dans les sports collectifs, on a tendance à dire... Ils ont un super collectif, ils ont un super groupe. C'est un peu bateau de dire ça, mais il n'y a rien de plus vrai qu'avec nous, je pense. Et ça se voit, et ça se voit à tel point que moi, quand je vais jouer dans les clubs pendant la saison, on me demande, mais comment vous faites ? Ils veulent avoir la recette de cette réussite. J'ai même des entraîneurs qui m'ont dit, mais nous, on aimerait que tu amènes ce que vous faites en équipe de France. qui plaît à tout le monde. Tout le monde, je pense, nous envie. Tout le monde envie notre groupe. Nous, on a envie d'être ensemble tout le temps. On a envie. Et même, on a hâte pendant la saison, on a hâte de tous se retrouver, en fait, parce qu'on sait qu'on va se régaler. Sans hésiter, c'est le meilleur groupe du monde. Et c'est justement parce que c'est le meilleur groupe du monde que, je ne sais pas si je dois dire qu'on est la meilleure équipe du monde, mais qu'on a fait ce qu'on a fait, qu'on a réalisé ce qu'on a réalisé. donc c'est un très bon titre ensemble en tout cas ça résume bien notre... Notre équipe.

  • Speaker #1

    Bonjour à tous, bienvenue à vous si c'est la première fois que vous écoutez Ensemble, et ravi de vous retrouver si vous êtes déjà des fidèles. Vous êtes de plus en plus nombreux à nous écouter, nous vous en remercions. Avant de rentrer dans le vif du sujet, n'hésitez pas à vous abonner sur Apple Podcasts et Spotify et à nous laisser un commentaire. Bonne écoute à tous. Ensemble. Le podcast de la Fédération Française de Voler.

  • Speaker #2

    Ensemble ! 3 2 1

  • Speaker #1

    Ensemble ! Jean Patry Nos Patry Nos Partys

  • Speaker #0

    Nos Patry Nos Partys Bah ouais, écoutez, c'est vrai qu'on m'a fait ce slogan. Je saurais pas dire d'où il est parti. Mais il a été beaucoup repris à Galatasaray. Ça me rend fier. Si les gens pensent ça, ça veut dire qu'ils pensent que je suis important à la bonne conduite des choses, à une bonne partie, à une partie réussie. C'est une partie avec Patry. Donc moi, je suis content parce que je fais du volet parce que j'aime ça, mais je fais aussi du volet pour partager. Et en étant suivi et en ayant ce type de slogan, je suis remercié. Et ça me touche parce que l'objectif, il n'est pas seulement de gagner des trophées, des médailles. Il est aussi de plaire aux gens et de leur donner du plaisir. Et moi, je suis content de ça si on m'aime.

  • Speaker #2

    Jean, c'est maman. Tu sais que très souvent, les gens, les amis me disent « Est-ce que tu dois être fière d'être la maman d'un champion olympique ? » Oui, c'est vrai, je suis très fière et tellement consciente de vivre auprès de toi une expérience extraordinaire. Ce que tu nous as donné de joie, à moi, à nous, toute ta famille, et mieux encore à tous les supporters français, c'est fabuleux. Mais plus que ce que tu fais, ce qui me rend le plus fière, c'est ce que tu es. C'est ta gentillesse, ton sourire, ton esprit et glorie aussi, et ta simplicité. C'est ça en fait qui me rend le plus heureuse. J'aime te voir donner le meilleur de toi-même à tous tes supporters et puis tourner immédiatement ton regard vers les tiens, ta famille et tes amis d'enfance. Revenir dans tes cévennes avec impatience pour retrouver les valeurs simples qui sont les tiennes. Je suis fière de ça, Jean. Mais être maman d'un champion olympique, c'est aussi partager les moments difficiles.

  • Speaker #1

    Il y a eu et il y aura encore des moments de doute. Alors la médaille olympique... Ouais, c'est une sacrée récompense. Deux, n'en parlons pas. Mais quand on est au sommet de l'Olympe, il y a aussi le vertige de l'après, l'amorce de la descente.

  • Speaker #2

    Tu as su en parler, de tout ça, te confier, solliciter de l'aide, la mienne en particulier, pour extérioriser, remettre les choses à leur bonne place, ne pas flancher. Et ça aussi, c'est un gros travail. Alors oui, je suis fière de ce que tu fais, et je suis fière de ce que tu es, et je t'aime. Par contre, quand tu pars de la maison, tu es prié de ne pas oublier de ranger tes affaires sales et de ne pas laisser ta voiture au milieu de l'aller. Allez, salut Jean. Bisous maman.

