- Speaker #0
Le mot ensemble, pour moi, ça définit un peu la raison pour laquelle je suis passé d'un sport individuel à un sport collectif. Et c'est quelque chose de fort et que je ne m'attendais pas. Je pensais arriver dans un nouveau sport pour m'amuser et pour performer forcément, mais je ne m'attendais pas à ce pouvoir vraiment du collectif, d'un corps vraiment qu'on peut faire avec une équipe et avec des affinités sur un terrain. Ça m'a permis de m'exprimer vraiment de manière libérée et sans retenue. Donc ça m'a vraiment permis d'être moi-même parce que t'es obligé d'accepter les autres, donc les autres sont obligés de t'accepter quand il y a une vraie équipe et qu'il y a quelque chose qui prend. Donc il y a vraiment ce truc de tolérance et de juste on y va ensemble pour gagner.
- Speaker #1
Bonjour à tous, bienvenue à vous si c'est la première fois que vous écoutez Ensemble et ravi de vous retrouver si vous êtes déjà des fidèles. Vous êtes de plus en plus nombreux à nous écouter, nous vous en remercions. Avant de rentrer dans le vif du sujet, n'hésitez pas à vous abonner sur Apple Podcasts et Spotify et à nous laisser un commentaire. Bonne écoute à tous ! Ensemble, le podcast de la Fédération Française de Voler.
- Speaker #2
Ensemble, on ! On ! 2, 1,
- Speaker #1
ENTEND ! Juliette Jelin, la victoire ou rien ?
- Speaker #0
Juliette Jelin, la victoire ou rien ? Et ben ouais, c'est drôle parce que c'est vraiment des paradoxes et des contradictions mais c'est un peu ce que au fond de moi je ressens et puis après il y a la réalité du haut niveau de la haute performance qui te rattrape avec les aléas de... de la vie d'une athlète et tout ça, et que tu ne peux pas gagner tout le temps. Mais au fond, on est conditionné pour la victoire. Si on veut faire des grandes choses, on ne peut aspirer qu'à la victoire. Moi, dans la victoire, je vois la détermination, l'investissement, le travail. Après, si on ne parle que du résultat, la victoire, c'est ce pour quoi je me lève tous les matins. Mais je sais qu'il y a quelque chose de plus grand dans une carrière d'athlète. On veut tous atteindre le sommet, la grâce de notre discipline, voire de notre art, si je puis dire. Et dans ce cas-là, je dirais que c'est ça, la victoire.
- Speaker #2
Coucou Juju, c'est Nono. On voulait te laisser un petit message avec papa pour te dire qu'on est très fiers de ton parcours. Franchement, t'es joueuse pro à Milan, t'es libéraux de l'équipe de France, t'as fait les JO à Paris. Tout ça à même pas 24 ans, c'est fou.
- Speaker #3
Et tu sais, ce qui me fait sourire, c'est que ça ne m'étonne même pas. Quand je repense à toi petite, t'étais déjà une vraie tête brûlée. Tu te souviens cette fois où je t'ai retrouvée sur le toit de la maison ? Bah t'avais même pas peur.
- Speaker #0
Je sais pas, j'étais en manque de sensations fortes.
- Speaker #3
Tu avais cette période où tu voulais devenir soit Raphaël Nadal, soit alors Mano Douce. C'est que t'avais déjà cette envie de briller, de te dépasser. Et au final, t'as choisi entre les deux, t'as tracé ta propre voie.
- Speaker #2
Exactement, et aujourd'hui tu mets la même énergie dans tout ce que tu fais, et c'est ça qui nous rend vachement fiers. Puis au-delà de la sportive que t'es, ce qui me marque vraiment, c'est la femme que t'es devenue. T'as gardé cette force tranquille, cette capacité à aller au bout des choses sans jamais te trahir. Même dans les moments difficiles, t'arrives toujours à retrouver la ressource pour sortir la tête de l'eau. T'as une vraie solidité intérieure, plus que ce que tu ne le crois.
- Speaker #3
Tu fais les choses à ta manière. avec ton cœur et tes tripes. Et c'est ça qui te rend vraiment grande.
- Speaker #2
On est très fiers de toi.
- Speaker #3
On t'aime très très fort. Gros bisous.
- Speaker #0
Merci. C'est un très beau message. Je ne m'attendais pas à ce qu'ils en disent autant. Donc, agréablement surprise. Si je peux avoir la vidéo pour plus tard. Pour garder ça en souvenir. Parce que vraiment, ça fait vraiment plaisir. C'est assez émouvant. Parce que c'est des personnes qui comptent beaucoup pour moi. Les messages sont très forts et sachant ce que je vis et ce que j'ai vécu avec eux, qu'ils mettent des mots sur tout ça, ça fait vraiment plaisir, ça touche pas mal. Ça résume un peu la relation qu'on a tous ensemble. Oui, ça c'est sûr, j'étais un peu hyper active quand j'étais petite. Plus que le volet, le sport de haut niveau a réussi à canaliser ça. C'est vraiment assez quand même jusqu'à ce que je sois arrivée au Pôle France. Vraiment, avant ça, j'étais quand même encore hyper active. Il y a des moments où j'avais quand même encore, malgré les entraînements, les muscles, tout ça, j'avais besoin de me défouler. Et là, ouais, à partir du Pôle France, où là, ben, on te... vraiment, on te presse. Jusqu'à la dernière coup de sueur, où là, t'es en mode, bon, ok, je vais bien dormir le soir, en fait. Petite, je faisais tout comme ma sœur. C'est effectivement ça. J'ai passé mon enfance à vouloir être comme elle. mais même mieux qu'elle. Je ne sais pas pourquoi, je ne sais pas d'où ça vient. J'ai toujours eu cette envie de compétition avec elle, de vouloir me dépasser et d'être un peu la faillote auprès des parents en disant « moi je fais comme ça, moi je fais mieux que ça, je fais mieux qu'elle » . Mais au début, ça passe par du mimétisme. Tu fais tout comme elle de A à Z et tout ce qu'elle fait, c'est mieux. Donc ça passe sur les jeux vidéo, sur sa partie d'Animal Crossing, elle est mieux que la mienne, donc je vais aller sur sa partie, elle plutôt que la mienne parce que moi c'est trop compliqué. Pour faire les Playmobil, pareil, c'est elle qui construisait, moi je jouais dedans. Donc tout, en fait, c'était ça. Et j'ai trouvé un... En fait, il n'y a qu'au sport où j'ai trouvé un peu ma particularité, mon petit truc à moi où je voyais que là, j'étais meilleure qu'elle et que ce n'était pas forcément malsain, mais c'était juste... Voilà, chacun, elle, elle était plus dans les études. Et moi, j'ai trouvé ma branche, quoi. Elle a commencé par la danse classique, donc j'ai fait de la danse. Pendant un an, parce que je ne veux pas pousser non plus. Après, elle a fait du tennis. Et j'avais fait du tennis, je me suis mise au tennis. Donc de mes 4 ans à mes 11 ans. Et après, elle s'est mise au volet. Sport qui était inconnu chez nous, dans la famille. Vu que moi je suis quand même plus jeune, j'ai dû l'accompagner et la suivre sur tous les matchs de volet forcément. Donc je passais mes après-midi dans les gymnases. Et en fait, à un moment donné, le tennis, moi, ça devenait un peu plus compliqué dans le sens où je voulais être Raphaël Nadal. Moi, ce qui me fait rêver, c'est les numéros 1. Donc peut-être que si ça avait été fait derrière à ce moment-là, j'aurais peut-être été fait derrière. Mais non, je ne pense pas. Et j'ai compris que ça allait être compliqué. Du coup, ça m'a saoulée. Et je me suis dit, bon, je vais essayer le volet. Et en fait, le volet, ça m'a attrapée directe parce que je n'ai jamais vraiment commencé en étant débutante. Le fait de jouer à côté, de faire du mimétisme. Et j'ai vu directement que ce sport accrochait avec moi, donc j'ai dit ok, c'est ça que je veux