  • Speaker #0

    Je m'en attendais pas moins d'elle. Elle me remercie d'être qui je suis, mais moi je peux que la remercier de tout ce qu'elle m'a donné. C'est elle qui a fait que je suis qui je suis. Et c'est mon entourage aussi, plus particulièrement. Donc je sais que tous mes proches me remercient énormément, souvent, et aussi mes amis, pour tous les moments que je leur apporte. Mais je ne peux que moi les remercier en retour de tout ce qu'ils me donnent et de tout le soutien qu'ils me donnent. C'est juste un juste retour des choses. Et je crois que je suis très chanceux d'avoir la famille que j'ai. Et quand je parle de famille, j'incorpore aussi tous mes amis qui me donnent une force énorme et qui sont toujours derrière moi. Donc effectivement, la vie de sportif de haut niveau, ce n'est pas toujours simple. Mais quand on a une famille et des amis comme ça, ça allait un peu plus quand même. C'est des choses qui sont communes en fait dans le sport, on n'en parle pas assez, mais des blocages, ça existe beaucoup. Moi je suis passé par des périodes où je ne pouvais plus lancer le ballon. Et on se dit mais si j'arrive plus à lancer au service, comment je vais faire ? Tu passes au service, tu lances n'importe comment, t'as l'impression d'être un peu bête, un peu débile quoi. Et on se rend ferme, on doute, on se dit qu'est-ce qui se passe quoi ? Et tu te sens un peu con, parce que c'est un geste facile. Quand c'est arrivé pour moi ce blocage, j'ai pas tout de suite fait appel à un prépa mental, j'ai essayé de trouver des solutions tout seul et ça venait pas bien quoi. Et à un bout d'un moment je me suis dit bon allez faut que je prenne le taureau par les cornes, je demande un prépa mental et là j'ai initié un travail et je suis passé par plein de petites phases où j'ai dû essayer de trouver des petites astuces, des petites solutions pour pallier à ce blocage de relaxation, un travail d'imagerie mentale, de toucher, aussi le fait de se parler. Ça m'est arrivé de chanter à un moment donné, alors je le fais plus, mais je chantais la chanson de Pirates des Caraïbes, qui fait... Tout ça pour essayer de focus sur autre chose que sur le geste. Et il faut que je sois honnête, et ça me suit toujours, ça me suit toujours, là, depuis... On parle de 2014, mais on est plus de dix ans après, et j'ai toujours des hauts et des bas au service. Ça m'empêche pas de très bien servir quand même. Mais je suis conscient que j'ai des hauts, des bas, et que je suis tout le temps en combat avec ce truc-là, quoi. Alors soit je me parle dans ma tête, soit je parle comme je vous parle, normal quoi, en parlant normalement, et on peut le voir sur mes lèvres d'ailleurs avant les services, et j'ai souvent besoin par exemple de faire venir, en équipe de France c'est Genia qui est sur la ligne, qui est pas très loin, donc pour le faire venir j'ai besoin d'avoir mes repères, j'ai besoin d'avoir une routine, et des fois même avec une routine je suis un peu dans le creux de la vague, je sens que ça revient ce petit blocage, alors j'essaie de trouver un truc en plus à instaurer pour me décharger, penser à autre chose. Des fois, c'est un peu pénible, mais peut-être que les gens ne le voient pas forcément, mais c'est des combats en fait, c'est des combats envers toi-même. Souvent, les sportifs mettent du temps aussi à en parler, parce qu'on a l'impression qu'on est faible, mais en fait non. Il y a énormément de sportifs qui ont fait des blocages. Je me rappelle le cas de Kevin Mayer qui n'arrivait plus à se lancer à la perche, parce qu'au bout d'un moment, il avait un blocage, ça le tétanisait, il ne pouvait plus se lancer. C'est pareil, moi au volet, je ne pouvais plus lancer le ballon. il y en a d'autres qui peuvent qui ne pouvaient plus au service, au volet aussi. J'ai le cas d'autres joueurs qui ne pouvaient plus taper le ballon au service. Et ça, c'est vrai, c'est tout un autre monde que le téléspectateur ne voit pas. Et nous, on est en lutte par rapport à ça. Il faut l'accepter, il faut l'assumer, il faut en parler. Parce que moi, en tout cas, pour moi, le fait d'en parler, j'ai l'impression que ça me rend plus fort, ça me libère. Et je suis persuadé que parler de ses faiblesses te rend plus fort. Ça, j'en suis persuadé. En sélection, le moment fondateur a lieu avant les Jeux de Tokyo. C'est la qualification. Je vais peut-être casser un mythe, mais on se fait cette préparation et je crois que tous individuellement on se dit « de toute façon, on ne va pas y arriver » . Je pense qu'on se le dit, ce n'est pas beau de dire ça, mais je pense que c'est vrai, dans la goutte de notre tête, on se dit « ça va être très dur » . Si on y va, si on y arrive, c'est un miracle. On doit terminer vainqueur de ce TQ avec des grosses équipes. La Serbie, championne d'Europe en titre. La Slovénie. très forte l'allemagne chez elle je suis pas sûr qu'on y croyait beaucoup on est passé par des moments vraiment vraiment chaud et je pense justement à la slovénie où on est mené en demi finale on est mené de 7 à 0 et quelque chose comme 11,7 quelque chose comme ça dans le troisième set si on perd ce set donc on perd le match et on va pas voir tokyo et finalement on arrive justement avec cette force du groupe on arrive à aller chercher ce match déjà aller chercher c'est ce 7 qui n'était vraiment pas gagné. Et après on retourne le match avec encore une fois notre état d'esprit, le fait qu'à bout d'un moment on se soit en fait relâché complètement. C'est à ce moment-là qu'on a vu que notre équipe était très forte dans ces moments-là, quand on est dos au mur et que finalement on joue juste, on se relâche, on prend plaisir et là on est très difficile. Quand on commence à avoir des sourires, à rigoler, à voir un Erwin qui tente tout et tout passe, et là ça donne de la force. Et donc, le moment fondateur, moi, je pense, ça a été ce moment et ce set précisément. Et puis pour moi, personnellement, aussi, ce tournoi, parce que c'est là que je fais mon apparition, entre guillemets. Je suis dans l'équipe de France depuis 2017. Stéphane Boyer joue beaucoup. Moi, je joue très peu. Et lui n'est pas là à ce moment-là. J'étais un peu sous pression quand même. Et finalement, je rentre bien dans mon tournoi. Je commence bien ce match contre la Serbie. Ça me libère derrière. J'ai confiance. Et je sors un très gros tournoi. où je termine MVP de ce tournoi. Derrière, j'ai pris un rôle dans cette équipe et j'ai tenu ce rôle. Donc ça, c'est aussi personnellement un moment très fort pour moi dans ma carrière et une très grosse étape, une date marquante. Les débuts à Tokyo sont un peu catastrophiques parce qu'on prend une grande gifle pour ce premier match contre les Etats-Unis. Et je crois qu'on est tous sonnés. On rentre tous dans les vestiaires et là, Laurent Tilly... dans Saint-Sélectionneur, prend la parole à chaud, chose qu'il n'avait jamais fait. Et on le sent, il est dépité. On sent qu'il... Il se dit, mais en fait, je pensais qu'on était au niveau. En fait, non, il nous a manqué ça, il nous a manqué ci. Et puis nous, on est tous abattus, je crois. On est tous abattus. Et finalement, je crois que Genia dit, mais qu'est-ce qu'on fait ? Qu'est-ce qu'on fait là ? On n'a jamais parlé à chaud. Allez, on rentre tous à l'hôtel. Il coupe Laurent dans son discours. Et qu'est-ce qu'on fait ? On fait n'importe quoi, les gars. On se saccage le début des jeux. C'est catastrophique, ce qu'on est en train de faire là. Donc il coupe tout et il dit allez on rentre on rentre, on arrête de faire ça, ça ne rime à rien on rentre, et le retour au village il est dur, on va manger, il est très tard on se l'est dit, les gars préparez vos valises et c'est même devenu un running gag dans notre équipe, c'est à dire que souvent, dans les moments chauds ou dans les matchs importants, on dit vous avez préparé vos valises de toute façon on part après le match et ça veut dire beaucoup sur l'équipe il y a cette force, même quand on a l'impression que c'est perdu que de toute façon c'est perdu, finalement on va chercher le match et c'est parce que justement on se décharge de cette... Peut-être de cette pression et de se dire que bon, de toute façon, la limite c'est perdu, on joue et on kiffe en fait. Et c'est là qu'on est très fort. On se prend un quart contre la Pologne, championne du monde, et là on livre un combat incroyable. Vraiment, des matchs dont je me souviendrai vraiment toute ma vie, où vraiment on a bataillé et on va le chercher. Et notamment un cinquième set fou, où on les écrase quoi. D'ailleurs, c'est à ce moment-là que Laurent Tilly fait sa défense. Je ne sais pas à quoi il pensait à ce moment-là, mais il était dedans. Comme nous, on pouvait l'être aussi à ce moment-là. C'était vraiment fort. Et à partir de cette victoire, on se dit qu'il y a peut-être l'or au bout, parce qu'on va reprendre l'Argentine en demi-finale. Et comme on se disait que l'or ou la médaille n'était pas loin, il y avait une espèce de tension sur le terrain. Je n'ai jamais vécu un match comme ça. mais je ne me souviens pas qu'on ait eu beaucoup de stress pour la finale, il y a juste de se dire bon bah ça va être un moment extraordinaire et le plaisir il nous permet de développer notre jeu et c'est exactement le jeu que les russes n'aiment pas du tout c'est ce que les gens nous disent souvent mais vous vous rigolez sur le terrain on a l'impression que tout est facile vous prenez, vous kiffez quoi mais carrément et c'est là dedans c'est là dedans qu'on est fort parce que On a l'impression qu'on est en décontraction, mais bon, il y a beaucoup de focus, il y a beaucoup de sérieux, il y a beaucoup de technique aussi derrière, donc c'est pas simple. Et ça, ça embête l'adversaire parce que quand on commence à sourire, à avoir l'impression que pour l'équipe adverse, tout est facile en fait. Ben quand t'es là et que tu joues cette équipe, tu te dis mais faut pas y arriver quoi. Les gars ils rigolent, ils s'amusent et nous là on galère. Et je pense que de jouer contre nous, c'est assez frustrant. Paris, c'est le Graal. Paris, c'est le Graal. C'est difficile de trouver les mots pour dire à quel point on a de la chance d'avoir vécu Paris. Parce que c'est une réelle chance. La chance, ce n'est pas d'avoir gagné, mais vraiment d'avoir vécu et d'avoir pu jouer les Jeux Olympiques chez soi, dans notre capitale, devant notre public, devant nos familles, devant nos amis. Je crois vraiment que c'est pour un sportif, quel que soit le sport, on ne peut pas rêver mieux que de jouer des Jeux chez soi. et c'était un rêve et encore plus de les gagner donc Paris pour moi c'est un rêve et c'est une chance extraordinaire j'ai des souvenirs encore de cette cérémonie d'ouverture on ne peut pas faire mieux on est sur la péniche, sur la Seine on traverse Paris je revois ces immeubles haussmanniens avec les toits de Paris où les gens sont sur les toits, au balcon ils ont des drapeaux France Il y a des gens dans les rues partout, il y a ce brouhaha, cette atmosphère qui est juste incroyable avec les musiques qui défilent et nous sur les bateaux avec les petits drapeaux France. C'est un tel moment de communion et un moment qui est extraordinaire. Un de mes plus beaux souvenirs c'est cette série d'ouverture. Je me dis là mais quelle chance on a. Et je me dis mais qui on est, qu'est-ce qu'on a mérité tout ça tellement c'est extraordinaire ce qu'on vit. Et puis après on arrive en bas de la tour Eiffel. Ce moment-là de la cérémonie d'ouverture, il est indescriptible, il faut le vivre. Mais je pense que les gens, de manière générale, ont vu que c'était une cérémonie qui était extraordinaire. Et je suis aussi fier, moi, d'être français pour ça, parce que je crois que, vraiment, dans le monde, on a choqué, entre guillemets, les gens avec notre cérémonie, et je pense que tout le monde est unanime pour dire que ça a été magnifique. Je pense même qu'il y aura un avant, un après pour les Jeux. Cette cérémonie, là, à travers la ville, qui passe sur la Seine, et il y a... Il n'y a rien de plus représentatif que ce parcours pour nous, pour Paris. Et quelle bonne idée d'avoir fait ça. Donc oui, il y a eu aussi un grand moment de fierté par rapport à ça. Et cette cérémonie, c'était extraordinaire. Il faut être conscient que je pense qu'on ne fera jamais mieux en termes d'émotions et de résultats. On ne fera jamais mieux que Paris de toute façon. Le fait d'avoir eu du public aussi contre l'Allemagne, ça a été une des clés de ce match. Il y a eu un moment de down assez grand où on s'est dit, peut-être qu'on passe à côté, peut-être qu'on va arrêter le tournoi. Ça va peut-être être fini. Et je le pense sincèrement, je pense que sans le public, on ne revient pas, on ne gagne pas ce match. Parce qu'à un moment donné, ils nous ont poussé dans un moment compliqué où finalement, quand tu fais un point, il y a tellement de public qui te soulage et qui te donne son énergie. que ton point, t'as l'impression qu'il en vaut deux et que l'adversaire, limite, pour lui, on lui en retire un, quoi. Donc mentalement, c'est compliqué pour eux et pour nous, ça nous porte énormément. Et le public français l'a extrêmement bien fait sur ce match-là et ça a été une des clés. Et puis après, quand t'es là-dedans et que pendant quelques points, tu retrouves un peu ton énergie, tu retrouves ton style de jeu, tu te décontractes un peu et hop, tu penses que tac, finalement, c'est possible. On l'a déjà fait plein de fois et ça, c'est... Ça s'est reproduit. Pas longtemps après les Jeux, je suis allé jouer le tournoi asiatique des clubs avec Erwin. Et donc on s'est retrouvés dans cette équipe, en Iran, pour jouer ce tournoi. Ça m'a fait du bien aussi de le retrouver assez rapidement après les Jeux. Et en fait, le fait qu'on soit tous les deux, on a partagé énormément de moments tous les deux. On est revenu sur les jeux, on a discuté, on a tout refait, on a refait toute notre histoire. Et moi ça m'a fait du bien parce que c'est vrai que j'avais pas l'habitude d'être avec Erwin tous les deux, qu'ensemble. Parce que souvent on est tout le temps avec le groupe, donc ça a permis de mieux se connaître, même si on se connait depuis longtemps, mais d'être vraiment tous les deux et de partager des émotions, des moments de notre carrière, des moments qu'on a vécu ensemble, d'avoir ce temps d'échange aussi, c'était vraiment cool pour moi. Quelques temps après, il m'a dit que je venais à Istanbul pour l'équipe de Fenerbahce. Je jouais à Galatasaray, donc très rivaux. Si je peux lui faire un ace et le regarder droit dans les yeux et rigoler, c'est sympa. Mais ça a été le cas cette année, il y a eu des gros matchs. On gagne contre eux en plus en demi-finale. Là, c'était intéressant de jouer contre lui. C'est toujours sympa de jouer contre un coéquipier de son équipe nationale et de l'équipe de France. Parce qu'on se connaît, parce qu'on rigole, parce qu'on se chambre. Et surtout, Erwin, ce n'est pas le dernier à ça. Donc on s'est bien chambré cette année quand on jouait l'un contre l'autre. L'après Paris 2024 n'a pas toujours été très simple. Et c'est un sujet, c'est un sujet après les Jeux. C'est vraiment un sujet dans le monde du sport, je pense. Quand tu gagnes, ou pas d'ailleurs, mais quand t'as de grosses émotions sur des tournois comme ça, des événements comme ça, des fois c'est difficile de rebondir. T'as vécu tellement des choses extraordinaires, et là ça a été le cas à Paris. Je pense sincèrement que moi j'ai vécu le Graal. de ma carrière, je pense qu'elle est à Paris. Je vois pas qu'est-ce qu'on peut faire de plus beau que ce qu'on a fait à Paris. Alors, il y a plein d'autres choses à faire, il y a plein de super moments à vivre, mais en fait, quand tu termines tout ce moment qui est tellement hors du temps, et que ça redescend, et que tu te dis, mais en fait, est-ce que le pic de ma carrière, les plus beaux moments de ma carrière, est-ce que c'est pas derrière, finalement ? Et qu'il y a un peu de vérité, je pense. et bien des fois oui, ça fait que c'est un peu compliqué on peut tomber dans une... Pas une dépression, mais dans ce petit mood où est-ce qu'il y a encore un sens ? Parce que si c'est derrière, ces émotions, je ne les revivrai plus. Il est où le sens ? Quels sont mes objectifs ? Alors c'est un vrai sujet et chacun le vit un peu à sa façon, mais c'est des périodes compliquées parce que c'est contradictoire, parce qu'on a l'impression que justement, c'est super, on est double champion olympique, on devrait être super heureux. Mais c'est le revers de la médaille. Quand tu vis des moments tellement hauts, tellement hauts en émotions, tellement extraordinaires, que tu te retournes et que tu te dis « est-ce que je les revivrai un jour ? » C'est compliqué, c'est un vrai sujet. Après, il faut savoir rebondir sur des objectifs personnels quand tu vas avec ton club, soit avec l'équipe de France, parce qu'il y a encore plein de choses avec l'équipe de France à vivre. Mais moi, pour ma part, je pense que les plus belles choses, elles sont à Paris.

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Pointu (n.m.) : Au volley, se dit de l'attaquant placé à l'opposé du passeur. 

Pointu (adj.) : D'une grande précision.

Dans le cas de Jean Patry, "pointu" fonctionne donc comme nom commun ou comme adjectif. Double champion olympique avec les Bleus, il revient dans ce podcast avec profondeur et finesse sur les joies immenses et les tourments qui accompagnent, au-delà du succès, la vie d'un champion. De ses blocages à ses triomphes, de ses doutes à ses rebonds, mais toujours avec le sourire.  


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Production: IMSO22 Production

Coordination du projet FFVolley: Estelle Elbourg Grava


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Ensemble, ça m'évoque l'équipe de France, parce que c'est tout simplement notre cri de guerre. Ensemble, France, donc ça veut tout dire. Ensemble, c'est l'équipe, c'est nous, c'est les mecs, c'est l'équipe sur le terrain, l'équipe en dehors. Et c'est aussi parce que ça se passe en dehors que sur le terrain, on est très forts, parce qu'on est ensemble en toutes les occasions. C'est vraiment l'identité de cette équipe. Souvent, dans les sports collectifs, on a tendance à dire... Ils ont un super collectif, ils ont un super groupe. C'est un peu bateau de dire ça, mais il n'y a rien de plus vrai qu'avec nous, je pense. Et ça se voit, et ça se voit à tel point que moi, quand je vais jouer dans les clubs pendant la saison, on me demande, mais comment vous faites ? Ils veulent avoir la recette de cette réussite. J'ai même des entraîneurs qui m'ont dit, mais nous, on aimerait que tu amènes ce que vous faites en équipe de France. qui plaît à tout le monde. Tout le monde, je pense, nous envie. Tout le monde envie notre groupe. Nous, on a envie d'être ensemble tout le temps. On a envie. Et même, on a hâte pendant la saison, on a hâte de tous se retrouver, en fait, parce qu'on sait qu'on va se régaler. Sans hésiter, c'est le meilleur groupe du monde. Et c'est justement parce que c'est le meilleur groupe du monde que, je ne sais pas si je dois dire qu'on est la meilleure équipe du monde, mais qu'on a fait ce qu'on a fait, qu'on a réalisé ce qu'on a réalisé. donc c'est un très bon titre ensemble en tout cas ça résume bien notre... Notre équipe.

  • Speaker #1

    Bonjour à tous, bienvenue à vous si c'est la première fois que vous écoutez Ensemble, et ravi de vous retrouver si vous êtes déjà des fidèles. Vous êtes de plus en plus nombreux à nous écouter, nous vous en remercions. Avant de rentrer dans le vif du sujet, n'hésitez pas à vous abonner sur Apple Podcasts et Spotify et à nous laisser un commentaire. Bonne écoute à tous. Ensemble. Le podcast de la Fédération Française de Voler.

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  • Speaker #1

    Ensemble ! Jean Patry Nos Patry Nos Partys

  • Speaker #0

    Nos Patry Nos Partys Bah ouais, écoutez, c'est vrai qu'on m'a fait ce slogan. Je saurais pas dire d'où il est parti. Mais il a été beaucoup repris à Galatasaray. Ça me rend fier. Si les gens pensent ça, ça veut dire qu'ils pensent que je suis important à la bonne conduite des choses, à une bonne partie, à une partie réussie. C'est une partie avec Patry. Donc moi, je suis content parce que je fais du volet parce que j'aime ça, mais je fais aussi du volet pour partager. Et en étant suivi et en ayant ce type de slogan, je suis remercié. Et ça me touche parce que l'objectif, il n'est pas seulement de gagner des trophées, des médailles. Il est aussi de plaire aux gens et de leur donner du plaisir. Et moi, je suis content de ça si on m'aime.

  • Speaker #2

    Jean, c'est maman. Tu sais que très souvent, les gens, les amis me disent « Est-ce que tu dois être fière d'être la maman d'un champion olympique ? » Oui, c'est vrai, je suis très fière et tellement consciente de vivre auprès de toi une expérience extraordinaire. Ce que tu nous as donné de joie, à moi, à nous, toute ta famille, et mieux encore à tous les supporters français, c'est fabuleux. Mais plus que ce que tu fais, ce qui me rend le plus fière, c'est ce que tu es. C'est ta gentillesse, ton sourire, ton esprit et glorie aussi, et ta simplicité. C'est ça en fait qui me rend le plus heureuse. J'aime te voir donner le meilleur de toi-même à tous tes supporters et puis tourner immédiatement ton regard vers les tiens, ta famille et tes amis d'enfance. Revenir dans tes cévennes avec impatience pour retrouver les valeurs simples qui sont les tiennes. Je suis fière de ça, Jean. Mais être maman d'un champion olympique, c'est aussi partager les moments difficiles.

  • Speaker #1

    Il y a eu et il y aura encore des moments de doute. Alors la médaille olympique... Ouais, c'est une sacrée récompense. Deux, n'en parlons pas. Mais quand on est au sommet de l'Olympe, il y a aussi le vertige de l'après, l'amorce de la descente.

  • Speaker #2

    Tu as su en parler, de tout ça, te confier, solliciter de l'aide, la mienne en particulier, pour extérioriser, remettre les choses à leur bonne place, ne pas flancher. Et ça aussi, c'est un gros travail. Alors oui, je suis fière de ce que tu fais, et je suis fière de ce que tu es, et je t'aime. Par contre, quand tu pars de la maison, tu es prié de ne pas oublier de ranger tes affaires sales et de ne pas laisser ta voiture au milieu de l'aller. Allez, salut Jean. Bisous maman.