faire. Quand on arrive au pôle Espoir à Montpellier, on a des entretiens, donc j'avais 12 ans, et on nous demande quelles sont tes ambitions, quels sont tes objectifs à court terme, moyen terme et long terme. On s'en avait parlé un peu avec mes parents, et ils m'avaient dit, dis tout ce que tu penses. Il peut se passer quoi ? Il vaut mieux que tu dises tout ce que tu penses et ça te donne des opportunités plus tard plutôt que tu te caches et qu'au final personne ne sait jamais que tu es intéressé par le haut niveau. Donc j'ai mis intégrer le Pôle Espoir, puis après intégrer le Pôle France, puis après être en pro, puis après être dans les meilleurs clubs pro, puis faire les JO, puis faire les championnats du monde, les championnats d'Europe, gagner, gagner des médailles, enfin tout quoi, tout tout tout gagner. et en fait déjà d'avoir fait cet exercice là ça m'a permis un peu aussi de de mettre des mots pour la première fois. Et en fait, c'est bête, mais pas de visualiser, mais de l'avoir en tête, quoi. Et en fait, je pense que, heureusement que je l'ai fait, quand j'étais jeune, de manière innocente et vraiment pure. Parce que, maintenant, je pense que... Souvent, je suis rattrapée en interview en me disant « Oui, tu disais quand t'étais plus jeune, tu voulais faire ci, ça, ça. » Et putain, j'étais là « Ouais, putain, j'ai vraiment dit ça. » Et heureusement, parce que du coup, maintenant, je suis propulsée par ce que j'ai dit quand j'étais plus jeune et du coup... Bah ouais, c'est vrai, j'avais dit ça. Et donc ouais, ça veut pas dire que je vais réussir ou quoi, mais ça veut juste dire que j'ai des rêves, j'ai des ambitions, comme tout le monde devrait en avoir. Et ça, c'est les miennes, quoi. Pour moi, de dire ses rêves et ses ambitions, c'est pas du blabla. C'est autre chose, le blabla. Ma carrière a basculé à l'âge de 14 ans. Ça fait très grave en disant ça, mais oui, c'est un peu ça. C'est... J'étais en deuxième année de Pôle Espoir à Montpellier. C'était la première année où je devais faire libéraux. Et en fait, au bout du troisième, quatrième match, je me blesse en plein match. Intérieurement, tu comprends qu'il y a quelque chose qui est plus grave que d'habitude, mais tu ne sais pas vraiment ce que c'est. Et le jour où j'ai été diagnostiquée par le chirurgien comme un croisé postérieur et que ça allait être bien au moins six mois de ma vie qui allait être off, on rentre, je suis un peu déprimée. Mes parents étaient avec moi et me disaient « Viens, on va manger le McDo, on va te remontrer le moral. » Et mon père il me dit bah tu sais quoi, peut-être que ça va te faire du bien, je vais te faire regarder Rocky. Ça faisait longtemps qu'on voulait jouer de le faire regarder ça et tu vas me dire ce que t'en penses. Bon moi j'étais partie pour aller me battre déjà et en fait à partir de ce moment-là, le lendemain je regarde Rocky 2, le lendemain je regarde Rocky 3, Rocky 4, Rocky 5. Et c'était juste avant que Creed, donc le nouveau Rocky, sorte et donc c'est fou vraiment comment la vie elle est faite. Et du coup avec mon père on s'est dit bon bah on va regarder Creed quoi parce que quand même c'est la suite et donc on va le voir et donc il y a la chanson du générique et je me dis ok c'est parti ça ça va être mon réveil pour les six prochains mois quoi. Parce que en fait encore une fois c'est les émotions que je ressens quand je regarde Rocky, d'aller jusqu'au bout, de battre l'adversité, de tomber, de se relever, de jamais abandonner et bien sûr le happy ending parce que moi s'il n'y a pas de happy ending je suis pas contente. J'y crois à mon happy ending, donc je me dis ok c'est parti. Et en fait à