  • Speaker #0

    Je m'en attendais pas moins d'elle. Elle me remercie d'être qui je suis, mais moi je peux que la remercier de tout ce qu'elle m'a donné. C'est elle qui a fait que je suis qui je suis. Et c'est mon entourage aussi, plus particulièrement. Donc je sais que tous mes proches me remercient énormément, souvent, et aussi mes amis, pour tous les moments que je leur apporte. Mais je ne peux que moi les remercier en retour de tout ce qu'ils me donnent et de tout le soutien qu'ils me donnent. C'est juste un juste retour des choses. Et je crois que je suis très chanceux d'avoir la famille que j'ai. Et quand je parle de famille, j'incorpore aussi tous mes amis qui me donnent une force énorme et qui sont toujours derrière moi. Donc effectivement, la vie de sportif de haut niveau, ce n'est pas toujours simple. Mais quand on a une famille et des amis comme ça, ça allait un peu plus quand même. C'est des choses qui sont communes en fait dans le sport, on n'en parle pas assez, mais des blocages, ça existe beaucoup. Moi je suis passé par des périodes où je ne pouvais plus lancer le ballon. Et on se dit mais si j'arrive plus à lancer au service, comment je vais faire ? Tu passes au service, tu lances n'importe comment, t'as l'impression d'être un peu bête, un peu débile quoi. Et on se rend ferme, on doute, on se dit qu'est-ce qui se passe quoi ? Et tu te sens un peu con, parce que c'est un geste facile. Quand c'est arrivé pour moi ce blocage, j'ai pas tout de suite fait appel à un prépa mental, j'ai essayé de trouver des solutions tout seul et ça venait pas bien quoi. Et à un bout d'un moment je me suis dit bon allez faut que je prenne le taureau par les cornes, je demande un prépa mental et là j'ai initié un travail et je suis passé par plein de petites phases où j'ai dû essayer de trouver des petites astuces, des petites solutions pour pallier à ce blocage de relaxation, un travail d'imagerie mentale, de toucher, aussi le fait de se parler. Ça m'est arrivé de chanter à un moment donné, alors je le fais plus, mais je chantais la chanson de Pirates des Caraïbes, qui fait... Tout ça pour essayer de focus sur autre chose que sur le geste. Et il faut que je sois honnête, et ça me suit toujours, ça me suit toujours, là, depuis... On parle de 2014, mais on est plus de dix ans après, et j'ai toujours des hauts et des bas au service. Ça m'empêche pas de très bien servir quand même. Mais je suis conscient que j'ai des hauts, des bas, et que je suis tout le temps en combat avec ce truc-là, quoi. Alors soit je me parle dans ma tête, soit je parle comme je vous parle, normal quoi, en parlant normalement, et on peut le voir sur mes lèvres d'ailleurs avant les services, et j'ai souvent besoin par exemple de faire venir, en équipe de France c'est Genia qui est sur la ligne, qui est pas très loin, donc pour le faire venir j'ai besoin d'avoir mes repères, j'ai besoin d'avoir une routine, et des fois même avec une routine je suis un peu dans le creux de la vague, je sens que ça revient ce petit blocage, alors j'essaie de trouver un truc en plus à instaurer pour me décharger, penser à autre chose. Des fois, c'est un peu pénible, mais peut-être que les gens ne le voient pas forcément, mais c'est des combats en fait, c'est des combats envers toi-même. Souvent, les sportifs mettent du temps aussi à en parler, parce qu'on a l'impression qu'on est faible, mais en fait non. Il y a énormément de sportifs qui ont fait des blocages. Je me rappelle le cas de Kevin Mayer qui n'arrivait plus à se lancer à la perche, parce qu'au bout d'un moment, il avait un blocage, ça le tétanisait, il ne pouvait plus se lancer. C'est pareil, moi au volet, je ne pouvais plus lancer le ballon. il y en a d'autres qui peuvent qui ne pouvaient plus au service, au volet aussi. J'ai le cas d'autres joueurs qui ne pouvaient plus taper le ballon au service. Et ça, c'est vrai, c'est tout un autre monde que le téléspectateur ne voit pas. Et nous, on est en lutte par rapport à ça. Il faut l'accepter, il faut l'assumer, il faut en parler. Parce que moi, en tout cas, pour moi, le fait d'en parler, j'ai l'impression que ça me rend plus fort, ça me libère. Et je suis persuadé que parler de ses faiblesses te rend plus fort. Ça, j'en suis persuadé. En sélection, le moment fondateur a lieu avant les Jeux de Tokyo. C'est la qualification. Je vais peut-être casser un mythe, mais on se fait cette préparation et je crois que tous individuellement on se dit « de toute façon, on ne va pas y arriver » . Je pense qu'on se le dit, ce n'est pas beau de dire ça, mais je pense que c'est vrai, dans la goutte de notre tête, on se dit « ça va être très dur » . Si on y va, si on y arrive, c'est un miracle. On doit terminer vainqueur de ce TQ avec des grosses équipes. La Serbie, championne d'Europe en titre. La Slovénie. très forte l'allemagne chez elle je suis pas sûr qu'on y croyait beaucoup on est passé par des moments vraiment vraiment chaud et je pense justement à la slovénie où on est mené en demi finale on est mené de 7 à 0 et quelque chose comme 11,7 quelque chose comme ça dans le troisième set si on perd ce set donc on perd le match et on va pas voir tokyo et finalement on arrive justement avec cette force du groupe on arrive à aller chercher ce match déjà aller chercher c'est ce 7 qui n'était vraiment pas gagné. Et après on retourne le match avec encore une fois notre état d'esprit, le fait qu'à bout d'un moment on se soit en fait relâché complètement. C'est à ce moment-là qu'on a vu que notre équipe était très forte dans ces moments-là, quand on est dos au mur et que finalement on joue juste, on se relâche, on prend plaisir et là on est très difficile. Quand on commence à avoir des sourires, à rigoler, à voir un Erwin qui tente tout et tout passe, et là ça donne de la force. Et donc, le moment fondateur, moi, je pense, ça a été ce moment et ce set précisément. Et puis pour moi, personnellement, aussi, ce tournoi, parce que c'est là que je fais mon apparition, entre guillemets. Je suis dans l'équipe de France depuis 2017. Stéphane Boyer joue beaucoup. Moi, je joue très peu. Et lui n'est pas là à ce moment-là. J'étais un peu sous pression quand même. Et finalement, je rentre bien dans mon tournoi. Je commence bien ce match contre la Serbie. Ça me libère derrière. J'ai confiance. Et je sors un très gros tournoi. où je termine MVP de ce tournoi. Derrière, j'ai pris un rôle dans cette équipe et j'ai tenu ce rôle. Donc ça, c'est aussi personnellement un moment très fort pour moi dans ma carrière et une très grosse étape, une date marquante. Les débuts à Tokyo sont un peu catastrophiques parce qu'on prend une grande gifle pour ce premier match contre les Etats-Unis. Et je crois qu'on est tous sonnés. On rentre tous dans les vestiaires et là, Laurent Tilly... dans Saint-Sélectionneur, prend la parole à chaud, chose qu'il n'avait jamais fait. Et on le sent, il est dépité. On sent qu'il... Il se dit, mais en fait, je pensais qu'on était au niveau. En fait, non, il nous a manqué ça, il nous a manqué ci. Et puis nous, on est tous abattus, je crois. On est tous abattus. Et finalement, je crois que Genia dit, mais qu'est-ce qu'on fait ? Qu'est-ce qu'on fait là ? On n'a jamais parlé à chaud. Allez, on rentre tous à l'hôtel. Il coupe Laurent dans son discours. Et qu'est-ce qu'on fait ? On fait n'importe quoi, les gars. On se saccage le début des jeux. C'est catastrophique, ce qu'on est en train de faire là. Donc il coupe tout et il dit allez on rentre on rentre, on arrête de faire ça, ça ne rime à rien on rentre, et le retour au village il est dur, on va manger, il est très tard on se l'est dit, les gars préparez vos valises et c'est même devenu un running gag dans notre équipe, c'est à dire que souvent, dans les moments chauds ou dans les matchs importants, on dit vous avez préparé vos valises de toute façon on part après le match et ça veut dire beaucoup sur l'équipe il y a cette force, même quand on a l'impression que c'est perdu que de toute façon c'est perdu, finalement on va chercher le match et c'est parce que justement on se décharge de cette... Peut-être de cette pression et de se dire que bon, de toute façon, la limite c'est perdu, on joue et on kiffe en fait. Et c'est là qu'on est très fort. On se prend un quart contre la Pologne, championne du monde, et là on livre un combat incroyable. Vraiment, des matchs dont je me souviendrai vraiment toute ma vie, où vraiment on a bataillé et on va le chercher. Et notamment un cinquième set fou, où on les écrase quoi. D'ailleurs, c'est à ce moment-là que Laurent Tilly fait sa défense. Je ne sais pas à quoi il pensait à ce moment-là, mais il était dedans. Comme nous, on pouvait l'être aussi à ce moment-là. C'était vraiment fort. Et à partir de cette victoire, on se dit qu'il y a peut-être l'or au bout, parce qu'on va reprendre l'Argentine en demi-finale. Et comme on se disait que l'or ou la médaille n'était pas loin, il y avait une espèce de tension sur le terrain. Je n'ai jamais vécu un match comme ça. mais je ne me souviens pas qu'on ait eu beaucoup de stress pour la finale, il y a juste de se dire bon bah ça va être un moment extraordinaire et le plaisir il nous permet de développer notre jeu et c'est exactement le jeu que les russes n'aiment pas du tout c'est ce que les gens nous disent souvent mais vous vous rigolez sur le terrain on a l'impression que tout est facile vous prenez, vous kiffez quoi mais carrément et c'est là dedans c'est là dedans qu'on est fort parce que On a l'impression qu'on est en décontraction, mais bon, il y a beaucoup de focus, il y a beaucoup de sérieux, il y a beaucoup de technique aussi derrière, donc c'est pas simple. Et ça, ça embête l'adversaire parce que quand on commence à sourire, à avoir l'impression que pour l'équipe adverse, tout est facile en fait. Ben quand t'es là et que tu joues cette équipe, tu te dis mais faut pas y arriver quoi. Les gars ils rigolent, ils s'amusent et nous là on galère. Et je pense que de jouer contre nous, c'est assez frustrant. Paris, c'est le Graal. Paris, c'est le Graal. C'est difficile de trouver les mots pour dire à quel point on a de la chance d'avoir vécu Paris. Parce que c'est une réelle chance. La chance, ce n'est pas d'avoir gagné, mais vraiment d'avoir vécu et d'avoir pu jouer les Jeux Olympiques chez soi, dans notre capitale, devant notre public, devant nos familles, devant nos amis. Je crois vraiment que c'est pour un sportif, quel que soit le sport, on ne peut pas rêver mieux que de jouer des Jeux chez soi. et c'était un rêve et encore plus de les gagner donc Paris pour moi c'est un rêve et c'est une chance extraordinaire j'ai des souvenirs encore de cette cérémonie d'ouverture on ne peut pas faire mieux on est sur la péniche, sur la Seine on traverse Paris je revois ces immeubles haussmanniens avec les toits de Paris où les gens sont sur les toits, au balcon ils ont des drapeaux France Il y a des gens dans les rues partout, il y a ce brouhaha, cette atmosphère qui est juste incroyable avec les musiques qui défilent et nous sur les bateaux avec les petits drapeaux France. C'est un tel moment de communion et un moment qui est extraordinaire. Un de mes plus beaux souvenirs c'est cette série d'ouverture. Je me dis là mais quelle chance on a. Et je me dis mais qui on est, qu'est-ce qu'on a mérité tout ça tellement c'est extraordinaire ce qu'on vit. Et puis après on arrive en bas de la tour Eiffel. Ce moment-là de la cérémonie d'ouverture, il est indescriptible, il faut le vivre. Mais je pense que les gens, de manière générale, ont vu que c'était une cérémonie qui était extraordinaire. Et je suis aussi fier, moi, d'être français pour ça, parce que je crois que, vraiment, dans le monde, on a choqué, entre guillemets, les gens avec notre cérémonie, et je pense que tout le monde est unanime pour dire que ça a été magnifique. Je pense même qu'il y aura un avant, un après pour les Jeux. Cette cérémonie, là, à travers la ville, qui passe sur la Seine, et il y a... Il n'y a rien de plus représentatif que ce parcours pour nous, pour Paris. Et quelle bonne idée d'avoir fait ça. Donc oui, il y a eu aussi un grand moment de fierté par rapport à ça. Et cette cérémonie, c'était extraordinaire. Il faut être conscient que je pense qu'on ne fera jamais mieux en termes d'émotions et de résultats. On ne fera jamais mieux que Paris de toute façon. Le fait d'avoir eu du public aussi contre l'Allemagne, ça a été une des clés de ce match. Il y a eu un moment de down assez grand où on s'est dit, peut-être qu'on passe à côté, peut-être qu'on va arrêter le tournoi. Ça va peut-être être fini. Et je le pense sincèrement, je pense que sans le public, on ne revient pas, on ne gagne pas ce match. Parce qu'à un moment donné, ils nous ont poussé dans un moment compliqué où finalement, quand tu fais un point, il y a tellement de public qui te soulage et qui te donne son énergie. que ton point, t'as l'impression qu'il en vaut deux et que l'adversaire, limite, pour lui, on lui en retire un, quoi. Donc mentalement, c'est compliqué pour eux et pour nous, ça nous porte énormément. Et le public français l'a extrêmement bien fait sur ce match-là et ça a été une des clés. Et puis après, quand t'es là-dedans et que pendant quelques points, tu retrouves un peu ton énergie, tu retrouves ton style de jeu, tu te décontractes un peu et hop, tu penses que tac, finalement, c'est possible. On l'a déjà fait plein de fois et ça, c'est... Ça s'est reproduit. Pas longtemps après les Jeux, je suis allé jouer le tournoi asiatique des clubs avec Erwin. Et donc on s'est retrouvés dans cette équipe, en Iran, pour jouer ce tournoi. Ça m'a fait du bien aussi de le retrouver assez rapidement après les Jeux. Et en fait, le fait qu'on soit tous les deux, on a partagé énormément de moments tous les deux. On est revenu sur les jeux, on a discuté, on a tout refait, on a refait toute notre histoire. Et moi ça m'a fait du bien parce que c'est vrai que j'avais pas l'habitude d'être avec Erwin tous les deux, qu'ensemble. Parce que souvent on est tout le temps avec le groupe, donc ça a permis de mieux se connaître, même si on se connait depuis longtemps, mais d'être vraiment tous les deux et de partager des émotions, des moments de notre carrière, des moments qu'on a vécu ensemble, d'avoir ce temps d'échange aussi, c'était vraiment cool pour moi. Quelques temps après, il m'a dit que je venais à Istanbul pour l'équipe de Fenerbahce. Je jouais à Galatasaray, donc très rivaux. Si je peux lui faire un ace et le regarder droit dans les yeux et rigoler, c'est sympa. Mais ça a été le cas cette année, il y a eu des gros matchs. On gagne contre eux en plus en demi-finale. Là, c'était intéressant de jouer contre lui. C'est toujours sympa de jouer contre un coéquipier de son équipe nationale et de l'équipe de France. Parce qu'on se connaît, parce qu'on rigole, parce qu'on se chambre. Et surtout, Erwin, ce n'est pas le dernier à ça. Donc on s'est bien chambré cette année quand on jouait l'un contre l'autre. L'après Paris 2024 n'a pas toujours été très simple. Et c'est un sujet, c'est un sujet après les Jeux. C'est vraiment un sujet dans le monde du sport, je pense. Quand tu gagnes, ou pas d'ailleurs, mais quand t'as de grosses émotions sur des tournois comme ça, des événements comme ça, des fois c'est difficile de rebondir. T'as vécu tellement des choses extraordinaires, et là ça a été le cas à Paris. Je pense sincèrement que moi j'ai vécu le Graal. de ma carrière, je pense qu'elle est à Paris. Je vois pas qu'est-ce qu'on peut faire de plus beau que ce qu'on a fait à Paris. Alors, il y a plein d'autres choses à faire, il y a plein de super moments à vivre, mais en fait, quand tu termines tout ce moment qui est tellement hors du temps, et que ça redescend, et que tu te dis, mais en fait, est-ce que le pic de ma carrière, les plus beaux moments de ma carrière, est-ce que c'est pas derrière, finalement ? Et qu'il y a un peu de vérité, je pense. et bien des fois oui, ça fait que c'est un peu compliqué on peut tomber dans une... Pas une dépression, mais dans ce petit mood où est-ce qu'il y a encore un sens ? Parce que si c'est derrière, ces émotions, je ne les revivrai plus. Il est où le sens ? Quels sont mes objectifs ? Alors c'est un vrai sujet et chacun le vit un peu à sa façon, mais c'est des périodes compliquées parce que c'est contradictoire, parce qu'on a l'impression que justement, c'est super, on est double champion olympique, on devrait être super heureux. Mais c'est le revers de la médaille. Quand tu vis des moments tellement hauts, tellement hauts en émotions, tellement extraordinaires, que tu te retournes et que tu te dis « est-ce que je les revivrai un jour ? » C'est compliqué, c'est un vrai sujet. Après, il faut savoir rebondir sur des objectifs personnels quand tu vas avec ton club, soit avec l'équipe de France, parce qu'il y a encore plein de choses avec l'équipe de France à vivre. Mais moi, pour ma part, je pense que les plus belles choses, elles sont à Paris.

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Description

Pointu (n.m.) : Au volley, se dit de l'attaquant placé à l'opposé du passeur. 

Pointu (adj.) : D'une grande précision.

Dans le cas de Jean Patry, "pointu" fonctionne donc comme nom commun ou comme adjectif. Double champion olympique avec les Bleus, il revient dans ce podcast avec profondeur et finesse sur les joies immenses et les tourments qui accompagnent, au-delà du succès, la vie d'un champion. De ses blocages à ses triomphes, de ses doutes à ses rebonds, mais toujours avec le sourire.  


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Crédits:

Production: IMSO22 Production

Coordination du projet FFVolley: Estelle Elbourg Grava


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Ensemble, ça m'évoque l'équipe de France, parce que c'est tout simplement notre cri de guerre. Ensemble, France, donc ça veut tout dire. Ensemble, c'est l'équipe, c'est nous, c'est les mecs, c'est l'équipe sur le terrain, l'équipe en dehors. Et c'est aussi parce que ça se passe en dehors que sur le terrain, on est très forts, parce qu'on est ensemble en toutes les occasions. C'est vraiment l'identité de cette équipe. Souvent, dans les sports collectifs, on a tendance à dire... Ils ont un super collectif, ils ont un super groupe. C'est un peu bateau de dire ça, mais il n'y a rien de plus vrai qu'avec nous, je pense. Et ça se voit, et ça se voit à tel point que moi, quand je vais jouer dans les clubs pendant la saison, on me demande, mais comment vous faites ? Ils veulent avoir la recette de cette réussite. J'ai même des entraîneurs qui m'ont dit, mais nous, on aimerait que tu amènes ce que vous faites en équipe de France. qui plaît à tout le monde. Tout le monde, je pense, nous envie. Tout le monde envie notre groupe. Nous, on a envie d'être ensemble tout le temps. On a envie. Et même, on a hâte pendant la saison, on a hâte de tous se retrouver, en fait, parce qu'on sait qu'on va se régaler. Sans hésiter, c'est le meilleur groupe du monde. Et c'est justement parce que c'est le meilleur groupe du monde que, je ne sais pas si je dois dire qu'on est la meilleure équipe du monde, mais qu'on a fait ce qu'on a fait, qu'on a réalisé ce qu'on a réalisé. donc c'est un très bon titre ensemble en tout cas ça résume bien notre... Notre équipe.

  • Speaker #1

    Bonjour à tous, bienvenue à vous si c'est la première fois que vous écoutez Ensemble, et ravi de vous retrouver si vous êtes déjà des fidèles. Vous êtes de plus en plus nombreux à nous écouter, nous vous en remercions. Avant de rentrer dans le vif du sujet, n'hésitez pas à vous abonner sur Apple Podcasts et Spotify et à nous laisser un commentaire. Bonne écoute à tous. Ensemble. Le podcast de la Fédération Française de Voler.

  • Speaker #2

    Ensemble ! 3 2 1

  • Speaker #1

    Ensemble ! Jean Patry Nos Patry Nos Partys

  • Speaker #0

    Nos Patry Nos Partys Bah ouais, écoutez, c'est vrai qu'on m'a fait ce slogan. Je saurais pas dire d'où il est parti. Mais il a été beaucoup repris à Galatasaray. Ça me rend fier. Si les gens pensent ça, ça veut dire qu'ils pensent que je suis important à la bonne conduite des choses, à une bonne partie, à une partie réussie. C'est une partie avec Patry. Donc moi, je suis content parce que je fais du volet parce que j'aime ça, mais je fais aussi du volet pour partager. Et en étant suivi et en ayant ce type de slogan, je suis remercié. Et ça me touche parce que l'objectif, il n'est pas seulement de gagner des trophées, des médailles. Il est aussi de plaire aux gens et de leur donner du plaisir. Et moi, je suis content de ça si on m'aime.

  • Speaker #2

    Jean, c'est maman. Tu sais que très souvent, les gens, les amis me disent « Est-ce que tu dois être fière d'être la maman d'un champion olympique ? » Oui, c'est vrai, je suis très fière et tellement consciente de vivre auprès de toi une expérience extraordinaire. Ce que tu nous as donné de joie, à moi, à nous, toute ta famille, et mieux encore à tous les supporters français, c'est fabuleux. Mais plus que ce que tu fais, ce qui me rend le plus fière, c'est ce que tu es. C'est ta gentillesse, ton sourire, ton esprit et glorie aussi, et ta simplicité. C'est ça en fait qui me rend le plus heureuse. J'aime te voir donner le meilleur de toi-même à tous tes supporters et puis tourner immédiatement ton regard vers les tiens, ta famille et tes amis d'enfance. Revenir dans tes cévennes avec impatience pour retrouver les valeurs simples qui sont les tiennes. Je suis fière de ça, Jean. Mais être maman d'un champion olympique, c'est aussi partager les moments difficiles.

  • Speaker #1

    Il y a eu et il y aura encore des moments de doute. Alors la médaille olympique... Ouais, c'est une sacrée récompense. Deux, n'en parlons pas. Mais quand on est au sommet de l'Olympe, il y a aussi le vertige de l'après, l'amorce de la descente.

  • Speaker #2

    Tu as su en parler, de tout ça, te confier, solliciter de l'aide, la mienne en particulier, pour extérioriser, remettre les choses à leur bonne place, ne pas flancher. Et ça aussi, c'est un gros travail. Alors oui, je suis fière de ce que tu fais, et je suis fière de ce que tu es, et je t'aime. Par contre, quand tu pars de la maison, tu es prié de ne pas oublier de ranger tes affaires sales et de ne pas laisser ta voiture au milieu de l'aller. Allez, salut Jean. Bisous maman.