partir de ce moment là, je me suis mis en mode machine robot. Et tous les jours c'était école du coup, parce que j'étais en troisième, kiné, muscu, bain froid. Kiné, muscu, bain froid, école, kiné, muscu, bain froid. Et je pensais qu'à ça, je faisais que ça. Et en fait, ça m'a permis de prendre conscience et de me dire, là j'ai l'opportunité de faire comme les athlètes de haut niveau et de vivre ce qu'ils vivent à travers des expériences difficiles. Go, go. En fait, c'est vraiment ça que je veux faire. En fait, en ayant cette routine de matin, midi et soir, faire tout le temps la même chose, c'est un peu bizarre pour une fille de 14 ans à ce moment-là. Mais moi en fait ça m'a fait kiffer et je me suis dit mais trop bien je vis entre guillemets ce que je veux faire et je veux faire ça, je veux revenir plus forte et après je veux que ce soit vraiment ça ma vie quoi. Et ce petit truc où on te dit ouais c'est 6 mois, bah moi je vais revenir en 4 et je suis revenue en 4 mois.
- Speaker #2
Et du coup j'étais contente !
- Speaker #0
Ma mentalité, c'est un peu mon joker. C'est un peu ma force cachée qui m'aide plusieurs fois à renaître de mes centres. Quand il y a des moments assez difficiles, dans le match ou en dehors dans ma vie, je peux vite me laisser absorber par le négatif des fois. Et puis à un moment donné, je ne sais pas pourquoi, ça va switch dans ma tête et ça va repartir. Et le fait aussi de vachement m'intéresser au niveau de la haute performance autour de moi, ben en fait j'essaye de de m'inspirer de tous ces champions. Et vu que je vais être comme eux, ça m'aide à pousser toujours plus loin. C'est une sorte de petite flamme, un petit feu que tu as en toi et que tu sais que tu l'as, tu ne sais pas comment tu l'expliques, tu ne sais pas pourquoi, tu ne saurais pas dire comment il est arrivé. Mais c'est juste ce qui est paradoxal parce que des fois, je peux être vachement manquée de confiance en moi ou ne pas être super à l'aise avec mes capacités ou quoi que ce soit. Mais pour autant, il y a ce truc où quand je commence un truc ou quand je fais quelque chose, au fond, je me dis, je vais y arriver. Je suis faite pour ça. C'est pour moi. C'est plus facile maintenant parce que j'ai fait pas mal de chemin dans ma carrière. Mais même avant, dès le début, je savais que ça allait marcher. Je ne sais pas comment. Et je ne dis pas que ça marche dans le sens où pour moi, je suis encore loin d'avoir fait tout ce que je veux faire. Mais il y a ce truc de me dire, tout le monde me disait, ouais non, ça c'est pas possible, ça c'est pas possible. Et ouais, ok, pour moi ça a marché. Je pense qu'il y a certains coachs ou certaines personnes qui se sont dit, mais non, si ça marche pas, elle va tomber de mille étages en fait, la fille, on va la récupérer à la petite cuillère. Sauf qu'en fait, dans ma tête, ça allait toujours marcher. Et j'ai eu un ou deux coachs qui m'ont vraiment fait comprendre que, ouais, je pouvais foncer et que tous les feux étaient au vert et que c'était... Moi qui allais décider de ma carrière, c'était moi qui allais décider de quand est-ce que j'allais m'arrêter. C'est moi qui allais décider de quand est-ce que j'allais réussir. Et donc, c'est des petits... Il n'en faut pas beaucoup, mais un message au bon moment, à la bonne période, où mentalement tu es prête à les recevoir, ça te reste et ça te fait partie de ton huile à mettre sur ton feu, pour le faire grossir. Je suis allergique à la défaite depuis l'enfance. Alors, effectivement, j'ai une relation particulière avec la défaite parce que je suis passée par plein de phases différentes. Quand j'étais petite, je pense que j'étais vraiment