  • Speaker #0

    Je m'en attendais pas moins d'elle. Elle me remercie d'être qui je suis, mais moi je peux que la remercier de tout ce qu'elle m'a donné. C'est elle qui a fait que je suis qui je suis. Et c'est mon entourage aussi, plus particulièrement. Donc je sais que tous mes proches me remercient énormément, souvent, et aussi mes amis, pour tous les moments que je leur apporte. Mais je ne peux que moi les remercier en retour de tout ce qu'ils me donnent et de tout le soutien qu'ils me donnent. C'est juste un juste retour des choses. Et je crois que je suis très chanceux d'avoir la famille que j'ai. Et quand je parle de famille, j'incorpore aussi tous mes amis qui me donnent une force énorme et qui sont toujours derrière moi. Donc effectivement, la vie de sportif de haut niveau, ce n'est pas toujours simple. Mais quand on a une famille et des amis comme ça, ça allait un peu plus quand même. C'est des choses qui sont communes en fait dans le sport, on n'en parle pas assez, mais des blocages, ça existe beaucoup. Moi je suis passé par des périodes où je ne pouvais plus lancer le ballon. Et on se dit mais si j'arrive plus à lancer au service, comment je vais faire ? Tu passes au service, tu lances n'importe comment, t'as l'impression d'être un peu bête, un peu débile quoi. Et on se rend ferme, on doute, on se dit qu'est-ce qui se passe quoi ? Et tu te sens un peu con, parce que c'est un geste facile. Quand c'est arrivé pour moi ce blocage, j'ai pas tout de suite fait appel à un prépa mental, j'ai essayé de trouver des solutions tout seul et ça venait pas bien quoi. Et à un bout d'un moment je me suis dit bon allez faut que je prenne le taureau par les cornes, je demande un prépa mental et là j'ai initié un travail et je suis passé par plein de petites phases où j'ai dû essayer de trouver des petites astuces, des petites solutions pour pallier à ce blocage de relaxation, un travail d'imagerie mentale, de toucher, aussi le fait de se parler. Ça m'est arrivé de chanter à un moment donné, alors je le fais plus, mais je chantais la chanson de Pirates des Caraïbes, qui fait... Tout ça pour essayer de focus sur autre chose que sur le geste. Et il faut que je sois honnête, et ça me suit toujours, ça me suit toujours, là, depuis... On parle de 2014, mais on est plus de dix ans après, et j'ai toujours des hauts et des bas au service. Ça m'empêche pas de très bien servir quand même. Mais je suis conscient que j'ai des hauts, des bas, et que je suis tout le temps en combat avec ce truc-là, quoi. Alors soit je me parle dans ma tête, soit je parle comme je vous parle, normal quoi, en parlant normalement, et on peut le voir sur mes lèvres d'ailleurs avant les services, et j'ai souvent besoin par exemple de faire venir, en équipe de France c'est Genia qui est sur la ligne, qui est pas très loin, donc pour le faire venir j'ai besoin d'avoir mes repères, j'ai besoin d'avoir une routine, et des fois même avec une routine je suis un peu dans le creux de la vague, je sens que ça revient ce petit blocage, alors j'essaie de trouver un truc en plus à instaurer pour me décharger, penser à autre chose. Des fois, c'est un peu pénible, mais peut-être que les gens ne le voient pas forcément, mais c'est des combats en fait, c'est des combats envers toi-même. Souvent, les sportifs mettent du temps aussi à en parler, parce qu'on a l'impression qu'on est faible, mais en fait non. Il y a énormément de sportifs qui ont fait des blocages. Je me rappelle le cas de Kevin Mayer qui n'arrivait plus à se lancer à la perche, parce qu'au bout d'un moment, il avait un blocage, ça le tétanisait, il ne pouvait plus se lancer. C'est pareil, moi au volet, je ne pouvais plus lancer le ballon. il y en a d'autres qui peuvent qui ne pouvaient plus au service, au volet aussi. J'ai le cas d'autres joueurs qui ne pouvaient plus taper le ballon au service. Et ça, c'est vrai, c'est tout un autre monde que le téléspectateur ne voit pas. Et nous, on est en lutte par rapport à ça. Il faut l'accepter, il faut l'assumer, il faut en parler. Parce que moi, en tout cas, pour moi, le fait d'en parler, j'ai l'impression que ça me rend plus fort, ça me libère. Et je suis persuadé que parler de ses faiblesses te rend plus fort. Ça, j'en suis persuadé. En sélection, le moment fondateur a lieu avant les Jeux de Tokyo. C'est la qualification. Je vais peut-être casser un mythe, mais on se fait cette préparation et je crois que tous individuellement on se dit « de toute façon, on ne va pas y arriver » . Je pense qu'on se le dit, ce n'est pas beau de dire ça, mais je pense que c'est vrai, dans la goutte de notre tête, on se dit « ça va être très dur » . Si on y va, si on y arrive, c'est un miracle. On doit terminer vainqueur de ce TQ avec des grosses équipes. La Serbie, championne d'Europe en titre. La Slovénie. très forte l'allemagne chez elle je suis pas sûr qu'on y croyait beaucoup on est passé par des moments vraiment vraiment chaud et je pense justement à la slovénie où on est mené en demi finale on est mené de 7 à 0 et quelque chose comme 11,7 quelque chose comme ça dans le troisième set si on perd ce set donc on perd le match et on va pas voir tokyo et finalement on arrive justement avec cette force du groupe on arrive à aller chercher ce match déjà aller chercher c'est ce 7 qui n'était vraiment pas gagné. Et après on retourne le match avec encore une fois notre état d'esprit, le fait qu'à bout d'un moment on se soit en fait relâché complètement. C'est à ce moment-là qu'on a vu que notre équipe était très forte dans ces moments-là, quand on est dos au mur et que finalement on joue juste, on se relâche, on prend plaisir et là on est très difficile. Quand on commence à avoir des sourires, à rigoler, à voir un Erwin qui tente tout et tout passe, et là ça donne de la force. Et donc, le moment fondateur, moi, je pense, ça a été ce moment et ce set précisément. Et puis pour moi, personnellement, aussi, ce tournoi, parce que c'est là que je fais mon apparition, entre guillemets. Je suis dans l'équipe de France depuis 2017. Stéphane Boyer joue beaucoup. Moi, je joue très peu. Et lui n'est pas là à ce moment-là. J'étais un peu sous pression quand même. Et finalement, je rentre bien dans mon tournoi. Je commence bien ce match contre la Serbie. Ça me libère derrière. J'ai confiance. Et je sors un très gros tournoi. où je termine MVP de ce tournoi. Derrière, j'ai pris un rôle dans cette équipe et j'ai tenu ce rôle. Donc ça, c'est aussi personnellement un moment très fort pour moi dans ma carrière et une très grosse étape, une date marquante. Les débuts à Tokyo sont un peu catastrophiques parce qu'on prend une grande gifle pour ce premier match contre les Etats-Unis. Et je crois qu'on est tous sonnés. On rentre tous dans les vestiaires et là, Laurent Tilly... dans Saint-Sélectionneur, prend la parole à chaud, chose qu'il n'avait jamais fait. Et on le sent, il est dépité. On sent qu'il... Il se dit, mais en fait, je pensais qu'on était au niveau. En fait, non, il nous a manqué ça, il nous a manqué ci. Et puis nous, on est tous abattus, je crois. On est tous abattus. Et finalement, je crois que Genia dit, mais qu'est-ce qu'on fait ? Qu'est-ce qu'on fait là ? On n'a jamais parlé à chaud. Allez, on rentre tous à l'hôtel. Il coupe Laurent dans son discours. Et qu'est-ce qu'on fait ? On fait n'importe quoi, les gars. On se saccage le début des jeux. C'est catastrophique, ce qu'on est en train de faire là. Donc il coupe tout et il dit allez on rentre on rentre, on arrête de faire ça, ça ne rime à rien on rentre, et le retour au village il est dur, on va manger, il est très tard on se l'est dit, les gars préparez vos valises et c'est même devenu un running gag dans notre équipe, c'est à dire que souvent, dans les moments chauds ou dans les matchs importants, on dit vous avez préparé vos valises de toute façon on part après le match et ça veut dire beaucoup sur l'équipe il y a cette force, même quand on a l'impression que c'est perdu que de toute façon c'est perdu, finalement on va chercher le match et c'est parce que justement on se décharge de cette... Peut-être de cette pression et de se dire que bon, de toute façon, la limite c'est perdu, on joue et on kiffe en fait. Et c'est là qu'on est très fort. On se prend un quart contre la Pologne, championne du monde, et là on livre un combat incroyable. Vraiment, des matchs dont je me souviendrai vraiment toute ma vie, où vraiment on a bataillé et on va le chercher. Et notamment un cinquième set fou, où on les écrase quoi. D'ailleurs, c'est à ce moment-là que Laurent Tilly fait sa défense. Je ne sais pas à quoi il pensait à ce moment-là, mais il était dedans. Comme nous, on pouvait l'être aussi à ce moment-là. C'était vraiment fort. Et à partir de cette victoire, on se dit qu'il y a peut-être l'or au bout, parce qu'on va reprendre l'Argentine en demi-finale. Et comme on se disait que l'or ou la médaille n'était pas loin, il y avait une espèce de tension sur le terrain. Je n'ai jamais vécu un match comme ça. mais je ne me souviens pas qu'on ait eu beaucoup de stress pour la finale, il y a juste de se dire bon bah ça va être un moment extraordinaire et le plaisir il nous permet de développer notre jeu et c'est exactement le jeu que les russes n'aiment pas du tout c'est ce que les gens nous disent souvent mais vous vous rigolez sur le terrain on a l'impression que tout est facile vous prenez, vous kiffez quoi mais carrément et c'est là dedans c'est là dedans qu'on est fort parce que On a l'impression qu'on est en décontraction, mais bon, il y a beaucoup de focus, il y a beaucoup de sérieux, il y a beaucoup de technique aussi derrière, donc c'est pas simple. Et ça, ça embête l'adversaire parce que quand on commence à sourire, à avoir l'impression que pour l'équipe adverse, tout est facile en fait. Ben quand t'es là et que tu joues cette équipe, tu te dis mais faut pas y arriver quoi. Les gars ils rigolent, ils s'amusent et nous là on galère. Et je pense que de jouer contre nous, c'est assez frustrant. Paris, c'est le Graal. Paris, c'est le Graal. C'est difficile de trouver les mots pour dire à quel point on a de la chance d'avoir vécu Paris. Parce que c'est une réelle chance. La chance, ce n'est pas d'avoir gagné, mais vraiment d'avoir vécu et d'avoir pu jouer les Jeux Olympiques chez soi, dans notre capitale, devant notre public, devant nos familles, devant nos amis. Je crois vraiment que c'est pour un sportif, quel que soit le sport, on ne peut pas rêver mieux que de jouer des Jeux chez soi. et c'était un rêve et encore plus de les gagner donc Paris pour moi c'est un rêve et c'est une chance extraordinaire j'ai des souvenirs encore de cette cérémonie d'ouverture on ne peut pas faire mieux on est sur la péniche, sur la Seine on traverse Paris je revois ces immeubles haussmanniens avec les toits de Paris où les gens sont sur les toits, au balcon ils ont des drapeaux France Il y a des gens dans les rues partout, il y a ce brouhaha, cette atmosphère qui est juste incroyable avec les musiques qui défilent et nous sur les bateaux avec les petits drapeaux France. C'est un tel moment de communion et un moment qui est extraordinaire. Un de mes plus beaux souvenirs c'est cette série d'ouverture. Je me dis là mais quelle chance on a. Et je me dis mais qui on est, qu'est-ce qu'on a mérité tout ça tellement c'est extraordinaire ce qu'on vit. Et puis après on arrive en bas de la tour Eiffel. Ce moment-là de la cérémonie d'ouverture, il est indescriptible, il faut le vivre. Mais je pense que les gens, de manière générale, ont vu que c'était une cérémonie qui était extraordinaire. Et je suis aussi fier, moi, d'être français pour ça, parce que je crois que, vraiment, dans le monde, on a choqué, entre guillemets, les gens avec notre cérémonie, et je pense que tout le monde est unanime pour dire que ça a été magnifique. Je pense même qu'il y aura un avant, un après pour les Jeux. Cette cérémonie, là, à travers la ville, qui passe sur la Seine, et il y a... Il n'y a rien de plus représentatif que ce parcours pour nous, pour Paris. Et quelle bonne idée d'avoir fait ça. Donc oui, il y a eu aussi un grand moment de fierté par rapport à ça. Et cette cérémonie, c'était extraordinaire. Il faut être conscient que je pense qu'on ne fera jamais mieux en termes d'émotions et de résultats. On ne fera jamais mieux que Paris de toute façon. Le fait d'avoir eu du public aussi contre l'Allemagne, ça a été une des clés de ce match. Il y a eu un moment de down assez grand où on s'est dit, peut-être qu'on passe à côté, peut-être qu'on va arrêter le tournoi. Ça va peut-être être fini. Et je le pense sincèrement, je pense que sans le public, on ne revient pas, on ne gagne pas ce match. Parce qu'à un moment donné, ils nous ont poussé dans un moment compliqué où finalement, quand tu fais un point, il y a tellement de public qui te soulage et qui te donne son énergie. que ton point, t'as l'impression qu'il en vaut deux et que l'adversaire, limite, pour lui, on lui en retire un, quoi. Donc mentalement, c'est compliqué pour eux et pour nous, ça nous porte énormément. Et le public français l'a extrêmement bien fait sur ce match-là et ça a été une des clés. Et puis après, quand t'es là-dedans et que pendant quelques points, tu retrouves un peu ton énergie, tu retrouves ton style de jeu, tu te décontractes un peu et hop, tu penses que tac, finalement, c'est possible. On l'a déjà fait plein de fois et ça, c'est... Ça s'est reproduit. Pas longtemps après les Jeux, je suis allé jouer le tournoi asiatique des clubs avec Erwin. Et donc on s'est retrouvés dans cette équipe, en Iran, pour jouer ce tournoi. Ça m'a fait du bien aussi de le retrouver assez rapidement après les Jeux. Et en fait, le fait qu'on soit tous les deux, on a partagé énormément de moments tous les deux. On est revenu sur les jeux, on a discuté, on a tout refait, on a refait toute notre histoire. Et moi ça m'a fait du bien parce que c'est vrai que j'avais pas l'habitude d'être avec Erwin tous les deux, qu'ensemble. Parce que souvent on est tout le temps avec le groupe, donc ça a permis de mieux se connaître, même si on se connait depuis longtemps, mais d'être vraiment tous les deux et de partager des émotions, des moments de notre carrière, des moments qu'on a vécu ensemble, d'avoir ce temps d'échange aussi, c'était vraiment cool pour moi. Quelques temps après, il m'a dit que je venais à Istanbul pour l'équipe de Fenerbahce. Je jouais à Galatasaray, donc très rivaux. Si je peux lui faire un ace et le regarder droit dans les yeux et rigoler, c'est sympa. Mais ça a été le cas cette année, il y a eu des gros matchs. On gagne contre eux en plus en demi-finale. Là, c'était intéressant de jouer contre lui. C'est toujours sympa de jouer contre un coéquipier de son équipe nationale et de l'équipe de France. Parce qu'on se connaît, parce qu'on rigole, parce qu'on se chambre. Et surtout, Erwin, ce n'est pas le dernier à ça. Donc on s'est bien chambré cette année quand on jouait l'un contre l'autre. L'après Paris 2024 n'a pas toujours été très simple. Et c'est un sujet, c'est un sujet après les Jeux. C'est vraiment un sujet dans le monde du sport, je pense. Quand tu gagnes, ou pas d'ailleurs, mais quand t'as de grosses émotions sur des tournois comme ça, des événements comme ça, des fois c'est difficile de rebondir. T'as vécu tellement des choses extraordinaires, et là ça a été le cas à Paris. Je pense sincèrement que moi j'ai vécu le Graal. de ma carrière, je pense qu'elle est à Paris. Je vois pas qu'est-ce qu'on peut faire de plus beau que ce qu'on a fait à Paris. Alors, il y a plein d'autres choses à faire, il y a plein de super moments à vivre, mais en fait, quand tu termines tout ce moment qui est tellement hors du temps, et que ça redescend, et que tu te dis, mais en fait, est-ce que le pic de ma carrière, les plus beaux moments de ma carrière, est-ce que c'est pas derrière, finalement ? Et qu'il y a un peu de vérité, je pense. et bien des fois oui, ça fait que c'est un peu compliqué on peut tomber dans une... Pas une dépression, mais dans ce petit mood où est-ce qu'il y a encore un sens ? Parce que si c'est derrière, ces émotions, je ne les revivrai plus. Il est où le sens ? Quels sont mes objectifs ? Alors c'est un vrai sujet et chacun le vit un peu à sa façon, mais c'est des périodes compliquées parce que c'est contradictoire, parce qu'on a l'impression que justement, c'est super, on est double champion olympique, on devrait être super heureux. Mais c'est le revers de la médaille. Quand tu vis des moments tellement hauts, tellement hauts en émotions, tellement extraordinaires, que tu te retournes et que tu te dis « est-ce que je les revivrai un jour ? » C'est compliqué, c'est un vrai sujet. Après, il faut savoir rebondir sur des objectifs personnels quand tu vas avec ton club, soit avec l'équipe de France, parce qu'il y a encore plein de choses avec l'équipe de France à vivre. Mais moi, pour ma part, je pense que les plus belles choses, elles sont à Paris.

Description

Pointu (n.m.) : Au volley, se dit de l'attaquant placé à l'opposé du passeur. 

Pointu (adj.) : D'une grande précision.

Dans le cas de Jean Patry, "pointu" fonctionne donc comme nom commun ou comme adjectif. Double champion olympique avec les Bleus, il revient dans ce podcast avec profondeur et finesse sur les joies immenses et les tourments qui accompagnent, au-delà du succès, la vie d'un champion. De ses blocages à ses triomphes, de ses doutes à ses rebonds, mais toujours avec le sourire.  


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Crédits:

Production: IMSO22 Production

Coordination du projet FFVolley: Estelle Elbourg Grava


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Ensemble, ça m'évoque l'équipe de France, parce que c'est tout simplement notre cri de guerre. Ensemble, France, donc ça veut tout dire. Ensemble, c'est l'équipe, c'est nous, c'est les mecs, c'est l'équipe sur le terrain, l'équipe en dehors. Et c'est aussi parce que ça se passe en dehors que sur le terrain, on est très forts, parce qu'on est ensemble en toutes les occasions. C'est vraiment l'identité de cette équipe. Souvent, dans les sports collectifs, on a tendance à dire... Ils ont un super collectif, ils ont un super groupe. C'est un peu bateau de dire ça, mais il n'y a rien de plus vrai qu'avec nous, je pense. Et ça se voit, et ça se voit à tel point que moi, quand je vais jouer dans les clubs pendant la saison, on me demande, mais comment vous faites ? Ils veulent avoir la recette de cette réussite. J'ai même des entraîneurs qui m'ont dit, mais nous, on aimerait que tu amènes ce que vous faites en équipe de France. qui plaît à tout le monde. Tout le monde, je pense, nous envie. Tout le monde envie notre groupe. Nous, on a envie d'être ensemble tout le temps. On a envie. Et même, on a hâte pendant la saison, on a hâte de tous se retrouver, en fait, parce qu'on sait qu'on va se régaler. Sans hésiter, c'est le meilleur groupe du monde. Et c'est justement parce que c'est le meilleur groupe du monde que, je ne sais pas si je dois dire qu'on est la meilleure équipe du monde, mais qu'on a fait ce qu'on a fait, qu'on a réalisé ce qu'on a réalisé. donc c'est un très bon titre ensemble en tout cas ça résume bien notre... Notre équipe.

  • Speaker #1

    Bonjour à tous, bienvenue à vous si c'est la première fois que vous écoutez Ensemble, et ravi de vous retrouver si vous êtes déjà des fidèles. Vous êtes de plus en plus nombreux à nous écouter, nous vous en remercions. Avant de rentrer dans le vif du sujet, n'hésitez pas à vous abonner sur Apple Podcasts et Spotify et à nous laisser un commentaire. Bonne écoute à tous. Ensemble. Le podcast de la Fédération Française de Voler.

  • Speaker #2

    Ensemble ! 3 2 1

  • Speaker #1

    Ensemble ! Jean Patry Nos Patry Nos Partys

  • Speaker #0

    Nos Patry Nos Partys Bah ouais, écoutez, c'est vrai qu'on m'a fait ce slogan. Je saurais pas dire d'où il est parti. Mais il a été beaucoup repris à Galatasaray. Ça me rend fier. Si les gens pensent ça, ça veut dire qu'ils pensent que je suis important à la bonne conduite des choses, à une bonne partie, à une partie réussie. C'est une partie avec Patry. Donc moi, je suis content parce que je fais du volet parce que j'aime ça, mais je fais aussi du volet pour partager. Et en étant suivi et en ayant ce type de slogan, je suis remercié. Et ça me touche parce que l'objectif, il n'est pas seulement de gagner des trophées, des médailles. Il est aussi de plaire aux gens et de leur donner du plaisir. Et moi, je suis content de ça si on m'aime.

  • Speaker #2

    Jean, c'est maman. Tu sais que très souvent, les gens, les amis me disent « Est-ce que tu dois être fière d'être la maman d'un champion olympique ? » Oui, c'est vrai, je suis très fière et tellement consciente de vivre auprès de toi une expérience extraordinaire. Ce que tu nous as donné de joie, à moi, à nous, toute ta famille, et mieux encore à tous les supporters français, c'est fabuleux. Mais plus que ce que tu fais, ce qui me rend le plus fière, c'est ce que tu es. C'est ta gentillesse, ton sourire, ton esprit et glorie aussi, et ta simplicité. C'est ça en fait qui me rend le plus heureuse. J'aime te voir donner le meilleur de toi-même à tous tes supporters et puis tourner immédiatement ton regard vers les tiens, ta famille et tes amis d'enfance. Revenir dans tes cévennes avec impatience pour retrouver les valeurs simples qui sont les tiennes. Je suis fière de ça, Jean. Mais être maman d'un champion olympique, c'est aussi partager les moments difficiles.

  • Speaker #1

    Il y a eu et il y aura encore des moments de doute. Alors la médaille olympique... Ouais, c'est une sacrée récompense. Deux, n'en parlons pas. Mais quand on est au sommet de l'Olympe, il y a aussi le vertige de l'après, l'amorce de la descente.

  • Speaker #2

    Tu as su en parler, de tout ça, te confier, solliciter de l'aide, la mienne en particulier, pour extérioriser, remettre les choses à leur bonne place, ne pas flancher. Et ça aussi, c'est un gros travail. Alors oui, je suis fière de ce que tu fais, et je suis fière de ce que tu es, et je t'aime. Par contre, quand tu pars de la maison, tu es prié de ne pas oublier de ranger tes affaires sales et de ne pas laisser ta voiture au milieu de l'aller. Allez, salut Jean. Bisous maman.