mauvaise perdante. Je le suis un peu toujours, mais c'est quand même bien mieux. Quand je jouais au tennis contre mon père, c'était rarement un moment de plaisir. Parce que je voulais tout le temps gagner et heureusement, il ne me laissait pas gagner. Et du coup, je me mettais à pleurer. Mais du coup, ça m'a forcé à essayer de m'entraîner, à trouver les ressources. Pas abandonné et ça m'a servi pour plus tard. Mais sur le moment, il m'énervait un peu. Ça me saoulait. Et après, au volet, à partir du moment où on a commencé à être au Pôle France de Toulouse, on a été inscrits dans le championnat des pros. Et ça, pendant deux ans, ça veut dire qu'on n'a pas le niveau des pros. Et on a 17 ans. Donc pendant deux ans, tu perds tout le week-end. Et ça, ça te change un peu. Ça te change mentalement. Mais tu sais que c'est l'investissement, c'est l'investissement pour ta carrière, c'est l'investissement pour toi-même, mais du coup tu vois plus la défaite de la même manière. Oui ça pique, mais tu sais, celle qui te sert, celle qui te sert pas, celle qui te change, et celle qui... bah c'est toi, tu t'es abandonnée toute seule quoi. Donc la défaite, au début c'était vraiment vraiment difficile à gérer. Maintenant j'essaie plus de la voir comme quelque chose... de seins et qui peut me servir plutôt que autre chose quoi. Sur le terrain, je suis une pie électrique. Alors une pie électrique c'est sûr, des fois un peu trop. Franchement c'est un cadeau autant qu'une malédiction un peu. Parce que, alors oui il vaut mieux être rapide, il vaut mieux canaliser quelqu'un de rapide plutôt qu'apprendre à quelqu'un de lent d'être rapide, ça c'est sûr. Mais on va dire que c'est un peu mon style de jeu, que ce soit en termes d'énergie, en termes de mouvements sur le terrain. Et au fur et à mesure des années, j'essaye de canaliser cette pilier électrique pour qu'elle soit vraiment très rapide au moment le plus important. Et calme pour analyser le jeu et pouvoir repartir le plus rapidement possible. Le jour où je me suis sentie la plus forte sur le terrain, c'est le jour où je rentre sur le terrain aux Champions d'Europe en 2019 à Ankara, contre la Serbie. En fait, j'ai fait toutes les équipes de France jeunes. Et là, c'est le premier été où j'étais avec les équipes de France A. Donc j'avais 17 ans. On joue contre la Serbie, championne du monde entier, championne d'Europe en titre. Et là, le coach me dit, ouais, contre la Serbie, tu vas jouer, tu rentreras au bout du deuxième set. Et donc toute la nuit, je me suis sentie, je me voyais, enfin je me suis fait le match 10 000 fois dans ma tête. J'étais là, ok, je vais faire ça, je vais faire ça, je vais faire ça. Et que du positif. Et c'est là où je dis vraiment que la petite flamme que j'ai en moi, parce que c'était inconscient. En fait, j'ai appris des années plus tard que ça, ça s'appelait la visualisation. Mais j'avais ce truc en moi où je me disais, mais je vais y arriver, je vais tout les défoncer, c'est sûr, je vais y arriver. Et arrivé sur le moment, j'ai vraiment eu cette sensation de me dire, ah voilà, je suis vraiment à ma place. Je me sens vraiment bien là sur le terrain, dans cette ambiance, contre ces filles-là, c'est vraiment quelque chose qui me fait kiffer. Je me sens bien. Et en fait, j'ai défendu, j'ai fait mes trucs et je me suis sentie à la hauteur. Et de voir que, ah, je peux matcher. C'est des petits verrous où quand on a son plan de carrière, on se dit « Ah, en fait, je peux aller encore pousser un peu plus loin. Ah, ok, en fait, la limite, je la repousse. » En fait, il y a vraiment moyen. Et vraiment, ce moment-là m'a marquée. Je veux devenir la meilleure