  • Speaker #0

    Je m'en attendais pas moins d'elle. Elle me remercie d'être qui je suis, mais moi je peux que la remercier de tout ce qu'elle m'a donné. C'est elle qui a fait que je suis qui je suis. Et c'est mon entourage aussi, plus particulièrement. Donc je sais que tous mes proches me remercient énormément, souvent, et aussi mes amis, pour tous les moments que je leur apporte. Mais je ne peux que moi les remercier en retour de tout ce qu'ils me donnent et de tout le soutien qu'ils me donnent. C'est juste un juste retour des choses. Et je crois que je suis très chanceux d'avoir la famille que j'ai. Et quand je parle de famille, j'incorpore aussi tous mes amis qui me donnent une force énorme et qui sont toujours derrière moi. Donc effectivement, la vie de sportif de haut niveau, ce n'est pas toujours simple. Mais quand on a une famille et des amis comme ça, ça allait un peu plus quand même. C'est des choses qui sont communes en fait dans le sport, on n'en parle pas assez, mais des blocages, ça existe beaucoup. Moi je suis passé par des périodes où je ne pouvais plus lancer le ballon. Et on se dit mais si j'arrive plus à lancer au service, comment je vais faire ? Tu passes au service, tu lances n'importe comment, t'as l'impression d'être un peu bête, un peu débile quoi. Et on se rend ferme, on doute, on se dit qu'est-ce qui se passe quoi ? Et tu te sens un peu con, parce que c'est un geste facile. Quand c'est arrivé pour moi ce blocage, j'ai pas tout de suite fait appel à un prépa mental, j'ai essayé de trouver des solutions tout seul et ça venait pas bien quoi. Et à un bout d'un moment je me suis dit bon allez faut que je prenne le taureau par les cornes, je demande un prépa mental et là j'ai initié un travail et je suis passé par plein de petites phases où j'ai dû essayer de trouver des petites astuces, des petites solutions pour pallier à ce blocage de relaxation, un travail d'imagerie mentale, de toucher, aussi le fait de se parler. Ça m'est arrivé de chanter à un moment donné, alors je le fais plus, mais je chantais la chanson de Pirates des Caraïbes, qui fait... Tout ça pour essayer de focus sur autre chose que sur le geste. Et il faut que je sois honnête, et ça me suit toujours, ça me suit toujours, là, depuis... On parle de 2014, mais on est plus de dix ans après, et j'ai toujours des hauts et des bas au service. Ça m'empêche pas de très bien servir quand même. Mais je suis conscient que j'ai des hauts, des bas, et que je suis tout le temps en combat avec ce truc-là, quoi. Alors soit je me parle dans ma tête, soit je parle comme je vous parle, normal quoi, en parlant normalement, et on peut le voir sur mes lèvres d'ailleurs avant les services, et j'ai souvent besoin par exemple de faire venir, en équipe de France c'est Genia qui est sur la ligne, qui est pas très loin, donc pour le faire venir j'ai besoin d'avoir mes repères, j'ai besoin d'avoir une routine, et des fois même avec une routine je suis un peu dans le creux de la vague, je sens que ça revient ce petit blocage, alors j'essaie de trouver un truc en plus à instaurer pour me décharger, penser à autre chose. Des fois, c'est un peu pénible, mais peut-être que les gens ne le voient pas forcément, mais c'est des combats en fait, c'est des combats envers toi-même. Souvent, les sportifs mettent du temps aussi à en parler, parce qu'on a l'impression qu'on est faible, mais en fait non. Il y a énormément de sportifs qui ont fait des blocages. Je me rappelle le cas de Kevin Mayer qui n'arrivait plus à se lancer à la perche, parce qu'au bout d'un moment, il avait un blocage, ça le tétanisait, il ne pouvait plus se lancer. C'est pareil, moi au volet, je ne pouvais plus lancer le ballon. il y en a d'autres qui peuvent qui ne pouvaient plus au service, au volet aussi. J'ai le cas d'autres joueurs qui ne pouvaient plus taper le ballon au service. Et ça, c'est vrai, c'est tout un autre monde que le téléspectateur ne voit pas. Et nous, on est en lutte par rapport à ça. Il faut l'accepter, il faut l'assumer, il faut en parler. Parce que moi, en tout cas, pour moi, le fait d'en parler, j'ai l'impression que ça me rend plus fort, ça me libère. Et je suis persuadé que parler de ses faiblesses te rend plus fort. Ça, j'en suis persuadé. En sélection, le moment fondateur a lieu avant les Jeux de Tokyo. C'est la qualification. Je vais peut-être casser un mythe, mais on se fait cette préparation et je crois que tous individuellement on se dit « de toute façon, on ne va pas y arriver » . Je pense qu'on se le dit, ce n'est pas beau de dire ça, mais je pense que c'est vrai, dans la goutte de notre tête, on se dit « ça va être très dur » . Si on y va, si on y arrive, c'est un miracle. On doit terminer vainqueur de ce TQ avec des grosses équipes. La Serbie, championne d'Europe en titre. La Slovénie. très forte l'allemagne chez elle je suis pas sûr qu'on y croyait beaucoup on est passé par des moments vraiment vraiment chaud et je pense justement à la slovénie où on est mené en demi finale on est mené de 7 à 0 et quelque chose comme 11,7 quelque chose comme ça dans le troisième set si on perd ce set donc on perd le match et on va pas voir tokyo et finalement on arrive justement avec cette force du groupe on arrive à aller chercher ce match déjà aller chercher c'est ce 7 qui n'était vraiment pas gagné. Et après on retourne le match avec encore une fois notre état d'esprit, le fait qu'à bout d'un moment on se soit en fait relâché complètement. C'est à ce moment-là qu'on a vu que notre équipe était très forte dans ces moments-là, quand on est dos au mur et que finalement on joue juste, on se relâche, on prend plaisir et là on est très difficile. Quand on commence à avoir des sourires, à rigoler, à voir un Erwin qui tente tout et tout passe, et là ça donne de la force. Et donc, le moment fondateur, moi, je pense, ça a été ce moment et ce set précisément. Et puis pour moi, personnellement, aussi, ce tournoi, parce que c'est là que je fais mon apparition, entre guillemets. Je suis dans l'équipe de France depuis 2017. Stéphane Boyer joue beaucoup. Moi, je joue très peu. Et lui n'est pas là à ce moment-là. J'étais un peu sous pression quand même. Et finalement, je rentre bien dans mon tournoi. Je commence bien ce match contre la Serbie. Ça me libère derrière. J'ai confiance. Et je sors un très gros tournoi. où je termine MVP de ce tournoi. Derrière, j'ai pris un rôle dans cette équipe et j'ai tenu ce rôle. Donc ça, c'est aussi personnellement un moment très fort pour moi dans ma carrière et une très grosse étape, une date marquante. Les débuts à Tokyo sont un peu catastrophiques parce qu'on prend une grande gifle pour ce premier match contre les Etats-Unis. Et je crois qu'on est tous sonnés. On rentre tous dans les vestiaires et là, Laurent Tilly... dans Saint-Sélectionneur, prend la parole à chaud, chose qu'il n'avait jamais fait. Et on le sent, il est dépité. On sent qu'il... Il se dit, mais en fait, je pensais qu'on était au niveau. En fait, non, il nous a manqué ça, il nous a manqué ci. Et puis nous, on est tous abattus, je crois. On est tous abattus. Et finalement, je crois que Genia dit, mais qu'est-ce qu'on fait ? Qu'est-ce qu'on fait là ? On n'a jamais parlé à chaud. Allez, on rentre tous à l'hôtel. Il coupe Laurent dans son discours. Et qu'est-ce qu'on fait ? On fait n'importe quoi, les gars. On se saccage le début des jeux. C'est catastrophique, ce qu'on est en train de faire là. Donc il coupe tout et il dit allez on rentre on rentre, on arrête de faire ça, ça ne rime à rien on rentre, et le retour au village il est dur, on va manger, il est très tard on se l'est dit, les gars préparez vos valises et c'est même devenu un running gag dans notre équipe, c'est à dire que souvent, dans les moments chauds ou dans les matchs importants, on dit vous avez préparé vos valises de toute façon on part après le match et ça veut dire beaucoup sur l'équipe il y a cette force, même quand on a l'impression que c'est perdu que de toute façon c'est perdu, finalement on va chercher le match et c'est parce que justement on se décharge de cette... Peut-être de cette pression et de se dire que bon, de toute façon, la limite c'est perdu, on joue et on kiffe en fait. Et c'est là qu'on est très fort. On se prend un quart contre la Pologne, championne du monde, et là on livre un combat incroyable. Vraiment, des matchs dont je me souviendrai vraiment toute ma vie, où vraiment on a bataillé et on va le chercher. Et notamment un cinquième set fou, où on les écrase quoi. D'ailleurs, c'est à ce moment-là que Laurent Tilly fait sa défense. Je ne sais pas à quoi il pensait à ce moment-là, mais il était dedans. Comme nous, on pouvait l'être aussi à ce moment-là. C'était vraiment fort. Et à partir de cette victoire, on se dit qu'il y a peut-être l'or au bout, parce qu'on va reprendre l'Argentine en demi-finale. Et comme on se disait que l'or ou la médaille n'était pas loin, il y avait une espèce de tension sur le terrain. Je n'ai jamais vécu un match comme ça. mais je ne me souviens pas qu'on ait eu beaucoup de stress pour la finale, il y a juste de se dire bon bah ça va être un moment extraordinaire et le plaisir il nous permet de développer notre jeu et c'est exactement le jeu que les russes n'aiment pas du tout c'est ce que les gens nous disent souvent mais vous vous rigolez sur le terrain on a l'impression que tout est facile vous prenez, vous kiffez quoi mais carrément et c'est là dedans c'est là dedans qu'on est fort parce que On a l'impression qu'on est en décontraction, mais bon, il y a beaucoup de focus, il y a beaucoup de sérieux, il y a beaucoup de technique aussi derrière, donc c'est pas simple. Et ça, ça embête l'adversaire parce que quand on commence à sourire, à avoir l'impression que pour l'équipe adverse, tout est facile en fait. Ben quand t'es là et que tu joues cette équipe, tu te dis mais faut pas y arriver quoi. Les gars ils rigolent, ils s'amusent et nous là on galère. Et je pense que de jouer contre nous, c'est assez frustrant. Paris, c'est le Graal. Paris, c'est le Graal. C'est difficile de trouver les mots pour dire à quel point on a de la chance d'avoir vécu Paris. Parce que c'est une réelle chance. La chance, ce n'est pas d'avoir gagné, mais vraiment d'avoir vécu et d'avoir pu jouer les Jeux Olympiques chez soi, dans notre capitale, devant notre public, devant nos familles, devant nos amis. Je crois vraiment que c'est pour un sportif, quel que soit le sport, on ne peut pas rêver mieux que de jouer des Jeux chez soi. et c'était un rêve et encore plus de les gagner donc Paris pour moi c'est un rêve et c'est une chance extraordinaire j'ai des souvenirs encore de cette cérémonie d'ouverture on ne peut pas faire mieux on est sur la péniche, sur la Seine on traverse Paris je revois ces immeubles haussmanniens avec les toits de Paris où les gens sont sur les toits, au balcon ils ont des drapeaux France Il y a des gens dans les rues partout, il y a ce brouhaha, cette atmosphère qui est juste incroyable avec les musiques qui défilent et nous sur les bateaux avec les petits drapeaux France. C'est un tel moment de communion et un moment qui est extraordinaire. Un de mes plus beaux souvenirs c'est cette série d'ouverture. Je me dis là mais quelle chance on a. Et je me dis mais qui on est, qu'est-ce qu'on a mérité tout ça tellement c'est extraordinaire ce qu'on vit. Et puis après on arrive en bas de la tour Eiffel. Ce moment-là de la cérémonie d'ouverture, il est indescriptible, il faut le vivre. Mais je pense que les gens, de manière générale, ont vu que c'était une cérémonie qui était extraordinaire. Et je suis aussi fier, moi, d'être français pour ça, parce que je crois que, vraiment, dans le monde, on a choqué, entre guillemets, les gens avec notre cérémonie, et je pense que tout le monde est unanime pour dire que ça a été magnifique. Je pense même qu'il y aura un avant, un après pour les Jeux. Cette cérémonie, là, à travers la ville, qui passe sur la Seine, et il y a... Il n'y a rien de plus représentatif que ce parcours pour nous, pour Paris. Et quelle bonne idée d'avoir fait ça. Donc oui, il y a eu aussi un grand moment de fierté par rapport à ça. Et cette cérémonie, c'était extraordinaire. Il faut être conscient que je pense qu'on ne fera jamais mieux en termes d'émotions et de résultats. On ne fera jamais mieux que Paris de toute façon. Le fait d'avoir eu du public aussi contre l'Allemagne, ça a été une des clés de ce match. Il y a eu un moment de down assez grand où on s'est dit, peut-être qu'on passe à côté, peut-être qu'on va arrêter le tournoi. Ça va peut-être être fini. Et je le pense sincèrement, je pense que sans le public, on ne revient pas, on ne gagne pas ce match. Parce qu'à un moment donné, ils nous ont poussé dans un moment compliqué où finalement, quand tu fais un point, il y a tellement de public qui te soulage et qui te donne son énergie. que ton point, t'as l'impression qu'il en vaut deux et que l'adversaire, limite, pour lui, on lui en retire un, quoi. Donc mentalement, c'est compliqué pour eux et pour nous, ça nous porte énormément. Et le public français l'a extrêmement bien fait sur ce match-là et ça a été une des clés. Et puis après, quand t'es là-dedans et que pendant quelques points, tu retrouves un peu ton énergie, tu retrouves ton style de jeu, tu te décontractes un peu et hop, tu penses que tac, finalement, c'est possible. On l'a déjà fait plein de fois et ça, c'est... Ça s'est reproduit. Pas longtemps après les Jeux, je suis allé jouer le tournoi asiatique des clubs avec Erwin. Et donc on s'est retrouvés dans cette équipe, en Iran, pour jouer ce tournoi. Ça m'a fait du bien aussi de le retrouver assez rapidement après les Jeux. Et en fait, le fait qu'on soit tous les deux, on a partagé énormément de moments tous les deux. On est revenu sur les jeux, on a discuté, on a tout refait, on a refait toute notre histoire. Et moi ça m'a fait du bien parce que c'est vrai que j'avais pas l'habitude d'être avec Erwin tous les deux, qu'ensemble. Parce que souvent on est tout le temps avec le groupe, donc ça a permis de mieux se connaître, même si on se connait depuis longtemps, mais d'être vraiment tous les deux et de partager des émotions, des moments de notre carrière, des moments qu'on a vécu ensemble, d'avoir ce temps d'échange aussi, c'était vraiment cool pour moi. Quelques temps après, il m'a dit que je venais à Istanbul pour l'équipe de Fenerbahce. Je jouais à Galatasaray, donc très rivaux. Si je peux lui faire un ace et le regarder droit dans les yeux et rigoler, c'est sympa. Mais ça a été le cas cette année, il y a eu des gros matchs. On gagne contre eux en plus en demi-finale. Là, c'était intéressant de jouer contre lui. C'est toujours sympa de jouer contre un coéquipier de son équipe nationale et de l'équipe de France. Parce qu'on se connaît, parce qu'on rigole, parce qu'on se chambre. Et surtout, Erwin, ce n'est pas le dernier à ça. Donc on s'est bien chambré cette année quand on jouait l'un contre l'autre. L'après Paris 2024 n'a pas toujours été très simple. Et c'est un sujet, c'est un sujet après les Jeux. C'est vraiment un sujet dans le monde du sport, je pense. Quand tu gagnes, ou pas d'ailleurs, mais quand t'as de grosses émotions sur des tournois comme ça, des événements comme ça, des fois c'est difficile de rebondir. T'as vécu tellement des choses extraordinaires, et là ça a été le cas à Paris. Je pense sincèrement que moi j'ai vécu le Graal. de ma carrière, je pense qu'elle est à Paris. Je vois pas qu'est-ce qu'on peut faire de plus beau que ce qu'on a fait à Paris. Alors, il y a plein d'autres choses à faire, il y a plein de super moments à vivre, mais en fait, quand tu termines tout ce moment qui est tellement hors du temps, et que ça redescend, et que tu te dis, mais en fait, est-ce que le pic de ma carrière, les plus beaux moments de ma carrière, est-ce que c'est pas derrière, finalement ? Et qu'il y a un peu de vérité, je pense. et bien des fois oui, ça fait que c'est un peu compliqué on peut tomber dans une... Pas une dépression, mais dans ce petit mood où est-ce qu'il y a encore un sens ? Parce que si c'est derrière, ces émotions, je ne les revivrai plus. Il est où le sens ? Quels sont mes objectifs ? Alors c'est un vrai sujet et chacun le vit un peu à sa façon, mais c'est des périodes compliquées parce que c'est contradictoire, parce qu'on a l'impression que justement, c'est super, on est double champion olympique, on devrait être super heureux. Mais c'est le revers de la médaille. Quand tu vis des moments tellement hauts, tellement hauts en émotions, tellement extraordinaires, que tu te retournes et que tu te dis « est-ce que je les revivrai un jour ? » C'est compliqué, c'est un vrai sujet. Après, il faut savoir rebondir sur des objectifs personnels quand tu vas avec ton club, soit avec l'équipe de France, parce qu'il y a encore plein de choses avec l'équipe de France à vivre. Mais moi, pour ma part, je pense que les plus belles choses, elles sont à Paris.

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