libéraux du monde. Oui, alors ça, c'est quelque chose qui me suit. Parce qu'effectivement, quand on m'a posé cette question quand j'avais 17 ans, je pense, c'est la réponse que j'ai sortie. qui a, je pense, un peu surpris certaines personnes et plein de gens. Et en fait, sauf que moi, je le dis comme ça, comme j'ai dit, j'allais acheter mon pain à la boulangerie. Donc maintenant, quand on parle un peu et que je vous dis que Nadal, c'est mon goat, j'aime les champions, c'est que moi aussi, je vais être une championne. Parce que c'est ça qui me fait kiffer. C'est des choses extraordinaires. C'est des choses qu'on ne voit pas souvent. C'est des émotions que j'ai ressenties à la télé quand j'étais plus petite, en fait. Et je veux voir ce que ça fait des sensations, des émotions que ces gens ressentent. Ça a l'air extraordinaire et donc je veux toucher à ça aussi. Et bien sûr que c'est quelque chose, c'est une ambition, mais c'est quelque chose aussi qui peut être très lourd à porter quand petit à petit on fait son chemin. Parce que si on le prend d'une manière un peu trop sérieuse, ça peut amener beaucoup de pression. Et ça, je l'ai découvert ces dernières années. Et c'est un peu un cadeau empoisonné en fonction de... Comment on est luné, si on est dans une bonne période ou si on est dans une mauvaise période. Mais si je n'ai pas la certitude que ça va arriver, je ne bosse pas que pour ça. Je bosse pour voir jusqu'à où mon potentiel peut être exploité. C'est plus ça en fait qui m'intéresse maintenant. C'est de voir si vraiment je mets toutes les chances de mon côté, parce que ça c'est ma pire hantise, c'est d'avoir des regrets. Je ne veux pas avoir de regrets à la fin de ma carrière, c'est mort, je ne veux pas. Donc c'est pour ça que j'étais un peu psychorégite quand j'étais petite et j'avais mon truc, j'avais des certitudes. Et je veux vraiment pouvoir me dire, ok, si je ne suis pas la meilleure libéraux du monde à la fin de ma carrière, ok, mais j'ai tout donné pour quoi. Et là, je peux aller bronzer dans ma piscine. Et je pense que c'est important pour se dépasser et dépasser ses limites. Mais je pense qu'il y a un temps aussi, à un moment donné, où de regarder dans le retroviseur ou même d'apprécier ce que tu viens de faire. Parce que sinon, le haut niveau, il te rattrape et tu n'es jamais content, donc tu n'es jamais satisfait. Donc, c'est quelque chose que j'ai découvert ces deux dernières années. Et ça passe par beaucoup de conversations avec des psys, des prépa mentaux et la famille, beaucoup. Dans dix ans, je veux pouvoir dire qu'on s'est installé avec l'équipe de France sur la scène internationale dans le top 10 des équipes mondiales. Je veux pouvoir dire que je joue encore en Italie. Je veux pouvoir dire que j'ai gagné des titres avec le club et avec l'équipe de France. Et je veux pouvoir dire que j'ai fait mes deuxièmes JO. Je pense qu'on va aller au JO en 2028. Je suis convaincue qu'on va se qualifier. Si on a la possibilité d'aller chercher une médaille, on ne va pas se rouler les poussins, on va aller la chercher, c'est sûr. La réussite des garçons nous inspire. Double champion olympique, il n'y en a pas beaucoup qui peuvent dire ça, même dans les e-sports. Le jeu qu'ils ont, l'identité de groupe, l'effet performé en équipe de France et sur le terrain. Et on sent qu'il y a le potentiel avec ce nouveau groupe de faire pareil, et ça c'est super. C'est super satisfaisant et c'est super jouissif quand on est sur le terrain de prendre autant de plaisir. Nous on a un job, on a un devoir de porter les couleurs de la France sur la scène la plus haute. Pour moi ça compte plus que n'importe quoi.